Un été à Giverny
© Fondation Claude Monet droits réservés
Kim Bennani dans les ateliers de Claude Monet 1
Un été à Giverny
Kim Bennani
dans les ateliers de Claude Monet
Exposition du 08 octobre au 05 novembre 2015
Accueillir Kim Bennani en tant qu’artiste en résidence au sein de la Fondation Claude Monet fut pour nous un grand honneur. Kim était notre premier artiste marocain, un artiste digne de représenter son pays, nous offrant un regard tout neuf sur l’univers de Monet. Les chemins de deux artistes se sont croisés ; une conversation s’était établie entre le Maître Monet et son invité, Kim….un dialogue entre deux pays, entre deux époques, à la fois très proche et pourtant très personnel. L’émotion traduite dans les toiles givernoises de Kim Bennani restera pour toujours dans ces lieux et dans nos cœurs. It was an immense honor for us to welcome Kim Bennani as artist-in-residence at the Claude Monet Foundation. Kim was our first Moroccan artist, truly worthy of representing his country, enabling us to see Monet’s universe through his own eyes. The paths of the two artists met.. a conversation was engaged between the Master, Monet, and his guest, Kim…. a dialogue between two countries, two eras, close to each other yet so personal. The emotion contained in Kim Bennani’s Giverny works will remain for ever in this place and in our hearts.
Jan Huntley Head of Munn Artist and volonteers Fondation Claude Monet
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Lettre à Kim Cher Kim, Dans un texte précédent j’avais dit que tu étais un artiste expérimenté, à quarante et un ans, que tu avais acquis une longue expérience en peinture. Que tu voulais tout prendre par la racine et que tu sentais l’envie de passer à l’étape suivante. Tu as commencé la peinture trop tôt et que tu t’es exercé au dessin dès ton plus jeune âge et que tu nous promettais encore des surprises merveilleuses. Je vois aujourd’hui que tu t’es encore lancé dans une quête de l’origine de ton expression. Revenir sur Claude Monet ce maître qui éprouva le premier dans l’histoire de l’art le sens de la lumière. Il saisissait la lumière physique et la transformait en un acte spirituel hautement mystique. Tu es allé sur le lieu même où son âme domine encore l’espace le remplit et le hante. Tu voulais saisir la même lumière physique, l’éprouver dans ta rétine, dans ton corps et la transformer à travers les méandres de ton âme. Disons que tu voulais tout simplement te recueillir dans ce Temple de l’art et extraire ainsi la quintessence de l’acte pictural primordial. J’ai longuement regardé les images que tu as eu la gentillesse de m’envoyer et compris ce que tu es allé chercher dans ce lieu; t’inscrire dans la lignée de la peinture telle qu’elle fût bâtie par les maîtres impressionnistes. Ta peinture a pris une envolée particulière et le jaillissement de cette lumière fabuleuse en est la preuve éclatante. Je sens que tu as bien compris le sens de l’investissement du corps dans tout acte pictural; que l’acte de peindre n’est nullement une simple maîtrise technique mais bel et bien un engagement moral et intellectuel aussi. Non seulement tu l’as compris et expérimenté physiquement et spirituellement mais tu l’as noblement exprimé dans le travail que tu t’apprêtes à exposer chez Myriem et Yasmine Berrada à la Loft Gallery à Casablanca. Je suis ravi de te voir emporté par ces fabuleux flots chromatiques et sortir de ce moment de recueillement avec une production autant délicieuse que décisive dans ta carrière. Avec mon amitié et mon affection
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Moulim EL Aroussi Raleigh / Caroline du nord Septembre 2015
IMPRESSIONS DE GIVERNY ... Kim et moi avions convenu de nous retrouver à Giverny, en juillet 2014, profitant de ma venue en France pour réaliser quelques images autour la résidence d’artiste à laquelle il avait été convié. Sans vouloir réfréner son enthousiasme pour ce voyage au cœur de l’histoire de l’Impressionnisme, je craignais toutefois qu’il trouvât le temps long, isolé qu’il serait durant trois mois au fin fond de la campagne normande… Mais, lorsque je l’y rejoignais quelques semaines après son départ pour la France, Kim était déjà en immersion totale… Nos retrouvailles se déroulaient bien loin des paysages de nos regards croisés marocains, rocailleux et désertiques. Au plus fort de l’été où, grâce à l’abondance de pluies, une végétation luxuriante explosait en une multitude de nuances de vert, nous étions entourés de toutes parts par l’hallucinant foisonnement de milliers d’espèces florales. Pour en traduire la totalité du spectre, rassembler les palettes des peintres du monde entier n’aurait pas suffi. D’emblée, ce séjour commençait à donner le tournis : la frontière entre imaginaire et réalité allait devenir de plus en plus floue… Par une curieuse inversion des « rôles », Kim me faisait redécouvrir la campagne française, qui m’était pourtant familière mais dont le souvenir précis des couleurs s’était un peu effacé de ma mémoire, au fil des années vécues au Maroc… Car à Giverny, sur le vaste domaine propriété de Claude Monet, Kim Bennani était dorénavant en terre conquise. Il avait rapidement pris possession des lieux comme s’il y avait vécu une éternité déjà, tant il donnait le sentiment d’en être littéralement « habité »… Comme artiste résident, Kim disposait de clefs lui permettant d’aller partout à sa guise, libre de chercher l’inspiration en tous sens et à toute heure du jour et de la nuit. Et lorsqu’au coucher du soleil, la foule nombreuse des visiteurs se retirait, il disposait, pour son unique plaisir, de l’ensemble des jardins botaniques et du parc aquatique où nul autre que lui n’avait droit de se promener. Rêveur solitaire, il me raconta que certains soirs, au détour d’une allée, il croyait bien apercevoir l’étrange présence de Claude Monet, qui avait pour habitude dans le temps de veiller personnellement sur ses jardins… C’est à travers l’ombre tutélaire du vieux maître que Kim s’était totalement abandonné à l’esprit enchanteur des lieux comme en une retraite spirituelle. Il n’était donc pas incroyable d’imaginer que Giverny fut bien préservé des désordres du monde grâce à la bienveillance occulte de Monet… Jardins débordant de fleurs, maisons anciennes joliment conservées, prairies à perte de vue, boisées et vallonnées à merveille, au-dessus desquelles courent de petits nuages tel un tableau animé de l’ancien temps... L’amour passionné de Claude Monet pour ce site exceptionnel et le soin méticuleux qu’il a pris à le façonner, permettent d’y admirer encore son style légendaire près d’un siècle après sa mort. Ce sont bien les mêmes paysages, intemporels et éternels, dont on retrouve la parfaite correspondance dans les tableaux des Impressionnistes, que le grand peintre a longuement caressé des yeux et recherché toute sa vie durant à capter dans les moindres variations lumineuses...
