TPFE / Diplome de paysage / Landscape Architecture Diploma

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TOPOGRAPHIE DES FRONTIÈRES

Héloïse Chaigne Travail Personnel de Fin d’Étude - 2008 / 2012 École Supérieure Nationale de Paysage Versailles - Marseille encadré par Esther Salmona, paysagiste DPLG



topographie des FRONTIÈRES

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topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

SOMMAIRE

danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture paradoxe logique de la fermeture

FRONTIÈRES

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

extension urbaine objet architectural

mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 5


topographie des FRONTIÈRES

INTRODUCTION

« D’où vient cette fascination pour les paysages de la désolation, pour les lieux de la destruction, pour la ruine, cette obsession de la frontière, qui mène sur ce parcours en dents-de-scie, obligeant à contourner les îlots, à s’engouffrer dans des rues tronquées, à se heurter sans cesse aux barricades à la recherche de la limite ? D’où vient cette curiosité qui nous pousse à gravir les hauteurs pour percevoir l’entre-deux, pour voir l’autre côté, cette envie de pénétrer dans l’espace interdit? Comment décrire l’émotion de découvrir les friches du Mur dans l’hiver berlinois ? » « Nicosie, la ville déchirée, entre mémoire et oubli », GRICHTING Anna [in]« Hostilité », Faces, Genève, n°56, 2004

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Image de couverture extraite de la scène de fin du film «The Pilgrim», de Charlie Chaplin, 1923.


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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture paradoxe logique de la fermeture

FRONTIÈRES

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

extension urbaine objet architectural

mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 7


topographie des FRONTIÈRES

« Naissance d’une carte. Lorsqu’elles sont imprimées, les cartes politiques du monde - celles qui figurent les complexes réseaux de lignes symbolisant les frontières - apparaissent aux yeux du public comme des représentations admises par tous. Elles donnent l’illusion d’un monde parfaitement découpé en unités de vie, en régions ou en pays. Elles ont l’air harmonieuses. Elles ont cette particularité paradoxale de séparer et regrouper les hommes. Ces cartes donnent aux frontières un caractère définitif, indélébile qui trompe le public sur ce qu’elles sont vraiment. Elles s’inscrivent dans le paysage de manière dramatiquement contrastée : soit elles se dressent en barrières épaisses et infranchissables, soit elles n’existent pas... Ce ne sont que des lignes virtuelles. Elles se meuvent dans le temps et dans l’espace quand l’histoire bouscule le monde. C’est pourquoi nous présentons ici des esquisses plutôt que des cartes finalisées. Lors des grands découpages contemporains, du Congrès de Vienne à Yalta, des générations de diplomates ont gribouillé, dessiné à la main maintes esquisses malhabiles, imparfaites, pour tenter de trouver les tracés frontaliers qui leur étaient le plus favorable. L’esquisse préfigure la carte, permet d’exprimer plus librement mais plus subjectivement le caractère incertain ou temporaire de ces lignes de partage et la diversité de leur statut : il y a aussi des «murs» dans les têtes, des frontières culturelles, symboliques, que seuls les crayons de couleurs arrivent à formellement mettre en valeur. » Philippe Rekacewicz Cartographe http://www.museum-lyon.org/expo_temporaires/frontieres/regard_0.htm

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Ce travail personnel engage une recherche : une exploration du terme «frontière», de sa réalité, une volonté de s’attarder sur les mots, sur la qualification, la définition multiple. Sa première forme est de l’ordre de l’enquête, de l’observation, du témoignage. Il prend racine dans un désir d’engagement, d’accroche à un contexte contemporain politique, culturel, social, mondial. Comment dessine-t-on, définit-on, comprend-on les frontières aujourd’hui ? Peut-on parler de paysage face au conflit ? Que se passe-t-il « au pied du mur » ? Peut-on faire du projet d’aménagement là-bas ? Quelles sont les conditions qui rendent possible ou impossible un projet de paysage là-bas ? L’objectif est de travailler sur la frontière, «sur» au sens géographique, et au sens thématique. Sur le lieu et le thème de la frontière, en allant voir, en expérimentant des lieux références, volontairement extrêmes, pour soulever le sujet de ces « non-lieux », considérés comme exempts de tout projet, et pourtant fantasmés, et pourtant vécus au quotidien. Du fait d’une gouvernance militaire qui rend difficilement accessibles ces lieux (obtention de cartes géographiques, vérifications d’identité, ...), on s’en détourne. Ces lieux deviennent fantômatiques. On les ignore en les disant non habités, non pratiqués, des lieux où la vie n’existerait pas. Ils deviennent de faux no man’s land, où l’on ne projette rien, ni imagination, ni aménagement. Ceux qui s’y intéressent sont engagés politiquement, défendent une cause, ont pris parti. Mais ces lieux sont tout de même toujours des lieux habités : c’est un lieu commun de dire que le mur israëlo-palestinien coupe des villages en deux, les rizières de l’île de Ganghwa en Corée s’arrêtent au pied du grillage, des maisons à Berlin ont été murées pour ne pas donner sur le no man’s land. Comment habite-t-on des lieux que l’on considère comme invivables ? Ne peut-on pas simplement les considérer, les observer, les vivre, puis peut-être les aménager, tout en étant pacifique et neutre ? Ce travail questionne en filigrane le rôle de l’observation et de la description. Bien qu’il s’agisse majoritairement de description factuelles, de comptes-rendus, il y a dans l’action de décrire des choix qui s’opèrent. La formulation, l’intérêt, l’attention portés sur certaines choses, et, partant, le délaissement d’autres, est une première forme de parti, et la position d’un regard et d’une subjectivité.

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L I M I T E B L E S S U R E FRANCHISSEMENT PORTE PONT ÉCHANGE D É M A R C AT I O N CLÔTURE BARRIÈRE S É P A R A T I O N LIGNEFRACTURE FISSURE DÉLIMITATION SEUIL BORNE PASSAGE RUPTURE CICATRICE MURAILLE DÉCHIRURE CONFINS REMPART MUR ÉTRANGER FRONT LISIÈRE TROU BORDURE topographie des FRONTIÈRES

TOPOGRAPHIE : n. f. Est emprunté (v. 1489, écrit topografie) au grec topographia, de topoet graphia-( —› graphie), « description d un l eu, d’un pays ». Le mot, devenu elativement usuel, désigne la description ou la carte détaillée d’un lieu, et, dans la rhétorique traditionnelle, la figure consistant en la description détaillée d’un lieu (1765). Le sens cartographique précis et technique de «représentation de la configuration des terrains» (1845) est devenu le plus cou ant. TERRITOIRE : n. m est emprunté (1278, terretoire), avec adaptation du suffixe, au latin class que territorium «étendue sur laquelle vit un groupe humain» et, en latin chrét en, «pays, paysage», dérivé de terra ( — terre) et dont une forme altérée est terroir.

TERRAIN : n. m. est issu (v 1155) du latin terrarium, neutre substantivé de l’adjectif terrenus «formé de terre», «qui a rapport à la terre», de terra ( —› terre). La forme française terrain, attestée dès les premiers textes e t due à une substitution du suff xe, alors que l’ita ien et l’espagnol ont terreno, l’ancien provençal terren : au XVII° s., on a tenté (Vaugelas, Richelet, l’Académie) de restituer l’orthographe étymologique de terrein que Littré préférait, mais en vain. REY, Alain, dir. Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 2010

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Définir le terme frontière semble une tâche bien trop complexe. La frontière a de multiples formes. En premier lieu, on la considère comme étant la limite entre deux états, pays, territoires. Elle a donc pour objectif de séparer, ou du moins de distinguer deux entités. Alors, elle peut être naturelle (un fleuve) ou décidée par convention (sur une carte), physique ou virtuelle. Dès qu’on s’y intéresse on aborde des questions politiques, géographiques, économiques, mais elle prend aussi des formes moins conventionnelles : sociales, culturelles, religieuses, ... Ce qui m’intéresse c’est sa qualité de brisure, de différence, d’écart. Le paysage est quelque chose de continu, le sol serait une peau,unesurfaceentière/intègrebriséeparlafrontière.D’unpointdevueabstrait,lafrontièrem’intéressepourlaquestionde la représentation qu’elle pose : géographie, éléments de paysage qui disent «vous avez traversé». Vaste thème, la frontière m’évoque le dedans et le dehors (le Jardin d’Eden enclos derrière ses enceintes, les «vieilles villes»), l’immatériel des lignes cartographiées, la peau (comme surface continue, comme l’endroit de la médiation), le voyage (Hermès, l’immigration), et l’étrange... Lafrontièreposeégalementlaquestiondelatraversée,etdoncdesamatérialisation,lepont,leseuil.Lesgensquilatraversent la connaissent, savent la repérer et la situer dans un plus large contexte. Elle pose aussi la question de la mémoire, de la société, et de la culture : chez soi, «home», ou chez l’autre, l’étranger. Comment partage-t-on un paysage, un terrain? Comment le retrouve-t-on ou s’en sépare-t-on ? Les frontières qui m’intéressent ici sont d’une nature particulière. Il ne s’agit pas des frontières naturelles, il s’agira toujours de frontières spatiales construites par l’homme. Il ne s’agit pas non plus de frontières conventionnelles (le mur israëlo-palestinien n’est pas une frontière entre 2 états, c’est un dispositifde sécurité). Plus précisément,je me suis intéressée aux murs. Cette matérialisation de la frontière touche de près le paysage : physiquement, par une rupture brutale ; humainement, par la division, l’éloignement ; économiquement par leur coût ( Wendy Browns dans «Murs», à propos de la frontière mexique-Etats-Unis : « le coût global de l’achèvement et de l’entretien de la barrière pourrait s’élever à 60 milliards de $ sur 25 ans, et ce chiffre exclut la main d’oeuvre rémunérée par l’Etat fédéral ainsi que le paiement des propriétaires privés dont la terre est utilisée pour construire la barrière ou la surveiller ».) Il y a toujours une ambivalence dans le terme : c’est le dedans-dehors, la peur et la curiosité, le connu et l’inconnu, le chez moi et l’étranger (le barbare), etc. C’est ce qui marque pour moi la différence entre terrain et territoire. Qu’est ce qui est en oeuvre dans le sentiment de chez soi, d’appartenance à un lieu, de « propre » ? Quelle est cette forme immatérielle de limite, de frontière, qui fait que l’on s’attache à un endroit, qui de terrain devient notre territoire? Quand les Palestiniens ont fui vers la Jordanie, une destruction massive des oliviers pour planter des forêts de pins a été mise en place. Il s’agissait d’une part de se recréér un territoire (pour les Israëliens ) de le faire correspondre aux descriptionx de la terre sainte dans les livres saints, d’autre part on dit aussi que c’était un processus de déterritorialisation des Palestiniens, dans le sens où le paysage qu’ils connaissaient a été transformé. Leur territoire est redevenu un terrain. Avec les oliviers ont disparu la connaissance et l’affect d’un lieu qui leur était propre.

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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture paradoxe logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

extension urbaine objet architectural

mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 13


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« N O WA L K , N O W O R K » MÉTHODE méthode : méta - hodos chemin qui mène au but, le chemin suivi

«Marcher, c’est manquer de lieu. C’est le procès indéfini d’être absent et en quête d’un propre. L’errance que mutiplie et rassemble la ville en fait une immense expérience sociale de la privation de lieu – une expérience, il est vrai ; effritée en déportations innombrables et infimes (déplacements et marches), compensée par les relations et les croisements de ces exodes qui font entrelacs, créant un tissu urbain, et placée sous le signe de ce qui devrait être, enfin, le lieu, mais n’est qu’un nom, la Ville.» DE CERTEAU Michel, L’invention du quotidien, tome 1, Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990.

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Irlande - Août 2007 - «Chroniques des sentiers»


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Ce travail se trouve à la rencontre de deux intérêts. D’une part une volonté d’engagement, une forme de résistance peut-être, d’autre part une pratique de la marche et du voyage. Sans entrer dans des considérations personnelles sur mon goût pour le voyage, l’étranger m’intéresse pour ce qu’il offre comme nouvelles saveurs gustatives et spatiales. La marche constitue donc mon moyen privilégié de voyager. Comme le dit Hamish Fulton, «no walk, no work.» Associée à une pratique de l’écriture, la marche est une forme de description du lieu, à travers laquelle s’opèrent déjà des choix, inconscients ou conscients. La marche ici pratiquée n’a pas de protocole, ou a justement pour protocole l’entorse. Le droit au détour, le droit à l’abandon, le droit à la curiosité. Se crée alors un rapport de force entre le site, la carte et le marcheur. L’itinéraire dessiné au départ, car il a été prévu, n’est évidemment pas suivi. Comme le dit Thierry Davila, dans «Marcher, créer : déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle», ( Paris, Éd. du Regard, 2002, 191 p. ) la marche permet d’avoir « une vision détaillée de la ville qui implique que sa signification profonde soit déposée dans ce qui est fragmentaire, brisé, broyé, en charpie, échoué, que le contexte urbain ne se donne dans toute sa singularité qu’à partir du moment où il est en morceaux, dans ses traits – jets, pointes, saillies – en apparence les plus dérisoires et supposés négligeables, dont on s’aperçoit, pourtant, qu’ils peuvent cristalliser le rythme de la ville, le révéler, dont on se rend compte qu’ils en traduisent les humeurs.» La marche est tout simplement le moment de l’expérience du lieu. En plus de l’observation, du ressenti, l’expérience de soi-même dans l’espace donne existence à cet espace. Comme si, sans qu’on y ait mis les pieds ; le lieu n’existait pas, ou seulement sous une forme fantasmée. Il restera de l’imaginaire à l’espace, il ne s’agit pas de le vider, mais de le construire, de lui donner une substance. C’est aussi une forme de mesure : mesure par le pas, mesure par le regard. « [...] ce sont les relations que vivent les habitants avec leur habitat qui créent l’habitat proprement dit. « Le tourisme est non seulement fait de rites et de cérémonies collectives. […] qui manifestent son tribalisme, mais il présuppose encore […] un imaginaire de l’espace. […] Il transporte aussi avec lui une vision du monde, une façon de voir, un code de perception à partir duquel il interprète les espaces.» (Jean-Didier Urbain, L’idiot du voyage. Histoires de touristes, Paris : Payot, 1991, p.145.) Comment le récit, et donc la spatialité du personnage, crée-t-elle de l’espace ? [...] Dans un premier temps, le protagoniste définit des lieux qui sont comme des repères pour lui ou pour la société à laquelle il appartient. Dans un deuxième temps, ses lieux [celui du héros n.d.r.] sont mis en images et en récit et vêtu [sic] d’une substance qui leur donne du sens. Cette deuxième phase est une phase identificatoire. Le héros, à travers le rapport qui le lie aux lieux de sa vie, tisse les premiers éléments d’une spatialité qui l’unit à un espace plus vaste auquel appartiennent ces lieux. La troisième et dernière phase fixe des limites, fluctuantes et temporaires. Ces limites définissent un territoire balisé par les différents lieux déjà décrits. » http://lta.hypotheses.org/235 , sur Mon voyage dans la maison de Florie Saint-Val, 9 avril 2012, Christophe Meunier

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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture paradoxe logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

extension urbaine objet architectural

mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 17


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T R O I S V O YA G E S

Jérusalem - Béthléhem Israël - Palestine Moyen-Orient

Berlin Allemagne Europe

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Corées Asie


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Voir annexes 1 à 6: ces six livrets proposent une courte série de face-à-face. Corée-s, Asie : la DMZ, De-Militarized Zone, est une frontière assez médiatique. Épaisse d’environ 4 km, elle coupe la Corée en 2. Souvent on parle de «frères séparés», on dit aussi que dans chaque film coréen est représenté cette blessure. Son épaisseur est donc un no man’s land, où peu de gens peuvent mettre les pieds. Y a alors poussé une végétation qu’on dit luxuriante, et lorsqu’on se laisse rêver à une réunification, on la présente comme un magnigique parc de la paix. Autour de cette image se sont implantés des «observatoires» qui servent plus à regarder la Corée du Nord qu’à documenter cette richesse biologique. Des infrastructures assez touristiques contrastent fort avec la gravité d’un paysage de nature sauvage enclos derrière des barbelés. Après un communiqué en 2005 sur les bénéfices rapportés par les visites organisées de Panmunjeon, la Corée du Nord a réclamé son dû. «We won’t give them money, it’s our territory!» dit un guide. Jérusalem - Bethléem, Israël - Palestine, Moyen-Orient : le mur israëlo-palestinien est sans doute avec le mur mexicanoaméricain le plus connu. Le terme exact est «dispositif de sécurité». Construit aux 2/3, encore discontinu, il n’est pas une frontière, car il ne sépare pas Israël de la Cisjordanie. Plus à l’est que le tracé de la «ligne verte», il coupe la plupart du temps deux zones palestiniennes. De chaque côté du mur, on trouve des enclaves : des colons israëliens en Palestine, des Palestiniens en Israël. Il est déjà difficile de définir dans les mots où se situent ces «territoires» : on parle de Cisjordanie, de Palestine, de territoires palestiniens. Au delà de cette structure, c’est bien sûr des contrôles qui sont mis en place : check-point, routes coupées, zones fermées, qui régulent les mouvements palestiniens., séparant les espaces de vie des Israëliens et des Palestiniens. L’objet mur est une surface que l’on s’approprie, à défaut de s’approprier les terres à ses pieds. Berlin, Allemagne, Europe : la frontière de Berlin est une frontière qui n’agit plus comme frontière active. Quand le mur de Berlin , symbole de la guerre froide, est tombé en 1989, rares étaient les voix qui parlaient de commémoration, de sauvegarde de la mémoire. Dans les années 2000, les mentalités ont changé, faisant se développer les projets. Berlin n’est plus un archipel aujourd’hui, tout est relié. Berlin-Ouest, appelé « l’île en mer rouge», était un petit territoire à l’intérieur d’un plus grand. Que reste-t-il de cette séparation ? On dit que la différence entre l’Est et l’Ouest se voit encore aujourd’hui. La mémoire a plusieurs formes, de la trace dans le sol aux habitudes immatérielles. Garder une trace, scénographier le devoir de mémoire fait appel à des compétences différentes. L’Histoire sera représentée par des mémoriaux scientifiques, pédagogiques, les anecdotes, les histoires quotidiennes seront matérialisées par d’autres formes de sculptures qui feront plus appel à l’émotion, à l’affect. Mais l’épaisseur de la frontière se trouve difficilement pour une étrangère et il ne reste que le Mur comme objet auquel s’accrocher. Dès lors, la question des frontières se déplace, et devient celle des frontières ordinaire. Pour Berlin se pose la question de la centralité, au même titre que d’autres capitales européennes. 19


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Annexes 1 à 6 ; livrets textes et photographies voir p. 142 - 143 pour l’annexe 4 et p. 68 à 87 pour l’annexe 6. 20


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Couvertures des livrets, photographies. 21


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Annexe 1 ; livret photos Jérusalem - Bethléem.

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Annexe 2 ; livret photos Corée.

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J’ai récupéré une brochure concernant la ligne : volontaires envers la Corée du Nord (ils ne sont qu’un seul peuple séparé), avec l’envie de réunification (qui décline peut-être vu les conséquences et les difficultés que cela amènerait - car la Corée du Nord est vraiment en retard), les Coréens du Sud ont aménagé beaucoup de points visitables et accessibles (majoritairement des observatoires). Tout le problème est d’y accéder. Aujourd’hui, le 8 septembre, on est allé a l’observatoire d’Odusan, proche de Séoul, à l’ouest. Il a fallu prendre un train de Séoul jusqu’à Geumchun (50 min) puis un bus sans indication en anglais (40 min). Il y a bien une carte touristique aux arrêts de bus qui localise les sites et indique les numéros des bus qu’il faut prendre. Dans le bus, on a regardé les panneaux routiers pour se repérer et s’arrêter au bon endroit, on a raté le 1er arrêt. J’observais aussi le paysage avec attention, je cherchais des traces de cette frontière, ou des traces de la guerre peut-être même, mais je n’ai rien vu. On voit de loin l’observatoire, sur le point culminant du coteau, et le drapeau coréen qui se voit de loin. Arrivés là-bas, on a marché pendant une bonne demi heure sous une allée de platanes, encadrés par des restos de bords de routes et des hôtels tous roses et lumineux et brillants (pour les militaires ou les sportifs ? il y a l’entraînement de l’équipe nationale de foot en face) puis on arrive à une pente bitumée sur notre droite, qui remonte sur le coteau, grillagée, avec une porte entrouverte et pour seule indication «unification observatory walker road» et «vehicle road 500 m». On entre, et on monte, et on continue à marcher pendant 30 minutes sans rien voir, sans être trop sûrs d’où nous sommes. Finalement cela se dégage, on passe un point et on voit le fond de la vallée à l’ouest et le fleuve au nord, et un groupe de militaire au bout d’un moment. J’ai eu un moment d’inquiétude « va-t-on pouvoir passer ? » mais c’est anecdotique et ils en voient des tas de visiteurs, ce sont des jeunes et ils rigolent de nous voir tout monter à pied (on doit bien être les seuls à faire ça). Déjà de là, on peut voir la structure militaire se dessiner le long du fleuve, et on la verra encore mieux d’en haut. La DMZ ici, c’est l’eau, 300 mètres au plus court et 4000 au plus large. On a un film sur la Corée du Nord à regarder, qui nous explique en quoi, à partir des images que l’on a d’ici de la Corée du Nord on peut voir qu’ils sont très pauvres et en difficulté (carence en bois, bâtiments non finis...). La route en Corée du sud doit passer à 300 mètres de la barrière. D’en haut avec les jumelles on peut regarder les militaires. C’est un observatoire que les gens viennent voir, mais je n’ai pas encore réussi à savoir pourquoi. J’ai posé des questions et pris la carte de visite d’un industriel qui parlait anglais, mais il m’a surtout redit ce que j’avais vu dans le film.

Annexe 5 ; livret textes Corée.

