La Rampa: Haiti Cherie

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la rampa




la rampa © La Rampa Publications Inc.

48 Falcon St., Toronto on m4s 2p5

url www.la-rampa.com

Telephone (416) 322-5113

Publisher

Contributing Authors

Arts Consultants

Gethin James

Gerald Alexis, Gage Averill, Max Beauvoir,

Geoffrey Bellamy, Bill Bollendorf,

Madison Smarrt Bell, Bill Bollendorf,

Chris Burrows, Myriam Nader,

Donald Consentino, Robert DeFilipps,

Issa El Saieh, Rosie Gordon Wallace

Editor-in-Chief Chantal James Managing Editor George Pyron

Tony Hattenbach, Stephan Jean-Pierre, Ken Scoff, Ian Thomson Photo Editor

Contributing Illustrators Elizabeth Beauvoir, Shayne Ehman Copy Editors

Creative Director

Corin Sworn

Robin Mitchell

Photography Consultant

Jeannine Mitchell

Consulting Editor

Mia Cunningham

Translation

Brian Nogy

Contributing Photographers

Literary Consultant Claude Ambroise Promotion Andrea Delvaillé Romaric Tisserand

Tiana Markova Gold, Chantal James, Justin Williams Large Colour Separations Doug McCaffry 1960s photos courtesy of Tonia Dyer

ISSN 1496-0982

Jacqueline James,

Hélène Chalant, Sébastien Chorney, Nicole Knapp Participating Galleries Diaspora Vibe Gallery, Miami; Galerie D’Art Nader, Miami; Gallery Issa El Saieh, Port-au-Prince; Galerie Lakaye, la; Galerie Maconda, Pittsburg

PR I NTE D I N CANADA


CONTENTS

7

17

24

31

39

55

63

76

91


6

INTRODUCTION


THE HAITIANS

LES HAÏTIENS

The revolutionary slaves that settled the

Les esclaves révolutionnaires fondateurs

tortuous recesses of a mountainous island

d’Haïti qui défrichèrent les terres ingrates

came from many parts of the ancient conti-

de l’île montagneuse étaient originaires de

nent, and represented many distinct cultural

partout en Afrique. Porteur de nombreuses

traditions. Among them were artisans and

traditions culturelles, ce groupe comportait

musicians, herbalists, carvers, metalworkers,

entre autres artisans et musiciens, praticiens

boat-builders, farmers, drum-builders,

de la guérison par les plantes médicinales,

sorcerers and warriors...There were men of

sculpteurs, ferronniers, constructeurs de

royal blood, and others who had been born

bateaux, fermiers, fabricants de tambour,

into slavery in Africa. In common was their

apprentis et sorciers...Certains étaient

experience with a heinous economic system

descendants de noblesse, et d’autres sont

that had ripped them away from their mate-

nés esclaves. Unis par leur expérience d’un

rial world, but critically they also shared an

système économique néfaste qui les avait

oral tradition that was unassailable—a rich

déchirés de leur milieu, ils partageaient une

repository of religious belief, knowledge of

tradition orale imprenable, cette réserve

music, dance, medicine, agriculture, and

riche regorgeant de croyances religieuses, de

patterns of social organization that they

musiques et de danses folkloriques, de con-

carried with them into every remote valley.

naissances sur la médecine, sur l’agriculture

The evolution of these various traditions,

et sur des modèles d’organisation sociale,

their fusions and transformations, was deeply

qu’ils transplantèrent jusque dans les recoins

affected by a blanket of isolation that fell

les plus isolés du pays.

upon the country in the early years of the 19th-Century.

L’évolution de ces traditions diverses, ainsi que leur fusion et leur métamorphose, eut

The nation that emerged from the revolu-

lieu surtout en raison d’une période

tionary era was a pariah in the eyes of the

d’isolation que traversa le pays au cours au

international community...The Haitian

début 19e siècle.

government irritated the European powers by actively supporting revolutionary struggles that vowed to eliminate slavery. Simon Bolivar, for example was both sheltered there and funded...the government purchased shipments of slaves en route to the United States only to grant them their freedom... Haiti...prohibited any foreigner from owning land or property within the country...even the hegemony of the Catholic Church was checked...Roman Catholicism remained the official religion of the emerging political and economic elite, but during the seminal years of the nation, the church had practically no presence in the countryside. The obvious differences between the Catholic elite and rural groups crystallized into a profound separation...two different worlds coexisting within a single country.

La nation qui émergea de cette ère révolutionnaire ne fut pas reconnue par la communauté internationale. Le gouvernement haïtien appuya ouvertement les mouvements sociaux opposés à l’esclavage, ce qui irrita les pays européens. Simon Bolivar, par exemple, se réfugia en Haïti et y trouva un accueil chaleureux et de l’appui financier pour ses activités...Le gouvernement achetait régulièrement des cargos chargés d’esclaves destinés pour les Etats-Unis pour ensuite les libérer. Le pays prohiba également à tout étranger d’être propriétaire de terres ou de biens immobiliers...même le pouvoir de l’église catholique fut circonscrit...Bien que le catholicisme fût la religion pratiquée par l’élite politique et économique émergeante, l’Église n’avait pratiquement aucune présence à l’extérieur des villes durant

Wade Davis

les années clés de la naissance du pays. Les

The Serpent and The Rainbow

différences évidentes qui séparaient ces

Touchstone Edition, New York: 1997

deux groupes se concrétisèrent en une séparation profonde: deux mondes différents en cohabitation dans un même pays. Wade Davis The Serpent and The Rainbow, éd. Touchstone, New York: 1997

INTRODUCTION

7




LET’S GO | ALLONS Y



A GENERAL HISTORY OF PORT-AU-PRINCE

PORT-AU-PRINCE: SU RVOL HISTORIQU E

Port-au-Prince is situated on a great bay on

Blottie au creux d’une immense baie sur les

the shore of the Gulf of Gonâves—an old

rives du golfe de Gonâves, la ville de Port-

seafarer’s dream. It is protected from the

au-Prince, à l’abri des dangers de la haute

open sea by the island of the same name.

mer de par la situation géographique l’Île de

The original city, which the French laid out

Gonâve, est le lieu rêvé des marins. La vie-

in a grid pattern in 1749, has suffered fre-

ille ville, disposée par les Français, en 1749,

quently from seismic shocks. The most

selon un plan rectangulaire, a souvent

severe was apparently that of 1751 and there

souffert de chocs séismiques, les plus

was another in 1770—the year the city

sévères étant ceux de 1751 et aussi de 1770,

replaced Cap-Haïtien as the capital of the

année à laquelle la ville remplaça Cap

old French colony of Saint-Domingue.

Haïtien comme capitale nationale de

Hurricanes also frequently proved menacing.

l’ancienne colonie française de Saint-

Nevertheless, the harbour was readied for

Domingue. Les ouragans constituent égale-

foreign commerce in 1807 and Port-au-

ment une menace importante. Malgré tout,

Prince soon became an economic centre as

en 1807, le port fut aménagé de manière à

well as the capital city of Haiti.

recevoir les cargos étrangers, et Port-au-

Although first close-up impressions of the

Prince devint rapidement le centre commer-

from top,

capital in the early 21st Century generally

cial du pays.

Haitian Gingerbread circa 1900,

evoke reactions like “bomb site,” “one big

The Grand Hôtel de France, now the Banque d’Haiti

slum” or “open sewer,” Port-au-Prince can boast many noteworthy edifices: the National Palace, the Basilica of Notre Dame, and not least, the stone quay that was built by the French in 1780. There is also the State University of Haiti, a National Library, a National Museum, an Archaeological Museum, and an Art Center.

Vue de près pour la première fois, la capitale haïtienne évoque chez certains des comparaisons peu flatteuses: «le point zéro d’une explosion», «un bidonville», «un égout», mais Port-au-Prince compte néanmoins de nombreux édifices de renom: le Palais National, la Basilique de Notre-Dame, et enfin le magnifique quai en pierre construit par les Français en 1780. On y trouve également

The city’s bicentennial was commemorated

l’Université d’État d’Haïti, une bibliothèque

by an international exposition in 1949 and

nationale, un musée d’archéologie et le

despite manifestations to the contrary,

Centre d’Art.

Haitians today are generally proud of the best of Port-au-Prince. A standard criticism of successive governments is that they appear to do nothing to clean up the capital.

En 1949, le bicentenaire de la ville fut commémoré et on y organisa une exposition internationale. Malgré ce que disent certains, les haïtiens d’aujourd’hui sont fiers de leur capitale, même si on dit souvent que les gouvernements successifs ont fait bien peu pour réaménager et moderniser la ville.

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HABITATION LE CLERC

HABITATION LE CLERC

Habitacion Le Clerc, named after Napoleon’s

L’Habitacion Le Clerc, nommée pour le général

General who was sent to quash the revolt in

envoyé en Haïti par Napoléon pour y écraser

Haiti, was a forested area near downtown. It

une révolte populaire, était jadis une région

was made famous by the black dancer and cho-

boisée non loin du centre-ville. La danseuse et

reographer Katherine Dunham, who owned

chorégraphe noire Katherine Dunham était

property there and used to stage performances

propriétaire de terrain dans le quartier et y

regularly.

donnait souvent des spectacles.

The year was 1974...My friend Olivier

En 1974, mon ami Olivier Coquelin conclut avec

Coquelin...leased the land from Katherine

Katherine Dunham qu’il louerait le terrain où se

Dunham for $16.666 per month for twenty years,

situe maintenant l’hôtel pour environ 16 000 $

and built forty-five villas and fourteen pools (a

par mois sur une période de vingt ans. Il y con-

pool for every three rooms), as well as employing

struisit quarante-cinq villas et quatorze piscines

over a hundred and eighty workers...there were

(une pour trois chambres) et embaucha plus de

locally made plaster of Paris busts of Napoleon

180 employés. Autour du hall d’entrée étaient

and Pauline Bonaparte encircling the lobby

disposés des bustes de fabrication locale de

area, surrounded by spurting fountains...The

Napoléon et Pauline Bonaparte, sculptés en

Habitacion cost $150.00 US a night per person

plâtre de Paris et entourés de fontaines. On pou-

in season, and that included all meals and

vait rester à l’Habitacion pour 150 $ américains

drinks, with the exception of champagne.

par personne par nuit en saison, repas et bois-

Among the famous clientele to visit there were

sons compris (sauf le champagne). L’hôtel comp-

Alain Delon, George Hamilton, Mick Jagger,

tait parmi ses clients les plus connus Alain

Lee Radziwell, and Aretha Franklin, not to

Delon, George Hamilton, Mick Jagger, Lee

mention Onassis and Jackie. It was not uncom-

Radziwell, Aretha Franklin et même Onassis et

mon to see Jean Claude Duvalier himself among

Jackie. On y retrouvait aussi un bon nombre

the local devotees...I saw many married men

d’haïtiens, notamment Jean-Claude Duvalier

come to the Habitacion with their mistresses, to

lui-même, qui était un habitué. Je vis un bon

enjoy a long weekend of sex and sun incognito...

nombre d’hommes mariés qui passaient à

Olivier himself admitted to me that he could

l’Habitacion accompagnés de leur maîtresse

never sleep alone, and never did. Sometimes he

pour y passer un week-end d’ébats et de soleil.

would take as many as three girls to bed at one

Olivier lui-même m’avoua qu’il ne pouvait plus

time, and this continued all through his life.

dormir seul, et ne le faisait jamais. Il ramenait parfois trois femmes chez lui pour y passer la

Tony Hattenbach exerpted from Hot Times in Haiti, to be re-released as Hotel Haiti

nuit, et le fit tout au long de sa vie. Tony Hattenbach un extrait tirè de «Hot Times in Haiti», d’être ré-édité sous le titre «Hotel Haiti»

below, from left, Habitation le Clerc, 1974, Katherine Dunham, circa 1940

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AVENU E JOHN BROWN, PORT-AU-PRINCE

L’AVENU E JOHN BROWN, PORT-AU-PRINCE

Although changes of street names have kept

Bien que les noms des rues aient été

pace with changes of government in Port-

modifiés au rythme des gouvernements suc-

au-Prince, that of one designated thorough-

cessifs à Port-au-Prince, un artère important

fare has remained constant since the 19th-

n’a jamais été lieu se fait parallèlement aux

Century: Avenue John Brown.

changements du gouvernement, une rue

Author Sara Founders, in her book To Rebel Is Justified: Cuba, Haiti and John Brown, asserts

importante n’a jamais changé de nom: l’avenue John Brown.

that, 50 years after the Haitian Revolution,

Dans son livre To Rebel Is Justified: Cuba,

slavery in the US had not only survived but

Haiti and John Brown, Sara Founders expli-

was expanding. Two laws passed in the 1850s

que que 50 ans après la révolution en Haïti,

reinforced the situation: The Fugitive Slave

l’esclavage aux États-Unis persistait, et que la

Act that allowed gangs and bounty-hunters

pratique était même devenue de plus en

to pursue escaped slaves into the “free

plus répandue. Deux décisions rendues

states” of the North and the Dred Scott

dans les années 1850 renforçaient cette igno-

Decision that stipulated that Black people

minie: la Fugitive Slave Act permettait aux

could not become US citizens.

bandes armées et aux chasseurs de primes

Then, after the success of armed abolitionists in Kansas—the first military defeat of slaveholders in the United States—activist John Brown began to show a special interest in the history and experiences of the Haitian Revolution. Brown was hanged for treason on December 2, 1859, along with two black companions, Shields Green and John Copeland. On the scaffold, he declined the offer of prayers with a clergyman. He knew that hanging him did not mean the question of slavery would depart with him. After his execution, flags were flown at halfmast in Haiti. A solemn mass was held in the cathedral. There were three days of national mourning. $20,000 was collected for Brown’s family. And the main boulevard of Port-au-Prince was re-named after the man Haitians regarded as a martyred apostle of freedom.

de poursuivre les esclaves évadés jusqu’aux états libres du Nord, et la Dred Scott Decision, selon laquelle les Noirs n’avaient plus droit à la citoyenneté américaine. Par la suite, après la victoire remportée par un groupe d’abolitionnistes armés au Kansas (la première défaite infligée aux esclavagistes aux États-Unis) l’abolitionniste John Brown commence à porter un intérêt particulier sur l’histoire d’Haïti et aux expériences vécues pendant la révolution haïtienne. Brown est pendu pour trahison le 2 décembre 1859, en même temps que Shields Green et John Copeland, deux Noirs. Au moment de monter sur l’échafaud, on dit qu’un membre du clergé offre à Brown de prier avec lui. Brown refuse et lui lance qu’il ne prierait jamais avec apologiste de l’esclavage. Ses derniers mots furent de dire que sa mort n’entraînerait pas la fin de la question de l’esclavage des êtres humains. Après sa mise à mort en décembre 1859, les drapeaux furent mis en en berne en Haïti. Une masse solennelle eut lieu dans la cathédrale, et trois jours de deuil national furent décrétés. On fit une collecte de 20 000 $ pour la famille de John Brown, et le boulevard principal de Port-au-Prince fut rebaptisé pour celui que les haïtiens considéraient un apôtre de la liberté martyrisé.

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THE HOTEL OLOFFSON

L’HOTEL OLOFFSON

The Hotel Oloffson is a 19th-century ginger-

Construit au XIXe siècle par le fils du président

bread palace. Built by the son of President Sam,

Sam, l’hôtel Oloffson est un palais orné de dent-

it served as a hospital for the US Marines in

elle de bois. En 1915, les forces américaines s’en

1915. It is named “Oloffson” after a Norwegian

servirent comme hôpital; le bâtiment fut nommé

sea captain who acquired the lease in 1935.

en l’honneur du capitaine de vaisseau norvégien

When the French photographer Roger Coster

qui en reprit le bail en 1935. Dans les années

and his Haitian wife Laura ran the hotel in the

1950, le photographe français Roger Coster et sa

1950’s, it became known as the “Greenwich

femme haïtienne Laura prirent le relais de la

Village of the Tropics,” attracting writers, actors

gestion de l’hôtel, qui fut surnommé le

and artists. Coster named suites after favorite

«Greenwich Village des Antilles». M. Coster

guests such as James Jones, Sir John Gielgud,

donna aux chambres les noms de ses invités

Graham Greene and Charles Addams.

préférés, dont James Jones, Sir John Gielgud,

Connecticut expatriate Al Seitz leased the

Graham Greene et Charles Addams. M. Coster

Oloffson Hotel in 1958, following the departure

et sa femme plièrent bagages en 1958 pour ouvrir

of Roger and Laura, who went off to Eilat, in

un restaurant haïtien à Eilat, en Israël. La

Israel, to open a Haitian restaurant. Al had

gestion de l’hôtel Oloffson passa alors aux mains

originally came to Haiti as the manager of La

de l’Américain Al Seit. M. Seit arriva en Haïti

Belle Creole store. In fact, it was Elias Noustas

pour gérer le magasin La Belle Créole, et le pro-

(owner of La Belle Creole) who helped him

priétaire de la boutique, Elias Noustas, l’aida à

finance his lease...Monday night used to be the

financer le bail de l’hôtel Oloffson. Tous les lun-

Oloffson’s folklore show, choreographed by

dis, on y présentait un spectacle de danses folk-

Lavinia Williams, a celebrated African-American

loriques chorégraphiées par Lavinia Williams,

from top,

dancer...

danseuse afro-américaine de renom.

The Hotel Oloffson,

The Oloffson continued to thrive until the depar-

L’hôtel Oloffson continua de prospérer jusqu’à la

ture of Jean-Claude Duvalier in 1986...

chute du régime Duvalier en 1986.

The Oloffson has survived because the latest in

L’établissement a pu survivre jusqu’à ce jour

the line of operators is Richard Morse, the son of

grâce à l’Américain Richard Morse, fils d’un

an American scholar and a Haitian dancer, who

universitaire américain et d’une danseuse

grew up in Woodbridge, CT. The Princeton grad

haïtienne. Diplômé de Princeton et musicien du

was a rock musician who came to Haiti in the

courant rock, M. Morse foula le sol d’Haïti dans

1980s in search of musical inspiration and

les années 1980 à la recherche d’influences

wound up fronting a rock/Voodoo band and

musicales. Il forma un groupe à saveur rock-

signing a 15-year lease on the nearly dead hotel.

vaudou et signa un bail de quinze ans pour la

Al Seitz

gestion de l’hôtel Oloffson, qui avait été pour

Tony Hattenbach exerpted from Hot Times in Haiti

ainsi dire déserté. Tony Hattenbach un extrait pris de «Hot Times in Haiti»

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BUYING & SELLING IN HAITI The number five has been an integral part

The larger cities have a wide variety of

in bulk, like a sack of beans, or in small

of the Haitian monetary system since the

objects on sale, ranging from secondhand

quantities, like a cup of rice. The necessities

1980s, due to the fiction of the ‘Haitian

clothing and shoes to tv sets and vcrs. Many

are generally available at the weekly market,

dollar.’ When tourism thrived and the

of these ‘high-end’ products are somewhat

although it is difficult to find luxury items.

coffers had something in them, the Haitians

battered by use, but they still fetch a high

For these, one must go to a provincial capital

created the ‘Haitian dollar’ as five gourdes

price due to the law of supply and demand.

or a town close to the Dominican Republic.

