AVRIL 2019 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 10 - NO.07

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AVRIL 2019 V O L 1 0 - N O 7

MÉDIA ÉCRIT COMMUNAUTAIRE DE L’ANNÉE

+ S P É C I A L I M M I G R AT I O N

06 LES GÉANTS ENDORMIS

10 12 FESTIVAL E

DES LANGUES SALES

Fais le bon choix!

16 JOANNE POITRAS EXPOSE AU RIFT

ADMISSION ENCORE POSSIBLE

19 ANICINABEMODAN :

PARLONS ANICINABE

21 L’OSR EN TOURNÉE

AUTOMNE 2019


ÉDITORIAL

OUVRIR LES ESPRITS, PAS JUSTE LES

issus de tous les coins du monde. Pour des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, l’immigration est une nécessité et une richesse.

FRONTIÈRES

Mais l’immigration comporte son lot de défis, tant pour la société d’accueil que pour ceux qui arrivent. La seule issue possible pour trouver l’équilibre entre ARIANE OUELLET rester soi-même et trouver sa place dans un nouveau pays, c’est le dialogue. Le ÉDITORIALISTE « flux bidirectionnel », comme le dirait si bien Boucar Diouf. Bien entendu, occuper un emploi compte pour beaucoup dans la Je me demande combien de gens font le réussite de cette nouvelle vie, mais tout choix de quitter leur pays par pur plaisir. le reste compte au moins autant : avoir Combien d’immigrants sont heureux de des amis, une vie sociale, des activités laisser derrière eux la majorité de leur sportives. Parce que la vie ne se résume famille, sachant qu’ils ne les reverront pas juste au 8 à 4 du boulot. plus qu’une fois tous les deux ou trois ans, parfois moins, parfois jamais? Je comprends dans une certaine mesure la vision comptable justifiant qu’un Je me demande qui serait prêt à échanger gouvernement souhaite arrimer les sa place avec une mère syrienne réfugiée besoins de main-d’œuvre de son pays qui a vu sa maison démolie sous les en sélectionnant certains profils de bombes. Qu’est-ce qui peut bien motiver travailleurs qualifiés. Le monde des un ouvrier roumain à se cacher dans affaires le demande pour le bien de leurs un conteneur maritime pendant des entreprises. Mais l’humanité ne peut semaines au péril de sa vie pour aboutir pas s’enfermer dans les petites cases du comme débroussailleur dans le Nord formulaire Arrima de la CAQ. québécois? Quel choix de vie s’offrait aux prisonniers politiques relâchés par Un immigrant, ce n’est pas de la les Allemands après la Seconde Guerre marchandise qu’on peut importer dans un mondiale pour qu’ils choisissent de finir conteneur. Ce n’est pas un robot formaté sous terre dans les mines de l’Abitibi? pour les besoins de l’économie. Ce n’est Quelles sont les histoires troublantes pas une solution simple à un problème provenant du Chili, d’Haïti, de Russie ou de manque de main-d’œuvre criant, qu’on des Philippines qui sont à l’origine du choix aurait dû voir venir depuis au moins vingt ou de l’obligation de tout laisser derrière? ans et pour lequel assez peu de mesures Une famille nombreuse à nourrir? Un réelles ont été prises. L’immigration, ce dictateur sanguinaire qui fait la chasse n’est pas juste des soudeurs malgaches aux intellectuels et aux journalistes? Une sélectionnés sur le volet ou des gérants de homosexualité socialement inacceptable? McDonald recrutés au Maroc. Ce sont des Les histoires sont multiples, complexes humains en quête d’une vie qui leur offre et parfois tissées de drame. Parfois, des occasions d’épanouissement, comme heureusement, elles sont aussi de belles à vous et moi. Et qui, bien souvent, ont histoires d’amour. beaucoup de mal à faire valoir leurs compétences faute d’un réel désir Dans les années 1930, Rouyn-Noranda structurel de voir réussir « l’intégration ». était la deuxième ville comptant le plus Intégrer un immigrant dans une équipe, d’immigrants par tête de pipe après ça demande du temps, de la volonté Montréal. Italiens, Ukrainiens, Roumains, et beaucoup de respect. Des heures Polonais. Ils ont bâti la ville, creusé supplémentaires pour l’accompagnement les mines. Même scénario à Val-d’Or. social et humain. Une dose d’amour. L’ADN de l’Abitibi-Témiscamingue est le résultat de ces métissages avec les colons D’ailleurs, si la volonté politique était canadiens-français. Aujourd’hui, l’UQAT suffisante, elle aurait peut-être réussi à est un autre moteur favorisant l’accueil vaincre l’entêtement malsain des ordres de professeurs hautement compétents

professionnels à ne pas reconnaître les diplômes et l’expérience des immigrants qualifiés. C’est inadmissible qu’une médecin algérienne devienne préposée aux bénéficiaires dans notre système de santé qui est en pénurie. Les facultés d’enseignement auraient dû, depuis longtemps, offrir des formations transitoires pour arrimer les compétences des immigrants avec les réalités de la société d’accueil et permettre que le travailleur intègre son métier dans des délais raisonnables. J’ai vu le même scénario navrant dans une école primaire de mon quartier. Une enseignante française avec 17 ans d’expérience au primaire n’a pas réussi à décrocher son permis d’enseignante, et elle est repartie pour la France avec sa famille deux ans plus tard. Est-ce que le programme éducatif français est à ce point incompatible avec le nôtre? Ou est-ce que le problème ne vient pas d’une incapacité politique à trouver des solutions aux blocages administratifs? Je trouve parfois mon Québec bien hypocrite. De la place au Canada, il y en a pour tout le monde. Les régions ont besoin de relève et de forces vives. Ce n’est pas une faveur que nous faisons aux nouveaux arrivants de partager le territoire avec eux. Malheureusement, bien des sensibilités face à l’immigration viennent de l’ignorance et de la peur. Peur des pratiques religieuses différentes, réactions très émotives à des problèmes souvent gonflés et entretenus pas les médias. L’immigration n’est pas un problème, elle est une réalité. Je ne partage pas la paranoïa de ceux qui pensent que les immigrants sont un problème. Je trouve que la peur de l’autre est un problème bien plus grand. D’ailleurs, la nature ne veut pas que les êtres vivants restent dans leur coin et se reproduisent à l’infini par euxmêmes. Elle a donné le pouvoir aux insectes de transporter le pollen, aux oiseaux, les graines des arbres et des fleurs. Les mélanges génétiques sont la clé de l’adaptation aux changements perpétuels de la planète et les humains n’y font pas exception.

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006.

CONSEIL D’ADMINISTRATION Marie-France Beaudry, présidente | R-N Manon Faber, vice-présidente | R-N Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | R-N Carolann St-Jean, secrétaire | R-N Administratrices : Anne-Laure Bourdaleix-Manin | Vallée-de-l’Or Carole Marcoux | Témiscamingue

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez direction@indicebohemien.org 819 763-2677

RÉDACTION Mariane Ménard, coordonatrice à la rédaction redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 Ariane Ouellet, éditorialiste

COORDINATION RÉGIONALE Mathieu Larochelle (MRC d’Abitibi) Danaë Ouellet (MRC d’Abitibi) Marianne Trudel (MRC d’Abitibi) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Nancy Ross (Rouyn-Noranda) Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Anne-Laure Bourdaleix-Manin (MRC Vallée-de-l’Or)

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES Fednel Alexandre, Marie-France-Beaudry, Lydia Blouin, Marie Carneiro, Jacinthe Châteauvert, Jacinthe Coulombe, Christine Duclos, Virginia Dumont, Isabelle Gilbert, Gabriel David Hurtubise, Maude Labrecque-Denis, Pierre Laliberté, Philippe Marquis, Mariane Ménard, Ariane Ouellet, Michaël Pelletier-Lalonde, Michèle Paquette, Aimé Pingi, Dominic Ruel, Sébastien St-Amour, Marie-Ève Thibault-Gourde, Guillaume Trottier et Louis-Paul Willis.

CONCEPTION GRAPHIQUE Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org Typographie : Harfang, André Simard, DGA

CORRECTION Geneviève Blais

IMPRESSION EN COUVERTURE

SOMMAIRE

CHRONIQUES

ARTS VISUELS 16

DE PANACHE ET DE LAINE 6

CALENDRIER CULTUREL 23

ENVIRONNEMENT 17

CONTE 15

L’ANACHRONIQUE 4

IMMIGRATION 6-9

MA RÉGION, J’EN MANGE 14

LITTÉRATURE 13

MÉDIAS ET SOCIÉTÉ 12

MÉDIATION CULTURELLE 5

PREMIÈRES NATIONS 10

MUSIQUE 21- 22

RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE 11

SOCIÉTÉ 19

TÊTE CHERCHEUSE 5

Imprimeries Transcontinental

NOUS JOINDRE Mohamed Ghoul : de Méru à Rouyn-Noranda Photo Ariane Ouellet

SPECTACLE 4 VARIÉTÉS 10

2 L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019

150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org

ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

MOHAMED GHOUL

AVEC LE RYTHME DU CŒUR ARIANE OUELLET

Né à Méru, en France, de père algérien de confession musulmane et de mère italienne catholique, Mohamed Ghoul a grandi dans les cités françaises où des dizaines de nationalités se côtoient. La diversité, il est tombé dedans quand il était petit. À 19 ans, il arrive à Paris comme éducateur dans ce qu’on appelle une famille thérapeutique. Un travail très intense, 5 jours par semaine, 24 h sur 24, auprès de jeunes atteints de troubles de comportements graves. C’est à l’intérieur de cette structure qu’il a fait ses premiers apprentissages avec les jeunes autistes et qu’il trouve sa vocation. Il y passe quatre années, passant de simple stagiaire au statut de chef de famille. Il a alors 24 ans. Mais le vrai déclic se fait auprès d’Howard Buten, un artiste du mime et psychologue spécialisé dans l’autisme qui a ouvert le centre de jour Adam Shelton à St-Denis. Le centre y accueille des cas d’autisme très complexes. Mohamed y offre ses services comme bénévole le temps d’un été. Peu de temps après, il entre en poste dans un autre centre, au sud de Paris, pour les jeunes de 14 à 18 ans. Comme il a du mal à respecter le programme éducatif qu’il trouve désincarné et inhumain, il développe progressivement des ateliers de musique. Il obtient aussi son Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur, un BAFA.

PHOTOS : ARIANE OUELLET

En 1998, une délégation du Centre de réadaptation La Maison, de Rouyn-Noranda, se rend à Paris pour développer un réseau d’expertise. Mohamed y rencontre celle qui deviendra la mère de ses enfants et qui sera à l’origine de son arrivée en sol québécois. Bohème dans le cœur, il quitte alors la péniche sur laquelle il vivait depuis quatre ans pour prendre doucement racine en Abitibi en 2000. « Le Québec n’était pas mon plan B ni mon plan C, ce n’était pas du tout dans mes plans, le Québec! », raconte Mohamed en parlant d’immigration. Les embuches professionnelles pour faire reconnaître son expérience sans diplôme sont tout de même nombreuses. Il devra devenir travailleur autonome et offrir ses services d’éducateur. Mais comme il ne souhaite pas devenir musicothérapeute ni faire de l’intervention individuelle, il cherche la formule lui permettant d’offrir aux autistes auprès de qui il évolue un milieu de création réel et stimulant. « Je viens d’une famille pleine de frères et sœurs moi, faut que ça brasse, faut que ça bouge », explique Mohamed. Il fonde le collectif La Bohème, formé de jeunes adultes autistes à qui il enseigne la musique. En moins de trois ans, le projet explose. « On a fait un album, on a fait le Théâtre du Cuivre, on a eu un reportage au Point en 2004. » Des membres de ce groupe, certains sont restés dans une forme de relation familiale avec lui.

