MAGAZINE PARTENAIRES
VIVRE SUR L’ALTIPLANO FOCUS les familles paysannes nourrissent le monde DEUX FAMILLES – UN MONDE vie paysanne Kirghizistan–Suisse CONCOURS 1 nuit à gagner à Maya Boutique Hôtel à Nax BILAN – PERSPECTIVES rapport annuel 2013 et invitation à l’AG
No 216/mai 2014
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PERSPECTIVES
Synchronisation ......................................................................04
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En Clair
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Soutenir les familles paysannes ...........................................05 REPORTAGE
La famille paysanne Ortega en Bolivie .................................... 06 Année internationale de l’agriculture familiale 2014 ......... 10
© Simon B. Opladen
SOMMAIRE
Reportage
FOCUS «les Familles paysannes nourissent le monde»
Protégés: vacciner pour sauver le bétail des éleveurs afghans .......... 12 Vie de paysans: interview sur la situation globale ........................................ 13 Savons doux: revenu complémentaire pour des paysannes au Bénin .... 14 Commentaire de l’invitée: Maya Graf, agricultrice bio et conseillère nationale ........ 15 Deux familles – un monde: vivre à la ferme en Suisse et au Kirghizistan ..................... 16 En savoir plus ......................................................................... 18
© Simon B. Opladen
Terre aride
événements
Notre Cinéma Sud reprend la route cet été! ...................... 23 20 ans d’engagement suisse au Kirghizistan ..................... 25 Actualité
Météo du développement ......................................................26 Eau mortelle: action pour la Journée mondiale de l’eau ........................... 26 Le conseiller fédéral Schneider-Ammann inaugure notre exposition à Berne ....................................... 27 La campagne «Fair Trade Town» est lancée en Suisse ...... 27 50 ans de coopération suisse avec le Pérou ......................... 28 Courir pour la solidarité internationale .............................. 28 Impressum ............................................................................... 28 Do it yourself: Clip Award 2014 d’Helvetas ........................29 Concours: une nuit au Maya Boutique Hôtel à Nax (VS) à gagner ................................................................29
70 %
Commerce équitable
Sans frontière: des sacs en tissu du Guatemala et cuir du Paraguay .........30
de l'alimentation au niveau mondial est produite par des petits paysans. Pourtant, dans de nombreuses régions, ils doivent lutter contre la faim et la pauvreté.
RAPPORT ANNUEL HELVETAS 2013 ................................ 19 INVITATION À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 20 JUIN 2014 .............................................................................. 32
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en Clair
Page de couverture: Simon B. Opladen
HELVETAS – Agir pour un monde meilleur Vision Nous voulons un monde dans lequel toutes les personnes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement. MISSION Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement leurs conditions de vie.
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Sommaire
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«Le premier chef d’un projet gardait l’argent dévolu chez lui»
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éVéNEMENT
Hans Schaltenbrand coordonnait les projets au Kirghizistan au début de l’engagement d’Helvetas dans ce pays, en 1994. Vingt ans plus tard, il se souvient des conditions incroyables qui régnaient dans ce pays post-soviétique.
© Javier©Medina Michele Verdolini Limina
hans Schaltenbrand
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FAIRSHoP
Interamericana
© Vera Hartmann
Éditorial
Au Paraguay, des artisans cousent le cuir tanné sur place à des étoffes tissées au Guatemala par une coopérative et réalisent ainsi des sacs pour HELVETAS FAIRSHOP
Vies paysannes «Waouh, les poules boliviennes font des œufs en chocolat», s’étonne la fille de la famille Gasser, à Lungern, en voyant les images des œufs de perdrix que la famille Ortega (voir p. 6) a postées sur Facebook. Les deux familles paysannes vivent à plus de 10 000 kilomètres l’une de l’autre, mais un lien s’est créé facilement. C’est tout l’extraordinaire du projet sur Facebook «Mon paysan. Ma paysanne» lancé pour l’Année internationale de l’agriculture familiale (voir p. 10). Une famille paysanne de chaque canton suisse documente sa vie quotidienne, comme le font trois familles dans nos projets en Bolivie, au Honduras et au Kirghizistan. Alors que les familles en Suisse connaissent bien le téléphone mobile et les réseaux sociaux, l’expérience est nouvelle pour les familles dans les pays au Sud. Et c’est une joie pour elles – où souvent ce sont les enfants les plus âgés qui alimentent avec soin la page. Pour les personnes qui toutefois privilégient les rencontres directes: le paysan Miguel Ortega est l’hôte de l’AG d’Helvetas le 20 juin. Peut-être en dira-t-il plus sur les œufs en chocolat de Bolivie? Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires»
susanne.straessle@helvetas.org
HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert 1219 Châtelaine Tél. +41 (0)21 804 58 00 Fax +41 (0)21 804 58 01 romandie@helvetas.org www.helvetas.ch CP 10-1133-7
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édIToRIAL
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© Keystone/Gaetan Bally
© Keystone/Gilbert Kent
Synchronisés
Les travailleurs migrants suivent les variations de la prospérité entre les pays. Ils sont mal payés, sans droits – et corvéables. Aux États-Unis, ce sont des Mexicaines et des Mexicains qui s’échinent sur les champs, et au Mexique les propriétaires agricoles comptent sur des hommes et des femmes venus du Guatemala, voisin pauvre. Sans les Nicaraguayens dans les plantations et les Nicaraguayennes dans la chaîne d’emballage, les bananes du Costa Rica coûteraient bien plus cher. Et si les travailleurs polonais et nord-africains n’étaient pas là, les agriculteurs suisses devraient laisser tomber leur ferme. Ainsi tous profitent du travail saisonnier – presque tous. –HBU
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PERSPEcTIVEs
QUI NOURRIT LE MONDE?
«Aujourd’hui comme hier, les petites exploitations familiales nourrissent le monde» coton pour le marché des prix bas. L’industrie agricole affirme que ces grandes exploitations hautement mécanisées sont l’avenir. Elles seules seraient suffisamment performantes et innovantes pour répondre aux besoins alimentaires actuels et futurs de l’humanité. Contrairement à l’agriculture familiale, vue comme la relique inefficiente d’un temps révolu, qui ne serait pas rentable. Les résultats de recherches indépendantes contredisent ces affirmations. Aujourd’hui comme hier, ce sont les petites exploitations familiales qui nourrissent le monde. À l’échelle mondiale, elles produisent 70% des denrées alimentaires. Sur leur domaine, le rendement par surface est souvent supérieur à celui des grandes exploitations. Nombre de petits paysans produisent de façon plus écologique et sont plus flexibles face aux changements que ne peuvent l’être les grandes exploitations, lourdes et donc plus lentes. Comme leur objectif premier n’est pas l’exportation, les petits paysans
contribuent à la sécurité alimentaire locale. Et ils emploient plus de travailleurs que ne le font les grands domaines. Mais les petites exploitations savent rarement faire valoir leurs avantages. Les services de conseil agricole, aidant à améliorer la qualité des productions, sont encore rares. De plus, dans bien des régions, les installations pour le stockage et la transformation des récoltes manquent. Les petits paysans ont peu accès aux marchés locaux et régionaux et ne peuvent que difficilement résister aux importations de l’agriculture subventionnée d’Europe et d’Amérique du Nord. Depuis quelques années, tout cela a été reconnu et publié par le Conseil mondial de l’agriculture dans un rapport très attendu, qui dessine un changement de paradigme en souffrance depuis longtemps dans la politique agricole internationale. Et l’ONU a proclamé 2014 Année internationale de l’agriculture familiale. Helvetas s’engage fortement pour l’agriculture des petits paysans. En
2013, nous avons attribué 29,8 millions de francs à la formation, à l’amélioration des semis et l’accès aux marchés pour les petites exploitations. Nous soutenons aussi le décret de titres fonciers plus fiables, et nous nous engageons contre l’accaparement des terres ou «Land Grabbing». D’autre part, nous favorisons l’accès aux marchés nationaux ou internationaux pour les denrées issues de petites exploitations. Cela aussi dans notre Fairshop qui propose des produits de petits paysans du Sud, par exemple des noix de cajou du Sud de l’Inde ou des mangues séchées du Burkina Faso… qui, soit dit en passant, accompagnent fort bien une assiette de fromage d’alpage de Surselva.
Melchior Lengsfeld, directeur d'HELVETAS Swiss Intercooperation
© Maurice K. Grünig
Au cours de nos randonnées dans la région de Surselva, dans les Grisons, je me réjouis de voir encore des fermes florissantes dans chaque village. Elles sont moins nombreuses et plus imposantes qu’avant, mais elles façonnent toujours le paysage et la société. Toutefois elles ne survivent que grâce à l’aide de l’État. Il en va autrement dans nos pays partenaires, où les petits paysans ne sont pas soutenus mais chassés de leurs terres. Celles-ci sont ensuite souvent accaparées puis louées ou vendues à des consortiums agricoles qui, moyennant des produits chimiques et des techniques agricoles, cherchent à en tirer le maximum en un minimum de temps: aliments fourragers, biocarburants ou
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EN CLAIR
Don Miguel cultive aussi des céréales: l’orge est la plante par excellence des hauts-plateaux.
Don miguel
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Don Miguel sait que «Pachamama», la Terre-Mère, mérite respect et soin. Il sait également que tradition et recherche doivent aller de pair si les familles paysannes veulent survivre sur l’altiplano en Bolivie. En tant que «yapuchiri», il transmet ce savoir à d’autres paysans.
