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PARTIE 1 : Comportements difficiles ?
Qu’entend-on par « comportements difficiles » ?
Dans le contexte qui nous préoccupe, il s’agit des comportements observés chez l’Animé qui provoquent un sentiment d’irritation ou d’énervement chez l’Animateur et qui mettent à mal la relation entre les deux. Ce terme pourrait également désigner une réaction de l’Animé face à une situation, et devant laquelle l’Animateur pourrait se sentir pris au dépourvu. De manière générale, ces comportements sont vécus comme un problème aux yeux de l’Animateur, qui ne sait pas toujours y apporter une solution.
Pourquoi ces comportements ?
On a parfois l’impression que certains Animés sont dans la provocation permanente, qu’ils réfléchissent longuement à la manière la plus efficace de nous énerver : ils testent, cherchent les limites, attirent l’attention parfois de manière très bruyante et inconfortable pour nos animations. Mais pourquoi nos Animés semblent-ils prendre un malin plaisir à saboter nos jeux ou notre organisation ?
Avant toute chose, sache qu’aucun jeune n’est profondément mauvais, quoi que tu pourrais en penser. Souvent, le jeune ne fait pas exprès d’avoir un comportement « difficile ». Il faut bien différencier le comportement et la personne. Rappelle-toi que le moment de la réunion Guide n’est qu’un instant, une fenêtre sur une période de ta vie ou celle de ton Animé, et qu’en dehors de cela, il y a une multitude d’éléments qui régissent le comportement de ton Animé.
Le vécu (personnel et culturel) Le plus souvent, les difficultés exprimées sont associées à un contexte particulier : crise d’adolescence, situation d’échecs répétés à l’école, divorce des parents… Elles peuvent être le témoignage de difficultés peut-être plus importantes vécues sur d’autres plans.
Comme toi, ton Animé a une vie et un historique qui lui sont propres et qui influencent son attitude au quotidien. Si pour certains enfants, le cadre familial est sécurisant et stable, ce n’est malheureusement pas le cas pour tous. Les raisons peuvent être diverses, plus ou moins permanentes, plus ou moins conséquentes (problèmes d’argent, décès, absence des parents…), et elles ne te sont pas toujours connues. Garde à l’esprit que le poids de ce vécu ne disparait pas des épaules de ton Animé lorsqu’il vient à la réunion Guide et que cela a une incidence inévitable sur son comportement.
Ensuite, les règles et les limites qu’il connait à la maison ou à l’école ne correspondent peut-être pas à celles mises en place dans le cadre de ton animation. Il est possible que le jeune ait besoin d’une petite période d’adaptation durant laquelle il pourrait adopter une attitude conflictuelle.
Le stade de développement Savais-tu que le cerveau des enfants continue à se développer jusqu’à l’âge adulte ? En particulier, toute la partie antérieure du cerveau (cortex préfrontal), qui évolue très lentement pour atteindre une maturité aux environs de 20 ans. Cette région du cerveau est spécialisée dans : • Le raisonnement, les pensées, l’anticipation • La gestion des émotions • Le maintien de l’attention et la concentration • Les capacités de contrôle de soi
Ainsi, on comprend que tout jeune enfant aura des difficultés à planifier ses actions, à réguler ses émotions, à rester concentré sur une tâche et à résister aux tentations ; le stade développemental de son cerveau ne lui permet tout simplement pas encore de maitriser ces comportements.
Les Animés évoluent à leur propre rythme, avec leurs forces et faiblesses et, même s’ils ont des âges similaires, ils ne sont pas tous arrivés au même stade de développement des apprentissages. 3 e HE - Thuin
Cette évolution très progressive du cortex préfrontal, et donc des apprentissages qui y sont liés, peut notamment expliquer certains comportements observés chez tes Animés : • Un Nuton qui pique une grosse colère parce qu’il n’a pas obtenu le gobelet vert lors de la distribution des gobelets pour le gouter n’a peut-être pas toutes les ressources en lui pour gérer sa frustration (émotion). • Un Lutin turbulent lors d’une longue explication de jeu n’a peut-être pas la capacité attentionnelle pour écouter plusieurs minutes d’affilée. • Un Aventure qui décide soudainement de faire de l’autostop avec sa Patrouille pourrait ne pas avoir anticipé les conséquences dangereuses que cela peut engendrer.
Évidemment, ce n’est pas parce que ces réactions sont expliquées qu’elles en deviennent acceptables ! C’est ton rôle d’Animateur de signifier que ces comportements ne sont pas admissibles, que ce soit par des avertissements, des discussions ou, au besoin, une sanction éducative.
L’état physique et émotionnel Il y a des jours où tout va de travers… Peut-être ton Animé a-t-il une raison d’être de mauvaise humeur : il s’est disputé avec son frère ou sa sœur juste avant la réunion, on lui a refusé un dessert... Comme tout être humain, ton Animé est remué par ses émotions et son humeur, ce qui peut aussi conditionner sa disponibilité ou sa patience. Il en va de même s’il est blessé ou malade : on est rarement bien disposé quand on n’est pas au top de sa forme ! Le manque de sommeil peut également être un facteur important dans les comportements difficiles ! Un enfant qui dort peu ou qui dort mal aura plus de difficultés à se concentrer, sera plus irritable, impulsif, excité… Il faut compter en moyenne 10 heures de sommeil par nuit pour qu’un jeune soit en forme la journée ! • Un Nuton aura besoin de 10 -12 heures de sommeil. • Un Lutin aura besoin de 9 -11 heures de sommeil. • Un Aventure aura besoin de 8 – 10 heures de sommeil.
