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SOFIA BENNANI EXPERTE EN STRATÉGIES COMPÉTITIVES

Le foisonnement des projets et des initiatives innovantes en milieu industriel fait émerger des nouveautés à la fois surprenantes et anodines. Parlons-nous d’innovation ou d’émergence ? On se projette dans les perspectives les plus improbables de l’émergence par une grille de lecture large et multidisciplinaire. Commençons par situer notre contexte. L’Afrique qui représente une nouvelle frontière de l’économie mondiale, se place au centre de l’agenda de la compétitivité. L’ancrage historique de plusieurs partenaires auprès de l’Afrique et le renouveau qu’ils opèrent pour maintenir et renforcer leurs positionnements stratégiques met en évidence des acteurs incontournables pour la fondation de tout partenariat qui se veut agissant et durable. Un tel pari passe inéluctablement par la construction d’un nouvel esprit collaboratif qui s’appuie sur une approche *Phd,Enseignant- chercheur en dynamique des acteurs et performance orgnisationnelle. General Manager d’Insource Conseil, cabinet spécialisé en développement stratégique.

« L’innovation au cœur de la dynamique économique : une vision prospectiviste des priorités organisationnelles» participative et inclusive, à la hauteur des exigences de l’époque et des attentes de développement durable. L’économie est appelée à jouer un rôle propice dans cette nouvelle dynamique qui encourage aussi bien le rapprochement interculturel et social. Le Maroc qui se positionne aujourd’hui comme un trait d’union pour une nouvelle approche Nord-Sud-Sud, est à même d’accompagner l’émergence de nouvelles dynamiques structurantes pour la co-émergence de l’Afrique. Nous appartenons géopolitiquement au même bloc dit « diagonal » comprenant l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique et sommes engagés dans le processus de croissance. A l’avantgarde d’une recherche de nouvelle gouvernance mondiale dans des continents en pleine transition (crise migratoire, sécurité, emploi…) et dans un monde à la recherche de nouvelles réponses. Innover en se rassemblant autour de visions communes permet la mise en place des valeurs nécessaires dans un monde meilleur. Une nouvelle génération de leaders contribue à la réflexion et au pilotage d’actions à fort impact en déployant les efforts nécessaires à l’engagement pour une relation économique africaine renforcée. Le développement durable, la culture et les technologies constituent le triptyque indissociable dans une nouvelle économie basée sur le savoir et le partage puisque le capital humain et immatériel africain est d’une richesse infinie. Le changement de paradigme dans les relations économiques annonce un partenariat pour l’avenir. L’émergence économique et sociale de l’Afrique constitue un tournant majeur de la mondialisation dont les caractéristiques ne cessent d’évoluer. L’enracinement entrepreneurial et l’émergence des relations commerciales et sociales sont des atouts qui facilitent les implications de diverses parties prenantes. Le transfert de compétences, la réflexion en matière de compensation industrielle et les dimensions des Partenariats Publics-Privés sont aussi matière à échange. La co-émergence africaine recentre les priorités vers les problématiques de l’emploi, de la migration, de l’agriculture (initiative Adaptation de l’Agriculture Africaine lancée par le Maroc), de l’éducation et la cohérence entre les politiques sociales et économiques. Le Maroc est la porte d’entrée privilégiée de l’Afrique, la diplomatie économique qui est actionnée est d’une grande portée et les visions convergentes en Afrique pourraient accompagner les perspectives de développement mondial pour un monde durable. Eclairages : L’émergence qui est à la fois un concept, non seulement philosophique apparu au XIXe siècle, mais aussi un concept qui découle de l’impérialisme scientifique de la biologie. La dominance de la biologie est incontestable, mais deux définitions polysémiques émergent de l’organisation humaine complexe qui relève des sciences du management, soit comme une résurgence, soit une nouveauté qui sort, non pas d’une situation ordinaire, mais d’un contexte pluridisciplinaire extraordinaire qui mérite une attention particulière pour l’analyser. S’agit-il d’une « résurgence » ou d’une « nouveauté » ? D’une « innovation » ou d’une « évolution » ? Inspiré du vivant, le mode de production nécessite des connaissances nouvelles et une capitalisation intellectuelle des innovations. Pour survivre et se développer dans des économies de concurrence et de mondialisation, les dépenses en R&D augmentent et l’innovation sera l’activité dominante par excellence dans les entreprises. L’innovation est considérée comme le produit de la démarche entrepreneuriale et plus particulièrement celle de l’entrepreneur dit dynamique, celui

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qui, « nage à contre-courant » et bouleverse la routine de la production. Les modes de conception durable font partie des impératifs de la réflexion stratégique des industriels et les niveaux d’analyse qui peuvent être tracés sont à la fois d’ordre économique et technologique dans des entreprises en quête de solutions facilitatrices de développements industrialisables. La transversalité économique, sociale et commerciale peut faire appel à des approches de gestion de l’innovation que nous expliciterons dans notre analyse. Aborder les perspectives de l’innovation c’est en quelque sorte aborder l’âme de l’humanité. Puisque le changement sens large du terme occupe une place centrale dans notre quotidien. Plus rien ne peut se faire de manière durable et se concevoir de manière optimale sans une intégration de la dimension innovante du sujet et des démarches qui s’y rattachent. Contrairement aux idées reçues et aux raccourcis superficiels, l’innovation est un outil fondamental qui prend en compte les différentes caractéristiques fonctionnelles et symboliques de l’objet. Aborder le rôle de l’innovation dans le développement économique c’est aborder notre avenir par une prise en compte de plusieurs niveaux en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et l’intelligence collective.