Par Hanspeter Bundi (texte) et Simon B. Opladen (photos) Lorsque Miguel Ortega grimpe sur la colline derrière sa mai- core Miguel. Et les grêlons plus gros.» Voilà à quoi ressemble son, il contemple un paysage vallonné qui s'étend à perte le changement climatique selon un agriculteur de l’altiplano de vue, sans un arbre, où seules quelques petites maisons bolivien. Pas un mot sur le rapport sur le climat de l’ONU, la semblent avoir été disséminées ça et là. Parfois, une flottille politique énergétique des pays industrialisés ou les maigres de nuages passe au-dessus et, lorsqu’un mur de pluie délave résultats des conférences internationales sur le climat. Ce sont le paysage au loin, Miguel espère qu’il atteindra la colline de les événements concrets qui comptent à Viloco, ce qu’il est Viloco. Mais le plus souvent, le mur se défait avant, dévoi- possible de faire pour en réduire les effets et assurer la sécurité lant le sommet enneigé de l’Illimani. Ce paysage idyllique est alimentaire. trompeur, c’est une Bolivie pour touristes. Car la vie ici est dure pour les paysans. Les champs culminent à plus de 4000 Gardien du savoir traditionnel mètres d’altitude, les récoltent subissent souvent la grêle, le gel Miguel est un bon paysan, un de ceux qui ont tenté par nocturne abîme les plantes. eux-mêmes d’adapter les C’est pourquoi les anciennes techniques paysans émigrent depuis des de culture aux nouvelles «Je dis aux autres paysans que la nasiècles, tout d’abord dans conditions. Dans le cadre les mines de Potosi, plus du projet d’adaptation au ture nous apprend beaucoup. Si vous tard dans les banlieues des changement climatique plantez différentes variétés, vous pourvilles. «Ce ne sont pas les et de sécurité alimenrez vivre plus sereinement car vous terres qui manquent ici, dit taire, mené par Helvetas Miguel, mais nous avons un sur mandat de la DDC sur aurez assez à manger» Miguel Ortega problème d’eau.» Il parle de l’altiplano et dans la zone la pluie qui, avant, arrivait tempérée, il transmet ses toujours en août, mais déconnaissances aux paysans sormais ne se met à tomber qu’en septembre ou en octobre, et et paysannes. C’est un yapuchiri. si violemment que l’eau s’écoule sans pénétrer dans le sol. «Les Ce mot aymara désigne un bon paysan. Un yapuchinuits de gel sont plus fréquentes et plus froides, explique en- ri conserve les savoirs traditionnels et formule les nouvelles
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Reportage
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questions à Patricia Yana, technicienne de l’organisation partenaire bolivienne PROSUCO. découvertes scientifiques de façon à ce que ses collègues les comprennent. Miguel encadre bénévolement 25 familles paysannes à Viloco. Il présente les anciennes variétés de pommes de terre et d’orge qui ont le moins besoin d’eau ou qui arrivent plus vite à maturité. Il explique comment fabriquer des insecticides bio et conseille les paysans en matière de commercialisation. La maison de Miguel est nichée au pied d’une colline à 4200 mètres d’altitude, isolée comme le sont presque toutes les maisons ici. Nous arrivons tôt le matin. L’air est limpide, le paysage est calme et le froid mordant. Sabina Mamani, la femme de Miguel, s’est déjà attelée aux tâches quotidiennes. Elle nourrit les poules, s’occupe du cochon, va chercher de l’eau au petit puits à pompe que le gouvernement a installé dans leur cour. La petite Roberta, âgée de deux ans et demi, la suit partout tandis qu’Elsa, quatre ans, l’observe depuis le pas de la porte. La maison abrite des objets autrefois utiles à la vie rurale et d’autres, plus nombreux, nécessaires à la vie moderne. Le fœtus séché d’un lama ou d’un mouton dont Miguel a besoin quand il va sur les collines pour invoquer les esprits. Un sac de feuilles de coca, le stimulant traditionnel et sacré des indigènes. Les couvertures tissées à la main posées sur les deux lits. Un piège à souris. Des outils. Un fourneau à gaz. Un transistor où l’on entend parler une femme en aymara, sans la comprendre. Sabina se met à peler des pommes de terre pour le repas de midi. Ce sont de petites chelenas et de longues pingas, qui forment rapidement devant elle un tas de tubercules creusés de trous là où se trouvaient les yeux. Pendant ce temps, Miguel ramasse le fumier des vaches. Bien qu’il se déplace presque au pas de course d’une colline à l’autre, son souffle est régulier. Il a passé toute sa vie ici en altitude. Son visage est buriné par le soleil. Miguel a besoin du fumier pour le «biodigestor», nom donné au gros tuyau en plastique où fumier et déchets orga-
Entre paysans: échanges sur les graines de quinoa.
Les paysannes et les paysans de Bolivie sont-ils innovants? Ils utilisent d’anciennes techniques de culture pour protéger et renouveler la fertilité du sol: terrasses contre l’érosion; diversité des variétés lors des semis; friches pour que le sol puisse se régénérer; lamas en tant qu’animaux de pâturage qui abîment moins la couverture herbeuse. Mais pour que l’agriculture soit plus rentable, de nouvelles techniques sont nécessaires. En Bolivie, le plan de développement national et une loi prévoient que la sécurité alimentaire s'appuie trois facteurs: les méthodes de nos ancêtres, la recherche et l’innovation. Ces nouvelles techniques trouvent-elles un écho auprès des petits paysans? Les paysans sont pragmatiques. Ils ajustent les nouvelles techniques et philosophies à leur réalité et contrôlent si elles résolvent leurs problèmes quotidiens. C’est-à-dire si la récolte sera plus abondante et s’ils auront suffisamment de nourriture tout au long de l’année. Comment soutenez-vous les familles de paysans? En apportant de nouvelles connaissances aux petits paysans. Nous encourageons les échanges entre eux, nous les aidons à s’organiser. Nous réfléchissons avec eux pour savoir comment associer les nouvelles méthodes aux anciennes et comment les adapter à la réalité locale. De telles étapes de transition s’imposent, afin que les connaissances scientifiques puissent contribuer à améliorer les conditions de vie des paysans.
Production de purin: Sabina remplit le collecteur d’eau et de fumier.
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Reportage Reportage
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Paysage aride: les maisons des paysans sont isolées sur l’altiplano.
Saines: les vitamines de la serre.
niques, additionnés d’herbes et de minéraux, fermentent et se transforment en purin. Le méthane qui en résulte doit être utilisé plus tard comme combustible pour la cuisinière. Les tuyaux sont déjà prêts. Miguel a construit le biodigestor avec l’aide d’Helvetas et l’utilise aussi comme modèle de démonstration. D’habitude les paysans sont sceptiques face à de nouvelles installations, dit Miguel. «Ils se réfèrent aux expériences de leur père et grand-père. Ils doivent voir les nouveautés de leurs propres yeux pour leur donner un sens.» Sabina et Miguel brassent le purin dans de l’eau, puis versent le mélange dans le biodigestor. Sabina met un peu d’engrais dans le pulvérisateur et le dilue avec cette eau afin que Miguel vaporise le liquide sur les tomates, les radis, les salades et les carottes. Le lisier est plus qu’un fertilisant, il protège aussi des champignons et des insectes, dans la serre comme à l’extérieur entre les rangées de pommes de terre. Miguel et Sabina travaillent ensemble, en égaux, avec amour et ils sont fiers de l’exploitation agricole qu’ils ont développée avec des moyens modestes. L’exploitation s’étend sur 25 hectares mais seule une partie est cultivable. Chaque année, quelque trois tonnes de pommes de terre et une quantité variable d’orge sont récoltées. Tout est destiné à leur consommation personnelle, sauf quelques sacs de pommes de terre vendus à des marchands. La ferme comprend quatre bœufs, quatre lamas, dix chèvres et un cochon. Lorsque des dépenses importantes sont prévues – achat d’uniformes scolaires ou d’outils, visites médicales – Miguel vend l’une de ses bêtes. À cela s’ajoutent les allocations familiales et l’argent qu’il gagne parfois en tant que journalier. La Terre nourricière doit récupérer De loin, les collines environnantes ressemblent à un désert caillouteux. Ce n’est qu’en s’approchant qu’apparaissent des traces de labour, restes de paille d’orge, ébauches de canaux d’irrigation et de murets de pierres. Des terres en friches. Si le sol a été cultivé une année pour les patates et deux ans
Manger dehors: des légumes locaux garnissent l’assiette.
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Reportage
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Année internationale de l’agriculture familiale 2014 est l’Année de l’agriculture familiale, selon l’ONU. L’attention est portée sur les familles paysannes, qui n’en reçoivent que peu autrement – bien que leur travail est une contribution essentielle au bon fonctionnement de la société. «Nous nourrissons le monde et prenons soin de lui», comme le dit une maxime. Une année pour découvrir ce qui se passe dans l’écurie, aux champs, autour de la table familiale. En 2014, des familles paysannes des cantons suisses et de trois pays partenaires d’Helvetas partagent et font découvrir leur quotidien en «live» sur leur page personnelle Facebook, spécialement ouverte à cet effet. La famille Irisov au Kirghizistan cultive du coton bio, la famille Reyes au Honduras produit du cacao bio et la famille en Bolivie cultive des pommes de terre (voir p. 6). Il est frappant de constater combien les histoires quotidiennes relatées par ces familles si différentes ont des points communs. Chacune décide de ce qu’elle veut partager en ouvrant des fenêtres sur leur vie. Le projet Facebook est l’une des activités de l’Année internationale de l’agriculture familiale qu’Helvetas réalise avec l’Union Suisse des paysans et d’autres organisations. Le 27 juin prochain se tient un congrès national qui traitera du rôle central des exploitations agricoles familiales dans l'alimentation mondiale. L’année veut refléter les réalités, la richesse de la vie et les défis des petites exploitations agricoles familiales en Suisse et ailleurs dans le monde. Que signifie être paysan ou paysanne aujourd’hui? Les petits agriculteurs produisent près de 70% de notre alimentation et pourtant ce sont eux qui souffrent le plus de la faim. Partout dans le monde, des familles paysannes luttent pour pouvoir se nourrir et s’assurer des moyens d’existence suffisants. Helvetas les soutient. –SUS Plus sur l’année de l’ONU et les activités en Suisse: www.familyfarming.ch Vers le profil Facebook des familles ici dans et le monde: www.monpaysan.ch
Transhumance avec les troupeaux: les lamas sont des animaux de bât se
pour l’orge, il doit rester en jachère au moins cinq ans. «Il a le droit de se reposer», déclare Don Miguel. Sa formule prouve le profond respect qu’il voue à la terre. «Pachamama», nom indigène, la Terre nourricière. C’est elle qui porte les hommes et les animaux. C’est elle qui fait pousser les pommes de terre, l’orge et le quinoa, qui fait naître les arbres et qui retient l’eau. Pacha Mamma mérite que les hommes prennent soin d’elle. Pour que la nature accorde ses faveurs, des centaines de personnes se rendent chaque année à l’endroit où une marchande âgée a été tuée voilà plus de 70 ans, afin d’y sacrifier des moutons. Le pèlerinage doit empêcher les orages de grêle, autrefois considérés comme le châtiment pour ce crime. Et pendant le carnaval, les hommes déposent des pâtisseries en offrande sur la colline de Choquiri pour que la récolte et la santé soient bonnes. Lorsque la grêle menace, les paysans allument des feux sacrificiels. Pour Don Miguel, il est clair que Pachamama, les hommes et le temps sont mystérieusement liés. Pour lui, la nature est remplie d’indices pour les pluies et la prochaine récolte. Quand les œufs du liqui-liqui, un oiseau gris aux pattes roses, sont striés de nombreuses lignes, l’année apportera orages et grêle. Il faut s’attendre à beaucoup d’eau si le layqha phichitanka cache ses œufs dans le haut des arbustes, et les pluies seront faibles s’il les pond sur le sol. De nombreux jeunes rient de ces croyances. Les chrétiens évangéliques et les scientifiques repoussent ce qu’ils jugent des superstitions. Un prédicateur a dit une fois à Miguel: «Pachamama n’existe pas.» «Sur quoi reposent vos pieds quand vous vous tenez debout?», a répliqué Miguel. Les bio-
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Reportage
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rendement atteint entre six et huit tonnes par hectare sur les sols difficiles. Mais la huaycha a un défaut: elle est sensible au froid et un gel léger peut déjà détruire un champ entier de plantons. En d’autres termes: les bonnes années, les paysans récoltent plus qu’avant. «Mais qu’arrivera-t-il en cas de nuits de gel, demande Miguel, avant de répondre lui-même: alors nous n’aurons rien à manger.» Il estime de son devoir de parler des risques de ces variétés et des avantages des anciennes règles de production. «Je vous dis que la nature nous apprend beaucoup de choses. Si vous plantez différentes variétés, vous ne deviendrez pas riches, c’est certain. Mais vous craindrez moins les nuits de gel et vous vivrez plus sereinement, car vous aurez assez à manger. C’est déjà ça.» «Et cela suffit pour progresser?» «Non. Il faudra encore des années de recherche. Et de nombreux paysans désireux d’appliquer toutes ces connaissances.» C’est ainsi que, sans langue de bois, Miguel Ortega a cerné les éléments essentiels de la coopération au développement.
contentant de peu, fournisseurs de laine et de viande.
