JUIN 2019 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 10 - NO.09

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JUIN 2019 V O L 1 0 - N O 9

S P É C I A L P R E M I È R E S N AT I O N S

4 TERRITOIRES :

EXPOSITION ÉVOLUTIVE AU RIFT

5 UN NOUVEAU LIEU

DE RASSEMBLEMENT À VAL-D’OR

6 L’EXPÉRIENCE

COR À CONTES

12 AYEMIYEDAN NISIN :

LES LANGUES AUTOCHTONES VUES PAR CINQ ARTISTES

19 SYLVIE TREMBLAY HONORÉE


ÉDITORIAL

KIDINOZOWIN OSHIBÎ’IN (ÉCRIS TON NOM [SUR LA CARTE]) ARIANE OUELLET, ÉDITORIALISTE

Depuis des millénaires, l’AbitibiTémiscamingue est un territoire anicinabe. Disons 8000 ans pour faire un chiffre rond. Bien qu’on trouve sur le territoire des noms comme Harricana ou Opasatica, les noms de nos villes et villages sont plutôt issus de la colonisation. Si Abitibi signifie « partage des eaux » et Témiscamingue, « eaux profondes », peu de cantons et paroisses rendent justice à la présence des Anicinabek, qui remonte bien avant que Montcalm affronte les Anglais sur les plaines d’Abraham. Comme 2019 a été décrétée Année internationale des langues autochtones par l’ONU, il serait intéressant de visiter notre rapport au territoire à travers la toponymie. En avril dernier, j’ai assisté au spectacle Okikeska de Pierre Labrèche qui résulte d’un projet de création du Festival des contes et légendes de l’AbitibiTémiscamingue. L’histoire relate la recherche du conteur pour trouver le nom original du lac La Motte où il habite, tel qu’il était nommé par les Anicinabek avant d’être rebaptisé. Au long de sa quête auprès des aînés de Pikogan, il découvre de multiples noms qui ont changé au gré de la signification de ceux qui y ont vécu : Kekeko, Okikikisak, Okikeska. Le lieu a été tour à tour désigné de façon toute naturelle, selon qu’on y trouvait un oiseau en particulier, l’élargissement du cours d’eau ou cette grande rivière qui est le chemin vers le Nord. En plus d’être empreintes de poésie, ces désignations pratiques reflètent le lien avec le territoire, qui est celui de l’utilisateur de passage respectueux, pas celui du conquérant qui s’en approprie le sol. Même si je ne suis ni sociologue ni historienne, le nom du lieu est à mon avis très révélateur du mode de pensée et de la culture. La toponymie de l’Abitibi et du Témiscamingue reflète souvent l’esprit des conquérants qui ont baptisé leurs villages de noms puisés loin dans

CONSEIL D’ADMINISTRATION

leur propre histoire. La Reine, Béarn, Bourlamaque, Cadillac, Poularies, Figuery, Villemontel, Cléricy tirent leur nom parmi de hauts gradés de l’armée française. Juste à côté, s’égrènent comme un chapelet des villages aux noms de saints. Par exemple, à Amos, la paroisse Sainte-Thérèse d’Avila, aussi désincarnée que possible des lieux où elle s’érige, fait référence à une religieuse née en Espagne en 1515. Dans mon quartier de Rouyn-Noranda, Sacré-Cœur, le nom des rues puise aussi à ce qu’il y a de plus colonialiste comme vision : Thompson, Chadbourne, des administrateurs de la Noranda Mines; Churchill, premier ministre d’Angleterre; Élisabeth et George, de la monarchie britannique. À défaut de susciter un sentiment d’appartenance au territoire, ces références historiques nous rappellent au mieux de quel côté a été le pouvoir en Abitibi jusque dans les années 1970 : pas chez les francophones, encore moins chez les autochtones. Il y aurait au Canada environ 70 langues autochtones encore utilisées, dont les deux tiers sont menacées de disparaître. Or, la présence vivante des langues, même si elle complique les procédures administratives, fait partie de la richesse culturelle d’un pays parce qu’elle contribue à enrichir ses différentes perspectives sociales. Selon un comité mandaté par Patrimoine canadien, seules trois langues autochtones survivront au Canada si aucune mesure concrète n’est mise de l’avant pour les protéger et les promouvoir. Selon l’UNESCO, « les langues jouent un rôle crucial dans la vie quotidienne de tous les peuples, étant donné leurs implications complexes en termes d’identité, de diversité culturelle, d’intégration sociale, de communication, d’éducation et de développement. À travers les langues, les gens participent non seulement à leur histoire, leurs traditions, leur mémoire, leurs modes de pensée, leurs significations et leurs

expressions uniques, mais plus important encore, ils construisent leur avenir1. »

MINWASHIN

Afin de proposer un début de remède à la situation, l’organisme Minwashin, présidé par Richard Kistabish et coprésidé par Roger Wylde, propose sur son site Internet une série de mesures concrètes permettant de participer à la revitalisation de la langue anicinabe. Parmi celles-ci, télécharger des applications mobiles comme le Algonquin Picture Dictionary ou le Kokom’s translator; suivre des formations sur la langue, l’histoire et les réalités autochtones à l’UQAT; encourager nos municipalités ou nos organisations à ajouter des panneaux d’interprétation et de signalétique en langue anicinabe. Je pousserais la proposition jusqu’à remplacer « rues des Cèdres » par « rue Chicobi », à détrôner la rue Élisabeth par le nom d’un grand chef ayant vécu sur le territoire, d’un ou d’une artiste, bref, des porteuses et porteurs d’identité choisis par les peuples autochtones concernés. Nommer le territoire n’a rien d’innocent. La question n’est pas de revenir en arrière et de renier l’histoire plus récente qui a mené à construire l’AbitibiTémiscamingue que nous connaissons aujourd’hui. L’humanité se déplace, elle se transforme, elle s’adapte, elle évolue. Mais il faut savoir reconnaître la menace qui pèse sur les langues minoritaires parce qu’elles sont vulnérables. Chaque langue qui s’éteint est un train en route vers l’uniformisation de la pensée. Les Québécois et les Franco-Ontariens sont bien placés pour comprendre cette réalité, dans le contexte de l’Amérique du Nord où l’anglais domine largement, mais ils ont la chance d’être dans le grand réseau de la francophonie. La langue abénaquise, pour ne nommer que celle-là, n’a pas ce garde-fou culturel.

Le portrait de Roger Wylde a été réalisé par Williams Nourry au printemps 2019 sur le site traditionnel à Pikogan, aux abords de la rivière Nanikana, aussi connue sous le nom de rivière Harricana. Photo : Williams Nourry

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez direction@indicebohemien.org 819 763-2677

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS Mariane Ménard redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 Ariane Ouellet, éditorialiste

COORDINATION RÉGIONALE Catherine Bélanger (MRC d’Abitibi) Mathieu Larochelle (MRC d’Abitibi) Danaë Ouellet (MRC d’Abitibi) Marianne Trudel (MRC d’Abitibi) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Nancy Ross (Rouyn-Noranda) Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Geneviève Binette (Dossier Premières Nations)

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES Lydia Blouin, Sébastien Brodeur-Girard, Nancy Brunelle, Nancy Crépeau, Gabriel David Hurtubise Michel Desfossés, Stéphanie Fortin, Alexis Lapierre, Mathilde Mantha, Zachary Marcoux, Philippe Marquis, Lindsay McLaren Polson, Mariane Ménard, Lise Millette, Ariane Ouellet, Michèle Paquette, Christiane Pichette, Dominic Ruel et Marie-Ève Thibeault-Gourde.

CONCEPTION GRAPHIQUE Feu follet graphisme@indicebohemien.org Typographie : Harfang, André Simard, DGA

CORRECTION Geneviève Blais

fr.unesco.org/IY2019

Imprimeries Transcontinental

CHRONIQUES

NOUS JOINDRE

ARTS VISUELS : 4, 12

DE PANACHE ET DE LAINE : 22

LIEU CULTUREL : 5

ENVIRONNEMENT : 13

CONTE : 6

HISTOIRE : 21

150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org

MUSIQUE : 7

L’ANACHRONIQUE : 4

PREMIÈRES NATIONS : 8 À 13

MA RÉGION, J’EN MANGE : 14

SOCIÉTÉ : 15

PREMIÈRES NATIONS : 10

LITTÉRATURE : 18

RÉGION INTELLIGENTE : 17

TRAVAILLEUSES DE L’OMBRE : 19

TÊTE CHERCHEUSE : 5

SOMMAIRE

POÉSIE : 21

2 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019

Marie-France Beaudry, présidente | R-N Manon Faber, vice-présidente | R-N Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | R-N Carolann St-Jean, secrétaire | R-N Anne-Laure Bourdaleix-Manin | Vallée-de-l’Or Carole Marcoux | Témiscamingue

IMPRESSION 1

EN COUVERTURE

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006.

ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

ROGER WYLDE : QUAND L’ART S’ENRICHIT DE LA CULTURE ARIANE OUELLET

On ne place pas Roger Wylde facilement dans une petite case quand il s’agit de déterminer son champ d’expertise. Artiste visuel, comédien, artisan traditionnel, les voies qu’il utilise pour exprimer la créativité qui l’habite sont nombreuses. Il est né et a grandi à Pikogan. Il est Abitibiwinni. C’est sur les bancs de l’école primaire qu’il découvre l’art plastique. « On faisait de l’art tous les vendredis après-midi. C’était mon cours préféré, ça m’a ouvert des horizons », raconte Roger Wylde. Comme il est à l’école une majeure partie de l’année, c’est surtout l’été qu’il peut suivre son père dans la nature.

À partir de sa jeune vie d’adulte, l’aventure se transforme. Membre d’une troupe folklorique à Pikogan, il voyage et découvre des aspects de sa culture jusque-là méconnus. Il n’y a pas de pow-wow à ce moment-là, mais à certains endroits, il y a des rencontres. C’est l’occasion pour Roger de fabriquer des costumes et accessoires pour la troupe et de mettre sa créativité à profit.

WILLIAMS NOURRY

Sa mère fait de l’artisanat avec certaines de ses sœurs, ce qui l’amène à faire aussi du perlage et à développer les métiers d’art, qu’il pratique encore aujourd’hui en tannant le cuir d’animaux sauvages. Il fabrique aussi des tambours et des objets traditionnels selon les techniques apprises de ses parents. Après son secondaire, son père l’initie au monde de savoirs traditionnels de la forêt, un apprentissage des plus précieux pour le jeune artiste. Roger continue d’y faire du dessin et de la peinture. Il apprend comment chasser, pêcher et apprêter tout animal. Il sait reconnaître les plantes et les arbres.

Beaucoup plus tard, des rassemblements à caractère spirituel lui permettent d’explorer ses origines plus en profondeur en assistant à des rituels et des cérémonies. « Ça a causé un éveil en moi, ravivé quelque chose qui n’existait plus. C’était très stimulant. » Au Québec, peut-être à cause de l’influence catholique qui dévalorise les croyances traditionnelles, les rituels sont plutôt rares, voire tabous. C’est donc surtout en Ontario que les rassemblements ont lieu. La participation demande une préparation intérieure, car les enseignements qui y sont transmis exigent le respect et l’engagement. C’est un besoin d’aventure qui l’amène vers Montréal. Il y fonde une famille et fait des rencontres artistiques significatives. Il fait partie de la production du film Robe noire, sorti en 1991. Certains évènements politiques qui surviennent ont un impact important chez beaucoup d’autochtones du Québec. « Je suis parti en 1990, l’année de la crise d’Oka. Cette crise-là a un grand impact sur la population. Des brisures, mais aussi des rapprochements. Des gens ont voulu essayer de comprendre les chocs culturels et

!

