JUILLET-AOÛT 2019 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 10 - NO.10

Page 1

JUILLET-AOÛT 2019 V O L 1 0 - N O 1 0

+ S P É C I A L TO U R I S M E E T F E S T I VA L S

100 E NUMÉRO!

10 11 RANDONNÉE AVEC LA AMOS ET VAL-D’OR COUREUSE DES BOIS

SE RACONTENT

12 ROT FEST :

UN FESTIVAL PAS COMME LES AUTRES

21 SARAH BARIL GAUDET EN TOURNAGE AU TÉMISCAMINGUE

25 REGARD

SUR L’ŒUVRE DE JOCELYNE SAUCIER


ÉDITORIAL

LES SAISONS SE SUIVENT, MAIS NE SE RESSEMBLENT PAS

CONSEIL D’ADMINISTRATION

ARIANE OUELLET, ÉDITORIALISTE

À une époque de ma vie, j’ai été planteuse d’arbres. Pas dans l’aménagement paysager. J’ai planté pour des compagnies forestières à une échelle industrielle qui se compte en milliers d’arbres par jour. J’ai un souvenir très précis du premier voyage entre Lebel-sur-Quévillon et le camp, sur la route 105. Un vieil autobus jaune déclassé pour le transport scolaire nous servait de moyen de transport collectif vers le village de roulotes de chantier qui serait notre foyer pour l’été à venir. Sur le pare-chocs avant, une pancarte attachée avec de la broche : Le-Hell-sur-Quévillon. Ça fait des mois qu’on rêve de ce jour mythique, comme un voyage initiatique vers des contrées lointaines où nos limites seront repoussées au-delà de notre compréhension. On monte chacun notre tour dans ce rafiot branlant pour s’élancer à 100 km/h sur une route de gravier où se croisent travailleurs forestiers et poids lourds hors norme vidant la forêt de ses entrailles. Le foreman au volant prend bien soin de mettre dans le lecteur cassette ce qui se fait de plus trash, question de ne laisser aucun doute sur l’expérience qui s’en vient. Dehors, à 360 degrés, une forêt calcinée s’étend à perte de vue. Pas un brin de vert dans tout ce charbon. Dix kilomètres où le feu de l’année d’avant a avalé la moindre souche, le moindre nid d’oiseau. Moi qui me croyais abitibienne, je n’avais jamais vu une coupe à blanc, qui n’avait de blanc que l’espace vide entre les traces d’une vie disparue. Je suis restée sans mots devant le spectacle. J’ai pleuré pendant plusieurs minutes, comme en choc. Aussi spectaculaire que soient les images, voir un feu de forêt aux nouvelles n’a rien à voir avec l’expérience de marcher sur un sol calciné où le décor a disparu. J’essayais de visualiser la forêt, les orignaux, les perdrix. Partis en fumée. C’est là-dedans que nous allions travailler puisque c’est pour ça que j’y étais montée. Le plus étrange, c’est qu’une fois accoutumé au désastre, le fait de

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006.

planter des arbres dans un endroit comme ça relève du fantasme pour un planteur d’expérience. Pas de verdure pour nous faire perdre nos repères, pas de framboisiers pour nous grafigner la peau, pas de branches pour nous enfarger. Comme quoi tout est relatif. On s’habitue à tout, d’autant plus qu’on est dans cette galère pour essayer de faire de l’argent. Au fil des jours, un changement se produit, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. La vie s’appelle à elle-même. Dans le charbon de la terre se cachent des merveilles en devenir. C’est le grand cycle de la vie et de la mort. Je suis à la fois dans l’immensité du territoire et dans un monde infiniment petit rempli de surprises. Et dans la routine d’un matin de juin, je vois éclore le premier iris versicolore de l’été, splendide et farouche, qui s’offre à moi toute seule au fond d’un terrain vaseux. Le cri d’un huard dans le silence de l’aube. Le premier bleuet de l’été, je le vois mûrir, puis je le cueille et je le mets encore tiède dans ma bouche. Ces toutes petites choses en apparence banale prennent soudain une forme très nette dans ma conscience. Elles me procurent une joie pure, un sentiment de gratitude. La laideur du début s’est transformée. Je comprends que pour que la vie renaisse, il faut souvent de grands bouleversements. Du chaos surgit nécessairement une forme d’harmonie, pour qui sait y voir. Les saisons rudes de chez nous participent à la même danse éprouvante. Quand je passe trop de temps devant mon écran à m’abreuver de tout ce qui va mal, et Dieu sait qu’il y a de quoi se mettre sous la dent en matière de misère, je retrouve le même sentiment de désolation et d’impuissance que m’avait fait ressentir la vue de la forêt calcinée. La tristesse m’englue. Il faut savoir où poser son regard pour apprendre à voir ce qui vaut la peine d’être vu. Il faut regarder pousser les

fleurs de notre jardin et, comme le dit le poète Nicolas Lauzon, il faut prendre le temps de regarder le jour mûrir avec les bleuets. On oublie souvent la chance qu’on a de vivre dans une région comme la nôtre, car bien que son climat nous en fasse vraiment voir de toutes les couleurs, on oublie parfois de s’apercevoir que ces couleurs font justement partie de la beauté de l’œuvre. Pour voir dans toute leur splendeur les verts tendres des bourgeons, rien de mieux qu’un printemps trop longtemps gris. Revoir les tiges motivées de mes pivoines se pointer à travers le feuillage jauni de la saison passée, prêtes à livrer une floraison spectaculaire comme si leur vie en dépendait. Je trouve ça vraiment beau. Je partage cette petite tranche de vie parce que je pense que l’été est un moment de répit où il faut faire le plein de beauté, se saturer les yeux et le nez avec les parfums de la forêt, des lacs, des petits fruits. Quoi de plus parfait qu’une framboise sauvage? Il faut le faire de façon consciente parce que tout n’est pas toujours beau, tout n’est pas toujours parfait. Mais quand le moment est venu pour que le miracle se produise, il faut être au rendez-vous. Et si les framboises ne sont pas votre truc, c’est peut-être sur une terrasse en ville que vous trouverez votre bonheur dans un verre partagé avec un ami. L’été, on a le droit d’être moins vigilant et d’accueillir le bonheur des petites choses en toute simplicité. Comme une grande roue qui tourne, les numéros de L’Indice bohémien s’enchaînent. Ainsi, vous avez entre les mains son centième numéro. Ce journal, fruit du travail coopératif de toute l’Abitibi-Témiscamingue, est un miracle qui se produit encore et encore. C’est un outil de communication et de développement qui vit grâce à vous tous, lectrices et lecteurs. On vous dit un immense merci d’être au rendez-vous!

Marie-France Beaudry, présidente | R-N Manon Faber, vice-présidente | R-N Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | R-N Carolann St-Jean, secrétaire | R-N Anne-Laure Bourdaleix-Manin | Vallée-de-l’Or Carole Marcoux | Témiscamingue

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez direction@indicebohemien.org 819 763-2677

RÉDACTION Mariane Ménard, coordonatrice à la rédaction redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 Ariane Ouellet, éditorialiste

COORDINATION RÉGIONALE Mathieu Larochelle (MRC d’Abitibi) Louise Magny (MRC d’Abitibi) Sophie Ouellet (MRC d’Abitibi-Ouest) Nancy Ross (Rouyn-Noranda) Véronic Beaulé (MRC de Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC de la Vallée-de-l’Or)

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

Lydia Blouin, Philip Bradley, Isabelle Brochu, Tim Cerdan, Gabriel David Hurtubise, Guy Desaulniers, Michel Desfossés, Maurice Duclos, Myriam Francoeur, Daniel Gagné, Alexis Lapierre, Zachary Marcoux, Philippe Marquis, Mariane Ménard, Lise Millette, Ariane Ouellet, Michèle Paquette, Michaël Pelletier-Lalonde, Geneviève Rouleau Lafrance, Dominic Ruel et Marie-Ève Thibeault-Gourde.

CONCEPTION GRAPHIQUE Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org Typographie : Harfang, André Simard, DGA

CORRECTION Geneviève Blais

EN COUVERTURE

C’est dans l’une des plus belles régions rurales du Québec, à Ville-Marie, aux abords du lac Témiscamingue, que se déroule La Foire-Gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est Ontarien. Un rendez-vous à ne pas manquer avec les producteurs du terroir!

SOMMAIRE

CHRONIQUES

ARTS VISUELS 4, 5

DE PANACHE ET DE LAINE 17

Imprimeries Transcontinental

CALENDRIER CULTUREL 31

ENVIRONNEMENT 6

CINÉMA 21

HISTOIRE 7

NOUS JOINDRE

JEU 19

L’ANACHRONIQUE 4

LITTÉRATURE 24-29

MA RÉGION J’EN MANGE 20

SOCIÉTÉ 6-8

POSTE D’ÉCOUTE 30

TOURISME ET FESTIVALS 10 À 16

RÉGION INTELLIGENTE 23 TÊTE CHERCHEUSE 5

2 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019

IMPRESSION

150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

FOIRE GOURMANDE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE ET DU NORD-EST ONTARIEN

CULTIVER LE PLAISIR DE BIEN MANGER! ARIANE OUELLET

Depuis 2002, le Témiscamingue accueille le grand rendez-vous des amateurs de bouffe et de découvertes des produits du terroir. En effet, la Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien déploie tous les efforts pour séduire les épicuriens des deux côtés de la frontière en ayant comme mission de soutenir et valoriser les producteurs et transformateurs agroalimentaires de ce vaste territoire.

FOIRE GOURMANDE DE L’ATNEO

La Foire gourmande se déroule dans un lieu magnifique au bord du lac Témiscamingue à VilleMarie. Selon Stéphanie Fortin, coordinatrice de l’évènement, le moment est propice aux échanges. « Les producteurs en profitent pour rencontrer le public, qui aime bien poser des questions, s’informer sur les méthodes de production et tester de nouveaux produits. » Rien de mieux pour se renseigner sur ce qu’il y a dans notre assiette et découvrir cet aspect parfois moins reconnu de notre identité et de notre culture. Plus de quarante exposants ont déjà confirmé leur présence à ce grand rassemblement.

Comme le dit bien son nom, la Foire gourmande met l’accent sur la bouffe et sur l’écosystème qui le compose : producteurs, traiteurs, chefs, brasseurs, etc. « Il y a plusieurs possibilités d’expériences culinaires, comme des cours de cuisine, des dégustations, des présentations. On offre aussi une boutique gourmande pour faire des provisions », explique Stéphanie Fortin. On peut bien entendu manger sur place selon la formule de son choix. Les vendredi et samedi, les chefs renommés du réseau Origines NordOuest concoctent un festin. On y trouve un menu plutôt élaboré mettant à l’honneur des produits du terroir. Pour ceux qui aiment improviser, le resto-bar gourmand attend les visiteurs dans une formule sans réservation. Différents chefs y préparent des menus, et ce, à partir du brunch. Au-delà de l’expérience touristique, la Foire gourmande a surtout des impacts importants sur le milieu agroalimentaire de la région. Pour les producteurs, cette foire est l’équivalent d’un salon du livre pour les auteurs, selon la fondatrice Line Descoteaux. « C’est important qu’ils soient là, raconte Stéphanie Fortin. La Foire gourmande a permis de développer une connaissance et une reconnaissance des produits d’ici. Ça a favorisé une prise de conscience de l’achat local. Ça a vraiment donné un gros coup de pouce aux producteurs et aux transformateurs pour développer le réflexe de l’achat dans les marchés de la région. »

!

OCCASION SPÉCIALE

S N E I V E D ! E R B M E M

Le rassemblement est aussi le moment pour les professionnels du milieu d’échanger de l’expertise. « Un producteur n’est pas nécessairement traiteur. Il y a beaucoup d’entraide entre producteurs, du coaching. Par exemple, Angèle-Ann Guimond de l’Éden rouge va accompagner certains producteurs pour la fabrication de leurs bouchées. Ça aide à mettre leurs produits en valeur », selon l’organisatrice. La Foire gourmande propose aussi aux visiteurs une série d’animations leur permettant de profiter au maximum de leur passage à Ville-Marie. Il y a une présence en continu d’artistes de la région et du Nord-Est ontarien sur la scène du lac. Le soir venu, on retrouve des artistes régionaux et nationaux, dont Galaxie et Alaclair Ensemble. Si le spectacle du vendredi cible plutôt la scène émergente, celui du samedi soir rassemble un public multigénérationnel. Les plus audacieux pourront participer à un jeu d’évasion sur le thème de la foire gourmande, une activité à laquelle il faut s’inscrire à l’avance sur le site web de l’évènement. PLACE AUX ADOS!

