Catalogue Mohamed Melehi Similitudes

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MELEHI Similitudes Exposition Du 13 décembre 2017 au 13 janvier 2018

13, rue el Kaissi, triangle d’or - Casablanca, Tél 05 22 94 47 65 - www.loftartgallery.net

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Similitudes, ou l’imagination créatrice chez Mohamed Melehi Il est vrai que quand on aborde l’exposition d’un artiste comme Melehi, un artiste qui ne conçoit pas la pratique artistique comme simple technique mais plutôt comme une pratique qui vise à remuer les idées, on est un tant soit peu décontenancé. On ne sait plus par quel côté aborder l’oeuvre. Aucune trace aucun soupçon de figure, humaine ou naturelle, comme on l’a toujours comprise dans les oeuvres anecdotiques et narratives. Par ailleurs une exposition est faite pour se déplacer, circuler, et dialoguer, dit-on, avec chaque oeuvre à part. Tout compte fait l’amateur acquiert un tableau et non pas l’oeuvre entière. Il a ainsi envie de savoir quelle chose, quel trait, quel caractère différencient son bel achat de celui de l’autre acquéreur. Or l’oeuvre de Melehi semble présenter le même aspect, la même facture et les mêmes motifs diront certains. Souvent le titre, les noms des oeuvres guident les récepteurs et les plongent, ne serait-ce qu’un moment dans une imagination. Or même les titres font ici défaut! Pour répondre à la curiosité et à l’interrogation, combien justifiées, des admirateurs de son oeuvre, Melehi propose un titre pour cette exposition: Similitudes!! Voilà le titre lancé, mais au lieu de régler le problème il me semble qu’il le complique davantage. Voulait-il, avec ce titre, dire tout simplement: “Comme d’habitude, comme avant, toujours dans la même direction de penser et de peindre?” Ou précisait-il, que ce qu’il proposait aujourd’hui était similaire à une situation donnée ou à un modèle quelconque de son travail? En disant ceci, pensait-il ouvrir un grand chantier d’interrogation sur sa carrière d’artiste? Depuis un certain temps Melehi, réfléchit sur son parcours, il l’a déjà fait dans des oeuvres de synthèse en 2012 (*), où il re-visitait son travail de la fin des années cinquante et le début des années soixante. Que veut dire ici similitude? Que je vous livre ce que je vous ai toujours livré? (*)Avec J.Hubert Martin, nous avions montré une partie significative dans la grande exposition le Maroc Contemporain, à l’IMA à Paris en 2014-15

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-La similitude 1: tire son sens de la racine simuler, faire comme, mais pas tout à fait. Ce n’est certes pas dupliquer mais reproduire. Ce qui se reproduit obéit à la loi de la différence; celui qui duplique à l’identique appauvrit l’être. De là est né le concept très en vogue de simulacre. Or comme on le sait, le simulacre renie l’origine; il n’est la copie que de lui même. Dans l’écriture, dans l’art et la musique, simuler ne signifie point dupliquer à l’identique. Simuler engage le corps et l’esprit. Justement pour cette exposition, Melehi met l’accent non plus sur la visualité de son travail mais sur l’âme et la profondeur de sa démarche. Ceux qui suivent le travail de cet artiste, depuis les années soixante, sauront que son souci principal au sein du groupe appelé depuis “Groupe de Casablanca”, était bien celui de l’héritage visuel marocain. Mais autant ces collègues, Farid Belkahia et Mohamed Chebâa, s’occupaient de la visualité, Melehi s’attachait à la démarche profonde de l’artisan marocain. Il cherchait à y déceler quelque chose. Quoi au juste? Il faudrait savoir que cet artiste, et grâce à ses études surtout en Italie, a pu bénéficier de relations privilégiées avec des professeurs d’une rare qualité. De l’un de ses enseignants lui vient l’intérêt pour la cybernétique et son apport pour comprendre le génie artistique dans la tradition marocaine. Voilà ce qu’il me déclarait en 2012 quand je préparais mon livre Zoom sur les années 60 au Maroc(**). “Ce qu’il faut retenir dans la cybernétique, c’est la fréquence. Les premiers éléments de l’informatique que nous avons commencé à manipuler, ce sont les cartes perforées. Une carte perforée signifie un concept. Chaque trou est un concept, et une combinaison de trous est une composition. C’est le principe de l’électronique actuelle bien entendu. On les trouve dans le iPhone, iPad… Ce sont des fréquences et des chiffres mais le langage de la technologie, ce sont des milliards de zéros qui se suivent. Je te donne un exemple: nous vivons à l’ère du code barre qui au passage sous un lecteur déchiffre une série de traits et de barres, et grâce à cette combinaison renvoie à une base de données…” Dans cette exposition, Similitudes, Melehi capte cette fréquence surtout dans le travail de l’artisanat au Maroc.

