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The enemy knows the system

CAUSES TOUJOURS 32 TRIMESTRIEL DU GSARA GROUPE SOCIALISTE D’ACTION ET DE RÉFLEXION SUR L’AUDIOVISUELasbl


Photo by thierry ehrmann / CC BY

DOSSIER SPECIAL INTERNET ET VIE PRIVEE « The enemy knows the system » La formulation « L’adversaire connaît le système », connue sous le nom de maxime de Shannon (qui résume le principe de Kerchkoffs), est considérée comme un principe de base en cryptologie. Ce principe exprime que la sécurité d’un cryptosystème ne doit reposer que sur le secret de la clef et que tous les autres paramètres doivent être supposés publiquement connus. Claude Shannon (1916-2001) est un ingénieur en génie électrique, un mathématicien et un cryptographe américain. Il est considéré comme le père fondateur de la théorie de l’information.

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FESTIVAL FILMER A TOUT PRIX • Palmares • Roms: Réalités multiples • Artivisme : Se faire entendre à tout prix

ATELIER DE PRODUCTION Projets soutenus et diffusion

SERVICE PRODUCTION Feel Bike

INTERNET ET VIE PRIVEE • Cryptoparty: Toujours rien à cacher? • Big Data

REGIONALE DE BRUXELLES Pauvreté, parlons jeunes

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RÉGIONALES FESTIVAL

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3 lieux, plus de 7500 visiteurs, 34 films en compétition, 28 films réalisés par Kinodok, au total 137 films projetés. 6 jurys, 3 cinéastes mis à l’honneur et plus de 25 invités nationaux et internationaux. L’équipe du festival remercie chaleureusement tous les partenaires, les visiteurs, les bénévoles, les invités, les membres du jury et du comité de sélection pour ces beaux moments et vous donne rendez-vous à la prochaine édition!

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RÉGIONALES

PALMARES DE LA 15ème EDITION DU FESTIVAL « FILMER A TOUT PRIX»

COMPETITION BELGE PRIX INSIDE

PRIX DE LA QUADRATURE DU CERCLE

Dans le prolongement des actions culturelles menées par la Fondation pour l’Assistance Morale aux Détenus et l’asbl Artatouille en milieu pénitentiaire, un jury de détenus (Maison d’arrêt de Lantin) a décerné un prix à un court métrage.

Le documentaire primé bénéficiera en 2014 d’une attention privilégiée pour sa diffusion dans le réseau de La Quadrature du Cercle. Attribué à « Sobre las brasas » de Mary Jimenez et Bénédicte Lienard

Attribué à « Ada » de Ravel Dilua

Mention spéciale à « Karaoké domestique » d’Inès Rabadan

Membres de jury : Ajanif, Dimitri, Maxime, Ludovic, Romain, Khalid et Julian

“Le jury de La Quadrature du Cercle a attribué son prix au film « Sobre las Brasas » pour sa forme cinématographique très aboutie et un contenu social très en phase avec les thématiques des Centres culturels.

PRIX DES ATELIERS D’ACCUEIL WIP-CBA : aide matérielle d’une valeur de 10.000 € Attribué à « Anima » de Simon Gillard PRIX DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES – 3.500 €

PRIX FORMAT COURT Attribué à « Anima » de Simon Gillard

Attribué à « Cochihza » de Khristine Gillard

Membres du jury : Katia Bayer, Marie Bergeret Adi Chesson et Xavier Gourdet, Mathieu Lericq

“Nous avons apprécié la sensation délicate de ce film, construit autour d’un volcan, à la fois source de grand danger et de fertilité luxuriante. Un paradoxe qui a quelque chose de monumental.

“Un film qui relie avec brio les gestes quotidiens à des sentiments universels. Un film sans concession, visuellement intense, direct et poétique”.

Nous avons également souhaité rendre hommage au travail du cinéaste Sébastien Koeppel, récemment décédé”.

COMPETITION INTERNATIONALE PREMIER FILM

PRIX DES AUTEURS DE LA SCAM – 2.500 €

GRAND PRIX OFFERT PAR LA SABAM – 2 500 €

Attribué à « Deux fois le même fleuve » de Effi Weiss et Amir Borenstein

Attribué à « Ici rien » de Daphné Hérétakis “Le Jury a été saisi par la force du désir d’une cinéaste qui parvient à cartographier un territoire du réel, politique et imaginaire”.

“Ce film dévoile une série de relations complexes sur l’identité, mises en lumière par une exploration cinématographique très personnelle. Nous applaudissons à la fois l’imagination visuelle des cinéastes et le portrait nuancé qui en est fait”.

Membres du jury: Pauline David, Sarah Pialeprat, Frederico Rossin, Lars Meyer, Vincent Pinckaers.

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FESTIVAL

ÂŤ Filmer a Tout Prix is a wonderful festival, and the name of the festival embodies perfectly its spirit. The salles were full and frequently sold out - even for the older retrospective films. The audience was a remarkable mix of young and old, professional documentary filmmakers and folks from other professions who were curious about film. The programming was challenging without being precious, or too arty . And the staff was extraordinary - unflagging in energy and cheerfulness despite the demands placed on them by jet lagged directors from around the world present company included. I raise a glass of Enfant Terrible (my favorite of the many beers I tasted) to the future of Filmer a Tout PrixÂť. Ross McElwee

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FESTIVAL

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Artivisme

Se faire entendre à tout prix

Retour sur LA rencontre (CAMPAGNE DE SENSIBILISATION) et prolongation de la réflexion autour de l’artivisme et de la subversion à l’ère d’Internet. Félicitations et merci aux étudiants de l’Ihecs pour cette réalisation !