OCCASION SPÉCIALE

S N E I V E D ! E R B M E M

l’histoire qu’il y avait derrière », raconte Roger Wylde, qui a par la suite ses premières expériences théâtrales avec le Théâtre Parminou. De 1994 à 1996, il a l’occasion de participer à quatre productions avec la compagnie et de faire des tournées. « J’étais comédien et j’aidais un peu à donner la couleur dans l’écriture et la conception, pour authentifier un récit ou un personnage. » Il collabore aussi à quelques reprises avec le Théâtre du Nouvel-Ontario. Depuis, les implications artistiques de Roger Wylde se multiplient. Le développement récent de multiples projets culturels en Abitibi-Témiscamingue crée un terreau fertile pour son retour dans la région. L’année 2019 sera fort occupée : entre des projets de théâtre avec la compagnie Ondinnok, il participera à une exposition collective au MA de Rouyn-Noranda, avant de coanimer le pow-wow de Pikogan aux côtés de son collègue Charles Bender les 8 et 9 juin. Alors que ce dernier animera le pow-wow en français et en anglais, Roger l’animera en langue anicinabe. Il participera aussi à une résidence de création au Centre d’exposition de Val-d’Or. On pourra ensuite le voir incarnant Gabriel Commanda dans la pièce déambulatoire Val-d’Or vous raconte son histoire. Parallèlement, il a reçu une aide financière du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) pour un projet de transfert de connaissances autour du tambour traditionnel auquel collaborent ses fils Kiweden et Javier, qui recevront ses enseignements. MINWASHIN

Roger Wylde est vice-président de Minwashin, un organisme créé en 2017 dans le but d’offrir une structure professionnelle aux artistes anicinabek du territoire. « C’est un point de jonction entre les arts et la culture. Le principal mandat est de soutenir les artistes dans la création et la diffusion. Le remplissage de paperasse est une embûche à leur développement. Ce qu’ils veulent c’est créer, jouer de la musique, sculpter. » L’organisme se veut inclusif, laissant la place à des projets de cocréation, à l’accueil d’artistes des communautés atikamekw, cries ou non-autochtones. À la suite du succès connu par l’évènement Miaja (Ça y est! en langue anicinabe) en septembre 2018, une deuxième édition aura lieu au Témiscamingue en septembre, qui sera sous la thématique de la langue et de l’oralité. Ce qui motive Roger Wylde par-dessus tout, c’est de créer des espaces où l’on peut travailler équitablement, sur une même base, où personne ne domine. « La place de chacun doit être considérée. Il faut construire des modèles de travail qui vont permettre des rapprochements ». De toute évidence, les nombreux engagements qui l’occupent sont cohérents avec ses aspirations artistiques et sociales.

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L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 3


ARTS VISUELS

L’ANACHRONIQUE CHRONIQUE

LE RIFT PROPOSE D’OSER LES TERRITOIRES

LES AFFAIRES PLATES PHILIPPE MARQUIS

LISE MILLETTE

Projet audacieux et évolutif à la galerie Le Rift de Ville-Marie pour la saison estivale. Six artistes de l’Atelier Cent Pressions proposent un collectif d’œuvres réunies sous le thème Organismes Artistiquement Modifiés qui cohabiteront dans un espace partagé avec trois artistes en résidence d’été qui viendront se relayer dans un laboratoire de création.

Nos paroles caressent ce rare moment de communion, éclairé par une lune en devenir. Tout coule sans peine jusqu’à ce qu’une des personnes présentes affirme, avec force conviction, que la Terre est plate. Les autres participants se taisent alors pendant quelques très longues secondes tandis que le feu couvre le silence. Saisissant l’inconfort provoqué par sa déclaration, l’individu, à la source de celle-ci, explique que cette découverte a été faite grâce à un questionnaire internet. Il ajoute, pour convaincre son auditoire interloqué, qu’on ne cesse de nous mentir sur tout. Par précaution, le groupe tâche de s’éloigner du sujet afin d’éviter, collectivement, de tomber dans le vide une fois à bout d’arguments.

Cette exposition évolutive s’amorcera le 7 juin et restera en place jusqu’au 15 septembre. Puisque des œuvres s’ajouteront au cours de l’été, une deuxième, voire une troisième, visite pourrait s’imposer.

À la base de cette profession de foi sur la platitude de notre planète, les réseaux sociaux et internet siègent au banc des accusés. Comme n’importe quel outil, ils peuvent bien ou mal servir. Un marteau peut aider à planter un clou autant qu’être utilisé comme arme. Ainsi, c’est là où je veux en venir, l’information, quelle que soit sa forme, a besoin d’être comparée, vérifiée et interrogée. Car ce qui ressemble à une nouvelle fiable est parfois organisé pour atteindre un autre but que le bien commun. Je pense ici à une entreprise ou un gouvernement qui, désirant contrôler le message, engage des experts en communication et en stratégie de vente afin de faire « passer » un projet. Ça pourrait être un gazoduc, une mine près d’un esker, par exemple. Ici, j’invente, car l’actualité ne me fournit pas d’histoires du genre, mais j’imagine que vous comprenez de quoi je cause. Personnellement, j’appelle ça des affaires plates! Dans la même veine, il peut y avoir des rencontres de gens haut placés pour bâtir une stratégie capable de bien « transmettre » une réalité inacceptable au public. Comment, et là, j’invente encore, expliquer qu’on expose une population à des rejets toxiques dépassant les normes pendant plus de quinze ans? Comment rendre crédibles les raisons qui font que le problème n’a pas été réglé après quinze ans? Certains diront qu’il est normal d’investir pour faire avancer un point de vue, surtout si on a l’argent pour le faire. D’accord! Alors, je nous invite à écouter et à comprendre les personnes qui, sans avoir les moyens financiers ni les entrées politiques d’une grosse compagnie, proposent un autre point de vue. Des citoyens, femmes et hommes, qui ne prétendent pas avoir la vérité, mais veulent faire entendre leurs voix et trouver des réponses à leurs questions. Juste leur prêter l’oreille aiderait, je pense, à faire tourner notre monde plus rondement.

INDIC EB O H EM I EN . O R G

COURTOISIE

Début mai, nous sommes agglutinés autour de notre premier feu de camp. C’est froid, oui un peu, mais les oiseaux et les grenouilles ont quand même amorcé leur symphonie estivale. Être ensemble, autour d’un feu, juste être ensemble avec cette musique qui fond sur l’hiver. Les flammes avivent les échanges qui crépitent comme le bois sec.

UNE EXPOSITION QUI BOUGE

Cette démarche in situ est aussi une porte ouverte sur l’imaginaire et la réflexion de l’artiste. En accueillant ces artistes en résidence, Émilie B.-Côté estime que Le Rift offre aux visiteurs de venir à la rencontre du processus créatif. Pendant une semaine, un artiste en résidence réalisera différentes expérimentations dans la salle d’exposition. La création se fera devant public et au bout de son cycle, l’artiste laissera ses œuvres, achevées ou non, en plan jusqu’à l’arrivée d’un autre artiste en résidence qui pourra s’en inspirer, les poursuivre ou démarrer de nouveaux projets. « Souvent, dans les salles d’exposition, on voit le projet fini et on explique le processus créatif. Cette fois, nous verrons l’artiste en réflexion », ajoute Émilie B.-Côté. Il s’agit de la première résidence d’artistes pour Le Rift où les périodes estivales alternaient entre la Biennale d’art miniature (les années paires) et la Foire artistique (les années impaires). En formule d’exposition traditionnelle, l’Atelier Cent Pressions, dont les œuvres produites occuperont la moitié de l’espace de la galerie du Rift, s’est intéressé aux estampes sur argile. Francine Brouillard, Ginette Jubinville, Carol Kruger, Huguette Rocheleau, Josée Lefebvre et Francine Plante ont expérimenté cette technique avec un regard particulier sur l’agriculture et la terre de manière élargie. Le thème Organismes Artistiquement Modifiés est une forme de clin d’œil ou de regard sévère à l’égard des OGM.

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15, rue Gamble Ouest, Rouyn-Noranda

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BIENVENUE À TOUT LE MONDE!

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Merci de confirmer votre présence à direction@indicebohemien.org ou au 819 763-2677 4 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019

La première artiste en résidence sera Émilie B.-Côté, également directrice du Rift. « C’est comme un laboratoire où le visiteur est invité à entrer dans la bulle de l’artiste. C’est entrer dans l’univers de la création et constater ce qui en découle », explique-t-elle d’entrée de jeu. Dans cette ambiance de création sans filet et devant le regard du public, elle sera en poste du 27 juin au 4 juillet, suivra Joanne Poitras du 4 au 13 juillet et Dominic Lafontaine complètera le parcours du 5 au 9 août.


TÊTE CHERCHEUSE

LIEU CULTUREL

CHRONIQUE

NOTRE-DAME. ET APRÈS?

LA CABANE

VISITE AU CŒUR D’UN LIEU DE DIFFUSION

DOMINIC RUEL

MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE

Sur la 3e Avenue, à l’une des extrémités du centre-ville de Val-d’Or, vient de prendre naissance un beau projet lancé par l’équipe de PapaChat & Filles. Ça bourgeonne dans le local qui a longtemps abrité des bars de toutes sortes. Empreinte de cet étrange esprit du passé qu’elle ne cherche pas à désavouer, La Cabane est le nouveau lieu de rendez-vous alternatif des arts de la scène et des évènements de tous genres. Elle attire déjà beaucoup l’intérêt, bien que son ouverture officielle n’ait pas encore été annoncée. Mélissa Drainville, l’une des instigatrices du projet, nous a fait visiter des lieux. Ici, pas de code vestimentaire. L’endroit se veut un lieu de réunion où tout le monde trouve sa place. C’est le lieu idéal pour un spectacle d’humour, une soirée quiz, une soirée musicale, un défilé de drag queens, un mariage funky, le show de guitare de fiston ou le 80e anniversaire de grand-papa Alphonse : laissez place à votre imagination! C’est « une maison de jeunes pour les adultes », comme aime bien la définir Mélissa. « La cabane » n’est pas un nom choisi au hasard : c’est le surnom d’un bar qui a habité l’espace il y a quelque temps : La Cabane du mineur. Mais ce nom peut également faire référence à la cabane à sucre, la cabane dans le bois, le chalet ou le sous-sol des parents où on se réunissait dans le temps pour jaser ou philosopher. D’ailleurs, le balado Quand pensez-vous? y enregistre maintenant ses émissions.

MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE

L’endroit est marqué de nostalgie, d’originalité et d’une bonne dose de kitsch. Il y a plein de détails qui rappellent ses anciennes vies : un crocodile pour le Dundee, une ancre pour le Rafiot, une vieille pub de bière pour La Cabane du mineur, du vieux bois réutilisé, etc. L’idée était de privilégier le plus possible la récupération. Les toilettes sont quant à elles d’une créativité intense et leur visite vaut le détour. L’artiste Cindy Michaud y a apposé sa griffe. Sans gâcher la surprise, on peut dire qu’elles sont uniques en leur genre!

J’ai eu la chance de visiter Notre-Dame. Celle de saint Louis qui y range la couronne d’épines, celle de la Reine Margot et du sacre de Napoléon, celle de Victor Hugo et des funérailles de Charles de Gaulle. Notre-Dame, le cœur battant de la France, cette Notre-Dame qui oblige à l’humilité, face à son histoire et la puissance de son architecture, face aux exploits humains et à la foi chrétienne qu’il a fallu pour l’ériger. Comme tant d’autres, j’ai été ému par ces images de la cathédrale en flammes, de cette flèche qui s’effondre, aux vagues impressions de 11 Septembre. On a pu être surpris par l’émotion provoquée par l’incendie. Aurait-on réalisé que certaines choses, encore, pouvaient nous dépasser? Que de la pierre pouvait être plus que de la pierre! On a effleuré à nouveau l’absolu. La cathédrale était là depuis huit siècles, on s’imaginait mourir avant de la voir s’effondrer. Macron a promis la reconstruction. Un chef d’État doit raviver les espérances. Tant mieux si Notre-Dame est refaite avec de nouveaux matériaux, plus solides. Mais le président a aussi désiré la reconstruire encore plus belle. Là, il faut déjà s’inquiéter… Les idées pleuvent : une flèche en verre stylisée, un toit vert, promenade pour les touristes, une piscine méditative (mais qu’est-ce?). Mon Dieu! Qu’on se garde des extravagances! Allez voir, toujours à Paris (ou sur Google), ce Centre Georges-Pompidou, bric-à-brac de tubes bleus et rouges et de poutres d’acier, en plein cœur du Marais. C’est troublant! Stéphane Bern, animateur et chargé d’une mission de conservation du patrimoine par Macron a lancé ce sage conseil : « Il faut se garder des “starchitectes” qui veulent laisser leur nom sur ce bâtiment. Un peu d’humilité est requise devant 850 ans d’histoire ». Moderniser et rendre au goût du jour une telle église comme un vulgaire centre commercial serait une un crime moral et historique! Maryvonne de St-Pulgent, ancienne directrice du patrimoine en France, le dénonce aussi : « Le patrimoine gêne, il est perçu comme contraire au progrès et à la modernité. » Pas surprenant que plus de 1000 experts de l’histoire et de l’architecture appellent Macron à éviter la précipitation. En gros, ce qu’ils disent : on se fout des Olympiques de 2024, les touristes auront bien d’autres choses à voir, mais surtout « ne pas effacer la complexité de la pensée et ne pas s’affranchir des règles de protection du patrimoine ». AUGUSTE HERBIN

INCLUSIF ET ÉCLECTIQUE

C’est l’idée de patrimoine qu’il faut reconsidérer, peu importe sa valeur : historique, culturelle, artistique, émotionnelle. Le patrimoine joue le rôle de trait d’union, de passeur entre les générations, de relais. En cette époque d’instantanéité, où tout change trop rapidement, en ces temps de myopie et du tout-jetable, la vieille église, l’ancien couvent, les murs de pierre, la maison bicentenaire, la recette familiale ancestrale, l’air de violon, nous invitent à ralentir, à se poser, à réfléchir plus longtemps. Et on y revient encore : à rester humble.