(**) Moulim El Aroussi, Identité et modernité dans la peinture marocaine, Zoom sur les années 60 au Maroc, édit, Loft Edition, Casablanca 2012 p.p 146-47,

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Il est donc utile ici de savoir que son travail est à rapprocher plutôt de la philosophie que l’artiste n’a cessé de défendre depuis son retour au Maroc en 1964: comment saisir l’âme profonde de l’artisanat marocain, sa méthode, et ainsi, sans le répéter, travailler à le perpétuer en le re-créant. Saisir essentiellement le rythme et la musicalité de la main, qui tisse, qui martèle le cuivre, trempe et retrempe le cuir dans la tanne, fait glisser le pinceau sur la poterie, le calame sur le parchemin, enfile l’aiguille dans le patron de la broderie ou effleure les cordes du luth ou le tambourin dans la musique du malhoun. Les mêmes gestes cadencent la rythmique aussi bien de l’artisan que de la déambulation dans les médinas du Maroc et surtout à Fès où l’artiste a passé une partie de son enfance à la veille de l’indépendance du Maroc. L’artiste transforme les champs visuels en modules ou motifs, qui à leur tours, transposés en concepts, tels les trous des cartes perforées, et livre ainsi le tout au regard du spectateur pour lui permettre une imagination créatrice et non pas un regard passif. L’oeuvre invite à reconstruire, à recombiner; là réside sa pérennité. D’une manière plus figurative: Admettons que Melehi part aujourd’hui des nuages pour en sortir un module ou un motif afin de composer sa toile, le spectateur non averti restera aux nuages, alors que l’oeuvre d’art n’est pas uniquement une reproduction du réel. La beauté de l’oeuvre ne réside absolument pas là. “La beauté est une production de l’art”. C’est Hegel, le fondateur de la science de l’art, l’esthétique, qui l’affirme. L’artiste est le seul habilité à produire de la beauté. Mais d’où la tire-t-il? C’est encore une fois Hegel qui répond:“la beauté est un produit de l’esprit.” Rien dans la nature, dans le ciel ou sur terre qui rentre dans la rétine de l’artiste ne ressort tel qu’il est rentré. Tout se transforme. Si vous remarquez une quelconque similitude avec la nature ce n’est que pure illusion.

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La similitude 2: La similitude n’est pas la répétition. Dans le travail pictural il se peut que, pour des raisons esthétiques, on se plait à répéter un motif dans un seul ou plusieurs tableaux. La répétition ici requiert un sens physique (corporel) et musical. Il s’agit de rythmer l’oeuvre et de lui donner une tonalité sonore. La répétition cadence le souffle de l’artiste et transmet ses palpitations chargées d’émotions au récepteur de l’oeuvre. N’est-ce pas l’émotion qui régule la création artistique en la faisant venir des profondeurs indicibles de l’être? Là nous devons signaler que le public ne parle de mêmeté (***) que quand il s’agit de l’art abstrait. Or devant l’art figuratif ou anecdotique on est happé par le sujet et on oublie, souvent, que l’artiste peut ne rien apporter de nouveau au niveau de la démarche. Est-ce qu’on a jamais cherché à savoir si Jean-Louis David, Eugène Delacroix, Théodore Géricault, Goya, Pablo Picasso, Salvador Dali, et tant d’autres artistes ont changé de démarche et de facture? Qui pourrait affirmer que la manière de peindre de Delacroix a changé entre la Liberté Guidant le Peuple et le tableau où on l’on voit Moulay Abderrahmane le sultan marocain sortant de son palais? Qui pourrait voir une différence entre les différents tableaux de toute la carrière de J.Louis David? Mais les récepteurs ordinaires trouvent le changement tantôt dans les sujets tantôt dans le chromatisme. On parlera alors à propos de Picasso, de période bleue, de Delacroix de période orientaliste, ou de Goya des oeuvres de la Guerre Napoléonienne…L’on se perd dans les sujets mythologiques de David ou de Ingres sans savoir qu’ils restent attachés à la lettre à leur doctrine néo-classique. Par ailleurs dans la musique on dit interpréter un morceau de tel ou tel; quand on s’émerveille devant une interprétation musicale, serait-ce grâce à sa proximité de l’origine ou grâce à la virtuosité de celui qui nous en gratifie par son jeu? Quand on regarde plusieurs fois, sans se lasser, une danse, une pièce de théâtre ou un opéra, est-ce parce qu’ils reproduisent à l’identique ou que chaque fois il y a une partie de l’artiste qui interprète qui nous est communiquée? Même si l’artiste voudrait créer le même il n’arrivera point. Même la science n’y est pas arrivée. En clonant Dolly, la célèbre brebis, le PPL Therapeutics, n’a pas réussi à en faire une identique à celle du départ; Dolly