Yannick Kergoat

Isabelle Frémeaux

« L’artivisme ça serait l’idée qu’une activité artistique peut être porteuse d’un projet de transformation sociale. Je ne me considère pas comme un artiviste, même si à certains égards je me sens proche du concept. Je suis membre d’Acrimed, une association de critique des médias, et en parallèle je réalise des documentaires. J’ai une pratique militante mais pas vraiment artistique. L’idéal c’est que tout un chacun soit un peu artiviste, qu’on puisse exprimer artistiquement une certaine part de révolte et de volonté de transformation sociale. »

« Je ne suis pas à l’aise avec l’idée que l’artivisme devienne une catégorie, je fais partie d’un collectif, le laboratoire d’imagination insurrectionnel, qui a pour but d’ouvrir des espaces pour que des activistes et des artistes travaillent ensemble, pour qu’ils utilisent la créativité pour développer des formes de désobéissance civile, de résistance non hiérarchique, qu’ils puissent dire non et s’engager dans des luttes mais aussi proposer de nouvelle chose. Ce n’est pas utile d’en faire une catégorie. »

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Ben Borges

Seb

« L’artivisme c’est amener des formes créatives, et créatrices, dans des situations de militance pour sortir des schémas de manif’ traditionnels. Je ne suis pas un artiviste mais je côtoie certains collectifs qui pratiquent l’artivisme. En fait l’artivisme c’est une façon comme une autre de s’impliquer dans les grands sujets de notre époque, si on ne s’implique pas, ça ne sert à rien de dire que telles ou telles choses ne vont pas par la suite. »

« Pour moi c’est une manière de lutter sur plein de sujets, mais pas de manière classique. En évitant le cliché de la lutte syndicale, en utilisant l’humour, l’inattendu... Je me considère comme artiviste, mais pas tout le temps, il y a plein d’autres aspects qui traduisent mon engagement comme le plaidoyer politique, changer sa façon de consommer, boycotter certains produits ou services... L’artivisme n’est qu’une partie de la lutte, ce n’est pas la lutte en elle-même. »

John Jordan « C’est intéressant car dans le livre qui a aidé a répandre le terme, l’artivisme est défini comme le contraire d’une discipline, c’est une in-discipline. Je préfère me présenter comme un artiste activiste. Mais déjà, cette présentation est pleine de contradictions, le terme «artiste» suggère un monopole de la créativité, les «artistes» seraient les seules personnes aptes à créer. Tout comme le terme «activiste» sous-entendrait que seuls ceux-ci seraient aptes à militer et à changer leur environnement. »

Ecoutez les interviews sur http://www.strikingly.com/artivisme Gsara 2013

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FESTIVAL

roms : REALITES MULTIPLES Pour sa 15ème édition, le festival Filmer à tout prix proposait, du 10 au 15 novembre, une programmation intitulée « Roms : Rencontres » à la Cinematek. Des expériences singulières de cinéma documentaire sur les communautés Roms d’Europe. Stefanie Bodien, programmatrice (Le P’tit Ciné, Nova Cinéma, Filmer à tout Prix) et Dario Marchiori (Maître de conférences, Département Arts du spectacle, Études cinématographique à l’Université Lumière Lyon 2) ont parcouru un siècle de cinéma européen afin de réunir un ensemble de films documentaires dont l’approche tend à dépasser les clichés, voire d’établir une rencontre inédite entre filmeur et filmé. Un travail de recherche qui a mené ces deux cinéphiles à fouiller dans les archives de Budapest où l’on peut trouver un nombre important de films sur les Roms. Leur but était de proposer une sélection qui ne tombe ni dans l’exotisme ni dans le misérabilisme.

l’image des Roms dans le documentaire allant de la fascination romantique dans la première moitié du siècle (Les Tsiganes de la grande ville de László Moholy-Nagy) à une représentation plus réaliste à partir des années 1960 et 1970. Le cinéma direct donne enfin la parole aux Roms avec l’intention de dénoncer leurs conditions de vie. Une dénonciation que l’on retrouve dans les films de Peter Nestler (Étrangers, 2e partie : Les Roms et Être tsigane) qui laissent la place aux témoignages sur le génocide des Roms durant la Seconde Guerre mondiale. Des portraits qui furent projetés dans le cadre de la rencontre « Mémoires de persécutions » en présence de Stipan Bosnjak (psychanaliste, écrivain), Alain Reyniers (anthropologue, Université catholique de Louvain-La-neuve) et l’écrivain Jean-Marc Turine. Le constat dressé par Nestler fait écho aux réalités actuelles que connaissent les Roms en Europe :

Le public de la Cinematek a pu découvrir une programmation divisée en dix thématiques et répartie sur 27 films. Il était nécessaire d’organiser ces rencontres autour d’un large panel de films afin de montrer une multitude de réalités. Néanmoins, la finalité n’était pas de rendre compte de toutes les communautés Roms à travers le monde et à toutes les époques. « Chaque fois, c’est un engagement particulier qui est différent selon l’époque et le contexte. On voulait avoir un éventail large mais qui n’a jamais prétendu être la totalité et même écarter certains films qui avaient cette prétention un peu trop exhaustive », nous explique Dario Marchiori.

