Emergence
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16 Mai - 20 Juillet 2013
Mohamed TABAL Abderrahim TRIFIS Abdellah EL ATRACH
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Depuis sa création, le Crédit du Maroc apporte sa contribution au développement économique du Royaume. En tant qu'entreprise citoyenne et socialement responsable, le Crédit du Maroc œuvre également pour la sauvegarde et la pérennité du patrimoine du Maroc et s'engage en faveur des projets liés au développement durable, à la solidarité et à la culture. Cette volonté amène la banque à soutenir entre autres, l'art pictural, à travers son partenariat, pour la deuxième année consécutive avec la Galerie Loft. Celle-ci n'a cessé de démontrer, depuis 2009, date de son entrée en activité, sa volonté de soutenir de jeunes artistes talentueux et de présenter leurs œuvres à un large public. Ainsi, en 2012, quatre jeunes talents ont été mis à l'honneur dans une série d'expositions de peinture baptisées «Emergence», à la Villa Val d'Anfa du Crédit du Maroc.
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Cette année, le Crédit du Maroc et la Galerie Loft réaffirment leur soutien aux jeunes artistes marocains qui méritent d'être mieux connus sur la scène artistique nationale. Les deux partenaires conjuguent leurs efforts pour promouvoir l'art et la culture avec pour objectif de transmettre aux générations futures un patrimoine essentiel.
Exposition Jeunes Talents Artiste : Mohamed Benyaich
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MOHAMED TABAL SPIRITUALITÉ GNAOUIE Artiste autodidacte né en 1959 dans la région d'Essaouira (El Hanchan), Mohamed Tabal est le premier créateur à avoir investi, picturalement, l'univers mystique de la secte ganouie, en adoptant vis-à-vis du support une attitude d'homme « possédé », en pleine transe. Tout spectaculaire qu'il soit, ce comportement gestuel rythmé sur de la musique et des chants rituels atteste d'une sensibilité aiguë ; il est destiné à pénétrer les arcanes fantasmatiques des « Mlouks » aux sept couleurs (ou esprits), sans distinction manichéenne entre le bien et le mal. Cela finit généralement dans l'extase comme étape mystique suprême. L'originalité de l'inspiration et l'esthétique de l'artiste ont concouru à libérer l'expression artistique de ses dénominations normatives et de ses classifications théoriques, pour donner sur une autre forme de sublimation, proche de l'art brut. L'acte pictural se veut ici un acte de régénération et de purification. Cependant, si la palette de Mohamed Tabal s'alimente essentiellement aux sources de la mystique gnaouie, elle n'en révèle pas moins d'autres centres d'intérêt tout aussi symboliques qu'accessoirisés, à savoir la focalisation sur le mode vestimentaire des personnages à des fins descriptives, la mise en valeur des programmes d'usage relatifs aux cérémonies organisées, tels les rites de passages, d'initiation, de célébration ; la focalisation sur les instruments d'accompagnement, la concordance des formes par rapport à la réalité factuelle qui n'est ici que suggérée. Tout spontané donc que soit Tabal dans sa volonté de s'exprimer, sa transe chromatique le mène à faire corps avec la matière peinte, comprise comme une alchimie de la réincarnation. L'artiste ne s'attache guère à la superficialité de la couleur comme matériau mais à l'esprit ritualisé et anticipatif qui l'habite, dont il tire, à coups de retouches, des harmonies inédites et une vitalité mystérieuse. Les œuvres de Tabal versent dans ce qu'on appelle généralement l'ethno-peinture : couleurs devenues repères psychologiques, absence de perspective qui se traduit (quand il ne s'agit pas de portraits), par une lecture transversale de la réalité (toujours suggérée), fréquence des aplats qui rappellent le procédé naïf… C'est une picturalité profondément affective, en ébullition, et qui dimensionne autrement les tensions réelles de l'acte créatif. Les œuvres sculptées de l'artiste relèvent du même registre. Elles se centrent sur les personnages ganouis pris souvent en pied et en plein rythme de danse, avec leur drapé uniforme, attestant d'un pittoresque local idoine. De différentes dimensions, ces sculptures en bois ou faites d'amalgames de matières adhésives, prouvent que l'art pictural de Tabal est ouvert à d'autres médiums formels, tout en restant égal à lui-même.
