partenaires Depuis mars 2021, les acteurs financiers doivent se conformer à un nouveau règlement européen (« Sustainable Finance Disclosure Regulation » ou SFRD) régulant la divulgation d’informations durables sur les produits de placement. En particulier, le règlement requiert d’une part de divulguer aux investisseurs les politiques mises en place en termes de gestion des risques environnementaux (E), sociaux (S) et de gouvernance (G) – les critères ESG - sur les performances de leurs investissements et d’autre part, de déclarer les politiques mises en place pour limiter les impacts néfastes de leurs investissements sur le capital humain et les ressources naturelles de notre société. Dans une deuxième phase, ces acteurs financiers devront reporter des indicateurs quantitatifs afin de mesurer ces risques et impacts. Le secteur financier a accéléré sa transition afin de contribuer au plan d’action de l’Europe visant à rediriger les capitaux vers des projets durables permettant notamment la neutralité carbone en 2050. Un des grands challenges pour le secteur est de pouvoir mesurer le caractère durable de leurs investissements, ce qui nécessite l’accès à des données relatives à l’empreinte carbone des entreprises, leurs politiques sociales et de gouvernance. De nombreuses agences se sont spécialisées dans la production de ce type d’informations, agrégées sous la forme de ratings « ESG ». Le professeur Marie Lambert et son équipe étudient la valeur informative de ces ratings ou scores « ESG » pour la prise de décision d’investissements ainsi que la performance financière et les risques des stratégies d’investissements durables. L’assureur Ethias a décidé de soutenir le développement de ses recherches. Nous avons rencontré Marie Lambert (Professeur de Finance à HEC Liège, ULiège), Bertrand Bernier (responsable de l’Asset Management chez Ethias, Alumni 2002) et Alain Flas (responsable des investissements durables chez Ethias, Alumni 1995), afin de nous apporter un éclairage sur l’importance de ce partenariat de recherche.
Quels sont les enjeux en termes de durabilité pour la recherche scientifique en Finance ? MARIE LAMBERT : Les modèles classiques d’évaluation des actifs financiers reposent sur l’hypothèse selon laquelle les investisseurs ont des préférences homogènes. Par exemple, la théorie suppose que les investisseurs demandent tous une compensation financière pour prendre des risques. Actuellement, on observe des préférences hétérogènes des investisseurs pour la prise en compte des informations durables ou critères E-S-G dans les décisions d’investissement. Ceci crée des inefficiences dans les modèles d’évaluation des actifs et par conséquence une mauvaise intégration des informations durables par les investisseurs. Pour rétablir l'équilibre, il faut comprendre le contenu informatif des systèmes de notation, la « matérialité » de ces informations pour les prix des actifs financiers et les préférences des investisseurs pour les produits d’investissements durables. Ceci permettra d’assurer une adéquation entre les investissements et leur profil de risque et de préférence.
« La collaboration de mon équipe avec Ethias nous permet de mieux comprendre la réalité de terrain et les besoins et contraintes du secteur financier. Ceci permet de contextualiser nos recherches et d’avoir un impact sur les pratiques managériales. » MARIE LAMBERT, HEC Liège