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Le 9 septembre, on est allé à l’observatoire de l’île de Gangwha. Il a fallu prendre un bus depuis Séoul puis une fois là-bas un bus jusqu’à l’observatoire. Cette fois pendant le trajet on sent bien que l’on s’approche d’une limite : la présence des militaires se fait beaucoup plus fréquente, installations, barbelés, camions, postes de contrôles, etc. Sur l’île aussi on les voit de temps en temps, mais aucune tension une fois de plus. Les gens sont calmes et tout à fait obligeants, comme d’habitude. C’est la première fois que j’ai l’impression de véritablement sortir de Séoul et de voir la campagne, et ce sont majoritairement des rizières autour de nous. À l’observatoire, on se fait guider par un coréen très aimable qui tente de nous expliquer tout en anglais : on lui pose quelques questions, il nous montre et nous raconte plus ou moins les mêmes choses qu’au premier observatoire (la difficulté de la réunification, la pauvreté de la Corée du Nord, le manque d’effort du gouvernement de Corée du Nord, le prix Nobel de la paix en 2007 du premier ministre coréen pour avoir serré la main de Kim Jong Il...). Il y a quelque chose que je ne saisis pas très bien encore, c’est l’objectif de ces observatoires. Le statut quo est tel que tout semble neutre, pas de tension ni d’effort, mais pourtant, les coréens du sud viennent voir la Corée du Nord, mais peu ont de la familleoudesamis,etpeuyvoientunespoirouunrêve,celaressembleplusàuneoccasion de comparer, je dis ca sans mauvaise pensée ni jugement. Je poserai la question plus tard. Cette île est située à 67 km de Séoul, c’est en fait apparemment, historiquement, un point stratégique militaire : qui la possède peut accéder très facilement à la baie de Séoul. Pendant nos trajets en bus on a vu la DMZ, encore une fois la route s’en approche de très près, elle longe toute la côte de l’île et se termine au niveau d’un pont. Le long de la côte, on va essayer de la suivre, les rizières sont traversables par des petites voies en béton qui nous amènent au pied du barbelé : une rangée de grillage haute de 5 mètres qui se termine en Y avec des barbelés sur le dessus, 3 mètres de largeur jusqu’à un autre grillage de 2 m de haut. Derrière, les berges de la rivière Han, devant, au bas du talus, les rizières. Le plat devant la ligne est piéton, les soldats font des rondes apparemment, nous les suivons, on monte un escalier en béton et fer à béton pour se retrouver nez à nez avec un poste militaire où les deux jeunes ne nous voient d’abord pas. Je m’avance nettement dans l’espace ouvert jusqu’à ce qu’ils me remarquent, leur demande si l’on peut continuer à marcher, ils sont surpris de nous voir ici et nous disent qu’on n’a pas le droit d’être là. En bas, le calme est agréable, le ciel est dégagé, j’entends les oiseaux, les grillons et vois, derrière les rangées de barbelés, derrière la rivière, les montagnes pelées rouges orangées et vertes de la Corée du Nord, qui n’est vraiment pas très loin. Ici et à Odusan, c’est la rivière qui fait l’épaisseur de la DMZ. J’ai hâte de voir comment cela sera en épaisseur terrestre. La chose à laquelle je pense en ce moment, c’est l’image des Coréens du Nord. Peu à peu, avec le temps qui passe sur le conflit, le peu d’informations sur eux, leurs villes etc., je les perçois cet endroit comme magique, presque. Il y a pour moi une part très forte d’imaginaire et de projection dans cette limite : tout est étrange, étranger, inconnu là-bas. Je ne sais pas sur quoi me baser pour imaginer cet endroit, ce territoire, ces gens. Je n’ai pas de référence


topographie des FRONTIÈRES

Les 12 et 13 on a décidé de partir en voiture de l’est de la Corée pour revenir vers le centre et longer la frontière en s’arrêtant aux différents postes accessibles. En fait, il y a un certain nombre de sites qui sont accessibles, mais uniquement par voiture, donc obligation de location. La DMZ a une épaisseur qui varie entre 2 et 4 km mais surtout une onde de répercussion, puisque avant de l’atteindre on doit entrer dans la CCL (Civilian Controled Line) qui est investie par des postes militaires. Comme la Corée est un pays en guerre, le service militaire est obligatoire pour les jeunes (garçons uniquement) entre 18 et 20 ans, et c’est donc eux que l’on a majoritairement croisés. Le premier observatoire, Goseon, est complètement sur la côte, à l’est. Pour y accéder, il faut s’inscrire 15 km avant à un poste qui prend en note la plaque d’immatriculation et donne un laisser passer. Ensuite, il s’agit de suivre une route où l’on croise des camions militaires, parfois même une demi douzaine de tanks, passer un poste. L’observatoire est assez différent de ceux de l’ouest : aucune information sur place. L’endroit est extrêmement bizarre, avec un parking sur lequel un ancien wagon reconverti en restaurant diffuse de la musique pop très fort. En montant on accède à une plate-forme avec des lunettes et jumelles mais aucune carte. Cet observatoire est connu car il donne un lien visuel avec des montagnes sacrées pour tous les coréens mais situées en Corée du Nord. À part ça, de part et d’autre du bâtiment on voit un bouddha, une vierge, une église et un temple tournés vers la Corée du Nord. Une route et une voie de chemin de fer traversent nord-sud, je m’enregistre décrivant tout ce que je vois, j’essaye d’aller partout, je prends un chemin qui va vers la plage, inaccessible à cause des barbelés, je vois que la ligne de train est en fait encastrée entre 2 rangées de barbelés. Tout le long de la plage, des postes militaires sont installés. Sur le chemin du retour on visite le musée de la DMZ qui se présente comme ayant des explications sur la richesse de la DMZ («Dream Making Zone»). Je serai légèrement déçue, après une grande partie sur l’histoire de la guerre , une mini salle présente quelques images des espèces que l’on trouve dans la DMZ. Aucune information scientifique. On poursuit notre route pour aller vers l’observatoire d’Euluji, qui sera le plus difficile à atteindre et le plus restreint. C’est une base militaire pour les jeunes, il faut passer 3 contrôles différents (mais on n’aura jamais de problème) et ne pas prendre de photos. À l’observatoire, on voit un plan et une vidéo en direct d’un poste militaire nord coréen et 2 militaires nous expliquent la situation géographique et politique. Je récupère leur document en anglais, qui me fait rire puisqu’ils parlent des Coréens du nord avec un peu de moquerie. Ils doivent partir et le poste ferme et c’est tout, et l’on doit repartir. Sur le chemin du retour on s’arrête alors qu’il est 6 h et quelques sur un site éducatif sur la biodiversité en lien avec la DMZ. Je récupère un prospectus et l’adresse mail du gars qui nous explique que moins de 10% de la population sud coréenne est en fait favorable à une réunification. Cet endroit a l’air d’accueillir des classes et des excursions à vocation scientifique dans la DMZ. Annexe 5 ; livret textes Corée.

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Le 13 on va à Cheorwon, qui semble être un pôle important près de la DMZ avec beaucoup de sites à voir, un tunnel d’infiltration, un observatoire, une ancienne station de train et des expos sur la biodiversité. Nous sommes obligés de suivre le chemin avec un guide, nous formons un peloton de 6 voitures qui suivent le guide, qui ne nous racontera rien d’ailleurs. On visite le tunnel avec un groupe de jeunes militaires qui se prennent en photos de groupe devant, l’un deux nous demande d’où l’on vient et rigole, puis nous explique que quasiment aucun coréen ne vient ici. L’observatoire et la station sont juste à côté. De l’observatoire, on voit une vaste étendue verte, avec les montagnes typiques coréennes, beaucoup de végétation, une rivière qui passe mais c’est tout. La station de métro est une toute petite ruine avec un ancien wagon et 25 mètres de rails enherbés, mais un talus maintenant lui fait face. Le quai est toujours là. Je m’imagine les travaux qui ont dû être nécessaires à la mise en place de cette frontière, tous les barbelés, les lignes à installer, les bâtiments à construire et les talus à faire... Je ressortirai assez déçue de ces visites : des lectures que j’ai faites, la DMZ est une frontière très singulière dont la diversité biologique serait synonyme d’espoir, mais cette diversité, on en parle à peine sur place, elle n’est pas montrée, elle est à peine exposée, et très peu documentée. Il faut quand même nuancer que sans le coréen, je manque de beaucoup d’informations. Je ressors de là en ne pensant pas tellement à cette DMZ (que je n’ai vu que de loin) mais plutôt à toutes les terres autours (que je vois un peu comme une onde, une deuxième pellicule). Si la réunification avait lieu un jour, il n’y aurait pas que cette zone centrale à aménager. Il y aurait tout l’autour. Je n’ai qu’un regard unilatéral sur la question, mais en Corée du sud, il y a 15 km au moins d’épaisseur contrôlée par les militaires. Ces terres sont bien sûr actuellement habitées, cultivées, et les gens ne montrent aucune tension, mais les installations militaires sont très présentes. Plusieurs fois sur le GPS on n’est «nulle part», dans le blanc de la carte, une flèche rouge sur du vide, sur une « other road ».


topographie des FRONTIÈRES

La dernière visite, le 20. Pour cette dernière visite, à Panmunjeon, il était obligatoire de se greffer à un circuit guidé. La première chose à dire là dessus et que cette visite est présentée par tout le monde comme la plus choisie par les touristes. Et effectivement, quand on voit le nombre de cars sur les parkings des sites, on comprend. Il parait même qu’un bulletin des news en 2005 aurait amené la Corée du Nord à demander un pourcentage sur ces visites, puisqu’ils sont les constructeurs du tunnel. Notre guide nous dira qu’il n’est pas question de leur donner de l’argent « It’s our territory ». J’ai choisi l’option journée entière qui consistait en : - la matinée : visite du 3ème tunnel d’infiltration, présentation d’un court film sur l’histoire de la guerre et la DMZ, l’observatoire de Dora d’où l’on peut voir le « unification village », habité, dans la partie sud de la DMZ et le village de propagande (vide) dans la partie Nord, avec son porte drapeau de 160 m (record du monde), la gare, projet construit et annulé en 2002 (je crois) d’une ligne de train entre Séoul et Pyongyang - l’après-midi : entrée dans la DMZ, check point, Camp Bonifas et Joint Security Area (salle de réunion et « Pont of no return »), où l’on met d’une certaine manière le pied en Corée du Nord, où l’on voit de près la limite (un petit morceau de béton, une ligne de 10 cm de haut) et des soldats nord-coréens. Faire partie d’un circuit touristique implique de ne rester que quelques instants à chaque endroit, prendre des photos rapidement et en compagnie de 50 autres touristes, et faire beaucoup de bus, en écoutant le discours maintes fois répété des guides. Celui du matin fera le comique et nous parlera des Coréens du Nord avec un peu de mépris, celle de l’après-midi insistera sur l’aspect dangereux de la zone dans laquelle nous nous trouvons et nous racontera plein d’anecdotes de gens morts car prenant des risques inconsidérés pendant la visite. Pourtant, malgré des conditions que je n’apprécie pas tellement, j’apprends plein de choses, et j’apprécie ; je mesure la chance de voir ces sites. Ce ne sont que des points reliés les uns aux autres, et qui n’ont pas forcément beaucoup d’intérêt en soi, mais il y a une certaine importance symbolique. La présence militaire est en plus différente. Ici il ne s’agit plus de soldats en service militaire mais de professionnels. Ici, je crois que je ressens une certaine tension. Je sentais déjà bien sûr la présence de la guerre, mais dans la DMZ, il y a dans le fait de poser le pied sur le 38ème parallèle quelque chose de plus fort. On s’arrête donc peu de temps à chaque endroit, et cela me laisse moyennement le temps de tout observer et de noter. Une fois de plus, et c’est peut être pire que d’habitude vu le peu de temps que l’on passe à chaque endroit, je ne vois pas grand chose. Les observatoires me déçoivent dans l’ensemble, ils ne servent qu’à décrire la Corée du Nord. Pourquoi ne pas montrer la DMZ? Les fameuses zones riches biologiquement ? Les migrations ? Le projet de gare me semble intéressant. Tout autour il a été construit des tas de choses, hangar, bâtiments, pour accueillir du matériel, des gens, de la vie, mais tout est vide. Un projet fantôme. Tout est prêt pourtant là-bas. C’est comique, on voit une photo de Georges W Bush dans cette gare pour l’inauguration, quelques années après avoir parlé de l’axe du mal...

Annexe 5 ; livret textes Corée.

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A l’observatoire, il y a pour la première fois au sol une ligne jaune à 4 mètres du balcon, qui est la limite de prise de photo. On a le droit de regarder à travers les jumelles (toujours moyennant une pièce bien sûr), mais pas de photo. Quand on fait ma taille, cela ne sert à rien de seulement essayer, je n’aurais rien de réussi. D’ici pourtant, on voit très bien la Corée du Nord, et il y a des choses à voir dans cette partie de la DMZ. De ce que j’ai compris, c’est une des parties les plus fines. On voit la limite nord de la DMZ, les barbelés Nord, et je ne les avais pas souvent vus avant. On voit aussi les postes frontières du nord. A l’intérieur de la DMZ, il y a un village habité, d’agriculteurs majoritairement, avec une école primaire. Ces gens sont exemptés d’impôts, mais seulement un enfant par famille a l’autorisation de rester au village et de s’y installer, les autres doivent sortir de la DMZ, car le gouvernement ne veut pas que ce village se développe. Apparemment, les terres autours de la frontière sont particulièrement fertiles. On nous avait déjà montré, un peu plus à l’ouest, les plantations de riz des Nord-Coréens, et on nous reparle de la réputation de ce riz. Avant, au temps des rois, le riz de ces terres était un riz servi à la table du roi, car c’était le meilleur. Encore aujourd’hui, les produits d’ici sont célèbres. Dans les magasins de souvenirs, on peut acheter du vin Nord-coréen de raisin ou de baies, du riz de qualité supérieure, des graines de soja, du ginseng. Le ginseng est d’ailleurs ce que l’on voit de plus cultivé ici, il est célèbre car il nécessite 6 ans de culture et 15 ans de repos pour la terre. Pendant nos trajets en car, on en verra beaucoup dans la zone civile contrôlée, et même dans la partie de la DMZ habitée, ou investie par les hommes. L’après-midi sera majoritairement du car, et nos sorties seront très courtes et très encadrées : 2 par 2, en rang, pas de gestes brusques, pas de salut de la main, pas de levée de bras, pas le droit de pointer du doigt, pas de short, jupe, tongs, faux habits militaires, pas de photos sauf quand on en a l’autorisation, ce qui donne des moments cocasses ou une troupe de 30 personnes mitraillent le même soldat Nord coréen, le même plan, la même image. Les soldats sud coréens serrent les poings très fort, je me demande comment ils font pour tenir. Je n’ai pas parlé du tunnel, car les 2 que j’ai visités m’ont légèrement laissée de marbre. Je n’en ressors pas grand-chose. Pendant le repas, je discute avec les 6 américains qui nous accompagnent. 5 d’entre eux ont travaillé pour l’armée et l’un d’entre eux était même présent en Corée pendant la guerre. Ce tunnel a un sens pour lui, une de ses connaissances y est morte. On ne verra pas certains sites dont j’ai pourtant pas mal entendu parler. Le bridge of freedom sur lequel on peut normalement marcher, l’endroit où les coréens laissent des messages sur le barbelés, ou même le freedom village.


topographie des FRONTIĂˆRES

Annexe 3 ; livret photos Berlin.

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topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 35


topographie des FRONTIÈRES

DE LA PALISSADE À L’ÉCRAN

Wang observa le R.E.M., le rideau électromagnétique, qui s’élevait sur l’autre rive de la Nysa. Les flocons étaient maintenant d’une telle densité qu’il le devinait davantage qu’il ne le voyait. Parsemé de taches brillantes, parcouru de frémissements bleutés, il s’étendait à perte de vue des deux côtés et se perdait dans les nuages. Il était probablement situé à plusieurs kilomètres de la rivière – personne n’osait s’aventurer sur la berge opposée pour vérifier la distance, de peur d’être pulvérisé par un rayon à haute densité – mais il donnait l’impression de se dresser à quelques pas de là. Grand-maman Li prétendait qu’il culminait à plus de dix mille mètres de hauteur et que sa longueur totale avoisinait les trente mille kilomètres. Toujours selon la vieille femme, il avait jailli du sol deux siècles plus tôt, au moment où les armées chinoises s’apprêtaient à fondre sur l’Europe de l’Ouest, et il avait pulvérisé les milliers de soldats de la R.P.S.R. qui avaient essayé de le franchir. De même, il s’enfonçait dans les entrailles de la terre à une profondeur qui interdisait tout contournement par des voies souterraines. Les soirs d’été, la brise colportait son grésillement délicat, presque musical, dans les ruelles de Grand-Wroclaw. Il avait entendu dire qu’une porte s’ouvrait tous les ans près de Most, une ville de la sous-province de Bohême, et que des milliers de Sino-Russes, attirés par le mirage occidental, s’y précipitaient comme des insectes vers la lumière d’une lampe. [...] Comme personne n’était revenu pour parler de son séjour de l’autre côté du R.E.M., les hypothèses les plus diverses, les plus extravagantes, couraient sur le sort réservé aux candidats de l’immigration : les uns affirmaient que la porte de Most s’ouvrait sur des chambres à gaz et qu’on récupérait la peau, les os et les cheveux des cadavres pour fabriquer du savon ou divers objets de décoration, d’autres qu’elle débouchait sur une vie d’esclavage et de labeur, d’autres qu’elle donnait sur les cages d’un zoo humain, d’autres que les émigrants servaient de cobaye aux expérimentations des généticiens, d’autres que la semence des hommes et les ovules des femmes étaient prélevés et conservés dans des caves réfrigérées, d’autres enfin que les Occidentaux avaient besoin de gladiateurs et de martyrs pour reconstituer les jeux du cirque de l’Antiquité... Grand-maman Li, qui avait des avis sur tout, restait étrangement muette sur le sujet BORDAGE, Pierre, Wang 1, Les Portes de l’Occident, Paris, J’ai lu, 1999, p. 9-10 -11

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topographie des FRONTIÈRES

Voir annexe 7. Nous vivons aujourd’hui dans un paradoxe. Nous avons l’impression d’être connectés ou de pouvoir se connecter à tout, partout, tout le temps. Les réseaux virtuels offrent un monde du flux, complètement continu, infini. L’idée du «sans-frontière» est une idée très positive, presque toutes les professions ont une succursale sans-frontière (les premières sorties sur Google étant Médecins sans frontières,Clowns sans frontières, Bibliothèques sans frontières, Sport sans frontières, et Internet sans frontières). Dans un monde de la mondialisation, on voit pourtant s’ériger des murs, on s’enferme derrière des «gated communities». Les flux migratoires sont contrôlés par des lois,des sas, des identifications, des fouilles, etc. On assiste au développement de politiques intérieures de fermeture, de protectionnisme, de nationalisme et de contrôle de l’immigration. On le retrouve à l’échelle mondiale, avec la construction de plus de 4996 km de murs-frontières, et même à l’échelle de l’Europe, où cela se traduit spatialement par des friches frontalières, dues à l’ouverture des frontières intra-espace schengen, abandon de lieux qui n’ont plus d’usage, et une fermeture aux pays hors de l’Europe. Ci-contre, cet extrait d’un roman de science-fiction évoque tous ces caractères poussés à l’extrème : la construction d’une barrière infranchissable grâce à la technologie, la domination du civilisé sur le barbare, la mythologie et le fantasme créés par cette frontière unilatérale, dont l’autre côté est inconnu, l’aspect guerrier de la frontière qui est un acte défensif, qui protège de l’envahisseur, de l’indésirable, et qui est elle même agressive... «Car la frontière n’est pas seulement ce qui sépare ou démarque, mais aussi ce qui permet la reconnaissance et la rencontre de l’autre. (...) Par conséquent ce qu’il faut combattre ce sont en effet les murs mais pas les frontières. (...) La caractéristique de la frontière, c’est d’abord qu’elle ne concerne pas uniquement les hommes, mais aussi les marchandises, les œuvres, etc., tandis que les murs ont pour fonction unique d’empêcher le passage des hommes (l’affamé, l’indésirable, le trafiquant, le terroriste, et al.) C’est ensuite qu’elle peut faire l’objet d’une reconnaissance mutuelle de part et d’autre de son tracé, tandis que le mur est toujours, à certains égards en tout cas, unilatéral. (...) Un monde sans frontière serait un désert, homogène, lisse, sur lequel vivrait une humanité nomade faite d’individus identiques, sans différences.» éditorial «Frontières sans murs et murs sans frontières», Yves Charles Zarka [in] « Murs et frontières », Revue Cités, n° 31, PUF, 2007 «En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit «sans frontières». Et si le sans-frontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté? Partout sur la mappemonde, et contre toute atente, se creusent et renaissent de nouvelles et d’antiques frontières. Telle est la réalité. En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant.» Régis Debray, Éloges des frontières , Collection blanche, Gallimard, 2010, quatrième de couverture. Pour aborder le sujet de la frontière, il faut forcément aborder un contexte historique et politique. En parallèle il est aussi essentiel de lui confronter des histoires individuelles, qui sont anecdotiques, mais qui sont aussi une forme de témoignage de ces lieux, une manière de raccrocher des usages quotidiens à des évenements abstraits. Ce travail cherche à mettre ces deux formes de réel en parallèle, et à ne détacher de la notion de frontière ni le contexte général, ni le détail du vécu et du personnel. 37


topographie des FRONTIÈRES

Micheline N ki

Jens

1920 unification de Berlin avec les villes, communes et domaines voisins pour la constitution du «Grand Berlin»

1942

1944 1945 décis on des Alliés de partager l’Allemagne en zones d’occupation Conférence de Yalta

1948 1949 1950

armistice de Panmunjeon DMZ 241 km sur 4 km 2-3 m barbelés, grillage

sépa ation administrative entre secteurs occidentaux et secteur soviétique

séparation de la Corée en deux, le long création de l’État d’Israël du 38° parallèle prise de position des troupes américaines et britanniques dans les secteurs de Berlin

1952 1953

guerre de Corée

liaisons téléphoniques coupées entre Berlin-Ouest et Berlin-Est

23/05 : création de la RFA 07/10 : création de la RDA armistice entre Israël et les pays arabes voisins ((Lybie, Syrie, Transjordanie, Egypte) et dessin de la «Ligne Verte»

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1961

1963

construction du Mur de Berlin 1ère génération accès à Berlin-Est interdit pour les Berlinois de l’ouest «Ich bin ein Berliner»

1967

1969 1970 1971 1972 1

Peac lines à Belfast 15km 6-8m grillage et bé on

crise économique et m du fl x migratoire en

création de Méd créatio (Group Soutien


topographie des FRONTIÈRES

TPFE

BERLIN

exposition «Frontières, images de vie entre les lignes» à Lyon, Michel Foucher

1973 1974

1976

1978

1983

1985

1988 1989 1990 1991

1994 1995

2000

2002

2004

2006

2008

visite de Jéru alem / Béth éhem visite de la Corée du Sud, à la front ère a ec la Corée du Nord chroniques des rotto rs, l’expérience de la marche à Los Angele

2010 2011 2012 2013

chute du Mur première Ant fada en Israël-Palest ne

mesure de limitation France

decin sans frontière n du GISTI en France e d’Information et de n des Travailleurs Immigrés)

«Berm» du Sahara Occidental 2000 km remblais de sable, champs de mines, barbelés

mur Etats-Unis/Mexique 1200 km gr llage, tôle ondu ée, barbe és

début d’internet sous la forme que l’on connaît aujourd’hui, «web» premiers accords Schengen ouverture des frontières intra-européennes

enclaves espagnoles au Maroc 12 km et 8 km 6m gr llage, barbelés

création de «Reporters sans frontière»

« plus de 26000 kilomètres de nouve les frontières internationales ont été instituées, 24 000 autres ont fait l’objet d’accords de délimitation, et si les programmes annoncés de murs, clôtures et barrières métal iques ou électroniques étaient menés à terme ils s’étireraient sur plus de 18 000 km. » Michel Foucher, l’obsession des front ères, Perrin, 2007

construction du mur israëlo-palestinien

700 km béton, barriè es électronique , barbelés

barrière éléc r fiée au Cachemire, de l’Inde au Pakistan 550 km gr llage élect ifié, barbelés

élections pré identielles FN / RPR montée du FN en France changement de mentalité en Allemagne, début de la commémoration du Mur visite de Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées à Jerusalem, interprétée comme une provocation seconde Antifada

«immigrati n choisie» création de Frontex, L’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne

«La Ville Passante», David Mangin, grand prix d’Urbanisme «urbanisme de produits VS urbanisme de tracés»

Annexe 7, frise chronologique mêlant Histoire et histoires.

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topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

Vues de la soutenance frise chronologique murale reprenant la notion de frontière à une échelle de temps et d’espace plus large. 41


topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 43


topographie des FRONTIÈRES

S I T U AT I O N

L’Allemagne se situe à la frontière entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale. Le relief allemand est largement marqué par la glaciation de Würm, manifestation de la dernière glaciation globale du Pléistocène (fin du Paléolithique). Ces glaciations résultent du travail d’écoulement en bloc des glaciers, emplissant tout le fond de la vallée et l’érodant par surcreusement, formant des moraines en îles. Sur ces dépôts se sont installées les villes les plus importantes du Brandebourg, touiours en vis-à-vis des dépressions. On distingue grossièrement trois strates : - Au sud de la Bavière, les Alpes sont le point haut du pays. Elles culminent cependant à moins de 3 000 mètres, et sont donc moins élevées que dans les pays limitrophes. - En remontant vers le nord, l’altitude diminue, les massifs hercyniens érodés (Mittelgebirge ou « montagne moyenne ») culminent à moins de 1 500 mètres et sont traversés par des cours d’eau encaissés (Rhin, Danube et leurs affluents). - Le nord du pays est formé de la Plaine d’Allemagne du Nord, constitué de paysages de collines, de lacs, de marécages et de chenaux post-glaciaires. Berlin se situe dans la plaine germano-polonaise, à 33 m d’altitude, au confluent de la Spree et de la Havel et entre les vallées de l’Elbe et de l’Oder, à 200 km de la Mer Baltique. Une particularité de la ville est la présence de nombreux lacs, le long des cours d’eau. On en trouve plusieurs à l’ouest, mais aussi à l’est avec le Müggelsee. L’influence lacustre se retrouve même dans l’étymologie de Berlin, issue de la racine berl qui évoque un lieu humide. L’étymologie populaire affirme que Ber proviendrait de la racine germanique Bär, qui signifie « ours ». Berlin s’est formée à partir des villages de Kölln et Berlin, au point de passage le plus étroit de la vallée glaciaire de la Spree. Au nord on trouve les plateaux du Barnim et au sud les plateaux du Teltow. À l’ouest, on trouve une vallée de font des glaciers de la Havel. Installée en fond de vallée, son point le plus haut est à 33 m. Très vaste, très étendue, cette faible topographie n’en est que moins visible. La courbe 45 marque la rupture du pente et l’encaissement de la vallée, et l’on trouve sur ses bords des buttes qui peuvent monter à 110 mètres. Le « centre » de la ville se trouve circonscrit dans l’axe de la vallée est sud-est / nord-ouest.

BERLIN

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Géographie européenne


topographie des FRONTIÈRES Berlin, située à l’ouest du pays, est une ville à l’écart. Elle a une position assez excentrée par rapport à l’Allemagne. Très à l’est, elle est en fort lien avec l’ancienne Prusse et avec la Pologne, géographiquement, par la vallée de la Spree qui relie la capitale polonaise à la mer. Elle n’est capitale politique que depuis 1989. A la chute du mur, Berlin est redevenue capitale lorsqu’on a transféré de Bonn les différents assemblées et pouvoirs décisionnaires C’est aussi, comme Hambourg, une ville-état. Elle n’est pas un pôle économique majeur, à la différence de Düsseldorf, Stuttgart ou Hambourg. Comme le dit le ministre KlausWowereit,citéparGillesDuhem(dans«Berlin,vingtansaprèslaréunification»[in]« LaFrancevuedeBerlin », Esprit, Paris, nov 2011, n° 379, p.100), Berlin est une ville « arm aber sexy » (pauvre mais sexy).