« Au final, entre les années 1970 et aujourd’hui rien ne change. Nous sommes devant un problème ethnique et un problème social qui concerne les Roms. C’est une pétaudière dont on ne veut pas voir l’ampleur et la menace qui pèse sur la démocratie européenne ou les démocraties européennes. La discrimination raciale est évidente et est présente dans tous les milieux même jusqu’aux autorités de l’État. Le problème des Roms est un problème politique qui concerne 400 millions de personnes en Europe. Tant qu’il y aura 12 ou 15 millions de sous-citoyens, la démocratie européenne n’existera pas réellement », conclue Jean-Marc Turine.

La soirée d’ouverture intitulée « Roms, au pluriel » proposait cinq courts dont Les Nomades réalisé par Film Pathé et datant de 1908. Andrea Pócsik, historienne du cinéma à l’Université Károli Gáspár, était présente ce soir-là pour aborder la question de la représentation des Roms dans le septième art. Traversant huit décennies d’histoire du cinéma, ces films retraçaient l’évolution de Gsara 2013

Aurélie Ghalim

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ATELIER DE PRODUCTION GSARA

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Atelier de production gsara Projets soutenus - session novembre 2013

Vivre sa mort Un film de Manu Bonmariage Production : Azimut Production Face à la mort, nous sommes tous prêts à devenir comme des chiens errants déboussolés, inquiets, en quête d’un secours qui ne vient jamais. Seuls, l’amour, l’amitié et la complicité pourront nous sauver de cette impasse finale... Heureusement, l’homme a plus d’un tour dans son sac. L’euthanasie miraculeuse deviendrait sa dernière planche de salut, son dernier secours ? J’ai voulu voir jusqu’où l’être humain était capable de sentir son âme à l’abandon face aux siens et ce Dieu tout puissant qui n’a pas peur de s’effacer... En nous laissant gentiment flotter à la dérive... Aide octroyée : Montage son – Mixage – Sous-titrage - Promotion

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La Brèche Un film de Françoise Davisse Production : Les productions du verger A Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue parisienne, Citroën s’apprête à fermer son usine employant plus de 3 mille personnes. Face à cette menace, les travailleurs se questionnent. Faut-il faire confiance à la direction ou faut-il l’affronter pour tenter de la faire reculer ? Doit-on s’engager dans une lutte collective ou tenter de s’en sortir par soi-même ? Depuis deux ans, j’explore ces questions au jour le jour au côté des salariés de l’entreprise et plus particulièrement de grévistes. Au fil des semaines, le travail a laissé la place aux dialogues et aux débats. La parole a pris le pas sur le bruit des machines. On discute des problèmes d’organisation, des actions à mener, des promesses du gouvernement, de la stratégie de la direction et de l’attitude à avoir vis-à-vis des média. En plaçant ma caméra au coeur des événements, le film souhaite faire le récit d’une réalité méconnue, dans laquelle des ouvriers tentent de relever la tête. Aide octroyée : Montage image Sous-titrage - Promotion

PROCHAINE SESSION AIDES A LA PRODUCTION - POST-PRODUCTION - PROMOTION Si vous désirez déposer une demande d’aide pour un projet de film documentaire auprès de l’Atelier de Production du GSARA, voici le calendrier pour le dépôt des dossiers et la réunion du comité de lecture : Dépôt des dossiers : Mercredi 18 décembre 2013 Réunion du Comité de lecture : Jeudi 16 janvier 2014 Avant le dépôt de votre demande d’aide, merci de prendre contact avec le responsable de l’Atelier de Production, afin de vous assurer de la recevabilité de votre dossier et de convenir d’une éventuelle rencontre : Massimo Iannetta / Tel - 0032 (0)2.2501318 / massimo.iannetta@gsara.be

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ATELIER DE PRODUCTION

son a

Montage image Marie-Hélène Mora

Underworld présente

originale pon p.p.c.m

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Réalisation

Montage image Diffusion

avec Prise de son prise

Montage son Loïc Villiot

Musique originale Quentin Manfroy et Benjamin Hennot

montage originale de

La jungle étroite

de Image Diffusion Prise de son

Diffusion

Image Diffusion Matthias Forster Sandra Demal Philippe Simon Dounia Bovet-Woltech son Benjamin Hennot musique

Prise de son

Montage image

de Image prise

(p.p.c.m.) Réalisation Benjamin Hennot avec réalisation Prise de son Marie Verwacht

Un film qui sème des

graines de conscience

et de changement

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En plein cœur de Mouscron, entre les grues et la gare de chemins de fer, se terre une jungle étroite de 16 hectares de jardins-vergers sauvages et un grainier comptant des milliers de variétés de semences. Tous ceux et celles qui veulent lier social et jardinage passent par là pour se frotter à la parole, à l’humour, à l’engagement et au jardin de Gilbert Cardon. Ce passeur, bon vivant, et cheville ouvrière de l’association d’Education permanente « Fraternités ouvrières » donne des cours et ateliers gratuits, offre la possibilité d’acheter des semences (pour un prix modique), d’expérimenter, de goûter à la diversité, à la joie et la force de la coopération, avec les humains et avec les végétaux.

Entretien avec Benjamin Hennot

Votre film, qui dépeint l’état d’esprit de l’association, est une vraie cure d’antiaustérité !

Une ode aussi à l’expérimentation, à la créativité, à l’échange, au DIY, à la permaculture, à l’accès au ‘gai savoir’ et l’accès à la bonne bouffe pour tous. Une forme de résistance politique qui a de plus en plus d’adeptes ?

