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PARTIE 3 : Comment gérer ?
Gérer une situation problématique… pas si facile !
Face à une situation problématique, il est important de pouvoir se situer vis-à-vis du problème en lui-même. En effet, pour que la relation Animateur-Animé reste harmonieuse, il faudra adapter la réponse selon que le problème appartient à l’Animateur ou à l’Animé. Cela revient à se poser la question « où se situe le problème ? ». Pour y répondre, on peut utiliser l’image de la fenêtre à travers laquelle on observe les comportements des Animés.
Si un Animé a un comportement que tu juges inacceptable, cela s’inscrit dans la partie inférieure bleu claire du rectangle, sous ton seuil de tolérance. Le problème t’est alors propre : il t’appartient et se situe à ton niveau. Ex : Un Nuton chante pendant que tu donnes une consigne. Cela te pose problème à toi, et pas au Nuton qui chante allègrement.
Zone sans problème
Le problème appartient à l’Animateur
Si un Animé vient te trouver parce qu’il fait face à un problème ou une situation qui le contrarie, cela s’inscrit de l’autre côté de ton seuil de tolérance. Le problème appartient au jeune, car c’est lui qui le vit. La situation de l’Animé ne produit aucun effet concret dans ta vie à toi, à part le fait de te soucier de son bienêtre, évidemment. Ex : Un Lutin ou un Aventure vient te trouver car il se sent exclu d’un groupe ou d’un jeu. Cela pose problème à l’Animé, mais cela n’a aucune incidence sur ta vie personnelle.
La façon d’intervenir dans la situation va grandement différer selon que le problème appartient à l’Animateur ou à l’Animé. Pour t’aider dans ta réflexion, ce dossier s’accompagne d’une roue qui supporte les 3 différentes manières d’interagir développées ciaprès.
Le problème appartient à l’Animé
L’objectif principal sera d’établir une connexion – un dialogue de confiance – avec l’Animé afin de l’aider efficacement à résoudre son problème. L’Animé passera alors de la réactivité à la réceptivité. Comment ?
Adopter une posture non verbale d’écoute et de réconfort Mets-toi physiquement à hauteur de l’Animé, adopte un ton de voix doux, n’hésite pas à établir un contact physique si tu as l’impression que ton Animé en a besoin (attention cependant, tout le monde n’accepte pas que l’on entre dans sa bulle)… Il s’agit de faire retomber le stress de l’enfant et l’amener à s’apaiser grâce à une attitude calme et disposée. Le fait de considérer sa situation avec bienveillance facilitera l’adaptation de ta posture corporelle.
Valider ce que vit l’enfant en utilisant un langage d’acceptation Grâce à des silences, ponctués de brefs messages d’accueil (« ah ! », « je vois », « oui »…) et des invitations chaleureuses (« est-ce que tu veux m’en dire plus ? », « as-tu envie d’en parler ? »…), tu montres à l’enfant que tu l’écoutes.
Pratiquer l’écoute active Il s’agit en fait de dialoguer avec l’Animé et d’exprimer que tu comprends sa situation et les sentiments qu’il éprouve, et ce, grâce au décodage et à la reformulation de ce qu’il exprime. Il faut faire refléter ce que tu comprends de ses émotions et de ses besoins,
en reformulant ce qu’il exprime pour que l’enfant valide ce que tu as compris de son discours.
Grâce à l’écoute active, tu aides à clarifier la situation auprès de l’Animé et tu facilites la découverte d’une solution. Celle-ci doit préférablement être découverte et choisie par l’Animé : il en est capable et il faut l’encourager en ce sens ! Parfois, le simple fait d’identifier le sentiment et les besoins liés au problème suffisent à soulager l’Animé qui se sent écouté et compris. Le sentiment négatif s’estompe… en même temps que le problème ! Il n’est alors pas forcément nécessaire d’aller plus loin dans la recherche de solutions.
