GrandChelem 31, Novembre 2012

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ROAD TO ROGER : LA GENESE

ROAD TO ROGER : LA GENESE

Federer… le lauréat

Un champion. Lorsque l’on cherche un mot pour définir Roger Federer, c’est forcément celui-ci qui nous vient à l’esprit. En-dehors de sa sphère personnelle, le Suisse est, aujourd’hui, « sans aucun doute, le plus grand champion de ce sport », selon les dires de Rod Laver en personne. Il accumule et a accumulé les records de toutes sortes, records qu’il continue de battre à 30 ans passés – celui de Pete Sampras à la place de numéro un, effacé cette année, en est un témoignage. Il a forgé son image de joueur de tennis sur la constance. Constance dans la performance, entre 2004 et 2007, puis un cran en-dessous les années d’après, mais avec, toujours, une récurrence de résultats, de titres et d’exploits – en 2011, il est encore celui qui met fin à l’invincible série de Novak Djokovic. Constance dans la présence, puisque s’il a été l’un des joueurs qui ont le plus dominé leur époque, c’est certainement parce que son corps lui a épargné des blessures qui n’épargnent pas les autres. Constance dans le tennis, car il s’est construit, comme joueur, sur des fondamentaux qu’il a, quelques fois, ignorés, mais jamais oubliés – cet élan offensif, porté par ce coup droit fusil, tout en relâchement, dont la puissance est avant tout affaire de timing et de biomécanique que de physique bodybuildé. Son choix de collaboration avec Paul Annacone, qui l’a ramené à ses racines – service, coup droit, volée – l’illustre sans aucun doute. C’est ce qui fait de Roger Federer un « lauréat ».

Federer… l’athlète

« Quand Roger est arrivé sur le circuit, physiquement, il n’était pas au point et il pouvait être encore nerveux. » Ce constat sans concessions, c’est Arnaud Clément qui le dresse. L’Aixois connaît son sujet : il a battu Roger trois fois… dans ses jeunes années, en 1999, 2000 et 2001. Alors comment le Suisse s’est-il transformé d’un gamin capricieux en athlète hors normes, jamais blessé et maîtrisant son calendrier comme un horloger suisse règle sa pendule ? Certains diraient : en rencontrant Mirka, source de raison et de pragmatisme. Avant, il portait des jeans troués. Mais ça, c’était avant. D’autres : en affirmant « je ne veux plus perdre », après une défaite au premier tour de Roland Garros 2003 face à Luis Horna. Pour Clément, la raison est tout autre et bien trop ignorée, la faute au lieu commun et à l’image insidieuse souvent répandue du génie inspiré sans labeur préalable : « Avec beaucoup de travail, de maturité et de réflexion, il s’est amélioré dans tous les compartiments du jeu. C’est en bossant, en restant déterminé et en se posant les bonnes questions qu’il a atteint ses objectifs. Il voulait être le meilleur et il s’en est donné les moyens à force d’entraînement. Je trouve ça très fort. On retient surtout de Roger qu’il est beau à voir jouer, mais les gens ne s’arrêtent pas assez sur les raisons de ce qu’il a réussi à mettre en place. » Le travail, la clef. Federer est un travailleur acharné, porté par la passion qu’il nourrit pour son sport.

Federer… l’ami

« Roger, mon amour ». Le livre événement sur Roger Federer, disponible depuis le 1er novembre

« J'adorerais te détester, Roger, mais tu es trop sympa pour ça. » Andy Roddick est un témoin de choix pour aborder ce visage de Roger Federer. A l’issue de sa deuxième finale perdue contre le Suisse à Wimbledon, en 2005, Andy prononce ces mots qui peignent la réalité de beaucoup d’adversaires. Tout du moins ceux de sa génération, qu’il a pourtant martyrisés et à qui il a certainement refusé des carrières bien plus grandes. James Blake renchérit : « C’est vraiment un gars génial, on ne peut pas être plus relax que lui. C’est impressionnant, il est tellement gentil. D’ailleurs, il a aussi cette attitude en-dehors du court. On a eu l’occasion de jouer plusieurs matches d’exhibition tous les deux, en Asie, notamment, et on en a profité pour passer du temps ensemble, discuter et s’amuser. » Roger Federer se dévoile ainsi et renvoie une image de sympathie bonhomme, malgré l’éloignement qu’implique son statut de star internationale. Il devient l’ami de chacun de ses fans et ces derniers pourront faire leurs ces réflexions de Roddick et de Blake. C’est cette forme de naturel qui fait mouche. Oui, car il est autant capable de piquer un fou rire avec Rafael Nadal, comme en 2010, qu’avec un journaliste de CNN, en 2009, voire avec ses plus jeunes admirateurs – la pizza partagée avec les ramasseurs du tournoi de Bâle en témoigne. Marc Rosset, illustre compatriote, approuve : « Il est capable de traverser une pièce bondée pour aller saluer un type contre qui il a perdu en Juniors. » Ce n’est pas un hasard… « J'aimerais qu'on se souvienne de moi comme d'un type sympa. » Dixit Roger.

2012. Par cet ouvrage, les auteurs – Rémi Capber, Pauline Dahlem, Vincent Grethen et

Federer… le Suisse

ROGER, MON AMOUR

Laurent Trupiano – ont voulu rendre hommage à Roger Federer. Rendre hommage, mais surtout raconter leur histoire personnelle avec le champion suisse. L’histoire de leur rencontre, l’histoire d’une émotion. Et comprendre. Qu’est-ce qui fait de Roger Federer un joueur d’exception, dont l’image dépasse le cadre de son sport et qui crée, chez ses admirateurs, plus qu’un profond respect, une forme d’amour passionnel, une forme de folie. « Roger, mon amour » décline les visages de Federer parlant à chacun d’entre nous en huit chapitres : le lauréat, l’athlète, l’ami, le Suisse, le clan, le rival, l’icône et l’artiste. Analyse. 2

Federer… le clan

Julien Jeanpierre est un témoin privilégié de l’éclosion de Roger Federer. Pourquoi ? Cet ancien joueur français a été l’un des plus grands adversaires du Suisse dans la catégorie junior. Il a pu constater l’évolution progressive du champion. Et celle de son entourage. Avec une figure principale : Mirka. « Il est très bien entouré, surtout par sa femme qui, au départ, n’était pas très appréciée. Mais, en fait, c’est l’une des meilleures choses qui lui soient arrivées dans sa carrière, après son premier entraîneur. Elle gère formidablement bien tout ce qui entoure cette icône mondiale – car c’est une icône. » Roger Federer, c’est un clan construit autour de lui, dans lequel chacun possède une place et un rôle bien précis, de Nate Ferguson, son cordeur, à Pierre Paganini, son préparateur physique, en passant par Paul Annacone, son coach. Un clan, avec des amis forts – Yves Allegro, Marco Chiudinelli – et une famille unie – Robert, Lynette et Diana, ses parents et sa sœur. Tout ce petit monde forme une galaxie qu’on préserve d’une manière quasi jusque-boutiste. Exemple : Mirka est traitée d’opportuniste ? Elle ne s’exprime plus dès 2006. Rien ne filtre et les prises de parole sont régulées dans ce souci permanent. Mirka, d’ailleurs, se fait pierre angulaire, avec les deux jumelles. Elle est la lumière : « Dans les moments difficiles, je consulte toujours deux personnes, Pierre (Paganini) et Mirka. Quand nous sommes réunis, une solution surgit dans l’heure. » Et son bonheur : « Chaque jour où je me réveille à ses côtés, la vie prend tout son sens. »

Federer… le rival

« Sans Rafael Nadal, Roger Federer ne serait pas pleinement Roger Federer. Sans Roger Federer, Rafael Nadal ne serait pas pleinement Rafael Nadal. » Cette affirmation très souvent entendue, qui, dans le fond, est d’une grande bêtise, révèle, néanmoins, une forme de vérité : l’un et l’autre ont imprimé leur marque dans leur développement respectif. Pour Federer, Nadal est la représentation charnelle de la défaite, une personnalisation de l’échec. Ce gamin déboulant de nulle part, qui le fait vaciller dans ses plus grandes années, jusqu’à le faire tomber en 2008, à Wimbledon. Jeune, Roger refusait la défaite. « Chacune d’entre elles était un vrai désastre », confirme Robert, le papa. Inconsolable, Federer allait jusqu’à rester prostré durant des heures sous une chaise d’arbitre, raconte Madeleine Bärlocher. C’est ainsi que Nadal a surgi, dans l’univers du Suisse, comme la résurgence de ses plus vieux démons. Avec la maturité et la paternité, Roger en est sorti grandi. Quant à Rafa, il s’est forgé une ténacité dans le sillage de son glorieux aîné. « Roger m’a rendu meilleur. Non en le regardant jouer ou gagner, mais par sa capacité et sa volonté de s’améliorer en permanence. En 2004, je pensais qu’il était le joueur parfait. Il m’a appris à ne jamais me contenter de mon niveau de jeu, à toujours aller plus loin. » Federer-Nadal, duo plus que duel, qui tatoue les histoires qu’il raconte sur les peaux de toute une génération.

Federer… l’icône

Si Roger Federer est l’ami de chacun, c’est qu’il s’est, petit à petit, construit l’image d’une véritable icône mondiale, d’une star dont on se fait un modèle et dont les intérêts œuvrent, en ce sens, avec ceux des grandes marques. « Federer n’est pas seulement le meilleur joueur de tennis. Aujourd’hui, il représente beaucoup plus que cela. Quelque chose de beaucoup plus grand. Une personne qui renvoie une excellente image, qui présente bien, une personne qui se conduit avec classe et professionnalisme. » C’est Greg Via, Directeur Marketing Sport de Gilette qui le dit. Mais le Suisse n’a pas toujours été un produit bankable, une force qui touchait les gens. Non. A ses débuts, la mayonnaise ne prenait pas. Il a fallu un retour chez IMG en 2003 pour que les choses évoluent. Tony Godsick, son agent, raconte : « Avant, il était un très grand champion provenant d’un petit pays. Je me suis efforcé, ces cinq dernières années, de prendre ses meilleurs attributs, comme ses origines suisses dont il est fier, pour parvenir à une icône globale, à travers des partenariats avec des sponsors qui sont présents dans le monde entier et qui occupent un rôle de leader dans leur domaine. Nike, Rolex, Gillette, Crédit Suisse ou Lindt Sprüngli entrent tous dans cette catégorie. » La raison de ce succès ? Peut-être une forme de sincérité. « L'argent n'est qu'un bonus pour moi », explique Roger « himself ». « J'aime vraiment jouer au tennis. C'était un rêve de devenir joueur professionnel. »

Federer… l’artiste

« Roger Federer – et c’est méritoire – a véhiculé l’image d’une Suisse élégante, éprise de grands projets et largement de taille à les endosser sans nécessairement chipoter ou s’excuser. Il a réhabilité le besoin de se confronter à autrui, sans forcément cultiver d’animosité ou de complexe. Petit Suisse et fier de l’être. Label d’excellence, champion exemplaire, star sympa. » Christian Despont, journaliste helvète et grand spécialiste de son compatriote, met en lumière une facette essentielle du personnage Roger Federer, voire même de sa personne. Roger est Suisse ; et le succès qu’il a conquis, il y est parvenu grâce à cette « Swiss attitude ». Comme le confie Madeleine Bärlocher, sa première formatrice, « en Suisse, on n’aime pas trop les têtes qui dépassent ». Sans aller dans le poncif, cette culture d’une forme de discrétion imprègne et se dégage du champion. Cela joue clairement dans son image de star inaccessible et, pourtant, si proche de chacun d’entre nous. A tel point que certains lui ont reproché d’être trop… Suisse. Il faut reconnaître qu’il sait ménager la chèvre et le chou dans ses prises de position – Sergey Stakhovsky, un collègue, le regrette, à propos de la répartition du prize money ou de l’égalité hommes-femmes : « Roger est trop neutre à mon goût, il reste trop passif, car il ne veut pas écorner son image. » Cela l’a, néanmoins, servi tout au long de sa carrière. Suisse, lui-même conseillé par un clan particulièrement suisse, en-dehors de ses coaches : tout est maîtrisé, tout est millimétré.

« Federer a cette douceur, cette aisance qui le rend spécial. C’est un artiste si raffiné. Comme la danse vous transporte dans un lieu différent, Federer vous soustrait à l’attraction terrestre. » Qu’ils sont doux, ces mots de Kathryn Bennett, danseuse au Royal Ballet de Flandres. Et qu’ils sont inspirants. Federer, l’artiste, c’est le visage le plus irrationnel du champion suisse. Un langage qui s’adresse à l’âme plutôt qu’à la raison. Un langage d’émotion. Pour Pierre Barouh, auteur-compositeur-interprète, « la vraie élégance dans quelque domaine que ce soit, c’est qu’on ne sente pas l’effort ». « C’est vrai pour l’écriture, c’est vrai pour le chanteur, c’est vrai pour les acteurs et Federer est exactement dans cette mouvance. » A ce titre, le relâchement du Bâlois dans chacun de ses coups – c’est éminemment remarquable au service et en coup droit –, lié à l’utilisation de ses membres et notamment à la rotation de ses hanches, semble assez éclairant. Le port de tête également et ce regard fixé sur la balle, qui flotte pourtant encore après l’impact, sans bouger d’un iota, ni suivre les rémanences de sa frappe. C’est l’image d’un Federer lointain, de cette fameuse nonchalance rêveuse. Pour JeanPaul Goude, « Federer, comme les champions actuels, s’éloigne de nos pratiques ». « L’identification n’est plus possible. » Roger, lui-même, se dit en quête de style, en quête d’une certaine idée du jeu et du plaisir. En quête.

