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L’évo LU tion de L a maison
et ceux des enfants qu’elle a gardés, viennent chez elle, ils trouvent de quoi s’amuser. Dans les autres pièces, sous la véranda, c’est une profusion de plantes vertes, de fleurs, qui se mêlent aux objets du quotidien, la vaisselle, les marmites etc. La mamie fait encore parfois sa cuisine au feu de bois. La chambre d’amis, c’est presque que la hotte du Père Noël avec de nombreux jouets qui s’y accumulent !
La vie n’a pas toujours été facile pour cette mamie. Ainée d’une fratrie de 5 enfants, elle n’était pas aimée de son “Ti- père”, le deuxième mari de sa mère. Elle a préféré allait vivre chez sa grand-mère.
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Une vie simpLe mais heUreUse
Elle n’a jamais eu de cadeaux quand elle était jeune. Ce qui explique sans doute son penchant à accumuler toutes sortes d’objets. Ensuite, la vie avec son mari, un homme irascible, qui était souvent absent, n’a pas été non plus un grand roman d’amour ! Elle était obligée, dit-elle, de cacher ses affaires, même sa machine à coudre ! Pour nourrir ses sept enfants, Nella faisait de la couture, de l’élevage de porcs. Puis, elle a travaillé comme femme de ménage pendant 10 ans, et enfin assistante maternelle à partir de 1977. Elle s’est occupée des enfants que la Ddass lui confiait, 14 ans en tout.
Elle devait se débrouiller toute seule. Elle a beaucoup souffert dit-elle et ne voulait pas que ces enfants souffrent à leur tour. Nella a 22 petitsenfants et à peu près 30 arrière-petits-enfants.
Gabrielle THÉTIOT
Une vie difficile, mais saine
clients. Et récemment, l’ouverture d’une grande surface a accéléré ce déclin.
La petite épicerie Ah-Voune a été reprise il ya 15 ans par un jeune couple, Marie-Paule et Alexis. “C’est de plus en plus difficile” dit la commerçante. Les choses ont changé, mais en moins bien pour nous ! Les terrains autrefois en friches dans le centre du quartier, se sont couverts de nombreuses cités qui ont poussé comme des champignons à partir des années 1990. Fini la tranquillité d’avant ! Pour autant, Nella, qui accumule des objets de toutes sortes dans sa petite maison bleue, ne se plaint pas de ce changement. Elle continue à mener une vie simple.
“On n’avait pas l’eau courante dit Nella. On allait chercher l’eau à une petite fontaine dans le fond de quartier Bélier. On a eu l’eau courante il y a à peu près 60 ans. Pour avoir un médecin il fallait aller à SaintPierre. La vie semblait difficile mais c’était plus simple. On ne se tracassait pas trop. On mangeait ce que l’on avait. On cuisait nos repas avec de la graisse de cochon. On était pauvre mais on était content de sa vie. On ne se plaignait pas du moment qu’on avait de quoi se nourrir. La mamie n’a connu le riz que quand elle avait 18 ans!
“Avant on ne connaissait pas encore la télé et donc on occupait nos soirées à trier les haricots, le maïs. On mangeait du maïs vert, du maïs grillé, du maïs en sosso. Et avec le coton maïs on lavait le linge.
Le monde n’était pas aussi malade que maintenant car on mangeait des produits naturels que l’on avait cultivés dans nos champs. On utilisait beaucoup d’herbes pour se laver, pour se soigner et pour se nourrir. On allait acheter du bon pain, des macatias chez les demoiselles Mano. On mangeait souvent du pain rassis mais on était content. En somme, on était pauvre et heureux! On n’avait pas de chaussures. Les seules qu’on mettait c’étaient les “garonnes” (genre de tennis) quand on faisait sa communion! On portait des robes en rabane. D’autres ont même porté des robes en goni. On avait une seule robe pour les jours de fête. Aujourd’hui, on en a plus qu’il n’en faut pour s’habiller!
• Cette maison, aujourd’hui en bois sous tôle était autrefois une petite case en paille de vétiver et de feuilles de canne, avec seulement deux petites chambres, et pour matelas des paillasses en gonis. Tout autour, s’étendaient des champs de maïs, de patates douces , de tabac, de manioc, de latanier, et la forêt. Dans ce coin, Nella n’avait qu’un voisin, M.Rapeau dont la femme était sage-femme. Au centre du village, se trouvaient une petite case qui faisait office de mairie annexe, et l’église. Celle-ci a souffert du cyclone de 1948. on se dépLaçait à pied sUr des chemins en terre Après ,elle n’a pas été reconstruite tout à fait comme avant, dit Nella. Elle faisait ses courses dans une petite boutique chinoise, la boutique AhVoune.
En ce temps-là, on se déplaçait à pied sur des chemins en terre, poussiéreux, ou boueux, selon la saison! Nella ne sait plus trop à quel moment le bus est arrivé dans son quartier. Dans sa jeunesse, elle faisait tout à pied, pour aller à Pont d’Yves, à la Salette, à Pierrefonds où elle travaillait dans les champs de haricots. Elle se levait à trois heures du matin pour arriver à l’heure à son travail. Et tout ça pour un franc CFA par jour.






