MAGAZINE PARTENAIRES
BONNE RÉCOLTE AU BANGLADESH FOCUS assez équitable? Débat sur le Fairtrade PIONNIÈRES les «Bananenfrauen» ont changé le monde du commerce CHANCE? en Afghanistan, après le retrait des troupes étrangères CONCOURS deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia St. Antönien (GR)
No 218 / décembre 2014
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SOMMAIRE © Simon B. Opladen
PERSPECTIVES
Détente ...................................................................................04 EN CLAIR
Juste acheter ou acheter juste REPORTAGE
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Minorités marginalisées au Bangladesh ................................. 06 FOCUS «ASSEZ ÉQUITABLE? DÉBAT SUR LE FAIRTRADE»
Le commerce équitable doit-il se développer en qualité ou en quantité? Discussion ................................................... 12 Commentaire de l’invité: Robin Cornelius, CEO de Switcher AG ............................................................. 14 Pionnière: Ursula Brunner, une «Bananenfrau» ............ 15 Chance: de nouveaux labels facilitent l’engagement des entreprises dans le Fairtrade ........................................ 16 En savoir plus ......................................................................... 18
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Ensemble
ÉVÉNEMENTS
Sur l’Alpe: un paysan des Andes en visite en Suisse ........ 19 Retrait et réveil: quel avenir en Afghanistan? ................... 20
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REPORTAGE
© zVg
SUISSE
CINEMA SUD: retour sur la tournée 2014 ..................... 22 Créer des liens: avec Circle for Change .............................. 23 Christmas Midnight Run: courir pour la solidarité! ....... 24 ACTUALITÉS
Météo du développement ......................................................26 Les lauréats du Clip Award 2014 Helvetas .......................... 26 Pétition pour protéger le climat ......................................... 27 Happy Fountains et Journée mondiale de l'eau 2015: projet pour les écoles....................................... 27 Agenda...................................................................................... 27 Une «semaine fun-raising» et des actions spectaculaires! .28 Do it: comment réaliser les bonnes résolutions de Nouvel-An ...................................................................... 28 Impressum ............................................................................... 28 Boutique Helvetas au Marché de Noël solidaire.................29 à Lausanne Concours: deux nuits à gagner à l’hôtel Rhätia à St. Antönien (GR) ................................................................29
1986
COMMERCE ÉQUITABLE
Cette année-là, les premières bananes équitables arrivaient du Nicaragua dans des magasins en Suisse. Pour atteindre ce but, des pionnières comme Ursula Brunner se sont battues pendant des années avec persévérance et inventivité.
Fair sur toute la ligne: une visite auprès de couturières en Tchéquie .....................30
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15 FOCUS
Page de couverture: Simon B. Opladen
HELVETAS – Agir pour un monde meilleur VISION Nous voulons un monde dans lequel toutes les personnes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement. MISSION Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement leurs conditions de vie.
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SOMMAIRE
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«Aujourd’hui déjà, des producteurs du Sud prennent part à une marque au Nord»
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12 FOCUS
Labels Fairtrade ou relations commerciales personnalisées – qu’est-ce qui est le plus profitable aux paysans dans le Sud? Discussion entre Nadja Lang de Max Havelaar, Adrian Wiedmer de gebana et Tobias Meier d’Helvetas Fairtrade.
© HELVETAS Swiss Intercooperation
Adrian Wiedmer, gebana
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ÉVÉNEMENT
Nouveau départ
© Vera Hartmann
Éditorial
Le retrait des troupes d’Afghanistan a été en grande partie effectué. Quels sont les risques, quelles sont les chances pour les projets d’Helvetas?
Au bord du gouffre Enfant, lors d’une randonnée sur l’Alpstein alors que nous atteignions le restaurant d’alpage, j’ai demandé à mes parents, à la fois déçue et surprise, pourquoi le sommet de la montagne n'entrait pas dans le restaurant. Les enfants imaginent ainsi les paysages de montagne: à gauche et à droite des pentes abruptes et, au-dessus, une crête sans guère de place pour s’y tenir. J’ai repensé à cette image au Bangladesh, car les versants très raides des Chittagong Hill Tracts y ressemblent. Ces pentes escarpées ne sont toutefois pas des sentiers de randonnée, mais des surfaces cultivables. Les minorités ethniques Jumma les exploitent. Les rares bandes de terre de leur région d’origine ont été ensevelies sous l’eau d’un barrage ou font l’objet de litiges entre colonisateurs. Délogés et poursuivis au cours des dernières décennies, les Jumma se battent aujourd’hui encore contre leur exclusion politique, économique et sociale. C’est donc une joie d’autant plus grande de faire la connaissance de paysans comme Hla Kyo et sa femme Suinang, qui construisent leur avenir et celui de leurs enfants. Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires»
susanne.straessle@helvetas.ch
HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert 1219 Châtelaine Tél. +41 (0)21 804 58 00 Fax +41 (0)21 804 58 01 romandie@helvetas.org www.helvetas.ch CP 10-1133-7
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ÉDITORIAL
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© Reuters/Joe Penney
© Keystone/Bjoern Allemann
DÉTENTE?
Devant un mur d’escalade artificiel, à demi caché par une poubelle, un homme à Zurich (en haut) fait un somme sur une banquette spécialement aménagée. Il a enlevé ses chaussures. Il est en Suisse et il dort, détendu. L’homme étendu, ou plutôt suspendu, entre les montants en acier (en bas) se repose aussi. La photo a été prise deux ans plus tôt au Mali. Ce jeune homme est pieds nus et il n’est pas vraiment détendu. Les montants en acier n’ont pas été construits pour les siestes. Cet homme vient de participer à la manifestation qui s’est tenue dans le stade contre les combattants islamistes, qui veulent imposer leur loi dans le nord de son pays. –HBU
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PERSPECTIVES
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JUSTE ACHETER - ACHETER JUSTE
«La politique a un rôle à jouer dans le Fairtrade» harddiscounters comme Aldi, à proposer dans leur assortiment des produits Fairtrade. En Suisse, la vente de marchandises portant le label Fairtrade de Max Havelaar atteint aujourd’hui 430 millions de francs par an. Dans le seul contexte de Max Havelaar et Fairtrade International, 1,4 million de familles de paysans bénéficient de prix plus élevés et plus stables ainsi que d’équipements collectifs mis en place grâce à la prime Fairtrade. L’histoire d’un succès impressionnant. Les paysans qui profitent du marché équitable sont cependant encore une petite minorité à l’échelle mondiale. Pour changer les choses, l’industrie alimentaire doit pouvoir accéder au marché équitable avec des articles contenant aussi des ingrédients de production conventionnelle. Max Havelaar a développé de nouveaux outils à cet effet (lire en p. 16). Qu’un mélange de café contienne 50 ou 100% de grains Fairtrade n’est pas décisif à ce stade, aussi longtemps que les consommateurs sont informés de manière transparente et
que le produit offre un revenu plus élevé aux paysans Fairtrade. Le problème du commerce équitable ne tient pas en premier lieu aux standards. Le problème est que nous considérons toujours comme normal de consommer des produits de production inéquitable. Les organisations du marché équitable s’efforcent d’ancrer plus largement des standards de base et des conditions commerciales équitables. En tant qu’avocats du Fairtrade, nous devons aussi tenir compte des besoins des entreprises tels que les délais de livraison et la qualité. Des exigences maximalistes ne font toutefois pas avancer les choses, car les sociétés se tourneront vers des labels moins exigeants – et de moindre utilité aux familles paysannes dans le Sud. La politique a un rôle à jouer dans le Fairtrade. Pour l’approvisionnement public, la Confédération, les cantons et les communes – les plus grands acheteurs de marchandises et de services – doivent intégrer des critères d’équité et
de durabilité, comme l’a décidé le Parlement de l’UE en début d’année. Et cela doit devenir une évidence: les multinationales ayant leur siège en Suisse doivent s’engager à appliquer les droits sociaux dans toutes leurs succursales et fi liales. Par exemple dans le commerce des ressources minières, où les consortiums se soucient jusqu’ici comme d’une guigne d’équité sociale. C’est à nous, consommateurs et électeurs, que revient d’exiger auprès des responsables de la politique et de l’économie l’application des normes sociales et écologiques. Nous en avons les moyens lors de nos achats, dans les restaurants et par les urnes.
Melchior Lengsfeld, directeur d'HELVETAS Swiss Intercooperation et représentant Helvetas dans le conseil de fondation de Max Havelaar (Suisse).
© Maurice K. Grünig
Personne ne veut consommer des produits provenant de l’exploitation des enfants ou de conditions de travail abusives. Mais la consommation équitable est loin d’aller de soi. Il y a plus de 40 ans que les «Bananenfrauen» et les Magasins du Monde ont commencé à sensibiliser les consommateurs au Fairtrade comme alternative aux injustices structurelles du commerce mondial, permettant ainsi à des milliers de paysans d’améliorer leur revenu. Depuis, le commerce équitable est aussi apparu chez les grands distributeurs. La pression des consommateurs a poussé des entreprises telles que Migros et Coop, 750 établissements de restauration et récemment même des
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EN CLAIR
EN MARGE
La teinture naturelle exigeetde très bonnes connaissancesabrupts. et beaucoup d’attention: de la coopérative à l’œuvre. Les champs de Suinang Hla Kyo sont incroyablement Le terrain plat estdes rareexpertes et convoité dans les Chittagong Hill Tracts.
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Les minorités du sud-est montagneux du Bangladesh sont dans une situation difficile. Autrefois poursuivies, elles sont aujourd'hui économiquement marginalisées. Mais Hla Kyo Ching et son épouse Suinang ne se laissent pas décourager.
Par Susanne Strässle (texte) et Simon B. Opladen (photos) Soudain des bruits de bottes se font entendre dans le paradis. Elles sont portées par une demi-douzaine de soldats en tenue de camouflage sombre, des jeunes Bangladais élancés, le visage grave, des armes sur l’épaule. «Que faites-vous ici? Qu’est-ce que vous cherchez?» Agitation au paradis Le prétendu paradis s’appelle Tumbo Para. Ici, de grands palmiers chatouillent le ciel clair, des maisons en bambou se dressent entre les bosquets ombrageux. Des petits enfants jouent sur la terre battue, les plus grands, vêtus de leur uniforme bleu et blanc, rentrent de l’école par l’étroit pont du village. Des racines de curcuma sèchent au soleil devant une maison; dans la cour du cloître bouddhiste, un paysan brasse
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Le couple veut que ses enfants réussissent leur chemin.
Devant le nouveau dépôt, les paysans pèsent la récolte.
Suinang et Hla Kyo partagent les tâches ménagères.
Tumbo Para est un paradis – avec des parts d'ombre politiques.
le riz étalé en faisant de larges mouvements. Les femmes vont au fleuve pour s’y baigner. L’arrivée des policiers militaires rappelle que ce soi-disant paradis est une zone de sécurité, la fragile frontière bengalie avec la Birmanie, longtemps théâtre d’une guérilla sans merci. Pendant des décennies, cette terre des minorités vivant ici était une zone réglementée. Aujourd’hui encore, les étrangers ne peuvent y pénétrer que munis d’un laissez-passer.
