La première Guerre Mondiale

Page 1

POURQUOI LA GUERRE? TENSIONS ET MENTALITÉ

• RIVALITÉS IMPÉRIALISTES • COURSE AUX ARMEMENTS

• NATIONALISME LE CŒUR NATIONALISME • SOCIALISME LA TÊTE ET SOCIALISME


ANTAGONISMES ET BUTS DE GUERRE DES BELLIGÉRANTS

Le rôle des antagonismes entre nations européennes dans le déclenchement de la guerre est évident, antagonismes économico-financiers mais aussi géo-politiques. " Si l’orage surgit tout à coup, en juillet 1914, c’est que les crises s’y succèdent depuis le début du siècle, de plus en plus violentes et rapprochées : au Maroc Français et Allemands jouent au chat et à la souris, dans les Balkans, les Russes ne veulent pas laisser les Autrichiens accéder à la Méditerranée en débouchant sur Salonique. Allemands et Autrichiens ne veulent pas davantage que les Russes pèsent sur les Détroits en dépeçant l’Empire turc malade. Les Anglais voient d’un mauvais œil les Allemands prendre pied en Turquie..."




L’HISTOIRE À LA CARTE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE: L’INDÉPENDANCE DES PEUPLES BALKANIQUES


Depuis le début du XXème siècle, l'affrontement entre la France et l'Allemagne à propos du Maroc conduit à une multiplication d’incidents diplomatiques. L’Allemagne, au nom de la Weltpolitik initiée par son empereur Guillaume II, souhaite prendre pied au Maghreb, qui est également un objectif français depuis Fachoda. Au mois de novembre 1904, la France accorde un prêt énorme au sultan du Maroc, ce qui équivaut à une mise sous tutelle de ses finances. Le 31 mars 1905, l'empereur Guillaume II débarque à Tanger, traverse la ville à cheval, ignore protocolairement la France, pourtant « protectrice du Maroc », rencontre le sultan Abd al-Aziz et prononce un discours incendiaire dans lequel il affirme l’indépendance du Maroc. Cette situation provoque une grave crise diplomatique, qu’on a appelé le « Coup

de Tanger »


En 1906 pour dénouer la première crise, une conférence est réunie à Algésiras en Espagne. L’entente franco-anglaise fonctionne, la France et l'Espagne obtiennent des droits particuliers sur les affaires marocaines, en raison des intérêts liant ces pays (Acte final de la Conférence d'Algésiras, 7 avril 1906). Concrètement, ces deux pays se voient confier la police des ports et le droit de créer une banque d'État internationale. l’Allemagne est isolée et l’Empereur cède. Coup d’Agadir: Sous prétexte d’une révolte des tribus marocaines, la France envoie des troupes. A cette époque, des troupes françaises occupent des territoires marocains pour résoudre notamment des problèmes frontaliers avec l’Algérie. L’Allemagne réplique par l’envoie d’une canonnière la Panker devant Agadir. Un accord franco-allemand (4 novembre) règle la seconde crise marocaine. Les nationalistes des deux pays sont mécontents.


Les rivalités à propos du Maroc, dessin humoristique de presse sur la question du Maroc en 1906. Le roi d’Espagne, Alphonse III, le roi d’Angleterre, Édouard VII, l’empereur d’Allemagne, Guillaume II, et la France poursuivent le sultan du Maroc.



Le 4 novembre 1911, un accord de troc entre les deux puissances rivales est signé : l’Allemagne accepte de se désintéresser de l’Afrique du Nord en échange de la concession de territoires au Congo et au Cameroun. L’incident d’Agadir se révèle ainsi favorable à la France. Mais cette fois-ci, en France, les autorités décident le rappel des réservistes, la Grande-Bretagne met sa flotte en alerte. Si l’Allemagne recule de nouveau à la suite de longues tractations, on sait que le recours à la guerre pour régler un éventuel contentieux entre états européens est possible.


