NICOLAS COHEN
NICOLAS D’AUDIFFRET
LANCÉ EN DÉCEMBRE 2008 PAR UN TRIO DE JEUNES ENTREPRENEURS (PAGE DE GAUCHE), A LITTLE MARKET FÉDÈRE UNE IMPORTANTE COMMUNAUTÉ D’ARTISANS ET DE CRÉATEURS.
LOÏC DUVERNAY
DES CRÉATEURS BLEU-BLANC-ROUGE QUI BOUSCULENT LE COMMERCE EN LIGNE Hélène Martinez
— LE SITE ALITTLEMARKET.COM PERMET D’ACHETER EN LIGNE PRÈS D’UN MILLION ET DEMI DE CRÉATIONS D’ARTISTES ET D’ARTISANS DE LA FRANCE ENTIÈRE. LE SUCCÈS DE LA PLATEFORME ET SON EXPANSION DANS LES SECTEURS DE LA MERCERIE ET DE L’ÉPICERIE TRADUISENT L’ATTRAIT DES FRANÇAIS POUR LES PRODUITS ARTISANAUX ET NATIONAUX. UN MARCHÉ PORTEUR EN PASSE DE DEVENIR UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ. —
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« MADE IN FRANCE » Les vendeurs et les acheteurs se bousculent pour adhérer au concept. Leur enthousiasme incite le trio à renoncer à ses activités professionnelles pour s’investir pleinement dans le
développement de la start-up. Chaque année, la croissance dépasse 100 %. Le site enregistre aujourd’hui 2 millions de visites par mois et accueille chaque jour de 40 à 80 nouveaux créateurs. La vague politique et médiatique du made in France vient soutenir le concept, qui a pourtant quatre ans d’avance sur celle-ci. Mais ses fondateurs mesurent aussi l’inclination des consommateurs à donner du sens à leurs achats. « Nous observons une tendance de fond présente en France depuis des années mais pas toujours évidente à mettre en pratique pour le consommateur. Nous répondons à cette attente en informant l’internaute sur l’origine du produit et son créateur.
« LES MICROENTREPRISES ET LES ARTISANS REPRÉSENTENT L’AVENIR DE LA PRODUCTION FRANÇAISE. LEURS PRODUITS ONT UNE ÂME, UNE ORIGINALITÉ QU’IL EST IMPOSSIBLE D’IMITER OU MÊME D’IMPORTER. »
© SOPHIE LEPERT/A LITTLE MARKET
sur une plateforme d’e-commerce. Ensemble, ils lancent l’aventure A Little Market. Très vite, ils sollicitent Loïc Duvernay pour réaliser un audit. Celui qu’on appelle Super Loïc est programmeur depuis près de vingt ans. Il rejoint finalement le binôme pour prendre les rênes du projet. Il assume aujourd’hui le rôle de directeur technique de la plateforme, mise en ligne en 2008.
© SOPHIE LEPERT/A LITTLE MARKET
Un jour de 2007, dans le Sud-Ouest de la France, Nicolas et Nicolas rencontrent Igor. Le premier, Nicolas Cohen, mène alors une carrière dans l’industrie à la suite d’une formation d’ingénieur à l’École des arts et métiers et entrepreneuriale à HEC. Le second, Nicolas d’Audiffret, diplômé de l’ESCP Europe, exerce dans un cabinet de conseil en stratégie entre Paris et San Francisco. Tous deux nourrissent l’ambition de bâtir un projet d’entreprise sociale. Igor Gaignault, artisan spécialisé dans les arts de la table et le travail de l’ardoise, leur exprime son aversion pour le versant commercial de son métier. Cela inspire une idée au deux Nicolas. Il existe en France des milliers d’artisans comme Igor. Ils ont de l’or dans les mains mais pas forcément dans les poches. Ils ont le talent artistique mais pas nécessairement la fibre commerciale. Ils existent dans toutes les régions de France mais sont parfois éloignés de leurs prospects. Les futurs associés flairent le potentiel d’Internet pour la diffusion et la distribution de ces créations artisanales. Ainsi naît l’envie de rassembler artistes et artisans
L’essor de la plateforme est proportionnel à l’engouement des Français pour le made in France », précise Nicolas d’Audiffret. A Little Market facilite ainsi la vente pour les 63 000 créateurs qu’elle représente aujourd’hui, et ne prend que 5 % de commission sur chaque vente contre 60 % chez un distributeur traditionnel. Les vendeurs affichent ainsi des prix convenables. Et le public en bénéficie directement. Les entrepreneurs allouent une importance toute particulière au lien social. Dans l’univers déshumanisé du web, ils favorisent l’échange entre les créateurs et leurs clients via une messagerie interne dynamique. WE DEMAIN INITIATIVE
A Little Market se refuse à investir dans une campagne marketing classique. « Le bien-être de nos membres – au nombre de 450 000 – est le meilleur des marketings », assure Nicolas d’Audiffret. C’est précisément la tâche qui incombe à l’équipe « bien-être et loyauté » – comprenez service client – : veiller à la satisfaction de la communauté, entretenir une proximité entre ses membres. Depuis 2009, plusieurs événements ont été organisés. En juin 2013, la 3e édition des Journées du fait main a rassemblé plus de 100 événements à travers la France le temps d’un week-end : des ventes, des expositions, des ateliers
et des démonstrations avec les créateurs. Le but : revaloriser l’artisanat et le savoir-faire français. En décembre prochain, le premier Noël des créateurs aura lieu partout dans l’Hexagone sur le même principe d’exposition et de vente de créations locales. A Little Market est enfin à l’initiative du Tremplin des créateurs, premier concours visant à élire sur Internet les meilleurs créateurs de France dans les domaines de la décoration, des bijoux, de la mode et des accessoires. Les vainqueurs sont récompensés par des prix leur permettant de gagner en visibilité. « DO IT YOURSELF » En cinq ans, A Little Market s’est imposé sur le web. Conscients des valeurs positives véhiculées par ce mode de consommation alternatif en plein essor, les fondateurs déclinent la formule. En 2010, A Little Mercerie lance la vente d’articles de confection aux créateurs amateurs et professionnels. Avec 12 000 vendeurs et 474 000 références, le site atteste aujourd’hui un changement des comportements et la vogue du « do it yourself ». Le secteur alimentaire connaît également des mutations ? A Little Épicerie propose depuis mars 2013 l’achat de produits du terroir directement auprès des producteurs, favorisant les circuits courts. Nicolas d’Audiffret en est convaincu : « Les microentreprises et les artisans représentent l’avenir de la production française. Ils n’entrent pas en concurrence avec les pays fabriquant à moindre coût. Leurs produits ont une âme, une originalité qu’il est impossible d’imiter ou même d’importer. Notre rôle est de développer ce type de consommation. » u 45