Les hommes en uniforme exigent nos autorisations de séjour et une explication. Puis ils dégainent… leurs téléphones portables. Ils prennent des photos, veulent poser avec des étrangers avant de repartir. «Aujourd’hui, ils nous laissent en paix», dit Hla Kyo Ching, qui nous guide à travers son village. Le jeune paysan, âgé de trente ans, ne s’est pas laissé déstabiliser par ce petit incident. Les contrôles sont son lot quotidien. «Lorsque
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REPORTAGE REPORTAGE
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«Nous nous sommes cachés dans la jungle pendant deux ans» j’étais petit, l’armée a même frappé des gens au village», raconte-t-il. Les minorités Jumma, qui peuplent les contrées montagneuses des Chittagong Hill Tracts, ne se sentent pas encore vraiment chez elles au Bangladesh. Chacune des plus de dix ethnies a sa propre culture et sa propre langue. Elles ont toutefois en commun une plus grande ressemblance avec des populations birmanes que bengalies. Que leur région d’origine ait été adjugée au Pakistan oriental lors de la scission de l’Inde dans les années 1950, puis au Bangladesh en 1971, semble être une erreur. Elles vivent une situation difficile, dans un État où il ne devrait officiellement pas y avoir de minorités. «Il y a quelques années, nous pouvions à peine nous déplacer librement, dit Hla Kyo, qui appartient à la culture des Marma. Il nous fallait à chaque fois une autorisation, même pour apporter nos récoltes au marché.» Hla Kyo ne souhaite pourtant pas critiquer la situation actuelle, qui s’est améliorée. Le combat politique s’est en grande partie transformé en une lutte pour les droits fonciers et la survie économique. Obtenir ensemble des prix forts Aujourd’hui, la terre manque aux familles paysannes pour la culture traditionnelle sur brûlis (jumma), mais grâce à l’initiative d’Helvetas, Hla Kyo et les autres paysannes et paysans du village ont appris comment préserver en permanence la fertilité de leurs champs. Ils apprennent à fabriquer le lisier, les engrais et à utiliser peu d’insecticides. Ils découvrent comment éviter l’érosion par un labourage adapté ou grâce au terrassement, comment protéger les semences et aussi quelles variétés productives il convient de cultiver. Mais en priorité, les paysans de Tumbo Para ont appris que l’union fait la force. 89 ménages du village ont formé un groupe de producteurs. Cela porte ses fruits. À l’entrée du village, une lourde balance mécanique est suspendue sous un vieil arbre majestueux. Juste derrière, le toit de tôle ondulée d’une hutte miroite au soleil: c’est le nouveau centre de ramassage où les paysans entreposent provisoirement leurs récoltes. L’époque est révolue où Hla Kyo allait au marché avec ses corbeilles chargées sur transporteur et où il espérait – souvent en vain – vendre un maximum de curcuma, gingembre, patates et bananes. «On essayait de nous extorquer les marchandises à un prix dérisoire. Et le soir nous rentrions avec peu d’argent.» Aujourd’hui les paysans tiennent le couteau par le manche. Un intermédiaire du village, qu’ils ont désigné, surveille les prix et négocie avec les grossistes de la ville. Ces derniers paient bien mieux et sont même disposés, pour une quantité importante, à faire le long trajet jusqu’à Tumbo Para. Hla Kyo fait le compte: avant, il recevait environ 250 Taka (CHF 2.95) pour 40 kilos de tubercules taro, aujourd’hui les grossistes lui donnent 850 Taka (CHF 10.30). Et grâce à la culture améliorée, ses récoltes ont doublé. Ce qui se traduit par un gain presque six fois supérieur, sans perte de temps au marché.
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Kalachan Chakma, 62 ans, a dû fuir de nuit dans les bois avec femme et enfants lorsque son village a été attaqué par l’armée. Le regard de Kalachan Chakma semble toujours se perdre au loin. Mais il veut raconter son histoire. Même si elle est épouvantable. Elle commence le jour où la vie qu’il avait menée pendant 36 ans a pris fin. C’était en 1988, le Bangladesh était gouverné par un régime militaire qui opprimait les minorités des Chittagong Hill Tracts. Un lac artificiel construit en 1960 avait déjà fait 100 000 déplacés. Et le gouvernement commença à établir systématiquement toujours plus de paysans bengalis dans les villages indigènes. Une guérilla régionalement mobilisée, garante des droits des minorités, était donc en conflit depuis 1973 avec les forces gouvernementales. Jusqu’à ce soir fatal où il y eut un affrontement et des morts, également du côté de l’armée. D’où le geste de représailles dans le village de Kalachan Chakma. «Ils sont arrivés à 22h30 et ont tout de suite ouvert le feu, ils ont tiré sur les hommes, les femmes, les enfants. Il y a eu 72 morts. J’ai dû fuir précipitamment avec ma femme et mes trois enfants – le plus jeune était encore un bébé – dans la jungle. Nous avons vécu deux ans dans la forêt. Ceux qui étaient pris étaient enfermés et torturés. L’armée continuait à tirer des missiles dans la forêt, là où elle supposait que se trouvaient des fugitifs. Le pire, c’est quand mon cadet est tombé malade. Nous ne pouvions même pas aller chez le médecin.» Après deux ans, le gouvernement a garanti un retour sans danger des réfugiés. Après de longues hésitations, la famille s’est décidée. Mais leur maison avait été détruite. Ils se sont donc installés dans le village de sa femme, où ils ont dû se battre pour survivre les premières années. Aujourd’hui, ses filles sont mariées. Son fils Shantilala, âgé de 34 ans, est assistant au collège des agriculteurs et il est lui-même paysan. Mais Kalachan Chakma se fait du souci: «Dans le village voisin, des colons ont occupé les terres. Le sol ici nous suffit à peine. Si les colons viennent, nous ne répondons plus de rien.»
REPORTAGE
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Hla Kyo s’occupe tendrement de Ukio Say.
Hla Kyo a construit le four, et Suinang dit que son mari pourrait aussi cuisiner.
À l’intérieur du centre de ramassage, des affiches écrites à la pas établis de façon patriarcale. Ce qui se voit aussi lorsque main sont placardées: un plan du village avec tous les ménages Hla Kyo change sans hésiter le pantalon du petit Ukio Sai, associés, le numéro de téléphone des commerçants, les prix qui vient de se mouiller. Ou lorsque Hla Kyo et Suinang vont actuels du marché et une liste des personnes qui ont contracté chercher de l’eau et lavent la vaisselle ensemble. Il n’est donc un microcrédit pour des semences ou des moyens auxiliaires. pas étonnant que tous deux évoquent leur mariage d’amour. Grâce au groupe, les familles ont bénéficié de l’aide d’insti- «Nous avons passé toute notre vie au village, l’amour a eu tout tutions locales de microfinance. Hla Kyo a lui aussi fait deux le temps de grandir.» petits emprunts qu’il a déjà remboursés, comme le révèle Mais assez parlé, Hla Kyo jette un régime de bananes l’affiche. sur son épaule, puis un sac de pommes de terre et les porte au Il y a aussi une mystérieuse liste qui répartit toutes les centre de ramassage. «Où poussent vos fruits? Nous aimerions familles dans des groupes, de A à D, de riches à pauvres. Les voir votre champ.» – «C’est impossible», répond Hla Kyo. gens sont-ils mis au pilori? «Au contraire», dit Umme Habiba, responsable de projet d’Helvetas. L’équipe de projet a établi Champ avec risque de chute cette liste pour que les habitants saisissent la dynamique du Tôt le lendemain matin. Pendant trois quarts d’heure, nous village. Bon nombre d’entre eux ont progressé grâce à la nou- avons gravi des pentes escarpées au pas de course, pataugé velle initiative. Mais pourquoi la catégorie A est-elle vide? pieds nus dans le lit d’un ruisseau qui se transforme en fleuve «Nous ne pensons pas qu’une personne aussi riche habiterait à la mousson, nous nous sommes retenus à des plantes, avons dans notre village», explique Hla Kyo. escaladé des monticules de bambous roussis, cherchant touLui et son épouse jours à suivre l’allure de Suinang, âgée de 28 ans, ne Hla Kyo et de Suinang, qui sont allés que quelques anavancent à un rythme sou«Il y a quelques années, nous nées à l’école. «Nous étions tenu, tongs aux pieds et très pauvres», confie-t-il. chargés d’outils. pouvions à peine nous déplacer Il était l’aîné d’une fratrie Le soir précédent, librement» Hla Kyo Ching, paysan de montagne de sept. Ce qui représentait Hla Kyo avait catégoriqueune grande responsabilité et ment rejeté notre demande beaucoup de travail. «Ce fut – «trop loin, trop pentu, une enfance difficile», avoue Hla Kyo. Tous deux aimeraient trop dur» – mais avait fini par accepter, devant notre insisfaire autrement. «Deux enfants, c’est suffisant», disent la mère tance. et le père, indépendamment l’un de l’autre. Leur fille Pining U, Nous sommes hors d’haleine lorsque Hla Kyo s’arrête sept ans, est en deuxième année et le petit Ukio Sai a un an et brusquement. Suinang s’éponge le front. demi. «Les enfants doivent aller loin. C’est pour cela que nous «Comment arrive-t-on à vos champs?» travaillons», ajoute Suinang. Et tous deux travaillent main «Nous y sommes», dit Suinang. dans la main. «Mon mari sait même cuisiner», révèle-t-elle. Nous sommes sur une crête dans un paysage montaDans les Chittagong Hill Tracts, les rôles des genres ne sont gneux, comme dans un dessin d’enfant: en haut, à peine assez
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REPORTAGE
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de place pour se tenir debout, et le précipice des deux côtés. La pente que Hla Kyo indique est si raide que seule la fenaison y serait imaginable en Suisse. Hla Kyo a reçu cette terre de son père. Presque 20 000 mètres carrés, ce qui semble énorme pour un paysan pauvre. Mais en arrivant, on voit que cette terre ne représente pas une richesse mais une corvée. Les champs plats sont rares dans les Chittagong Hill Tracts. Et c’est seulement sur les pentes abruptes que les Jumma ne sont pas opprimés par les colons bengalis: ces derniers délaissent les plaines peuplées pour ces régions, appuyés par l’armée et le gouvernement dont la politique agressive de colonisation ignore les droits fonciers traditionnels des minorités (voir encadré p. 9). Il faut un peu de temps avant de comprendre: chacun des versants de ces montagnes abruptes est une terre agricole. De chaque côté de la vallée, d’autres familles travaillent les champs, on entend leurs voix au loin. Peu à peu, le regard distingue des plantes cultivées dans la végétation apparemment sauvage. Hla Kyo nous aide: cette herbe est du gingembre, plus loin il a planté du curcuma, des patates et des tubercules taro. On voit un arbre dont on peut manger les fines feuilles et les haricots. Hla Kyo indique un régime de bananes encore sur sa branche. «C’est le plus beau. Dès le début, je l’ai destiné au cloître bouddhiste. Pour une bonne récolte.» Plus loin prospère son dernier investissement: la papaye. C’est dans des cours que Hla Kyo et Suinang ont appris à diversifier leur culture. Puis ils se mettent tous deux à casser la terre avec des râteaux afin de la préparer pour les semis. Ils doivent prendre garde à ne pas tomber lorsqu’ils soulèvent leurs outils.
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questions à Jatan Kumar Devan, de l’organisation partenaire locale Green Hill
En 1997, la guérilla dans les Chittagong Hills Tracts a pris fin avec un accord de paix. Pourquoi les minorités ontelles encore et toujours besoin de soutien? L’accord a mis fin aux effusions de sang. Mais à ce jour, il n’est pas encore appliqué, les gens souffrent sur le plan social, politique, économique. Les droits fonciers traditionnels n’ont pas été reconnus. Nous voulons donc soutenir les personnes dans les délicates et difficiles questions foncières. Au niveau local, il y a des points positifs. Quels sont ces points? Les gens doivent savoir que l’on peut exiger des droits fonciers et faire enregistrer la terre. De plus, il serait possible d’utiliser les forêts communales. Le lobbying peut inciter les autorités locales à rendre les droits fonciers et à stopper la colonisation des terres. Nous pouvons également négocier avec les représentants du village afin qu’ils attribuent la terre aux plus pauvres. Seule la terre leur confère une certaine sécurité. Vous avez visité des projets d’Helvetas semblables au Népal. Qu’y avez-vous appris? Nous avons fondé des conseils de développement du village à l’image de ceux du Népal. Il s’agit chez nous d’organes informels, mais avec les mêmes objectifs sociaux.
