Helvetas Partenaires #222 Décembre 2015 - La parole aux femmes

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Nº 222/décembre 2015

MAGAZINE PARTENAIRES

LA PAROLE AUX FEMMES FOCUS et pourtant elle tourne – la force du changement CONTRE LE CLICHÉ notre image de l’Afrique doit devenir réaliste FAIRE DU BIEN? CERTAINEMENT! une aide aux bonnes résolutions CONCOURS gagner une nuit au Biohotel Ucliva à Waltensburg/Vuorz

60 ANS


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SOMMAIRE Le bon éclairage ................................................................ 04

© Simon B. Opladen

PERSPECTIVES

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EN CLAIR

La protection du climat n’est pas gratuite ..................... 05 REPORTAGE

REPORTAGE

Guatemala: des femmes font entendre leurs voix ......... 06 FOCUS «ET POURTANT ELLE TOURNE – LA FORCE DU CHANGEMENT»

Des communes se réinventent: porter l’espoir en Éthiopie ............................................................12 Entre cliché et réalité: le Sud vu du Nord .......................14 Nouvelle campagne d’Helvetas: un monde meilleur est possible .......................................17 En savoir plus .....................................................................19

Voix de femmes

SUISSE

© Spinas Civil Voices

S’engager: un parcours ludique pour trouver le bon moyen ....................................................... 20 Cinéma Sud: la belle traversée de Suisse ....................... 22 S’orienter dans la jungle des labels: le nouveau guide ............................................................... 23 Christmas Midnight Run à Lausanne: une course festive pour grands et petits ........................ 26 ÉVÉNEMENT

Chez des cultivateurs de riz en Inde – voyager vers des projets Helvetas avec Globotrek ....................... 24 ACTUALITÉ

Météo du développement ................................................ 27 Les lauréats du Clip Award Helvetas 2015 .................... 27 Podium d’Helvetas sur les Objectifs de développement durable ............................................... 28 Un nouveau livre d’Alliance Sud sur l’aide suisse au développement ....................................... 28 Lancer votre propre collecte pour les fêtes .................... 28 Impressum ......................................................................... 28 Le Marché de Noël solidaire ........................................... 29 Concours: gagner une nuit au Biohotel Ucliva Waltensburg/Vuorz ............................................. 29

50% Les lits des hôpitaux des pays en développement seraient deux fois moins occupés si l’accès à l’eau potable était donné à tous. La nouvelle campagne d’Helvetas le montre: un monde meilleur est possible.

COMMERCE ÉQUITABLE

Reconstruire la vie au Népal ........................................... 30 Page de couverture: Simon B. Opladen

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SOMMAIRE

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17 FOCUS


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«Pourquoi ne pas voir que l’Afrique est en train de changer!»

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14 FOCUS

Romaine Jean, rédactrice en chef des magazines société de la RTS, et cinq autres spécialistes, expliquent pourquoi les médias et les ONG devraient rendre compte autrement de l’Afrique.

Oui Cherches-tu un cadeau pour des amis ou la famille?

e m’engager autre façon

Prêt-e à dépenser un peu d’argent?

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Oui Non

oyen Pas de doute!

Veux-tu t’engager à plus long terme?

Oui! Je décide volontiers de cas en cas

changer ça? Tu as le parfait profil du Charity Runner

une chance!

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Même pas 10 minutes?

Aimes-tu avoir l’embarras du choix?

Un peu quand-même Non, je préfère aider tout de suite

L’Afrique au téléphone Un natel. Chacun a le sien. La fontainière au Mozambique, le paysan en Éthiopie, la collectrice d’ordures au Burkina Faso. Un natel coûte peu et est indispensable, quand ni le téléphone fixe ni la Poste n’existent, pour être en contact, pour connaître les prix du marché, pour s’organiser. Pourtant nos images ne montrent presque jamais de téléphone mobile, parce que nous craignons les réactions négatives – et les connaissons: «Qui a un natel ne peut pas être si pauvre.» PourJe veux pouvoir tant ces gens sont pauvres. choisir entre ... ... différentes possibilités Nous samon don vons que nousd’attribuer contribuons ainsi à une vision partiale du Sud, et particulièrement de l’Afrique, qui prédomine au Nord: une image de l’Afrique à l’écart de la modernité. Cette impression est ... de nombreux produits Choisis un don-cadeau ave aussi véhiculée par les médias, avec PageFairtrade du monde un article assorti www.helvetas.ch/dons-cadeaux leur propension au négatif, à la misère. Cela ne reflète pas la réalité du contiRecherche dans notre Fairshop www.fairshop.helvetas.ch nent. Nous devons reconsidérer notre SUISSE image de l’Afrique. C’est ce que font, à De préférence dans Veux-tu être proche Oui la pageTrès14, six personnalités desdes méproche! rencontres avec ... de notre travail? Faire quelque dias, des ONG et des sciences. Qui chose de bien: Helvetas sait le mieux où l’aide est la plus urgente. demandent que l’hémisphère sud soit trouvez l'engage... des experts et J’aimerais être informé-e ... des familles pay ment qui vous présenté tel qu’il est. Une Afrique avec des collaborateurs dans le Su correspond en des natels, avec des gens autonomes J’aimerais avoir mon motsuivant à dire ... notre guide qui ont néanmoins besoin de nous – illustré. des partenaires d’égal à égal. © Illustration: Pia Bublies

Romaine Jean, RTS

J’aimerais faire quelque chose de bien!

© Vera Hartmann

Éditorial

Oui

... dans l’association Helvetas

... dans l’attribution de mon don

Deviens Global Friend www.helvetas.ch/global_friends

Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires» susanne.straessle@helvetas.org

Non

contrer régional

Fais un voyag un projet He

www.globetrek.ch/h

oupes_regionaux

Si, si

e vidéo ard Helvetas

ward.ch

rs vers ... ... des amis

Deviens membre www.helvetas.ch/membre

Fais un don en ligne et choisis à quoi l‘attribuer www.helvetas.ch/donner

Merci d’avoir quand même trouvé du temps pour arriver ici! ...

Qu’est-ce qui t’attire le plus?

Envoie un SMS: EAU 50 au 4747

Le plaisir de mener des activités ensemble

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ÉDITORIAL

Deviens membre du Circle of Change www.helvetas.ch/circleforchange

Choisis un parrainage pour HELVETAS l’eau ou la formation

Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert www.helvetas.ch/dons_reguliers 1219 Châtelaine Tél. +41 (0)21 804 58 00 Fax +41 (0)21 804 58 01 romandie@helvetas.org www.helvetas.ch CP 10-1133-7 Eh?

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Que penses-tu d’une pompe pour l’eau potable à ton anniversaire?

Non, me As-tu la bonne idée de collecte?


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© Photo Impression/Benin (à g.), Fotoshooting by Peter Sturn

LE BON ÉCLAIRAGE

Des femmes et des hommes en habits de style traditionnel, dans des bureaux ou d’autres environnements urbains: le photographe Zannou Houngbedji, à Abomey-Calavi au Bénin, en a fait sa spécialité sur demande de clients qui veulent faire retoucher d’anciennes photographies de leurs ancêtres en leur donnant un air actuel. Si, sur une photo décolorée, le grand-père était assis sur un tabouret en bois, il se retrouve maintenant sur une chaise pivotante et dans des couleurs fraîches. Les souhaits des clientes et clients de la photographe Ladina Schär, du studio «Foto­ shooting by Peter Sturn» à Staad (SG), sont bien différentes. Dans les studios photos suisses, c’est surtout la jeune génération qui se fait photographier: souvent des bébés, des petits enfants ou comme ici des jeunes filles. Le style rétro est en vogue, comme le montre cette chambre de l’époque de grand-maman qui rappelle d’anciennes photos de famille. –SUS

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PERSPECTIVES


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UNE POLITIQUE CLIMATIQUE ÉQUITABLE N’EST PAS GRATUITE notre consommation de viande. Ne pas jeter d’aliments. Utiliser un logement plus petit et donc moins de chauffage. Prendre moins l’avion et limiter la mobilité (motorisée) liée aux loisirs. Ces restrictions volontaires se heurtent malheureusement souvent à notre inertie et à notre besoin de confort.

«Mais la Suisse officielle rechigne, au lieu de se présenter avec des objectifs de réduction ambitieux» C’est pourquoi la politique existe. Elle aussi a ou aurait les moyens de ramener la consommation des ressources de la Suisse à un niveau supportable. Un bon aménagement du territoire réduit le trafic pendulaire. Des taxes énergétiques élevées favorisent un usage parcimonieux. Les prescriptions de consomma-

tion encouragent des appareils ménagers efficaces. Une bonne offre favorise l’utilisation des transports publics. Avec quelque 60 autres organisations suisses, Helvetas soutient la pétition sur le climat pour une politique climatique équitable. Selon le principe que le ménage commence chez soi. La 21e conférence des Nations Unies sur le réchauffement climatique à Paris survient à point nommé. Mais la Suisse officielle rechigne. Au lieu de proposer des objectifs de réduction ambitieux, elle se retranche derrière des discussions sur les éventuelles contributions financières des pays émergents. Notre pays s’est certes engagé à régler une partie de la dette climatique et à verser un milliard de francs sur un fonds international pour le climat. Mais jusqu’ici, la Confédération souhaite financer ces projets en puisant surtout dans le budget de la coopération au développement. Cela reviendrait à en faire peser les coûts sur ceux qui ont le moins contribué au changement climatique: les plus pauvres de ce monde. Il ne peut en être ainsi. La protection du climat ne doit pas se faire au détriment de la coopération au développement. En Europe, les débats sur les sources alternatives de financement ont le vent en poupe au niveau politique. Les milieux économiques évoquent maintenant une éventuelle taxe internationale sur le CO2 . Il est grand temps que la Suisse se pose elle aussi cette question!

© Maurice K. Grünig

Nous avons aujourd’hui bien plus à manger que quelques décennies auparavant. Plus d’enfants vont à l’école et moins de bébés meurent. Chiffres à l’appui. Je me limiterai à un seul: dans le monde, l’espérance de vie moyenne est passée de 64 à 71 ans en l’espace d’une génération. C’est impressionnant. La coopération au développement a largement contribué à cette amélioration, notamment pour les populations les plus pauvres. Les Objectifs de développement durable, adoptés en septembre par l’ONU, tracent la voie pour sortir de la pauvreté. Mais le réchauffement climatique freine le progrès en maints endroits. L’évolution au cours des dernières décennies confirme les scénarios les plus pessimistes des climatologues, d’ordinaire prudents. La fonte des glaces s’accélère, le niveau de la mer s’élève plus rapidement. La hausse des températures dépasse les prévisions. Inondations, sécheresses et tempêtes en découlent. Des progrès en termes de développement sont réduits à néant, des existences anéanties. La sécheresse qui sévit depuis des années et les incendies de forêts en Californie montrent que le changement climatique touche aussi les sociétés industrialisées. Nous avons donc tous besoin d’une politique climatique efficace, car un changement incontrôlé du climat ne fera que des perdants. Les pays industrialisés, premiers pollueurs climatiques, doivent prendre leurs responsabilités. Nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de façon drastique et rapide. En Suisse, toute une palette de moyens s’offre à nous pour réduire notre empreinte écologique. Diminuer

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EN CLAIR

Melchior Lengsfeld, directeur d’HELVETAS Swiss Intercooperation Traduit de l’allemand par Elena Vannotti


DES FEMMES FORTES

Les femmes qui veulent faire bouger les choses dans la commune se r茅unissent dans le bureau de Concepci贸n Chiquirichapa


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Olga dirige un groupe de femmes. Sulma veut poursuivre ses études. Brenda donne des cours sur l’hygiène. Flora mène une conférence. Dans la ville guatémaltèque de Concepción Chiquirichapa, les jeunes femmes cassent les rôles que la société leur a attribués. Toutes admirent Irma qui leur a apporté la première impulsion.