Rem. : Les études récentes montrent qu’à partir de 5 ans, il n’est plus nécessaire de faire une sieste pendant la journée. Même si des moments plus calmes sont appropriés durant les journées de camp, tes Nutons n’ont théoriquement pas besoin d’heures de sommeil supplémentaires.
Le/les éventuel(s) trouble(s) Certains enfants ont de réelles difficultés comportementales liées à des troubles médicaux avérés. Voici différents troubles que l’on peut retrouver :
• Les TDA/H – Troubles Déficitaires de l’Attention avec ou
sans Hyperactivité – empêchent l’enfant de déployer de grandes capacités d’attention et de concentration. Les enfants qui les présentent auront des difficultés à rester longtemps immobiles ou à rester affairés à une seule tâche ; • Les troubles d’apprentissages, engendrant des difficultés scolaires, provoquent souvent une aversion ou un manque de confiance en soi pour les activités habituellement réalisées à l’école (écrire, calculer…) ; • Les troubles d’origine psychologique peuvent amener un enfant à adopter des positions de retrait ou de mise en avant exacerbées ;
• Les déficiences intellectuelles ou les Hauts Potentiels (HP) :
ces enfants sont moins à même de comprendre les règles sociales, les limites et les attentes de leur environnement… et donc de les respecter ; • Les troubles auditifs peuvent également donner l’impression que l’enfant n’écoute pas et/ou ne répond pas (ou pas correctement) aux demandes ; • La prématurité à la naissance : ces enfants ont généralement des problèmes de santé de toutes sortes et peuvent faire preuve de comportements difficiles, car ils ont peut-être bénéficié d’un environnement surprotecteur qui nuit à leur autonomisation. Ils pourraient donc manifester un besoin d’indépendance par différents types de comportements, y compris problématiques ; • …tous les autres aspects médicaux peuvent avoir un impact sur le physique, le cognitif ou l’émotionnel de ton Animé. Tous ces différents aspects de la vie de ton Animé sont à considérer lorsqu’il manifeste un comportement difficile à un moment donné : une multitude d’éléments influencent ses réactions, qui ne sont donc pas forcément liées uniquement à la situation de la réunion ou du camp ou à la relation entre ton Animé et toi.
On n’est pas des psys
Bien que tu puisses être plus ou moins proche, touché ou relativement clairvoyant visà-vis de la situation de certains jeunes, il est important de ne pas outrepasser tes compétences. Être Animateur ou Animatrice, ce n’est pas être psychologue, assistant social ou éducateur spécialisé : il n’est pas question de poser des pseudo-diagnostics ou d’apporter une pseudo-expertise aux Animés quant à leur situation ou leur comportement. Ce n’est pas ton rôle et encore moins ta responsabilité.
Alors, être Animateur, c’est quoi ?
C’est avoir une place super importante dans l’accompagnement et le développement de tes Animés. C’est leur transmettre les valeurs Guides grâce à ton animation et à l’exemple que tu leur fournis. C’est avant tout chercher à établir une relation de confiance, d’authenticité, de respect et de bienveillance. Être Animateur, c’est avoir un rôle privilégié, unique, particulier, qui te permet à la fois d’être un proche complice de ton Animé et un référent éducationnel fort !
Étiquettes = danger !
« À force de dire que je suis bête, je vais finir par le devenir ! » S’il est vrai qu’un jeune a parfois tendance à endosser plusieurs fois la même casquette (celle du « casse-cou », par exemple), il est d’autant plus important de ne pas la lui coller irrémédiablement sur la tête ! Il a été prouvé de nombreuses fois que la façon dont un Animé est perçu a une influence sur la manière dont il va se comporter, et ce, même inconsciemment ! Ainsi, un Nuton qui est perçu comme le petit pleurnichard de la Chaumière aura tendance, plus que les autres, à se retrouver dans une position de pleurs. Le Lutin considéré comme le petit comique de la Ronde multipliera les situations où il fait rire tout le monde. L’Aventure surnommé « Gaston la Gaffe » ne terminera certainement pas la réunion (ou le camp) sans avoir renversé quelque chose. Coller une étiquette, même si elle pourrait paraitre positive ou inoffensive, enferme le jeune dans une case et l’empêche de s’épanouir librement : il aura tendance à se conformer à l’image qu’on a de lui et ne cherchera pas à quitter cette « place » qu’on lui a donnée. L’Animateur, perçu comme un modèle et un référent, a une influence importante sur l’attitude et le comportement de l’Animé : il faut en être conscient.
À l’inverse, l’image ou l’idée que l’on a d’un Animé aura aussi une incidence sur la manière de se comporter avec lui. Il est très important de s’en rendre compte pour ne pas tomber dans du favoritisme : c’est l’étiquette du « chouchou » pour lequel on fermera facilement les yeux sur une bêtise ou, à l’opposé, le fameux « casse-pieds » avec lequel on aura moins de patience. Faire preuve de discernement n’est pas si facile, d’autant plus que le fait d’émettre des aprioris est un phénomène humain et naturel. D’ailleurs, cela se remarque aussi dans le choix des mots qui vont être utilisés pour présenter un Animé à un autre Animateur ou Chef d’Unité. La considération positive ou négative visà-vis de l’Animé va ressortir plus ou moins clairement dans les informations transmises et donc aussi influencer la perception de l’Animé aux yeux de celui qui les reçoit. En tant qu’Animateur, en prendre conscience te permet de rester objectif à la fois dans les relations avec tous tes Animés et lorsque tu communiques une information à propos d’eux.