Nº 221/août 2015
MAGAZINE PARTENAIRES
À VOS MARQUES, PRÊTS, EMPLOI! CHANCES AU KOSOVO FOCUS un monde meilleur jusqu’en 2030 – nouveaux objectifs TOURNÉS VERS L’AVENIR ce que des femmes et des hommes espèrent RENCONTRES une photographe tessinoise dans le monde CONCOURS une nuit à gagner au Café-Hôtel L’Aubier à Neuchâtel
60 ANS
221 /15 Partenaires
PERSPECTIVES
Équilibre ............................................................................ 04
Page
EN CLAIR
06
Fixer des objectifs pour un monde meilleur ................. 05
REPORTAGE
Kosovo: une émission TV donne des perspectives d’emploi ....................................................... 06
© Christian Bobst
SOMMAIRE REPORTAGE
FOCUS «UN MONDE MEILLEUR JUSQU’EN 2030 – NOUVEAUX OBJECTIFS, NOUVEAUX ESPOIRS»
Le monde que nous espérons: des personnes disent leurs rêves pour l’avenir ........................................12 Illustration: les Objectifs de développement durable pour 2030 .............................................................16 Nouveaux défis: entretien avec Peter Niggli ...................18 Commentaire de l’invité: Jacques Mirenowicz, rédacteur en chef de LaRevueDurable ........................... 20 En savoir plus .....................................................................21
Prêts à travailler
ÉVÉNEMENT
© Virginie Peytoureau
Le quotidien dans la tourmente: au Népal après les séismes ............................................... 22 SUISSE
Multinationales responsables: l’initiative récolte les signatures ........................................................ 23 Claires fontaines: des écoles ont réalisé des projets pour l’eau ....................................................... 25 ACTUALITÉ
Météo du développement ................................................ 26 «60 ans d’Helvetas»: assemblée générale à Zurich ....... 26 Cinéma Sud touche à la fin de son tour 2015 ................ 27 Concours de la plateforme «60 ans – 60 histoires» ..................................................... 27 Agenda ............................................................................... 27 Quelle sera la première Fair Trade Town en Suisse? ........................................................................... 28 La pétition pour le climat a été remise au Conseil fédéral ............................................................. 28 Sondage public sur les œuvres d’entraide ..................... 28 Impressum ......................................................................... 28 Courir pour la solidarité: Christmas Midnight Run en décembre .............................................................. 29 Concours: une nuit à gagner au Café-Hôtel L’Aubier à Neuchâtel ........................................................ 29
2030 Les Objectifs de développement durable de l’ONU doivent être réalisés jusqu’à cette date. Mais que souhaitent des personnes pour l’avenir de leur village ou de leur pays dans différentes régions du monde? Nous leur avons posé la question.
COMMERCE ÉQUITABLE
Une photographe tessinoise proche des gens et de la nature .................................................................... 30
Page
12 FOCUS
Page de couverture: Christian Bobst
HELVETAS – Agir pour un monde meilleur VISION: Nous voulons un monde dans lequel toutes les personnes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement. MISSION: Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement leurs conditions de vie.
2
SOMMAIRE
221 /15 Partenaires
«La pression de la base est nécessaire pour atteindre les Objectifs de durabilité»
© Vera Hartmann
Éditorial
Page
18 FOCUS
Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud de 1998 à 2015, nouveau membre du comité central d’Helvetas, parle des nouveaux Objectifs de développement durable de l’ONU, de ce qui est demandé à la Suisse et du rôle des ONG.
© Illustration: Pia Bublies
Peter Niggli
Page
16 FOCUS
Les 17 Objectifs que le monde doit réaliser pour devenir un endroit meilleur sont illustrés dans notre graphique.
Le futur commence aujourd’hui 2030. Nous imprimons nos meubles nous-mêmes, des drones livrent nos achats à la maison et nos voitures ne nous permettent plus de prendre le volant. Révolutionnaire? Prévisible. La vraie révolution pour 2030 serait si chaque enfant allait à l’école, si aucune famille ne devait boire de l’eau sale et si personne n’était plus discriminé en raison de son sexe. Ce ne sont que certains des Objectifs de développement durable que la communauté internationale fixe cet automne. La nouveauté est qu’ils valent pour tous les pays puisque chacun, sous un certain angle, est un pays en développement. La Suisse aussi doit se développer, par exemple dans le sens d’une économie plus verte, loin du gaspillage de nourriture. Les Objectifs de l’ONU sont visionnaires. Pourtant le premier pas peut être modeste: un achat équitable, un repas composé de restes de victuailles avec des amis – ou une signature soutenant l’initiative pour des multinationales responsables, qui demande qu’aucune entreprise suisse ne fasse du profit à l’étranger au détriment des gens et de l’environnement (p. 23). Et vous, quel sera votre premier pas en direction de 2030?
Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires» susanne.straessle@helvetas.org HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert 1219 Châtelaine Tél. +41 (0)21 804 58 00 Fax +41 (0)21 804 58 01 romandie@helvetas.org www.helvetas.ch CP 10-1133-7
3
ÉDITORIAL
221 /15 Partenaires
© Keystone/Peter Schneider
© Behrouz Mehri
ÉQUILIBRE
«Un million de signatures contre les lois discriminatoires», telle est la revendication écrite sur un mur à Téhéran. En 2007, la poétesse et activiste Simin Behbahani (décédée en 2014, en haut) a été l’une des premières à signer la pétition qui voulait changer la législation discriminatoire à l’encontre des femmes en Iran. Dans cette république islamique, les femmes ne sont toujours pas considérées comme égales en droits. Pendant les dernières années de sa vie, Simin Behbahani a même été interdite de quitter son pays. En Suisse, femmes et hommes sont égaux devant la loi. Mais ce n’est pas toujours le cas devant les employeurs. C’est pourquoi des milliers de personnes manifestent ici aussi chaque année lors de l’Equal Pay Day (en bas) pour demander une véritable égalité. De telles revendications et le courage civil sont nécessaires partout dans le monde pour plus d’équité. –SUS
4
PERSPECTIVES
221 /15 Partenaires
OBJECTIFS POUR DEMAIN «Apportons notre contribution pour que le monde soit accueillant pour tous» un défi pour les pays riches aussi. En Suisse, par exemple, notre consommation est si gigantesque que l’équivalent de cinq planètes serait nécessaire pour que toute la population mondiale puisse consommer pareillement. Si nous voulons éviter un effondrement écologique, nous devons absolument maîtriser notre frénésie de consommation et adopter un système économique préservant mieux l’environnement et protégeant les droits des populations du Sud. Portée par plus de 70 organisations de la société civile suisse, dont Helvetas, l’initiative Multinationales responsables – protégeons les droits humains et l’environnement va dans ce sens, en exigeant que les grandes entreprises sises en Suisse respectent aussi les lois internationales sur le travail et l’environnement dans les pays où elles
opèrent. Si bon nombre d’entre elles ne misent plus désormais sur le travail des enfants, d’autres formes d’exploitation et la destruction de l’environnement pour se procurer des avantages concurrentiels, il existe encore des moutons noirs qui n’ont aucun scrupule à profiter des contrôles laxistes et des fonctionnaires de justice corrompus pour maximiser leurs profits. Cette initiative veut contribuer à empêcher ce genre de pratiques. Le changement climatique, la migration et les crises économiques montrent que nous ne pouvons pas nous isoler du reste du monde dans notre oasis de prospérité. Le changement climatique nous concerne tous. Les tragédies migratoires en Méditerranée aussi. Apportons notre contribution pour que le monde soit accueillant pour tous, pour nos petits-enfants aussi bien que pour les populations du Sud.
Melchior Lengsfeld, directeur d’HELVETAS Swiss Intercooperation Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle
© Maurice K. Grünig
«Dans mon rêve, les villages sont reliés par de bonnes routes et des ponts. Nous avons une école, des instituteurs qualifiés et aucun enfant ne souffre plus de malnutrition. Chacun de nous a un travail et peut acheter des aliments, des vêtements et des fournitures scolaires», dit Momotaz Begum, une jeune femme du Bangladesh dont le témoignage figure dans ce numéro (voir p. 12). Ce rêve n’a rien d’extravagant, au contraire, ce sont des choses simples et concrètes qui devraient aller de soi. C’est pour cette raison que ses mots me touchent. Il est révoltant que des milliards de personnes ne puissent pas satisfaire leurs besoins fondamentaux. D’autant plus que nous sommes enclins à nous habituer à cet état de fait, puisqu’il s’agit de pays lointains. Tous pourraient participer au progrès social et économique, c’est tout à fait possible avec de la volonté politique, mais nous y avons failli en tant que communauté mondiale. Le fossé entre le Nord et le Sud et entre les riches et les pauvres s’est certes un peu décalé, mais de façon générale, il n’a cessé de se creuser plus encore ces trente dernières années. Se voulant globaux et intégratifs, les Objectifs de développement durable (ODD), qui seront adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre prochain, visent à corriger le tir. Les gouvernements signataires s’engagent à lutter contre la pauvreté et à entreprendre davantage pour que l’eau, l’alimentation, la santé et la formation soient accessibles à tous. Par ailleurs, et c’est nouveau, les ODD exigent des réformes, voire des bouleversements politiques et économiques. Ils demandent par exemple une politique cohérente dans les domaines de l’énergie, de l’environnement, du commerce et des finances, ce qui concerne tant le Sud que le Nord. Les objectifs en faveur d’une répartition plus équitable des revenus ou d’une politique économique prenant en compte le climat sont
5
EN CLAIR
Merfida Jerliu (à d.) à sa première place de travail: elle a décroché cet emploi dans le cadre de l'émission de téléréalité «PunPun».
221 /15 Partenaires
«PUNPUN» «TravailTravail» – une émission de téléréalité en lutte contre le taux élevé de chômage chez les jeunes. Au Kosovo, Helvetas emprunte de nouvelles voies pour que les jeunes aient de meilleures chances sur le marché du travail local.