Traduit de l’allemand par Elena Vannotti
indicateurs ne sont pas des boniments. Le lien entre le comportement des animaux et les événements naturels fait depuis longtemps l’objet de recherches scientifiques. On peut douter du bien-fondé d’une procession contre le mauvais temps, mais les feux et leur fumée, évoqués par Don Miguel, sont plus qu’une offrande aux dieux. À travers le monde, des projets de recherche tentent, avec plus ou moins de succès, de «vacciner» les nuages porteurs de grêle avec une poussière fine pour que les milliards de noyaux de condensation se cristallisent et empêchent la formation de gros grêlons. Contre une vision du profit à court terme Mois de mai. Les paysans ont récolté les dernières pommes de terre. Don Miguel retourne une rangée de semis et Sabina ramasse à côté les patates à peau claire que son mari a soigneusement dégagées avec une binette. «Elles sont notre vie», dit-il. En Bolivie, les familles de paysans célèbrent la pomme de terre par des élections de Miss, des concours et des services religieux. À l’occasion d’un mariage, d’un voyage ou d’un déménagement, les paysans emportent usuellement quelques kilos de leur variété de pommes de terre. Il fut un temps où l’on plantait sur un champ jusqu’à dix variétés, qui réagissaient différemment au froid, à la chaleur, à l’humidité et à la sécheresse, ce qui réduisait le risque de perte. Mais les perspectives ont changé. Les paysans sont maintenant davantage impliqués dans les questions économiques et veillent à obtenir le rendement le plus élevé possible. Parmi les pommes de terre, il y a une nouvelle star, la huaycha: une variété locale améliorée par la culture. Son
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Reportage
Faites la connaissance de Don Miguel Miguel Ortega sera l’invité de l’Assemblée générale d’Helvetas le 20 juin 2014. Plus d’infos à ce sujet à la fin de ce magazine. La famille Ortega documente son quotidien sur www.facebook.com/familieortega en 2014, proclamée Année internationale de l’agriculture familiale par l’ONU.
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Focus
Les familles paysannes nourrissent le monde
Protégés Fazel Haq vaccine des moutons en Afghanistan. Ainsi les bergers ne perdent presque plus de bêtes. «Grâce à Dieu et à Helvetas», dit le jeune berger Habibullah.
Des bêlements excités troublent le silence de Saighan. Les moutons se dispersent lorsque Fazel Haq s’approche d’eux, une seringue à la main. Aujourd’hui, les 27 bêtes d’Habibullah, un berger de quatorze ans, doivent être vaccinées contre la fièvre aphteuse. Habibullah rattrape un mouton, agrippe la belle laine blanche de l’animal et maintient ce dernier entre ses jambes. C’est alors seulement que Fazel Haq peut s’approcher de la bête. Il tapote brièvement la seringue, plante l’aiguille à hauteur du flanc droit de l’animal, injecte le vaccin, passe deux fois la main sur la plaie et laisse le mouton s’échapper. Habibullah est déjà aux trousses du prochain animal. Coiffé d’un turban argenté et arborant une fine barbe, Fazel Haq prend son travail au sérieux. Au printemps et à l’automne, il vaccine les bêtes des bergers vivant dans des régions isolées. Il accomplit sa tâche en se déplaçant à pied pendant des jours, ne rentrant qu’une fois à court de vaccins. Peu d’années avant, il n’avait jamais entendu parler de vaccination. «Nous pensions qu’il suffisait de donner des médicaments aux animaux lorsqu’ils étaient malades, raconte-t-il. Ici au village, nous n’avions presque pas de poules. Les maladies les décimaient.» C’est pourquoi, sur mandat de la DDC, Helvetas a lancé il y a deux ans un programme de vaccination des animaux. Quatre personnes du district de Saighan ont reçu dix jours de forma-
tion. L’an dernier, elles ont vacciné 11 300 bêtes. Les vaccinateurs n’emportent avec eux qu’une glacière contenant des vaccins pour environ 1000 animaux. Les propriétaires des animaux versent dix afghani, soit 17 centimes, pour un mouton vacciné, quinze afghani pour une vache et trois afghani pour une poule. Fazel Haq ajoute que certains paysans ne peuvent pas payer: «Je reçois alors un œuf en échange de deux poules vaccinées.»
Les 27 moutons d’Habibullah sont maintenant vaccinés. Le programme de vaccination a changé sa vie dit-il: «Avant, deux ou trois moutons tombaient malades et en mouraient chaque année. Depuis qu’ils sont vaccinés, plus un seul. Grâce à Dieu et à Helvetas!» Karin Wenger est correspondante de la Télévision suisse alémanique en Asie du Sud et vit à Delhi. Traduit de l’allemand par Maude Hermann © Oriane Zerah
Par Karin Wenger
En quelques secondes, Fazel Haq vaccine les moutons contre des maladies.
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vie paysanne dans le Monde Partout dans le monde, les familles paysannes font preuve de flexibilité pour assurer leur survie. Cela mérite un grand respect, déclare Peter Schmidt, codirecteur des services de conseils d’Helvetas. Les paysans partagent les mêmes défis et l’attachement à la terre.
Interview: Susanne Strässle
engagement saisonnier. Cette diversification est la clé du succès. Les paysans vivent de façon très différente selon les régions du monde. Sont-ils confrontés aux mêmes défis? Il s’agit partout de l’accès à la terre, à l’eau et au savoir. Le savoir concernant l’agriculture, le stockage, la transformation, les marchés potentiels. Pour toutes ces questions, Helvetas soutient des familles paysannes qui, dans de nombreux pays, sont livrées à elles-mêmes (voir p. 5).
La famille Dash au Bangladesh est l’une parmi les millions d’autres familles de petits paysans qui luttent pour leur existence, partout dans le monde.
Helvetas soutient des familles paysannes dans ses 33 pays partenaires. Pourquoi? Helvetas travaille là où vivent les familles paysannes, dans les régions rurales. Car c’est à la campagne que les gens pauvres sont les plus nombreux. Nous nous intéressons aussi au rapport à la ville où de plus en plus de personnes migrent. On imagine que la pauvreté est moins dure à supporter à la campagne qu’en ville... Dans les faits, les personnes souffrant de la faim sont bien plus répandues à la campagne. Ce sont souvent des petits paysans. Mais leur vie est plus intense. Nombre de ceux que j’ai rencontrés aiment la vie dans la nature, l’attachement à leur terre. Une rencontre avec un paysan de la province indienne du Sikkim m’avait frappé. En déboisant, puis en terrassant un terrain pentu pour éviter l’érosion, il a créé un très beau domaine. Il m’a dit vouloir y passer le reste de sa vie et y donner un avenir à ses enfants.
On prévoit toutefois une urbanisation croissante. C’est une suite logique du développement: les méthodes de culture plus efficaces font qu’une partie de la main d’œuvre devient disponible pour d’autres secteurs d’activités. C’est parfois la pression démographique, la perte des terres ou les changements climatiques qui poussent à la migration. Mais l’exil rural n’est pas aussi définitif qu’on le pense: dans la capitale du Mali, un vendeur ambulant m’a raconté qu’il retournait à la ferme de ses parents pour les récoltes. La réalité n’est pas figée. De nombreux paysans ont une activité accessoire. Doit-on craindre pour l’avenir de la paysannerie? Partout dans le monde, les familles paysannes sont habituées à être flexibles, aussi du fait de leur dépendance à la nature. Elles réagissent en cultivant plusieurs produits ou en cherchant des sources de revenus alternatives telles que l’artisanat, un emploi annexe ou un
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L’ONU a proclamé 2014 Année internationale de l’agriculture familiale. Qu’est-ce qui différencie une exploitation familiale d’un autre type d’exploitation? L’exemple du Sikkim l’illustre à merveille: les familles paysannes investissent leurs propres forces de travail et leur capital. Souvent dans la perspective que le domaine soit repris un jour par les enfants. C’est pourquoi la génération des parents prend grand soin de la terre et pratique une agriculture durable. Comment Helvetas peut-elle contribuer à la durabilité? Helvetas s’engage en faveur d’une production écologique. Ce que nous instaurons, notamment avec les méthodes de culture, doit continuer à fonctionner à l’avenir. En fin de compte, les critères retenus sont les mêmes que ceux que nous appliquons en tant que consommateurs en Suisse: nous encourageons une agriculture saisonnière, régionale, écologique et équitable. Peter Schmidt est codirecteur des services de conseils. Il a travaillé comme agronome consultant sur des projets agricoles dans plus de 20 pays. Avec sa famille, il a vécu plusieurs années en Inde et au Kirghizistan. Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle
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Revenus propres Une formation peut-elle améliorer la vie des paysannes au Bénin? Pour répondre à cette question, quatre étudiants suisses ont examiné à la loupe un projet d’Helvetas et rencontré des femmes ayant suivi un cours sur la fabrication de savon au beurre de karité.