Avec son visage mince et sérieux et ses petites rides au coin des yeux, Hla Kyo passerait pour un instituteur. Mais il est un paysan, corps et âme. Et prospère, de surcroît. Sa famille s’est déjà hissée dans la colonne B de la liste du centre de ramassage. Il n’aime pas s’en vanter. Mais lorsqu’on aborde le sujet, il dit avec modestie et conviction: «Nous vivons bien mieux que nos parents. Rares sont les jeunes gens à pouvoir dire qu’ils possèdent une maison telle que la nôtre.» La nouvelle maison est construite avec des briques de ciment et recouverte d’un toit de tôle ondulée. Hla Kyo l’a bâtie de ses propres mains. Il a même installé l’électricité. Et fabriqué à la cuisine le four en argile et sa cheminée. Bientôt, il enduira la maison de chaux et installera des cadres de fenêtres, qu'il veut orner de sculptures. Le jeune couple a déjà pu bâtir une maison en pierres.
Traduit de l’allemand par Elena Vannotti
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FOCUS
«Assez équitable? Débat sur le Fairtrade»
QUEL VRAI COMMERCE ÉQUITABLE? Celui qui achète des produits Fairtrade veut contribuer à des relations commerciales Nord-Sud plus équitables. Mais le label Fairtrade tient-il ses promesses? Les voies du commerce alternatif sontelles plus utiles aux petits agriculteurs du Sud? Faut-il donner davantage de poids au Fairtrade? Discussion sur le commerce équitable. © Flurina Rothenberger
Modérateur: Mike Weibel Si j’achète du café Fairtrade au magasin bio, chez Claro ou au supermarché, il coûte quelques francs de plus que le café classique. Quelle part de ce supplément touche le producteur de café? Adrian Wiedmer, gebana: Assez peu, car le traitement, l’emballage et la commercialisation se font au Nord. Le calcul est plus avantageux pour une banane. Comme consommateur, j’éprouve un sentiment d’impuissance à l’idée que jusqu’à 90% de ce surcoût n’aboutira pas chez le producteur. Nadja Lang, Max Havelaar (Suisse): La vraie question est de savoir ce qui se passe pour le producteur lorsque j’achète du Fairtrade. Pour une banane équitable, les cultivateurs touchent 50% de plus que pour une banane à bas prix. Pour les bas revenus du Sud, la différence est énorme. Ce qui compte, c’est que le Fairtrade offre bien plus aux producteurs qu’un prix correct. Selon une étude récente, le Fairtrade libère les producteurs de la misère mais ne leur garantit pas un revenu minimum. Un documentaire a présenté il y a peu les conditions de travail précaires dans les plantations Fairtrade. En tant que consommateur de Fairtrade, j’attends pourtant des effets plus positifs sur les conditions de vie. Tobias Meier, Helvetas Fairtrade: Nous réalisons un nouveau modèle économique
Nadja Lang, directrice de Max Havelaar (Suisse).
dans un environnement très complexe. Il a des aspects négatifs mais il s’agit d’un processus continu. Il faut s’attaquer aux failles sans pour autant remettre chaque fois le système en question. Nadja Lang: Dans cet exemple, des gens pauvres engagent plus pauvres qu’eux comme journaliers. Nous sommes conscients du problème des saisonniers et cherchons à le résoudre depuis longtemps. L’impact du Fairtrade dépend beaucoup de la quantité: lorsqu’une coopérative ne peut écouler que 3% de sa récolte via les créneaux du Fairtrade, l’effet est forcément moindre. D’où l’importance de notre programme de
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«sourcing» mis sur pied début 2014: si nous pouvons certifier les différents composants tels que le cacao, le sucre ou le coton sans avoir à certifier le produit final (lire en p. 16), alors les producteurs peuvent vendre des quantités bien plus grandes à des conditions équitables. Pour les paysans, seule la quantité vendue compte – peu importe qu’au final, un chocolat contienne 15 ou 20% de cacao Fairtrade. L’histoire du commerce équitable a commencé il y a 40 ans. Au cours de cette période, sommes-nous parvenus à transférer la valeur ajoutée dans les pays en développement pour que les producteurs, qui livrent la matière première au commerce équitable, participent aussi à la transformation? Tobias Meier: C’est largement le cas pour les articles artisanaux du Fairshop d’Helvetas. Dans d’autres domaines c’est très difficile. Depuis le début de notre engagement pour la culture du coton en Afrique de l’Ouest il y a 15 ans, nous cherchons en vain à encourager l’industrie du textile à investir sur place. À cela s’ajoute le fait que nos exigences quant à la qualité du traitement du coton bio sont grandes pour qu’au final, un prix plus élevé soit justifié. Adrian Wiedmer: Pour des raisons pratiques, nous ne pouvons pas torréfier le café en Amérique centrale ni fondre le chocolat en Afrique. Dans certains pays, on se confronte aux obstacles techniques du commerce, au manque de capital, au
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Nadja Lang: De nombreux exemples montrent que la création de valeur ajoutée locale est possible. Il fut un temps où une coopérative de paysans en Équateur ne récoltait que les bananes, alors qu’au-
Tobias Meier, directeur d’Helvetas Fairtrade.
jourd’hui elle couvre toute la chaîne jusqu’au port pour l’exportation. Elle a commencé par investir une partie de la prime Fairtrade dans des stations de lavage et d’emballage et fini par exporter elle-même. Une grande partie des primes Fairtrade est investie dans la production et le traitement, car les producteurs sont de plus en plus conscients que la qualité génère davantage de valeur. Réussit-on à accueillir de nouveaux groupes de producteurs dans le système du Fairtrade? Adrian Wiedmer: La tendance actuelle est de rendre équitables les chaînes de valeur ajoutée conventionnelles. Le
Fairtrade connaît ainsi une forte croissance dans les économies émergentes et toujours plus de plantations se font homologuer au Sud. Sur le plan de la politique de développement, il faut cependant offrir un accès au marché à plus de pays pauvres et de petits paysans.
© Flurina Rothenberger
manque de connaissances, etc. Mais nous persévérons. Au Burkina Faso par exemple, nos partenaires ne vendent plus de noix brutes à l’Inde, mais des noix transformées, ce qui a généré beaucoup de places de travail.
Nadja Lang: L’objectif de Max Havelaar est de créer un marché mondial plus juste, afin que les petits agriculteurs et travailleurs puissent prendre leur vie en main. Cette revendication concerne autant les pays en développement pauvres que les pays émergents, où les différences de revenus sont souvent très grandes. Et cela s’applique aussi bien aux petits agriculteurs qu’aux travailleurs des plantations.
Adrian Wiedmer, directeur de gebana.
Les conditions nécessaires à une certification manquent pourtant souvent aux pays pauvres. Tobias Meier: Nous pouvons créer des partenariats sans avoir tout de suite à les certifier. Chez Helvetas, nous avons notre propre «code of business practice» pour l’artisanat. Claro soutient de tels processus avec son fonds de producteurs. gebana procède de façon similaire. C’est précisément sur le marché alternatif que nous pourrions avancer d’un grand pas avec le soutien de Max Havelaar.
Comment se développe le marché équitable? Nadja Lang: Il y a 10 ans, lorsque j’ai débuté chez Max Havelaar, les négociations avaient pour but de placer un à deux produits dans les rayons. À présent, nous parlons déjà de généraliser le Fairtrade et de grands détaillants modifient des assortiments entiers. Le fait que toujours plus de multinationales s’engagent pour le commerce équitable est une évolution prometteuse.
Certes le marché équitable est une réussite, surtout en Suisse. Mais la part de marché est de l’ordre de 1 à 2%. Tobias Meier: Le Fairtrade a gagné en crédibilité avec les prestataires de niche tels qu’Helvetas Fairshop, Claro ou gebana. Mais aujourd’hui, chaque commerçant doit s’interroger sur la provenance des articles qu'il vend et sur leurs conditions de production. Si la sensibilisation au Fairtrade fait que des multinationales se tournent aussi vers des pratiques commerciales équitables, cela peut avoir un grand impact. Plus la part du marché du Fairtrade augmente, plus l’effet sera grand pour les producteurs.
Adrian Wiedmer: Le label Fairtrade de Max Havelaar s’inscrit dans les échanges commerciaux classiques; mais d’autres critères s’appliquent à la production. Or, la répartition des tâches est telle que nous perdons la vue d’ensemble de l’impact ou ne l’évaluons pas suffisamment à long terme. Des sociétés comme gebana vont plus loin: nous avons des contacts réels, investissons sur place et cherchons à améliorer la qualité avec les producteurs. Malgré le risque, nombre de clients de gebana sont partants pour investir de l’argent sous forme de prêts dans de tels projets. Aujourd'hui déjà, des producteurs du Sud prennent part à une marque du Nord. Il règne une at-
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Commentaire de l’invité
Nadja Lang: Il est faux de dire que le Fairtrade ne fait qu’imposer des exigences à la production. L’organisation démocratique des associations de producteurs, mais aussi les exigences imposées au commerce tels que le prix minimum et les relations à long terme, sont des éléments importants qui n’existent pas dans le commerce conventionnel. Nous, les différents acteurs du marché équitable, devrions réfléchir aux démarches à entreprendre ensemble pour obtenir le maximum, plutôt que de nous critiquer mutuellement. Notre présence à tous est essentielle.
Nadja Lang est directrice de la fondation Max Havelaar (Suisse). L’organisation à but non lucratif a été fondée en 1992 avec l’objectif de permettre à un large public d’accéder à des produits équitables et issus d’une culture durable. Max Havelaar est membre de Fairtrade International. Grâce au commerce équitable, elle améliore les conditions de travail des petits paysans et des travailleurs des plantations dans les pays en développement et émergents. Helvetas est l’une des associations fondatrices et responsables de Max Havelaar. www.maxhavelaar.ch. Tobias Meier est directeur d’Helvetas Fairtrade. Helvetas s’engage depuis 1977 pour des relations commerciales équitables et travaille en étroite collaboration avec des organisations de producteurs. Helvetas Fairtrade vend des produits dans le magasin HELVETAS FAIRSHOP, mais collabore aussi avec des partenaires du secteur privé. Dans le cadre des projets Helvetas et des prestations de conseil, elle favorise la création de coopérations Fairtrade avec des multinationales et des grands distributeurs. www.fairshop.helvetas.ch Mikel Weibel est conseiller en communication indépendant avec une longue expérience journalistique. Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
© Flurina Rothenberger
Tobias Meier: Il y a en effet quantité de grands et de petits commerçants dont l’engagement ne va pas jusqu’à vouloir connaître personnellement tous les producteurs. Pour eux, le label de qualité tel que celui de Max Havelaar est une bonne solution. Les vrais partenariats que le marché alternatif propose, avec ou sans label Max Havelaar, peuvent cependant avoir valeur d’exemple pour les acteurs de premier plan.