Par Matthias Herfeldt (texte) et Christian Bobst (photos) «Plus que cinq minutes», hurle le mégaphone. La tension dans l’ancienne fabrique de textile est palpable. Visar Arifaj tire sur sa moustache, un petit sourire mauvais, les canines pointues qui brillent dans la lumière des projecteurs. Devant lui, autour d’une grande table ronde, il n’y a plus de couturières attendant la fin du travail. La fabrique n’est plus en service depuis bien longtemps. L’immeuble s’est provisoirement transformé en studio TV. Quatre jeunes femmes et quatre jeunes hommes élégamment vêtus y sont attablés. Tendus, ils regardent dans le vide et essaient de formuler une dernière idée précise, ou tapent frénétiquement sur les touches de leurs ordinateurs portables. En arrière-fond, le compte à rebours est lancé. La trotteuse de la grande horloge au-dessus de la table avance inexorablement. Encore une phrase, une dernière correction. Puis la sirène retentit. Les candidatures doivent être rendues. «Et le gagnant est…» Il s’agit de la quatrième émission de téléréalité «PunPun». Les huit épisodes ont été diffusés à une heure de grande écoute au début 2015 sur la chaîne de télévision kosovare Koha Vision; ils ont aussi été largement diffusés dans les médias sociaux tels que Youtube, où l’on continue de les visionner. En albanais, «PunPun» signifie «TravailTravail». Le gagnant peut décrocher un job. Pas un poste de rêve comme c’est le cas dans des émissions semblables aux États-Unis, mais dans le deuxième
LDD
221 /15 Partenaires
L’émission «PunPun» de Visar Arifaj (au centre) permet aux jeunes d’apprendre de façon ludique comment entrer dans le monde du travail.
État plus jeune du monde, où près de 70% des jeunes sont au se porteraient candidates même pour un poste de vendeuse chômage, tout emploi fixe est un rêve. Lors de la finale, quatre au supermarché. Aucune de ses amies ne voulait s’inscrire au casting. des huit candidats ont finalement reçu une offre spontanée du jury composé d’entreprises kosovares. Parmi eux, Merfi- Elles craignaient d’être présentées comme des chômeuses. da Jerliu, 26 ans, qui vient d’achever ses études d’économie: Ou avaient déjà abandonné l’espoir de trouver un emploi. «Pour participer à l’émission, j’ai dû repousser mes examens Malgré tout, des centaines de jeunes gens se sont annoncés. finaux.» Ses professeurs étaient d’accord et se sont réjouis Dans chaque épisode – complété par des mises au point sur le de cette opportunité. C’est douloureux pour eux aussi d’en- marché du travail et la recherche d’emploi – les candidats ont dû effectuer des tâches pravoyer chaque année des miltiques: comment se présenliers de jeunes fraîchement ter lors d’une candidature ou diplômés vers un probable «Un projet de sensibilisation démontrer ses compétences chômage. dans la gestion de projet ou sans divertissement n’aurait jamais le travail en équipe. Vendeuses avec diplôme eu la même portée» «Avec son air résolu universitaire Argjentina Grazhdani, Helvetas Kosovo et son sens de la répartie, «J’ai entendu parler de la recherche de candidats pour nous avons tout de suite l’émission sur Facebook», remarqué Merfida», se rapraconte Merfida qui avoue aimer se retrouver sous les feux pelle Visar Arifaj, 28 ans, présentateur mais aussi concepde la rampe. Elle ne voulait pas rater cette occasion, espérant teur de «PunPun» avec son agence Trembelat. Helvetas met que lui soit épargnée l’épreuve de la recherche de plusieurs en œuvre au Kosovo un programme financé par la DDC mois ou même de plusieurs années sur le marché du travail. pour lutter contre le chômage chez les jeunes. «Les qualités Ses amies et connaissances sont trop nombreuses à s’être personnelles seules ne suffisent pas pour trouver un emploi», lassées de recherches d’emploi infructueuses. L’ambitieuse poursuit Visar. «Sans expérience pratique, c’est difficile. jeune femme, désormais employée depuis quatre mois dans le Et c’est ce qui manque aux diplômés universitaires. Les secteur des finances pour une grande entreprise d’équipe- filières de formation sont trop peu orientées sur les exigences ments de salles de bains, sait que des centaines de diplômées pratiques.» C’est pourquoi il permet aux diplômés univer-
8
REPORTAGE REPORTAGE
221 /15 Partenaires
Internet au lieu du café Au Kosovo, les jeunes qui cherchent du travail doivent être persévérants et résistants. C’est le cas d’Arlind Gashi. Nous rencontrons Arlind Gashi, 25 ans, dans l’un des nombreux cafés de la zone piétonne de Peja, une ville de taille moyenne dans l’ouest du Kosovo. C’est mercredi matin et les nombreuses petites tables dans la zone commerçante sont bien occupées. Boire du café et attendre est la principale activité, pas vraiment volontaire, de milliers de jeunes hommes ici. Attendre, le soir, le jour suivant, des temps meilleurs. Que l’une des nombreuses candidatures soit peut-être la bonne. Aujourd’hui, lorsqu’Arlind est au café, il attend tout au plus des amis qu’il rencontre lorsqu’il a congé, pour parler «de foot, de filles, etc.». Lorsqu’il a terminé ses études en sciences informatiques il y a trois ans et qu’il a réalisé qu’aucun employeur ne l’attendait, lui non plus, il a aussi passé de longues journées assis ici, à compter les heures. «Je me suis senti si inutile», dit-il. Ici à Peja, il y a encore moins d’opportunités qu’à Pristina. C’est pourquoi ils sont nombreux à vouloir se rendre dans la capitale, ou à rêver de l’étranger. Cela n’a jamais été une option pour Arlind. Par responsabilité envers sa mère, son père étant décédé jeune. Et surtout, il est aujourd’hui très satisfait de son premier vrai emploi en tant que collaborateur du service externe chez Kujtesa, l’un des principaux fournisseurs d’accès à Internet au Kosovo. Son chef le décrit comme fiable et efficace. Certes, Arlind ne gagne pas plus que le salaire moyen national de 300 euros. Mais il peut combler certains de ses souhaits, comme l’iPhone qu’il s’est acheté la semaine dernière. Ou la bicyclette grâce à laquelle il arrive plus rapidement chez ses clients et avec laquelle il se rend parfois le week-end dans les montagnes toutes proches.
Désormais Arlind vient au café seulement pendant son temps libre.
Un ordinateur pour 15 étudiants en informatique «On dit que l’avenir de l’informatique serait au Kosovo», explique Arlind, avec force gestes. «Hélas, j’ai constaté que
mes études étaient insuffisantes pour me positionner dans ce domaine.» Une douzaine d’ordinateurs seulement étaient à la disposition des 180 étudiants. Pas étonnant qu’après trois ans de formation, il n’ait quasi pas eu d’expérience pratique. Cette lacune est comblée par un programme de formation continue soutenu par Helvetas, portant le nom évocateur de «Praktik». Après plusieurs mois de chômage, Arlind y a suivi un cours l’automne dernier et y a appris à configurer un ordinateur, installer des logiciels, développer des réseaux et programmer des applications simples. Un stage fait partie intégrante de la formation continue de trois mois – cas exceptionnel au Kosovo. C’est ainsi qu’Arlind a atterri dans l’entreprise Kujtesa, qui l’a finalement engagé définitivement. «La formation chez Praktik m’a ouvert des portes», déclare-t-il. Il ose à nouveau rêver: «Peut-être que d’ici deux ans, je pourrai me perfectionner et devenir journaliste, passer dans le service médias de Kujtesa et commenter les buts de Xherdan Shaqiri dans mon club de foot préféré, l’Inter de Milan.»
Chez l’employeur d’Arlind, l’ancienne cuisine sert de bureau.
Arlind est naturellement un fan de Xherdan Shaqiri.
9
REPORTAGE
221 /15 Partenaires
De nombreux jeunes hommes quittent le Kosovo, où les emplois et les perspectives économiques manquent.
intérêt», Argjentina Grazhdani en est convaincue. «C’est aussi grâce à Visar Arifaj qui, dans la capitale, est très connu en tant que jeune entrepreneur et politicien charismatique.» Grâce à des campagnes politiques spectaculaires, dans lesquelles il a tourné Un programme de formation distrayant Il est réjouissant que des candidats aient ainsi obtenu un travail; en dérision des politiciens corrompus et incapables, et à travers mais le véritable objectif de l’émission est bien plus important. lesquelles il s’est engagé pour la transparence et la proximité avec «Notre mission consistait à concevoir et effectuer un travail les citoyens, il suscite la sympathie, et pas seulement chez les de sensibilisation. Les adolescents, les jeunes adultes et leurs jeunes. Depuis 2013, il siège au parlement de la capitale comme représentant de «Partia e parents, mais aussi les entreFortë» (Le parti fort) qu’il a preneurs devraient en savoir cofondé, parti qui travaille et davantage sur les arcanes du «Qu’adviendrait-il de notre pays si milite au moyen de la parodie. chômage. Et les personnes à la recherche d’un emploi doivent tous les jeunes tentaient leur chance Entre guerre et migration recevoir des conseils concrets à l’étranger?» Pour la gagnante Merfida sur comment se préparer au Merfida Jerliu, qui débute sa vie professionnelle Jerliu, Visar incarne aussi monde du travail», explique la responsable de projet d’Helun modèle: «Il a révélé que vetas, Argjentina Grazhadanos politiciens n’agissent ni. La démarche d’éducation ludique a tout de suite convaincu que dans leur propre intérêt.» Lorsqu’on lui demande si elle l’équipe d’Helvetas Kosovo. Et apparemment aussi la télévision, s’intéresse à la politique, elle répond, laconique: «Tu ne peux tout comme plusieurs entreprises, qui ont participé aux coûts. pas vivre au Kosovo sans t’en occuper.» La guerre de 1998/99, Des pourparlers sont déjà en cours pour une réédition de l’émis- la déclaration d’indépendance il y a onze ans, le manque de sion qui devrait être entièrement financée par les sponsors. Et moyens économiques et l’émigration qui en découle vers l’Euchez les voisins albanais, une chaîne nationale serait intéressée rope de l’Ouest, où un cinquième de tous les Kosovars vivent et travaillent et dont les envois d’argent assurent l’existence à reprendre le concept. «Un projet de sensibilisation et de formation sans diver- des membres de la famille restés au pays, les possibilités de tissement n’aurait jamais eu la même portée, ni éveillé le même voyage limitées: ces thèmes sont d’actualité dans le petit État sitaires de démarrer une carrière dans son entreprise en y effectuant un stage.
10
REPORTAGE
221 /15 Partenaires
tendu, les diplômés universitaires – et il s’agit de près de la moitié des 20 000 à 30 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail – ne souhaiteraient pas devoir gagner leur vie en tant que collaborateurs. Mais au vu du taux de chômage très élevé, ils n’ont pas le choix.
