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Edito - Confinamiento (français — espagnol) Camilo Rodríguez
from Disparates 10
EDITO
por Camilo Rodríguez
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Siempre hemos vivido confinad@s y quizás no lo sabíamos. Nuestra propia piel, las cuatro paredes de nuestra mente, una sociedad que solo puede existir en las barreras de la ley y el orden. Para algunos el encierro es una experiencia tan familiar como la soledad. Para otros es terriblemente frustrante; se refugian en el anhelo, hacen pronósticos y planean lo que harán “cuando todo esto pase”. Según el diccionario, el confinamiento es una pena que consiste en enviar a la persona condenada a cierto lugar seguro para que viva exiliada allí en libertad, aunque vigilada por las autoridades. “Exilio en libertad” ¿acaso esa definición no describe la historia de nuestras vidas? ¿Acaso la escuela y el trabajo, la casa y la calle, no operan como centros de control donde nos vigilamos (o nos cuidamos) un@s a otr@s?
En El malestar en la cultura, Sigmund Freud mostró cómo la vida moderna nos expone a la frustración; nuestro yo debe contener sus deseos más íntimos (Eros y Tanatos, el instinto de amor y muerte), e incluso algunas de sus necesidades para garantizar el funcionamiento de la colectividad. Dentro de este complejo marco, la experiencia del confinamiento añade una importante variable: nos enfrenta a nosotros mismos, nos obliga a convivir con nuestros propios fantasmas. “Sufrimos más de imaginación que de realidad”, decía Séneca para insistir sobre el poder de nuestra mente para causarnos dolor y provocarnos sentimientos como los celos, el miedo o la ira. Sin embargo, la soledad puede ser también una fuente de paz y serenidad. Al final de su vida, Jean-Jacques Rousseau pasó sus días confinado en el castillo de Ermenonville –sus detractores no dejaban de hostigarlo– y se dedicó a escribir Las ensoñaciones del paseante solitario, una obra autobiográfica que oscila entre el diario íntimo y la reflexión filosófica, y retrata sus reflexivos paseos en los jardines de la propiedad. “El hábito de recogerme en mí mismo me hizo perder el sentimiento, y casi el recuerdo de mis males”, se consolaba el filósofo. Así pues, en medio del confinamiento hay actividades solitarias y aparentemente improductivas como la reflexión y la lectura que adquieren un nuevo sentido. La poeta estadounidense Emily Dickinson, que vivió la mayor parte de su vida encerrada en una habitación, versaba que “para viajar lejos, no hay mejor bote que un libro” y por eso creemos que la literatura, como el confinamiento, nos aísla en el mismo barco, a la espera de llegar a buen puerto.
Con este diario internacional de confinamiento Disparates llega a su número diez e inaugura una nueva etapa. Un consejo editorial más amplio y transatlántico – esta página se escribe en Ciudad de México, se edita en París y se imprime en Toulouse –. Los relatos, poemas e ilustraciones que desfilan por la mirada del hipócrita lector son testimonios de seres que – como él, como yo, como tod@s – vivieron una experiencia extraña y extraordinaria en la historia de la humanidad. Sus derivas mentales y sus conflictos internos viajaron como cartas adentro de una botella desde lugares tan exóticos como Marruecos, Brasil, o Estados Unidos y confluyeron con nuestras colaboraciones habituales de España, Colombia y Francia. Esperamos que su lectura sea tan agradable como el proceso de selección y edición.
Esta iniciativa, como tantas otras, da lugar a una pregunta esencial: ¿esta situación marcará un antes y un después en la vida del ser humano o, por el contrario, volveremos a ser los mismos gracias a nuestra impresionante capacidad de adaptación e indiferencia? El tiempo lo dirá.
EDITO
por Camilo Rodríguez
Nous avons toujours vécu confiné.e.s et ne le savions peut-être pas. Notre propre peau, les quatre murs de notre esprit, une société qui a besoin de barrières pour exister. L’enfermement est pour certain.e.s une expérience aussi familière que la solitude. Pour d’autres c’est terriblement frustrante ; ils se réfugient dans l’aspiration, ils font des pronostics et prévoient ce qu’ils feront « quand tout ça se termine » Selon le dictionnaire le confinement est une peine qui consiste en envoyer le condamné dans un certain lieu sûr pour qu’il vive exilé en liberté, bien que surveillé par les autorités. « Vivre l’exil en liberté » Ce n’est pas cette définition en quelque sorte la description de nos vies en société ? Est-ce que l’école, le travail, la maison et la rue ne fonctionnent pas comme des centres de contrôle où nous nous surveillons (ou prenons soin) les un.e.s les autres ?
Dans Le malaise dans la civilisation, Sigmund Freud a montré comment la vie moderne nous expose à la frustration ; notre « je » doit contenir ses désirs les plus intimes (l’Eros et le Thanatos, la pulsion d’amour et de mort) et même certains de ses besoins pour garantir le fonctionnement de la collectivité. Dans ce cadre si complexe, l’expérience du confinement rajoute une variable essentiel : nous met face à nous-mêmes, nous oblige à cohabiter avec nos propres fantômes. « On souffre plus d’imagination que de réalité » disait Sénèque pour insister sur le pouvoir de notre esprit pour nous infliger de la douleur et éveiller chez nous des sentiments tels que la jalousie, la peur ou la rage. Néanmoins, la solitude peut être aussi une source de paix et tranquillité. À la fin de sa vie Jean-Jacques Rousseau a passé ses jours confiné dans le château de Ermenonville –ses détracteurs n’arrêtaient pas de le harceler– et s’est consacré à écrire Les rêveries du promeneur solitaire, un ouvrage autobiographique qui oscille entre le journal intime et la réflexion philosophique, et recrée ses promenades dans les jardins de la propriété. « L’habitude de rentrer en moi-même me fit perdre enfin le sentiment et presque le souvenir de mes maux », se consolait le philosophe. Ainsi dans le confinement il y a des activités solitaires et apparemment improductives telles que la réflexion et la lecture
qui ont acquis un nouveau sens. La poète américaine Emily Dickinson, qui a vécu la plupart de sa vie enfermée dans une chambre, versait que « pour voyager loin il n’y a pas meilleur navire qu’un livre » et ce pour cela que nous croyons que la littérature, ainsi que le confinement, nous isole dans le même bateau, à l’atteinte d’arriver à bon port.
Avec ce journal international de confinement, Disparates en arrive à sa dixième édition et ouvre une nouvelle étape. Un conseil éditorial transatlantique et plus grand –cette page est écrite à México, éditée à Paris et imprimée à Toulouse. Les récits, les poèmes et les illustrations qui défilent devant le regard de l’hypocrite lecteur sont les témoignages des êtres qui –comme lui, comme moi, comme tout.e.s –, ont vécu une expérience étrange et extraordinaire dans l’histoire de l’humanité. Ses dérives mentales et ses conflits internes ont voyagé comme des lettres à l’intérieur d’une bouteille venant des endroits tels que le Maroc, le Brésil ou les ÉtatsUnis et ont rejoint nos collaborations habituelles de l’Espagne, la France et la Colombie. Nous espérons que votre lecture soit si agréable que le processus de sélection et édition.
Cette initiative comme tant d’autres donne lieu à une question essentielle : est-ce que cette situation marquera un point culminant dans la vie de l’être humain ou, bien au contraire, nous redeviendrons les mêmes grâce à (ou à cause de) notre impressionnante capacité d’adaptation et d’indifférence ? Le temps parlera.