Si l’aménagement du site fait une belle place aux tout-petits avec les amuseurs publics et les jeux gonflables, les ados ne sont pas en reste dans la programmation. En effet, un cours de cuisine « spécial ado » interdit aux parents est à l’horaire. Le dimanche, les jeunes sont conviés à un concours de BBQ animé par l’humoriste JC Surette, qui offrira par la suite un spectacle ouvert à tous. Un autre volet intéressant réservé aux ados est la présentation des brigades culinaires. « C’est un volet travaillé en milieu scolaire pendant l’année, où des cours de cuisine sont offerts en parascolaire dans les écoles secondaires. Au Témiscamingue, c’est Angèle-Ann Guimond qui forme les jeunes. C’est une démarche assez sérieuse. À la fin, il y a une improvisation à faire avec des aliments imposés. C’est un travail d’équipe sous forme de compétition. Ceux qui se démarquent viennent à la Foire gourmande participer à une démonstration », explique la coordonnatrice de l’évènement. Parce qu’il est un amoureux des régions et des produits du terroir, le porte-parole de l’édition 2019 n’est nul autre que Christian Bégin. Les intéressés pourront le voir dans la « Cuisine en action » ainsi que pendant la durée du weekend où il ira à la rencontre des exposants. Les papilles vous frétillent déjà? Attendez de voir la liste des kiosques! Fromage au village, Chez le Lièvre café-buvette, micro-brasseries le Prospecteur et le Barbe-Broue, les produits de l’érable Tem-Sucre, la boucherie Des Praz, le Grenier des Saveurs, le Verger des Tourterelles, l’Éden rouge, Chocolats Martine, Ékorce kombucha, même un producteur de lavande de l’Ontario et des pizzas au four à bois, et plus encore. Il y a sans doute un épicurien en vous qui n’attend que le weekend du 17 au 19 août pour découvrir un monde inédit de saveurs en plein cœur du Témiscamingue!

JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN

Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Deviens membre de la Coopérative de solidarité du Journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

Prénom et nom : ______________________________________________________ Adresse : _____________________________________________________________ Téléphone : ____________________________________ Courriel : ______________________________________

MER

CI!

Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 3


ARTS VISUELS

L’ANACHRONIQUE CHRONIQUE

DES TERRITOIRES COULÉS DANS NOS VEINES

RANDONNÉE

UN PRIX NATIONAL POUR LA MURALE HOMMAGE À DESJARDINS

PHILIPPE MARQUIS

Ces temps-ci, en fait depuis très longtemps, je nous sens coincés dans un embouteillage monstrueux de prêt-à-jeter, d’informations, d’opinions et de divertissements sans fin. Personnellement, j’ai l’impression d’être gazé, au propre comme au figuré, par un rythme qui n’a, pour moi, rien de naturel… L’essentiel, celui que je choisis, croupit sous des piles de vides. Une pression constante, à laquelle nous nous habituons, brouille la vue des feuilles et couvre le son qu’elles font lorsque le vent les caresse à son gré. Nous pouvons changer ce monde moulé au profit de très très peu de gens. Nous pouvons aussi briser ce rythme imposé à nos esprits qui s’y enferment. Cela devient réalisable, dès que nous nous disons que ça l’est. Alors, ici, comme je demeure libre d’écrire que l’été ne sera pas l’hiver, j’invite à…

LA RÉDACTION

La Ville de Rouyn-Noranda a été honorée lors du 32e Colloque annuel du réseau Les Arts et la Ville en juin dernier. Le prix Culture et développement lui a été décerné pour le projet de murale Des territoires coulés dans nos veines en hommage à Richard Desjardins. Avec ses 160 mètres de long par 6 mètres de haut, la murale réalisée à l’été 2018 par Valéry Hamelin, Brigitte Toutant, Johannie Séguin, Annie Boulanger, Ariane Ouellet et Annie Hamel est une œuvre immense. Elle est présentée sur le mur sud du viaduc du boulevard Rideau à Rouyn-Noranda.

Jouer aux touristes dans des endroits reculés, qui n’ont jamais été marchés, pour apprendre notre pays pas à pas. Canoter, du soir au matin, vers les baies inconnues des lacs sans noms. Y plonger au plus profond de nous. De là… Nous récolterons des idées sauvages. Nous cultiverons la patience dans ces lieux où il ne se passe rien… rien d’autre que la vie. Nous nous amuserons à perdre le temps qui n’arrivera pas à suivre nos instincts. Nous dormirons à la folle étoile, sous des ciels noirs de nuages imprévisibles. Nous défierons les catastrophes en nous serrant dans nos bras. Nous fêterons d’aplomb au Festival des lendemains d’éveil. Nous ferons de méchantes virées à ceux de la clintonie boréale et de la rosée matinale. Pour terminer, durant toute la nuit, nous nous éclaterons au Festival des lucioles révoltées. Nous entrerons sans payer pour voir le spectacle du soleil qui se couche, de la nuit qui se lève et de la lune engrossée de lumière. Nous écouterons doucement toutes les musiques vivantes et nous danserons des slows sous les pluies d’été. Nous nous balancerons, avec les pins gris, rouges et blancs, les épinettes noires, les peupliers baumiers et les bouleaux arc-en-ciel… Boire des aurores boréales avec nos mains. Suivre les traces des cervidés dans nos jardins secrets. Imaginer le meilleur et partir en randonnée. Avant d’amorcer cette balade, je conseille de se débarrasser de l’opinion des sceptiques, de se délivrer de la prison du Ç’a toujours été comme ça, puis d’échapper à nos habitudes.

NATHALIE TOULOUSE

Juste pour s’alléger l’été.

IN DICE BOHEM I EN.ORG

VISITES TOURISTIQUES POUR UNE EXPÉRIENCE INCONTOURNABLE 23 JUIN À LA MI-AOÛT RÉSERVATION : 819 797-3195

4 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


TÊTE CHERCHEUSE

ARTS VISUELS

CHRONIQUE

UN ÉTÉ POUR RÉFLÉCHIR À LA MATÉRIALITÉ AU CENTRE D’EXPOSITION DE VAL-D’OR

DOMINIC RUEL

AU-DELÀ DE CETTE CONSTRUCTION

Dans cette exposition, on retrouve plus particulièrement la somme de trois démarches, cristallisant le travail des trois artistes autour de l’argile. « Loriane Thibodeau investit l’espace par de vastes installations dans lesquelles des urnes funéraires et des objets hétéroclites sont partiellement recouverts d’argile crue. Mathilde Leveau échafaude de hautes structures composées de modules d’argile crue (poutres porteuses, parpaings). Les grands dessins de Marie-Claude Drolet sont inspirés de ses délicates sculptures qui dévoilent le vide laissé par diverses matières combustibles (cordes nouées, papier, fibres) au sein de frêles coques d’argile », précise madame Adam. AU CRÉPUSCULE DES IDOLES

Il s’agit d’une exposition composée d’objets commerciaux, de bibelots achetés dans les brocantes et de dons reçus par les citoyens. Marc Boutin explique qu’il existe une tension entre les bibelots accumulés et le marteau exposé qui pourrait les détruire. Le fait que les bibelots soient si fragiles engendre un stress. Le titre de l’exposition fait directement référence à l’œuvre Crépuscule des idoles ou comment on philosophe avec un marteau du philosophe Friedrich Nietzsche. Nos idoles sont des objets, mais on glisse de plus en plus dans l’immatériel avec la dématérialisation des photos, des médias, etc. PREMIÈRES NATIONS

Après avoir effectué sa résidence au Centre d’exposition, pour des raisons pratiques, Roger Wylde a effectué le tannage de ses peaux au Centre Kinawit du 12 au 18 juin. Il exposera le fruit de son travail au Centre d’exposition jusqu’au 25 août. « Le tannage ou le travail du cuir fait partie d’une pratique essentielle de ma culture, qui est en danger de disparaître, affirme M. Wylde. Il est une pierre angulaire des activités traditionnelles et trouve sa place dans les activités contemporaines. Je profite du fait que ma mère soit encore en vie, malgré ses 90 ans, pour obtenir ses enseignements et ses connaissances en cette matière », conclut-il. Selon Carmelle Adam, la vision du Centre d’exposition est d’être un acteur de changement pour un mieux-être de l’individu et de la société dans laquelle il vit, qui est très complexe. Les artistes nous proposent des interrogations et des pistes de solutions.

LERIFT.CA

Samedi et Dimanche: 10h à 17h

42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 819 622-1362 leriftinc@tlb.sympatico.ca

Les Sept Grands-Pères

42, rue Sainte-Anne LERIFT.CA Ville-Marie 2B7 HORAIRE(Québec) - SAISON J9V ESTIVALE 622-1362 Lundi et819 Mardi: 10h à 17h leriftinc@tlb.sympatico.ca Mercredi, Jeudi, Vendredi 10h à 20h

Frank Polson

819 622-1362 entrée gratuite leriftinc@tlb.sympatico.ca

VERNISSAGE 25 JANVIER SEPTEMBRE 17 H AU 2421 MARS

Les expositions se poursuivent jusqu’au 25 août 2019.

II- J’ai lu peu de science-fiction dans ma vie. Peut-être à 14 ans, un Asimov. Les Robots (J’ai lu)? J’ai fait un essai l’hiver dernier avec Le problème à trois corps (Actes Sud) de Liu Cixin, légende chinoise, gagnant des plus prestigieux prix. L’idée du roman : en pleine révolution culturelle, enfermée dans un camp de rééducation, une jeune astrophysicienne envoie un signal qui sera capté par les Trisolariens, une civilisation lointaine, menacée par les orbites chaotiques de ses trois soleils. Les Trisolariens sont sur le point de quitter leur planète et la jeune Chinoise tient le destin de l’humanité entre ses mains. L’intrigue est complexe, mais passionnante, on apprécie l’originalité et l’audace de l’histoire. Ce roman est le premier d’une trilogie, déjà parue. La rumeur court qu’Amazon adapterait l’histoire pour la télévision. Et qu’elle serait prête à débourser un milliard de dollars! III- Imaginez : début du XXe siècle, Paris, la bohème, Picasso et Apollinaire qui déambulent. C’est Le vol de la Joconde (Grasset) de Dan Franck. Été 1911, le célèbre tableau est volé au Louvre. Les deux comparses ont peur d’être arrêtés, Picasso possédant deux statuettes volées aussi par le présumé cambrioleur, un drôle, qui a aussi été, par hasard, secrétaire d’Apollinaire. Ils doivent donc se débarrasser des deux têtes ibériques. Commence alors la tournée des amis artistes et des cafés de Paris, à la recherche d’une solution. On croisera le Douanier Rousseau, Utrillo, Max Jacob, Soutine, Modigliani, Chagall, Matisse et Gertrude Stein. Moins de 200 pages qui se lisent bien. C’est frais et léger, on sourit, c’est lumineux. À lire avant Le temps des Bohèmes (Grasset), brique de plus de 1000 pages de Franck sur ce Paris des artistes du début du siècle dernier. NOMBREUSES ACTIVITÉS FAMILIALES! · La Foire du Savoir-Faire · La Journée de la Poésie · Cultiver chez soi avec les Jardins des Quinze · La traditionnelle épluchette de Blé d’inde · Vélo-Taxi EXPOSITIONS · La Maison du Frère Moffet à travers le temps · De la terre et des hommes (Dernière année)

Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h dès le 25 juin

Pour réservations ou informations: 819 629-3533 - mfm@tlb.sympatico.ca 7, Notre-Dame de Lourdes, Ville-Marie

maisondufreremoffet.com ARTISTES EN RÉSIDENCE

ÉMILIE B. CÔTÉ 27 juin au 4 juillet 2019

JOANNE POITRAS DOMINIC LAFONTAINE 4 juillet et 5 au 9 août 2019 13 juillet 2019

ESPAC

l’accessible étoile

Dans les deux expositions, l’argile est intégrée, non pas en tant que matière mythologique liée à l’origine de la forme matérielle du corps, explique Mme Adam, mais comme le matériau de tous les possibles. La création in situ est abordée comme un laboratoire. Ces expositions offrent des espaces de réflexion sur l’accumulation qui nous permettent de mieux saisir notre rapport à la société de consommation. Pourquoi a-t-on besoin de s’entourer d’autant d’objets? Tout le monde est touché par la surconsommation et on ne sait pas comment s’en sortir. Le Centre d’exposition est un lieu qui veut susciter le questionnement, nous dit Mme Adam.

VITRINE SUR UN ARTISTE

LA DÉCONSTRUCTION, THÈME GÉNÉRAL

I- C’est l’occasion de découvrir Michel Houellebecq. J’ai aimé La carte et le territoire (J’ai lu) et adoré Soumission (J’ai lu) (l’histoire d’une France devenue islamique au milieu des années 2020). J’ai adoré Sérotonine (Flammarion), son plus récent roman. Selon plusieurs critiques, Houellebecq est le meilleur écrivain français vivant. Il sait décoder, comme peu de penseurs, l’état de notre monde occidental, ses crises, ses zones d’ombre. Sérotonine, c’est l’histoire d’un ingénieur agronome, Florent-Claude, dépressif et seul, qui gère sa déchéance à coups d’antidépresseurs qui le laissent sans libido. C’est l’archétype même du héros de Houellebecq : le mâle blanc, qui a perdu ses repères, sans gouvernail dans les eaux troubles de la modernité. On y trouve un portrait saisissant et cru de notre époque. On y devine même les « Gilets jaunes », que Houellebecq a semblé prédire un an à l’avance. Une fiction bien ancrée dans un réel inquiétant.