Les jeunes suivent des cours de pratique informatique.
qui regarde vers un avenir incertain. Merfida parle de la maison de la famille qui a dû être reconstruite après la guerre, du cousin qui vit depuis des années à Berlin et des connaissances de la première vague d’émigration qui ont tenté leur chance au printemps en Suisse ou ailleurs et qui sont revenues, déçues. Merfida dit pouvoir s’imaginer un jour s’engager en politique. Mais pour une telle carrière, elle manque encore d’entregent, même si elle dispose de l’énergie requise. Mais tout d’abord, elle veut évoluer professionnellement. Elle n’a pas encore pu exploiter toutes ses capacités avec le travail «gagné». «Ce poste n’est qu’un début. Je veux plus de responsabilités», dit-elle. «Merfida doit apprendre qu’ici, il n’y a pas d’ascension rapide», dit son supérieur, Urim Zatriqi. Bien en-
3
Tradition et modernité Toutefois, Merfida Jerliu ne veut pas quitter le Kosovo. «Qu’adviendrait-il de notre pays si tous les jeunes tentaient leur chance à l’étranger?», s’interroge-t-elle. Même si elle a grandi dans un contexte traditionnel et rural, sa mère et ses frères aînés, qui jouent un rôle central dans l’ancienne culture familiale balkanique, ne feront pas obstacle à sa carrière. «Moi, je n’ai pas eu le droit de travailler. Je suis heureuse que ma fille puisse le faire et aussi qu’elle se marie par amour», dit sa mère, Shefkije Jerliu, qui fait un signe de tête à son futur beau-fils. Le fiancé de Merfida, Berat Berisha, a pris congé à l’occasion de notre visite, «pour soutenir ma femme». Mais lors de l’entretien, il reste à l’arrière-plan avec la famille, écoute et sourit à sa fiancée si sûre d’elle, lorsqu’elle cherche son regard entre deux questions. À la fin de l’été, ils se marieront. Ensuite, elle vivra avec son époux chez ses parents. Les enfants, que tous deux souhaitent avoir, n’empêcheront certainement pas Merfida de façonner sa carrière professionnelle. Matthias Herfeldt est responsable de communication chez Helvetas. Traduit de l’allemand par Elena Vannotti
Plus de photos et de vidéos en lien avec le projet d’Helvetas au Kosovo et «PunPun» sur www.helvetas.ch/eye
questions à Argjentina Grazhdani, responsable du projet Promotion de l’emploi des jeunes
À quoi s’attaque Helvetas dans le but de créer des emplois pour les jeunes adultes au chômage? D’une part, à la formation. On transmet trop peu de connaissances pertinentes pour la pratique dans nos écoles professionnelles et à l’université. Nous conseillons et soutenons les institutions de formation publiques et privées, afin qu’elles développent et proposent des formations continues qui préparent les jeunes au marché du travail. D’autre part, nous collaborons avec les entreprises et les épaulons notamment dans la création de places de stage et de programmes de formation internes. Dans quelles branches? Dans la technologie de l’information et de la communication, le commerce de détail et l’industrie alimentaire. D’après nos analyses, le Kosovo y recèle un grand potentiel. À ce jour, nous n’avons pas encore suffisamment de spécialistes pour occu-
per les postes-clés, ce qui retarde le développement de ces branches. Au Kosovo, 35% des gens vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Pourquoi Helvetas ne se concentre-t-elle pas sur la tranche de la population la plus pauvre? Nous travaillons à des solutions qui soient plus durables sur le long terme, ce dont profitent aussi les plus démunis. Nous voulons y parvenir en améliorant la formation et en soutenant le secteur privé, soit les entreprises en pleine expansion. Un système économique qui fonctionne mieux offre davantage d’opportunités à tous. Cependant, pour chaque activité, nous examinons soigneusement les possibilités d’intégrer les groupes défavorisés.
11
REPORTAGE
221 /15 Partenaires
FOCUS
Un monde meilleur jusqu’en 2030 – nouveaux objectifs, nouveaux espoirs
CE QUE NOUS ESPÉRONS La communauté internationale a fixé de nouveaux objectifs de développement. Mais quel avenir les gens souhaitent-ils pour leur pays ou leur village? Quels sont leurs rêves, leurs préoccupations, leurs espoirs? Des femmes et des hommes de treize pays dévoilent ce qui les touche et leurs visions pour 2030.
NÉPAL • Un pays fort, des maisons sûres
«
par les séismes), marié, un fils, travailleur social
BANGLADESH • Protection contre l’eau de mer
«
Je suis une femme simple de la campagne. Personne ne m’a jamais demandé quels étaient mes souhaits et mes soucis. Pas même mes proches ou mon mari bien-aimé. Dans mon rêve, les villages ont de bonnes routes et des ponts. Des digues protègent nos champs et nos pêcheries de l’eau salée qui vient de la mer avec les grandes marées. Nous avons une école, des instituteurs qualifiés et aucun enfant ne souffre de la faim. Les villageois ont du travail et peuvent acheter de la nourriture, des habits et du matériel scolaire. Les malades sont conduits au centre de santé en ambulance. Tout le monde a l’électricité et Internet. Je me fais du souci car ma famille n’a pas de revenu sûr. J’ai peur des tremblements de terre et des inondations. Nos maisons ne résistent pas aux Momotaz Begum, 25 ans tempêtes. Les femmes sont harcelées. Je rêve que tous s’entraident dans le village. Les responsables doivent Bisharighata (village du sud du présenter publiquement leurs décisions. Le droit et la Bangladesh), mariée, une fille, justice doivent régner femme au foyer, présidente d’une
»
Propos recueillis par Abu Hena Mostofa Kamal
association communale et membre du comité d’utilisation de l’eau
12 FOCUS
»
Propos recueillis par Bikram Rana
© Abu Hena Mostofa Kamal
© Veronica Tor
Depuis la guerre civile, notre pays n’a toujours pas de Constitution et la corruption est l’autre grand problème. Pour cela, un fossé se creuse entre les dirigeants et le peuple quand il s’agit d’accès aux biens et de participation. Et nous sommes régulièrement frappés par des catastrophes: avalanches, inondations – et tremblements de terre. Les endroits et les maisons où nous vivons ne sont pas sûrs. À Sindhupalchok, où je suis travailleur social, les gens ont été durement touchés par le séisme en avril dernier. Beaucoup ont perdu des membres de leur famille, la plupart n’ont plus de maison. Il faudra des années pour que la région s’en remette. Je rêve que le Népal soit un État fédéral fort, avec une nouvelle Constitution et un gouvernement stable. Un pays où la loi est appliquée et où la corruption diminue en conséquence. Le fossé entre les puissants et les doit se combler. Je rêve d’un avenir Pandav Adhikari, 28 ans démunis où les enfants des gens pauvres puissent aller dans de bonnes écoles et où tout le Jyamire (village à 50 km au nordouest de Katmandou, région frappée monde ait un logement sûr
221 /15 Partenaires
MADAGASCAR • Des politiciens compétents
«
© Niavo Randrianantenaina
Pour les Malgaches, je souhaite que plus personne ne vive dans la misère, qu’il y ait assez de travail et de meilleures conditions de vie. Pour mon village, je souhaite une route goudronnée, l’eau potable et l’électricité. Que les politiciens arrêtent de faire de longs discours sans résultats concrets: à leur place, je ne penserais jamais à m’enrichir, je m’engagerais pour le bien de la communauté et pour que la confiance Myriam entre la population et le gouver Rasoamanahirana, 37 ans règne nement. Ce qui m’inquiète le plus? Ambohikely Imerintsiatosika (proche La corruption à tous les niveaux et de la capitale), mariée, trois enfants. l’insécurité Avec son mari, elle produit des figurines en fer-blanc, entre autres pour le Fairshop.
»
Propos recueillis par Eliane Rakotondranivo
KOSOVO • Apprendre des autres grâce à Internet
»
© Fatemah Shams
Propos recueillis par Matthias Herfeldt
Gul Mirza, 54 ans
Fikire Selam (village dans le nord, zone de Wag-Hemra), veuve, deux enfants, paysanne
Kaboul (capitale), marié, père de huit enfants, gardien et jardinier
ÉTHIOPIE • Un village autonome
«
AFGHANISTAN • La paix et vivre sans peur
»
Propos recueillis par Fatemah Shams
© Christian Bobst
«
Pour notre pays, je souhaite d’abord la paix. Avec elle, les simples citoyens peuvent vivre une vie normale et sereine, sans peur. La paix permet à chacun de vivre bien. Comment l’amener? Il faut l’union entre les gens. Chacun doit pouvoir travailler, les enfants doivent pouvoir aller à l’école. La corruption doit être combattue. Nous avons besoin d’une vraie démocratie dans laquelle les femmes ont des droits. Je souhaite que mes enfants deviennent des adultes honnêtes et responsables, qu’ils apportent du soutien aux autres et qu’ils soient respectés. Je rêve d’un avenir meilleur pour tous les enfants
Tiwores Aderu, 30 ans
Gent Thaçi, 20 ans Pristina (capitale), célibataire, étudiant en sciences informatiques, cofondateur de la Tech-Community «FLOSSK – Free/libre open source Kosovo»
13 FOCUS
Je rêve d’un village développé, vert et autonome. Je voudrais que nous arrivions à nous débrouiller sans soutien extérieur, car je veux faire partie d’une communauté qui sache prendre soin d’elle-même et qui offre des écoles et des soins à ses enfants. Mais ici nous n’avons chacun qu’un lopin de terrain montagneux à peine fertile. Le service agricole pourra-t-il nous soutenir pour que les récoltes suffisent? L’eau est rare, il faut l’utiliser au mieux pour nos champs. Nous devrions travailler tous ensemble. Il existe chez nous un ancien système d’entraide que nous devons préserver et faire revivre pour freiner l’érosion de nos sols. C’est seulement ainsi que notre vie ira vers le mieux
»
Propos recueillis par Ashenafy Bekele
© Ashenafy Bekele
«
Le système de formation du Kosovo laisse à désirer et le chômage est très élevé, surtout chez les jeunes. J’espère que les offres de formation seront meilleures, notamment dans le domaine technologique – car j’y vois un grand potentiel pour la création de nouveaux emplois. Mon rêve est que tous les êtres humains dans ce monde puissent se former en permanence, échanger et apprendre les uns des autres au moyen d’Internet
BOLIVIE • L’eau, la formation et les chances de travail
«
des Andes), marié, père de quatre enfants, journalier dans la construction et l’agriculture
LAOS • Une bonne vie et la santé pour tous
Cotonou (capitale), mariée, mère de quatre enfants, vendeuse de légumes à Cotonou
© Virginie Peytoureau
« Denise Tchaba, 42 ans
Pour l’avenir, j’espère que nous puissions vivre en bonne santé dans un village sans criminalité, où chacun a un revenu correct. Nous aurions assez à manger toute l’année, nous vivrions confortablement et les enfants pourraient aller dans une bonne école. Si j’avais mon mot à dire, je ferais en sorte de modifier l’attitude et le comportement de tous ceux qui ne contribuent pas au bien-être de la communauté
»
Propos recueillis par Elizabeth Vochten
«
»
Propos recueillis par Virginie Peytoureau
Antonine Antoine, 37 ans Beatrice (village de la région de Petit Goâve), commerçante, vit en concubinage et a quatre filles
BÉNIN • Autonomie au lieu de corruption
HAÏTI • Droits des citoyens et bons leaders
«
© Elizabeth Vochten
Pour l’avenir de mon pays et de mon village natal, je souhaite des routes consolidées. Pendant la saison des pluies, elles sont presque impraticables. J’aimerais que des poubelles soient installées au bord des routes pour limiter les tas d’ordures qui traînent. Je souhaite aussi que les femmes soient aidées dans leurs activités commerciales, afin qu’elles deviennent autonomes. Mon rêve est qu’il y ait davantage de centres de santé, d’électricité et d’eau potable dans ma région d’origine. Il y a trop d’insécurité dans mon pays! La corruption doit diminuer pour que la population ait accès à l’administration, au travail et à l’éducation. De plus, nous dépendons des pays du Nord puisque nos autorités les consultent toujours avant de prendre une décision. Le Bénin est un pays vraiment pauvre!