Adrian Wiedmer est directeur de gebana AG. La société commerciale gebana (dérivée de «GErechte BANAnen») est née du mouvement pionnier des femmes-bananes en 1998 (lire en p. 15). gebana AG commercialise aux grossistes et aux exportateurs des produits équitables issus de pays en développement et travaille directement et en étroite collaboration avec les producteurs. Les maisons gebana au Sud sont certifiées Max Havelaar. www.gebana.com
De l’importance de la traçabilité Avant de lancer un produit sur le marché, une entreprise responsable devrait pouvoir répondre à trois questions: Quelle est son utilité? Comment est-il fabriqué? Où est-il fabriqué? Les entreprises qui indiquent l’utilité, les conditions et lieu de production partagent des informations essentielles avec leurs clients. Elles les mettent en condition pour utiliser leur pouvoir d’achat intelligemment. Malheureusement, l’évolution va plutôt dans le sens inverse. Au sein de l’UE, les entreprises ne sont parfois même plus obligées d’indiquer la provenance d’un produit. Si on me demandait mon avis, j’interdirais la vente de produits qui ne fournissent pas de réponses détaillées aux trois questions citées plus haut – comme on interdit aux voitures de circuler sans plaque d’immatriculation. En 2006, j’ai lancé www.respectcode.org, avec Switcher comme premier client. Cette plateforme permet de retracer les différentes étapes de la fabrication d’un produit. Les raisons sont évidentes: la transparence justifie ses propres activités. À la question de savoir si le «Fair Trade» doit créer des chaînes d’approvisionnement spécifiques ou s’il peut utiliser les canaux traditionnels existants, ma réponse est que les chaînes existantes sont tout à fait compétentes, à la condition qu’une traçabilité totale et accessible à tous soit mise en place. Aujourd’hui plus de 40 millions de produits possèdent un respect-code.
Robin Cornelius, fondateur de Switcher SA
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mosphère de renouveau dans le marché alternatif. Je peux imaginer que paysans et consommateurs formeront des filières d’ici à 50 ans – sans importateurs, exportateurs, commercialisation ni certification.
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UNE FEMME PIONNIÈRE Elle voulait simplement distribuer des bananes sur la Kirchplatz à Frauenfeld. Treize ans plus tard, les magasins suisses vendent les premières bananes produites de manière équitable au Nicaragua. Ursula Brunner, pionnière du Fairtrade, évoque une vie trépidante.
Ursula Brunner, une pionnière du Fairtrade.
feld, les femmes distribuent 600 kilos de bananes en demandant: «Pourquoi ces fruits sont-ils si bon marché alors que les travailleurs des plantations sont si pauvres?» Les réactions sont mitigées. «Certains nous disaient de rentrer chez nous auprès de nos maris et de nos enfants.» Mais Ursula s’enflamme. Avec l’idée d’importer des bananes équitables en Suisse, elle se rend en 1976 au Guatemala où l’Union des pays exportateurs de bananes, nouvellement fondée, envisage un marché sans passer par des entreprises transnationales. Ce n’est que trois jours après le début de la conférence qu’Ursula ose s’y montrer. Armée de quelques bribes d’espagnol, elle tend une main tremblante au président de l’Union. Mais les délégués sont enchantés par les idées de la Thurgovienne. «Par chance, ils ne parlaient que de bananes et nous nous sommes compris!» dit Ursula en éclatant d’un rire si fort et contagieux, que le soulagement ressenti à l’époque réapparaît sur son visage. Des séjours annuels en Amérique centrale suivent et finalement les épiceries suisses vendent des bananes «fair» du Nicaragua en 1986, puis celles du Costa Rica en 1994. Pour cela, celles qui ont été appelées les «Bananen-
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frauen» ont fondé la «Communauté de travail pour un commerce de bananes plus juste – gebana». Avec l’apparition en 1998 des premières bananes labélisées Max Havelaar sur les rayons de Migros et de Coop, l’engagement de gebana pour les bananes trouve son épilogue. L’association devient alors la société gebana AG, spécialisée dans le commerce de gros et l’envoi de produits équitables venant de pays en développement. Ursula Brunner, qui a longtemps siégé au comité central d’Helvetas, est toujours sollicitée par des personnes souhaitant apporter plus de justice aux gens et à l’environnement. Désormais cette mère de famille de sept enfants, sans titre académique, ne souffre plus des rires que son engagement a souvent suscités. On lui répétait souvent: «Si tu n’y comprends rien, tu ferais mieux de te taire.» Mais difficile d’imaginer une Ursula Brunner silencieuse. Kathrin Krämer est collaboratrice pour la communication chez Helvetas Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter © zVg
Ce qui étonne Ursula Brunner dans sa propre histoire, c’est tout ce qu’une personne peut faire démarrer. «L’argent et le pouvoir peuvent faciliter les choses. Mais le point central du changement est l’engagement de chacun.» Lorsque cette petite dame de 89 ans parle, ses yeux vifs ne vous quittent pas. Tout commence avec le film «Bananera Libertad», réalisé en 1971 par le cinéaste Peter von Gunten sur demande d’Helvetas, qui dévoile la misère des familles travaillant dans les plantations d’Amérique centrale. Ursula, qui voit le film en 1973 lors d’une réunion de femmes de sa paroisse, est bouleversée. Et lorsque Migros baisse de 15 centimes le prix des bananes qui s’élève à CHF 1.50 le kilo, une chose est claire pour ces femmes: il faut agir. Mais Migros ne se laisse pas con vaincre et refuse d’investir dans des projets de développement le montant libéré par la dépréciation du dollar. Les femmes lancent alors un appel demandant que, pour chaque kilo de bananes acheté, 15 centimes soient rétrocédés à Migros. «Lorsque des messieurs de la Migros, en colère, nous ont reçues, ils se tenaient devant deux tables recouvertes de bulletins de versement», raconte Ursula en riant. Faute d’accord, d’autres actions vont suivre. Des petits magasins reprennent l’idée de percevoir et de faire don d’un supplément facultatif de 15 centimes par kilo de bananes. À Frauen-
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Par Kathrin Krämer
Premières bananes équitables dans les magasins Volg: en 1994, Ursula Brunner visite une filiale avec des producteurs du Costa Rica.
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NOUVELLES RECETTES De nouveaux labels de Max Havelaar facilitent l’accès des entreprises de transformation et des détaillants au commerce équitable. Mais un biscuit est-il équitable si un seul de ses nombreux ingrédients provient du commerce équitable?
Par Hanspeter Bundi L’idée du commerce équitable est la suivante: les consommateurs du Nord paient pour des biens provenant du Sud un prix qui n’est pas déterminé par les fluctuations du marché ou la spéculation, mais par le travail nécessaire à la fabrication du produit. Le cultivateur de coton, la couturière de pyjamas ou de ballons de foot, la planteuse de bananes et le cueilleur de café doivent tous pouvoir vivre dignement du fruit de leur travail, participer à la construction de leur société et de leur pays, avoir le droit de s’organiser. Les premiers activistes du commerce équitable sont intervenus dans les secteurs où ils pouvaient directement contrôler les conditions de travail et de salaire. Dans les pays du tiers-monde, comme on les appelait alors, il s’agissait presqu’exclusivement de la vente de matières premières: bananes, café, cacao, ou encore thé. Le choix était limité dans les années 1970 et 1980, mais le chiffre d’affaires augmentait annuellement d’un pourcentage substantiel. Bien agir et le faire savoir Le commerce équitable faisait et fait toujours face à un système commercial mondial qui spécule avec n’importe quel bien agricole, allant des produits de base comme le maïs aux denrées comme le cacao. «Investir dans l’huile de palme pour un rendement allant jusqu’à 9% par an», peut-on lire sur le site d’un prestataire allemand de services financiers. L’annonce éclaire un système qui pollue l’environnement et verse de bas salaires dans le Sud, tout
en conservant les grands profits dans le Nord. Le commerce équitable est encore loin de transformer radicalement ce système. «Ce n’est que lorsqu’un produit précis atteint une part de marché de 5% que le commerce équitable est considéré comme un partenaire ou un concurrent à prendre au sérieux, du point de vue des autres acteurs commer-
Dans le quotidien industriel, il est courant que même le chocolat pur soit fabriqué à partir de différents cacaos. ciaux», estime Tobias Meier, responsable Helvetas Fairtrade. Pour atteindre cet objectif, le commerce Fairtrade doit attirer davantage d’entreprises de transformation et d’organisations de détaillants. En règle
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générale, celles-ci ne suivent que si elles peuvent présenter leur propre argumentation du commerce équitable aux clients. Certaines le tentent en créant leur label. Comme leur crédibilité est restreinte, de nombreux producteurs et détaillants cherchent à nouer des liens avec des organisations indépendantes comme Max Havelaar, et retournent dès le départ à la question centrale: quand un produit est-il équitable? La réponse est facile en ce qui concerne le café du Pérou ou le miel du Guatemala: ils viennent de grands groupes de familles paysannes qui reçoivent des prix corrects et stables pour leurs produits. Leurs coopératives utilisent la prime Fairtrade pour les écoles, l’approvisionnement en eau ou l’électricité, soit des installations qui profitent à tous. La traçabilité est garantie. «Une banane portant un label Fairtrade a été cueillie par un agriculteur certifié Fairtrade», lit-on sur le site de Max Havelaar. Des biscuits équitables? Pour la plupart des produits dispo-
© Keystone/Gaetan Bally
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Chaque biscuit est composé de plusieurs ingrédients – un défi pour la certification Fairtrade.
nibles en Suisse, la question se complique. En effet, ces produits comportent de nombreux ingrédients dont seuls certains sont certifiés équitables. Par exemple pour les biscuits truffés en forme de cœur, que l’entreprise familiale Trubschacher fabrique sous la marque Kambly, le cacao provient du commerce équitable tandis que la farine, le sucre et le lait viennent de Suisse. Si ce «Swiss Made» et la transformation de produits régionaux sont certes à encourager, la part de chocolat de ces biscuits est trop faible pour qu’ils aient droit au label Fairtrade. Dans le quotidien industriel – pour citer celui des fabricants de douceurs – il est courant que même le chocolat pur soit fabriqué à partir de différents cacaos issues de plusieurs filières commerciales diverses. Pour
complexe
que le commerce équitable trouve sa place dans de tels produits mixtes, Max Havelaar a créé au début de 2014 le label «Fairtrade Cocoa Program». Il préconise un engagement au niveau d’une seule matière première comme le cacao, le sucre ou le coton. Pour pouvoir inscrire ce label sur les emballages de ses biscuits truffés, l’entreprise Kambly doit acheter au moins toute la quantité de cacao nécessaire à leur fabrication. Elle peut ensuite utiliser ce cacao librement dans d’autres de ses produits en fonction du goût et du processus de fabrication. Cela peut être pour l’enrobage, les éclats de chocolat des sablés ou justement pour les biscuits truffés en forme de cœur. Le programme Fairtrade pour le cacao se base donc sur le bilan de masse d’un produit, ce qui a pour avantage de diversifier les possibilités de vente des articles équitables. L’inconvénient est que le client achetant du chocolat certifié «Fairtrade Cocoa Program» consomme potentiellement aussi du cacao du commerce conventionnel. Mais il a la garantie que le fabricant a acheté une grand quantité –précisément définie – de cacao équitable. Cette garantie est valable également pour les programmes de Max Havelaar pour le sucre et le coton. Souvent, les familles de petits paysans ne peuvent vendre qu’une partie de leur récolte à des conditions équi-
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tables: les nouveaux programmes ont été créés pour qu’elles puissent avoir davantage de débouchés, indépendamment du fait que le cacao, le sucre ou le coton soient utilisés dans un produit portant le nouveau ou l’ancien label Max Havelaar. Ces nouveaux labels sont controversés. Selon leurs détracteurs, le principe du commerce équitable serait dilué. Pour les consommatrices et consommateurs, ce serait émotionnellement plus difficile encore de comprendre l’origine des produits. De plus, cela permettrait aux sous-traitants d’améliorer leur
Le nouveau label se présente ainsi pour chaque différent produit: cacao, sucre ou coton
image à bon compte. Tobias Meier qui, outre sa fonction chez Helvetas, siège au comité de l’organisation faîtière Swiss Fair Trade, prend ce débat avec calme et défend une vision pragmatique: «Il m’importe peu que Claro utilise une certaine quantité de cacao pour un pur chocolat équitable ou qu’un grand groupe de sucreries achète la même quantité de cacao équitable qui sera mélangé dans toute sa gamme de produits. Ce qui compte, c’est qu’un maximum de familles paysannes puissent obtenir de meilleurs prix pour leur travail et que les primes Fairtrade permettent de réaliser autant d’infrastructures communautaires que possible.» Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle
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EN SAVOIR PLUS Sur le thème du focus «Assez équitable? Débat sur le Fairtrade»
Livres et dossiers
Film et Audio
Le tour du monde équitable Éric St-Pierre, 2010, éd. de l’Homme CHF 46.20 Le photo-reporter Éric St-Pierre a suivi des filières du commerce équitable dans 15 pays sur trois continents. Il a rencontré des artisans au Bangladesh, des cultivateurs de café en Éthiopie ou encore des producteurs de coton au Mali et il s’est intéressé à la transformation de chaque produit. Un livre qui révèle les défis du commerce solidaire et va à la rencontre des femmes et des hommes qui bâtissent un monde plus juste.