Par Hanspeter Bundi (texte) et Simon B. Opladen (photos) Irma a pris peur lorsqu’elle est entrée dans la pièce que la communauté lui avait attribuée pour le bureau des femmes. C’était une chambre sombre et humide au rez-de-chaussée, froidement éclairée par une ampoule économique suspendue au plafond, et sinon rien. Ni table, ni chaise, ni machine à écrire, ni ordinateur. «Il n’y avait que cette pièce vide», raconte Irma. Pour elle, c’était un symbole du peu d’intérêt que la commune témoignait au bureau des femmes. Ou, de façon plus positive, un signe de la maladresse avec laquelle les plus forts répondaient aux demandes d’égalité. Contre le débordement des autorités Les autorités communales de Concepción Chiquirichapa étaient dépassées par la décentralisation, qui leur attribuait plus de compétences pour la planification des routes et de l’approvisionnement en eau, pour les écoles ou dans le domaine de la santé et de l’action sociale. Elles n’avaient pas d’expérience sur la façon de planifier correctement un projet, d’établir des budgets et de formuler des demandes de financement. De plus, elles étaient habituées à traiter les citoyens non pas comme des partenaires, mais comme des quémandeurs subordonnés. Avec le projet Servime, Helvetas forme les autorités politiques locales à mener leurs nouvelles tâches de façon transparente et efficace, ce qui s’avère décisif pour l’avenir du pays et pour gagner la confiance des citoyens dans les autorités et la politique.


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Flora donne maintenant des cours d’éducation à la citoyenneté.

couture et de cuisine. Bien qu’elle n’ait pas suivi d’autres écoles, elle est devenue une personnalité à Concepción. «Les femmes ont un meilleur sens pratique, dit-elle. Mais elles sont absentes des commissions sur le développement. Et dans les villages surtout, elles ont peur de parler en public et de se présenter aux élections.»

Irma soutient les jeunes femmes, comme une grande sœur le ferait.

La commune de Concepción Chiquirichapa compte 20 000 habitants domiciliés soit dans le chef-lieu, soit dans l’un des nombreux petits villages environnants. Ici, sur le haut plateau occidental du Guatemala, la culture maya a été préservée en grande partie. L’agriculture, la langue, le costume traditionnel des femmes. Mais cette façade enchanteresse masque le fait que de nombreuses familles se disloquent parce que le père a émigré aux États-Unis. Les grossesses d’adolescentes font partie du quotidien. L’alcoolisme et la violence contre les femmes sont monnaie courante. Les femmes interrompent plus souvent et plus tôt leur formation scolaire que les hommes, et elles sont nettement sous-représentées dans les institutions politiques. Irma Dolores Hernández, qui a grandi dans une grande famille aux valeurs traditionnelles, refusait déjà enfant l’idée que les femmes soient soumises aux hommes. À l’âge de 13 ans, elle a participé à la fondation d’un club local pour la jeunesse. Elle travaillait bénévolement chez Habitat, une œuvre de bienfaisance pour un logement digne et sain. Elle a créé une association de tisserandes où elle donnait des cours de

Donner une voix aux femmes Lorsque la communauté a cherché une responsable pour le bureau des femmes, Irma s’est présentée et a été engagée, à sa grande surprise. Elle avait 36 ans, elle était combative et s’était donné pour mission de renforcer les capacités et l’estime de soi des femmes, et de donner une voix à tous ceux qui n’en ont pas au Guatemala. Les femmes, les jeunes et les indigènes. Tous doivent apprendre à s’exprimer en public et à prendre position contre la moquerie ou les résistances des hommes, des vieux et des influents. Ce sont précisément les objectifs du projet d’Helvetas.

La mère de Flora l’encourage à dépasser le poids de la tradition.

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REPORTAGE REPORTAGE


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Des femmes enseignent aux femmes: pour prendre part aux décisions et avoir son mot à dire, il faut savoir comment fonctionne l’État.

Dans ce cours, Irma a appris à organiser le bureau turgique catholique, les gens achètent et vendent comme s’il pour les questions des femmes et à en assurer le financement. s’agissait d’un jour de marché habituel. Odeurs de viande grilAujourd’hui, son local est agencé et elle dispose d’un budget lée et d’épis de maïs. Des jeunes hommes soûls apostrophent pour ses manifestations. Le matin, elle conseille les femmes des jeunes femmes. Ces dernières se moquent d’eux. Une qui viennent avec leurs problèmes. Alcoolisme, violence, har- image en sciure colorée, que des vieux ont répandue sur la cèlement sexuel et viols. Infidélité et divorces. L’après-midi, route ce matin en l’honneur du Corps du Christ, s’est estomelle se rend dans les villages avoisinants pour y parler de vio- pée et n’est plus reconnaissable. lence domestique, d’éducation et des compétences sous-utilisées des femmes. Elle encourage tout le monde à participer Formation politique dans l’arrière-cour activement aux réunions et organise des cours contre la peur Nous passons devant l’église, empruntons une des ruelles, frappons à une porte et pénétrons dans une arrière-cour où Flora, de parler en public. Olga et Susanne expliqueront Irma s’est débarrasles prochaines élections à un sée de cette peur depuis bien groupe de femmes. Quelques longtemps. Lorsqu’elle se «En particulier dans les villages, les chaises sont disposées dans la lève et qu’elle argumente de cour, une grande étagère avec façon incisive, les élus munifemmes ont peur de parler en public cipaux établis ne peuvent pas des plants de pommes de terre et de se présenter aux élections» lui tenir tête. Irma connaît les germées, toutes sortes de ré Irma Dolores Hernández, responsable du règles de l’administration et cipients et de matériel encore bureau des femmes de Concepción Chiquirichapa les relations étendues au sein utilisables ou pas. de la commune. Pourrait-elle Les trois jeunes fems’imaginer candidate aux mes se sont préparées. Elles élections municipales? Elle objecte: «Pas maintenant. C’est ont établi une liste de parti fictive, posé des exemples d’affiches trop tôt. Je dois mieux me préparer au niveau politique.» Puis sur lesquelles ne figurent pas de mots mettant en avant la force, elle ajoute: «J’exige davantage de moi que des autres.» les valeurs ou l’unité, pas de symboles ni de membres de parElle referme la porte du bureau derrière elle, et nous tis, mais des personnages de dessins animés connus. Serpent nous retrouvons dans la lumière de la place du marché. Bien à sonnettes, lion, cochon et le chat du pays des Schtroumpfs. que ce soit la Fête-Dieu, une date importante de l’année li- Mais sans être conçu comme un commentaire sarcastique.

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REPORTAGE


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Rire ensemble des attitudes des hommes ou des partis durant la formation aide à vaincre le manque d’assurance.

«J’étais timide, très timide», racontera Flora plus tard. Dehors, les pétards qui accompagnent chaque fête explosent. Lorsque quelqu’un frappe à la porte en tôle qui donne À l’école, elle avait une peur bleue que la maîtresse la fasse vesur la ruelle, le bruit est assourdissant. Cette situation n’est nir au tableau pour expliquer quelque chose aux autres élèves. pas sans rappeler les années 80 du siècle passé, lorsque le gé- «Je transpirais et parfois, je pleurais», se souvient-elle. néral et dictateur Rios Montt a mené avec l’armée une guerre impitoyable contre les indigènes, et que le moindre éclat, le Penser par soi-même est un devoir moindre coup un peu fort à la porte faisaient tressaillir les Flora Beatriz Cabrera Lorenzo a grandi dans une famille nomgens. La guerre de Montt a été marquée par un mépris pro- breuse de petits paysans et a dû très vite enterrer son désir d’étufond à l’encontre des Maya, les Garífuna, les Xunica et les dier la psychiatrie. Dans la grande famille, l’argent pour les études manquait et le père estiautres peuples du pays. Un mémait que l’école primaire suffipris qui, depuis la conquête des sait, surtout pour une fille. Avec Espagnols, marque encore au«Nous perdons notre temps le soutien d’une mère combative jourd’hui la société latino-améet fière, elle a au moins pu termiricaine. à regarder des telenovelas ner la modeste formation d’enÀ Concepción Chiquirialors qu’il serait bien de regarder seignante de premier cycle. Et chapa, dans l’arrière-cour bonparfois les nouvelles» dée, ce mépris est bien loin. Olga, grâce à des cours d’Helvetas, elle Susanne et Flora se tiennent, est aujourd’hui formatrice pour Flora Beatriz Cabrera Lorenzo, activiste et formatrice d'adultes confiantes et souriantes, devant adultes et employée de la comleurs auditrices dont certaines mune. Flora admire Irma, enseisont aussi âgées que leurs mères. gnante et mentor d’une nouvelle «Nous avons des droits, affirme Flora. Nous avons le droit génération de jeunes femmes. «Mes amies et moi avons pu frande parler et le droit de nous rassembler.» Les femmes acquies- chir les portes qu’Irma a ouvertes pour nous», déclare-t-elle. cent. «Nous avons le droit d’aller à la commune et d’exiger Aujourd’hui âgée de 22 ans, elle aussi veut ouvrir des de l’eau potable, poursuit Flora. Nous avons le droit d’en- portes à d’autres femmes dans une arrière-cour de Concepvoyer nos enfants à l’école. Et nous avons le droit de voter.» ción Chiquirichapa. «Nous perdons notre temps à regarder des Sa voix est ferme. L’assemblée acquiesce. Ces paroles sont telenovelas alors qu’il serait bien de regarder parfois les noubien reçues. velles», proclame-t-elle aux femmes. Il faut s'informer pour

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REPORTAGE


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les élections; ce n’est qu’en réfléchissant bien qu’il convient d’y participer. Et de conclure: «Réfléchir est également un devoir à l’égard de notre peuple.» Ici, Flora ne parle pas des doutes sérieux qui l’assaillent parfois, elle aussi. Le Guatemala ne va pas bien. La criminalité sévit. Drogues. Enlèvements. Attaques à main armée. Le taux d’homicide est l’un des plus élevés du monde. Le taux d’élucidation des crimes violents est proche de zéro. Les gens font toujours plus souvent eux-mêmes la loi. Les annonces de lynchage envers des auteurs présumés de crimes se multiplient. De nombreuses personnes retournent leur désespoir contre elles-mêmes. Rien qu’à Concepción Chiquirichapa, raconte Irma, six personnes se sont ôté la vie l’an dernier. Des jeunes filles, tombées involontairement enceintes trop tôt. Des hommes et des femmes qui se sont effondrés sous le poids des dettes. Des jeunes qui ne pouvaient pas échapper au régime restrictif à la maison. Sortir de l’ombre Aucune amélioration en vue. La plupart des politiciens qui se sont présentés cette année aux élections veulent accéder aux ressources financières étatiques. Les rênes de l’État ne sont pas confiées aux meilleurs, mais aux proches d’un ministre ou d’un maire. «Je ne vois que des politiciens qui ne pensent qu’à eux-mêmes», déplore Flora. Elle veut faire autrement et tirer les femmes des familles pauvres de l’ombre à laquelle on

