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l’agriculturE bio gagnE du tErrain, mais…

Plus d E 300 E x Ploitations c E rti F ié Es b io

selon les derniers chiffres fournis par l’Agence Bio, La réunion comptait, fin 2018 :

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• 306 exploitations agricoles certifiées AB (+19% par rapport à 2017)

• couvrant une surface totale de 1 069 hectares (+25%)

• 203 hectares en cours de conversion (+3%)

• 32 transformateurs certifiés AB

• 23 distributeurs certifiés AB année après année, la tendance se confirme : la pratique de l’agriculture biologique se développe à un rythme soutenu à La réunion, même si elle ne concerne que 3% de la surface agricole utile de l’île. La progression des surfaces certifiées AB n’est plus seulement le fait de militants de la cause environnementale et de pionniers un peu idéalistes. des coopératives encouragent leurs adhérents à se convertir, des producteurs conventionnels sont toujours plus nombreux à franchir le pas, sous la pression de la demande. Les réunionnais veulent consommer des produits plus sains. Ceux qui en ont les moyens n’hésitent pas à mettre le prix pour cela. Mais le bio n’est plus réservé aux ménages les plus aisés. il n’est pas rare de trouver des fruits et légumes AB au même prix que des produits traités. La demande bio dépasse largement le rayon frais – produits cosmétiques, d’hygiène et d’entretien se verdissent peu à peu pour y répondre – et les consommateurs veulent aussi, désormais, des produits alimentaires transformés ornés du logo AB. Problème : dans ce domaine, l’offre locale est plus que limitée. Les rayons bio de la grande distribution comme des enseignes spécialisées se couvrent donc de produits importés, au prix fort et d’un bilan carbone désastreux. face à cette évolution, récente et fulgurante, les acteurs de la production réunionnaise peinent à trouver une parade et à élaborer des stratégies coordonnées. un défi à relever d’urgence !

La réunion est, de loin, le premier département d’outre mer “ bio ”. fin 2018, la Guadeloupe comptait 63 exploitations certifiés AB, la Martinique 64, la Guyane 75 et Mayotte 3. C’est toutefois la Guyane qui compte le plus de surface en production bio (2 815 hectares), grâce au développement de l’élevage extensif de zébus et de buffles en AB.

LA PrOduC tiOn réuniOnnAise Certifiée AB est en PLein essOr.

MAis Les PrOduits tr AnsfOrMés restent r Ares, ALOrs que LA deMAnde exPLOse et que Les iMPOrtAtiOns déferLent.

En Franc E, un E t E ndanc E lourd E

41 600 fermes françaises étaient engagées en agriculture biologique fin 2018, 5 000 de plus qu’en 2017. Près d’une exploitation agricole française sur dix (9,5%) est aujourd’hui certifiée AB ou en conversion. “ La production bion a doublé en cinq ans, c’est la plus forte progression jamais enregistrée. L’an dernier, le cap des 2 millions d’hectares cultivés en bio a été franchi : 7,5% de la surface agricole totale du pays, contre 6,5% une année plus tôt. Cette croissance est due aux productions céréalières, viticoles et de fruits et légumes. Les entreprises de transformation de produits bio se multiplient au même rythme, avec une augmentation de 12% en un an et de 49% en cinq ans. On dénombrait fin 2018 plus de 155 000 emplois directs à temps plein dans les filières bio, soit plus du double qu’en 2012.

“ nE Pas déstructurE r l E sol ”

david Morel, technicien “ bio ” de la Chambre d’agriculture depuis quatre ans, conseille au quotidien des jeunes agriculteurs qui s’installent, d’autres qui se convertissent, tout comme les exploitations déjà certifiées. sur le terrain comme lors des formations qu’il propose deux à trois fois par an, il prêche sans relâche pour un travail minimal du sol. un principe qui peine à progresser, même en agriculture biologique. “ Cultiver puis enfouir un engrais vert, c’est annuler une bonne action par l’action suivante, dit-il. il ne faut pas faire n’importe quoi avec le sol. L’enjeu majeur de l’agriculture, c’est la préservation du sol, qui recèle une partie de la biodiversité. Pour garder la maison en bon état, il ne faut pas le déstructurer. en le travaillant trop, en labourant profondément, on casse ses fonctionnalités. nous sommes les héritiers de l’agriculture née au néolithique dans le Croissant fertile, mais aujourd’hui le Croissant fertile est un désert ! ”. david Morel a notamment une position qui peut paraître iconoclaste au sujet du compostage. “ Composter, c’est polluer ”, dit-il en forçant volontairement le trait. explication du technicien : “ Composter, c’est détruire du carbone et l’envoyer dans l’atmosphère. ne sentez-vous pas la chaleur qui se dégage de votre composteur, et le gaz qui s’échappe quand vous en soulevez le couvercle ? Le compost nourrit la plante mais pas le sol, alors que le carbone aurait pu nourrir le sol, sous forme de mulch. Le mulch permet de mieux gérer l’enherbement, de maîtriser les maladies fongiques, de retenir l’eau et de réduire les coût de fertilisation ”.

La fertilité d’un champ se fabrique à sa surface, c’est la digestion de la matière organique riche en carbone (pailles, feuilles, branches...) qui crée l’humus et augmente les rendements. tel est le crédo de david Morel, qui se félicite des résultats obtenus par ceux qui suivent ses conseils : “ un sol qui a été travaillé à l’excès mais ne s’est pas encore trop érodé de sa partie minérale peut se reconstituer en deux ou trois ans de bonnes pratiques. ”

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