Héroux E FRANÇOIS Martin - Rimouski Quichotte, ndide laideur Don / Sculpture

C’est à un questionnement philosophique sur la surconsommation et l’accumulation d’objets auquel nous convie cet été la directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or, Carmelle Adam. Les expositions dont elle est commissaire et qui laissent transparaître le schème de la déconstruction, une philosophie développée par Jacques Derrida, se divisent en deux : Au crépuscule des idoles, par Katia Martel et Marc Boutin, artistes d’Obaska et Au-delà de cette construction par Marie-Claude Drolet, Mathilde Leveau et Loriane Thibodeau de Québec. Roger Wylde, artiste autochtone de Pikogan, exposera également des peaux qu’il aura tannées pendant une semaine de résidence en juin.

C’est le temps de lire, de courir chez votre libraire indépendant et de trouver ce qui occupera les après-midi ensoleillés, les journées à la plage ou les soirées sur la terrasse. Il y a tellement de choses à lire, il n’y a plus d’excuses pour ne pas lire. Encore cette année, je vous offre quelques suggestions de livres pour l’été.

ATELIER CENT PRESSIONS Oraganismes ERRIÈRE - Laverlochère Artistiquement Modifiés Pascale Leblanc Lavigne r terre / Estampe Exposition du 7 juin La Vitrine au 15 septembree

MICHÈLE PAQUETTE

Du 21 septembre au 42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) 2018 J9V 2B7 11 novembre

LECTURES D’ÉTÉ

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 5


SOCIÉTÉ

ENVIRONNEMENT CHRONIQUE

VERS DES ÉVÉNEMENTS

BILAN POSITIF POUR

ÉCORESPONSABLES

LE MÈRE-VEILLEUX

MAURICE DUCLOS, ÉCO-CONSEILLER DIPLÔMÉ ©

MÔMENT

L’humain est un animal social. Nous aimons nous rencontrer pour toutes sortes de prétextes, des plus sérieux aux plus futiles. C’est un besoin et l’habitude d’organiser des réunions, des mariages ou des fêtes de bureau et des événements festifs et conviviaux n’est pas près de disparaître de nos vies. Allons-y d’une traite : qui dit été, dit tourisme et festivals. Depuis plus de 15 ans, le développement touristique est sans pareil en Abitibi-Témiscamingue, notamment du côté des festivals. Pensez-y deux minutes. En tout cas, moi j’y pense. En 1999, à part la peur du bogue de l’an 2000, y’avait pas beaucoup d’événements festifs à se mettre sous la dent pour se divertir durant l’été. Aujourd’hui, si vous avez entre 18 et 88 ans… Wow! Ce n’est pas l’offre qui manque. Le nombre d’événements a littéralement explosé depuis le tournant du XXIe siècle.

AYEMIYEDAN NISIN

COURTOISIE

7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019

Pour vous donner une idée, en 2002, FME et Foire gourmande; 2003, Festival contes et légendes; 2004, Osisko en lumière, FRIMAT et Documenteur; 2005, Festival des guitares du monde (FGMAT); 2007, H2O; 2008, Festival des langues sales; 2013, la FÉE; 2015, Festival de Blues, et j’en passe plusieurs. Plus récemment, en 2018, le Moto Film Fest, le Festival de musique trad ainsi que le nouveau FestiVoile en 2019 sont entrés dans la parade (devenu très grande) des festivals en Abitibi-Témiscamingue

Chacun a sa place dans la parade. Musique de toutes sortes, boustifaille et gastronomie, cinéma, humour et autres.

FRANK POLSON

7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019

Le dicton veut qu’on ne fasse pas d’omelette sans casser des œufs. Toute activité humaine, aussi anodine soit-elle, a des impacts sur l’environnement et occasionne des coûts à la société. Dans une étude réalisée au Québec (Levert et ass. 2008), il a été mesuré et démontré que lors d’un événement grand public (festival, salon, foire, conférence, colloque, etc.), un participant génère jusqu’à 10 kg de déchets par jour, soit 5 fois plus qu’en temps normal. Cinq fois plus de déchets… C’est beaucoup de « déchets » que les organisateurs doivent gérer convenablement pour en réduire l’impact négatif sur l’environnement. En Abitibi-Témiscamingue, plusieurs événements ont pris le virage et ont changé leurs façons de faire. Bravo! Certains se démarquent. Le FME a été le premier à instaurer le verre (bock) réutilisable, la Foire gourmande, la première à implanter le compostage lors d’un événement d’importance, le FGMAT, parmi les premiers à interdire la vente de bouteilles d’eau jetables. Quant à lui, le FRIMAT applique depuis plusieurs années le principe 3R-V, soit de réduire, de réutiliser et de recycler, puis de valoriser la matière. Et la liste s’allonge avec le temps.

CAMP D’ART D’ÉTÉ 2019 25 JUIN AU 28 AOÛT 2019

Depuis quelques années on voit nettement une tendance prendre de l’ampleur. Le fameux mouvement « zéro déchet » prend le relais : ce qui était nommé comme « événement écoresponsable » est devenu événement « zéro déchet ». En fait, c’est essentiellement la même chose, mais en plus vendeur. Bravo à toutes ces organisations qui prennent ce virage vert essentiel en cette période de changements climatiques (certains diront crise climatique). La réduction de l’empreinte écologique des événements est importante, considérant la quantité de déplacements et de déchets générés par les milliers de festivaliers et de visiteurs. À l’heure actuelle, le virage vert se fait de plus en plus sentir et il doit le devenir encore davantage dans les prochaines années. Pas juste en gestion des « poubelles », mais aussi en gestion du carbone émis par les déplacements et les transports. Toutes les organisations en sortiront immanquablement gagnantes.

BOUTIQUE

CRÉATIONS D’ARTISTES ET ARTISANS D’ICI

MUSEEMA.ORG

6 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

ISABELLE BROCHU

Ma grand-mère disait toujours : « Ma richesse, ce sont mes enfants ». Par la suite, ma mère a voulu nous transmettre ces mêmes valeurs. Simultanément, alors que le Québec était foudroyé par l’horreur de la petite de Granby, mon coin de pays était horrifié de celle de la fillette de Macamic. À travers le brouhaha médiatique, les Grands Frères Grandes Sœurs d’AbitibiOuest ont discrètement organisé la 2e édition de leur Mère-Veilleux Môment. Tout au long de la journée du 4 mai dernier, 15 artisans et artistes locaux et régionaux étaient réunis au Centre Desjardins-Jean-Coutu de La Sarre pour aiguiser les sens des 120 visiteurs et enfants présents. À quelques jours de la fête des Mères, le Mère-Veilleux Môment a offert à la population un vaste choix de cadeaux pour toutes les mamans de l’AbitibiOuest. Cette activité a permis d’amasser quelque 500 $ pour l’organisation d’activités avec les petits frères et petites sœurs, ainsi que leurs mentors. De plus, trois personnes ont démontré leur intérêt de faire la différence auprès d’un enfant d’Abitibi-Ouest.


SOCIÉTÉ

HISTOIRE CHRONIQUE

UNE CAMPAGNE D’AFFICHAGE POUR FAIRE CONNAÎTRE L’ENTREPRENEURIAT COLLECTIF LA RÉDACTION

L’Abitibi-Témiscamingue compte environ 330 entreprises collectives d’économie sociale sur son territoire. Travaillant à la promotion de ce modèle et au soutien des entreprises, Espace entrepreneuriat collectif est l’un des 22 pôles d’économie sociale au Québec. Une grande campagne d’affichage ayant pour but de faire connaître ce modèle d’entreprise est en cours.

LE FESTIVAL DE L’ORIGNAL DE VAL-D’OR GENEVIÈVE ROULEAU LAFRANCE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

Si l’on associe festivals et période estivale, il y en a un qui s’est distingué à Val-d’Or étant donné sa présentation à l’automne. Le Festival de l’orignal a su réchauffer les cœurs des Valdoriens, et même des Abitibiens, lors des journées fraîches (pour ne pas dire froides) de la fin d’octobre.

Isabelle Jacob, responsable des liaisons et des communications d’Espace entrepreneuriat collectif, explique que l’entreprise collective d’économie sociale est méconnue. « Ce modèle est peu choisi, spontanément, quand c’est le temps de démarrer un projet d’affaires, remarque-t-elle. Nos actions ici visent à faire connaître ce modèle entrepreneurial afin qu’il fasse partie des options au moment du démarrage. » DÉMYSTIFIER L’ÉCONOMIE SOCIALE

Ce sont des organismes à but non lucratif, des coopératives, des mutuelles : les entreprises d’économie sociale se démarquent par leurs valeurs. À travers leur offre de produits ou de services, elles veillent au mieux-être de leur communauté et contribuent au développement d’une économie durable. « Ce modèle d’entreprise fait appel à des valeurs de justice sociale, de démocratie, d’équité et de solidarité, énumère Mme Jacob. Plutôt que d’être distribués aux actionnaires, [les profits] sont réinvestis dans l’organisation. En osant faire des affaires autrement, ces entreprises sont des acteurs de changement », remarque-t-elle.

AFFICHEZ-VOUS!

Pour sa campagne « L’entrepreneuriat collectif : j’y crois, j’en fais partie », Espace entrepreneuriat collectif aimerait que les entreprises collectives d’économie sociale montrent leur fierté de participer à ce mouvement. « L’objectif du volet “Affichez-vous” de la campagne est de soutenir la création d’un sentiment d’appartenance à ce modèle chez les entreprises collectives d’économie sociale », mentionne Isabelle Jacob. Un deuxième volet s’adressant au grand public vise à reconnaître efficacement ces entreprises. « Le volet “Repérez-les” de la campagne vise à permettre au grand public de les identifier, de constater qu’il les connaît déjà sans nécessairement en être conscient, ainsi qu’à démontrer que ces entreprises sont partout autour de nous », soutient Mme Jacob. Les entreprises et les citoyens sont appelés à participer à la campagne « L’entrepreneuriat collectif : j’y crois, j’en fais partie » pendant les trois prochaines années. En tant que coopérative de solidarité, L’Indice bohémien est fier de participer au mouvement et de s’afficher comme entreprise collective d’économie sociale!

Après des débuts balbutiants à la fin des années 1960 (soit le 25 octobre 1969), le Festival de l’orignal a vécu ses moments forts dans les années 1970 et 1980. Ce festival a donné lieu à de nombreuses activités dont les plus célèbres sont le défilé des chars allégoriques et des chasseurs avec leur trophée, les soirées récréatives ou dansantes, les concours de panaches, les concours de calls d’orignal, le couronnement de la reine du Festival, et ce, sans oublier la fameuse soirée des veuves de chasse! Fait anecdotique, le port de la chemise à carreaux (costume de chasseur) était obligatoire lors de la période du festival sous peine d’amende…

PHOTOS : SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

En 1977, une délégation s’est rendue à Montréal pour participer à l’émission Les Coqueluches de Radio-Canada. L’émission était entièrement consacrée au Festival et l’on y a chanté la chanson-thème officielle du Festival : Bonjour chez nous! écrite et composée par Jean-Guy Beauchamp. Cette fête populaire des Valdoriens a connu beaucoup d’engouement et s’est éteinte de sa belle mort, faute de relève. Le Festival de l’orignal a terminé son aventure avec sa 27e édition, en 1995. Avec l’évolution du Festival, différents volets (sportif, culturel, touristique et autres) sont apparus grâce aux activités proposées dans les diverses éditions. Malgré certaines controverses qu’il a pu susciter, ce Festival représente de beaux souvenirs pour plusieurs Valdoriens. À l’origine, son existence avait pour but de mettre de l’avant le potentiel touristique de la région, en particulier celui de la chasse et pêche avec la valorisation de la chasse à l’orignal.

ROUYN-NORANDA Théâtre du Cuivre | jeudi 19 septembre 19 h VILLE-MARIE Théâtre du Rift | samedi 21 septembre 19 h

theatretandem.com L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 7


SOCIÉTÉ

REGARD MULTIPLE SUR L’ABITIBI MARIANE MÉNARD

Une délégation de la revue montréalaise À Bâbord! a traversé la Réserve faunique La Vérendrye en juin dernier pour lancer son édition estivale à Val-d’Or et à RouynNoranda. « Abitibi : territoire des possibles » est le titre d’un dossier de 20 pages que la revue a consacré à la région et dont le contenu est entièrement rédigé par des gens d’ici. À Bâbord! est une revue fouillée d’analyse sociale et politique qui se caractérise par ses valeurs de justice sociale et d’équité. Dans son choix de traiter d’enjeux sociaux et culturels relatifs à l’Abitibi, l’équipe éditoriale a pris soin de préciser que le Témiscamingue n’était pas écarté du dossier, mais qu’il mériterait, éventuellement, un dossier abordant les questions qui lui sont propres. Le chapitre « Abitibi : territoire des possibles » s’ouvre avec l’article d’Ariane Turmel-Chénard, qui s’est penchée sur la situation des Autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue. Le choix d’entrer en Abitibi avec ce texte est hautement symbolique puisqu’il s’agit de mettre à l’avant-plan ceux qui ont longtemps été « invisibilisés » et qui peuplaient ces terres bien avant l’arrivée des Blancs. L’autrice adopte une posture d’alliée afin de rendre visibles les enjeux historiques ainsi que les conditions sociales actuelles des Premières Nations en Abitibi. « [La réconciliation] ne peut se réaliser par une simple déculpabilisation synonyme de statu quo. La reconnaissance des abus perpétrés par l’État canadien, ainsi que de ses normes structurelles basées sur un colonialisme sexiste ancré dans nos façons d’interagir, est fondamentale. Elle est un premier pas vers la compréhension des souffrances qu’elles ont engendrées. »

PHOTOS : RÉMI LEROUX

Fiers de notre région, soyons les premiers Verts à Ottawa!

