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Le diable est dans les détails The devil is in the details

EDITORS’ PICKS TECH INSIGHTS

Sélection Technique

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BRICE LECHEVALIER DAVID CHOKRON

Le diable

est dans les détails The devil is in the details

En horlogerie, il faut considérer le tout mais aussi la somme des parties, aussi minuscules soient-elles. Car les montres vivent principalement, et se distinguent souvent, par leurs détails. When it comes to watchmaking, one must consider the whole as well as the sum of its parts, however tiny they may be. It is indeed through their details that watches live, breathe – and often stand out from others.

Le calibre FB-RE.FC du Chronomètre FB 2RE de FERDINAND BERTHOUD. Caliber FB-RE.FC powering the Chronomètre FB 2RE by FERDINAND BERTHOUD.

En parcourant les sections commentaires de sites web et des divers réseaux sociaux, on lit souvent des remarques unilatérales et récurrentes. Dès qu’une montre s’inscrit dans le champ esthétique du style boite bracelet intégré années 70 ou montre de plongée vintage, elle est accusée d’être une copie. Une pâle copie. De ne pas être à la hauteur de deux ou trois icônes qui dominent le discours horloger ambiant. Or ce sont les arbres qui cachent la forêt. L’horlogerie est un écosystème dense, varié, dont la profondeur est immense et, de toute évidence, insoupçonnée de nombreux commentateurs auto-proclamés. En particulier, ils se concentrent sur les ressemblances évidentes et négligent, réfutent, même refusent de voir, ce qui fait la différence. En clair, ils sont aveugles aux détails, c’est-à-dire à l’essentiel. W hen browsing the comments sections of websites and various social media, one often comes across one-sided and recurring remarks. As soon as a watch falls within the aesthetic field of the 1970s integrated case and bracelet style, or that of a vintage diver’s watch, it is accused of being a copy. A poor imitation. Of not living up to the two or three icons that dominate the prevailing watchmaking discourse. Yet this is a case of not being able to see the forest for the trees. The watch industry is a dense and varied ecosystem, featuring immense depth of which many self-proclaimed commentators are clearly unaware. The latter notably focus on obvious similarities and neglect, refute or even refuse to see what makes the difference. In a nutshell, they are blind to details – and hence to essentials.

Les innombrables détails du calibre de l’Octo Roma Carillon Tourbillon de BVLGARI. The countless details of the movement driving the Octo Roma Carillon Tourbillon de BVLGARI .

BROUTILLES

Car en horlogerie, le détail est tout. Dans cet objet dont le volume au poignet est de l’ordre de 15cm3, soit la moitié d’un shot de bourbon, les particularités sont la quasi intégralité de la personnalité. Il faut donc un regard attentif pour les déceler. Il n’est même pas besoin d’unœil éduqué. Après tout, on perçoit immédiatement la différence entre un Renoir et un Pissarro, une Porsche et une Ferrari. Tous travaillent dans le même registre, mais selon des modalités esthétiques, ou aérodynamiques dont la différence est évidente. Et si ces différences sont faciles à percevoir sur ces objets, c’est à la fois à cause de leur grande taille et de leur familiarité. Pour les montres, l’effort à fournir est plus important, et pour cause: elles sont petites.  

TRIFLES

Watchmaking is indeed all about details. In this object whose volume on the wrist is around 15cm3, roughly half a shot of bourbon, the distinctive features compose almost the entire personality. It takes an attentive gaze to spot them. You don’t even need an educated eye. After all, one can immediately tell the difference between a Renoir and a Pissarro, a Porsche and a Ferrari. They all operate in the same register, but in patently different aesthetic or aerodynamic ways. The fact that these differences are easy to perceive on such objects is due both to their large size and to their familiarity. Being that much smaller, watches naturally require more effort.  

EDITORS’ PICKS

Sélection

BRICE LECHEVALIER

Le galbe et la souplesse des Laureato de

GIRARD-PERREGAUX.

The curve and suppleness of the Laureato

models by GIRARD-PERREGAUX.