»
Propos recueillis par Wendy Rivera
© Yolande François
© Wendy Rivera
Dans notre commune, nous avons une végétation riche et aussi de l’or, du zinc, de l’argent et un peu de pétrole. Si nous exploitions ces richesses intelligemment, nous pourrions avoir un bel avenir. Mais l’eau devient rare. Les sources se tarissent mais nous travaillons à les préserver. Nous devons empêcher la culture sur brûlis et améliorer l’agriculture. Mon rêve est que la commune renforce la formation afin que nous ayons des diplômés et des techniciens au village. La formation est le meilleur chemin pour sortir de la pauvreté. Les choses évoluent. Les générations précédentes étaient plus pauvres. Les jeunes veulent une vie meilleure, mais c’est tragique qu’ils doivent émigrer pour cela. Il faut plus de travail pour les jeunes, des petites entreprises, de l’aide aux paysans. Ici nous cultivons Leoncio Cuizara Ramos, d’abord pour notre consommation, mais quand nous vendons nos produits, 34 ans nous n’en touchons pas un bon prix. En plus, nous avons besoin d’une meilleure liaison à la ville. Aujourd’hui, il faut trois à cinq heures pour y arriver Acasio (village sur la face nord
Dae Chansouki, 30 ans Suan-oy (village dans le nord du Laos), mariée, cinq enfants, paysanne
14 FOCUS
Je souhaite que d’ici à 2030 Haïti soit définitivement entrée dans l’ère du progrès. Je suis consciente que mon pays ne pourra pas atteindre le niveau de développement des États-Unis, du Canada ou du Brésil, mais j’espère qu’il connaîtra d’ici là une situation sociale, économique et politique bien meilleure que celle d’aujourd’hui. Les droits des citoyens à la sécurité, aux services de base, au travail et au revenu doivent être assurés jusqu’en 2030. Nous avons besoin d’une nouvelle génération de dirigeants visionnaires, compétents, responsables et intègres, capables de faire face à nos deux plus grands défis: la corruption et le manque de sécurité
»
Propos recueillis par Yolande François
221 /15 Partenaires
KIRGHIZISTAN • Des enfants qui vivent avec leurs parents
«
Royman Roblero Escobar, 24 ans © Simon B. Opladen
Escipulas Palo Gordo (petite ville du sud-ouest du pays), célibataire, chauffeur de taxi, membre du groupe de jeunesse Paz Joven soutenu par Helvetas.
Pour mon pays, je souhaite la paix, la stabilité et le développement économique. J’aimerais que le Kirghizistan soit connu dans le monde pour sa magnifique nature, ses immenses montagnes, ses riches traditions et l’hospitalité de son peuple. Mais l’émigration a augmenté. Toujours plus de gens cherchent du travail dans un autre pays pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Beaucoup d’enfants grandissent sans leurs parents et sont souvent battus par leurs proches. Je rêve que tous les enfants puissent vivre heureux auprès de leurs parents. Si je pouvais changer quelque chose, je limiterais en premier les dépenses pour les mariages et les enterrements. On utilise beaucoup trop d’argent pour ça. Ensuite, j’encouragerais le tourisme, en particulier dans ma région d’Alaï, ce qui contribuerait au développement économique et culturel de notre pays. Nous devons protéger notre belle nature
»
Propos recueillis par Jyldyz Niyazalieva
GUATEMALA • Humour et humanité
«
»
du Kirghizistan), veuve et mère de deux enfants à charge, institutrice et future femme d’affaires
Propos recueillis par Hanspeter Bundi
© Min Nyan Seik
© Jyldyz Niyazalieva
Je rêve de devenir clown. J’aime quand les gens rient. Parfois des personnes déprimées ou tristes montent dans mon taxi. Je mets alors mon nez rouge et je parviens souvent à les égayer avec mes blagues. Un monde dans lequel on rit est un monde meilleur. Je pourrais y contribuer comme clown. Je rêve d’une formation dans une école pour devenir clown. Mais je sais évidemment que le rire seul ne suffit pas. Pour l’avenir, mon rêve est de voir émerger une conscience humaine communautaire. Nous avons besoin d’exemples positifs pour cela, car nous n’apprenons pas de ce que nous entendons mais de ce que nous voyons. Un politicien peut être cultivé et puissant, Arapatkan Tokoeva, 33 ans mais il ne travaillera que pour son intérêt personnel s’il n’a Gulcho (bourgade dans le sud pas de conscience
MYANMAR • Une vraie démocratie pour tous
«
Plusieurs ethnies avec des contextes culturels différents vivent dans notre pays. C’est pourquoi nous avons la possibilité d’apprendre les uns des autres et d’échanger des idées. Mon plus grand désir est que le Myanmar devienne une véritable démocratie, dans laquelle toutes les ethnies puissent vivre dans l’égalité et l’autodétermination. Mais dans les régions de Shan et de Kachin, les combats entre les minorités ethniques et les troupes gouvernementales continuent. Je suis jeune et je me fais du souci car je ne sais pas si je vais trouver du travail. Je pense qu’il est important que le gouvernement résolve le problème du chômage. Par ailleurs, il faut qu’il décentralise le système éducatif. Si le gouvernement s’occupe vraiment sérieusement de décentralisation, la formation sera meiloon Tamah, 25 ans leure dans 15 ans. La prochaine génération en profitera et Ye (ville de l’État semi-autonome notre société se développera de Môn), célibataire, étudiant
J
»
Propos recueillis par Min Nyan Seik
15 FOCUS
221 /15 Partenaires
AVENIR DURABLE Les 17 nouveaux Objectifs de développement durable de l’ONU valent autant pour le Sud que pour le Nord. Un avenir où la population mondiale pourra vivre dans la dignité et la sécurité tout en préservant l’environnement n’est possible que si le Nord assure sa responsabilité.
Illustration: Pia Bublies
Tous les objectifs valent pour le Nord et pour le Sud: à titre d’exemple, nous montrons leur signification concrète dans différentes régions du monde. En savoir plus sur les objectifs de développement durable: www.helvetas.ch/sdg
Objectif 1: Un monde sans pauvreté / Objectif 2: Sécurité alimentaire et agriculture durable / Objectif 3: Sa femmes / Objectif 6: Eau potable et structures sanitaires pour tous / Objectif 7: Énergie durable et électricité po Objectif 10: Réduction des inégalités dans les pays et globalement / Objectif 11: Villes durables et agréables à viv climatiques / Objectif 14: Protection des océans et des mers / Objectif 15: Préservation des écosytèmes / Ob
221 /15 Partenaires
nté pour tous / Objectif 4: Éducation pour tous / Objectif 5: Égalité des sexes et autonomie des ur tous / Objectif 8: Croissance durable et travail décent pour tous / Objectif 9: Infrastructure résiliente durable re / Objectif 12: Consommation et production durables / Objectif 13: Lutte contre les changements jectif 16: Accès aux droits et à la justice pour tous / Objectif 17: Partenariats mondiaux pour le développement durable
221 /15 Partenaires
NOUVEAUX DÉFIS Les nouveaux Objectifs de développement durable de l’ONU responsabilisent autant le Nord que le Sud. Que signifient-ils pour le monde et pour la Suisse? Entretien avec Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud, la communauté de travail des organisations d’entraide, de 1998 à 2015 et membre du comité central d’Helvetas depuis juin 2015.
Entretien: Hanspeter Bundi
Les Objectifs du Millénaire ont été atteints, au moins dans certains domaines. Ils ont surtout démontré qu’il était possible de déclencher une dynamique avec une réglementation
«douce», sans sanctions. L’ONU fixait des dates pour atteindre ces objectifs et les soumettaient chaque année à discussion, ce qui entraînait une «compétition cosmétique» entre les pays et mobilisait les populations dans beaucoup d’entre eux. C’est ainsi qu’ils ont réussi à faire un peu bouger les choses. Rien qu’un peu? Succès et insuccès peuvent être mesurés avec les objectifs pour la santé. Le taux d’infection par la malaria a considérablement baissé grâce à une mesure toute simple – la distribution de moustiquaires imprégnées. Mais pour réduire la mortalité maternelle et infantile, il n’existe pas de solution rapide. Seul le renforcement d’un système de santé global peut apporter de meilleurs résultats. C’est donc un travail au développe-
ment typique, nécessitant des processus sociaux et politiques à long terme. En va-t-il autrement pour les Objectifs de développement durable? Ceux-ci associent deux priorités: la réa lisation des Objectifs du Millénaire et l’agenda pour le développement durable décidé par l’ONU en 1992 à Rio. L’agenda de Rio contenait des propositions d’action pour dépasser le fossé Nord-Sud, freiner la détérioration de la cohésion sociale et ralentir la destruction de l’environnement. Les nouveaux objectifs regroupent ces thématiques. Et surtout: ils s’appliquent à tous les pays, y compris la Suisse. Le dixième objectif, relatif à l’inégalité des revenus, exige par exemple que le revenu des 40% de la population la plus pauvre augmente plus fortement que la moyenne nationale jusqu’en 2030.