L’HISTOIRE À LA CARTE EUROPE ET NATIONS 1815-1914 LE DÉCLENCHEMENT DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE


NATIONALISME

ET SOCIALISME


NATIONALISME LE CŒUR



L’ALLEMAGNE : RACE - IMPÉRIALISME ET EXPANSIONNISME L’Allemagne a mené trois guerres successives avant de créer son empire en 1871. Comme dans les trois pays ci-dessus, le poids politique de l’armée et de l’orgueilleuse noblesse est très important. L’influence de courants nationalistes préfascistes ne doit pas être négligée. Voici par exemple une citation d’Ernst Hasse, président de la Ligue pangermaniste en 1905 : " L’égoïsme sain de la race nous commande de planter nos poteaux frontières dans le territoire étranger, comme nous l’avons fait à Metz, plutôt... Ces terres coloniales de l’avenir se composent ... des vastes territoires occupés par les Polonais, les Tchèques, les Magyars, les Slovaques, les Slovènes, les Ladins, les Rhétiens, les Wallons, les Lituaniens, les Estoniens et les Finlandais. Tant que les territoires de ces petits peuples, mal faits pour créer des États nationaux, n’auront pas été répartis entre les grands États de l’Europe centrale, l’Europe ne pourra jamais avoir, n’aura jamais la paix. Cette répartition coûtera naturellement de dures guerres".


L’ITALIE Le royaume d’Italie se fonde en 1861. Une vision mythique et mystificatrice de la nation italienne a-t-elle été développée ? Voici par exemple un texte de Mazzini, extrait de République et royauté en Italie : " L’indépendance, c’est à dire la destruction des obstacles intérieurs et extérieurs qui s’opposent à la constitution de la vie nationale, doit donc s’obtenir non seulement pour le peuple, mais par le peuple. La guerre par tous, la victoire pour tous... " Créer : créer un peuple ! Il est temps, ô jeunes gens, de comprendre combien est grande, religieuse et sainte l’œuvre que Dieu vous confie. Elle ne saurait s’accomplir... que par l’exemple vivant donné aux multitudes d’une vertu austère, par les sueurs de l’âme et les sacrifices du sang... par l’audace de la foi, par cet enthousiasme solennel, indomptable, inaltérable qui remplit le cœur de l’homme lorsqu’il ne reconnaît pour maître que Dieu..., pour unique but l’avenir de l’Italie".


LA FRANCE La France développe aussi le sentiment national de 1870 à 1914 sur des mythes historiques (Vercingétorix, Clovis, Jeanne d’Arc...) et des références souvent "spirituelles", xénophobes (pour la droite). Tel est le cas par exemple lors de la célèbre conférence d’Ernest Renan le 11 mars 1882 : "La nation comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale..." Entre cette conception de la nation et la conception allemande fondée sur le sang, il n’y a pas de grande différence.


Pour terminer ce rapide tour d’horizon de quelques formes de nations et de nationalismes avant 1914, voici ce qu’écrivait l’historien suédois Harold Hjarne dans le journal Svenska Dagblade le 31 décembre 1899 : " En ces dernières heures du siècle, je voudrais méditer sur l’une des forces qui ont été à la fois les plus créatrices et les plus dissolvantes ... le nationalisme... Certes, les tendances nationales ont aussi servi la culture... Mais ces avantages pèsent moins lourds que les inconvénients qui en ont résulté et qui ont fait du nationalisme le facteur politique dominant. La haine de tout ce qui est étranger... transforme rapidement le sentiment national en un instinct qui échappe au contrôle de la raison... Le nationalisme, en se combinant avec d’autres forces, nous conduit irrésistiblement vers de nouvelles catastrophes. »


SOCIALISME LA TÊTE


MARX MANIFESTE DU PARTI COMMUNISME

« Que les classes dominantes tremblent devant une révolution communiste. Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »


Discours de Jaurès en mai 1913


Jaurès est l’un des fondateurs de la S.F.I.O (Section française de l’Internationale ouvrière) constituée en 1905. Député depuis 1893, il a fondé en 1904 un journal : l’Humanité. Très attaché aux valeurs de la République, Jaurès est persuadé que seule la lutte des classes permettra de construire un avenir meilleur. Mais, c’est également un visionnaire et un homme très en avance sur son époque. En effet, en ce début de 20e siècle, colonialisme et nationalisme sont fortement ancrés dans les mentalités.