Aline Bégin

La lecture s’enchaîne avec l’article d’Émilie Auclair consacré au modèle éducatif. L’autrice y fait valoir l’idée de l’école comme vecteur de justice sociale du fait que les écoles privées sont inexistantes. D’autres préoccupations liées à l’éducation sont aussi analysées, notamment les tensions entre éducation et industrie. L’industrie minière est évidemment bien représentée. Plusieurs articles y font référence et celui de Marc Nantel y est consacré. Ce dernier livre une virulente critique de la mainmise de l’industrie minière sur les ressources du territoire et sur la faiblesse des redevances qui reviennent aux citoyens. L’immigration, celle d’autrefois et celle d’aujourd’hui, est aussi examinée par les contributeurs. Ian Campbell aborde l’héritage des Fros, tandis que la professeure Houria Hamzaoui se penche sur l’immigration récente à travers ses difficultés et les gestes solidaires et empathiques qui font office de baumes quotidiens. L’Abitibi, c’est aussi l’immensité, les grands espaces et une relation privilégiée avec la nature (Guillaume Rivest). C’est aussi un attachement et un amour sans borne des Abitibiens et Abitibiennes pour leur région et le déchirement que peuvent vivre ceux qui doivent la quitter (Gabrielle I. Falardeau). Curieusement, l’Abitibi est aussi un bassin impressionnant de culture underground, avec sa scène métal florissante dont Rouyn-Noranda constitue une plaque tournante (Ian Campbell). Réflexions concises, rigoureuses et accessibles attendent les lecteurs dans ce dossier spécial.

Aline Bégin, candidate du Parti vert du Canada en Abitibi-Témiscamingue

ANIMATION D’EXPOSITION Semer l’espoir sur les personnes et leur environnement

Contactez : aline.begin@partivert.ca Faites connaissance au alinebegin.ca

8 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


FOIRE GOURMANDE DE L’ATNEO

RECHERCHÉ COMPTABLE SANS BAS BRUNS

afin de pourvoir un poste au sein de notre conseil d’administration Pour obtenir des renseignements ou pour postuler, contactez Valérie Martinez, directrice générale à direction@indicebohemien.org ou au 819 763-2677

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 9


TOURISME ET FESTIVALS LA GUINGUETTE CHEZ EDMUND

SPECTACLES GRATUITS DANS UNE ATMOSPHÈRE CONVIVIALE

UN BAIN DE FORÊT CHEZ LA COUREUSE DES BOIS MARIANE MÉNARD

Après un an de préparation, la nouvelle création du Festival de musique émergente (FME), La Guinguette chez Edmund, a pris vie aux abords du lac Osisko le 20 juin dernier. Une guinguette, c’est un cabaret en plein air, un lieu de rassemblement comme on peut retrouver en France, en Belgique et dans le reste de l’Europe. La Guinguette chez Edmund a cependant sa propre saveur qui la distingue de celles que l’on peut retrouver sur les toiles de Renoir ou de Van Gogh : la construction éphémère a été conçue et réalisée par Karine Berthiaume, Jean-Philippe Roy (les têtes et les mains derrière les installations du FME) ainsi qu’une horde de bénévoles. Le tout est construit en bois et en métal, et quelques plantes viennent agrémenter le tout. On a laissé le plastique de côté pour privilégier les matériaux nobles. Nommée en l’honneur d’Edmund Henri Horne, fondateur de la compagnie Noranda, l’installation recevra, tout au long de l’été, plus de 18 artistes et groupes. Parmi eux, on compte entre autres Jérôme 50, Nulle Part Nord, Mdou Moctar et Damien Robitaille. Au menu, quatre choix de planches à partager : charcuteries artisanales, fromages de la région, huîtres et un choix végétalien. À boire : du vin (incluant une sélection de vins nature), des cocktails à base d’alcools québécois et une sélection de bières. Les installations seront également partagées avec d’autres festivals et organismes de Rouyn-Noranda. Il sera donc possible, en marge de la programmation habituelle, de participer à des activités de yoga, de danse, de contes pour enfants, et bien plus. Le lancement de la Guinguette chez Edmund a eu lieu le 21 juin à 20 h. Pour l’occasion, le groupe We Are Wolves s’est produit sur les toutes nouvelles planches de ce site qui permet d’allier la musique au décor apaisant du lac Osisko. De quoi aider les plus impatients à attendre l’arrivée tant attendue du FME.

Un lieu d’hébergement en pleine nature, combiné à une immersion en forêt et une expérience culturelle, voilà ce que propose Stéphanie Rouillard, la Coureuse des bois. Dans son domaine L’Oasis du bonheur situé en Abitibi-Ouest, à mi-chemin entre RouynNoranda et La Sarre, elle accueille les touristes en quête d’une expérience abitibienne authentique comme les amoureux de la nature venus des villes voisines pour mettre leur quotidien sur pause pendant quelques heures. En plus de l’hébergement, l’entrepreneure offre l’expérience des « bains de forêt ». Inspirée par la sylvothérapie, une méthode fondée sur la reconnaissance des bienfaits de la forêt sur la santé, la propriétaire propose, deux fois par semaine, des « décroches », soit des balades accompagnées en forêt. Les séances sont d’une durée de trois heures et allient parcours animé, méditation et immersion, tant dans la forêt que dans l’histoire de la région. « Ma vision a toujours été d’amener des touristes pour leur faire faire une immersion dans notre culture », précise Stéphanie Rouillard. La démarche, profondément liée au territoire, s’inspire des histoires minière et forestière, mais aussi de l’histoire de l’Abitibi-Témiscamingue avant, pendant et après la colonisation. « Quand j’amène les gens en forêt, je leur explique l’histoire de la place et ce que ça a fait à notre culture », soutient-elle. En Abitibi, la forêt abonde et semble accessible. Pourtant, la popularité des escapades qu’elle propose confirme à la Coureuse des bois que ses « Bains de forêt » répondent à un besoin. Plus qu’une balade en plein air, c’est une rencontre intime et personnelle avec la forêt telle que la perçoit Stéphanie Rouillard. Des œuvres d’art font peu à peu leur apparition au domaine de la Coureuse des bois. Stéphanie Rouillard explique que l’art fait aussi partie de l’expérience qu’elle propose. Elle souhaite que se développent des projets artistiques in situ, soit des créations élaborées en fonction du lieu. D’autres projets sont également en préparation, dont celui d’une scène destinée à accueillir des musiciens et à proposer différents concerts en plein air.

ÉRIC DÉSABRAIS

ALEXIS LAPIERRE

NOUVEAU SITE WEB !

Publiez vos projets ou trouvez de nouvelles inspirations!

10 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


TOURISME ET FESTIVALS

DÉCOUVREZ LE LIVRET ÉCONOMIQUE

AMOS ET VAL-D’OR SE RACONTENT

DEUX CIRCUITS THÉÂTRAUX POUR S’INITIER À L’HISTOIRE DE LA RÉGION

Le livret économique vous offre la flexibilité du billet régulier et le tarif du billet promo. C'est le meilleur des deux mondes! Achetez un livret économique de 5 ou 10 passages et économisez beaucoup d'argent!

ZACHARY MARCOUX

On connaît la popularité des parcours théâtraux historiques Amos vous raconte son histoire et Val-d’Or vous raconte son histoire. Cette recette gagnante a fait ses preuves au cours des dernières années à Amos tandis qu’à Val-d’Or, le succès de la première édition en 2018 a été retentissant. Dans un souci de bonification continue, quelques modifications ont été apportées aux parcours. Les créateurs Bruno Turcotte et Véronique Filion nous en disent plus.

MARIE-CLAUDE ROBERT

Pour satisfaire l’envie des spectateurs, les créateurs ont apporté des changements importants à leurs représentations. La troupe a entrepris une relecture de l’histoire

20 juin au 1er septembre 2019

d’Amos afin d’y ajouter le point de vue des Abitibiwinnik qui ont grandement contribué à l’installation des premiers colons en Abitibi. De plus, puisque l’année dernière, la 1re avenue était en rénovation, l’espace de jeu des comédiens était restreint tandis que l’espace des spectateurs était devenu moins sécuritaire. Les rénovations terminées, l’équipe de production s’est réjouie du nouvel espace dont allaient profiter les spectateurs et les comédiens, et a souhaité y ajouter de nouveaux éléments. Le public pourra également découvrir de nouvelles capsules vidéo et les familles profiteront du tout nouveau forfait familial. Les Valdoriens l’ont demandé, les producteurs l’ont confirmé en grande pompe : Val-d’Or vous raconte son histoire revient pour une deuxième année avec plusieurs nouveautés. Grâce à une réorganisation des espaces scéniques plus étroits que d’autres, les représentations peuvent accueillir vingt personnes de plus que l’an dernier. En plus des nouvelles places ajoutées, plusieurs images d’archives de la Ville de Val-d’Or agrémenteront le parcours. Celles-ci prendront la forme de projections présentées sur l’hôtel de ville et sont réalisées en collaboration avec l’artiste numérique et réalisateur Serge Bordeleau. Les instigateurs du spectacle extérieur ont aussi confirmé l’ajout d’œuvres d’art publiques ainsi que d’images d’archives qui seront installées sur les murs de la pharmacie Duval, Denoncourt, Roy et Dupuis (Proxim). Enfin, mentionnons les images trompe-l’œil conçues avec des images d’époque, qui orneront les portes de la place du marché public (place Agnico Eagle). Certes, les œuvres servent à embellir les lieux publics, mais elles aident aussi à faire connaître l’histoire de la ville. Ces deux parcours constituent des manières originales de découvrir les villes d’Amos et de Val-d’Or. En plus d’alimenter la culture générale, ils transmettent une connaissance du patrimoine et amusent autant les jeunes enfants que les adultes. Le parcours théâtral de Val-d’Or sera présenté du 7 au 24 juillet et celui d’Amos, du 28 juillet au 14 août. Dans les deux cas, les représentations sont du mercredi au dimanche. On peut se procurer des billets aux maisons du tourisme de chaque ville ou sur les sites Web amosvousraconte.com et valdorvousraconte.com.

tir

le

t e c

te

ps u m

e u q

D

o

i en n l a ro

R

é

V

C EN T R E D ’AR T 1 95 , R U E P R I N C I P ALE LA SAR R E (Q U ÉB EC ) J9Z 1Y3

WWW.VILLE.LASARRE.QC.CA

Consultez régulièrement notre page pour les activités, expositons et spectacles.

VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 11


TOURISME ET FESTIVALS 5E ROT FEST

UN FESTIVAL QUI SORT DES SENTIERS BATTUS MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE

Connaissez-vous le Rot Fest? C’est un évènement musical underground présentant de nombreux groupes d’un peu partout au Québec à saveur punk, grunge, hardcore, métal et rock. Le festival fête cette année son cinquième anniversaire et, pour la toute première fois, sera installé au marché public de Malartic (Marché Trem-Nor) les 5 et 6 juillet prochains.

Le Rot Fest priorise les artistes d’ici : cinq groupes proviennent de l’AbitibiTémiscamingue. Cette année, le Malartic Ludique s’occupera de la cantine. Grâce au soutien de ses nombreux partenaires, le Rot Fest a pu se procurer tout le matériel nécessaire pour faire vivre au public un festival mémorable. De plus, la Ville de Malartic lui a permis d’organiser l’évènement sur son territoire. David Lavictoire a réalisé l’affiche présentant la programmation. L’implication de toutes ces personnes et organismes du milieu permet à cet évènement à petit budget de subsister cette année encore. Beaucoup de bénévoles s’y impliquent également. Ceux qui désirent participer à l’évènement (spectateurs et musiciens) et peuvent camper sur le terrain où a lieu le Rot Fest. L’entrée sur le site est gratuite et la contribution est volontaire. En plus de limiter les déplacements et les problèmes d’hébergement, cela apporte une ambiance plutôt conviviale et engageante. C’est un « party de famille » décalé et pas comme les autres.

12 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019

VICKY NEVEU

Le projet a été mis sur pied par Kenny Laflamme, Michel Beauvais, Serge Beauvais, Sébastien Dupras (qui est le seul membre encore impliqué dans l’évènement) et Samuel Rotunno. Il s’agit d’un projet inclusif qui avait pour but de réunir au même endroit des passionnés de ces styles musicaux. Au fil des années, il s’est créé un esprit de communauté et des liens se sont tissés. La proximité avec les musiciens, chanteurs, spectateurs et familles fait de l’évènement une expérience unique en son genre. Jusqu’à l’an dernier, l’activité était présentée sur le terrain d’un citoyen à Rivière-Héva. Afin d’assurer la pérennité du Rot Fest et de permettre une plus grande accessibilité, les organisateurs ont décidé de s’installer à Malartic. Cela permettra aux jeunes et moins jeunes d’avoir un accès aux spectacles à quelques pas de chez eux.