(Haiti’s currency) for one US dollar. Inflation

Typically, a street market has no set prices

As market day winds down, a mass exodus

has changed this rate over the years and it

and bargaining is the mode of business. If

of cargo-laden donkeys, pedestrians, bikers

is currently 45–55 gourdes for one US dollar,

the shopper does not bargain, it is regarded

and tap-taps all head for home...

but the fiction of the ‘Haitian dollar’ still

as rude. Also—there may be a better deal

applies. When you are shopping in Haiti,

right next to you!

someone may ask you to pay ‘ten dollars.’ Ten Haitian dollars is now equivalent to 50 gourdes (5 × 10), which would be around one us dollar at today’s exchange rate. So payment can be made with a fifty-gourde note or one American dollar, either would be acceptable. Hold on to this...Haitians use this conversion system for all of their transactions over five gourdes—one ‘Haitian dollar!’

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Ken Scoff

Many people run shops out of their homes, selling prepared food or the ingredients for making food. But by far the most interesting shopping experience is the weekly ‘market day,’ especially in the countryside. Peasants come on their donkeys, on foot, or by taptap, generally early in the morning, to sell, buy, bargain and barter away the day. Sacks of rice, butchered goat, pig and chicken, building supplies, charcoal, beans, dry

Once you grasp this unique conversion

goods, and an amazing myriad of other

system, you will be ready to go shopping

colorful (or -less) products are scattered

in Haiti.

through the marketplace. Items can be sold

MARKETS | LE MARCHÉ


L’ACHAT & LA VENTE EN HAÏTI Depuis les années 1980, le numéro cinq a

Une fois ce système maîtrisé, vous êtes prêt à

matin, pour acheter, vendre et troquer

pris une importance primordiale dans le

faire le tour du marché en Haïti. Dans les

jusqu’à la tombée de la nuit. Sacs de riz,

système monétaire haïtien, principalement en

grandes villes, une gamme imposante de

poulets, cochons et chèvres de boucherie,

raison de la nature fictive du «dollar haïtien».

marchandise est proposée au marché, y

matériaux de construction, charbon, fèves,

À l’époque où le tourisme était en plein essor

compris des vêtements d’occasion,

articles de mercerie et produits de toutes

et où l’argent abondait sur l’île, les haïtiens

des chaussures, des magnétoscopes et des

sortes de couleurs n’attendent que de trouver

créèrent le dollar haïtien et lui attribuèrent la

télévisions. La plupart de ces articles «haut

preneur. On achète soit en vrac, comme c’est

valeur de cinq gourdes (la monnaie haïtienne)

de gamme» portent visiblement une marque

le cas pour un sac de fèves, soit en quantités

par rapport au dollar américain. Depuis,

d’usure, mais sont néanmoins vendus au prix

aussi petites qu’une tasse de riz. De façon

l’inflation a changé la donne, et le taux actuel

fort à cause de l’inadéquation de l’offre et de

générale, on peut acheter assez facilement les

s’affiche entre 45 et 55 gourdes sur la base

la demande. De façon générale, un marchand

biens essentiels au marché hebdomadaire,

du dollar US. Toutefois, partout au pays, on

ambulant n’affiche pas de prix sur ses

entend parler de la fiction nommée «dollar

mais les articles de luxe risquent d’être

marchandises: le troc est privilégié. Si

difficiles à trouver. Pour se les procurer, il

l’acheteur refuse de négocier, il risque

faut se rendre dans une capitale provinciale

d’offusquer le marchand. Le marchand voisin

ou dans une ville frontalière de la

propose peut-être aussi une meilleure affaire!

République dominicaine.

Souvent, les marchands déploient leurs étaux

À la fin de la journée, on aperçoit un exode

un dollar américain au cours actuel. Dans ce

dans leur maison et y vendent des plats cuits,

d’ânes, de tap-taps et de personnes à pied et

cas, vous régleriez avec un billet de cinquante

ou encore des ingrédients pour la cuisine.

à bicyclette, tous lourdement chargés, sur le

gourdes, ou de un dollar américain. Les

Or, le jour du marché hebdomadaire reste de

chemin du retour à la maison...

haïtiens emploient cette méthode d’échange

loin l’expérience d’achat la plus intéressante,

pour l’ensemble de leurs transactions ayant

surtout celle qui se déroule dans les petits

une valeur supérieure à cinq gourdes, donc

villages ruraux d’Haïti. Les paysans arrivent

un «dollar haïtien».

sur leurs ânes, à pied ou en tap-tap, tôt le

haïtien». Ainsi, lorsque vous faites vos emplettes, un marchand risque de vous demander «dix dollars» pour un achat. Dix dollars haïtiens équivalent à environ 50 gourdes (dix fois cinq), ce qui vaut environ

MARKETS | LE MARCHÉ

Ken Scoff

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HAITIAN IRONWORK

THE ART MARKET IN HAITI

The origin of Haitian ironwork, known as

In Haiti, probably the poorest country in the

“Fer-de-Coupe,” is credited to Georges

Western Hemisphere, where jobs are scarce

Liautaud, a blacksmith born in 1899 in

or non-existent, the money earned from

Croix-de-Bouquets, a small town 30 minutes

craft-making is not just supplemental

from Port-au-Prince. Subsequent artists

income, but the sole source of money for

acquired old steel oil drums, flattened them,

most artisans and their families.

and traced patterns onto the metal with hammer and chisel. The designs were sanded, sculpted, and either left natural or brightly painted. Today, Croix-de-Bouquets is still the center for “Fer-de-Coupe.”

When the Centre d’Art opened in Port-auPrince in 1944, recognition came to artists from the masses and the art market burgeoned in Haiti. “Primitive Art” became the name of the game, and anyone who could paint hoped to cash in. Dealerships and gal-

LE FERRONNERIE EN HAÏTI

leries sprouted, each trying to corner the market by having artists paint exclusively for

Les origines de la ferronnerie en Haïti,

them. Scores of mass-produced artworks fell

appelée «fer de coupe» par les haïtiens,

in line with what sold...

remontent au forgeron Georges Liautaud, né en 1899 à Croix-de-Bouquets, petite ville située à une demi-heure de Port-au-Prince. Par la suite, les artisans se procurèrent de

By 1978, however, many fine artists had realized the implications of commercialism, and their work started to regain its integrity.

vieux barils à pétrole pour les aplatir et y tracer des motifs à l’aide d’un ciseau. Les constructions, passées à la meuleuse et sculptés, furent ensuite peintes de couleurs

LE MARCHÉ POU R L’ART EN HAÏTI

vives ou laissées dans l’état. Ces créations

En Haïti, pays le plus pauvre de

ont contribué à la renommée du village, si

l’hémisphère occidental, où les emplois sont

bien que «fer de coupe» et Croix-de-Bouquets

rares, voire inexistants, la fabrication d’objets

sont aujourd’hui devenus synonymes.

d’artisanat ne constitue pas, comme dans certains pays, une source de revenu supplémentaire, mais bien l’unique source de reve-

JACMEL WOOD ART Jacmel, on the south coast of Haiti, has been

nu pour bon nombre d’artisans et leur famille.

called “a town of artists.” Vivid colors and

Grâce à l’ouverture du Centre d’Art de Port-

tropical scenes are the most popular expres-

au-Prince en 1944, les artistes populaires

sion of art here and Jacmel artists specialize

furent enfin reconnus et le marché

in brightly-painted wood products.

international en Haïti prit de l’essor. L’art dit «primitif» devint la marque de commerce, et quiconque était capable de peindre pouvait

L’ART SU R BOIS Sise sur la côte sud d’Haïti, la ville Jacmel est bien connue pour son art sur bois. Là-bas, les couleurs vives et les scènes tropicales sont la forme d’expression artistique la plus populaire. Les artistes de Jacmel sont spécialisés dans la fabrication de produits du bois décorés de couleurs vives. Depuis le début des années 1990, la collectivité met les bouchées doubles pour retrouver le niveau de production élevé qu’elle a jadis connu.

espérer de percer dans le milieu. Les concessions se multipliaient et des galeries ouvraient les unes après les autres; chacune essayait d’accaparer le marché en embauchant des artistes peintres à son service exclusif. Ces derniers devaient composer avec des directives spécifiques. Ils devaient, par exemple, peindre plus de scènes du marché, ou encore accorder une place d’honneur aux paysages. De nombreux artistes étaient contraints de produire des œuvres à la chaîne, à l’image des tendances de l’époque... En 1978, l’engouement initial et la «fièvre de l’or» s’étaient dissipés. Bon nombre d’artistes s’aperçurent des pièges et des leurres du mercantilisme, et reprirent leurs anciennes méthodes de travail, gages d’excellence et d’intégrité.

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MARKETS | LE MARCHÉ


MARKETS | LE MARCHÉ

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THE TOU RIST MARKET IN 1961

owned it. Rum Barbancourt, which is known

It was two years after the election of Francois

The family of my friend André Saba arrived in

Duvalier in the month of January, 1959...Although

Haiti as Jordanian immigrants from Trinidad in

it’s hard to imagine, there were cruise ships

the late 1950’s. In a matter of months, his Red

loaded with tourists coming into Port-au-Prince

Carpet Art Gallery became highly profitable. He

three days a week...they visited the mountains of

paid taxi drivers a commission on every art pur-

Kenscoff outside Port-au-Prince on guided tours,

chase. Consequently, tourists were driven from

and there they purchased souvenirs at the Baptist

cruise ships to the Red Carpet as a matter of

Mission, noted for its native handicraft shop...

course...The artists he promoted (like Cherie,

La Rue Bonne Foi in downtown Port-au-Prince

world wide, belongs to the Gardere family.

Savain and Gourgue) became famous.

was lined with duty-free shops. The largest was

Tony Hattenbach

La Belle Créole, owned by Elias Noustas, whose

exerpted from Hot Times in Haiti

father had arrived in Haiti in 1912 as an immigrant from Bethlehem. Elias also owned the boutiques in a number of hotels. The only place in Haiti where you could get an ice-cream soda was in an arcade downtown. It attracted thirsty tourists who came rushing off the boats to buy duty-free china, crystal, perfume and silverware. The manager there was Al Seitz, an American who later leased the Hotel Oloffson...Elias Noustas also built a restaurant and shop perched on the side of a mountain overlooking the city and bay of Port-au-Prince. Tourists sought out this spot, suitably called the Perchoir, on their way to Jane Barbancourt Liquors, where they could enjoy endless free samples. The Barbancourt next to Le Perchoir was not the Rum Barbancourt Factory—they are not related. Jane Barbancourt Liquors was founded by an Austrian Jew, whose family

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LE MARCHE TU RISTIQU E EN 1961 C’était deux ans après l’élection de François Duvalier, en janvier 1959. À cette époque, croyez-le ou non, des navires de croisière bondés de touristes accostaient à Port-au-Prince trois fois par semaine...Des visites guidées étaient organisées, souvent dans les montagnes de Kenscoff, tout près de la capitale, où les voyageurs faisaient halte pour acheter des souvenirs à la Mission Baptiste, renommée pour son magasin d’artisanat primitif. Des boutiques hors taxes longeaient la rue Bonne Foi, au centre-ville de Port-au-Prince. La plus grande d’entre elles, La Belle Créole, appartenait à Elias Noustas, qui avait émigré en Haïti avec sa famille en 1912, en provenance de

Bethléem. Il était également propriétaire de toutes les boutiques des hôtels du coin. Descendant des navires et se ruant vers les boutiques hors taxes pour acheter des parfums, de la porcelaine, du cristal et de l’argenterie, les touristes s’arrêtaient ensuite dans une grande arcade du centre-ville pour se désaltérer, seul endroit au pays à servir des sodas à la crème glacée. Le directeur de la place, un Américain du nom d’Al Seitz, allait devenir, des années plus tard, le célèbre directeur qui racheta le bail de l’Hôtel Oloffson. Elias Noustas ouvrit également un restaurant et un magasin juchés sur le flanc de la montagne surplombant la ville et la baie de Port-au-Prince. Ce coin de paradis, appelé le Perchoir, était bien connu des touristes: en chemin vers la fabrique de rhum de Jane Barbancourt, ils y faisaient une pause pour des dégustations gratuites. La famille de mon ami André Saba est arrivée en Haïti à la fin des années 1950, avec le statut d’immigrants jordaniens de Trinidad. En quelques mois à peine, sa galerie d’art Red Carpet devint la plus prospère de tout le pays. Bon nombre d’artistes exposants, dont Cherie, Savain et Gourgue, acquirent par la suite une grande notoriété. Une commission était versée aux chauffeurs de taxi pour chaque œuvre d’art vendue. Il était donc monnaie courante que les touristes se rendent directement au Red Carpet à leur débarquement des navires de croisière... Tony Hattenbach un extrait pris de «Hot Times in Haiti»

MARKETS | LE MARCHÉ


LABADEE BAY

LA PLAGE LABADEE

Until the events that led to the fall of

Jusqu’aux événements qui menèrent à la

President Bertrand Aristide in 2004, the

chute du président Jean-Bertrand Aristide en

tourist market in Haiti consisted of cruise

2004, le tourisme en Haïti se résumait à des

ships calling in on the north coast of

passagers à bord de navires de croisière qui

Haiti, a short distance from Cap-Haïtien

accostaient sur la côte septentrionale du pays,

in Labadee Bay. (Which destination Royal

à une courte distance de Cap Haïtien, dans la

Caribbean Cruise Lines (rccl) was careful

dans la baie de Labadee, destination que la la

to locate in “Hispaniola.”) There the floating

Royal Caribbean Cruise Lines (rccl) prit soin

hotels hove-to, with travellers anxious to buy

de catégoriser dans l’île Hispaniola. Ces

paintings and hand-crafted items.

navires transportaient des voyageurs prêts à

Created in 1987, rccl’s private resort was popular with passengers. Its setting was beautiful—an amphitheatre created by

de la rccl est très populaire auprès des pas-

provided seclusion and protected the crystal-

sagers. Son décor est magnifique, tel un

clear waters of the bay. Here, rccl built

amphithéâtre dessiné par des montagnes

pavilions for dining, entertainment, and

verdoyantes encerclant une anse et une série

water-sports equipment, as well as a market-

de plages en forme de croissant, fournissant

place with shops of Haitian art and crafts,

un abri et protégeant les eaux transparentes

paintings, coffee, and cognac for sale.

de la baie. C’est là que la rccl érigea des

Music, dancing, and performances by a

pavillons pour accueillir des restaurants, des

local folklore group were also laid on.

activités de loisirs et de l’équipement de

expeditions to nearby Amiga Island revealed anchors, cannonballs, pottery, and, some divers claimed, 16th-Century artifacts...

de plongée libre à l’île La Amiga, tout près, ont permis de retrouver des ancres, des boulets de canon, de la poterie et même, selon certains plongeurs, des artéfacts du xvie siècle...

fabriqués à la main. Créé en 1987, le centre de villégiature privé

passed by 200-year-old ruins. Snorkeling

vieilles de deux cents ans. Des expéditions

des tableaux, des gravures et d’autres articles

with a series of crescent-shaped beaches. It

people, their past and present. Hiking trails

randonnée pédestre traversent des ruines

débourser de grosses sommes pour acheter

lush green mountains around a lovely cove

Narrated coastal tours described the Haitian

leur passé et leur présent. Des sentiers de

sports aquatiques, ainsi qu’une place du marché composée de boutiques d’artisanat haïtien, de tableaux, de café et de cognac. De la musique, de la danse et des spectacles d’un groupe de folklore local ajoutent au charme de l’endroit. Lors des visites guidées le long des côtes, les touristes apprennent l’histoire des haïtiens,

MARKETS | LE MARCHÉ

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Colour photos by Tiana Markova Gold


RAM In 1993, a very popular Haitian band, ram, led by Richard Morse, a Haitian-American, re-recorded a song called “Fèy.” It became an anthem for supporters of Jean-Bertrand Aristide, president-in-exile, and his Lavalas party, then seen as the hope of Haitian democracy. Despite threats to his own life and that of his family, Morse continued to lead ram in performing the song. The group enjoyed even more prominence with their song “Ibo Lele.” And their “Dreams Come True” was included on the soundtrack of the critically-acclaimed 1993 Jonathan Demme movie Philadelphia. Morse says: “I took over the Hotel Oloffson in 1987, formed a band in 1990 and stopped counting governments in 1996.” He remembers a time in the early 1990s when coups and counter-coups gave the country three governments in 12 hours. His grandfather, Candio, is remembered in Haiti not only for his talent in writing and composing popular ballads, but also for his acute sense of political satire, from the end of the 1800s until mid 1900s. Morse’s mother, Emeranthe des Pradines, was the first Haitian woman to sign a record deal with a major American label to perform traditional Voodoo songs. Richard Morse himself hosted gigs by different ‘rasin’ bands in the early days of the development of the sound. ram seduces its audiences with a heady eclectic mix of Voodoo rhythms, Western electric sound and sinuous traditional dancing. There is dancing room only for its Thursday night performances at the Oloffson Hotel in Port-au-Prince.

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DANCE | DANSER


RAM

KONPA

LE KONPA

En 1993, un groupe Haïtien très populaire,

The foundation of modern Kompas is usually

Les origines du Kompas moderne remon-

appellé ram, et son fondateur, un Haïtien de

traced to Le Jazz des Jeunes founded in the

tent au groupe le Jazz des Jeunes, fondé au

souche américaine nommé Richard Morse,

early 1940s by saxophonist René St-Aude.

début des années 1940 par le saxophoniste

réenregistrèrent une chanson intitulée Fey.

Their blend of Afro-Cuban and Afro-Haitian

René St. Aude. Leur savant dosage de

Elle devint un refrain pour les partisans de

beats combined with swing dominated the

rythmes afro-cubains et afro-haïtiens,

Jean-Bertrand Aristide, président exilé et chef

music scene until the 1950s, when a pair of

agrémentés de musique swing, domina la

du parti Lavalas, considéré comme seul espoir

flamboyant saxophonists revolutionized

scène musicale jusqu’à l’apparition dans

pour le retour de la démocracie en Haïti.

Haitian music. Nemours Jean-Baptiste and

les années 1950 de deux saxophonistes bou-

Malgré les menaces de mort proférées à son

Webert Sicot created a genre of popular

leversants, Nemours Jean-Baptiste et Webert

endroit et à celui de sa famille, Morse continua

music known today as Kompas Direct and

Sicot. Cet événement provoqua une révolu-

de jouer la chanson en spectacle accompagné

Cadence Rampa.

tion dans la musique haïtienne, et engendra

de son groupe, ram.

Nemours Jean-Baptiste mixed big-band

un style de musique populaire connu aujourd’hui sous le nom de kompas direct et

L’ensemble connut un succès particulière-

tempo and Cuban Meringue with a steady

ment retentissant avec la chanson Ibo Lele.

bass drum, cowbell beats and sustained

“Dreams Come True” figura sur la bande orig-

cymbals. Webert Sicot stuck close to the

Nemours Jean-Baptiste prit un tempo inspi-

inale de Philadelphia, film acclamé par la cri-

Cuban line with Cadence Rampa.

ré de la musique du big band et de la

tique signé Jonathan Demme et paru en 1993.

Kompas Direct a.k.a. Konpa has since been

cadence rampa.

meringue cubaine et y ajouta un rythme constant joué à la grosse caisse, à la cloche

Comme le raconte Morse lui-même, “J’ai

broadened by Tabou Combo, Skah Shah,

assumé le bail de l’hôtel Oloffson en 1987,

System Band, Les Frères De Jean, Bossa

j’ai formé un groupe en 1990, et j’ai arrêté

Combo, dp Express, Scorpio, Tropicana,

de compter les changements de gouverne-

Coup Cloué, Shougar Combo, Magnum

ment en 1996.”

band, Septentrional and many more. Many

Le kompas direct, connu également sous le

of these bands, including Tabou Combo,

nom de konpa, s’est fait mieux connaître

have performed outside Haiti.

grâce aux artistes et aux ensembles tels que

Le grand-père de Morse, Candio, était connu en Haïti pour sa prose et pour les airs populaires qu’il composa, mais également pour

Konpa was kept going in the late 1980s with

son sens fin de la satire politique, surtout

the evolution of New Generation bands—

entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e.