Mohamed décide de filmer ses interventions afin de pouvoir étudier les impacts de son approche et de la mettre en mots. « J’ai passé des mois à étudier mes interventions et mettre ça par écrit. J’ai fait des formations en musique, j’ai rencontré des psychiatres, des psychologues ouverts à la culture pour la culture, pas seulement la culture pour la

thérapie », précise qui se définit comme un praticien, pas un théoricien. Son concept a pour nom APPROSH (art percussion programme recherche organisation sociale et humaine). En comparant ses résultats avec un groupe témoin en Outaouais, des chercheurs ont été en mesure de chiffrer de 33 % à 64 % l’augmentation des interactions sociales et une diminution des facteurs de l’autisme dans son groupe. Bien qu’entre 2004 et 2018, Mohamed ait connu quelques écueils, l’Université McGill étudie aujourd’hui son approche et se sert de ses ateliers comme laboratoire d’observation. Comme nul ne semble être prophète en son pays, Mohamed travaille deux jours par semaine dans une commission scolaire à Gatineau et planifie des développements dans un centre de santé communautaire de Montréal. De l’expertise et de l’énergie qu’il aurait souhaité investir en Abitibi-Témiscamingue si les conditions avaient été plus propices. Ce printemps, il collabore avec l’Opéra de Montréal et le Conservatoire de Val-d’Or, appuyé par Isabelle Trottier, dans un projet nommé Coopéra, qui permettra aux autistes de monter l’opéra Carmen de Bizet. « Ce sont des gens qui sont vraiment dans le domaine de l’art, qui demande une certaine subtilité, un mode de vie », explique l’éducateur passionné, et c’est précisément ce qu’il cherche. Mettre ses amis autistes dans de vrais milieux de vie, de vrais projets de création, pas seulement dans une relation d’art pour ses bénéfices thérapeutiques. Les projets ne manquent pas pour Mohamed, qui se qualifie volontiers d’hyperactif. Il aimerait accueillir dans sa maison-école Les artistes autistes et le monde à RouynNoranda des musiciens professionnels qui viendraient en résidence travailler avec les pensionnaires autistes avec qui il cohabite. Il souhaite transformer ce lieu qu’il vient de construire en milieu de vie où la culture est ouverte sur le monde sous toutes ses facettes, le leitmotiv de toute sa carrière d’éducateur. Parce que le monde selon Mohamed Ghoul, c’est un monde riche de sa diversité, qu’elle soit neurologique, sociale ou culturelle!

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S P E C TA C L E

L’ANACHRONIQUE CHRONIQUE

LETTRE OUVERTE À SAYONA

PHILIPPE MARQUIS

DÉCOUVRIR LE FIL AU 24E SHOW DE LA MOTTE MARIANE MÉNARD

Bon début de printemps, Sayona, Je t’écris cette lettre par un beau matin de mars. Hier, nous avons appris que ton projet de mine de lithium devrait passer par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Aujourd’hui, Radio-Canada nous informe que tu aurais, auparavant, engagé un « lobbyiste non inscrit au compte de la société minière Sayona1 » pour influencer des politiciens afin d’éviter la tenue d’un BAPE. Des personnes ont écrit, sur les médias sociaux, que tu avais quelque chose à cacher. Dois-je les croire? Bientôt, sous le feu printanier, la neige, accumulée autour des eskers se fondera en eau. Elle y sera filtrée pour offrir un des liquides les plus purs qui soient. Cet or bleu est une des grandes fiertés de notre pays minier. Parce que, tu le sais fort bien, nous sommes en pays minier. Cette eau n’a pas de prix. Assurer sa pureté n’est plus négociable pour la grande majorité d’entre nous. Tu dois comprendre qu’il est naturel de vouloir le protéger pareil trésor. Vrai que ça n’a pas toujours été le cas dans notre contrée colonisée. Toutefois, la protection des eskers est maintenant une priorité collective. Voilà pourquoi tant de gens et d’organismes ont demandé la tenue d’un BAPE sur ton projet de mine de lithium. Même la très sérieuse et respectée Société des eaux souterraines de l’Abitibi-Témiscamingue (SESAT) souhaite que tu le soumettes à une évaluation environnementale.

Le Centre communautaire de La Motte sera le théâtre de la magie du Show de La Motte pour une 24e année. En avril, découvre le fil est le titre qui donnera le ton à cette soirée au cours de laquelle de nombreux artistes enflammeront les planches, des habitués du Show aux nouveaux talents prometteurs. QUEL FIL?

Ce joli jeu de mots inspiré du dicton du mois d’avril est porteur de sens pour Pierre Labrèche, coorganisateur et animateur de la soirée. « C’est le fil de l’histoire, le fil de l’inspiration, le fil du micro, celui qui branche la guitare, le fil de la découverte », s’enthousiasme le conteur. La découverte, elle sera de toute évidence au programme du Show, car on nous réserve une soirée remplie d’inédits. De nouveaux visages, certes, mais aussi des surprises réservées par certains artistes plus connus du public abitibien.

Jusqu’ici, ton attitude a beaucoup nui à ton image. Nous sommes tous conscients de vivre dans une région minière. Près de 10 000 emplois sont directement ou indirectement liés à ce secteur économique. Malgré cela, je ne me souviens pas avoir vu la population, en aussi grand nombre, insister autant pour approfondir les enjeux autour d’un projet minier. Entendons-nous bien : personne ne s’est encore opposé à ton projet. La tenue d’audiences publiques servirait juste à garantir que tes opérations ne nuiront en rien à la qualité de l’eau. Tu sembles pourtant fort pressée d’aller de l’avant sans attendre. Seulement, si, comme tu le prétends, il n’y a aucun risque, pourquoi ne pas prendre le temps de le prouver publiquement? La population serait rassurée et t’accueillerait à bras ouverts. Ça en vaut bien la peine. Non? Parler d’opposants à propos des milliers de personnes qui désirent que le gisement d’eau soit protégé est une bien mauvaise façon de considérer leur demande. Il me faut te le répéter : c’est exceptionnel de voir une telle mobilisation ici. Je t’invite donc à la prendre très au sérieux et ne plus chercher un moyen de te soustraire à une étude environnementale. Cela permettrait peut-être de voir la méfiance à ton égard fondre comme neige au printemps… Ne crois-tu pas?

MELANIE ROBERGE AU SHOW DE LA MOTTE EN 2018 PHOTO : ELVIS ROY

STIMULER LA CRÉATION

Le Show de La Motte s’impose comme véritable terrain de jeu pour les créateurs. L’organisation incite les artistes à présenter leurs propres compositions et à sortir des sentiers battus. Le duo de jeunes musiciens formé de Matis de Koninck et Naïm Ouellet a été invité à présenter ses compositions originales pour la première fois. « C’est une émulation, mentionne Pierre Labrèche, on veut stimuler les artistes à créer. » Le public pourra voir et entendre des artistes issus de différents horizons, dont Les Sentinelles du Nord, Marie-Hélène Lavoie, Maribel Provost, Roger Wylde et Paul Ouellet.

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Il s’agit de Pierre Renaud.

!

Le Show de La Motte sera présenté au Centre communautaire de La Motte le 27 avril prochain à 19 h 30.

OCCASION SPÉCIALE

DEVIENS ! E R B M E M

JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN

Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Deviens membre de la Coopérative de solidarité du Journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

Prénom et nom : ______________________________________________________ Adresse : _____________________________________________________________ Téléphone : ____________________________________ Courriel : ______________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.

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MER

CI!


TÊTE CHERCHEUSE

M É D I AT I O N C U L T U R E L L E

CHRONIQUE

L’AGORA DES ARTS PROPOSE

MATÉRIEL SCOLAIRE

UNE EXPÉRIENCE THÉÂTRALE NOVATRICE

DOMINIC RUEL

À DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE

Pour une fois que l’on parle et débat d’éducation autrement que pour dénoncer des compressions budgétaires ou des toits qui coulent et discuter de palmarès bidon. On parle du fond. C’est positif. La CAQ est arrivée avec quelques engagements porteurs, donc le ministre Roberge ne chômera pas.

CHRISTINE DUCLOS

FRANÇOIS GODARD

L’Agora des Arts de Rouyn-Noranda s’est associée à la Place des Arts de Montréal pour offrir une expérience théâtrale à 52 élèves de 4e secondaire de l’école La Source. Ainsi, les élèves participeront à plusieurs ateliers avec l’auteure et metteure en scène Pascale Charlebois et l’enseignante Chantal Lafrance avant d’assister à la pièce Je suis William. L’objectif des ateliers est de favoriser les échanges et réflexions sur des thèmes reliés à la pièce et au théâtre. « C’est l’approche lors de ces ateliers qui est considérée comme novatrice, explique Marie-Eve de Chavigny, agente de développement à l’Agora des arts. On a souvent l’habitude de donner l’information, de donner les clés pour qu’ils (les élèves) comprennent le spectacle, explique-t-elle. Mais ici, l’élève expérimente par des choix artistiques les concepts du spectacle. C’est basé sur l’expérience, ça amène l’étudiant à sentir un engagement par rapport à l’œuvre. »

DÉVELOPPER L’ESPRIT CRITIQUE

Cette approche, basée sur les recherches de la philosophe américaine Maxine Greene, a notamment pour avantage de favoriser le développement de l’esprit critique et d’encourager la prise de parole, indique Mme de Chavigny. « On l’amène à réfléchir, à se questionner sur ses choix à lui », précise-t-elle. L’expérience a déjà été tentée dans d’autres villes du Québec, mais le sera pour la première dans un contexte où la ruralité fait partie du quotidien des citoyens. « On l’a adapté à notre réalité », précise Mme de Chavigny. Par ailleurs, l’enseignante, la médiatrice culturelle et l’agente de développement de l’Agora des Arts ont participé à une formation de quatre jours à Montréal en novembre dernier pour se familiariser avec l’approche. « C’est une méthode qui amène l’élève beaucoup plus loin dans son expérience artistique », constate Mme de Chavigny.

Lors de la dernière campagne, François Legault avait juré faire encore de la politique pour ce dossier-là. La maternelle pour les enfants de quatre ans est une idée forte et porteuse, la réforme la plus importante du système depuis les cégeps. L’intention est noble : diagnostiquer plus rapidement les difficultés d’apprentissage et de comportement. Égide Royer en rêve depuis des lunes. S’opposer pour s’opposer est donc une connerie. Les CPE font déjà le travail, mais c’est une minorité d’enfants de quatre ans qui profite des services. Les clientèles à risque n’y sont pas. La France envoie bien ses enfants à l’école dès l’âge de trois ans. Le problème vient du plancher des vaches : il manque d’espace dans les écoles, de classes libres, de places pour dîner. Il manque de profs partout. De ressources, aussi. Vous connaissez des orthopédagogues qui font les frites au McDo, en attendant un poste dans les écoles? Allons-y progressivement, selon les capacités et les possibilités, tout en continuant d’ouvrir de nouvelles places en CPE. Le gouvernement a aussi décidé d’ajouter 20 minutes d’activité physique par jour au primaire. Rien d’audacieux comme décision, très mainstream, on satisfait un lobby parento-médiatique, on se fait applaudir par Patrice Roy aux nouvelles. Mais encore, plus facile à dire qu’à faire. Le côté organisationnel doit faire sonner une ou deux cloches. Faudra-t-il revoir les horaires de transport scolaire? Ou couper du temps d’enseignement? Parce que les profs ne feront plus de bénévolat et n’allongeront pas leurs journées. L’idée de base est d’aider à la concentration des élèves, surtout ceux souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Des pédiatres l’ont dénoncé : on surmédicamente ces enfants-là... Pour deux raisons. Un : trop d’écrans. Deux : ils ne bougent pas assez. Et au Québec, le réflexe premier est de se tourner vers l’école en criant : Y a qu’à! Faut qu’on! On bougera donc plus à l’école! Bravo! Pendant ce temps, on multiplie les projets iPad et on dépense des sommes folles pour acheter des tablettes. Plus de temps d’écran encore! Et très rapidement, on évacue la variable « parents » de l’équation. Les enfants bougent-ils les fins de semaine, lors des congés? Sont-ils laissés à leur tablette? L’école ne pourra jamais remplacer les parents : ni pour l’activité physique ni pour l’encadrement. Trop de lièvres! Mais le ministre devra bientôt s’attaquer au plus grave problème : la pénurie d’enseignants. Des pubs pour dire Merci! ne suffiront plus, ça ne convaincra personne d’aller en enseignement. La valorisation passe par de meilleurs salaires d’abord. Ça fait capitaliste. Qu’on oublie la vocation. Elle n’est plus de notre temps.

En plus des trois ateliers prévus par le programme, les élèves réaliseront des œuvres qui feront l’objet d’une exposition. Celle-ci aura lieu pendant la représentation de la pièce Je suis William, à laquelle les élèves auront la chance d’assister pour concrétiser l’approche testée durant les ateliers.