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Frédéric Damgaard, premier galeriste installé à Essaouira à l'avoir soutenu, a toujours vu en lui, par métaphore, le sourcier marocain du néo-primitivisme. Abderrahman Benhamza L
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Sans titre, 2011 Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
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Sans titre Technique mixte sur bois 84 x 84 cm
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Sans titre, Sculpture / technique mixte (la peau et le bois) 120 x 105 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
Sans titre Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 50 x 50 cm
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Sans titre, 2011 Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
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Sans titre, Technique mixte sur toile 70 x 60 cm
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Sans titre, 2011 Technique mixte sur toile 70 x 60 cm L
Sans titre - Technique mixte sur bois - 120 x 105 cm 10
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Sans titre Technique mixte sur bois 70 x 42 cm
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Sans titre, 2011 Technique mixte sur toile 150 x 63 cm
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Sans titre - Technique mixte sur toile - 70 x 60 cm 12
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Abderrahim TRIFIS
U N A R T M É TA M O R P H I Q U E
Né en 1974 dans la région de Chichaoua et peintre autodidacte lui aussi, Abderrahim Trifis s'est créé un univers proprement métamorphique. Y est représenté un ensemble de motifs et de figures sortis tout droit, dirait-on, de son imagination, dont la polyphonie de la couleur et l'étrangeté des formes rappellent à s'y méprendre l'art amérindien, l'art mystique des sectes religieuses, les vieilles légendes du terroir. Une véritable féerie règne dans les œuvres. L'artiste conceptualise un espace mythique, qu'il meuble de colorisations coruscantes, d'un poli de porcelaine, de récits lyriques codés, avec une tendance à l'ornementation La technique du relief, à base de la poudre de sciure solidifiée, le recours à la résine vernissée, le tout appliqué sur peau ou sur bois, donne à la composition une massivité de bon aloi. Trifis agit comme un graveur ou un marqueteur soucieux de fixer une fois pour toutes, en le faisant revivre, un héritage iconographique représenté à grands flots de réminiscences et de visions oniriques mêlées. Héritage de traditions perdues, d'histoires séculaires sur lesquelles l'artiste n'hésite pas d'anticiper et qui débouchent sur cette folle sarabande des formes et cette exubérance chromatique comme étant la seule synthèse possible. Sirènes, légendes de saints, inspirations tapissières tant soit peu surréalisantes, clins d'œil aux cérémonies rituelles chantantes et dansantes (les Aïssaouas, Regragas), floraties hybrides, surnaturelles, bestiaire et objets d'usage fantasmés à souhait, symboles/ornements, tout baigne dans une atmosphère magique. Si on y ajoute, individuées, les formes sculptées de l'artiste, à la picturalité orphique et aux touches qui tintent…
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Abdrrahim Trifis possède un langage plastique polyvalent, dont certains aspects peuvent paraître à première vue ambigus, n'était cette euphorie tonale qui donne à la composition une apparence de jeu mystérieux, et rassure sur l'esthétique d'un talent avéré. Abderrahim Trifis s'est créé sa ou ses propre (s) mythologie (s), dont le discours nous concilie avec nos racines. L
Abderrahman Benhamza L
Sans titre Technique mixte sur peau 45 x 56 cm
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Sans titre, 2011 Technique mixte sur peau 68 x 68 cm
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L Sans titre, 2011 - Technique mixte sur papier - 35 x 35 cm
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Sans titre Technique mixte sur peau 58 x 88 cm58 x 88 cm
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Sans titre Technique mixte sur peau 88 x 58 cm
Sans titre Technique mixte sur peau 58 x 88 cm58 x 88 cm
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Sans titre Technique mixte sur peau 55 x 44 cm