Skandal, Zin, Phantoms, Lakol, Zenglen,

La mère de Richard Morse, la chanteuse

Top Vice and Sweet Micky. Phantoms, Zin,

haïtienne Emeranthe des Pradines, fut

and Zenglen were the most popular, and

la premiere Haïtienne à signer un contrat

dominated Haitian airwaves.

avec une grande compagnie de disques américaine, alors qu’elle chantait des chansons vaudous traditionnelles.

The ’90s saw the emergence of yet another breed of Konpa groups—Mizik Mizik, Dajkout Mizik, Kdans, T-vice, Konpa Kreyol,

Morse se souvient d’une époque vers le

Dzine Tdozz, Jam, Lov, Larose & Missile 727,

début des années 1990 au cours de laquelle

and Strings.

coups d’état et contre-coups d’état firent connaître à son pays trois gouvernements succéssifs en douze heures. Pendant ce temps, il présentait des soirées où jouaient

de vache et aux cymbales. Pour sa part, Werbert Sicot resta fidèle aux traditions cubaines de la cadence rampa.

Tabou Combo, Skah Shah, System Band, Les Frères De Jean, Bossa Combo, dp Express, Scorpio, Tropicana, Coup Cloué, Shougar Combo, Magnum band, Septentrional et bien d’autres encore. Bon nombre de ces groupes, y compris Tabou Combo, ont présenté des concerts à l’étranger. La renommé du konpa continua de s’accroître durant la fin des années 1980, période pendant laquelle les groupes de la nouvelle génération virent le jour, parmi eux Skandal, Zin, Phantoms, Lakol, Zenglen, Top Vice et Sweet Micky. Phantoms, Zin, et Zenglen furent les plus populaires, et dominèrent les ondes en Haïti.

des groupes ‘rasin’ à une époque ou le style

Une nouvelle vague d’ensembles Konpa se

ne s’était pas encore développé.

fit connaître dans les années 1990, parmi eux

ram séduisit le public de par son mélange envoûtant de rythmes vaudous, de sons électriques inspirés de la musique occidentale,

Mizik Mizik, Dajkout Mizik, Kdans, T-vice, Konpa Kreyol, Dzine Tdozz, Jam, Lov, Larose & Missile 727, et Strings.

et des mouvements fluides des danses traditionnelles. À coup sur, les jeudis soirs à l’Hôtel Oloffson à Port-au-Prince, la pièce, ainsi que la piste de danse, sont combles.

DANCE | DANSER

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THE CABANE CHOUCOU NE

KATHERINE DU NHAM

Cabane Choucoune was Haiti’s number one

...the person who put her heart and soul into

nightclub for years. The dance floor was covered

Haiti was Katherine Dunham, one of the most

by a sisal-thatched roof, and the room could hold

celebrated dancers and choreographers of all

up to 1,000 people. Saturday night was the night,

time. Katherine originally came to Haiti in 1936,

it seems the men came dressed in navy blue suits

and it was said that she had been the former

and ties, the ladies in cocktail dresses, to dance to

lover of Dumarsais Estimé, who was President

the Haitian meringue until four a.m..

in the 1940s. She was an African-American who

Tony Hattenbach exerpted from Hot Times in Haiti

was drawn to Haiti like a magnet, and purchased a property on which she built her home. (It was rumoured that the site was the original late 18th-Century residence of Captain General

THE CABANE CHOUCOU NE La Cabane Choucoune fut depuis longtemps la boîte de nuit la plus branchée du pays. La piste de danse était recouverte d’un toit en chaume tissé de sisal, et la pièce pouvait recevoir jusqu’à 1 000 personnes. C’était le samedi soir qu’il fal-

le Clerc, Napoleon’s brother-in-law. In truth, it was the French military headquarters at the time and Captain General Le Clerc spent very little time there. His wife, Pauline Bonaparte, lived in Cap-Haïtien where he spent many of his days.)

lait y aller. Les hommes, cravatés et costumés en

The grounds were cluttered with marble statues

bleu marine, et les femmes, habillées en robe de

and marvelous trees. The property was located in

soirée, dansaient la meringué haïtienne jusqu’à

Carrefour, smack in the middle of the red-light

KATHERINE DU NHAM

quatre heures du matin.

district, but hidden away from sight by royal

Katherine Dunham fut celle qui, parmi tant

Tony Hattenbach un extrait pris de «Hot Times in Haiti»

palms and tropical foliage. At one time, Katherine, out of boredom, briefly opened a Moroccan nightclub where everyone dressed in Fez, red vests, and pantaloons. Once a night she would appear and perform her Dance of the Seven Veils, accompanied by canned belly-dancing music, while one of her

d’autres, vécut pleinement l’expérience haïtienne et s’y donna corps et âme. Danseuse et chorégraphe de renom, Katherine débarqua en Haïti en 1936. Elle aurait été pendant un certain temps la maîtresse de Dumarsais Estimé, président du pays pendant les années 1940. De souche afro-américaine, elle se sentit irrésistible-

company members disrobed her.

ment attirée vers Haïti, si bien qu’elle y acheta

In 1972, Katherine leased the property to Olivier

aurait jadis appartenu au capitaine-général le

Coquelin, the then-darling of the jet-set, who opened his Hotel Habitacion Le Clerc there. Tony Hattenbach exerpted from Hot Times in Haiti

des terres et y fit construire sa maison. Le terrain Clerc, beau-frère de Napoléon; il y aurait établi son premier lieu de résidence sur l’île, vers la fin du XVIIIe siècle. En réalité, le bâtiment abritait le quartier général des forces françaises, et le capitaine-général le Clerc préférait passer son temps à Cap Haïtien, où habitait sa femme, Pauline Bonaparte. Situé dans le quartier Carrefour, en plein cœur du quartier des prostituées, le terrain recelait de statues en marbre et d’arbres magnifiques. Ses nombreux palmiers, ainsi que sa riche végétation, servaient d’abri contre les regards indiscrets. Enfin, par désœuvrement , Katherine ouvrit une boîte de nuit à saveur marocaine, où tous les

at left, from top,

employés étaient habillés en costume authen-

At the Cabane Choucoune

tique, de la tête aux pieds. Tous les soirs, au son

above right, Katherine Dunham

d’une musique préenregistrée à saveur de baladi, elle présenta sa version de la danse des sept voiles, lors de laquelle un de ses acolytes la dévêtit. En 1972, Katherine céda le bail à Olivier Coquelin, jet-setter par excellence, qui transforma l’établissement en l’hôtel Habitacion le Clerc. Tony Hattenbach un extrait pris de «Hot Times in Haiti»

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DANCE | DANSER


VOODOO & POP Beginning in the 1930s, the sacred musics of Voodoo and Rara have been echoed in popular music. But this interest surged in postwwii Haiti. In Sunday performances at the open-air, seaside Theâtre Verdure, Haitian audiences thrilled to the folkloric performances of Jazz des Jeunes, singer Lumane Casimir, drummer Ti-Roro, and the Troupe Folklorique Nationale d’Haïti. These performances were inspired by an intellectual and political nativist movement that took hold in Haiti during the first American occupation (1915–1934) in reaction to the racism of the occupation forces and to the history of Haiti’s domination by a light-skinned elite that took its cultural cues from France.

LE VAUDOU ET LA MUSIQUE POPULAIRE: UN LIEN ETHNOGRAPHIQUE Au début des années 1930, les échos des musiques sacrées du Vaudou et du Rara commencèrent à se faire entendre dans la musique populaire, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Tous les dimanches, le public haïtien savourait les prestations d’artistes folkloriques comme le groupe Jazz des Jeunes, la chanteuse Lumane Casimir, le batteur Ti-Roro ou encore la Troupe folklorique nationale d’Haïti, qui donnaient des représentations au Théâtre Verdure, amphithéâtre à ciel ouvert au bord de la mer. Leurs spectacles étaient empreints du mouvement nativiste politique et intellectuel qui naquit en Haïti lors de la première occu-

However, none of these folkloric-oriented

pation américaine, entre 1915 et 1934. Cette

movements treated the religious beliefs of

tendance se voulait une réaction

Voodoo with the reverence that one finds in

contre le racisme dont faisaient preuve les

the more recent mizik rasin (roots music)

forces occupantes, ainsi qu’un rejet de l’élite

movement, which became a Haitian global

culturelle dominée par les Blancs inféodés

export in the 1990s.

au modèle français.

Roots music came to stand for sympathy

Toutefois, aucun mouvement folklorique ne

Emerante de Pradine

with the plight of Haiti’s poorest classes,

traita des convictions religieuses haïtiennes

thus assuming a new political relevance.

below, from left,­

avec autant de respect que la nouvelle

Hotel El Rancho, circa 1969,

Although the music wields a political

tendance «mizik rasin» (musique eth-

under Tony Hattenbach’s management;

impact, mizik rasin groups have emphasized

nographique), officiellement devenue une

Theâtre Verdure, 1950

spiritual messages of tolerance, unity, faith,

exportation haïtienne à l’échelle mondiale

and respect (for their ancestors as well as

dans les années 1990.

for the living) as a way out of Haiti’s political and economic morass.

above,

Peu à peu, la musique ethnographique devint synonyme de solidarité avec le malheur des

Gage Averill, Dean,

classes les moins bien nanties, ce qui lui con-

Faculty of Music, University of Toronto

féra une valeur politique. Cependant, malgré

Some material in this essay first appeared in the jacket notes to

la force mobilisatrice de cette musique, les

Rhythms of Rapture: Sacred Musics of Haitian Voodoo,

groupes «mizik rasin» ont voulu que la

Smithsonian Folkways SFCD 40464, 1995

musique transmette des messages spirituels tels que la tolérance, la solidarité, la foi et le respect (des aïeux et des vivants) en guise de panacée aux déboires actuels du pays. Gage Averill est doyen de la Faculté de musique de l’Université de Toronto (certains extraits de cet essai sont déjà parus dans les notes d’accompagnement de l’enregistrement Rhythms of Rapture: Sacred Musics of Haitian Voodoo, Smithsonian Folkways SFCD 40464, 1995).

DANCE | DANSER

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COCKFIGHTING

LES COMBATS DE COQS

Everywhere in Haiti, people avidly celebrate

Partout à Haïti, les gens aiment les combats

their favorite pastime and sport—cockfighting

de coqs gage. Ça commence le mercredis et

gage. Wednesday is opening day for

les combats importants ont lieu le samedi.

cockfights, with the important ones on Saturdays.

Les arènes varient—certains combats ont lieu dans des stades en béton avec des sièg-

Fighting pits vary—some fights take place in

es, d’autres sont simplement délimitées par

a concrete stadium with seats, others in a

des billots de bois disposés en cercle. Les

circle marked by a few tree stumps. Noisy

colporteurs bruyants sont toujours présents,

hawkers are always there, peddling games of

en train de marchander des jeux de hasard,

chance, tobacco leaves, clarin and deep fried

quelques feuilles de tabac, du clarin, de la

morsels—generally to an all-male clientele

friture avec une clientèle en général entière-

The cocks are named for plumage or other

ment masculine.

characteristics. Revered as magical and as

On donne des surnoms aux coqs selon leur

phallic symbols, some live better than people

plumage ou d’autres caractéristiques.

do! Their diets range from grain to more

Vénérés comme étant magiques et symboles

exotic fare like clarin and even blood. In

phalliques, certains ont une qualité de vie

some places diets and training are heavily

supérieure aux humains! Leur alimentation

guarded secrets. The roosters are especially

inclut des graines mais aussi des éléments

well taken care of before and after each match.

aussi exotiques que du clarin ou même du

Fans attempt to assist the ringmaster in choosing two evenly-matched birds for a battle. Each bird is examined, weighed, and tested for combativeness by placing it face

sang. Par endroits, leur régime alimentaire et leur entraînement sont des secrets bien gardés. On prend particulièrement bien soin des coqs avant ou après chaque match.

to face with another. They are restrained by

Les fervents essaient d’aider le maître de

twine as fans and ringmaster watch to see

manège en trouvant deux volatiles de même

how they will react in the practice battle

calibre pour un combat. Les deux animaux

goume. After the ringmaster has elected two

sont examinés, pesés et testés pour leur com-

candidates, the handlers blow a clarin/water

bativité en les plaçant face à face. Tout en les

mix out of their mouths to cleanse the birds

retenant avec une ficelle, on observe com-

for battle, and sharpen the back talons

ment ils se comportent pendant le match

(unlike in other countries, Haitians do not

d’entrainement goume. Lorsque le maître de

fix blades to the cocks’ legs).

manège a choisi deux candidats, les préposés

While their handlers attend to the birds, patrons get on with the betting, which keeps on throughout the contest. The match is always exciting—back and forth action from the roosters and wild encouragement from the crowd. After it is over, all bets are settled, the roosters are cleaned, and the victorious handlers are praised. A little rooster blood is sometimes drunk after a match to give the trainers “more strength with the women...” No. I do not consider Haitian cockfighting brutal. The roosters are rather like plumed boxers—except that a loser may end up in the pot! Ken Scoff

soufflent de leur bouche un mélange de clarin et d’eau pour purifier les coqs avant la bataille et leur aiguisent les ergots (contrairement à d’autres pays, les haïtiens ne fixent pas de lames de rasoir aux coqs). Pendant que les préposés préparent les volatiles, les spectateurs engagent leurs paris qui animent les discussions. Le match est toujours excitant avec le va-etvient des coqs et les encouragements délirants de la foule. Après le match, les gains sont établis, les coqs sont nettoyés et l’on vante les mérites des préposés victorieux. Il arrive quelques fois que les entraineurs boivent un peu de sang des coqs pour leur donner plus de virilité... Non, je ne pense pas que les combats de coqs à Haïti soient brutaux. Les coqs aiment assez se plumer (sauf que le perdant risque de finir dans la marmite)! Ken Scoff

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SPORT


SPORT

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SPORT


SPORT

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KARATE IN HAITI

LE KARATÉ EN HAÏTI

Karate is an obsession of all Haitians

Le karaté est pour ainsi dire une obsession

regardless of age, sex or social standing.

nationale chez les haïtiens, quel que soit

Many Haitians, especially younger adults

leur âge, leur sexe ou leur position sociale.

and children, would recognize a picture of

Bon nombre d’haïtiens, surtout les jeunes

Jet Li before a picture of George Bush. A

adultes et les enfants, seraient plus suscepti-

few schools of karate have opened in the

bles de reconnaître le visage de Jet Li que

larger cities of Haiti and their companies of

celui de George Bush sur une affiche.

acrobats and karate experts typically travel

Quelques écoles de karaté ont été établies

around the country, performing in the small

dans les grandes villes haïtiennes, et ces

villages and towns. The shows are always

compagnies d’experts en karaté et en sauts

crowded and there is inevitably vibrant

acrobatiques font le tour du pays et présen-

energy in the audience, with lots of “Oh’s

tent des spectacles dans les petits villages.

and Ah’s.”

Ces spectacles sont souvent bondés et ponc-

After a show, children and young adults practice the karate moves they have just seen, and generally keep it up for the rest of the day. Many villages have someone with a small television/vcr combination run on a generator, and typically the movie of choice is some poorly dubbed Kung Fu movie in French. One of the favorite genres is the Ninja movie, and the small “theater” will be full for one of those, even if it has been seen before.

tués de «oh» et de «ah», et inévitablement on sent dans la pièce une énergie vibrante. Après ce genre de spectacle, les adultes, tout comme les enfants, pratiquent les manœuvres qu’ils viennent d’observer, ce qui peut durer le reste de la journée. Dans la plupart des villages, au moins une personne possède un magnétoscope et une télévision branchés à une génératrice, et on y fait habituellement jouer un film kung-fu mal doublé en français. Le film de type «ninja» reste parmi

There are few signs that Karate will be other

les genres préférés en Haïti, et il ne serait

than an obsession in Haiti for years to come.

pas difficile de remplir une «salle de

Ken Scoff

projection» improvisée à l’annonce d’une représentation, même si ce film avait déjà été visionné... Ken Scoff

SPORT

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42

HAITI CHERIE


THE TWO HAITIS

LES DEUX HAÏTIS

Haiti is two nations. Those in the north of

Haïti est composée de deux nations. Ceux

Haiti consider themselves more industrious

du nord se considèrent plus industrieux que

than their compatriots down south, and

leurs compatriotes du sud et sont fiers de

are proud of their cultural and political pre-

leur prééminence culturelle et politique.

eminence. Isolated by its geography, the south

Isolé par sa géographie, le sud d’Haïti n’a

of Haiti did not participate in the political

pas participé aux bouleversements de la

upheavals of the 1791–1804 Haitian revolution,

révolution haïtienne de 1791 à 1804, lorsque

when slaves in the north overthrew the

les esclaves du nord ont renversé le pouvoir

plantocracy and declared the world’s first

des planteurs et ont proclamé la première

black republic.

république noire.

As seen on the map, the Department of the

Sur une carte, le département du nord forme

North forms the upper pincer of Haiti’s

la pince supérieure de la patte de crabe à

lobster claw. It borders (unlike the south) on

laquelle ressemble Haïti. Contrairement au

the Spanish-speaking Dominican Republic, so a

sud, il a des frontières avec la République

southerner will often say of a northerner,

dominicaine hispanophone ce qui fait que

‘Li Pagnol—‘He’s Spanish,’ meaning ‘a

les gens du sud les appellent souvent «Li

tough nut,’ ‘fierce’ or ‘proud.’ Cap-Haïtien,

Pagnol»—«il est espagnol»—ce qui signifie

the main northern city, is overwhelmingly

un caractère dur, féroce et fier. Cap Haïtien, la

black and African in atmosphere. Most of

ville principale du nord, est essentiellement

the black slaves were sent to plantations in

noire et a une atmosphère africaine. La

the north, while only French traders operated

plupart des esclaves noirs avaient été

from the south. Interestingly, mulattos were

expédiés sur les plantations au nord, tandis

never prevalent in the north. Jérémie, on the

que seuls les négociants français occupaient

tip of Haiti’s southern peninsula, was for

le sud. Il est intéressant de noter qu’il y a

many years a mulatto stronghold and was

toujours eu moins de mulâtres au nord.

known as la vitrine de la France for its

Jérémie, située à l’extrémité de la péninsule

Frenchified airs.

sud d’Haïti, fut pendant de nombreuses

The influence down south is notably more Gallic, and the Creole patois spoken by southerners is inevitably influenced by

années une place forte pour les mulâtres et avait la réputation d’être la vitrine de la France à cause de ses airs français.

French. ‘C’est pour moi’ becomes ‘Sa se

Au sud, l’influence est nettement plus gau-

pou moin’, while in the north it is ‘Sa se

loise; le patois créole parlé par les gens du

kinan-m’. Perhaps because of the Gallic

sud est inévitablement influencé par le

influence, the southern Haitian is considered

français. «Ça c’est pour moi» devient

more cordial and congenial than his more

«Sa se pou moin», alors qu’au nord on dirait

assertive northern counterpart.

«Sa se kinan-m». Peut-être en raison de

Up until 1964, when Francois (‘Papa Doc’) Duvalier eliminated Jérémie’s mulatto population, the city had turned its back on Africa and looked towards France for an identity.

l’influence gauloise, les haïtiens du sud sont considérés comme étant plus cordiaux et sympatiques que leurs concitoyens du nord plus assurés.