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Le projet-pilote se déroulera de mars à juin prochain et fera ensuite l’objet d’une analyse.

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DE PANACHE ET DE LAINE

S P É C I A L I M M I G R AT I O N

CHRONIQUE

LA MAJORITÉ SILENCIEUSE

LES GÉANTS ENDORMIS

GABRIEL DAVID HURTUBISE

FEDNEL ALEXANDRE

On a l’impression, quand on est jeune, qu’il y a une foule de gens de notre âge. Elle est plus nombreuse encore à l’université, où tout le monde est beau à outrance, par ailleurs. Dans les bars à la mode, même chose, et plus encore; il s’en trouve même des trop jeunes pour être là en toute légalité. Dans les cafés à cinq piastres la tasse des grandes villes, alors là, tout le monde a quasiment le même âge! Il se fait une sorte de sélection eugénique fondée sur l’âge et/ou le statut étudiant. Il ne faudrait pas s’étonner, tôt ou tard, que des portiers soient engagés pour exiger une clientèle dans la vingtaine et/ou un statut d’étudiant postsecondaire dans une université reconnue par le Canada.

La Mosaïque a fait d’une pierre deux coups au Petit Théâtre le 28 février dernier en soulignant le Mois de l’histoire des Noirs et surtout, en honorant la mémoire de Yolette Lévy et de Clotaire Moulounda. Sous le thème Les géants endormis, l’association a organisé une soirée qui a permis aux amis, aux proches et aux parents de se réunir et de partager un moment agréable en évoquant le souvenir des deux disparus. Animée par la conteuse Marta de la Calzada, la soirée était divisée en deux parties. Entamée avec un numéro présenté par l’animatrice, la première partie était consacrée à la lecture, d’une part, de contes et d’extraits d’un roman de Clotaire Moulounda et, d’autre part, d’un texte rédigé par Guillaume Beaulieu en hommage à Yolette Lévy. Une animation musicale assurée par les groupes Maélissa, formation fondée par Clotaire Moulounda, et Baye Fall Afia meublait la deuxième partie de la soirée.

Pour l’instant, il s’agit encore d’un phénomène sociologique, faut croire. Un jour, dans un cours de ladite science sociale, j’ai vu une pyramide démographique du Québec. Elle n’était pas tant dans le style de Khéops que dans celui d’une toupie : ronde au centre, disons un peu vers le haut. La projection démographique pour 2026, quant à elle, ressemblait davantage à une pyramide, mais à l’envers. Le prof a commencé à parler des impacts socioéconomiques du phénomène, ceux que nous commençons tout juste à ressentir aujourd’hui. La fameuse majorité silencieuse, ça doit être eux. Des centaines de milliers de personnes qui forment ensemble « le vieillissement de la population ». Ils arrivent. Pour nous qui n’allons jamais mourir, les jeunes, on n’y pense pas trop, à notre vieillissement. Ce n’est pas dans nos perspectives d’avenir. Tout comme les RÉER : on sait que c’est important, mais il est trop tôt ne serait-ce que pour en entendre parler (et puis ça nous emmerde). Plusieurs sont trop occupés à étaler leurs êtres exceptionnels et triomphants sur les réseaux sociaux pour appeler leurs grandspères une fois par année. Alors ces derniers sombrent lentement dans l’oubli, n’ayant plus d’utilité économique, un rôle familial très réduit, un cercle social restreint. Perchés dans le haut d’une résidence, on les néglige comme s’ils étaient nés pour un p’tit bain. Et je ne dis pas que les personnes âgées sont toutes seules et malheureuses, ce serait exagéré, bien sûr. Seulement, notre rapport à la vieillesse s’est transformé dans nos sociétés contemporaines : là où l’on voyait jadis de la sagesse, on voit désormais des connaissances « dépassées » si ce n’est de la naïveté. Là où la grand-mère, tricotant et bricolant, était une usine à produits du terroir, elle est aujourd’hui une retraitée économiquement « inactive ». Ils dégringolent rapidement les échelons de la société, voilà tout. Moi, si j’étais un vieux rangé dans le placard, j’organiserais un grand conseil des vieux sales pour faire la révolution. Je pèterais tout ce qui est du nouveau millénaire et ce serait la fin du nouveau tout neuf. Avec les renforts qui s’en viennent en grand nombre, nul doute que de grandes avancées seraient faites, et vite!

Cet hommage haut en couleur a permis de revisiter le parcours de Clotaire Moulounda et de Yolette Lévy, partis pour l’éternité en décembre 2018. Respectivement originaires du Congo et d’Haïti, ces deux personnalités ont laissé un bel héritage à la région sur les plans humain, culturel, éducatif, syndical et littéraire. En effet, ils ont tous deux été enseignants, l’un au cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, l’autre à la Commission scolaire de Val-d’Or. Au-delà de leur parcours professionnel, ils se sont impliqués dans la construction d’une région qui leur a ouvert les bras et au cœur de laquelle ils resteront à jamais. Établie à Val-d’Or pendant près de 50 ans, Yolette Lévy a tour à tour été engagée dans la vie syndicale, politique et communautaire. En effet, elle a défendu des valeurs syndicales et milité en faveur de la promotion de la parité et de l’égalité. L’importance de son œuvre a été soulignée et reconnue par des distinctions prestigieuses, dont le prix CharlesBiddle pour son apport exceptionnel à la société québécoise en 2006. La mémoire de Yolette Lévy sera entretenue, entre autres, par la création d’un prix Yolette-Lévy pour souligner l’implication d’une femme qui se sera démarquée par son engagement citoyen et communautaire. Le nom de la lauréate de ce prix honorifique sera dévoilé à l’occasion d’une cérémonie à la mairie de Val-d’Or le 28 avril prochain. Mme Lévy et M. Moulounda faisaient partie des membres fondateurs de l’organisme La Mosaïque. De son côté, Clotaire Moulounda, outre son enseignement et son implication dans le développement de plusieurs mines, s’est illustré en tant que conteur et musicien. La soirée Les géants endormis a mis en lumière une facette moins connue de ce personnage sympathique et mystérieux à la fois. En effet, Clotaire Moulounda menait une activité de création littéraire qui ne s’arrêtait pas qu’au conte. Marthe Julien a lu des extraits de son roman inédit. Les personnages que l’auteur y a dessinés révèlent un Clotaire Moulounda vif avec un regard désopilant et malicieux. Il ne fait aucun doute que l’héritage de ces deux géants endormis leur survivra. En se plongeant dans le sommeil de l’éternité, comme dirait Omar Khayyam, ils laissent la preuve de leur grande générosité et celle de l’ouverture de l’Abitibi-Témiscamingue sur le vaste bruit du monde.

SOIRÉE DE CONSULTATION PUBLIQUE 9 avril 2019, 18 h 30 Salle Témabex, 52, rue Perreault Ouest Inscription requise

CONSULTATION EN LIGNE 10 au 19 avril 2019 Inscription à la soirée, documents et consultation en ligne :

www.rouyn-noranda.ca/politiqueculturelle

6 L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019

INFORMATION

819 797-7110 poste 7390 rnculture@rouyn-noranda.ca


S P É C I A L I M M I G R AT I O N

ASSOCIER INTER ET CULTUREL MARIE-FRANCE BEAUDRY, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LA MOSAÏQUE

Fondée en 1990 par un groupe de résidents de Rouyn-Noranda et de Val-d’Or, La Mosaïque a pour mission de faciliter l’accueil, l’accompagnement et l’intégration des immigrants en Abitibi-Témiscamingue. Elle répond aux questions des immigrants, tant pour les besoins de base (aide à l’installation, à l’apprentissage du français et à la découverte de la ville, etc.) que pour le soutien aux besoins d’appartenance (connaissance du milieu de vie et de ses activités de loisirs, de sa culture, et développement d’un réseau social). Étant donné que chaque parcours d’immigration est différent et que l’AbitibiTémiscamingue a une culture qui lui est propre, La Mosaïque offre des services individualisés aux nouveaux arrivants, un programme de jumelage interculturel, des activités de groupe ainsi que de l’accompagnement pour l’apprentissage de la culture québécoise et de la langue française. Dans ses relations, l’organisation favorise spécialement la connaissance de la richesse culturelle de la région afin de promouvoir un milieu de vie riche et où chacun peut s’émanciper.

Avec 2200 immigrants résidant actuellement en Abitibi-Témiscamingue et dans un contexte de rareté de maind’œuvre qui pousse certaines entreprises à recruter à l’étranger, il devient essentiel de provoquer des occasions de rencontres afin de faciliter une compréhension réciproque des cultures et un meilleur « vivre-ensemble ». Ainsi, différentes activités sont organisées tout au long de l’année. La fête de fin d’année, le piquenique interculturel, la journée d’accueil des nouveaux arrivants en collaboration avec la Ville de Rouyn-Noranda, un cercle de lecture et un cercle de conversation en français en constituent quelques exemples. À titre d’unique organisme en AbitibiTémiscamingue travaillant auprès d’une clientèle immigrante telle que la reconnaît le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI), La Mosaïque sensibilise la population aux valeurs multiculturalistes afin d’assurer que l’établissement durable des personnes immigrantes chez nous se déroule dans le respect. BIEN COMPRENDRE LES BESOINS AFIN D’Y RÉPONDRE!

LA MOSAÏQUE

Mandatée par le MIDI afin d’élaborer un bilan diagnostic permettant de déterminer les besoins des immigrants à Rouyn-Noranda, La Mosaïque représente l’intérêt des immigrants dans la région. À l’heure actuelle, ses travaux permettent à La Mosaïque rassemble des membres l’association de cibler des enjeux précis, d’une multitude de communautés notamment le problème du logement, le culturelles, auxquels se mêlent fièrement manque de places en garderie ainsi que autant de complices d’origine québécoise. la présence de lieux d’appartenance. À la Plus d’une centaine de membres se base des préoccupations des nouveaux Publicité L’indice bohémien - Avril 2019 /arrivants, Journal ces culturel de l’Abitibi-Témiscamingue réunissent sporadiquement, accompagnés enjeux doivent être abordés Parution : avril 2019 de leur famille et de leurs amis, pour et régularisés à priori afin de favoriser Format : 1/3 page horizontale - 9,75 po L xensuite 4 po H, l’implication sans fond perdu différentes activités sociales, culturelles des immigrants Quadrichromie et de loisirs. dans leur communauté.

SOUVENIRS D’ORIGINE Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) conserve les trésors du patrimoine culturel québécois et ceux des gens qui ont enrichi l’histoire de l’Abitibi-Témiscamingue. Venez les découvrir ! BAnQ Rouyn-Noranda

27, rue du Terminus Ouest Rouyn-Noranda (Québec) J9X 2P3 819 763-3484 | archives.rouyn@banq.qc.ca Groupes d’immigrants défilant sur l’avenue Principale lors des célébrations du 25e anniversaire de Rouyn en 1951. BAnQ Rouyn-Noranda, collection Société d’histoire de Rouyn-Noranda. Photo : Joseph Hermann Bolduc.

1 800 363-9028 L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 7


S P É C I A L I M M I G R AT I O N VALORISATION DE LA LANGUE FRANÇAISE

COURTEPOINTE CULTURELLE ET CERCLE DE CONVERSATION EN FRANÇAIS MARIE-FRANCE BEAUDRY, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LA MOSAÏQUE

Dans les rencontres mensuelles du cercle de lecture qui se déroulent à la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda, le livre sert de prétexte à des échanges culturels et sociaux entre les participants. Ses buts sont, entre autres, de découvrir des auteurs de différents pays, du Québec et de la région, de développer le plaisir au contact des œuvres et de créer des liens autour d’une passion : la lecture. À ce jour, le cercle réunit un peu plus d’une dizaine de participants d’origines diverses et des auteurs de plusieurs pays ont été découverts, notamment en provenance de Hongrie, d’Algérie, des États-Unis, du Vietnam et du Brésil. Que l’on soit membre ou non de l’association, chacun est bienvenu aux rencontres mensuelles animées par les membres du comité et les participants. Grâce au partenariat avec la librairie Au boulon d’ancrage, les œuvres à lire sont fournies gratuitement. La Courtepointe culturelle est une activité gratuite et ouverte à tous! Si vous souhaitez y participer, vous n’avez qu’à contacter la Mosaïque pour obtenir plus de renseignements.