Il y a l’austérité gouvernementale, qui est toujours à combattre, naturellement. Mais ce qui est effroyable actuellement, c’est l’austérité mentale, garantie par le moralisme environnementaliste, qui voudrait nous faire régler nos gestes au nom d’abstractions. Aux Fraternités ouvrières, la nature n’est pas l’objet d’un rapport moral, elle est un compagnon de jouissance. Gilbert, en important son éthique de la coopération de l’usine au jardin, y a développé « une forme de travail qui, loin d’exploiter la nature, est en mesure de l’accoucher des créations virtuelles qui sommeillent en son sein » 1

Non seulement l’endroit qui rassemble la plus haute biodiversité du pays se situe au cœur d’une vieille cité industrielle, mais en outre ce lieu est ouvert sur le monde, pour entretenir avec lui un contact transformateur. Ainsi, on peut venir visiter le jardin-verger expérimental de Gilbert, qui n’est pas seulement un dispositif de bouleversement des idées qu’on se fait et du jardin et du verger, mais également un dispositif d’immersion fusionnelle dans le vivant. Lors des cours, Gilbert ne dispense pas une méthode à suivre : il cherche avant tout à transmettre le goût de l’expérimentation. De même, l’association ne cherche pas à croître : elle invite plutôt ceux et celles qui passent par là à s’associer là où ils sont. C’est là que réside le génie politique des Fraternités ouvrières: dans cette évidence de l’essaimage horizontal, sorte de prolifération rhyzomatique. Une façon d’irradier l’amour du

Le grainier des Fraternités ouvrières est une manifestation éclatante de la puissance que l’on peut générer en communisant quelques modestes moyens. Aussi ai-je filmé l’atelier d’ensachage des semences en mode eisensteinien, en célébrant non pas une ligne générale, mais des lignes de fuite chatoyantes élaborées avec un art consommé du bricolage, qui est sans doute la forme la plus prosaïque du détournement. 1. Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire, thèse XI

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ATELIER DE PRODUCTION

C’est en suivant sa foi partageuse que Gilbert est parvenu à des constats et une pratique proches du jardinage non-discriminant de Masanobu Fukuoka, précurseur et modèle des inventeurs australiens de la permanent agriculture, Holmgren et Mollisson. Malheureusement, la permaculture tend à devenir un catalogue de techniques évacuant petit à petit son principe cardinal, typiquement extrême-oriental : l’art de se mouvoir en épousant les circonvolutions du contexte vivant.

commun qui fait l’économie de bureaucratie et de hiérarchie. Fraternités ouvrières se tient à égale distance de l’autarcie, des formes de purisme, comme de tout retrait moraliste. On est plutôt du côté des Diggers, de Fourier, de Sahlins et du panthéisme que de la peau de chagrin franciscaine des décroissants. Ce qui est développé aux Fraternités ouvrières, c’est une jouissive tension vers l’autonomie pour tous. Vivre en autarcie, cela ne produit qu’une autosatisfaction aussi stérile qu’illusoire. Faire circuler les moyens et le goût de l’autonomie, cela permet d’envisager sereinement la fin de ce monde, à laquelle plus personne ne croit mais que tout le monde continue de gérer, sans trêve et sans rêve : société de désenchantement pour névrosés indépendants.

Est mage celui qui agit sur l’invisible. Gilbert est un mage dans le sens où il cultive en permanence une attention aux relations. Supérieur en cela à la pensée mécaniste généralisée, qui nous fait accumuler des moyens et des techniques sans jamais atteindre un début de magie. Le jardinage passe pour une activité pénible : il faut souffrir pour manger. Et il n’est pas faux de dire que produire c’est souffrir. Aux antipodes de ces penchants judéo-chrétiens, et à l’encontre des préjugés coriaces d’une nature où règne la précarité, Gilbert cultive un imaginaire de jouissance dans lequel la nature est une multiplicité complice avec laquelle on peut cheminer

Gilbert Cardon nous fait rire et réfléchir. Il bat en brèche de nombreuses idées reçues sur le jardinage, l’agriculture et le bio. Il a notamment cette phrase extraordinaire « Je préfère manger de la merde tous ensemble que du bio tout seul ». Nous, civilisés occidentaux, sommes malades d’individualisme. Nous pouvons bien nous affairer fébrilement aux rayons Sport, Exotisme & Spiritualités, Idéologies sur mesure, Xanax & Tisanes anti-stress, sans oublier le rayon jardinage Bio : aucun de ces pansements à désespoir ne changera l’état des choses aussi longtemps que nous nous considérerons comme des atomes autonomes jusque dans nos affects. L’éthique de Gilbert n’est pas la permaculture, qui est soluble dans la valorisation et dans l’individualisme, mais plutôt la coopération doublée d’une indéniable disposition à la fight. Ce qui prime ici, c’est le partage, couplé à une constante vigilance envers tout ce qui l’entrave.

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Votre film commence à être diffusé. Comment est-il reçu ? dans une cointelligence féconde, et inventer un habitat qui nous parle, un oekoumène dirait Augustin Berque. Pour les marxistes qui ne songent qu’à l’exploiter comme pour les écologistes qui ne songent qu’à la protéger, la nature est maintenue dans une parfaite étrangeté. Loin du rapport de production qu’entretiennent les agriculteurs avec leurs bien-nommées exploitations, loin de la vision utilitaristes des planificateurs humanistes, il existe bien des façons riches et raffinées de se lier au vivant, de s’y inscrire plutôt, à condition de commencer par admettre que nous en faisons partie – pourquoi nous considérons-nous « toujours au-dessus, jamais dedans » ? se demandait Henri Michaux, en bon taoïste. En élargissant son monde au non-humain, Gilbert a réalisé ce qu’un Descola appelle de ses voeux pour en finir avec cette vieille séparation instaurée par la Modernité occidentale.