Les participants sont invités à apporter leurs tentes, leurs chaises et boissons en cannette (aucune boisson n’est offerte sur le site de l’évènement). Pour de plus amples renseignements ou pour connaître la programmation, consultez leur page Facebook : facebook.com/rotfest/


TOURISME ET FESTIVALS

UN THÉÂTRE D’ÉTÉ PEU BANAL SUR LA VIE RURALE DES ANNÉES 1950 GUY DESAULNIERS

Comme chaque année depuis maintenant 19 ans, la troupe de théâtre d’été interactif de la Vieille Grange, à Authier, remonte sur les planches pendant tout le mois de juillet. Les comédiens dirigés par la metteure en scène Sylvie Deschênes se préparent depuis plusieurs mois afin de vous présenter la mouture 2019. C’est dans le contexte de la vie rurale des années 1950 que la troupe présentera Quand on s’émoustille, du 3 au 17 juillet prochains.

L’AMOUR DU ZÉRO 8 MYRIAM FRANCOEUR

L’Abitibi-Témiscamingue. À l’époque, la Montréalaise d’origine que je suis y voyait le paradis du bois, des mines et des mouches noires. Le Zéro 8 était une contrée lointaine, séparée physiquement et psychologiquement par la réserve faunique de La Vérendrye. Un point isolé sur la carte de la Miss Météo à la fin du bulletin de nouvelles. En janvier 2015, je m’y suis aventurée pour la première fois comme journaliste. J’y ai suivi un groupe métal du sud de la province qui tenait la tête d’affiche de la première édition des Quartiers d’hiver. Aussi, j’ai profité de l’occasion pour interviewer un des coauteurs d’une œuvre toute régionale, la maintenant célèbre encyclopédie L’Évolution du métal québécois. Pour la première fois, je me rendais au-delà du 48e parallèle. J’y ai été accueillie par la chaleur humaine… et la froideur hivernale. À ma première visite, le Zéro 8 m’a fait les honneurs de ses -40 °C légendaires. Grâce à la musique métal, j’ai tissé des liens avec l’Abitibi-Témiscamingue. À mon retour, quelques mois plus tard, j’y avais des amis dans une communauté petite, mais forte, une communauté centrée sur les Productions Ça Bûche, le porte-étendard de la musique qui fesse dans l’dash. Puis il y a eu le Festival de musique émergente (FME) de septembre 2015. La journaliste culturelle que j’étais y a passé une semaine. J’ai non seulement baigné dans la musique, mais aussi dans une grande communauté. Sous le soleil, j’ai exploré la Capitale nationale du cuivre. J’ai goûté à ses bières, sa poutine et son café. J’ai arpenté ses rues, de l’UQAT à la Fonderie. J’ai prêté main-forte au festival. J’ai découvert tout le sens de « Fierté. Solidarité. Savoir. » Quand je suis revenue à la maison, à Montréal, j’ai eu le blues. Le gros blues. Comment le combattre? En déménageant en Abitibi-Témiscamingue.

COURTOISIE

C’est comme ça qu’au printemps 2016 j’ai quitté la métropole pour Rouyn-Noranda. J’ai presque tout laissé sur l’Île, la famille, les amis, et mes biens. Tout ce que j’avais, c’était un lit, un meuble, mes vêtements et mes livres.

Au fil des ans, les spectateurs se sont attachés aux personnages de cet « étéroman », comme s’amuse à le qualifier Mme Deschênes. N’est-il pas vrai que le public connaît, et même reconnaît, dans la rue ses personnages principaux : Mme Lesage, ses enfants Bertha et Oscar, sa voisine Rose-Alma, Gabrielle, la nouvelle maîtresse d’école du rang, Mme Couture, Mme Simone, sans oublier l’oncle Ovila et sa belle Victoria? Depuis 2012, ces personnages colorés et attachants évoluent au cœur d’intrigues farfelues et comiques dans un style de théâtre burlesque. Ils charment le public qui apprécie leurs réparties et rit de bon cœur à chacune des représentations. Ce théâtre d’été est né au tournant des années 2000, à l’instigation d’Hélène Girard et de Sophie Poulin. Ces deux complices de scène, femmes de lettres et de théâtre, ont campé pendant dix ans deux personnages diamétralement opposés : Gemma et Ludivine. La saveur de leurs textes et leur jeu scénique ont eu tôt fait de conquérir un public régional. Elles ont su insuffler vie et originalité à un théâtre interactif, puis elles ont passé le flambeau à une nouvelle équipe. Sous le thème « La vie dans nos cantons », la nouvelle équipe attire à son tour chaque été des centaines de personnes, deux fois par semaine, à la Vieille Grange en face de l’École du rang ll. Les représentations ont lieu à 14 h et une contribution volontaire de 10 $ est suggérée au public adulte pour couvrir les frais administratifs de ce projet local. Ce petit montant permet aussi d’apprécier la prestation de musique folklorique qui précède la pièce, question de se replonger dans l’univers musical d’une autre époque.

IN DICE BOHEM I EN.ORG

Mais que pouvait faire une astrophysicienne et journaliste de formation dans la région? Repartir à zéro. C’était le temps de repenser ma carrière, de revoir ma vie et de surmonter de nouveaux défis. Pourquoi? Pour l’amour du Zéro 8. Je suis une rare exilée de Montréal qui a choisi la vie dans la région, celle que mes parents appellent par erreur le « Grand Nord ». Parce que la vie est simple. Parce que les opportunités d’emploi sont excellentes. Parce que la forêt boréale est aux portes. Parce que les mines, c’est passionnant. Parce que l’AbitibiTémiscamingue, c’est une communauté, de Val-d’Or à Normétal, de Rapide-Danseur à Senneterre, d’Amos à Rollet. Aujourd’hui, ça fait trois ans que je suis à Rouyn-Noranda. En quelques minutes et non plus en quelques heures, je peux aller me perdre dans le bois. Je peux marcher pendant des heures aux collines Kékéko pour me laisser emporter par les gazouillis des oiseaux. Ou entendre la neige craquer sous mes raquettes aux collines d’Alembert en respirant l’air frais de janvier. Ou encore, partir un bon feu et l’entendre crépiter sous les étoiles pendant les douces soirées d’été à Aiguebelle. Se ressourcer dans la nature est non pas un luxe, mais un besoin que des centaines de milliers de personnes ne peuvent assouvir dans le sud de la province. En AbitibiTémiscamingue, le bois, il fait partie de toi. En sortant de la forêt, je peux m’immerger dans la musique. Les Productions Ça Bûche organisent toujours des évènements où la camaraderie est de mise. Et le best, c’est la Soirée métal au FME. On dirait que toute la région se donne le mot pour festoyer au son des blast beats et des gros riffs méchants, comme si ça lui coulait dans les veines. Et voir des artistes de calibre international performer loin des grands centres et tomber en amour avec la région comme moi, ça n’a pas de prix. L’astrophysicienne et journaliste a aussi trouvé sa place avec une job stimulante dans une ville effervescente. Et la fille de Montréal a trouvé des amis et une famille. Tout ça grâce à la musique métal, bien vivante en Abitibi-Témiscamingue. L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 13


RADAR BOHÉMIEN

Parce qu’il se passe beaucoup de choses dans la région, cette rubrique bazar vous offre en vrac quelques bribes d’actualités culturelles régionales, regroupées par secteur.

MRC D’ABITIBI LA MOTTE FÊTE SES 100 ANS

Les célébrations du 100e anniversaire de la municipalité de La Motte se dérouleront du 28 au 30 juin. Expositions et spectacles gratuits sont au programme. Le public pourra également participer à la Balade contée de Pierre Labrèche. La Balade est inspirée de la Chanson trop longue de Paul Ouellet qui rassemble des moments marquants de l’histoire du village.

« L'Abitibi-Témiscamingue, c'est un territoire aux paysages à couper le souffle. C'est une terre à échelle humaine, riche de son monde et de ses possibilités. C'est une région paisible, où il fait bon vivre et où la nature occupe une place fondamentale dans nos vies. »

L’ATELIER LES MILLE FEUILLES EXPOSE À AMOS

Le Centre d’exposition d’Amos accueille deux expositions de l’Atelier les Mille Feuilles (art imprimé) pour sa programmation estivale. Pour l’exposition Mille constellations, les artistes ont été invités à réinventer l’imagerie des signes du zodiaque. Un défi tout autre attendait le collectif pour l’exposition Matrices… d’elles-mêmes. Les matrices, utilisées en art imprimé comme outil de création, sont mises à l’honneur ici pour former l’œuvre qui sera donnée à voir au visiteur. Le public pourra visiter Mille constellations du 20 juin au 4 août et Matrices… d’elles-mêmes du 20 juin au 1er septembre. DES FESTIVALS POUR TOUS

Amos s’animera à l’occasion du festival H2O du 11 au 14 juillet. Les amateurs de musique en plein air pourront profiter des prestations de nombreux artistes, dont Pascale Picard, Émile Bilodeau, Vilain Pingouin et La Chicane. De nombreuses activités destinées aux familles sont également prévues, dont des manèges, courses à obstacles et ateliers de cirque. Du 15 au 17 août, c’est la FÉE de l’Abitibi-Témiscamingue qui fera vibrer les mélomanes, avec ses têtes d’affiches Mononc’ Serge, Random Recipe et Orloge Simard.

VILLE DE ROUYN-NORANDA TERMINER L’ÉTÉ EN MUSIQUE

Deux festivals d’envergure concluent chaque année la haute saison des festivals à RouynNoranda. Du 8 au 10 août, Osisko en lumière propose des concerts extérieurs agrémentés de feux d’artifice. C’est le groupe abitibien Tito et BanJ qui donnera le coup d’envoi le jeudi 8 août, et l’on pourra entendre Deux frères et Éric Lapointe le même soir. Le festival compte aussi Vulgaires Machins, Laurence Nerbonne et Jason Derulo parmi ses têtes d’affiche. La réputation du Festival de musique émergente (FME) de L’AbitibiTémiscamingue n’est plus à faire. Trois concerts extérieurs seront présentés cette année et la programmation met à l’honneur la scène rap québécoise. Le FME se déroulera du 29 août au 1er septembre, mais les impatients pourront se sustenter en assistant aux nombreux spectacles que le FME présente pendant tout l’été à la Guinguette chez Edmund. CINÉMA ET MOTO

Les 12 et 13 juillet se tiendra la deuxième édition du Moto Film Fest, un événement qui rassemble les motocyclistes le temps de quelques courts métrages en lien avec la passion commune des festivaliers. Le Moto Film Fest est aussi un événement familial qui s’adresse autant aux passionnés de la moto qu’aux curieux.

Émilise Lessard-Therrien Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue

14 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


RADAR BOHÉMIEN

MRC D’ABITIBI-OUEST RALENTIR LE TEMPS : RÉFLEXION ARTISTIQUE SUR NOTRE MODE DE VIE Le Centre d’art Rotary de La Sarre exposera tout l’été les œuvres de Véronique Doucet, artiste rouynorandienne originaire d’Arthabaska. Canettes de bière, animaux morts, vieilles licences, l’artiste utilise les photographies d’objets abandonnés sur les bords de routes comme fondement des toiles de l’exposition Ralentir le temps. À ces détritus étalés s’ajoute la peinture qui vient souligner notre rythme de vie et la consommation effrénée qui en résulte. L’exposition se veut aussi sociologique qu’esthétique. Le vernissage aura lieu le 20 juin à 17 h en présence de Mme Doucet. Pour un avant-goût, consulter le compte Instagram de l’artiste : verodou7_artiste. MUSIQUE EN PLEIN AIR

OEUVRE DE VÉRONIQUE DOUCET

Déjà la septième édition des Jeudis sous les étoiles, et les jeudis seront multiples cette année avec des spectacles du mois de juillet à la mi-août. Voyez par vous-même la diversité musicale que l’organisation est allée recueillir cette année : L’Ensemble vocal Émergence, une chorale d’Abitibi-Ouest au répertoire varié (4 juillet); Les Sentinelles du Nord, duo pop rock aux textes poétiques (11 juillet); Cleõphüzz, un groupe de rock psychédélique (18 juillet); Alex Paquette qui fait dans le reggae (25 juillet); Tito & BanJ, duo rap qui a récemment fait la première partie de grands noms du genre (1er août); puis la soirée relève avec les frères Lapierre et Élizabeth ainsi que Pierre-Charles Cormier (8 août). De bons jeudis d’été au parc Ernest Lalonde de La Sarre.

Du 21 juin au 25 août 2019 AU-DELÀ DE CETTE CONSTRUCTION MARIE-CLAUDE DROLET MATHILDE LEVEAU LORIANE THIBODEAU

PLACE AU THÉÂTRE : ADIEU JE RESTE!