(***) Nous devons ce concept au philosophe français Paul Ricoeur.

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portait quelques différences avec le modèle d’origine. Pourquoi? La nature se reproduit et se multiplie alors que l’industrie accumule le même. L’artiste produit et reproduit et ne duplique point.

Moulim El Aroussi

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Triptyque, Sans titre, 2017, technique mixte sur toile, 200x390 cm

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Croquis

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Similitudes, or The creative imagination in Mohamed Melehi It is true that when one approaches the exhibition of an artist like Melehi, an artist who does not conceive of artistic practice as simple technique but rather as a practice which aims at stirring ideas, one is a little bit disconcerted. We no longer know how to approach the work. There is no trace, no hint of a figure, human or natural, as we understand it in anecdotal or narrative works. Moreover, an exhibition is made to move, to circulate, and to engage in a dialogue, as we say, with each individual work. At the end of the day, the art lover acquires a single painting, not the entire body of work. He, therefore, wants to know what thing, what trait, what character differentiate his beautiful purchase from that of another buyer. But the work of Melehi seems to present the same aspect, the same construction, and the same motifs, some may say. Oftentimes, the title, the names of the works, guide the receivers and plunge them, even for a moment into their imagination. But here even the titles are absent! To provide an answer to his work’s admirers’ oh so justified questioning and curiosity, Melehi offers a title for this exhibition: Similitudes! Such is the given title; however, rather than fixing the problem, it seems to complicate it even more. Did he intend, with this title, to simply say: «As usual, as before, always in the same direction of thinking and painting?», or did he specify that what he offered today was similar to a given situation or to some model of his work? In saying this, did he think he would open a big area of questioning about his career as an artist? For some time now, Melehi has been looking back on his career, as he has done in works of synthesis in 2012 (*), in which he re-visited his work from the late fifties and early sixties. What does similitude mean here? That I give you what I have always given you ? (*)With J.Hubert Martin, we showed a significant part in the great exhibition Contemporary Morocco, at the IMA in Paris in 2014-15

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-La similitude 1: draws its meaning from the root simulate, do like, but not quite. Certainly not to duplicate but to reproduce. What is reproduced obeys the law of difference, He who duplicates identically impoverishes the being. From there was born the very fashionable concept of simulacrum. Now, as we know, the simulacrum renounces its origin; it is only a copy of itself. In writing, in art and music, to simulate does not mean to duplicate identically. To simulate engages the body and the mind. For this exhibition, Melehi focuses less on the visuality of his work than on the soul and depth of his approach. Those who have been following the work of this artist since the sixties will know that his main concern within the group since known as «Casablanca Group», was that of the Moroccan visual heritage. But as much as his colleagues, Farid Belkahia and Mohamed Chebâa, focused on visuality, Melehi was attached to the profound approach of the Moroccan craftsman. He was trying to find something there. What exactly? It must be said that this artist, thanks to his studies mainly in Italy, was able to benefit from privileged relations with professors of a rare quality. One of his teachers had gotten him interested in cybernetics and its contribution to understanding the artistic genius in the Moroccan tradition. That is what he told me in 2012 when I was preparing my book Zoom on the 1960s in Morocco (**). «What is important in cybernetics is frequency. The first elements of computer science that we started to manipulate were the punch cards. A punch card signifies a concept. Each hole is a concept, and a combination of holes is a composition. This is the principle of today’s electronics, of course. We find them in the iPhone, iPad ... These are frequencies and numbers, but the language of technology is billions of zeros that follow each other. I’ll give you an example: we live in the era of the barcode passing through a reader that deciphers a series of lines and bars, and which, thanks to this combination, refers to a database ...»