© KEYSTONE/Bernat Armangue, KEYSTONE/Andres Kudacki
Jusqu’en 2015, les Objectifs du Millénaire de l’ONU ont servi à de nombreux États comme fil rouge de leur coopération au développement. De nouveaux Objectifs de développement durable, les Sustainable Development Goals (SDG), ont été fixés – à grand renfort de diplomatie et de kérosène. Les Objectifs du Millénaire n’ont-ils pas suffi? Dans les années 1990, lors des sommets de l’ONU, des corrections aux conséquences négatives de la globalisation ont été apportées, mais les pays occidentaux n’ont pas voulu les suivre. Les Objectifs du Millénaire ont mis l’accent sur des sujets tels que la santé, l’éducation, l’eau ou l’égalité. La teneur des objectifs n’a pas été contestée. Qui pouvait bien s’opposer à la réduction de moitié jusqu’en 2015 de l’extrême pauvreté, exigée dans le premier objectif? Sept objectifs du Millénaire ont responsabilisé les gouvernements des pays en développement. Seul le huitième a formulé de vagues exigences pour les pays industrialisés. Cet objectif, l’organisation d’un partenariat global pour le développement, est le seul à ne pas avoir été atteint.
Besoin d’agir au Sud et au Nord: disparité et pauvreté doivent être vaincues.
18 FOCUS
© Alexander Egger
221 /15 Partenaires
Peter Niggli sait d’expérience que la pression de la base – incluant les ONG – est nécessaire pour construire un monde plus juste.
Il me semble avoir déjà entendu tout cela. Pour atteindre les Objectifs de développement durable, les problèmes sont les mêmes que pour ceux du Millénaire. Les processus politiques et sociaux nécessaires ne peuvent être résumés techniquement. Les 17 objectifs et les thématiques ont déjà été traités à plusieurs reprises à l’ONU au cours de ces vingt dernières années. On y trouve aussi bien des objectifs de développement tels que la lutte contre la pauvreté, la santé et l’éducation, que de nouvelles règles pour l’économie mondiale, ou de plus grandes marges de manœuvre de politique économique pour des pays en développement. Et, finalement, des objectifs écologiques allant de la biodiversité et de l’exploitation des ressources jusqu’au changement climatique.
«Des salaires plus élevés et une politique sociale active doivent tout d’abord être obtenus des dirigeants»
Peter Niggli
Lequel des nouveaux Objectifs a le plus grand potentiel? La lutte contre la pauvreté? C’est l’objectif numéro un. On aimerait éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030. Tous ceux qui, depuis 2000, extrapolent un fort taux de croissance des pays pauvres pensent que cela se fait presque
19 FOCUS
automatiquement. J’ai des doutes. Économiquement, nous faisons face à des années de vaches maigres. Et ce n’est que grâce à des salaires plus élevés et à une politique sociale active que les pauvres profiteront au moins des plus petits fruits de la croissance. Cela doit d’abord être obtenu des dirigeants. L’objectif numéro 12 exige une consommation et une production durables. Cela s’adresse d’abord aux pays du Nord? Sur ce point, les pays en développement attendent effectivement beaucoup des pays industrialisés. Nous contribuons grandement à la désertification écologique des plantes. Par exemple, si le bilan environnemental de la Suisse se présente un peu mieux, cela tient à la
221 /15 Partenaires
Commentaire de l’invité
... en Chine où 90% des villes sont sous une cloche de pollution. Là-bas, les gens sont littéralement asphyxiés par les conséquences de notre demande, et bien sûr par l’absence de volonté du parti dirigeant d’imposer des prescriptions environnementales. La consommation durable exigerait chez nous des réformes ambitieuses. Nous voyons combien les résistances sont fortes dans les démêlés pour la nouvelle politique énergétique de la Suisse. Il me semble que certains objectifs – moins d’inégalités, production d’énergie durable ou État de droit – exigent un renversement des rapports de force
politique et économique. Tous les objectifs ont-ils de bonnes chances? Les États membres de l’ONU ont négocié les Objectifs de développement durable pendant plus de deux ans et lancé des consultations régionales à large échelle. Ils vont certainement les adopter en septembre tels que présentés. Ils vont s’y conformer par la suite et leur accorder une place dans le prêche dominical de leurs ministres. Mais la question est ouverte pour ce qui est du niveau de leur volonté de les mettre aussi en pratique. Cela dépend de la «compétition cosmétique» entre les pays à l’ONU. La pression de la base est nécessaire pour atteindre les objectifs de durabilité. Il dépend donc de nous, d’Helvetas, d’Alliance Sud, des mouvements sociaux et des ONG du monde entier que les choses bougent. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
Un engagement sans faille pour un développement plus juste: Peter Niggli est maintenant au comité central d’Helvetas De 1998 au 31 juillet 2015, Peter Niggli a été le directeur d’Alliance Sud, la communauté de travail pour la politique de développement de Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Eper. Selon Peter Niggli, durant cette période, il a toujours été possible de créer des coalitions en dehors de «la communauté du développement». Par exemple lors des débats autour de l’OMC avec les deux unions syndicales, celles des paysans et des organisations pour l’environnement. Des contacts ont sans cesse été entretenus avec ces unions ainsi qu’avec des organisations de femmes et de droits humains. «Nous avons aujourd’hui notre place dans la structure de la société civile. Nous savons quand une action commune s’avère opportune», dit Peter Niggli. Nous avons aussi réussi à obtenir une augmentation du budget de la Confédération pour l’aide au développement. Grâce à la pétition 0,7% signée par 200 000 personnes en 2010, la Confédération investit aujourd’hui 0,5 % du revenu national brut dans la coopération au développement. L’initiative pour des multinationales responsables, lancée par plus de 70 organisations de la société civile, est le fruit le plus actuel de cette collaboration (voir p. 23). Peter Niggli a pris sa retraite le 31 juillet 2015. Il reste cependant engagé pour la politique de développement. Il a été élu au comité central d’Helvetas lors de l’assemblée générale annuelle. Les années à venir seront cependant aussi une «période de liberté» qui lui permettra de cultiver à nouveau sa passion pour les livres, selon son souhait.
20 FOCUS
Désinvestir Le changement climatique affecte tous les Objectifs du développement durable, à commencer par l’accès à la nourriture et à la santé. Le Sommet de Paris sur le climat, en décembre, aura donc une incidence directe sur la poursuite de ces objectifs. Nul ne peut prédire ce qu’il sortira de ce rendez-vous. Mais sans un vigoureux sursaut citoyen, sans la manifestation aiguë de la société civile qu’elle veut rompre avec le ronron pitoyable des négociations onusiennes depuis vingt-trois ans, alors la trajectoire actuelle vers +4°C, voire +5°C à l’horizon du siècle – en clair, la catastrophe – se confirmera. À LaRevueDurable, nous refusons ce scénario, car nous pouvons en changer. C’est pourquoi nous suivons et soutenons toutes les actions qui préparent un authentique sursaut. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi savoir activer les bons leviers. Un levier essentiel pour soulever la montagne du climat, c’est le frein à la production d’énergies fossiles. Aujourd’hui, les États prétendent tout à la fois diminuer les émissions de gaz à effet de serre et accélérer la production d’énergies fossiles. Cela n’a aucun sens: il faut réguler les émissions et la production. Réguler la production passe par une multitude de luttes locales pour empêcher tous les projets d’extraction fossile sales: sables bitumineux, mines de charbon à ciel ouvert, etc. Et en complément, décisif en Suisse, par le désinvestissement des entreprises d’énergies fossiles. Le second grand levier, c’est l’adoption d’un mode de vie respectueux des humains et de la Terre. Celui-là est toutefois plus difficile à actionner, car il nécessite une conversion intérieure. Jacques Mirenowicz Rédacteur en chef de LaRevueDurable www.larevuedurable.com
LDD
délocalisation de quantité de procédés industriels à l’étranger, en Chine notamment. C'est ce que font tous les pays industrialisés.
221 /15 Partenaires
EN SAVOIR PLUS
Sur le thème du focus «Un monde meilleur jusqu’en 2030 – nouveaux objectifs, nouveaux espoirs»
Livres
Film
Vers la sobriété heureuse Pierre Rabhi, Actes Sud 2013 CHF 10.40 Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la nature. Il soutient le développement de l’agro-écologie à travers le monde et en particulier en Afrique pour contribuer à l’autonomie et à la sécurité alimentaire des populations. Selon lui, la modernité censée apporter un pouvoir libératoire à la personne n’a entraîné que manque et inégalités. Seul le choix d’une sobriété volontairement consentie permettra de rompre la tyrannie de la mondialisation pour remettre l’humain et la nature au centre.
Tante Hilda ! Une fable écologique Film d’animation studios Folimage 2014, 109 mn. CHF 20 Tante Hilda, amoureuse de la nature, conserve des milliers de plantes du monde, dont beaucoup sont en train de disparaître. Parallèlement, une nouvelle céréale est mise au point par des industriels: elle produit des rendements si prodigieux, sans eau ni engrais, qu’elle apparaît comme la solution miracle pour enrayer la faim dans le monde. Mais la catastrophe n’est pas loin… www.folimage.fr ➞ boutique
Trop riches – trop pauvres Collectif, éditions d’en bas 2015 CHF 18 La perception de la pauvreté a beaucoup changé en une génération. Ce n’est plus un problème qui s’inscrit dans des relations Nord-Sud. De nouveaux facteurs, réchauffement climatique en tête, viennent aggraver des situations précaires et menacent de mettre en péril le développement commun. «Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste». Vandana Shiva pour une désobéissance créatrice Lionel Astruc, Actes Sud 2014 CHF 29.50 Ces entretiens avec l’altermondialiste Vandana Shiva reflètent la vision de cette femme combative sur les problématiques du monde contemporain. Son approche permet ainsi de comprendre pleinement les enjeux actuels tels que la préservation de la paix et de la démocratie, la souveraineté alimentaire et la protection des ressources ou encore l’écoféminisme. Regards sur la Terre 2015 – Construire un monde durable Collectif, Armand Colin 2015 CHF 27.10 Cet ouvrage aborde les processus qui composent le développement durable et en révèlent toute la richesse et la complexité. Il dresse le bilan de l’année 2014 et offre une analyse précise pour comprendre les changements en cours et les défis posés par le développement durable dans des pays clés.