Blood in the Mobile – du sang dans nos portables Frank Piasecki Poulsen, documentaire, Danemark 2010, 58 min. La guerre civile meurtrière en RDC a été financée par le commerce illégal de minerais, entre autres un métal rare qui entre dans la composition de nos portables. Le cinéaste Frank Poulsen s’est rendu en RDC et a enquêté pour découvrir que des enfants, sous le contrôle de groupes armés, extraient à mains nues le minerai radioactif dans la plus grande mine du Kivu. Sur Arte: www.arte.tv.com → recherche → blood in the mobile Sur YouTube: www.youtube.com/user/bloodinthemobile
Quel commerce équitable pour demain? Collectif, éd. Charles Leopold Meyer 2009 Cet ouvrage invite à découvrir les multiples visages d’un mouvement qui cherche à retrouver l’humain derrière le consommateur, la communauté derrière le producteur et à redéfinir le lien social et politique. Réflexions sur les enjeux que le commerce équitable soulève, sur un commerce international plus juste et les possibilités d’un marché alternatif fondé sur d’autres valeurs. Télécharger gratuitement sur www.eclm.fr/ouvrage-335.html ex aequ
n° 47 - septembre 2014
Vers un commerce équitable à deux deux vitesses ? vitesses? Association romande des Magasins du Monde, magazine Ex Aequo, septembre 2014 Questions et défis du mouvement du commerce équitable. Comment augmenter la part des produits équitables dans le commerce international avec l’exigence de plus d’équité? À télécharger sur www.mdm.ch ou demander un exemplaire gratuit au 021 661 27 03, ou par courriel à info@mdm.ch j ournal des Magasins du Monde
Vers un commerce équitable à
Vie du mouvement Voyage au Piémont
Dossier Une évolution controversée Le point de vue des pays les moins avancés Au-delà d’un prix équitable Voix des producteurs Deux nouveaux partenaires apicoles du Guatemala : CIPAC et COPIASURO Le produit Oromo : le café équilibré et équitable
Photo: Fabio Sagliocca, claro fair trade
Fairtrade, un business comme les autres ? Dossier de la Fédération romande des consommateurs, 2014 Entre la nécessité de faire décoller les ventes et la volonté de conserver ses valeurs citoyennes, le Fairtrade est à la croisée des chemins et l’enquête de la FRC permet d’en savoir plus. À télécharger gratuitement sur www.frc.ch/fairtrade
Fairphone Fairphone est une coopérative néerlandaise, créatrice d’un smartphone portant le même nom: le Fairphone, dont la conception et la production ont été pensé pour intégrer des contraintes environnementales et de commerce équitable. Emission sur la radio suisse romande, juin 2013 www.rts.ch → info → sciences.tech → Fairphone
Liens www.fairshop.helvetas.ch Des idées de cadeaux venant de tous les coins du monde, proposés par HELVETAS FAIRSHOP. Si nous recevons vos commandes jusqu'au 16.12. (colis B), et 21.12.(colis A), les colis arriveront à temps pour Noël! www.youtube.com/user/ClipAward2012/videos Sur le canal d’Helvetas, les clips vidéos tournés dans le cadre de notre concours Clip Award 2012 ont été réalisés sur le thème «No Fair – No Deal!» www.maxhavelaar.ch/fr/cuisine/cuisiner-equitable Nous cuisinons équitable! Sur le site de Max Havelaar, vous trouvez des recettes avec des produits du commerce équitable et concoctées par de grands chefs. www.fairtradetown.ch La campagne internationale a démarré en Suisse. Les villes et les communes suisses peuvent briguer la distinction et devenir Swiss Fair Trade Town. Les particuliers, les commerces, les restaurants, les hôtels, les entreprises et les institutions, les pouvoirs publics peuvent s’inscrire sur la plateforme en ligne. Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de la campagne.
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DES ANDES AUX ALPES Le paysan bolivien Don Miguel Ortega a visité la Suisse sur l’invitation d’Helvetas. Il pose un regard perspicace sur les similitudes et les différences entre le quotidien dans les Alpes et dans les Andes.
Miguel Ortega sur l'alpe Butzli: traite des chèvres.
tion de l’alpage. Elle lui a été transmise par sa mère, qui l’a probablement elle aussi reçue de ses parents. Don Miguel se fait traduire chaque mot et approuve de la tête. Les thèmes sont les mêmes que dans les processions et les cérémonies sacrificielles de l’altiplano: l’invocation des saints, la santé du bétail, la prière pour la protection de la foudre, de la grêle et des pluies diluviennes. Cette dévotion et cet attachement à la Pachamama, la Terre Mère,
n’empêche pas Don Miguel de se confronter à la technique et au savoir scientifique. Son carnet de notes et sa caméra regorgent de témoignages de la Suisse si bien organisée: l’installation de traite automatique dans une grande exploitation, les enchevêtrements des voies ferrées à la gare de Zurich, un élevage intensif de poulets comptant des milliers de poules pondeuses, des cultures productives et des animaux bien nourris. Ce sont les témoignages d’un monde paysan plus riche et mieux protégé que les petites exploitations de l’aride altiplano. Les bonnes années, celles-ci nourrissent une famille, mais lorsque la récolte est mauvaise, toute une région peut être précipitée dans le besoin. Don Miguel n’est-il pas jaloux d’entendre et de voir tout cela? «Pourquoi le seraisje?, répond-il, les familles paysannes suisses ont bien aménagé leur vie. Nous sommes en train d’améliorer notre production. Dans la vie, nous avons chacun nos propres avantages et nos propres défis.» Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle
© Michele Limina
Le matin, en traversant le lac des Quatre-Cantons en bateau à vapeur, il a vu la Suisse sous ses plus beaux atours. Mais à présent, sous une pluie battante, il écoute une alpagiste réciter la bénédiction de l’alpage dans le val Maderan. Ici, tout est si différent de chez lui. Les prairies et les champs d’un vert intense, les forêts étendues, la pluie qui tombe toute l’année, la mécanisation de l’agriculture même dans les petites exploitations. Miguel Ortega, petit paysan de l’aride altiplano bolivien, observe tout d’un œil très attentif et note ce qui pourrait lui être utile, chez lui à 4200 mètres d’altitude. Les lecteurs et lectrices de Partenaires connaissent déjà Don Miguel. En mai dernier, un reportage était consacré à ce paysan yapuchiri qui est aux petits soins pour sa terre, qui connaît les traditions et aussi les techniques modernes et qui transmet ce savoir à ses collègues. En juin, Helvetas a invité Don Miguel en Suisse. Lors de l’assemblée générale d’Helvetas et d’un colloque sur l’Année Internationale de l’agriculture familiale, Don Miguel a évoqué la vie familiale dans sa petite exploitation, et ce projet des familles paysannes qui adaptent leur manière de travailler aux changements climatiques pour prévenir les catastrophes. Il a aussi parlé du succès éclatant qu’il a obtenu avec le traitement biologique de son champ de pommes de terre, auparavant détruit par la grêle. En cette soirée pluvieuse sur l’alpe de Butzli, ce n’est pas de production biologique qu’il s’agit, ni de la fabrication d’engrais aux herbes ou de fertilisants minéraux, mais d’un accès spirituel à la réalité. Miguel ôte son chapeau lorsque Raphaela Brand, alpagiste à temps partiel et collaboratrice du SECO, fait résonner dans la vallée la bénédic-
© Michele Limina
Par Hanspeter Bundi
L’alpagiste Raphaela Brand et Miguel Ortega discutent de leurs expériences de traite.
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PERSPECTIVES EN AFGHANISTAN Vu de l’Occident, l’Afghanistan est un État en déroute, sans structures ni autorités capables de fonctionner. C’est aussi le pays des talibans fondamentalistes et des milices privées et pillardes des seigneurs de la guerre. La coopération au développement y est-elle encore possible après le départ des forces de combat étrangères? Helvetas y restera-t-elle? Qu’en est-il de la sécurité des collaborateurs?
Par Hanspeter Bundi
Promouvoir la communauté Kaspar Grossenbacher, coordinateur de programme pour l’Afghanistan depuis 2004, connaît bien ce pays pour s’y être rendu régulièrement et en avoir parlé lors de nombreux débats. Il a par exemple participé à l’étonnante histoire des boulangeries communautaires dans la vallée de Kahmard au centre du pays, où les hommes devaient arpenter les collines désertiques pendant des jours pour ramasser du bois pour les fours à
pain de leur maison. Les boulangeries ont été aménagées dans 37 villages, elles fonctionnent au charbon provenant d’une mine locale. La coupe des derniers arbustes sur les versants fragiles des montagnes a été freinée, et les fours communautaires sont devenus un point de rencontre apprécié des femmes traditionnellement confinées à la maison. Lorsqu’une entreprise chinoise a repris la mine locale et s’est mise à exporter le charbon vers le Pakistan, les fours communautaires ont été mis à l’arrêt. Mais la population a protesté, si bien que les autorités locales ont de nouveau autorisé les habitants de la région à s’approvisionner en charbon à la mine. Les boulangeries communautaires ont ainsi pu reprendre leur activité. Pour © HELVETAS Swiss Intercooperation
«L’Afghanistan est un État», affirme Kaspar Grossenbacher, contredisant ainsi l’image d’un pays totalement désintégré. «L’État central a réalisé des choses admirables dans les domaines de la santé et de la formation. En dix ans, il n’a toutefois pas réussi à établir un monopole étatique de la violence, à contenir la corruption endémique et à gagner la confiance des citoyens. C’est pourquoi il a un problème de légitimation». L’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres du monde, situé au 169e rang de l’indice de développement humain des Nations Unies. Helvetas y mène des projets depuis 2002. L’Afghanistan est l’un des pays d’engagement majeurs
d’Helvetas, qui y consacre un budget de près de 7 millions de francs, dont dont un peu plus de 5 millions de la DDC, pour la sécurité alimentaire, la protection contre l’érosion, l’éducation et l’eau potable.
Renforcer le sens de la collectivité est important, par exemple en prenant des initiatives au niveau local pour lutter contre l'érosion.