(**)Moulim El Aroussi, Identity and Modernity in Moroccan Painting, Focus on the 60s in Morocco, Loft Edition, Casablanca 2012 p.p 146-47

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In this exhibition, Similitudes, Melehi captures this frequency particularly in the craft work in Morocco. It is therefore useful here to know that his work is closer to the philosophy that the artist has been defending since his return to Morocco in 1964 : How to grasp the profound soul of Moroccan craftsmanship, its method, and as such, without repeating it, work to perpetuate it by re-creating it. To grasp essentially the rhythm and the musicality of the hand which weaves, which hammers the copper, soaks and re-soaks the leather in the tan, slides the brush on the pottery, the calame on the parchment, puts the needle through the pattern of the embroidery or touches the strings of the lute or the tambourine in the music of the Malhoun. The same gestures pace the rhythms of both the artisan and the wandering in the medinas of Morocco and especially in Fez where the artist spent part of his childhood on the eve of the Moroccan independence. The artist transforms the visual fields into modules or motifs, which in turn are transposed into concepts, like so many holes in punched cards, and thus deliver it all to the spectator’s gaze, allowing him a creative imagination rather than a passive gaze. The work invites to reconstruct, to recombine; therein lies its perpetuity. In a more figurative way: Suppose that Melehi today starts with clouds, to bring out a module or a pattern to compose his canvas, the unsuspecting spectator will leave it at the clouds, while the artwork is not merely a reproduction of reality. The beauty of the work does not lie there at all. «Beauty is a production of art». It is Hegel, the founder of the science of art and aesthetics, who affirms it. The artist alone is able to produce beauty. But from where does he pull it? It is again Hegel who answers: «beauty is a product of the mind.» Nothing in nature, in the sky or on earth that enters the retina of the artist, ever comes out as it came in. Everything is transformed. If you notice any similitude with nature it is only pure illusion.

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La similitude 2: Similitude is not repetition. In pictorial work it may be that, for aesthetic reasons, one likes to repeat a motif in one or many paintings. Repetition here requires a physical (bodily) and musical sense. It is about giving rhythm and audible tone to the work. Repetition paces the artist’s breath and transmits his emotionally charged palpitations to the receiver of the work. Is it not emotion that regulates artistic creation by bringing it from the indescribable depths of being? Here we must point out that the public only speaks of sameness (***) when it comes to abstract art. But in front of figurative or anecdotal art one is caught up in the subject and often forgets that the artist can bring nothing new to the level of the approach. Have we ever wondered whether Jean-Louis David, Eugène Delacroix, Théodore Géricault, Goya, Pablo Picasso, Salvador Dali, and so many other artists have changed their approach and their style? Who could say that Delacroix’s way of painting has changed between La Liberté Guidant le Peuple and the painting in which we see Moulay Abderrahmane, the Moroccan Sultan, coming out of his palace? Who could see a difference between the different paintings throughout J.Louis David’s entire career? But the ordinary audience finds the change sometimes in the subjects, sometimes in the chromaticism. We will therefore speak of Picasso’s blue period, of Delacroix’s Orientalist period, or Goya’s works on the Napoleonic War ... We get lost in the mythological subjects of David or Ingres without knowing that they remain attached to the letter to their neoclassical doctrine. On the other hand, in music we speak of interpreting a piece of this or that composer; when we marvel at a musical performance, is it because of its proximity to the origin or the virtuosity of the one who blesses us with playing it? When we look at a dance, or a play or an opera a few times, is it because they reproduce it identically, or because there is each time a part of the artist communicated ?

(***)We owe this concept to the French philosopher Paul Ricoeur.

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Even if the artist wanted to create the same, he would not be able to. Even science couldn’t. By cloning Dolly, the famous sheep, PPL Therapeutics, did not manage to make it identical to the original subject; Dolly bore some differences with the original model. Why? Nature breeds and multiplies, while industry accumulates the same. The artist produces and reproduces and never duplicates.