Géographie allemande

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topographie des FRONTIÈRES Revue Esprit La France vue de Berlin, Berlin capitale malgré elle La France etl’Allemagne dans la crise de l’euro article p 100 Berlin, vingt ans après la réunification entretien avec Gilles Duhem En 1945, Brecht nomme Berlin « ce petit tas de ruine à côté de Potsdam ». Plus de 50% du tissu urbain disparaît dans les bombardements. La reconstruction commence dès 1947-1948 et revêt très vite un caractère idéologique. Entre 1950 et 1980 on démolira, à l’est comme à l’ouest, presque autant que des bombardements de la guerre. (...) En 1989, la chute du mur de Berlin consacre la faillite économique et morale de l’Allemagne de l’Est. Étonné, le monde découvre Berlin-Est, conglomérat improbable réunissant un centre ville à l’agonie, les grands ensembles les plus vastes d’Europe occidentale, une industrie polluante, des infrastructures obsolètes ou inexistantes et une périphérie vierge. Pour répondre à votre question, si Berlin n’est pas morte en 1989, elle est quand même très mal en point. (...) Après 1989, le « miracle berlinois » s’appuie selon moi sur trois éléments. Tout d’abord, la force symbolique : la décision du Bundestag, dès le printemps 1991, de transférer la capitale et ses ministères de Bonn à Berlin tourne définitivement une page d’histoire. (...) Dans un pays beaucoup plus décentralisé que la France, les pôles urbains de Munich, Stuttgart, Francfort, Hambourg ou Düsserldorf-Cologne forme une armature économico-urbaine assez équilibrée. Décider de « favoriser » Berlin, c’est la sortir de son rôle de paria aux confins du pays. (...) Ensuite, la force de la médiatisation : le retentissement international de la chute du mur, le grand événement historique de l’aprèsguerre, met très vite la ville à la mode. Les touristes y affluent soudain, avides de découvrir une ville inconnue qui semble sortir de la guerre. Berlin n’est pas historique comme Prague ou délicieusement autro-hongroise comme Budapest. Elle est cependant plus facile d’approche que Varsovie. (...) Toutes les utopies culturelles ou artistiques, tous les projets, pour peu qu’ils soient « alternatifs », y semblent possibles. À l’échelle planétaire, Berlin devient une sorte de terre promise pour artistes et créatifs de tout poil et tient le rôle d’un eldorado fantastique, espace de jeux et parc d’attraction pour adultes, vaste et peu cher, permettant de réaliser en toute liberté (apparente) les projets les plus fous et de vivre à un autre rythme. (...) La médiatisation a largement contribué à engendrer une demande pour l’énorme potentiel architectural et urbain de la ville, comme pour le quartier gentrifié de Prenzlauer-Berg. (...) Enfin, la continuité du soutien financier, tant public que privé, qui n’a pas fléchi depuis vingt ans. Que ce soit de la part de l’État fédéral, la péréquation financière avantageant les Länder riches (comme la Bavière), ou de la part de l’Union Européenne, des sommes importantes d’argent public ont été consacrées à Berlin. En quantité, le résultat est à la hauteur des financement, même si la qualité des réalisations n’est pas toujours au rendez-vous : un nouveau quartier gouvernemental, un aéroport international, une gare centrale, un tunnel routier nord-sud sous le parc du Tiergarten et une réhabilitation exemplaire. (...) -Une faiblesse démographique et économique endémique On vient massivement à Berlin pour y faire des études, on espère y rester mais on en repart, forcé par le marché de l’emploi. -la difficile maîtrise des finances publiques et les faiblesses de la classe politique locale Étranglée par le service de la dette dont le maire de Berlin a vainement essayé (...) de se débarrasser, Berlin ne dispose que d’une très petite marge de manœuvre financière pour faire face à ses énormes charges courantes. (...) De nombreuses prévisions déchirantes sont encore à prévoir. « arm aber sexy » (pauvre mais sexy) formule du ministre Klaus Wowereit, social democrate -l’impossible maîtrise spatiale du développement urbain (...) Bref, une très belle « machine » de communication et de transparence pour la gouvernance urbaine, donc beaucoup de métropoles internationales, et notamment Paris, pourraient s’inspirer. Le Stadtforum élabore et défend la théorie de la « concentration décentralisée ». Celle-ci vise à renforcer d’abord les villes existantes situées au maximum à une heure en train de Berlin avant d’autoriser le développement du périurbain plus proche du centre de la ville.(...) Or, malgré toutes ces louables déclarations d’intention, la réalité a pris une tout autre direction. (...) De grandes structures commerciales et industrielles branchées sur des réseaux de transport, mais aussi des lotissements dignes du Truman Show ont très rapidement investi les espaces agricoles à la périphérie de Berlin, faisant apparaître la Speckgürtel (littéralement ceinture de gras). (...) Comme pour toutes les grandes métropoles, l’enjeu pour Berlin sera dans le futur celui de la ville compacte. 46


topographie des FRONTIÈRES Berlin : voyage aux marges du capitalisme contemporain Michaël Fœssel Berlin n’est pas une ville propice à la flânerie : on n’y trouve ni passages, ni hôtels particuliers, pratiquement aucune ruelle. Les amateurs de promenades urbaines sont de toutes façons dissuadés par l’immensité des distances qui rend quasiment impossible de se rendre à pied d’un quartier à un autre. On ne flâne pas à Berlin, mais il faut croire que l’on y rêve tout de même, puisque cette ville est devenue l’une des premières destinations de la jeunesse occidentale. Que peut-on bien chercher dans une ville où il y a si peu à voir? Précisément autre chose que des représentations de cartes postales. A Berlin, les sensations l’emportent sur le regard esthétique et distancé que la plupart des touristes portent désormais sur les capitales européennes. Il existe de nombreux musées dans la capitale allemande, mais les plus importants sont significativement confinés sur une « île » (Museuminsel), comme si la ville craignait d’être confondue avec son patrimoine. (...) En outre, Berlin est une ville aussi « globalisée » que les autres capitales européennes. Mais elle l’est différemment, comme si ces habitants avaient décidé de ne retenir des évolutions du monde que ce qui corrobore sa conception de la modernité. (...) L’immensité spatiale de la cité (neuf fois la superficie de Paris) a fait le reste : une ville-État est un centre qui doit lui même avoir un centre d’où rayonnent les attributs du pouvoir. Cela implique une grandeur sans immensité, soit exactement l’inverse de Berlin. (...) Cela explique peut-être pourquoi la ville ne manifeste aujourd’hui aucun fantasme de centralité. Située dans la partie orientale du pays, elle ne fait pas particulièrement d’efforts pour se rapprocher des centres industriels de la Ruhr ou financiers de la Hesse. (...) La géographie berlinoise se décline selon les différences de vitesses. On y trouve une tension permanente entre la rapidité des flux et les lieux de décélération. Du côté des flux, les abords commerciaux du Kurfürstendamm et de Mitte, l’ambiance nerveuse et artiste de Kreuzberg, la frénésie festive de Friedrichshain. Du côté des îlots de décélération, le quartier endormi de Charlottenburg, les allées du Tiergarten, les terrasses bourgeoises de Prenzlaeur-Berg. Mais ces distinctions sont encore trop générales : c’est l’intérieur de chacun de ces quartiers, parfois d’une rue à l’autre, que passe le clivage. (...) Les îlots de décélération ne sont pas plus statiques que les flux. Leur création est à l’initiative des particuliers, en sorte qu’ils surgissent souvent là où on s’y attend le moins. Comme cet écran de télévision posé dans la petite rue de Prenzlauer-Berg par un habitant bientôt rejoint par quelques badauds lassés par la musique éléctronique des bars avoisinants. Dans ce ciné club d’un soir, on donnait Fenêtre sur Cour. Cette polarité entre les flux et les îlots accentue l’hétérogénéité de l’espace urbain. A la limite, il est impossible de parler de Berlin comme d’« une » ville tant les lignes de fractures abondent. Les quartiers sont autant de Länder aux administrations mais aussi aux modes de vie distincts. (...) De par son étendue, Berlin est une ville où il y a de la marge. La tolérance qui y règne par rapport aux comportements atypiques s’explique moins par le fait que l’immensité des espaces permet de ne pas repousser hors de la ville, non seulement dans les banlieues mais aussi dans le domaine privé, ce que l’on ne veut pas voir. (...) Pour un Européen, Berlin a le goût des villes qui ne se cachent pas derrière la façade respectable de leur bâtisses. Métropole sans retenue, la capitale allemande inspire une nostalgie plus ou moins fantasmée pour une époque où les villes étaient résolument ouvertes.

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Topographie de Berliin, 1 100 000°, courbes tous les 2.5 mètres

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« L’ Î L E E N M E R R O U G E »

1965

1989

1994

2009

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Cartes historiques de Berlin, source Berlin de


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J’ai fantasmé Berlin. Mon imaginaire, ma vision de la ville correspondait à cette carte de 1965. J’imaginais cette ville séparée encore aussi brutalement. J’imaginais que les traces du conflit prenaient forme dans l’urbanisme. Cette carte de 1965 montre deux pensées différentes de la ville. Deux modes de gestions, deux modes de cartographie, de codification. Le contraste brutal de ces deux graphismes fait éclater la ville. On se demande en voyant cela quelle forme cela prend, et comment cela peut cohabiter. Les cartes qui suivent montre l’évolution urbaine, et également l’évolution de la cartographie. J’avais, bien sûr, occulté ce développement. En 1989, ce n’est pas une fusion qui a eut lieu. C’est une absorption. On ne parle pas sur le plan politique de fusion de deux États, mais de l’intégration d’un pays. On évite comme ça la question des compensations, que l’Allemagne en tant que vaincue aurait du payer à la fin de la guerre. Sur les cartes, on voit que Berlin-Ouest, qui était vue par certains comme une tumeur, un cancer, a effectivement fini par grignoter progressivement tout Berlin. La mémoire de la séparation n’est plus visible urbanistiquement, sauf peut-être pour des spécialistes, ou pour des habitants. Extraits remaniés d’entretiens avec Niki Graça-Heilmeyer, (née 1953, à Berlin, et à Berlin de 1953 à 1959, de 1973 à 1974, de 1976 à 1978, de 1983 jusqu’à présent), Jens Heilmeyer, (né 1942, à Berlin de 1961 à 1967, et de 1989 jusqu’à présent) et Micheline Poli (née en 1945 à Paris et à Berlin depuis 1968). «Que reste-t-il, en effet, de la séparation Berlin-Ouest/Berlin-Est? Je crois que cela dépend des générations: celle née juste avant ou après la chute du mur et qui a entre 20 et 30 ans n’a vraisemblablement rien gardé des habitudes de vie, du langage de l’ex-RDA, mais s’est fondue dans le paysage de la RFA. Avec peut-être une exception: l’idée de la famille et des rôles masculins et féminins qui me paraissent être restés assez traditionnels. Pour les générations plus âgées, je crois qu’il reste encore des manières de vivre ex-RDA, qui sont aussi des restes de perception du monde. Sur le plan politique, je ne vois pas de traces, la séquelle la plus importante étant vraisemblablement et paradoxalement la présence de groupes néo-nazis dans certains quartier situés à la périphérie de l’ex-Berlin-Est. Il y a, bien sûr, les anciens inconditionnels du régime, mais ce sont là les générations les plus âgées, les 65 à ... 95 ans!! Du côté Ouest, c’est un peu la même chose: les plus jeunes se sont aussi fondus dans le cadre général de la RFA, n’ont eu ni la frilosité de leurs parents ou grands-parents envers l’autre partie de Berlin ni leur arrogance paternaliste . Je pense que Berlin est relativement homogène, mis à part certaines parties de quartiers, comme je le signalais plus haut. La ville change sans cesse, les quartiers aussi par l’apport de populations nouvelles venues de tous horizons (Europe centrale et Russie, Etats-Unis, Amérique latine, Proche-Orient), par le déplacement des habitants de Berlin dans leur propre ville. Certains quartiers populaires comme Kreuzbert ou Neukölln sont en passe de devenir des quartiers branchés, d’autres perdent de leur ancienne importance.Bref, un creuset en ébullition!» «Sur les traces physiques et immatérielles : c’est surtout une question des générations: les gens qui ont vécu avec le mur sont toujours influencés par ces expériences: les amis sont plutôt (comme avant) de l’est ou de l’ouest, et les magazins et les quartiers également .... et la génération de nos fils ne sait pratiquement rien sur le mur et ne connait pas cette «séparation est/ouest». La socialisation des générations qui ont vécu ou en RDA ou dans la République Féderale était très différente et ça se sent jusqu’ aujourdhui, par exemple un caractère plus autoritaire chez les gens de la RDA, même si c’est déjà beaucoup moins que juste après l’unification. Au début, c’était facile d’identifier quelqu’un selon le vocabulaire, mais ça aussi ça a beaucoup disparu, ces 22 ans ont beaucoup égalisé la manière de parler. Mais le patois berlinois est toujours plus fort chez les gens de Berlin, je pense. Et il y a encore les «coteries» des gens de l’est, on recommande quelqu’un de l’est pour un travail, juste pour la raison d’être de «ce coté», et c’est pareil dans d’autres domaines.»

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LE COMPARANT ET LE COMPARÉ

Mon approche n’est pas objective. Le regard que j’ai eu sur Berlin et que j’aurai sur Jérusalem est un regard français, pas allemand, ni hébreu. Mon imaginaire et ma compréhension de la ville se font toujours par référence, par comparaison avec ce que je connais, en l’occurence Paris. Quand on parle de Berlin, on dit qu’elle est neuf fois plus grosse que Paris. Or Paris est une ville tout à fait pratiquable à pied. Mais qu’en serait-il de Berlin? En regardant de plus près, Berlin telle qu’on la connaît aujourd’hui correspond à peu de chose près au Grand Berlin de 1920, après l’annexion des communes autour de Berlin. Cette absorption des communes alentours ne s’est pas du tout faite à Paris. Ou alors elle se fait plus lentement, et l’apparition du Grand Paris nous fait peut-être tendre vers l’absorption administrative de communes comme Neuilly, Bagnolet, Montreuil, dans ce qu’on appelle Paris. On compare Paris Intra-Muros à Berlin la Grande. Berlin est donc une ville bien plus étendue, et de fait nettement moins dense. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer l’une et l’autre, et j’en ai dessiné des limites de «centre» à Berlin. Il y a les quartiers principaux, cartographiés dans les guides, qui sont Kreuzberg, Charlottensburg, Prenzlauer Berg, Moabit, Mitte, Schönrberg, Neukölln, Friedrichshain... Ceux-là se retrouvent presque tous circonscrits par le Ring, le réseau de train type RER qui fait une boucle. Au delà de ce Ring, on se trouve la plupart du temps dans des quartiers de banlieue, plus résidentiels. Je me suis donc arrêtée à cette circonscription pour définir un dedans et un dehors, une forme de limite à Berlin. J’ai finalement défini un Berlin intra-Ring, et un extra-Ring, qui correspondent en taille à Paris intra-muros et extra-muros.

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superficie de Paris + Petite Couronne : 752 km² superficie de Paris Intra-Muros : 105 km² 2,234 105 hab. densité : 21 196 hab./km2

superficie de Berlin : 892 km² 3,459 218 hab. densité : 3830 hbts/km2 Berlin Intra-Ring : 120 km²

superficie du Grand Jérusalem : 550 km² superficie de Jérusalem : 126 km² 769 400 hab densité : 3847 hbts/km2 superficie de la Vieille ville: 0.86 km²

Béthléem

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23 ANS APRÈS, BERLIN ENTIÈRE

Vues de la soutenance carte subjective de la réalité de Berlin, assez unifiée, vibrante mais sans rupture brutale. (le ring est marqué en bleu-vert, la spree en noir). 54


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Vues de la soutenance descritpion de Berlin, de la ville fantasmée à la réalité. 56


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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 59


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QU’EST CE QU’UN MUR?

Faut-il agrandir Paris ? L’échelle de l’arrondissement ne paraît donc pas pertinente actuellement pour résoudre les problèmes parisiens. [...] la région Île-de-France ne semble pas pouvoir correspondre à une structure intercommunale adaptée à l’agglomération parisienne. [...] Pour Solange Montagné-Villette, le principal problème ce n’est pas la muraille de Thiers, c’est le périphérique ! Elle estime que ni un redécoupage de l’intérieur de Paris, ni l’annexion des communes voisines ne permettront de supprimer ce problème majeur, cette coupure urbaine forte. De même, le franchissement du périphérique s’accompagne d’un changement quasi-systématique de paysage et de population ; inclure Ivry dans Paris ne va pas faire augmenter les prix à Ivry. Le poids de population apparaît aussi comme un élément à étudier, puisque l’annexion des communes limitrophes porterait la population communale à 3 millions d’habitants. C’est une population qu’il n’est pas aisé de gérer. On considère généralement qu’au-delà de 1,5 ou 2 millions d’habitants, on ne réalise plus d’économies d’échelle et qu’au contraire, des surcoûts sont à prévoir pour une population de 3 ou 4 millions d’habitants. Agrandir Paris sous forme communale reviendrait à « créer un véritable monstre ». [...] Quand vous évoquez l’extension de Paris comme la naissance « d’un monstre «, quand vous parlez d’une ville comme un territoire à visage humain qui se parcourt à pied, que pensez-vous de Berlin ? S’agit-il d’un extra-terrestre ? SOLANGE MONTAGNÉ-VILLETTE : Il est vrai que Berlin est beaucoup plus étendu mais la ville n’a pas les mêmes densités que Paris, n’a pas non plus la même histoire. On pourrait également essayer de comparer Paris au grand Londres, mais les villes sont différentes et puis l’administration est organisée différemment. http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=849 La gouvernance urbaine de Berlin et de sa région s’appuie sur trois niveaux administratifs : le gouvernement fédéral qui fournit les cadres juridico-administratifs globaux et une partie des financements des infrastructures, les Länder de Berlin et du Brandebourg, et enfin, les mairies des quartiers et des différentes communes. Avec 880km² (...) le Land de Berlin est presque aussi vaste que Paris (100km²) et la petite couronne. [...] Du fait du mur et de l’économie socialiste, Berlin avait échappé au développement suburbain « en tache d’huile » qui s’est imposé partout en Occident depuis 1945. En 1990 se pose donc de manière atypique la question de la gestion de la centralité et de la périphérie. L’administration berlinoise crée alors une instance consultative composée d’experts internationaux, le Stadtforum. Une fois par mois, ils animent des séminaires publics à l’intention des acteurs politiques. [...] Bref, une très belle « machine » de communication et de transparence pour la gouvernance urbaine, donc beaucoup de métropoles internationales, et notamment Paris, pourraient s’inspirer. Le Stadtforum élabore et défend la théorie de la « concentration décentralisée ». Celle-ci vise à renforcer d’abord les villes existantes situées au maximum à une heure en train de Berlin avant d’autoriser le développement du périurbain plus proche du centre de la ville. «Berlin, vingt ans après la réunification», entretien avec Gilles Duhem [in ]« La France vue de Berlin », Esprit, Paris, nov 2011, n° 379, p. 100 60


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Les diffĂŠrentes enceintes de Paris http //parisbanlieue.blog.lemonde.fr/files/2007/06/paris_plan-historique 1181369972 jpg

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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 63


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MARCHES : 130 KMS

1. cartographie sur google earth tracés des projets de marche

2. réalisation des marches avec - appareil photo numérique - appareil photo argentique - enregistreur - 1 litre d’eau - plan Falk «berlin et environs»

départ : OUEST / Heer str sation S-bahn / 11.00 am arrivée : EST / Biesdorf statiOn S-bahn / 15. 00 am longueur : 21 km durée : 4 h

départ : OUEST 5 Ebelferde Str / 12 am arrivée : OUEST 5 Ebelferde Str / 17 am sans traversée du mur longueur : 25 km durée : 4 h

départ : Ouest Osloer Str / 11 am arrivée : Est Bernauer Str / 15.30 pm longueur : 13,6 km durée : 4h30

départ : Est Hellersdorf station de métro / 10 am arrivée Est Poelchaustr station de S-Bahn / 12.30 am longueur : 8 km durée : 2 h 30

départ : FRONTIÈRE Bornho mer Str / 10.30 am arrivée : FRONTIÈRE Staaken (train régional) / 15.20 pm longueur : 59 km durée : 5 h

départ : Est / Prenzlauer Allee S-Bahn station/ 10 am arrivée : Est / Stadtmitte Market U-Bahn station / 11.40 am durée: 1 h 40 longueur : 6,6 km départ : 26 Paulus Apostelstrasse / 6.30 pm arrivée : Ouest / 5 Eberfelde Str / 9.30 pm durée : 3 h longueur : 12,6 km

3. retour, retranscription des marches - par cartographie sur google earth - par textes

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PROTOCOLE DES MARCHES : - 1er itinéraire dessiné sur google earth à l’aide de la carte routière, du plan Falk, d’est en ouest ou vice versa, choix d’un point de départ et d’un point d’arrivée. - Moment de la marche : Entorses autorisées, détour, raccourcis, abandons. Saisie mécanique : prises de photos numériques régulièrement. Prises de photos argentiques (série des façades). - Au retour : tri des photos et création des panoramas, dessin de l’itinéraire réellement marché sur google earth avec le plan Falk, écriture d’un compte-rendu-description de la marche (voir annexe 6). MATÉRIEL EMMENÉ : - plan de la ville Falk, « Berlin + Umgebungskarte » - appareil photo numérique Canon S 95 - appareil photo argentique Canon OES 50, 28-90 mm, pellicule couleur - enregistreur ZOOM H1 Handy Recorder - bouteille d’eau d’1L - pataugas taille 37, cuir gris foncé OBJECTIF : le travail d’arpentage avait pour but la recherche des traces de la séparation de Berlin. Je les prévoyais de deux sortes : d’une part dans la transversalité de la ville, dans les urbanismes, l’architecture d’un côté et de l’autre, d’autre part dans le lieu même du passage. Avec comme idée première la rupture brutale entre Est et Ouest, les transversales étaient les trajets logiques pour observer ce changement d’état et ce seuil. RÉSULTAT : c’est au cours de ces marches que s’est construite ma vision de la ville. À force de photographies, récits, cartographies simultanées, se sont dessinées d’autres frontières au fur et à mesure des arpentages. Ne trouvant pas cette frontière du Mur qui marque un changement d’état, j’ai observé les autres différences, comme celle entre périphérie et centre. 65


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Carte Google Earth des trajets prévus et réalisés, avril-mai 2012.


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TRAVERSÉES ARCHITECTURALES

Série argentiques façades de Berlin traversé à pied, avril-mai 2012.


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RÉCITS D’ARPENTAGES

le 28 avril départ : OUEST Heer str sation Sbahn / 11.00 am arrivée : EST Biesdorf satin Sbahn / 15. 00 am longueur : 21 km durée : 4 h Au départ, tu voyais déjà le centre de Berlin, tu suivais la direction «zentrum» et voyais apparaître au loin la tour d’Alexanderplatz. La rue est large, tu n’as rien de spécial à en dire. Des maisons à 4 étages, même hauteur mais couleurs différentes, se succèdent. Cette partie Ouest est assez banale, tu la trouves sans caractère, vraiment. Tu apprécies une fois de plus la largeur de la route, les trajets en sites propres qui se croisent tranquillement parfois, jamais de heurt cependant. Cet espace public, celui de la rue, il est véritablement banal, mais il n’a pas de défaut. Peu sale, peu encombré, chacun est à sa place, mais sans que cela paraisse rigide. Le printemps aide peut-être à trouver cela plaisant, mais la route est facile, et agréable en même temps. Tu as choisi de partir derrière le Ring, et de le traverser, pour en mesurer l’épaisseur. Tu n’es pas déçue. Tu n’as pas compté le nombre des voies, tu pourras le faire depuis les photos, mais il creuse une faille importante dans la ville. Il crée d’ailleurs un peu de topographie dans cette ville plate, car les ponts selon leur portée doivent se courber, te faisant ainsi faire un petit effort, et puis il génère un point de vue, une grande perspective. Tu vois quelqu’un le regard perdu rester 10 minutes (peut-être plus?) à regarder au lointain. Dans cette ville, sinon, tu as l’impression d’être toujours dans un petit quartier. La ville a beau être immense, et variée, tu ne l’appréhendes jamais dans sa globalité, même un peu. Elle reste toujours à l’échelle humaine. Ces trous, ces plongées, amènent enfin le regard loin, et font prendre conscience du contraste de taille, d’échelle, de soi à la ville. Eh oui, Berlin est énorme, et toi tout petite. La route se continue, toujours un peu pareille, tu ne sais trop quoi dire de ce que tu vois, tu entr’aperçois au loin la tour, alternativement cachée et dévoilée par la tour de l’Université. La route n’est pas encore une rue, elle a 3 voies de part et d’autre. En avançant tu croises un bâtiment plus bas que les autres, avec une place et des arbres têtards, le Berlin Oper, et au loin la Technische Universität, et ces bâtiments annoncent pour toi l’entrée dans Berlin. En fait, tu penses plusieurs fois «tiens, la porte est là». Tu avances sur la Bismark Strasse, que tu as déjà vue, dont tu connais certains bâtiments, qui ont plus de panache. Et juste après, tu aperçois Tiergarten, et sa colonne. Tiergarten marque quelque chose. L’arrivée de ce côté est plaisante et étonnante, encadrée de végétation, une belle végétation, dense, mousseuse, et surtout cet alignement d’arbres, qui restera longtemps, et qui donne l’impression au cycliste, et au piéton, d’être à l’aise. La rue est plus serrée, 2 voies peut-être. Tu avances, comme hier à pied, jusqu’à la Brandenburgen Tor, qui devrait marquer une entrée justement, mais que tu dépasses vivement. Assaillie de touristes comme Annexe 6; livret textes Berlin.