CLEÕPHÜZZ - PHOTO DE VICKY NEVEU

Jean-Charles est un homme de toute apparence fidèle, mais qui entretient secrètement plus d’une relation. Quand Gigi, l’une de ses maîtresses est envoyée pour abattre Barbara, la femme légitime de Jean-Charles, elle s’en retrouve incapable. S’ensuit alors un partenariat entre les deux femmes qui les amèneront à découvrir des choses insoupçonnées sur leur amoureux. Adieu je reste!, la nouvelle production de La Troupe À Cœur ouvert sera présenté du 3 au 27 juillet prochains tous les mercredis, jeudis et vendredis. La comédie d’Isabelle Mergault adaptée par Maryse Warda et mise en scène par Daniel Morin prendra la forme d’un « cabaret théâtre » avec un service de bar. Il est possible de se procurer des billets au Ticketacces.net ou en téléphonant au 819 333-4100.

Marie-Claude Drolet, L'importance de la ligne d'eau 02, (détail), Crédit photo : © Jérôme Kearney

AU CRÉPUSCULE DES IDOLES

MRC DE TÉMISCAMINGUE

KATIA MARTEL MARC BOUTIN

OUVERTURE DU PARC NATIONAL D’OPÉMICAN

En 2018, le tout nouveau parc national d’Opémican, propriété de la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), ouvrait au public une première section de son domaine. Cette année marquera son ouverture officielle et les férus de plein air y découvriront une offre d’hébergements en tente ou en prêt-à-camper, des sentiers de randonnée pédestre, des voies cyclables et des sports nautiques, dont le canot et le kayak. Le parc national d’Opémican propose également un parcours patrimonial permettant de se familiariser avec l’histoire du territoire qu’il occupe. Il deviendra une destination de choix pour les aventuriers comme pour les familles.

Au crépuscule des idoles, installation (détail) 2019. Crédit photo : © Marc Boutin

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR ACTIVITÉS POUR LES 100 ANS DE SENNETERRE

IL ÉTAIT UNE FOIS SENNETERRE

Pour souligner son 100e anniversaire, la municipalité de Senneterre propose plusieurs activités culturelles, dont le parcours théâtral Il était une fois Senneterre! Le circuit propose un retour historique sur les événements qui ont marqué la ville dans le dernier siècle. La pièce a été présentée au mois de mai, mais il sera possible d’y assister de nouveau du 18 au 21 juillet. Pendant l’été, le public pourra également profiter de l’exposition de l’artiste Line Pépin dans la salle du conseil de l’hôtel de ville de Senneterre.

RÉSIDENCE FMR ROGER WYLDE

D’UN FESTIVAL À L’AUTRE

Les festivals rythment l’été dans la MRC de la Vallée-de-l’Or. C’est le Festival de blues Eldorado qui ouvre le bal, du 28 juin au 1er juillet (VD). Viennent ensuite le Festival d’humour de l’AbitibiTémiscamingue du 2 au 7 juillet (VD) et le Festival Harricana du 5 au 7 juillet (Vassan). Le Festival de la relève musicale indépendante (FRIMAT) présentera ensuite sa 15e édition du 24 au 27 juillet (VD). Pour le plaisir des amateurs de rodéo, le Festival western de Malartic se déroulera du 14 au 18 août. L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 15


OPINION

100E DE

LE FESTIVAL DE LA COMMANDITE DANIEL GAGNÉ

Les propos rassemblés dans ce texte sont issus d’un échange entre l’auteur et Marc Nantel, porte-parole du Regroupement vigilance mines de l’Abitibi et du Témiscamingue (REVIMAT), au sujet des modes de financement des organisations culturelles.

VEILLE DE GRANDS CHANGEMENTS POUR L’INDICE BOHÉMIEN Ce journal est le centième numéro de L’Indice bohémien et souligne la fin de sa dixième année d’activité. Pour plusieurs organismes et entreprises, les anniversaires représentent une occasion de réfléchir au chemin parcouru, de se recentrer sur leur mission et leurs valeurs et de penser à l’avenir. C’est le cas de L’Indice bohémien, qui est sur le point de dévoiler plusieurs surprises. Restez à l’affût, de belles choses s’en viennent!

Yolaine Lefebvre

Danielle Boutin Turgeon

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS…

JUSQU’AU 4 AOÛT

MATRICES… D’ELLES-MEMES ! 12 artistes de l’Atelier les Mille Feuilles sous le commissariat de Yolaine Lefebvree

MILLE CONSTELLATIONS 8 artistes de l’Atelier les Mille Feuilles Art imprimé

Pascal Perreault

DURANT TOUT L’ÉTÉ

A PARTIR DU 9 AOÛT

MARIAGES OBLIGÉS Annie Paulhus Gosselin Médiums mixtes

HERITAGE Société des arts Harricana

Photo d’archives Camp’art 2017

JUSQU’AU 4 AOÛT

Centre d’exposition d’Amos

CAMP’ART….

POUR LES 8 ANS ET PLUS… Du 8 au 12 juillet 2019 … Es-tu inscrit ?

Information et inscription : 819 732-6070

222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

16 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019

Grâce au soutien financier du

Alors que la période des festivals est bien entamée, il apparaît important de prendre du recul pour mieux saisir les tenants et aboutissants du régime de financement de ces événements par la commandite. Ce sont des activités organisées par la population et elles nous donnent l’occasion de nous forger une identité comme peuple. Pour Marc Nantel, les principaux bailleurs de fonds devraient être nos différents paliers gouvernementaux qui ont le rôle de redistribuer l’argent de la collectivité. Cependant, depuis plusieurs décennies, nos régimes politiques ont cherché à réduire le fardeau fiscal des citoyens. « Peu à peu, nous avons accepté la privatisation. Les gouvernements renoncent ainsi à leur responsabilité et l’entreprise est devenue la bienfaitrice de la collectivité », souligne Marc Nantel. Ce retrait progressif de l’État dans les services publics a obligé les collectivités à trouver d’autres sources de revenus que les subventions des gouvernements, et elles les ont trouvées dans les entreprises privées. Ainsi, les organisateurs d’événements d’envergure reçoivent de l’argent et, en échange, ils font le travail de promotion de l’entreprise. Celle-ci se donne ainsi une image de marque positive. Cette façon d’utiliser la commandite fait augmenter notre niveau de vulnérabilité. Imaginez un désaccord avec le commanditaire. Ou encore, si un organisateur mène en parallèle une action citoyenne qui déplait à l’entreprise, ce dernier risque alors de perdre les fonds. L’adage qui dit « on ne mange pas la main qui nous nourrit » prend tout son sens. En acceptant l’argent, nous renonçons à une partie de notre liberté. La commandite étant applicable comme dépense d’entreprise, elle permet à cette dernière de récupérer une partie des frais en réduisant ses impôts, refilant du même coup la facture aux citoyens. L’entreprise gagne sur tous les fronts. Elle se donne une bonne image de marque, réduit ses frais et obtient une très grande visibilité. C’est une gigantesque campagne publicitaire à peu de frais. Plus dramatique encore est notre perte d’identité. Les noms des festivals, autrefois désignés en l’honneur de personnages respectés ou de noms de lieux géographiques ou historiques nous rappelaient nos racines. Aujourd’hui, en plus des panneaux publicitaires installés pour remercier nos généreux donateurs, plusieurs événements sont nommés d’après les entreprises. Les personnages ayant marqué l’imaginaire collectif, grâce au rôle qu’ils ont joué dans l’amélioration de plusieurs aspects de notre société, tombent dans l’oubli. « Ce qui est encore plus troublant c’est que tout ceci se déroule en plein jour et que les gens ne voient pas les impacts à long terme sur notre image collective », martèle Marc Nantel. Plus on creuse la question, plus on se rend compte qu’on s’est donné un système abusif. Nous sommes prêts à renoncer à beaucoup pour recevoir très peu. Les entreprises commanditaires appliquent les règles. Nous ne pouvons pas leur prêter des intentions malhonnêtes. C’est le régime de la commandite qu’il faut changer en y appliquant certaines modalités. La commandite devrait se limiter à des panneaux publicitaires et ne devrait pas permettre de donner son nom aux festivals. « Il est aussi du devoir des organisateurs de mettre en valeur l’engagement des citoyens et de se garder d’offrir, en signe de gratitude, le nom du commanditaire, à l’événement; les entreprises privées n’en exigent pas tant pour participer », conclut M. Nantel. Rappelons-nous que le travail citoyen a une valeur et ne doit pas être occulté au profit des bailleurs de fonds. Resterons-nous toujours tributaires de l’implication des entreprises dans ce régime de financement? Allons-nous perpétuer cette culture qui vend une part de son âme? La perte de sens peut nous entraîner bien bas. Nous devons tenir d’abord et avant tout à la richesse de notre légitime fierté… Il est là le bonheur.


DE PANACHE ET DE LAINE CHRONIQUE

LA CONDITION DE PLANCTON GABRIEL DAVID HURTUBISE

Baie-James, sur un terrain de plantation d’arbres. Au petit matin, de minuscules champignons blancs font briller le sol. Le son est étouffé par la bruine qui retombe lentement sur la mousse fraîche. La forêt murmure. Ça sent le thé du labrador et la terre noire. À la lisière de la forêt mature, l’écorce des épinettes devient rougeâtre, puis orangée. Un moineau vole entre deux souches dans le respect des règles de l’art, sans faire de bruit. Tout le reste est immobile. Écouter de la musique serait une offense au silence des bois, surtout lorsque le paysage du Nord vous inspire le black métal norvégien. Le terrain est beau, il donne même des frissons. Un vrai plancton sait apprécier ce genre de choses, c’est important. Le ciel dit qu’il fera chaud avec un beau soleil réconfortant. Le vent ne dit pas grand-chose et souffle une brise timide. Les petites pousses d’épinettes s’accumulent rapidement derrière. Je suis un gigaplancton. Ce sera une belle journée à vivre, à suer comme une bête, à respirer de la terre et à faire la piastre en donnant un coup de main au végétal que d’autres ont presque anéanti. Sur une butte dégagée, on voit loin devant. Vivement la forêt. Mon mammifère intérieur est content. La semaine d’après, les terrains ressemblent à des restes de forêts tropicales humides. Au début, alors que je n’étais qu’un similiplancton, j’arrivais à peine à me déplacer dans ce genre d’environnement. Il n’y avait rien à comprendre aux sillons tracés par les machines et les débris détruisaient mon corps. Ce sont toujours des temps difficiles lorsqu’il y a de l’aune de six pieds, de la glaise au sol et qu’il pleut à boire debout. L’enthousiasme meurt en dedans alors que tout coule partout. Après quatre jours, l’autoflagellation devient routine. Des idées répétitives tournent et se retournent tellement dans mon coco qu’elles me bousillent en entier. Un ours rôde dans les parages. Des sifflets se font entendre. Je pense à ce mot en trop que j’ai dit à ma mère alors que j’avais seize ans : je ne me le suis jamais pardonné. Des vies que je ne vivrai pas se succèdent. Je me découvre des talents de scénariste : la nouvelle qui travaille au bar avec moi, j’aurais dû lui parler pour de bon. Lui dire quelque chose, n’importe quoi. Pourquoi pas toaster? On aurait pu aller en vacances ensemble, puis avoir des enfants. Non, il n’y a plus rien à dire. Tout est vain. Je suis né pour rien et je vais crever dans l’indifférence du monde, tôt ou tard. De la folie. Il faut que ça cesse : je vais me faire interner en psychiatrie à la fin de l’été, c’est décidé. Mais avant, la journée se termine. Enfin, je vais au chemin attendre le transport pour le camp. Une grande échalote s’extirpe de la jungle : mon frère. Les vêtements en loques, il a l’air d’un mendiant qui se serait battu avec un tigre dans la boue. J’ai aussi une sale gueule. Il va se remettre à fumer la cigarette, qu’il dit, pas le choix. Très très drôle, la vie. Dans le transport, tout le monde est mort de rire en racontant sa journée de merde. Tout est oublié. Le soir, dans un songe qui ne m’appartenait pas, j’ai vu l’ours. Debout, il était grandiose et fier comme un roi. « Ça va prendre plus d’arbres » qu’il a dit d’une voix caverneuse. Le grand patron était venu nous encourager.