Moulim El Aroussi Traduction: Touria Binebine

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‫من ي�ستطيع اجلزم عىل أ�ن طريقة الرمس دلى دوالكروا قد تغريت بني ”احلرية تقود الشعب“ و اللوحة اليت تظهر لنا السلطان املغريب موالي‬ ‫عبد الرحامن مغادرا قرصه؟ من ذا اذلي هل القدر عىل ا�ستبيان الفرق بني خمتلف لوحات مشوار اكمل جلان لويس ديفيد؟‬ ‫ال حماةل يف أ�ن املتلقي العادي يعرث عىل اختالفات �شىت أ�حياان يف املواضيع و أ�حياان أ�خرى يف تنامغ ا أللوان انصهارها حد الكروماتية)‪.(chromatisme‬‬ ‫ميكننا يف هذه احلاةل ا�ستحضار بياكسو و مرحلته الزرقاء‪ ،‬دوالكروا و مرحلته الإسترشاقية‪ ،‬أ�و غواي و أ�عامهل حول احلرب النابوليونية‪ ...‬قد‬ ‫ي�أخذان التيه بني تاميت ديفيد و �آنكر ‪ Ingres‬ا ألسطورية دومنا أ�دىن انتباه لتعلقهام احلريف مبذههبام الالك�سييك اجلديد‪ .‬عالوة عىل ذكل يف‬ ‫املو�سيقى تعودان القول؛ أ�داء مقطع ما لهذا أ�و ذاك؛ فهل �إجعابنا ب�أداء مو�سيقي مرده �إىل دنو ا ألداء من ا ألصل أ�م أ�ن الفضل يف ذكل يعود‬ ‫�إىل براعة من أ�حتفنا بعزفه؟ عندما نشاهد رقصة‪ ،‬مرسحية أ�و أ�وبرا‪ ،‬مرات متعددة دومنا ملل‪ ،‬فهل لكوهنا ت�ستنسخ ا ألصل أ�م ألن الفنان‬ ‫املؤدي مينحنا ّ‬ ‫لك عرض قطعة منه عىل طبق من أ�دائه؟ حىت و �إن أ�راد الفنان �إبداع املنتوج ذاته فلن يفلح البتة‪ .‬بل حىت العمل مل يت�أىت هل‬ ‫ذكل‪ .‬فباستناخها دلويل‪ ،‬فشلت خمتربات پپل العالجات ‪ PPL Therapeutics‬يف أ�ن جتعل من الشاة الشهرية صورة وفية للمنوذج ا ألول؛‬ ‫�إذ ظل جسدها محّاال الختالفات مع املوديل ا ألصيل‪ .‬ما السبب يف ذكل؟ �إهنا الطبيعة وذاك ش�أهنا يف تاكثرها و يف �إعادة �إنتاج ذاهتا ناكية‬ ‫ابلصناعة اليت ما انفكت ترامك ا ألمنوذج ذاته ‪.‬‬ ‫الفنان ي�ستعيض عن الوفاء ل ألصل ابلإنتاج و �إعادة الإنتاج ‪.‬‬