Textes de Rémi Capber G R A N D C H E L E M - maga z i ne d ’ i n f o rma t i o n s G R A T U IT s ur le t enn i s - t r i me s t r i el - n o v em b re / d é cem b re 2 0 1 2

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ROAD TO ROGER : EPISODE I

ROAD TO ROGER : EPISODE I

Entretien réalisé par Rémi Capber, Pauline Dahlem, Vincent Grethen et Laurent Trupiano / Photographie : Rémi Capber

Madeleine Bärlocher « Roger était tellement adorable… »

Madeleine Bärlocher est la toute première formatrice de Roger Federer. Ancienne responsable des Juniors au Old Boys Tennis Club de Bâle, elle a géré les premiers pas du Suisse de 1989 à 1995. Nous l’avons rencontrée lors de notre voyage initiatique à Bâle, sur la terre natale de Roger, là où il a effectué ses premiers pas. Cette Dame éminemment distinguée s’est confiée non sans une certaine émotion sur ces lointains souvenirs. Un véritable document. Pourquoi Roger est venu dans ce club, le TC Old Boys de Bâle ? Roger est arrivé ici à huit ans grâce à sa mère, Lynette. Elle y jouait déjà et participait aux matches par équipe. Un jour, elle est venue me voir pour savoir si son fils pouvait intégrer le club. Elle avait été impressionnée par le programme Junior. Avant, Roger jouait sur les courts de l’entreprise de ses parents (NDLR : Ciba, ex-Novartis). Lynette espérait que Roger puisse réaliser une grande carrière professionnelle en l’inscrivant ici ? Non, ses parents ne l’ont jamais poussé. C’est toujours Roger et Roger seul qui a dit vouloir devenir professionnel. A huit ans à peine, il parlait déjà de devenir numéro un… Il en parlait même à ses copains. Moi, je n’y croyais pas. D’autant qu’en Suisse, à cette époque, il n’y avait pas de très, très grands joueurs. C’était la fin des années 80, avec Marc Rosset, Jakob Hlasek… Mais c’est tout. Oui, à l’époque, on n’imaginait pas qu’il irait aussi loin. Si je l’avais su, je l’aurais certainement regardé de plus près. Mais il y avait d’autres jeunes – certains plus forts que lui. Wimbledon le faisait déjà rêver ? Remporter Wimbledon, ça a toujours été son truc. Même quand il était tout jeune. Je me rappelle d’une anecdote… Lors d’un entraînement, je regardais Roger jouer et un point m’avait marqué. Il doit faire face à un lob, il se recule et claque un smash gagnant. Tout content, il me dit : « Un jour, grâce à ce smash, je gagnerai Wimbledon ! » Et, lors d’une de ses finales à Londres, je me souviens l’avoir vu réaliser à peu près le même smash sur une balle de match… Ça m’a fait rire, c’était juste incroyable. C’était un enfant capricieux ? Non, pas chez moi, il n’osait pas agir comme ça. Par contre, par la suite, adolescent, et surtout quand il est parti au centre d’études d’Ecublens, il s’est mis à beaucoup pleurer et devenir capricieux. A Bâle, il a très vite progressé. Du coup, il était satisfait. Ensuite, lorsqu’il a commencé les tournois importants,

il ne progressait plus aussi vite. Du coup, il se frustrait sur le terrain et jetait souvent sa raquette. Sinon, il a toujours juré, mais, bon, c’est le lot de tous les jeunes. Comment vous le caractériseriez ? Souriant, attachant… Mais il avait, quand même, toujours envie de faire des bêtises, des blagues. Je m’en souviens d’une, particulièrement. Lors d’une rencontre interclub, en attendant son tour de jouer, il s’était caché dans un arbre. Le problème, c’est qu’on l’avait cherché partout… Impossible de le retrouver ! Il adorait ce genre de blagues. Il adorait s’amuser. Il est parti à Ecublens vers 13 ou 14 ans. Je sais que ça a été très dur, au début. Il fallait s’adapter à une nouvelle région, une nouvelle vie et s’exprimer en français… Sa mère me racontait qu’il a beaucoup pleuré les premiers mois. C’était très compliqué psychologiquement. Et ça a été, pour nous, un déchirement de le voir partir du club. Il était tellement adorable... Il était apprécié de tous…

« A huit ans à peine, Roger parlait déjà de devenir numéro un » Il avait déjà le même jeu qu’aujourd’hui, en termes de technique ? Oui, complètement. Et il apprenait vite. Lorsque Seppli (Kacovski, son premier entraîneur) lui enseignait un nouveau coup, il savait le réaliser tout de suite, alors que les autres enfants avaient besoin de deux semaines pour le comprendre et le faire correctement. D’ailleurs, Seppli disait qu’il avait déjà un talent fou. Il avait l’impression qu’il était né avec une raquette entre les mains… C’est clair, mais on ne pouvait pas prévoir le futur et le destin qu’on lui connaît désormais. On ne pouvait pas prévoir qu’il serait numéro un. Beaucoup de jeunes très talentueux n’ont jamais vraiment percé. En plus, à l’époque, Roger n’avait pas que le tennis dans sa vie. Il

adorait tous les sports de balle. Il jouait aussi au basket, au foot… Je disais à tous les Juniors de faire autre chose que du tennis. Vous êtes restée en contact avec lui, au début, lorsqu’il a explosé au plus haut niveau ? Oui. Mais j’ai surtout gardé beaucoup de contacts avec ses parents, sa mère, notamment. Lorsqu’on organise des tournois pour les Juniors, Lynette nous donne toujours des tee-shirts et des accessoires pour constituer les lots des enfants. Vous aviez une relation particulière avec Roger ? Non, pas plus que cela. Vous savez, il faut faire attention avec les jeunes. C’est important de se comporter de la même façon avec tout le monde. Par contre, il se distinguait des autres enfants, car il avait la gagne. Il détestait perdre. On sentait qu’il était ambitieux. Je me souviens de l’avoir vu pleurer plusieurs fois lors des rencontres par équipe. Il était couché sur le court. Impossible de le consoler, alors que tout le monde pensait déjà à autre chose. Quand vous le regardez jouer à la télé, vous ressentez quelque chose de particulier ? Oui, spécialement à Wimbledon. Quand j’étais Junior, j’y avais joué… Comment expliquez-vous qu’il ait été aussi agité, plus jeune, alors qu’il semble tellement calme sur le court, aujourd’hui… C’est grâce à Mirka… Vous la connaissez bien, Mirka ? C’est un peu un mystère pour nous tous… Elle est venue au club participer à des tournois, elle venait jouer aussi avec des copines. En fait, ils s’étaient déjà vus avant les Jeux Olympiques de Sydney. Il la regardait déjà un peu à cette époque? Oui, peut-être… On l’ignore. Il était surtout concentré sur le tennis. Aujourd’hui, c’est Mirka qui gère tout.

Photographies : Rémi Capber

Jeudi 13 septembre 2012, la Rédaction embarque pour un petit road trip… Direction Bâle ! Un pèlerinage pour mieux comprendre qui est Federer, en compagnie… de notre mini-Roger.

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C’est elle qui l’a changé en quelqu’un de calme ? Oui. En ce temps, seul Peter Carter pouvait vraiment le calmer. Roger et Peter s’entendaient très bien. Carter l’a beaucoup aidé et bien formé au niveau tactique, notamment pendant les compétitions. Son expérience du circuit et son niveau de jeu lui ont beaucoup apporté. Peter amenait de la sérénité. D’ailleurs, il parvenait à calmer tous les Juniors. Roger a beaucoup appris à ses côtés, dans la gestion de ses matches, car c’est Peter qui l’accompagnait sur les tournois. Ensuite, il est même parti au centre d’études de Bienne où s’entraînait Roger. Ils ont continué à évoluer ensemble sur les Challengers et les gros tournois juniors.

l’habitude et c’est toujours incroyable de voir qu’un des nôtres ait pu réussir autant. Mais on n’aime pas non plus la démesure.

« Roger avait du mal à supporter la supériorité de l’adversaire »

énormément. Quant à Diana, sa sœur, elle jouait aussi au club, sans être membre. Mais elle participait tout de même à de petits tournois. Par contre, elle était moins douée que son frère… Elle préférait l’équitation !

Cette année, vous avez été surprise de sa victoire à Wimbledon ? Oui, on a regardé le match ici, dans le club. Il y avait la télévision suisse aussi, ils ont l’habitude de venir souvent lors des finales de Roger en Grand Chelem. Quand il a gagné Wim’, c’était formidable ! J’y ai toujours cru et j’ai ouvert une bouteille de champagne. Souvent, les journalistes disent qu’il devrait arrêter… Ca m’énerve, car il était quand même numéro trois mondial en fin d’année dernière et au début de cette saison. Oui, cet été, j’étais tellement contente pour lui… et ça me faisait plaisir de le voir prouver à ces journalistes qu’ils avaient tort.

Et Lynette ? Oui, elle ne jouait pas mal. Elle faisait partie de l’équipe senior A. Elle a été championne de Suisse avec cette équipe.

Justement, tous ces titres du Grand Chelem, c’est énorme… Et c’est surprenant ! Surtout la première fois. On ne s’y attendait pas.

Que représente Roger pour la Suisse ? C’est un héros national ? Roger est apprécié de partout dans notre pays. Il y a beaucoup de rencontres de Coupe Davis à Lausanne, Neufchâtel ou Genève et les salles sont toujours pleines pendant tout le weekend. Ça m’a gênée une ou deux fois qu’il ne participe pas à cette compétition, d’ailleurs, la Coupe Davis. Mais, au début de sa carrière, il a toujours répondu présent. Néanmoins, je pense qu’en Suisse, il n’est pas autant considéré qu’aux USA, par exemple. On nous le dit souvent. Quand des Américains viennent ici, ils sont surpris que l’on ne fasse pas plus de choses autour de Roger. Aux Etats-Unis, si un Américain gagne, c’est normal. Ici, en Suisse, on a moins

Comment avez-vous vécu la période où Roger commençait à se faire battre par des joueurs comme Nadal, alors qu’il était quasiment invincible avant ? Il faut toujours respecter les autres joueurs qui ont aussi des qualités. Roger ne pouvait pas continuer comme ça, à gagner tout le temps, en étant seul au monde. C’est mieux pour le tennis d’avoir une grande rivalité au top de la hiérarchie mondiale.

« On ne pouvait pas prévoir le futur de Roger » Roger a toujours été très peu blessé dans sa carrière. Nadal va jusqu’à dire qu’il possède un physique idéal. Qu’est-ce que vous en pensez ? J’ai toujours su que Rafa aurait plus de mal que Roger sur la longueur. Rafa a un jeu qui fait forcer le physique, car il a des coups et une manière de jouer qui mettent à rude épreuve son corps. Pour en revenir à Roger, il ne faisait pas beaucoup de travail sur ce plan-là auparavant, et, à cette époque, sa carrière ne décollait pas vraiment. Mais, avec Peter Lundgren, les exercices physiques ont été plus intenses et pris au sérieux. On a vu rapidement la différence ! Lorsqu’il était au club, il restait après les entraînements ? Il tapait la balle contre le mur ? (Rires) Oui, il restait… Il restait pour jouer aux cartes avec ses amis. Il jouait au Jass ! Qu’est-ce que c’est que ce jeu ? C’est très semblable à la belotte. Roger donne l’impression d’être une star très professionnelle, lointaine et ultra

Arrivée dans la matinée au Old Boys Tennis Club de Bâle, le tout premier club de Federer. Découverte d’un lieu… très suisse. Et du Roger Federer Centre Court, inauguré une semaine avant.

protégée et, en même temps, dans l’intimité, quelqu’un de facile d’accès, un rigolard… un grand enfant ! Il a toujours été comme ça, même à la maison. Mais je lui ai toujours demandé de bien se tenir sur le court. Par contre, il avait vraiment du mal à accepter la supériorité de l’adversaire. Il ne pouvait pas accepter que son adversaire réalise un joli point. Il pouvait jurer. Sur le court, il jouait sérieusement, il laissait les blagues à l’extérieur. Je pense qu’il a hérité ça de sa mère. Je me souviens aussi qu’il s’était teint les cheveux en blond, une fois… C’était à l’époque de sa victoire à l’Orange Bowl. Après son titre, je l’avais croisé au club. Comme d’habitude, il jouait aux cartes avec ses amis. Je lui demande d’enlever la casquette qu’il a sur sa tête… mais il ne voulait pas, car il avait trop honte ! Pourquoi il s’était teint les cheveux ? Il avait fait un pari ! Il faisait souvent des paris… Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de sa famille ? En ce qui concerne le père de Roger, Robert, il était toujours en retrait et venait rarement voir son fils jouer. Son boulot l’obligeait à voyager

Cette période a dû être compliquée pour lui, que vous décrivez comme un compétiteur invétéré… Oui, mais lorsqu’il rentre à la maison, il y a Mirka. Ca aide. Je me rappelle qu’elle est

toujours présente dans le stade. Une fois, elle n’était pas là et Roger avait perdu… On a l’impression qu’il n’a aucun défaut. Il est gentil, il est poli, il est grand, certaines le trouvent beau… Vous avez raison. Il n’est jamais injuste. C’est dur de lui trouver un défaut, mis à part cette manière de jurer qu’il avait trop souvent. Et je vous avoue que ça m’énervait beaucoup ! D’ailleurs, sa mère m’avait demandé de le sortir du court s’il jurait trop… Il avait un gros mot préféré ? (Rires) Oh, je ne peux vraiment pas le dire, ce n’est pas très joli… Sa maman, vous la voyez souvent ? Presque tous les mois. Elle n’habite pas très loin de chez moi. On parle de Roger, mais de beaucoup d’autres choses aussi. Vous avez beaucoup de visites de journalistes, ici ? C’est devenu un lieu de pèlerinage, non ? Oui, c’est vrai. C’est pour ça que j’ai toujours des coupures de presse avec moi. Généralement, c’est Lynette qui me les donne ou je me les procure via des amis. Un jour, je me rappelle avoir vu débarquer un car entier de journalistes japonais… J’ai déjà répondu à beaucoup d’interviews, je ne peux pas dire combien... C’est régulièrement après Wimbledon. Comme quoi, ce tournoi marque tout le monde… Maintenant, les demandes diminuent. La dernière a été faite avec un journaliste italien. Je lui avais prêté une photo de Roger jouant au foot pour l’occasion. Mais il ne me l’a jamais rendue ! En Suisse, vous avez Guillaume Tell et Roger Federer. Finalement, aujourd’hui, n’estce pas lui la plus grande star du pays ? Oui, je pense.

Les vestiaires ont certainement bien changé depuis les années 90, la période durant laquelle Federer a fréquenté les lieux. Tout y est net, moderne, propre et bien organisé.

Entretien avec Madeleine Bärlocher, ex-responsable des Juniors du club. Madeleine a été la première formatrice de Roger Federer. Discussion de deux heures avec cette dame très accueillante.

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ROAD TO ROGER : EPISODE II

ROAD TO ROGER : EPISODE II

Sam Sumyk « Merci Roger »

Deuxième épisode de notre Road to Roger, à Bâle. A l’occasion du tournoi fétiche de Roger Federer, une épreuve qu’il a remportée cinq fois, nous nous sommes interrogés sur la notion de clan. Une notion capitale dans la réussite du Suisse. Pour l’occasion, nous avons mis à contribution Sam Sumyk. L’entraîneur d’une numéro un mondiale et leader de son staff qui met en lumière les fondements de l’équipe d’un numéro un mondial. La boucle est bouclée. entretien réalisé par Laurent Trupiano Roger Federer travaille toujours avec un clan très restreint. C’est une clef de sa réussite ? Je n’aime pas la notion de « clan ». Elle sousentend une organisation clanique, gérée par un gourou ou, pire, une organisation totémique. Roger ne doit pas être très éloigné de moi. Pensons toujours « équipe », qu’elle soit importante ou limitée. En l’occurrence, si Roger a souhaité travailler avec une équipe restreinte, celle-ci est manifestement équilibrée, harmonieuse et efficace. Son expérience personnelle et son humilité naturelle font qu’il sait s’entourer de peu de collaborateurs. Mais c’est du lourd en choix humain... Savoir s’entourer de compétences, c’est effectivement une des clefs de sa réussite. Chacune de ces personnes ont été choisies pour un rôle bien précis, avec des compétences bien définies... Rôles et compétences interdependants, bien entendu. La notion de clan favorise la performance, tout en évitant la dispersion ? La notion de clan, pour moi, c’est toujours une notion de groupe. Le fait d’avoir un team limité évite, effectivement, la dispersion. Plus on est nombreux, plus on délègue, plus les participants actifs sollicitent tout ou partie d’un brin de réussite, tandis que peu prennent en charge les moments difficiles ou l’absence de victoire. Les exemples sont légion. L’équipe réduite, sous l’égide d’une direction saine, permet de distribuer intimement le rôle de chacun et, par conséquence, de tirer le meilleur des potentialités individuelles. C’est, du moins, mon avis personnel sur la question. A chacun sa méthode, toutefois, mais force est de reconnaître que cet exemple sert les intérêts de Federer. Sa famille revêt une importance capitale, aux nombreux facteurs d’équilibre.

Photographies : Rémi Capber

Dans le clan d’Azarenka, vous vous êtes visiblement répartis les rôles, en distinguant l’aspect technique de l’aspect

physique. C’est indispensable pour parvenir au plus haut niveau ? Les rôles sont bien répartis dans l’équipe, oui. Comment peut-on y échapper ? Chacun est à sa place dans une fonction précise. La préparation physique, d’un côté, la physiothérapie, de l’autre. Néanmoins, je ne distingue pas les deux, l’art étant précisément de les confondre. Ma vision personnelle m’incite à lier les deux ensemble, sans privilégier le physique sur la technique, ou l’inverse. Sachant qu’au très haut niveau, attention, il existe plus de deux protagonistes autour de l’athlète. Il vaut mieux coordonner tout ce petit monde qui œuvre au développement du sportif... et il faut voir ce développement dans sa globalité. Toutes ces compétences ne doivent faire qu’une. En fait, ce qui est indispensable pour parvenir au plus haut niveau, c’est d’avoir le ou la meilleure.