(Camembert, Roquefort and smoked Breton

Jusqu’en 1964, lorsque François («Papa Doc»)

ham used to be shipped there from Le

Duvalier a éliminé la population mulâtre de

Havre and Bordeaux; no longer.) Of course

Jérémie, la ville avait tourné le dos à l’Afrique

not all of Jérémie is “Frenchified,” and nor

et s’identifiait à la France. Le camembert, le

is Cap-Haïtien “African.” Yet differences

Roquefort et le jambon fumé de Bretagne y

remain in Haiti, this beautiful, bedevilled

étaient expédiés du Havre ou de Bordeaux;

land of contrasts.

plus maintenant. Bien entendu, Jérémie

Ian Thomson’s Bonjour Blanc: A Journey Through Haiti, re-published in May 2004 with a new preface by jg Ballard.

n’est pas entièrement francisée et Cap Haïtien n’est pas non plus africaine. Cependant des différences persistent à Haïti, ce magnifique pays de tourmentes et de contrastes. Le livre de Ian Thomson, «Bonjour Blanc: A Journey Through Haiti» est publié en mai 2004, avec une nouvelle préface de jg Ballard.

HAITI CHERIE

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TWO MASKS OF HAITIAN HISTORY

consummate skill of the manipulators of the mob during the French Revolution.

It was supposed to be different. 2004 is Haiti’s bicentennial year, meant for a celebration of independence, of the liberation of half a million slaves by their own revolution 200 years ago, of Toussaint’s and Dessalines’ promises of a free and empowered population and a wholly reformed society which, having washed itself in blood, would be purged of the very idea of race.

And it was Toussaint who first introduced the

Toussaint himself was not vouchsafed to enter the land he had promised. He ended his days in exile from the country he had begun to create and, by 1804, Jean-Jacques Dessalines had succeeded him as Haiti’s ruler. Dessalines’ harsher spirit inaugurated the vicious cycle of assassinations and coups d’état which has never ended since. True, it was Toussaint who used mob insurrections to achieve his ends, with the

idea of rulership for life in Haiti, in his Constitution of 1801. And if Dessalines wiped out the whites from Haiti, he did so only after the white colonists had betrayed Toussaint’s dream of a harmonious multiracial society. Dessalines then wrote another constitution which did away entirely with the idea of race. Now, in 2004, Toussaint’s dream has been betrayed again, as Toussaint was betrayed when Haiti was made a pariah state by the surrounding colonial powers who maintained slavery for another hundred years. As for average Haitians—barefoot, starving, illiterate, and possessed of a dignity and fortitude to make the angels bow their heads—they have seldom had anything from any government but abuse and exploitation. Madison Smarrt Bell

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HAITI CHERIE


DEUX MASQU ES DE L’HISTOIRE HAÏTIENNE Ça devait être différent. 2004 marque le bicentenaire de Haïti et devait célébrer son indépendance, la libération d’un demi million d’esclaves suite à la révolution qu’ils ont menée il y a 200 ans...la promesse d’un peuple libre et en charge de son destin et d’une société entièrement réformée qui, après s’être lavée dans le sang, fut purgée de l’idée même de race. Comme Toussaint lui-même à qui il n’a pas été accordé la faveur d’entrer dans le pays qu’il avait promis, qui a terminé ses jours en exil loin du pays qu’il avait commencé à fonder et à qui, en 1804, Jean-Jacques Dessalines a succédé en tant que gouverneur de Haïti. Le tempérament plus sévère de Dessalines a inauguré le cercle vicieux des assassinats et coups d’état qui n’a pas cessé depuis.

Cependant c’était Toussaint qui avait utilisé les émeutes pour parvenir à ses fins avec le talent consommé des manipulateurs de foules pendant la révolution française. C’est aussi Toussaint qui a introduit en premier l’idée de gouverneur à vie à Haïti et sa constitution en 1801. Si Dessalines a éliminé les blancs d’Haïti, il l’a fait après que les colons aient trahi le rêve de Toussaint d’une société multiculturelle harmonieuse. Dessalines a écrit la constitution qui ne contient plus l’idée de race. Le rêve de Toussaint fut trahi, tout comme Toussaint fut trahi, et Haïti fut traitée en état paria par les puissances coloniales environnantes qui ont conservé l’esclavage pendant encore un siècle. Pour les haïtiens ordinaires—pieds nus, affamés, illétrés et dotés d’une dignité et d’une force d’âme à faire se courber la tête des anges—ils ont rarement reçu de leur gouvernement autre chose qu’abus et exploitation. Madison Smarrt Bell

HAITI CHERIE

45


46

HAITI CHERIE


HAITI CHERIE

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HAITI FROM THE AIR Below us, the morning had prepared a tap-

we closed in, I could see they were

estry of pastel colours. Delicate pinks and

abandoned wrecks.

blues were visible through the clear waters of the Bahamas. It was as if an artist had taken soft pencil crayons and decorated the Earth. I could see picture-perfect lines of sandbars and coral reefs. The island of Greater Exuma beck-

On the final approach, we flew over a sprawling shantytown of corrugated iron shacks. I shuddered to think of life there ... Franc Mendes, American Pilot

oned ahead. It felt good to be alive. The Isla La Tortue, with its forbidding, sheer cliffs, slipped past the starboard wing as I trained my eyes on the Haitian coastline that was beginning to materialize out of the haze. It was so beautiful, lush, virginal...in my mind’s eye I could picture pirate ships, with rowboats making for land in search of treasure. Port-au-Prince harbour was full of ships— a bustling seaport. The only problem was, as

50

HAITI CHERIE


HAÏTI VU E DU CIEL En dessous de nous le matin avait préparé

Le port de Port-au-Prince était plein de

une tapisserie aux tons pastel. Les roses et

bateaux, un port de mer vibrant d’activités.

bleus délicats se voyaient à travers les eaux

Le seul problème était qu’ils étaient des

claires des Bahamas.

épaves.

C’était comme si un artiste avait pris des

À l’approche finale nous survolâmes un

crayons aux couleurs douces pour décorer la

vaste bidonville de cabanes de tôle

terre. Je pouvais voir les contours parfaits

ondulée. Je frémis en pensant à la vie là...

des bandes de sable et des récifs de corail. L’île de Grande Exuma nous faisait signe à l’avant. Il faisait bon de vivre.

Franc Mendes, pilote américain

L’île La Tortue avec ses falaises escarpées peu engageantes sembla se glisser sous l’aile à tribord alors que mon regard parcourait la ligne des côtes d’Haïti qui commençait à émerger de la brume. C’était si beau, verdoyant, virginal...je pouvais me représenter dans l’esprit l’image de navires-pirates avec des bateaux à rames se dirigeant vers la terre à la recherche d’un trésor.

HAITI CHERIE

51


THE CITADEL It is built directly on the rock, with no

1804, the self-proclaimed king built it to

separate foundation. Its hewn stones are

protect the interior of the country in case

held together by a mortar of limestone,

the French tried to retake the former colo-

molasses and bull’s blood. It took up to

ny. Henri’s main desire was to survive at

three months to move a single cannon the

whatever cost and to never, ever, return to

few kilometres from the coast to the fortress.

slavery. The United Nations includes the

It is the largest fortress in the Western Hemisphere. When it was finished, 365 cannons and 10,000 rounds had been assembled and deployed to allow a permanent garrison of several thousand men to

citadel in its list of cultural treasures, along with the Acropolis and the pyramids of Egypt. Its symbolic significance has yet to be fully realized in the international community.

resist attack almost indefinitely. The Citadel Henri, built at the beginning of the 19th-Century by the first black king in the Western Hemisphere, Henri Christophe, was meant to be a bastion against slavery. After the 12-year slave revolt against the English, Spanish and French, which led to Haiti’s self-proclaimed independence in

52

HAITI CHERIE


LA CITADELLE Construite sans fondations, directement sur

espagnols et les français qui dura 12 ans et

le rocher, les pierres taillées sont liées par

qui mena à l’auto-déclaration

un mortier fait de chaux, mélasse et de sang

d’indépendance d’Haïti en 1804, elle fut

de taureau. Il n’a pas fallu moins de trois

construite afin de protéger l’intérieur du

mois pour transporter un seul canon sur les

pays au cas où les français tenteraient de

quelques kilomètres qui séparent la côte de

reprendre l’ancienne colonie. Le souhait

la forteresse.

essentiel était de survivre coûte que coûte

C’est la plus grande citadelle de l’hémisphère occidental et lorsqu’elle fut prête, 365 canons et 10 000 obus avaient été assemblés et mis en place pour permettre à une garnison de plusieurs milliers d’hommes

et de ne jamais plus retourner à l’esclavage. Les Nations Unies a inclus la Citadelle dans sa liste de trésors culturels au même titre que l’Acropole et les pyramides d’Egypte. La communauté internationale n’en a pas encore saisi le sens symbolique.

de tenir le siège indéfiniment. La Citadelle Henri, construite au début du 19è siècle par le premier roi noir de l’hémisphère occidental, devait devenir le premier bastion contre l’esclavage. Après la révolte des esclaves contre les anglais, les

HAITI CHERIE

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54

HAITI CHERIE


HAITI CHERIE

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THE CENTRE D’ART

LE CENTRE D’ART

ANDRÉ PIERRE

DeWitt Clinton Peters went to Haiti to teach

DeWitt Clinton Peters est allé à Haïti ensei-

André Pierre, born in Port-au-Prince in 1914,

high school English as an alternative to mili-

gner l’anglais dans une école secondaire au

is the artistic and spiritual heir of Hector

tary service in 1943, during World War ii.

lieu de faire son service militaire pendant la

Hyppolite. Born into a rural agricultural

Peters, a talented watercolorist, was sur-

2è guerre mondiale en 1943. Peters, aquarel-

family, he decided one day in his youth to

prised to find no art gallery where one could

liste de talent, fut surpris de constater qu’il

devote his life to Voodoo. He is a houngan,

exhibit paintings in Port-au-Prince.

n’existait aucune galerie d’art où exposer

or Voodoo priest, and a religious painter; his

des tableaux à Port-au-Prince.

art documents the Haitian religion. Almost

In 1944, after resigning his teaching position, he opened Le Center d’Art, which is

Le Centre d’art, dont l’immeuble fut donné

still in existence today, in a building donated

à Peters par le gouvernement haïtien et qui

to him by the Haitian government. He

continue à fonctionner de nos jours, a été

intended the Art Center to serve as a combi-

ouvert en 1944 par Peters après qu’il ait quitté

nation art school and gallery and it discov-

l’enseignement. Son intention était que le

ered a wealth of talent that was to affect the

centre devienne à la fois une école d’art et

history of the art movement in Haiti.

une galerie. Le Centre a fait découvrir une

One of the first artists to be discovered by Peters was Hector Hyppolite, a Voodoo

richesse de talents qui a influencé l’histoire des arts à Haïti.

appearances of African Voodoo spirits. His first paintings were done inside the hollowed gourds used to contain the blood of sacrificial animals or offerings to loas, and he later began painting on board and canvas. Major parts of his life work have been the decoration of hounfors, or Voodoo temples, some of which have been lost forever in various episodes of dechoukage—the uprooting

priest who painted using chicken feathers

Hector Hyppolite, prètre vaudou, qui peig-

violence which is a part of the pattern

and leftover house paint. Peters then started

nait avec des plumes de poulet et des restes

of Haitian history. But most of his works on

to seek out other local talents. Artists

de peinture pour bâtiment, fut l’un des pre-

canvas and panels survive.

emerged from the most varied and unlikely

miers peintres découvert par Peters. Ce

backgrounds. Philomé Obin, a clerk; Peters’

dernier s’est ensuite mis a la recherche

house boy, Castera Bazile; a taxi driver, Rigaud

d’autres talents locaux. Des artistes aux orig-

Benoit; the Art Center’s yard boy, Sisson

ines les plus variées et inattendues sont

Blanchard; a bookkeeper, Toussaint Auguste;

apparus. Philomé Obin, employé de bureau;

Petion Savain, Wilson Bigaud, Robert Saint-

le serviteur de Peters, Castera Bazile; un

Brice; then a factory worker named Jasmin

chauffeur de taxi, Rigaud Benoit; le jardinier

Joseph, and others. Their paintings were

du Centre d’art, Sisson Blanchard; un

full of passion and imagination. They were

comptable, Toussaint August; Petion Savain,

able to translate their environment and its

Wilson Bigaud, Robert Saint-Brice; puis un

many religious observances to canvas and

ouvrier d’usine nommé Jasmin Joseph, et

cardboard.

d’autres. Leurs tableaux étaient remplis de

Selden Rodman, who became co-director of the Centre in 1947, convinced Peters that the artists were ready to move on from small pictures to the immovable walls of public

passion et d’imagination. Ils étaient capables de transposer leur environnement et ses nombreuses observances religieuses sur la toile et le carton.

buildings. Rodman then organized and

Selden Rodman qui devint co-directeur du

supervised the work on the murals of the

Centre en 1947, persuada Peters que les

Holy Trinity Episcopal Cathedral in Port-au-

artistes étaient prêts à passer de tableaux sur

Prince. Finished in 1951, these murals attracted

petits cadres aux murs des immeubles pub-

world attention and launched a number of

liques. Rodman organisa et supervisa alors

primitive artists, who soon became inter-na-

la réalisation des peintures murales de la

tionally known and had collectors from

cathédrale épiscopalienne de la Sainte

all over the world seeking their work.

Trinité à Port-au-Prince. Terminées en 1951, ces peintures ont attiré l’attention du monde entier et ont aussi lancé un certain nombre d’artistes primitifs qui devinrent rapidement internationalement connus et dont les oeuvres sont recherchées par les collectionneurs à travers le monde.

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all of his paintings represent the symbolic

It was because of his growing reputation that Pierre’s work came to the attention of Maya Deren, an American writer and filmmaker, in 1947. She convinced him to paint some of his loa imagery on masonite, which he was at first reluctant to do, because until then his art had been executed only for religious purposes. Deren subsequently introduced Pierre to the artistic community in Port-au-Prince, which was then focused around the city’s increasingly renowned Centre d’Art. An American, DeWitt Peters, had founded the Centre in 1944 to seek out and promote the traditional arts of Haiti. André Pierre is considered one of Haiti’s greatest painters. Seldon Rodman, in his excellent work Where Art Is Joy: Haitian Art—The First Forty Years says: “Gerard Valcin and Wilmino Domond, next to André Pierre himself, were the dominant figures of the second generation.” Pierre’s paintings rarely come on the market today, and are treasured by serious collectors. Pierre’s art has been documented in scores of books on naive and religious art and has decorated the covers of many of them, including Seldon Rodman’s Artists in Tune With Their World—Masters of Popular Art in the Americas and Their Relation to the Folk Tradition.

ART


ANDRÉ PIERRE André Pierre, né à Port-au-Prince en 1914, est l’héritier artistique et spirituel de Hector Hyppolite. Issu d’une famille d’agriculteurs, il décida dans sa jeunesse de consacrer sa vie au vaudou. Il est un «hougan», prêtre vaudou, ainsi que peintre religieux; son art illustre la religion haïtienne. Presque toutes ses peintures représentent les aspects symboliques de ces esprits africains. Il a réalisé ses premières peintures à l’intérieur de gourdes évidées, utilisées pour recevoir le sang d’animaux offerts en sacrifice ou pour faire des offrandes aux «loas»; plus tard, il peignit sur des planches ou des toiles. La plus grande partie de ses œuvres ont décoré des «houmfords», temples vaudous, dont certaines ont disparu à jamais lors de divers épisodes de «dechoukage», ou de violent déracinement qui ont marqué l’histoire haïtienne. Malgré tout, la plupart de ses toiles et panneaux ont survécu. C’est grâce à sa réputation grandissante que le travail de Pierre a attiré l’attention de Maya Deren, écrivain et metteur en scène américaine, en 1947. Elle l’a convaincu de peindre quelques-unes des représentations de ses «loas» sur masonite, ce qu’il hésitait à faire parce que, jusqu’alors, ses œuvres n’avaient qu’un but religieux. Par la suite, Deren lui a fait rencontrer la communauté artistique de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, regroupée autour du Centre d’art de plus en plus renommé. L’américain DeWitt Peters avait créé le Centre en 1943 afin d’attirer et de promouvoir les arts traditionnels d’Haïti. André Pierre est considéré comme l’un des grands peintres haïtiens. Dans son excellent ouvrage «Where Art is Joy: Haitian Art— The First Forty Years», Seldon Rodman écrit: «Gérard Valcin et Wilmino Domond, après André Pierre lui-mème, étaient les figures dominantes de la seconde génération.» Les

above, Cerémonie Erzulie, André Pierre,

peintures de Pierre sont rarement sur le

previous page,

marché de nos jours et sont conservées jal-

La Procession, Castera Bazile

ousement par les collectionneurs sérieux.

courtesy of Galerie d’art Nader, Miami

L’art de Pierre a été abondamment documenté dans de nombreux livres sur l’art naïf et religieux et a illustré la couverture de plusieurs de ceux-ci, y compris le livre de Seldon Rodman «Artists in Tune With Their World—Masters of Popular Art in the Americas & Their Relation to the Folk Tradition.»

ART

59


CU RRENTS IN HAITIAN ART In the early 1970s, the artists Tiga and Robart wanted to create a community whose inspiration stemmed from pure Haitian sources. They acquired a property in the mountains and there they handed out art materials to a group of peasants who had never painted. The results were amazing. Serious artists emerged, including Louisiane St Fleurant, Prospere Pierre Louis Antilhomme, Levoy Exil and Stivenson Magloire. When the French writer Andre Malraux came to visit the workshop he was duly impressed. He devoted a whole chapter of his last book, L’Intemporal to Saint Soleil to it. Success, however, brought the usual commercialism and the school eventually disbanded. Modernism, on the other hand, wanted to adapt more established painting styles to the local settings. In the 1950s, many artists, like Lucien Price and Dieudonné Cédor, broke away from the Centre D’Art and established the “Foyer Des Arts Plastiques,” another academy of painting. “Foyer,” however, seemingly lacked focus and waned in its turn. One of the few commercially successful reactions to Intuitive Art was the School of Beauty, with Bernard Sejourne, Jean Rene Jerome, Philippe Dodard, and Emilcar Similien. Their style was a dreamy surrealism, where the individual was featured instead of the group; where personal feelings and thoughts received focus instead of the national consciousness. But again, The School of Beauty appears to have sunk into ornamental luxury with the onset of success... Seems that a hungry artist (like a hungry fighter) fights best. Bill Bollendorf

from top, Untitled, Stivenson Magloire Collection of Galerie Macondo Haitian Democracy, Frantz Zephirin Collection of Galerie Macondo

60

ART


TENDANCES DE L’ART HAÏTIEN

VOODOO BY ADOPTION?

Au début des années 1970, les artistes Tiga et

siderable interest in the art of Voodooist

La peinture d’artistes vaudouisants, promue

Robart ont voulu créer une communauté

painters promoted by the Centre d’Art of

par le Centre d’Art créé à Port-au-Prince en

qui s’inspirerait des origines purement

Port-au-Prince in the years that followed its

1944, attirait un marché friand d’exotisme.

haïtiennes. Ils ont acheté une propriété dans

opening in 1944. By its linear structure and

Cette peinture résolument figurative serait

les montagnes et là, ont distribué du matériel

the flatness of its forms, this art was particu-

partie des vèvès, dessins rituels, embléma-

d’artistes à un groupe de paysans qui

larly indebted to the vèvès, emblematic, ritual,

tiques, parfois abstraits. Pour expliquer ce

n’avaient jamais peint. Les résultats furent

often abstract, ground drawings. However, to

fait, il faut tenir compte des circonstances.

étonnants. Des artistes sérieux sont ressortis,

explain the use of figures by these painters,

tels Louisiane St Fleurant, Prospère Pierre

we must look to other sources.