Traduit de l’allemand par Elena Vannotti

questions à Jacqueline Salami, coordinatrice des programmes pour le Guatemala et le Honduras

Lorsque l’on parle de démocratie au Guatemala, on relève toujours de la résignation chez les autochtones. À juste titre? Le dialogue entre les institutions étatiques et la population est limité et empreint de méfiance, et la société civile a généralement trop peu d’influence sur les décisions politiques. Au cours de cette année, on a cependant découvert des scandales de corruption dans lesquels sont aussi impliqués des politiciens influents. La colère du peuple s’est enflammée et l’on a assisté à de longues manifestations de rue auxquelles ont participé un nombre exceptionnel de personnes. Ces protestations ont-elles eu des retombées politiques? La vice-présidente et le président du pays ont été arrêtés. Mais il ne s’agit pas encore de véritable succès. Pour que les manifestations ne se résument pas à de la colère et à

© Maurice K. Grünig

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les destine. Il y a quelques semaines, elle a annoncé chez elle vouloir se lancer dans la politique locale. C’était un soir de juin. Femmes et jeunes filles étaient assises autour du poêle pour manger. Seul le père était assis à table. «Je veux poser ma candidature à la Commission sur le développement de notre village», a annoncé Flora, dans le silence de la cuisine. Le père a réagi, excédé: «Alors tu penses que des femmes doivent diriger le village?» «Pourquoi les femmes ne le pourraient-elles pas? Nous n’avons peut-être pas de tête avec laquelle réfléchir?» «Si déjà les hommes échouent, comment les femmes pourraient-elles réussir?», a insisté le père. «Nous avons les mêmes droits que vous», a riposté Flora, s’offusquant que son père soit si rétrograde. Flora fait partie de ces femmes qui vivent chez elle la difficulté dont souffre tout le pays. Elle voit la résignation avec laquelle tous critiquent la politique et entend des histoires sur le manque de fiabilité des autorités. Elle vit le machisme au quotidien. Quand elle était petite, elle s’indignait lorsque son voisin maltraitait sa femme. Et en tant que jeune femme, elle a appris dans les cours d’Helvetas à transformer cette indignation en action. «Autoestima» a été le mot clé qu’elle a retenu de son premier cours. Estime de soi. Respect de soi. Le sentiment d'avoir les capacités pour agir.

du bruit, il faut une société civile forte qui se penche sur les requêtes et qui puisse les introduire dans le processus politique. C’est précisément là qu’intervient le projet Servime, en encourageant la participation des femmes, des jeunes et des indigènes dans les processus décisionnels au niveau municipal.

Est-ce suffisant pour créer les bases d’une démocratie qui fonctionne? C’est un bon départ et c’est important. Nous réfléchissons intensément à la manière d’accroître l’impact du projet. Les gens doivent pouvoir coordonner leurs requêtes par l’intermédiaire de leur commune avec d’autres communes et étendre leur influence à un niveau régional ou national.

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REPORTAGE


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FOCUS

Et pourtant elle tourne – la force du changement

SUSCITER LE CHANGEMENT Pour un développement durable, une bonne gouvernance est capitale. Mais on déplore souvent la lenteur supposée des progrès dans ce domaine. Un projet de formation pour les conseils municipaux en Éthiopie démontre le contraire.

Par Anita Baumgartner Serrés les uns contre les autres et dans leurs plus beaux habits, quelque 200 femmes et hommes sont assis sur des troncs dans la salle obscure. Des murmures, des rires, puis le silence. En signe de cohabitation pacifique, un chrétien orthodoxe et un imam coupent ensemble un grand pain rond et le distribuent. La réunion du conseil municipal commence alors à Wotet Abay, dans la région d’Amhara, dans le nord de l’Éthiopie. À l’ordre du jour: les atteintes à l’environnement à cause de la gravière locale, les présences à l’école et les chiens errants. On parle de comment payer les frais de transport de la nouvelle ambulance, des déchets dans le ruisseau, des nuisances sonores provoquées par les jeunes fêtards. Outre les rapports d’activité, le chef de la communauté et les commissions présentent l’avancement de la construction du bâtiment scolaire, le puits prévu sur la nappe phréatique, les problèmes de coupures de courant parce que les camions arrachent les câbles suspendus trop bas, la cession de terrain aux familles sans terre. Les conseillers municipaux questionnent, commentent, critiquent et votent sur des propositions de solution. Avec la question de la gravière, la salle s’anime. Déboisement illégal, pollution de l’eau, poussières nocives et vibra-

tions qui endommagent les bâtiments sont reprochés au propriétaire de l’entreprise. «Il faut agir avant qu’ils détruisent davantage», appelle un conseiller. Mais des voix pondérées se font entendre: «Le matériel extrait est utile à tous. Nous devons seulement veiller à être dédommagés et à faire réduire l’impact négatif.» Au terme d’un débat animé et émotionnel, les conseillers conviennent de réunir

«Avant, le conseil ne comptait que dix fem­mes et nous sommes 150 sur 300 maintenant!»

Zenebe Wondermagegn, conseillère communale

et de documenter les doléances qu’une délégation pourra présenter lors d’une visite à l’exploitant du site. Démocratie communale au quotidien: une nouveauté Une assemblée communale comme il en existe en Suisse, pourrait-on penser. Mais il ne va pas de soi que les conseillers de Wotet Abay s’efforcent de trouver des solutions en toute autonomie. C’est le résultat d’une formation pour les conseils de districts ou municipaux, développée par Helvetas en étroite collaboration avec le gouvernement régional d’Amha-

12 FOCUS

ra. «Helvetas nous a montré comment relever les défis. Nous identifions nos problèmes, en discutons et trouvons une solution», explique Belete Ayalew, enseignant et conseiller municipal. Réunissant 200 à 400 membres, les parlements municipaux d’Éthiopie sont plutôt grands: un ménage sur quatre ou cinq est représenté au conseil. Mais la plupart des membres ne sont pas en mesure de remplir leur mission, parce qu’ils connaissent trop peu leurs droits et obligations. Bon nombre d’entre eux savent à peine lire et écrire. Ils ne connaissent pas les lois, ne savent pas où demander de l’aide. Ainsi, ils ne contrôlent guère le travail de l’exécutif et n’expriment que trop peu les demandes de la population. Résultat: de nombreux villages attendent encore des adductions d’eau ou un nombre suffisant de locaux scolaires, alors que les moyens et le soutien sont parfois disponibles. Le projet d’Helvetas a donc élaboré des modules de formation pour l’aménagement communal, l’établissement du budget et le contrôle des projets communaux. Les textes de loi complexes ont été reformulés en brochures et en manuels simples, et transformés en outils de travail. Ce qui semblait abstrait a vite donné des résultats concrets. «Grâce à notre formation, bien des changements se sont passés dans la commune en deux ans seulement», déclare Shumet Getnet, conseiller de la commune de Wonchet. Les conseillers municipaux ont décidé que toutes les familles


© Christian Bobst

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© Christian Bobst

Aujourd’hui les femmes sont aussi nombreuses que les hommes dans le conseil communal de Wotet Abay.

Les discussions sont vives – et les décisions prises de façon démocratique.

doivent utiliser des latrines. Les femmes accouchent désormais au centre médical. Tous les enfants sont vaccinés. Deux collaborateurs en santé communautaire informent la population et contrôlent le respect des bases de l’hygiène et de la protection de l’environnement. Le conseil municipal a également décrété que tous les enfants devaient aller à l’école. Seuls trois quarts d’entre eux y étaient inscrits avant. En outre, la commune propose maintenant huit années d’école au lieu de quatre. Il a donc fallu construire de nouveaux locaux. «La formation nous a permis de savoir comment faire», explique Asafaw Mengiste, conseiller âgé de 60 ans. «Nous nous sommes procuré des pierres et du bois et avons effectué les travaux

de construction; le gouvernement nous a fourni le matériel qu’il fallait acheter.» Wonchet a aussi fait des progrès en matière d’eau potable: le nombre de puits est passé de 23 à 67 en deux ans, et 83% des habitants disposent de réservoirs d’eau de pluie. Pour que la végétation et le niveau de la nappe phréatique puissent se rétablir, plus personne ne peut laisser son bétail paître librement. Le conseil municipal peut sanctionner les violations par des contraventions. Les femmes prennent la parole À ces progrès s’ajoute aussi une avancée sociale: le nombre de femmes au sein du conseil municipal atteint les 50% espérés. «Avant, le conseil ne comptait que dix femmes, et nous sommes 150 sur 300 maintenant!», se réjouit Zenebe Wondermagegn, une paysanne âgée de 32 ans qui élève seule ses enfants. «Les hommes ont compris combien il est important que les femmes soient là, notamment lorsqu’il en va de la formation et de la santé», ajoute-elle. Comme bon nombre d’autres familles, elle a saisi sa chance. Lorsqu’elle a entendu parler des programmes d’aide agricoles, elle s’est lancée. Avec son frère et ses enfants, elle a creusé ses propres réservoirs d’eau pluviale et cultive aujourd’hui des champs

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rentables. «Auparavant, nous étions très pauvres, souvent nous ne pouvions prendre qu’un seul repas par jour. À présent, nous pouvons manger trois fois par jour et avons suffisamment d’eau.» Ce projet pilote mené depuis trois ans dans neuf communes et cinq districts, rendu possible grâce aux donateurs d’Helvetas, est tout sauf évident dans une Éthiopie au régime relativement autoritaire. Mais le gouvernement régional à Amhara ne tarit pas d’éloges: «Le projet a un impact énorme sur la protection de l’environnement, l’hygiène, la formation et la mortalité maternelle et infantile», confirme Admasu Lulu, responsable gouvernemental du projet. Dès lors, le défi majeur consiste à étendre le système de formation aux 169 districts et 2000 communes de la région. Helvetas y travaille en collaboration avec le gouvernement. Le pouvoir exécutif pourra bientôt aussi bénéficier de formations. Wonchet a été sacrée meilleure commune de l’année par le gouvernement. Le conseil municipal utilisera la récompense d’environ 7500 francs pour construire une salle communale. Anita Baumgartner est responsable de l’équipe des partenariats des projets. Traduit de l’allemand par Elena Vannotti.