« La famille de Federer revêt une importance capitale » Roger a expliqué que son succès à Wimbledon était lié à son équipe. Qu’est-ce que ça signifie ? Federer a expliqué son succès à Wimb’ par le travail de son équipe... Le maître, en l’occurrence, doit savoir de quoi il parle. En fait, il partage cet exploit avec une équipe réduite, mais d’exceptionnelle qualité. Quand on vit ces moments rares, on se tourne vers ses proches. Ce sont eux qui, en premier lieu, ne cessent de vous affirmer leur soutien. Grace à ça, grâce à eux, vous conservez votre confiance et vos croyances. C’est le résultat incontestable et incontesté et la preuve d’une réussite d’équipe. Il suffit de voir les entraînements de Roger pour observer que c’est une équipe unie...

On a du mal à comprendre ce que signifie la vie en groupe autour d’un athlète de haut niveau ? La vie autour d’un athlète... Il n’y a pas grand chose à comprendre. C’est différent, selon qu’on se trouve en période d’entraînement, de préparation ou de compétition. En compétition, l’essentiel est boulot tennistico, bobo et dodo... C’est le plus dur à mettre en place, c’est ici que les individualités s’expriment le plus. Chacun fait son job, ce qui exclut ou réduit la communication. Le soir est plus propice aux discussions et aux points précis à résoudre. En fait, on est obnubilés par le résultat de son ou sa protégée. Le but est d’avancer, de toujours chercher à s’améliorer, de trouver et de se donner les moyens pour. Nous, et bien on passe à l’arrière plan. Il n’y a pas besoin de grands mots. Un regard, une attitude, un mot lâché... Ca me va bien. Bref, le quotidien se situe toujours dans la recherche de la performance. Parfois, tous ensemble... Souvent seul. Dans l’idée de clan, il y a l’idée du secret. C’est fondamental ? Le clan ou... le groupe, je préfère... L’idée du secret. Il n’y a pas de secrets, mais il y a « méthode ». Il y a « intimité », peut-être, mais pas de secrets. En tennis, comme ailleurs, il n’y a pas de : « Que sais-tu que je ne sache déjà ? » Il y a, sans aucun doute, des secrets de polichinelle. Les gens mystérieux qui laissent entendre de potentiels secrets gardent, au fond de leur âme, leurs errances ou leur mauvaise foi... Et puis, tout secret est fait pour être révélé, non ? A mon sens, « discrétion » exprime plus justement la réalité... Et, oui, elle est nécessaire au groupe. Où situer le rôle de ce dernier pour accepter et gérer la pression ? Le rôle du clan ou le rôle des glands. Très souvent, je pense à l’ouvrier d’usine, à ces artisans et autres qui triment pour nourrir leur famille.

Instant cadeau pour Madeleine Bärlocher, la Rédaction lui offre la Une de GrandChelem 29, « Roger forever », ainsi qu’un exemplaire de « Grand Chelem, mon amour », premier ouvrage de la collection We Love Tennis.

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Eux parlent égaux. Nous, le même mot : « égos ». Ca se prononce pareil, mais ça n’a pas le même sens. Gérer la pression… quelle pression ? Qui a la pression ? Au bar, peut-être, comme décontractant. On fait un métier lucratif, un métier intéressant. Beaucoup voudraient être à notre place. Alors la petite pression dont nous sommes les petites victimes doit se transformer en quelque chose de ludique. Jouer au tennis reste un plaisir exceptionnel… Savoir d’où l’on vient aide à supporter ces vicissitudes. Je crois que la seule pression acceptable, c’est le sentiment de bien faire son boulot. L’exigence. Le groupe, ça permet aussi de diluer les responsabilités… Allons-y, cette fois, pour l’idée de communauté... Dans tout groupe dûment constitué avec des éléments choisis, il s’agit, bien sûr, de déléguer des responsabilités. Chacun sa spécificité, le partage des connaissances, le souci de tirer vers le haut. Voilà un programme intéressant à construire. De l’altruisme, de la générosité et, plus encore, le partage. C’est ce qui fonde une véritable équipe. Tout ça, sans rétentions particulières de connaissances. Federer, dans sa quête, n’en dit pas moins... Il semble se fier à son équipe, le mérite lui en revient... Il a choisi... Comme nous tous, ce fut, pour lui, chercher les bonnes personnes et se priver de ce qui ne lui convenait pas. La quête d’idéal existe-t-elle au tennis ? Etre plusieurs, c’est aussi se retrouver en famille quand ça va mal ? La communication dans le clan se joue à des détails, comme tu aimes à le dire… Effectivement, je confirme, l’essentiel se joue dans la foultitude de détails... Des dizaines de paramètres... Des centaines de points à gérer, des milliers de choses à évacuer. Là se joue le « bien-aller » et le « mieux » pour son athlète... En sachant, malgré tout, que l’ensemble

Place à la bataille des sexes sur le Central ! Laurent et Pauline s’engagent dans un match en trois supers tie-breaks…

est injouable. Après, quand tu dis « être à plusieurs, c’est aussi trouver les solutions à plusieurs », je m’inscris en faux, car il n’y a pas de solutions à plusieurs mais une seule solution pour l’athlète... Etre le meilleur, le meilleur, au singulier et pas de « s » à solution. Dans tous les cas de figure, c’est un groupe, une association, une entité… mais pas une famille. Une famille, on en a tous une vraie, de sang. Et, quand ca va mal ou moins bien, on y est vraiment accueilli, on y retrouve sa place. Sa juste place. Chez Federer, qu’est-ce qui t’a toujours le plus impressionné ? Sa simplicité... Une merveille. Ce joueur-là est resté intact. Médiatiquement harcelé, les supporters excités, l’hystérie collective et j’en passe... Une femme, des fillettes, une partie de tennis, une vie tranquille, des espaces à lui... Le même qu’à l’origine, je pense. La vérité nue, comme au premier jour. Rare d’être ainsi dans le milieu du tennis. « Authentique » serait aussi un terme approprié, ordinaire dans sa qualité de star, humain, sans doute... et son jeu... Ma Doué, comme on dit chez moi... Un jeu de benjamin où tout coup devient simple et biblique. Ca caresse la balle, ça lifte beau et, en plus, ça place où ça veut, ça va à 10 000 et, surtout plus encore, c’est... intelligent. Jamais rien vu de si beau. A force de le voir et de le revoir produire et reproduire son tennis de rêve, il est arrivé à nous faire croire que tout ça

est, en définitive, d’une simplicité enfantine... magique, grandiose... Quel bonheur, quel privilège j’ai de voir ce mec-là sur le circuit presque toutes les semaines… Tu as une anecdote liée à Roger Federer ? Non. A part que, lorsque je regarde son revers... Je me dis qu’il a dû s’inspirer du mien ! (Rires) Je me demande si Roger n’est pas venu en vacances sur la presqu’île de Quiberon et si, ce jour-là, il ne m’a pas aperçu répéter mes gammes sur l’un des courts municipaux... (Rires) Bref, vous l’aurez compris, laissez-moi rêver. C’est possible qu’un champion veuille gagner pour son clan ? Est-ce qu’il ne doit pas plutôt être égoïste et vouloir gagner pour lui, avant tout ? Le ou la championne ne veut pas, a priori, gagner pour son clan, il veut d’abord gagner pour lui-même et c’est normal. Ensuite, c’est facultatif et ça dépend du patrimoine affectif dont il est doté. S’il est normal que le champion restitue un peu de son triomphe à son team, certains s’en foutent éperdument, considérant que leur bétail n’a fait que son boulot. En réalité, les grandes démonstrations affectives m’agacent. Je préfère un regard bienveillant et complice, à l’abri de tous les yeux friands de ces manifestations. Pour ce qui est de l’égoïsme du champion, je répondrais ceci... Le champion doit jouer pour lui seul. Si les victoires suivent,

il doit partager selon sa manière d’être. En resumé, j’aime le sens où « donner » n’est que « prendre »... Aloha.

« Le champion doit jouer pour lui seul » Comment on gère les égos au sein d’un clan ? Qui a le dernier mot dans les discussions ? Les égos... On ne gère pas les égos, on les atténue par leur érosion progressive. Il faut toujours faire avec les égos... Qui n’en a pas ? Il n’y a pas de dernier mot, pas plus qu’il n’y a de vainqueur. Vouloir avoir le dernier mot occulte tous les autres en devenir. Il y en aurait un, pourtant, « adieu », celui qui clôt une histoire... Le clap de fin. Vouloir avoir le dernier mot, c’est de type égotique, vouloir gagner sur le dernier mot, c’est avouer ses peurs... et pourtant, il y a toujours celui qui termine par un mot... Quels maux ! Par contre, il y a des responsabilités à prendre, des décisions finales. Et ça, ça ne peut appartenir qu’au coach ou au joueur. Parfois ils le font ensemble, d’un avis commun.

la terre. En fait, j’aurais aimé l’accompagner, ouais, l’accompagner, son pote, quoi, sachant que j’aurais plus appris de lui que lui de moi. Etre à côté, paisible, boire un coup avec lui, échanger. Je me vois bien le coacher sur une terrasse, en Suisse, devant un Margaux, un Pessac-Léognan. Et, s’il n’aime pas ça, une bièrette fera l’affaire. Ou, pire encore, va pour une tisane. Le souci serait d’être là... apprendre... savoir... partager. Merci Roger. Parmi ses titres, lequel lui ressemble le plus ? Il ressemble à ses titres ou ses titres lui ressemblent ? Vaste question. Le plus grand palmarès du monde. Pas ennemi des terriens, dur ou mou, il s’accommode, il bouffe même du green, il ne ressemble à personne, en fait. Le plus beau de ses titres, c’est, pour l’instant, les jumelles et Mirka. Le reste n’est qu’anecdotique... Dernière chose : qu’est-ce que l’on retiendra de Roger, en-dehors de son palmarès ? La chance d’avoir vécu cette époque.

Question bête : tu aurais aimé coacher Federer ? D’abord, est-il coachable ? A mon avis, il a plus de connaissances que tous les coaches de

LE moment d’inspiration de Laurent sur le Roger Federer Centre Court : un tweener gagnant qui lui offre deux balles de match. Laurent s’impose 10-8 7-10 10-7.

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La Rédaction quitte le club pour faire un petit tour dans le centre ville de Bâle, avant de rentrer à Lyon. Stop obligatoire sur la plaque de citoyen d’honneur de Federer. Pas de doutes, il est bien d’ici !

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ROAD TO ROGER : LA RENCONTRE

J’ai rencontré

Roger Federer... Roger Federer n’accorde que très rarement des interviews en face à face, à moins qu’elles ne lui soient proposées par un média très important. Il fallait bien que GrandChelem/Welovetennis tente sa chance d’une façon différente. Logiquement, je me suis rendu à Bâle pour les Swiss Indoors, LE tournoi de Roger, lors du fameux Super Monday. Je savais que j’avais la garantie de le voir sur le court, ainsi qu’en conférence de presse, à défaut de lui poser quelques questions en direct. Récit d’une journée très intense, qui se termine par un petit moment d’anthologie. Quand la chance se présente à vous, il faut savoir la saisir. Texte de Laurent Trupiano

le livre « ROGER, MON AMOUR » est EN VENTE SUR KDOTENNIS.COM attention, quantité limitée !

Où trouver «Roger, mon Amour» en magasin ? • Time Sport 33, rue Olliffe 14800 Deauville • Avantage Djé 14, rue Auxonne 21000 Dijon • Tennis Box 44, avenue de Gameville 31650 Saint-Orens de Gameville • Espace Tennis Bretagne 55, avenue André Bonnin 35135 Chantepie • Service Gagnant 46, rue de Carnel 56100 Lorient • Balle de match 17, avenue Leclerc de Hauteclocque 57000 Metz • Karanta 5, rue de la nuée bleue 67000 Strasbourg • Perf Tennis 96, rue Vendôme 69006 Lyon

• Cap Tennis 28, quai Victor Augagneur 69003 Lyon

Il est tôt, le matin, quand je quitte les rives du Rhône, où se trouve la Rédaction, pour rejoindre Bâle, capitale européenne des laboratoires pharmaceutiques. Et ville paisible, car quelque peu fortunée... Sur la route, je me limite à 120 km/h, Suisse oblige. Après avoir passé Genève, une cité du cosmopolitisme, et Lausanne, l’olympique, je file vers Bâle… Bâle, antre de penseurs célèbres, marquée par les vies d’Erasme, de Nietzsche, de Jung… Bâle, visitée quelques semaines auparavant, pour le premier épisode de notre concept « Road to Roger » – pèlerinage sur les traces du champion helvète. L’arrivée à la Sankt Jakobshalle se fait sans soucis. D’autant que, pour faciliter mon parcours, j’ai eu l’audace de suivre la voiture d’un équipementier tennis.

« Roger, je vais te poser une question qui n’a absolument rien à voir avec ton match d’aujourd’hui. Nous sommes allés sur tes traces, il y a quelques semaines… et, donc, dans ton ancien club, le Old Boys Tennis Club de Bâle. Tu sais que c’est devenu un lieu de pèlerinage ? - (Sourire) Comment ça, un lieu de pèlerinage?

Me voilà maintenant au fameux « desk media », où je dois retirer mon accréditation. L’attente est longue, la procédure aussi ; on ne badine pas avec la sécurité au pays du chocolat. En récupérant mon badge, identique à celui d’un cadre chez Nestlé, j’apprends que mes accès sont limités. Très limités, même. Pour avoir le privilège de mettre un pied au village, il va falloir encore montrer patte blanche. A ce sujet, je m’empresse d’interpeler la Directrice Médias : « Comment se fait-il que vous soyez le seul tournoi au monde où les journalistes ne peuvent pas aller librement au village ? » « Parce que nous sommes les Swiss Indoors. » La réponse est claire, à défaut d’être étayée. Je n’insiste pas, m’installe à mon desk et explore la presse locale. Roger est partout. En grand. En pub. En portrait. En idole. En égérie. J’ai envie de dire… normal. Je fais un point rapide avec la Rédaction, à Lyon. Mes missions sont définies : palper l’ambiance et, surtout, assister, en fin de soirée, à la conférence de presse de Roger Federer.

- Oh, je ne peux pas te dire qu’il y a foule non plus, mais ça arrive quelques fois. En fait, ils veulent, tous, voir les courts où tu as grandi… - Et bien, ils ont encore de la chance d’avoir ceux du Old Boys à se mettre sous la dent, car mes deux autres clubs ont été rasés. J’ai l’impression que personne ne veut conserver les courts où j’ai appris à jouer au tennis. (Rires) Je me demande vraiment si, en Suisse, on veut voir apparaître un nouveau Federer (rires) ! Plus sérieusement, le Old Boys a beaucoup compté pour moi. C’est là-bas que j’ai commencé à m’aguerrir et à devenir un vrai joueur de tennis. C’est drôle que vous y soyez allés !