GRACIEUSETÉ

Mis sur pied à l’automne 2016 par la Mosaïque, le cercle de lecture La Courtepointe culturelle est une occasion privilégiée de mettre en relation des personnes de différentes cultures et de favoriser l’intégration au sein de notre communauté. En plus de découvrir des univers culturels variés, La Courtepointe culturelle vise à faire connaître et comprendre davantage d’autres cultures, coutumes et mode de vie, favorisant l’ouverture d’esprit, la connaissance de l’autre et un vivre-ensemble harmonieux.

dans un contexte convivial et exempt de préjugés. Le cercle de conversation offre aux participants des occasions naturelles de communiquer, les soutient dans leur appropriation de la culture québécoise, stimule leur sentiment d’appartenance, le tout afin de favoriser l’établissement durable chez nous.

LA CONVERSATION FRANÇAISE POUR FAVORISER L’INTÉGRATION

Selon les chiffres de L’Observatoire de L’Abitibi-Témiscamingue de septembre 2016 sur l’immigration permanente, parmi les personnes immigrées admises en sol québécois entre 2005 et 2014 et qui résident toujours dans la région en 2016, 33 % ne parlaient pas le français à leur arrivée. C’est sous cette prémisse que le cercle de conversation, avec l’aide de deux personnes immigrantes, a été mis sur pied. Se basant sur un modèle développé aux États-Unis pour l’apprentissage de l’anglais (English Conversation Time, créé par les Madison International Partners), notre activité favorise l’inclusion et l’intégration en limitant les obstacles relatifs à la communication.

Pour soutenir la francisation et la valorisation du français, la Mosaïque a mis sur pied, en mars 2018, un cercle de conversation. Toutes les deux semaines, immigrants et bénévoles dévoués de la communauté d’accueil se rassemblent pour discuter librement

Cette activité est également offerte à tous, gratuitement. Nous vous invitons également à diffuser l’information autour de vous, car les personnes visées sont peu susceptibles de pouvoir lire un journal en français.

INVESTIR MAINTENANT POUR MAÎTRISER NOTRE AVENIR

Québec.ca/budget

Plus d’argent dans le portefeuille des Québécois

Priorité à la réussite de nos enfants

Investissements en santé et pour les aînés

5,2 G$ de plus dans les poches des Québécois d’ici 5 ans

Réinvestissement massif dans le réseau de l’éducation

1,1 G$ pour ajouter du personnel soignant

8 Journal_L'IndiceBohemien_10X6,125.indd L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019

1

Augmentation de notre niveau de richesse

Une action vigoureuse en environnement

Miser sur les travailleurs d’expérience et les immigrants pour accroître la participation au marché du travail

Plus de 1 G$ pour l’électrification des transports et la lutte contre les changements climatiques

19-03-20 12:41


S P É C I A L I M M I G R AT I O N

AUTOPORTRAIT D’UN IMMIGRANT ENGAGÉ AIMÉ PINGI

Je suis Aimé Pingi, originaire de la République démocratique du Congo. J’ai immigré au Québec en 2008 dans la catégorie des travailleurs qualifiés sélectionnés par le Québec. Je suis diplômé universitaire en sciences chimiques (5 ans d’université), soit l’équivalent du baccalauréat québécois, et je suis membre de l’Ordre des chimistes du Québec. J’ai travaillé durant huit ans au contrôle de la qualité pour l’usine d’embouteillage d’eau ESKA. Actuellement, je travaille au laboratoire de chimie analytique de la Fonderie Horne de RouynNoranda.

« COMME D’AUTRES, J’AI EU À FAIRE FACE À PLUSIEURS DÉFIS ET CELA AURAIT PU ÊTRE VRAIMENT COMPLIQUÉ SI JE N’AVAIS PAS CONNU DE PERSONNES DÉVOUÉES POUR M’AIDER. »

À mon arrivée, j’ai été accueilli par une famille québécoise dans le village de Saint-Félix-de-Dalquier. Le fait d’avoir été accueilli dès mon arrivée au sein d’une famille a été un des plus grands facteurs de mon intégration, ce qui a facilité mes premières démarches d’immigration. À l’époque, il n’y avait pas de services d’accueil des nouveaux arrivants, à ma connaissance. C’était donc plus facile avec ma famille d’accueil qui a pu répondre à toutes mes questions et m’a conduit à différents bureaux et services utiles pour un immigrant.

Ce n’est pas rien, ce n’est peut-être pas grand-chose, mais ce n’est pas rien MARC-OLIVIER HAMELIN GABRIELLE BRAIS-HARVEY JANICK BURN ANTOINE CHARBONNEAU-DEMERS SABINA CHAUVIN-BOUCHARD STEVEN GIRARD ZOÉ JULIEN-TESSIER PIER-ANTOINE LACOMBE KARINA PAWLIKOWSKI

Pour l’immigrant que j’étais comme pour beaucoup de nouveaux arrivants, le soutien s’est avéré nécessaire afin d’obtenir certains documents et services : • carte d’assurance sociale; • carte d’assurance maladie du Québec (son obtention exige une preuve de résidence et des témoins);

29 MARS AU 26 MAI 2019

• permis de conduire du Québec (aujourd’hui, il faut passer par une auto-école, puis on a besoin d’un compagnon, car le permis temporaire est un passage obligé. Avant, il suffisait d’échanger le permis de son pays d’origine avec celui du Québec et de passer un examen);

• Les déplacements dans la région n’étaient pas évidents (absence de transport en commun abordable dans la région). Bref, comme d’autres j’ai eu à faire face à plusieurs défis et cela aurait pu être vraiment compliqué si je n’avais pas connu de personnes dévouées pour m’aider, une chance que tous les immigrés n’ont pas. La présence de gens disponibles pour aider et accompagner un immigrant lors de son arrivée est un facteur important d’intégration pour une région comme la nôtre. Un an plus tard, j’ai déménagé à Amos où j’ai commencé à m’impliquer avec le Centre de prévention du suicide d’Amos dont j’ai présidé le conseil d’administration pendant près de cinq ans. Mes implications m’ont permis non seulement de mieux m’intégrer, mais aussi de bâtir tranquillement un grand réseau d’amis et de contacts. Ce réseau me permet aujourd’hui d’aider et de diriger plusieurs autres immigrants. Mes valeurs humaines et communautaires me poussent à toujours m’impliquer dans ma communauté. Je possède beaucoup d’expérience auprès des organismes communautaires de la région et du Canada. Je suis actuellement président de la Mosaïque, association interculturelle d’accueil des nouveaux arrivants et des personnes immigrantes dans la région. Je

LA MOSAÏQUE

• des courses administratives et médicales vers Montréal, Gatineau et d’autres grandes villes, car tous les bureaux servant les immigrants se trouvaient dans les grandes villes. Il n’y avait même pas de médecins désignés pour l’immigration dans la région;

m’implique comme leader du groupe RÉSULTATS Canada pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue et je suis membre du comité de gouvernance des eskers de l’Abitibi-Témiscamingue avec l’UQAT. En 2018, j’ai été président d’honneur du Gala les élites de la Chambre de commerce et d’industrie du CentreAbitibi à Amos sous le thème « Un pour tous, tous pour un ». Je coanime une émission à TVC7 qui fait découvrir aux Abitibiens les personnes qui ont immigré dans notre belle région. Pendant deux ans, j’ai été président de la Croix Rouge de l’Abitibi et je suis ambassadeur du tourisme de l’Abitibi-Témiscamingue pour l’organisation des événements ayant donné de la visibilité à notre région. J’ai été reconnu comme citoyen du mois à Amos en 2012 et mis en nomination pour le prix David Gourd de la chambre des commerces du Centre-Abitibi en 2017. Je viens de déménager à Rouyn-Noranda où j’ai trouvé un nouvel emploi pour la fonderie Horne. Je compte bien m’impliquer encore plus dans l’accueil et l’intégration des immigrants et nouveaux arrivants dans ma nouvelle ville.

NOPIMIK

19 AU 28 AVRIL 2019

NUIT AU MUSÉE SPÉCIAL INTERDIT AUX PARENTS

VENDREDI 5 AVRIL 2019

MUSEEMA.ORG

L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 9


P R E M I È R E S N AT I O N S

VARIÉTÉS

CHRONIQUE

KORIASS AU 12E FESTIVAL DES LANGUES SALES DE LA SARRE CHRISTINE DUCLOS

Fidèles à leurs habitudes, les organisateurs du Festival des langues sales de La Sarre ont prévu une programmation déjantée. Les festivités seront lancées le jeudi 25 avril et se poursuivront pour deux jours. Le rappeur Koriass fait notamment partie de la programmation.

LE PRINTEMPS, LA FÊTE

DE PÂQUES ET DU RENOUVEAU

VIRGINIA DUMONT

Autrefois, les Anicinabek fêtaient l’arrivée du printemps en allant aux sucres. Ils revêtaient leurs beaux atours, car confectionner du sirop d’érable était une fête. C’était l’annonce des beaux jours et le cadeau du créateur était le sirop d’érable, en plus du retour du gibier. La pêche et la chasse devenaient plus faciles. De nos jours, nous pratiquons très peu ce genre d’activité, car nous travaillons et nous n’avons plus les moyens de les vivre, mais les établissements d’éducation de Lac-Simon offrent ces expériences. Les jeunes peuvent vivre de beaux moments en allant sur un site traditionnel. Chaque année, les élèves ont la chance de se familiariser avec cette activité. Ils y vont à tour de rôle pendant la coulée de l’eau d’érable. Quand ils le peuvent, les aînés les accompagnent.

Depuis l’année dernière, l’événement qui se tenait traditionnellement durant la saison hivernale a lieu au printemps et dans divers lieux de diffusion de La Sarre. Ce qui ne change cependant pas, c’est que différentes formes d’arts de la scène se côtoient dans le cadre de cette 12e édition qui a pour objectif de célébrer l’attachement à la langue française.

Pour la deuxième soirée, le festival mettra à l’honneur les arts oratoires avec une prestation du conteur Pierre Labrèche à la Maison de la culture. La soirée se poursuivra ensuite avec un spectacle d’humour de la relève au Théâtre Liliane-Perrault. L’humoriste Derrick Frenette, originaire de l’AbitibiTémiscamingue, sera accompagné de Reda Saoui, Nic Audet et Jérémie Larouche. La soirée se clôturera par un spectacle du groupe Les Chiens de ruelles à la Brute du coin. Samedi soir, le rappeur Koriass conclura le Festival à la Brute du Coin. Son spectacle sera précédé d’une prestation du groupe Tito & BanJ, gagnant du Grand Prix du jury du FRIMAT 2018.

COURTOISIE

Le Festival s’amorcera cette année par une soirée de quiz et de jeu stratégique au Rouge Café. La soirée se poursuivra ensuite par le traditionnel match des étoiles de la Sale Ligue d’improvisation.

Le site traditionnel a été repris par la communauté de Kitcisakik. C’est là que Monique Papatie transmet ses connaissances aux jeunes, car ils devront plus tard prendre la relève. À l’approche de son camp de chasse, l’accès se fait par motoneige. Les jeunes aiment les tours de motoneige, ils apportent leur dîner et font une dégustation. Cette activité avait été lancée par la défunte Maggie Jérôme et les jeunes de l’école y participaient déjà en 1986, avant même que les communautés ne prennent en charge l’éducation. Sa belle-sœur Doria et elle-même avaient visité sa belle-mère Lina Nottaway afin d’apprendre cet enseignement. C’est cette belle initiative qui perdure encore de nos jours. La fête de Pâques incitait les gens à se rassembler pour un festin. Le chocolat n’était pas très populaire. Plusieurs avaient fait le carême, en se privant de manger une gâterie ou simplement en ne consommant pas d’alcool pendant quarante jours. On faisait cuire du castor, de la dinde ou du jambon pour les festins de Pâques. Et le matin de Pâques, certains allaient chercher de l’eau de source à des fins thérapeutiques, car le Créateur bénit cette eau au matin de Pâques.

BRYAN TROTTIER

Aujourd’hui, dans notre monde moderne, on organise des tournois de hockey ou on joue au ballon sur la glace. Différentes communautés organisent ces activités pour le lundi de Pâques. Les parents achètent de petits cadeaux, préparent la chasse aux œufs ou rassemblent simplement leurs proches pour manger du chocolat de Pâques. C’est une belle occasion pour les communautés de se rencontrer!