Par Janine Gass, Katrin Hofer, Jonas Köppel et Eva Siegenthaler
Revenu complémentaire avec la bière et le savon La nuit tombait lorsque nous sommes enfin arrivés au village de Pikiré, et la pluie s’était mise à tambouriner sur le toit de tôle ondulée du centre communal. Nos interlocutrices nous y attendaient patiemment. L’une d’elles, Foulera Ali, nous a parlé de sa vie. Comme la plupart des villageoises dans le nord du Bénin, elle n’a jamais été à l’école. Après la mort de son mari, survenue il y a longtemps déjà, elle pris en charge une famille nombreuse. Sur ses sept enfants, trois fils et quatre filles, six sont mariés. Tous vivent à la ferme de Foulera avec leur famille, à l’exception d’un fils. Foulera s’occupe du ménage et, durant la saison des pluies, elle travaille aux champs sur lesquels la famille élargie cultive du maïs et du millet destinés à son alimentation. En plus de l’agriculture, Foulera se consacre à des activités accessoires qui lui permettent de gagner un peu d’argent. La fabrication de beurre de karité et de tchoukoutou, une bière traditionnelle très appréciée, en font
© Eva Siegenthaler
Au lieu de parler avec des paysannes sur leur expérience avec le beurre de karité, nous étions immobilisés en bordure de route, sous une chaleur étouffante. Une douzaine d’hommes s’efforçaient de dégager un camion enlisé dans la boue qui bloquait la circulation. Cette situation nous a montré une fois de plus que les choses ne se passent pas toujours comme prévu au Bénin, ce que nous avions déjà constaté peu après notre arrivée. Une réalité à laquelle nous avons été confrontés durant tout notre séjour en Afrique de l’Ouest, où nous étions venus pour évaluer un projet d’Helvetas pour la formation professionnelle.
Qu’a apporté le cours sur le karité? Des paysannes font le point.
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Le beurre de karité (ou shea butter) est extrait des noix de l’arbre de karité et utilisé pour l’alimentation, la médecine et les soins du corps. Il permet aux femmes d’obtenir un revenu accessoire.
partie. Elle travaille dans le cercle familial et peut compter sur l’aide de ses filles et belles-filles. À l’instar de la majorité des femmes de la région, ses produits ne lui rapportent pas grand-chose. Bien qu’elles dominent le petit commerce sur les marchés locaux, leur revenu reste faible. Les femmes manquent d’argent pour des investissements, les infrastructures nécessaires font défaut et l’accès à des marchés plus grands est souvent difficile. Des revenus inégaux Pour rechercher des solutions à ces difficultés, Helvetas propose des projets de formation aux habitants de villages dans le nord du Bénin. Ces formations intensives, axées sur la pratique de métiers traditionnels, doivent permettre d’améliorer leurs conditions de vie. Elles ont démarré en 2011 avec la fabrication du beurre de karité. En dix jours, les participantes se familiarisent avec une nouvelle méthode de production et de meilleures stratégies de vente. «Ma mère m’avait déjà appris à faire du beurre de karité, raconte Aïssatou Issa. Mais grâce à la nouvelle méthode, j’obtiens une meilleure qualité et le beurre est blanc
et propre. Cela attire les clientes et je gagne plus.» La majorité des femmes interrogées nous ont parlé d’expériences semblables et une formatrice a confirmé cette impression. «La fabrication revient un peu plus cher, mais le produit final est meilleur.» Les effets de la formation ne sont cependant pas les mêmes pour toutes les participantes, bien qu’elles appliquent la nouvelle méthode et que la qualité du beurre soit appréciée. Boni Dalba, avec d’autres, se plaint de ne pas bien vendre son beurre car sa clientèle ne fait pas la différence et préfère le beurre moins cher. Il ressort des entretiens, et plus clairement encore après l’évaluation des données réunies, que le succès de la formation dépend en grande partie du lieu d’habitation des participantes: les femmes ont besoin d’un accès aux infrastructures, aux marchés et aux ressources telles que les noix de karité, l’eau ou le bois. Le soutien actif de la famille et de l’entourage est aussi déterminant. Les femmes qui avaient déjà réussi à bien commercialiser leurs produits avant la formation en ont davantage profité. Nous arrivons à la conclusion que la formation à elle seule n’est pas suffisante et que d’autres facteurs doivent intervenir. Les femmes interrogées se sont néanmoins toutes exprimées favorablement sur la formation. Nous avons été profondément impressionnés par les personnes rencontrées, par leur ouverture et leur hospitalité, leur persévérance et leur confiance. Une formation ne peut certes pas déplacer des montagnes, mais la vie des paysannes peut s’améliorer concrètement avec un engagement fort et une étroite collaboration. Janine Gass, Katrin Hofer, Jonas Köppel et Eva Siegenthaler ont fait des études de sociologie et de politique sociale à l’Université de Fribourg. C’est dans le cadre de leur travail de Bachelor qu’ils ont mené une étude de deux mois sur le terrain afin d’évaluer les effets des projets de formation professionnelle. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
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Nous nourrissons le monde L’an dernier en Tanzanie, j’ai pu découvrir un projet d’Helvetas consacré à la culture de tournesol et à la production d’huile. Les petits paysans et producteurs sont habilités à acquérir de nouvelles compétences, à partager leur savoir et à prendre leur destin en main. Jamais je n’oublierai leur fierté et leur engagement. Au total, plus de 10 000 familles paysannes sont concernées par ce projet. 10 000 sur 700 millions dans le monde. Je vis moi aussi dans une famille d’agriculteurs. C’est sans doute pour cette raison que je me suis sentie si proche des paysannes tanzaniennes. Nous sommes responsables de l’alimentation de la population mondiale, qui augmente. Ici en Suisse, nous sommes soutenus par l’État. Ce n’est pas le cas en Afrique. Alors que 80% de la population tanzanienne vit de l’agriculture, l’État ne lui attribue que 2% de son budget total. Quant à la formation professionnelle et aux conseils, ils sont pratiquement inexistants. L’accès aux connaissances et aux marchés pour les petits paysans du Sud est pourtant la clé d’une sécurité alimentaire basée sur un environnement sain. Il est possible de garantir et d’accroître les rendements sans intrants chimiques coûteux ni engrais. Les cultures mixtes de plantes résistantes et endémiques souffrent moins des ravageurs et de la sécheresse; le fumier et le compost de l’exploitation permettent d’améliorer la fertilité du sol, tandis que l’ensemencement intermédiaire empêche l’érosion. Des organisations comme Helvetas favorisent et encouragent sur place ce genre de connaissances et de savoirfaire. Pour que les familles paysannes du monde entier puissent dire fièrement: «Nous nourrissons le monde.»
LDD
© Jörg Böthling
Commentaire de l’invitée
Maya Graf, agricultrice bio et conseillère nationale, groupe des Verts, Bâle-Campagne
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Si Loin, Si Proches © Tanja Demarmels
La famille Bassin produit du lait et de la viande à Marchissy, au pied du Jura vaudois. La famille Irisov plante du coton dans le climat sec du sud du Kirghizistan. Deux mondes – ou plutôt un seul et même monde? Découvrez le quotidien, en images et en commentaires, que les deux familles présentent sur Facebook.
La famille Irisov s’est rassemblée devant la maison.
Faire ses devoirs à la maison, c’est pareil au Kirghizistan.
Famille Irisov,
Arkalyk www.facebook.com/familieirisov Zulkumar transmet son savoir à sa fille.
Elle est aussi responsable de la traite.
La galette de pain fraîche ne peut pas manquer aux repas.
Baizhigit et Aiziret cherchent les œufs.
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Clément fait ses devoirs, avec le soutien de son père.
Oriane, Clément, les parents Denis et Laurence, et Emilien Bassin.
Famille Bassin, Marchissy www.facebook.com/famillebassin Le veau Monaco est bien accompagné.
L'étable est aussi un espace de jeu.
Emilien apprend à faire de la pâtisserie.
Les repas sont partagés avec des amis autour de la longue table.
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En Savoir Plus Sur le thème du focus «Les familles paysannes nourrissent le monde»
Livres
Films
Histoire des agricultures du monde Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, éd. Seuil poche 2013 CHF 17.40 Pourquoi des millions de paysans sontils frappés par la pauvreté et condamnés à l’exil ou même à la famine? La crise de l’économie mondiale s’explique par des situations extrêmement inégales dans les régions du monde. Ce livre propose une stratégie capable de préserver et de développer l’économie paysanne et construire un monde durable.
Les héritiers – Los herederos Mexique 2008, Eugenio Polgovsky, documentaire, 90 min. CHF 19 Dans une province agricole mexicaine, de nombreux enfants doivent travailler chez des agriculteurs pour compléter les maigres revenus de leurs parents. L’analphabétisme et l’exploitation perdurent à travers les générations. Ce film retrace la spirale infernale de la pauvreté et le destin de ces jeunes «héritiers». Disponible sur www.trigonfilm.ch
En librairie Raising Resistance D/CH 2011, Bettina Borgfeld et David Bernet, documentaire, 84 min. CHF 35 Le film relate comment les grandes plantations de soja menacent l’existence des paysans au Paraguay et la résistance croissante des campesinos contre les grandes entreprises agricoles détruisant l’équilibre écologique. Avec pour conséquence la disparition de la terre fertile qui permet aux petits paysans de cultiver les produits de base de leur alimentation. En ligne et bande-annonce: http://raising-resistance.com/
Globi, le paysan futé Samuel Glättli (illustrations), Jürg Lendenmann (texte). Orell Füssli Verlag 2014 CHF 21.50 Cette histoire du paysan Globi raconte comment il convertit une ferme à l’agriculture bio, puis s’envole pour le Kenya et y rencontre des petits paysans. Ceuxci lui apprennent à relever les défis de la nature avec des méthodes écologiques. Produit par Biovision, avec le soutien de la DDC. Pour commander: www.biovision.ch/fr/nouveautes/shop DOSSIER LA PETITE AGRICULTURE FAMILIALE PEUT NOURRIR LE MONDE
Disponible sur www.filmeeinewelt.ch
Pour s’informer et s’engager sur l’écologie
Les fausses solutions agricoles du marché du carbone
RENCONTRE
MARC JEDLICZKA :
Le territoire et ses acteurs, base d’une politique durable de l’énergie
L’agriculture biologique est parée pour affronter le XXIe siècle
France METRO : 9 - BEL/LUX : 9 - DOM : 9 - CH : 15 CHF – CAN : 14.95 $ca NCAL/S : 1100 CFP – POL/S : 1200 CFP
LaRevueDurable
La petite agriculture familiale peut LaRevueDurable nourrir le monde La revue Durable, mars 2010 CHF 15 Ce numéro de La revue Durable aborde les atouts de l’agriculture bio pour lutter et s’adapter au changement climatique, en présentant notamment des exemples chez des petits paysans du Sud. Ces initiatives laissent espérer que le défi agricole du 21e siècle sera relevé dans des conditions écologiques et sociales durables. La menace de l’appropriation foncière à grande échelle L’élevage industriel déséquilibre le climat
DOSSIER
LA PETITE AGRICULTURE FAMILIALE PEUT NOURRIR LE MONDE
La science du climat dans la presse autour du Sommet de Copenhague
NUMÉRO 37 • MAR S - AVRIL - MAI 2010 • BIMESTRIEL
Pour commander: www.larevuedurable.com, par tél. au 026 321 37 11
Liens www.monpaysan.ch ou www.mapaysanne.ch Tout au long de 2014, une famille de chaque canton suisse ainsi que trois familles participant à nos projets au Honduras, au Kirghizistan et en Bolivie documentent leur vie quotidienne sur Facebook. Portraits et liens: www. meinbauer.ch/fr/ www.sdc.admin.ch/fr/Home/→Documentation→Videos Trois films de la DDC consacrés aux exploitations familiales agricoles: «Pouvons-nous nourrir (tout) le monde?» aborde la hausse des prix des denrées alimentaires qui frappe les populations pauvres. «La réalité actuelle des petites exploitations agricoles» présente les conditions de vie d’une famille de petits paysans en Afrique de l’Ouest. «Déployer le potentiel des petits exploitants agricoles» illustre l’engagement de la DDC. www.familyfarming.ch Informations, événements et activités au cours de l’Année internationale de l’agriculture familiale, à laquelle différents organismes suisses ainsi qu’Helvetas participent.