Auparavant, je glisse un SMS à l’agent de Julien Bennetau pour caler un entretien. Ca se fera après son match. Parfait, Julien joue en début d’après-midi. Le temps de faire le tour des lieux, de voir des RF sur tous les fronts et Benet’ est déjà prêt au Player’s Lounge. Escorté, je pénètre dans le sacro-saint. Le joueur français se montre toujours aussi alerte et sympathique. On a du temps devant nous et l’attaché de presse de l’ATP est cool, pour une fois. L’entretien va se terminer. J’entends des claquements de main. Je me retourne. Le Roi est là, tranquille. Il discute, il est chez lui, et il n’est, pourtant, qu’à 25 minutes de son entrée sur le Central. Zen. Roger s’installe dans un canapé avec son pote de toujours, Marco Chiudinelli. Relax. Pendant ce temps, Stanislas Wawrinka, assis sur le frigo de boissons énergétiques, cause avec Pierre Paganini. Un peu plus tard, j’assiste à l’entrée du Maître… sur le court, cette fois. Sous les vivas de la foule, bien entendu. Pour un match plutôt maussade face à Benjamin Becker. « Press conference at 20h45 », annonce, sans porte voix, l’une des stagiaires du centre média. J’ai préparé ma petite caméra et mon iPhone, je suis dans les starting blocks. Je me mets au premier rang en salle de presse, du côté des Suisses alémaniques. Roger a du retard. Beaucoup de retard. Il est 21h30, quand il arrive avec ses bodyguards, vêtu d’un jean, prêt à aller faire la tournée des sponsors au village. « Le tournoi ne serait pas devenu ce qu’il est sans lui », avouait dans Le Temps, quotidien de référence, le Directeur du tournoi, Roger Brennwald, dont le contrat avec le numéro un mondial arrive à son terme.

• Espace Tennis Tassin 110, avenue de la République 69160 Tassin La Demi Lune • Tennisphère 35, rue Maréchal Leclerc 69390 Charly • Sport System Paris 151-155, rue de Bagnolet 75020 Paris

- En fait, on nous a expliqué qu’il y a des bus de Japonais et de Chinois qui viennent et que, chaque jour, on y croise des fans du monde entier... - C’est plutôt gratifiant, c’est un peu comme à Hollywood, alors ! (Rires)

• Tie Break Le Havre 41, rue Louis Brindeau 76600 Le Havre • Sport System Boulogne 39, avenue Edouard Vaillant 92100 Boulogne • Sport System Le Raincy 80, avenue de la Résistance 93340 Le Raincy

- Pour te dire la vérité, on ne s’est pas contentés d’y aller pour y faire du tourisme… - C’est-à-dire… Là, tu m’inquiètes... (Rires)

• Sport System Gentilly 24-26, avenue Paul Vaillant Couturier 94250 Gentilly

- (Sourire) On voulait jouer sur ton court, celui qui porte ton nom ! - Bonne idée ! Ca m’intéresse, continue…

Décathlon

Aubagne Besançon • Béziers • Caen / Mondeville • Campus-Villeneuve d’Ascq • Croissy Beaubourg • Dunkerque / Grande-Synthe • Geispolsheim / La Vigie • Lyon - Bron St Exupery • Lyon Part-Dieu • Nancy / Houdemont • Odysseum Montpellier • Paris Wagram • Pau / Lescar • Sequedin / Englos • Vitrolles •

- En fait, j’ai joué contre l’une de mes journalistes et on a vécu un super moment… - Pourquoi ?

- Tu sais, je ne suis pas un très grand joueur, mais je suis parvenu à faire ton tweener ! Pas aussi parfaitement que toi, évidemment, mais j’ai quand même marqué le point. - (Rires) C’est dingue, cette histoire ! - Je t’avoue que j’étais assez fier de réussir ça sur le Roger Federer Centre Court ! (Sourire) - L’essentiel, c’est que mon court t’ait inspiré ce coup ! (Rires) Le tweener, c’est un truc vraiment magique... Bravo ! » La salle de presse accompagne le sourire du Suisse. Intérieurement, comme un enfant, je jubile. J’ai échangé quelques mots avec Roger Federer. Je repars une heure plus tard de la Sankt Jakobshalle, avec l’idée que j’ai rempli ma mission. Le courage a payé, l’environnement très spécial de ce tournoi m’a aidé, car ce petit moment d’intimité n’aurait jamais pu avoir lieu ni sur un Masters 1000, ni sur un tournoi du Grand Chelem. En trois mots… Vive la Suisse !

Référencés dans les réseaux

FNAC et Decitre

Roger Federer répond alors aux questions normales et logiques suite à un premier tour dans un ATP 500. D’abord en anglais, puis en suisse allemand. Enfin, en français. C’est là que votre serviteur, à l’affût, tapi dans l’ombre, surgit pour égayer une soirée un peu terne. Je tremble légèrement, ma caméra aussi. Je l’éteins. Il est temps de passer à l’action. Je lève la main et apostrophe enfin le champion.

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editorial www.welov

blanc-rouge et, aussi, quelques belles surprises…

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Jo-Wilfried Tsonga, à propos de ses valeurs

« Le Français n’aime pas casser. Je dirais qu’il privilégie des jauges plus importantes que ce qui se fait dans d’autres zones du globe. Je pense, notamment, au Japon, où les jauges fines ont plus de succès. » Frank Fernier, dans notre dossier « Sur le fil », à propos du cordage

Nice France

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Grand Chelem, des médailles olympiques bleu-

« C’est une question d’éducation, de valeurs familiales, peut-être de double culture. Quand on traverse des périodes difficiles, avec des blessures et des remises en question, et qu’on ne baisse pas les bras, on a une force supplémentaire en soi, une volonté, une confiance. »

www.isptennisacademy.fr

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Quatre vainqueurs différents dans les tournois du

« Il faut toujours respecter les autres joueurs qui ont aussi des qualités. Roger ne pouvait pas continuer comme ça, à gagner tout le temps, en étant seul au monde. C’est mieux pour le tennis d’avoir une grande rivalité au top de la hiérarchie mondiale. » - Madeleine Bärlocher, première formatrice de Roger Federer

iSp AcAdemy

fr

Joyeux Noël !

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ViVez l’expérience

etennis.

« C’est vraiment une très belle saison. J’ai atteint le meilleur classement de ma carrière. J’ai été régulier dans les tournois du Grand Chelem, ainsi que sur le circuit avec deux finales. Bien sûr, il y a aussi cette blessure qui a été un vrai coup dur. Mais ça fait partie de la vie d’un joueur. Maintenant, mon objectif, c’est de me servir de toutes ces expériences pour tenter d’aller encore plus haut. » Julien Benneteau, qui fait le bilan de sa saison

Voilà le bilan de l’année 2012. Mais cette saison a également été marquée par notre grand projet, celui de sortir le deuxième tome de notre collection We Love Tennis, « Roger, mon amour ». Ainsi que notre pari de vous proposer six numéros de GrandChelem, contre cinq en 2011, et, ceci, afin de suivre au plus près l’actualité tennistique. C’est enfin un très beau millésime pour www.welovetennis.fr, tout proche du million de visites par mois. Autant dire que notre site Internet est devenu la référence de l’info tennis francophone. Voilà. Les cadeaux distribués, reste à se projeter sur 2013 et des enjeux sportifs plutôt enivrants. En premier lieu, on place le retour de Rafael Nadal. Suivi de près par de nouveaux classicos, des classicos qui opposent, dorénavant, Novak Djokovic à Andy Murray. Quant à Roger Federer, on se contente de répéter qu’il ne s’agit plus d’espérer, ni d’attendre, mais de profiter, tout simplement. Profiter de l’homme, de son tennis et, peut-être, de ses performances. Côté féminin, c’est le mano-a-mano entre Victoria Azarenka et Serena Williams, arbitré de temps en temps par la sémillante Maria Sharapova, qui va nous occuper. Enfin, dernier point : quel sera le niveau de performance de nos Bleus ? Difficile de le savoir, mais force est de constater que 2012 a été bercée de titres et de quelques moments de grande joie. On retiendra les balles de match de Jo, à Roland Garros, face à Djokovic, le retour émouvant de PHM, la place de dixième mondial de Richard Gasquet et la rage toujours aussi communicative de Marion Bartoli. Reste à passer un cap. Car vaincre en ATP250, c’est bien, mais triompher face aux meilleurs dans les plus grands tournois du monde, c’est mieux...

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France - Liste des points disponibles sur www.welovetennis.fr - GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis - Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) - Création artistique et mise en page : Séverine Hébrard (SBDesign –Studio Graphique. www.sbdesign.pro) Conseiller Editorial : Rémi Capber (remi.capber@grandchelem.fr) Rédacteurs : Simon Alves, Gwendoline Cordeliers, Pauline Dahlem, Vincent Grethen, Audrey Riou - Site internet : http://www.welovetennnis.fr - Responsable E-Commerce : Audrey Riou (audrey.riou@grandchelem.fr) - GrandChelem est édité par la société Convergence Media, 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu - Rédaction : 04 27 44 26 30 – Publicité : 06 60 26 37 76 - Régie : Offensive Communication (Frédéric Sebbane) - Crédits photos : Sport Vision, Chryslène Caillaud

Gr an dC he le m 32 Dé bu t fé vr ier 20 13

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Un 10ème

Moselle Open très VIP...

petits potins textes de simon alves

L’IDÉE CADEAU

DE NOËL

Plutôt cuir ? Plutôt latex ? Plutôt… rien

L Lundi 17 septembre 2012

Le village public du Moselle Open, avec entre autres, les boutiques commerciales de l'Open, les stands d'exposition du Hall d'accueil, le studio du Conseil Général de la Moselle et de France Bleu, le centre de visionnage des matchs de légende, le Decathlon Fun Park...

Mardi 18 septembre 2012

Julien Boutter, Directeur du tournoi et Henri Leconte croquent les pommes des jardins fruitiers de Laquenexy, marquées d’un numéro 10, comme le 10ème Round du Moselle Open.

Mardi 18 septembre 2012

Mansour Barhami, Michael Stich, Henri Leconte et Fabrice Santoro sont accueillis dans le Club Hall, village des partenaires du Moselle Open, quelques minutes avant leur exhibition sur le court central.

La TennisBOX Mardi 18 septembre 2012

Lors de l’exhibition des anciennes gloires, l’équipe Michael Stich / Mansour Barhami s’est inclinée face à la paire française Fabrice Santoro / Henri Leconte. Ce grand show autour de 4 générations du tennis a réjouit le public messin.

Mercredi 19 septembre 2012

Entrée en lice de la tête de série numéro 1. Concentré toute la semaine, l’ambassadeur du tournoi Jo-Wilfried Tsonga a réussi à conserver son titre en Moselle. Une première dans la carrière de Jo, qui cumule à présent 9 titres ATP à son palmarès.

Mercredi 19 septembre 2012

Clara Morgane et son équipe de mannequins ont offert un défilé de lingerie dans le village des partenaires.

En famille ou entre potes, partagez un moment de tennis unique ! Concept unique en France, la TennisBOX permet aux joueurs(ses) amateurs(rices) de partager 2 heures de jeu avec des anciens Top 100 mondiaux ou d’être entraîné par un coach reconnu du circuit professionnel. Cette formule s’ouvre désormais aux groupes, grâce aux nouvelles formules Duo,Trio ou Quattro Exemple de tarifs séance TennisBOX Coach • Formule Solo : 500€ • Formule Duo : 350€ par personne • Formule Trio : 300€ par personne • Formule Quattro : 250€ par personne

es Player’s Parties… Une institution pour beaucoup de fans de tennis. Un passage obligatoire, permettant de créer du lien entre joueurs et joueuses. Pour d’autres, ces événements selects semblent dissimuler d’obscurs secrets. Obscurs. Ou torrides. Très torrides. A la veille de cette fête entre joueuses, à Linz, on a presque été tentés par cette deuxième idée… Deux de ses protagonistes les plus ravageuses nous ont peut-être amené un élément de réponse. Pas des moindres, c’est sûr. D’un côté, la sulfureuse Victoria Azarenka, toujours prompte à mettre en valeur ses plus beaux atouts par des choix vestimentaires éloquents. De l’autre, Andrea Petkovic, parfois coquine, d’autres mutine, au charme toujours audacieux pas vraiment germanique. Pour ces Dames, le vent de fraîcheur dont a besoin le tennis moderne. Pour ces Messieurs, un sirocco brûlant que chevauchent la tentation comme la volupté. Enfants, passez votre chemin. Rendez-vous compte de cette discussion pêchée sur le réseau social préféré des tenniswomen. Andrea dit à Vika : « Fais gaffe, le dress-code de la Player’s Party, à Linz, c’est le cuir et le latex… Tu devrais apporter ta combinaison de Catwoman ;) » Il fait chaud ici, non ? Vika répond à Andrea : « Hahaha, j’en ai entendu parler... J’ai une veste en cuir et des bottes de cuir aussi... J’espère que je pourrai les porter :)) Je suis impatiente de voir comment tu seras habillée ! » Mais vous suez, Messieurs ? Epongez-vous le front… A quoi rétorque Andrea – attention, la syncope : « Oh non, mon dress-code à moi, c’est… nue ! » Réveillez-vous, enfin, un coma, vous n’y pensez pas, un peu de tenue ! Des propos inqualifiables auxquels la Biélorusse réagit, faussement étonnée : « Oh wow... et bien je pense qu’il va y avoir un petit peu plus de paparazzi pour Petkorazzziiii ! » Et une meute d’hommes affamés, dont rien ne peut réfréner les ardeurs animales ! Résultat des courses ? L’indécente était bien vêtue… Décevant ? Pas vraiment, Azarenka à cheval sur son gros bolide s’avère assez convaincante…

N’hésitez pas, vivez l’expérience du haut-niveau

Jeudi 20 septembre 2012

Sur les courts d’entraînement implantés en plein coeur du village des partenaires, le public apprécie les grands sourires de la paire Gaël Monfils / Vincent Millot, associée en double

Jeudi 20 septembre 2012

Le Moselle Open a accueilli le 82ème congrès de l’ADF (Assemblée des Départements de France). Patrick Weiten, Président du Conseil Général de la Moselle, Jean-Pierre Bel Président du Sénat, et les 450 Présidents des Conseils Généraux de France ont choisi le Moselle Open pour leur dîner de gala.

Vendredi 21 septembre 2012

Le Moselle Open soutient La Sapaudia (Association qui lutte contre la leucémie et favorise le don de la moelle osseuse) dont le Président est Jean-Luc Crétier sacré Champion Olympique de descente lors des JO de Nagano en 1998. Rencontre au sommet entre Jean-Luc Crétier et Jo-Wilfried Tsonga.

Le Team Coach Lionel Roux Frédéric Fontang Ronan Lafaix

Le Team Player Thierry Ascione Rodolphe Gilbert Jean-François Bachelot

Gangnam Style !

V

ous viviez sur une autre planète durant ces six derniers mois ? Alors il est fort possible que vous soyez passés à côté du tube mondial de l’année. Et, là encore, on a quelques doutes, tant le phénomène a contaminé de manière fulgurante nos ondes radios et télévisuelles ! On veut, bien entendu, parler de… Gangnam Style. Ce tube électro du chanteur coréen

Psy qui, par delà son esthétique musicale plutôt linéaire, a surtout livré une chorégraphie devenue aussi culte que la Macarena. A tel point que le monde du tennis n’a pas été épargné par cette nouvelle mode. Vous avez regardé le Masters 1000 de Shanghai ? Vous avez vu la

victoire de Novak Djokovic face à Andy Murray en finale ? Vous n’avez donc pas pu louper la petite danse du Serbe sur demande des organisateurs ! Et encore… Si ça s’était arrêté là… Pour ceux qui ont la chance de suivre les héroïnes britanniques Laura

Samedi 22 septembre 2012

De gauche à droite: Fabrice Santoro (Président de la SAS Open de Moselle), Frédéric Torloting et Jacques Bungert (les nouveaux patrons Courrèges), Monsieur Dominique Gros (Maire de Metz), Yvon Gérard (Manager Général du Moselle Open).

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Dimanche 23 septembre 2012

Les vainqueurs du double Edouard Roger-Vasselin et Nicolas Mahut fêtent leur titre quelques secondes après la balle de match. Clin d’oeil à la danse des pouces de leur pote Tsonga, qui prendra le relais sur le court central pour la finale du simple.