‫مولمي العرويس‬ ‫تعريب‪ :‬الزبري بن بو�شىت‬

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‫يبتغي املليحي يف هذا املعرض‪ ،‬متاثل‪ ،‬القبض عىل موجات تردد هذه وبشلك خمصوص يف مشغوالت الصناعة التقليدية ابملغرب‪.‬‬ ‫ذلكل مفن املفيد هنا أ�ن نعرف أ�ن معهل قريب من الفلسفة و هو ما فئت يدافع عنه منذ عودته �إىل املغرب يف عام ‪ :1964‬كيف السبيل‬ ‫ل إلمساك ب�أعامق روح احلرف التقليدية املغربية و أ�ساليهبا ومن َّمث اتقاء حمااكهتا‪ ،‬و ابلتايل العمل عىل ختليدها مبنحها وجودا �إبداعيا جديدا‪.‬‬ ‫الت�شبع عىل حنو مفعم ابحليوية إبيقاع و مو�سيقية اليد اليت تنسج‪ ،‬اليت تدق النحاس‪ ،‬اليت تنقع اجلدل وتعاود تنقيعه يف أ�حواض ادلابغة‪ ،‬اليت‬ ‫جتعل الفرشاة ترقص ابن�سيابية عىل الفخار و القمل عىل الرق و الإبرة عىل مناديل الطرز‪ ،‬وتكل اليت تداعب أ�واتر العود أ�و تنفخ الإيقاع يف‬ ‫تعارج امللحون‪� .‬إهنا احلراكت نفسها والإمياءات ذاهتا اليت توازن �إيقاعية احلرفيني عىل �إيقاع اخلطو يف مسافات املتاه بني دروب و أ�زقة املدينة‬ ‫العتيقة يف املغرب‪ ،‬خاصة يف فاس حيث قىض الفنان جزءا من طفولته ع�شية ا�ستقالل املغرب ‪.‬‬ ‫حييل الفنان احلقول البرصية �إىل وحدات أ�و أ�مناط اليت ما تلبث أ�ن تصري بدورها مفاهمي‪ ،‬مثل ثقوب يف بطاقات خمرومة‪ ،‬بعرض لك هذا‬ ‫التنامغ لعني املتلقي ماحنا �إايه مساحة للتخييل اخلالق تن�أى عن التلقي السليب‪� .‬إهنا دعوة مفتوحة لإعادة البناء‪ ،‬لإعادة تركيب الوحدات‪ ،‬و هنا‬ ‫تمكن صالبة هذا املعرض‪.‬‬ ‫عىل منوال أ�كرث جت�سيدا ‪:‬‬ ‫لنفرتض أ�ن املليحي اليوم ينطلق من غمية ليودل مهنا وحدة أ�و خطاطة تؤلف مقاشه‪ ،‬مما جيعل امجلهور العادي عالقا ابلسحاب بيامن يترب أ� العمل‬ ‫الفين من كونه جمرد استناخ للواقع‪ .‬جفامل العمل الإبداعي ال جيد م�ستقرا هل هناك عىل الإطالق‪.‬‬ ‫امجلال �إنتاج الفن“‪� .‬إنه هيغل‪ ،‬مؤسس عمل الفن وامجلاليات من يؤكد ذكل‪ .‬الفنان هو الوحيد القادر عىل �إنتاج امجلال‪ .‬لكن من أ�ين ي�ستقي”‬ ‫هذه القدرة؟ �إنه مرة أ�خرى هيغل اذلي جييب‪” :‬امجلال هو نتاج (الفكر) العقل‪ “.‬ما من يشء يف الطبيعة‪ ،‬يف السامء أ�و فوق ا ألرض يلج‬ ‫�شبكية عني الفنان و خيرج عىل نفس الهيئة اليت دخل هبا‪ .‬اللك يطاهل التحول‪ .‬و �إذا ما الحظمت أ�ي متاثل مع الطبيعة مفا ذكل �إال حمض خيال‪.‬‬ ‫حري بنا أ�ن نشري هنا �إىل أ�ن امجلهور ال يتحدث عن �شبه ‪� (***) mêmeté‬إال لكام تعلق ا ألمر ابلفن التجريدي‪ .‬بيد أ�نه حيال الفن التصويري‬ ‫أ�و القصيص فقد يظل م�أسورا ابملوضوع و غالبا ما ينىس أ�ن الفنان قد يعجز عن �إضافة اجلديد �إىل مهنجيته‪ .‬هل �سبق لنا أ�ن تساءلنا عام �إذا‬ ‫اكن جان لويس ديفيد‪ ،‬يوجني دوالكروا‪ ،‬ثيودور جرييكو‪ ،‬غواي‪ ،‬اببلو بياكسو‪ ،‬سلفادور دايل‪ ،‬والعديد من الفنانني الآخرين قد معدوا �إىل‬ ‫تغيري مهنجياهتم و أ�ساليهبم؟‬