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Rapport annuel 2013 – Pour un monde plus juste Des alliances fortes et un soutien généreux: HELVETAS Swiss Intercooperation revient sur une année 2013 réjouissante. Promouvoir l’équilibre social et mettre en place des conditions cadres stables restent des objectifs importants en 2014.
Sécurité juridique et égalité sociale La coopération au développement peut contribuer à ce qu’un gouvernement fixe les conditions cadre dans lesquelles les couches de population défavorisées peuvent prendre part au développement économique: systèmes de formation professionnelle à large portée, entreprises locales, sécurité juridique, lois efficaces sur le travail et l’environnement et réseaux de sécurité sociale. Dans sa stratégie 2013 – 2017, HELVETAS Swiss Intercooperation met l’accent sur l’intégration d’expériences concrètes dans la formulation des politiques nationales et des règlements internationaux. Outre l’accès à l’eau potable, nous nous engageons dans le domaine de la formation professionnelle. Et nous prenons des mesures en faveur de personnes démunies, des groupes particulièrement vulnérables, pour prévenir des dégâts de futures catastrophes naturelles. L’égalité des chances de développement pour les femmes et les hommes reste un fil rouge dans chacune de nos actions et, compte tenu de la répartition toujours plus inégale des revenus dans de nombreux pays, la question de l’égalité sociale bénéficie d’une nouvelle attention.
Engagement international et national Fin 2013, HELVETAS Swiss Intercooperation a intégré Alliance2015, une association de huit ONG européennes.
Avec elles, nous allons collaborer plus intensivement dans nos pays d’engagement, coordonner les mesures d’aide d’urgence et mener des campagnes
Népal: des ponts favorisent les activités professionnelles
Histoires de ponts Les écolières et les écoliers ou les agriculteurs se rendant au marché: dans les montagnes du Népal occidental, des centaines de personnes empruntent chaque jour le pont suspendu au-dessus du fleuve Bheri. Ce pont a apporté de nouvelles perspectives économiques. Par exemple, Amritha Bhandari a ouvert près du pont un magasin d’articles en tous genres, et Harikala Beka dispose elle aussi d’une nouvelle source de revenus grâce à son atelier de couture pour les passants. Le pont suspendu au-dessus du Bheri
est l’un des quelque 5000 ponts construits au Népal depuis 1972 avec l’aide d’Helvetas. Les personnes habitant dans la zone concernée participent aux discussions lors de la planification, et leurs contributions aux travaux représentent 40% du coût d’un nouveau pont. De plus, le programme est entièrement repris par des responsables népalais. Les ponts suspendus d’Helvetas sont également l’exemple d’un transfert réussi des connaissances entre pays en développement: en Éthiopie, 54 ponts suspendus ont été construits avec l’aide de spécialistes népalais. ©©Peter Schmidt Flurina Rothenberger
À elle seule la coopération au développement n’est pas en mesure de mettre un pays sur le chemin de la croissance économique. Une des bases du développement durable sont les petites et moyennes entreprises ancrées dans la société. Par contre, quand les lois ne sont pas appliquées, quand les taxes se perdent dans des structures opaques et quand les bénéfices partent à l’étranger, la liberté d’action pour le développement à l’échelle nationale est précaire.
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RAPPORT Focus ANNUEL Schweiz
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Le rapport annuel 2013 complet d’Helvetas Swiss Intercooperation est disponible dès fin mai 2014. Vous pouvez le demander auprès d’Helvetas (021 804 58 00 ou romandie@helvetas.org) ou le télécharger sur www.helvetas.ch/ rapport annuel. Le rapport financier détaillé y est également disponible en fichier PDF. Swiss Intercooperation
RAPPORT ANNUEL 469’200 478’371
personnes ont accédé à l’eau potable et aux installations sanitaires.
familles paysannes ont adapté leurs productions au changement climatique.
813’661 personnes ont obtenu un accès aux marchés.
351’035
personnes ont appris à mieux commercialiser leurs produits.
135’434 des cours sur la démocratie, l‘administration et les droits civiques.
128’367 enfants et jeunes ont pu suivre l‘école primaire.
567’486
72’263 commencé une formation professionnelle.
familles paysannes ont été formées à de meilleures méthodes de production.
UNE VIE MEILLEURE
POUR 3’015’817 PERSONNES
Nos projets en chiffres pour 2013 469’200 personnes ont pu dis-
poser d’eau potable ou d’installations sanitaires.
813’661
personnes ont pu accéder à des écoles, des centres médicaux et des marchés régionaux.
internationales communes de politique de développement, notamment sur la sécurité alimentaire ou la formation. La communication en Suisse reste une dimension importante de notre travail, précisément à une époque où, malgré la mondialisation et une omniprésence de produits provenant du monde entier, l’ouverture traditionnelle de la Suisse est mise à l’épreuve. Helvetas s’impliquera pour que la Suisse résiste, également à l’avenir, à la tentation Arménie: opportunités commerciales pour les producteurs de fruits
Les grenades sont demandées À Meghri, village isolé à sept heures de bus de la capitale Erevan, les anciens ouvriers et ouvrières de kolkhozes n’ont ni formation, ni accès à des crédits. Ils travaillent aujourd’hui dans les petits vergers qui leur ont été attribués à la chute de l’Union soviétique. Les récoltes de dattes, de figues et de grenades sont insuffisantes et la qualité des fruits trop inconstante pour pouvoir les livrer sur le marché. Un projet d’Helvetas de développement de marché concerne les familles
351’035 personnes vivant en mi-
lieu rural ont suivi des cours pour apprendre à mieux commercialiser leurs produits.
478’371
paysannes et paysans ont adapté leurs productions au changement climatique.
128’367 écolières et écoliers ont
pu suivre une scolarité de base dans l'un des centres soutenus par Helvetas.
72’263
jeunes en majorité ont commencé une formation professionnelle ou une formation continue.
de lier son engagement à des contreparties dans la politique migratoire ou la négociation d’accords de libre-échange. En 2013, nous avons lancé l’exposition itinérante interactive «Nous mangeons le monde», à voir dans différentes villes suisses jusqu’en 2016. Se basant sur notre alimentation, l’exposition pose les questions centrales de développement, en particulier pour que les générations futures soient aussi informées et prêtes à se responsabiliser paysannes et les fournisseurs de semis, d’outils et d’engrais ainsi que des entreprises de transport, de transformation et de commercialisation. Les paysans apprennent comment tailler les arbres et comment pulvériser les insecticides de façon parcimonieuse et efficace. Grâce à Helvetas, trois pépinières privées livrent des plantes plus productives et en plus grand nombre aux exploitations paysannes. Des discussions entre les paysans et les acheteurs ouvrent de nouvelles possibilités d’écoulement des produits. Sargis Oarvan, du village d’Alvanqhat, a participé au projet dès le début. Il dit que ses arbres fruitiers sont plus sains qu’auparavant et peut maintenant vendre ses fruits à un prix plus élevé de 20% environ. © Peter Schmidt © HELVETAS Swiss Intercooperation
Rapport annuel 2013
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RAPPoRT ANNUEL
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là. Nous adressons des remerciements particuliers à la Direction du développement et de la coopération DDC, au Secrétariat d’État à l’économie SECO, à EuropeAid, à la DFID britannique et au Service liechtensteinois de développement LED. Sans l’ensemble des soutiens, les résultats que nous présentons dans le rapport annuel 2013 n’auraient pas été possibles.
©© Jorge ArevaloKoumpogne de©la Ana Zerda Isabel Mendoza Jean-Yves
– dans leur consommation quotidienne comme dans la politique de la Suisse. En 2013, Helvetas a pu à nouveau compter sur une forte solidarité et d’importants soutiens. Au total, les dons ont atteint 27,6 millions, un montant jamais égalé à ce jour, soit 14,5% de plus que le résultat de l’année précédente. Nous en remercions vivement tous les membres, donatrices et donateurs ainsi que les nombreuses fondations et institutions en Suisse et au-de-
Citoyennes actives Au Guatemala, les indigènes sont exclus des pouvoirs publics depuis la conquête espagnole et ont perdu confiance vis-à-vis de l’État. Ce n’est que depuis peu que des femmes ont obtenu d’accéder aux fonctions politiques. Mais cette possibilité est refusée aux jeunes qui, résignés, s’en détournent pour la plupart. Le projet SERVIME fait face à cela. Dans les 40 communes du haut-plateau occidental, les femmes indigènes et les jeunes en particulier sont en-
couragés à jouer un rôle actif dans la construction de la société civile et à se faire élire dans des services publics. Avec des formations débouchant sur des diplômes pour les femmes participantes. Lors de discussions, pendant lesquelles les jeunes peuvent formuler leurs intérêts communs et leurs actions. Avec l’encadrement de groupes de jeunes actifs dans des initiatives culturelles. Dans le projet SERVIME, des autorités locales suivent des formations continues pour planifier des infrastructures, des centres de santé, pour l’intégration des classes sociales défavorisées de la population et pour que les droits des citoyens soient pris en compte dans les activités entreprises.