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Dimanche 23 septembre 2012

Robert Pires champion du monde de football 1998, ancien joueur du FC Metz, entouré de Jo-Wilfried Tsonga et Andreas Seppi. Venu au Moselle Open remettre le trophée au vainqueur 2012, Robert Pires a fait le bonheur du public messin, nostalgique de l’époque des ‘PP flingueurs’.

Robson et Heather Watson sur Twitter, vous avez pu apercevoir leur vidéo sur Youtube. Elles ont fait danser à peu près tous les

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joueurs et les joueuses possibles engagés à Pékin ! De Sam’ Stosur à David Ferrer, en passant par Fernando Verdasco et Eugénie Bouchard… Finie la grippe aviaire, place au virus coréen. Vous avez bien retenu ? Allez, on oublie le ridicule, on arque ses jambes, on saute d’un pied sur l’autre et on fait la moulinette avec ses bras. Woopa Gangnam Style !

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RENDEZ-VOUS

petits potins

textes de simon alves

Novembre 2012-Janvier 2013 ATP

31 décembre au 6 janvier • Doha (ATP 250) • Chennai (ATP 250) • Brisbane (ATP 250)

7 au 13 janvier

• Sydney (ATP 250) • Auckland (ATP 250)

14 au 27 janvier

• Melbourne (Grand Chelem) WTA

31 décembre au 6 janvier • Brisbane (Premier) • Auckland (International) • Shenzhen (International)

7 au 13 janvier

• Sydney (Premier) • Hobart (International)

14 au 27 janvier

• Melbourne (Grand Chelem) COUPE DAVIS

16 au 18 novembre 2012

• République Tchèque-Espagne (finale)

Wozniacki… et ce qu’il y a en dessous Caroline Wozniacki, 22 ans seulement, mais déjà tout ce qu’il faut pour attirer dans ses filets bon nombre de jeunes mâles insouciants. A commencer par Rory McIlroy. Le champion de golf partage depuis quelques temps la vie de l’ex-numéro un mondiale. Mais Caroline Wozniacki n’est pas seulement une amoureuse transie. Non. C’est une femme avec des atouts que beaucoup envieraient. La preuve avec cette campagne réalisée pour sa propre marque de lingerie. Ca donnerait presque envie à ces Messieurs de porter des soutiens-gorge. Quelqu’un pour expliquer à notre amie Caro que sa pub ne s’adresse pas eux ?

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Et Dieu créa Marion

Bartoli

Depuis que le monde est monde et le Masters, Masters, subsiste une lutte secrète. Bien plus rude et vicieuse que ne l’est le combat tennistique, cette lutte fait appel aux sens féminins primaires. Il s’agit… de la mode. A ce petit jeu-là, certaines peuvent nous surprendre. Et même se sublimer. Voire se transfigurer. Cette photo officielle ne parle-t-elle pas d’elle-même ? Allez, on distribue les bons points. Et les mauvais… Vous l’avez reconnue, vous, du tout premier coup d’œil ? Oui, Marion Bartoli ! Maquillée, radieuse et haut perchée sur ce qui semblent être des… talons… aiguilles ? Bartoli et des talons aiguilles ? Difficile de retrouver la hargne et la puissance de la joueuse à deux mains dans cette féminité toute de séduction et de charmes cachés. Un bon point pour toi, Marion. Néanmoins, le chemin est encore assez long avant de rivaliser avec les tours de contrôle, au centre. On parle là de cadors. De femmes fatales. De numéros un. Victoria Azarenka et Maria Sharapova, c’est franchement imbattable ! Ce qu’on appelle… LA classe. Maîtrise et confiance. Serena Williams arrive juste derrière, dans un style tout caractéristique – on aime ou on n’aime pas, mais la tigresse a des atouts de choix. Pour Angelique Kerber, Petra Kvitova et Na Li, nous adressons… les encouragements du jury. Les postures sont peut-être encore à travailler… Mais alors, à droite… Non, soyons sérieux, les filles ! Agnieszka Radwanska et son regard perdu ? Tel un spectre traînant sa peine. Un hommage assumé à la Dame Blanche, probablement. Le fantôme de l’opéra ou la fille du pendu. Un peu de joie de vivre, que diantre ! Et puis, tout à droite… le firmament. Les hauts parleurs crachotent : « La petite Sara Errani est demandée à l’accueil ! Son papa et sa maman l’attendent. » Mains dans le dos, buste penché vers l’avant… « Tiens donc, il y a une soirée, ici ? Hum, c’est joli. Bonsoir, Mesdames. Je m’appelle Sara. » Finalement, dans tout cet étalage de luxe, de beauté et de robes de soirée, une question nous turlupine un peu. Mais où est passée la première remplaçante, Samantha Stosur ? Hors concours ? N’a-t-elle pas su, comme Bartoli, faire fi de sa simplicité pour laisser éclater au grand jour la déesse qui sommeillerait en elle ? Reviens Sam ! Enfin… au moins pour le tournoi.

Les Desperate

I

Dogs de Murray

l n’est pas toujours évident d’être le proche d’une vedette. Entre sollicitations et pression médiatique, c’est parfois même plus difficile à vivre que ça ne l’est pour la star en question. C’est, par exemple, le cas de Rusty et Maggy. Rusty et Maggy ? Oui. Les deux Fox Terriers d’Andy Murray. Dans une interview exclusive pour GrandChelem, Rusty s’est confié sur son mal-être quotidien. Et notamment cet épisode traumatisant, qu’Andy, son maître inique, sans foi, ni loi, ni cœur, a imposé à son âme canine. La victime malheureuse se confie. « C’était une soirée comme les autres. Maggy et moi nous prélassions dans nos couches respectives. Nous avions passé la journée à regarder notre maître renvoyer la balle qu’un autre lui lançait à la télévision. Un truc complètement dingue. » C’est alors qu’est arrivé le drame. Courage, Rusty, continue. « Andy est arrivé, gesticulant et hurlant : « J’ai gagné un Grand Chelem, j’ai gagné un Grand Chelem ! » Comme d’habitude, Maggy et moi nous sommes précipités sur lui, faisant fi de son état passablement hystérique, afin de lui faire fête – on ne peut y couper, sinon, il est grognon. Mais rien ne nous avait préparés à ce qui allait suivre. » D’après le canidé, Andy Murray aurait alors saisi les deux pauvres êtres sans défense, afin de… les affubler d’un ridicule costume d’Angry Birds. Ces petits oiseaux issus d’un jeu vidéo pour mobiles. Mais si, voyons, vous savez, même qu’il faut les lancer sur des constructions pour les détruire. Et bien là, c’est pareil. Sauf que la seule chose qui fut massacrée, c’est le mental des deux mammifères. « Il n’y a qu’à voir nos mines déconfites sur la photo qu’il a postée sur Twitter… » renchérit Maggy. En effet, ce n’est pas beau à voir. Nul ne sait quelle mouche a pu piquer le Britannique. « Et s’il n’y avait que ça… » ajoute Rusty. Comment ? Quels autres sévices ont-ils eu à subir ? Trop honteux, le mâle laisse alors la parole à la femelle. « Son nom, Rusty… Il a été donné en hommage à Lleyton Hewitt, le joueur favori d’Andy. » Une information que l’intéressé a confirmée à Bercy… Terrible !

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grandchelem france

JO

grandchelem france

ET SES AMIS

Jo-Wilfried Tsonga et son agent, Morgan Menahem, ont répondu aux questions de GrandChelem. Le sujet : la création d’une exhibition d'envergure au Kindarena de Rouen, au profit de Mécénat Chirurgie Cardiaque et Attrap’ la Balle, confirmant ainsi l'implication des joueurs de tennis dans des opérations caritatives d’importance. De notre côté, nous vous proposons de revisiter la carrière de Jo en huit clichés. Textes de Pauline Dahlem

Melbourne,

Londres,

Classé à la 38ème place mondiale, Jo-Wilfried Tsonga atteint la finale de l’Open d’Australie à la surprise générale. Ravageant tout sur son passage, le « Tsonga Tsunami » renverse successivement Andy Murray, Richard Gasquet, Mikhail Youzhny et Rafael Nadal. Même si Novak Djokovic met fin à son incroyable épopée en finale, Jo-Wilfried Tsonga s’est fait un nom. Son tennis, comme son charisme, ont séduit les plus grands. « Une star est née », s’exclame John McEnroe aux commentaires à la télévision. Big Mac avait vu juste.

Qualifié pour le Masters pour la deuxième fois de sa carrière, Jo-Wilfried Tsonga se fraie un chemin jusqu’en finale grâce à des victoires sur Mardy Fish, Rafael Nadal et Tomas Berdych. Son tennis offensif et audacieux lui permet même de bousculer Roger Federer en finale. Si c’est bien le Suisse qui s’adjuge le titre, le Français n’a pas tout perdu. C’est effectivement grâce à ce très bon résultat qu’il intégrera quelques semaines plus tard le top 5 mondial pour la toute première fois de sa carrière.

Australie, janvier 2008 : l’éclosion

Sibiu,

PARIS,

Fort de sa finale en Australie, Jo-Wilfried Tsonga est convoqué pour la toute première fois de sa carrière en équipe de France de Coupe Davis. Nullement ensorcelé par le charme vénéneux de cette épreuve, le Manceau passe brillamment son premier test en dominant Andrei Pavel, 6-7 6-4 6-4 6-4, lors du huitième de finale Roumanie-France de la campagne 2008. Depuis, Jo-Wilfried Tsonga a systématiquement été appelé en sélection tricolore, apportant pas moins de 10 points à son équipe en simple, pour deux défaites seulement.

Même si la terre battue n’est pas sa surface de prédilection, Jo-Wilfried Tsonga l’affirme : il veut gagner Roland Garros et fera tout pour y parvenir. Le 6 juin 2012, le Français se rapproche un peu plus de son rêve en passant à un rien d’une qualification pour les demi-finales Porte d’Auteuil. Mais ce rien se transforme en un revers amer contre Novak Djokovic, qui s’impose en cinq manches après avoir sauvé deux balles de match. « C’est la défaite la plus difficile de ma carrière », concède Tsonga. « Je suis passé par tous les sentiments : j’ai eu envie de casser toutes mes raquettes, de crier, de pleurer. C’est à Roland Garros, en quarts de finale, contre Djokovic. Alors oui, ça fait mal. »

Roumanie, février 2008 : la découverte

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Comment vous est venue l’idée d’organiser une exhibition caritative ? Je voulais donner en retour. Partager avec ceux qui sont dans le besoin. J’ai été favorisé par la vie, c’est important d’en profiter pour aider les autres. Nous avions déjà organisé, il y a deux ans, un dîner caritatif avec une vente aux enchères. Ca avait bien fonctionné. Cette année, nous avons décidé de passer un cap en organisant une exhibition à Rouen. On veut réunir la famille du tennis et tous les passionnés de la région. Ca a été facile de mettre en place ce projet ? Non, ça ne l’est jamais ! Nous devons nous occuper de toute la promotion et de la communication, afin de vendre 5 200 places, de trouver les partenaires, d’organiser la présence de nombreux intervenants, de gérer la logistique… C’est un sacré boulot (rires) ! Pourquoi avoir sélectionné la ville de Rouen ? Rouen présente l’énorme avantage de posséder un outil extraordinaire avec la Kindarena. Bien évidemment, le lien avec Ferrero est très fort. C’est grâce à cette relation de longue date et à l’engagement sociétal de Ferrero que nous pouvons réaliser cet événement. Ferrero et ses salariés

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mettent à notre disposition les ressources nécessaires à la tenue d’un tel événement et, notamment, l’accès à la Kindarena. Tout ça afin de permettre à des gens, qui ne peuvent pas voir du tennis de haut niveau facilement, d’assister à un événement de qualité. Beaucoup de joueurs ont une fondation. Mais qui a été le précurseur ? Je n’en ai aucune idée, comme tu dis, il y en a beaucoup. Dans le tennis, je dirais sans doute Arthur Ashe et, bien sûr, Yannick Noah, en France. Vous pouvez nous en dire plus sur l’association Attrap’ la Balle ? Attrap’ la Balle a été créée en 2009 (http:// www.attraplaballe.com). Elle a pour but d’offrir à des enfants, pour la plupart déscolarisés et issus de quartiers défavorisés de la République du Congo, l’accès à l’école et l’enseignement. L’association met en place un suivi scolaire dans une structure construite et mise à leur disposition à Djeno, près de Pointe-Noire. L’association s’engage également, en France, à offrir l’accès à une activité sportive à des enfants issus de milieux défavorisés. Attrap’ la Balle paie l’inscription pour une période d’essai et continue à soutenir l’élève s’il y a une preuve de motivation. Par la suite, nous pouvons aussi

l’aider à acquérir le matériel nécessaire en échange d’améliorations des résultats scolaires. Enfin, l’association organise aussi des déplacements pour ces enfants, afin qu’ils puissent assister à des manifestations sportives. On leur permet aussi de rencontrer des grands sportifs. Le mot d’ordre, c’est de motiver, aider à découvrir ou approfondir certaines valeurs que véhicule le sport. En somme, leur offrir une part de rêve ! Vous vous êtes fixés des objectifs en termes de montant à collecter pour, à la fois, l’association de Jo et Mécénat Chirurgie Cardiaque ? Toutes les rentrées vont aux deux associations et nous espérons pouvoir lever le maximum de fonds. Pour ça, nous avons déjà la recette de la billetterie, via les réseaux de la Fnac, mais aussi les recettes des tables du dîner de gala, ainsi que la vente aux enchères. On y proposera des objets d’exception, comme les raquettes dédicacées de Federer, Nadal, Djokovic et Murray, un voyage à New York pour assister à un match NBA des Brooklyn Nets ou encore des places en Tribune Présidentielle pour le prochain Roland Garros 2013. Cet événement est amené à se répéter ? Oui, on veut le rendre pérenne et, mieux, itinérant en France. Nous sommes,

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d’ailleurs, déjà en recherche d’une salle pour l’édition 2013. Le message de l’affiche officielle, c’est « Jo et ses amis ». C’est vraiment possible d’avoir des amis sur le circuit ? Oui et grâce à eux, nous pouvons compter sur des joueurs pour faire le show… D’où viennent les belles valeurs véhiculées par la « Jo’s touch », cette image très qualitative ? C’est une question d’éducation, de valeurs familiales, peut-être de double culture. Quand on traverse des périodes difficiles, avec des blessures et des remises en question, et qu’on ne baisse pas les bras, on a une force supplémentaire en soi, une volonté, une confiance. Sa grande qualité, à cette image ? Et un défaut ? Celles véhiculées sur le terrain, le respect, le partage et l’humilité. Concernant un petit défaut… sans doute un peu tête en l’air, parfois ! Mais vous n’en saurez pas plus... (Rires)

Grande-Bretagne, novembre 2011 : la progression

Paris-Bercy,

France, novembre 2008 : la consécration

Auteur d’un tournoi magnifique, Jo-Wilfried Tsonga remporte son premier grand titre devant le public en furie de Paris-Bercy. Emu aux larmes, le Français voit enfin récompensés les efforts fournis depuis son plus jeune âge. « Cette victoire ne représente pas uniquement le travail de ces dernières semaines, mais celui de toute une vie. J’ai gravi des montagnes pendant toutes ces dernières années, j’ai eu des moments difficiles, des moments où l’on m’a presque dit que je ne pourrais pas rejouer au tennis. Ce titre, à Bercy, vient vraiment concrétiser toutes ces périodes où j’ai su rester fort dans la tête. »

Wimbledon,

Grande Bretagne, juillet 2011 : le souvenir Bien que mené deux manches à zéro par Roger Federer en quarts de finale, à Wimbledon, Jo-Wilfried Tsonga réussit l’exploit de revenir dans le match, puis de dominer sa Majesté suisse sur le gazon britannique. A genoux, la tête dans les mains, le Français prend conscience de l’immensité de sa prouesse. « C’est juste incroyable, c’est même complètement crazy ! » s’enflamme-t-il. « Roger Federer est le plus grand champion de notre sport, je suis follement heureux de l’avoir battu. Quel grand souvenir ! »

France, juin 2012 : le regret

Wimbledon,

GRANDE-BRETAGNE, août 2012 : le rêve olympique Eliminé en quarts de finale en simple par Novak Djokovic, Jo-Wilfried Tsonga concrétise son rêve de gloire olympique en double, aux côtés de Michael Llodra. Bien que battue en finale par les frères Bryan, la paire tricolore savoure à sa juste valeur sa médaille d’argent. « C’est l’un des plus beaux moments de ma carrière », explique Tsonga. « C’est au moins aussi fort que ma victoire à Bercy. Les Jeux Olympiques sont encore plus prenants que la Coupe Davis, émotionnellement parlant. On a vécu des moments de partage très intenses. Et franchement, j’ai profité de chaque instant. »

Paris,

France, octobre 2012 : le tournant Resté quasiment deux saisons sans coach, Jo-Wilfried Tsonga décide à l’automne 2012 de recruter un nouvel entraîneur. Le Manceau choisit l’Australien Roger Rasheed, ex-mentor de Lleyton Hewitt et de Gaël Monfils. L’objectif de cette nouvelle collaboration est clair : aller chercher une victoire en Grand Chelem. « Pour réaliser mon rêve, je me donne deux ans : deux années que je fais à donf’, comme en apnée. Si j’ai fait du bon boulot, que cela me sourit, ce ne sera que du bonheur », déclare Tsonga. Il n’y a plus qu’à !