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‫‪(***) Mêmeté‬‬

‫ندين هبذا املفهوم للفيلسوف الفرنيس پول ريكور‬

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‫ا‪ -1‬الامتثل‪ :‬ت�سمتد داللهتا من مصدر متاثَل‪ ،‬أ�ي أ�ن ي�أيت بعمل مثهل‪ ،‬ولكن ليس متاما‪ .‬عىل أ�ن ال يكون‪ ،‬حامت‪ ،‬نسخا و �إمنا �إعادة �إنتاج‪ .‬ما يعاد‬ ‫�إنتاجه خيضع لقانون الإختالف‪ ،‬أ�ما امل�س َت َنسخ طبق ا ألصل ف ُيفقر الاكئن‪ .‬من هنا تبلور مفهوم الامتثل الأكرث ذيوعا اليوم‪ .‬و احلال أ�ن الامتثل كام‬ ‫هو معلوم‪ ،‬يتنكر ل ألصل؛ وال يقبل أ�ن يكون �إال نسخة ذلاته‪ .‬يف الكتابة‪ ،‬يف الفن و املو�سيقى أ�ن تامتثَل ال تعين البتة أ�ن ت�ستنسخ ا ألصل‬ ‫حبيث يصبح الامتثل �إلزتا َم جسد روح ‪.‬‬ ‫ابلت�أكيد أ�ن املليحي يف هذا املعرض ال يركز عىل البرصية )‪ (visualité‬يف معهل بل عىل روح و معق مهنجيته‪ .‬ولعل املتتبعني للمسار الإبداعي‬ ‫لهذا الفنان‪ ،‬منذ ال�ستينيات‪ ،‬يدركون أ�ن هاجسه ا ألبرز داخل امجلاعة اليت ا�شهترت منذ ذكل احلني إبمس ”جامعة ادلارالبيضاء“‪ ،‬ظل هو‬ ‫الإرث البرصي املغريب‪ .‬غري أ�نه بقدر ما اكن زمياله‪ ،‬فريد بلاكهية و محمد �شبعة يوليان اهامتما خاصا ابلبرصية “‪ ،”visualité‬خص املليحي‬ ‫ابهامتمه املسعى العميق للصانع املغريب‪ ،‬يتغىي العثور عىل حاجة دليه‪ .‬ماذا ابلضبط؟‬ ‫جيب أ�ن نعمل أ�ن هذا الفنان‪ ،‬وبفضل درا�سته إبيطاليا عىل اخلصوص‪ ،‬قد ا�ستفاد من عالقات قمية مجعته مع أ�ساتذة من طينة اندرة‪ .‬و عرب‬ ‫أ�حد هؤالء املدرسني �سيكتسب الاهامتم ابل�سيربنيطيقا و ما سوف يسعفه يف ا�ستجالء العبقرية الفنية يف املوروث املغريب ‪.‬‬ ‫هذا ما رصح به يل يف ‪� 2012‬إابن اهناميك يف �إعداد كتاب زوم عن �سنوات ‪ 60‬يف املغرب ‪(**) .‬‬ ‫”اجلدير ابلإهامتم يف ال�سيربنيتيك‪ ،‬هو موجات الرتدد‪ .‬ولعل أ�وىل عنارص املعلوميات اليت رشعنا يف ا�ستعاملها يه البطاقات املثقبة‪ .‬بطاقة‬ ‫مثقبة واحدة تعين مفهوم‪ .‬ولك ثقب هبا هو يف حد ذاته مفهوم‪ .‬و يصري ن�سيج من الثقوب منظومة‪ .‬هذا هو مبد أ� الإليكرتونيات اليوم بطبيعة‬ ‫احلال‪ .‬نعرث علهيا يف �آيفون‪� ،‬آيباد‪ ...‬يه مجموع ترددات و أ�رقام‪ ،‬لكهنا لغة التكنولوجيا‪ ،‬ويه كذكل عبارة عن مليارات من ا ألصفار اليت تتواىل‪.‬‬ ‫س�أعطيك مثاال‪� :‬إننا نعيش يف عرص الرتمزي الرمقي اذلي و مبسح قارئ �آيل يعمد �إىل تفكيك سلسةل رموز يه عبارة عن ختطيطات و رشائط‪،‬‬ ‫وبفضل هذه التوليفة يمت �إرسال املعطيات �إىل قاعدة بياانت ‪.“...‬‬

‫‪(**) Moulim El Aroussi, Identité et modernité dans la peinture marocaine, Zoom sur les années 60 au Maroc, édit, Loft Edition, Casablanca 2012 p.p 146-47,‬‬ ‫‪Sans titre, 2017, technique mixte sur toile, 200x160 cm‬‬