© Peter Schmidt
Guatemala: participation des indigènes, des femmes et des jeunes
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Rapport Annuel
Message du président Permettre le développement Dans l’est du Burkina Faso, des jeunes entreprennent un apprentissage parce qu’ils veulent construire l’avenir. Des villageois disposent enfin d’une installation pour l’eau potable. Des familles de paysans réagissent au changement climatique en appliquant de nouvelles méthodes agricoles. Lorsque je visite des pays partenaires, des bénéficiaires de projets témoignent de telles histoires – que je peux aussi lire dans les «Partenaires» ou entendre de la part de collaboratrices ou collaborateurs. Ce sont des destins individuels qui valent pour des milliers de personnes ayant franchi peu à peu des étapes vers un avenir meilleur. Helvetas les soutient pour surmonter les obstacles du chemin. Nous ne nous limitons pas à «apprendre aux personnes à pêcher», selon un proverbe confucéen. Au contraire, nous voulons créer des structures qui rendent le développement possible. Ce travail sur les structures et avec les autorités prend une importance croissante dans la coopération au développement. Pourtant il n'est pas spectaculaire et parfois désenchanté. Je suis heureux que ces difficultés ne découragent pas HELVETAS Swiss Intercooperation de travailler aussi dans des États fragiles alors que d’autres ont abandonné. Je remercie tous les membres, donateurs et légataires, fondations et entreprises, ainsi que les institutions étatiques telles que la DDC et le SECO, qui financent non seulement la construction de puits ou de centres de santé mais qui permettent aussi d’en assurer l’entretien, renforçant ainsi les sociétés civiles et les autorités publiques qui en sont responsables. Elmar Ledergerber président d’HELVETAS Swiss Intercooperation
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comptes annuels 2013 Grâce aux contributions généreuses de ses membres, donatrices et donateurs, fondations et entreprises, paroisses, communes et cantons, ainsi que celles
de la Confédération (DDC et SECO) et des agences internationales de développement, Helvetas a pu consacrer 134,1 millions de francs à la réalisation de ses objectifs en 2013. 85,6 % ont été investis dans nos projets et programmes à 2013 en CHF
Rendement Cotisations des membres Dons publics Legs de particuliers Produit de l’acquisition de fonds
3’008’174.58 21’846’283.53 3’785’676.09 28’640’134.20
Contributions de la DDC aux programmes Mandats de la DDC aux projets Contributions d’organisations aux projets Recettes services de conseils Recettes commerce équitable Autres revenus d’exploitation Revenus des prestations fournies
10’700’000.00 63’124’859.60 24’226’975.68 3’263’776.75 3’426’173.15 752’435.49 105’494’220.67
Produit d’exploitation
134’134’354.87
l’étranger. Les frais concernant le Secrétariat général, le commerce équitable et la recherche de fonds en Suisse représentent 10,2 % des dépenses. 4,2 % ont servi au travail d’information en Suisse.
Recettes 5 67 1 4
2
3 1 2
Recettes de dons 21,3 % Contributions de la DDC aux programmes 8,0 % Mandats de la DDC aux projets 47,1 % Contributions d’organisations aux projets 18,1 % Recettes services de conseils 2,4 % Recettes commerce équitable 2,5 % Autres revenus d’exploitation 0,6 %
3
Charges Afrique Asie Amérique latine et Caraïbe Europe de l’Est, Caucase et Asie centrale Coordination, encadrement des programmes dépenses pour les projets internationaux
32’843’316.84 43’958’679.83 19’222’185.81 11’572’756.00 1’765’223.80 109’362’162.28
dépenses pour la fourniture de prestations
5 6 7
Dépenses
5’117’235.14 5’675’095.70 3’388’101.90
dépenses pour les services de conseils dépenses pour les projets en Suisse dépenses pour le commerce équitable Secrétariat général Recherche de fonds Secrétariat général et recherche de fonds
4
7
8
9 10 1
6 5
4’562’183.73 5’695’849.05 10’258’032.78
4
133’800’627.80
3 2
333’727.07
Résultat d’exploitation Résultat financier Autres résultats
997’548.30 -280’815.41 1’050’459.96
Résultat annuel avant résultat du fonds Résultat du fonds
167’272.85
Résultat annuel
1’217’732.81
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RAPPoRT SCHwEIZ ANNUEL
1 2 3 4
Afrique 24,5 % Asie 32,9 % Amérique latine et Caraïbe 14,4 % Europe de l’Est, Caucase et Asie centrale 8.7 % 5 Coordination de programmes 1,3 % 6 Dépenses services de conseils 3,8 % 7 Dépenses projets en Suisse 4,2 % 8 Dépenses commerce équitable 2,5 % 9 Secrétariat général 3,4 % 10 Recherche de fonds 4,3 %
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cINéMA SUD 2014 ROULE cET éTé Le cinéma solaire itinérant en plein air sera à nouveau en tournée durant juillet et août. Après une édition 2013 qui a connu un grand succès, notre équipe se réjouit de repartir dans l’aventure, avec ses rencontres et l’accueil chaleureux à travers la Suisse romande. Neuchâtel, Porrentruy, Estavayer-leLac, Lausanne, Nyon, Meyrin ou Vernier, ainsi que les Bains-des-Pâquis à Genève. Marie Schaffer-Wyler est responsable des événements et des groupes de bénévoles en Suisse romande.
Toutes les informations sur Cinéma Sud, les films, la tournée et les dates sont disponibles sur
Claude Marthaler avec son vélo, remorquant du matériel et un panneau solaire.
© LDD
www.helvetas.ch/cinemasud
Le public apprécie la belle soirée d’été aux Bains-des-Pâquis, à Genève.
© LDD
Durant les mois de juillet et d’août, les opérateurs-projectionnistes parcourent la Suisse romande à vélo et, exceptionnellement, en train pour les longues distances. Tout le matériel pour pouvoir projeter les fi lms tient dans deux remorques, pesant chacune près de 50 kilos. Claude Marthaler, déjà en route avec Cinéma Sud en été 2013, fait à nouveau partie de l’équipe. À leur arrivée aux endroits prévus pour les projections, qui sont souvent des parcs publics en ville ou au bord de l'eau, les cyclistes s’installent. Ils exposent les panneaux solaires pour collecter l’énergie du soleil qui chargera les batteries et permettra de projeter des fi lms en soirée. Le grand écran est tendu entre deux arbres ou des poteaux, un exercice pouvant s’avérer délicat et nécessiter l’emprunt d’une échelle. Des banderoles et affichettes invitent le public à voir gratuitement des fi lms sous les étoiles. Les spectateurs amènent leur
propre siège et prennent place confortablement dans cette salle improvisée. Les fi lms à l’affiche sont souvent primés, provenant des pays du Sud ou retraçant des réalités de la vie quotidienne dans les régions défavorisées de notre monde. En cas de pluie, les projections ont lieu sous un abri proche. Le Cinéma Sud s’arrêtera dans tous les cantons francophones. 13 lieux sont retenus dont certains sont à confirmer: Sion, Martigny, Vevey, Epalinges, Bulle, Fribourg, La Chaux-de-Fonds, © LDD
Par Marie Schaffer-Wyler
C IH E LVE N TA S UE M S D A
À la Chaux-de-Fonds, dans la fraîcheur des montagnes à mille mètres d’altitude, Cinéma Sud est à l’abri sur la Place Éspacité.
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Ensemble, changeons le monde
avec un parrainage pour la formation.
«Je suis très reconnaissante de pouvoir faire une formation pour devenir agricultrice. Depuis le début de l’apprentissage, j’ai déjà beaucoup appris sur l’élevage de bétail et la culture des céréales. Je sais désormais comment garder les fruits et les légumes pour qu’ils se conservent longtemps. Le temps où ma fille devait aller au lit le ventre vide appartient heureusement au passé.» Mahabat Maldybaeva, de Sary-Dobo, Kirghizistan, paysanne
Avec 30 francs par mois, vous permettez chaque année à une jeune personne d’accomplir une formation.
Vous trouverez plus d’informations en couverture de ce magazine et sur www.helvetas.ch. Nous vous remercions de parrainer une jeune personne et vous invitons à utiliser le bulletin de versement rouge situé au dos (CP 80-3130-4) pour le versement de votre contribution. Merci.
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Tournés vers l’avenir Helvetas et le Kirghizistan célèbrent leurs 20 ans de collaboration. En 1994, à son arrivée dans ce pays postsoviétique, l’équipe d’Helvetas a dû faire face à des problèmes particuliers.
Elmar Ledergerber, président d’Helvetas, et Peter Schmidt, qui a travaillé pendant de nombreuses années pour Helvetas au Kirghizistan, se sont rendus ces jours à Bichkek pour fêter les 20 ans d’engagement suisse au Kirghizistan. Helvetas et Intercooperation sont arrivées en 1994 dans ce pays d’Asie centrale sur mandat de la Confédération. Trois ans après la chute du bloc soviétique, les deux organisations, qui ont fusionné depuis, ont rencontré des situations inédites. Entreprises de production, connaissances agricoles et instituts financiers avaient presque tous disparu avec l’effondrement de l’économie du secteur public. La confusion était totale. «Le premier chef de projet gardait l’argent des projets chez lui, se souvient Hans Schaltenbrand, coordinateur des premières actions d’Helvetas au Kirghizistan. Et lorsqu’il a finalement déposé 10 000 francs à l’unique banque du district, celle-ci ne voulait plus lui rendre ce pactole inespéré». En tant que pays rattaché à l’Union soviétique avant 1991, le Kirghizistan était fortement subventionné en raison de sa frontière commune avec la Chine. Avec cet afflux d’argent, le lointain centre politique de Moscou voulait s’assurer un plus grand attachement idéologique. Il importait donc des tonnes de fourrage pour les immenses troupeaux de moutons des kolkhozes, ces entreprises étatiques de production. Après la chute de l’URSS, les animaux furent abattus en masse, car la terre aride n’était pas assez rentable. Nombre de paysans étaient au bord du gouffre. Durant cette période de désorientation, Helvetas et Intercooperation ont misé sur deux projets. Le premier avait pour but d’apprendre aux anciens kolkhozniks à gérer leur propre ferme; le second soutenait les femmes dans l’apprentissage d’un métier ou pour se reconvertir. Ces projets ont permis de
développer un programme de promotion touristique, qui est aujourd’hui intégré au secteur privé. Le succès de cette collaboration avec le Kirghizistan – qui avait suscité un certain scepticisme à l’extérieur comme à l’intérieur du pays – tient d’abord à l’engagement sur le long terme tel que planifié par les deux organisations. «Certains collaborateurs suisses
vivaient dans les communautés villageoises et ont appris la langue locale, raconte Hans Schaltenbrand. Ils ont peu à peu compris le schéma de pensée d’une société dans laquelle le fait d’agir de manière autonome avait été négligé pendant des générations. Et ils ont su gagner le respect des anciens qui, au début, n’attendaient qu’une nouvelle
manne financière.» L’anniversaire est l’occasion de faire le point sur la situation: où en est le Kirghizistan et quel engagement poursuivre? «L’inertie après l’effondrement a fait place à la confiance en soi, mais les défis ne manquent pas, déclare Christian Steiner, actuel directeur du programme d’Helvetas au Kirghizistan. La jeune démocratie est entourée d’États totalitaires; au Sud en particulier, l’influence de groupes radicaux est tangible.» La coopération au développement accorde ainsi la priorité au soutien à l’économie privée, au renforcement du processus démocratique à l’échelle locale et à l’accès à la formation professionnelle pour donner des perspectives d’avenir aux jeunes Kirghizes des régions frontalières et aux groupes défavorisés. Kathrin Krämer est webmasterin et assistante RP chez Helvetas. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter © Simon B. Opladen
Par Kathrin Krämer
Comme Mahabat Maldybaeva, les paysannes savent aujourd’hui commercialiser leurs produits.