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elle est, on n’y voit rien. A partir de là, tu vois la tour d’Alexanderplatz constamment. La suite de ton trajet t’étonne et fait hésiter : la cathédrale à ta gauche, un bâtiment moderne bleu non identifié à ta droite, un clocher sous la tour, la Spree d’un coup à ta droite, et un parc, et l’arrivée du tram à ta gauche, que tu longes jusqu’à Alexanderplatz. Après un petit crochet au nord, tu arrives sur la Karl Marx Allee, marquée à son entrée par deux bâtiments surmontés de tours à petits dômes, verts. Tu n’as pas vraiment compris ce changement, ce passage, pourtant elle est par là ta limite Est-Ouest, mais tu ne l’as pas vue, tu as plutôt eu l’impression d’un entremêlement, d’une pelote ou d’un lacet qui résiste et dont tu as vite voulu t’extirper. Tu longes pendant un moment une série de bâtiments structurés, tous pareils, qui présentent bien, et tu te dis que c’est une rue d’exposition, une rue de parade. Elle est très large, encore plus large que d’habitude car elle n’a pas de terreplein central. Les trottoirs ont une épaisseur magistrale, avec même la place pour des largeurs plantées. Tu continues, espérant trouver des indices de l’Est, et n’en voyant pas tellement. Tu ne vois pas encore cette « maison » typique de l’Est. Tu iras voir plus au nord demain. À la place, tu vois pendant un moment, vers Frankfurter Tor, des cafés, des bars, des magasins. Tu recroises alors le Ring, l’arrêt doit être Frankfurter Allee. Même épaisseur étonnante, et première sensation de descente. La sortie du pont te donne l’impression de changer de lieu. Tu allais dire de rue mais c’est plutôt de lieu. Les bâtiments sont moins présentables, plus hétéroclites, certains récents, d’autres abîmés. Il y a des trous entre eux. La façade n’est plus continue, et cela fait une différence majeure. Plus tu avances et plus tu as envie de dire que tu es dans la banlieue. Apparemment, le S-Bahn a été construit en 1924, cela t’étonne. Berlin Est semble être vraiment hors Ring. À partir d’un certain moment tu ne prends plus de photos, longeant une route qui s’apparente maintenant à une autoroute, avec des échangeurs. Tu peux pourtant toujours continuer à vélo. Arrivée à Biesdorf, tu remontes vers le S-Bahn pour arrêter ta route. Tu avais envie de faire ce trajet, sur ces deux grands axes, épais, qui font vraiment la perpendiculaire de la ville, pourtant tu pressentais que tu n’y trouverais pas grand chose sur l’histoire. Tu te trompes peut-être, étant ignorante de cette ville, mais tu n’y as pas eu de surprise. Tu penses à cette histoire de rue de parade, te disant que dans tous les cas, Est, Ouest, et même avant, ces axes étaient des axes d’expositions, d’apparat. Ils n’ont sans doute pas l’« ordinaire » que tu cherches. Mais cette traversée te fait aussi marquer tes limites, les seuils que tu comprends à la ville. La place du Ring, qui te fascine, et la taille de la route/rue, qui explique peutêtre la taille de la ville. Après, tu es rentrée inter-Ring, et as repris le vélo, rentrant tranquillement, te familiarisant avec la ville.

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le 29 avril départ : OUEST 5 Ebelferde Str / 12 am arrivée : OUEST 5 Ebelferde Str / 17 am sans traversée du mur longueur : 25 km durée : 4 h Tu avais comme objectif une transversale ouest-est au départ, et puis, au fur et à mesure de ton avancée, tu as décidé d’aller complètement au nord, dans l’ancien quartier français, qui longe l’aéroport de Tegel. Tu commences donc en traversant le quartier de Moabit vers le nord, jusqu’à la Spree qui, à cet endroit-là, est occupée par l’industrie. Sur la carte tu avais vu ces formes de canaux/ports et c’était ça qui t’avait fait te diriger là-haut. Mais en y arrivant, tu es tout de même étonnée de voir des grues et tout l’aménagement qui va avec un port industriel. C’est à ce moment-là, en traversant une première fois le fleuve et en te retrouvant dans un noeud de circulation, que tu décides de continuer au nord, prenant le parti de faire un gros détour. Tu longes tout d’abord la Spree, de ton côté, rive est, il y a d’abord quelques bâtiments type décharges, tu croises ce que tu penses être une industrie de recyclage, avec des compressions. En face, cela a l’air bien plus végétal. Au début tu vois en face un bâtiment vert un peu étonnant, au milieu de la végétation, tu t’approches pour le prendre en photo et découvres de ton côté des péniches habitées. Tu continues sur cette route hors de la ville, tu vois apparaître des immeubles, mais tu ne sais pas trop s’ils sont habités ou s’ils sont occupés par autre chose. Tu croises des gens, tu sens qu’il y a un quartier dans le coin. Tu traverses encore un bras de la Spree, avances le long d’une grosse route, qui mène à l’autoroute et à l’aéroport. À ce moment-là, en regardant la carte, ton chemin à travers le quartier français te semble très simple. En fait, tu vas t’y perdre une bonne heure, car ce quartier est constitué d’une caserne militaire inaccessible, entourée d’une rue « Charles Courcelles », de petites maisons rez-de-chaussée avec jardin ouvrier, et d’un grand parc. Tu avais prévu sur la carte de traverser tout ça en transversal, mais c’est impossible, tu es donc contraint de prendre des chemins cyclables, pas trop balisés, et tu finis par retomber sur la Spree, te rendant compte que tu as fait un tour complet en croyant aller dans la bonne direction. Tu rebrousses un peu chemin et retombes sur la grosse route de départ, recommences ton trajet et finis par sortir de cet endroit. Tu rejoins alors la Spree et la longes, avec en face de toi les bâtiments industriels, des quais. Tu vas vers le quartier de Wedding, qui est un quartier Ouest. Quand tu croises le Ring, tu le suis, car la Spree oblique vers le sud-est. Tu longes tranquillement le Ring, qui prend une épaisseur notable au sol, puisqu’il est aérien mais ses fondations sont pleines, ne laissant pas la possibilité de passer en dessous, il faut le longer seulement, et parfois il est adossé directement à des bâtiments. Le quartier de Wedding semble être un quartier turco-grec, quand tu y arrives d’abord tu tombes sur la station de S-Bahn, et t’engouffres dans un flot de piétons. Tu t’en dégages, prenant la petite route qui longe le train, et arrives sur une petite rue pavée, au bout de laquelle tu tombes sur un genre de kermesse, avec visiblement Annexe 6; livret textes Berlin.

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une tombola, et surtout de la cuisine turque. A ce moment-là tu décides d’obliquer vers le sud et de passer sous le Ring, côté intérieur donc. Les maisons sont toujours les mêmes. Tu cherches les différences, en vois quelques-unes : absence de balcons, moins de couleurs, moins de rénovations, de décorations, mais il s’agit toujours des bâtiments à 4-5 étages, façade continue, similaire. Il y a moins d’arbres, moins de plantes aussi. Ton objectif à ce moment là est le parc au sud de la station de S -Bahn Gesundbrunnen. En prenant le Ring, plusieurs fois, en regardant vers l’intérieur de la ville, tu as vu un point haut, avec visiblement une installation type panorama. Sur la carte, c’est marqué Humboldt Höhe (selon google traduction, Höhe veut dire hauteur). Tu cherches souvent la topographie à Berlin. Plus tu arpentes, plus tu la trouves d’ailleurs, même si elle est subtile. Beaucoup de noms de quartiers finissent par Berg (montagne) mais c’est souvent une fausse piste. Tu sais aussi que certains quartiers sont construits sur des montagnes de débris, les restes des destructions de la WWII. Ce point haut donc, tu l’as vu à plusieurs reprises et il t’intrigue. Il y a une petite passerelle rouge, au-dessus de la ligne de S-Bahn, puis le parc. Tu montes un peu et laisses ton vélo, puis grimpes les marches qui mènent au point haut. En fait, il regarde vers le nord, la partie sud étant complètement boisée. Il s’agit d’un parc, la pente descendant au sud amène sur des pelouses et des bosquets. Tu es à la fois déçue de ne pas pouvoir voir vers la ville, de ne regarder qu’au nord, et en même temps tu comprends bien, on ne va pas déboiser tout le sud pour cela. Tu regardes un peu vers le nord, mais sans trop savoir ce que tu vois. Le point de vue est d’ailleurs un peu frustrant, avec les hauts grillages. Il y a des tables à l’ombre où quelques personnes pique-niquent. Tu descends, et retournes vers l’est, vers Mauerpark. Tu n’as que quelques rues à traverser, c’est en plus un chemin que tu as déjà un peu fait. Le dimanche, Mauerpark est censé être très animé, avec une brocante, et Thibault t’a parlé d’un karaoké public qui a l’air amusant. Tu y vas, ne sachant pas trop à quoi t’attendre, et là tu fais face à une foule incroyable. Apparemment il y avait en plus un match de handball, mais le parc est rempli. Incroyable. Tu as déjà été surprise par la manière dont les Allemands investissent leur espace public, en foule énorme. Le 1er de l’an était révolutionnaire, avec les fumées, les bouteilles cassées, les feux d’artifice partout dans la ville. Tu iras peutêtre vérifier dimanche prochain, après tout c’est un long week-end, celui du 1er mai, mais tu es ébahie par cette présence. La conséquence, ou une des conséquences, c’est l’état des lieux, avec force déchets partout. Un peu fatiguée, tu poses ton vélo un peu plus loin, c’est difficile de trouver une place, et tu traverses la brocante. Tu n’as hélas pas trouvé le karaoké, un peu déçue. Tu finis par partir, et retournes vers chez toi. Tu suis les grands axes, passes devant le musée d’art contemporain, et retrouves la gare centrale Hauptbanhohf. Tu y avais vu en octobre un parc étonnant, de loin, avec de grands mouvements de terrains taillés en larges facettes, des plis très nets de pelouse, maintenus par un mur en acier cortène. Cela avait l’air spectaculaire, des tranchées de pelouses. En t’y rendant, cela perd de son panache. De la même manière qu’à Potsdamer Platz, où l’on trouve sur la promenade un long aménagement en plis pelousés, assez structural, un peu à la Vexlard comme on dirait

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à Versailles, grand geste un peu brutal assumé, le résultat en y regardant de près est décevant, l’herbe n’est pas si belle, la structure est apparente, l’aménagement au sol est un peu banal, rien d’excitant finalement. En bas de cet aménagement, les berges de la Spree, occupées par des couples sur la pelouse, pieds dans le vide au dessus de l’eau, et des bars avec musique. Cette partie est très bizarre. Deux chemins se superposent en fait : en haut il y a donc cet aménagement, maintenu par un haut mur de soutènement qui commence au niveau bas, celui de la Spree, et en bas il y a le chemin des berges, avec d’un côté la largeur de berge en pelouse, de l’autre les bars, qui doivent occuper peut-être l’intérieur de l’aménagement. C’est difficile à décrire. Plus facile à dessiner. Tu finis par repartir, retraverses encore une fois la Spree pour retourner sur Alt-Moabit, l’axe principal qui mène chez toi. C’était une promenade assez difficile, où tu n’avais pas l’impression d’avancer. Tu as pourtant, en regardant après coup, fait pas mal de trajet mais tu n’avais pas l’impression de voir grand chose, de comprendre de grands mouvements, une organisation générale. Tu as eu l’impression d’une succession de petites choses, pas véritablement d’un trajet. Quand tu l’écris d’ailleurs, tu sens la succession de descriptions, de moments.

Annexe 6; livret textes Berlin.

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le 30 avril départ : Ouest Osloer Str / 11 am arrivée : Est Bernauer Str / 15.30 pm longueur : 13,6 km durée : 4h30 Départ à l’arrêt de métro Osloer Strasse, tu marches un peu et décides de prendre le tram. Tu ne l’as jamais pris avant, mais c’est la première chose que tu remarques : il se place au centre de la rue, encadré par une rangée d’arbres de part et d’autre. Tu pensais uniquement marcher, mais tu as un rendez-vous à 16h, et voyant un quartier comme d’habitude, tu te dis que tu ne perdras rien à prendre le tram. Tu t’arrêtes seulement deux arrêts plus loin, au niveau du pont de Bornholmer Strasse, qui est un point important : un arrêt de S-Bahn qui va vers le nord, un des moment où le réseau du train fait un entonnoir vers le nord. Le pont traverse le réseau, mais est aussi un point de passage entre est et ouest. Il a été un des premiers passages ouverts lors de la chute du mur. Tu crois qu’il marquait aussi un check-point. Tu le traverses et prends des photos de cette emprise du train, encore une fois, et décides cette fois d’aller voir de part et d’autre du pont, puisqu’il n’y a qu’une voie de voiture à traverser. En fait, à cause des rails du tram, tu décides de passer sous le pont où il y a une promenade nord-sud qui longe les voies ferrées. Tu y trouves deux joueurs de saxophone, qui jouent quelque chose d’un peu étonnant, un peu dissonant, mais le son du saxophone est beau, et se mêle au son du train à côté, et du tram audessus, avec la vibration du pont. Tu enregistres quelques instants, tu apprécies ce moment étonnant, que tu ne comprends pas bien, et tu repars. Tu as donc pour une fois changé de côté. D’habitude, tu marchais toujours côté droit, dans le même sens que les voitures, mais cette fois tu es à gauche, ayant traversé. À cause du tramway, la vue sur la façade opposée est difficile, et comme tu prends frénétiquement des photos des façades, tu es un peu embêtée. L’emprise du tram laisse une épaisseur de pelouse-prairie sous le couvert des arbres, sur laquelle on voit des cheminements piéton, bien sûr non balisés. Tu y vas, en plus cela te permet d’être à l’ombre alors qu’il est midi. Tu marches tranquillement, regardant les habitations, qui une fois de plus sont ces maisons à 4 étages. Ici aussi elles sont moins décorées. Il ne se passe rien de spécial jusqu’à ce que tu arrives à un gros croisement, celui avec Berliner Strasse, tu passes alors sous le métro aérien et continues, obliquant légèrement vers le sud mais en restant sur l’axe principal. Tu arrives quelques instants plus tard à un croisement en étoile à 5 branches, qui ressemble déjà plus à un croisement de banlieue, avec des stations essence. Là tu pars vers le nord est, espérant rentrer dans des quartiers d’habitations, dans l’est. En fait, rien de spécial, tu rentres dans un quartier où les rues sont de taille normale. Ce qui change progressivement, c’est que tu croises des bâtiments industriels, des bâtiments en brique, d’un étage. Enfin tu vois surtout le mur de façade, fermé, qui laisse apparaître des fenêtres parfois, mais l’on sent l’espace ouvert derrière cette enceinte. Parfois cela ressemble à des petites maisons habitées, tu ne sais pas très bien. Mais cela change, cette hauteur, et de fait, la largeur de la rue, plus petite. Tu vois aussi parfois une cheminée en

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briques. Volontairement tu es au-delà du Ring. Tu continues encore un peu, vers le sud est cette fois, et longes une maison de retraite, tu croises une jeune femme accompagnant un vieux monsieur qui te regarde avec un grand sourire, te disant quelque chose en allemand, comme si on se connaissait, et qu’il était content de te voir. Progressivement, les bâtiments sont plus hauts, de types tour. Comme il s’agit d’une maison de retraite, il y a plusieurs bâtiments, un peu comme une cité, avec des jardins intérieurs. Tu avances jusqu’à longer un cimetière juif, tu ne vois pas l’entrée donc tu coupes vers l’ouest, dans l’objectif de rentrer. Là tu n’as que quelques centaines de mètres avant de recroiser le Ring, et tu tombes sur une grande route, la Micheangelo Strasse, qui ouvre le regard sur des tours. Est-ce les plattenbauen? Pas sûr. Il s’agit en tout cas de tours, d’un quartier sans doute moins riche qu’à l’intérieur du Ring. Frederich, le fils de Brigitta, chez qui tu loges, te dit qu’il faut aller plus à l’est encore pour être véritablement dans une architecture communiste. Tu prendrais le métro pour aller voir. Tu traverses Michelangelo strasse, vers le pont sur le Ring, prends quelques photos de ces tours, et rentres vers le quartier de Prenzlauer Berg. C’est anciennement un quartier est, mais il a été fortement récupéré par les promoteurs à la chute du mur, les bâtiments décrépis avaient été délaissés pour de nouveaux immeubles en béton, à la périphérie mais pourvus en eau et électricité, et étaient investis majoritairement par la communauté des artistes et des gays. Il a donc été fortement restauré, et est aujourd’hui habité par des gens plus nantis, et ne garde donc pas forcément beaucoup d’habitants originaux, mais on y trouve encore des traces : des bâtiments industriels en briques, une fois de plus, avec des cheminées, réaménagés par des artistes, des magasins à la mode, des boîtes sans doute. La première rue que tu empruntes d’un côté un parc, de l’autre de belles façades lisses et colorées, voire assez récentes. en avançant un peu au coeur du quartier, tu montes sur la « montagne » déjà, ravie d’avoir affaire à une pente, puis tu trouves ces vieux bâtiments ocres et rouges. Ton point d’arrivée n’est plus très loin. Tu continues sur Torstrasse, (« la rue de la porte » ?). jusqu’à Brunnenstrasse (« la rue de la fontaine » ?), remontant vers le nord. Ce trajet-là est uniquement fonctionnel, pour aller jusqu’à Bernauerstrasse pour retrouver M. Schlüsche, pour votre rendez-vous de 16h.

Annexe 6; livret textes Berlin.

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le 2 mai départ : Est Hellersdorf station de métro / 10 am arrivée Est Poelchaustr station de S-Bahn / 12.30 am longueur : 8 km durée : 2 h 30 Tu t’es dit que pour une fois tu allais démarrer à l’est et aller vers l’ouest. Et puis, comme tu t’es rendu compte que l’Est était plus au-delà du Ring, tu décides d’aller bien plus loin. Tu arrives donc à la sortie de métro, et commences en suivant les gens, les laissant choisir pour toi la sortie. Tu débouches sur le tram, perpendiculaire au métro. Le S-Bahn ici encore est en creux dans la ville, puis sur une grande place, Friedrich t’avait dit qu’il y avait un centre commercial. Il y a beaucoup d’espace vide, et pas mal de gens. Tu avais prévu une marche assez longue, à un moment tu t’es même dit qu’il fallait que tu traverses l’intégralité de la ville. Tu étais assez motivée au départ. Et puis, profitant d’être aussi loin, tu changes légèrement ton fusil d’épaule et décides d’abord d’aller voir la limite de Berlin. Sur la carte, si tu remontes un peu au nord, ou en continuant un peu à l’est, tu suivras la limite administrative de la commune. Derrière, il devrait y avoir des champs. Tu y vas donc, suivant l’axe qui va vers le nord. Effectivement, plus tu avances et plus la route s’élargit. Au départ tu es quand même déjà en banlieue ; la forme des bâtiments, grosses barres parfois bariolées pour un semblant de diversité, beaucoup d’espace entre, mais pas très dessiné. La végétation est laissée aller, elle est haute, une prairie de 40 bons centimètres tu penses. Cela donne avec le vert, les fleurs, le soleil quelque chose d’assez agréable quand même, cela donne sans doute une impression de vie. Tu ne sais pas. Très vite, tu vas être submergé par le lieu, et vouloir en partir. Le long de cet axe, cela va encore. Tu as un objectif à court terme. Le bord. Tu dois voir ce bord. En fait, tu n’es pas déçue. Bien sûr, tu t’attends à un certain nombre de choses qui sont là : des bâtiments laids, un espace public abandonné, où il ne se passe rien, et progressivement l’élargissement de la voie qui ressemble de plus en plus à une autoroute, et plus tard sur la perpendiculaire, l’arrivée de supermarché ou gros discount. Tu traverses au moment où tu croises cet axe final, cet axe de la limite, Berliner Str ou Landsberger Chaussee, en face bien sûr il n’y a plus de trottoir mais un haut talus enherbé, qui montera jusqu’à 3 mètres. Sur le côté, des petites maisons, devant lesquelles on trouve un petit sentier, derrière une haie boisée. Tu la suis et te retrouves derrière le talus, sur une large part d’espace enherbé, fleuri jaune. Il y a un chemin, marqué sur le côté droit (vers le nord donc) par des espèces de morceaux de caoutchouc, ou plastiques, bruns-noirs, mats, des sortes de rectangles courbés dans la largeur. C’est un endroit très étonnant. Au loin tu vois de l’espace ouvert, beaucoup, légèrement caché par des haies d’arbres. Tu ne veux pas aller si loin, tu remontes sur le talus pour reprendre la route. Du point le plus haut, tu vois la campagne, des champs jaune vif et verts, un peu comme dans le nord de la France. Tu redescends, traverses une petite route en courant, car c’est une voie de sortie de

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la grosse artère à côté et avances vers l’ouest. Là tu verras à ta droite l’axe occupé par tous ces magasins de périphérie de ville. Tu décides très vite de traverser pour aller du côté des habitations. Ce sont des barres. En fait, tu n’as même pas osé les regarder. Tu ne sais pas pourquoi mais à partir de ce moment là tu t’es demandée ce que tu faisais là. Tu as pensé qu’ici, tu ne voyais pas forcément de contrastes est/ ouest mais «simplement» le contraste de la banlieue lointaine. Et tu devrais peutêtre en avoir honte, mais tu n’y étais pas bien. Tu décides de traverser le quartier d’habitations, des immeubles hauts, et des entre-immeubles végétalisés, avec plusieurs cheminements dont l’un est recouvert d’une pergola. Là encore, tu te donnes un plus petit objectif, un point d’arrivée à l’ouest avant le parc, en choisissant par la carte les rues dans lesquelles tu dois passer. En fait, tu n’y comprends pas grand chose entre les impasses et les rings, tu suis donc une direction, en diagonale vers le sud ouest. À un moment tu es intriguée par les bâtiments que tu croises, avec des balcons à gros carreaux de verres épais, non transparents, bleu foncé, qui te paraissent être plus chics. Les entrées sont aussi spéciales : un porche en hauteur, avec un toit en accent circonflexe, auquel on accède par des escaliers, pas très larges, pour 2 personnes peut-être. En arrivant dans cette banlieue tu t’étais dit « qui vais-je y rencontrer ? » à quel type de population ai-je affaire ? Banlieue riche ? Pauvre ? Et puis le fait d’aller dans l’est me faisait avoir un a priori de banlieue pauvre. Tu sais aujourd’hui que c’est une banlieue assez raciste (de ce que l’on t’en a dit). Les voitures n’étaient pas spécialement défoncées, évidemment tu n’étais pas non plus dans un quartier complètement en marge ou quoi. Juste une banlieue normale en fait. Mais en arrivant tu essayais de ne pas avoir ces a priori, de ne pas avoir de regard préconçu, te disant que c’était mal. Pourtant, la première chose que tu as vue, c’est cette dame à vélo, pas aimable, agressant qui que ce soit qui roule sur sa voie. C’était amusant car, auparavant, tu trouvais que, si chaque flux avait sa voie, les échanges se passaient bien, entre vélo et piéton, quand le vélo roulait à sens inverse, ou toi piéton marchais sur leur voie, rien de grave. Et là, en l’espace de 30 mètres, elle a engueulé 2 personnes qui marchaient sur sa voie. Bon, tu n’aurais peut-être pas dû noter ça. Donc tu croises ces plus petites barres, un peu différentes, jusqu’à ressortir à l’ouest sur un large espace désorganisé, avec ce quartier qui se finit, et laisse la place à 2 tours, rouges et blanches, au milieu d’un espace vide, abandonné. Tu traverses une route en courant, et te retrouves sur le Jelena Santic Friedens Park, selon ta carte. Tu y vois un groupe de jeunes courir. Il y a une grosse butte, qu’ils viennent de grimper, et sinon en contrebas, de ton côté, tu vois un chemin qui se dessine vers l’ouest, avec en horizon le point haut vu sur la carte depuis le début « Kienberg, 102m ». Sur la carte, et tu le vérifieras un peu plus loin, il y a une large bande verte qui fait un couloir nord-sud, épaisseur autour d’un cours d’eau, qui est en fait aménagé en promenade et qui relie différentes stations de métro et S-Bahn. En rejoignant cette promenade, tu croises des jeunes, beaucoup, type 14-15 ans, en petits groupes de 3-4, lisant des magasines de bandes dessinées. C’est bizarre car c’est systématique. Tu te demandes ce qui se passe, s’ils n’ont pas cours et se retrouvent à faire les mêmes choses, si c’est un exercice.. Annexe 6; livret textes Berlin.