LES SOCIALISTES SONT POUR LA PAIX ENTRE LES PEUPLES

L’ENNEMI C’EST LE PATRON CAPITALISTE


Assez paradoxalement, tous les socialistes sont convaincus que le capitalisme est un fléau qui, par pur intérêt financier, risque d’entraîner les peuples dans la guerre. Mais, ils sont incapables de se mettre d’accord quant au choix des moyens d’action .

Le nationalisme prime sur l’internationalisme. A ce propos, Jaurès écrit : "Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène ".


Jean Jaurès a, lui, une vision beaucoup plus globale et pressent déjà que l’unité socialiste passe par l’internationalisme. C’était en quelque sorte un européen avant l’heure. Partant de ce principe, seule une unité européenne organisée autour des valeurs du socialisme pouvait aboutir à une paix durable. Si effectivement, dans chaque pays, les socialistes condamnent leurs gouvernements, le consensus est loin de se faire quand il s’agit de mettre en place des solutions pour éviter la guerre. Que faire en cas de conflit ? C’est la question qui est posée lors du congrès de Copenhague en 1910. Une motion propose la grève générale et la révolte des forces populaires. Mais, les intérêts individuels passent avant l’unité du mouvement. Les socialistes allemands rejettent cette motion.


« Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » Jean Jaurès, discours à la jeunesse, 1903


L’assassinat de Jaurès En ce 31 juillet 1914, la chaleur est suffocante à Paris. La population est dans l’attente de la déclaration de guerre contre l’Allemagne. Les journaux multiplient les déclarations patriotiques et exacerbent les valeurs guerrières. Jean Jaurès n’est, quant à lui, pas du tout convaincu que cette guerre est inévitable. Il s’emploie au contraire à l’éviter. Alors qu’il est en train de dîner au café du Croissant avec ses collaborateurs, il est assassiné de deux coups de pistolet.




Jaurès comptait surtout sur une alliance des partis ouvriers pour sauvegarder la paix. Les gouvernements des pays belligérants mobilisaient à l’inverse les populations en valorisant le patriotisme. Derrière les drapeaux et les hymnes nationaux, se cachaient de vulgaires intérêts économiques et financiers ainsi qu’un goût prononcé pour l’expansionnisme. Malheureusement, cette propagande bien orchestrée et largement relayée par les journaux a fonctionné. Les socialistes, comme les syndicalistes, de tous les pays, pourtant pacifistes finissent par soutenir l’entrée en guerre de leurs pays.


Avec la mort de Jaurès, ce sont les derniers espoirs de paix qui ont disparu. Le lendemain de sa mort, la mobilisation générale a été décrétée en France.

MOBILISER, C’EST APPELER DES HOMMES INSCRITS SUR UNE LISTE DE CONSCRITS ET AYANT ACCOMPLI UN SERVICE MILITAIRE : LES HOMMES CONCERNéS SONT TENUS DE RéPONDRE à CET APPEL, SOUS PEINE D’Être poursuivis pour insoumission.








Chronologie de l’été 1914 L’engrenage • La chronologie révèle l’engrenage qui se met en marche pendant l’été 1914. Cet engrenage est rendu possible par la mise en jeu des alliances conclues les années précédentes. La Russie intervient pour soutenir la Serbie face à l’Autriche. Cette intervention russe met en mouvement l’Allemagne, ce qui entraîne l’entrée en guerre de la France, puis celle du Royaume-Uni après que les Allemands ont violé la neutralité belge. Apparemment plus tardive, l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman était en fait préparée depuis le début d’août. Seule des grandes puissances, l’Italie n’entre pas alors en guerre, en dépit des accords qui la lient à l’Allemagne et à l’Autriche : elle le fera en mai 1915, mais du côté des Alliés. •




Cette mobilisation se déroule dans les meilleures conditions : aucun plan de grève générale ne fut mis en application pour tenter de s'opposer à la guerre, aucune manifestation pacifiste, pourtant nombreuses au cours du mois de juillet, ne vint s'opposer à l'esprit "d'union sacrée" qui s'installe dans le pays. Surtout, les conseils de guerre n'ont retenu à peu près aucun cas réel de désertion et le nombre d'insoumis fut infime. Techniquement, la mobilisation fut également une réussite : l'organisation des transports placée sous la responsabilité des militaires mais réglée en fait par les cheminots eux-mêmes fut impeccable.