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‫التماثل‬

‫أو‬ ‫الخيال الخالق عند محمد المليحي‬ ‫ما من شك أ�ننا لكام رمنا الإقرتاب من معرض فنان مثل املليحي‪ ،‬اذلي ال يمتثل املامرسة الفنية كتقنية ب�سيطة و �إمنا مكامرسة ترنو حشذ ا ألفاكر‪،‬‬ ‫�إال و نظل مشدوهني‪ .‬حنتار من أ�ي جانب ابلضبط جيدر بنا تناول رصيده الفين‪ .‬ال أ�ثر مللمح أ�و ألدىن �إحياء لشلك �إنساين أ�و طبيعي‪ ،‬كام‬ ‫د أ�بنا استيعاب الزيتيات الفنية القصصية والروائية‪ .‬مث أ�ن ما ُوجد معرض �إال ليتنقل‪ ،‬ليتجول ‪-‬دعنا نقول‪ -‬ل ُيحا ِور لك معل عىل حدته‪ .‬ولعل‬ ‫عاشقا ما ال يقتين‪ ،‬يف �آخر املطاف‪� ،‬إال لوحة منفردة وليس املعرض الفين برمته‪ .‬ذلكل تظل الرغبة حتدوه يف ا�ستجالء أ�ي يشء‪ ،‬أ�ي ملمح أ�و‬ ‫خاصية ميتاز هبا ُمشرتاه عن مقنت �آخر‪ .‬بيد أ�ن منتوج املليحي يبدو لبعضهم وكأنه ي�ستعرض العالمات نفسها‪ ،‬احلصيةل عيهنا و املواضيع ذاهتا‪.‬‬ ‫غالبا ما تسامه عناوين وتسميات اللوحات يف توجيه املتلقي و تزج به ولو للحظة يف عامل مفعم ابخليال‪ .‬غري أ�هنا عناوين غائبة ‪.‬‬ ‫وليك جييب عىل تساؤالت عشاق أ�عامهل‪ ،‬و �إرضاء حب ا�ستطالعهم‪ ،‬يقرتح املليحي عنواان ملعرضه هذا‪ :‬متاثل!! هو ذا العنوان املُعلن‪ ،‬اذلي‬ ‫عوض أ�ن حيل املس�أةل‪ ،‬يبدو يل أ�نه ميعن يف تعقيدها‪ .‬فهل يريد من خالل هذا العنوان القول بلك بساطة‪” :‬اكلعادة‪ ،‬كام يف السابق‪ ،‬عىل هدي‬ ‫اخلط نفسه يف التفكري والرمس؟“ أ�م تراه يؤرش عىل أ�ن ما يقرتحه اليوم هو ال يعدو أ�ن يكون شبيه حاةل معينة أ�و أ�منوذجا ما جملموع أ�عامهل؟‬ ‫هل يقصد بقوهل هذا فتح ورش زاخر ابال�ستفهام حول مشواره كفنان؟ منذ فرتة من الزمن و املليحي منشغل ابلتفكري يف مساره‪ ،‬هذا ما‬ ‫أ�جنزه مبعرض تركييب جملموع أ�عامهل يف (*) ‪ ،2012‬حيث عاد يف زايرة �إىل رصيده ل�سنوات امخل�سينيات و بداية ال�ستينيات‪ .‬ما اذلي تعنيه هنا‬ ‫”متاثل“؟ هل املقصود هبا‪ ،‬سوف أ�منحمك ما اعتدت عىل منحمك �إايه دامئا؟‬

‫)*( �سبق و �أن عرضنا �أان و هوبري ماراتن جزء هاما يف املعرض الشامل ”املغرب املعارص“ يف معهد العامل العريب بباريس �إابن سنيت ‪2015 - 2014‬‬

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Mohamed Melehi est né en 1936 à Assilah, Maroc. 1953, études à l’Ecole des Beaux-arts de Tétouan, de Séville, de Madrid et de Rome. 1960, il intègre la section de gravure de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris ; et en 1962, il devient maître-assistant à la Minneapolis School of Art, aux Etats-Unis. De 1962 à 1964, il vit à New York, où il bénéficie d’une bourse de Rockefeller Foundation. En 1963, il participe à l’exposition collective Formalists à la Washington Gallery of Modern Art, Washington D.C. avec une soixantaine d’artistes dont Piet Mondrian, Jean Arp, Franck Stella. 1969, avec ses collègues professeurs de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, il organise la fameuse exposition manifeste de la Place Jamaâ El Fna à Marrakech. 2011, « Pulsation » (New York), oeuvre de 1964, a rejoint la prestigieuse collection de Beaubourg. En 2012, une de ses oeuvres est vendue aux enchères à Christie’s New York. 2013, son oeuvre est exposée au MAMAC de Nice avec Roy Liechtenstein, Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat. 2014, «Le Maroc Contemporain» à l’Institut du Monde Arabe de Paris. En 2015, les dernières créations de Melehi rencontrent un vif succès lors des salons Art Paris-Art Fair et Art Dubai. 2016, la galerie Loft prête l’oeuvre « Quadrettini » au musée allemand Haus Der Kunst dans le cadre de l’exposition « Postwar: Art Between the Pacific and the Atlantic, 1945–1965 ». 2017, participe à la Foire d’art Africain 1.54 à New York

Ce catalogue est édité par

LOFT ART GALLERY Casablanca, décembre 2017

RELATIONS PUBLIQUES PEOPLE RP & MEDIAS : 13, rue el Kaissi, triangle d’or - Casablanca, Tél 05 22 94 47 65 - www.loftartgallery.net

YASMINA SITAIL +212 6 61 144 668


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