L’articulation boîte bracelet de la TISSOT PRX 40 205 . The case-bracelet flow of the TISSOT PRX 40 205.

domine les débats ces temps, en donne l’exemple le plus éclatant. Laureato, Overseas, Royal Oak, Nautilus, Aikon, BR05… entre les modèles anciens, nés au moment de l’éclosion de ce style, et les récents, on fait deux poids deux mesures. Un manque de culture et de recul focalise toute l’attention et la légitimité sur les plus évidents, ce qui discrédite les autres. Or il s’agit d’un style générique, qui a été presque banalisé par la profusion de designs vendus par le maître du genre, Gérald Genta. Il se décrivait lui-même comme un stakhanoviste du design et vendait à qui voulait bien, selon des variations de style minimes. D’autre part, sur la base d’un principe commun, le fait que la boîte se prolonge naturellement dans le bracelet métallique sans l’entremise de cornes rapportées, donne lieu à des variations infinies. Enfin, dernier sujet: le cadran est l’élément le plus visible de la montre et il en est aussi le plus malléable.  

PETITS RIENS

Mais au-delà de ces ressemblances superficielles, la montre continue à vendre sa capacité à accomplir de mille manières les trois mêmes exercices: la boite, le cadran, le mouvement. Une mulstyle currently dominating the watch scene. Laureato, Overseas, Royal Oak, Nautilus, Aikon, BR05… Double standards are applied to the vintage timepieces – born at the time this style first emerged – and more recent introductions. A lack of culture and hindsight leads certain commentators to focus attention on and grant legitimacy to the most obvious models, while discrediting the others. Yet this is a generic style, which has become almost commonplace due to the profusion of designs sold by the master of the genre, Gérald Genta. He described himself as a design workaholic and sold his work to anyone who was interested, with minimal variations in style. Moreover, the common principle of the case naturally flowing into the metal bracelet without any transition through add-on lugs gives rise to unlimited potential variations. Finally, the dial is the most visible element of the watch and also the most malleable.  

LITTLE THINGS

However, above and beyond these superficial similarities, the watch continues to leverage its ability to interpret three elements

Les détails de cadran de la GRAND SEIKO Heritage SLGH007J «Tree rings». Dial details on the GRAND SEIKO Heritage SLGH007J “Tree rings”.

Les cornes et couronne uniques de la Pasha de CARTIER. The unique lugs and crown of the Pasha de CARTIER. La lunette propriétaire de la ZENITH Chronomaster Sport. The distinctive bezel of the ZENITH Chronomaster Sport.

titude de formes, de motifs, de textures, de lignes, de courbes, d’inflexions, de teintes, d’accords de couleurs ouvrent à l’infini les possibilités de la création horlogère. Plus encore, ce sens du détail s’exprime pleinement sur le mouvement. Les modalités d’exécution de la mécanique parcourent un champ lui aussi immense, qui va de l’utilitarisme industriel à la mécanique d’art en passant par le machinisme viril. C’est là que s’exprime le fin du fin de l’horlogerie. Dans les ressorts qui retiennent les barillets. Dans la forme des ponts de balancier. Dans les finitions des tranches des pièces. Dans la forme des ponts. Dans le choix d’une courbe et de sa contrecourbe. Trois cents ans d’horlogerie précieuse perdurent dans ces minuscules variations autour du nécessaire. Elles font entrer la montre dans le superflu, le détail, et donc dans son essence même. – case, dial and movement – in countless different ways. A multitude of shapes, patterns, textures, lines, curves, inflections, shades and color combinations open up the infinite possibilities of watch design. What’s more, this sense of detail is fully expressed in the movement. The means of producing the mechanism span an equally immense field, ranging from industrial utilitarianism to artistic mechanics and virile machinism. It is here that the ultimate subtleties of watchmaking are expressed. In the springs that hold the barrels. In the shape of the balance bridges. In the finishes of the component edges. In the shape of the bridges. In the choice of a curve and its counter-curve. Three hundred years of precious watchmaking live on through these tiny variations around the necessary core. They usher the watch into the realm of the superfluous, of details – and hence its very essence.

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