Pour ne rien manquer des activités culturelles à Rouyn-Noranda, suivez la page Facebook RNCULTURE.CA

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 17


AMOS

PALMAROLLE

Tous les jeudis 27 juin au 26 septembre 2019 11 h à 16 h 30

Tous les vendredis 28 juin au 13 septembre 2019 14 h à 18 h

Parc de la Cathédrale d’Amos

Terrain de l’église Groupe de peintres au marché Nouveaux artistes au marché : 5 juillet (Suzanne Plourde, écrivaine) 19 juillet (Gilles Parent, chansonnier) 2 août (Sophie Royer, arts visuels) 16 août (Cécile Lamarre, arts visuels)

abitibi-ouest abitibi

ROUYN-NORANDA

Tous les samedis 29 juin au 28 septembre 2019 9 h 30 à 13 h 30

Rouyn-noranda vallÉe-de-l’or

Place de la Citoyenneté et de la Coopération (Coin av. du Portage et rue Perreault)

tÉmiscamingue VILLE-MARIE

Tous les jeudis 27 juin au 10 octobre 2019 12 h à 17 h 30, rue Saint-André

MARCHÉS PUBLICS

VAL-D’OR

Tous les dimanches 16 juin au 13 octobre 2019 9 h 30 à 13 h 30 Place Agnico-Eagle (1 300, 8e Rue)

18 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


JEU

CONCOURS 15-2

DÉCOUVREZ LES AUTEURS DE JEUX DE SOCIÉTÉ MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE

Rencontre avec Antoine Lefebvre, auteur de jeux de société et responsable du Concours 15-2 Le milieu de la création de jeux de société est peu connu du public. Les membres de la communauté d’auteurs, très discrets au Québec, sont toutefois solidaires et s’entraident lorsque l’occasion se présente. Le métier d’auteur de jeu de société n’est pas encore reconnu par les institutions gouvernementales d’ici, contrairement à certains pays d’Europe où les créateurs peuvent recevoir certains avantages généralement réservés aux artistes. Cependant, la sensibilisation au monde ludique émerge lentement au Québec, notamment grâce à l’apparition d’organismes comme Ludo Québec, qui font la promotion du passe-temps et du métier d’auteur, et qui organisent des concours de création de jeux de société, comme celui qui sera présenté lors de l’Événement 15-2, du 18 au 20 octobre, au Complexe culturel Marcel-Monette de Val-d’Or. Dans le cadre de l’événement, les auteurs de jeux société canadiens sont invités à participer au Concours 15-2, le premier concours en Abitibi-Témiscamingue entièrement consacré à la création de jeux de société. Les auteurs ont jusqu’au 26 août pour soumettre leur candidature. Parmi ceux-ci, cinq seront retenus et présentés lors de l’événement. Des concepteurs de jeux de la région composeront le jury qui sera chargé de couronner le vainqueur : Bruno Crépeault (auteur du jeu Rockwell), Staifany Gonthier (graphiste et conceptrice de jeux), Éric Raymond (auteur du jeu Mafia Casino) et Antoine Lefebvre. Ce dernier sera candidat lors de la finale du concours international Board Game Design Lab Challenge 2019, qui se tiendra au Dice Tower Con, un grand congrès de jeux de société, à Orlando en Floride, du 3 au 7 = juillet prochain. Les auteurs du Québec se démarquent de plus en plus sur la scène internationale. Ainsi, un jeu comme Décrypto, de Thomas Dagenais-Lespérance, édité par la compagnie québécoise Scorpion Masqué, est maintenant publié en 11 langues. Le Concours 15-2 se veut une vitrine pour que nos auteurs de jeux puissent montrer au public tout le génie créatif qui existe ici et lui faire découvrir toute la richesse de l’univers ludique. Sous forme de tables de jeux, les concepteurs pourront en profiter pour tester leur produit, recueillir les commentaires et les critiques des joueurs et faire progresser le développement. De plus, ils pourront créer des liens avec d’autres auteurs et avec des gens du milieu, faire du réseautage et peut-être même mettre la main sur le grand prix d’une valeur de 500 $ en services de design graphique, de coaching ou marketing Web, offert par Feu follet – Design Web marketing.

COURTOISIE

Le concours est ouvert aux auteurs et autrices de jeux de société, mais également à la population qui est invitée à venir essayer ces projets uniques. Si vous désirez présenter un de vos projets de création, consultez la page Facebook de l’Événement 15-2 ou communiquez directement avec les responsables du concours à salon15deux@gmail.com.

IN DICE BOHEM I EN.ORG

PROTOTYPE DU JEU DEEP SPACE CONVEYANCE D'ANTOINE LEFEBVRE

HORAIRE ESTIVAL Du 25 juin au 19 août Tous les jours de 8 h 30 à 17 h HORAIRE RÉGULIER Dès le 20 août Du mercredi au dimanche de 10 h à 17 h 30 191, avenue du Lac, Rouyn-Noranda 819-797-7125

maison-dumulon.ca L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 19


MA RÉGION, J’EN MANGE! CHRONIQUE

FILET DE SAUMON BBQ PHILIP BRADLEY, MAISON DES VIANDES – ROUYN-NORANDA

INGRÉDIENTS POUR 4 PORTIONS

1 filet de saumon avec peau de 800 g à 900 g MARINADE 50 ml 50 ml 50 ml 1 15 ml (1 c. à table) 5 ml (1 c. à thé) 2,5 ml (½ c. à thé) 2,5 ml (½ c. à thé)

vin blanc huile d’olive sirop d’érable citron pressé câpres hachées moutarde de Dijon poivre aneth séché

PRÉPARATION

Mélanger tous les ingrédients de la marinade. Faire mariner le filet de saumon au réfrigérateur pendant au moins 2 heures ou jusqu’à 4 heures.

COURTOISIE

Déposer le saumon côté peau sur la grille du BBQ; vous n’aurez pas à le retourner. Cuire à puissance moyenne pendant environ 10 à 12 minutes pour une cuisson rosée et juteuse. Pour retirer du BBQ, insérer une spatule entre la chair et la peau en laissant la peau sur la grille. Le filet de saumon sera plus facile à servir et à déguster sans la peau. Bon appétit!

Faites le plein de découvertes Choisir Desjardins, c’est aussi encourager les événements culturels d’ici. Bonne saison estivale 2019!

20 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


CINÉMA

PASSAGE OU COMMENT FAIRE LA PAIX AVEC SES RACINES LISE MILLETTE

Sept ans après avoir quitté le Témiscamingue pour poursuivre ses études en cinéma et s’établir dans la région de Montréal, Sarah Baril Gaudet revient sur le sol de ses origines pour réaliser un projet de long métrage documentaire sur l’exode rural des jeunes. Ses échanges avec de jeunes Témiscamiens la replongent dans un dilemme opposant enracinement et désir ou besoin de partir.

PHOTOS : COURTOISIE

« Ces zones ne sont pas que frappées par l’exil. Je veux montrer la beauté du territoire avant tout et comment ça peut forger la personne que l’on est. Je ne serais pas l’artiste que je suis si je n’avais pas vécu au Témiscamingue, au Verger des Tourterelles », affirme Sarah Baril Gaudet.

Si elle soutient que sa vie est maintenant dans la région de Montréal, où l’ont suivie ses parents et où vit aussi sa sœur, la jeune réalisatrice conserve néanmoins un attachement de cœur envers sa région. C’est d’ailleurs en prenant conscience d’une certaine précarité territoriale qu’elle a décidé d’en faire le sujet de ce premier long métrage financé par le Conseil des arts et des lettres et Téléfilm Canada. Sarah Baril Gaudet avait d’ailleurs déjà abordé le thème du territoire dans son premier court métrage documentaire, Là où je vis, qui raconte la solitude d’une jeune Inuk tiraillée entre rester ou partir de son village du Nunavik. Cette fois, le déclic a été provoqué par un article publié dans le journal La Terre de chez nous intitulé « Des achats de terres qui dérangent ». On y détaillait le problème de l’accaparement des terres par des investisseurs étrangers. Ébranlée et inquiète, elle reconnaît s’être sentie interpellée. « Depuis mon départ, c’était la première fois que je m’intéressais au sort de ma région natale ». Elle se rend ensuite à la rencontre de jeunes Témiscamiens à l’école Marcel-Raymond de Lorrainville. Les témoignages des jeunes rencontrés révèlent un profond attachement et un sentiment de fierté. « Ils m’ont permis d’avoir une vision différente du territoire », concède-t-elle. Elle reviendra à leur rencontre en juin, juillet et août 2019 pour compléter le tournage de Passage.

Sarah Baril Gaudet aborde son film à la manière du cinéma d’observation, avec des éléments plus contemplatifs. C’est une immersion dans le quotidien de jeunes ruraux ancrés dans leur milieu. Dans la présentation de son projet, la cinéaste constate que la région du Témiscamingue « voit ses villages se dépeupler à un rythme croissant. Les écoles primaires ferment leurs portes une à une et le milieu agricole vit ses moments les plus difficiles avec la vente accrue de ses terres ». En allant à la rencontre de jeunes qui font le choix de rester, elle est allée à la rencontre de points d’ancrage. « Les gens ont un profond sentiment de liberté en fait. Le rythme est différent de celui de la ville », soutient-elle, affirmant qu’un de ses objectifs est de démontrer « qu’il y a de l’espoir », non seulement pour le Témiscamingue, mais aussi pour d’autres régions qui composent avec la même réalité. « On parle du Témiscamingue, mais ça se reflète dans plusieurs autres régions. » Avec Passage, Sarah Baril Gaudet verra son travail présenté en salles et, on ne sait jamais, peut-être aussi au Festival de cinéma de Rouyn-Noranda.

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 21


AU MARCHÉ CET ÉTÉ! Venez nous rencontrer dans les marchés publics cet été! VILLE-MARIE Jeudi 8 août, de 12 h à 17 h PALMAROLLE Vendredi 9 août, de 14 h à 18 h ROUYN-NORANDA Samedi 10 août, de 9 h 30 à 13 h 30 VAL-D’OR Dimanche 11 août, de 9 h 30 à 13 h 30

C’est un rendez-vous! Au plaisir de vous rencontrer!

AMOS Jeudi 15 août, de 11 h à 16 h 30

INVITATION Venez célébrer avec nous les de

Le 27 août 2019 à 18 h au Bistro Paramount 15, rue Gamble Ouest, Rouyn-Noranda

BIENVENUE À TOUT LE MONDE! Merci de confirmer votre présence à direction@indicebohemien.org ou au 819 763-2677

22 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


RÉGION INTELLIGENTE CHRONIQUE

FRONT PORCH VERMONT MICHEL DESFOSSÉS

Combien de personnes connaissez-vous? Ah, en voilà une question! Michel Forsé, dans « Définir et analyser les médias sociaux »*, risque cette réponse : « Tout dépend bien sûr de ce que l’on appelle “connaître personnellement”. Selon la définition choisie, les résultats varient (plusieurs milliers est l’ordre de grandeur pour un adulte). Mais on observe tout de même des régularités. Les réseaux des individus de milieux supérieurs sont plus étendus que ceux de milieux plus modestes. Les liens faibles (sur lesquels par exemple un site Web comme Facebook fonde aujourd’hui son formidable succès) s’y ajoutent aux liens forts (principalement avec la famille proche). » Entre liens faibles et forts, que doit choisir l’animal humain dans la vie? Toutte! Les réseaux sociaux sont, dans les faits, utilisés selon ce que l’on cherche à en tirer, bêtement. On est grégaire par opportunisme, nous autres les sapiens. Tenez, il paraît, selon certains résultats d’enquête auprès de cadres de la région de Boston rapportés par Forsé, que l’on trouve plus souvent un emploi (et de qualité en plus) en misant sur les individus avec qui nous sommes en liens faibles. Avouez que cela surprend! Alors les liens forts entre les individus, pas si importants que ça? Au contraire, ils sont capables de générer du capital social. Pas un détail, ça! Les Wikis peuvent vous en donner un moyen paquet de définitions, mais moi je vois le capital social comme un construit (immatériel) généré par une bunch de chummys fédérés dans une structure à laquelle ils adhèrent rationnellement et dans laquelle ils font certains compromis. Traduction en langue vernaculaire : faire un « bi » pour construire une grange au temps des colonies demandait à chacun de perdre une journée de repos pour aider le voisin qui t’aiderait à son tour. Ça génère du capital matériel, mais ça reste possible parce que des liens forts unissent les individus ici aussi. Vous en connaissez beaucoup des réseaux sociaux virtuels où l’on se rassemble pour construire une grange? Il y en aurait, oui, dont Front Porch Forum. Avez-vous entendu parler de ce réseau social virtuel qu’utilise la communauté de Charlotte au Vermont? Le cinéaste canadien Peter Strauss en traite dans un récent documentaire et ose même évoquer la possibilité qu’il s’agisse d’une révolution numérique tranquille.

IMAGE TIRÉE DU DOCUMENTAIRE DE PETER STRAUSS THE STORY OF VERMONT’S QUIET DIGITAL REVOLUTION

Modéré par des animateurs humains, Front Porch Forum est sans contenu multimédia, et on y adhère à visage obligatoirement découvert. Les résidents de Charlotte (seulement) y échangent des œufs frais ou des heures de bénévolat pour une cause communautaire. Selon certains analystes, on n’y trouverait pas de contenu de haut niveau générant des réflexions songées, comme on en trouve parfois sur certains réseaux sociaux virtuels, mettons LinkedIn. Est-ce bien grave? Je ne pense pas. De mon point de vue, l’important c’est que la structure (ici, Charlotte au Vermont) se construise du capital social et même matériel, dont des omelettes. Une charte régionale du numérique devra inclure l’expérimentation de petits réseaux sociaux dimensionnés au carré des communautés humaines d’appartenance. Me semble. *Forsé, Michel, Définir et analyser les réseaux sociaux. Les enjeux de l’analyse structurale, Informations sociales, 2008/3 (n° 147), p. 10-19.