42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 819 622-1362 leriftinc@tlb.sympatico.ca

JOANNE POITRAS DOMINIC LAFONTAINE 4 juillet et 5 au 9 août 2019 13 juillet 2019

ESPAC

l’accessible étoile

ÉMILIE B. CÔTÉ 27 juin au 4 juillet 2019

VITRINE SUR UN ARTISTE

ARTISTES EN RÉSIDENCE

Héroux LE FRANÇOIS Martin - Rimouski Quichotte, lendide laideur Don / Sculpture

VERNISSAGE LERIFT.CA 7 JUIN - 17 H

ATELIER CENT PRESSIONS Oraganismes ERRIÈRE - Laverlochère Artistiquement Modifiés Pascale Leblanc Lavigne ur terre / Estampe Exposition du 7 juin La Vitrine au 15 septembree

LERIFT.CA

HORAIRE SAISON ESTIVALE 42,- rue Sainte-Anne Lundi et Mardi: J9V 10 h à 17 h Ville-Marie (Québec) 2B7 Mercredi, Jeudi, Vendredi 10 h à 20 h 819 622-1362 Samedi et Dimanche: 10 h à 17 h leriftinc@tlb.sympatico.ca

Les Sept Grands-Pères

leriftinc@tlb.sympatico.ca entrée gratuite

Frank Polson

42, rue Sainte-Anne Du 21 septembre au Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 11 novembre 2018 819 622-1362

VERNISSAGE 25 JANVIER SEPTEMBRE 17 H AU 2421 MARS

C’est l’équipe passionnée de PapaChat & Filles, composée de Geneviève Béland, Mélissa Drainville, François Lachapelle, Philippe Lord et Ariane Saucier, qui a personnellement investi des fonds dans ce projet. Sa campagne de sociofinancement a remporté un franc succès et plus d’une quarantaine de bénévoles ont contribué à l’aménagement de l’espace. Ce sont également des bénévoles qui travaillent à La Cabane lors d’évènements. Cette salle de location est née dans l’esprit du partage, des découvertes et des expérimentations. C’est un endroit qui veut vibrer avec sa communauté et permettre de se rencontrer. N’hésitez pas à aller découvrir La Cabane!

L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 5


CONTE

COR À CONTES

FESTIVAL DE CONTES ET LÉGENDES

SOIRÉE DE CONTES ET MUSIQUE

DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

À SAVEUR TÉMISCABITIBIENNE STÉPHANIE FORTIN

Julie Renault et Frédérik Fournier sont les instigateurs de Cor à contes. Les deux artistes originaires de l’Abitibi-Témiscamingue habitent entre Montréal et leur région natale. Lorsque le spleen du retour en ville frappe, le moment devient propice à la réflexion et aux grands questionnements. C’est à partir de là que le projet a pris forme. « On s’interrogeait beaucoup sur nos choix de vie, sur notre appartenance à la région. Pourquoi on a autant de difficulté à la quitter? Est-ce que c’est l’endroit d’où on vient qui façonne qui on est? Est-ce que devenir Montréalais, c’est trahir nos origines? On avait envie d’écrire là-dessus. Rendre hommage à tout ce qu’on aime et qui nous manque de l’Abitibi et du Témiscamingue. Ce qui nous touche, nous inquiète, les gens qui nous ont marqués », se rappelle Julie Renault, coconceptrice du spectacle, autrice et interprète.

À LA RENCONTRE DES TERRITOIRES ET DES MOTS LA RÉDACTION

Pour sa 16e édition, le Festival de contes et légendes de l’Abitibi-Témiscamingue (FCLAT) propose un voyage conté d’est en ouest. C’est autour du thème De la mer à la terre, de l’Acadie à l’Abitibi que s’articule sa programmation qui accueille, en plus de nombreux conteurs et conteuses de l’Abitibi-Témiscamingue, des artistes arrivant tout droit d’Acadie, des Îles-de-la-Madeleine et d’ailleurs. Du 4 au 9 juin prochains, le public pourra entre autres se laisser bercer par les mots de Jeanne Ferron, d’Antonine Maillet et de Joséphine Bacon.

LOUIS JALBERT

Mère terrible, j’avais « obligé » mes apprentis ados à m’accompagner. Après trois minutes, ils étaient sous le charme, eux aussi. On était tous conquis, embarqués dans l’univers des mots, des images et des personnages de Frédérik Fournier, Julie Renault et Élisabeth Tremblay. Cinq contes théâtraux entrecoupés de chansons. Des récits où on se fait transporter à travers des visions apocalyptiques de ce qui pourrait advenir de l’Abitibi-Témiscamingue, comme dans ce conte où les gens vivent dans une ville souterraine. Ou est-ce plutôt des rappels de protéger nos richesses naturelles, comme dans cette histoire de bonnes sœurs qui cherchent par bien des moyens à défendre les eaux de l’esker? Très ancré dans la réalité de l’Abitibi-Témiscamingue, l’univers est captivant et provoque en même temps un malaise intérieur. Le questionnement est maintenant transmis au spectateur. Et l’avenir? Et ce territoire, qu’est-ce qu’on en fait? « Pendant la création, on s’est beaucoup renseigné sur l’actualité régionale. Face à tout ce qui se passe par rapport à la crise climatique, les problèmes environnementaux, la pollution, on s’est mis à s’inquiéter par rapport à la façon dont on exploite les régions sans se soucier parfois des gens qui habitent le territoire », précise l’artiste. Fort de son succès de l’été dernier, le spectacle reprend la route en juin et en juillet. Il revient en Abitibi-Témiscamingue et sera aussi offert au public montréalais. « Le plus touchant, quand on fait Cor à contes, c’est quand les gens, au lieu de dire “bravo”, nous disent un sincère “merci” plein d’émotion. On sent que ce show est nécessaire, qu’il touche le monde », conclut Julie Renault. Du 20 au 24 juin prochains, la troupe passera par La Sarre, Rouyn-Noranda, St-Eugène-de-Guigues, Nédelec et Témiscaming.

OEUVRE DE NORBERT LEMIRE

J’ai eu le privilège d’assister à une représentation de Cor à contes en septembre dernier, lors des Journées de la culture. Le spectacle a dû être déménagé à l’intérieur, sans la vraie odeur du feu, car l’automne nous était tombé dessus d’un coup. Cependant, j’ai quand même ressenti toute la magie de ce spectacle. J’ose imaginer ce que ça doit être dans le décor changeant de la nature témiscabitibienne : un bord de grève avec le soleil qui tombe sur le lac miroir, des jardins aux fleurs lourdes, une forêt aux formes mystérieuses.

Terrain d’exploration propice aux rencontres et aux échanges, le FCLAT propose des activités variées où des jumelages sont formés. Présentée à Val-d’Or et à Amos, l’activité Deux mondes se racontent mettra en scène la romancière acadienne Antonine Maillet et le conteur abitibien Daniel Saint-Germain. Un autre duo sera formé des conteurs Sylvain Vigneau et Patrick Courtois. La soirée Métissée serrée rassemble quant à elle la poétesse innue Joséphine Bacon et l’artiste métis Robert Seven Crows Bourbon. La programmation prévoit ainsi de nombreuses activités où les auteurs et les cultures se rencontrent pour faire vivre au public des moments tout à fait uniques. RETOUR DES INCONTOURNABLES ET NOUVEAUTÉS

La formule du Ciné conté revient cette année et sera précédée du visionnement du film Des Îles de la Madeleine à l’île Nepawa, un documentaire de Céline Lafrance et Sylvio Bénard qui met en lumière une histoire que partagent les extrémités est et ouest du Québec. Le populaire concours de la Grande menterie fait aussi partie de la programmation. Pour une deuxième année, une soirée de contes en plein air est prévue à Kitcisakik, au bord d’un feu de camp. Une soirée de slam à laquelle participera le groupe Les grands hurleurs est également au programme. Le festival propose également une nouvelle expérience, le Parcours d’histoires d’églises – orgue et légendes, pendant lequel des histoires de Jeanne Ferron, Marta Saenz de la Calzada, André Lemelin et André Bernard seront agrémentées du son de l’orgue de l’église Saint-Sauveur.

VISITES TOURISTIQUES POUR UNE EXPÉRIENCE INCONTOURNABLE 23 JUIN À LA MI-AOÛT RÉSERVATION : 819 797-3195

6 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019


MUSIQUE

UN VOYAGE PAS BANAL POUR ANNABELLE

LA SCIENCE DU RAP SELON TITO ET BANJ

GINGRAS ET JULIETTE LEFEBVRE-TARDIF

ALEXIS LAPIERRE

MARIANE MÉNARD

Tito (Anthony Beaulieu-Petit) et BanJ (Benjamin Doré) sont aux commandes de ce nouveau groupe de rap abitibien. La feuille de route du duo est impressionnante. 2017 : le groupe remporte un concours du Festivent de Lévis, ce qui lui permet de participer à la première de l’Osstidtour (avec Koriass, Alaclair Ensemble et Brown). 2018 : il remporte le grand prix du jury au FRIMAT à Val-d’Or. 2019 : Tito et BanJ assurent la première partie de Koriass et de Loud dans leur tournée abitibienne respective.

Les musiciennes et étudiantes du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue Annabelle Gingras et Juliette Lefebvre-Tardif se sont démarquées lors de la finale nationale de Cégeps en spectacles. Ainsi, elles ont entre autres remporté le prix de l’Office franco-québécois de la jeunesse et du Festival international de musique universitaire de Belfort (OFQJFIMU). Du 5 au 12 juin prochains, le duo s’envolera donc pour Belfort en France afin de faire découvrir la douceur de ses harmonies vocales au public d’outremer.

NICOLAS GARIÉPY

Pour le duo, la participation à la finale nationale de Cégeps en spectacles constituait en soi un honneur auquel s’est ajouté celui du prix OFQJFIMU. Annabelle Gingras exprime le caractère irréel de l’aventure : « Ça nous a pris du temps à comprendre ce qui nous arrivait, on était sous le choc! » Lors de leur séjour, les jeunes femmes donneront une heure de concert, pendant laquelle elles interpréteront entre autres des chansons des Cowboys Fringants, d’Alexandre Poulin, d’Émile Bilodeau et de Richard Desjardins. C’est vers la fin de leur parcours secondaire que les jeunes femmes originaires du Témiscamingue ont associé leurs voix pour former un duo. « On se connaît depuis la garderie, on fait de la musique ensemble depuis le secondaire 4 ou 5, et on n’a jamais arrêté », explique Annabelle Gingras. Le chant est à l’honneur dans leur musique qui se distingue par l’association des voix des chanteuses. Elles élaborent leurs arrangements de manière à créer des interprétations uniques. « Les harmonies, c’est la force de Juliette. Elle est vraiment bonne pour trouver les harmonies d’une chanson », précise Annabelle Gingras. On pourra entendre Annabelle Gingras et Juliette Lefebvre-Tardif cet été à la Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien, qui se déroulera du 16 au 18 août à Ville-Marie.