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ÉVÉNEMENT
Kaspar Grossenbacher, cet exemple est aussi un signal qui plaide en faveur de la coopération au développement en Afghanistan. Cependant le retrait en cours du gros des troupes étrangères crée une insécurité nouvelle. Plus de 100 000 emplois liés aux installations militaires sont perdus. Du point de vue économique, le pays va au-devant d’une période difficile. La lutte longue et acharnée pour les élections présidentielles donne clairement à penser que le combat pour le pouvoir et le contrôle de l’État central va se poursuivre. Et que le pays peut en tout temps se retrouver à nouveau paralysé. Autonomie pour les villages Kaspar Grossenbacher voit une opportunité dans ce bouleversement. «Une période d’après conflit est aussi une période de renouveau. C’est le moment propice pour investir dans les infrastructures sociales et favoriser le développement.» Grâce à son bon ancrage dans la population, Helvetas est par-
L’engagement suisse se poursuit À ce jour, aucune des grandes organisations de développement n’a annoncé qu’elle quitterait l’Afghanistan après le retrait des troupes occidentales. Les ONG suisses présentes sur place ont aussi l’intention de rester. L'Afghanistan et le Pakistan forment une région prioritaire pour la DDC, et l’Afghanistan est l’un des principaux pays partenaires d'Helvetas, qui y travaille étroitement avec la DDC. Les organisations civiles exigent des bailleurs de fonds internationaux qu’ils tiennent les promesses faites à la conférence de Tokyo sur l’Afghanistan en 2012. Les ministres des pays participants, dont la Suisse, ont promis de mettre à disposition seize milliards de dollars pour le développement de l’Afghanistan.
© HELVETAS Swiss Intercooperation
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Des projets de formation des jeunes femmes et des enseignantes doivent se poursuivre.
ticulièrement bien placée pour saisir cette opportunité. «En Afghanistan, il est essentiel que les citoyens s’engagent dans des projets communs, non seulement pour construire des puits ou des routes, mais aussi pour investir l’espace public et participer aux décisions.» Le gouvernement central est pratiquement absent dans les campagnes, si bien que les conseils villageois, élus en bonne et due forme, sont largement autonomes. Ils sont les partenaires principaux d’Helvetas. Ce sont eux qui négocient de larges compromis et une confortable marge de manœuvre avec les talibans. Cependant, après le départ des armées étrangères, il est possible que des groupes de résistance armés réapparaissent dans des endroits où ils ne sont actuellement ni actifs ni visibles. Les responsables de projets d’Helvetas ne perdent pas de vue la question de la sécurité, ni l’évolution locale et régionale. L’ancrage dans la population est décisif pour la sécurité des collaborateurs. Au fil des ans, Helvetas a réussi à constituer un capital de «confiance, d’expérience, de reconnaissance et d’acceptation», peut-on lire dans la stratégie en Afghanistan pour la période 20132016. La population, les autorités villageoises et même les chefs tribaux locaux acceptent et apprécient le travail d’Helvetas, avant tout parce que c’est une organisation impartiale. On peut donc partir du principe que les gens «continueront à défendre leur vision du développement face (…) aux forces radicales (…)».
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Les limites du tolérable Au cas où la situation politique actuelle devait dégénérer en guerre civile, les ONG comme Helvetas se concentreraient sur l’aide d’urgence. La coopération au développement ne serait alors possible que dans des cas exceptionnels, précise la stratégie. Qu’est-ce qui pourrait conduire Helvetas à quitter l’Afghanistan? Kaspar Grossenbacher cite des situations qui franchiraient les limites du tolérable: «Si nous étions contraints à
«Une période d’après conflit est aussi une période de renouveau» Kaspar Grossenbacher, coordinateur du programme en Afghanistan
fournir une protection à des rebelles ou à un seigneur de la guerre. Si la marge de manœuvre de la population pour les projets de développement devenait trop ténue. Et naturellement, si la vie de nos collaborateurs était en danger.» Mais Kaspar Grossenbacher suppose, ou espère, que dans ce cas la population sera prévenue. La majorité des femmes et des hommes de ce pays en ont assez de la violence et ne sont pas prêts à renoncer aux libertés nouvellement acquises. Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle
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LA TOURNÉE DE CINEMA SUD 2014 Par Marie Schaffer-Wyler Ils étaient trois cet été à sillonner à vélo la Suisse romande avec le CINEMA SUD d’Helvetas, le cinéma open-air itinérant qui projette les films grâce à l’énergie solaire. Durant les mois de juillet et août, Sabine Beer, Lucas Girardet et Claude Marthaler ont parcouru environ 1000 kilomètres à vélo, pour relier Sion à Genève en passant par 13 autres villes de Suisse romande, transportant tout le matériel du CINEMA SUD dans des charrettes pesant jusqu’à 50 kilos. Se relayant en équipes de deux, ils ont non seulement transporté le matériel et projeté les films, mais en ont aussi fait la promotion, répondu aux médias, fait un reportage photos en alimentant le blog et les réseaux sociaux. Les cyclistes-projectionnistes ont installé le CINEMA SUD dans 15 lieux et projeté 3, 4 ou 5 films par étape. Ils ont ainsi assuré un total de 52 représentions, dont 20 ont eu lieu à l’abri en raison de la pluie insistante! Malgré un été très pluvieux et froid, les spectatrices et spectateurs
Aux Bains des Pâquis à Genève: un décor digne du plus grand cinéma!
n’ont pas manqué de venir découvrir nos films, sélectionnés par les membres du groupe régional vaudois d’Helvetas, qui ont remporté un grand succès. En doudoune, sous des couvertures et avec des thermos de thé chaud, le cinéma en plein air à peine estival est devenu une expérience exceptionnelle. Le bouche à oreille a fait son effet et la bonne humeur a été de mise! Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous pour une nouvelle tournée de CINEMA SUD en été 2015! Marie-Schaffer Wyler est chargée des événements en Suisse romande.
Partis de Vevey en empruntant la route de la Corniche, Sabine Beer et Lucas Girardet arrivent à Épalinges.
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Merci! Nous remercions chaleureusement les partenaires qui ont apporté leur précieux soutien à la tournée du CINEMA SUD: Loterie Romande, Fédération Genevoise de Coopération, Banque Alternative Suisse, Solstis, Viteos, ERS Sion, Videsa, Le Courrier, Les Bains de Pâquis, ainsi que les villes de Bulle, Epalinges, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Porrentruy, Rolle, Vevey et Sion.
Claude Marthaler est heureux de retrouver le parc de Milan de l'étape lausannoise.
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AU PREMIER RANG Les membres romands du Circle for Change sont invités au moins deux fois par année à des événements exclusifs leur donnant accès à des informations de première main sur les projets et le travail d’Helvetas. La solidarité n’est pas un vain mot pour les membres de Circle for Change, qui savent qu’un monde meilleur est possible. Concrètement, chacun d’entre eux s’engage pour un développement autonome des personnes et des communautés défavorisées en Afrique, en Asie et en Amérique latine, en apportant un soutien important. Pour favoriser un accès équitable à l’eau, à la terre et à aux produits alimentaires, et pour une gestion durable des ressources naturelles. Ainsi les membres de Circle for Change investissent dans l’avenir en appuyant des projets de développement durables. Votre soutien à Circle for Change permet une vie plus digne et plus sûre dans des pays pauvres. En versant une contribution annuelle minimale de 500 francs, vous entrez dans le cercle des donateurs importants. En qualité de membre de Circle for Change: … vous avez accès aux informations spécialisées et aux compétences professionnelles des collaborateurs d’Helvetas. … vous exercez une influence sur les décisions d’Helvetas en utilisant votre droit de parole et de vote comme membre … vous agissez concrètement en versant une contribution décisive … vous restez informé en lien avec la personne de contact: Vous trouverez plus d’informations en ligne sur www.helvetas.ch/ circleforchange Et en Suisse romande, en prenant contact avec Frédéric Baldini, Circle for Change, 021 804 58 10 ou courriel: frederic.baldini@helvetas.org
Par Frédéric Baldini
En début d’été, le bureau romand d’Helvetas a convié les membres du Circle for Change ainsi que les donatrices et donateurs habitant la région de Montreux, à découvrir la source du Maralley. Ils ont été 35 à profiter de la visite exclusive de cette source, captée à 180 mètres au cœur du rocher de Glion. Elle alimente notamment les fontaines publiques et les foyers du beau quartier des Planches. L’histoire veut que des personnes soient venues s’installer dans les hauts de Montreux à cause de l’eau qu’ils y ont trouvée. Les membres du Circle for Change ont pu écouter M. Michel Aubry, président de la Société des Eaux du Maralley, relater l’histoire de cette eau, gérée et distribuée de façon locale et autonome depuis 1616, approvisionnant quelque cinq cents ménages de la vieille
ville. Coordinateur des programmes d’Helvetas en Amérique latine et Haïti, Eric Chevallier a tracé les parallèles entre la gestion de la source du Maralley et le travail réalisé par Helvetas en Haïti dans le domaine de l’eau. La prise en charge par les communautés locales du système d’approvisionnement en eau potable est en effet au cœur du travail d’Helvetas. Les présentations, qui ont été données à l’Église Saint-Vincent, ont été suivies par la visite de la source ellemême, jaillissant au cœur de la roche et accessible par un court tunnel creusé à la pioche. La visite s’est conclue avec un apéritif offert gracieusement par La Société des Eaux du Maralley. Les membres du Circle for Change bénéficient de nombreux avantages. Ils se voient notamment proposer deux fois par année de tels événements autour du travail et des projets d’Helvetas.
Des membres du Circle for Change écoutent Erich Chevallier, coordinateur de programme, faire le lien avec l'eau en Haïti.
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SOUS LES PAVÉS, LA SOLIDARITÉ Plutôt que de courir après les cadeaux, courez pour changer des vies! À l’heure de la frénésie du shopping de Noël, Helvetas vous offre la possibilité de courir après autre chose que des idées de cadeaux. Grâce au partenariat entre Helvetas et la Midnight Christmas Run de Lausanne, vous pouvez courir pour offrir de l’eau à des écoliers au Bénin.
Par Frédéric Baldini Courir pour offrir de l’eau potable? L’idée peut paraître farfelue. Pourtant, c’est bien ce que le partenariat entre Helvetas et la Midnight Christmas Run vous permet de faire. En vous inscrivant sur la plateforme life-changer.ch, vous pouvez nous aider à collecter suffisamment de fonds pour atteindre notre objectif de l’année 2014: de l’eau potable pour 6000 enfants. Simplement en quelques clics, vous lancez votre action de collecte de dons, créez votre page personnelle et faites savoir que vous êtes désormais un coureur solidaire!
Comment cela fonctionne-t-il? Lors de votre inscription sur life-changer.ch, vous devez vous fixer un objectif à atteindre. À combien d’enfants voulez-vous offrir de l’eau? À 5, 10, 15, plus? Sachez qu’avec seulement 30 francs récoltés, vous offrez de l’eau à un écolier au Bénin. Avant le défi sportif proprement dit, le coureur solidaire doit relever le défi le plus important: trouver des sponsors prêts à le soutenir dans son pari fou. Où les trouver? Autour de vous: vos amis, vos collègues, votre famille. Parlez-en, partagez le lien de votre page
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personnelle créée sur life-changer.ch. L’expérience montre que les proches sont rapidement séduits par l’idée. Parfois, d’autres se laissent tenter par l’expérience et participent également à la course. Les sponsors peuvent s’engager à donner un certain montant par kilomètre couru ou simplement une contribution pour vous motiver à arriver au bout de cette course, conviviale et festive, qui vous fera battre les pavés de Lausanne. Les dons sont versés directement sur le site life-changer.ch, où vous pouvez suivre à tout moment les progrès effectués. Enfin, le coureur solidaire se
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Courez pour changer des vies! Rejoignez l’équipe de coureurs solidaires Helvetas et changez des vies! En participant, vous offrez de l’eau potable à des enfants au Bénin. Plus d’informations sur www. life-changer.ch N'oubliez pas de vous inscrire aussi sur www.midnightrun.ch: s’inscrire seulement sur lifechanger.ch ne permet pas de participer à la course.