Liens www.helvetas.ch/sdg Sur notre site en ligne, vous trouvez des précisions sur les Objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals, SDG) que la communauté internationale veut réaliser d’ici à 2030. www.alliancesud.ch/fr/infodoc/dossiers/omd/ agenda-post-2015 Alliance Sud a rassemblé des articles et des liens qui expliquent la route à faire pour atteindre les Objectifs du développement durable et qui alimentent la discussion. www.swissinfo.ch ➞ recherche: Michael Gerber objectifs de développement La communauté internationale s’est fixé 17 objectifs et 169 sous-objectifs à atteindre jusqu’en 2030. Beaucoup trop pour que chaque pays puisse cibler ce qui est adapté à son niveau? Que sera-t-il demandé à la Suisse? Interview avec Michael Gerber, ambassadeur suisse et représentant spécial de la Suisse pour le développement global durable. sustainabledevelopment.un.org/sdgsproposal Sur ce site (en anglais) se trouvent les informations officielles sur les 17 objectifs de développement durable ainsi que la liste des 169 sous-objectifs.
21 FOCUS
221 /15 Partenaires
APRÈS LE SÉISME De nombreuses personnes en Suisse ont soutenu, à travers Helvetas, les victimes du tremblement de terre au Népal. Ainsi le matériel indispensable pour affronter la mousson a pu leur être fourni. La véritable reconstruction commencera une fois la mousson terminée.
Par Hanspeter Bundi nombreuses familles paysannes avaient perdu leurs semis. Pour pouvoir semer obligatoirement avant la mousson, Helvetas a distribué 8000 paquets de 5 kg de semences, permettant aux familles d’assurer la future récolte. Mona Sherpa considère que l’ancrage profond d’Helvetas dans la société népalaise a été un facteur déterminant pour que ses fournitures d’aide arrivent à bon port. Les autorités locales ont aidé à la distribution sans penser à leur intérêt
Helvetas rend possible la réparation d’adductions d’eau et de latrines.
personnel. Cet ancrage a aussi été utile à la collaboration avec Caritas Suisse et Solidar, encore peu expérimentés au Népal. Dans les projets communs, l’aide d’urgence a depuis lors fait place à la réparation d’approvisionnements en eau et à la construction d’écoles provisoires. Helvetas contribue à l’achat du matériel, les villageois effectuent le travail. Mona Sherpa estime que d’ici deux ans, 160 approvisionnements communaux d’eau pourront à nouveau fonctionner. Une reconstruction des maisons résistant aux secousses sismiques est planifiée dès la fin de la mousson. De par leurs dons généreux à hauteur totale de trois millions de francs, les membres et donateurs d’Helvetas ont assuré l’aide nécessaire après le tremblement de terre. Dans ses remerciements à la population suisse au cours de l’Assemblée générale (p. 26), Mona Sherpa a déclaré: «Vous nous avez beaucoup aidés. Vous nous avez offert non seulement de l’argent mais aussi de l’espoir.»
© Mona Sherpa (en b.), Narendra Shrestra (en h.)
«Alors la terre a tremblé. Elle a bouleversé notre vie. Rien n’est plus comme avant.» Mona Sherpa décrit ainsi la secousse sismique qui a frappé le Népal le 25 avril. Elle était en train de préparer le repas de midi avec sa famille. C’était un samedi, les écoles et les bureaux étaient fermés. Tout comme la suppléante de la direction du programme d’Helvetas Népal, bien des gens étaient chez eux, dans leur jardin ou leur maison d’où ils pouvaient rapidement sortir. C’est ce qui a sans doute sauvé des milliers de vie. Helvetas s’en est tirée à bon compte. Les 230 employés n’ont pas déploré de victimes dans leur famille ou parmi leurs amis proches, et les bureaux ont été peu endommagés. Helvetas Népal a donc pu lancer des mesures d’urgence un jour et demi après le séisme. Ce dont les gens avaient le plus besoin a vite surgi. Mona Sherpa le résume en trois mots: «Des bâches, des bâches, des bâches.» Les humains, les animaux et les réserves alimentaires devaient être mis à l’abri avant les fortes pluies attendues en prélude à la mousson. Durant les huit semaines qui ont suivi le tremblement de terre, 22 000 bâches ont été distribuées, la plupart dans le district le plus touché de Sindhupalchok. Helvetas y est active depuis des années et peut s’appuyer sur les réseaux et les autorités locales. Outre les bâches, Helvetas a fourni des paquets d’aide d’urgence contenant des produits pour traiter l’eau, des moustiquaires, des articles d’hygiène et des «Dignity Kits» pour les femmes. De tels «paquets de dignité» sont importants dans des pays comme le Népal, où les femmes sont toujours considérées comme impures pendant leurs menstruations. Peu de jours après le premier choc, on a aussi constaté que de
Des maisons provisoires protègent les habitants pendant la mousson.
22
ÉVÉNEMENT
221 /15 Partenaires
RESPONSABILITÉ GLOBALE L’initiative pour des multinationales responsables demande que les entreprises suisses et leurs filiales respectent les droits humains et les normes internationales en matière d’environnement, également à l’étranger. Helvetas soutient cette initiative.
Imaginez que votre employeur refuse l’augmentation de votre salaire convenue par contrat – sans justification. Comme vous vous opposez à son refus, vous êtes licencié sans délai. Ou imaginez que le lac dans lequel vous nagez se transforme en un cloaque infect, parce qu’une fabrique y déverse impunément des produits chimiques. Quand vous cherchez à en savoir plus, des agents de sécurité privés intimident votre famille et les autorités vous ignorent. De telles situations sont impensables aujourd’hui en Suisse. Les entreprises agissent dans les règles de façon responsable et appliquent les lois sur l’environnement et le travail. Si ce n’est pas le cas, des voies de recours efficaces existent. Mais dans les pays en développement, les multinationales suisses continuent de jouer un rôle peu glorieux en matière de respect des droits humains et des standards environnementaux. Travail des enfants dans les plantations de cacao, conditions de travail indignes dans les usines textiles, pollution de l’environnement par l’extraction des matières premières – la liste est longue. Des firmes internationales comme Glencore, Syngenta ou Novartis opèrent souvent dans des pays où la culture juridique est faible. Ainsi des violations du droit national et international restent le plus souvent sans suite. Des structures d’entreprise complexes, avec filiales et sous-traitants, permettent aux dirigeants de ces firmes de se décharger de toute responsabilité. Ces problèmes ne vont pas diminuer dans une économie toujours plus globalisée. L’ONU a vite reconnu le problème et élaboré en 2011 des principes directeurs pour l’économie et les droits humains. Un devoir de diligence des en-
© Fastenopfer/Meinrad Schade
Par Bernd Steimann
Les firmes suisses ne doivent pas tolérer des conditions comme dans cette mine en RDC.
treprises est recommandé afin d’éviter, ou au besoin faire cesser rapidement, de possibles violations des droits humains liées à une activité économique. Toujours en 2011, des organisations suisses, dont Helvetas, ont lancé la campagne «Droit sans frontières» pour ancrer dans la loi suisse les principes directeurs de l’ONU. Une pétition de quelque 135 000 signatures a provoqué un débat parlementaire nourri dès 2012. Le Conseil fédéral s’est finalement vu obligé de reconnaître le problème. Pourtant rien n’a changé étant donné sa position de renoncer à une réglementation juridique et de continuer à miser sur des mesures volontaires. L’initiative pour des multinationales responsables Afin de faire bouger les choses, une alliance de plus de 70 organisations suisses a lancé une initiative pour des multinationales responsables en avril 2015. Se basant sur les principes directeurs de l’ONU, elle exige des règles juridiques
23 SUISSE
contraignantes pour les firmes suisses actives dans le monde et leurs filiales. Un mécanisme de contrôle doit veiller à ce que le devoir de diligence soit appliqué, pour faire enfin cesser les pratiques commerciales abusives. Parallèlement, cela amène plus d’équité dans la concurrence économique, car la majorité des entreprises suisses agissent déjà aujourd’hui de manière exemplaire et ne doivent plus être défavorisées face à des concurrents dépourvus d’éthique. Bernd Steimann est coordinateur pour la politique de développement chez Helvetas. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
www.initiative-multinationales.ch
Une feuille de collecte de signatures est jointe à cette édition. Vous pouvez demander des feuilles supplémentaires à romandie@helvetas.org ou par tél. 021 804 58 00, ou les télécharger directement en ligne sur http://assets.helvetas.org/ downloads/feuille_signatures.pdf
Voyager est notre métier. Conseiller notre passion.
Votre créatrice de voyages de rêve Claudia Meyer, expérience de 1248 jours de voyage dans le monde entier.
Aarau H Baden H Bâle H Berne H Bienne H Brigue H Coire H Fribourg H Interlaken H Lucerne H Olten Rapperswil H Saint-Gall H Schaffhouse H Thoune H Winterthur H Zoug H Zurich H globetrotter.ch
221 /15 Partenaires
CLAIRES FONTAINES L’action Happy Fountains 2015 a sensibilisé les élèves de Suisse romande à la question de l’eau dans le monde. Elle s’est déroulée dans la semaine précédant le 22 mars, date de la Journée mondiale de l’eau. Avec cette action, Helvetas rappelle que les fontaines ont longtemps été le principal accès à l’eau en Suisse. Et que dans le Sud, disposer d’eau reste encore un défi majeur.
Quelque 300 élèves dans 5 écoles de différentes régions ont participé au projet Happy Fountains 2015. De la décoration d’une fontaine à une exposition retraçant son histoire, de dessins à la rédaction de textes, les idées créatives n’ont pas manqué! À Nyon, les élèves de l’école Champittet ont transformé des bouteilles en PET en nénuphars et poissons volants pour en décorer une fontaine. Autour de la fontaine à Montricher, une classe primaire a montré l’eau dans tous ses états à travers le monde. À Bovernier, toutes les classes primaires ont présenté leurs actions, allant de la corvée d’eau à la rédaction de poésies. Les élèves de l’école Montani à Sion se sont faits reporters pour traiter les enjeux de l’eau. Et à Payerne, les élèves ont choisi de se débrouiller sans eau courante aux robinets de l’école. L’action Happy Fountains aura à nouveau lieu en mars 2016: dès le début de l’année, des actions et des animations sont mises en place pour les écoles.
LDD (5)
Par Eugénie Deriaz
École primaire de Champittet: poissons et nénuphars décorent la fontaine.
Pour en savoir plus: www.hevetas.ch/happyfountains École primaire de Montricher: l’eau montrée dans tous ses états à travers le monde.
École primaire de Bovernier: des activités multiples, allant de la poésie à la corvée d’eau.
École Montani, à Sion: des jeunes reporters ont mené l’enquête sur l’eau.