Depuis la première dans un Nova plein à craquer, le film a été projeté en Belgique, en France et au Québec, où il a même donné son nom à un espace inséré dans un lieu d’expérimentation artisticopolitique montréalais. La jungle étroite ne cesse de circuler dans de nombreuses associations et lieux auto-organisés, à commencer par les Fraternités ouvrières à Mouscron, qui l’ont programmé chez eux à trois reprises. Quant à sa diffusion par Arte-Belgique, les Fraternités ouvrières y étaient très favorables, et de fait, certains spectateurs se sont retrouvés à palabrer dans la jungle mouscronnoise, cessant pour une fois d’être des spectateurs. Jusqu’à présent, le film a été sélectionné dans deux festivals. Personnellement, je conçois le documentaire de création comme un projectile de transformation du monde, sinon, qu’est-ce, une forme de divertissement à valeur culturelle ajoutée destiné à la classe moyenne ? Ce qui manque cruellement aux réalisateurs d’aujourd’hui, c’est un bon février 1968, date à laquelle les cinéastes, en s’organisant pour s’opposer au limogeage du fondateur et directeur de la Cinémathèque, Henri Langlois, par le Ministre Malraux, eurent l’occasion de tâter de la conflictualité sociale. La jungle étroite de Benjamin Hennot 2013 – 57’ Image Matthias Forster, Dounia Bovet-Woltech, Philippe Simon, Benjamin Hennot Son Marie Verwacht Montage Marie-Hélène Mora Mixage Loïc Villiot Musique Quentin Manfroy et Benjamin Hennot Production Underworld Films Coproduction Fédération Wallonie-Bruxelles & VOO, CPC, l’Atelier de Production GSARA

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SERVICE PRODUCTION

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FEELBIKE

Un projet de réinsertion par le sport

Un groupe de résidents de la Maison d’accueil des «Petits Riens» traverse la Wallonie pendant 6 jours. Ce voyage, telle une quête initiatique, est l’occasion pour eux de dépasser leurs limites et de se recentrer sur eux-mêmes.

Dix résidents de la maison d’accueil des Petits Riens partent à vélo sur les routes de Wallonie durant six jours avec leurs travailleurs sociaux Sylvie Balle, Sébastien Gaspar et Guillaume Nonnon. Les résidents de la Maison d’Accueil ont souvent des difficultés à donner du sens ou atteindre leur projet de réinsertion basé sur la recherche d’emploi et le logement. En effet, atteindre ces deux objectifs n’est pas chose aisée et l’accumulation des échecs répétés entraîne une forte démotivation mais aussi une diminution de la confiance et de l’image de soi. Face à un public sportivement diminué, ce parcours de 300 km à vélo est, à lui seul, un exploit sportif. Il permet à chaque résident de se dépasser tant physiquement que mentalement et de prendre conscience de ses propres capacités. Profitant de l’évasion et de l’effort physique, ce séjour permet aux résidents de se recentrer sur eux-mêmes, de se remettre en question à travers un programme de réflexion. Le documentaire réalisé tout au long de ce projet est le souvenir de cette aventure. Il met également en avant le discours des résidents, afin de montrer une image différente des maisons d’accueil et de démonter les clichés qui peuvent persister.

« La conclusion positive de ce projet montre l’importance de trouver des alternatives au travail social habituel, en mettant les relations humaines à l’avant-plan et en valorisant les capacités de chacun. » Gsara 2013

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Feelbike de Nathalie Pontalier et Sylvie Balle 2012, 19’ Avec Vincent, Nadi, Sebastian, Olivier, Thierry, Imed, Camille, Guillaume, Pieter, Pascal, Sylvie, Ilias, Alain Production : GSARA asbl Coproduction : Maison d’Accueil des Petits Riens asbl En collaboration avec CINEACTES asbl Avec le soutien de : La Fédération Wallonie-Bruxelles , Service Education Permanente Secrétariat d’Etat à l’Intégration Sociale, Lutte contre la Pauvreté, Economie Sociale et Politique des Grandes Villes

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INTERNET ET VIE PRIVEE

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Cryptoparty

Bernard Fostier

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Il y a quelques jours s’est tenue la deuxième Cryptoparty organisée par le Gsara : des temps de rencontres consacrés à la vie privée sur Internet. C’était également, le 6 décembre dernier, le premier événement de ce genre à Charleroi.

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Toujours rien à cacher ? Perte de la vie privée

Les enjeux. Mal compris ?

Revenons rapidement sur la situation actuelle, fin de l’année 2013, six mois après les coming-out de l’agent Richard Snowden : le grand public apprend que l’agence de renseignement américaine – la NSA – a accès à un nombre élargi de données et que pour se les procurer, elle a patiemment et avec des moyens jusque-là insoupçonnés, corrompu et/ ou menacé des entreprises, des organismes de régulation. Par exemple, le programme PRISM qui permet à la NSA de disposer d’un accès direct aux données hébergées par les géants américains des nouvelles technologies, parmi lesquels Google, Facebook, YouTube, Microsoft, Yahoo!, Skype, AOL et Apple. Barack Obama le présente comme un outil de guerre contre le terrorisme. Les entreprises ne se pliant pas à leur volonté pourront être accusées de haute trahison dans le cadre du Patriot Act, établi au lendemain du 11 septembre 2001.