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ÉVÉNEMENT
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La malaria régresse Les mesures pour prévenir et contrôler le paludisme portent leurs fruits: selon un récent rapport de l’OMS, il a été possible de réduire de 42% le nombre de victimes dans le monde entre 2000 et 2012. Plus de 3 millions de vies ont été sauvées. Mais il reste encore beaucoup à faire: en 2012, quelque 600 000 personnes sont mortes de la malaria. –KCA
L’eau, Serial Killer: action d’Helvetas pour la Journée mondiale de l’eau 2014 L’eau insalubre fait chaque jour plus de victimes dans le monde que les armes. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2014, l’action que nous avons menée a pointé du doigt cette situation dramatique. © HELVETAS Swiss Intercooperation
Météo du développement
Exportation d’armes La Suisse peut vendre des armes dans des pays tels que l’Arabie saoudite et le Pakistan, où les droits humains sont systématiquement et gravement bafoués. En mars, le Conseil national a accepté de justesse d’assouplir l‘ordonnance du matériel de guerre. Les exportations récurrentes d’armes de l’industrie suisse ont été déterminantes. Le Conseil fédéral craignait d’être désavantagé face à la concurrence étrangère. –KCA
Bildlegende, Bildlegende
Profit prioritaire Les grands groupes cherchent à poser un pied dans la coopération au développement – cela avec le soutien croissant de bailleurs étatiques. En Inde, avec l’aide de la Banque mondiale et du gouvernement, le réassureur SwissRe gère une assurance-maladie pour les gens vivant sous le seuil de pauvreté. Les ONG de développement craignent que l’économie privée privilégie le profit, l’ouverture à de nouveaux marchés et son gain d’image au préjudice du développement durable d’initiatives locales. –KCA
Drapée de noir, entourée de gerbes de fleurs et de jouets déposés à ses pieds, la fontaine publique de la place de Bourg-de-Four à Genève est devenue un monument funéraire en mémoire des victimes de l’eau insalubre. Le soir tombé, les flammes des bougies scintillent, comme autant de vœux espérant que l’eau potable soit enfin accessible à tous. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, cette action a été menée également autour d’autres fontaines à Berne, Zurich, Baden, Frauenfeld et Thusis. «Nous oublions si facilement que l’eau potable ne s’écoule pas simplement d’un robinet partout dans le monde»,
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Actualité
dit Marie Schaffer-Wyler, qui a organisé l’action fontaine avec le groupe régional de bénévoles. Dans les pays en développement, chaque gorgée d’eau est un risque mortel. Ce drame menace 800 millions de personnes qui n’ont pas accès à de l’eau propre. Chaque jour, l’eau insalubre fait plus de victimes dans le monde que les conflits armés. Et comme souvent, ce sont les plus vulnérables qui paient le plus lourd tribut: quotidiennement, plus de 3000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies diarrhéiques, causées par les agents pathogènes dont l’eau insalubre est infestée. ‒KCA
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La FEDEVACO est bien ancrée dans le Canton
Inauguration de l’exposition d’Helvetas par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann tor Suisse, partenaire de l’exposition, s’en est réjouie. Dans son message, elle a souligné la sensibilité des jeunes pour les questions liées à la consommation. Peut-être que la remarque du conseiller fédéral avait frappé les paysannes de la région qui ont servi l’apéritif – en tous les cas, il n’est rien resté à manger. – MAH Dès le 5 juin, l’exposition sera au Sihlcity à Zurich (salle Folium) www.wir-essen-die-welt.ch © Alexander Egger
«Pendant que je parlais avec d’autres ministres lors de la conférence sur la faim et le gaspillage, le personnel débarrassait discrètement des tables du buffet de grandes quantités d’amuse-bouches intacts qui échoueraient dans la poubelle», a avoué le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann dans son discours inaugural. Plus de cent personnes étaient présentes lors du vernissage dans le Käfigturm à Berne, le forum politique de la Confédération, où l’exposition «Nous mangeons le monde» est à voir jusqu’au 24 mai. Le président d’Helvetas, Elmar Ledergerber, a relevé des données impressionnantes dans son allocution de bienvenue: plus de 30 000 personnes ont déjà visité l’exposition au Naturama d’Aarau, dont quelque 300 classes. Nadine Felix, directrice de la fondation Merca-
www.fedevaco.ch
Agenda
Certification FAIR TRADE TOWN pour des villes et des communes suisses Connaissez-vous un restaurant ou un magasin qui propose des produits Fairtrade? Ou avez-vous introduit du café équitable sur votre lieu de travail? Alors mentionnez le sur le site www. fairtradetown.ch et soutenez votre localité dans la course au titre de Fair Trade Town. La campagne internationale homonyme, qui veut renforcer le commerce équitable, a été lancée en Suisse en 2014. Les villes et les communes qui peuvent prétendre au titre sont celles qui s’engagent pour le commerce équitable dans leur administration politique, qui font connaître le
À la veille de ses 25 ans, qui seront fêtés en septembre à Morges, la Fédération vaudoise de coopération a reçu un beau cadeau en 2013: pour la première fois de son histoire, le soutien des collectivités publiques à des projets au Sud dépasse les 3 millions de francs. La participation des communes vaudoises franchit même le cap symbolique du demi-million de francs. Vincent Zodogome, président, s’en réjouit: «Cette augmentation témoigne d’une belle reconnaissance de la qualité et du sérieux de notre travail auprès des collectivités publiques.» Ces financements ont permis de réaliser 61 projets portés par des associations membres de la FEDEVACO, dont des projets d’Helvetas au Bénin, au Mali, à Madagascar et en Bolivie. –CRO
commerce équitable à leurs habitants et dont des restaurants, des hôtels et des entreprises utilisent des produits Fairtrade. À ce jour, plus de 1500 villes, communes et régions dans le monde ont reçu la certification «Fair Trade Town». En Suisse, la campagne est portée par Swiss Fair Trade, l’association faîtière des organisations suisses du commerce équitable – et ainsi par Helvetas également, qui s’engage depuis plus de 50 ans pour le commerce équitable. –KCA www.fairtradetown.ch
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Actualité
21.5.
Journée mondiale de la diversité culturelle pour le développement
13.-15.6.
Festival de la Terre, Esplanade de Montbenon, Lausanne
1.9./30.11.
Les Magasins du Monde fêtent leurs 40 ans. Le spectacle «Un repas au coin du monde», qui sensibilise au commerce équitable, sera en tournée en Suisse romande. Toutes les infos sur www.mdm.ch, tél. 021 661 27 00
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Jubilé de la coopération suisse au Pérou: 50 ans d’innovation commune Depuis 50 ans, la Suisse est engagée au Pérou, et certains projets sont mis en œuvre par HELVETAS Swiss Intercooperation. Le programme de coopération de la Suisse au Pérou, qui a commencé en 1964 par des initiatives agricoles, adopte aujourd’hui une autre approche. «La croissance économique crée de nouvelles possibilités qui non seulement favorisent le développement humain mais qui permettent aussi de relever des défis globaux tels que le changement climatique et la gestion de l’eau», explique Jean Gabriel Duss, directeur de la DDC au Pérou. La région andine est un point central du programme pour l’eau et le changement climatique de la DDC. Et de son côté, le SECO concentre son travail sur le renforcement de
l’administration des finances publiques, sur le développement d’entreprises compétitives, sur le développement urbain durable et la gestion responsable des ressources. Ces engagements contribuent à la lutte contre la pauvreté et à l’intégration sociale. «Notre travail vise à ce que le Pérou soit la référence régionale en tant que pays ouvert, compétitif, qui se développe sur la base de la durabilité et de sa diversité préservée», explique
© Marc Weiler
Sportifs et engagés: devenez Charity Runner pour Helvetas!
Christian Robin, directeur de la coopération suisse du SECO au Pérou. –JST
Ce fut une première: à l’occasion du marathon de Zurich qui a eu lieu le 11 avril dernier, des „coureurs solidaires“ ont pris part à la course dans le but d’attribuer à Helvetas les soutiens acquis de leurs sponsors. Des sportifs venus de Suisse romande étaient au départ, ainsi que des collaborateurs d’Helvetas. Les dons récoltés ont contribué à notre projet d’approvisionnement en eau potable dans des écoles au Bénin, permettant à 762 écolières et écoliers d’avoir enfin de l’eau propre. D’autres courses sont d’ores et déjà prévues en Suisse allemande, en août et septembre 2014. Ou organisez un défi sportif personnel, avec pour but de collecter des dons. Pour tout renseignement, contactez frederic.baldini@helvetas.org, tél. 021 804 58 10. –CRO www.Mein-Ziel.ch
Impressum No 216/mai 2014 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 54e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30, inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: info@helvetas.org, Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: romandie@helvetas.org Ufficio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: svizzeraitaliana@helvetas.org Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fixe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Tanja Burgdorfer, Janine Gass, Maya Graf, Matthias Herfeldt (MAH), Katrin Hofer, Jonas Köppel, Angelika Koprio (AKO), Kathrin Krämer (KCA), Melchior Lengsfeld, Simon Ming (SMI), Marie Schaffer-Wyler, Eva Siegenthaler, Johanna Steudtner (JST), Karin Wenger Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO), Elena Vannotti Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: GrafikWerk Zurich Correction: Textmania, Zurich Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling
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Hunger Games – Le jeu mondial de la nourriture: participe au Clip Award 2014 en réalisant une vidéo sur le monde de l’alimentation globalisée!
Concours Répondez aux questions en lien avec ce numéro de «Partenaires» et gagnez une nuit pour deux personnes avec petit déjeuner au Maya Boutique Hôtel à Nax. 1) À quelle occasion pourrez-vous rencontrer le paysan bolivien Miguel Ortega en Suisse? 2) Quel est le thème de l’année 2014 décidé par l’ONU? 3) Depuis combien d’années Helvetas est-elle engagée au Kirghizistan?