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CONTRE LES CLICHÉS

Les médias devraient s’intéresser à l’Afrique qui bouge

Parler des personnes autonomes plutôt que de la souffrance

L’Afrique revêt trop souvent dans les médias les habits de la misère, de la maladie et de la guerre. Ces réalités existent hélas, mais le continent est aussi celui des arts, de la musique, de la peinture, des coutumes, des penseurs, d’une jeunesse vive et active. Pourquoi ne pas voir que l’Afrique est en train de changer! Je rentre d’un voyage en Guinée, «l’un des pays les plus pauvres de la planète», dit-on avec raison. La corruption y règne en maître et, malgré la richesse insolente du sous-sol, les habitants n’ont rien. À Conakry, les poubelles ne sont plus ramassées depuis longtemps, les enfants jouent à côté des détritus, les hôpitaux sont sous-équipés, les écoles vides de livres, l’État pillé. Dans ce désespoir affiché, il y a pourtant des étincelles. J’ai été frappée à Conakry par la puissance de la jeunesse guinéenne, connectée, présente sur les réseaux sociaux, consciente de ses droits, révoltée de ce qu’on lui vole et désireuse de faire bouger le pays. Cette réalité ne se trouve pas dans la plupart des médias, qui ne s’intéressent pas à l’Afrique. La raison en est simple: l’information aujourd’hui se consomme dans l’immédiat. Les réseaux sociaux et les télévisions en continu ont accentué le phénomène. En clair, Ebola «se vend», tandis que l’évolution souterraine d’une société s’observe. Les médias devraient s’intéresser à l’Afrique, car tout peut y changer très vite. Il y a aujourd’hui des modèles politiques qui se construisent, dans la difficulté mais ce n’est qu’un début, des entrepreneurs qui émergent, une classe moyenne qui naît, des artistes qui s’exportent. Le continent bouge, il est temps de s’en rendre compte et de le faire découvrir à travers reportages et documentaires.

Les pays en développement se portent bien mieux qu’il y a vingt ans. Sauf que personne ne le croit. La population ignore tout ou presque des progrès des dernières décennies. Cela n’a rien d’étonnant. Deux acteurs déterminent en alternance l’image des pays en développement: les médias et les œuvres d’entraide. Les reportages et les images de guerres et de catastrophes nous atteignent par un nombre croissant de canaux analogiques et numériques. Ils donnent l’impression que tout ne fait qu’empirer. Les médias doivent légitimement montrer les problèmes. Mais la masse d’informations que nous digérons aujourd’hui en une seule journée était consommée en une semaine dans les années 1980. Dans cette concurrence pour attirer les lecteurs, les bonnes nouvelles restent sur la touche. Les organisations d’entraide influencent l’image du Sud presque autant que les médias. Les ventres gonflés par la faim ont disparu depuis le «Live Aid» de Bob Geldof, mais le message est resté: les plus démunis de ce monde sont des victimes sans défense et ont besoin de notre aide. La souffrance suscite de nombreux appels aux dons imprimés, dont le tirage dépasse celui de la presse quotidienne. Si nous voulons maintenir longtemps la solidarité de la population, nous devons de toute urgence corriger cette image. Il s’agit de personnes autonomes qui contribuent à faire avancer le développement de leurs pays. Au lieu de ressasser les stéréotypes, les médias autant que les œuvres d’entraide devraient mettre en avant ce qui relie les personnes du Sud et du Nord: par exemple l’espoir de mener une vie comblée, indépendante et choisie.

Romaine Jean est rédactrice en chef des magazines société de la RTS et membre du comité central d’Helvetas.

© Helvetas

© Michele Limina

Le monde est en pleine mutation, mais l’Occident garde la même image bourrée de clichés des pays en développement, l’Afrique en tête. Comme si l’hémisphère sud n’était que maladie, guerre et misère. Pour quelle raison? Qui contribue à cristalliser ces images? Peut-on les changer? Nous avons interrogé des personnes concernées par ces questions.

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Stefan Stolle est directeur de la communication et de la recherche de fonds. Il est membre de la direction d’Helvetas.


/Nic Bothma

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© Jörg Boethling

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© Christoph Ruckstuhl/NZZ

Ce qui attire le plus? L’inhabituel et le négatif On s’intéresse en priorité à ce qui se passe autour de soi: cette règle vaut dans toutes les sociétés. Les nouvelles de régions lointaines n’intéressent que si elles concernent des événements sortant de l’ordinaire et de préférence négatifs. La stabilité n’intéresse personne. Les journaux sont soumis à la même logique. Par ailleurs, la tendance actuelle est de retirer les correspondants à l’étranger. Les journalistes encore en place dans les pays en développement n’accourent plus qu’en cas d’extrême urgence. Ils dépendent souvent du jugement de leur rédaction, orienté par l’intérêt supposé du public. Au cours des années 1970 et 1980, les intellectuels et les politiques critiquaient la surpuissance des médias des pays industrialisés et la couverture médiatique unilatérale et négative des pays en développement. Ils ont exigé de nouveaux principes d’information, mais en vain. Aujourd’hui le sujet n’est plus à l’ordre du jour. Le flux d’actualités en provenance des

pays en développement est toujours dominé par les agences occidentales, fonctionnant selon des règles basiques: ce qui sort de l’ordinaire, des célébrités, du négatif. Et Henning Mankell avait malheureusement raison lorsqu’il a dit: «En nous basant sur l’image donnée par les médias de masse, nous apprenons aujourd’hui comment meurent les Africains, mais nous ne savons rien sur leur façon de vivre.» L’intégration de journalistes locaux serait peut-être une solution. Ils ont une autre perspective et relatent aussi de transformations sociétales qui ne sont pas dramatiques. Cela a déjà cours dans les médias sociaux, mais je ne connais encore aucun journal qui utilise systématiquement cette possibilité.

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Valerie Zaslawski est rédactrice à la NZZ et spécialisée en politique suisse de développement.


Une image simpliste profite à beaucoup

Informer sur la coresponsabilité

Jadis, on pouvait accuser les médias de répandre des stéréotypes sur ces pays pauvres, affamés et guerriers, mais aujourd’hui nous sommes les médias. Toute personne intéressée par l’Afrique peut s’en faire une image contrastée grâce aux blogs, sites Internet, musiques et films mis en ligne par les Africains. Sans compter les touristes du Nord qui partagent leurs expériences de voyage sur les réseaux sociaux. On y trouve aussi bien des images euphorisantes et ultra positives d’une Afrique vibrante que celles d’un continent tourmenté par la pauvreté et la guerre. Je parle de l’Afrique, car c’est le continent que je connais le mieux. Bien sûr, il existe des raisons économiques à cette vision simpliste de l’Afrique. Des entreprises comme Glencore ont besoin de ce fossé entre le monde «développé» et «sousdéveloppé», pour que ne n’apparaisse pas l’idée qu’un mineur africain surexploité puisse faire partie du nôtre. Mais pourquoi autant de gens cherchent-ils à accentuer cette image collective d’une Afrique sans espoir? Peut-être pour nous conforter dans la certitude que l’Afrique est un lieu pire que celui où nous vivons. Les œuvres d’entraide travaillent elles aussi avec des stéréotypes. Elles auraient la possibilité de transmettre une vision plus nuancée, ce qui ne manquerait pas d’attirer des donateurs solidaires. Mais il faudrait plusieurs années avant d’y parvenir, et les œuvres d’entraide n’ont pas le capital nécessaire pour surmonter une traversée du désert où les dons se feraient rares.

La couverture médiatique des pays en développement n’est pas seulement négative. Elle dépend de l’angle adopté par les journalistes. S’ils traitent de structures et d’événements politiques, alors la corruption, la guerre et les impasses dominent dans leurs textes. Mais s’ils abordent des thèmes de société ou écrivent sur des gens, leurs reportages sont différents, plus positifs. Ils évoquent par exemple l’imagination et l’ingéniosité des Africains pour pallier des manques ou réparer des machines. Ils parlent des personnes âgées qui se retrouvent dans la rue en Asie pour danser ou faire des exercices de taï-chi sans se laisser impressionner par les dictatures. La chaleur humaine vécue au quotidien ou dans les situations d’urgence et la joie qui anime les soirées festives sont au cœur de ces histoires positives. Dans un monde globalisé, les médias peuvent contribuer davantage, en montrant comment nous sommes coresponsables du monde. Par exemple quand nous importons des vêtements du Bangladesh, non pas pour leur qualité mais parce qu’ils sont bon marché – fabriqués sans respect des normes écologiques ou sociales. Chaque décision d’achat contribue à consolider ou à changer la situation. Mais d’ici à ce que notre société saisisse toute la complexité de la globalisation, le chemin sera encore long. Les œuvres d’entraide ont un rôle à jouer à cet égard: dans leur communication, elles doivent aller droit au cœur des gens, sans sentimentalisme larmoyant. Pour parler à la fois au cœur et à la raison.

Flurina Rothenberger est photo­graphe, elle a passé son enfance en Côte d’Ivoire et travaille régulièrement en Afrique.

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© Gabi Deutsch

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Daniel Perrin, professeur de linguistique des médias à la ZHAW et directeur de l’Institut en sciences appliquées des médias, enseigne et fait de la recherche sur la langue dans la communication publique.

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Les Africains s’irritent des clichés L’Afrique a une mauvaise image, et ce qui s’y passe y contribue pour beaucoup. Les régimes corrompus, les guerres, la violence sont bien réels. Mais des personnes et des groupes s’y opposent. Et lorsque tout ou presque vient à manquer, les Africains ont un génie sans pareil pour trouver une solution et tirer parti de chaque situation. Quand je brosse un tableau nuancé de l’Afrique dans des conversations ou dans mes conférences, cela suscite parfois de l’irritation. Bon nombre d’entre nous prennent l’Afrique pour une poubelle destinée à recevoir tous les maux du monde, comme si la guerre, la corruption et la pauvreté n’existaient pas ailleurs. Les Africains que je connais se plaignent moins de la pauvreté ou des privations que des clichés à leur encontre. Ils trouvent injuste d’être considérés comme des gens passifs, tolérant l’injustice, et que le dialogue d’égal à égal leur soit refusé. Pour les organisations de développement, évoquer l’Afrique re-

vient à résoudre la quadrature du cercle. D’une part, elles ont besoin d’argent et doivent donc montrer une Afrique démunie, voire misérable. D’autre part, elles doivent rendre compte de succès, les donateurs attendant des changements positifs. Car on se questionne: la vie dans le village évoqué est-elle vraiment si terrible? Ou sont-ils vraiment tous heureux du nouveau puits, comme la paysanne sur la photo? J’apprécie les organisations de développement qui parlent des conditions et des structures, à l’instar des subventions agricoles dans le Nord, contre lesquelles le paysan africain n’a aucune chance. Un bon exemple en est l’initiative pour des multinationales responsables.

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Ruedi Küng, spécialiste de l’Afrique, a été correspondant en Afrique pour la Radio Suisse alémanique SRF pendant douze ans.


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EFFECTIVEMENT EFFICACE

© HELVETAS Swiss Intercooperation

Les doutes et les critiques à l’encontre de la coopération au développement ont augmenté. Pourtant les améliorations ont été nombreuses ces dernières décennies. Avec sa nouvelle campagne, Helvetas veut mieux faire connaître ce qui a été réalisé – et ce que nous pouvons encore accomplir.