L’union sacrée L’union sacrée consiste à rassembler toutes les forces politiques contre l’allemagne, en faisant taire leurs divisions. Elle se dégrade quand, avec le prolongement de la guerre, se multiplient les offensives aussi sanglantes qu’inutiles, et que s’aggravent les difficultés matérielles de la POPULATION. ALORS ON EN VIENT à DéNONCER LES AUTORITéS ET LES PROFITEURS DE GUERRE, CE QUI FAVORISE LA RéAPPARITION DES OPPOSITIONS POLITIQUES D’AVANT-GUERRE: LA DROITE S’EN PREND AUX IDéES «DU JUIF ALLEMAND Karl Marx», CEPENDANT QUE LES SOCIALISTES DéNONCENT LA GUERRE COMME VOULUE PAR LES BOURGEOIS.


L’HISTOIRE À LA CARTE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE


GUERRE DE MOUVEMENT Rejet de l’ancienne conception issue de la guerre de 1870 qui consistait à miser sur la puissance de feu (artillerie). Certains généraux prônent une nouvelle conception : l’offensive à outrance. «On attaque partout, à fond et l’on voit.» Le général Cardot par exemple, considère cyniquement les conséquences d’une telle doctrine, sachant que les pertes humaines seront inévitables.

« Il faut des massacres et l’on ne va sur le champ de bataille que pour se faire massacrer » La consécration de cette doctrine est représentée par un autre général, Grandmaison, qui a dit : «Dans l’offensive, l’imprudence est la meilleure des sûretés.» C’est cet état d’esprit qui est repris dans le règlement d’infanterie : «L’infanterie est l’arme principale. Elle agit par le mouvement et par le feu. Seul le mouvement en avant poussé jusqu’au corps à corps est décisif et irrésistible… La baïonnette est l’arme suprême du fantassin. La section marche à l’assaut au pas de course au commandement de «en avant à la baïonnette » du chef de section, répété par tous. Chaque tirailleur doit tenir à l’honneur de triompher du plus grand nombre possible d’adversaires et la lutte se poursuit à l’arme blanche, avec la plus farouche énergie, jusqu’à ce que le dernier combattant ennemi soit hors de


GUERRE DE POSITION 1915-1917 Les armées s'installent dans les tranchées. La stratégie consiste à lancer des offensives quotidiennes avec utilisation massive de l'artillerie. C'est une guerre d'usure qui a pour but d'épuiser l'adversaire sur le plan militaire, économiquement, et moralement. Chaque bataille permet d'avancer seulement de quelques mètres, pour reculer le lendemain. Le nombre de victimes est effrayant. En 1916, les Allemands tentent une percée décisive en concentrant leur attaque sur Verdun (février à novembre 1916). Les troupes françaises tiennent bon, commandées par le général Pétain. La bataille de Verdun a fait au total 500 000 morts.





UNE GUERRE TOTALE Mobilisation des hommes aussi bien au front (mobilisation des combattants) qu’à l’arrière (mobilisation de la main d’œuvre). L’essor des industries de guerre et la nécessité de remplacer les hommes partis au front entraîne une mobilisation de la main d’œuvre. Les usines d’armement utilisent, en France, 50000 personnes en 1914, 1,7 million en 1918. Les femmes occupent une place importante (près du tiers de la main d’œuvre de Renault), d’autant plus que, dans les campagnes, elles remplacent les hommes dans les travaux agricoles. L’appel à la main d’œuvre coloniale permet également de compenser le départ des combattants. L’industrie doit fournir le matériel que nécessite cette guerre à la forme inattendue qu’est la guerre de position. Les besoins matériels sont énormes et la plupart des industries se convertissent à la production d’armements ou de matériel militaire.





Vous Tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort. Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes, votre frère de sang ? Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement. Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vide sans honneur Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France [...] Léopold Sédar SENGHOR, Extrait de de Poème liminaire, Premiers vers de " Hosties Noires ", Paris, Seuil, 1990



Intense mobilisation des économies Rien n’a été prévu au début du conflit pour organiser l’économie puisqu’on estimait que la guerre serait courte. Les énormes besoins que nécessite cette guerre d’usure entraîne, dans l’urgence, la conversion de nombreuses industries qui se mettent à produire des armements. Renault illustre parfaitement cette évolution. On saisit le passage d’une production de paix (voitures) à une production de guerre (obus). Cette économie de guerre est largement contrôlée par l’État qui devient progressivement le premier acheteur de l’économie et en même temps le principal maître d’œuvre. L’apparition de nouvelles armes (chars, avions…), la mobilisation de la main d’œuvre (en particulier féminine). (Diapo ) L’importance de l’économie explique que les pays les plus fragiles et les moins industrialisés sont ceux qui connaissent le plus tôt des difficultés importantes (désorganisation de l’économie, problèmes de ravitaillement dans les villes, pénurie et rationnement) comme la Russie en particulier et l’Italie désordres sociaux.