Pour en savoir plus sur le thème 2014, sur la participation, sur le jury et sur les prix: www.clipaward.ch
Prix à gagner: une nuit pour deux personnes en chambre double avec petit déjeuner au Maya Boutique Hôtel à Nax. Un séjour écologique dans le premier hôtel en bottes de paille Le Maya Boutique Hôtel à Nax (VS) séduit non seulement par son style élégant et rustique, mais aussi par les valeurs qu’il défend. L’hôtel, construit en 2012 avec 55 tonnes de paille, est unique en Europe. À l’ère de l’acier et du béton, ce mode de construction écologique est tombé dans l’oubli. Aujourd’hui, il a trouvé de nouveaux
Maya Boutique Hôtel, 1973 Nax, tél. 027 565 51 55, www.maya-boutique-hotel.ch
© Pascal Gertschen
Nous jouons avec la nourriture et en jetons de grandes quantités. Bien que les produits alimentaires disponibles soient suffisants pour nourrir l’humanité entière, des millions de personnes souffrent toujours de la faim. Joues-tu aussi avec les repas? Qui dicte les règles dans la lutte mondiale pour l’alimentation? Quelles en sont les victimes? Que pouvons-nous faire contre cela? Pour le concours du Clip Award 2014, Helvetas recherche des films courts originaux, mordants, critiques, dérangeants, amusants, bouleversants sur la question de la faim et de l’alimentation. Mets tes idées en images dans un clip de 60 secondes au maximum et tu participeras au concours! Un jury composé de professionnels du cinéma et de l’alimentation sélectionnera les meilleures vidéos. Lors du festival shnit de courtsmétrages à Berne le 9 octobre 2014, les lauréats se verront remettre les prix. Et des clips seront projetés à un public de passionnés de cinéma. –AKO
Envoyez vos réponses par poste à Helvetas, «Concours», 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, ou par courriel (avec votre adresse complète) à concours@helvetas.org. Délai d’envoi: 15 juin 2014. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Le gagnant du concours du Partenaires n° 215 est Arno Gaehwiler, Gossau.
adeptes avec Lisa et Louis Papadopoulos, un couple très engagé. Leur maison possède un degré d’isolation incomparable, un système solaire thermique et un fourneau à bois qui protègent parfaitement du froid en hiver. Chaleur et confort se dégagent aussi des chambres. Les meubles ont été réalisés manuellement par un menuisier de la région. Le bois utilisé diffère dans chacune des huit chambres, ce qui leur donne une atmosphère et un parfum uniques. Trois jours par semaine, le Maya Boutique Hôtel propose un menu composé de produits saisonniers, principalement du terroir, une occasion pour Louis de réinventer avec passion des recettes traditionnelles locales et suisses. Niché dans le paysage préservé du Val d’Hérens, l’hôtel en paille se trouve à seulement 15 minutes de Sion. La route n’est pas longue avant de rejoindre cette vallée, où le soleil accueille les visiteurs trois cents jours par an!
© Pascal Gertschen
Do it yourself
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Actualité
IDEA Interamericana © Javier Medina Verdolini
Lorsque le Fairshop fait se rencontrer des tisserands du Guatemala et des tanneurs du Paraguay, cela donne le sac «Juky». Tanja Burgdorfer raconte comment elle a vécu ce projet interaméricain.
Tanja Burgdorfer parle de design avec Mario Baritos, pendant que Ricardo Sanabria coud un sac sur sa machine.
Par Tanja Burgdorfer Avez-vous déjà remarqué le sac «Juky», arrivé dans notre assortiment en automne dernier? Il associe le coton tissé main au Guatemala au cuir tanné sans chrome au Paraguay. Mais qu’est-ce qui a conduit à ce mix interaméricain de ces deux matières? Depuis fin 2012, je suis chargée du développement des produits d’HELVETAS FAIRTRADE. Dès le début, j’ai eu pour objectif de faire ressortir le meilleur de nos talentueux artisans. Ainsi, comme le coton tissé et le cuir, les deux matières premières du sac, me semblaient se compléter idéalement, j’ai demandé à nos deux partenaires s’ils acceptaient de collaborer
et de tenter l’expérience. Tant les tisserands de la coopérative d’El Puente au Guatemala que les tanneurs de l’Asociación de Cuero de Caacupe au Paraguay ont été enthousiasmés par l’«Idea Interamericana». C'est ainsi qu'esquisses et motifs ont été échangés, et que des améliorations ont été apportées en continu au cours du développement du produit. Il a fallu une année pour que le modèle réalisé remporte enfin tous les suffrages. En mars 2014, j’ai eu pour la première fois l’occasion de rendre visite à nos partenaires, de découvrir leur environnement et le travail qu’ils réalisent pour nous depuis des années. Je voulais bien sûr aussi savoir ce qu’ils pensaient de leur coopération interaméricaine.
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Commerce équitable
«Es mas práctico», a répondu Ricardo Sanabria, à Caacupe. Ce que Ricardo préfère, c’est le travail à la machine à coudre et le découpage. Il trouve à la fois pratique et simple de travailler le coton. «Contrairement au cuir, il n’est pas nécessaire de veiller à n’utiliser que les belles surfaces. Chaque centimètre est d’une qualité irréprochable», ajoute Ricardo, que sa paraplégie n’empêche pas de faire fonctionner la machine à parer à l’aide de la roue de son fauteuil roulant. Si l’étoffe est d’une aussi belle qualité, c’est surtout grâce à Vicente Calabay Perez, de San Antonio Palopo. Avec les huit membres de son équipe, il produit ce coton sur les rives du lac Atitlan, au Guatemala. En tant que pré-
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FAIRSHOP Fairshop Sac à bandoulière «Chaco»
sident du groupe, il vérifie la perfection de chaque pièce d’étoffe tissée. «Je ne travaille plus autant qu’avant au métier à tisser. C’est pénible pour le dos, et je ne suis plus tout jeune», raconte Vicente en riant. Je suis charmée par les rides de son sourire qui le rajeunissent. Son frère Esteban se réjouit de chaque commande et aime tisser entre 8 heures et 16 heures. En trois semaines, il produit environ 70 mètres de tissu. Mais parfois les commandes se font rares et il doit gagner sa vie en travaillant ailleurs. Au Paraguay, l’atelier ne tourne pas non plus à plein régime. Chaque commande est accueillie avec joie. Le sac interaméricain plaît à Mario, qui dessine les produits du groupe: «Cette combinaison est une première ici, elle attire les regards. De plus, «Juky» renvoie à l’art indigène et à la tradition latino-américaine.» Mario espère une demande accrue et davantage de commandes pour son équipe. Si les sacs en cuir sont nombreux, les sacs en étoffe le sont encore plus. En revanche, ceux dont la production est source d’un revenu équitable pour les artisans sont plutôt rares, et les sacs qui font le lien entre le Guatemala et le Paraguay sont uniques. Je suis fière de ce que nous avons accompli. Et avec toutes les personnes qui ont si bien collaboré à ce projet, je suis contente de l'avoir mené à terme. Merci à chacun et chacune, continuez dans cette direction si riche en expériences! Et merci aussi à mon «Juky», qui m’a bien servie pendant mon voyage en Amérique latine. J’espère maintenant que notre clientèle succombera elle aussi au charme de ce sac original. Car c’est bien grâce à nos clients appréciant les produits du Fairshop que ce projet a pu être financé et que «Juky» a été créé. Tanja Burgdorfer est développeuse de produits d'artisanat pour HELVETAS FAIRSHOP. Traduit de l’allemand par Maude Hermann
Sac a main avec fermetures eclair sur le dessus et surles poches interieures, emplacements pour natel et cartes de visite. Fond solide, doublure en tissu. Cuir tanné sans chrome. Doublure textile. 40 x 12 x 27 cm. Sac noir, bandouliere rouge (RWF1) Sac rouge, bandouliere noire (RWF2) Fr. 167.–
Sac «Huista»
Petit sac pour tous les jours, en coton tissé main. Les fi ls de tissage sont teints avec des matières naturelles, ce travail se fait dans les montagnes du Guatemala. Avec fermeture éclair et poches intérieures. Doublure en coton. 31 x 28 x 18 cm. Bleu-gris/Beige. (GUB84) Fr. 70.– Sac Interamericana «Juky»
Sac shopper avec bandoulière réglable en cuir et fond en cuir renforcé. Doublure textile en coton. Compartiment intérieur avec fermeture éclair, 3 emplacements pour cartes et pour téléphone mobile. 24 x 16 x 36 cm. Brun/Multicolore (PGH10), Noir/Blanc (PGH90), Fr. 149.–
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander:
Par Internet www.fairshop.helvetas.ch
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CoMMERCE éqUITAbLE
Par téléphone 021 804 58 00
Par fax 021 804 58 01
© Simon B. Opladen
Helvetas Swiss Intercooperation Assemblée Générale 2014 Avec le changement climatique, l’existence des familles paysannes sur l’altiplano en Bolivie est devenue plus difficile encore. Dans le cadre de l’Année internationale de l’agriculture familiale 2014 de l’ONU, nous accueillons à l’occasion de notre assemblée générale Miguel Ortega, un paysan de cette région aride des Andes. Participant à un projet d’Helvetas, il transmet aux paysannes et paysans locaux aussi bien les savoirs traditionnels oubliés des cultures que les innovations agricoles, ce qui contribue à assurer les moyens de survie dans les familles. Don Miguel parlera de son travail et de la vie de sa famille. Des collaborateurs d’HELVETAS Swiss Intercooperation présenteront le programme dans les Andes ainsi que le service de conseils agricoles pour les différents pays partenaires. Programme 17.30 h
Ouverture des portes, remise des cartons de vote.
18.00 h Accueil par Elmar Ledergerber, président d’HELVETAS Allocution de bienvenue par Marie Garnier, conseillère d’État du canton de Fribourg, directrice des institutions, de l’agriculture et des forêts. 18.15 h Partie statutaire 1. Ouverture, élection des scrutateurs 2. Adoption du procès-verbal de l’assemblée générale 2013 3. Adoption du rapport annuel 2013 4. Approbation des comptes 2013: rapport des réviseurs des comptes 5. Décharge au comité central et à la direction 6. Fixation des cotisations 2015 7. Approbation des indemnisations et du règlement des frais du comité central. 8. Élection de l'organe de révision 9. Motions écrites des membres 10. Divers et questions 19.15 h
Année internationale de l’agriculture familiale de l’ONU: les petits paysans nourrissent le monde. Avec les interventions de Francis Egger, responsable du département économie, politique et relations internationales de l’Union suisse des paysans, Peter Schmidt, agronome et responsable de département chez Helvetas, Eric Chevallier, coordinateur du programme pour la Bolivie, Miguel Ortega, paysan bolivien
20.15 h Repas, rencontres et échanges 21.00h Clôture Les membres d’HELVETAS Swiss Intercooperation peuvent voter les points à l’ordre du jour. Les cartes de vote sont remises à l’accueil. D’éventuelles motions à ajouter à l’ordre du jour doivent parvenir par écrit à Helvetas à Zurich jusqu’au 10 juin 2014. Le pv de l’AG de 2013 est accessible sur Internet ou peut être demandé à Helvetas.
Date/Lieu Vendredi 20 juin 2014, 18 h à 21 h, Espace Culturel Nouveau Monde, Ancienne Gare 3, 1700 Fribourg Bienvenue aux membres et aux donateurs, ainsi qu’à toutes les personnes intéressées!
Inscription Jusqu’au 10 juin 2014 via Internet: www.helvetas.ch/AG, par e-mail: romandie@helvetas.org, par tél: 021 804 58 00, ou par écrit à Helvetas, Postfach, 8021 Zürich Un repas sera servi à la fin de l’assemblée. Merci d'indiquer: avec viande • végétarien • sans repas Repas: 30 Fr.