CAMILLE LARIVIÈRE

Pour Tito, le groupe arrive dans un âge d’or du rap québécois : « Aujourd’hui, le rap qui est populaire, c’est un rap intègre avec des artistes comme Loud, Alaclair Ensemble ou Dead Obies qui s’assurent de créer une musique aussi riche artistiquement qu’agréable à écouter. » D’ailleurs, quelques minutes à discuter avec Tito et BanJ suffisent pour percevoir la passion et le respect que ressentent les deux artistes pour leur art. BanJ, le beatmaker du groupe, était au milieu d’études en génie civil lorsqu’il s’est rendu à Montréal pour parfaire ses connaissances en musique. De son côté, Tito explique en termes techniques de sonorité et de musicalité des textes qu’il écrit : assonances multisyllabiques, schémas de rimes, etc. Bref, le groupe fait du rap une science mystique et contagieuse.

Le groupe, qui a aujourd’hui deux pieds dans la région, vient tout juste de sortir Optionnel, un album d’ambiance de fin de soirée avec un fil conducteur intéressant. Selon Tito, les dernières lignes de la chanson JMCPPQT résument à merveille l’album : « J’imagine que c’est une leçon qu’on va apprendre de cette tempête de fou / Pour l’instant les nuits sont longues, les verres sont pleins, ma quête est floue. » Il sera possible de voir le groupe cet été aux Jeudis sous les étoiles à La Sarre, au festival La Fée à Amos, et à Osisko en lumière. Rien de moins pour ces deux artistes qui marchent avec brio sur la ligne entre rappeurs et savants fous de la musique. D’ici-là, l’album Optionnel est disponible sur Youtube, Spotify, Tidal, Deezer. Bonne écoute!

16e édition

du 4 au 9 juin 2019 Programmation complète au

www.fclat.com festival de contes et légendes en abitibi-témiscamingue

L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 7


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P R E M I È R E S N AT I O N S

ANWATAN : LES EAUX CALMES APRÈS LA TEMPÊTE SÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD

La Ville de Val-d’Or abrite une importante population autochtone, d’ailleurs en pleine croissance. Si, au quotidien, la cohabitation se déroule généralement de manière harmonieuse, des tensions importantes ont pu se faire sentir au cours des dernières années, notamment à l’égard du phénomène de l’itinérance. Ce dernier n’est pas exclusif aux personnes autochtones, mais celles-ci y sont largement surreprésentées, notamment en raison des problèmes sociaux liés au lourd historique colonial affectant les Premières Nations. Face à ce phénomène, la réaction initiale des autorités a été de nature répressive, avec une stratégie ciblant certaines personnes marginalisées à qui étaient distribués des constats d’infraction à répétition. L’accumulation de ces constats et leur non-paiement – les personnes visées n’en ayant pas les moyens – permettait de les envoyer en prison. On les faisait ainsi en quelque sorte disparaître temporairement du paysage… sans qu’aucun problème de fond ne soit réglé. Entre 2012 et 2017, plus de 4269 constats ont été émis, faisant de Val-d’Or l’une des villes du Québec au plus haut taux de judiciarisation. Dans cette répression, les Autochtones ont été particulièrement ciblés. Une étude de 2016 des professeures Céline Bellot et Marie-Ève Sylvestre démontre que plus de 75 % des constats d’infraction ont été remis à des membres des Premières Nations. De plus, 100 % des personnes ayant été incarcérées pour non-paiement de leurs amendes étaient autochtones. Plusieurs personnes vulnérables se sont ainsi retrouvées avec des dettes considérables empêchant leur réinsertion dans la société même lorsqu’elles arrivaient à reprendre le contrôle de leur vie. La tactique d’émission de constats à répétition s’est révélée non seulement discriminatoire : elle était aussi inefficace et coûteuse pour le public. Face à ce constat critique, le commissaire Jacques Viens de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP) émettait, en septembre 2017, deux appels immédiats à l’action, soit l’instauration d’un moratoire sur l’emprisonnement des individus pour non-paiement d’amendes municipales et la mise en place d’un programme d’accompagnement judiciaire et d’intervention communautaire (PAJIC). Réagissant à ces appels, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or (CAAVD) et la Ville de Val-d’Or se sont alors unis pour coconstruire un modèle de justice alternative spécifiquement réfléchi pour répondre aux diverses réalités des peuples autochtones. En effet, si les conditions menant à l’itinérance ne sont généralement pas les mêmes que chez les allochtones, les solutions à mettre en place devaient également différer. C’est ainsi qu’a été lancé en février dernier le programme Anwatan-PAJIC Val-d’Or, le mot anwatan en langue anicinabe signifiant « eaux calmes », comme celles que l’on peut voir après la tempête. Ce programme vise la population itinérante ou vivant dans une situation de grande vulnérabilité (avec des problèmes de dépendances, de santé mentale, etc.) et qui est aux prises avec des constats municipaux non payés. Le CAAVD fait office de porte d’entrée au service afin de s’assurer que toutes les démarches puissent se faire dans un milieu culturellement sécurisant, c’est-à-dire qui tient compte des spécificités culturelles des peuples autochtones. Cet élément est important étant donné le degré souvent élevé de méfiance des personnes visées face aux institutions judiciaires traditionnelles. Le CAAVD joue alors le rôle de repaire, un lieu propice à l’instauration d’un climat de confiance. Le programme Anwatan-PAJIC se veut souple et inclusif afin de respecter les réalités de chacun et le rythme particulier de leur cheminement. Une variété de solutions est ainsi offerte à chaque personne qui s’engage volontairement dans cette démarche. Les différentes solutions peuvent consister en une suspension temporaire de leur dette en situation d’urgence, une entente de remboursement tenant compte de la véritable capacité de payer de chacun, le remplacement de la dette par des travaux communautaires ou des activités de ressourcement, ou même son annulation complète pour les personnes ayant démontré être en voie d’améliorer leur situation grâce à une stabilité retrouvée. Le 3 mai dernier, grâce au programme Anwatan-PAJIC, quatre personnes ont vu la Cour municipale effacer les lourdes dettes de plusieurs milliers de dollars qu’elles avaient accumulées alors qu’elles étaient en situation de fragilité et de marginalité. Pour ces personnes, dont la Cour a reconnu le cheminement de mieux-être, l’avenir s’est ouvert à nouveau. Au-delà de ces réussites individuelles, ce moment représente un pas important vers la réconciliation avec les Premières Nations en contribuant à reconstruire les ponts avec un système judiciaire qui a trop longtemps complètement ignoré leurs réalités culturelles particulières. La cohabitation n’est pas toujours facile et demande sans cesse des ajustements. Le développement d’un modèle de justice communautaire autochtone est sans doute l’une des voies privilégiées pour y parvenir.

8 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019


P R E M I È R E S N AT I O N S

20 juin au 1er septembre 2019

LEXIQUE ANICINABEMOWIN MINWASHIN

La langue anicinabe (anicinabemowin) est avant tout une langue orale transmise par les aînés et colorée par la créativité ceux qui l’utilisent. Les façons de l’écrire ont évolué avec le temps et varient selon les communautés. Le dialecte utilisé dans ce lexique est celui de la conseillère en langue Virginia Dumont de la communauté de Lac Simon. Le but de ce lexique est d’initier la population à la langue anicinabe pour qu’elle se familiarise avec celle-ci et ainsi encourager la discussion et le rapprochement de nos deux cultures dans le respect mutuel.

s

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PANIMA SA KE MADJAN KWE Je dois y aller Salut KI MINOMADIS? Tu vas bien?

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WIBITC PIGIWEN Reviens vite

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MIGWETC AWENEN KIN? Merci Qui es-tu?

ADI E TASO TABIHIGANEK? Quelle heure est-il?

MINWENIDAN Amuse-toi bien

AJI ABITA KIJIGAN KIN GOTC Comme tu veux Il est midi NI KITCI MINWENIDAN Je suis très content(e)

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KAWIN ADI E IJI MADIZOWIN ? Non Comment tu vas?

MINA AJI NIN ________ KIN DAC Allons-y! Je suis _________ et toi?

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V

CENTRE D’ART 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3

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Consultez régulièrement notre page pour les activités, expositons et spectacles.

VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME

KIMIGWAM KAK INENIMON Fais comme chez toi

NI MINOMADIS NOGOM Je vais bien Aujourd’hui MADJACIN MINO KIJIGAN Au revoir C’est une belle journée KID ANICINABEMONAN? KEC PANIMA Parlez-vous algonquin? Attends une minute KAWIN NIDINENDAN Je ne pense pas

ADI E IKIDINANIWAK Comment dit-on

NI MINWENIDAN E GI KIKENIMINAN KOTAZINAGON! Ravi de vous connaître Affreux KEC MINAWATC ANEDOWIN? À bientôt Quelque chose ne va pas? ONA GOTC ADISOKEN Allez, continue

PRONONCIATION

EHE Oui « E » SE PRONONCE « È » « C » SE PRONONCE « CH » OU « SH »

MIGOTCI « AN » SE PRONONCE « ANN » Laisse tomber « TC » SE PRONONCE « TCH » OU « TSH » « IN » SE PRONONCE « INN »

KIGA MIDANEN « W » OU LE « 8 » SE PRONONCE « OU » Tu vas me manquer « ON » SE PRONONCE « OUN » « G » SE PRONONCE

MI AJI COMME UN G DUR « GU » C’est l’heure!

La brochure Anicinabemodan : parlons anicinabe comprenant l’intégralité de ce lexique peut être téléchargée à partir du site Web minwashin.org. L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 9


P R E M I È R E S N AT I O N S

P R E M I È R E S N AT I O N S

CHRONIQUE

LE CENTRE D’ENTRAIDE ET

FAIRE RÉSONNER LA VOIX DES FEMMES ET

D’AMITIÉ AUTOCHTONE DE

DES FILLES AUTOCHTONES

SENNETERRE FÊTE SES 40 ANS NANCY BRUNELLE

Avant l’ouverture du Centre d’entraide et d’amitié autochtone de Senneterre (CEAAS), Annie Moore, femme paisible et dévouée, accueillait les Autochtones de passage dans son logement pour venir en aide à la population nomade composée de Cris, d’Anicinabek et d’Atikamekw. La famille d’Annie Moore est établie dans la région de Senneterre depuis 1937. Senneterre étant situé au carrefour de la route 113 et de la voie ferrée, les Autochtones en déplacement avaient besoin d’un endroit où séjourner, s’approvisionner et obtenir des services de tout genre.

MARIANE MÉNARD

Au cours des prochaines années, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or (CAAVD) travaillera à la mise en place de l’Observatoire social local pour les filles et les femmes autochtones de la MRC de la Vallée-del’Or. Ce projet est le fruit d’une démarche d’autoréflexion menée par le CAAVD. Présent depuis près de 45 ans dans la communauté, le CAAVD offre des services à la population autochtone de Val-d’Or et des environs. En jouant ce rôle, il accumule des connaissances et construit une expertise sur la réalité des Autochtones en milieu urbain. Ce champ d’expertise s’est d’ailleurs transformé afin de s’adapter à de nouvelles réalités, dont l’itinérance et la réalité particulière des femmes et des filles autochtones.