École primaire de Payerne: que se passe-t-il quand l’eau ne coule plus au robinet?
Happy Fountains 2016 Pour les informations sur l’action à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau en mars 2016, merci de prendre contact avec Eugénie Deriaz, responsable du projet: eugenie.deriaz@helvetas.org ou par tél. 021 804 58 11.
25 SUISSE
221 /15 Partenaires
Météo du développement Or sale Une raffinerie d’or tessinoise est sous la critique pour avoir traité de l’or soustrait en RDC. Le cas a été déposé devant le Ministère public fédéral. Bien que l’entreprise «aurait pu connaître» la provenance de l’or, cela ne suffit pour constituer une préméditation et la procédure a été abandonnée en juin. 70 ONG, dont Helvetas, exigent le respect des droits et de l’environnement dans leur initiative pour des multinationales responsables. –MPO
Les 60 ans d’Helvetas: regards sur le passé et le futur
60 ANS
Le Népal était au centre de l’assemblée générale des 60 ans, à Zurich. Trois personnalités connues ont été nouvellement élues au comité central.
Lors de la conférence sur le financement du développement, en juillet à Addis Abeba, les pays industrialisés ont empêché la création d’un nouvel organisme de l’ONU pour lutter contre l’évasion fiscale, dans lequel les pays en développement participeraient à part égale. Ils ont également bloqué les discussions visant à la restructuration des dettes étatiques, de telle sorte que les pays pauvres doivent toujours contracter de nouveaux crédits pour régler d’anciennes dettes, souvent illicites. –SUS
Laxisme Le Conseil national a décidé des limitations drastiques au projet de loi sur les fonds des potentats. La proposition du Conseil fédéral aurait donné une base légale solide à la pratique progressiste actuelle de la Suisse. Les propositions d’assouplissement sont venues du lobby des avocats. Alliance Sud demande au Conseil des États de revenir maintenant sur la décision du National. Faute de quoi la loi sera inapplicable. –SUS
© Michele Limina
Chances perdues
Mona Sherpa raconte comment elle a vécu le séisme et ce qu’Helvetas a entrepris depuis.
«Nous n’avons pas besoin de votre pitié mais de votre réconfort, de votre bonne volonté et de votre soutien.» C’est en ces termes forts que Mona Sherpa, vice-directrice d’Helvetas Népal, s’est exprimée devant 300 personnes venues le 27 juin à l’assemblée générale à Zurich. La manifestation a offert la place d’honneur au Népal, pays où les premiers projets ont été lancés en 1955, où Helvetas apporte aujourd’hui une aide d’urgence et sa contribution à la reconstruction après le tremblement de terre. Mona Sherpa a aussi parlé de l’évolution de l’engagement au Népal, devenu un programme moderne porté par un personnel local qualifié. Puis Martin Menzi, membre fondateur d’Helvetas et professeur émérite à l’EPFZ, a rappelé les débuts d’Helvetas et l’expérience acquise pour aller de l’avant. Le spécialiste philippin du développement Antonio Tujan
26
ACTUALITÉ
a démontré l’impact de la globalisation sur la coopération internationale. En conclusion, Mona Sherpa, Antonio Tujan ainsi que la vice-directrice de la DDC Elisabeth von Capeller et le membre du comité central Rudolf Dannecker ont débattu des défis actuels dans le cadre d’une table ronde. En outre, le musicien congolais Bondaa, qui vit en Suisse, a enchanté le public lors d’intermèdes musicaux. Elmar Ledergerber, président, a dirigé la partie officielle de l’AG au cours de laquelle de nouvelles élections au comité central ont eu lieu après le retrait de Dick Marty, Françoise de Morsier Heierli et Anita Müller. L’assemblée générale a élu à l’unanimité Romaine Jean, cheffe des magazines société de la RTS, ainsi que la conseillère d’État fribourgeoise Marie Garnier, et Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud pendant de longues années. –SUS
221 /15 Partenaires
Cinéma Sud 2015 – jusqu’au 30 août encore!
Agenda
2.9.–28.11. Magasin du Monde Vevey Expositions de divers artistes: peintures et photographies Rue du Conseil 20, Vevey
© HELVETAS Swiss Intercooperation
www.mdm.ch/magasins/vevey
AS H E LVET
CINEMA SUD asud.ch em
www.cin
Cinéma Sud, le cinéma open air itinérant, écologique et gratuit, touche bientôt à la fin de sa route de l’été 2015, mais vous pouvez encore profiter de ses excellents films jusqu’au 30 août. L’une des trois dernières villes à l’accueillir est Genève, où six films sont à l’affiche aux Bains des Pâquis entre le 17 et le 22 août. Suivront Carouge, du 25 au 27, et enfin Nyon, du 28 au 30 août. Vous pourrez voir ou revoir notamment un western social kurde
My sweet Pepperland, ainsi que Le Promeneur d’oiseau, un film tout public qui invite à un voyage en Chine, et encore Wilaya qui se passe au Sahara occidental, une région toujours marquée par un conflit de longue date oublié. –CRO Ne manquez pas ces dernières soirées ciné de l’été 2015! Toutes les informations sur les lieux, les dates, les horaires et les films sont en ligne sur www.cinemasud.ch
Concours sur la plateforme en ligne «60 ans – 60 histoires»
60 ANS
Explorez la plateforme multimédia d’Helvetas «60 ans – 60 histoires» pour découvrir des histoires inoubliables, passionnantes, surprenantes ou enjouées retraçant des moments forts de 60 ans d’aide au développement. Effectuer ce voyage virtuel pourrait vous amener à vraiment faire vos bagages: il suffit pour cela de participer au concours et de répondre aux questions pour gagner peut-être l’un des quatre bons de voyage offerts par Globetrotter, d’une valeur de 500 francs chacun. Participer maintenant sur www.helvetas.ch/60ans
27
ACTUALITÉ
5.9.–15.10. Exposition «Wir essen die Welt» (Nous mangeons le monde) Pädagogische Hochschule Zürich, Lagerstrasse 2, bâtiment LAC Du lu au ve 8–21 h, sa 8–17 h www.wir-essen-die-welt.ch
19.–20.9. Marché Bio et Artisanat de Saignelégier Stands de vente et d’information, avec notamment les Magasins du Monde qui proposent des produits du Fairshop 25e édition sur le thème «Le sol, c’est le pied» www.marchebio.ch
13.–29.11. Festival Filmar en América latina Tous les visages du cinéma latino-américain au rendez-vous de cette 17e édition À Genève, Lausanne et autres villes de Suisse romande. Avec la participation fidèle d’Helvetas www.filmaramlat.ch
221 /15 Partenaires
Remise de la pétition pour le climat
LDD
dont Tobias Meier, responsable d’Helvetas Fairtrade, est président depuis juin 2015. Vous pouvez aussi vous engager en informant sur cette campagne, en encourageant des restaurants, magasins, entreprises et associations de votre ville à proposer des produits équitables. De plus, vous pouvez commander chez Helvetas le t-shirt Fair Trade Town, pour vous et vos amis, pour l’association ou l’équipe sportive dont vous faites partie ; c’est aussi possible d’y faire imprimer un logo personnalisé. Vous pouvez également inscrire en ligne les lieux qui remplissent déjà les critères exigés. Si un nombre suffisant d’entreprises et d’institutions misent sur le Fairtrade, votre lieu de domicile peut briguer la distinction Fair Trade Town. –MPO
Delémont est la première commune à avoir décidé, au niveau politique en avril dernier, de briguer la distinction Fair Trade Town. Lausanne et Bâle ont enclenché le processus de décision et restent dans la course pour arriver en tête. Fair Trade Town est une campagne internationale engagée pour renforcer le commerce équitable. En Suisse, elle a été lancée par l’association faîtière Swiss Fair Trade,
107 765 personnes en Suisse ont signé la pétition pour le climat, soutenue par la large coalition de l’Alliance climatique suisse. Ces personnes demandent que, d’ici à 2050, la Suisse passe entièrement aux énergies renouvelables, et qu’elle soutienne financièrement les pays en développement dans leurs efforts de protection du climat et de mesures d’adaptation. La pétition a été remise le 28 mai au Conseil fédéral par des personnalités, au nombre desquelles Rupa Mukerji, co-auteure du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et membre de la direction d’Helvetas. Elle a déclaré que le changement climatique était une réalité depuis longtemps dans de nombreuses régions et qu’il était urgent d’agir. –SUS
© Marco Zahoni
Quelle ville sera la première Fair Trade Town de Suisse?
www.helvetas.ch/fair_trade_town
Helvetas a été désignée «organisation la plus compétente» Dans le cadre de l’étude 2014 sur les dons, l’institut de sondage gfs à Zurich, mandaté par 30 organisations d’utilité publique, a interrogé 1539 personnes sur leur comportement de donateurs et leur perception des œuvres d’entraide. Pour la première fois dans le résultat de cette étude, Helvetas ressort comme étant l’or-
ganisation suisse de développement la plus compétente, occupant la première place devant le CICR et Swissaid. D’autre part, Helvetas est considérée comme particulièrement sympathique et libre de liens idéologiques. Les donatrices et donateurs interrogés attestent que l’aide fournie par Helvetas a un grand impact.
«Je suis très heureux qu’Helvetas bénéficie d’une si bonne réputation auprès de la population», déclare Elmer Lederberger, président. Cette distinction est un encouragement à continuer à nous engager à l’avenir pour construire un monde meilleur, avec passion, compétence et avec des partenaires forts.» –SST
Impressum No 221/août 2015 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 55e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30.– inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: info@helvetas.org, Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4; Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: romandie@helvetas.org Ufficio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: svizzeraitaliana@helvetas.org Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fixe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Ashenafy Bekele, Eugénie Deriaz, Yolande François, Matthias Herfeldt (MAH), Jacques Merinowicz, Abu Hena Mostofa Kamal, Melchior Lengsfeld, Jyldyz Niyazalieva, Virginie Peytoureau, Madlen Portmann (MPO), Eliane Rakotondranivo, Bikram Rana, Wendy Rivera, Min Nyan Seik, Fatemah Shams, Gloria Spezzano (GSP), Bernd Steimann, Stefan Stolle (SST), Elizabeth Vochten Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO), Correction: Textmania, Zurich Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Fabienne Rodel Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling
28
ACTUALITÉ
221 /15 Partenaires
Christmas Midnight Run 2015
Concours Répondez aux questions en lien avec ce numéro de Partenaires et gagnez une nuit au Café-Hôtel L’Aubier à Neuchâtel: 1 Quel est le délai fixé pour atteindre les Objectifs de développement durable? 2 Comment s’appelle l’animateur de l’émission de téléréalité «PunPun» au Kosovo?