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Toi, tu coupes droit à l’ouest, après avoir traversé ce bout de parc à moitié humide. Tu traverses le ruisseau en question, le long duquel se trouve la promenade, et arrivant au pied de la butte, tu vois les panneaux de randonnées « Arhensfelde 5,4km », etc. Tu prends donc la montée, aménagée par des petits rondins qui marquent l’angle de marches en terre. Tu montes, dans le bois, jusqu’à un point haut où tu trouves 3 groupes de retraités en pleine randonnée. Là haut, il y a des points de vue, sur le paysage alentour, tu vois les barres partout au loin, rien que tu reconnais. Tu regardes sur la carte par où repartir, tu décides d’aller tout droit à l’ouest, croiser les voies ferrées, arriver sur une zone qui a l’air industriel. Tout cela est loin, à vrai dire. Tu ne restes pas longtemps, tu te demandes comment tu en es arrivée là, sur ce sentier de randonnée. Tu descends, vite, en pensant à autre chose. Tu arrives en bas, le long des maisons du quartier de Marzahn. C’est à partir de là que tu lâches. Tu avances mécaniquement sans comprendre où tu es, avec la seule envie de fuir. Tu as l’impression de marcher pour marcher, de ne pas être au bon endroit, de perdre ton temps. Tu prends la décision d’aller jusqu’au S-Bahn, et d’arrêter. Tu croises même un arrêt de bus, tu te tâtes pour le prendre, regardes la carte, vois qu’il ne te reste vraiment pas grand chose, 20 minutes peut-être 30, et te dis que tu serais quand même minable de ne pas aller jusque là-bas. Tu ne regardes quasiment pas où tu es. Tu as traversé cette énorme route, Blumberger Damm, puis es tombée sur un petit quartier de maisons individuelles. Cela fait quand même une différence avec avant. Tu continues, arrives à un croisement assez animé, avec des bars restaurants, un arrêt de tram qui clignote, tu devines qu’il sera en service bientôt mais pas encore, un peu en amont il y a encore quelques travaux. Avant le métro tu recroises quelques barres et tours.

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le 4 mai départ : FRONTIÈRE Bornholmer Str / 10.30 am arrivée : FRONTIÈRE Staaken (train régional) / 15.20 pm longueur : 59 km durée : 5 h Tu décides de partir d’une extrémité d’une de tes anciennes balades. Tu vas longer le mur, revenir vers lui mais à une autre échelle. Tu vas donc au nord, au bord du centre de Berlin, et pars longer la balade cyclable du mur. Tu es pressée, et impatiente, alors à peine sortie du train, tu pars, sans trop regarder par où aller. Ca ne manque pas, tu te perds. En fait, tu es toujours perdue dans les petits plis et angles que fait ce dessin du mur. Tu te diriges bêtement vers le nord, avec la voie ferrée comme repère, oubliant qu’elle se dédouble un peu plus haut et que celle que tu dois suivre est celle de l’ouest. Tu longes la voie ferrée, en te mettant carrément au pied du talus, pour finir coincé entre un mur tagué et la voie. Tu trouves un moyen de te décaler, rentrer dans les chemins normaux, mais ne suis toujours pas sur le tracé. Tu finis par regarder plus attentivement et comprendre que tu es allée trop à l’est. En quelques minutes, tu retrouves le tracé, et tu le suis. Il est indiqué surtout par les panneaux en haut, au-dessus des indications de rues, et parfois par son double alignement de pavés. Des fois encore, on trouve des informations, sur un aménagement de 4 panneaux en acier : 1 haut orange vif, le principal, et 3 petits gris métallisé, avec des détails sur les événements. Une fois retrouvé, le chemin longe la voie ferrée, dans un boisement, avec la ville de l’autre côté en général. Tu croises un groupe de retraités à vélo, des gens qui se promènent, avec leur bébé ou leur chien. C’est un peu toujours pareil pendant un bon moment, jusqu’à ce que tu doives tourner à droite, et laisser le chemin de fer. Tu obliques dans une impasse, qui longe une rivière, qui doit être la Norgraben, retrouvée grâce à Google Earth. Elle est occupée par des motos, qui s’en servent pour la formation du permis. Tu traverses un pont et te retrouves dans un lotissement, avec à ta droite une ancienne voie ferrée. Tu te trompes de sens et fais une espèce de tour complet pour revenir à ton point de départ, le S-Bahn, et remontes vers le nord. Tu longes alors la voie ferrée abandonnée (abandonnée ?), à ta droite, et des habitations à ta gauche, jusqu’à arriver à un gros carrefour. Il est marqué par une statue : un bout de mur et un héron en métal, d’environ 3,50 mètres. Tu traverses et suis le chemin, qui continue dans un boisement. Tu vas traverser les rails pour te retrouver à la droite du chemin de fer, et d’un coup tu débouches sur une grande ouverture, de campagne. C’est un contraste assez fort, d’un coup, cette ouverture sur les champs, alors qu’avant le regard était fermé par des boisements. Cette masse jaune vif, jusqu’au ciel. Tu vois au loin une éolienne, des maisons aussi, tu croises quelques promeneurs, des joggeurs. Un peu plus loin à l’horizon se dessine très nettement une haie en point haut poussant vers le ciel. Souvent tu vois des peupliers en alignement de haie, mais là il s’agit d’une espèce plus petite avec un port plus en boule. De loin, on pourrait même presque dire qu’ils sont en forme de triangles posés sur un tronc. Annexe 6; livret textes Berlin.

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En continuant tu arrives à un point haut, qui cache une descente plus raide, à laquelle tu ne t’attendais pas, et dévales la pente à toute vitesse, sans avoir le temps de regarder quoi que ce soit. À vrai dire, tu n’avais même pas réfléchi au fait qu’il y aurait du relief dans cette promenade. En bas de la pente par contre, tu t’arrêtes, découvrant le paysage lacustre des abords de Berlin, dont tu as déjà pas mal entendu parler. Un paysage plus humide, avec tout d’abord un lac, et une végétation qui change, et des aménagements en bois, assez simples, et quelques panneaux d’informations. Tu avais pourtant vu le panneau en haut de la pente, qui annonçait une zone naturelle. Tu vois des canards, des poules d’eau qui fuient lorsque tu roules sur le petit pont en bois. Ton vélo à la hollandaise, en plus d’être lourd, fait pas mal de bruit, tu regrettes à ce moment ta bicyclette parisienne, qui malgré tout aurait été plus silencieuse. Mais celui-là a des pneus épais qui te seront utiles plus tard. Sans t’arrêter dans ces lieux, les réserves naturelles ont tendance à t’ennuyer au premier abord, tu files et es complètement surprise quand tu tombes sur une végétation de pins, petits et trapus, très dense, avec des branches qui partent vers le bas et se recourbent au bout, et des cônes très clairs et fins, sur un sol sableux. Tu continues un peu dans ce genre de paysage et retombes sur une lisière habitée. Cette balade se situe en fait sur la limite de Berlin. À part à quelques endroits, elle se superpose encore à l’ancienne limite de Berlin découpé. De fait, ce sera une succession d’espaces très végétaux et de limites habitées, avec la présence d’axes routiers assez importants. Et de manière assez globale, les quartiers auxquels tu fais face sont des nouveaux quartiers complètement résidentiels. Tu tombes donc sur des pavillons, certains habités, d’autres en chantier encore. Le changement d’après se fera d’ailleurs en limite d’un assez gros chantier, et tu retombes sur une forêt de feuillus. Dans cette forêt, tu trouves d’ailleurs un endroit assez intéressant. La voie, suffisamment large pour faire rouler une voiture, est constituée de gros pavés, et encadrée de part et d’autre par un ancien alignement d’arbres, taillés en têtard. C’est très beau, la lumière est en plus magnifique. Au bout de quelques instants pourtant tu roules très au bord, cherchant un sol lisse, pour que ton vélo hoquette et vibre moins, pour retrouver du confort. L’état de la route est assez variable sur l’ensemble de la promenade ; la route existe, mais pas toujours pareille, souvent un ruban de bitume strié par des racines, qui font de petites bosses de 15 cm tous les 5 mètres, encore une situation vraiment inconfortable, parfois un ruban lisse, qui sent le récent, parfois un chemin de terre, parfois une piste cyclable urbaine, parfois même rien du tout, en milieu urbain quand la voirie est en travaux. Tu comprends mieux ce que te disait Günter sur son envie d’avoir un projet sur ce chemin. Ce n’est qu’un début. Continuant dans les bois de pins, tu trouves une ancienne tour de garde, dans un endroit vraiment étonnant, au milieu de nulle part, occupé par une demi-douzaine de personnes, travaillant à réaménager le sol. Tout le bord a été réaménagé en jardin, avec des ruches. Ce qui t’étonne c’est qu’il a l’air complètement esseulé. Dans toute cette promenade tu auras l’impression d’être en dehors de toute civilisation; mais de temps en temps tu vois des accès perpendiculaires, qui rejoignent ta route à des endroits plus habités. Mais ce chemin semble être en retrait de tout. Tu n’as aucune notion du temps et de l’espace que tu parcours. Tu

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continues ton chemin jusqu’à retrouver un axe routier, où tu trouves une station essence. Tu vas faire 3 côtés d’un carré, encore un angle inattendu, passant par un bord de quartier, un arrêt de S-Bahn, une petite place d’entrée de ville avec quelques cafés restaurants, et tu repars par une très étrange cité de maisons de briques, où tu vois des mamies arroser leurs plantes aux balcons, cité symétrique construite autour d’un axe central d’espace public, de la verdure, pour rejoindre encore une fois un bois, puis encore une fois un bord de quartier pavillonnaire. Les panneaux de chemin du mur te racontent les histoires des tentatives de fuites, les morts sont encore là par une croix sur ce qui ressemble à une tombe, où la matérialisation du corps tombé. Cela fait bizarre aujourd’hui cette tombe au milieu d’une rue d’un quartier pavillonnaire. Tu ne sais plus comment, tu te retrouves encore hors ville, et cette fois tu trouves un espace occupé par des talus pour faire de vélo cross, du bmx et autre. Cela s’appelle « strawberry fields ». En continuant le paysage s’ouvre une nouvelle fois sur un champ. La limite avec la campagne n’est pas si frontale, tu ne verras que rarement ces champs, bien plus des boisements ou des zones humides. C’est très difficile de mesurer les distances, les endroits où tu es. Tu n’as pas de carte de randonnée, tu dois donc te repérer par rapport aux axes routiers importants, et surtout tu te retrouves majoritairement dans ces zones boisées. Encore une fois tu es dans une forêt de pins, pins sylvestres cette fois. Comme il a plu il y a cette odeur de la végétation que tu aimes. Tu traverses une autoroute, cela te permet de savoir à peu près où tu es, Oranienburg, au point le plus nord donc, replonges dans un boisement. Toute cette partie au nord, le deuxième tiers de ton parcours, te perd complètement. Tu as peu de repères, tu traverses véritablement, tu ne vois que peu de choses auxquelles te raccrocher, ici une route, là les lignes à haute tension, mais n’ayant pas une carte avec ces indications, tu n’arrives pas à faire le lien à une grande échelle. Tu n’as que ton imagination et des visions d’arrière-plans dissimulés derrière la végétation comme indices d’un plus grand espace que celui de ta route. C’est presque comme si tu étais dans un couloir, et ce couloir n’est pas très varié, assez monotone. À un moment tu penses même être en train de faire un pèlerinage. Tu repenses aux marches à Los Angeles, où l’important était l’expérience de la marche, le simple fait de « faire », d’« être » là, où le « là » n’était pas critique. C’est à toi d’en tirer quelque chose. Ici, le là, le contexte, ne te dit rien, car il n’existe presque pas. Peut-être qu’avec un regard plus affuté, une connaissance botanique meilleure, ou une connaissance du lieu, tu saurais, mais là tu ne sais pas, tu ne sais rien, tu ne fais que poursuivre ton chemin comme si le chemin en lui-même était important, comme si le fait d’avancer voulait dire quelque chose. Car c’est ce chemin du mur, il a pour seule qualité (pour ton regard) ou peut-être que qualification est un meilleur terme, il a pour seule définition d’être « du mur ». À part cela, il n’a rien, et c’est uniquement cette forme symbolique, cette qualité immatérielle, qui lui donne un attrait. Et l’autour semble vide. Les longues distances que tu parcours, les « 3 km de bois de pins » sans arrière-plan, te donnent l’impression qu’il n’y a aucune substance, rien derrière. Il y a même un moment où tu as cette sensation de trou dans l’estomac, de vide comme quand tu penses à la taille du monde et à ce que veut dire infini. Cela devient grave.

Annexe 6; livret textes Berlin.

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Au bout d’un moment, après avoir traversé beaucoup de bois, des routes aux sols irréguliers et désagréables pour ton vélo, sans qualité en plus, tu arrives à l’ouest, et tu tombes sur la Havel. D’un coup le paysage s’ouvre, l’horizon apparaît, ainsi que la présence humaine, à travers l’activité nautique. Des ports de plaisance d’abord, et au loin des maisons à colombage, des bâtiments industriels le long de la rive sur laquelle tu te trouves, la gare de triage des trains régionaux. À ce moment tu feras même la course avec une barge. Elle te dépasse la première fois, comme tu t’arrêtes prendre des photos, puis tu la rejoins. Tu écoutes son bruit, tu aimerais l’enregistrer mais il y a trop de vent. Tu la quittes quand tu traverses un canal. Elle part vers l’ouest, tandis que tu redescends vers le sud, vers Spandau. Les lacs aussi ont plus de place car tu sais des histoires sur eux. Tu sais la frontière qui passait au milieu, et la curiosité des jeunes qui s’y baignaient en ayant peur de ce qu’il y a de l’autre côté. Niki t’a raconté les histoires où elle allait s’y baigner, sachant que la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest passait au milieu. Mais c’était une ligne virtuelle, que se passerait-il si elle plongeait, si elle dépassait quelque peu cette limite ? Allait-on lui tirer dessus ? Y avait-il des militaires pour la surveiller ? Et puis, celle ligne, tu ne sais pas, et Niki ne devait pas non plus, savoir exactement où elle passait. Tu imagines les baigneurs garder une distance de sécurité.. Encore une forme d’épaisseur de la frontière... Dès que tu t’éloignes des lacs, tu retrouves un paysage de prairies et de bois, jusqu’à, enfin, arriver à la ville. Même situation qu’avant, des résidences pavillonnaires récentes, qui semblent assez cossues, le long de petites rues. Très vite tu arrives à l’arrêt de train régional Staaken. À ce moment-là, il est 15h et tu hésites : tu as déjà pas mal pédalé, dois-tu continuer? La prochaine gare est au moins à 2h de vélo en plus. À cause du grand parc, il n’y a pas de ligne de train dans cette partie sud ouest. L’intérêt te semble être celui d’avoir tout fait, tout parcouru, ou du moins d’en avoir fait le maximum. Rentabiliser ton vélo. Mais tu es fatiguée, et tu as fait cela très mécaniquement, sans pouvoir prendre beaucoup de recul. Peut-être qu’avec le temps cela viendra. Pris d’une soudaine motivation, ou ferveur, tu te lances et avances. Et, bien évidemment, dans ton empressement, tu te perds. Tu arrives donc à un gros croisement de deux axes, qui vont vers l’autoroute, retrouves ta route, et hésites. Tu sais qu’écrire cela va être long, tu essaies de peser le pour et le contre, et tu finis par abandonner, et remonter vers la gare. Tu prends le train régional jusqu’à Spandau, puis un S-bahn jusqu’à chez toi.

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le 6 mai en 3 parties départ : Est / Prenzlauer Allee S-Bahn station/ 10 am arrivée : Est / Stadtmitte Market U-Bahn station / 11.40 am durée: 1 h 40 longueur : 6,6 km départ : Ouest / Priesterweg S- Bahn station / 12.30 am arrivée : Ouest /Duddenstrasse / 2.30 pm durée : 2h longueur : 3,3 km départ : 26 Paulus Apostelstrasse / 6.30 pm arrivée : Ouest / 5 Eberfelde Str / 9.30 pm durée : 3 h longueur : 12,6 km Ton objectif de départ, quand tu prévoyais cette marche, était de traverser la ville en Z pour trouver et grimper les buttes. Tu avais noté 3 points, et tu te disais que tu passerais par le quartier historique au passage. Florent t’a conseillé d’aller au parc de Friederischain, donc tu regardes la carte pour préparer ton itinéraire, et tu constates que le long du S-Bahn il y a une large bande de vert qui longe les voies de chemin de fer. Ton point de départ sera donc 2 arrêts plus tôt, pour regarder ces voies en les longeant, pour une fois. Tu te dis qu’une fois de plus, il y a une onde de répercussion à l’épaisseur, ça n’est jamais si direct, une limite. Tu as pour te repérer, en sortant du métro, la traversée du pont d’abord, et le planétarium localisé sur la carte. Installé dans un parc comme prévu, il est repérable avec sa coupole blanche. L’axe qui entre dans la ville est suffisamment large pour laisser une ligne de tram s’y installer. Comme on est dimanche matin, et qu’il n’y a personne, tu traverses la rue tranquillement, sans te soucier des passages piétons. Le parc est assez simple, des espaces plantés et enherbés, et des sentiers piétons en dalles. Tu commences en essayant de t’installer le plus à gauche, le long de la voie ferrée, te disant qu’avec le surplomb tu auras une vue intéressante, mais ça n’est pas le cas, tu marches dans un petit sentier sauvage, et la végétation laisse peu passer le regard. Tu entends les trains qui passent cependant. Tu ne fais que quelques mètres, une centaine peutêtre, et retournes sur le parc après t’être un peu plus approchée de la rive d’en face, où tu entends un coq, et où tu aperçois des petits jardins ouvriers. Tu te dis que tu ne verras pas grand chose en restant ici, et tu retournes dans les sentiers battus. Le parc débouche sur un quartier d’habitations de grandes tours, et longe une petite rue pavée, une voie, d’habitations en bandes, à 3 étages, façade continue jaune et bleue. Une partie du parc s’arrête, et tu te retrouves face à une rue vers la gauche qui remonte droit sur les voies de chemin de fer, que tu empruntes, jusqu’à un vieux bâtiment d’un étage, avec un rez-de-chaussée surélevé. Derrière lui se trouve la ligne de S-Bahn que tu suis, et un peu plus loin, l’arrêt d’après. Tu trouve le lieu Annexe 6; livret textes Berlin.

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très intéressant, assez clair dans sa constitution mais surchargé : la gare récente, un peu seule dans l’air, comme flottante, d’anciens bâtiments abandonnés qui sont pourtant ce qui la raccroche à un sol commun à la ville, un axe routier qui passe par en-dessous, derrière moi maintenant, le quartier d’habitation, bordé par le parc, et, en continuant, le prolongement de ce parc, une succession de friches semifermées (en le voulant on pourrait y rentrer sans problème) qui garde la largeur du parc, jusqu’à la rue à une voie. Cette largeur verte se termine par une butte, complètement boisée, où deux promeneurs discutent avec leur chien, et d’où on ne voit rien. Tu la descends pour rejoindre la ville, et arrives sur un gros axe, que tu as déjà emprunté pendant l’une de tes marches, en entrant dans Prenzlauerberg. Tu avances sur cet axe jusqu’au parc, l’objectif de la balade, et montes la pente, enthousiaste à l’idée de trouver un point haut. À mi-pente tu vois un peu les façades à l’autre bout de la rue, mais en haut, tu es fâchée de ne rien voir qu’une lisière arborée. Tu as l’impression que ça sera toujours comme ça. Tu délaisses donc le point haut, arrives en bas du parc dans une partie bien plus classique, avec des fontaines et un bassin, beaucoup plus de promeneurs et un bar de parc. Tu sors du parc en passant devant une fontaine avec des statues d’anges, et un arrière-plan d’arches. Tu sors du parc, et prends le gros axe de Friedrischschain, qui va droit sur Alexanderplatz. Tu vois la tour au loin, et t’y diriges fermement. Longeant des grosses barres d’habitations, tu arrives au carrefour massif avec Landsberger Allee. À cause du dimanche, et de l’espace ouvert, énorme, le manque de densité, le regard s’éloigne. Tu cherches les indices de l’Est, encore, en trouves, dans les bâtiments décorés de fresques. Ton objectif est Mitte, littéralement centre, milieu, ancien centre de Berlin, ou centre historique - quel est le mieux ? - avec l’île aux musées, la cathédrale (le dôme) etc. Ce quartier était à l’Est, seule encoche dans la limite qui fait sinon une diagonale, pour le dire grossièrement. Les bâtiments changent : moins hauts, plus ornés de colonnes et de frontons, des coupoles apparaissent, en tuiles vertes, ou noires, et la Spree, qui emmène le regard vers la coupole. La Spree est ici canalisée, sans berge, les bâtiments sont les pieds dans l’eau et les ponts font écluses ou gèrent l’écoulement de l’eau. Tu vas bientôt devoir t’arrêter, car tu as un rendez-vous et tu as prévu un temps trop court pour aller jusque là-bas à pied. Tu restes donc perpendiculaire au canal, allant vers l’est. Tu longes une friche, des bâtiments tout juste détruits, croises des maisons qui te semblent bien plus vieilles, balcons dorés, ou fioritures autour des fenêtres, etc. (…) Tu as rejoins Niki et Jens chez eux, Jens t’a parlé d’un parc naturel, un réaménagement d’emprises ferroviaires, avec récupération des matériaux sur place, cheminements surélevés pour ne pas marcher sur la nature. Il a aussi prévu de t’emmener voir une construction d’Albert Speer, une base pour le projet d’arc de triomphe et d’axe monumental nazi. En fait, c’est le même parc dont a parlé Giulio, disant que c’était l’endroit à voir du moment à Berlin. Vous partez par le S-Bahn pour aller jusqu’au parc. La première chose que tu vois, c’est un ancien château d’eau en métal rouillé, d’une forme assez

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inhabituelle (une boule sur une structure creuse), assez spectaculaire dans son originalité. C’est effectivement ce qu’il a décrit, laisser les dynamiques naturelles en place, faire leur travail, en gardant quelques espaces pour le public : espace de jeux, avec des sculptures faites avec les morceaux d’acier récupérés, halle en cours de réaménagement pour accueillir le public, belvédères… Jens est assez critique, il trouve que si c’est un parc pour la nature, il y a trop d’effets de style gratuits. C’est vrai que certaines choses ne sont pas très bien pensées : un belvédère qui donne sur un point de vue bouché par un arbre, toi ça t’amuse un peu. Hé bien oui, il faut savoir ce que l’on veut, garder la structure ferroviaire et en faire un point de vue, et donc dégager ce point de vue, ou laisser la nature. Bon, c’est un endroit assez sympa, mais peut-être que c’est du sympa un peu déjà vu. C’est un peu critique cette formulation, mais ça n’enlève aucunement de la qualité au projet. En remontant le parc, vous vous rabattez sur la gauche vers les voies de chemin de fer que vous traversez. Vous remontez jusqu’à Sudkreuz, la croix du sud, la gare est assez récente, tu vois des photos de l’ancienne, ça n’a, bien sûr, plus rien à voir, aujourd’hui c’est verre et acier bleu-gris, comme partout, pour aller vers le nord et vers ce «mémorial» nazi. Vous passez devant un ancien quartier militaire, bâtiments de briques que tu trouves assez séduisants, et vous coupez juste derrière par les jardins ouvriers. Tous les lilas sont en fleurs, c’est charmant. Amusant de voir comment les gens utilisent ces jardins, surtout en jardin d’agrément, faisant parfois en miniature des effets de compositions et d’ornements : rocailles, allées, etc. Arrivés de l’autre côté, vous tombez sur cette chose : une construction en béton saumoné, un énorme cylindre, qui prend ses fondations bien plus bas. En fait, il s’agit d’un bâtiment test, une maquette échelle 1, sur site, pour vérifier la capacité d’ancrage, de stabilité etc., d’une énorme structure dans le sol sableux de Berlin. Apparemment, la réponse est que ça marche. Dedans, à travers une petite fenêtre on voit jusqu’où cela descend, bien bas, au moins 2 ou 3 étages. Une petite salle présente le projet de Hitler de construire ce grand axe, d’ici, avec cet arc de triomphe monumental, jusqu’à Potsdamerplatz. Le sol avait prévu d’être remis à niveau partout, pour une avenue complètement plate. Cela équivaut aux 3 étages de la structure test. Massif terrassement… Projet en grand. Apparemment inspiré de nos Champs-Élysées nationaux, en plus ambitieux. Du haut d’un belvédère, on voit la ville et on peut imaginer la trajectoire de l’axe. Cela parait tellement dément, absurde, que ça en est drôle. Après, vous continuez jusqu’au pont suivant pour prendre un bus pour rentrer chez eux, dans le quartier de Schönberg, charmantes maisons et restaurants et cafés en rez-de-chaussée. (…) Tu reprends ta promenade depuis Paulus Apostelstrasse. Tu commences par reprendre le chemin que tu connais, d’abord jusqu’au métro Eisenacherstrasse, et décides d’aller tout droit vers l’est. Tu veux rejoindre ta promenade de ce matin, tu veux aller exactement à ton point d’arrivée. Tu décides d’un itinéraire qui te fera passer au niveau des gares de S-Bahn de Yorckstrasse, l’emprise sur la carte est énorme. Et puis, de là, en obliquant un peu au nord, tu peux trouver la Spree, Annexe 6; livret textes Berlin.