Quel est le niveau d’analyse le plus pertinent pour appréhender l’innovation ? Pour commencer, on doit intégrer l’innovation dans des business models à forte valeur ajoutée et qui intègrent l’intelligence compétitive. L’innovation n’est pas une mode mais une logique économique et sociale qui se base sur l’anticipation et la projection simulée. On ne peut pas oublier des mots tels que l’ergonomie et l’affordance. Ces deux clefs de la réflexion innovante dans le monde actuel (smartphone, tablette, réalité virtuelle,...) s’adaptent à la stratégie d’entreprise: cela permet réactivité et signature d’entreprise. La big data permet de répondre aux réels besoins de l’utilisateur. En entreprise, elle permet d’apporter des solutions customer focus voire même d’en créer. L’analyse des tendances et des progrès renforce la capacité d’anticipation et d’innovation de l’entreprise. L’interdisciplinarité est alors indispensable. Par exemple, on utilise les systèmes d’informations pour la gestion de la relation client ou plus communément appelé CRM (Customer Relashionship Management). L’analyse des données permet de se pencher vers des innovations incrémentales ou nouvelles. On ne passera pas forcément du benchmarking qu’il soit technologique, stratégique ou concurrentiel et l’innovation s’inscrira dans des dimensions ergonomiques ou permettra de créer les besoins ou tout simplement améliorer notre réponse aux attentes du marché. Les solutions à forte valeur ajoutée doivent prendre en compte la dimension humaine (l’intelligence collective, le capital immatériel). La technologie fiable nous permet de collecter, d’analyser et de cartographier les connaissances, données ou informations. On doit apprendre à évoluer dans des environnements changeants, à utiliser un management agile qui permet à l’entreprise d’évoluer dans un esprit de coopération compétitive ou ce qu’on appelle la coopétition. On parle également de management agile, ou de manager proactif qui a la capacité d’anticiper et projeter les attentes du client et de proposer des solutions ergonomiques,

facilitatrices voire même écologiques. Dans un monde de plus en plus urbanisé, une démographie de plus en plus grande et des ressources qui se font rares et des paramètres environnementaux indispensables, l’innovation prendra toute sa revanche et s’imposera comme étant un fondamental du développement. Le Maroc a accueilli la COP 22 et a accompagné, et continue d’accompagner dans cette lancée la production et la consommation responsable. La responsabilité passe par le développement durable, la socialisation, la durabilité et nous sommes tous acteurs de notre écosystème. La démarche optimale est simple : l’humain est au centre, on incite à l’innovation collaborative, on visualise et on révèle le potentiel de notre écosystème ensuite on prototype les idées pour les tester. La culture de l’innovation développe la transversalité. Ce qui permet d’optimiser les coûts de R&D et d’identifier les nouveaux axes de développement possibles.

« L’INNOVATION N’EST PAS UNE MODE MAIS UNE LOGIQUE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE »

Qu’en est-il des territoires ? Le territoire est le lieu d’émergence de la citoyenneté, le design peut être employé par les acteurs comme outil de conception des territoires pour une consommation et production responsable. Le mode de production optimise de manière considérable les impacts sociaux et environnementaux. L’urbanisation et l’environnement urbanistique est demandeur de compétences. Le design au service des territoires ou design territorial n’est pas uniquement une question d’esthétique, entre mondialisation et métropolisation, nos rythmes de vies et de nos villes sont bousculés. L’innovation pour l’accompagnement du développement durable peut devenir un élément clé de la valorisation de la collaboration autour des communautés d’intérêt et de pratique et devenir in fine un moteur de transformation et d’accompagnement à divers niveaux (entreprises, écoles, villes, …) pour tracer et projeter le recours aux produits et services durables.

BIOGRAPHIE

Sofia Bennani est de celles qui ne s’arrêtent jamais, qui pense qu’on n’est jamais trop jeune pour réussir et elle le prouve! Cette spécialiste du leadership qui a fait ses cursus entre Bruxelles ,Genève et Paris pour y préparer son doctorat en sciences de gestion intervient en tant que consultante auprès des entreprises désireuses d’aller plus vite et plus haut. Conférencière et conseillère auprès de PDG de grands groupes, elle a à son actif des références et réalisations qui raisonnent dans les sphères industrielles et universitaires. Elle oeuvre pour la coopération par les réseaux d’entreprises et la capitalisation des savoirs. Sa maîtrise de l’économie des connaissances lui permet de combiner avec brio le recours aux synergies et alliances stratégiques à forte valeur ajoutée.

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