A taste for the exotic brought about a con-

Louis Antilhomme, Levoy Exil et Stevenson Magloire. L’écrivain français André Malraux fut très impressionné lors d’une visite de l’atelier. Il consacra un chapitre entier de son dernier livre L’Intemporel à Saint Soleil. Cependant, le succès a conduit à la commercialisation habituelle et l’école fut éventuellement dispersée. Le modernisme, d’un autre côté, voulait établir plus de styles connus de peinture dans le cadre local. Dans les années 1950, plusieurs artistes comme Lucien Price et Dieudonné Cédor ont rompu avec le Centre d’art et ont établi le Foyer des arts plastiques, une autre académie de peinture. Cependant, le Foyer manquait apparemment d’orientation et a décliné. L’École de beauté, avec Bernard Sejourne, Jean René Jérome, Philippe Dodard et Emilcar Similien, représente l’une des rares réactions à l’art intuitif qui remporta un succès commercial. Leur style était du surréalisme rêveur où l’individu était représenté au lieu du groupe, où les sentiments et les pensées personnels étaient l’objet d’attention à la place de la conscience nationale. Malgré cela, le succès semble avoir

N’EST VAU DOU QU E PAR ADOPTION?

La figuration serait apparue dans une pratique plus libre du vaudou, suite à

According to some, the figure appeared in

l`indépendance d’Haïti en 1804. Cette liberté,

Voodoo art after Haiti’s independence in

très

1804, when freedom was given to practice

relative, puisque le vaudou est longtemps

African religion. Yet this freedom, which we

resté clandestin, ne peut pas expliquer, à

know to have been very limited, cannot alone

elle seule, ce tournant vers la figuration.

account for the shift toward figuration.

Dans la clandestinité de leur pratique

Because their cults remained ostracized,

religieuse, les vaudouisants ont adopté des

Voodooists adopted iconographic forms from

images de saints catholiques et en ont

Catholicism, forms that were widely available

modifié le sens, créant ainsi des contresens

following the concordat with Rome that was

générateurs de symboles nouveaux. L’image

signed in 1860. In this process, images of

chrétienne, prise dans cette pratique syncré-

saints came to generate new symbols and

tique, serait ainsi devenue un prototype de

thus became prototypes of Voodoo iconog-

l`iconographie vaudou, ce qui démentirait

raphy. This occurrence, by the way, contradicts

l’idée d’un art populaire haïtien évoluant

the idea, often referred to, that Haitian

dans un total isolement.

popular art evolved in total isolation.

Dans le besoin de reproduire cette image,

At first, to reproduce these images, self-

les artistes autodidactes ont d’abord eu

taught artists used a simple method domi-

recours à une méthode simple où domine

nated by a subjective style of drawing.

un tracé purement subjectif, produisant une

However, while the tracing of the vèvès

image plate. Mais, alors que le tracé du vèvè

remained rigorous, the rendering of figures

reste rigoureux, soumis à des règles formel-

eluded such strict rules and moved toward

les, la nouvelle pratique artistique y a de

a reinforced naturalism. Later, as they

plus en plus marqué. Et puis, maîtrisant

acquired skills, the artists abandoned the

mieux leurs moyens, les peintres se sont

prototypes to create personal symbols—

démarqués du prototype pour créer des

disconcerting at times for the uninitiated.

symboles personnels, parfois déroutants pour ne non-initié.

fait couler l’École de beauté vers le luxe

If, then, popular religious art in Haiti turned

ornemental...

to figuration through contacts with Catholic

Si c’est, en effet, au contact de telle images

images, should it be said that this pictorial

chrétiennes que la pratique populaire s’est

tradition is only Voodoo by adoption?

orientée vers un art figuratif, faudrait-il con-

Il semblerait qu’un artiste affamé, comme un lutteur affamé, se bat mieux.

Gérald Alexis

Bill Bollendorf

clure que cette tradition picturale n’est vaudou que par adoption? Gérald Alexis

ART

61


OUT OF THE ASHES

SORTI DES CENDRES

PAINTERS TO LOOK OUT FOR

In the year of Haiti’s Bicentennial, the

En cette année du bicentenaire d’Haïti, la

The gentle naives Alexandre Gregoire and

Haitian art community is stepping up to

communauté artistique haïtienne se mobil-

P-J Valcin are important, as are the sculptor-

offer beauty and creativity as an antidote to

ise pour offrir beauté et créativité en anti-

turned-painter Roger Francois and sophisti-

violence and destruction.

dote à la violence et à la destruction.

cated primitives like the Blaise brothers,

In Cap-Haïtien, the descendants of Philome

À Cap Haïtien, les descendants de Philome

Obin have opened an art center. They plan

Obin ont ouvert un centre des arts et

to erect a statue of Dewitt Peters, who joined

prévoient d’ériger une statue de Dewitt

a group of Haitian intellectuals in 1944 to

Peters qui s’était joint à un groupe

open the original Centre d’Art, spawning

d’intellectuels haïtiens pour ouvrir le Centre

the first generation of Haitian artists.

d’art original en 1944, établissant ainsi la pre-

Dozens of collectible artists have appeared

mière génération d’artistes haïtiens. Au cours

in each generation since, from the sensitive

des générations suivantes, des douzaines

impressionists Cedor, Carlo Jean-Jacques,

d’artistes recherchés sont apparus, depuis

Gesner Armand and Yves Michaud to the

les impressionnistes sensibles Cedor, Carlo

brilliant moderns Simil and Sejourne, not

Jean-Jacques, Gesner Armand et Yves

to mention the Saint Soleil group, including

Michaud jusqu’aux modernistes brillants

Louisianne St. Fleurant and her sons

Simil et Sejourne, sans oublier le group

Stivenson and Ramphis Magloire.

e Saint Soleil qui comprend Louisiane

Two new art centers have opened in Jacmel,

St Fleurant et ses fils Stivenson et

Fritz St. Jean and Jean-Louis Senatus. The animal satirists Fritzner Lamour and Audes Saul are wildly imaginative and technically flawless and Jonas Profil from Cap-Haïtien is an unparalleled observer of Haitian life. The latest generation, led by the historical animist Frantz Zephirin and the young Jacmellians, Roi David Annisey and Didier Civil, is as exciting as were the earlier generations. The new crop of inventive moderns includes Pascale Monnin, Sergine Andre and Mario Benjamin. There are too many remarkable artists to mention all of them; suffice it to say that the Haitian art movement is alive and well and

Ramphis Magloire.

ready to welcome the new artists who are

Aid to Artisans, the crafts co-op that has

Deux nouveaux centres d’art se sont ouverts à

been there for a few years. Scola Arturum, a

Jacmel, le Centre d’art Jacmel et skajaj qui se

enough to allow more visitors to come and

school of art, music and writing, is set to

sont joints à Aide aux artistes, la coopérative

open soon.

d’artisanat déjà établie là depuis plusieurs

the Centre D’Art Jacmel and skajaj, joining

In the capital, one of the oldest galleries, Galerie Monnin, has been passed on to the

années. Scola Arturum, une école d’art, de

admire and purchase their work. Meanwhile, the World Wide Web is rich with Haitian Art. Bill Bollendorf

musique et d’écriture doit s’ouvrir bientôt.

younger generation and remodeled and is

Dans la capitale, l’une des plus anciennes

coursing with optimism and youthful energy.

galeries, la Galerie Monnin, est passée entre

Bill Bollendorf

sure to emerge if only Haiti becomes stable

DES PEINTRES Á SU RVEILLER

les mains de la jeune génération et a été

Les gentils peintres naïfs Alexandre

remodelée et vibre d’optimisme et d’une

Gregoire et P-J Valcin sont importants, tout

énergie nouvelle.

comme le sont le sculpteur, devenu peintre,

Bill Bollendorf

Roger François et les primitifs sophistiqués comme les frères Blaise, Fritz St. Jean et Jean-Louis Senatus. Les satiristes animaliers Fritzner Lamour et Audes Saul possèdent une imagination farouche et une technique sans fautes alors que Jonas Profil de Cap Haïtien est un observateur sans pareil de la vie haïtienne. La dernière génération, diri-

Bossou and Dambala, Maxon

gée par l’historien animalier Frantz Zephirin

Courtesy Galerie Lakaye

et les jeunes Jacmellians, Roi David Annisey et Didier Civil, est aussi excitante que l’étaient les générations précédentes. La nouvelle récolte de modernes inventifs comprend Pascale Monnin, Sergine André et Mario Benjamin. Les artistes remarquables sont trop nombreux pour être tous mentionnés; il suffit de dire que le mouvement artistique haïtien est en pleine vie et se porte bien et qu’il est prêt à accueillir les nouveaux artistes qui ne manqueront pas de se révéler, si seulement Haïti devenait un pays suffisamment stable pour attirer plus de visiteurs à venir admirer et acheter leur travail. En attendant, le www est riche en art haïtien. Bill Bollendorf

62

ART


counter-clockwise from left, Nativity, Louisianne St. Fleurant Le Cirque, Pascale Monnin Untitled, Roi David Annisy Collection of Galerie Macondo

ART

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LE THÉÂTRE DANS LA COLONIE

THEATRE IN THE COLONY Joan Dayan, in her book Haiti, History and

them in the colony for a three or four-year

Joan Dayan, dans son livre: Haïti, l’Histoire et

the Gods, describes how, in 1764, “the

stint, and this was practicable because there

les Dieux, décrit comment, en 1764, le théâtre

theatre at Cap Français, the oldest and most

was an even finer theatre in Port-au-Prince,

de Cap-Français, le plus vieux et le plus

venerable in Saint-Domingue...opened on

seating 700, plus, half a dozen rural theatres

respecté de Saint-Domingue...fut inauguré

the night of 13 October with a performance

in the smaller towns in between. Thus the

le 13 octobre par une représentation du

of La Misanthrope...Two years later it was

colony could easily support two or three

Misanthrope...Deux ans plus tard il fut

relocated and the new hall, 120 feet long by

full-size companies and Paris actors passed the

déplacé et la nouvelle salle, de 120 pieds de

40 feet wide, was divided into three parts...

word among their colleagues: “St Domingue

longueur par 40 pieds de largeur, fut divisée

near the stage sat the Governor General

is a fine experience!”

en trois parties. Au plus prêt de la scène

and his guests...farthest from the stage... mulatto women and negresses. The theatre performed local pieces in Creole mixed with “Negro dances” and introduced accomplished mulatto artists “of colour” like the famed Lise and Minette of the Theatre of Port-au-Prince.” More information can be found in James A. Michener’s Caribbean: In 1789 Cap-Français (Cape Haitian today) with its spacious

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By 1789, the theatres offered four kinds of entertainment: current popular dramas, musical plays, vaudeville and, from time to time the great classical dramas of Racine and Moliere.

s’asseyaient le Gouverneur Général et ses invités…Tandis que la partie la plus éloignée de la scène était réservée aux mulâtresses et aux négresses. Le théâtre accueillait des pièces de théâtre locales en créole auxquelles s’ajoutaient des «danses nègres» et

Once Toussaint became governor of Saint-

présenta les talentueuses artistes mulâtresses

Domingue the theatre at Le Cap, destroyed

«de couleur», les célèbres Lise et Minette

in the conflagration of 1793, was rebuilt at

venues du Théâtre de Port-au-Prince.

145 Pantheon Street.

On trouve encore davantage d’informations

anchorage, a splendid waterfront, had a pop-

sur le sujet dans le livre de James A.

ulation of some 20,000. Its glory was still its

Michener: «Antilles». En 1789, Cap-Français

huge theatre, seating more than 1,500 patrons,

(Cap Haïtien aujourd’hui) avait un gros

with an apron stage that brought the actors

volume d’ancrage, une splendide vue sur la

well out into the middle of the audience.

mer, et une population de quelques 20 000

Since these players had to come all the way

habitants. Sa gloire demeurait son énorme

from France, it was good business to hold

théâtre, plus de 1500 places, avec une

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THE BORDELLOS

THE ROXY BAR

Late at night, when everything closed, it was

My friend Johnny and his wife Sophie were

fun in those days to run down to Carrefour,

proprietors of the only air-conditioned bar and

the red-light district of Port-au-Prince with

restaurant downtown—off the Port-au-Prince

my single friends, order a bottle of three stars

pier. The Roxy Bar attracted merchant marines,

Rhum Barbancourt for three dollars, and

US Embassy personnel, and locals, offering an

dance with the Dominican and Columbian

escape from 110 degrees F. in the shade. It was

hookers that were available to party until

there that one could welcome an ice-cold bottle

4 am. I will never forget Chea, a 300 pound

of beer and home-cooked wiener schnitzel. The

Dominican Madame who boasted some of the

architecture of the structure was as solid as any

most beautiful Dominican girls, who came

tavern I had seen previously in Heidelberg. The

to Haiti primarily to send money to their large

place was spotless, and was constantly patron-

families. There were girls named Lupita,

ized by a heavy drinking clientele...in time,

Fatima, Yolanda, Flaca, and Berkis, and I loved

Johnny took me into his confidence and showed

them all. Other houses of ill repute were

me a portrait of “der Fuhrer” he kept over his

Blanco y Negro, Maria Medina, Casablanca

bed in back of the Roxy Bar.

and if, you wanted Haitian girls that were the best of the best you stopped before 11 pm. at Georgette’s “Flamingo.” The Haitian girls

Tony Hattenbach exerpted from Hot Times in Haiti

usually left early to go home to their families. The bordellos prospered for years during the Duvalier regime until the emergence of aids in the early ’80s Tony Hattenbach

LES MAISONS CLOSES Il était excitant, autrefois, tard la nuit, quand tout était fermé, de descendre en courrant au Carrefour, le quartier chaud de Port-au-le Prince avec mes amis célibataires, de commander une bouteille de Rhum Barbancourt

THE ROXY BAR Mon ami Johnny et sa femme Sophie ètaient propriètaires du seul bar-restaurant climatisè situè un peu líècart du centre ville de Port-auPrince. Le Roxy attirait toute la marine marchande, le personnel de l’Ambassade des ÉtatsUnis, et les riverains, leur permettant díèchapper aux 110º F qui règnaient l’extèrieur. On pouvait y apprècier une bouteille de bière bien fraîche et des Weiner Schnitzels faits maison. L’architecture de la bâtisse ètait aussi solide que n’importe quelle taverne d’Heidelberg. L’endroit

avant-scène (ou proscenium) qui amenait les

trois étoiles pour trois dollars, et de danser

acteurs jusqu’au milieu de l’auditoire.

avec les prostituées Dominicaines et

Comme on faisait venir ces acteurs de

Colombiennes qui étaient prêtes à faire la

France, cela constituait de bonnes affaires

fête jusqu’ à 4 heures du matin. Je

de les garder dans la colonie pour des péri-

n’oublierai jamais Chea, une tenancière de

odes de trois ou quatre années, périodes

maison close d’origine dominicaine de

pendant lesquelles il leur était possible de

trois cent livres, qui se vantait d’avoir parmi

juste derrière Le Roxy.

se produire dans le théâtre de Port-au-

les plus belles filles Dominicaines venues

Prince, encore plus élégant avec ses 700

initialement en Haïti dans le but d’envoyer

Tony Hattenbach

places, ainsi que dans une demie douzaine

de l’argent à leur famille nombreuse. Il y

de théâtres ruraux répartis dans les villages

avait là des filles nommées Lupita, Fatima,

qui séparaient les deux grandes villes de

Yolanda, Flaca et Berkis et je les aimais

l’île. C’est ainsi que la colonie pouvait

toutes. Les autres maisons à mauvaise

accueilir facilement 2 ou 3 compagnies au

réputation étaient «Blanco y Negro», «Maria

complet et les acteurs de Paris passaient le

Medina», et «Casablanca», mais si vous

mot parmi leurs collègues: «St Domingue est

cherchiez des filles haïtiennes, qui étaient

une belle expérience!». En 1789, les théâtres

les meilleures de toutes, vous vous arrêtiez

offraient quatre types de spectacles: des

avant 23 heures chez Georgette au

drames populaires contemporains, des pièc-

«Flamingo». Les filles haïtiennes avaient

es musicales, du vaudeville et de temps en

l’habitude de finir tôt pour rentrer dans leur

temps, les grandes œuvres du théâtre clas-

famille. Les maisons closes ont prospéré

sique de Racine et Molière...Quand

durant des années sous le régime de

Toussaint est devenu gouverneur de Saint-

Duvalier jusqu’ à l’arrivée du sida au début

Domingue, le théâtre du Cap fut détruit

des années 1980.

dans l’incendie de 1793, et a ensuite été reconstruit au 145, rue du Panthéon…

FU N | AMUSEMENTS NOIRS

ètait immaculè, et continuellement frèquentè par une clientèle condèscendante qui buvait beaucoup...Quand javais gagnè la confiance de Johnny, il me montra un jour un portrait du «Fuhrer» qu’il avait gardè au-dessus de son lit,

un extrait pris de «Hot Times in Haiti»

Tony Hattenbach

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CARNIVAL

CE QU’EST LE CARNIVAL

Carnival reveals a people whose imaginations swoop from modern times to that of the Creation. To understand this is a challenge. History and Myth fuse, showing no contradiction, in living colors. Haitians are at the heart of a spiritual world where life and religion intersect, where ancestors and gods influence the living—where rituals transform objects and space into energy carriers. Haitians stridently affirm the divine dimension in the world.

Les haïtiens sont au coeur d’un monde spirituel où la vie et la religion se croisent, où les ancètres et les dieux influencent les vivants—où les rituels chargent en énergie les objets et l’espace. Les haïtiens affirment de manière stridente l’importance de la divinité dans le monde. Les Dieux ont la tâche de diriger le cours de l’univers; ils changent de rhytme périodiquement. Les humains réagissent en s’occupant de maintenir leur propre équilibre lorsque les changements surviennent.