LDD
3 Dans quel pays la photographe tessinoise Alessandra Meniconzi a-t-elle pris une image du calendrier Helvetas 2016?
Le 15 décembre aura lieu la 10e Christmas Midnight Run, qui bat les pavés de la vieille ville de Lausanne dans des courses conviviales, familiales, et tout autant sportives et solidaires. L’année dernière, 4265 coureurs ont pris le départ dans l’une des différentes catégories. Parmi eux, de nombreuses personnes ont choisi de courir sous le signe de la solidarité avec Helvetas, notamment les footballeurs du FC Lausanne Sports. 1700 personnes ont aussi participé à la course déguisée et plus de 1000 ont parcouru la boucle de 4,8 km. –CRO
Envoyez vos réponses par poste à: Helvetas, «Concours », 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, ou par e-mail (avec votre adresse complète) à concours@helvetas.org. Délai d’envoi: 15 septembre 2015. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Les adresses de notre fichier peuvent être utilisées pour l’envoi d’informations sur Helvetas. Les annulations sont possibles en tout temps. Les adresses ne sont pas transmises à des tiers. Le gagnant du concours du Partenaires n° 220 est Jan Braun, Bellach.
un endroit engageant. Le Café-Hôtel L’Aubier se distingue par la qualité de tous ses produits: de saison, certifiés Demeter ou Bourgeon Suisse. On se sent bien dans son atmosphère chaleureuse… un peu comme à la maison! L’Aubier est aussi torréfacteur. Le café y est torréfié sur place une fois par semaine et vendu dans la petite boutique. Savourez, en tant qu’hôte, une halte dans l’une des 9 chambres de caractère de cette maison historique rénovée en 2001. Au matin, le petit déjeuner vous attend au Café: pain complet, croissants, muesli, fromage de la ferme de L’Aubier à Montezillon, ou encore confitures maison. Et les environs vous invitent ensuite à la découverte, la ville à la flânerie, le lac à la baignade ou aux balades le long de ses rives. Café-Hôtel L’Aubier, Château 1, 2000 Neuchâtel, tél. 032 710 18 58, www.aubier.ch
Prix sponsorisé: 1 nuit et petitdéjeuner, pour deux personnes en chambre double avec bain au Café-Hôtel L’Aubier.
LDD
Un bijou au cœur de la vieille ville de Neuchâtel Sur une des plus belles places de la vieille ville de Neuchâtel, se trouve
LDD (2)
Midnight Christmas Run est l’évé nement à ne pas manquer le 12 décembre 2015! Pour toute information, contacter Frédéric Baldini par tél. au 021 804 58 10 ou par e-mail à frederic.baldini@helvetas.org
29 ACTUALITÉ
221 /15 Partenaires
PROCHE DES GENS Depuis plusieurs années, des photos de la Tessinoise Alessandra Meniconzi sont publiées dans le calendrier d’Helvetas et sous forme de cartes dans le Fairshop. Ce sont des portraits authentiques et des paysages époustouflants dessinés par la main de l’homme. Cette photographe engagée prend le temps de se rapprocher de la nature et des gens.
Entretien: Gloria Spezzano
muniquer, ça fonctionne! Ce qui compte, c’est le sourire et le respect.
Alessandra Meniconzi, quand avezvous commencé à travailler comme photographe de terrain? Ce n’était pas un travail au début. J’ai commencé à parcourir le monde à 20 ans avec un sac à dos et mon appareil. Les photos étaient pour moi et mes amis. L’un d’eux a insisté pour que je les vende. C’est ce que j’ai fait – et j’ai ainsi trouvé ma vocation.
© Gloria Spezzano (à g.), LDD ( à d.)
La plupart de vos photos représentent des personnes. Apprécient-elles d’être photographiées? Je n’aime pas les photos «volées» des gens. Je parle avec eux, demande leur permission et ne les photographie que s’ils l’acceptent volontiers. Il faut du temps pour aller vers les Le plus souvent, vos photos viennent personnes et gagner leur de régions lointaines. Pourquoi? confiance, pour qu’elles viennent d’elles-mêmes devant l’objectif. C’est pourquoi je reste aussi longtemps que possible dans chaque endroit. Au début, je ne sors même pas l’appareil. La patience est une bonne alliée. Dans un petit village en Éthiopie, j’ai improvisé un atelier photo pour les enfants. Ils ont eu tellement de plaisir que, le lendemain, une longue La photographe en reportage (à d.) et dans son atelier, devant une image qui fait partie du calendrier 2016. file de personnes portant leurs plus beaux vêtements s’était formée devant ma Plus on sort des sentiers touristiques, transport des pauvres et je crois que c’est tente, dans l’attente d’être photograplus les gens sont authentiques. On la raison pour laquelle les gens me res- phiées. Normalement, il est difficile rencontre d’anciennes cultures et tra- pectent. Cela rapproche. Je n’ai eu peur de photographier des femmes musulditions et on plonge dans des mondes qu’une seule fois. C’était au Tadjikistan, manes, mais j’avais l’embarras du choix. près de la frontière afghane. À cause qu’on pensait disparus. d’un bruit, ma compagne de voyage Dans le calendrier 2016 d’Helvetas, et moi nous sommes cachées dans des une de vos photographies montre N’est-il pas difficile de voyager buissons. Trois hommes se sont appro- des rizières en terrasse dans le Yunnan en tant que femme, souvent seule, chés. Nous avons pensé que c’était la fin. en Chine. Quelle est son histoire? dans de telles régions? J’aime me déplacer à vélo. C’est un défi Mais ils venaient pour nous apporter à Les rizières de plus de 2000 km2 ne sont supplémentaire, mais je n’ai jamais eu manger, ensuite ils sont repartis. Je ne pas simplement des paysages pour moi – de problèmes comme femme occiden- me suis plus jamais cachée. J’utilise des ce sont des chefs-d’œuvre! La technique tale. En Asie, le vélo est le moyen de dessins et des dictionnaires pour com- des terrasses est transmise de génération
30
COMMERCE ÉQUITABLE
221 /15 Partenaires
HELVETAS FAIRSHOP
en génération et c’est ainsi qu’une tradition se perpétue. Voir une telle beauté est une joie. J’ai attendu des heures pour que la lumière soit parfaite et je voulais que des paysannes et des paysans soient sur la photo. Les hommes et les femmes font partie du paysage et ont tous les droits d’apparaître sur cette photographie. De plus, les personnes donnent une idée de la dimension du paysage. Que voulez-vous transmettre avec vos photos? Je veux regarder au-delà des perceptions et des préjugés habituels. Quand il est question de minorités en Chine, beaucoup pensent aux Tibétains. Mais saviez-vous qu’il existe 55 autres minorités dans ce pays? Elles ont chacune une histoire à raconter et je leur donne une voix. Votre vocation à aider les autres vous a aussi conduite à collecter de l’argent pour les victimes du séisme au Népal. Je n’ai encore jamais été au Népal. Mais ce tremblement de terre a été si effrayant que j’ai éprouvé le besoin d’agir. J’ai décidé de vendre l’une de mes photographies. L’argent a été versé à Helvetas, une organisation pour laquelle je travaille depuis des années et en qui j’ai une totale confiance. Gloria Spezzano est responsable de la commu nication au bureau d’Helvetas en Suisse italienne. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
Nouvelle série de cartes d’Alessandra Meniconzi sur le peuple des Nenets, nomades de Sibérie. 6 x 2 cartes doubles avec enveloppes, 12 x 16,5 cm (DAK) Fr. 23.–
«Im Bild» cahier annexé au calendrier panoramique 2016. En allemand. Informations et fiches de travail pour les classes. Dès la 6e primaire. 32 pages, A4 (BXG16) Fr. 15.– Offre spéciale pour les écoles et le corps enseignant. Commande de calendriers pour les écoles: 25% de rabais; en abonnement 25% de rabais supplémentaire. Le cahier «Im Bild» est offert. Préciser l’établissement scolaire et la classe. Calendrier avec cahier (KAB) Fr. 25.50 Calendrier 2016 en abonnement avec cahier (KAB1) Fr. 20.25
Calendrier panoramique 2016 Douze photographies reflétant le thème de l’eau. Légendes en franç./all./ital./ angl./esp. Imprimé sur papier FSC. 56 x 26 cm (K16) Fr. 34.– À partir de 5 exemplaires Fr. 27.20 Abonnement (KAD) Fr 27.–
Pakistan DAE1
Bangladesh DAE3
Canada DAE5
Vietnam DAE2
Inde DAE4
Chine DAE6
Série de cartes «calendrier 2016» Six images tirées du calendrier panoramique. Série de 6 x 2 cartes doubles
avec enveloppes, 21 x 10,5 cm (DAE) Fr. 23.– La carte avec enveloppe Fr. 3.– (codes v. images)
Agenda de poche 2016 Agenda avec des images du photographe français Alain Delorme. Dans ses photographies de Shanghai, il relève la réalité au sens propre: il a photographié des charges superposées et leur donne une dimension extravagante en
retravaillant les images. Avec calendrier, échéancier annuel, espace pour des notes. Planificateur hebdomadaire sur une double page. Couverture rigide, relié, sans spirales. Papier FSC, 11,5 x 13,5 cm, bilingue franç./all. (HC16) Fr. 25.–
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander: Par internet www.fairshop.helvetas.ch
31
COMMERCE ÉQUITABLE
Par télephone 021 804 58 00
Par fax 021 804 58 01
Ensemble, changeons le monde
avec un parrainage pour la formation.
«Je suis très reconnaissante de pouvoir faire une formation pour devenir agricultrice. Depuis le début de l’apprentissage, j’ai déjà beaucoup appris sur l’élevage de bétail et la culture des céréales. Je sais désormais comment garder les fruits et les légumes pour qu’ils se conservent longtemps. Le temps où ma fille devait aller au lit le ventre vide appartient heureusement au passé.» Mahabat Maldybaeva, de Sary-Dobo, Kirghizistan, paysanne
Avec 30 francs par mois, vous permettez chaque année à une jeune personne d’accomplir une formation.
Vous trouverez plus d’informations en couverture de ce magazine et sur www.helvetas.ch. Nous vous remercions de parrainer une jeune personne et vous invitons à utiliser le bulletin de versement rouge situé au dos (CP 80-3130-4) pour le versement de votre contribution. Merci. 601403_HEL_Ins_LePa_Mai14_RZ_f.indd 1
01.04.14 15:00