L’évolution de la production des usines Renault entre 1914 et 1918. Chez tous les belligérants, l’État prend largement en main l’économie. La mobilisation de l’économie a pour conséquence de provoquer une forte inflation. Certains produits de première nécessité manquent: c’est la pénurie. Certains gouvernements instituent le rationnement. Les difficultés d’approvisionnement provoquent des tensions: en Russie, le mécontentement de la population provoque la Révolution de février et l’abdication du Tsar Nicolas II.



Dès 1914, les autorités militaires instaurent la censure qui doit assurer, entre autre, le maintien de l’état moral de la population. - d’intenses campagnes de propagande veillent à maintenir l’idée d’une guerre justifiée: l’ennemi est systématiquement diabolisé et rendu responsable de la guerre. - tous les moyens paraissent légitimes pour galvaniser les esprits, y compris les fausses nouvelles: c’est le bourrage de crânes. MISE EN PLACE D’UNE VÉRITABLE CULTURE DE GUERRE,D’UNE BRUTALISATION DES ESPRITS.


On diabolise l’ennemi Le soldat français cherchant a s’emparer de Strasbourg

Le poilu, vainqueur d’un aigle (symbole de L’Allemagne)


la condamnation de l'ennemi :brutalisation des esprits Le soldat, armé, obstrue le haut de l’affiche et donc l’horizon, le présent est obscurci

Les 2/3 de l’affiche sont occupés par un océan plutôt calme: cette affiche s’adresse à des américains qui sont séparés de l’Europe par un océan, mais c’est aussi un rappel du Lusitania (bateau coulé par les allemands qui a fait 1198 victimes, dont femmes et enfants , et 128 américains)

Le spectateur est dominé par les yeux du soldat, prêt è surgir pour accomplir son meurtrier forfait Les fumées suggèrent des incendies récents, donc barbarie de l’ennemi qui ne respectent pas les civils

Identification du soldat au Hun (idée de barbarie) Pour le repousser il faut… Liberty Bond (équivalent des Bons de la Défense Nationale) en grandes lignes jaunes 1/3 de l’affiche. Acheter des Liberty Bond : le seul moyen en-dehors de la mobilisation des hommes d’éteindre le foyer de la barbarie.


Propagande de guerre

L'affiche est un bon support pour comprendre et analyser la propagande. Elle ne constitue pas le seul support de la propagande officielle, mais elle n’en reste pas moins le plus usitÊ et le plus efficace.



Il s'agit d'abord de solliciter l'aide de l'arrière, l'effort de tous les civils

• l'appel à l'argent est ainsi le thème le plus insistant de la propagande de guerre. En Allemagne, le premier grand emprunt date de 1914, en France de 1915. Il s'agit de financer l'effort de guerre. Un financement qui dépasse largement les capacités des États belligérants


Tous les belligérants sont pris de court devant la prolongation d’une guerre que l’on avait cru courte. Les dépenses totales de l’État atteignent en France 223 milliards de francs-or pour les six exercices 1914-1919, dont 62 % sont affectés aux charges de la guerre. Le ministre des finances Ribot répugne à augmenter les impôts au moment où les Français paient l’impôt du sang et préfère le recours à l’emprunt.


• Le message est clair: • Plus il y a d’argent, plus on a de munitions pour la victoire


Pays de rentiers, la France avait, en 1914, 43,5 milliards de francs-or placés à l’étranger mais certains placements, les emprunts russes en particulier, se révèlent décevants. Aussi les emprunts patriotiques (non remboursables en capital mais proposant un intérêt élevé et des exemptions fiscales) prennent-ils le relais dès 1914 et sont renouvelés chaque année. Par ailleurs, l’Etat a recours à l’émission de bons de la défense nationale, créés en septembre 1914, d’obligations de la défense nationale, créées en février 1915, remboursables à partir de 1925. Ce recours à l’emprunt au détriment d’un alourdissement de la fiscalité directe tirait une traite sur l’avenir. Il permit de financer la guerre mais pas les importations pour lesquelles des avances furent consenties par les gouvernements anglais et américain.