À la différence du scandale violent mais ponctuel provoqué par Wikileaks il y a deux ans, les implications des révélations de Richard Snowden sont rendues publiques, semaine après semaines. Ce storytelling révèle durablement les brèches béantes que l’utilisation d’Internet et la surveillance de nos communications ont ouvertes dans les champs législatifs, politiques, commerciaux,… Quand des droits fondamentaux sont de la sorte malmenés et que les réactions, tant politiques que civiles sont si faibles, on est en passe de s’interroger sur la compréhension des enjeux par ces parties. C’est entre autres pour cela que le Gsara a organisé ces Cryptoparties : afin d’éclairer le public sur ce qui se trame, souvent à son insu, derrière les pages consultées et les messages envoyés sur les réseaux. Afin de remettre un peu de privé (au sens de personnel) dans ces cyber-espaces publics (au sens de: ouvert à tous).

L’agence américaine a également longtemps travaillé afin d’abaisser les niveaux de sécurité des options de cryptage les plus utilisées. C’est ainsi qu’en septembre 2013, les quotidiens The Guardian et The New York Times révèlent que, depuis 2010, la NSA a développé de multiples méthodes de contournement des cryptages des communications sur Internet (comme le HTTPS et le SSL) afin d’avoir accès aux contenus des messages.

L’actualité belge de ces dernières semaines avait pourtant fourni matière à penser notre rapport à la vie privée : le piratage des routeurs Belgacom, les enregistrements de l’activité des internautes par les fournisseurs d’accès Internet, l’espionnage par les CPAS des bénéficiaires d’allocations sur les réseaux sociaux, une « loi big-brother » votée cet été, l’instauration de la censure sur Facebook par la commune de Verviers,…

Jusqu’à abaisser le niveau de sécurité de l’Internet tout entier ! La NSA est donc capable d’écouter les communications cryptées, c’est-à-dire y compris les transactions économiques et financières ! Un cauchemar pour les entreprises. (Faites une recherche sur NSA – bullrun, par exemple).

Par le passé, différentes affaires touchant à la surveillance généralisée des citoyens et des entreprises ont régulièrement défrayé la chronique sans engendrer de véritable sursaut citoyen ni même un soupçon d’indignation publique au niveau des gouvernements. (Affaire Echelon en 1988, Stellarwind en 2005, Wikileaks en 2011,…).

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INTERNET ET VIE PRIVEE

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« Citoyens, internautes, élus : réveillons-nous ! Un monde sans vie privée, ce n’est plus une démocratie! Et on y court à grandes enjambées … » Les États

Aujourd’hui, en 2013, nous sommes dans une situation que nous analysons comme radicalement différente : avec des milliards de smartphones en circulation et, demain, des centaines de milliards d’objets connectés entre eux et surtout à nos données personnelles, à notre profil, à notre empreinte sur la toile. Les conséquences des pratiques de la NSA américaine éclaboussent non seulement les services secrets, mais aussi les États et les entreprises (notamment les grosses qui ont à souffrir d’une confiance altérée dans les communications : le secteur bancaire, financier, informatique, social ont tout à perdre d’un effondrement de la confiance dans les usages numériques) !!!

Difficile de comprendre également la réaction plus que timide des États face à l’énormité du scandale. Alors que les portables d’Angela Merkel est à ranger dans la liste des victimes VIP de la malveillante agence américaine et qu’il y a de fortes présomptions que d’autres chefs d’Etats ou de gouvernement sont aussi concernés. Aux dernières nouvelles, aucun pays n’a vraiment pris de mesures pour contrer cela. Pour preuve, l’Europe entérine ces semaines-ci son accord sur la protection des données (27 novembre 2013 : EU Data Protection Regulation directive). L’intention est de protéger l’exploitation de nos données personnelles et commerciales et de planifier les échanges possibles de celles-ci avec les entreprises et administrations US. Dans cette directive, nos données doivent bénéficier du dispositif « Safe Harbor » (port sécurisé, havre de paix). Ce dernier est une passoire juridique et l’Europe, au lieu de donner un signal clair sur les pratiques d’exploitation des données personnelles, laisse planer le doute. Pour toute protection, l’Europe recommande mollement que « les politiques de confidentialité doivent inclure des informations sur la mesure dans laquelle la loi américaine permet aux autorités publiques de recueillir et traiter les données : voir içi »

Le potentiel disruptif de toutes ces questions qui touchent à la sécurité informatique (un domaine très indigeste), à l’architecture du réseau, à l’utilisation massive de ce dernier par chacun (les citoyens, les entreprises et les États) ne peut plus être nié ou même ignoré.

Les entreprises Comment les géants de l’industrie (notamment les acteurs de l’économie numérique comme Apple ou Amazon) vont-ils réagir face à l’espionnage incontestable révélé récemment. Car, si la NSA peut s’introduire sur les réseaux d’entreprises et récupérer des données sensibles, d’autres pirates pourraient le faire : c’est le cauchemar. Il y a aussi la réputation : si l’iPhone de Apple est durablement catalogué comme un mouchard de la vie privée, quel va être le prochain mouvement de la firme à la pomme envers l’administration américaine et quelle sera sa communication envers les consommateurs ? Il est étonnant, au vu du risque que cela représente, que les compagnies n’aient pas encore marqué leur défiance par rapport aux systèmes d’espionnage. En tous les cas, il ne s’agit pas dans ce cas du syndrome du « je n’ai rien à cacher »… Au contraire.