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et la longer un bon moment. Après, tu prendras le nord, et rejoindras Mitte. Cette partie du quartier de Schöneberg est un quartier très agréable, comme tu l’as vu avant. Assez vite, tu en sors, tu le sens à un croisement important, celui avec Potsdamerstrasse. Tu obliques au nord est, prenant une petite rue qui t’amène à longer la voie de train. Là tu es dans une espèce d’allée piétonne, un peu déserte (mais c’est toujours dimanche…). Au bout de ce petit bout de rue, tu tombes sur un imbiss ouvert. Ce croisement est plus animé, la rue continue en partie plus habitée, avec des cafés visiblement, l’imbiss fait point de rencontre, et, comme souvent, il se situe à la sortie d’un arrêt. À droite, le S-Bahn que tu suis. Il est surélevé mais un passage est fait sous cet arrêt, l’accès étant au centre. C’est un peu fascinant, on voit les « lattes » (quel serait le terme exact ?) des rails ; si tu attends, tu verras peutêtre un train passer à 2 mètres au-dessus de toi, à peine ! Sur la carte, la marque de l’emprise des voies ferrées est jaune pâle. En vrai, tu longes la route et vois d’abord le U-Bahn, et tout le terrain au nord clos, derrière lequel tu vois des tas de terres et de sables. Chantier. Tu repasses sous des voies, mais en métal cette fois, et à ta gauche tu trouves un talus avec des barrières, un genre de chantier, avec une partie ouverte, un chemin blanc dans la pente, type béton gratté ou strié, des gens en haut… Il y a un parc qui fait un axe nord-sud mais tu ne vois pas jusqu’où il va vers le sud, même en grimpant au nord. La pente rattrape le niveau du train, et un parc tout récent est accessible, pas encore en totalité mais presque. Des grosses inscriptions en pochoirs au sol, à la manière industrielle, un terrain de basket, des cheminements, tu y vas. Tu remontes au nord, empruntes un chemin vers l’est, réobliques au nord, passes devant un tout petit aménagement « naturel » avec zone humide, moulin, éolienne, petit pont de bois, puis tombes sur une place où une jeune fille s’entraîne à la mini balle. Tu remontes droit vers le nord, et arrives directement, au sortir du parc, sur l’aile d’éolienne du musée de la technologie et des sciences, et derrière, la Spree. Déjà passée par là, tu vas suivre ta première promenade. Tu essaies de longer l’eau mais ça n’est pas facile, elle est cachée derrière une berge complètement végétale. De l’autre côté, il y a la ligne 1, qui fait un serpent de métal. C’est une ligne aérienne, avec une grosse structure en métal, un peu comme la ligne 6 à Paris, mais on ne peut pas passer en-dessous. Elle s’installe sur la berge nord de la Spree. Tu restes de ton côté d’abord, berge sud, ton regard tourné vers le métro, tu passes devant un arrêt et observes les gens qui attendent, là-haut, le regard tourné vers l’eau en contrebas. Un peu plus loin tu traverses l’eau pour passer sous la ligne. Tu la longes pendant quelques mètres, et tu dois tourner au nord au moment où tu pourras marcher sous elle. Tant pis. Tu arrives à cet arrêt que tu as déjà vu plusieurs fois, Hallesches Tor. Il te fait un peu peur, juste derrière lui, il y a un quartier rond, 4 barres en arc de cercle, que tu trouves « ovniesque ». Tu n’y passes pas, cette fois, et prends la rue qui monte passant par le musée juif de Liebeskind. Il fait jour encore, et tu peux enfin voir le jardin, ce carré de modules parallélépipédiques blancs, dans lesquels sont plantés des oliviers. Tu n’y passes pas cependant, et continues droit vers le nord, vers Mitte. La rue que tu suis est d’abord résidentielle, avec des quartiers assez récents, des galeries et un musée, tu croises encore une église avec un clocher impressionnant. Il y a un truc avec les églises. Enfin, tu imagines que c’est lors de la reconstruction, elles sont donc récentes ces églises, mais elles ont souvent

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des clochers séparés, distincts, carrés souvent, ou carrément vides, seulement une structure qui porte les cloches, comme quelque chose de sculptural. Tu aimes bien ces églises. Elles sont en général assez puissantes dans leurs formes simples, assez abstraites. Tu ne sais pas, mais tu les aimes bien. En remontant la rue tu croises deux gamines en train de jouer au loup à un angle. Elles se servent de cet objet, l’ardoise en V inversé, tu te dis un peu niaisement que n’importe quoi peut servir à jouer, et que c’est génial. Au loin apparaît un bâtiment avec une partie en plaque dorée, il fait un peu le malin tout seul, à ressortir des autres comme ça. De plus près tu vois que c’est la Poste. Enfin «un bâtiment » de la Poste. Il y a la TV Tower au loin, et puis tu débouches sur ces rues que tu connais bien, celles des friches le long du mur, Kommandenten Str, et Stallschreiber Str. La végétation a poussé. Bientôt sur celle de Kommandenten Str, au vu des barrière, ça sera les bâtiments. Juste après, tu retombes sur ton point d’arrivée de ce matin. Tu hésites à traverser et à rentrer sur l’île aux musées, mais finalement comme tu l’as déjà traversée, tu longes la Spree. Tu vois ce quartier qui dans ta grande balade à vélo t’avait déconcertée, avec le dôme et ce bâtiment bleu bizarre qui se côtoient. Ici les bâtiments semblent historiques, avec moult moulures, statues et colonnes. Pas tous bien sûr. Pas mal d’endroits sont en chantiers, ici. Tu sais qu’un ancien bâtiment de la RDA a été détruit, pour y reconstruire ce qu’il y avait auparavant, un bâtiment de la partie prussienne de l’histoire allemande, que le gouvernement d’Allemagne de l’est avait fait détruire pour reconstruire leur bâtiment. Cela fait débat : pourquoi garder une trace d’une époque et pas d’une autre? C’est sans fin surtout. Et pas très économe tu trouves. À ta droite le musée Pergame, tu passes sous un train, tu penses à Lausanne, la ville en hauteurs. Tu repenses à ce que t’a dit Florent sur les berges de la Spree et le combat des Berlinois pour y avoir toujours accès. Tu t’es du coup construit une images des berges du fleuves comme des quais très populaires, comme à Lyon peutêtre. Ça n’est pas dans cette partie qu’elles sont réaménagées au bord en tout cas. Tu ne sais pas dans quelle mesure tu es objective. Tu as l’impression que tout ce que tu as bu de berges, de fleuve, était constamment encaissé, coincé, et difficilement accessible. Tu repenses à ta promenade du premier jour, où tu avais constaté, amusée d’abord, un peu étonnée, et parfois énervée du systématisme de la chose, que, si il y avait un chemin qui longeait le canal, tu devais traverser 3 fois quand tu rencontrais un pont. Il n’y avait pas de passage piéton direct, traversant le pont. Tu devais forcément passer de l’autre côté de la rue. La majorité des pont tu les as alors franchis « illégalement »... On dit que les Berlinois sont sensibles du passage piéton. Qu’il faut passer au vert, et que tu seras mal vu de passer au rouge. Au maximum tu essayes de respecter ça, mais ton naturel te rattrape... Tu continues vers l’ouest. Tu sais vers quoi tu vas, car tu as longé les berges depuis chez moi jusqu’au Reischtag à vélo. Tu vois au loin le bâtiment que les Berlinois appellent la machine à laver, à cause de l’arche en béton et verre. À cet endroit, l’accès au niveau de l’eau se fait, de mon côté par une pente douce, à gauche par des escaliers. C’est assez beau ces lignes de béton, tu aimes bien. Tu rejoins alors la partie en face de Hauptbahnhof, dont tu as déjà parlé, avec le parc en plis et les berges enherbées, avec les bars. Cette fois tu es niveau herbe, au bord de l’eau. Peut-être qu’il est trop tard (20h30, 21h) pour que les gens soient encore Annexe 6; livret textes Berlin.

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là. Tu vois au loin le bâtiment de la Charité. Tu es rive ouest, cette fois (tu ne sais toujours pas dans quel sens coule la Spree, tu penses d’est en ouest ça te paraît plus logique). À ta gauche la maison des cultures du monde, dont tu as entendu parler. Tu vas longer le Tiergarten. Les berges là sont enherbées, avec quelques arbres, et des canards, et revenues à un système de rue comme tu as l’habitude : un axe routier, le trottoir avec une première bande enherbée, une piste cyclable jouxtant la voie piétonne, puis la berge enherbée. Tu crois connaître ce trajet assez bien, alors tu décides de traverser plus tôt que prévu, pour aller sur cette partie de l’autre rive que tu ne connais pas. Ça ne sera qu’un court moment, mais bon. Tu te retrouves en fait dans un autre parc, que tu traverses jusqu’à arriver à la partie que tu connais: des hôtels luxueux, ou des bâtiments administratifs, hauts, avec des beaux matériaux, du verre, de l’acier. Un mémorial au mur, avec trois dalles de bétons comme le mur (des originales ?) mais séparées de 40 cm les unes des autres, et une sculptures d’un homme qui saute à travers un mur. Le sol est pavé, avec une voie en dalles pour les vélos. Tu longes l’hôtel Albon ou Abion tu ne sais plus. Tu montes les escaliers et rejoins Essender Strasse, une perpendiculaire à ta rue. Tu es bientôt chez toi. Le quartier de Moabit est assez sympathique. Comme dans pas mal de quartiers de Berlin, une partie des rez-de-chaussée de ces bâtiments à 4 étages est occupée par des cafés, ou des bars. Les rues sont plantées d’arbres assez haut, 15 mètres environ. Il y a une communauté turque assez importante, mais les gens te disent que c’est un quartier qui devient à la mode, où les étudiants veulent habiter et dont les prix vont augmenter. Comme dans pas mal d’endroit à Berlin. Berlin a la réputation d’être bon marché ; c’est vrai pour la nourriture, encore un peu pour le logement, mais pas pour les transports. Toi tu crois que Berlin se banalise. C’est normal, ça n’est pas une critique, seulement tu n’y trouves pas l’émulation qu’on t’a tant vantée. Pour le moment en tout cas, de l’extérieur. Mais qu’est ce que c’est que l’intérieur de la ville ? Y habiter ?

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départ : OUEST / Heer str sation S-bahn / 11.00 am arrivée : EST / Biesdorf statiOn S-bahn / 15. 00 am longueur : 21 km En avançant tu durée : 4 h croises un bâtiment

[] plus bas que les autres, avec une place et des arbres têtards, le Berlin Oper, et au loin la Technische Universität, et ces bâtiments annoncent pour toi l’entrée dans Berlin.

MUR

En fait, tu penses plusieurs fois « tiens, la porte est là ».

Tu as choisi de partir derrière le Ring, et de le traverser, pour en mesurer l’épaisseur. Tu n’es pas déçue. Tu n’as pas compté le nombre des voies, tu pourras le faire depuis les photos, mais il creuse une faille importante dans la ville. Il crée d’ailleurs un peu de topographie dans cette ville plate, car les ponts selon leur portée doivent se courber, te faisant ainsi faire un petit effort, et puis il génère un point de vue, une grande perspective. Tu vois quelqu’un le regard perdu rester 10 minutes (peut-être plus?) à regarder au lointain. Dans cette ville, sinon, tu as l’impression d’être toujours dans un petit quartier. La ville a beau être immense, et variée, tu ne l’appréhendes jamais dans sa globalité, même un peu. Elle reste toujours à l’échelle humaine. Ces trous, ces plongées, amènent enfin le regard loin, et font prendre conscience du contraste de taille, d’échelle, de soi à la ville. Eh oui, Berlin est énorme, et toi tout petite.

Tu avances sur la Bismark Strasse, que tu as déjà vue, dont tu connais certains bâtiments, qui ont plus de panache. Et juste après, tu aperçois Tiergarten, et sa colonne. Tiergarten marque chose. L’arrivée de ce côté est plaisante et étonnante, encadrée de végétation, une belle végétation, dense, mousseuse, et surtout cet alignement d’arbres, qui restera longtemps, et q l’impression au cycliste, et au piéton, d’être à l’aise. La rue est plus serrée, 2 voies peut-être. Tu avances, comme hier à pied, jusqu’à la Brandenburgen Tor, qui devrait marquer une entrée justement, mais que tu dépasses vivement. Assaillie de touristes comme elle est, on n’y vo partir de là, tu vois la tour d Alexanderplatz constamment. La suite de ton trajet t’étonne et fait hésiter : la cathédrale à ta gauche, un bâtiment moderne bleu non identifié à ta droite, u sous la tour, la Spree d’un coup à ta droite, et un parc, et l’arrivée du tram à ta gauche, que tu longes jusqu’à Alexanderplatz.

Une des marches à Berlin, coupe 1 / 6 .

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Après un petit crochet au nord, tu arrives sur la Karl Marx Allee, marquée à son entrée par deux bâtiments surmontés de tours à petits dômes, verts. Tu n’as pas vraiment compris ce changement, ce passage, pourtant elle est par là ta limite Est-Ouest, mais tu ne l’as pas vue, tu as plutôt eu l’impression d’un entremêlement, d’une pelote ou d’un lacet qui résiste et dont tu as vite voulu t’extirper.

e quelque qui donne

oit rien. A n clocher

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topographie des FRONTIÈRES

départ : Ouest Osloer Str / 11 am arrivée : Est Bernauer Str / 15.30 pm longueur : 13,6 km durée : 4h30

Départ à l’arrêt de métro Osloer Strasse, tu marches un peu et décides de prendre le tram Tu ne l’as jamais pris avant, mais c’est la première chose que tu remarques : il se place au centre de la rue, encadré par une rangée d’arbres de part et d’autre Tu pensais uniquement marcher, mais tu as un rendez-vous à 16h, et voyant un quartier comme d’habitude, tu te dis que tu ne perdras rien à prendre le tram Tu t’arrêtes seulement deux arrêts plus loin, au niveau du pont de Bornholmer Strasse, qui est un point important : un arrêt de S-Bahn qui va vers le nord, un des moment où le réseau du train fait un entonnoir vers le nord

Tu marches tranquillement, regard fois de plus sont ces maisons à 4 éta décorées Il ne se passe rien de spéc un gros croisement, celui avec Berlin le métro aérien et continues, obliqua en restant sur l’ax

MUR

Le pont traverse le réseau, mais est aussi un point de passage entre est et ouest Il a été un des premiers passages ouverts lors de la chute du mur Tu crois qu’il marquait aussi un check-point Tu le traverses et prends des photos de cette emprise du train, encore une fois, et décides cette fois d’aller voir de part et d’autre du pont, puisqu’il n’y a qu’une voie de voiture à traverser En fait, à cause des rails du tram, tu décides de passer sous le pont où il y a une promenade nordsud qui longe les voies ferrées Tu y trouves deux joueurs de saxophone, qui jouent quelque chose d’un peu étonnant, un peu dissonant, mais le son du saxophone est beau, et se mêle au son du train à côté, et du tram au- dessus, avec la vibration du pont Tu enregistres quelques instants, tu apprécies ce moment étonnant, que tu ne comprends pas bien, et tu repars Tu as donc pour une fois changé de côté D’habitude, tu marchais toujours côté droit, dans le même sens que les voitures, mais cette fois tu es à gauche, ayant traversé

Une des marches à Berlin, coupe 2 / 6 . 92


dant les habitations, qui une ages Ici aussi elles sont moins cial jusqu’à ce que tu arrives à er Strasse, tu passes alors sous nt légèrement vers le sud mais xe principal

topographie des FRONTIÈRES

Tu traverses Michelangelo strasse, vers le pont sur le Ring, prends quelques photos de ces tours, et rentres vers le quartier de Prenzlauer Berg

C’est anciennement un quartier est, mais il a été fortement récupéré par les promoteurs à la chute du mur, les bâtiments décrépis avaient été délaissés pour de nouveaux immeubles en béton, à la périphérie mais pourvus en eau et électricité, et étaient investis majoritairement par la communauté des artistes et des gays Il a donc été fortement restauré, et est aujourd’hui habité par des gens plus nantis, et ne garde donc pas forcément beaucoup d’habitants originaux, mais on y trouve encore des traces : des bâtiments industriels en briques, une fois de plus, avec des cheminées, réaménagés par des artistes, des magasins à la mode, des boîtes sans doute En avançant un peu au coeur du quartier, MUR

tu montes sur la « montagne » déjà, ravie d’avoir affaire à une pente, Ton point d’arrivée n’est plus très loin

La première rue que tu empruntes d’un côté un parc, de l’autre de belles façades lisses et colorées, voire assez récentes

puis tu trouves ces vieux bâtiments ocres et rouges

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départ : OUEST 5 Ebelferde Str / 12 am arrivée : OUEST 5 Ebelferde Str / 17 am sans traversée du mur longueur : 25 km durée : 4 h À ce moment-là, en regardant la carte, ton chemin à travers le quartier français te semble très simple. En fait, tu vas t’y perdre une bonne heure, car ce quartier est constitué d’une caserne militaire inaccessible, entourée d’une rue « Charles Courcelles », de petites maisons rez-de-chaussée avec jardin ouvrier, et d’un grand parc. Tu avais prévu sur la carte de traverser tout ça en transversal, ( mais c’est impossible) , tu es donc contrainte de prendre des chemins cyclables, pas trop balisés, et tu finis par retomber sur la Spree, te rendant compte que tu as fait un tour complet en croyant aller dans la bonne direction. Tu rebrousses un peu chemin et retombes sur la grosse route de départ, recommences ton trajet et

>

C’est à ce moment-là, en traversant une prem ère fois le fleuve et en te retrouvant dans un noeud de circulation, que tu décides de continuer nord, prenant le parti de fair gros détour.

Une des marches à Berlin, coupe 3 / 6 . 94

finis par


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sortir de cet endroit.

Tu longes tranquillement le Ring, qui prend une épaisseur notable au sol, puisqu’il est aérien mais ses fondations sont pleines, ne laissant pas la possibilité de passer en dessous, il faut le longer seulement, et parfois il est adossé directement à des bâtiments. Le quartier de Wedding semble être un quartier turco-grec, quand tu y arrives d’abord tu tombes sur la station de S-Bahn, et t’engouffres dans un flot de piétons.

}

En prenant le Ring, plusieurs fois, en regardant vers l’intérieur de la v lle, tu as vu un point haut, avec vis blement une installation type panorama. Sur la carte, c’est marqué Humboldt Höhe (selon google traduction, Höhe veut dire hauteur). Tu cherches souvent la topographie à Berlin. Plus tu arpentes, plus tu la trouves d’ailleurs, même si elle est subtile. Beaucoup de noms de quartiers finissent par Berg (montagne) mais c’est souvent une fausse piste. Tu sais aussi que certains quartiers sont construits sur des montagnes de débris, les restes des destructions de la WWII. Ce point haut donc, tu l’as vu à plusieurs reprises et il t’intrigue.

Tu descends et retournes vers l’est vers Mauerp

ark

Ton objectif à ce moment là est le parc au sud de la station de S -Bahn Gesundbrunnen.

Tu t’en dégages, prenant la petite route qui longe le train, t arrives sur une petite rue pavée, au bout de laquelle tu tombes sur un genre de kermesse, avec visiblement une tombola, et surtout de la cuisine turque. A ce momentlà tu décides d’obliquer vers le sud et de passer sous le Ring, côté intérieur donc. Les maisons sont toujours les mêmes. Tu cherches les différences, en vois quelquesunes : absence de balcons, moins de couleurs, moins de rénovations, de décorations, mais il s’agit toujours des bâtiments à 4-5 étages, façade continue, similaire. Il y a moins d’arbres, moins de plantes aussi.

Il y a une petite passerelle rouge, au-dessus de la ligne de S-Bahn, puis le parc. Tu montes un peu et laisses ton vélo, puis grimpes les marches qui mènent au point haut. En fait, il regarde vers le nord, la partie sud étant comp ètement boisée. Il s’agit d’un parc, la pente descendant au sud amène sur des pelouses et des bosquets. Tu es à la fois déçue de ne pas pouvoir voir vers la ville, de ne regarder qu’au nord, et en même temps tu comprends bien, on ne va pas déboiser tout le sud pour cela. Tu regardes un peu vers le nord, mais sans trop savoir ce que tu vois. Le point de vue est d’ailleurs un peu frustrant, avec les hauts grillages. Il y a des tables à l’ombre où quelques personnes pique-niquent.

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départ : Est Hellersdorf station de métro / 10 am arrivée Est Poelchaustr station de S-Bahn / 12.30 am longueur : 8 km durée : 2 h 30

Tu ne sais pas pourquoi mais à partir de ce moment là tu t’es demandée ce que tu faisais là. Tu as pensé qu’ici, tu ne voyais pas forcément de contrastes est/ ouest mais «simplement» le contraste de la banlieue lointaine. Et tu devrais peut-être en avoir honte, mais tu n’y étais pas bien.

Tu as un objectif à court terme. Le bord. Tu dois voir ce bord. En fait, tu n’es pas déçue. Bien sûr, tu t’attends à un certain nombre de choses qui sont là : des bâtiments laids, un espace public abandonné, où il ne se passe rien, et progressivement l’élargissement de la voie qui ressemble de plus en plus à une autoroute, et plus tard sur la perpendiculaire, l’arrivée de supermarché ou gros discount. Tu traverses au moment où tu croises cet axe final, cet axe de la limite, Berliner Str ou Landsberger Chaussee, en face bien sûr il n’y a plus de trottoir mais un haut talus enherbé, qui montera jusqu’à 3 mètres. Sur le côté, des petites maisons, devant lesquelles on trouve un petit sentier, derrière une haie boisée. Tu la suis et te retrouves derrière le talus, sur une large part d’espace enherbé, fleuri jaune. Il y a un chemin, marqué sur le côté droit (vers le nord donc) par des espèces de morceaux de caoutchouc, ou plastiques, bruns-noirs, mats, des sortes de rectangles courbés dans la largeur. C’est un endroit très étonnant. Au loin tu vois de l’espace ouvert, beaucoup, légèrement caché par des haies d’arbres. Tu ne veux pas aller si loin, tu remontes sur le talus pour reprendre la route. Du point le plus haut, tu vois la campagne, des champs jaune vif et verts, un peu comme dans le nord de la France.

Une des marches à Berlin, coupe 4 / 6 . 96

T e v m


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Tu ne restes pas longtemps, tu te demandes comment tu en es arrivée là, sur ce sentier de randonnée. Tu descends, vite, en pensant à autre chose. Tu arrives en bas, le long des maisons du quartier de Marzahn. C’est à partir de là que tu lâches. Tu avances mécaniquement sans comprendre où tu es, avec la seule envie de fuir. Tu as l’impression de marcher pour marcher, de ne pas être au bon endroit, de perdre ton temps. Tu prends la décision d’aller jusqu’au S-Bahn, et d’arrêter. Tu croises même un arrêt de bus, tu te tâtes pour le prendre, regardes la carte, vois qu’il ne te reste vraiment pas grand chose, 20 minutes peut-être 30, et te dis que tu serais quand même minable de ne pas aller jusque là-bas. Tu ne regardes quasiment pas où tu es. Tu as traversé cette énorme route, Blumberger Damm, puis es tombée sur un petit quartier de maisons individuelles. Cela fait quand même une différence avec avant. Tu continues, arrives à un croisement assez animé, avec des bars restaurants, un arrêt de tram qui clignote, tu devines qu’il sera en service bientôt mais pas encore, un peu en amont il y a encore quelques travaux. Avant le métro tu recroises quelques barres et tours.

