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Le canal Saint-Etienne

150 ans d’histoire au fil de l’eau

Le maire en est tombé sur Le c…

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• Augustin Motais de Narbonne faisait partie des pères du canal : il en avait imaginé les contours et dessiné les plans avec Henry Frappier de Montbenoît et Joseph Hoarau-Desruisseaux. Il fut également maire de saint-Pierre de 1838 à 1841. On raconte que lorsqu’il entendit le grondement de l’eau arrivant dans le canal pour lequel il avait tant donné, il en tomba, au sens propre du terme sur son séant. L’émotion ou une simple perte d’équilibre ? Toujours est-il que l’anecdote est passée à la postérité.

Gardiens braconniers

• En effectuant leur tournée, les “ gardien canal ” avaient parfois la “ chance ” de “ trouver ” un lièvre tombé à l’eau. Le malheureux lièvre finissait immanquablement dans la marmite de l’heureux gardien, ce qui faisait dire à certains –les gens ont méchants !- que les gardiens étaient sans doute un peu braconniers sur les bords.

L’eau des centenaires

• Malgré toute leur bonne volonté, les “ gardien canal ” ne pouvaient empêcher les incivilités. Il est presque certain que des animaux s’y sont noyés. Certains se posaient même la question : les eaux du canal ont-elles charrié des cadavres humains ? La réponse est probablement oui, même si personne l’avouer. On racontait par exemple l’histoire tragique de deux jumeaux : l’un étant tombé à l’eau accidentellement, l’autre était venu à son secours et tous deux s’étaient noyés. Et comme pour désamorcer la question, on répondait par une boutade en vous disant d’une part que jamais personne n’est mort d’avoir bu l’eau du canal et d’autre part, qu’on ne compte plus le nombre de centenaires à SaintPierre.

A partir de 1825, le canal Saint-Etienne a rythmé la vie de Saint-Pierre, de sa population, de son agriculture, de son industrie. Des générations de SaintPierrois ont ainsi vécu au fil de l’eau. Certains se souviennent avec nostalgie du “ Grand Canal ”…

Louis-Charles Merlo fut le premier natif de Saint-Pierre à devenir maire de la ville. Il y est né en 1760 de parents lorrains installés dans l’île en 1754. Par une ordonnance prise en 1815, le gouverneur Athanase Hyacinthe Bouvet de Loziers nommait Louis-Charles Merlo maire de Saint-Pierre. Décrit comme un édile apprécié de la population, il tranche d’avec ses prédécesseurs qui, pour la plupart, n’étaient ni des modèles de vertu ni des gestionnai- res avisés de la chose publique. Merlo est un élu travailleur, soucieux du bien commun et œuvre pour la prospérité de la ville dont il présidait aux destinées tout en menant d’une main de maître ses propres activités professionnelles. On disait volontiers de lui qu’il conjuguait “ une probité sévère, un caractère ferme et en même temps, une grande bonté. ”

Maire de Saint-Pierre depuis deux ans, Louis-Charles Merlo reçoit en 1817 la visite du gouverneur Milius qui venait de succéder quelques mois auparavant à Bouvet de Loziers. Le maire fait au gouverneur les honneurs de sa commune. Dans sa présentation, le maire souligne que l’agriculture, à Saint-Pierre, permet à la ville d’être autosuffisante. Mais surtout, il se fait l’avocat d’un projet qui lui tient à cœur : développer l’agriculture et contribuer à la prospérité en apportant une alimentation en eau pérenne et abondante. Pour le premier magistrat saint-pierrois, il ne saurait y avoir d’essor de la ville sans eau.

Ce plaidoyer convainc le gouverneur Milius qui apporte son aide au maire de SaintPierre. C’est ainsi que le canal Saint-Etienne a vu le jour. Les plans sont élaborés par un trio composé de Henry Frappier de Montbenoit, Augustin Motais de Narbonne et Deheaulmes Joseph Hoarau-Desruisseaux tandis que la réalisation se fera sous la conduite de M. Petit de la Rhodière.

Au début de l’année 1819, le gouverneur Milius alloue à la construction du canal une somme de 400 000 francs, ce qui permet le début rapide des travaux. Hélas : le maire de auquel ce projet tenait tant à cœur n’aura pas l’occasion de voir l’eau arriver. Le 18 septembre 1820, à sept heures du matin, Louis-Charles Merlo est retrouvé mort, au pied de son cheval. Cette mort soudaine ne lui permet pas de recevoir la médaille de la légion d’honneur que le gouverneur Milius avait spécialement demandée pour lui, “ en raison de la considération qu’il lui portait et de la justice qu’il avait rendue à ses qualités ”… Dès 1819, des centaines d’ouvriers sont recrutés pour creuser – à la pelle et à la pioche – le canal. Il suffit de se promener sur les berges des quelques tronçons subsistant de ce canal pour mesurer le travail de titan qui fut accompli à la seule force du poignet avec les maigres moyens de l’époque. En 1825, l’eau arrive enfin à Saint-Pierre. Le canal permet à la fois d’irriguer les terres et de satisfaire les besoins d’une population qui jusque-là devait se contenter d’une unique

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