L’écoute active implique de :
• Avoir une confiance entière en le jeune : il peut résoudre ses propres problèmes ; • Accepter sincèrement les sentiments exprimés par l’enfant, sans jugement ; • Être disposé à aider le jeune à résoudre le problème ; • Y consacrer du temps et de l’énergie ; • Ne pas se laisser envahir par ses propres sentiments (et ne plus savoir, dès lors, où se situe le problème !) ; • Être conscient que le jeune peut rarement s’attaquer à la résolution du problème en début de conversation ; • Respecter le caractère confidentiel des révélations afin de ne pas rompre la relation de confiance. 14 e BE - Woluwé-Saint-Lambert
Les 12 obstacles à la communication Ce sont 12 types de messages qui empêchent tout échange spontané et sincère lorsqu’on veut aider un jeune à résoudre une situation problématique qui lui appartient. Ces messages, même s’ils sont parfois bien intentionnés, nuisent à l’autonomisation du jeune face au problème et empêchent la recherche de solutions. Il n’est pas facile de les éviter, car ils sont souvent lancés par automatisme, mais il est important de s’y exercer au maximum. 1. Donner des ordres, commander 2. Avertir, menacer 3. Faire la morale, prêcher 4. Suggérer des solutions, conseiller 5. Argumenter, persuader par la logique 6. Juger, critiquer, blâmer 7. Humilier, ridiculiser 8. Psychanalyser, diagnostiquer 9. Complimenter, approuver 10. Rassurer, consoler 11. Enquêter, questionner 12. Dévier, blaguer, esquiver
3 attitudes qui favorisent le dialogue de confiance • La congruence (l’authenticité) - Être à la fois à l’écoute et en accord avec ce que tu ressens : y être attentif et le communiquer ouvertement, pour que ton Animé n’interprète pas mal ton attitude ou ton expression du visage. • L’acceptation positive inconditionnelle - Se dégager de tout type de jugement moral, éthique ou intellectuel visà-vis de ton Animé pour arriver à l’accepter tel qu’il est. • L’empathie - Entrer dans l’univers affectif, émotionnel, psychologique en se mettant à la place de l’Animé, pour essayer de le comprendre.
Le problème appartient à l’Animateur
Il s’agit donc d’une situation où il faut modifier un comportement dérangeant aux yeux de l’Animateur et qui lui pose problème. Pour résoudre cette situation, il est possible d’agir sur trois variables.
Modifier l’environnement Il s’agit d’améliorer le milieu de vie partagé avec les Animés (local, cour…) afin que le problème n’y apparaisse plus. Par exemple : • Prévoir des crayons, marqueurs et des feuilles pour occuper les Nutons lorsqu’ils ont fini une activité plus vite que le reste de la Chaumière. Ainsi, ils ne courent plus dans votre local et l’activité peut se clôturer calmement. • Pour éviter un nouvel accident, retirer les objets qui risquent d’être cassés lorsque les Lutins jouent au ballon dans le local. • Après une « rébellion » de certains Animés, confier aux Aventures une partie du local (ou des meubles) qu’ils peuvent utiliser et décorer à leur convenance, pour combler un besoin de responsabilisation et d’autonomie.
Se remettre en question Que nous renvoie le comportement difficile sur notre manière de gérer le temps ? De gérer les règles d’un jeu ? Que dit-il de notre manière de laisser une place à chacun pour s’exprimer ? Que dit-il de notre relation Animateur-Animé ? En fonction de l’importance et de la récurrence des comportements dérangeants, il est intéressant de se questionner sur sa propre posture vis-à-vis de l’Animé, mais aussi sur son animation, sa préparation… et sur soi-même ! C’est l’occasion de s’interroger sur ses propres réactions et de faire évoluer ses pratiques ou ses habitudes, dans le sens d’une plus grande adhésion de la part du jeune. N’hésite pas à en discuter avec ton Staff et, pourquoi pas, avec l’Animé en question !
Modifier le comportement de l’Animé Il s’agit d’adresser un message à l’enfant pour modifier le comportement inacceptable. Ce message devra être énoncé en « je », montrant ainsi que l’Animateur assume la responsabilité de son vécu affectif et de son désir de parler franchement. Les messages en « je » permettent d’éviter l’impact négatif des messages en «tu» (le « tu » qui tue, qui accuse !) où l’Animé risque de se sentir agressé et de se braquer.
Cette façon de procéder permet à l’Animé de se sentir moins blessé/froissé, et l’incite à modifier son comportement car il comprend l’effet qu’a ce dernier sur l’autre, sans impact négatif sur la relation Animateur-Animé.
Lorsqu’on s’adresse au jeune, il faut y inclure 4 éléments :
• Décrire la cause du problème (= le comportement à modifier), dans une formulation sans évaluation ou jugement.
Ex : « Quand je vois que des papiers trainent par terre… » • Mentionner clairement l’effet tangible et concret du comportement sur la vie de l’Animateur.
