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Luc Gédéas, dit Gramoun Luc “ Un tambour sur l’épaule ”

Chez les Gédéas, quelle que soit la génération, tout le monde est né avec un tambour sur l’épaule. Dans ce ti coin là du Gol, les Malbars sont nombreux et les cérémonies aussi. Alors entendre les tambours résonner, parfois depuis “ bordmer ” en bas, c’est une habitude.

• Pour se les procu rer, tout le monde dans le coin sait aussi où il faut aller, chez Gramoun Luc, de son vrai nom Alix-Janvier Gédéas, tout en haut de la rue Men dès-France, aux abords du chemin Bellevue.

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A cet endroit règne l’es prit des fêtes malbars comme celui des priè res. A chaque fois, ceux qu’on appelle ici les “ tambouyer ” sortent l’instrument tradition nel, fabriqué avec de la peau de cabri et un cercle en fer. “ de chèvre est celle qui sonne le mieux, celle du bouc un peu moins faut dire que l’expé rience est là puisque Gramoun Luc, à 85 ans, a conservé intacte une passion née dès l’enfance de traditions familiales.

Auparavant, son parc cabri de 135 têtes lui four nissait toutes les peaux nécessaires et lui permet tait de fabriquer sans compter, ni son temps ni son travail, pour récolter un ti monnaie.

Les peaux doivent être parfaitement séchées, cendrées et grattées avant de s’attaquer au montage, trois heures de travail sont alors nécessaires.

“ Dans le tan lontan, on les fabriquait avec de la préalablement préparée avant de la tendre au mieux avec de la ficelle, pour obtenir le meilleur son possible. Dans n’importe quelle cérémonie cultuelle, le tambour est là pour attirer l’attention des divinités, devant un temple pour des funérailles ou un mariage. “ Alors ici tout le monde i veut tambour ”, raconte Gramoun Luc.

Le “ tambouyer ” maître de cérémonies

• Alors, au Gol, mais aussi ailleurs sur l’île, i bat souvent tambour. C’est aussi une histoire de prière et de culte, pour amener les bienfaits. Aussi le tambouyer, celui qui tape sur le tambour, est aussi important que le prêtre qui officie. C’est le tambour qui donne le rythme de la cérémonie, et le prêtre suit ce rythme. Monsieur Luc fabrique donc les tambours depuis qu’il est marmay, des plus petits appelés sati au diamètre d’environ trente centimètres, à ceux à la forme plus bombée, les morlons. Appelé oulké en créole, ou encore oulkou en malbar, le sati revêt un esprit de prière. C’est lui aussi qui les reprend et les arrange avant les cérémonies lorsque le besoin s’en fait sentir. “ Oui, des fois la peau peut casser ”, confirme-t-il.

Et une fois la tâche terminée, c’est la température de la peau qui donnera le ton du tambour. “ Si on le chauffe quelques minutes au-dessus du feu, il fera beaucoup plus de bruit ”, confie Gramoun Luc qui continue aujourd’hui à 85 ans, à vivre sa passion comme à perpétrer la tradition familiale.

“ Et ensuite c’est mon garçon qui fera ”. Monsieur Luc fabrique les tambours du Gol, pour les grands et les petits, pour toutes les cérémonies, mais c’est toute la famille qui depuis toujours vit au son de l’instrument qui les a fait connaître partout dans le quartier et quasiment dans toute l’île de La Réunion. C’est la famille Gédéas tout entière, quelle que soit la génération, qui grandit avec cet instrument et c’est sûr, cette famille va continuer à vivre avec le tambour sur l’épaule.

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