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petits potins textes de simon alves

Le road trip de Raonic « Les sanglots longs des violons de l’automne »… Vous connaissez, n’est-ce pas ? Verlaine ! Bien vu. Ces mots que nous avons tous entendus au moins une fois dans notre scolarité, tirés d’un célèbre poème. Et qui, malheureusement, se marient à merveille avec l’arrivée du froid, du vent et de la pluie. De quoi nous plomber à tous un moral vacillant en cette période de crise ! Tous ? Non. Par delà les montagnes, les mers et les océans. Au-delà de la chaîne montagneuse de l’Oural et des plaines sibériennes. Un homme résiste. Son nom ? Milos Raonic. Canadien colossal, dont la puissance au service n’a d’égal que la finesse du sable thaïlandais. Car le bonhomme, vous l’aurez compris, se trouvait justement en Thaïlande à l’heure où jaunissaient les feuilles européennes. Pour le tennis d’abord. Mais aussi pour découvrir ce pays qui « always amazes you », comme l’affirme son office du tourisme. Alors, grâce à Twitter, ce brave Milos nous a gâtés en nous envoyant à la volée des photos de lui, orteils en éventail devant le soleil couchant sur la plage. Ou encore à dos d’éléphant, les deux pouces levés, avec ce sourire béat devant les merveilles qu’offre la nature du Royaume de Siam. Et puis, parce qu’il faut quand même savoir garder la forme, rien de mieux qu’un petit peu de boxe thaï avec quelques locaux. Bref, Milos est un grand curieux qui sait saisir sa chance. Etre un joueur de tennis, ça permet de voyager. Etre un joueur de tennis classé dans le top 20, ça permet aussi de profiter d’un peu de temps libre lorsqu’on est exempté de premier tour. D’ailleurs, le Canadien n’a pas manqué de poursuivre son pèlerinage asiatique à Tokyo. Entre les sushis et les sabres de samouraï, il s’est, là aussi, fait plaisir comme il se doit. Il paraît que Milos envisage une reconversion dans le guide de tourisme…

« Roger, mon amour », la tournée

En partenariat avec le réseau Décathlon, la Rédaction de GrandChelem/Welovetennis et les auteurs de « Roger, mon amour » ont décidé de partir à la rencontre de leurs lecteurs et des fans du champion suisse. Quatre étapes sont prévues pour des séances de dédicace et un grand jeux-concours photo avec Roger lui-même… mais en figurine de papier à taille réelle. On vous donne rendez-vous, le samedi 1er décembre au Décathlon de Montpellier, puis le 8, à celui de Wagram, le 15 à la Porte des Alpes, à Bron, puis le 22 au centre commercial de la Part Dieu, à Lyon.

Welovetennis tient son hymne ! Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons reçu, à la Rédaction, un fichier MP3 pour le moins surprenant. Une chanson « I Love Tennis », centrée sur l’année 1989, celle où Michael Chang terrassait Ivan Lendl avec un service à la cuillère. Très vite, nous avons pris contact avec le groupe Gran Kino, auteur de cette merveille. Au bout de quelques tractations, nous avons obtenu que le « I » se transforme en « we » ! Welovetennis possède, ainsi, son hymne officiel, qui constituera la bande son de notre rétro de l’année, diffusée après Noël sur www.welovetennis.fr.

Lundi 5 novembre 2012, à 14h58

5221 FANS

Avec la sortie de « Roger, mon amour », notre livre événement sur Roger Federer, la course à Facebook continue… Objectif 10 000 fans ! Devenez WLTer en cliquant sur « J’AIME », profitez de réductions sur la boutique www.kdotennis.com et soyez au courant de tous les secrets du circuit… Réactions, débats et discussions enflammées autour de la petite balle jaune chaque jour, sur le Facebook de We Love Tennis. On vous attend nombreux !

FACEBOOK, We love Tennis… et « J’AIME »… c’est aussi simple que ça ! 18

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Arnaud Di Pasquale

« Il faut responsabiliser nos joueurs » La Direction Technique Nationale a engagé une refonte globale de sa stratégie de soutien financier et technique auprès des joueurs tricolores. Ces dispositions entraînent forcément une nouvelle façon d’aborder la formation et le haut niveau. Résumé de cette petite révolution avec Arnaud Di Pasquale, en charge du haut niveau masculin. Entretien réalisé par Laurent Trupiano Arnaud, on parle beaucoup des nouvelles options prises par la Direction Technique Nationale au sujet du soutien financier de l’élite. Tu peux nous en préciser les axes ? On s’est rendu compte qu’un trou pouvait se créer entre les générations. Aujourd’hui, nous sommes bien représentés dans l’élite mondiale, mais il faut savoir prévoir et anticiper. Il y avait un système installé et on le subissait un peu. On a donc décidé de tout remettre en place en changeant le fonctionnement. Pour faire court : on veut responsabiliser davantage les joueurs du très haut niveau et accompagner un peu plus ceux qui visent l’élite, notamment les espoirs. Il nous faut être plus présents et soutenir plus de jeunes joueurs. Il a fallu, selon nous, rééquilibrer la distribution de nos moyens. Ce changement de perspective, à quoi est-il dû ? Notre mission, c’est de former des champions et de leur donner des clefs et des moyens humains, comme financiers, pour s’aguerrir. Une fois qu’ils y sont parvenus, grâce à notre aide, mais aussi à leur talent, je pense que notre rôle doit être moins différent. Quand tu es parmi les 50 meilleurs joueurs du monde, tu as les moyens de financer une équipe. Nous ne sommes pas là pour enrichir les joueurs, mais pour les accompagner et les aider à développer leur projet sportif. Tu insinues que le joueur n’est pas prêt à prendre des risques financiers ? Pas du tout et, d’ailleurs, c’est de moins en moins le cas. C’est un passage presque obligé : le haut niveau exige ce type de fonctionnement. Pour notre part, on ne peut pas détacher un coach à l’année. Ce n’est plus dans nos objectifs. De plus, nous ne croyons pas à cette formule qui ne responsabilise pas suffisamment les joueurs. Evidemment, on n’abandonne pas nos leaders : on conserve un système d’accompagnement sur la base de la présentation d’un projet cohérent. Et, très sincèrement, c’est une aide non négligeable, qui permet de rembourser pas mal de frais. Cette aide est logique et ne sera

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jamais remise en cause. Pour le reste, il fallait du changement. Les joueurs sont donc associés à la FFT par le biais d’une convention – un an maximum –, signée de manière formelle. C’est un engagement fort, avec des droits et des devoirs. Il y a eu quelques dérives passé un temps ? Ca ne sert à rien de regarder en arrière, mais il est clair que, lorsque le Team Lagardère a été créé, il y a eu une certaine forme de surenchère. Ca a engendré des conséquences importantes. Aujourd’hui, la situation est plus saine. On veut être exemplaires et n’oublier personne dans notre démarche. Notre outil est reconnu dans le monde entier ; notre devoir, c’est de l’utiliser à son maximum et d’accueillir les joueurs qui formeront l’élite de demain. Leur mettre à disposition nos cadres techniques et notre expertise en termes de préparation physique. La porte est donc ouverte à tout le monde ? Bien évidemment. Alors, forcément, nos efforts sont axés sur des joueurs en devenir, mais ce n’est pas le seul critère. On est exigeants sur les objectifs et l’implication du champion. La DTN n’est pas un self-service, c’est un échange permanent entre les cadres de la Fédération et les joueurs. L’idée est de préparer correctement l’avenir pour que le tennis français continue à rayonner autant qu’il le fait depuis des années. Faire des choix, c’est automatiquement créer des polémiques… C’est le jeu, mais on les assumera. Ca va aussi permettre de mettre en place une émulation et des challenges. Je me suis efforcé de rencontrer tout le monde pour leur exposer en détails ces changements. D’une manière générale, j’ai plutôt rencontré de la compréhension. Le premier critère, ce sera l’âge ? On ne va pas se mentir : un joueur de plus de 28 ans, aux

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alentours de la 100ème place, sera moins une priorité que des jeunes joueurs en formation. Nous pensons avant tout à la relève, sans toutefois abandonner personne. C’est le cas avec Gilles Simon ? C’est le bon exemple. Gilles est un joueur qui a les moyens de créer sa structure. Il est parmi les tops players. Alors, il ne faut pas croire que Gilles n’est plus avec Thierry Tulasne parce que la convention qu’on lui proposait lui était moins favorable financièrement. Ils ont bossé six ans ensemble, avec de superbes résultats. Mais Gilles ressentait le besoin de trouver sa voie. Néanmoins, les garçons dans son cas seront toujours chez eux à la DTN pour des coups de mains ou des préparations spécifiques. Tu dis que vous voulez responsabiliser les joueurs que vous allez accompagner. Comment ça va se matérialiser ? C’est simple, le joueur devra reverser 8% de son prize money. Si ce dernier n’est pas assez important – ce peut être le cas pour ceux qui jouent en Futures ou Challengers –, on leur demandera un forfait de 3000 euros minimum par saison. En contrepartie, qu’est-ce que vous leur proposez ? Un suivi par groupes de niveau. On affectera un coach pour un groupe de trois joueurs, voire deux pour un groupe de quatre – en fonction du niveau. L’idée, c’est qu’un cadre de la DTN puisse être responsable de plusieurs joueurs. Dernière question, qui n’a rien à voir avec le sujet : tu nous avais beaucoup parlé des Jeux Olympiques dans notre numéro 29. Alors, au final, c’est réussi ! Plutôt, oui ! Avec deux médailles, le bilan est très positif. J’ai vécu un moment extraordinaire, d’autant que les Jeux Olympiques représentent beaucoup pour moi. C’était fantastique. Depuis que j’ai intégré la DTN, ça faisait partie de mes objectifs. Et, à vrai dire, je pense déjà à Rio ! (Rires)

l ’ i n v i t a t i o n

au

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GRANDCHELEM FRANCE

27 Mai - 31 déceMbre 2012 Musée de la fédération française de tennis Galerie roland-Garros - 2, avenue Gordon-Bennett - 75016 Paris

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TennisBOX

La s’invite à La Baule Tennis Club

PRINCE RaquetteEXO3 Silver 115 : 279.99€ Raquette EXO3 Pink 105 : 199.99€

DUNLOP Raquette F 5.0 Tour : 220€ Raquette S 3.0 : 200€

WILSON Raquette Blade 98 2013 : 210€ Cordage Luxilon « BB ALU POWER SILVER » : 22,95€

ARTENGO Chaussure TS 910 : 69.95€ Thermobag 900 : 49.95€

ASICS Chaussure Gel Resolution 4 Clay : 130€ Chaussure Gel Solution Speed Clay : 140€

TECNIFIBRE Polo F2 : 32€ Raquette TFight 295 : 159€

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BABOLAT Raquette AéroPro Drive 2013 : 235€ (cordée) Thermobag AeroPro Drive : 100€

Head Raquette Extreme Lite (cordée) : 149,95€ Raquette Junir Novak 25 : 24,95€

• 1 Livre Roger, mon amour • 1 livre Grand Chelem, mon amour • 1 T-shirt We Love Roger • 1 photo 20x27cm Une GrandChelem Roger Forever • 1 photo 20x27cm Une GrandChelem Federer l'artiste • 1 bracelet silicone We Love Roger

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BOX COLLECTION We Love Tennis

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« Je suis le travail de Ronan Lafaix depuis un moment, grâce à ses livres et aux interviews que j’ai lues de lui. En surfant sur le net à la recherche d’informations complémentaires sur sa méthode, j’ai découvert que Kdotennis proposait ce concept de TennisBOX, qui permet d’être conseillé par un coach du circuit. J’ai tout de suite réservé ma séance ! […] J’ai pu travailler des choses spécifiques que je n’avais jamais étudiées auparavant. J’ai appris énormément sur le relâchement, mon point faible. […] Ronan m’a aidé à poser des objectifs clairs. Je joue avec trop de retenue pendant les matches, je suis trop stressé et je veux me relâcher, prendre du plaisir à jouer. Pour moi, Ronan est le seul coach en activité qui traite de ces problèmes-là. »

« On a vécu une belle séance avec Mickaël, une expérience très satisfaisante. Mickaël se donne un objectif clair : monter en seconde série en prenant du plaisir dans son jeu. Il se donne les moyens de le faire, il a un projet et j’aime ça ! Pendant cette séance, je pense qu’il a touché du doigt ce qui pouvait faire de lui un meilleur joueur. Son stress et ses crispations viennent de la façon dont Mickaël se parle. Ce qu’il faut changer et ce que l’on a travaillé ensemble, c’est cela : savoir se parler correctement et de manière cohérente. Ce travail, Mickaël a même choisi de le poursuivre en y ajoutant cinq heures d’E-coaching, un concept proposé aussi sur Kdotennis. »

Ronan Lafaix, coach, spécialiste en PNL*

Mickaël, 15/1, qui a acheté une TennisBOX Coach Ronan Lafaix

*Programmation Neuro-Linguistique

Zoom sur le club hôte

La Baule Tennis Club

Toutes les TennisBOX sont sur

Construit dans les années folles, La Baule Tennis Club est, avec le temps, devenu un club mythique. C’est dans ce haut lieu du tennis que se déroule la TennisBOX Ronan Lafaix. Auto-proclamé « royaume de la terre battue », le club a su profiter d’une situation privilégiée au bord de l’océan et à l’ombre des pins. Rencontre avec son Président, Xavier de la Fouchardière.

Kdotennis.com lance les Boxs de Noël ! Livrés dans un coffret-cadeau haut de gamme, les Boxs KDOTENNIS raviront les amoureux de la petite balle jaune. MegaBOX We Love Roger

Le concept TennisBOX, permettant aux amateurs de se mesurer au haut-niveau, séduit de plus en plus de joueurs. Aujourd’hui, nous sommes allés à la rencontre de Mickaël, 15/1, en quête de nouvelles sensations. Face à un vrai problème de relâchement, il a choisi d’expérimenter une forme de coaching spécifique grâce la TennisBOX Coach Ronan Lafaix. Témoignages.