« METTRE LA LUMIÈRE SUR UNE RÉALITÉ LOCALE DU QUÉBEC VA PEUT-ÊTRE PERMETTRE DE TRAVAILLER SUR DES STRATÉGIES PLUS GRANDES POUR RÉPONDRE À DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ QUI TOUCHENT LES AUTOCHTONES EN MILIEU URBAIN. » - ÉDITH CLOUTIER

La cause des femmes et des filles autochtones, le CAAVD l’a vécue de près en 2015 quand des femmes ont dénoncé publiquement la violence et les abus dont elles étaient victimes. « Mais il y a aussi toute la réalité de la violence au sens large, souligne Édith Cloutier, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Ça faisait plus de dix ans qu’on parlait de toute la question des femmes autochtones assassinées et disparues au Canada pour mettre en lumière le fait que les traitements à l’égard d’enquêtes par rapport aux femmes autochtones n’obtenaient pas la même attention ou la même énergie. »

COURTOISIE

Au fil du temps, les projets se sont enchaînés, le Centre a travaillé avec des partenaires de recherche, dont le réseau DIALOG de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et a parallèlement mené ses propres réflexions sur la réalité urbaine des Autochtones tout en continuant de développer son offre de services et d’accumuler de la documentation. « Cette documentation-là, elle est existante, ajoute Mme Cloutier. On pige selon les besoins qu’on a dans cette banque de données, d’analyses, de réflexions, de projets rédigés, de produits de la recherche coconstruite avec le réseau DIALOG. On s’est donné la capacité d’arrimer des réflexions avec des besoins. »

Mme Moore constate que les Autochtones en transit ont des besoins grandissants et urgents d’hébergement, et que son logement ne peut répondre à la demande. Elle forme un comité provisoire et reçoit un chèque de 15 000 $ du ministère des Affaires sociales pour démarrer un centre. Le Centre ouvre ses portes en 1978 dans une maison à deux étages située dans un secteur résidentiel. Le chauffage est au bois et les employés travaillent souvent avec leurs manteaux et leurs gants. En 1979, le Centre reçoit un avis d’éviction de la municipalité stipulant qu’il est interdit d’offrir des services institutionnels dans une zone résidentielle. Grâce à une campagne de sensibilisation, la ville tolère la présence du Centre et en 1985, le Centre construit un immeuble ayant pignon sur la 10e Avenue. Le Centre offre des programmes et des services diversifiés concernant l’enfance, la jeunesse, le développement communautaire, la santé, les aînés, les sports et les loisirs culturels pour les Autochtones qui vivent en milieu urbain ou qui sont de passage. Beaucoup de projets sont en développement et le Centre veut prendre de l’expansion pour déployer davantage ses services et répondre aux besoins de ses membres. Le CEAAS veut développer des logements pour les aînés ainsi que des projets touristiques au chalet Shabogamak II. Situé dans la baie d’Adelphus, un site enchanteur au bord du lac Parent, le chalet Shabogamak II est disponible sous réservation pour des réunions et activités diverses. Tous ces beaux projets contribueront en même temps à créer de l’emploi pour la population autochtone.

Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org 10 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019

UN PROJET STRUCTURANT

Si le bagage et la connaissance sont bien présents, il manquait néanmoins au CAAVD une structure pour les accueillir, et les moyens d’y arriver. L’octroi d’un financement de Condition féminine Canada lui permettra de mettre en œuvre ce projet structurant de classement, d’archivage et d’analyse de la documentation accumulée, et ce, pendant cinq ans. L’accès à une plateforme organisée permettra non seulement de mieux comprendre les réalités spécifiques et les défis auxquels font face les femmes et les filles autochtones, elle permettra aussi d’intervenir adéquatement auprès des femmes autochtones dans leurs revendications et leurs luttes en plus de les soutenir. « Pour être capable de donner cette voix, de traduire les revendications et les aspirations des femmes, il fallait avoir les ressources et les moyens [de les] articuler », précise Mme Cloutier. Avec son Observatoire, le CAAVD consolidera une expertise locale puisque son champ d’analyse est porté sur la réalité des femmes et des filles autochtones dans la MRC de la Vallée-de-l’Or. Cette petite fenêtre d’analyse contribuera pourtant à une réflexion plus large, explique Édith Cloutier. « Je pense que le regard local va permettre de se comparer à d’autres milieux et de constater qu’on n’est peut-être pas si loin d’une réalité qui peut se traduire dans de grands centres urbains comme Winnipeg, Saskatoon, même Toronto, mais à une autre échelle. Mettre la lumière sur une réalité locale du Québec va peut-être permettre de travailler sur des stratégies plus grandes pour répondre à des enjeux de société qui touchent les Autochtones en milieu urbain au Québec, au Canada », soutient-elle. Cette volonté d’ouverture se transpose également dans l’objectif de rendre accessible la documentation recueillie et créée par l’Observatoire. Conçue par et pour les Autochtones, et issue du milieu communautaire, cette ressource fait partie du projet de société que construit peu à peu le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Ainsi, l’accessibilité à la documentation apparaît comme un vecteur de transformation sociale. « L’Observatoire devient aussi un outil qui pourra peut-être contribuer à ce vaste chantier de réconciliation », suggère Mme Cloutier. Ainsi, documenter et favoriser la compréhension des enjeux sociaux, économiques et culturels qui touchent particulièrement les filles et les femmes autochtones provoquera le dialogue dans une démarche de réflexion sociétale collective.


P R E M I È R E S N AT I O N S

LES LANGUES AUTOCHTONES EN ÉDUCATION PEUVENT-ELLES FAIRE PROGRESSER LA RÉCONCILIATION?

En cette année internationale des langues autochtones proclamée par l’UNESCO, certaines initiatives ont vu le jour, dans la région comme ailleurs au Québec, afin d’inviter les citoyens à poser des gestes symboliques mettant en valeur les langues autochtones en présence. À l’aube de l’adoption d’une loi fédérale visant à les protéger, quels efforts sommes-nous prêts à déployer comme société pour leur protection et leur revitalisation? Quelle place souhaitons-nous accorder aux langues autochtones dans l’espace public, notamment en éducation?

LA COMMUNAUTÉ DE KEBAOWEK A DÉVELOPPÉ SIX LIVRES D’HISTOIRES EN ANICINABEMOWIN, ANGLAIS ET FRANÇAIS DESTINÉS AUX ENFANTS. PHOTO : DONNA PARISEAU

En sachant que, dans le programme scolaire provincial du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, à partir du deuxième cycle du secondaire, il possible de se familiariser avec une langue tierce (définie comme une langue vivante ayant un caractère international), on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles on n’offre pas aux élèves, autochtones ou allochtones, la possibilité d’apprendre une langue autochtone en usage dans les différentes régions du Québec. Au même titre que l’apprentissage d’une langue étrangère, la familiarisation à une langue autochtone amènerait aussi l’élève à entrer en contact avec des réalités culturelles différentes, à acquérir une attitude d’ouverture et de respect, et ce, même si lesdites langues n’ont pas de statut officiel. Apprendre à saluer son voisin, apprendre à le remercier dans sa langue, ou à converser amicalement avec lui pourrait avoir bien d’autres avantages que ceux d’ordre économique, notamment édifier ou déconstruire des représentations stéréotypées à l’égard de ces peuples et de leurs idiomes. Cette ouverture sur la richesse et sur la diversité culturelle et linguistique des différentes nations pourrait également nous aider à faire progresser la réconciliation et à instaurer, par conséquent, une éducation plus équitable pour les élèves autochtones qui fréquentent le système scolaire provincial. Pourquoi? Parce qu’encore aujourd’hui, les établissements scolaires ne prennent pas en compte le répertoire langagier de ces élèves. On examine plutôt leurs compétences linguistiques sous le même angle qu’il y a soixante ans, à l’époque de la scolarisation obligatoire des Autochtones, comme si le français était la seule et unique langue, la seule possibilité de reconnaître une compétence langagière auprès de ces élèves. Pourtant, dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (article 14.3), on mentionne clairement que les enfants vivant en dehors de leur communauté ont le droit d’accéder à un enseignement dans leur propre langue. La reconnaissance d’une compétence linguistique en anicninabemowin, en atikamekw nehiromowin, en iyniw-ayamiwin, ou en innu-aimun, n’a rien d’une mission impossible. D’ailleurs, le ministère de l’Éducation du Québec, dans sa Politique d’intégration scolaire et d’éducation interculturelle (1998), avait envisagé d’examiner la possibilité de reconnaître des acquis en langue autochtone (langue tierce) pour les élèves des communautés autochtones au deuxième cycle du secondaire. L’année 2019 nous permettra-t-elle de poursuivre ce projet? Dans le passé, l’éducation a servi d’instrument pour tenter d’éliminer les langues et les cultures autochtones au Canada; elle doit aujourd’hui servir à réparer les torts causés et à nourrir le dialogue entre les peuples pour les prochaines générations.

Photo : Hugo Lacroix

NANCY CRÉPEAU

pArteZ À LA rENCONtre deS preMIÈrES NAtIOnS RENDEZ-VOUS DES POW-WOW PIKOGAN > 8 ET 9 JUIN TIMISKAMING FIRST NATION > 24 ET 25 JUIN JOURNÉE NATIONALE DES AUTOCHTONES > 21 JUIN FORT-TÉMISCAMINGUE/OBADJIWAN ET KINAWIT

FAC E B OOK.COM/I ND I C E B OH E MI E N

Christine Moore DÉPUTÉE D’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

christine.moore@parl.gc.ca • christinemoore.npd.ca Rouyn-Noranda 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 • 819 762-3733 Ville-Marie 3, rue Industrielle, Bureau 7 • 819 629-2726 Amos 554, 1re Avenue Ouest, Bureau 101 • 819 732-2266 La Sarre 81-A, 5e Avenue Est • 819 339-2266

@MooreNPD

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L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 11


P R E M I È R E S N AT I O N S

AYEMIYEDAN NISIN

REGARD DE CINQ ARTISTES SUR L’ANNÉE DES LANGUES AUTOCHTONES MARIANE MÉNARD

Du 7 juin au 27 septembre prochains, le MA musée d’art de Rouyn-Noranda accueillera l’exposition Ayemiyedan Nisin/Dialogue trois. Sous le commissariat de Jean-Jacques Lachapelle, Viriginia Pesemapeo Bordeleau et Kevin Papatie, l’exposition regroupe cinq artistes des Premières Nations. Joi T. Arcand (crie) Hannah Claus (kanien’kehá:ka) Émilie Monnet (anicinabe) Dominic Lafontaine (anicinabe) et Roger Wylde (anicinabe) présenteront des œuvres abordant des enjeux relatifs aux langues autochtones. L’exposition est d’ailleurs présentée dans le cadre de l’année internationale des langues autochtones. Ce n’est pas la première fois que le MA musée d’art explore le thème du dialogue et cette exposition s’inscrit dans ce qu’il convient désormais d’appeler le Cycle des dialogues. « [Ce cycle] met en lumière la situation des artistes autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue et vise à provoquer les rencontres », explique Jean-Jacques Lachapelle, directeur du MA musée d’art. Le dernier Dialogue du musée remonte à 2015. Le musée avait alors procédé au jumelage d’artistes allochtones à des artistes autochtones dans le but de créer des œuvres collaboratives. Cette fois, le dialogue renvoie au caractère fondamentalement langagier du terme puisqu’il est question des langues autochtones. Les artistes abordent la question des langues autochtones sous différents angles, souvent en lien avec leur territoire d’appartenance respectif. Artiste montréalaise issue de la Première Nation Kanien’kehá:ka (mohawk), Hannah Claus met en doute le récit traditionnel d’un événement en y ajoutant des termes en langue mohawk choisis pour mettre en lumière les éléments occultés. « C’est une manière de rappeler un pan de l’histoire qui a été effacé, explique Jean-Jacques Lachapelle. Les mots ont été choisis pour expliquer différents éléments de l’histoire. » Joi T. Arcand se questionne quant à elle sur l’apparence visuelle des lieux dans le cadre d’un projet photographique. Elle offre

12 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2019

SLEEPIN’INDIANS DOMINIC LAFONTAINE

au public une fenêtre sur une ville où toutes les signalisations et les enseignes seraient présentées en écriture syllabique crie. Travaillant le ready-made, Dominic Lafontaine s’intéresse à l’imposition de la langue du colonisateur et aux malentendus parfois causés par la traduction. Chez Émilie Monnet, un entretien en anicinabemowin et en français ravive des souvenirs d’une vie au bord de la rivière à Kitigan Zibi. Enfin, Roger Wylde, constatant que sa langue menace de s’éteindre, aborde la vulnérabilité de l’anicinabebowin. Le vernissage de l’exposition aura lieu le 7 juin prochain à 19 h. Un peu plus tôt le jour même, à 14 h, se tiendra une plénière où les artistes échangeront sur leurs expériences de vie et s’exprimeront sur l’enjeu des langues autochtones. Des activités en lien avec l’exposition Ayemiyedan Nisin/Dialogue trois seront présentées tout l’été au MA musée d’art. Pour son camp de jour, l’établissement compte par ailleurs accueillir chaque semaine des artistes autochtones qui sensibiliseront les jeunes à ces mêmes questions. Une autre salle du musée sera occupée par une exposition de 13 tableaux de l’artiste Frank Polson : Les treize enseignements de Grand-mère Lune.