La Midnight Christmas Run a lieu à Lausanne le 13 décembre 2014. Elle est ouverte à tous, dès 8 ans pour les enfants. Elle peut se courir en famille, déguisés ou non, avec des amis, avec des collègues. Ouverture des stands à 18h00. Dernière course à 23h.
verra remettre un cadeau de la part d’Helvetas pour le remercier de son engagement. Au stand Helvetas, vous recevrez aussi de quoi reprendre des forces. La tradition de courses sponsorisées vient d’Allemagne et des pays anglo-saxons, où la pratique est très répandue. Les Anglais appellent un coureur solidaire un «charity runner». Mais la plateforme life-changer peut très bien être utilisée à diverses occasions: un anniversaire, un mariage, ou un autre pari aussi fou que la Midnight Christmas Run. Il est possible d’aider autrement ceux qui en ont vraiment besoin. En tous les cas, je suis avec plaisir à votre disposition pour vous aider à lancer votre action. N’hésitez pas à me contacter pour toute question, pour des conseils ou simplement pour donner votre avis sur cette action. Et merci de vous inscrire directement sur le site de la course: www.midnightrun.ch. Frédéric Baldini est chargé de fundraising privé pour Helvetas. Pour le contacter: frederic.baldini@ helvetas.org, tél. 021 804 58 10.
Sur le pont Bessières: l'arrivée, place de la Riponne, est proche!
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Dans l’économie africaine, les femmes jouent un rôle secondaire. Elles ont un accès réduit aux crédits et aux opportunités de promotion et elles obtiennent rarement des contrats de travail fixes. Mais une position renforcée de la femme serait profitable à l’économie. En Afrique, l’égalité des genres pourrait augmenter le rendement de la production agricole de 20 à 30%. La Commission de l’Union africaine et l’ONU ont donc décidé de renforcer activement la place de la femme. –KCA
Maladie des pauvres Il est frappant de constater que l’épidémie due au virus Ebola touche durement les populations pauvres. Au Liberia autrefois déchiré par la guerre civile, où le virus a déjà fait des milliers de morts, on compte 51 médecins pour 4 millions d’habitants. Le manque d’infrastructures médicales, la pauvreté et le chaos entraînent une propagation fulgurante de la maladie. –KCA
Prix trop bas du cacao Selon la Déclaration de Berne, même les géants de l’industrie ont admis que le prix du cacao était trop bas lors de la Conférence mondiale sur le cacao en 2014 à Amsterdam. Ce dernier est lié aux coûts de production, à la quantité et à la qualité des récoltes, mais aussi au revenu des familles de cultivateurs de cacao. Un prix adéquat et stable est le fondement d’un salaire suffisant pour vivre. L’industrie n’a cependant pas proposé de solutions concrètes. –KCA
Lors du festival de courts métrages shnit à Berne, les films sélectionnés parmi 46 clips vidéos ont reçu les prix du jury et du public. © Michael Zingg
Promotion de la femme
Remise des prix de Clip Award 2014 Helvetas
Les lauréat-es du Clip Award 2014 avec leurs trophées. L'animateur de télévision Patrick Rohr (3e place depuis droite) a porté une tenue princière du Bénin toute la soirée.
«La créativité avec laquelle les cinéastes ont traité la question l’alimentation mondiale, le thème 2014, est impressionnante.» – «Les réalisations montrent une multitude de manières d’aborder le problème.» – «Le niveau est élevé.» Voilà comment les membres du jury ont présenté les courts métrages du concours 2014. Début octobre, les meilleurs fi lms ont été projetés et récompensés dans le cadre du festival de courts métrages shnit à Berne. Patrick Rohr, portant une tenue princière du Bénin (pour en connaître la raison, lire en page 28), a animé la soirée et a remis les prix du Clip Award Helvetas.Recevant le troisième prix, Jerôme Blum déplace Super Mario dans le jeu informatique «Super Hunger Games». Le fi lm de Pierre Lippuner, «The Simple Solution», obtient le deuxième prix: la chute du scénario, qui veut que l’on envoie des denrées en Afrique, dit bien que cette solution n’est ni simple ni bonne. Le clip «Perspective», réalisé par Jean-Chris Oberholzer, 18 ans, reçoit le premier prix du jury de même que celui
du public! Ce fi lm nous confronte aux excès de la société de consommation: dérouté, un jeune garçon d’un pays du Sud regarde comment, dans un pays industrialisé, des denrées encore comestibles sont jetées sans états d’âme. Jean-Chris Oberholzer et l’équipe de son fi lm ont voulu secouer l’indifférence dans leur vidéo. «Réfléchir à ce thème m’a apporté un changement personnel. J’ai constaté que je mangeais plus que ce qui m’était nécessaire. Et j’ai d’ailleurs déjà perdu quelques kilos comme effet secondaire», dévoile le lauréat, qui partira en 2015 au Kirghizistan pour tourner un documentaire. –SMI Les clips sont à découvrir sur www.clipaward.ch © zVg
Météo du développement
Le clip gagnant le 1er prix: «Perspective»
Sponsors des prix: PRODUCTS fOR PhOTO · ViDeO · imaging
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ACTUALITÉ
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Signez la pétition: Pour une politique climatique équitable! Inondations au Pakistan, sécheresses toujours plus grandes au Sahel, glissements de terrain dans les montagnes suisses – partout les effets du changement climatique se font sentir. Mais les régions les plus pauvres sont les plus touchées, bien qu’elles y aient le moins contribué. L’Alliance climatique, qui réunit plusieurs organisations suisses – dont Helvetas – a lancé une pétition en septembre à l’occasion de la conférence de l’ONU sur le climat: elle demande que la Suisse s’engage davantage dans la politique internationale pour le climat. Pour lutter contre les causes du changement climatique en réduisant ses émissions de CO2, la Suisse doit exclusivement utiliser d’ici à 2050 des ressources renouvelables pour son approvisionnement énergétique. Pour pouvoir affronter et s’adapter aux effets du climat, la Suisse doit apporter son soutien financier aux pays les plus fortement concernés. Car ce n’est qu’avec une
Agenda
11.-13.12 SAINTE DORIS, DEVENEZ LA PATRONNE DU CLIMAT
juste contribution des pays industrialisés, dont les émissions de CO2 sont élevées, que la protection du climat sera réalisable à l’échelle mondiale. –KCA Signer la pétition maintenant: www.helvetas.ch/petition
Marché de Noël solidaire Helvetas et autres associations de la FEDEVACO (lire en p. 29) Centre socioculturel Pôle Sud, av J.-J. Mercier 3 (à côté du métro Flon), Lausanne www.helvetas.ch www.fedevaco.ch → actualités
13.12 Christmas Midnight Run Course solidaire au coeur de Lausanne (lire en page 24) www.midnightrun.ch
Happy Fountains – des écoles créatives pour la Journée mondiale de l’eau 2015 Fontaine, je boirais bien de ton eau… On ne les remarque presque plus et pourtant elles sont toujours présentes. Si elles ont perdu leur fonction première, elles continuent d’embellir et de faire la fierté de nos villes. Avec «Happy
Fountains», Helvetas remet à l’honneur les fontaines, longtemps seules sources d’accès à l’eau dans nos localités. Elles nous rappellent que dans les pays du Sud, on ne parle pas de potabilité mais de quantité, de proximité et de salubrité. L’action «Happy Fountains» vise à sensibiliser les écoliers de Suisse romande à la question de l’eau dans le monde. Elle se déroulera dans le cadre de la prochaine Journée mondiale de l’eau. Dès maintenant, elle invite les classes à créer un événement public autour de fontaines le vendredi 20 mars 2015. De la décoration d’une fontaine à une exposition retraçant son histoire, de dessins à la création de textes: tous les moyens seront bons pour révéler son originalité et sa particularité! «Happy Fountains» s’adresse à tous les enseignante-s de l’école obligatoire, primaire et secondaire. Dans le cadre de la préparation du projet, Helvetas se déplace
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ACTUALITÉ
volontiers pour offrir une animation aux classes participantes. –EDE Prenez contact par e-mail avec la responsable du projet: eugenie.deriaz@ helvetas.org, ou avec stephanie. guelpa@helvetas.org, assistante. Plus d’informations et inscriptions jusqu’à fin janvier 2015 sur www.helvetas.ch/happyfountains
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Actions amusantes pour la «semaine fun-raising»
Do it yourself
En septembre, sur notre plateforme en ligne «Life-Changer», nous avons invité à lancer une action personnelle «FunRaising» dans le but de réunir, pendant
fi xe devant une caméra, et l’animateur Patrick Rohr à faire vivre la remise des prix Clip Award d’Helvetas en portant une tenue princière du Bénin (lire p. 26);
Résolutions de Nouvel-An: les réaliser avec life-changer.ch
une semaine, des fonds pour offrir de l’eau à des écoles au Bénin. Ainsi Barbara a invité à un brunch dominical toutes les personnes qui soutiennent son action. Susan a promis de sauter toute habillée dans la fontaine de son village si le montant fi xé de sa collecte était atteint. Des personnalités connues ont mené des actions «funny» et promis de relever des défis: le conseiller national Bastien Girod s’est engagé à battre son record de tractions à la barre
l’écrivaine Milena Moser veut organiser un atelier d’écriture, et le chef Ivo Adam a convié à un cours de cuisine. Et lors de la course populaire de Greifensee, nos coureurs et coureuses solidaires, soutenus par Energie Uster, ont pu réunir plus de 20 000 francs pour offrir de l’eau à des enfants au Bénin. –PHA Les actions sont à découvrir sur www.helvetas.ch/funraising
Les bonnes résolutions de Nouvel-An sont souvent plus vite oubliées que les excès du 1er janvier! Peut-être simplement faute de bonne méthode. Quelques encouragements amicaux sont éventuellement nécessaires. Et le tout doit apporter plus de plaisir. Si vous avez décidé d’arrêter de fumer, d’intensifier des activités sportives, de manger moins de viande, d’apprendre enfin à danser ou courir un marathon: faîtes-le savoir à vos proches et invitez-les à vous soutenir. De votre côté, restez attentif et communiquez votre enthousiasme! Ainsi vous faites du bien non seulement à vous-même mais aussi à des écoliers qui pourront avoir de l’eau potable en Afrique. Réaliser de bonnes résolutions? C’est possible avec la nouvelle plateforme d’Helvetas life-changer.ch, sur laquelle vous lancez gratuitement votre action et invitez vos proches à la soutenir. Sur votre page, en mots et en images, vous faites connaître le défi que vous voulez relever, en informant ensuite sur vos progrès. Et vous recevez des encouragements et des dons, qui bénéficient à des écolières et écoliers au Bénin. Si vous devez augmenter la pression pour que votre résolution soit prise au sérieux, inversez les rôles et faites la promesse: si vos sponsors atteignent l’objectif fi xé, engagez-vous à tenir votre défi! –SUS Quelle résolution voulez-vous réaliser? Menez votre action personnelle sur life-changer.ch
Impressum No 218/décembre2014 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 54e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30, inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: info@helvetas.org, Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: romandie@helvetas.org Ufficio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: svizzeraitaliana@helvetas.org Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fi xe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Frédéric Baldini, Robin Cornelius, Eugénie Deriaz (EDE), Peter Haberstich (PHA), Kathrin Krämer (KCA), Melchior Lengsfeld, Tobias Meier, Simon Ming (SMI), Marie-Schaffer-Wyler, Mike Weibel Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO) Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Grafi kWerk Zurich Correction: Textmania, Zurich Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling
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Helvetas au Marché de Noël solidaire
Concours Répondez aux questions en lien avec le ce numéro de «Partenaires» et gagnez deux nuits à l’Hôtel Rhätia, à St. Antönien. 1) Quel est le titre du clip gagnant le premier prix du Clip Award 2014 d’Helvetas? 2) Dans quel pays sont cousues les parures de lit Fairtrade d’Helvetas? 3) Pour quel produit Fartrade s'est engagée Ursula Brunner?