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Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org


HISTOIRE CHRONIQUE

L’IMMIGRATION À AMOS

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS…

DÈS LE 12 AVRIL

PIERRE LALIBERTÉ EN COLLABORATION AVEC GUILLAUME TROTTIER ET JACINTHE COULOMBE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE D’AMOS

À cause de la guerre 1914-1918, l’élan des colons qui arrivaient diminue. La crainte et le découragement succèdent à l’enthousiasme des années précédentes. La guerre nous enlève plusieurs bons citoyens qui se sacrifient pour la cause commune, car un bon nombre ne reviennent pas, trouvant la mort au champ d’honneur.

Lueurs et trajectoires II Élisabeth Picard [Sculpture-installation]

À Amos, la présence d’immigrants dès l’époque pionnière constitue donc un phénomène en marge des principaux mouvements migratoires qu’a connu l’Abitibi. Hors du portrait statistique, quelques personnages marquent néanmoins le paysage de la jeune localité, le temps de leur passage.

Jean-Michael Seminaro

Au début du XXe siècle, les acteurs de la colonisation de l’Abitibi étaient essentiellement des Canadiens français. Bien que cette concentration homogène ait été inscrite dans le cadre du projet nationaliste soutenu par le clergé, il semble que peu d’immigrants aient souhaité s’établir sur ce territoire avant l’essor de l’industrie minière des années 1920.

De l’impossibilité de disparaître Mariane Tremblay [Médiums et techniques mixtes]

Voici le portrait de Maurice Bénard, immigrant français, premier marchand établi à Amos en 1911. Cet immigrant venu de France construit son premier magasin sur la rive ouest de la rivière Harricana en 1912 d’un contrat qu’il donne en 1911 aux entrepreneurs McDougall. En 1913, il est nommé maître de poste et il construit, avec son associé Smith, la première gare d’Amos. Les Bénard auraient immigré au Canada dans l’espoir d’échapper à la menace de guerre en Europe.

Centre d’exposition d’Amos

222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

Grâce au soutien financier du

En 1922, son épouse Marie-Aurélie Quentier devient propriétaire de l’hôtel transcontinental jusqu’en 1935. C’est le rendez-vous des voyageurs et des prospecteurs miniers. On dit qu’ils sont des hôtes accueillants. Une corsetière diplômée et un tailleur parisien y offraient leurs services. Maurice Bénard met en place un service de navigation commerciale entre Amos et les camps miniers Siscoe, Sullivan et Thompson. Ce service lui permet d’assurer le transport de personnes – ingénieurs, arpenteurs, prospecteurs – et de livrer la marchandise requise au développement des industries. En 1936, l’ouverture de la route reliant Amos à Val-d’Or entraîne le déclin de la navigation commerciale sur la rivière Harricana. La compagnie de transport maritime de Maurice Bénard ferme donc ses portes.

42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 819 622-1362 leriftinc@tlb.sympatico.ca

LERIFT.CA

ESPACE DÉCOUVERTE SAM DESHAIES VITRINE SUR UN ARTISTE Ville-Marie Héroux LE FRANÇOIS Martin -Douce Rimouski mélancolie Quichotte, plendide laideur Don /Peinture Sculpture l’accessible étoile

LERIFT.CA

VERNISSAGE 5 AVRIL 17H

JOANNE POITRAS St-Eugène-de-Guigues /Rouyn-Noranda Sur le village / Sculpture PERRIÈRE - Laverlochère Pascale Leblanc Lavigne sur terre / Estampe La Vitrine

LERIFT.CA rue Sainte-Anne Mardi au42, vendredi : 10 h à 17 h Ville-Marie (Québec) Samedi et dimanche : 13 hJ9V 30 à2B7 16 h 819Lundi: 622-1362 Fermé leriftinc@tlb.sympatico.ca EXPOSITION DU 5 AVRIL AU 2 JUIN

Les Sept Grands-Pères

leriftinc@tlb.sympatico.ca entrée gratuite

Frank Polson

42, rue Sainte-Anne Du 21 septembre au Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 11 novembre 2018 819 622-1362

VERNISSAGE 25 JANVIER SEPTEMBRE 17 H AU 2421 MARS

Les textes et les photographies de cet article proviennent d’extraits de l’exposition sur Maurice Bénard tenue de juin 2017 à avril 2019 au Centre d’archives d’Amos.

L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 11

ESPACE


MÉDIAS ET SOCIÉTÉ CHRONIQUE

FÉMINISME ET LAÏCITÉ : QUELLE PLACE POUR LES HOMMES DANS LE DÉBAT? LOUIS-PAUL WILLIS

Dans ma dernière chronique, j’ai fait une petite incursion dans le débat sur la laïcité, que j’affirmais considérer beaucoup plus comme un débat sur le voile et ce qu’il représente. Fondant mon propos sur les réflexions d’une féministe bien connue dans le domaine universitaire, je présentais une réflexion sur le regard teinté de colonialisme que nous, occidentaux, dirigeons vers les autres cultures. Ce « regard impérial », formé au prisme de nos propres valeurs, influe grandement sur l’idée qu’on se fait de l’Autre. Il nous permet également d’occulter les inégalités sexuées et genrées présentes au sein de notre propre culture. Après tout, il est beaucoup plus facile de décrier les impostures de l’Autre que d’effectuer une introspection sur les inégalités qui persistent au sein de notre propre culture. Il s’agit certes d’un sujet chaud, qui divise – qui déchire, même – les féministes ellesmêmes. Après tout, comment peut-on se déclarer féministe et défendre un symbole d’oppression des femmes? D’un autre côté, comment peut-on se déclarer féministe et prôner le fait de dicter à un groupe de femmes comment elles doivent s’accoutrer, sans prendre acte du fait que notre société en dicte déjà pas mal sur le chapitre de l’apparence au féminin? (standards de beauté, habillement extrêmement provocateur, corporalité frisant l’anorexie, rasage quasi imposé de plusieurs zones du corps, idéalisation d’une jeunesse impossible, etc.) Et comment peut-on avoir ces discussions sans donner la parole aux principales intéressées? Je répéterai ici ce que j’ai mentionné en ouverture de ma chronique précédente : loin de moi l’idée de prétendre régler cet épineux enjeu social par l’entremise d’une simple chronique. Il s’agit plutôt d’ouvrir une réflexion sur des enjeux qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçus.

Vous voulez contribuer à faire connaître les trésors culturels de l’Abitibi-Témiscamingue?

Devenez rédactrice ou rédacteur pour

Informations : redaction@indicebohemien.org

À la suite de cette chronique, j’ai reçu un message sur mon profil Facebook de la part d’une parfaite inconnue qui, sans revenir sur les faits relatés dans ma chronique, s’en est plutôt pris au fait que je suis un homme qui s’invite dans un débat féministe pour y faire de la mecsplication1. J’ai choisi de revenir ici sur ce message, car il ouvre la porte à plusieurs enjeux qui méritent d’être abordés. Bien entendu, le plus fondamental de ces enjeux revient à la question suivante : peut-on être féministe tout en étant un homme? Depuis bientôt 15 ans, j’enseigne les études féministes dans le cadre de cours sur le cinéma et les médias à l’université. Je me suis habitué à ce questionnement qui m’a été dirigé à d’innombrables reprises, particulièrement en début de carrière. Bien entendu, en tant qu’homme, je n’ai jamais eu à regarder derrière mon épaule en marchant seul dans une ruelle sombre le soir; je ne sens pas la même pression sociale dirigée vers mon apparence; bien que je vieillisse hélas trop vite, je n’ai jamais senti que ce vieillissement est un frein à mon épanouissement professionnel ou personnel en raison de standards de beauté axés sur la jeunesse. Et, surtout, aucun élément de mon habillement personnel ne provoque de débat social malsain sans que je puisse avoir mon mot à dire. Bref : je jouis de ce fameux white male privilege qui fait beaucoup jaser au sud de notre frontière. Dans cette optique, comment puis-je me revendiquer comme féministe? Comment plusieurs hommes dans ma situation peuvent-ils s’identifier comme féministes? Est-ce une imposture? En début de carrière, je répondais souvent à cette question de façon plutôt simpliste : en tant qu’homme, je refuse de me reconnaître dans les images qui façonnent notre paysage médiatique. Autrement formulé, je refuse de faire miens les désirs et les fantasmes prémâchés qui nous parviennent de la culture populaire, particulièrement ceux entourant l’idéal de la féminité. Ce refus est au cœur des études féministes dans mon champ d’études. J’ai toujours perçu le féminisme comme un espace de revendication, certes, mais également comme un espace de dialogue et de discussion. Malheureusement, les débats souvent enflammés qu’il provoque en mènent certains à s’arroger le droit de s’immiscer dans la vie privée des interlocuteurs, notamment en envahissant leur espace Facebook. Trop souvent, des chroniqueuses identifiées comme féministes (Judith Lussier et Rima Elkouri, entre autres) se sont vues harcelées en ligne pour le simple fait d’avoir émis des réflexions qui, tout en étant nourries d’arguments grandement valables, nous amènent à devoir nous interroger non pas sur l’Autre, mais sur nous-mêmes. Alors, peut-on être féministe et se poser contre les dérapages qui ponctuent le débat sur la « laïcité »? Dans la mesure où on assiste à l’isolement et à la persécution d’une minorité féminine, il me semble que le féminisme doit absolument s’interroger – ce qu’il fait, d’ailleurs. Il ne s’agit pas de cautionner un symbole d’oppression, mais bien de défendre le libre arbitre tout en se posant des questions parfois épineuses. Si on veut changer les paradigmes d’inégalité qui persistent, il faut savoir les reconnaître et les dénoncer. Et comme une bonne amie me l’a répété récemment, « la lutte pour l’égalité des femmes ne peut se faire sans les hommes. » Je crois foncièrement en ce présupposé. 1 Attitude condescendante et paternaliste d’un homme qui explique quelque chose à une femme (mansplaining en anglais).

S U I V E Z -NOU S S U R FAC E B OOK! FAC E B OOK.COM/I ND I C E B OH E MI E N

12 L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019


L I T T É R AT U R E

GOOD BOY : UN DEUXIÈME ROMAN TOUT AUSSI INTÉRESSANT LYDIA BLOUIN

Après son premier roman au succès marqué Coco, Antoine Charbonneau-Demers séduit à nouveau le lectorat avec son deuxième livre Good Boy dans lequel un jeune adulte homosexuel, timide et excentrique veut profiter de son jeune âge. Ce faisant, comme le personnage de Coco, il tentera de vivre des expériences nouvelles en plus de plonger dans un univers onirique.

ÇA VA ALLER D’ISABEL VAILLANCOURT MICHAËL PELLETIER-LALONDE

Comment poursuivre le cours de sa vie lorsqu’une partie de celle-ci part à la dérive, absorbée dans le brouillard? Comment meubler les heures qui, autrefois, passaient si rapidement, et qui, aujourd’hui, languissent au point de nous laisser penser que le temps a lui aussi décidé de hisser le drapeau blanc? Dans Ça va aller (Lévesque éditeur, 2018), dernier ouvrage de l’écrivaine rouynorandienne Isabel Vaillancourt, une femme apprivoise le présent alors que son amant sombre chaque jour un peu plus dans son mal, la démence à corps de Lewy. Dans une solitude nouvelle, jalonnée de souvenirs d’une vie passée en coup de vent, le temps semble figé et les habitudes d’hier se heurtent maintenant à toutes sortes d’obstacles. Comme l’écriture, dont on ne sait plus trop pourquoi on s’y adonne depuis qu’on est seul, mais qui, assurément, n’est pas vaine. Car pourquoi écrire? « Pour laisser aller les choses, pour ajouter de la distance entre ce qui fut inéluctable et le présent. Parce qu’on finit par se sentir bien dans ce présent, bien que l’on se sente coupable de la perte de l’autre ». Parce que le printemps finit toujours bien par revenir, lui, pour virer l’hiver. Le livre d’Isabel Vaillancourt, bien qu’il prenne assise sur la pente raide qui conduit vers la mort, est empreint de vie, peuplé de voix, de musique et de lumière : les mots de Colette, de Nietzsche, de Jung, de Kafka, de Kundera, et des autres, sur fond de musique classique diffusée en boucle sur Stingray Musique. Le tout, entrecoupé des visites du vagabond qui vient au gré du vent, et des ballades en solitaire dans la rue Sainte-Bernadette, le refuge dans lequel la présence de l’être aimé se fait encore sentir. Pour les non-habitués du genre – dont je suis – Ça va aller se présente parfois comme un livre quelque peu éparpillé, bourdonnant de références littéraires, musicales, et scientifiques qui peuvent apparaître quelques fois « plaquées » là dans le texte. Néanmoins, on commettrait une erreur d’oublier le choix fait par l’écrivaine de présenter un « carnet d’écrivain » plutôt qu’un roman, ce qui permet de voir dans les nombreuses interruptions et références plus que de simples choix esthétiques, mais les jalons d’un univers ô combien riche et personnel.