Ce message est valable dans toutes les langues

En Italien


En Anglais


En Russe

Souscrivez à l’emprunt à 5,5 %

Plus il y a d’argent, plus il y a de munitions


• Pour répondre à ces objectifs, les affiches exaltent un certain nombre de valeurs : • la défense de la patrie Le patriotisme est une valeur que l'on retrouve dans l'ensemble des pays belligérants Il prend des formes différentes, s'appuie sur un passé national lui-même propre à chacun des pays. Si le devoir du soldat est de se battre, celui des civils est de participer financièrement à l'effort. Combattre à l'arrière s'apparente à un acte de patriotisme.


Au pied de l’arc de triomphe Sous la présidence de Marianne, symbole de la République Le Bourgeois

Le Fonctionnaire La mère ou l’épouse

Le paysan – le vieillard Rappel des enfants et des orphelins laissés seuls car les pères combattent

Contribuent a l’effort de guerre


Le coq gaulois, symbole de la France, écrase le

soldat allemand, qui est déjà à genoux (la victoire est proche)


On montre l’isolement des femmes et des enfants

On honore le soldat parti défendre son pays

On fait appel au patriotisme (les allemands nous ont volés « l’Alsace Lorraine »)


le soldat allemand reconnaissable à son casque est représenté en chevalier preux, dans une posture identique à celle de Saint Georges tuant le dragon. L’Allemagne se fait ici le héraut de la croisade contre le Mal dans un combat pour la paix. la coalition alliée, une civilisation jugée extérieure et corrompue est représentée sous forme d’un monstre saurien.


Souscrire c’est faire son devoir comme le fait le soldat


Tout le monde doit participer à l’effort de guerre


• les affiches ont aussi pour mission d'entretenir un certain état d'esprit, de soutenir un moral éprouvé par la guerre. Il s'agit de sauvegarder la cohésion nationale d'autant que le conflit n'est pas aussi bref que les pouvoirs l'avaient laissé entendre. Les difficultés de la vie quotidienne, l'absence et le deuil ébranlent les certitudes


C’est aussi valable en Allemagne


L’ÉTAT EST INCAPABLE DE SUPPORTER L’ÉNORME SURCROÎT DE DÉPENSES ENTRAÎNÉS PAR LE CONFLIT. RECOURS SYSTÉMATIQUE À L’EMPRUNT

• le civisme Pour mobiliser les fonds, les affiches s'adressent moins à la raison qu'au sens du devoir et au cœur, moins à la société qu'à l'individu. En ce sens, elles revêtent : • un caractère civique • la certitude de la victoire • la condamnation de l'ennemi • la paix.


Le garant de la victoire est la force du sentiment national et patriotique. Tel est le message officiel


C’est dÊfendre son pays, mais aussi le monde et les notions de libertÊs.



EXHALTATION DU sentiment national


Marianne, la libertĂŠ, guide les ĂŠtendards et le monde


la certitude de la victoire Pour la France et ses Alliés

Les écossais Les britanniques

Les Américains



Le front et les troupes alliées conduites par Marianne

On occupe l’esprit de cette mère de famille qui remplace les hommes aux champs


La couronne de Laurier, symbole de la victoire










Après la victoire Les alliés victorieux

L’Allemand a genoux


Il faut reconstruire la paix

Aux côtés de Marianne, le soldat victorieux tient dans la main le rameau d’olivier, symbole de la paix.


Marianne tient dans les bras une gerbe de Blé, symbole de prospérité


L’ange de la victoire (sous les traits de Marianne)

Le rameau d’Olivier


Retour aux valeurs traditionnelles, le foyer s’agrandit, les villes se reconstruisent, chacun retrouve sa place


RECONNAISSANCE DE LA PATRIE


SUPRÉMATIE DU COQ ET RETOUR À LA CASE DÉPART !


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.