Un sourire qui ouvre des portes: Djinaisira Samaké, vedette du spot TV d’Helvetas, a plus de cent ans et se réjouit de sa bonne santé.

Par Stefan Stolle Dans l’ensemble, la population suisse juge positivement la coopération au développement de la Confédération et des œuvres d’entraide. Une étude indépendante effectuée et publiée en 2014 par l’institut GfS Berne à la demande de la DDC l’atteste. Mais des critiques s’élèvent aussi, l’étude montrant même que la majorité de la population ne discerne aucune amélioration importante dans la situation des pays en développement. Convaincre les indécis Même si la population suisse est bien informée par comparaison à la plupart des

pays européens, elle connaît peu les progrès réels réalisés dans les pays en développement. En outre, les débats dans les médias se focalisent de plus en plus sur les échecs et le gaspillage. Représentant chacun un tiers de la population, les sceptiques et les partisans de la coopération au développement sont à égalité. Entre ces deux pôles, on trouve le tiers des indécis. Ce groupe est plus jeune, ouvert sur le monde, libéral et veut une Suisse solidaire. Il croit à un monde meilleur, appelle à la responsabilité individuelle et souhaite des améliorations rapides. C’est à lui en particulier que s’adresse la nouvelle campagne. C’est le spot télévisé lancé au mois d’août de cette année qui est au

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cœur de notre campagne actuelle. Au lieu de pointer le doigt sur la misère, la faim et la pénurie d’eau, de solliciter le devoir moral des donateurs, le spot communique confiance et espoir. S’appuyant sur des expériences historiques et quotidiennes que nous connaissons et partageons tous, Helvetas exprime sa ferme conviction que la situation évolue positivement, si nous y croyons et agissons en conséquence. Bien des choses ont changé ces 25 dernières années: le nombre de personnes sous-alimentées a diminué de près de 50% dans les pays en développement. Durant cette même période, 2,6 milliards de gens ont bénéficié d’un meilleur accès à l’eau potable. Aujourd’hui, 91% des 15 à 24 ans dans


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le monde savent lire et écrire. C’est l’Afrique subsaharienne qui a le plus rattrapé son retard: le nombre d’enfants scolarisés y a doublé entre 1990 et 2012, passant de 62 à 149 millions. Le taux de scolarité a ainsi bondi de 52 à 78%. Bien sûr, de nombreux efforts ciblés restent nécessaires pour améliorer les chances des plus pauvres. Dans un contexte marqué par les énormes bouleversements globaux et les réalisations de ces dernières décennies, nous avons la conviction que de grands progrès sont encore possibles ces prochaines décennies. Pour faire passer ce message, nous avons choisi l’option d’un spot TV. Il est avéré que la télévision est toujours le principal canal d’information des Suissesses et des Suisses. Par ce média, nous pouvons encore toucher les indécis, qui pensent toutefois qu’un monde meilleur est possible. C’est seulement

grâce au soutien généreux et de longue date de l’entreprise Geberit que le spot a pu être réalisé. Par ailleurs, le temps de diffusion nous a été offert à la moitié des coûts habituels. Informer sur ce qui est efficace Les dernières décennies nous ont appris quels sont les facteurs qui ont un impact positif sur le développement et ceux qui restent sans effet. L’éducation des filles va de soi en Suisse, et il va de soi qu’elles doivent aussi avoir les mêmes chances professionnelles. Cela devrait être pareil dans les pays en développement. Nous savons aujourd’hui que les filles terminant leur scolarité se marient plus tard et contribuent considérablement au revenu de leur famille. Il est tout aussi normal pour nous que nos enfants se lavent les mains avant de passer à table. Nous savons aujourd’hui qu’une hygiène de base peut diviser par deux le taux d’occupa-

tion des lits d’hôpitaux en Afrique. Il suffit pour cela d’eau propre, de savon et d’une sensibilisation à l’hygiène. Une nouvelle série d’annonces d’Helvetas doit montrer les effets concrets de la coopération au développement et ancrer plus fortement ces résultats dans l’esprit de la population suisse. Des messages intelligents, surprenants et inspirants stimulent, donnent du courage et renforcent la conviction en un monde meilleur. Comme par le passé, nous comptons sur les éditeurs pour imprimer la plus grande partie de nos annonces gratuitement. Nous espérons que notre spot et nos annonces dans les médias sauront vous plaire et que vous partagez avec nous la certitude qu’un monde meilleur est possible. Stefan Stolle est directeur Communication & Fundraising. Traduit de l’allemand par Christine Mattle.

50% en moins

75% de moins

L’eau potable et l’hygiène réduisent l’occupation des lits d’hôpitaux de 50%.

Un monde meilleur

Un monde meilleur

est possible.

est possible.

Vous pouvez y contribuer: helvetas.ch

Vous pouvez y contribuer: helvetas.ch

Illustrer autrement la réalité et surprendre: les nouvelles annonces d’Helvetas montrent les résultats durables de l’aide.

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© Spinas Civil Voices (2)

Quand une fille va à l’école, le risque d’un mariage précoce baisse de 75%.


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EN SAVOIR PLUS Sur le thème du focus «Et pourtant elle tourne – la force du changement»

Livres Avec nous, après nous, J. Attali et S. Peres Éd. Fayard 2013 CHF 28.90 Apprivoiser l’avenir. Deux grands témoins et acteurs de notre époque se penchent sur l’avenir que réserve le 21e siècle, avec optimisme et réalisme: le passé ne doit pas empêcher de croire en un monde de tous les possibles. Économie du futur, nouveaux matériaux, mondialisation, éducation et formations permanentes, démocratie mais aussi risques qui la menacent avec la prolifération d’armes nouvelles, le développement du terrorisme, de nouvelles zones de conflits… Ces thèmes sont abordés avec lucidité et finesse dans des regards croisés sur notre avenir. L’Afrique, nouveau terrain de jeu des émergents Collectif, éd. Karthala 2014 CHF 39.20 Délaissé jusque récemment par la mondialisation car considéré comme une cause perdue de l’économie internationale, le continent africain est désormais courtisé par les puissances industrielles et par des pays émergents tels le Brésil, la Chine, l’Inde ou encore la Russie. Ces derniers se sont dotés de stratégies africaines et les liens tissés avec le continent se sont développés. Les raisons de ce rapprochement sont multiples, à commencer par la nécessité de nouveaux marchés et l’appétit pour les importantes ressources naturelles de l’Afrique. Quelles sont les perspectives que ce changement dessine? 2033, Atlas des futurs du Monde, Virginie Raisson Éd. Laffont 2010 CHF 48.60 Surpopulation, crise alimentaire, épuisement des ressources, pénurie de pétrole, réchauffement climatique, disparition des espèces, guerre de l'eau: l'avenir que

le monde réserve est-il aussi noir qu'on peut généralement le penser? Au travers des enjeux qu’il aborde, ce livre repère les mutations en cours vers les futurs possibles d'une manière raisonnée, sans fatalisme ni utopisme. Il propose une cartographie des futurs possibles et donne à voir les contours du monde en gestation. La réponse s'impose: ce n'est que si nous restons passifs que nous nous réservons le pire des futurs possibles. Car le futur n'est pas écrit.

Liens www.helvetas.ch/spot Helvetas croit qu’un monde meilleur est possible. Helvetas agit pour un monde meilleur: le nouveau spot TV d’Helvetas exprime l’espoir que nous avons, les changements positifs dans le monde et la conviction que nous pouvons faire encore bien plus ensemble (voir p. 17) http://ijd.24heures.ch/ En créant l’Impact Journalism Day, 45 médias renommés ont décidé de ne pas seulement rendre compte de catastrophes et de crises, mais aussi de relayer les initiatives positives, porteuses d’espoir et de changement, qui nous inspirent et nous invitent à agir, d’encourager ainsi le journalisme de solutions pour un monde meilleur. www.clubofrome.org Fondé en 1968, le Club de Rome est formé de scientifiques, experts et décideurs agissant dans le monde de la politique, de l’économie ainsi qu’au sein d’organisations internationales. Le groupe travaille à l´élaboration de recommandations concernant des problèmes mondiaux majeurs tels que le climat, l’énergie, la paix, la sécurité et la transformation sociale. Le secrétariat est en Suisse. www.worldfuturecouncil.org Le World Future Council a été créé en 2004 par Jakob von Uexkull, fondateur du Prix Nobel Alternatif. Ce conseil réunit 50 personnalités reconnues à l’échelle mondiale, amenées à donner une orientation au monde pour un avenir durable (site en anglais).

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TON ENGAGEMENT Tu veux agir mais tu ne sais pas bien comment? Voilà de l’aide pour réaliser tes bonnes résolutions.

Concept: Susanne Strässle, dessin: Pia Bublies

J’aimerais faire quelque chose de bien! Cherches-tu un cadeau pour des amis ou la famille?

Je préfère m’engager d’une autre façon

Prêt-e à dépenser un peu d’argent?

Oui Non

Es-tu sportif-ve? Ça va, moyen Pas de doute!

Sans commentaire ...

Veux-tu t’engager à plus long terme?

Oui! Je décide volontiers de cas en cas

Prêt-e à changer ça? As-tu du temps?

Tu as le parfait profil du Charity Runner

Aucune chance! Non

www.life-changer.helvetas.ch

Oui! Même pas 10 minutes?

Aimes-tu avoir l’embarras du choix?

Un peu quand-même Non, je préfère aider tout de suite

Oui!

Fais-tu volontiers partie d’un groupe?

Non Viens rencontrer un groupe régional

Je suis plutôt quelqu’un de spontané

www.helvetas.ch/groupes_regionaux

Si, si

Es-tu créatif-ve?

Non

Oui!

As-tu du courage?

www.helvetas.ch/donner

Tourne une vidéo pour le Clip Award Helvetas www.clipaward.ch

Oui! Hum, y-a-t-il une option plus discrète?

Fais un don en ligne et choisis à quoi l‘attribuer

Tu vas volontiers vers ... ... des amis

Merci d’avoir quand même trouvé du temps pour arriver ici! ...

Envoie un SMS: EAU 50 au 4747

Le plaisir de mener des activités ensemble

Qu’est-ce qui t’attire le plus?

... des inconnus

Viens à une de nos manifestations www.helvetas.ch/manifestations

Participe comme volontaire aux actions de rue www.helvetas.ch/actions-de-rue

L’engagement politique


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Je veux pouvoir choisir entre ...

... différentes possibilités d’attribuer mon don

Oui

... de nombreux produits Fairtrade du monde

Choisis un don-cadeau avec un article assorti www.helvetas.ch/dons-cadeaux

Recherche dans notre Fairshop www.fairshop.helvetas.ch

Oui

Veux-tu être proche de notre travail?

De préférence dans des rencontres avec ...

Très proche! Helvetas sait le mieux où l’aide est la plus urgente. J’aimerais être informé-e

... des experts et des collaborateurs

... des familles paysannes dans le Sud

J’aimerais avoir mon mot à dire ... Oui ... dans l’association Helvetas

... dans l’attribution de mon don

Deviens Global Friend www.helvetas.ch/global_friends

Fais un voyage dans un projet Helvetas www.globetrek.ch/helvetasreisen

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Deviens membre du Circle of Change www.helvetas.ch/circleforchange

Choisis un parrainage pour l’eau ou la formation www.helvetas.ch/dons_reguliers

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Eh?