P R E M I È R E S N AT I O N S

ENVIRONNEMENT CHRONIQUE

VIRGINIA DUMONT : VALORISER LA LANGUE ANICINABE PAR L’ÉDUCATION MICHÈLE PAQUETTE

COURTOISIE

Virginia Dumont est conseillère en langue, culture et petite enfance au Conseil de la nation Anicinabe du Lac Simon. Celle dont on peut dire qu’elle est une kokom a enseigné, été directrice d’école, est mère, grand-mère, famille d’accueil, et prendra sa retraite le 1er juin. Bien qu’elle soit née à Val-d’Or, elle a passé son enfance à Lac-Simon où, avant d’entrer à l’école, elle a vécu dans la forêt avec sa famille. Son père était draveur, bûcheron et monteur de ligne. À cette époque, Virginia Dumont ne parlait qu’anicinabe. « On était des personnes sans statut, car mon grandpère a signé les documents pour rayer son numéro de bande. Il était Anicinabe de Kitigan Zibi et a marié une femme du lac Victoria. » Par la suite, elle a toujours vécu à Lac-Simon.

Son amour des enfants et son engagement dans leur éducation ont incité Mme Dumont à décrocher un baccalauréat en enseignement à l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Son travail l’a ensuite amenée à s’occuper des tout-petits, les enfants de 0 à 5 ans. Lors de ses « activités petite enfance », elle préparait du matériel et jouait avec les tout-petits, elle accompagnait également les familles dans leurs rôles de parents et dirigeait des projets communautaires où l’on concevait des habits pour la cérémonie des premiers pas. Parallèlement, elle s’occupe de sa grande famille de quatre enfants et sept petits-enfants. Aujourd’hui, elle est également famille d’accueil pour une petite fille de 8 ans et un garçon de 4 ans. En tant que conseillère linguistique, Virginia Dumont a élaboré un lexique de la langue anicinabe (anicinabemowin) en se basant sur les travaux de Marie Dumont et d’Edmond Brouillard. Comme on ne trouve pas encore de matériel pédagogique sur l’enseignement de l’anicinabemowin dans les librairies, elle a créé des outils destinés aux enseignants pour les accompagner dans leur travail. Dans le cadre de ses fonctions, elle a collaboré avec Tourisme Abitibi-Témiscamingue ainsi qu’avec le Conseil de la nation Anicinabe du Lac Simon, en plus de ses activités de traduction et d’enseignement. Nous souhaitons une belle retraite à cette grande dame et nous saluons sa contribution à la valorisation de la langue anicinabe.

LA VIE TELLE QUE JE LA CONNAIS LINDSAY MCLAREN POLSON, TRADUCTION DE DANNY BISSON

Quand on naît dans ce monde, on nous donne un nom. Le mien est Lindsay McLaren Polson et je suis de la communauté de Timiskaming First Nation. Mes grands-parents sont tous partis pour le monde des esprits, mais leur amour du territoire demeure en moi. Il y a quelque chose à l’intérieur de nous, peuples des Premières Nations, qui nous unit au territoire. Quelque chose que mes grands-parents ont vécu et m’ont transmis. Non, je n’ai pas eu à endurer les traumatismes liés aux pensionnats. Et non, je n’ai pas subi les lois qui ont empêché les membres de ma communauté d’accéder à leur territoire comme ils l’avaient toujours fait. Mais ce que je peux voir, c’est les répercussions de ces lois sur la disparition de notre culture traditionnelle. Un tel racisme flagrant est constamment mis de côté et systématiquement balayé sous le tapis par les gouvernements. Notre mode de vie a été et est encore menacé… mais nous survivons! Si nous avons accès au territoire, nous pouvons survivre. Je me sens toujours à l’aise quand je reviens à la maison où les arbres sont mon sanctuaire et où l’eau abonde. Le cercle de la vie est puissant ici. Les plantes et les animaux nous ont toujours permis de bien vivre, mais avec le temps, plusieurs éléments mettent ce cercle au défi. La façon dont les gouvernements abordent les changements climatiques est une farce : ils n’ont jamais été traités sérieusement. Les politiques gouvernementales en matière de protection de l’eau sont minimalistes. Savent-ils que l’eau est essentielle à la vie? Pour les communautés des Premières Nations, la vie dépend de leur lien avec le territoire. Ce lien est tissé à l’intérieur même de notre identité grâce à notre langue, à nos histoires, à nos relations personnelles et à la nourriture que nous consommons. Mino Bimadiziwin se traduit par « la bonne vie », mais ça veut dire bien plus. C’est aussi l’équilibre entre le bien-être émotionnel, spirituel, physique et mental. Quand vous êtes sur le territoire, vous pouvez assister aux cycles de la Terre-Mère qui essaie de garder l’équilibre naturel. Elle fera ce qui est nécessaire pour survivre que ce soit avec ou sans nous. Et ça, c’est très beau... La vie telle que je la connais n’est pas garantie, elle est constamment en changement et nous devons faire ce qui est nécessaire en tant qu’être humain si nous voulons survivre.

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

Chers(ères) concitoyens et concitoyennes de la circonscription d’Abitibi Ouest, À l’occasion de la célébration de notre grande nation, je vous souhaite une bonne Fête nationale, en famille et entre amis. Madame Suzanne Blais 259, 1er Av. O Députée Abitibi Ouest Amos, QC, J9T 1V1 Suznne.blais.ABOU@assnat.qc.ca 29, 8e Av. E La Sarre, QC, J9Z 1N5

Je suis fière de vous représenter, tous et toutes, à l’Assemblée nationale. Merci de la confiance que vous me démontrez.

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MA RÉGION, J’EN MANGE! CHRONIQUE

MANCHONS DE PORC BBQ LA MAISON DES VIANDES – ROUYN-NORANDA INGRÉDIENTS

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manchons de porc du Québec

15 ml (1 c. à soupe) 15 ml (1 c. à soupe) 5 ml (1 c. à thé) 2,5 ml (1/2 c. à thé) 2,5 ml (1/2 c. à thé) 2,5 ml (1/2 c. à thé) 2,5 ml (1/2 c. à thé)

cassonade paprika fumé gros sel poivre concassé poudre d’oignon poudre d’ail poivre de cayenne

PRÉPARATION

Mélanger tous les ingrédients de la marinade sèche. Saupoudrer généreusement la marinade sèche sur les manchons de porc, couvrir et réfrigérer au moins 2 heures ou jusqu’à 24 heures.

COURTOISIE

Cuire sur le barbecue à puissance moyenne pendant environ 5 à 6 minutes de chaque côté pour une cuisson légèrement rosée. Couvrir d’un papier d’aluminium et laisser reposer quelques minutes avant de servir.

Un festival franco qui rassemble les gens d’ici, depuis

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SOCIÉTÉ

INAUGURATION DE LA SALLE DE CHIRURGIE AU REFUGE LA BONNE ÉTOILE

« En Abitibi-Témiscamingue, autochtones et allochtones se côtoient quotidiennement. Nous aurions donc avantage à entretenir un dialogue constant de nations à nation, dans le respect des droits de chacun, car je suis persuadée que c'est ensemble que nous parviendrons à créer un avenir meilleur. »

LYDIA BLOUIN

COURTOISIE

Le 5 mai dernier, le Refuge La Bonne Étoile, qui remplace la SCPA de Rouyn-Noranda depuis janvier 2018, a inauguré sa toute nouvelle salle de chirurgie. Pour le Refuge, cette installation était une priorité : on estime que 1,6 million de chats errants vivent présentement au Québec. Sachant qu’un couple de chats peut donner naissance à une lignée de 20 000 chatons en seulement 1 an, la stérilisation des animaux apparaît comme une nécessité.

Émilise Lessard-Therrien Députée de

Cette salle de chirurgie n’est pas mise à la disposition des citoyens; elle servira exclusivement aux pensionnaires du Refuge, afin d’aider à diminuer la population d’animaux. « Les euthanasies de masse, ça ne fonctionne pas », explique Valérie Delisle, technicienne en santé animale du refuge et ancienne présidente du conseil d’administration. D’une part, c’est immoral; d’autre part, vu la vitesse à laquelle les chats se reproduisent, la population finit inévitablement par remonter. « La seule solution, c’est la stérilisation », enchaîne-t-elle. C’est la raison pour laquelle le Refuge s’est fait un point d’honneur de stériliser les animaux qui y entrent. En 1 an, l’organisme à but non lucratif a accueilli 539 chats, dont 274 ont été stérilisés. D’ailleurs, 306 de leurs pensionnaires ont trouvé un nouveau foyer alors que d’autres ont été envoyés dans d’autres refuges pour trouver une famille. Stériliser les chats représentait pourtant un défi de taille. En effet, il fallait déplacer les pensionnaires dans d’autres villes, ce qui représentait un grand stress pour eux, en plus d’engendrer des coûts énormes pour le refuge : 25 000 $ en un an pour la stérilisation.

Rouyn-Noranda-Témiscamingue

Est alors venue l’idée de créer un local qui serait consacré à opérer les chats sur place. C’est Kathy Bonapace, présidente du conseil d’administration depuis janvier, et son mari Jacques Blais, qui ont investi 35 000 $ pour l’achat du matériel pour la salle. Le reste des coûts a été absorbé par la Ville de Rouyn-Noranda. La salle a été pensée de manière à pouvoir être déplacée au besoin et à permettre également d’opérer les chiens lorsque le refuge sera prêt à le faire. « Pour le moment, notre priorité, ce sont les chats », explique la directrice du refuge, Anik Henri. D’ici là, les animaux accueillis au Refuge sont très bien traités. L’intervenante en comportement canin du refuge, Anne Lemay, a profité de notre présence pour nous faire visiter le Refuge et pour nous montrer les coups de cœur du personnel. Venez les voir : ils n’attendent que vous!

Pour ne rien manquer des activités culturelles à Rouyn-Noranda, suivez la page Facebook RNCULTURE.CA

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AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS…

DERNIÈRE CHANCE DE VOIR JUSQU’AU 9 JUIN

DÈS LE 20 JUIN

LUEURS ET TRAJECTOIRES II

MARIAGES OBLIGÉS

Élisabeth Picard

Annie Paulhus Gosselin

DÈS LE 20 JUIN

DÈS LE 20 JUIN

MILLE CONSTELLATIONS

MATRICES… D’ELLES-MEMES

Atelier les Mille Feuilles

Atelier les Mille Feuilles sous le commissariat de Yolaine Lefebvre

Sculpture - installation

Art imprimé

Médiums mixtes

CAMP’ART.... POUR LES 8 ANS ET PLUS... C’EST LE TEMPS DE S’INSCRIRE ! CAMP’ART, est un camp estival spécialisé en arts plastiques qui aura lieu du 8 au 12 juillet 2019.

Le participant explore la matière, s’initie à différentes techniques d’art plastique, développe son imagination en compagnie d’artistes professionnels et crée de petits chefs-d’œuvre. La programmation 2019 sera sous le signe de l’art imprimé en s’inspirant des deux expositions présentées au Centre d’exposition d’Amos par des artistes de l’Atelier les Mille Feuilles. Le participant pourra ainsi s’initier à la linogravure, à la sérigraphie, à la lithographie ou encore à la collagraphie! Frais d'inscription : 185 $ Information et inscription : 819 732-6070

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RÉGION INTELLIGENTE CHRONIQUE

FLORENCE OF THE NORTH MICHEL DESFOSSÉS

Léonard de Vinci nous a quittés il y a 500 ans cette année. Génie dont la portée est intemporelle, il a incarné la fusion entre les univers mécanique et artistique. C’est chez le sculpteur Verrocchio à Florence, en Italie, que le prodige fait ses débuts en 1469.