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Elle se prépare également à signer les accords bilatéraux de libre-échange Asie-Pacifique (accords TPP) qui – entre autres atrocités – permettra aux entreprises investissant sur un territoire d’attaquer les États en justice pour entrave à leurs investissements. À partir de là, on voit mal comment un État pourrait garantir la vie privée de ses citoyens. (Voir par exemple ).

Les citoyens Le traumatisme provoqué par les révélations 2013 n’est-il pas plus profond chez les utilisateurs eux-mêmes ? L’architecture ouverte et démocratique d’Internet appartient résolu20

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ment au passé ! C’est évident lorsque l’on voit que des organismes tels que l’IEFT 1 sont devenus complices à leur corps défendant d’un tel système !? Du côté des associations et organismes publics, que peuvent faire la commission sur la vie privée ou l’IBPT face au viol flagrant de nos droits fondamentaux sur le réseau ? Rien, nous semble-t-il. Il n’y a pas de levier pour contraindre nos partenaires à jouer le jeu du respect de la vie privée. organismes tels complices à que l’IEFT 1 sont devenus leur corps défendant d’un tel système !?

peuvent faire la commission sur la vie privée ou l’IBPT face au viol flagrant de nos droits fondamentaux sur le réseau ? Rien, nous semble-t-il. Il n’y a pas de levier pour contraindre nos partenaires à jouer le jeu du respect de la vie privée. Des actions comme la Cryptoparty pourraient-elles soulever une indignation suffisante des citoyens, des entreprises ou des politiques pour que cela change ? Rien n’est moins sûr…

Que faire ?

Du côté des associations et organismes publics, que

Face au constat que la majorité des citoyens considèrent qu’ils n’ont rien à cacher, que la surveillance de masse est un dommage collatéral naturel de l’évolution des télécommunications et qu’elle serait en quelque sorte inéluctable, que faire ? Face au constat que l’Europe elle-même consent au viol des données de sa population et en redemande, que faire ? Face au constat que les solutions techniques existent mais ne sont pas mises en œuvre, que faire ? Les missions et les moyens du Gsara se limitent à des actions d’éducation permanente. Nous pouvons et nous allons vraisemblablement persister à organiser des actions de sensibilisation à destination du grand public et des responsables politiques. Mais cela semble dérisoire face à l’impunité bienveillante dont semblent jouir agences et entreprises américaines dès qu’il s’agit du cyberespace… Citoyens, internautes, élus : réveillons-nous ! Un monde sans vie privée, ce n’est plus une démocratie ! Et on y court à grandes enjambées …..

Bernard Fostier

1. IETF : Internet Electronic Task Force : groupe informel, international, démocratique ouvert à tout individu, qui participe à l’élaboration de Standards Internet. L’IETF produit la plupart des nouveaux standards d’Internet

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INTERNET ET VIE PRIVEE

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Les Assises du Big Data : S Le Gsara s’intéresse de près à la protection de la vie privée et des données personnelles. C’est dans cette optique que la régionale de Charleroi a assisté aux Assises du Big Data ce vendredi 13 décembre au Point Centre de Gosselies.

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haque jour, le monde engendre 2,5 trillions d’octets de données. 90% des données mondiales ont été créées ces deux dernières années ! L’origine de ces informations est multiple. Elle provient des vidéos publiées aux statuts Facebook, en passant par les relevés météo, les photos, les tweets ou les transactions online. Ce sont toutes ces données que l’on appelle « Big Data ». Cet énorme volume d’informations variées et rapides est difficile, voire impossible à gérer avec les outils employés jusqu’à présent. Pour contrôler toutes ces données, il faut inventer de nouvelles méthodes, de nouveaux instruments. Véritable Eldorado, ce nouveau secteur est plein de promesses pour les entreprises qui voient là une opportunité inespérée de croissance. Ce fait n’a pas échappé à la Wallonie, à la traine sur le plan économique. Enfin une occasion de revenir sur le devant de la scène ! Dans cette optique, Jean-Claude Marcourt, Vice-Président, Ministre de l’Économie, des PME, du Commerce extérieur, des Technologies nouvelles et de l’Enseignement supérieur, a convié entreprises, chercheurs et investisseurs à cette matinée du Big Data.

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Souriez vous êtes fichés ! Un plan de relance, mais à quel prix ? vouloir encadrer vraiment ces pratiques? Face à ce constat inquiétant, c’est à chacun qu’il revient, dès aujourd’hui, de protester. On pourrait commencer par là.

Le phénomène du Big Data ouvre la porte à des dérives insoupçonnées. Là où certaines applications laissent entrevoir de réels progrès, pour des secteurs comme l’aéronautique ou la sécurisation du chemin de fer, d’autres potentielles pratiques citées lors des Assises du Big Data nous inquiètent. Citons la géolocalisation des personnes âgées ou le recrutement de cobayes médicaux sur base de leurs antécédents ou des traces laissées sur le net (!). D’autres entreprises avancent l’idée du traçage d’un client, de son adresse IP aux rayons du magasin, en passant par ses intérêts personnels. Le but est évident : conclure une vente, et si possible amener le client à emporter deux ou trois petites bricoles en plus chez lui. Comment ? En connaissant les goûts, les besoins, les habitudes et les moyens financiers de l’individu qui se présente à eux.