The Gods are preoccupied with the task of keeping the universe on course—periodically, they change rhythm; humans respond, preoccupied with maintaining their equilibrium when the shift occurs. Pageants, like Carnaval, shed light on the arts of the ancestors in ways that cannot be found in the modern world, and they offer fabulous insights into the ancient view of the cosmos. The madness takes place every year, without fail, in Port-au-Prince and in the remotest corners of Haiti. Carnaval means to engage Maître Grand Bwa, a.k.a Ochan, whose enormous spiritual power regenerates the vegetation—also individuals, the family, and animals. It overcomes epidemics and multiplies the crops (not the least the plants and herbs used for medicinal purposes). For Haitians, Maître Grand Bwa is the resurrection of life. From January 7th, to shortly before Easter (Mardi-Gras and AshWednesday), all Haitians find a role to play in a super-production. A large and endless snake, the streets are chosen as the stage where the drama occurs. The whole country is, for once, in the director’s chair. Comedies take place as well as dramas and the action is continuous. Carnaval gets into the very work of Creation. Here, beyond all talk, the miracle is lived out, publicly asserted in the mystery of death— and of new life! Max G. Beauvoir

À l’occasion de défilés comme le Carnaval, apparait un peuple dont l’imagination va de la modernité à la Création même. Comprendre cela est un challenge. L’histoire et les mythes fusionnenent, en couleurs réalistes, sans contradictions apparentes. Le Carnaval révèle les arts pratiqués par les anciens d’une manière introuvable dans le monde contemporain et offre un aperçu formidable sur la façon dont les anciens concevaient le cosmos. Le Carnaval signifie qu’il faut engager Maître Grand Bwa (alias Ochan) dont l’énorme pouvoir spirituel régénère l’individu autant que la terre, la famille, les animaux et la végétation. Maître Grand Bwo surmonte les épidémies et multiplie les récoltes—surtout les plantes et herbes médicinales. Maître Grand Bwa ranime la vie. La folie divine du Carnaval a lieu chaque année, sans faute, de Port-au-Prince jusqu’aux coins les plus reculés de Haïti. Du 7 janvier jusqu’aux environs de Pâques (Mardi-gras et le Mercredi des cendres), chaque haïtien a un rôle à jouer dans la super production. Tel un énorme serpent sans fin, les rues sont choisies pour tenir lieu de scène où le drame se produira. Pour une fois, tout le pays est dans le fauteuil du metteur en scène. Des comédies ainsi que des drames se déroulent sans interruption. Le Carnaval fait partie de l’œuvre de la Création. Là, sans discours, le miracle est à nouveau vécu, affirmé publiquement, présenté dans les couleurs mystérieuses de la mort, puis, d’une nouvelle vie! Max G. Beauvoir

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Photographs by Justin Williams


VOODOO IN HAITI

LE VAU DOU EN HAÏTI

VOODOO AND PAPA DOC

The religion of Voodoo was born in Haiti

La religion Vaudou est née en Haïti pendant

Voodoo was everywhere in Haiti from 1959

during the European colonization of

la colonisation européenne d’Hispaniola.

to 1963. The Voodoo priests were loyal to

Hispaniola. In the misery of slavery trans-

Dans la misère de l’esclavage, les Africains

Papa Doc, and they all practically had free

planted Africans found in their faith a

déportés ont trouvé dans leur foi un lien qui

reign. Papa Doc loved power, and the power

common thread.

les unissait.

of Voodoo in Haiti was a way to control the

This Afro-Caribbean religion mixed practic-

Cette religion Antillaise est un mélange des

es from many African ethnic groups such as

pratiques de plusieurs groupes ethniques

the Fon, the Nago, the Ibos, Dahomeans,

Africains tels que les Fon, les Nago, les Ibos,

Congos, Senegalese, Haussars, Caplaous,

les natifs du Dahomey, les Congolais, les

Mondungues, Mandinge, Angolese, Libyans,

Sénégalais, les Haussars, les Caplaous, les

Ethiopians, and the Malgaches.

Mondungues, les Mandinges, les Angolais,

In Voodoo, God is manifested through the spirits of ancestors who can bring good or harm and must be honored in ceremonies. Rituals include prayers, drumming, and animal sacrifice. Music and dance are key elements to Voodoo ceremonies. The dance is an expression of spirituality, of connection

les Libyens, les Ethiopiens, et les Malgaches. Dans le Vaudou, Dieu se manifeste à travers les esprits des ancêtres qui peuvent apporter honorés lors de cérémonies. Les rituels

divinités et le monde des esprits.

become the loa, relaying advice, warnings and desires. Voodoo is an animist faith— natural phenomena are believed to possess holy significance, to possess a soul. Thus the loa Agwe is the divine presence behind the hurricane. Voodoo is practical. One’s ancestors are believed to be a part of the world of the spirits, of the loas, and this is one way that Voodoo serves to root its participants in their own history and tradition. Again, par-

monies Vaudou. La danse est une expression

Papa Doc, et ils avaient pratiquement tous les droits. Papa Doc aimait le pouvoir, et la puissance du Vaudou en Haïti était une

«loa» qui ont une influence sur la nature, la

Vaudou avait diminué en ville, et les prêtres

santé, la fortune et le bonheur des mortels.

n’étaient pas officiellement reconnus. Mais,

Les «loas» forment un panthéon de divinités

par la suite, il y avait une photo de Papa Doc

qui incluent Damballah, Ezili, Ogu, Agwe,

suspendue au mur de chaque temple

Legba et d’autres encore. Le «loa» se mani-

Vaudou. Même les plaques d’immatriculation

feste en «montant» le fidèle, qui pour un

de Duvalier contenaient le numéro 22, le

moment devient le «loa», et transmet con-

nombre Vaudou signifiant la vie éternelle.

seils, avertissements et désirs.

Tony Hattenbach

Le vaudou est une croyance animiste: les phénomènes naturels ont des significations sacrées et possédent une âme. Ainsi le «loa» Agwe est la personnification divine de l’ouragan.

or help with their problems.

monde des esprits, le monde des «loas», et

services.

1963. Les prêtres Vaudou étaient fidèles à

président Paul Magloire, la présence du

ance veut que les ancêtres fassent partie du

broadcast on television along with Christian

Tony Hattenbach.

manière de contrôler les foules. Sous l’ancien

priestess to seek advice, spiritual guidance,

on the radio and Voodoo ceremonies are

eternal life.

il y a des centaines d’autres esprits appelés

Le vaudou est pratique et concret. La croy-

literature, music and film. Hymns are played

numbered 22, the Voodoo number meaning

La divinité suprême est le Bon Dieu. Mais

ticipants often come before the priest or

Voodoo is an inseparable part of Haitian art,

temple. Even Duvalier’s license plates were

Le vaudou était partout en Haïti de 1959 à

hundreds of other spirits called loa who

“mounting” the faithful, who in turn

Doc hanging on the wall in every Voodoo

et des sacrifices d’animaux. La musique et la

de la spiritualité, une connexion avec les

Agwe, Legba and others. Loa appear by

priests. But later, there was a photo of Papa

LE VAU DOU AT PAPA DOC

This supreme deity is Bon Dieu. There are

ties that include Damballah, Ezili, Ogu,

city, and he publicly would not endorse the

comprennent des prières, des percussions, danse sont des éléments clé dans les céré-

of mortals. The loa form a pantheon of dei-

Magloire, Voodoo was played down in the

du bon ou du mauvais et qui doivent être

with divinity and the spirit world.

control nature, health, wealth and happiness

masses. Under the former president, Paul

c’est en cela que le vaudou permet d’enraciner les fidèles dans leur propre histoire, dans leur propre tradition. Voilà pourquoi les fidèles viennent très souvent chercher auprès du prêtre ou de la prêtresse un conseil, une réponse spirituelle, ou des solutions à leurs problèmes.

Max Beauvoir

Le vaudou est indissociable de la culture haïtienne, que ce soit dans le domaine des arts, de la littérature, de la musique ou du cinéma. Les musiques rituelles sont diffusées à la radio et les cérémonies vaudou sont retransmises à la télévision au même titre que les offices chrétiens. Max Beauvoir

VOODOO | VAUDOU

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VODOU CHIC

LE VAU DOU CHIC

Haitians regard their Vodou lwa (divinities)

Les haïtiens considèrent leurs dieux, «loas»,

as Brits do their Royals. They bask in the

de la même manière que les anglais voient

glow of their fabulous lives, their quirky

leur famille royale. Ils se complaisent dans

interventions in our daily affairs, their

l’éclat de leurs vies fabuleuses, dans leurs

epaulettes and torn bodices, the caprice of

interventions étranges dans notre vie cou-

their scandals, the splendor of their ordered

rante, avec leurs épaulettes et corsages

ranks. Vodou Royals include Generalissimo

déchirés, dans le caprice de leurs scandales,

Ogou; his melancholic mulatto mistress

dans la splendeur de l’ordre de leurs rangs .

Ezili; her sometime lover, Admiral Agwe; his

La famille royale vaudou comprend le

mistress, the money-grubbing mermaid La

Generalissimo Ogou; sa mélancolique maî-

Sirene; and their very dark uncle, Baron

tresse mulâtre Ezili et son amant

Samedi, lord of death—and sexuality.

d’occasion l’amiral Agwe, sa maîtresse

Just as public affection for the various Windsors waxes and wanes, so too does the hard-won and often fleeting popularity of

grippe sou la sirène La Sirène, ainsi que leur très sinistre oncle le Baron Samedi, Seigneur de la Mort—et de la Sexualité.

the various lwa. However, despite their fickle

Tout comme l’engouement du public pour

attraction to divine glamour, Haitians

les divers Windsor croît et décroît, il en va

reserve a constant affection for the déclassé

de même de la popularité dûrement gagnée

spirit family of Baron Samedi, his ghoulish

mais éphémère des divers «loas». Cependant,

wife Grande Brigitte and their loutish

malgré leur attirance volage pour la

children, known collectively as the Gedes.

splendeur divine, les haïtiens gardent une

Everyone appreciates their family style: raffish

affection constante pour la famille d’esprits

cut-aways, sequined sombreros, white pow-

déclassée du Baron Samedi, son épouse

dered faces, and trademark sunglasses with

vampirie Grand Brigitte et leurs enfants

a single lens, for, as Haitians will explain,

grossiers, connue sous le nom collectif des

“the penis has only one eye.”

Guédé. Chacun apprécie le style de cette

To gauge the popularity of these divine derelicts, one should see them in action on the Catholic ‘Days of the Dead’ (November 1 and 2) which Haitians merrily hijack to celebrate the Baron’s birthday. The liveliest action is at

famille avec leurs jaquettes canailles , leurs sombreros à paillettes, leurs visages poudrés de blanc et leurs lunettes reconnaissables, à un seul verre, parce que, comme vous le diront les haïtiens, «le pénis n’a qu’un œil».

the cemeteries, where huge crowds, many

Pour mesurer la popularité de ces épaves

possessed by the Gedes, mill around Samedi’s

divines, il faudrait les voir à l’œuvre les jours

black cross offering rum, tallow candles,

de la célébration catholique des Jours des

and a verse or two from some lewd song.

morts, les 1er et 2 novembre, que les

Meanwhile, on the dance floors of 50,000

haïtiens détournent gaillardement pour célé-

Vodou temples across Haiti, some Gedes

brer l’anniversaire du Baron. L’animation se

ritually die and get resurrected, while others

trouve principalement dans les cimetières

strike absurd and obscene poses. They are

où d’énormes foules, beaucoup possédées

voguing the quotidian miseries of the Black

par les Guédé, tournent autour de sa croix

Republic, thus reminding them and us that,

noire en offrant du rhum, des chandelles de

after all, the world is a jest.

suif et un verset ou deux de quelque chant

Donald Cosentino

obscène. Pendant ce temps, sur la piste de danse de 50 000 temples vaudou à travers Haïti, quelques Guédé meurent rituellement avant d’être ressuscités , pendant que d’autres prennent des poses absurdes et obscènes. Ils voguent sur les misères quotidiennes de la République noire, leur rappelant, ainsi qu’à nous, que le monde, après tout, est une plaisanterie. Donald Cosentino

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GIFTS FROM A COOL GODDESS

LES BIENFAITS D’U NE DÉESSE RAFRAÎCHISSANTE

Sodo is the popular name for an annual

Sodo est le nom populaire du pélerinage

pilgrimage to the Haitian village of Bonheur

annuel au village haïtien de Bonheur, et ses

(Happiness), and its adjacent waterfalls,

chutes d’eau adjacentes, Saut d’Eau. Dans

Saut d’Eau. At this mountainous site, 60

ce site montagneux, à soixante miles de la

pot-holed and corkscrewed miles from the

capitale Port-au-Prince, par une route qui

capital city of Port-au-Prince, the Miracle

serpente et jalonnée de nids-de-poule, la

Virgin (Vierj Mirak) is honoured each July 17th,

Vierge Miracle (Vierj Mirak) est honorée

feast day of Our Lady of Mount Carmel.

chaque 17 juillet, le jour de la fête de Notre-

She is said to have manifested herself there

Dame-du-Mont-Carmel. Elle se serait mani-

in the 19th-Century and during the American

festée à cet endroit au xixe siècle, et pendant

military occupation from 1915–33. According

l’occupation militaire Américaine de 1915 à

to local tradition, the first sighting took place

1933. Selon la tradition locale, la première

on July 16th, 1841. A man named Fortune,

apparition eut lieu le 16 juillet 1841. Un

searching for a lost horse, came to a palm

homme nommé Fortune, cherchant son

grove. He looked up and saw a beautiful

cheval égaré, s’est engagé dans une palmeraie

woman in a palm tree. Soon afterward, pil-

où son regard fut attiré par une belle femme

grimages to the site began. Every year since

dans un palmier. Peu après, les pélerinages

Fortune’s vision, 20,000 or so pilgrims have

ont commencé sur le site-même et chaque

set out on foot, by donkey, or on rickety

année depuis la vision de Fortune, environ

public transport for Bonheur. Their immedi-

20 000 pélerins prennent la direction de

ate focus is the church built to commemorate

Bonheur à pied, à dos d’âne, ou par transports

Fortune’s apparition. Roiling crowds of pil-

en commun branlants. Leur première étape

grims now lend Sodo the look and feel of a

est l’église construite pour commémorer son

Caribbean Brighton on a

apparition. La foule agitée des pélerins

summer weekend. Ecstatics, beggars, vendors,

donnent alors à Sodo des allures de Brighton

nuns, gamblers, penitents, hookers, army

aux Antilles, pendant un weekend d’été.

officers, journalists, anthropologists...here is

Illuminés, mendiants, vendeurs, religieuses,

God’s plenty in Haiti. They have come with

parieurs, pénitents, prostituées, officiers de

many purposes: to seek a cure, fulfill a vow,

l’armée, journalistes, anthropologues...ce

pick a pocket, escape the city heat, eat fresh

sont tous les visages de Dieu en Haïti. Ils

fruit, take a cool bath. Bonheur wishes all its

viennent avec l’espoir de trouver un remède,

pilgrims well.

d’exhausser un souhait, de faire quelques

Donald Cosentino

poches, d’échapper à la chaleur de la ville, de manger des fruits frais ou de se baigner dans l’eau fraîche des chutes. Quels que soient leurs vœux, ils se réalisent à Bonheur. Donald Cosentino

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PLAINE DU NORD, HAITI

PLAINE DU NORD, HAITI

The Church of St James commands the center of Plaine du Nord, a fertile area where slave uprisings commenced the Haitian revolution in 1791. Running past the church is a dirt track marked by a series of potholes that fill in during summer rains to become small ponds. Should the rains fail, townspeople will come with pails of water to ensure plenty of mud. For them, these are not potholes at all, but terrestrial emergence points for Ogou, a lwa (deity) who is the commander in chief of the Vodou pantheon. These mud pits are his most important shrine in Haiti.

L’Église St James domine le centre de la Plaine du Nord, une zone fertile où eut lieu le premier soulèvement d’esclaves de la révolution haïtienne en 1791. Courant à côté de l’église, une piste de terre marquée par une série de nids-de-poule qui se remplissent au gré des pluies d’été jusqu’à devenir des petites mares. Si la pluie vient à manquer, les riverains les alimentent de seaux d’eau pour y maintenir suffisamment de boue. Pour eux, il ne s’agit pas de nids-de-poule, mais des points d’apparition terrestres d’Ogou, un «lwa» (divinité), commandant en chef du panthéon Vodou. Ces cratères de boue constituent son plus important sanctuaire en Haïti.

For three days prior to the canonical feast of St James (25th July) pilgrims descend on the town wearing blue suits and red scarves, the multi-striped garb of a penitent. They have come to fulfill vows, or to seek blessings. Pregnant women and tubercular children line up for a bath and a blessing from itinerant herbalists. Bulls with red ribbons around their necks and candles stuck on their horns become lumbering sacrifices for Ogou. After the muddy tauricide, the bulls’ blood will be used to anoint the pilgrims. Other pilgrims fall face down in the sludge, not visibly breathing. When they arise, they look like primal creatures, flinging their mud-covered torsos about in ecstasy. Groups of drummers play sacred rhythms at crosspoints around the mud pits. The music never stops until the morning of 25th July, by which time most pilgrims have departed for other festivals nearby. Throughout the pilgrimage, crowds gather on the steps of the church, which they are not allowed to enter. Iron gratings bar the doors and windows. So they shout prayers and hurl candles, pennies or rum bottles through the gratings. They aim their missiles at an empty niche that used to contain an image of St James. Catholic clergy have removed the image, noting that the church is being used to honour a Vodou deity. For indeed, in Haiti, everyone knows St James is Ogou, senior brother of a lineage of divine warriors. Through a long process of appropriation, Haitians have refigured an important Catholic festival in order to honour their own African god. Donald Cosentino

Pendant trois jours avant la fête canoniale de St James (le 25 juillet), les pélerins descendent en ville tout habillés de bleu avec des écharpes rouges, le costume rayé du penitent. Ils sont venus pour exhausser leurs souhaits, ou recevoir des bénédictions. Les femmes enceintes et les enfants tuberculeux s’alignent pour recevoir un bain et une bénédiction des herboristes itinérants. Des taureaux, rubans rouges autour du cou et bougies enfoncées sur les cornes, sont sacrifiés en l’honneur d’Ogou. Après cette mise à mort dans la boue, le sang des taureaux sera utilisé pour oindre le corps des pénitents. D’autres pélerins se laissent tomber la face dans la vase, semblant ne plus respirer. Quand ils se relèvent, ils ressemblent à des créatures primitives, se flagellant d’extase le torse couvert de boue. Des groupes de percussionistes jouent des rythmes sacrés à proximité des mares de boue. La musique ne s’arrête que le matin du 25 juillet, quand la plupart des pélerins sont déjà partis vers d’autres fêtes aux alentours. Tout au long du pélerinage, la foule se rassemble sur les marches de l’église, où il ne lui est pas permis d’entrer. Les pélerins sont alors obligés de crier des prières et lancer des bougies, des pièces de monnaie ou des bouteilles de rhum à travers les grilles de fer qui barrent l’accès aux portes et aux fenêtres de l’édifice. Ils lancent leurs projectiles en direction d’une niche vide qui renfermait jadis une image de St James. L’Église catholique a enlevé l’image, en refusant que l’église soit utilisée pour honorer une divinité Vodou. Car en effet, en Haïti tout le monde sait que St James est Ogou, le frère aîné d’une lignée de Dieux guerriers. Par un long procédé d’appropriation, les haïtiens ont redéfini une fête catholique importante afin d’honorer leur propre Dieu Africain. Donald Cosentino

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PLANTS AND SPIRITS All through the course of history, as noted by

DES PLANTES ET DES ESPRITS

Rockefeller & Elder (1991), “...the tree has been

Tout au long de l’histoire, comme le notent

viewed as a sacred symbol of life. With its roots

Rockefeller & Elder (1991), «...l’arbre a été

deep in the earth and its branches reaching into

considéré comme un symbole sacré de vie. Avec

the sky, the tree has often been imagined to hold

ses racines ancrées dans la terre et ses branches

together the universe, binding the heavens and

touchant les cieux, l’arbre a souvent représenté

the earth and the spiritual and the physical in a

le lien qui unit l’univers, rapprochant le ciel et la

life-giving union.” It therefore may come as no

terre, le spirituel et le physique dans une union

surprise that Frederick Simoons, a researcher

donnant la vie.» Ce que Frederick Simoons,

into the folklore and mythology of plants,

spécialiste du folklore et de la mythologie des

remarked: “Ritual plants have...developed

plantes remarque, n’est donc que peu surprenant:

relationships with a broad range of supernatural

«les plantes rituelles ont...developpées des rela-

beings, such as deities, evil spirits and ancestral

tions avec une large gamme d’êtres surnaturels,

spirits. In ancient Greece, for example, the laurel

tels que les divinités, les esprits maléfiques ou

was Apollo’s tree at Delphi; and the willow,

les esprits ancestraux. Dans la Grèce Antique,

Hera’s tree at Samos...Ritual plants may also

par exemple, le laurier était l’arbre d’Apollon à

relate to broader religious concepts relating to

Delphes; et le saule, l’arbre d’Hera à Samos...

life, or to the world, the underworld, or the

Les plantes rituelles peuvent aussi se rattacher à

hereafter. The pipal tree in India, for example,

des concepts religieux plus larges liés à la vie, ou

is the local representative of the cosmic tree, a

au monde, aux enfers, ou à l’au-delà. L’arbre

tree that represents the universe and is the source

pipal en Inde, par exemple, est le représentant

of all life...The concept of transmigration of

local de l’arbre cosmique, un arbre qui représente

souls, moreover, is represented in widespread

l’univers et qui est source de toute vie...D’ailleurs,

belief in the Old World that trees are inhabited

une croyance très répandue dans le Vieux Monde

by ancestral spirits.

veut que les arbres soient habités par des esprits

In Haitian Voodoo, water is used in divination to interact with the lwa Ogou, Dambala and

ancestraux, personnifiant ainsi le concept de transmigration des âmes.