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Dans sa récente biographie, Walter Isaacson cite un auteur contemporain de Léonard au sujet de cette ville : « La belle Florence rassemble les [..] qualités essentielles d’une ville parfaite. […] Elle jouit d’une liberté complète. […] Elle est traversée par un fleuve aux eaux claires et pures et possède des moulins en ses murs. [...] Elle gouverne des châteaux, des villes, des terres et une population. […] Elle possède une université où le grec et la comptabilité sont enseignés. » L’auteur ajoute une ultime condition : elle compte des maîtres dans tous les arts. Tout comme Isaacson, je suis convaincu que cela s’applique encore aujourd’hui, bien que les moulins ne soient plus ce qu’ils étaient et les fleuves aux eaux pures, non plus. Les villes d’aujourd’hui désireuses d’atteindre le statut de ville intelligente devraient s’inspirer de la dernière condition essentielle, celle qui touche la maîtrise des arts, en y incluant le numérique. Si les artistes étaient nombreux dans la Florence de 1470 c’est qu’il y avait suffisamment de commandes artistiques des dirigeants, les Médicis et consorts, pour démarrer des ateliers, lesquels embauchaient des apprentis de tous domaines, dont un certain Léonard. Voilà l’assise : il faut développer, dans notre région, des ateliers virtuels et matériels pour favoriser l’apprentissage du numérique sur une base multidisciplinaire et populaire. Il faut favoriser l’apprentissage en ligne. Si vous me permettez la comparaison, quand le Mile-Ex s’est développé en tant que quartier du numérique à Montréal, c’est peut-être un peu parce que des politiciens visionnaires ont cru qu’Ubisoft pouvait engendrer le développement de compétences en conception numérique. Et maintenant, la recherche en intelligence artificielle y prend racine. Et en Abitibi-Témiscamingue? Laurent de Médicis qui présidait la république florentine n’est pas passé dans le coin depuis un sacré boute! D’ici à ce qu’un dictateur éclairé nous enrôle dans un tel mouvement de fond, il y a un palier intermédiaire possible. Dans ma dernière chronique, je proposais que notre territoire se dote d’une charte du numérique. Vous étiez d’accord, n’est-ce pas? Tout comme vous avez acquiescé aussi à la nomination d’un médiateur régional du numérique itou? Bon. Notre médiateur aura comme mission d’établir annuellement une programmation d’ateliers d’apprivoisement des données numérisées relatives à nos territoires. Aux instances politiques et scolaires de les soutenir. Aux entreprises culturelles, aux travailleurs en communication et aux profs et étudiants en nouveaux médias de les animer.

t u o t s u vo é t é l‘ 2019

I N D I C E B O HE MI E N .O RG

faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. C’est un processus créatif fréquemment utilisé dans le domaine de l’innovation numérique. »

Concrètement, ça pourrait ressembler à quoi? Atelier de fabrication collaboratif (fab lab), démarche agile… Ah aussi : le hackathon, tiens! Celui de l’UQAT tenu en 2017 au Petit Théâtre du Vieux Noranda est un exemple intéressant.

Alors imaginez, un marathon de programmation en français ou l’on développerait, en une fin de semaine, une banque de connaissances sur le territoire anicinabe, un jeu vidéo avec des joueurs de hockey reproduisant les vedettes originaires de la région... Genre all-time, all-stars hockey team de la région.

Hackathon (soit un marathon de programmation en français), définition Wiki svp? « [Il] désigne un événement où un groupe de développeurs volontaires se réunissent pour

De Vinci a fait fleurir ses talents dans la cité-État de Florence. S’il n’avait pas été embauché dans l’atelier d’artiste de Verrocchio, nous n’aurions peut-être jamais eu La Joconde.

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L I T T É R AT U R E

AU MILIEU DES VIVANTS : VIVRE LE DEUIL EN SECRET LYDIA BLOUIN

Josée Bilodeau, auteure originaire de l’Abitibi, nous épate avec un cinquième livre touchant et profond : le roman Au milieu des vivants (éditions Hamac 2019). Il raconte les périples d’une femme endeuillée après le décès de son amant. Celle-ci entreprend alors un voyage pour tenter de vivre son deuil. Chemin faisant, la dame rencontre des personnages qui tentent de l’aider, chacun à leur manière, mais elle n’oublie pas l’homme qui occupe une place importante dans son cœur. Pourtant, résumer ainsi ce roman ne serait pas lui rendre hommage. En effet, les péripéties vécues dans le roman ne sont qu’une toile de fond à une prose de solitude et de tristesse qu’un poème à lui seul aurait pu décrire, mais dont la longueur n’aurait pas été suffisante pour traiter du thème du temps qui passe. C’est probablement pour cela que l’histoire est écrite sous forme de roman : pourtant, on a bel et bien l’impression de lire un poème à travers ces pages. On s’immerge dans les pensées et dans les émotions du personnage, tiraillé par l’absence et les souvenirs en même temps. La contradiction entre la solitude et la présence de son amant vient renforcer la souffrance du personnage : le passé se mêle au présent, à tel point que le personnage se sent mourir à son tour : « Ma mort ne dure jamais que quelques secondes, minutes, heures; ma mort est si courte comparée à la sienne. » On croit souvent que le temps aide à apaiser la douleur et à accepter la mort de la personne aimée : pour la femme, il s’agit plutôt d’une prison. Ni le temps, ni l’amour, ni l’amitié ne permettent de passer par-dessus son deuil, car la mort ne peut pas être oubliée. Finissons-nous par cesser de souffrir après un certain moment ou vivons-nous simplement avec la douleur? Dans ce livre, son entourage croit qu’elle va mieux, mais au fond, elle ne fait qu’avoir l’air heureuse. Ce qui la rend encore plus soucieuse, c’est qu’elle ne peut pas vivre son deuil de manière traditionnelle, car, étant la maîtresse du défunt et non son épouse, elle ne peut pas être présente auprès de sa famille. Elle traverse cette épreuve seule, dans le secret et dans le

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silence, alors qu’elle était une part importante de sa vie : « Toutes ces années où nous avons été amants, la situation était compliquée : sa femme, ses fils. Maintenant qu’il est mort, ce n’est pas moins compliqué. Lui vivant, la frontière entre ses vies était poreuse; elle s’est calcifiée avec sa mort. Infranchissable et interdite. Me voilà à jamais celle qui n’a pas enterré son amour. » En fin de compte, voyager permet à la femme de s’éloigner de la famille de l’homme qu’elle aime, mais pas de sa propre douleur. Malgré tout, il est intéressant de noter que l’histoire tourne entièrement autour du personnage de cet homme si important dans la vie de cette femme, même dans la mort. Pourtant, on ne le nomme jamais, comme un ultime secret qu’elle gardera à tout jamais. Avait-elle tant vécu dans le mensonge qu’elle ne pouvait même pas révéler le nom de celui pour qui sa vie s’est arrêtée?


TRAVAILLEUSES DE L’OMBRE

SYLVIE TREMBLAY

ANNE-LAURE BOURDALEIX-MANIN : PORTRAIT

LA CULTURE,

DE LA NOUVELLE DIRECTRICE DU CENTRE DE

UNE PASSION

MUSIQUE ET DE DANSE DE VAL-D’OR

ZACHARY MARCOUX, ÉTUDIANT À L’ÉCOLE SECONDAIRE D’AMOS

MICHÈLE PAQUETTE

DANAË OUELLET

Anne-Laure Bourdaleix-Manin est une touche-à-tout de la gestion des arts qui a été choisie pour assurer la direction du Centre de musique et de danse de Val-d’Or en août dernier. Depuis sa tendre enfance, elle s’intéresse à tous les arts. Sa curiosité l’a amenée à étudier pendant de nombreuses années la danse classique et le piano. Elle a par la suite étudié et travaillé dans le domaine de la muséologie, de l’histoire de l’art et des arts visuels. De plus, elle détient un doctorat de l’Université de Montréal et du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

AYEMIYEDAN NISIN

7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019

Pour Mme Tremblay, la culture est une partie intégrante de la vie. Il s’agit pour elle d’une conviction profonde. Elle a commencé à s’impliquer en culture quand son père lui a proposé de s’occuper de la réalisation de ses pièces de théâtre, notamment La folle odyssée de Bernadette. Elle confie que le fait d’avoir partagé toutes ces expériences de réalisation théâtrale avec son père est pour elle une grande fierté. Par la suite, plusieurs l’ont encouragée à continuer et certains lui ont même proposé de faire la promotion d’évènements culturels dans la région. Toutes ces occasions sont le résultat de concours de circonstances. Le 10 avril dernier, le Conseil de la culture de L’Abitibi-Témiscamingue a décerné le prix Membre honorifique à Mme Tremblay pour sa contribution au milieu culturel. Loin de se douter qu’elle serait récompensée (elle pensait présenter le prix d’une connaissance!), celle-ci a été surprise d’être ainsi honorée. Elle affirme n’avoir réalisé ce qui s’était passé qu’après deux ou trois jours! Sylvie Tremblay se sent d’ailleurs très touchée par la reconnaissance du travail des bénévoles à sa juste valeur. Comme les artistes, les bénévoles du milieu culturel sont des personnes passionnées et inspirées, elles et ils jouent un rôle essentiel dans la société. À notre tour, nous saluons le travail et la passion de Sylvie Tremblay. Celle-ci fait preuve d’un don de soi exceptionnel dans l’univers culturel de notre région.

MARC BOUTIN

La culture, c’est une façon de communiquer un message représentant notre façon de penser, une manière de faire preuve d’ouverture d’esprit. Certaines personnes se préoccupent du bien-être culturel des êtres humains, comme c’est le cas de Sylvie Tremblay, dont il est question dans cet article.

FRANK POLSON

7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019

Anne-Laure Bourdaleix-Manin fait partie de ces gens venus de l’extérieur que l’on souhaite garder parmi nous tant ils apportent à la région. Elle est née et a vécu sa jeunesse à Lyon avant de s’installer à Paris pour faire ses études supérieures à l’École du Louvre. À cette occasion, elle est venue au Québec dans le cadre d’un échange étudiant et « a tellement aimé ça qu’elle a décidé de revenir ». Les expériences d’Anne-Laure Bourdaleix-Manin sont multiples et variées. Elle a travaillé pendant 12 ans comme conservatrice et coordonnatrice de la programmation au Centre d’exposition de Val-d’Or, a donné des cours à l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue ainsi qu’au Réseau libre savoir et a travaillé en recherche pendant plus de 10 ans. Travailleuse engagée, elle a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix du Travailleur de l’ombre remis par le ministère de la Culture et des Communications du Québec en 2015. Au fil du temps, elle s’est impliquée dans de nombreuses expériences extraprofessionnelles et a réalisé plusieurs publications scientifiques. « J’aime travailler avec des artistes, explique-t-elle, c’est un privilège de travailler avec des personnes qui créent, je les admire beaucoup. » Pour elle, « les arts sont essentiels; une communauté existe et se définit à travers les arts. C’est très important que les arts soient valorisés et les artistes aussi. » Elle révèle que son nouveau poste au Centre de musique et de danse, qui accueille plus de 500 élèves de 3 à 80 ans, est une occasion de relever de nouveaux défis. Pour terminer, ajoutons qu’Anne-Laure Bourdaleix-Manin préconise le travail d’équipe, le bien-être et les moments de rassemblement pour rejoindre autant de personnes que possible. Elle pense qu’il est important d’avoir du plaisir ensemble, de profiter de la vie, parce qu’on ne sait jamais quand tout cela peut s’arrêter!

CAMP D’ART D’ÉTÉ 2019 25 JUIN AU 28 AOÛT 2019

MUSEEMA.ORG

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HISTOIRE

POÉSIE

CHRONIQUE

TERRITOIRE ALGONQUIN

MES LIENS SANGUINS

CHRISTIANE PICHETTE, AGENTE PATRIMONIALE DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA RÉGION DE LA SARRE

MATHILDE MANTHA

Le territoire des Algonquins comprend la vallée de l’Outaouais et les terres adjacentes, à cheval sur la frontière du Québec et de l’Ontario. Ces terres n’ont jamais fait l’objet d’un traité, leur titre de propriété continue d’exister. Avant l’arrivée du chemin de fer, les voies d’eau sont les principales voies de communication et de transport. La rivière des Outaouais est l’autoroute qui relie le Saint-Laurent aux Grands Lacs et aux terres intérieures du Nord. Les Français accèdent commercialement et militairement aux hautes terres du pays grâce à leur alliance avec les Algonquins et les Nipissings. Les Anglais et les Français ont recours aux pratiques et aux protocoles des Premières Nations dans leurs relations politiques, commerciales, en offrant des présents, en échangeant des ceintures wampum et en établissant des traités. Lors de la guerre de Sept Ans que se livrent les Français et les Britanniques pour contrôler l’Amérique du Nord septentrionale, les Britanniques s’efforcent d’obtenir la neutralité des alliés algonquins, qui contrôlent les voies maritimes permettant d’accéder à Montréal et à Québec. L’article 40 de la capitulation de Montréal, rédigé par le gouverneur français Pierre de Rigaud de Vaudreuil et accepté par les Anglais le 8 septembre 1760, prévoit que les alliés autochtones de la France « restent sur les terres qu’ils habitent, s’ils le souhaitent ». Les 15 et 16 septembre 1760 à Kahnawake, les Britanniques concluent également, directement avec les Premières Nations, un traité qui confirme les modalités de cette paix. La Proclamation royale de 1763 du Roi George III vise en partie à fournir aux Premières Nations des garanties pour éliminer les fraudes et les abus en plus de faire cesser la mainmise des colons sur leurs territoires. Les terres autochtones ne peuvent être cédées par ces derniers qu’avec leur accord et contre une compensation équitable.