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départ : Est / Prenzlauer Allee S-Bahn station/ 10 am arrivée : Est / Stadtmitte Market U-Bahn station / 11.40 am durée: 1 h 40 longueur : 6,6 km Cette largeur verte se termine par une butte, complètement boisée, où deux promeneurs discutent avec leur chien, et d’où on ne voit rien. Tu la descends pour rejoindre la ville, et arrives sur un gros axe, que tu as déjà emprunté pendant l’une de tes marches, en entrant dans Prenzlauerberg.

Tu constates que le long du S-Bahn il y a une large bande de vert qui longe les voies de chemin de fer. Ton point de départ sera donc 2 arrêts plus tôt, pour regarder ces voies en les longeant, pour une fois. Tu te dis qu’une fois de plus, il y a une onde de répercussion à l’épaisseur, ça n’est jamais si di t li it

Le parc est assez simple, des espaces plantés et enherbés, et des sentiers piétons en dalles. Tu commences en essayant de t’installer le plus à gauche, le long de la voie ferrée, te disant qu’avec le surplomb tu auras une vue intéressante, mais ça n’est pas le cas, tu marches dans un petit sentier sauvage, et la végétation laisse peu passer le regard. Tu entends les trains qui passent cependant. Tu ne fais que quelques mètres, une centaine peut-être, et retournes sur le parc après t’être un peu plus approchée de la rive d’en face, où tu entends un coq, et où tu aperçois des petits jardins ouvriers. Tu te dis que tu ne verras pas grand chose en restant ici, et tu retournes dans les sentiers battus. Le parc débouche sur un quartier d’habitations de grandes tours, et longe une petite rue pavée, une voie, d’habitations en bandes, à 3 étages, façade continue jaune et bleue. Une partie du parc s’arrête, et tu te retrouves face à une rue vers la gauche qui remonte droit sur les voies de chemin de fer, que tu empruntes, jusqu’à un vieux bâtiment d’un étage, avec un rez-de-chaussée surélevé. Derrière lui se trouve la ligne de S-Bahn que tu suis, et un peu plus loin, l’arrêt d’après. Tu trouve le lieu très intéressant, assez clair dans sa constitution mais surchargé : la gare récente, un peu seule dans l’air, comme flottante, d’anciens bâtiments abandonnés qui sont pourtant ce qui la raccroche à un sol commun à la ville, un axe routier qui passe par en-dessous, derrière moi maintenant, le quartier d’habitation, bordé par le parc, et, en continuant, le prolongement de ce parc, une succession de friches semi-fermées (en le voulant on pourrait y rentrer sans problème) qui garde la largeur du parc, jusqu’à la rue à une voie.

Tu avances sur cet axe jusqu’au par la pente, enthousiaste à l’idée de t tu vois un peu les façades à l’autre fâchée de ne rien voir qu’une lisière sera toujours comme ça. Tu délaisse du parc dans une partie bien plus c bassin, beaucoup plus de promeneur en passant devant une fontaine avec plan d’arches.

Une des marches à Berlin, coupe 5 / 6 . 98


c, l’objectif de la balade, et montes trouver un point haut. À mi-pente bout de la rue, mais en haut, tu es arborée. Tu as l’impression que ça s donc le point haut, arrives en bas classique, avec des fontaines et un rs et un bar de parc. Tu sors du parc c des statues d’anges, et un arrière-

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tu arrives au carrefour massif avec Landsberger Allee À cause du dimanche, et de l’espace ouvert, énorme, le manque de densité, le regard s’éloigne.

Ton objectif est Mitte, littéralement centre, milieu, ancien centre de Berlin, ou centre historique - quel est le mieux ? - avec l’île aux musées, la cathédrale (le dôme) etc. Ce quartier était à l’Est, seule encoche dans la limite qui fait sinon une diagonale, pour le dire grossièrement. Les bâtiments changent : moins hauts, plus ornés de colonnes et de frontons, des coupoles apparaissent, en tuiles vertes, ou noires, et la Spree, qui emmène le regard vers la coupole. La Spree est ici canalisée, sans berge, les bâtiments sont les pieds dans l’eau et les ponts font écluses ou gèrent l’écoulement de l’eau. Tu vas bientôt devoir t’arrêter, car tu as un rendez-vous et tu as prévu un temps trop court pour aller jusque là-bas à pied. Tu restes donc perpendiculaire au canal, allant vers l’est. Tu longes une friche, des bâtiments tout juste détruits, croises des maisons qui te semblent bien plus vieilles, balcons dorés, ou fioritures autour des fenêtres, etc.

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départ : 26 Paulus Apostelstrasse / 6.30 pm arrivée : Ouest / 5 Eberfelde Str / 9.30 pm durée : 3 h longueur : 12,6 km

Tu essaies de longer l’eau mais ça n’est pas facile, elle est cachée derrière une berge complètement végétale. De l’autre côté, il y a la ligne 1, qui fait un serpent de métal. C’est une ligne aérienne, avec une grosse structure en métal, un peu comme la ligne 6 à Paris, mais on ne peut pas passer en-dessous. Elle s’installe sur la berge nord de la Spree. Tu restes de ton côté d’abord, berge sud, ton regard tourné vers le métro, tu passes devant un arrêt et observes les gens qui attendent, là-haut, le regard tourné vers l’eau en contrebas. Un peu plus loin tu traverses l’eau pour passer sous la ligne. Tu la longes pendant quelques mètres, et tu dois tourner au nord au moment où tu pourras marcher sous elle. Tant pis. Tu arrives à cet arrêt que tu as déjà vu plusieurs fois, Hallesches Tor. MUR

Une des marches à Berlin, coupe 6 / 6 . 100

MUR


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MUR

Tu hésites à traverser et à rentrer sur l’île aux musées, mais finalement comme tu l’as déjà traversée, tu longes la Spree. Tu vois ce quartier qui dans ta grande balade à vélo t’avait déconcertée, avec le dôme et ce bâ iment bleu bizarre qui se côtoient. Ici les bâtiments semblent historiques, avec moult moulures, statues et olonnes. Pas tous bien sûr. Pas mal d’endroits sont en chantiers, ici. Tu sais qu’un ancien bâtiment de la RDA a été détruit, pour y reconstruire ce qu’il y avait auparavant, un bâtiment de la partie prussienne de l’histoire allemande, que le gouvernement d’Allemagne de l’est avait fait détruire pour reconstruire leur bâtiment. Cela fait débat : pourquoi garder une trace d’une époque et pas d’une autre? C’est sans fin surtout. Et pas très économe tu trouves. À ta droite le musée Pergame, tu passes sous un train, tu penses à Lausanne, la ville en hauteurs. Tu repenses à ce que t’a dit Florent sur les berges de la Spree et le combat des Berlinois pour y avoir toujours accès. Tu t’es du coup construit une images des berges du fleuves comme des quais très populaires, comme à Lyon peut-être. Ça n’est pas dans cette partie qu’elles sont réaménagées au bord en tout cas. Tu ne sais pa dans quelle mesure tu es objective. Tu as l’impression que tout ce que tu as bu de berges, de fleuve, était constamment encaissé, coincé, et difficilement accessible. Tu repenses à ta promenade du premier jour, où tu avais constaté, amusée d’abord, un peu étonnée, et parfois énervée du systématisme de la chose, que, si l y avait un chemin qui longeait le canal, tu devais traverser 3 fois quand tu rencontrais un pont. Il n’y avait pas de passage piéton direct, traversant le pont. Tu devais forcément passer de l’autre côté de la rue. La majorité des pont tu les as alors franchis « illégalement »... On dit que les Berlinois sont sensibles du passage piéton. Qu’il faut passer au vert, et que tu seras mal vu de passer au rouge. Au maximum tu essayes de respecter ça, mais ton naturel te rattrape...

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Vues de la soutenance ci-dessus maquette de topographie de Berlin, sur laquelle sont tracées les marches (en bleu) et le Ring (en vert) et à droite chemin de table des marches. 102


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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 105


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C L A S S I F I C AT I O N

La mémoire de la séparation est en fait la mémoire du Mur. Il n'existe pas tellement de mémoire dans la transversalité de Berlin : comment vivait-on de chaque côté, comment traversait-on ? Plus grand chose n'existe de la forme d'île de Berlin-Ouest. Plus grand chose n'existe du passage. On ne perçoit d'ailleurs que rarement l'épaisseur du no man 's land. La commémoration devient la commémoration d'un objet architectural et se fait de 3 manières : - Une manière que certains comparent à de la «prostitution», un aspect très émotionnel, qui joue sur l'anecdote, les petites histoires, et qui sont des lieux comme Checkpoint Charlie ou l'East Side Gallery. - Une manière scientifique, muséographique, qui tente de conserver, d'avoir un point de vue objectif et d’être pédagogique, et qui relève d’une certaine forme d’institution. - Une manière de la trace, de la ligne de pavé qui se fond dans le sol.

MÉMORIAL Aménagement, sculpture ou plaque commémorant le mur, la chute du mur ou les victimes. Il ne conserve rien du mur, il ne représente pas le mur, il s’inspire du mur et recrée un espace différent.

C O N S E R VAT I O N Où l’on trouve des formes du mur ou de son épaisseur (l’espace du no man’s land) telle qu’elles étaient ; rare.

R E P R É S E N TAT I O N S Aménagement représentant le mur, cherchant à recréer tout ou partie de ce qu’il était, mais sans être authentique.

TRACES - FRICHES Restes de l’épaisseur du no man’s land (sans trace du mur lui-même), pas forcément voués à perdurer.

EXTENSION - RÉPERCUSSION - ACCROCHE Restes de l’épaisseur du mur, dont on s’est servi pour aménager la ville : utilisation des espaces vacants pour installer des parcs, mais aussi utilisation du lieu et de son pouvoir d’attraction pour installer des musées, etc. en rapport avec le mur.

effacement Sans doute l’action la plus fréquente, qui est pourtant visible grâce à la matérialisation du mur par la double rangée de pavé, laissant apparaître des discontinuités 106


EXTENSION -RÉPERCUSSION

ACCROCHE

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Maeur Park

Archives et Centre pour les visiteurs

RÉPERCUSSION / TRACES

REPRÉSENTATION / REPRODUCTION / CONSERVATION

parc

Bernaeur Strasse

CONSERVATION

TRACES

tour

friches

TRACES friches parc

MÉMORIAL / CONSERVATION bibliothèque du Parlement

RÉPERCUSSION / TRACES

TRACES friches

ACCROCHES

Topographie des terreurs Check Point Charlie

REPRÉSENTATION East Side Gallery

TRACES parc

TRACES friches

MÉMORIAL

N Berlin, carte de la marche le long du Mur, 22 km

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ARCHÉOLOGIE PÉDESTRE LE MUR ENTERRÉ

Le mur de Berlin était en fait les murs de Berlin. Ils étaient deux, et formaient entre eux un no man’s land, une sorte de bande de largeur variable à l’intérieur même de la ville. Ce dispositif a évolué entre 1961 et 1989. On parle de quatre générations de mur, de plus en plus performantes techniquement. Un chemin cyclable a été aménagé sur la totalité du tracé, jalonné d’informations. Le mur est représenté sur tout son trajet en «centre-ville» par une double rangée de pavés au sol. Il ne marque donc que l’un des deux murs. Sur certaines cartes, on comprend où était le tracé du deuxième mur. Cette ligne, assez discrète, est complétée par un panneau gris métallisé assez sobre, qui suit le trajet du mur sur sa totalité. Cette représentation prend une forme presque archéologique, se fondant dans le sol pour faire émerger des souvenirs à qui le souhaite. Désormais le Mur se mêle au reste de la ville, en devient partie intégrante, sans pathos. Les discontinuités qu’il fait apparaître témoignent de l’évolution de la ville, de sa reconstruction. Il y a un effet de palimpseste pégagogique, la superposition des strates étant mise en évidence par une ligne que l’on peut dater, et qui s’efface sous de nouvelles constructions.

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série numérique discontinuités, images du Mur


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DE L A L I G N E À L’ É PA I S S EUR , L E S T R A C E S PA R L E S B O R D S

Les traces du mur deviennent alors les traces du no man’s land. De largeur variable, ce no man’s land a été majoritairement réapproprié, à travers des actions urbaines officielles, comme dans le cas de la Potsdamer Platz, découpée en quatre et donnée à quatres investisseurs privés qui ont chacun fait un appel à projet, amenant des architectes internationnalement connus comme Renzo Piano à projeter, ou par des friches ou parc comme on l’a vu auparavant. Une autre forme de traces apparaît, celle du bord, de la limite du vide. Délimité anciennement par des murs aveugles, on retrouve encore aujourd’hui ces murs. Ce sont eux qui ont amenés mon regard à se déplacer, sur le Ring les façades aveugles étant toujours la marque d’un trou, creux, vide, no man’s land, trouvant les mêmes façades aveugles le long du tracé du Mur et le long du tracé du Ring.

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DE L’HISTOIRE AUX HISTOIRES, L E S T R A C E S I M M AT É R I ELLES

Niki : Mes grands parents et mon père aussi, ont déménagé à l’ouest après la guerre parce que, comme beaucoup d’autres gens, ils n’étaient pas d’accord avec le socialisme, alors beaucoup de gens ont déménagé dans le train Sbahn. C’était le déménagement avec le train Sbahn. On avait quelques choses, quelques bagages…, pas grand chose, c’était trop dangereux parce qu’il y avait toujours des soldats et des policiers. Niki : Et là où on allait se baigner, dans les lacs, il y avait quelques lacs où la frontière était au milieu du lac. Et c’était toujours cette peur, qu’est ce qu i arrive si on passe, la frontière. Cette peur, c’était toujours présent. Niki : à Kreuzberg, très près du mur, si tu faisais des promenades au canal, le Landswerh canal, et de l’autre côté du canal il y avait le mur! et c’était un quartier là, au fond. C’était la fin du monde! Là. Il n’y avait plus rien.Jens : Quand j’étais jeune, à Berlin, mes sympathies étaient grandes pour le régime de la DDR (GDR), et à cause de ça j’avais sur ce mur un autre regard. Tous les gens de droite ici ils disaient que c’était un symbole d’un régime criminel, etc, il faut dire que du fait du mur, des familles ont été coupées, des meurtres, etc mais il faut dire aussi qu’àl’époque le mur était absolument nécessaire pour survivre de ce pays là. C’était plus possible, après la guerre, le parti de l’ouest était nourri par les américains, par le capitalisme quoi, et le déjà assez pauvre parti de l’est, il devait payer pour la guerre, pour les soviétiques. Ils ont payé beaucoup. Par exemple, les chemins de fer, en l’Allemagne de l’est, les soviétiques ont démonté une des 2 voies dans toute l’Allemagne de l’est! Pour les matériaux quoi. Et il faut dire ça si l’on parle du mur, il faut savoir toutes les choses derrière ça,, il y a eu des choses affreuses, mais l ne faut jamais perdre de vue toutes les choses qui ont amené jusque là! C’est la même chose si aujourd’hui on dit «ha les juifs et les palestiniens, comment peut on sortir de cette chose là?» Ce sont des choses qui ont peut être 60 ans ou même plus .. c’est le résultat de politique! Et c’est la même chose avec le mur! Le mur c’est le résultat de de la fin de guerre et de de la «trennung», de la division, de la séparation allemande, et aussi de la séparation du monde! C’était symbole de la guerre froide, pas juste l’Allemagne, c’est le monde, c’est une séparation du monde.. Micheline : Et quand on le raconte, les gens veulent pas le croire. je sais que ma famille m’a dit «mais tu nous racontes des histoires» quand je leur ai dit «mais vous savez, la RDA, à la fin de la guerre, l’Union Soviétique a tout démonté, tout emporté! Tous les sites industriels qu’il y avait, sur le site , donc de la RDA, ça a été démonté, les machines, tout ça a été emporté en Union Soviétique! Il a fallu qu’ils repartent vraiment de moins que zéro. Donc ça explique beaucoup de choses. Et je sais que mes parents, qui sont de droite, qui étaient de droite et même d’extrême droite, ne voulait jamais, n’ont jamais accepté cette explication. Enfin, ces faits historiques! Niki : mais il y a encore une autre perspective, à côté de ces vérités politiques, par exemple pour moi, vivre à Berlin ouest, c’était aussi vivre dans une ville, et pas vivre en Allemagne. Ouest. Et tout le monde disait d’ici « nous sommes allés en Allemagne «. Alors «ici» ça n’était pas l’Allemagne, ça n’appartenait pas à la république fédérale de l’Allemagne. Nous avions une autre carte d’identité, pas de passeport, et pour moi c’était important, de ne PAS appartenir, à cet état. Parce que pour moi, c’était bourgeois, ex nazi… Et pour beaucoup la motivation pour vivre à Berlin, était d’éviter le service militaire. C’était une île! Jens : A cette époque ça changeait déjà beaucoup. Moi je venais de l’ouest et j’étais le héros. Parce qu’ils pensaient toujours : «ha c’est bien chez vous, ha c’est possible chez vous??,, chez nous c’est pas possible..;» et des choses comme ça. Et je pense que ça aussi c’est une expression du mur parce que quand tu es de ce côté du mur, tu imagines une monde de l’autre côté, super bon, rose, où tout est bien, superbe, et chez nous c’est tout gris, pas du tout bien, etc., et je me sentais toujours, comme un menteur parce que je disais «non non ce n’est pas si bien! moi je suis contre cette société, je suis contre le capitalisme!» et ils disent mais oui, mais vous avez Aldi, et vous avez tout ça, tu peux aller où tu veux, etc., Si quelqu’un est de ce côté du mur, il rêve toujours de choses comme ça. C’est comme une belle femme, on la voit, mais quand tu la connais elle n’est peut-être pas si belle, si le rêve devient vérité c’est pas toujours bien. C’est comme ça. Et moi j’ai vraiment senti que dans l’Allemagne de l’est il y avait vraiment des qualités de communication entre les gens, plus plus bien que chez nous, parce que tout le monde n’avait pas de téléphone. J’ai trouvé presque presque chez tous les gens, à côté de la porte, un petit morceau de papier, et un crayon pour écrire … «j’étais ici, je reviens demain», des choses comme ça. Et toujours quand tu rencontrais des gens, ils avaient du temps pour parler, pour entendre, pour écouter… Et pour moi c’était aussi un sentiment assez agréable d’entrer en l’Allemagne de l’est parce qu’il n’y avait pas de publicité. Pas de chose «Achète moi» «Il faut avoir ça». Pas du tout. Au contraire, si tu voulais quelque chose, il fallait savoir où tu pouvais le trouver. C’était complètement autre chose. Un aspect des murs c’est ce qu’il y a après, de l’autre côté. . En israël maintenant, des côtés où on jette un ballon, il passe le mur, et il revient, personne n’a aucun contact avec l’autre côté, ça c’est une leçon du mur. Et des choses comme ça, c’est étonnant. Niki : Je me souviens que quand j’étais à Jérusalem, en 86, 87, quelquechose comme ça, et il y avait encore le mur ici, et on ne pouvait rien voir. Et moi je ne pouvais pas imaginer que notre mur, à Berlin, n’existe plus, et qu’on ne pourrait pas voir où est la frontière. Et maintenant je vois parfaitement que c’est possible. Mais en 80, bah je ne pouvais pas imaginer. Et maintenant eux, ils ont un nouveau mur, là.

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Extraits remaniés d’entretiens avec Niki Graça-Heilmeyer, Jens Heilmeyer, et Micheline Poli.


topographie des FRONTIÈRES Jens : je pense que tous les murs vont tomber un jour sauf la muraille de Chine. Si on parle du mur allemand, on peut dire «bon c’était le résultat d’une d’une dictature», mais les Israéliens ne sont pas dans une dictature! X : la séparation entre l’Allemagne de l’ouest et de l’est, ca n’était pas une frontière. C’était une protection, contre le capitalisme, l’impérialisme… Dans le jargon de Allemagne de l’est, c’est quelque chose qui protégeait, et ca s’appelait «Frieden die mauer», le mur qui protège, qui apaise, qui assure la paix Jens : avec le mur allemand c’était plus simple parce qu’on pouvait dire que la droite était contre le mur, et la gauche peut être un peu pour, mais la gauche de l’Allemagne de l’est était pro. Et en Israël, c’est plus difficile. On peut pas dire que les Israéliens sont tous absolument pour, et il y a des Palestiniens qui sont pro, je ne sais pas, peut-être que ça existe. Niki : et à Berlin, le mur c’était aussi pour interdire la fuite, l’immigration de tous les gens de Berlin est. C’était une raison économique! parce que tout le monde s’évadait, alors ils n’avaient plus de travailleurs, des médecins, les intellectuels, l’élite s’enfuyait. Alors c’était une raison économique. Jens : En 61, les Américains ils n’ont rien eu contre, ils n’ont fait rien contre ça. Ils pouvaient faire quelque chose. Ils ont dit «bouarf, ça m’intéresse pas du tout, nous sommes pour la liberté tout ça, mais pas trop, faut pas travailler trop pour ça hein». Et si à cette époque les Américains vaillent dit «non c’est pas possible ce mur c’est pas du tout possible, si vous faites ce mur, c’est la guerre», c’est sur que ils n’auraient pas fait le mur. Et aussi c’est sur qu’avant le mur, ils avaient déjà eu des informations. On ne peut pas construire un mur en une seule nuit. Ca veut dire qu’ils savaient... tout le monde savait avant, et à mon avis aussi le régime de Adenauer. Niki : mais c’était plus clair comme ça. La séparation entre les deux mondes capitaliste et socialiste, c’était plus clair, avec ce mur. Micheline : C’était aussi la non volonté des USA d’intervenir, et la non capacité de l’Allemagne de l’ouest, qui était encore relativement jeune aussi, à intervenir, c’est-à-dire que les moyens militaires n’étaient pas là. Et peut-être la peur de se lancer à nouveau dans un conflit, dont on ne pouvait pas estimer la portée, et les conséquences. Parce que, en 61, la guerre, elle était passée, elle était tout juste passée de 15 ans, c’est pas beaucoup! Donc il y a eu cette prudence… X : Le gouvernement allemand profite du mur à un niveau de politique internationale, l’Allemagne aurait du payer les compensations dues aux dégâts causés par la guerre qu’elle a commencé. Et ça aurait été des milliards. Et au moment de la réunification, il n’a pas été question de la fusion de 2 états, non, mais un état s’est mis, est passé sous la constitution de l’autre. Donc on ne parle pas sur le plan politique de fusion de 2 états, mais de l’intégration d’un pays, qui ne correspond pas au pays qui existait avant la guerre, parce que l’Allemagne ne correspond plus du tout à ce qu’elle était sur le plan géographique à ce qu’elle étaitavantlaguerre .Donconévite comme çalaquestiondescompensations,qui aurait coutédesmilliardset desmilliards. Donc on fait des économies. Il y a aussi cet aspect là. Hum hum. Parce que dans ce cas là, l’Allemagne réunifiée aurait eu d’énormes problèmes économiques, déjà ça a couté cher d’intégrer 18 millions de personnes dans un système alors que ces personnes n’avaientjamaispayéquoiquecesoitdanscesystème,ilfautvoiraussileschosescommeça,lasécuritésociale,leschosescomme ça, les assurances retraite, etc.! Donc la question des compensations, elle est passée, heu, de façon très élégante, sous la table. Micheline : Pour moi Berlin c’est la seule ville où j’ai tenu le coup, je n’ai jamais eu l’idée d’aller à Hambourg, ou à Dusseldorf ou à Munich. Mais Berlin c’était vraiment l’endroit où on pouvait , 1, vivre avec très peu d’argent, on pouvait vraiment vivre avec peu d’argent, les loyers étaient très modiques, bien sûr les appartements n’avaient aucun confort, je suis arrivée ici, il a fallu que je me chauffe des poêles à charbon, j’avais jamais vu ça de ma vie, au début ça a été assez assez dur, mais bon, et, sur le plan politique et culturel, y avait plein de choses à Berlin ouest, des milieux qui se parlaient ou qui ne se parlaient pas, mais qui vivaient, qui cohabitaient sans aucun problème, et on pouvait passer de la haute culture, à la culture alternative la plus bizarre sans aucun problème! et ça, ça on ne le trouvait pas dans d’autre ville allemande, très peu, très très peu. Et c’est ce qui commence à disparaître, de Berlin. Il y a des coins de culture alternative, mais ça y est, maintenant, il faut bien connaitre. Il faut être faire partie des initiés. Alors qu’avant ça n’était pas du tout la même chose. . N(…) Jens : Rien, c’est fini. C’est absolument fini. A mon avis c’est fini, le seule chose que, ce que reste encore, pour quelques temps, ce sont des différences culturelles entre les deux allemands. Ca reste toujours. Moi j’ai pas mal des amis de l’Allemagne de l’est, et ils disent jusqu’à aujourd’hui, ils disent «tu ne comprends pas vraiment, ce que nous avons… «c’est comme ça. Et ça va rester jusqu’à cette génération ai fini.