28 mars au 5 mai 2019

Dans chacun des récits, les protagonistes se découvrent grâce à leur entourage qui les guide vers des dynamiques malsaines. Dans Coco, le personnage principal cherche à profiter de sa jeunesse par la consommation de drogue sous les conseils de ses deux amies, bien qu’il n’en ait pas réellement envie. Cela ne lui sied pas particulièrement, car sa santé mentale est déjà fragile. Il suit également des cours de théâtre au cours desquels une relation amour/haine se développe entre lui et son enseignante, avec qui il s’imagine avoir une relation de couple.

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CENTRE D’ART 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3

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En réalité, bien que les thèmes abordés dans Good Boy ressemblent à ceux traités dans Coco, ils le sont de manière plus réaliste et plus engagée. L’auteur semble notamment vouloir dénoncer la culture du viol dans son ouvrage, ce qui n’est pas le cas dans le premier roman. Antoine Charbonneau-Demers s’émancipe donc tranquillement de son premier roman sans aller vers un style totalement différent de celui-ci.

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Au long des deux romans, les histoires sont teintées d’éléments qui n’existent que dans la tête des personnages principaux. Dans le premier livre, Coco se laisse envahir par la folie, à un tel point qu’on ignore à la fin s’il tue réellement son enseignante de théâtre ou s’il le fait seulement dans son imagination. Dans le second livre, cette fantaisie est plus nuancée : le protagoniste est conscient que ses idées sont un peu floues et qu’il imagine un univers inexistant, par exemple lorsqu’il voit Rihanna ou qu’un chat le suit partout où il va. Dans son cas, on met rapidement ses pensées surprenantes sur le compte de l’anxiété et on comprend mieux ses états d’âme. On vagabonde dans son esprit de manière inhabituelle, mais pas aussi extrême que dans le premier roman. Malgré tout, des problèmes mentaux plus sévères sont toujours présents avec le personnage de Florentia, la femme de leur propriétaire qui est atteinte d’Alzheimer.

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Le même schéma s’observe dans Good boy : le personnage principal décide de « péter le cube », c’est-à-dire de vivre différentes expériences pour se démarquer des autres, après avoir discuté avec sa colocataire Rosabel et leur amie Anouck. Pour ce faire, il enchaîne notamment les partenaires sexuels et adopte des pratiques qui ne lui plaisent pas. Ainsi, il développe des relations autodestructrices avec ses différents amants, allant jusqu’à subir des viols de la part de son amoureux Jérôme et à attraper une chlamydia. Cette pression de sortir de l’ordinaire est également imposée à Anouck, au point où elle subit deux agressions sexuelles.

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VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME

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MA RÉGION, J’EN MANGE! CHRONIQUE

TRUFFES AU CHEDDAR ET CANARD FUMÉ AUX GRAINES DE CITROUILLE GRILLÉES SÉBASTIEN ST-AMOUR, LE CHEF EN VOUS (ROUYN-NORANDA) INGRÉDIENTS

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magret de canard fumé ciselé en petits cubes de 2 mm X 2 mm gras de canard graines de citrouille grillées et hachées cheddar râpé (La Vache à Maillotte) fromage de chèvre (Fromabitibi) basilic haché (Néoferme d’la Turlute) persil haché

MÉTHODE

Faire rôtir les graines de citrouille dans le gras de canard. Hacher les graines et réserver le gras de canard. Râper le fromage cheddar. Le mélanger au robot culinaire avec le fromage de chèvre et le gras de canard. Ajouter du poivre au goût. Façonner des truffes rondes avec le mélange de fromage, la circonférence d’une pièce de 25 cents. Enrober du mélange de graines de citrouille hachées et servir avec une trempette à l’ail. COURTOISIE

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CONTE

LE TERRITOIRE RACONTÉ PAR PIERRE LABRÈCHE ET MARTA SAENZ DE LA CALZADA MARIANE MÉNARD

L’idée d’un jumelage entre des conteurs allochtones et autochtones est celle de Nicole Garceau, présidente du Festival de contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue. Le conteur Pierre Labrèche et la conteuse Marta Saenz de la Calzada ont ainsi pu profiter d’une résidence d’écriture au cours de laquelle des rencontres avec leurs mentors respectifs, Virginia Pesemapeo Bordeleau et Robert Seven Crows Bourbon, se sont enchaînées. Les contes élaborés dans ce cadre ont été présentés au public de RouynNoranda le 14 mars dernier à L’Agora des Arts. DES HISTOIRES DU TERRITOIRE

L’idée de Sur les rives de la Wabakin est née des échanges entre Marta Saenz de la Calzada et son mentor Robert Seven Crows Bourbon, et de leurs expériences respectives. D’origine espagnole et installée en Abitibi depuis de nombreuses années, Marta Saenz de la Calzada connaît bien la migration. « J’ai pensé m’inspirer de mon parcours. Quand j’ai parlé avec Robert, il m’a parlé d’informations qu’il avait récoltées sur les premiers colons [en Abitibi]. » Dans l’inclément territoire abitibien du début de la colonisation, l’aide des Anicinabek s’est avérée précieuse pour bien des colons. « Les Autochtones avaient pitié des cultivateurs, qui ne savaient pas pêcher, et ils les ont beaucoup aidés, ils les ont nourris. Cette histoire a été oubliée. »

PHOTOS : SAMUEL DE CHAVIGNY

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Pierre Labrèche vit à La Motte, en face du lac du même nom. À La Motte comme dans bien des lieux que nous habitons, la colonisation s’est affirmée non seulement dans l’occupation du territoire, mais aussi dans la manière de le nommer. « Je suis parti de la question, “comment s’appelait le lac avant que nous, les Blancs, on arrive?” Ç’a été comme une quête. La façon dont je me suis fait raconter le lac a modifié ma perception de ce territoire », confie Pierre Labrèche. Okikeska fait vivre cette quête et raconte que derrière un nom se cache une histoire.

LA COLLABORATION, AU-DELÀ DU PROCESSUS

L’échange et le partage sont à la base du jumelage dont les contes Sur les rives de la Wabakin et Okikeska sont le résultat. De la rencontre entre le mentor et le mentoré ont émergé des discussions, des réflexions sur la manière d’occuper le territoire, des connaissances et d’autres rencontres. Celles-ci font aussi partie de l’histoire de ces contes et de l’expérience du conteur et de la conteuse. « J’ai écrit beaucoup, j’ai lu beaucoup, raconte Marta Saenz de la Calzada. Et dans la même démarche, je suis aussi allée à Pikogan, où j’ai rencontré des femmes, j’ai assisté à des ateliers sur la spiritualité. » L’apport du regard croisé sur l’œuvre en création s’est révélé immense pour Pierre Labrèche. « C’est ce qui permet à l’histoire de s’enrichir en subtilité, en réflexion et en humanité. Cela nourrit le questionnement et permet d’avancer en suivant certaines balises. » Et cela s’avère tout aussi important pour l’artiste et pour l’humain. « Arriver avec un produit en processus demande beaucoup d’humilité. Le regard des Autochtones est différent [de celui des allochtones] et cette découverte m’a beaucoup enrichi », ajoute Pierre Labrèche, pour qui le jumelage a été le lieu d’une rencontre non seulement artistique, mais aussi culturelle, au sens large du terme. « On vit avec les Anicinabek sans se connaître, on se côtoie peu et c’est dommage. J’ai rencontré des gens qui ont été des collaborateurs dans l’évolution de l’histoire et avec qui je me dis qu’on a des richesses à partager de part et d’autre. » Sur les rives de la Wabikin et Okikeska seront racontés de nouveau le 18 avril prochain au Vieux-Palais d’Amos. L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 15


ARTS VISUELS

JOANNE POITRAS PRÉSENTE

SUR LE VILLAGE AU RIFT MARIANE MÉNARD

Une nouvelle exposition consacrée à l’œuvre de l’artiste Joanne Poitras prend l’affiche à la galerie du Rift en avril. L’exposition Sur le village regroupe plusieurs créations récentes de l’artiste originaire de Saint-Eugène-de-Guigues. Certaines œuvres ont été réalisées au Témiscamingue et y seront présentées pour la première fois. Mars 2014. L’église de la bourgade de Saint-Eugène-de-Guigues est ravagée par un incendie. Joanne Poitras, qui a grandi en côtoyant cette église, décide de documenter l’incident. En résulte une partie de ce qui sera présenté au Rift dans les prochaines semaines : photographies et vidéos du sinistre, restes d’objets rituels et traces diverses de l’incident ont été recueillis par l’artiste. L’installation sur l’église de Saint-Eugène amorce une réflexion sur le territoire, sur la manière de le concevoir et de l’imaginer dans l’avenir à travers la reconstruction.

galerie, ces amas nous donnent à voir des objets sous un jour nouveau, mettant en valeur l’histoire singulière de chacun d’eux. C’est à une réflexion sur notre rapport au territoire, au monde et à ses multiples facettes que nous convie Joanne Poitras. Ce territoire que nous occupons et sur lequel se pose notre regard chaque jour, l’artiste nous invite à l’observer autrement. L’exposition Sur le village est présentée à la galerie du Rift à Ville-Marie du 5 avril au 2 juin.

PHOTOS : COURTOISIE

L’amoncellement est une forme sculpturale très présente dans le travail de Joanne Poitras, et le public pourra apprécier pendant l’exposition. Toutes sortes d’objets et d’éléments organiques passent sous les mains de l’artiste. Avec ses proches, elle pratique la cueillette; c’est d’ailleurs ce qui fournit à ces œuvres leur matière première. Matières organiques ou conçues par des êtres humains s’accumulent pour être présentées en contextes nouveaux : l’artiste en fait des buttes. Dans un paysage, la butte accroche le regard de la créatrice. Celle-ci y voit des couleurs et des textures. Pour elle, « chaque monticule raconte à sa façon un récit de la vie sur le territoire ». Dans l’espace de la

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ENVIRONNEMENT CHRONIQUE

SOMMES-NOUS À L’ABRI DE L’INGÉRENCE? JACINTHE CHÂTEAUVERT, PRÉSIDENTE DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Le 24 janvier dernier, Louis Robert, agronome au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et sommité dans son domaine, était congédié pour avoir dénoncé l’ingérence des industries privées dans les recherches publiques concernant les pesticides. Déjà, en 2017, M. Robert avait mis au fait son employeur de la situation inquiétante. Déçu de l’inaction de ses supérieurs, il a alors divulgué des documents confidentiels accablants à Radio-Canada.

LE NOUVEAU GUIDE EST ARRIVÉ ! Attraits, activités, événements et nouveautés

D’un point de vue déontologique, les chercheurs ont l’obligation d’être impartiaux et de ne se laisser influencer par aucune source externe (voire interne dans ce cas-ci). Il est essentiel que toutes les recherches menées sur des enjeux de santé publique soient complètement indépendantes. Mais que se passe-t-il quand l’ingérence vient de l’intérieur?

UNSPLASH

M. Robert a dénoncé une situation de crise qui perdure au Centre de recherche sur les grains (CÉROM) au moment où 15 des 35 employés démissionnaient en bloc. Le principal problème : l’ingérence et les tentatives d’intimidation auprès des employés de la part du conseil d’administration (CA), dont le président. Le CA aurait également dissuadé les employés du CÉROM de publier leurs résultats concernant l’utilisation des néonicotinoïdes, associée au déclin des populations d’abeilles. Ce problème d’ingérence découle possiblement de la structure de gouvernance du Centre. On retrouve au CA des représentants de la Coop fédérée, vendeur de pesticides, ainsi que des représentants de producteurs de grains du Québec, principaux utilisateurs de pesticides. Comment se fait-il que des représentants d’entreprises qui vendent eux-mêmes des pesticides siègent au CA d’un centre dont la mission est de mener des recherches ciblant la réduction de l’utilisation de pesticides nocifs pour la santé et l’environnement?