BOX POLO + LIVRE

COLLECTION We Love Tennis

• 1 Polo • 1 livre au choix entre Grand Chelem, mon amour et Roger, mon amour • Coffret Luxe aimanté

50e

(au lieu de 60e)

On ressent une ambiance particulière dans ce club. Quelle est son histoire ? Le club se situe sur deux lieux distincts : le Sporting et le Garden. Ces deux clubs ont été construits au début du XXème siècle. Ils appartenaient alors à des propriétaires privés. Le tennis y a vécu ses premières belles heures, dans les années 20. Les premiers estivants, surtout des Parisiens, ont pris d’assaut les courts. De là, est née une volonté d’avoir des courts de grande qualité. La ville a décidé de racheter ces deux lieux dans les années 70 pour créer La Baule Tennis Cub. Les infrastructures sont impressionnantes. Combien de courts possédez-vous ? Il faut différencier les deux lieux. Au Sporting, qui est un peu la maison-mère, nous avons 17 courts, dont 12 en terre battue. Au Garden, c’est un total de 14 courts, dont neuf en terre battue. Au total, nous avons donc 31 courts. (Rires) Le compte est bon !... Oui ! (Rires) Ce qui est important, c’est qu’avec ces 22 courts en terre battue, on nous définit vraiment comme le royaume del’ocre. D’ailleurs, chaque

année, on les rénove à fond. On ne veut pas faillir à notre réputation ! Un lieu idéal pour les tournois… En effet, nous accueillons de nombreux tournois : Tie-Break, un tournoi étudiant, OUATT, un tournoi international de jeunes, mais aussi un tournoi Senior + de Grade 2... C’est simple, chaque année, nous avons plus de 2600 joueurs en compétition. En été, ici, c’est un peu La Mecque du tennis ! Votre projet principal, c’est un nouveau Club House ? Il faut un lieu pour les nombreux arbitres de ces différents tournois. C’est un projet d’au moins 800 000 euros. On raserait entièrement le Club House du Sporting pour en faire un nouveau de 400m² répondant aux normes écologiques. Le projet est dans les tuyaux. La Mairie a déjà donné son accord. Si tout va bien, on inaugurera le nouveau bâtiment en 2015 !

Le Team TennisBOX s’agrandit avec Julien Boutter Ex-46ème joueur mondial, Julien Boutter vient renforcer l’équipe des TennisBOX Player. Avec, à son tableau de chasse, Marat Safin, Michael Chang, Andy Roddick ou encore… Roger Federer « himself », Julien aura à cœur de vous faire progresser. Au programme de cette séance TennisBOX : l’attaque ! Ce spécialiste du service-volée partagera avec vous plus de deux heures de jeu pour vous faire vivre l’ expérience du haut-niveau.

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SUR LE FIL...

SUR LE FIL...

Un dossier réalisé par Rémi Capber, Pauline Dahlem, Audrey Riou et Laurent Trupiano

Une journée chez

Babolat

Pour comprendre comment est fabriqué un cordage, il fallait se rendre dans un centre de production. Rendez-vous a été pris avec le leader mondial de la corde, basé à Lyon. L'entreprise Babolat nous a ouvert les portes de son usine pour une visite instructive et exclusive. Résumé en 16 clichés d'une matinée intense… et industrielle. Textes de Laurent Trupiano / Photographies : Rémi Capber

9h00

9h30

9h45

10h00

Arrivée au centre logistique de Corbas, où se trouvent les lignes de production des cordes synthétiques. Mais, également, l’entrepôt de l’ensemble des produits que Babolat expédie sur le globe, sauf aux Etat-Unis.

Nous pénétrons dans le centre logistique avec une impression de gigantisme. Plus de 25 000 m² et le dernier cri en termes de préparation de commande. Le centre a été inauguré en avril 2012. « Ca a été un véritable investissement, mais il fallait pouvoir répondre à la demande. Un bon équipementier, c’est aussi une marque qui livre les produits à temps », nous explique le Directeur Commercial France, David Gire.

Entrée dans la zone de production des monofilaments et multifilaments. Cette zone est coupée de la zone des produits… par des terrains de badminton. « Pour des raisons de sécurité et d’assurance, il ne fallait pas que les deux entités soient côte à côte. On a eu l’idée de créer des terrains de bad’ et, bientôt, peut-être, d’un court de Padl », indique David Gire.

Comme son nom l’indique, le multifilament est fabriqué avec plusieurs cordes et une matière première méticuleusement sélectionnée.

10h25

10h45

11h00

11h15

Gainage, torsion… Le processus de fabrication d’une corde doit respecter des étapes bien précises. Il s’agit également d’un savoir-faire que Babolat a affiné tout au long de sa grande histoire.

Tous les cordages sont marqués pour avoir une traçabilité en cas de soucis. A ce sujet, Babolat a acquis de nouvelles compétences, notamment pour marquer en blanc son RPM BLAST. En effet, l’impression à l’encre blanche est beaucoup plus technique que celle à l’encre noire.

Une fois que les bobines sont marquées, il s’agit de passer à l’étape du packaging et de l’étiquetage. L’occasion pour nous de découvrir le nouveau logo de la marque lyonnaise, officiellement dévoilé le 12 décembre 2012.

Le labo est situé à quelques mètres des chaînes de production. Toute la production est testée pour garantir une qualité de prestation identique pour chaque cordage, notamment au niveau de ses spécificités – élasticité, résistance… –, mais aussi en termes de jauge. Si un échantillon n’est pas conforme, l’ensemble de la production liée à ce prélèvement est détruite.

HAUTE TENSION Petits miscellanées d’anecdotes sur les tensions et les cordages de quelques joueurs connus ou reconnus. Une science de grande précision ! 24

John McEnroe, 19/19kg

C'est assez connu : Big Mac tendait peu pour jouer au maximum sur l'effet trampoline.

Pete Sampras, 32/34kg

L’Américain a toujours joué en boyau et n’a jamais voulu tester d’autres cordages.

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Mark Woodforde, 37/38kg

L’Australien jouait avec une jauge 140, ce qui est assez exceptionnel sur le circuit.

Kim Clijsters, 29/29kg

Même si elle vient d’arrêter sa carrière, la Belge était, comme Pete, 100% boyau.

Rafael Nadal, 25/25kg

Rafael Nadal met la même tension sur les montants et les travers. Il est l’un des rares à faire ça. Michael Llodra le fait également (24,24). Rafael Nadal joue en RPM BLAST avec une jauge de 135mm.

Jo-Wilfried Tsonga, 29/27kg

Le Français joue en hybride (VS 130/Lux Alu Power Rough 125). A noter que c’est Andre Agassi qui a popularisé l’hybride. L’hybride n’est pas forcément la combinaison d’un cordage en boyau avec un cordage synthétique, il s’agit, en fait, de mixer deux types de cordages sur les montants et les travers.

Benoît Paire, 24/24kg

Benoît Paire joue en Lux Alu Power 125, une petite jauge. C’est un cordage de la gamme Luxilon, le polyester, leader sur le circuit.

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SUR LE FIL...

SUR LE FIL...

Frank Fernier,

Laurent Blary « Le cordage peut devenir comme un fil électrique »

la Genèse d’une corde

Laurent Blary est chef de produit cordage, pour la marque Tecnifibre, un acteur historique du secteur. Ce spécialiste donne son avis sur les tendances et les évolutions du cordage, un élément décisif du matériel tennis trop souvent galvaudé.

Frank Fernier est chef de produit cordage chez Babolat. De quoi placer une expertise, dans une entreprise leader sur ce marché. Il revient, pour nous, sur le processus qui mène à la création d’un nouveau cordage. Explications. Entretien réalisé par Laurent Trupiano / Photographie : Rémi Capber Comment décide-t-on de lancer un nouveau cordage sur un marché où il y une pléthore de marques et une gamme déjà très large ? Le processus est assez simple. On avait identifié un petit souci sur le marché des monofilaments. Ce type de cordage souffre d’une perte de tension assez rapide. Une fois ce constat réalisé, on a lancé le processus classique au sein d’une entreprise comme la nôtre.

une innovation et celui où l’on pose le produit en rayon, j’imagine qu’il y a plus que quelques mois… Oh oui, en général, on est sur une durée de deux ans.

C’est-à-dire ? Faire un état des lieux, apporter des critères pour notre département Recherche et Développement – basé à Gerland. A partir de ce moment-là, le projet est dans les mains de nos chercheurs. Une multitude de tests sont réalisés et des échantillons sortent au bout d’un certain laps de temps, en fonction de critères techniques et des matériaux utilisés.

Pour rebondir, le monofilament est devenu le leader du marché, notamment chez les compétiteurs ? Il y a eu l’effet Luxilon, c’est vrai. Aujourd’hui, le monofilament a pris une place considérable, on ne peut pas le nier.

Les testeurs entrent alors en jeu ? Oui, on possède un panel de testeurs. Eux sont au contact des nouveaux produits bien avant les consommateurs. Cette partie est importante, on est dans le concret, dans une vraie réalité de terrain. Leurs remarques permettent d’effectuer des ajustements sur le produit. Ensuite, une fois que le bébé est né, il s’agit de le marketer, de lui trouver un nom, une couleur, une identité au sein de notre gamme. Combien de temps ça prend ? Entre le moment où l’on décide de se lancer dans

Ca a été le cas pour le Dual Pro ? Tout à fait, on est dans ce timing-ci. Ce produit est stratégique pour nous. Il complète la gamme initiée par le RPM Blast, qui est devenu un best seller.

Oui, mais ce ne sont pas des cordages à mettre entre toutes les mains… Là-dessus, Babolat est très vigilant. L’idée, c’est de parvenir à proposer la corde qui correspond au type de jeu du client, mais aussi à sa morphologie physique et à son âge. C’est pourquoi nous sommes toujours en relation avec nos collègues de la promotion, notamment pour éviter de faire des erreurs chez les jeunes. Le cordeur joue, lui aussi, un rôle fondamental dans le conseil ? C’est évident. En France, le domaine d’expertise des magasins spécialisés est très élevé. On s’efforce de former constamment nos distributeurs. Par exemple, il est considéré,

Entretien réalisé par Laurent Trupiano

à tort, qu’un cordage en boyau est plus difficile à corder. Et bien, une fois qu’une vraie formation a été mise en place, tout s’éclaire. D’ailleurs, j’aimerais insister sur la qualité du réseau des magasins dits « spécialistes ». Ils restent toujours à l’écoute. Ca doit être lié à leur passion pour le tennis ! (Rires) Vous avez observé des tendances sur le marché tricolore ? Le Français n’aime pas casser. Je dirais qu’il privilégie des jauges plus importantes que ce qui se fait dans d’autres zones du globe. Je pense, notamment, au Japon, où les jauges fines ont plus de succès. C’est encore possible de faire évoluer les matériaux ? C’est le marché qui guide aussi nos choix, ainsi que l’évolution de la pratique. Il faut toujours rester attentif, proche du terrain et de la base. Mais si tu attends de moi que j’évoque, par exemple, une innovation comme, à l’époque, le fameux cordage spaghetti (voir encadré), alors non, il ne faut pas s’attendre à une grosse révolution.

L’un des grands acteurs du marché, c’est Tecnifibre. Mais, Laurent, c’est quoi réellement le cœur de votre savoir-faire ? L’ADN de la marque, c’est le multifilament. En fait, au début des années 80, on a identifié un problème : sur le marché, les joueurs n’avaient que deux choix, le boyau ou le nylon. Il n’y avait pas de produit qui pouvait allier une forme de compromis avec des particularités propres. A partir de ce constat, l’équipe de Recherche et Développement a commencé à faire des tests, des recherches. Il fallait trouver une innovation qui propose des qualités proches d’un boyau et la robustesse d’un nylon. C’est ainsi que le multifilament a vu le jour. En somme, c’est un boyau synthétique... Pas vraiment. Le multifilament, ce n’est pas un ersatz de quelque chose. Il possède son identité et ses qualités propres. Il répondait et répond toujours à une véritable attente sur le marché. Je pense qu’il faut vraiment parvenir à simplifier le discours sur le choix d’un cordage. Souvent, le consommateur me semble perdu, d’autant que la gamme est importante et les acteurs plutôt nombreux. On nous a dit que le cordage représentait 50% de la performance d’un joueur. Vous êtes d’accord avec ce ratio ? Je suis assez d’accord, oui. 50% pour la raquette et 50% pour le cordage. Mais la relation raquette-cordage a énormément évolué. Les cadres n’ont plus les mêmes priorités que par le passé. Avant,

on recherchait la puissance par le cordage, maintenant, c’est l’inverse. Les raquettes sont devenues puissantes, le cordage doit ainsi servir plutôt à la maîtrise et aux sensations. Après, il faut bien distinguer les joueurs compétiteurs et les autres. Ils n’ont pas les mêmes attentes, ni les mêmes objectifs de rentabilité et d’efficacité. Le cordage hybride a été annoncé, passée une période, comme la révolution incontournable. Qu’en est-il aujourd’hui ? C’est une idée qui a fait son temps. En fait, le gros problème, c’est qu’il n’y avait pas un hybride identique. A un moment donné, des marques ont lancé des kits tout prêts, mais ça n’a pas percé. Pour moi, ce n’est pas la solution tant expliquée. L’hybride, c’est de la customisation, c’est du tuning pour le très, très haut niveau. Et c’est difficilement applicable pour un joueur de tous les jours. Question bête : quand faut-il changer de cordage ? On a tendance à dire qu’il faut changer autant de fois par an que l’on joue par semaine. Si l’on joue une fois dans la semaine, il faut changer de cordage une fois par an. C’est plutôt simple. Il y a une tendance à la surtension ? On ne l’avait pas observée quand on était cordeur officiel de Roland Garros. D’ailleurs, jouer avec un cadre moderne à 20 kilos de tension, c’est presque impossible, en fait. Selon moi, il n’y a pas de surtension.

Quelle est votre position sur les fameux polyesters ? Sur les polyesters, on a voulu apporter plus de confort. Toutes les études ont prouvé que ces cordages étaient plus traumatisants que les autres. A partir de ces constatations, on est parvenus à sortir le Black Code, en 2009. Depuis, c’est un hit de notre gamme, un vrai succès. D’ailleurs, le noir est devenu une couleur à la mode avec l’arrivée, un peu plus tard, du RPM Blast de Babolat. Ca marque un secteur ! Il va y avoir encore de grosses innovations dans les années à venir, en termes de matière ou de technique ? A l’avenir, je pense que le cordage va pouvoir jouer un rôle dans les innovations autour des nouvelles technologies. On peut tout à fait penser qu’il devienne comme un fil électrique et, donc, un support pour communiquer et recevoir des informations. Il ne faut pas oublier que c’est le cordage qui est la partie la plus sollicitée lors de la frappe de balle. Dernier point, ô combien important ! Quelle est la solution pour que le client fasse le bon choix ? Faire confiance à son spécialiste tennis. Ils sont constamment formés et sont souvent des cordeurs chevronnés. Ils connaissent les produits. Evidemment, le joueur doit aussi savoir exprimer ses besoins au niveau des sensations, ses envies… Et aussi, ne pas avoir peur de tester de nouveaux produits !

Textes de Laurent Trupiano

Boyau,

produit de Luxe ?

Federer défie la nature

Né en 1875, le boyau est une invention « made in France ». La société Babolat reste l’une des seules grandes marques de tennis à continuer à fabriquer ce produit. Ce dernier est unique, tant par ses qualités d’élasticité que par celles de confort. « La fabrication d’un boyau nécessite un processus plus long », explique David Gire, Directeur Commercial France de Babolat. « C’est un vrai savoir-faire. De plus, l’intervention humaine est omniprésente à chaque étape de la fabrication. Reste que jouer avec un boyau s’avère une expérience tout à fait exceptionnelle. C’est pour ça que nous nous efforçons de dynamiser le marché, même si nous sommes seuls sur ce créneau. » Tous les fans des années 80 se souviennent forcément du logo VS, présent sur le filet du Central de Roland Garros. A l’époque, l’ensemble des grands champions ne jouaient qu’en boyau. Le dernier numéro un mondial qui n’a utilisé que cette corde ? Pete Sampras, tout simplement.