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topographie des FRONTIÈRES

Vues de la soutenance les formes de traces à Berlin, façades aveugles et série façades. 114


topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

« Les murs, qui protègent quoi, ou qui, de quoi? Faits de plaques en ciment ou de parpaings, dressés et badigeonnés à la hâte, ne servent à rien d’autre qu’à délimiter deux dehors : la rue et le terrain transformé en parcelle promise à la construction d’un futur et hypothétique dedans. Ces murs-là aussi sont des ruines à rebours. [...] Il faut donc parler de murs, puisqu’on dit couramment d’un bâtiment en ruine qu’il n’en subsiste que les murs. Il convient, bien sûr, de faire des distinctions. Il y a les murs symboliques (le templum antique, simple sillon creusé à la surface du sol ou espace inaugural défini par geste dans le ciel, les murs-pour-rire des cabanes que construisent les enfants, les murs des prisons (qui empêchent de sortir), les murs des propriétés (qui empêchent d’entrer), les murs intérieurs (qui séparent les pièces), le mur de Berlin, le mur du son, ect. Note n°7, p . 49: Depuis quelques années, une nouvelle sorte de murs s’est mise à proliférer : les routes. Ainsi, une des rares zones naguère encore épargnée était une portion de littoral rocheux longeant le détroit, en contrebas de la Kasbah et du quartier résidentiel du Marshan, entre le port et l’embouchure de la Rivière des Juifs. Des sentiers escarpés permettaient au bord de la mer, domaine d’élection pour les pêcheurs à la ligne, les amoureux discrets, les gobeurs solitaires, les baigneurs intrépides et les chats pêcheurs. Aujourd’hui une route à quatre voies a été construite le long du rivage, empêchant désormais tout accès à la mer. Cette route est un mur.» HOCQUARD, Emmanuel, Ruines à rebours, Bordeaux, Les éditions de l’attente, 2010, p. 31-32

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topographie des FRONTIÈRES

danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières 117


topographie des FRONTIÈRES

Q U ’ E S T-C E Q U ’ U N M U R ?

Les murs tels que je les ai abordés sont toujours vus comme un empêchement, un infranchissable. C’est cette notion péjorative du mur que j’aimerais dépasser : le mur est aussi une construction, une scénographie, une sculpture. Il va cacher et dévoiler, cadrer, diriger, inviter, mais il peut aussi élever, être un point haut, etc. Dans, À travers les murs, l’architecture de la nouvelle guerre urbaine, (Paris, La Fabrique, 2008, 90 p.), Eyal WEIZMAN, cite Aviv Kochavi, officier des forces de défences israéliennes « c’est pourquoi nous avons choisi la méthode qui consiste à passer à travers les murs. […] Comme un ver qui ronge sa galerie pour avancer, ressortant à certains endroits pour aussitôt disparaître. Nous progressions de l’intérieur des habitations vers l’extérieur, selon des modalités inattendues et à des endroits qui n’étaient pas prévus, arrivant par derrière pour frapper l’ennemi qui nous attendait au coin d’une rue.» Il évoque le développement dans la stratégie militaire des programmes urbains, associés à de la philosophie (Deleuze et Guattari, essaimage, déterritorialisation, Gordon Matta Clark pour les techniques passe-muraille) pour repenser la perception de la ville. En passant par l’intérieur des habitations, ils cherchaient à inverser le dedans et le dehors et transformaient le domaine privé en voie de passage. La muraille de Chine, la muraille d’Hadrien, sont des constructions aujourd’hui valorisées comme Patrimoine Mondial de l’Unesco. La Grande Muraille était aussi une voie de passage, mais ces deux constructions sont considérés comme des ouvrages d’art, des prouesses techniques. Qu’en est-il du Mur de Berlin ? Qu’en serait-il du mur israëlo-palestinien ? PREMIER MESSAGER : On a bâti la muraille. PISHÉPAEROS : Bonne nouvelle! PREMIER MESSAGER : Très bel ouvrage et des plus magnifiques! En haut, elle est si large que Proxénidès le Vautour et Théagénès, sur deux chars qui se croiseraient, feraient courir leur attelage, les chevaux en fussent-ils grands comme le Cheval de bois. PISHÉPAEROS : Par Héraklès PREMIER MESSAGER : La longueur, je l’ai mesurée moi même, est de cent stades. PISHÉPAEROS : Par Poséidôn! C’est ce qui s’appelle grand. Et quels ouvriers ont bâti cette oeuvre gigantesque? PREMIER MESSAGER : Les oiseaux. Nul autre qu’eux n’était là : ni tuilier égyptien, ni tailleur de pierre, ni charpentier : ils ont tout fait de leurs mains : aussi suis-je émerveillé. De la Lybie sont venues trente mille grues, qui avaient avalé les pierres d’assises ; les râles les ont équarries de leurs becs : dix mille cigognes façonnaient les briques, tandis que l’eau était portée en l’air par les pluviers et les autres oiseaux de rivière. PISHÉPAEROS : Qui leur préparait le mortier? PREMIER MESSAGER : Des hérons dans des auges. PISHÉPAEROS : Et comment transportaient-ils ce mortier? PREMIER MESSAGER : Voici, mon bon, une invention des plus ingénieuses. Les oies, se servant de leurs pattes comme de pelles, battaient le mortier et l’entassaient dans les auges. PISHÉPAEROS : Ah! Vraiment, que ne ferait-on pas avec les pattes? PREMIER MESSAGER : En même temps, de par Zeus! Les canes, la ceinture serrée, portaient des briques ; en haut, la truelle au dos, comme des mères leurs enfants, le mortier au bec, voltigeaient les hirondelles. PISHÉPAEROS : Quel besoin, après cela, de salarier des mercenaires? Voyons, maintenant, quels oiseaux ont construit la charpente du mur? PREMIER MESSAGER : Comme charpentier des plus habiles étaient les pélicans, qui, de leurs becs, équarrissaient les portes : on eût dit le bruit des haches dans un chantier naval. Et maintenant tout est garni de portes verrouillé et bien gardé ; on fait la ronde, la cloche circule, partout sont posées des sentinelles et des feux allumés sur les tours. Aristophane, Les Oiseaux, [in] MOURET, Jean-Noël, Le Goût des villes imaginaires, Paris, Mercure de France, « Le petit Mercure », 2011, p. 15-16

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topographie des FRONTIÈRES

ORSSET, Éric, Murs, École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, 1986

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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRE

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement

voyage

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Q U ’ E S T-C E Q U ’ U N M U R ?

Avant tout, le mur a des qualités de textures, il n’est pas lisse, il raconte des histoires. Parfois abstrait, il peut devenir une surface graphique, à motifs. À Berlin, j’ai regardé les murs. Au départ je regardais le Mur, lui seul, et progressivement mon regard s’est déporté, tout d’abord sur les murs aveugles que l’on trouve encore le long de l’ancien no man’s land, puis sur les façades des bâtiments le long des marches, cherchant la différence dans l’architecture, jusqu’à obtenir une série systématique de plans de façades. La façade est-elle toujours un mur ? En opposition à ces murs aveugles, elle se pare de linteaux, colonnes, fresques, couleurs, etc. Une impression de systématisme d’abord, puis de vibration, de façades très régulières car toujours à la même hauteur, avec le même genre de balcon, mais avec ces variations infimes de décorations. La façade serait un type de mur, avec un rôle précis, une fonction. Elle est un côté d’un bâtiment, sous-entendant donc un intérieur (potentiellement hospitalier), et pas n’importe quel côté : celui qui fait face, celui qui s’affiche. La façade a un rôle de communication. Elle perd alors complètement l’aspect péjoratif du mur (à savoir l’interdit du passage, la fermeture), mais est peut-être aussi mal considérée par son aspect de séduction, d’ornementation gratuite, d’affichage. Elle en ferait trop ? Finalement, nous projetons des idées éthiques sur le mur : la façade s’en sort, car dégagée de l’aspect honteux du mur. Pourtant en soi, elle est un mur en tant que construction, empilement de pierre, maçonnerie, etc. Il s’avère de changer son regard. Le mur m’intéresse ici uniquement pour un aspect graphique, abstrait. J’oublie les fonctions qu’ils ont , les rôles qu’on leur suppose, et la valeur morale qu’on leur donne, et je n’y regarde que leur surface, comme un pûr objet visuel.

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Jacques SIMON, Murs et sols, Aménagement des espaces libres, n° 14, Saint-Michel-sur-Orge, 1981, 96p.


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topographie des FRONTIÈRES

série argentique les façades aveugles, octobre 2011

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topographie des FRONTIÈRES

Extrait de la série façades de Berlin.

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topographie des FRONTIÈRES

Extraits de la série façades de Berlin.

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motifs infranchissable surface texturée inscription

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LE RING L’HORIZON COMME NOUVELLE LIMITE

LeS-Bahnconstitueuneformedestructureencreuxquimarqueuneépaisseur,quidégageundedansetundehors, qui sépare, qui met à distance. La ligne 41-42 est une boucle , comme un ruban de Mœbius que l’on peut emprunter à l’infini. Elle a marqué pour moi une circonscription du «centre» de la ville. Il est difficile de parler de centre à Berlin, la ville historique n’existe plus tellement et est surtout l’île aux musées, un «centre» institutionnalisé donc, qui ne correspond pas à l’image de liberté, de ville de tous les possibles et de toutes les causes qu’on se plaît à associer à Berlin. Le regard que j’y porte est certes un regard très parisien (cf. p. 50-51). Mais cette structure ferroviaire marque quand même parfois une frontière sociale et économique, entre la banlieue et la ville. «Tu as choisi de partir derrière le Ring, et de le traverser, pour en mesurer son épaisseur. Tu n’es pas déçue. Tu n’as pas compté le nombre des voies, tu pourras le faire depuis les photos, mais il creuse une faille importante dans la ville. Il crée d’ailleurs un peu de topographie dans cette ville plate, car les ponts selon leur portée doivent se courber, te faisant ainsi faire un petit effort, et puis il génère un point de vue, une grande perspective. Tu vois quelqu’un le regard perdu rester 10 minutes (peut-être plus?) à regarder au lointain. Dans cette ville sinon tu as l’impression d’être toujours dans un petit quartier. La ville a beau être immense, et variée, tu ne l’appréhendes jamais dans sa globalité, même un peu. Elle reste toujours à l’échelle humaine. Ces trous, ces plongées, amènent enfin le regard loin, et font prendre conscience du contraste de taille, d’échelle, de soi à la ville. Eh oui, Berlin est énorme, et toi toute petite.» Extrait de la marche du 28 avril. Une autre forme de mesure apparaît, celle de l’arrivée d’un horizon, qui porte le regard au loin, et dévoile l’étendue et la démesure de la ville. Le Ring crée alors une nouvelle topographie, celle du point de vue, du panorama, et celle aussi de l’effort physique (léger) qui amène sur les hauteurs et laisse le regard se perdre. Il prend de l’épaisseur au pied, et une marge se constitue autour de lui. Je l’ai longé ur certaines parties, je l’ai traversé souvent. Je l’ai pris dans les deux sens, fait le tour de Berlin plusieurs fois dans ce Ring, reprenant ce protocole de saisie mécanique (par la photographie, voir l’extrait ci-contre), observant lesvariationsdeproximité delaville.Cet espace, géographiquement dansla ville, se vit comme une sorte de nonlieu, déconnecté. Il est doublement mis à distance, mis en recul, en retrait, par une différence de niveau, un écart, un lointain, physiquement (le creux dans lequel il s’installe) et par le fait d’être dans un transport en mouvement, soi-même immobile. «Berlin possède un réseau de transports urbains, la S-Bahn, qui fut en son temps une prouesse technique, R.E.R. des années vingt qui reliait entre elles les grandes gares et les banlieues. En 1961, un appel au boycott fut lancé à l’Ouest en riposte à la construction du Mur... et jusqu’en 1980, Berlin-Ouest fut encore sillonnée par les longues rames jaune et rouge aux bancs de bois ciré désertés. La ville est fragmentée par de vastes coulées de verdure trompeuses ; sous les arbres et l’herbe, des voies de chemins de fer, des ponts, des ruines rappellent que là sont passés des milliers de trains. Seules les voies encore utiles ont été entretenues.» « Y entrer, en sortir » Gérard Gabert [in] «Berlin, le ciel partagé», série Monde éditions Autrement, 1983, p. 27

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emprise du Ring vers Berlin arrêt Bornholmer Strasse


topographie des

sĂŠrie numĂŠrique depuis le train

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topographie des FRONTIÈRES

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photographies numériques pendant le trajet du Ring, vers l’intérieur de Berlin et l’extérieur. Impression et construction d’un ruban de Moebius et réalisation de deux stop-motion



topographie des FRONTIÈRES

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photographies numériques pendant le trajet du Ring, vers l’intérieur de Berlin et l’extérieur. Impression et construction d’un ruban de Moebius et réalisation de deux stop-motion



topographie des FRONTIĂˆRES

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topographie des FRONTIÈRES

N Carte des frontières potentielles de Berlin le fleuve, le Mur, le Ring mis en parallèle

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topographie des FRONTIÈRES

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Vues de la soutenance photographies numériques pendant le trajet du Ring, vers l’intérieur de Berlin et l’extérieur. Impression et construction d’un ruban de Moebius et réalisation de deux stop-motion



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danger présumé

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urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

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contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

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Histoire / histoires traces

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POURSUITE LE DÉSIR DE JÉRUSALEM

Mais, si Berlin est une ville où la frontière est inactive, où le Mur est absent, qu’en est-il de lieux comme Jérusalem ? La situation de Jérusalem me semble particulièrement stimulante pour aborder la notion de frontière : réunissant un certain nombre de communautés religieuses, ethniques, culturelles, elle représente aujourd’hui à la fois la ville de la Paix, de la cohabitation, et en même temps la séparation (le Mur). Par ailleurs, ma courte expérience de la ville m’a nettement fait sentir que ces formes de frontières se matérialisaient dans la forme même de la ville, par les transports (certains bus inactifs le samedi, faisant de toute une partie de la ville un endroit plus difficile à atteindre) , ou dans les espaces publics. Le Mur en lui-même est-il donc la seule forme de frontière physique ? Un premier regard sur Jérusalem ne saisit le mur que de loin, car majoritairement situé à l’est de la ville. Cette mise à distance rend plus facile l’idée de non-lieux autour de cette structure. Pourtant, il est de notoriété publique que le mur israélo-palestinien coupe des villages en deux. Dès lors, comment s’approprie-t-on cette construction ? À défaut d’un pouvoir civique ou politique sur ce mur, des habitants vont chercher à s’y inscrire, par les mots, les images, ou à vivre avec, en y jouant au foot, à la balle, en s’en servant comme parking, etc. L’objectif a plus long terme serait de réitérer l’expérience de Berlin, à Jérusalem. Les protocoles mis en place à Berlin seraient à compléter, ou à construire sur place, ou à densifier. Arpenter Jérusalem comme j’ai arpenté Los Angeles il y a deux ans, et Berlin cette année me semble être la suite logique de ce travail.

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topographie des FRONTIĂˆRES

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AU PIED DU MUR

Retourner. Retourner et vraiment y aller. Voir ce qui se passe. Ne pas se fier aux ragots, à ce qu’on en dit. Il y a danger ? Je ne crois pas. Je veux voir. Je veux voir pour voir si je peux faire. Pas faire la révolution, non, mais faire quelque chose. Observer le mur. C’est peut-être là que je pourrais intituler «Au pied du mur»? Observer le pied du mur, comment on s’y installe. Camper ? Habiter ? J’ai vu la vieille ville, j’en ai fait le tour, au sens strict, j’ai longé sa muraille. J’ai passé toutes ses portes, pour toutes les voir, j’ai marché sur ses toits. J’en suis sortie, pour aller voir les vallées, étonnantes vallées sèches et rêches, ocre et vert olive, poussiéreuses un peu, délaissées, la ville ne s’y installe pas, se développant plutôt en bandes. J’ai très peu vu Jérusalem Est, ou du moins j’en ai vu les sentiers battus, ceux autorisés par le Lonely Planet et le Routard. La nouvelle ville aussi, le quartier de Mea Sharim, le quartier de Nahla’ot, le quartier de Mamilla, la colonie allemande... Mais tout ça en touriste. Pas d’assez près. Passer la frontière autrement qu’en touriste français. Il reste à organiser une vraie marche. Une marche pour longer le mur, de part et d’autre, et des marches à l’intérieur même de toute la ville. Jérusalem est coupée en deux, assez loin, mais Jérusalem est aussi le lieu de friction d’au moins 3 religions. Et à l’intérieur même de ces religions, des groupes, des distinctions. Observer la «cohabitation». Observer les limites ordinaires, voir, tout simplement (!), la structure de la ville. Voir les échanges et les partages, les centres, les périphéries. Voir les passages, les sas, les check point. D’abord, j’essaierai de trouver un endroit où m’installer. J’y déposerai quelques affaires. Je me créerai ce point de retour qui existe dans toutes mes marches. Je commencerai par quelques balades, la balade de la familiarisation, pour connaître le quartier, pour s’approprier le lieu, pour rencontrer des gens peut-être. La deuxième étape sera celle de la carte. Je trouverai une carte, une vraie, ailleurs que dans un office de tourisme. Ensuite, j’irai en exploration. Sur la carte, sur google et dans Jérusalem, j’irai. J’espère qu’à ce moment là, j’aurais des lieux à aller voir. Ces lieux sur lesquels il faut passer un peu de temps, ou ces lieux dont on n’est pas sur qu’ils existent encore, ou ces blancs sur la carte qui laissent tout à imaginer. Peut-être qu’à un moment, je m’obligerai à suivre un protocole. Et puis bien sur, il ne faudra pas que faire Jérusalem. Il faudra longer le mur jusqu’à plus bas. Retourner à Béthléem, connue pour ses tags, et faire ce même procédé. J’ai bien peur que ça soit une marche longue, Google Earth m’a dit 7 km je crois...

annexe 3; livret textes Jérusalem - Bethléem 144


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Il faudra choisir sa saison.

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CONCLUSION

Ce travail interrogeait donc la notion de frontière selon deux angles. En première partie il s’appuyait sur un cas d’étude, Berlin, et reprenait en deuxième partie une recherche plus générale sur la notion de frontière. À Berlin, ville fantasmée, j’ai recherché les formes de frontières. Cette recherche, menée principalement par la marche, s’est tournée vers deux objets : - le Mur en lui même, trace objet de la séparation - les frontières ordinaires. Les traces sont multiples et polymorphes : matérielles elles se traduisent par la commémoration du Mur, ou des restes architecturaux, immatérielles elles se trouvent dans la mémoire des gens d’une certaine génération. Les frontières infranchissables, spatiales de la ville de Berlin sont autres aujourd’hui. Je les ai trouvées dans l’infrastructure du Ring, mais elles existent sûrement sous d’autres formes. À travers cette recherche, j’ai construit un portrait de la ville, très subjectif, d’où est ressorti un intérêt puissant pour la topographie et les murs. Le projet à Berlin ne m’a pas semblé impératif. Le conflit n’y était pas (assez) présent. La notion de frontière a pris consistance à une échelle plus large, historique et géo-politique, planétaire, à travers tout d’abord 3 voyages. À partir d’un constat de paradoxe, des notions m’ont arrêtée, comme la question de l’engagement politique, qui replace le paysagiste. Face à une gourvernance militaire et une peur des lieux, on se détourne des frontières en les considérant comme des non-lieux, mais que se passe-t-il véritablement au pied d’un mur ? Ces lieux ne sont pas considéréscommedeslieuxdeprojets,oubienleprojetsedoitobligatoirementd’êtreengagépolitiquementetdeparticiperà unface-à-face.Commentintervenirpour,demanièreneutre,reconsidérercesendroitscommedeslieux,c’est-à-direhabités, pratiqués, transformés ? Peut-on encore parler de paysage dans ces lieux de conflits s’il n’y pas projet ? Quelle serait la place du paysagiste dans de tels lieux ? N’y aurait-il pas une forme de résistance en choisissant ces lieux comme sites d’étude ? Il me semble en effet que ces lieux sont à tort considérés comme des non-lieux. On les ignore en les disant non habités, non pratiqués, des lieux où la vie n’existerait pas. Ils deviennent de faux no man’s land, où l’on ne projette rien, ni imagination, ni aménagement. Comment habite-t-on des lieux que l’on considère comme invivables ? Ne peut-on pas simplement les considérer, les observer, les vivre, puis peut-être les aménager, tout en étant pacifique et neutre ? Le paysage doit-il attendre des situations normalisées pour agir et reconduire ainsi des situations de fait ? La question plus intime du «chez soi» a surgi également. La distinction entre les termes terrain et territoire m’a vivement intéressée. Quels sont les processus d’appropriation et d’usages des lieux par ses habitants ? La question de la limite virtuelle, de la cartographie sensible se posera alors, et l’on cherchera à comprendre quelles formes prennent ces limites : objets paysagers ou architecturaux ? Événements ? En quoi peut-on dire d’un endroit qu’il est chez nous, et selon quel aspect cela se matérialise‑t‑il ? Est-ce une forme d’appropriation progressive ? Une diffusion ? Un acte fort? Un geste? À force de prendre en photographie des murs et des façades, mon regard sur l’objet mur s’est élargi : quelle serait la différence entre un mur et une façade ? Pourquoi inscrire sur un mur ? D’où vient ce besoin d’écrire sur un mur, de la marquer ? Est-ce unemanièredes’approprierunesurface,unespace,àdéfautdeceluiqu’ilyaderrière?Est-cel’idéed’uneformed’action?On agirait sur le mur comme une forme de violence ou de résistance ? Est-ce une action qui tend vers l’acceptation du mur ? Ou dans le cas de Banksy et JR, changer le statut de l’objet, en faire une partie intégrante de l’oeuvre, et le rendre ainsi inopérant d’une certaine manière, comme un détournement de ces premières fonctions ? Enfin, je me suis arrêtée sur la question du patrimoine et notre relation à la ruine. La muraille de Chine, le mur d’Hadrien, sont des constructions aujourd’hui valorisées comme Patrimoine Mondial de l’Unesco. La Grande Muraille était aussi une voie de passage, mais ces deux constructions sont considérées comme des ouvrages d’art, des prouesses techniques. Qu’en est-il du Mur de Berlin ? Qu’en serait-il du mur israélo-palestinien s’il venait à être aboli ? Comment le conserver, le garder en mémoire ? Quelles voix s’élèveraient pour sa patrimonialisation ?

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topographie des FRONTIÈRES Siletitredecetravailétaittopographie,enfaisantréférenceausensétymologiquededescription,cetravails’estporté de manière plus gobale sur la construction de la description, qui, si elle se veut factuelle, ne se veut pas pour autant objective. Cette description repose sur deux intérêts , celui du voyage, le questionnement toujours présent du « pourrais-je vivre ici ? », et la fascination pour l’urbain, à travers la constitution inévitable d’un portrait subjectif des villes que je parcours. Jecroisaujourd’hui,simesoutilshabituelsétaientlaphotographiesmajoritairement,puisletexte,quecesportraitspourraient être complexifiés. La description m’intéresse pour les différentes formes qu’elle prend : - la topographie (description du lieux, forme la plus abordée dans mon travail) - l’éthopée (description des mœurs, et des coutumes de personnages, forme que je souhaite développer en abordant la question des usages) - le portrait (description physique et moral d’une personne, forme abordée très superficiellement par les biais de l’interview, de la rencontre et de la photographie) - la chronographie (description d’un événement).

Vue de la soutenance 147


topographie des FRONTIÈRES

BIBLIOGRAPHIE

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danger présumé

tourisme

urbanisme de guerre engagement politique gouvernance militaire

discours de l’ouverture logique de la fermeture

FRONTIÈRES

contexte géo-politique

«non-lieux» ?

Europe en ruines

JÉRUSALEM BETHLÉEM BERLIN

Asie

CORÉE

Moyen-Orient

paradoxe extension urbaine objet architectural mur

motifs infranchissable surface texturée inscription

ruine

Histoire / histoires traces

liberté fantasme

conflit / contraste

la marche terrain // territoire chez soi // chez l’autre dépaysement 150

voyage

homogénéité ? devenir lisse l’expérience qui donne existence immigration, migration autres formes de frontières


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Merci à Thibault Catel, Alexandra Roger, Agathe Chaigne, Marion Chaigne et Benoît Lahouze, pour leurs conseils, leur soutien et leur aide précieuse tout au long de ce travail. Micheline Poli, Niki Graça-Heilmeyer et Jens Heilmeyer pour leur accueil généreux à Berlin. Cang Ngo, pour son aide à un moment critique. Esther Salmona, pour sa disponibilité, sa confiance et son soutien. Alexis Pernet et Till Roeskens pour leur temps et leurs conseils. Marc Rumelhart, pour sa bienveillance.

Vue de la soutenance 151



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