Ex : « …je dois passer une bonne partie de mon temps à les ramasser après la réunion… » • Exprimer les sentiments de l’Animateur qui en découlent.
Ex : « …cela me fatigue et me rend de mauvaise humeur. » • Formuler une demande, une solution.
Ex : « Peux-tu ramasser les papiers tombés par terre ? »
Le problème se situe chez l’Animateur et l’Animé : le conflit !
Il arrive que le comportement de l’Animé fasse obstacle aux besoins ou aux intentions de l’Animateur, menant à une situation de conflit : un des deux signifie à l’autre « ce que tu fais (ou ne fais pas) m’empêche de vivre agréablement et de satisfaire mes besoins ».
Face à ces conflits, on a tendance à se demander « Qui gagnera ? Qui perdra ? », et ceci est le reflet de la crainte sous-jacente « Si je me laisse marcher sur les pieds, j’aurai l’air de quoi ? » ou bien « Si je les laisse faire, on ne va plus respecter mon autorité ».
En fait, le nœud du problème réside dans cette approche de « gagnant - perdant » qu’on adopte si souvent : soit on est autoritaire, strict et inflexible, soit on est tolérant, indulgent et permissif. La relation Animé-Animateur se limite alors à décider qui sera le plus fort et qui commandera l’autre ! Le résultat qui en découle génère automatiquement des frustrations qui nuisent à la relation.
31 e NaN - Gembloux
Comment résoudre un conflit sans perdant ?
Ensemble, ton Animé et toi, vous pouvez :
1. Identifier le problème, le conflit. Chacun dit ce qu’il observe et ce que ça lui fait, ainsi que ce que ça lui fait d’entendre l’autre. C’est une étape fondamentale. 2. Énumérer toutes les solutions possibles auxquelles on pense, sans émettre de jugement ni d’évaluation. 3. Trier les solutions : éliminer celles qui ne conviennent pas à l’un ou à l’autre, et repérer celles qui pourraient être envisagées. 4. Prendre ensemble une décision en choisissant la solution qui parait la plus satisfaisante. 5. Établir les moyens concrets de mise en place de la solution : qui fait quoi à quel moment. 6. Évaluer les résultats obtenus (à la prochaine réunion, par exemple).
Il est important de comprendre, si vous observez que le conflit ne se résout pas et que vous ne vous sentez pas mieux, que la solution choisie n’était pas celle qui convenait. Après avoir identifié pourquoi le conflit n’est pas résolu, repassez par les étapes de résolution de conflit, pour en trouver une nouvelle.
Agir plutôt que réagir
Pour faire preuve de discernement quant à l’appartenance du problème et aux solutions qui peuvent être proposées, il est important de ne pas se laisser envahir par ses propres émotions. Tu risquerais de prendre des décisions irréfléchies et disproportionnées sur le coup de la colère, qui pourraient nuire à la relation que tu as avec ton Animé. Prendre du recul, c’est assurer une objectivité et se mettre dans une position de communication en faveur d’une solution adéquate.
Quelques conseils :
Pour t’aider à prendre du recul, tu peux : 1. Identifier ton émotion sur le moment (te parler à toimême : « OK, là, je suis énervé »). 2. Faire clairement le lien entre ton émotion et le comportement de l’Animé et pas l’Animé en lui-même. 3. Ne pas hésiter à t’isoler, en exprimant clairement que tu éprouves le besoin de réfléchir un peu avant d’aborder la situation. 4. En parler avec ton Staff ou à une personne extérieure à la situation. 5. Faire quelques exercices de respiration, voire des exercices sportifs pour évacuer le sentiment négatif.
La Carte d’empathie :
Cette technique te permet de te mettre à la place de l’autre. Pour t’aider à prendre du recul et comprendre ce que vit ton Animé, tu peux dessiner un schéma, comme représenté ici, dont le centre est ton Animé. Il s’agit de répondre aux différentes questions pour obtenir un tableau plus large de ce que peut vivre ton Animé, et ainsi mieux comprendre ses réactions. Que pense/ressent-il ?
Que voit-il ? Qu’entend-il ?
Que dit-il ? / Que fait-il ? Que pense-t-il gagner en se comportant de la sorte ? Que craint-il ? De quoi souffre-t-il ?
Cet exercice est intéressant à faire en Staff, pour étendre la perspective autour de l’Animé et pour que toute l’équipe soit sur la même longueur d’onde vis-à-vis de ce dernier. Attention cependant à ne pas s’en servir pour coller une étiquette au jeune !