Baron Samedi, and a strong healing power is

Dans le vaudou haïtien, l’eau est utilisée dans la

also accorded to the act of bathing in natural

divination pour intéragir avec les «lwa» Ogou,

bodies of water. In that connection the lwa

Dambala et Baron Samedi, et un fort pouvoir de

(spirit) of springs and rivers is known as The

guérison est accordé à l’acte de se baigner dans

Siren; she is the wife of Agwé, the spirit of the

des masses d’eau naturelles. C’est ainsi que le

sea. Many other lwa live in rivers, and the

«lwa» (l’esprit) du printemps et des rivières est

aquatic lwa include Dambala and Ayida Wédo.

aussi connu comme la Sirène; elle est la femme

In

d’Agwé, l’esprit de la mer. Beaucoup d’autres

addition, the lwa Aziyan “bestows on initiates

«lwa» habitent les rivières, et les lwa aqua-

knowledge of herbs and plants that provide

tiques sont composés de Dambala et d’Ayida

cures or protection.” Robert DeFilipps

Wèdo. De plus le «lwa» Aziyan «confère aux initiés la connaissance des herbes et des plantes qui procurent remèdes ou protection. Robert DeFilipps

VOODOO | VAUDOU

89


90

VOODOO | VAUDOU


VEVES

VEVES

In Voodoo, traditional drapeaus (banners,

Dans la croyance Vaudou, les drapeaux

or flags) synthesize the symbolism embodied

traditionnels (ou bannières) réunissent les

in African tradition, Roman Catholicism,

différentes symboliques connues dans la

Masonic symbology, and Arawak Indian

tradition Africaine, le Catholicisme, la tradi-

influences.

tion maçonnique, et les influences des

The drapeau, or flag, has a central role in

Indiens Arawak.

Voodoo ceremonies. At the beginning of a

Le drapeau tient un rôle central dans les

ritual, banners are produced from a secret

cérémonies vaudou. À chaque début de ritu-

place, and are brought forward by hounsis—

el, les bannières sont sorties d’un endroit

apprentice mambos, or Voodoo priestesses.

secret, et sont amenées à l’avant par les

A machete-weilding assistant usually accom-

«hounsis», les apprentis mambos, ou

panies the latter. The hounsis wave the

les prêtresses vaudou, tandis qu’un assistant

shimmering flags in the candlelight to

brandissant une machette, ferme d’habitude

summon the loas to whom the ceremony is

la marche avec le dernier drapeau. Les

dedicated. They also signal the transition

«hounsis» font onduler les banières chatoy-

from the real to the spiritual world, creating

antes à la lueur des bougies pour appeler

the state which allows the loa(s) to appear

les «loas» à qui la cérémonie est dédiée. Les

and “mount,” or participants in the ceremony.

drapeaux représentent aussi la transition

Haitian vèvè banners, designed by Voodoo priests or houngans, are made of satin or silk and embroidered with sequins, beads, and seed pearls in brilliant and iridescent colors. (vèvè refers to the fragile line drawing exe-

entre le monde réel et le monde spirituel, créant l’état qui permet aux «loas» d’apparaître aux fidèles et de les «monter» lors de la cérémonie.

cuted in cornmeal, soot, coffee grounds,

Les bannières vèvè d’Haïti, créées par les

or brick dust on the floor of the hounfor, or

prêtres vaudou ou “houngans», sont faites de

Voodoo temple to represent or summon the

satin ou de soie et ornées de sequins (anci-

various loas, or spirits.) The vèvè banners

enne monnaie d’or), et de toutes sortes de

contain the same symbols, but in a more

perles aux couleurs étincelantes. (vèvè fait

detailed and colorful elaboration.

référence au dessin dont le fragile contour

Most of their creators are anonymous, or use only their initials, as these artworks are sacred religious works, and are not made for individual attribution or acclaim.

est tracé à même le sol du «hounfor» (le temple Vaudou), avec de la semoule de maïs, de la suie, des grains de café, ou de la poussière de brique, pour représenter ou appeler les nombreux «loas», ou esprits.) Les bannières vèvè comportent les mêmes symboles, mais dans une version encore plus détaillée et colorée. La plupart de leurs créateurs restent anonymes ou ne signent que de leurs initiales, pour bien signifier que ces œuvres d’art à caractère religieux et sacré ne sont jamais faites dans le but d’une reconnaissance personnelle.

Illustrations by Elizabeth Beauvoir

VOODOO | VAUDOU

91




Haitian Green Medicine

Contraception A decoction of the tender

Hemorrhage An infusion of the green fruit

shoots of the silk-cotton tree is used as a

of ginep is used to treat hemorrhage.

Note

contraceptive.

In what follows, the term “decoction” is used to

Coughs Crushed sweet potato, mixed with

mean either the boiling down of a substance to a concentrate (like maple syrup) or boiling or soaking a substance in water to extract its essence. Abortion Fruit pulp or seeds of the horse cassia are drunk to induce abortion. Acne The juice of the radish is used in a solution to clean the face and to combat acne. Aphrodisiac Ginger can be employed as an aphrodisiac. (As an infusion, it is drunk to alleviate hoarseness and loss of voice.) Toasted cashew nuts are also claimed to be an aphrodisiac; also the bark of the mahogany tree, steeped in rum for 3 or 4 days. Aids The fruit of the cassia pulp plant can be used in the treatment of aids, but it must be used on the day of its preparation. Anger A decoction of plantain leaves is used to alleviate anger and emotional shock. Angina The juice of the pineapple is gargled to remedy angina. Arteriosclerosis The resin of lignum vitae is taken orally. Bladder Infections Coconut meat and milk are taken to treat bladder infections. Bladder Stones Coconut wine is taken to remedy bladder stones. Boils A fresh fig, roasted and cut in half, makes a good emollient poultice for boils. Bronchitis Garlic juice is drunk for bronchitis. Burns Aloe leaves, opened at the side to expose the contents, are rubbed on the skin. Cancer Juice extracted from the leaves, or decoctions from the flowers of marigolds,

coughs. Eczema Fresh pine-tree resin is applied directly onto areas of eczema. Childbirth A decoction of the Haitian sage—the whole plant—is used to ease the delivery of babies. This is not the same sage as the European plant of that name. Cough and Colds A syrup of soursop is ingested. Diabetes A decoction of the roots of the sage plant is used in the treatment of diabetes. Digestive Difficulties Plantain is recommended for digestive difficulties.

plum tree are used in a bath. Hepatitis The fruit soursop is eaten to alleviate this condition and to cool a fever. Hernia The resin of the bastard mamey tree is taken orally for hernia. Herpes Virus The leaves of the yellow plum tree relieve symptoms of infection of the lips and genitals by the herpes virus. High Blood Pressure The powder of the woody coconut is used to lower high blood pressure, especially when combined with almond leaves. Hypochondria Powder made from grapefruit leaves is used to treat this disorder. Hypertension Garlic is eaten to reduce this

Dysentery A tea made from the roots and

condition, also split ears of corn made into

flowers of garden balsam is used to treat

an infusion. Similarly, the fresh juice of

chronic dysentery.

papaya is beneficial.

Earache Eggplant juice is used as a remedy.

Inflammation A poultice of boiled onion is

Emotional Shock A decoction of garden thyme is use to treat this condition. Epilepsy A pinch of salt is added to freshly squeezed sunflower juice and 2 or 3 drops are put in the nostrils. Eye Problems An eye-wash of boiled aloe leaves is used. Flatulence A decoction of peeled garlic bulbs is drunk. Fractures A poultice of ground corn is applied to the fracture. Gangrene A leaf compress of the turpentine tree is applied for gangrene. Gonorrhea The clear fruit juice of the common guava is used to treat gonorrhea.

applied externally. Incontinence A decoction of the leaves and seeds of the bay rum tree is used for urinary incontinence. Insomnia In Haiti, an infusion of lettuce leaves is drunk for this complaint. Kidney Infection The pulp surrounding the seed of the lipstick plant is made into an astringent drink for kidney ailments. Menstruation Juice extracted from the leaves, or decoctions from the flowers, of marigolds are used to regulate menstruation. (As well as to treat cancer.) Kidney Stones In Haiti, the juice of the melon is drunk to treat this condition. Leprosy Young leaves of the West Indian

Gout The oil of the breadfruit is massaged

almond tree yield a sap that acts against lep-

in topically to alleviate gout.

rosy.

of the aorta, resulting in healthy functioning

Gum Disease The chopped leafy stems of

Leucoma (film on the eye) The leaf juice

of the cardiovascular system. Fresh garlic

watercress are used to treat gum disease.

of the Indian heliotrope is topically applied

juice lowers cholesterol and triglycerides in

Similarly, a decoction of okra fruit is used to

for leucoma.

the blood.

treat gingivitis.

Cataracts of the Eye Juice of a leafy,

Hair The crushed fruit pulp of avocado is

flowering stem of the Indian heliotrope is

used to fortify the hair.

are used to treat cancer. Cardiovascular Garlic prolongs elasticity

topically applied for cataracts.

94

honey and sulphur, is excellent against

Hemorrhoids The crushed leaves of the red

Headache Slices of onion are applied to the

Loss of Appetite Orange juice is prescribed. Lumbago Fresh tobacco leaves coated with oil are topically massaged in to remedy lumbago.

Colds A tea of the akee leaf is prepared.

head.

Constipation A tea or infusion of the leaf of

Head Lice A powder made from oleander

flamboyant tree soaked in alcohol is taken

the rain tree is used to cure constipation.

leaves is used for this condition.

orally for malaria.

Malaria The root and branch of the

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Memory Loss A decoction made from the

Ulcers An infusion of the leaf and flower of

Warts The shell of the cashew nut is

leaves of the grapefruit tree is used to

henna is used to treat ulcers.

applied topically to warts.

Urethritis The macerated fruit or fruit juice

Weakness Boiled pigweed leaves are

of the lime is taken for urethritis.

employed to remedy this condition.

Venereal Disease A decoction of leaves or

Yellow Fever The pulp of the fruit of

bark of Jamaica oak is used to treat venereal

the silk-cotton tree, mixed with one third

disease.

of a lemon, juiced, to which sugar is added,

regenerate lost intellectual capabilities and memory in old age. Migraine A compress of the leaves of American elder is applied to the head as a remedy for migraine. Mumps The crushed leafy stem of parsley is applied with grease to treat mumps. Muscle Pains Camphor, extracted with alcohol, and is applied in massage therapy.

Vertigo The leaf juice of the horseradish tree is inhaled to treat vertigo.

yields a type of lemonade which is antiseptic; it is particularly effective in terms of yellow fever.

Vomiting A decoction of the fruit peel of the pomegranate is used to remedy vomiting.

Max Beauvoir, Robert DeFilipps

Parkinson’s Disease A decoction of the leaves of the trumpet tree is taken orally for Parkinson’s disease. Pleurisy An emulsion of peanuts is useful in cases of pleurisy. Rheumatism Essence of cinnamon is used as a poultice to remedy rheumatism. Scurvy Coconut milk is known to be good for conditions of scurvy. Skin Diseases Remedy by rubbing in crushed garlic. Sleepiness Tender leaves of the mango tree are used as a decoction for those who have a tendency to sleep too much. “Staph” Infections Oil derived from the sunflower plant is antifungal and antibacterial and works well against staphylococcus aureus. Stomach Cancer Garlic reduces the concentration of nitrates in the gastric juice of the stomach and protects against the development of stomach cancer. Stomach Ulcers The plant juice of cabbage is used to treat stomach ulcers. Sunburn The fruit pulp of the calabash tree is used, cold, against sunburn. Swollen Glands The leaf juice of the red plum tree is taken to remedy this condition. Syphilis A decoction of yellow elder is used to treat syphilis. Tapeworms A concoction of the Brazilian tea plant is used. Toothache A decoction of cloves is topically applied for toothache. Tuberculosis Boiled tamarind fruit pulp may

Albizia lebbeck (Mimosaceae)

be used to teat tb. Thrush A decoction of the coconut palm root is drunk with coconut oil to remedy thrush.

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La Médicine Verte Haïtienne Note Dans le texte qui suit, le mot «décoction» signifie, soit le fait de faire bouillir une substance jusqu’à ce qu’elle soit concentrée (comme pour le sirop d’érable) l’action de faire bouillir ou de faire macérer une substance dans de l’eau pour en extraire l’essence. Avortement Il est recommandé de boire la chaire ou les graines du fruit de cassie pour causer un avortement. Acné Utiliser une solution de jus de radis pour se nettoyer le visage et combattre l’acné. Aphrodisiaque Prendre du gingembre comme aphrodisiaque. (On peut aussi en boire une infusion pour soulager l’enrouement ou l’extinction de voix.) Elizabeth Beauvoir

On dit aussi que des noix de cajou rôties sont aphrodisiaques, de même que l’écorce d’acajou macérée dans du rhum pendant 3 ou 4 jours. Sida On peut utiliser la chair du fruit de cassie pour soigner le sida à condition de la consommer le jour même de sa préparation. Colère Prendre une décoction de feuille de plantain pour faire passer la colère et le

Grand Bois

choc émotif. Angine Se gargariser avec du jus d’ananas. Artériosclérose Prendre oralement de la résine de gaiac. Infections de la Vessie La chair et le lait de noix de coco sont recommendés. Calculs de Vésicule Prendre du vin de noix de coco. Furoncles Une moitié de figue rôtie constitue un cataplasme calmant efficace contre les furoncles. Bronchite Boire du jus d’ail. Brûlure Frotter La brûlure avec une feuille d’aloe fendue en longueur pour en faire sortir la sève. Cancer Le jus des feuilles d’oeillet d’Inde ou une décoction des fleurs sont utilisés pour le traitement du cancer. Problème Cardiovasculaire L’ail entretient l’élasticité de l’aorte ce qui entraîne le meilleur fonctionnement du système cardiovascu-

96

Cataracte Appliquer une compresse de jus

Diatète Prendre une décoction de racines

de la tige feuillue d’héliotrope indien en

de sauge.

fleurs sur la cataracte.

Digestion Le plantain est recommandé pour

Rhume Prendre un thé de feuilles d’akée.

soigner les problèmes digestifs.

Constipation Prendre une infusion de

Dysenterie Prendre une tisane faite des

feuilles d’arbre à pluie.

racines et des fleurs d’impatiences.

Contraception Prendre une décoction de

Douleurs aux Oreilles Utiliser du jus

pousses tendres de capoquier.

d’aubergine.

Toux Un mélange de patate douce écrasée,

Choc émotif Prendre une décoction

de miel et de sulphur, est excellent contre

de thym.

la toux.

Épilepsie Ajouter une pincé de sel à du jus

Eczéma Appliquer de la résine de pin fraîche

de tournesol fraîchement pressé et en

directement sur la partie affectée.

mettre 2 ou 3 gouttes dans les narines.

Accouchement Utiliser une décoction de

Mal aux Yeux Laver les yeux avec un liquide

sauge haïtienne (toute la plante) pour faciliter

des feuilles d’aloe bouillies.

l’accouchement. Cette sauge est différente de la plante européenne du même nom.

laire. Le jus d’ail frais fait baisser le taux de

Toux et Rhume Prendre un peu de sirop de

cholestérol et de triglycéride dans le sang.

corossol.

Flatulence Boire une décoction faite avec une gousse d’ail bouillie. Fractures Appliquer une compresse de maïs moulu sur la fracture.

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Gangrène Appliquer une feuille de pis-

Menstruations Utiliser le jus extrait des

Ulcères de l’Estomac Utiliser du jus de

tachier térébinthe sur la partie gangrenée.

feuilles d’oeillets d’Inde, ou faire une

choux.

Gonorrhée Se soigne avec le jus clair du fruit de goyavier commun. Goutte Masser la partie affectée avec de l’huile de fruit d’arbre à pain. Maladie des Gencives Traiter avec des feuilles de cresson hachées. Une décoction de fruit d’okra peut être aussi utilisée pour soigner la gingivite. Cheveux Utiliser de la pulpe d’avocat réduite en purée pour fortifier la chevelure. Mal de Tête Appliquer des tranches d’oignon sur la tête. Poux Utiliser de la poudre de laurier rose. Hémorragie Prendre une infusion de fruits de genèvrier verts. Hémoroides Prendre un bain dans lequel on aura mis des feuilles de prunier rouge écrasées.

décoction de ces fleurs, pour réguler les menstruations. (Même chose pour soigner le cancer). Calculs Rénaux À Haïti, l’on boit du jus de melon pour soigner cet état. Lèpre Extraire la sève des jeunes feuilles d’amandier antillais pour soigner la lèpre. Leucome (opacité de la cornée) Appliquer du jus de feuilles d’héliotrope indien sur le leucome. Manque d’appétit Prendre du jus d’orange. Lumbago Faire un massage de la partie affectée aved des feuilles de tabac enduites d’huile. Malaria Prendre, par voie orale, un extrait de racines et de branches de flamboyant macérées dans de l’alcool. Perte de Mémoire Prendre une décoction de feuilles de pamplemousse pour régénérer

Coups de Soleil Utiliser de la chair froide du fruit de calebassier. Enflure des Glandes Prendre du jus de feuilles de prunier rouge. Syphilis Utiliser une décoction de sureau jaune. Ténia Prendre une concoction de théier du Brésil. Mal de Dents Appliquer une décoction de clous de girofle sur la partie douloureuse. Tuberculose On peut utiliser la pulpe bouillie du fruit du tamarinier pour soigner la tuberculose. Muguet (candidose buccale) Boire une décoction de racine de cocotier mélangée à de l’huile de noix de coco. Ulcères Utiliser une infusion de feuilles et de fleurs de henné.

Hépatite Manger le fruit du corossol pour

la perte de capacités intellectuelles et de

Urétrite Prendre une macération du fruit

soulager cet état ainsi que pour faire passer

mémoire des personnes âgées.

ou du jus de citron vert.

Migraine Appliquer sur la tête une com-

Maladies Sexuellement Transmises Utiliser

presse de feuilles de Sureau du Canada.

une décoction de feuilles ou d’écorce de

une fièvre. Hernie Prendre par voie orale de la résine de l’abricotier de St Domingue. Herpès Les feuilles du prunier jaune soulagent les symptomes de l’infection aux lèvres et aux parties génitales. Tension Artérielle Utiliser de la poudre faite avec la partie dure de la noix de coco pour faire baisser la tension, en particulier si elle est mélangée à des feuilles d’amandier. Hypocondrie Utiliser de la poudre faite à partir de feuilles de pamplemousse. Hypertension Manger de l’ail atténue ce problème, de même qu’une infusion d’épis

Oreillons Appliquer un mélange de graisse et de tiges feuillues de persil écrasées. Douleurs musculaires Appliquer en massages de l’extrait de camphre à base d’alcool. Maladie de Parkinson Prendre par voie orale

Ben oleifère. Vomissement Prendre une décoction de pelure de grenade. Verrues Appliquer une coque de noix de

jaune.

cajou sur les verrues.

Pleurésie Une émulsion de cacahouètes

Faiblesse Utiliser des feuilles de Chou gras

peut être utile pour soigner la pleurésie.

bouillies.