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Dans cette veine, il est également pertinent de s’interroger sur le renouvellement de l’autorisation de l’utilisation du glyphosate au Canada pour les 15 prochaines années – contrairement à de nombreux pays qui ont plutôt décidé de bannir ce produit dans un avenir rapproché. Un autre problème d’ingérence? Santé Canada s’appuie sur des centaines d’études qui avaient, en 2017, justifié l’autorisation du glyphosate. Or, des groupes environnementaux et des spécialistes de la santé affirment que ces études auraient été manipulées par Monsanto, la multinationale qui commercialise des produits à base de glyphosate. En 2017, la publication des « Monsanto Papers », des documents internes, a permis d’apprendre que le géant Monsanto avait délibérément dirigé les articles scientifiques à son avantage. En 2018, Dewayne « Lee » Johnson a gagné sa cause, établissant un lien direct entre son cancer et son contact direct quotidien avec deux produits à base de glyphosate produits par Monsanto, dont le Roundup. D’ailleurs, à ce jour, Monsanto fait face à plus de 8 000 procès en attente, uniquement chez nos voisins américains. Enfin, l’ingérence des compagnies privées dans les résultats de recherche scientifique est troublante. Les lanceurs d’alerte sont les sentinelles nécessaires à la protection des citoyens. Soutenons-les! Mais surtout, restons vigilants!

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I ND I C E B OH E MI E N.OR G

Christine Moore DÉPUTÉE D’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

christine.moore@parl.gc.ca • christinemoore.npd.ca Rouyn-Noranda 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 • 819 762-3733 Ville-Marie 3, rue Industrielle, Bureau 7 • 819 629-2726 Amos 554, 1re Avenue Ouest, Bureau 101 • 819 732-2266 La Sarre 81-A, 5e Avenue Est • 819 339-2266

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SOCIÉTÉ ANNÉE INTERNATIONALE DES LANGUES AUTOCHTONES

ANICINABEMODAN : PARLONS ANICINABE, UN APPEL À L’ACTION

L’ÉCOLOGIE SELON LA RESSOURCERIE BERNARD HAMEL MARIE CARNEIRO

C’est tout un appel à l’action, l’initiative « Anicinabemodan : parlons anicinabe », qu’a préparée l’équipe de Minwashin pour favoriser la revitalisation de la langue anicinabe sur tout le territoire des Anicinabek, en cette année 2019, décrétée année des langues autochtones par l’UNESCO. D’ailleurs, Minwashin a choisi le 21 février, journée internationale des langues maternelles, pour lancer le projet. Anicinabemodan se décline en une dizaine de gestes adressés aux citoyens afin qu’ils apprennent à reconnaître la langue anicinabe et à l’utiliser. Le Conseil tribal de la nation algonquine poursuivra cette initiative au printemps en lançant une application mobile gratuite permettant d’apprendre la langue.

En ce début de printemps, synonyme de renaissance, les objets dont vous souhaitez vous débarrasser peuvent avoir une deuxième vie. Le saviez-vous? Le tri, le recyclage et enfin la réutilisation sont l’affaire de tous : la Ressourcerie Bernard Hamel s’occupe de remettre en état vos vieux meubles, votre vieille vaisselle, votre vieux chandail et même vos vieux livres.

Comme le dit Geneviève Binette, agente de développement culturel pour Minwashin, l’anicinabe est une langue qui demande beaucoup de créativité. À l’origine, elle était parlée par des gens qui vivaient en forêt et on doit aujourd’hui y intégrer des mots adaptés à une autre réalité. De plus, ajoute-t-elle, il existe plusieurs dialectes. Ainsi, les locuteurs du Lac Simon ont un dialecte différent de ceux de Timiskaming First Nation et de Pikogan. Ayant établi un partenariat avec la communauté de Lac Simon pour ce projet, Minwashin a donc choisi de présenter ce dialecte avec l’aide de la conseillère en langue de Lac Simon Virginia Dumont. Pour Richard Kistabish, président de Minwashin, la langue c’est « l’essence de notre identité… elle représente d’où on vient, où on veut aller et le moyen de nous transporter entre les deux ».

Cette initiative nous invite à communiquer un peu en anicinabe avec les Autochtones. Un lexique nous permet d’apprendre des mots et leur prononciation. Ainsi les allochtones sont invités à apprendre des mots et à les utiliser. Pourquoi ne pas se dire kwe (bonjour) ou bien migwetc (merci) lorsqu’on rencontre un Anicinabe? Il s’agit d’un bon moyen d’engager la conversation pour lequel il suffit d’apprendre le vocabulaire de base, des noms d’animaux, de couleurs… Une trousse d’initiation à la langue a été envoyée à toutes les municipalités de la région et est aussi disponible pour être téléchargée sur le site Web de Minwashin. L’organisme souhaite aussi mettre en valeur les initiatives déjà mises en place par les Autochtones dans les communautés en faisant connaître leurs actions sur Facebook. « La meilleure façon d’apprendre la langue est de se rapprocher des gens et de parler avec eux », affirme Mme Binette. La recherche en toponymie constitue une autre piste d’action à envisager, et elle peut engendrer de nombreuses découvertes. À cet effet, Mme Binette raconte qu’elle et sa famille fréquentaient pour la pêche un endroit qu’ils appelaient namawash. Or, en faisant des recherches toponymiques, elle a trouvé que le nom anicinabe original était namé (prononcer némé), qui veut dire esturgeon. De même, Barraute a comme nom Natagan, qui veut dire eau tortueuse. Pour en savoir davantage sur les 10 gestes, on peut consulter le site minwashin.org.

QUELQUES RENDEZ-VOUS À NE PAS MANQUER Le Pow-Wow de Pikogan qui honorera la langue les 8 et 9 juin 2019. L’exposition Dialogue 3 au MA Musée d’Art de Rouyn-Noranda du 30 mai au 31 août 2019. La deuxième rencontre sur les arts et la culture Miaja 2 qui se tiendra cet automne à Kebaowek.

On vous en parle à travers une entrevue réalisée avec Isabelle Leblanc, gérante du magasin les 101 trouvailles. Femme curieuse et sensible à l’environnement, elle s’investit à fond dans ses tâches : « J’ai la ferme conviction qu’en réutilisant les objets, on peut stopper la croissance et la surconsommation. » Fidèle à ses valeurs, elle s’efforce d’être une citoyenne engagée dans sa communauté et de prendre le temps pour ce qui compte vraiment en faisant des choix qui rapportent sur le long terme. L’objectif principal pour le magasin des 101 Trouvailles est de valoriser la réutilisation plutôt que l’achat d’objets neufs.

NATHALIE LAROSE JOLETTE

GENEVIÈVE BINETTE

MICHÈLE PAQUETTE

La Ressourcerie Bernard Hamel est divisée en plusieurs branches offrant différents services : la Porte 5 (dépôt des objets usagés), La Friperie, le magasin des 101 Trouvailles (objets du quotidien) et enfin, la banque alimentaire. À elle seule, la Ressourcerie revalorise les objets jetés, limite le gaspillage alimentaire et, pour que tout cela fonctionne à merveille, elle crée de l’emploi. Au total, près de 50 salariés à temps plein et beaucoup de fidèles bénévoles travaillent pour fournir ces services dans un bel esprit de communauté! Parlons concrètement : en quoi ces gestes sont-ils des actes écologiques? La Ressourcerie applique la politique des 4R, fer de lance du mouvement zéro déchet : réduire, réutiliser, recycler et repenser. Les gens peuvent apporter leurs objets à la Porte 5 située à côté de la Friperie. C’est là que s’effectue un premier tri pour séparer et organiser. Un classement scrupuleux est effectué : séparation du plastique, des métaux, des électroménagers, des meubles, des livres, de la vaisselle, des vêtements, etc. Pour Isabelle, le même rituel se répète chaque matin : elle décharge le camion contenant des palettes de boîtes de tous genres, près d’une trentaine. Le placement est de mise dans le magasin pour la vente ferme, une grosse job d’organisation. Chaque produit est testé, réparé si possible, puis placé sur le plancher de vente. Grâce à la banque alimentaire, 2950 personnes reçoivent des repas. Des épiceries et des restaurants participent activement à ce projet pour limiter le gaspillage : « c’est de la nourriture qui est bonne, mais qui aurait été à la poubelle si nous ne l’avions pas récupérée. » Enfin, les magasins de vente sont présents pour donner une deuxième vie aux objets et « parfois même une troisième. Il y a des gens qui viennent acheter par exemple une centaine de coupes à vin pour un événement spécial, ils vont payer environ 50 $ et après l’événement, ils les rapportent. C’est comme si ses personnes avaient fait un don de 50 $ à l’organisme et en plus, elles contribuent à la réutilisation d’un objet dont elles avaient besoin pour un soir seulement. » La Ressourcerie soulignera le Jour de la Terre du 25 au 27 mars 2019. Une version bonifiée de cet article est disponible en ligne. L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 19


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MUSIQUE TOURNÉE 2019 DE L’OSR

JEAN ST-JULES : UN HOMME ET SA PASSION

MAUDE LABRECQUE-DENIS

MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE

Du 9 au 14 avril prochain, l’Orchestre symphonique régional Abitibi-Témiscamingue (OSR) sera de passage à Amos, Rouyn-Noranda, La Sarre et Val-d’Or pour présenter, sous la direction de Jacques Marchand, sa tournée 2019 intitulée Chroniques du début du 20e siècle. Le public aura la chance d’apprécier, en première mondiale, l’Ouverture romantique, une œuvre inconnue d’André Mathieu dénichée aux archives nationales à Ottawa par le biographe de l’artiste, ainsi qu’une composition originale de Bertrand Lessard, première flûte à l’OSR, humoristiquement intitulée Les pensées de Jacques en « Marchand ».

La première fois que j’ai rencontré Jean St-Jules, c’était entre les murs exigus d’une salle de classe de primaire. Lors de nos premiers pas dans le monde de la musique, Jean nous inculquait les notions de base. Sa passion pour la musique se transmettait même aux élèves les plus turbulents grâce à sa facilité à la partager. Voici le parcours de ce travailleur de l’ombre, récipiendaire du prix hommage au Gala Rayon C de Val-d’Or le 27 février dernier.

LE TALENT RÉGIONAL À L’HONNEUR

BERTRAND LESSARD

DE LA FLÛTE À LA COMPOSITION

M. Lessard est membre de l’OSR depuis sa fondation. Ayant commencé la flûte traversière à l’âge de 10 ans – il a été un des premiers élèves inscrits au Conservatoire de musique de Val-d’Or – il a poursuivi ses études musicales au Conservatoire de Montréal puis à l’Université Laval. Durant ces années, il a enseigné la musique à de nombreux élèves de niveau collégial et universitaire. De retour dans sa région natale, il a cofondé le Centre musical En sol mineur à Rouyn-Noranda. C’est là qu’il a fait la connaissance de Jacques Marchand, un homme pour qui il éprouve encore aujourd’hui une grande admiration.

Originaire des Cantons-de-l’Est, Jean St-Jules a fréquenté plusieurs établissements d’études supérieures : l’école de Musique Vincent d’Indy, l’Université de Montréal (baccalauréat en interprétation) et l’Université de Sherbrooke (brevet en pédagogie). Pour sa maîtrise, il reçoit le premier prix du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec. En 1987, après avoir siégé à titre de membre du jury de présélection du Festival de la chanson de Granby pendant cinq ans, il se dirige vers l’Abitibi pour un contrat d’un an comme professeur de musique dans une école de Malartic. L’année se transforme en années et Jean St-Jules continue d’enseigner à la Commission scolaire de l’Or-et-des-Bois tout au long de la décennie 1990. Il transmet alors sa passion de la musique à plus de 5000 enfants francophones et anglophones du primaire et du secondaire. De ces milliers d’élèves, le professeur garde le souvenir de chacun. Responsable de l’Harmonie à Val-d’Or dès 1997, cette période le voit transiter entre les cours qu’il donne au secondaire et le Conservatoire de musique jusqu’en 2004, année où il devient directeur du Conservatoire. Ce passionné de projets et de développement communautaire y trouvera l’occasion d’initier la communauté à la musique et de découvrir de nouveaux talents.