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Sans titre Technique mixte sur peau 55 x 44 cm
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Sans titre Technique mixte sur peau 55 x 44 cm
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Sans titre, 2011 Sculpture / technique mixte sur bois 80 x 51 cm L
Sans titre - Technique mixte sur peau - 43 x 53 cm 18
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Sans titre - Technique mixte sur peau - 78 x 60 cm
Sans titre - Technique mixte sur peau - 90 x 68 cm 21
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Sans titre Technique mixte sur peau 121 x 112 cm L Sans titre - Bas relief sur bois - 78 x 88 cm 22
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Abdellah EL ATRACH INSOLITE ET MERVEILLEUX Dans la lignée de Mohamed Tabal, et vu sous un angle technique plus pointilleux, Abdellah El Atrach, né lui aussi à El Hanchan, région d'Essaouira, en 1972, souscrit sa démarche plastique dans une recherche formelle qui fait grand cas du graphisme et des effets colorés. Devant ses œuvres, on pense parfois à Paul Gauguin dans sa période tahitienne. Nous sommes en face d'une iconographie particulièrement singulière, où les références à l'Afrique ne sont pas vues de l'esprit. Plus esthète, El Atrach réussit une composition aussi bien colorée que celle en noir et blanc, tellement son langage convainc par son inventivité richesse et sa force d'exécution. Cela permet une visibilité panoptique à la fois sereine et surprenante. Surprenante, de regrouper dans un seul espace une pluralité de thèmes traités avec le même brio (cérémonies rituelles, que peuplent des figures/fétiches du terroir ou simplement imaginées) ; sereine, grâce à la qualité des tons, ce qui favorise des correspondances inédites. El Atrach demeure soucieux de la bonne répartition de l'espace qu'il approche par étapes définies, et de la lumière dont il s'ingénie à mesurer les degrés et à doser les effets théâtraux. Ce qui fait de lui un bon scénographe. Le thème du personnage comme acteur central incarne toute la dynamique gestuelle des scènes décrites. Sa morphologie, que l'artiste manipule et configure librement, voire ludiquement, participe de cet insolite et ce merveilleux qui animent la toile. L'impression qui en résulte parfois est celle d'un rêve aux effluves surréalistes. Bien que se voulant peu démonstratif, El Atrach raconte la mémoire profonde des lieux et des êtres, déclinée sous son aspect populaire et rituelique. S'opère comme un télescopage d'époques révolues, qui ramènent à la surface du présent une imagerie archaïque qui a tout de la fiction, sinon du mythe, et qui étonne par ses connotations afro-berbères. Renaissance balbutiante d'un patrimoine enfoui, dont l'artiste célèbre les rares vestiges. Abderrahman Benhamza
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Sans titre Encre de Chine sur papier 50 x 64 cm
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L Sans titre, 2011 - Technique mixte sur papier - 35 x 35 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 63 x 92 cm 25
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Sans titre Technique mixte sur toile 92 x 62 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 42 x 36 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 42 x 36 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 58 x 88 cm80 x 120 cm
L Sans titre - Technique mixte sur papier - 60 x 80 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 58 x 88 cm80 x 120 cm
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Sans titre - Technique mixte sur papier - 60 x 80 cm 28
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Sans titre Technique mixte sur toile 43 x 39 cm
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Sans titre Technique mixte sur toile 43 x 39 cm L
Sans titre - Encre de chine sur papier - 50 x 64 cm 30
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Angle boulevard Moulay Rachid et rue Bab Errajâa • Val d'Anfa - Casablanca
Ce catalogue est édité par le Crédit du Maroc Casablanca, Mai 2013
Commissaire d’exposition
Réalisation : Griffe & Stratégies © Crédit photos : Eric Cavaloc 32
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