Que penses-tu d’une pompe pour l’eau potable à ton anniversaire? Non, merci

As-tu la bonne idée de collecte? Oui Fais signer autour de toi l’initiative pour des multinationales responsables www.helvetas.ch/multinationales_responsables

Oui

Démarre ta propre action en ligne www.helvetas.ch/collectionner


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UN BEL ÉTÉ POUR CINEMA SUD CINEMA SUD, le cinéma open-air itinérant qui se déplace à vélo et projette les films à l’énergie solaire, a sillonné les routes de Suisse pour la 5e année consécutive en 2015.

Par Marie Schaffer-Wyler Durant les mois de juillet et août et jusqu’au début de septembre, CINEMA SUD s’est arrêté dans 28 lieux et a accueilli 5975 personnes pour ses soirées de films du Sud. En Suisse romande, où les films ont été proposés dans tous les cantons, 54 projections ont eu lieu dans 16 villes différentes pour le plus grand plaisir des 3710 spectateurs qui ont apprécié un ou plusieurs des six films proposés. La météo a été favorable, puisque seules 11 soirées ont eu lieu à l’abri sous un toit. Trois équipes de deux personnes ont mené à bien la tournée de CINEMA SUD en Suisse romande, un quatrième tandem a sillonné la région alémanique et a rencontré à Biel-Bienne un tandem romand où, pour la première fois, les soirées ont été animées en bilingue. Les projectionnistes-opérateursopératrices et cyclistes avéré-e-s ont fait la plupart des trajets à la force des mollets, tirant des charrettes pesant presque 50 kilos. En associant liberté et responsabilité, ils ont apprécié un «job d’été pas comme les autres» et témoignent avoir vécu une belle expérience, dont ils gardent des souvenirs marquants: découvertes de lieux magnifiques, rencontres chaleureuses, imprévus et quelques crevaisons.

Irina est en route vers Delémont.

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À Neuchâtel: discussions animées en attendant la tombée de la nuit.

Au début de la tournée en Valais, le tandem composé de Federico et Samuel a pédalé de nuit pour rejoindre un gîte et éviter la canicule de juillet. Le tandem Anaïs et Irina a eu la surprise en arrivant à Delémont de voir sa photo dans les pages du Quotidien Jurassien. De leur côté, Denis et Reto ont redécouvert leur région lémanique «vue du vélo», et ont vécu «chaque trajet comme un nouveau bol d’air». Comme les années précédentes, le public a applaudi ces projections gratuites en plein air, l’accueil chaleureux, la qualité des films et l’ingéniosité de l’équipement. Et pour couronner le tout, la bonne humeur a toujours été présente! Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous pour une nouvelle tournée du CINEMA SUD en été 2016. Marie Schaffer-Wyler est chargée d’événements et de groupes régionaux de bénévoles.

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Merci! Nous remercions chaleureusement les partenaires qui ont apporté leur précieux soutien à la tournée du CINEMA SUD: Loterie Romande, Fédération genevoise de Coopération, Solstis, Banque Alternative Suisse, SIG, Vitéos, ERS Sion, Videsa, Le Courrier, Les Bains des Pâquis, La Maison de Quartier SousGare, ainsi que les villes de Biel-Bienne, Bulle, Delémont, Epalinges, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Porrentruy, Rolle, Sierre, Sion, Vevey.

Suisse romande, du 1er juillet au 30 août: 16 lieux, 54 projections, 3710 spectateurs Suisse alémanique, du 2 août au 4 septembre: 12 lieux, 24 projections, 2265 spectateurs


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IL Y A BIO ET BIO Les labels pour les produits alimentaires sont nombreux. Mais Helvetas et ses partenaires n’accordent la mention «excellent» ou «vivement recommandé» qu’aux labels répondant à des exigences élevées de durabilité écologique et sociale. La nouvelle notation en donne un aperçu.

Par Corina Gyssler et Matthias Herfeldt Le label Kagfreiland a été créé en 1973 déjà. Les labels Bio Suisse, Rainforest Alliance et Max Havelaar ont suivi dans les années 1980, puis Max Havelaar Suisse et MSC quelque dix ans plus tard. Tous ont pour objectif de promouvoir une production des denrées alimentaires plus respectueuse de l’environnement et des animaux, ou d’encourager le commerce équitable. Les exemples ont fait école: en Suisse, il existe aujourd’hui plus de 65 labels pour les denrées alimentaires. Nombre d’entre eux répondent à des critères identiques mais les fournisseurs ont lancé leur propre label pour des questions de marketing. Une chose est sûre: les labels étant des arguments de vente, on en compte toujours plus. «Je trouve cette évolution inquiétante. Les labels devraient d’abord servir de guide», déclare Sarah Hermann, directrice du projet Labelinfo à la Fondation suisse pour la pratique environnementale Pusch. «La profusion de mentions que nous trouvons aujourd’hui sur le marché est plutôt source de confusion.» Ainsi, il n’est pas étonnant que consommatrices et consommateurs soient dépassés dans la jungle des labels. Pour mettre un peu d’ordre dans cet imbroglio, Pusch, Helvetas, la Fé­ dération romande des consommateurs et le WWF ont réexaminé les labels alimentaires. Pour ce faire, ces organisations se sont appuyées sur les critères d’évaluation de la dernière notation de 2010, approuvés et retenus par 120 experts d’instituts nationaux et internationaux, d’ONG et d’offices fédéraux. Suivant la valeur chiffrée, les labels ont été répartis dans quatre catégories. Il est important de souligner que tous les

Excellent

Vivement recommandé

Recommandé

Partiellement recommandé

Non évalué

labels évalués sont préférables aux produits sans label. «Pour le commerce équitable, il n’existe heureusement que deux labels importants sur le marché – autant Max Havelaar que Claro se voient décerner la mention vivement recommandé», déclare Andrea Bischof, chargée de projets pour l’agriculture durable chez Helvetas, qui a participé au classement des labels. En tant que membre fondateur

de Max Havelaar, Helvetas a contribué à ce que l’organe de certification soit exemplaire en matière de qualité – et à ce que le commerce équitable en Suisse soit en tête du classement international grâce à la confiance qu’il suscite. Bien sûr, des produits alimentaires et des textiles avec ces labels sont vendus dans le Fairshop d’Helvetas! Corina Gyssler, WWF. Matthias Herfeldt, Helvetas. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter.

Les critères d’évaluation Seuls les labels pour les produits alimentaires disponibles dans la plus grande partie de la Suisse et présentant ainsi un intérêt sur ce marché ont été pris en compte. Les labels d’origine et ceux qui ne couvrent qu’un seul aspect n’ont pas été évalués. Les domaines suivants ont fait l’objet d’une recherche: eau, sol, diversité biologique, climat, bien-être des animaux, critère social et équitable, management, processus et contrôle. Le guide des label est disponible chez Helvetas par tél. 021 804 58 00 ou sur www.helvetas.ch/labels, où vous trouvez aussi le rapport détaillé avec graphiques et infos pour tous les labels.

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RICHESSE DE LA RENCONTRE Des voyageurs suisses hôtes de familles paysannes indiennes, qui cultivent du riz bio pour la Coop. Les visiteurs font la connaissance de la moitié des habitants du village, s’étonnent de l’absence soudaine de piquant dans la cuisine indienne et font l’expérience du travail éreintant de la récolte de riz. L’auteure Karin Jabob a aussi manié la faucille.

Par Karin Jakob Une grande agitation règne dans la cuisine de la ferme. Des jeunes femmes accroupies sur le sol préparent et coupent des légumes, des filles sortent de la maison et y reviennent aussitôt avec d’autres ingrédients. Les hôtes sont arrivés aujourd’hui de l’étranger – et cela ne laisse aucun répit aux femmes. Des jeunes hommes de la ferme et du voisinage ont pris place sur des chaises en plastique devant la cuisine. Ils sont tout simplement curieux et veulent voir qui vient habiter une semaine dans leur village et participer aux travaux.

Voyages Helvetas Les personnes intéressées peuvent découvrir le projet d’Helvetas pour la production de riz dans le cadre du voyage de volontariat et tourisme «Reisanbau in Indien». Informations sur www.helvetas.ch/ agir ➞ «Nos voyages de volontariat» (voyages guidés en allemand).

un aperçu du projet, en priorité de la vie des familles paysannes. Pour l’instant, nous sommes encore un peu hésitants – comment approcher les gens? Nous ne voulons pas paraître intrusifs. Finalement la curiosité prend le dessus, nous engageons la conversation avec les hommes qui attendent. Ce qui n’est pas simple, car il manque une langue commune. Mais Sanjeev, notre traducteur, ne nous fait pas attendre. Déjà il s’assied au centre et traduit à grand renfort de gestes. Une immense joie se manifeste lorsque nous sortons nos carnets pour noter les premiers mots en hindi. Plus d’un est prêt à jouer le rôle d’enseignant – avec plus ou moins de patience. Peu après, nous sommes conviés à nous rendre dans une pièce à côté de la cuisine. Il n’y a aucun meuble – nous devons nous installer confortablement par terre. C’est là que nous est servi le premier repas indien, qui est puisé dans de nombreux récipients. Le chapati, une sorte galette de pain plat, ne peut pas manquer. Nous nous attendions à un repas très épicé et sommes un peu déçus,

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La curiosité l’emporte Nous sommes arrivés dans l’après-midi à Kotabagh, dans l’État d’Uttarakhand dans le nord de l’Inde, et nous avons pu nous installer dans cinq chambres d’hôtes aménagées dans des pièces inutilisés de la ferme des deux frères Bajwal. Un groupe considérable de personnes nous a accueillis – ce n’est que dans le courant de la semaine que

nous parvenons à savoir qui fait vraiment partie de la famille. Comme la plupart des paysans, les Bajwals possèdent quelques bufflonnes d’eau. La culture du riz représente cependant la plus importante source de revenus des deux familles. Accompagnés par Helvetas, les paysans du village ont adopté la culture bio du riz, plus durable et qui est vendue à un meilleur prix. Le projet a été initié avec la Reismühle Brunnen, et c’est pourquoi le riz de Kotabagh se trouve sur les rayons de Coop. Nous, les voyageurs, sommes ici pour avoir

Bienvenue! L’accueil est festif et chaleureux ...

... et faire la cuisine ensemble rapproche.