Même pour un musicien d’expérience comme Bertrand Lessard, la composition pour orchestre est une discipline complexe qui comporte de nombreux défis. « Mes collègues me disent que je suis courageux! », s’exclame-t-il à la blague. Il n’a cependant pas hésité à répondre favorablement à la demande de Jacques Marchand de composer, pour une deuxième fois, une œuvre originale pour la tournée de l’OSR. HOMMAGE AU CHEF FONDATEUR

Très différents les uns des autres, les tableaux représentent les diverses facettes de la personnalité de Jacques Marchand. « J’ai choisi un style musical minimaliste et très accessible, explique le compositeur. Je voulais mettre en valeur les divers instruments qui composent l’orchestre. Par exemple, Le chien menaçant est représenté par un chorus de cuivres soutenu par un roulement de timbales. » L’artiste a également pris soin d’intégrer des références au travail de Jacques Marchand à sa pièce : « J’ai incorporé un thème de l’Album des chats qu’il a écrit dans les années 1980 pour piano. J’ai retranscrit, transposé et arrangé le thème de Mabel… dans un solo pour clarinette, petite douceur soulignant la présence d’Annie Boudreau comme clarinette solo depuis les débuts de l’orchestre jusqu’à ce jour. » En plus de ces pièces originales, le public pourra profiter de la suite Porgy and Bess de Gershwin, ainsi que des œuvres de Karl Neilsen, Leoš Janáček et Jean Sibelius.

GRACIEUSETÉ

MICHEL JALBERT

Après des mois de page blanche, la pièce commandée s’est finalement révélée à Bertrand Lessard sous la forme d’un hommage à Jacques Marchand, chef fondateur de l’OSR. D’une durée d’environ six minutes, l’œuvre se déploie en sept tableaux qui évoquent la promenade du maestro dans les rues de Noranda : Le départ, Le chien menaçant, La belle nature, Autour du lac, L’église, L’école et Le retour.

Le Conservatoire de musique de Val-d’Or dessert toute l’Abitibi-Témiscamingue et est le seul établissement de la région à offrir le diplôme d’études collégiales, le baccalauréat et la maîtrise en musique. Il s’agit d’une richesse inestimable, car cette offre permet de former des experts à même le territoire, sans que ceux-ci aient à migrer vers les grandes villes. Son but : dépister les talents, former des artistes du préscolaire jusqu’à l’université. La nouvelle infrastructure qui abrite l’institution depuis maintenant six ans répond directement à cet objectif d’excellence en comblant ses besoins matériels et techniques : classes insonorisées, studio d’enregistrement, salle de spectacle, système de climatisation sans bruit et régulation de taux d’humidité sont parmi les améliorations effectuées. De nouveaux systèmes technologiques permettent également aux étudiants et aux enseignants de suivre des cours et formations synchrones, réduisant ainsi les déplacements et favorisant l’accessibilité aux études pour les élèves qui résident à l’extérieur de Val-d’Or. Offrir une expertise musicale à même les ressources humaines de notre territoire : voilà un précieux atout de notre région pour lequel nous saluons l’apport de Jean-St-Jules. L’INDICE BOHÉMIEn AVRIL 2019 21


MUSIQUE

FLORILÈGE OU LES 15 ANS D’UN CHŒUR DIVIN! ISABELLE GILBERT

Lors d’une belle journée aux accents printaniers, Louis-Antoine Laroche et son épouse et bras droit Claire Boudreau m’ont accueillie dans leur maison de Rouyn-Noranda pour une petite entrevue. Ils se sont prêtés au jeu de mes questions au sujet de leur grande passion : l’Ensemble vocal Florilège.

aimé toutes les pièces qu’il a dirigées et c’est difficile pour lui de faire un choix. Un des meilleurs souvenirs pour lui est d’avoir interprété des extraits du Requiem de Fauré au Mondial choral de 2010 à Montréal. L’accueil y a été si chaleureux que les membres de Florilège avaient l’impression d’être des rock stars! M. Laroche a également adoré leur prestation du Requiem de Mozart à la cathédrale d’Ottawa en 2014. Quel est le plus grand regret de M. Laroche? À ma grande surprise, il n’a aucun regret concernant Florilège. Il regrette d’avoir abandonné le piano au profit du hockey à 10 ans et de ne pas avoir fait partie d’un groupe de musique, comme son fils Guillaume avec son groupe Vertige!

LOUIS-ANTOINE LAROCHE

Comment en sont-ils arrivés à fonder un chœur classique en Abitibi-Témiscamingue? Après des études en musique, M. Laroche a l’occasion de travailler comme professeur de chant au Centre musical En sol mineur de Rouyn-Noranda avant d’être professeur de guitare à l’école Iberville. Un jour, Claire lui suggère de créer un chœur classique. L’idée d’un chœur classique fait son chemin à la suite de plusieurs rencontres de personnes intéressées comme Carolle Rondeau, Claude Bruneau, Maurice Asselin et Roland Trépanier. L’Ensemble vocal Florilège voit donc le jour en 2004 avec l’aide de Claire Murphy, qui accompagnait les choristes au piano. Cette dernière est par la suite remplacée par Réjean Laplante qui est toujours là aujourd’hui. Quels sont leurs souvenirs les plus marquants en lien avec Florilège? Le plus beau souvenir de Claire Boudreau est le spectacle de 2013 avec des pièces baroques de Bach, Händel, Haydn et Mozart. Les 16 choristes étaient au summum de leur qualité vocale avec un merveilleux son d’ensemble et une belle complicité. Louis-Antoine Laroche a

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Comme les tournées régionales de Florilège lui font visiter plusieurs églises, j’ai demandé au chef laquelle était sa préférée sur le plan de l’acoustique. Sa favorite était l’église Notre-Dame-de-Protection avant qu’elle devienne L’Agora des Arts. D’après lui, avant la pose de rideaux, l’acoustique y était merveilleuse pour le chant classique. Quel a été son plus grand défi avec Florilège? Le concert de cette année présentant le Magnificat de Rutter est sans conteste son plus grand défi à cause de la rythmique qui change constamment. C’est un travail de longue haleine, autant pour le chef que pour les choristes. Après l’avoir écouté des dizaines de fois, la musique de Rutter a fait naître en lui des images de film ou de comédie musicale. Le public pourra apprécier tout le travail accompli avec le Magnificat de Rutter en avril et mai 2019. Florilège donnera assurément un concert digne de ses 15 ans de chants divins pour le plus grand plaisir du public témiscabitibien! Vendredi 26 avril à l’église de Macamic, 19 h 30 Samedi 27 avril à l’église de Notre-Dame-du-Nord, 19 h 30 Vendredi 3 mai à l’église d’Évain, 19 h 30 Samedi 4 mai au Vieux Palais d’Amos, 19 h 30


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CALENDRIER CULTUREL AVRIL 2019 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

CINÉMA Cash Nexus 7 avril Le Rift (Ville-Marie) Edmond – Alexis Michalik 14 avril Théâtre du cuivre (RN) Au bout des doigts – Ludovic Bernard 29 avril Théâtre du cuivre (RN)

EXPOSITION Sur le village – Joanne Poitras 5 avril au 2 juin Le Rift (Ville-Marie) Douce mélancolie – Sam Deshaies 5 avril au 2 juin Le Rift (Ville-Marie) Lueurs et trajectoires II – Élisabeth Picard Du 12 avril au 9 juin Centre d’exposition d’Amos La grange à vacarme – Patrick Lundeen Jusqu’au 14 avril L’Écart (RN) Ce qui touche au sol III – Mélanie Myers Jusqu’au 14 avril L’Écart (RN) : Pantone 306 U Lafortune PerdreBLEU la carte – Violaine Jusqu’au 14 avril L’Écart (RN)

L’art face au corps Jusqu’au 14 avril Centre d’exposition de Val-d’Or Territoires et identités Jusqu’au 28 avril Centre d’exposition de Val-d’Or De l’impossibilité de disparaître Mariane Tremblay Du 12 avril au 2 juin Centre d’exposition d’Amos À hauteur d’enfants 27 avril au 2 juin Centre d’exposition de Val-d’Or Jeannette Mercier Trudel Jusqu’au 3 mai Société d’histoire et du patrimoine (La Sarre) Mettre la tête où l’on pense Michèle Lapointe Jusqu’au 5 mai Centre d’art (La Sarre)

Poésie picturale et historiettes Gilles Plante Jusqu’au 18 juin MRC Vallée-de-l’Or

CONTE Okikeska/Sur les rives de la Wabakin 18 avril Vieux-Palais (Amos)

MUSIQUE La belle Hélène Jeunesses musicales du Canada 2 avril Théâtre du cuivre (RN) 3 avril Ville de La Sarre 4 avril Théâtre des Eskers (Amos) 7 avril Théâtre Télébec (VD) Eclipse – Acoustic Floyd 5 avril Salle Dottori (Témiscaming) Chroniques du 20e siècle Orchestre symphonique régional 9 avril Théâtre des Eskers (Amos) 10 avril Théâtre du cuivre (RN) 13 avril Ville La Sarre GRIS :de Pantone 423 U 14 avril Théâtre Télébec (VD) Daniel Boucher 11 avril Théâtre du cuivre (RN) 12 avril Ville de La Sarre 13 avril Salle Félix-Leclerc (VD) Guylaine Tanguay 12 avril Salle Dottori (Témiscaming) Fuudge+Carambolage 19 avril Salle Félix-Leclerc (VD) Magnificat de John Rutter Ensemble vocal Florilège 26 avril Église de Macamic 27 avril Église Saint-Joseph (Notre-Dame-du-Nord)

Ensemble vocal de Saint-Bruno-de-Guigues 26 et 27 avril Le Rift (Ville-Marie) Koriass 27 avril Brasserie la Brute du coin Show de La Motte 27 avril Centre communautaire de La Motte Canadian Rock Story 27 avril Salle Dottori (Témiscaming) Agrégat – 15 ans de FRIMAT 27 avril Salle Félix-Leclerc (VD) Aida de Verdi 27 avril Théâtre du cuivre (RN)

JEUNE PUBLIC Arthur l’aventurier à la découverte des Rocheuses 1er avril Théâtre des Eskers (Amos) Conte et marionnette 28 avril Petit théâtre du Vieux Noranda (RN)

HUMOUR Magtogoek – Boucar Diouf 4 avril Théâtre Télébec (VD) 5 avril Théâtre des Eskers (Amos) 6 avril Théâtre du cuivre (RN) 9 avril Le Rift (Ville-Marie) 10 avril Ville de La Sarre Soirée d’humour politique de L’Esprit libre 12 avril La P’tite bouteille (Amos) 13 avril Hôtel L’Escale (VD) 14 avril Le Trèfle noir (RN) Spectacle d’humour des Langues sales 26 avril Ville de La Sarre

THÉÂTRE 40 ans, toujours rien à dire! – Les 3 mimes 5 avril Le Rift (Ville-Marie) Le Mystère d’Irma Vep 4 avril Théâtre du cuivre (RN) 5 avril Théâtre Télébec (VD) Au bout du souffle 11 avril Agora des arts (RN) La communauté tibétaine de Mac Leod Ganj 11 avril Petit théâtre du Vieux Noranda Fais-toi une belle vie 16 avril Théâtre du cuivre (RN) 17 avril Théâtre des Eskers (Amos) 18 avril Théâtre Télébec (VD) Je suis William – Le Clou 23 avril Théâtre Télébec (VD) 29 et 30 avril Agora des Arts (RN) Album de finissants – Pirata Théâtre 24 avril Agora des Arts (RN)

LITTÉRATURE Heure du conte 16 et 27 avril Bibliothèque municipale d’Amos Atelier d’écriture 23 avril Bibliothèque municipale d’Amos Francine Maltais se livre à nous! 28 avril Bibliothèque municipale d’Amos

DIVERS Il était une fois, chapitres 1 et 2 28 avril Théâtre Télébec (VD)

Les Chiens de ruelles 26 avril Brasserie la Brute du coin

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.

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