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Il n’y avait donc plus à craindre, que dans cette « oasis » normande où il vivait en totale harmonie, Kim Bennani se sente déraciné du Maroc, ni qu’il souffre de la monotonie des jours et des heures normands. Il était venu ici pour y accomplir une mission, qui n’en était encore, lorsque je le photographiais, qu’au stade de la contemplation. Plus tard, face à une toile immaculée posée sur un chevalet fraîchement verni, brosses flambant neuves, débuterait le moment essentiel de l’exécution des œuvres, que l’on ne peut imaginer que solitaire, l’esprit totalement libre des contingence du monde, telle une prière accompagnée d’un chapelet de doutes et de repentirs, longue et rude épreuve en atelier... Je pressentais, à travers nos longues conversations, puis des promenades silencieuses pour aller voir les mythiques nymphéas, que l’enchantement persistant qui guidait les pas de Kim, l’avait également profondément convaincu, de devoir accomplir en ce Paradis des peintres une œuvre importante. Je me doutais également que de retour au Maroc à l’automne 2014, son travail ne serait pas tout à fait achevé; il faudrait qu’il y consacre de long mois encore en atelier, qu’il prenne le temps nécessaire pour totalement vider sa mémoire des ultimes « impressions » de Giverny… Tout en marchant de concert avec Kim, l’appareil toujours à portée de main, je ne manquais pas de capter ces instants suspendus et mélancoliques que je savais aussi fugaces que le plaisir de respirer l’air embaumé de la campagne, jusqu’à l’ultime moment crépusculaire où il me faudrait à mon tour rendre les armes… Kim, cet été-là à Giverny, espérait récolter une belle moisson de tableaux, naturellement « influencée par » mais, nuance importante, sans « s’inspirer de » Claude Monet… « Je conserve toujours en moi ma palette, me dit-il. Sur les tableaux ce seront toujours mes couleurs ». Si une telle influence apparaissait dans le travail de Kim à Giverny, elle ne serait plus d’ordre spirituel qu’esthétique. Les émotions fugaces sont propres à de la peinture impressionniste. C’est la raison pour laquelle les peintres de cette école peignaient « sur le motif », plantant leur chevalet généralement en plein air, afin que la moindre variation de lumière et de couleur n’échappe à leur regard. Le travail de Kim Bennani sur le paysage est plutôt le contraire, des images mentales, situées entre figuratif et abstraction, le fruit d’une lente et patiente maturation du regard conclue en atelier. Il n’y a pas chez lui d’illusion due au hasard mais une confrontation acharnée, dans ses moindres détails, avec la matière et les techniques picturales. Ce qui n’exclue la possibilité de retenir les « accidents » qui viennent enrichir l’œuvre. Giverny est donc nouvelle étape, importante dans la vie et l’œuvre de Kim, enfin visible sur les murs de la galerie Loft à Casablanca. Plus d’une année de travail aura été nécessaire pour (dé)livrer ces tableaux des affres de la création, et pour notre plus grand plaisir à tous, au retour d’un long voyageur intérieur
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Jean-Claude Laffitte septembre 2015
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Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
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13 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 80 x 100 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 150 x 130 cm
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Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
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18 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
19 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
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Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 90 x 130 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 70 x 80 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 70 x 80 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
25 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
26 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
27 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
28 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
29 Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 50 x 50 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 160 x 200 cm
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32 Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
33 Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
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Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 140 x 100 cm
Sans titre, 2015, technique mixte sur toile, 140 x 100 cm
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Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 120 x 80 cm
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Remerciements Nous remercions Madame Barbara De Portago, Présidente de le Versailles Foundation, Madame Jan Huntley, responsable des programmes Munn d’artistes-en-résidence au sein de la Versailles Foundation Claude Monet-Giverny Madame Saida Karim Lamrani et Madame Leila Karim Lamrani, pour leur soutien à cette exposition Monsieur Moulim El Aroussi et Monsieur Jean Claude Laffitte.
Ce catalogue est édité par :
Loft Art Gallery Reportage photo réalisé par Jean Claude Laffiitte © Fondation Claude Monet droits réservés Casablanca, Octobre 2015
Sans titre, 2014, technique mixte sur toile, 100 x 120 cm