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il faut l’avouer, que tout soit plutôt fade. Helvetas avait demandé à la famille paysanne de ne pas utiliser trop de piment, car nous, Européens, ne supporterions pas les mets épicés. Dans le courant de la semaine, nous pouvons de plus en plus souvent apporter notre aide à la cuisine, et en riant nous faisons savoir aux femmes qu’elles peuvent volontiers épicer davantage. Et le dernier soir, nous pourrons pour la première fois vraiment être en sueur lors du repas... Rire et plaisanter dans la rizière Chaque jour, un joyeux groupe d’hom­ mes vient nous chercher. Deux collaborateurs de la représentation d’Helvetas en Inde, notre hôte B.S. Bajwal, un autre paysan et notre traducteur nous conduisent à travers la région. Il semble que chaque habitant du village soit intéressé à faire notre connaissance, à nous montrer quelque chose, à nous inviter à boire une tasse de thé. Le temps file vite ainsi. Nous tissons des liens avec les femmes dans les rizières qui, à force de

pouffer de rire, peinent à se concentrer sur leur travail. Un soir, alors que nous avons déjà longtemps marché et qu’il nous reste du chemin à parcourir, un taxi est organisé pour nous sous forme d’un tracteur tirant une remorque. Les paysans qui cultivent le riz bio Fairtrade à Kotabagh reçoivent une prime bio qui améliore considérablement leur revenu. L’irrigation parcimonieuse, la bonne utilisation du sol, la réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent être récompensées. C’est une chance que les primes soient remises précisément cette semaine et que nous puissions participer à la fête. Vers la fin de la semaine, nous pouvons enfin accompagner les hommes et les femmes du village au champ et participer à la récolte du riz. Courbés et avec des gestes hésitants, nous coupons épi après épi avec des faucilles – sous la surveillance des femmes de la famille. Bientôt la sueur coule, le dos fait mal et nous sommes assoiffés – mais le

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ÉVÉNEMENT

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Récolte de riz à Kotabagh: les cultivatrices et cultivateurs du village récoltent le riz bio ...

... avec les hôtes venus de Suisse.

champ est grand et doit être récolté aujourd’hui. Nous y parvenons, finalement. Après ces heures de travail astreignant, notre respect pour les cultivateurs de riz s’est agrandi encore. Karin Jakob écrit pour le magazine Globetrotter. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter


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NOËL POUR TOUS! Comment associer le plaisir de participer à la course de Noël la plus sympathique de Suisse avec celui d’offrir de l’eau à des écoliers au Bénin? En devenant coureur solidaire. Tout simplement!

Par Frédéric Baldini

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Pour la deuxième année consécutive, Helvetas et la Christmas Midnight Run de Lausanne s’associent pour permettre à tout un chacun d’allier effort et plaisir. Plaisir de battre le pavé lausannois dans une atmosphère unique, et plaisir d’offrir de l’eau potable à des élèves au Bénin. Ce petit miracle peut se faire grâce à la plateforme life-changer.ch qui fonctionne comme un réseau social. Il suffit de vous y inscrire et de vous fixer un objectif, de l’eau pour 20 enfants par exemple. Demandez le soutien de vos amis et des membres de votre famille, vous serez surpris de leur réaction. Les dons peuvent s’effectuer directement par payement en ligne sur la plateforme life-changer.ch, sur laquelle vous visualisez les progrès effectués, et vous pouvez ainsi motiver les troupes si besoin est! Samedi 12 décembre, le jour J, les coureurs solidaires seront reçus au stand Helvetas pour recevoir leur t-shirt et les encouragements de notre équipe sur place. L’argent récolté sera versé intégralement à un projet d’Helvetas au Bénin, qui offre des approvisionnements en eau potable dans des écoles. Les enfants vont d’autant plus volontiers à l’école que c'est là souvent que se trouvent les seuls accès à l’eau potable des environs. Nous comptons sur vous pour atteindre notre objectif 2015: de l’eau potable pour 10 000 élèves. À ce jour, ils sont déjà 8500 à en bénéficier.

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Le parcours passe aussi devant la cathédrale ...

... et à travers la place de la Palud.

Une Christmas Run en Allemagne.

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Pour toute question et pour s’inscrire à la Christmas Midnight Run du 12 décembre à Lausanne: prenez contact avec Frédéric Baldini par tél. 021 804 58 10 ou par e-mail à frederic.baldini@ helvetas.org


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Météo du développement Plus de femmes

«News from the Future – Le monde en 2030» Les gagnants de notre Clip Award 2015 Les dés sont jetés: le jury et le public ont choisi les lauréats.

© Michael Zingg

Dans les vingt dernières années, le nombre total des femmes élues dans les parlements a doublé au niveau mondial. Il a augmenté dans 90% des pays. En moyenne pourtant, seuls 22% des sièges des parlements nationaux sont occupés par des femmes. Mais au Rwanda, qui affiche le nombre le plus élevé de femmes dans le pouvoir législatif, 63,8% de femmes composent le parlement national. –MPO

Moins de décès Entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a reculé de plus de moitié dans le monde, passant de 90 à 43 décès pour 1000 naissances. Cela correspond à 6 millions de victimes au lieu de 12,7. Si le taux de mortalité reste le plus élevé en Afrique subsaharienne, les progrès y sont aussi les plus notables: il y a 25 ans, 179 enfants sur mille mouraient avant leur cinquième anniversaire, contre 86 aujourd’hui. –SUS

Moins de pauvreté Depuis 1990, le pourcentage de personnes gagnant moins de 1,25 USD par jour dans les pays en développement a baissé de 47 à 14%. Si l’on ne tient pas compte de la Chine, qui a accompli de grands progrès, cela représente une diminution de 41 à 18%. Ainsi le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté à travers le monde a diminué de plus d’un milliard, passant de 1,9 milliard à (encore) 836 millions de personnes. –SUS

Les gagnants du Clip Award 2015: au centre, Daniel Lauber, lauréat du premier prix.

C’est à l’enseigne du futur que le Clip Award 2015 s’est déroulé cette année, en invitant à imaginer à quoi pourra bien ressembler le monde en 2030. Estce que plus personne ne souffrira de la faim? Est-ce que les grands groupes alimentaires ne vendront plus que des produits bio? Est-ce que tous les enfants du monde, filles et garçons, iront à l’école? «Cette question nous concerne tous et elle est très actuelle», telle a été l’idée qui a uni le jury. Au début d’octobre, les meilleurs clips ont été projetés lors du festival de courts-métrages «shnit» à Berne, et les prix leur ont été décernés. Le prix du public est décerné au duo Kurt de Lorenzo, 78 ans, et Edwin Moser, 45 ans, pour leur plaidoyer pour un style de vie choisissant des valeurs durables pour l’avenir. La troisième place revient à Charles Grandjean, qui montre dans son clip «Bad News» ce qu’un bain de mousse et l’avenir ont en commun. La seconde place est attribuée à Jérôme Blum, qui explique dans «Refugees Welcome» l’impact que l’aide Nos partenaires et sponsors des prix:

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ACTUALITÉ

au développement pourrait avoir sur le futur du monde. Les lauréats du premier prix sont José Romero et Daniel Lauber, avec leur film «iFood». Il raconte comment le futur pourrait devenir si les produits alimentaires étaient acheminés de façon digitale. Mais tout ne tourne pas toujours rond: «Avec la seule technique, nous ne viendrons pas à bout de la faim dans ce monde», affirme Daniel Lauber. Remportant le premier Clip Award, il va faire un voyage dans un projet d’Helvetas, ce dont il se réjouit beaucoup: «Ce sera une nouvelle et grande expérience pour moi.» –CTS Tous les films du Clip Award 2015 sont sur www.clipaward.ch

Le clip gagnant: «iFood».


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Podium d’Helvetas: les 17 nouveaux Objectifs de l’ONU

© Corina Lardelli

Objectifs du millénaire, qui ont été atteints tout de même en partie. Par exemple, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a diminué de moitié depuis le début des années 1990. «Ces informations positives nous encouragent et renforcent notre conviction que la pauvreté peut être surmontée d’ici à 2030, ainsi que l’ONU l’a fixé comme objectif», a déclaré Melchior Lengsfeld, directeur d’Helvetas, lors du podium de discussion sur le thème «Un monde juste est-il en vue?», qui a lieu le 9 septembre à l’Université de Berne. Contrairement à ce qui en était auparavant, les pays en

Le monde est complexe. Et le verre à moitié plein. Changer le monde est possible, mais compliqué. Pour fournir une boussole à suivre, l’ONU a adopté 17 Objectifs de développement durable, fin septembre à New York. Ils font suite aux

En publiant un livre, Alliance Sud lance la discussion sur la direction que devrait prendre la coopération internationale de la Suisse dans les années 2017 – 2020. Le message du Conseil fédéral à ce sujet est actuellement en cours de préparation. Le livre «Au-delà de la confusion du monde» d’Alliance Sud, l’organisation de politique de développement de Helvetas, Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Caritas et EPER, analyse les blocages de la politique internationale. De la politique commerciale et financière au changement climatique, en passant par les excuses des pays

AU-DELÀ DE LA CONFUSION DU MONDE

Analyses et actions de politique de développement d’Alliance Sud

Analyses et actions de politique de développement

CHF 18. Disponible chez Helvetas, par tél. 021 804 58 00 ou en ligne sur www.fairshop.helvetas.ch

développement ont aussi contribué à la formulation des objectifs, s’est félicitée Sabin Bieri, du Centre pour le développement durable et l’environnement de l’Université de Berne. Ainsi les objectifs sont très divers – ce qu’Urs Leimbacher de Swiss Re a estimé positif: «De ce fait, chacun s'engage où il peut effectivement apporter sa contribution – au final, il faut une synergie entre tous les acteurs.» Il ne cache pas que la branche de l’économie sera active seulement où de l’argent peut être gagné. Manuel Sager, directeur de la DDC, a fait remarquer qu’une approche systémique est nécessaire au développement durable. Les lits des hôpitaux sont occupés pour moitié par des personnes tombées malades à cause de l’eau insalubre. Il faut ainsi non seulement plus de moyens médicaux mais aussi plus d’approvisionnements en eau potable. –MAH

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occidentaux qui prétendent qu’ils sont trop pauvres pour aider les pays pauvres. Il esquisse la politique qui pourrait les surmonter. Alliance Sud montre où sont sollicitées les organisations de la société civile et ce que devrait faire la Suisse. –AS AU-DELÀ DE LA CONFUSION DU MONDE

60 ANS

Demander de l’eau pour Noël

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Heureux sans rien attendre cette année? Ou avez-vous aboli depuis longtemps déjà la montagne de cadeaux sous le sapin de Noël? Si la période de l’Avent et de Noël reste pour vous un temps de recueillement plutôt que de course aux cadeaux, alors rendez les choses faciles à vos amis et votre famille: demandez de l’eau pour des élèves au Bénin, le petit pays d’Afrique de l’Ouest. Lancez votre propre action de Noël en quelques clics, et faites savoir à vos proches pourquoi vous ne voulez pas de paquets mais un cadeau qui apportera un grand bonheur à beaucoup! –SUS www.helvetas.ch/noel

Impressum No 222/décembre 2015, Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 55e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30.– inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: info@helvetas.org, Homepage: ww.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: romandie@helvetas.org Ufficio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: svizzeraitaliana@helvetas.org Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fixe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Frédéric Baldini, Anita Baumgartner, Corina Gyssler, Matthias Herfeldt (MAH), Karin Jakob, Romaine Jean, Ruedi Küng, Melchior Lengsfeld, Ines Meili (IMO), Daniel Perrin, Madlen Portmann (MPO), Flurina Rothenberger, Marie Schaffer-Wyler, Stefan Stolle, Corina Tschudi (CTS), Valerie Zaslawski Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO), Elena Vannotti Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Fabienne Rodel Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling

