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Fiebre
from Disparates 10
FIEBRE por Erika Mantilla
Hoy miraba fijamente los ojos de mi reflejo en la superficie oscura de la bebida cuando sonó el celular. Seguía buscando pruebas de la fiebre y de los ahogos que inexplicablemente aún no se manifestaban y llamaba mi papá para contarme que tiene cáncer. Le tomó días reunir palabras para decirlo y yo notaría, cómo no, que había en esas oraciones una urgencia de rezo. Antes de que terminara esa llamada, recordaría las hormigas que dijo ver mi abuelo antes de morir, caminando por las paredes de su propia tumba. Y sin decirle nada, comprendería que mi papá y yo empezamos a morir en el mismo punto: un dolor al costado.
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En la tercera semana de aislamiento empezó a llover por las noches.
Los días previos fueron de calor muy intenso. Me paraba frente al espejo y me observaba con detenimiento, mientras pensaba que tal vez no era el clima sino la peligrosa fiebre que mataba gente en todo el mundo desde diciembre. Yo estaba contagiada de otro virus, en realidad. Había ocurrido años atrás, pero no lo supe entonces ni la mayoría de mi vida. La primera noche de lluvia tuve el impulso de volver a fumar y al hacerlo sentí las palpitaciones de mi corazón en la parte posterior del cráneo, tan fuertes que al acostarme boca arriba el cuerpo entero se movía sobre la cama. El evento se repitió varias veces más adelante sin necesidad de nicotina. Constantemente volví al espejo a buscar señales de la enfermedad, nunca encontré nada.
La sensación de que estaba muriendo creció durante el confinamiento cuando empecé a notar dolores en el costado del abdomen, al respirar profundo. Imaginaba mis pulmones, ya no tan rosados, expandiéndose en medio del pecho y empujando otros órganos, que a su vez se movían hacia las paredes de mí. Cuando el aire en el centro de mis costillas alcanzaba un máximo, notaba el punto aquel donde mi muerte había empezado. Cuando era bebé dormía en el día y lloraba casi toda la noche, cuenta mi familia que luchó por años para curarme de la vigilia nocturna, pero fracasaron y yo aprendí a vivir despierta. Cada año encontré al menos una actividad nueva para realizar en esas horas, sin afectar el descanso de otros residentes de la casa y finalmente a los 30 pude vivir sola. No sé si fue la experticia resultado del desvelo de tres décadas, o la posibilidad de analizar milimétricamente mi existencia, pero en el primer año descubrí que si dormía sobre el costado derecho podía soñar. Sobre el costado izquierdo solo podía elaborar pesadillas. Además, se hizo habitual el rito de despertar entre las tres y las cuatro de la madrugada, que facilitaba memorizar las imágenes. La ansiedad del aislamiento se intensificó con las lluvias y se manifestaba especialmente en las noches, pero los episodios más evidentes ocurrían de día, cuando era tiempo de salir por alimentos. Una tarde busqué por más de dos horas la caja metálica que uso para encresparme las pestañas, aunque no me maquillo desde que empezó todo. Tomo mucho café y he dejado de preocuparme por sus efectos en mi salud, porque igual estoy muriendo. Esa angustia ahora la reemplaza la de no tener cómo prepararlo cuando nace el antojo.
FIÈVRE traduction : équipe Disparates
Aujourd’hui je fixais mes yeux dans le reflet sur la surface sombre de la boisson quand le téléphone a sonné. Pendant que je continuais à chercher des signes de fièvre et d’étouffements qui, étrangement, ne s’étaient pas encore manifestés, mon père m’appelait pour m’expliquer qu’il avait le cancer. Ça lui avait pris plusieurs jours de trouver les mots pour le dire et je remarquais, comment faire autrement, qu’il y avait dans ces prises de parole une urgence de prière. Avant de raccrocher, je me rappelais des fourmis que mon grand-père avait dit voir avant de mourir, marchant sur les parois de sa propre tombe. Et sans rien dire, je comprenais que mon père et moi avions commencé à mourir de la même chose: une douleur aux côtes.
Durant la troisième semaine de confinement il a commencé à pleuvoir la nuit.
Les jours précédents avaient été intensément chauds. Je m’arrêtais devant le miroir et je m’observais minutieusement, tout en pensant que peut-être ce n’était pas à cause du climat mais de la dangereuse fièvre qui tuait des gens dans le monde entier depuis le mois de décembre. En vérité j’étais infectée par un autre virus. C’était arrivé il y a des années, mais je ne l’ai pas su tout de suite, je ne l’ai pas su pendant la plus grande partie de ma vie. Cette première nuit de pluie j’ai senti l’impulsion de recommencer à fumer et ce faisant j’ai senti les pulsations de mon cœur dans la partie postérieure de mon crâne, si fortes qu’en m’allongeant sur le dos mon corps entier s’en trouvait secoué sur le lit. L’événement se reproduisit plusieurs fois par la suite sans la présence de la nicotine. Je revins constamment devant le miroir pour y débusquer des signes de la maladie, je n’ai jamais rien trouvé. La sensation que j’étais en train de mourir s’est accrue pendant le confinement, quand j’ai commencé à remarquer des douleurs sur les côtes abdominales dans les moments de respirations profondes. J’imaginais mes poumons, plus tellement roses, se déployant au milieu de la poitrine et poussant les autres organes, qui à leur tour se déplaçaient jusqu’aux parois de mon moi. Quand l’air au centre de ma cage thoracique arrivait à son maximum, je repérais le point à partir duquel ma mort avait commencé. Quand j’étais bébé je dormais le jour et pleurais la nuit, c’est ce que raconte ma famille qui a lutté des années pour me guérir de ces veilles nocturnes, mais ils ont échoué et j’ai appris à vivre réveillée. Tous les ans j’ai trouvé au moins une nouvelle activité que je pourrais réaliser pendant ces heures, sans impacter le repos des autres habitants de la maison jusqu’à ce que finalement, à 30 ans, j’aie pu vivre seule. Je ne sais pas si c’est l’expertise accumulée en trois décennies d’éveil ou la possibilité d’analyser mon existence millimètre par millimètre, mais la première année j’ai découvert que si je dormais sur le côté droit je pouvais rêver. Sur le côté gauche, je n’élaborais que des cauchemars. De plus, s’est instauré un rituel de réveil entre trois et quatre heure du matin qui m’aidait à garder en mémoire les images. L’anxiété de l’isolement s’intensifia avec la pluie et elle se manifestait particulièrement la nuit, mais les épisodes les plus frappants arrivaient en journée au moment de sortir pour acheter des aliments. Une après-midi j’ai cherché pendant plus de deux heures un boîtier métallique que j’utilise pour me recourber les cils, bien que je ne me maquille plus depuis que tout ça a commencé. Je bois beaucoup de café et je ne me préoccupe plus de ses effets sur ma santé puisque, de toutes façons, je suis en train de mourir. Cette angoisse est maintenant remplacée par celle de ne pas avoir de quoi le préparer quand m’en vient l’envie.