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Les Consommateurs de bio en veuLent pLus

6 Français sur 10 déclarent manquer d’in F ormations sur les produits bio, des analyses révèlent la présence de polluants : l’occasion de rappeler que le label ab n’est pas la panacée.

L’agence b io (agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique) a publié il y a quelques mois un “ baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France ” riche d’enseignements. b asée sur les réponses d’un échantillon de 2 000 personnes, l’étude montre notamment que plus de la moitié des Français (57%) ont modifié leurs comportements alimentaires et culinaires. “ o n veille davantage à la provenance de ce que l’on mange, à la manière dont c’est produit, au fait de manger des produits sains. o n retrouve le goût du fait maison, commente l’agence b io. l a montée de la préoccupation environnementale joue un rôle moteur dans cette évolution. les produits bio apparaissent comme un bon moyen de conjuguer exigence individuelle de mieuxêtre et dimension collective de sauvegarde de la planète ”. les jeunes générations sont plus particulièrement attachées au bien-être animal

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Les principales raisons de consommation de produits biologiques en France

profi Ls de C onsommateurs réunionnais

doctorant au cirad, luca piccin à interrogé 741 consommateurs réunionnais de produits issus de l’agro-écologie, aFin de mieux les connaître.

animateur de la micro-ferme urbaine du tampon, luca piccin est également doctorant au cirad pour réaliser une thèse sur les marchés de fruits et légumes à la réunion et la transition écologique. dans ce cadre, il a interrogé 741 consommateurs de produits bio ou issus de l’agriculture raisonnée, de la permaculture… recrutés autour de lui et en ligne, dans les groupes des réseaux sociaux s’intéressant à ces thématiques. leurs réponses permettent de dessiner le profil d’un public à la recherche de produits sains… mais pas seulement. “les personnes interrogées sont avant tout solidai- res des producteurs locaux, détaillent luca piccin. 81% préfèrent manger local, même si ce n’est pas bio. ils sont attirés par la dimension sociale et éthique de l’agro-écologie ”. mais ces consommateurs veulent malgré tout des produits sans pesticides (82%) et 83% disent avoir changé leurs pratiques alimentaires : ils mangent moins de viande, moins de produits importés, davantage de fruits et légumes et près de la moitié disent éviter les emballages et acheter en vrac. les femmes sont plus particulièrement porteuses de cette dynamique : elles ont été trois fois plus nombreuses que les hommes à répondre au questionnaire. “ sans surprise, plus de la moitié des répondants ont des enfants, note luca piccin. on pense à la nouvelle génération quand on choisit son alimentation ”. autre enseignement de l’enquête : les chômeurs sont sous-représentés parmi les répondants, en revanche nombreux parmi les indépendants, les cadres et les fonctionnaires. et aux motivations éthiques et sociales d’une consommation bio. à rebours du reste de la population, elles trouvent normal de payer davantage pour des produits bio. les chiffres de l’étude confirment ce que souffle l’air du temps. l’un d’entre eux surprend toutefois. plus de 6 Français sur 10 n’ont qu’une confiance mitigée dans les informations fournies sur les produits biologiques. 51% déclarent ne pas avoir assez d’informations sur l’origine de ces produits, 63% sur la réglementation de l’agriculture biologique et sur le contrôle des produits. le fait que l’enquête d’opinion ait eu lieu en novembre-décembre, alors que le mouvement social des gilets jaunes battait son plein, a pu exacerber l’esprit critique des répondants. m ais de critiques, les produits ab ne sont pas exempts. d ans son dernier hors-série “ le meilleur du bio ”, 60 m illions de consommateurs, passant au crible 130 produits alimentaires, a trouvé des traces de produits polluants (dioxines, pcb ) qui ne font pas partie des molécules mesurées dans le sol avant l’installation d’une activité agricole biologique. d e même, le magazine pointe du doigt “ les dérives du bio pas cher ” et rappelle que bio ne veut pas toujours dire diététique. l a déception guette les consommateurs persuadés qu’en achetant un produit ab, ils achètent un produit à la fois sain, éthique, équitable… l a certification ab interdit l’utilisation d’une longue liste de produits chimiques de synthèse et la culture hors sol, ce qui est déjà beaucoup, mais pas la définition de la panacée.

Les Comptoirs de L a b io : une première au tampon

anne tHien Kin sien a ouvert en novembre dernier un magasin bio de 300 m2 au tampon, sous enseigne les comptoirs de la bio : une première en outre-mer pour ce groupement de commerçants indépendants.

une nouvelle enseigne a fait son apparition dans le paysage des produits bio à la réunion, il y a un peu plus de six mois : les comptoirs de la bio, dans le centre-ville du tampon. l’initiative en revient à anne thien Kin sien. la jeune femme est sortie diplômée d’Hec montréal en 2016. “ de retour à la réunion avec mon conjoint, j’ai commencé à réfléchir à un projet dans le bio. J’ai été éduquée à l’écologie et à la nourriture saine dans ma famille, mon séjour au canada, pays très ouvert au bio et à l’alimentation végétarienne, m’a renforcée dans mes convictions ”. alors que son premier projet professionnel mûrit progressivement, anne travaille avec son père, propriétaire du magasin u du tampon. elle étudie le marché et fait connaissance avec les comptoirs de la bio, un réseau national en pleine expansion. “ J’ai été intéressée par la grande liberté laissée aux magasins dans le choix des produits et le respect de l’indépendance de chacun, poursuit-elle. l’année dernière, un local familial qui abritait un magasin de vêtements de sport s’est libéré, j’ai franchi le pas ”. la première enseigne ultramarine des comptoirs de la bio est hissée en novembre 2018, sur un excellent emplacement : la rue Hubert-delisle est on ne peut plus passante et le magasin de 300 m2 donne sur le parking du supermarché u quatre salariés sont recrutés. “ deux ont déjà travaillé en magasin bio et une collègue est naturopathe, pour conseiller les clients ”, précise anne thien Kin sien. sur les 4 000 références proposées, la jeune commerçante bio déplore la rareté des produits transformés réunionnais certifiés ab .“ nous importons des produits qui pourraient sans doute être fabriqués localement. des mangues séchées, par exemple ! J’ai réellement envie de développer l’offre locale, à tel point que j’accepte quelques produits non bio, mais que je sais très sains, comme le café bourbon pointu de la coopérative, parce que je souhaite la soutenir. ”

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