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ACTUALITÉ


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Le Fairshop au Marché Concours de Noël Solidaire Pour la 9e année consécutive, la Fédération vaudoise de coopération s'associe au centre socioculturel Pôle Sud pour faire rimer marché avec solidarité. Du 10 au 12 décembre, avec quelque 40 autres associations, Helvetas Fairshop prend ses quartiers au Marché de Noël solidaire, riche en cadeaux qui changent la vie. Vous n'avez pas encore acheté vos cadeaux de Noël? Alors ne manquez pas de venir les choisir au Fairshop d’Helvetas, à l’enseigne du Marché de Noël solidaire dans le quartier du Flon. Du 10 au 12 décembre, avec une quarantaine d’associations engagées ici et ailleurs, ce grand marché est celui à ne pas manquer pour choisir les cadeaux à offrir à Noël. Les calendriers, almanach et agenda ainsi qu’un choix de séries de cartes seront bien sûr disponibles. Et des produits du Sud, entre autres des décorations de Noël ou des foulards en soie sauvage venant de Madagascar, des jeux en bois pour les enfants faits au Sri Lanka, des savons du Népal ou encore différents coffrets-cadeaux comme celui composé d’une tasse et d’une assiette en céramique du Vietnam et d’un pot de miel du Mexique. Au rez-de-chaussée, ne manquez pas la buvette: restauration aux couleurs du monde, vin chaud, bar à thé et pâtisseries vous seront proposés pour partager des instants conviviaux et solidaires. –CRO

Répondez aux questions en lien avec ce numéro de «Partenaires» et gagnez une nuit au Biohotel Ucliva: 1 Que cultive Tirtha Maya Lama au Népal? 2 En Afrique, où Helvetas formet-elle des conseils communaux? 3 Dans quel pays les hôtes de Suisse aident-ils à récolter le riz? Envoyez vos réponses par poste à Helvetas, «Concours», case postale, 8021 Zurich, ou par courriel (avec votre adresse complète) à concours@helvetas.org. Délai d’envoi: 31 dé­cembre 2015. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Les adresses dans notre fichier peuvent être utilisées pour l’envoi d’informations sur Helvetas, les annulations étant possibles en tout temps. Les adresses ne sont pas transmises à des tiers. La gagnante du concours du PA221 est Franziska Allemann, à Berne.

Où et quand? Pôle Sud, centre socioculturel, av. Jean-Jacques Mercier 3, Lausanne (quartier du Flon)

Biohotel Ucliva – l’hôtel familial durable Le Biohotel Ucliva est le premier hôtel écologique de Suisse. En 1983 déjà, ses fondateurs concrétisaient leur vision d’un tourisme doux. L’Ucliva a poursuivi sur cette voie – pour l’amour de l’environnement et des visiteurs. Cet hôtel familial est chauffé au bois et à l’énergie solaire, et seuls les aliments bio trouvent leur place dans la cuisine. Les 22 chambres, toutes de couleurs différentes, ont un parquet en bois de mélèze et des oreillers en duvet bio pour bien dormir et faire de beaux rêves. Les grands balcons offrent une vue imprenable sur la Surselva. En hiver, école de ski et télésiège ne se situent qu’à 100 mètres de l’hôtel. Le soir, après le ski, vous vous réchaufferez près de la cheminée dans le salon, ou dans le sauna avec son poêle à bois. En été, la région invite à la randonnée pédestre et aux baignades dans le lac de Brigels. Les jeunes enfants trouveront leur bonheur dans la salle de jeux ou dans le jardin, et les plus grands se divertiront en jouant au ping-pong, au billard ou aux fléchettes. La haute saison propose un programme varié pour les enfants. Biohôtel Ucliva 7158 Waltensburg/Vuorz tél. 081 941 22 42 www.ucliva.ch

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Jeudi 10 et vendredi 11 décembre 2015, de 17 h à 22 h Samedi 12 décembre 2015, de 10 h à 18 h

Le prix sponsorisé: 1 nuit pour 2 personnes en chambre double avec balcon, ou pour 2 adultes avec 2 enfants en chambre familiale, au Biohotel Ucliva Waltensburg/ Vuorz, avec petit déjeuner, verre de bienvenue et (en été) la «Surselva Card».

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RECONSTRUIRE LA VIE Les images du Népal ont parfois perdu en intensité en Europe, mais là-bas les effets du tremblement de terre d’avril se feront sentir longtemps encore. Les productrices de café, de papier népalais et de châles en pashmina parlent de pertes et de dommages, d’expériences traumatisantes – et de solidarité dans le commerce équitable.

«Tout a été rasé», déclare Mandu Thapa, responsable de l’association des coopératives caféières du district de Sindhupalchok, à proximité de l’épicentre du séisme d’avril. Dans les coopératives de son association, 64 personnes ont perdu la vie. 122 ont été blessées. La plupart des cultivateurs de café ont aussi perdu leurs maisons. 10 000 jeunes plants, 1000 caféiers et 8 tonnes de café ont été détruits. Les coopératives de café de Sindhupalchok, passées au café bio dans le cadre d’un projet Helvetas, vendent leur café grâce aux réseaux du commerce équitable, notamment dans le Fairshop. Les partenaires internationaux ont contribué à atténuer l’impact financier du tremblement de terre. «Les acheteurs coréens nous ont dédommagés pour le café perdu», souligne Mandu Thapa. Helvetas a aussi fourni de l’aide à grande échelle à Sindhupalchok. La prochaine étape consistera à soutenir la reconstruction des maisons, des écoles, des adductions d'eau ainsi que de 50 pépinières pour les caféiers et de 50 installations de traitement du café. Tout est devenu difficile «Encore maintenant, nous peinons à comprendre comment tout a pu changer en si peu de temps», raconte Tirtha Maya Lama, cultivatrice de café. Sa famille n’a pas seulement perdu deux maisons et ses buffles. Un petit neveu été tué, et tout est devenu si difficile: où habiter, où trouver à manger et gagner de l’argent, comment faire pour que les enfants puissent retourner à l’école. Tirtha Maya Lama espère vendre plus de café par le biais du commerce équitable international, car ces clients financeraient les commandes à l’avance

© HELVETAS Swiss Intercooperation

Par Hanspeter Bundi

Tirtha Maya Lama dans sa plantation: sa maison mais aussi les caféiers et l’entrepôt pour le café ont été par le tremblement de terre.

et permettraient la création d’infrastructures sociales pour les cultivateurs de café. Comme elle a besoin d’argent immédiatement pour les réparations, elle mise sur les revenus de sa plantation de café et aimerait reconstruire sa cour aussi vite que possible. L’entreprise familiale Manaslu Pashmina Arts, qui livre des châles au Fairshop d’Helvetas, a eu de la chance. Le fait que les bâtiments de la société aient été légèrement endommagés et que le travail ait dû s’interrompre pendant quatre semaines est tout à fait supportable. En revanche, selon Bhawana Gurung, propriétaire de l’entreprise, d’autres pertes sont plus lourdes: «Nos ventes directes ont chuté d’environ 70 % après le tremblement de terre, faute de touristes.» Ce recul du chiffre d’affaires est une des

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COMMERCE ÉQUITABLE

conséquences du tremblement de terre qui ressort seulement maintenant. La vente par le biais de partenaires tels que le Fairshop est donc d’autant plus importante. «Malgré les difficultés, nous continuons à verser leur salaire à nos employés, ils en ont plus que jamais besoin, affirme Bhawana Gurung. Comme si cela ne suffisait pas, le prix des biens de consommation courante a explosé.» Dans la coopérative de Jamarko, d’où proviennent les articles en papier népalais du Fairshop, les murs des ateliers ont de telles fissures que la sécurité n’est plus garantie. Il a fallu s’organiser d’urgence dans d’autres lieux. De plus, certains fournisseurs sont partis et donc l’approvisionnement en matériel représente un défi, comme l’explique Aruna Lacaul, qui dirige l’entreprise avec sa sœur.


HELVETAS FAIRSHOPFAIRSHOP HELVETAS

© HELVETAS Swiss Intercooperation (2)

La fabrique de papier d’Aruna Lacaul a subi des dégâts.

Mithu Shrestha, qui fait des pashminas, a été blessée lors du tremblement de terre.

Les conséquences invisibles Et puis il y a les conséquences que l’on ne voit pas, mais que tant de personnes ressentent. Faire l’expérience du sol qui tremble et se dérobe sous les pieds, comme si le monde entier chancelait. Jasmaya Gurung, qui travaille à la manufacture de papier, raconte que sa famille a perdu sa maison à Katmandou et la petite auberge que son mari tient à Gorkha. «Nous avons tous été traumatisés, raconte cette mère de trois enfants. Nous espérons maintenant avoir beaucoup de commandes afin de pouvoir subvenir aux besoins de la famille et payer la formation de nos enfants. Et puis, lorsque nous sommes occupés, nous n’avons pas le temps de nous rappeler la tragédie qui nous a frappés.» Traduit de l’allemand par Elena Vannotti.

Étoiles «Tanahu» en papier Népalais Étoiles de fête tridimensionnelles en papier népalais avec un motif de batik. Artisanat du Népal. Grand, 54 cm: Blanc (GQI00), Rouge (GQI20), Bleu (GQI60) Fr. 12.– Moyen, 40 cm: Blanc (GQH00), Rouge (GQH20), Bleu (GQH60) Fr. 10.– Petit, 29 cm: Blanc (GQG00), Rouge (GQG20), Bleu (GQG60) Fr. 8.–

Café Bio «Lalitpur» du Népal Café arabica cultivé en altitude par des petits paysans au Népal. Un produit rare du commerce équitable. Depuis plus de 10 ans, un projet d’Helvetas soutient ces petits paysans sur place. Café en grains, paquet de 500 g (LKA1), café moulu, paquet de 2 x 250 g (LKA2) Fr. 16.90

Pashmina classique – nouvelle grandeur 70% cachemire, 30% soie. 170 x 45 cm. Nature (SSS02), Anthracite (SSS88), Noir (SSS90), Bleu foncé (SSS60), Rubis (SSS20), Rose (SSS21), Bleu clair (SSS64) Fr. 119.–

Participez: montrez-nous votre calendrier Helvetas! Est-ce que le calendrier Helvetas a déjà sa place chez vous depuis de nombreuses années? Ou l’avez-vous découvert il y a peu? Est-il accroché dans le salon, à la cuisine, près du bureau ou dans l’atelier? Envoyez-nous une photo du calendrier Helvetas dans votre logis! Chaque personne participant recevra un bon d’achat de 10 francs de notre FAIRSHOP. Faites parvenir votre image par e-mail à nicole.aeby@helvetas.org. Merci d’ajouter vos nom, âge et profession

et, si vous le voulez, quelques mots expliquant pourquoi et depuis quand vous aimez le calendrier. Nous publierons une sélection de vos photographies dans le «Partenaires» d’août 2016 (pour une diffusion dans d’autres canaux, nous solliciterons votre autorisation). Délai d’envoi: 26.2.2016

Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander: Par internet www.fairshop.helvetas.ch fairshop@helvetas.org

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COMMERCE ÉQUITABLE

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