Pour la 8e année consécutive, les associations de la région lausannoise sont réunies au centre socioculturel Pôle Sud dans le quartier du Flon, pour faire vivre un marché de Noël solidaire de cadeaux du monde. Helvetas Fairshop y est présente, proposant ses nombreux articles, qui feront autant de cadeaux. Bien sûr les produits soutiennent des producteurs dans des pays du Sud. C’est dans
Envoyez vos réponses par poste à Helvetas, «Concours», case postale, 8021 Zurich, ou par courriel (avec votre adresse complète) à concours@helvetas.org. Délai d’envoi: 31 décembre 2014. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Les adresses dans notre fichier peuvent être utilisées pour l’envoi d’informations sur Helvetas, les annulations étant possibles en tout temps. Les adresses ne sont pas transmises à des tiers. Le gagnant du concours du Partenaires n°217 est Georges Auberson, à Nürensdorf.
Le prix sponsorisé: deux nuits pour deux personnes en chambre double avec petit-déjeuner à l’Hôtel Rhätia, St. Antönien.
Hôtel Rhätia – profitez de la nature! L’hôtel Rhätia attire immédiatement le regard: typique du style du Prättigau, discrètement rénové, dans un cadre magnifique. Mais ce n’est pas uniquement l’ancienneté de l’auberge, dont la partie la plus vénérable date d’il y a 300 ans, qui est remarquable, mais aussi ses exploitants. Regula Strobel et Hubert Zurkinden, théologiens à l’origine, gèrent le Rhätia depuis 2010. En se lançant dans l’hôtellerie, le couple a totalement changé d’orientation pour les dix dernières années d’activité professionnelle. Mais à les entendre, la différence entre la théologie et la gastronomie est minime. Dans les deux domaines, ils ont à cœur d’offrir un espace pour les contacts, et le repas revêt aussi une grande importance. Le couple aimerait surtout attirer des gens proches de la nature et a créé une oasis de paix pittoresque avec des chambres rustiques. La carte propose des plats copieux, avec ou sans viande. Les œufs, les produits laitiers et le Röteli (liqueur de cerise des Grisons) sont achetés aux paysans locaux; la viande, les légumes et le vin – si possible bio – proviennent des régions voisines. Ce qui ancre le Rhäthia dans la région à bien des égards.
© LDD
Hôtel Rhätia, 7246 St. Antönien, tél. 081 332 13 61, www.hotel-rhaetia.ch
une ambiance conviviale, où s’entremêlent les parfums de mets à savourer, que le Marché de Noël solidaire ouvre ses portes du jeudi 11 au samedi 13 décembre. –CRO Horaires et infos en ligne sur www.helvetas.ch
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ACTUALITÉ
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PARTENARIAT POUR LA JUSTICE © Markus Brauchli
© Simon B. Opladen
La visite d’une ancienne usine textile au Wurtemberg et un voyage en Tchéquie démontrent de manière frappante combien la globalisation peut être équitable.
Ilona Štepánská est l’une des couturières de l’entreprise textile gérée de façon fair.
Par Tobias Meier Les bâtiments de la société Elmer & Zweifel à Bempflingen incarnent 160 ans d’histoire industrielle. L’aventure commence dans le canton de Glaris avec une petite entreprise de tissage de coton, qui, dans ce canton industriel prospère, n’a pas accès à l’énergie hydraulique nécessaire à son développement. Deux cousins de la famille fondatrice trouvent un site approprié dans la région très pauvre du Wurtemberg. La nouvelle usine est florissante jusque dans les années 1990, puis la production de textile n’est plus rentable en Allemagne. Roland Stelzer, gérant et copropriétaire de l’entreprise, cherche un moyen de faire produire ses textiles en Europe de l’Est. Le site Internet d’Elmer & Zweifel annonce: «Cotonea se veut profitable pour tous: les clients, les cultivateurs de coton, les personnes dans la production et l’administration, et nous, les propriétaires, ainsi que l’environnement.» Ce sont là plus que de bonnes paroles. La ligne équitable et biologique Cotonea
Des paysannes comme Damira Osmonalieva fournissent le coton bio du Kirghizistan.
achète depuis des années le coton bio d’un projet Fairtrade en Ouganda et celui d’un projet d’Helvetas au Kirghizistan. Le traitement du coton doit lui aussi être exemplaire sur le plan social. Les efforts de Roland Stelzer pour une production équitable sont à l’origine de l’étroite collaboration entre Helvetas Fairtrade et Cotonea. Les textiles d’intérieur vendus au Fairshop sont également fabriqués par Elmer & Zweifel. Sur invitation de Roland Stelzer, je visite avec Markus Brauchli, notre conseiller pour le coton bio au Kirghizistan, le siège principal de l’entreprise au Wurtemberg. Dans les anciens bâtiments de Bempflingen, on n’entend plus le bruit des fuseaux, et le crépitement des métiers à tisser s’est tu. Seuls l’administration et un vaste magasin de vente de linge de maison s’y trouvent encore. Une situation que l’on observe aussi dans d’autres branches. L’administration, le marketing et le développement restent sur l’ancien site et la production est délocalisée. Durant le voyage dans l’est de la Tchéquie, Roland Stelzer nous raconte
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COMMERCE ÉQUITABLE
comment en 1993, quatre ans après la chute du mur, il a trouvé une usine désaffectée près de la frontière polonaise dans la ville de Náchod, à 150 km à l’est de Prague. Les machines à tisser de Bempflingen y ont été montées. Un bel exemple de globalisation concrète, profitable à tous ceux qui y sont impliqués lorsqu’elle est portée par un souci d’équité. L’atelier de tissage se trouve dans un grand complexe où l’on entend résonner les 18 machines de Sulzer Winterthur. L’ambiance y est spontanée et gaie. Durant notre visite, les 13 machines fonctionnent sans interruption ni panne, ce qui montre que le travail y est effectué de manière sérieuse et précise. Depuis un an, le bâtiment abrite aussi un atelier de couture. En effet, lorsque Roland Steizer a appris que l’un de ses fournisseurs avait licencié toutes ses couturières et proposé de les réengager pour un salaire bien inférieur, il a créé un espace dans ses locaux de tissage pour installer son propre atelier de couture et a engagé toutes les femmes à de meilleures conditions.
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HELVETAS FAIRSHOP Dans le village voisin de Mezimesti, nous rendons visite à un sous-traitant, une petite entreprise de confection qui assemble les textiles pour l’emballage. Eva Svoboda dirige son entreprise à la manière des anciennes patronnes. Elle verse des salaires justes et s’occupe de chacune de ses collaboratrices. Il lui arrive ainsi de visiter une malade pour lui préparer son lit et une tasse de thé. Elle est très fière de la marque de fabrique Cotonea sur laquelle figure l’histoire de chaque textile. Markus Brauchli, notre conseiller pour le coton, est rayonnant. «Je suis impressionné par la façon dont Roland Stelzer s’engage pour que les paysans perçoivent un prix correct pour leur coton», dit-il. Il n’a encore jamais vu un entrepreneur qui fait le voyage au Kirghizistan, qui écoute les paysans et les paysannes et assure ainsi de manière constante l’écoulement du coton. Je suis moi aussi impressionné et me sens renforcé dans mon objectif de bientôt faire figurer sur tous les articles du Fairshop une marque de fabrique similaire, mentionnant l’histoire de chaque textile, du champ de coton jusqu’à la confection. La visite à Náchod a confirmé que Cotonea et Helvetas tirent à la même corde. Pour un monde équitable, dans lequel tous ceux qui travaillent à un produit sont correctement traités. Tobias Meier est directeur d'Helvetas Fairtrade.
© Markus Brauchli
Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter
Couette 4 saisons en coton bio «Bianca»
Sac en coton bio «Fair Inside»
Couette 4 saisons avec garnissage 100% coton bio. Enveloppe kbA 100% coton bio ultra fin. Lavable à 40 °C. La couette garde son gonflant grâce au piquage à écailles. Le coton est issu du projet Helvetas au Kirghizistan. TSBG4 160x200 cm Fr. 339.– TSBG5 200x210 cm Fr. 398.–
Joli sac en coton bio, avec bandoulière adaptable. 100 % coton bio du Kirghizistan. 36 x 39 cm. TAAE Fr. 12.–
Oreillers en coton bio
Oreiller avec garnissage de boucles de laine de mouton (mérinos) provenant d’Allemagne. Enveloppe en satin ultrafin et avec un non-tissé, tous deux en 100% coton bio issu du projet d’Helvetas au Kirghizistan. Piquage à carreaux, zippé. Pour le lavage, le garnissage peut être retiré facilement grâce à la housse séparée. Garnissage non lavable. TSBK1 50x70 cm Fr. 99.– TSBK2 65x65 cm Fr. 129.– TSBK3 65x100 cm Fr. 169.– Parure de lit «Tandem»
Un classique confortable et chaud. Parure de lit réversible: une face douillette et chaude de qualité beaver (finement gratté) de haute qualité, l’autre face en satin de coton. Rayures tissées de 8 cm. Fermeture à boutons en corozo blanc/sable
sable/rouge foncé
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Fr. Fr. Fr Fr.
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TSAD001 50x70 cm TSAD002 65x65 cm TSAD003 65x100 cm TSAD004 160x200 cm
Fr. 34.– Fr 39.– Fr. 44.– Fr. 169.–
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander:
Eva Svoboda explique son entreprise à Tobias Meier, Stefan Lemke et Roland Stelzer.
Par Internet www.fairshop.helvetas.ch
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COMMERCE ÉQUITABLE
Par téléphone 021 804 58 00
Par fax 021 804 58 01
Offrir un cadeau de Noël précieux et faire le bonheur de deux personnes.
Pour 50 francs, vous offrez
à un proche des amandes enrobées de chocolat crémeux du commerce équitable, accompagnées d’un certificat de cadeau, et une famille de petits paysans disposera de plants de cacaoyers pour assurer leur existence. fairshop.helvetas.ch/cacao.html
Pour 70 francs, vous offrez à un-e ami-e le verre élégant Solola (1,5 dl), en l’accompagnant d’un certificat de cadeau, et une personne dans le Sud obtiendra un accès durable à l’eau potable.
Pour 100 francs, vous offrez à une personne aimée un carnet de notes, accompagné d’un certificat de cadeau, et deux enfants dans le Sud bénéficieront de fournitures scolaires pour préparer un avenir meilleur.
fairshop.helvetas.ch/eau.html
fairshop.helvetas.ch/écoles.html
Pour Noël, offrez des cadeaux vraiment précieux. Pour commander: fairshop.helvetas.ch/don-cadeau.html ou par téléphone au +41 21 804 58 00