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Si c’est Andre Agassi qui a vulgarisé le fameux cordage hybride, Roger Federer, lui, a affolé les spécialistes. Le Suisse utilise un cordage hybride, mais positionne le boyau dans les travers. « Ca défie toutes les lois de la physique, puisque le boyau ne doit pas être utilisé pour avoir de la puissance supplémentaire, mais plutôt du confort », explique Frank Fernier. « Tous les autres joueurs qui jouent en hybride font l’inverse et à juste titre ». Mais alors pourquoi Roger Federer est-il parti sur cette option ? « Selon nos informations, c’est pour le son que fait la balle dans sa raquette. (Rires) C’est la seule explication qui nous soit venue à l’oreille et qui nous semble acceptable, voire logique ! »

Micro-cordage, une innovation mort-née ?

Le cordage

En 1985, la marque Pro-Kennex a lancé des raquettes à micro-cordage sur le marché. La première ? La Micro Ace. L’idée était d’augmenter la surface de cordage avec une corde plus petite – neuf millimètres. Si les effets semblaient vérifiés, ces raquettes demeuraient un véritable enfer à corder : leur plan de cordage était de 28 par 22, contre 16 par 19 habituellement. Avec un autre cadre, à la fin des années 90, Snauwert, une marque qui a toujours été à la pointe de l’expérimentation, lançait la Hi-Ten 50. Cette raquette 100% graphite proposait un plan de cordage de 14 par 16, avec un cordage d’une jauge de 185 millimètres. D’autres innovations ont été tentées : la Fisher Superform Tuning qui permettait de faire varier la tension de la raquette avec une molette. Enfin, on peut aussi noter la Mad Raq et son plan en étoile. Ou la marque Blackburne, un cadre avec un double cordage – un pour chaque face. Les deux plans étant indépendants, ces raquettes ont été validées, à l’inverse des raquettes spaghetti (voir encadré).

Malgré son nom, cette invention n’est pas italienne, mais allemande. C’est Erwin Fischer qui a inventé ce procédé à la fin des années 70. Il consistait à doubler les cordes par superposition, avec du caoutchouc coincé aux intersections. Avec ce cordage, l’effet de la balle était démultiplié. Pire, il devenait incontrôlable. Enfin, c’est ce qui a été constaté, après que plusieurs joueurs utilisant cette technique se sont illustrés face aux cadors. C’est l’Australien Philips-Moore qui a été le premier à l’expérimenter en juin 1977, très exactement. Mais c’est la défaite de Guillermo Vilas face à Ilie Nastase, à Aix-en-Provence, toujours en 1977, qui a marqué les esprits et enclenché une vraie réflexion auprès des instances du tennis. Le Roumain mettait fin à la série de Vilas et ses 53 victoires consécutives sur terre battue... Très vite, les autorités ont estimé que le cordage spaghetti n’était pas équitable et qu’il dénaturait le jeu. En octobre 1977, la Fédération Internationale a donc décidé de l’interdire.

spaghetti

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SUR LE FIL...

20 ANS, ÇA SE FÊTE! Romain Pino

« Donner plus d’importance au cordage » Dans le monde du cordage, beaucoup d’acteurs tentent de se faire une place aux côtés des leaders. GrandChelem a décidé d’en sélectionner un : il s’agit de L-Tec, dont l’histoire est assez particulière. Portrait de cette marque, qui a placé l’innovation au centre de ses préoccupations, avec Romain Pino, responsable marketing. Quand a été créé L-Tec et pourquoi ? A l’origine, L-Tec a été créé il y a une dizaine d’années, dans le but de réaliser un travail au cas par cas sur les raquettes et cordages de joueurs de haut niveau. C’est la raison pour laquelle la marque n’est pas connue du grand public. Une grande partie du travail a été le développement de cordages adaptés à des tensions plus basses, notamment pour les jeunes joueurs de bon niveau afin de gagner en relâchement et donc en puissance. Les passionnés de tennis seraient étonnés de savoir à quel point certains joueurs professionnels jouent avec des tensions basses, de l’ordre de 18 à 22 kilos. Arnaud Barazer, pourquoi avoir repris L-Tec ? Un nouveau départ pour la marque ? L-Tec a consacré, depuis des années, l’intégralité de son budget dans le développement technique de ses produits. La marque a été victime du micro marché du tennis de haut niveau. Ses fondateurs ont compris trop tard que s’ouvrir au grand public était fondamental pour une marque. Lorsque que j’ai appris que L-Tec était à vendre, j’ai tout de suite été intéressé. Après avoir longuement étudié les produits, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure et de faire en sorte que le grand public puisse enfin bénéficier d’un travail tout à la fois riche et artisanal. Le pari était de proposer une gamme pouvant être bénéfique à tout type de joueur,

du débutant au professionnel, et cela sur la base de produits développés entre les techniciens et les joueurs de la marque. Le marché du cordage est dominé, en France, par Babolat et Tecnifibre. Comment se positionne L-Tec face à ces gros bonnets ? La question pour L-Tec, ça été non pas de se positionner sur le marché, mais plutôt de repositionner le rôle du cordage, en lui donnant plus d’importance. Aujourd’hui, l’objectif n’est pas de challenger Babolat et Tecnifibre, mais de mettre en avant les produits L-Tec, grâce à leurs spécificités novatrices et notre approche différente de la conception à la vente. La stratégie de positionnement est basée sur la personnalisation, tant au niveau technique qu’esthétique. Ouvrir la voie aux hybrides, c’est le moyen, pour la marque, de proposer un produit adapté à chacun. Comme Roger Federer et d’autres joueurs professionnels, les clients L-Tec peuvent ainsi trouver les combinaisons de cordage les mieux adaptées à leur matériel et à leur jeu. Votre approche est plutôt nouvelle… Comment vous êtes parvenu à redéfinir un produit cordage innovant ? Le cordage est bien trop souvent un compromis. Tout tourne autour de cinq critères : la puissance, le contrôle, l’effet, le confort et la durabilité. L’objectif, c’est de combiner le maximum de critères positifs possibles dans

une raquette, tout en minimisant les critères négatifs. Malgré tous les différents types de cordage, il n’est pas possible, aujourd’hui, de trouver un produit combinant l’ensemble de ces critères. L-Tec, grâce à des assemblages de cordages différents, propose des produits plus homogènes. On peut parler de produits presque parfaits au niveau de chaque critère. Prenons l’exemple d’une association entre deux cordages : puissance et contrôle dans lesquels on retrouve du confort, des effets et une meilleure durabilité. C’est en ce sens que L-Tec est innovant. Vous êtes déjà installés sur le marché américain. Quels sont les premiers résultats ? Le lancement outre-Atlantique a eu lieu en janvier dernier. C’est encore trop tôt pour parler de buzz, mais les retours des clients américains sont excellents. Vous pouvez nous expliquer le principe de recrutement des testeurs pour le magazine GrandChelem ? En fait, on a décidé qu’on allait s’appuyer sur les lecteurs de GrandChelem, tous passionnés de tennis, afin de mettre en place le recrutement d’un team de 10 joueurs. Pendant six mois, ils testeront les différents produits de la gamme. Les membres du team rapporteront mensuellement leurs impressions auprès du magazine en mentionnant les aspects positifs et négatifs de chaque cordage. Vous retrouve-

rez un rapport des testeurs dans les prochains numéros. Les trois testeurs les plus pertinents seront sponsorisés pendant un an par L-Tec. Quelle va être votre stratégie pour que des joueurs du circuit utilisent vos cordages ? Des joueurs professionnels ont déjà commencé à utiliser L-Tec Premium. Une communication autour de ces joueurs est d’ores-et-déjà prévue en 2013. La stratégie actuelle, c’est de se concentrer en priorité sur le grand public, tout en mettant à disposition des joueurs professionnels, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, les cordages et l’expertise de la marque. Vous pouvez nous donner avec précision votre positionnement en termes de prix, mais aussi le réseau de distribution qui est mis en place pour trouver les produits L-Tec ? Le lancement de la nouvelle gamme L-Tec premium se fera début 2013, en même temps que le site officiel www.ltecpremium.com. Les produits seront également disponibles dans les magasins spécialisés. Aujourd’hui, Tennis Warehouse Europe les propose tels qu’ils sont vendus aux Etats Unis. La politique des prix sur le marché européen n’est pas totalement définie. Le prix d’un cordage devrait se situer dans une fourchette allant de 14 à 20 euros.

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PALAIS DES SPORTS DE MARSEILLE

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Le team promotion de LTec choisira parmi les candidatures 10 joueurs pour tester les produits LTec durant tout le premier semestre 2013

RENSEIGNEMENTS : 04 91 72 69 59 *PREMIERE SEMAINE DES VACANCES SCOLAIRES

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guest star

Julien Benneteau « Tenter d’aller encore plus haut » Julien Benneteau est un homme heureux. Le Bressan n’a pas vécu l’année la plus calme, ni la plus facile. Et pourtant… Il y a atteint le meilleur classement de sa carrière, une 26ème place en avril. Il n’est pas passé loin, non plus, d’un premier titre, puisqu’il s’est incliné deux fois en finale, à Sydney et Kuala Lumpur. Enfin, il y a vécu de grandes émotions – une victoire sur David Ferrer et un match inoubliable… Un seizième contre Roger Federer, à Wimbledon, perdu en cinq manches. Là est peut-être son regret : ne pas avoir pu aller encore un peu plus loin. La faute au Suisse, certes. La faute, aussi, à des problèmes physiques au moment où il pratiquait l’un des meilleurs tennis de sa carrière. Entretien.

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Quel bilan tires-tu de cette année de tennis ? C’est vraiment une très belle saison. J’ai atteint le meilleur classement de ma carrière. J’ai été régulier dans les tournois du Grand Chelem, ainsi que sur le circuit avec deux finales. Bien sûr, il y a aussi cette blessure qui a été un vrai coup dur. Mais ça fait partie de la vie d’un joueur. Maintenant, mon objectif, c’est de me servir de toutes ces expériences pour tenter d’aller encore plus haut.

compétiteurs, avant tout. Après, il y a une certitude : c’est avec le temps qu’on se rendra compte de la dimension de ce joueur. Et d’autant plus quand il ne sera plus sur le circuit.

On ne peut pas omettre ton duel homérique face à Roger Federer, à Wimbledon… Oui, ça a été un match tout à fait incroyable. Un vrai pic dans ma saison. Et le plus beau, c’est que quinze jours plus tard, j’ai été capable de faire un grand truc aux Jeux Olympiques.

Si l’on regarde tes rencontres face au Suisse, on peut en déduire que ton jeu est bien adapté au sien ? ‘Faut pas déconner, non plus ! (Rires) J’ai quand même pris quelques roustes.

Tu en gardes des images ? Forcément ! Après, je te rassure, ça ne m’empêche pas de dormir. (Rires) Au-delà du suspens, ce duel contre Roger Federer était aussi un vrai combat technique… J’ai su me mettre au niveau, c’est vrai. Mais, il ne faut pas oublier que j’ai perdu. Enfin… Ca restera un souvenir particulier, tout comme mon succès à Bercy. (Sourire) Tu parles de « pic » à propos de ce match à Wimbledon. Tu peux nous expliquer pourquoi ? Cette rencontre marquait la fin d’un cycle. Pour moi, c’était un point de passage. Je me souviens que j’étais très, très fatigué, vraiment exténué, le soir venu. Un mini burn-out en quelque sorte ! (Rires) Emotionnellement et physiquement, ça avait été un combat incroyable. Et puis, ça venait après une période où j’avais beaucoup pioché dans mes réserves, beaucoup donné pour revenir à Roland Garros après ma blessure à Monte-Carlo... Là, c’était trop. J’étais vidé. Tu aurais pu priver Federer de son 17ème titre et de la place de numéro un mondial… Sincèrement, personne n’y pensait à ce moment-là, ni moi, ni les observateurs. On peut être fan de Federer en jouant sur le circuit avec lui ? Fan ? Bien sûr que non et heureusement. On est des

Quand il était jeune, Roger voulait ressembler à Sampras ou Edberg. Et toi ? Moi, d’abord, ce fut Jimmy Connors, puis Pete Sampras également.

Quels matches de Roger Federer t’ont marqué ? Paradoxalement, ce sont deux défaites. Celle de Wimbledon, face à Rafa (en 2008). Il y avait tout dans cette rencontre. Ca reste un sommet, pour moi. Et celle à l’Open d’Australie (en 2009), presque aussi énormissime. Bref, il y en a beaucoup. Ce qui est impressionnant chez Roger, c’est qu’il allie technique, mental et physique. Cette alchimie, c’est sa marque de fabrique. Qu’est-ce que tu penses des changements de fonctionnement entre la Fédération et les meilleurs joueurs français ? Ceux qui voudront profiter d’un entraîneur fédéral devront débourser plus… J’ai bénéficié du système. Et j’ai été très, très bien formé. Il n’y a aucun souci là-dessus. Après, j’ai aussi vécu l’expérience du Team Lagardère. Quand le Team a cessé, j’aurais pu retourner à la Fédération, ça m’aurait coûté deux ou trois fois moins cher par saison. Mais j’étais à un moment de ma carrière où j’avais envie de prendre mes responsabilités et, ce, même si ça impliquait un effort financier important. Mais la vraie différence, c’est que tu sais que tu pourras choisir ton équipe et faire tes choix. Je ne regrette pas du tout, ça a été un véritable tournant dans ma vie de joueur.

Lesquels ? Il ne faut pas se leurrer, il faut avoir un certain classement pour être certain d’assurer des revenus importants. Dans mon cas, je sais aussi que je ne peux pas bénéficier de grosses garanties, ni de gros contrats de sponsoring. Le pari est donc plutôt risqué. Oui, mais le rapport paraît plus sain… C’est certain. Evidemment, on ne peut pas faire ce type de choix en début de carrière. Mais, une fois qu’on a été bien accompagné, c’est plutôt cohérent de voler de ses propres ailes. On sait que tu es très attaché à ton club, le Tennis Club de Paris. A ce sujet, tu vas participer aux Championnats de France ? Si j’avais pu jouer les phases qualificatives, j’aurais répondu présent. Mais j’ai besoin de repos et de me régénérer. En revanche, je me tiens prêt pour la phase finale. Ca fait longtemps que je porte les couleurs du TCP ! Je me souviens d’un match de barrage joué à Dinard, sur terre battue, la veille du début de Wimbledon… C’était pour monter en N1A. Le titre est possible pour le TCP, mais on a du mal à comprendre à quoi ça correspond… Le Championnat de France, c’est une vraie fête, un grand challenge pour une équipe, une aventure de potes. Je trouve que tout évolue dans le bon sens. D’ailleurs, on ne peut plus reprocher aux joueurs de faire l’impasse. L’an dernier, sur les courts, il y avait quand même Olivier Rochus, Jérémy Chardy, Michael Llodra, Gilles Simon, etc. Ca fait du beau monde ! De plus, à Marc-en-Baroeul (NDLR : où se déroulent les phases finales), les conditions sont idéales, la salle est chauffée, il y a du public… C’est très positif. On te sent très motivé ! J’ai vécu des titres avec Jean Bouin, on était pratiquement imbattables ! J’en garde des souvenirs très émouvants. Entretien réalisé par Laurent Trupiano

Ce discours est plutôt rare… Je ne sais pas, mais c’est vrai que Sébastien Grosjean m’en a parlé dernièrement, en m’expliquant qu’il avait, lui aussi, tenté ce pari-là. La recette pour s’en sortir tout seul : il faut y croire, ne pas avoir peur d’injecter de l’argent et remplir certains critères…

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