Rhumastime Utiliser de l’essence de cannelle

Fièvre Jaune La pulpe du fruit de capoquier

en cataplasme.

mélangée avec un tiers de jus de citron et

Scorbut Le lait de noix de coco est

aussi bénéfique.

recommandé.

Inflammation Appliquer une compresse faite

Somnolence Utiliser une décoction des

avec de l’oignon bouilli (usage externe).

feuilles tendres de manguier pour ceux qui

un peu de sucre, produit une limonade qui a des propriétés anticeptiques, particulièrement efficace contre la fièvre jaune. Max Beauvoir, Robert DeFilipps

ont tendance à trop dormir.

feuilles et de graines de piment âcre pour

Maladies de la Peau Soigner en frottant

soigner l’incontinence urinaire.

avec de l’ail écrasé.

Insomnie À Haïti, il est indiqué de boire une

Infections par Staphylocoques L’huile

infusion de feuilles de laitue pour remédier

dérivée du tournesol est antifongique et

à ce problème.

antibactérienne et convient bien pour le

Infection Rénale Réduire la pulpe qui

Vertige Inhaler du jus de feuilles de

une décoction de feuilles de liane trompette

de maïs coupés. Le jus de papaye frais est

Incontinence Utiliser une décoction de

Chêne de la Jamaique.

traitement du staphylocoque doré.

entoure la graine de l’Acchynanthus pour en

Cancer de l’Estomac L’ail réduit la con-

faire une boisson astringente.

centraton de nitrates dans les sucs gastriques et protège contre le cancer de l’estomac.

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FOOD AND DRINK | MANGER ET BOIRE


EVERYDAY HAITIAN FOOD

LA NOURRITURE HAÎTIENNE

Breakfast and dinner are secondary meals;

Le petit déjeuner et le dîner sont des repas

lunch is the largest meal and snacking is a

secondaires; le déjeuner est le repas le plus

constant throughout the day. Haitians have a

important et grignoter toute la journée est

sweet tooth, and eat many cookies, candies,

une habitude. Les haïtiens aiment manger

and other sweets, often combined with soda

sucré et consomment beaucoup de petits

and sweet juices. Children can be seen

gâteaux, des bonbons, et d’autres sucreries

walking around munching on stalks of sugar

auxquelles ils ajoutent des sodas et des jus.

cane for the juice.

On voit souvent des enfants se promener

In the morning, coffee is usually mixed with five or more spoons of sugar. Spaghetti

en mâchant des tiges de canne à sucre pour en extraire le jus.

mixed with onion, hot dog, and ketchup or

Le café du matin se boit généralement avec

bread and peanut butter are the typical

au moins cinq cuillers de sucre. Des spa-

choices for breakfast. The bread is made at

ghettis aux oignons, un «hot dog» avec du

local bakeries, and can be white bread or a

ketchup ou encore du pain avec du beurre

cassava flat bread, while the peanut butter

d’arachides sont des choix fréquents pour le

is made at home or bought from a local

petit déjeuner. Le pain, fait dans les bou-

vendor. Haitians add pepper to their peanut

langeries locales, peut être blanc ou bien

butter for an extra spicy kick, and the pea-

une galette à base de manioc, tandis que le

nut butter is less thick than in Canada

beurre d’arachides est fait maison ou acheté

or the usa.

chez un marchand local. Les haïtiens

The Haitian diet has one culinary constant of rice and beans, with the beans usually being pummeled into a sauce. This dish is eaten almost everyday for lunch, with some

ajoutent du poivre à leur beurre d’arachides pour le rendre épicé, et il est également moins épais que celui que l’on trouve au Canada ou aux États-Unis.

type of meat being added in on occasion.

La base de l’alimentation en Haïti est con-

Meats are dependent on location and range

stituée de riz et de haricots, ceux-ci étant le

from pig, fish, guinea fowl (which firstly

plus souvent cuisinés en sauce. Ce plat est

served as “guard dogs” because of their loud

consommé presque quotidiennement au

squawks when startled), and goat.

déjeuner, avec des viandes à l’occasion. Les

Dinner is either leftovers from lunch, something bought from the street vendors, or some sort of soup, typically a plantain, sugar, milk mixture. The street food could be soup,

viandes varient selon la région, allant du porc au poisson, de la pintade (autrefois utilisée comme «chien de garde» du fait de ses gloussements bruyants) sans oublier la chèvre.

rice and beans, or the favorite choice of

Le dîner se compose le plus souvent soit des

paté zé, a doughie deep-fried pocket filled

restes du déjeuner, soit d’un en-cas acheté

with egg, onion, picklies (a spicy cole slaw).

à des vendeurs de rue, ou encore d’une de

The pocket is served piping hot from the

soupe faite généralement d’un mélange

oil, and wrapped in newsprint.

de bananes plantains, de sucre et de lait. La

Fresh fruits vary from bananas to avocados, and one of the most important is the mango. During mango season, virtually all Haitians can been seen throwing stones or sticks at ripe, tasty mangos or coercing children to climb the mango trees. Piles of mango skins end up strewn about—to be eaten by pigs, cows, and other livestock. Ken Scoff

soupe, le riz et les haricots constituent la nourriture la plus fréquemment vendue dans la rue, ou bien encore le choix numéro un le pâté, une sorte de beignet frit et pâteux fourré aux œufs, aux oignons, et aux picklies (une salade de choux épicée). Le beignet est servi sortant encore tout fumant de l’huile de cuisson, et emballé dans du papier journal. On trouve une grande variété de fruits allant de la banane à l’avocat, mais le plus dominant est la mangue. À la saison des mangues, pratiquement tous les Haïtiens tentent de les récolter en lançant des pierres et des bâtons sur les mangues mûres et savoureuses, ou bien encore en contraignant des enfants à grimper sur les manguiers. Il en résulte des tas d’épluchures de mangues éparpillés pour être mangés par cochons, vaches, et autre bétail. Ken Scoff

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HAITIAN BLEU COFFEE

LE CAFÉ HAITIAN BLEU

The arabica typica variety grown today by

Le café arabica typica cultivé aujourd’hui

some 25,000 Haitian Bleu coffee farmers is

par 25 000 producteurs de café est

largely the same variety that was grown in

sensiblement la même plante semée en

Haiti for the markets of 19th-Century Europe.

Haïti pour les marchés de l’Europe du 19e

However, since being brought to Haiti from

siècle. Importée de la colonie française de

the French colony of Martinique in 1725, the

Martinique en 1725, la variété arabica s’est

typica variety has been adapting and con-

peu à peu adaptée au microclimat haïtien

forming to Haitian microclimates for almost

depuis 300 ans.

300 years.

De façon générale, on retrouve les variétés

Typica varieties grow naturally in a forest

arabica dans un milieu forestier. Malgré la

setting. Though Haiti is a country that has

déforestation et l’érosion qu’a connu Haïti

suffered centuries of deforestation and

depuis des siècles, ce sont sur les fermes des

erosion, the farms of Haitian Bleu producers

producteurs de la Haitian Blue que l’on

have preserved some of the last stands of

retrouve bon nombre des derniers peuple-

forest in the country.

ments forestiers du pays.

Families handpick the red-ripe coffee cherries

Les familles cueillent les graines de café

from each plant, then bring their harvest

rouges à la main, lorsqu’elles sont mûres. La

to cooperatively-run collection centers,

récolte est ensuite transportée à pied, par-

sometimes miles away, on foot, for initial

fois sur des kilomètres, vers des centres de

processing. Cherries are immediately de-

collection gérés collectivement. Les graines

pulped with hand-turned mills that separate

sont immédiatement dépulpées dans des

the red outer coverings from the gelatinous

broyeurs tournés à la main. Au cours de ce

inner coverings of the actual beans inside

processus, la couverture rouge extérieure se

them. The beans are fermented naturally to

sépare de la couche gélatineuse qui recouvre

loosen the gelatinous cover and then

la fève elle-même. Après une fermentation

washed clean, to become the semi-finished

naturelle, au cours de laquelle cette couche

coffee known as “parchment”—coffee with

se détache, les fèves sont lavées. Le résultat

a thin golden husk left on the bean.

est un café semi-transformé, appelé parche...

Parchment coffee is then slowly sun-dried

Les fèves, recouvertes de leur mince couver-

on patios, aided by attentive turnings and

ture dorée, sont ensuite étalées sur des ter-

soft tropical breezes. The Haitian Bleu

rasses et tournées régulièrement, ce qui

sun-drying process allows water to evaporate

accélère le séchage sous l’influence des

slowly from the bean until its humidity is

légères brises tropicales. Le séchage naturel

12% and its colour a rich bluish-green.

que subit le Haitian Blue permet à l’eau de

Once it is sun-dried, coffee is transported to a processing plant at Tombe Gateau in the mountains above Jacmel. Samples from each ‘lot’ of coffee are roasted and evaluated

s’évaporer lentement de la fève jusqu’à ce que son taux d’humidité atteigne les 12% et que le grain prenne une couleur vert bleu riche.

for aroma, fragrance, body, acidity, flavor, and

Une fois séché, le café est transporté jusqu’à

aftertaste. These characteristics are ranked

la fabrique située à Tombe Gateau, dans les

according to the same scale used by US and

montagnes surplombant Jacmel. Un échan-

European buyers. The scores will determine

tillon de chaque lot est torréfié et évalué pour

whether a specific coffee is eligible to be

son d’arôme, son corps, son acidité, sa saveur et

exported as Haitian Bleu—but no guarantee

sa persistance gustative. Ces caractéristiques,

that it will be.

évaluées selon les mêmes échelles de classe-

Stephan Jean Pierre

ment employées par les acheteurs américains et européens, détermineront si un certain lot est passible, mais non garanti, d’être exporté en tant que café Haitian Blue. Stephan Jean Pierre

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FOOD AND DRINK | MANGER ET BOIRE

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THE HAITIAN SWINE FIASCO

L’AFFAIRE DES COCHONS HAÏTIENS

CLAIRIN

account in rural Haiti. Large pigs can sell for

En Haïti rural, le cochon est l’équivalent

and it plays a vital role in many religious

$500–$1000 and most Haitians will sell one

d’un compte d’épargne ambulant. Un gros

celebrations, festivals, and special occasions.

in an emergency or to pay for their childrens’

cochon se vend pour entre 500 $ et 1 000 $,

A potent beverage, it is employed in burial

schooling. The pigs require very little upkeep

et la plupart des haïtiens en vendraient un

rights, cockfights, harvesting activities, and

and are typically seen foraging in an area

en cas d’urgence ou pour payer les frais de

in Voodoo ceremonies. During harvesting

full of garbage, happily munching some sort

scolarité de leurs enfants. Le cochon est un

season, neighbors invite each other to their

of rotting food.

animal relativement autosuffisant qui se

fields to help out. The host will supply as

contente de fourrager dans les dépotoirs, où

much clairin as the workers can drink, as well

il se délecte de toute forme de nourriture en

as food, in exchange for free labour. Clairin

état de putréfaction.

is manufactured in small distilleries that dot

A pig, or cochon, is comparable to a savings

But in 1983, a strain of African Swine Flu was found in the Dominican Republic and Haiti, raising fears of a possible outbreak in the

Clairin is drink of choice for many Haitians,

the countryside and the process takes some

United States. The United States government

Or, en 1983, une souche de la peste porcine

swiftly went into action, pressing and

africaine fit des ravages en Dominique

cajoling the Haitian leadership into slaugh-

républicaine et en Haïti. Le gouvernement

tering every pig on the island. Obviously,

américain, soucieux de circonscrire l’étendue

rural Haitians did not concur with their

de l’épidémie, exerça des pressions sur Haïti

government’s mandate. However, they had

pour que le pays abatte tous les cochons sur

no choice as forceful, violent means were

l’île. Bien sûr, les habitants ruraux ne voyaient

used in taking and slaughtering the pigs,

pas l’affaire du même œil que celui de leur

with little to no compensation for the owners.

gouvernement, mais ils n’eurent d’autre

Clarin is not aged but is consumed immedi-

Enrollment in schools declined dramatically,

choix que d’obtempérer. Les forces de

ately. The more palatable batches are mixed

and the peasants went into the hills and

l’ordre firent appel à la violence et à la

with certain herbs to add color and increase

began a massive deforestation, cutting down

force pour faire respecter le décret, sans

the “powers” of the liquor. (Different con-

trees to provide them with fuel for cooking

dédommager les éleveurs pour la perte de

coctions mixed with clairin are believed to

and with an income.

leurs animaux.

be a curative for ailments ranging from the

Trying to aid the Haitian peasant population,

Par la suite, le taux d’inscription dans les

the United States then supplied blan

écoles haïtiennes chuta de façon importante,

(foreign) pigs at $50 a head. These white

et une déforestation massive succéda à la

foreign pigs were unable to live in the same

première crise, car bon nombre de paysans

manner as their former brethren, and

furent contraints de gagner les montagnes

required feed, a sty and a trough. Needless

pour y couper du bois et ainsi être en

to say, they were living in “hog-heaven” in

mesure de subvenir à leurs besoins.

comparison to the former Haitian pigs and even some of their new owners! Attempting to reverse the actions of the United States, the French began a new program with small, rustic, black Chinese pigs similar to the native Haitian pigs. Ken Scoff

Dans une mesure destinée à aider la population paysanne haïtienne, les États-Unis envoyèrent des cochons blans (étrangers) au prix de 50 $ par tête. Ces bêtes, en provenance des États-Unis, ne pouvaient suivre

time. Typically, the mature cane is ground in a small mill to make “cane water,” and, traditionally, this is transported to a distillery by mule cart. The distilleries are generally small shacks with some barrels, an oven, and the still. After distillation, the clairin is poured into plastic drums and shipped out.

common cold to impotency.) Each batch of clairin has its own distinct taste and proof, and is a bit like “white lightning”—moonshine that is popular in some of the southern states in the usa. Tasting “white” clairin can be a shock—both to the tongue and the stomach—it is equally suprising how quickly one can get used to it! Entire regions of Haiti subsist on the production of sugarcane for clairin and rum— a bad season of sugarcane can be devastating. Ken Scoff

le mode de vie de leurs prédécesseurs, car il leur fallait vivre en porcherie, alimentés à l’auge. Il va sans dire que ces animaux, bien nourris et abrités, se trouvaient au «paradis porcin» par rapport au cochon haïtien, et même comparativement à leurs éleveurs! La France lança un nouveau programme destiné à renverser l’initiative américaine et introduisit à son tour des cochons petits et noirs, rustiques, venus de Chine, et semblables au cochon haïtien. Ken Scoff

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FOOD AND DRINK | MANGER ET BOIRE


LE CLAIRIN Le clarin est une boisson de choix pour beaucoup d’haïtiens, et il joue un rôle vital dans beaucoup de celébrations religieuses, de fêtes, et d’occasions particulières. Boisson très forte, elle est utilisée pour les enterrements, les combats de coqs, les activités liées aux moissons ainsi que dans les cérémonies vaudou. Quand vient le temps des moissons, les voisins s’invitent les uns les autres pour aider à la récolte. L’hôte fournit autant de clairin que les moissonneurs peuvent

dans un petit moulin pour produire l’eau de

petit peu comme l’éclair blanc («white

canne et, traditionnellement, celle-ci est

lightning»)—l’alcool de contrebande popu-

transportée à la distillerie par charrette à

laire dans certaines parties du sud des États-

mule. Les distilleries se limitent générale-

Unis. Goûter du clarin «blanc» peut être un

ment à de petites cabanes avec quelques

choc, tant pour la langue que pour l’estomac,

barils, un four, et un alambic. Après distilla-

et il est tout autant suprenant de constater

tion, le clarin est versé dans des fûts en

comme on peut vite y prendre goût! Des

plastique et expédié. Le clarin n’est pas vie-

régions entières en Haïti subsistent grâce à

illi mais, au contraire, il est consommé

la production de cane à sucre utilisée pour

rapidement. Les cuvées au goût les plus

la fabrication du clarin et du rhum. Une

agréables sont mélangées avec certaines

mauvaise saison de cane à sucre peut être

herbes pour ajouter de la couleur et aug-

dévastatrice pour tous ceux qui en vivent.

en boire, de même que la nourriture, en

menter les «pouvoirs» de l’alcool. (Certaines

échange d’une main d’œuvre gratuite. Le

concoctions mélangées au clarin sont con-

clarin est produit dans les nombreuses

nues pour soigner des indispositions allant

petites distilleries qui jalonnent la campagne

du rhume de cerveau à l’impuissance.)

et son processus de fabrication prend du

Chaque cuvée de clarin possède son propre

temps. En général, la canne mûre est broyée

goût et ses vertues particulières, et est un

FOOD AND DRINK | MANGER ET BOIRE

Ken Scoff

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MECI Wilken Accilien, Joseph Batiste, Michel Belfort, David Bell, Geoffrey Bellamy, Géri Benoit, Rusell Berhmann, Mark Bobb, Boubou, Kate & Patrick Boucard, David Bourjolly, Colette Bourjolly, Corinne Bourjolly, Roger Braithwaite, Bill Browing, Milfort Bruno, Karl Cave, Jeannie Chiang, Chilly, Diana Cloud, Richard Coles, Stephan Coles, se Kenneth, Murray Cook, Steele Cooper, Richard Coronel, Gemma Corsano, Henrietta Consentino, Edwidge Danticat, Cameron Davidson, Mario Delatoure, Emeranthe des Pradines, Antoine Dérose, Alix Desulme, Michel Pou Diaz, Dieux La, Lisa Diegel, Nikola Duncan, Kiki Dupoux, Ralph Dupoux, Gerald Dussap, William Ellissaint, Vivienne Evans, Kathleen Failla, Charles Falarara, Stella Omabolasire Fakiyesi, Georges Fenelon, Jessica Fievre, Aldophus Fiffer, Daniel Fils Aimé, Julie Flett, Luke Gabler, John Gallo, Andrea Gin, Kim Girtel, Kelly Gonsalves, Erhman Gonzalez, jcr Gonzalez, Eglantine Gordon, Leah Gordon, Beth Gottschling, Marlon Hill, Robin Hinton, James (the dog watcher), Alexis James, Shirley Julien, Brian Jupiter, Farah Juste, Marise and Daniel Kedar, Jeff Kerzner, Riitta Klint, Jacquie Labron, Alix Lafond, Le Primitif Galleries, Axelle Liautaud, Tatianna Mora Liautaud, Jeremy Lightstone, Pastor Caleb & Debbie Lucien, Abner Louima, Susan Mains, David McCabe, Jaques Mesagier, Robert Miller, Jean Monestime, Xavier Mora, Richard Morse, Martin Mueller, Gordon Myers, André Nord, Dr. Diana Baird N’Diaye, Joseph Piekarski, Jude Papaloko, Michael Paul, Peace Corps Staff, Amanda Phillips, André Pierre, Dr. Eric Pierre, Jean Pierre, Michelle Pierre Louis, Patsy-Ann Rasmussen, Barbara and Danny Ramirez, mc Riviere, Jean Robert, Patricia Roldan, Sasa, Asser Saint Val, Babette Saieh, Gladys Silvera, Pauline St. John, Lorraine Silvera, Massimo Soldi, Kol Soltan, Michel Spring, Visalia Stanley, Lionel St Pierre, Maggie Stebert, Lori and Mark Steed, Judith Steedman, Melate Tesafaye, Valerie Thai, Althea Thaughberger, Romeric Tisserand, Reginald Turnier, Quamis, Roy Wallace, Kevin Williams, Tae Won Yu, Verena & Cedric, Victoire & Sarah Franz Voltaire, Leslie Voltaire, Hotel Florida, Hotel Mont Jolie, Hotel Olofsson, Hotel Villa Creole, Aid to Artisans, Toronto Image Works, lijech, The Smithsonian

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