Mes liens sanguins brisés en hémorragie interne mon corps est un vase empli jusqu’à la gorge de l’opacité des deuils anciens je ravale la marée pare-soleil abaissé sur les eaux rouges stellaires je ramasse mes pieds pointés vers les cieux les rassemble en point de chute les sangs étourdis remontent jusqu’au cœur j’interroge l’envie radars gonflés seins alignés contre les astres j’élève sur les amas de terre froide l’idée de la jouissance cassable comme une branche sèche j’aimerais être verdoyante d’espace mouvante d’herbes hautes et de feuilles au vent j’aimerais être marécageuse jusqu’aux genoux rapatriée de fauves rivières les cheveux auréolés de courants vifs

COURTOISIE

j’arrive au monde en retard dans le lac amniotique je retiens mon souffle

Les Algonquins sont présents lors de la négociation des traités de Swegatchy et de Kahnawake. Ils ont conservé des ceintures wampum qui remontent à cette époque; elles racontent les événements et les engagements qui ont été pris. Ces ceintures ont été présentées au premier ministre du Canada, et aux premiers ministres des provinces lors de la conférence des premiers ministres de mars 1987 à Ottawa. Le chef Solomon Matchewan, son fils Jean-Maurice et une délégation d’Algonquins expliquent alors aux ministres ce que symbolisent les ceintures, incluant le pacte dit des Three Figure Covenant : « Le représentant de la nation française d’un côté et le représentant de la nation anglaise de l’autre, au centre se trouvent les Premières Nations. Il a été convenu à cette époque que les nations indiennes seraient toujours les chefs de leurs territoires et que tout ce qui devait être négocié devait l’être avec le peuple indien… » Ainsi, aujourd’hui, 258 ans après les traités de Swegatchy et de Kahnawake, et 255 ans après la Proclamation royale de 1763, le titre de propriété autochtone des Algonquins, qui englobe Ottawa, la capitale nationale, demeure une énigme à résoudre.

« AU GALOP VERS NOTRE 10E » Activités équestres pour les petits et les grands Service de restauration et bar Musique, danse et kiosques Nous vous attendons en grand nombre. Venez-vous amuser avec nous ! 5, 6 et 7 juillet 2019 Entrée gratuite

Source : Les traités et les relations qui en découlent

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DE PANACHE ET DE LAINE CHRONIQUE

LE TRAVAIL EN AMÉRIQUE GABRIEL DAVID HURTUBISE

Dès l’Antiquité, saint Augustin (354-430) considère que le travail est une punition qui sert à accepter sa souffrance. Jusqu’au XIIe siècle, le mot « travail » n’existe pas dans tout l’Occident médiéval. Dès lors, une machine faite pour contenir les chevaux à ferrer le tripalium – ensuite utilisée comme instrument de torture – lui prête son nom : tripaliare, signifiant « tourmenter » ou « torturer » en latin récent1. Au Moyen-Âge, le clergé et la haute société ont une vision très pessimiste, voire doloriste, du travail. On parlait alors de « corvée » paysanne. Une pénible tâche obligatoire imposée par les propriétaires terriens. Tant pis : on serait né paysan ou chevalier par vocation, selon l’ordre établi là-haut. Seul Saint Thomas d’Aquin (1225-1275), beaucoup plus tard, dépeint le labour comme une « collaboration positive », soit un moyen de contrer la paresse et de gagner sa vie en société en « permettant à l’homme d’apporter à Dieu dans l’œuvre de sa création ». Le voilà qui s’approche déjà un peu plus de notre vision actuelle. Le tournant majeur d’une conception négative du travail vers une conception positive survient seulement lors des années 1600 lorsque l’élite française se risque à considérer l’utilité sociale de la chose. À cette même époque, on fondait Montréal en 1642. En Amérique, le travail de la terre allait devenir un outil de conquête. Sur les terres du Saint-Laurent, on trouve des peuples aux coutumes étrangères qui vivent, agissent et pensent de manières fort différentes des Européens. Des « construits sociaux » se rencontrent, diraient certains. Des ouvrages économiques établissent rapidement des liens de causalité entre le travail du peuple – une « activité naturelle » nécessaire au bien-être collectif – et la richesse des nations Une autre étymologie de plus en plus acceptée par les linguistes proviendrait du terme « trabs » (aussi latin) soit « poutre » au sens propre ou « navire », « machine de guerre » au sens figuré. Ce terme a aussi donné naissance au mot « entraver », qui renvoie également à l’idée d’une contrainte. 1

civilisées. Le travail serait bon pour le progrès des peuples : une nouvelle idée. Mais, une question technique divise encore les législateurs : qui est le propriétaire des terres d’Amérique? (C’est qui le chef icitte?) On décrète que celui qui travaille la terre en est le propriétaire. On remarque aussi que plus les colons s’enfoncent dans le nord, moins l’agriculture est pratiquée… En Europe, la chasse, la pêche et la guerre, « activités » que pratiquent les Autochtones, sont réservées aux aristocrates. Des privilèges que tous envient. Les très puritains Jésuites, choqués de voir que les habitants du Nouveau Monde s’octroient ce luxe, le condamnent aussitôt : les sauvages doivent travailler pour leur salut. Très influents, ces missionnaires détiennent alors le monopole de tout ce qui s’écrit sur la Nouvelle-France. Ils décrivent les Autochtones comme paresseux, orgueilleux, refusant catégoriquement que des « sauvages » puissent vivre « noblement ». La vision européenne de ce qui constitue un travail ou pas, un privilège ou pas, a donc largement contribué à fixer ces préjugés encore vivants. Paradoxalement, la chasse deviendra une activité économique majeure, créant d’immenses fortunes. Mais, lorsque la mode de la fourrure passe, la chasse devient à nouveau un loisir aux yeux des colons. Plus de travail, tant pis. On fait signer des papiers pour faire céder les terres non cultivées aux colons. Alors, sans territoire pour chasser et vivre, sans revenu financier, il devient difficile de subsister. Le conquérant, soucieux que tous pensent comme lui, venait d’imposer sa nouvelle idée au Nouveau-Monde. « Je l’ai dit, et je ne saurais trop le répéter, civilisez vos voisins, et de proche en proche, s’il était possible, l’univers entier, et vous n’en aurez plus rien à craindre. » (Mirabeau, 1756)

Faites le plein de découvertes Choisir Desjardins, c’est aussi encourager les événements culturels d’ici. Bonne saison estivale 2019!

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CALENDRIER CULTUREL

JUIN 2019

Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

FESTIVALS

JEUNE PUBLIC

Festival des guitares du monde 25 mai au 1er juin Rouyn-Noranda Festival de contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue 4 au 9 juin Val-d’Or Festival western d’Abitibi-Ouest 6 au 9 juin La Sarre Pow-wow de Pikogan 8 et 9 juin Pikogan Festival de Blues Eldorado 28 juin au 1er juillet Val-d’Or

EXPOSITIONS De l’impossibilité de disparaître Mariane Tremblay Du 12 avril au 2 juin Centre d’exposition d’Amos Lueurs et trajectoires II Élisabeth Picard Du 12 avril au 9 juin Centre d’exposition d’Amos À hauteur d’enfants 27 avril au 2 juin Centre d’exposition de Val-d’Or La contemporaine Dany Massicotte 27 avril au 9 juin Centre d’exposition de Val-d’Or Résidence FMR Roger Wylde 12 au 18 juin Centre d’exposition de Val-d’Or (De)construction 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or Au-delà de cette construction 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or Au crépuscule des idoles 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or

Du futurisme à l’art automobile Alain Lévesque 25 mai au 1er juin Galerie Rock Lamothe (RN) Nuit au musée Arts autochtones et danse 31 mai MA, musée d’art (RN) De la lumière, tout près 3 mai au 2 juin MA, musée d’art (RN) Pour le plaisir de peindre 9 mai au 8 juin Fontaine des arts (RN) Territoires 7 juin au 15 septembre Le Rift (Ville-Marie) Le poids de l’inexistant Montserrat Duran Muntadas 9 mai au 16 juin Centre d’art de La Sarre

D’accord – Mathieu Beauséjour Du 25 avril au 2 juin L’Écart (RN)

Mokatek et l’étoile disparue 31 mai Théâtre du Rift (Ville-Marie)

Avant l’Abitibi : Territoire d’échanges, lignes de confluences Jusqu’au 17 janvier 2020 Centre d’archives Maison de la culture d’Amos

Heure du conte 15 et 18 juin Bibliothèque municipale d’Amos

MUSIQUE À toi Mélodie et Jazz Orchestre la Bande sonore 2 juin Théâtre du cuivre (RN) Rites de passage Émile Bilodeau 6 juin Théâtre Meglab (Malartic) 7 juin Le Rift (Ville-Marie) 8 juin Petit théâtre du Vieux Noranda (RN)

Atelier intergénérationnel de confection de marionnettes Jusqu’au 29 juin Musée de la gare (Témiscaming)

LITTÉRATURE Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue 23 mai au 26 mai Amos

HUMOUR Je m’en occupe! - Philippe Laprise 28 mai Théâtre des Eskers (Amos) 29 mai Théâtre du cuivre (RN)

Ayemiyedan Nisin/Dialogue trois 7 juin au 27 septembre MA, musée d’art (RN)

À chacun son style Harmonie le Tremplin de Malartic 7 juin Théâtre Meglab (Malartic)

Ralentir le temps Véronique Doucet 20 juin au 1er septembre Centre d’art de La Sarre

The Cajuns 8 juin Festival équestre et Rodéo de La Sarre

Boeing Boeing 5 au 21 juin Petit Théâtre du Vieux-Noranda (RN)

Sur notre 36 – Chorale En sol mineur 9 juin Théâtre du cuivre (RN)

Cor à contes Théâtre en Quec’Part 20 juin Maison de la culture (La Sarre) 21 juin Cabaret de la dernière chance (RN) 22 juin Parc du centenaire (Saint-Eugène-de-Guigues) 23 juin Terrain de balle (Nédelec) 24 juin Musée de la gare (Témiscaming)

Matrices… d’elles-mêmes Atelier les Mille Feuilles Du 20 juin au 1er septembre Centre d’exposition d’Amos Mille constellations Atelier les Mille Feuilles Du 20 juin au 4 août Centre d’exposition d’Amos Mariages obligés Annie Paulhus Gosselin Du 20 juin au 4 août Centre d’exposition d’Amos Exposition de photos anciennes 28 juin Centre communautaire de La Motte Poésie picturale et historiettes Gilles Plante Jusqu’au 18 juin MRC Vallée-de-l’Or

Cow-boys : de Willie à Dolly Québec Issime 9 juin Salle Desjardins (La Sarre) Rokkem 15 juin Scène Paramount (RN) Ludwig Von 88 Cour à scrap Les sociopathes 22 juin Scène Évolu-Son (RN) Rob Lutes et Adam Karsh 30 mai Le Rift (Ville-Marie)

THÉÂTRE

La balade contée 28 au 30 juin La Motte

DIVERS Journée culturelle camerounaise 8 juin Place Agnico Eagle (VD)

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEN JUIN 2019 23


subarurn.com

* Voir détails et réstrictions

chez Subaru Rouyn-Noranda.

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