En attendant, il est important de se poser la question au niveau individuel de ce que nous souhaitons partager avec le reste du monde. Les entreprises, elles, se préparent goulument au tout connecté. Pendre sa voiture ou ouvrir le réfrigérateur ne seront bientôt plus des actes banals. L’ère du web 3.0 (avec analyses sémantiques des contenus et objets connectés en permanence au réseau), c’est pour demain. Bientôt, ne nous révélerons nous plus qu’à travers nos smartphones ?

Elodie Beaupère Régionale de Charleroi

Protection des indiv… Pardon ? En nous rendant aux Assises du Big Data, nous espérions en savoir plus sur la protection des individus. Malheureusement nous avons ressenti que cette matinée était d’avantage une succession d’autopromotion, une grande place de marché ou chacun vend et achète des services pour mieux exploiter nos données, pour nous rendre rentables. Nous sommes restés médusés face à une audience impassible sur des questions pourtant essentielles de protection de l’individu, trop peu explorées voire balayées par des arguments financiers. Le profit régnant sur les consciences hypnotisées par cette niche prometteuse. Un nouvel univers scintillant à explorer, quoi qu’il nous en coûte. Quid du contrôle de les pouvoirs publics Gsara 2013

ces données, lorsque n’ont pas l’air de 23

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RÉGIONALE

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Pauvreté,parl Le Gsara Bruxelles a rejoint le projet « Parlons jeunes » né à l’initiative du Délégué Général aux Droits de l’Enfant, Bernard Devos. Il a permis à une vingtaine de jeunes de prendre la parole, de manière libre et décalée, sur la pauvreté. Plusieurs associations partenaires (Amnesty International, le réseau wallon de lutte contre la pauvreté, ACMJ, RTA, GSARA) ont encadré des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles au travers de différents ateliers médiatiques (télé, radio, presse écrite et « nouveaux » médias). Si en juin 2013, les jeunes volontaires abordaient la problématique du départ des jeunes bruxellois vers la Syrie, ils ont, cette fois-ci, pris la parole sur la pauvreté.

profond et plus complexe, sur la pauvreté. Preuve en est, une fois de plus, que la jeunesse a son mot à dire sur des sujets aussi sérieux que la pauvreté ! Selon Asmae, molenbeekoise de 21 ans qui a participé à « Syrie, parlons jeunes », ce concept est un moyen atypique de réunir la jeunesse autour des questions qui sont sujettes à diverses controverses dans la société. « Il faut sensibiliser les jeunes et prendre en considération leurs avis. Car finalement qui sont-ils ? Le futur de notre pays. J’espère qu’ils tireront la société vers le haut grâce à leurs diverses expériences » explique-t-elle.

Le GSARA Bruxelles a animé, pendant une semaine, l’atelier « nouveaux » médias où une vingtaine de jeunes sont allés à la rencontre de chômeurs, de politiciens, de journalistes,... Mais pour aborder ce sujet, ils ont créé un personnage, celui de Jacqueline Crevecoeur, jeune journaliste issue d’un milieu aisé, naïve, et plutôt maladroite.

Un concept qui reste une expérience professionnelle marquante pour Gwendoline, jeune participante des deux premiers projets. « Du tri de l’information, toujours plus massive, à son exploitation et toutes les contraintes qu’elle implique (espace audio-visuel limité à quelques minutes,...), de la difficulté à déceler le vrai du faux, à la pression quotidienne, j’ai pu me glisser dans la peau d’une reporter en herbe ».

« Les participants désiraient aborder la problématique dans la légèreté en tentant d’avoir un regard satyrique sur les stéréotypes qui existent sur la pauvreté » explique Thibault Coeckelberghs, animateur de l’atelier. « Ils voulaient aussi montrer à travers Jacqueline Crevecoeur que la pauvreté ne concerne pas que les sans-abris ».

« C’est un projet qui doit continuer et se multiplier » nous dit Ibrahim, 21 ans, « parce qu’il permet aux jeunes de prendre la parole sur des sujets sur lesquels on ne demande jamais leur avis ! Ce qui m’a marqué dans « Pauvreté, parlons jeunes » ? Qu’aujourd’hui, même avec un diplôme et un boulot, tu peux te retrouver sous le seuil de pauvreté et galérer ».

Cinq jours n’ont évidemment pas suffi pour atteindre tous les objectifs de sensibilisation sur la pauvreté et sur l’éducation aux médias. Mais les participants ont eu l’occasion de s’approprier les outils médiatiques et sont intervenus dans d’importants organes de presse (RTBF, RTL, METRO, Marianne, CANAL C,…). Au final, ils portent aussi un regard différent, plus Gsara 2013

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Gwendoline Hoven

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CONTACTS Gsara asbl

Rue du Marteau 26 - 1210 Bruxelles - 02 / 218 58 85

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

Jean-Charles Luperto (Président), Olivia P’tito & Yanic Samzun (Vice-Présidents), Annie Valentini (Trésorière), André Ceuterick, Benoît Delbeque, Etienne Derue, Valérie Devis, Loïc Delhuvenne, Jean-Michel Heuskin, Özlem Özen, Mélanie Boulanger, Benoît Provost, Olga Zrihen.

STRUCTURE FAÎTIÈRE direction coordination pédagogique campagnes sensibilisation secrétariat graphisme informatique Communication

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collaboration rédactionnelle Bernard Fostier, Julie Van der Kar, Aurélie Ghalim, Thibault Coeckelberghs, Elodie Beaupère Graphisme Mathilde Lingrand mathildelingrand@hotmail.com Editeur responsable : Renaud Bellen - rue du Marteau 26 - 1210 Bruxelles CT_32


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