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 23


L I T T É R AT U R E Retour sur le 43e salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue

COUPS DE CŒUR LITTÉRAIRES ZACHARY MARCOUX, ÉTUDIANT À L’ÉCOLE SECONDAIRE D’AMOS

LILIE : L’APPRENTIE PARFAITE (TOME 1), SAMUEL LAROCHELLE (DRUIDE, 2018)

GAMER (TOME 1), PIERRE-YVES VILLENEUVE (LES MALINS, 2016)

Dans le premier tome de cette trilogie, vous suivrez les aventures de Lilie, une adolescente de 15 ans qui est passionnée de musique. Sa passion l’amènera à se surpasser tout en restant fidèle à elle-même. Aux côtés de son meilleur ami, elle apprendra à savourer la vie telle qu’elle est, même si la réalité la rattrape parfois sans crier gare. Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans l’univers à la fois réaliste et ludique qu’a créé Samuel Larochelle, cet hyperactif de l’écriture.

Dans ce roman pour les adolescents, vous apprendrez à connaître Laurianne, une passionnée de jeux vidéo ainsi qu’une surdouée des mathématiques. Une nouvelle vie et une nouvelle école viendront chambouler la vie de l’héroïne, qui découvrira bien vite les préjugés liés à la place des filles dans le monde virtuel. En conclusion, l’auteur a su créer un monde virtuel et réel qui plaira aux ados dès le premier tome de cette série de six livres. Bonne lecture!

BYE-BYE SUCRE RAFFINÉ, BONJOUR PURÉE DE DATTES, MADAME LABRISKI (ÉDITIONS DE L’HOMME, 2018)

HOMME DE LETTRES : CHRONIQUES D’UN FACTEUR-CONTEUR, PIERRE LABRÈCHE (ÉDITIONS EN MARGE, 2019)

Dans ce deuxième livre de Madame Labriski, vous apprendrez à découvrir et à aimer la purée de dattes qui remplace le sucre raffiné dans les recettes que nous faisons au quotidien. Avec humour et intelligence, ce livre est un incontournable pour les passionnés de cuisine et ceux qui veulent faire attention à la composition de leurs recettes. En conclusion, je suis fasciné par l’inventivité dont a fait preuve l’auteure de ce livre sans défaut. Quand vous aurez fini une de ses recettes, vous pourrez crier Tadamski!

Dans ce recueil de contes, vous serez transporté par le parcours d’un facteur de 25 ans d’expérience, passionné des histoires qui bercent la population abitibienne. Ces contes empreints d’une sincérité inimaginable vous feront découvrir la vie de personnes sympathiques qui ont abordé le jeune facteur pour le bombarder d’histoires chargées d’aventures rocambolesques. Pour finir, étant moi-même passionné d’histoire, je crois que nous avons besoin de livres et d’auteurs qui mettent de l’avant cette manière d’écrire l’histoire. N’oubliez pas de raconter vos souvenirs aux gens qui vous entourent.

METS LE FEU À TA VIE AVEC CEUX QUI ATTISERONT TA FLAMME!

24 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


L I T T É R AT U R E

LIRE PLUS GRAND QUE LA VIE : REGARD SUR L’ŒUVRE DE JOCELYNE SAUCIER MICHAËL PELLETIER-LALONDE

ARIANE OUELLET

Saucier m’apparait digne de mention.

Il y a maintenant un peu plus de vingt ans, l’écrivaine rouynorandienne Jocelyne Saucier entrait dans le paysage littéraire avec la publication de La vie comme une image, son premier roman. Paru en 1996 aux Éditions XYZ, le livre met en scène une vie familiale en apparence heureuse et douillette, rongée néanmoins par un indicible malheur. Depuis, Jocelyne Saucier a fait paraître Les héritiers de la mine (2000), Jeanne sur les routes (2006) et Il pleuvait des oiseaux (2011). Ce dernier, qui plonge le lecteur sur la piste d’un certain Boychuck, survivant du Grand feu de Matheson en 1916, jusqu’à l’ermitage tenu par Tom et Charlie, deux êtres résolument affranchis, fait présentement l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Louise Archambault. Le film sortira le 13 septembre prochain, et met notamment en vedette Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte et Rémy Girard. Chez elle, à Cléricy, l’écrivaine me raconte la surprise qui a accompagné le succès de son roman dès sa parution, et le tourbillon qui s’est ensuivi : « Ce roman-là, je ne pensais jamais que ça aurait ce succès-là […] Quand j’ai terminé le roman, je savais que c’était réussi, mais je me suis dit “Mon dieu Jocelyne, qu’est-ce que t’as écrit là, y’a personne qui va lire ça” ». Elle aurait même prévenu son éditeur qu’il aurait de la difficulté à vendre le livre, convaincue que son « histoire de p’tits vieux dans le fond d’un bois » n’intéresserait pas grand monde. Et pourtant, le livre a été à ce jour traduit en seize langues et a remporté de nombreux prix, dont le Prix des cinq continents de la francophonie (2011) et le Prix littéraire des collégiens (2012). Les propositions de films n’ont pas tardé non plus : au compte de trois, elles sont arrivées dans les mois suivant la parution du roman. Encore aujourd’hui, l’écrivaine n’arrive pas à s’expliquer l’engouement du lectorat pour Il pleuvait des oiseaux. Il y en aurait sans doute long à dire sur les raisons d’un succès littéraire, mais je ne suis assurément pas en mesure de trancher. Néanmoins, je crois que certaines œuvres transportent avec elles une charge de vie si dense qu’un peu d’elles finit par se déposer en nous, et à nous de les porter ensuite. À cet égard, non seulement Il pleuvait des oiseaux, mais toute l’œuvre de Jocelyne

D’abord, pour cette faculté qu’a l’autrice de construire les lieux et les temps de son œuvre de telle sorte qu’elle rappelle à la mémoire de larges pans d’une histoire pas si lointaine de l’Abitibi (et du nord de l’Ontario), ainsi que les splendeurs et misères qui tracent en partie la toile de fond de ce pays. Par exemple, Les héritiers de la mine présente l’histoire du Klondike abitibien, des villes champignons bâties autour de la découverte d’importants gisements miniers, de l’espoir et de sa chute. Norcoville, la ville du roman et le domaine des enfants Cardinal, « les Kings de Norco », est l’archétype même de la trajectoire suivie par plusieurs de ces villes minières nées sur la base d’une promesse trop fragile : « Les écoles illustrent bien ce qu’on avait espéré de Norco. Une ville minière qui accueillerait prospérité, longévité et le bonheur des petits enfants. Le rêve n’a pas duré et il a fallu faire avec la désillusion et ces trois grandes écoles de briques rouge ». Dans Jeanne sur les routes, c’est Rouyn la rouge, celle des « temps héroïques », des grèves des bûcherons et des Fros, vécus à travers les combats de Jeanne Corbin, militante communiste à qui Jocelyne Saucier redonne un souffle de vie inouï et qui marque à elle seule, semble-t-il, toutes les espérances d’une époque. Et puis, il y a toutes ces vies mises en scène à l’aune desquelles on se prend à se regarder, à la fin. D’ailleurs, Jocelyne Saucier ne s’intéresse pas aux grands de ce monde, me dit-elle. Ce qui l’intéresse, ce sont les héros du quotidien, ceux que l’on ne connaît que peu ou pas du tout. Et de fait, dans son œuvre, ils sont partout — lire ou relire La vie comme une image, à ce propos. Mais tous ou presque sont marqués par quelque chose de commun : la quête d’un idéal. C’est LeFion, le plus jeune des 21 enfants Cardinal dans Les héritiers de la mine, porté par le récit familial glorieux — mais miné par le drame silencieux du décès de sa sœur Angèle — auquel il s’accroche et qui traque ses récits au détour de chaque conversation. C’est ce journaliste « devenu amoureux [de Jeanne Corbin] en même temps que communiste » et qui décide de consacrer sa vie à la lutte des travailleurs dans un monde qui lui a tourné le dos. C’est sa fille, narratrice de Jeanne sur les routes, pour qui « on a la vie qu’on a et la [sienne] s’est faite à rêver plus grand que la vie, plus grand que l’amour ». C’est Charlie, Tom et Boychuck terrés dans les bois, embrassant une liberté suprême, celle de se réserver le choix de leur vie comme de leur mort. Mais plus encore, c’est sans doute la nature des questions posées, consciemment ou non, par l’œuvre de Jocelyne Saucier qui en font, il me semble, une œuvre qui s’incruste en nous et que l’on porte. C’est le cas du concept de bonheur, qui est omniprésent, mais tellement fragile, tellement prêt à s’échapper à tout moment qu’on le retient volontairement grâce à toutes sortes de récits, de mythes, et même parfois de mensonges. Comme s’il était intrinsèquement lié à un besoin de fiction. Besoin qui, lui, a peut-être, finalement, quelque chose à voir avec la vie elle-même… Consultez une version bonifiée de cet article sur notre site Web : indicebohemien.org. L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 25


L I T T É R AT U R E

QUATRE PIÈCES POUR INAUGURER LA COLLECTION « THÉÂTRE » DES ÉDITIONS DU QUARTZ LYDIA BLOUIN ET MARIANE MÉNARD

Les éditions du Quartz ont profité du dernier Salon du Livre de l’Abitibi-Témiscamingue pour lancer une toute nouvelle collection consacrée au théâtre. Le 24 mai dernier, quatre titres ont été présentés et des extraits ont été lus devant le public. Les pièces sont l’œuvre d’auteurs originaires de l’AbitibiTémiscamingue ou qui y vivent. Lecture des pièces Lost Baby, Chanson de toile, Sans Pays et Le Palier. LOST BABY PAR MYRIAM DE VERGER

L’amour d’une mère permet-il de venir à bout de tous les obstacles? Peut-on vaincre ses démons pour devenir une meilleure personne pour ses enfants? Cette question est brillamment soulevée dans cette pièce de théâtre, racontée sous la forme d’une entrevue avec un intervenant dans un centre de désintoxication. On y raconte l’histoire de Lily, une jeune femme noire toxicomane qui cherche à retrouver la garde de son fils en cessant de consommer des drogues fortes. On y voit son dernier entretien avant de quitter le centre pour enfin retrouver son garçon, sous la garde de sa mère avec qui

Plusieurs cours de cuisine vous sont offerts! foiregourmande.ca

Chapiteau principal

elle entretient une relation très conflictuelle. Le personnage est également motivé par le décès de sa meilleure amie, morte d’une overdose, et souhaite que son fils ne soit pas seul : « Ma chum Babi, est morte d’une overdose d’héro… Pis moé, j’voulais pas vivre ça… C’é pas vrai qu’mon gars aura pus d’mère, man! Y a besoin d’sa mère, mon gars… Pis moé avec, j’ai besoin d’lui… » Myriam De Verger, l’autrice de la pièce, nous montre un conflit intérieur et une lutte difficile contre la dépendance dans un contexte d’itinérance, de pauvreté et de prostitution. CHANSON DE TOILE, PAR HÉLÈNE BACQUET

Cette pièce de théâtre tire son nom d’un genre poétique datant du Moyen-Âge. Ces textes étaient racontés par des femmes qui transmettaient leur savoir à leur progéniture sur les premiers amours et sur les apprentissages permettant de devenir adultes. On reconnait bien l’inspiration de ce genre médiéval dans la pièce écrite par Hélène Bacquet : l’histoire est narrée par le personnage d’Irène, une jeune bouchère, sous forme de poème. Celleci vend des peaux de lapins avec sa mère et

20

Dégustations avec les producteurs, agrotransformateurs et microbrasseurs !

40

VENDREDI 16 AOÛT

SAMEDI 17 AOÛT

VENDREDI 16 AOÛT

SAMEDI 17 AOÛT

RAPHAËL DÉNOMMÉ

GALAXIE

POP2ROCK

LES BROTHERS

VENDREDI 16 AOÛT | 18 H 30 - 21 H 30 RÉSERVATION OBLIGATOIRE

SAMEDI 17 AOÛT | 18 H - 22 H RÉSERVATION OBLIGATOIRE

VENDREDI 16 AOÛT

ALACLAIR ENSEMBLE

SAMEDI 17 AOÛT

ANDIE DUQUETTE

VENDREDI 16 AOÛT JENNIFER HOLUB • MOTHER NATURE

SAMEDI 17 AOÛT 819 622-0199

JULIETTE LEFEBVRE-TARDIF ET ANNABELLE GINGRAS WILLIAM LAFRANCE • WOODROCK GRENOUILLE ET LA BAIE SAUVAGE

DIMANCHE 18 AOÛT SPECTACLE DE L’HUMORISWTE JC SURETTE

819 622-0199 • foiregourmande.ca info@foiregourmande.ca

26 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019

Accès gratuit à tous les spectacles


L I T T É R AT U R E

tombe en amour avec un marchand, Hervé, avant de feindre sa propre noyade pour le suivre dans sa caravane. Malheureusement pour elle, l’homme n’en est pas amoureux et lorsqu’elle tombe enceinte de son amant, déjà marié, leur relation se corse : « Il dit/Et si/Tu le/Là c’est Irène qui le regarde avec son regard de bouchère/Et si tu l’abandonnais/Il dit/Et si je te ramenais chez toi/Mais Hervé/Irène est morte c’est fini/Hervé se tait/Qui des deux a menti en premier ». Ce genre théâtral bien particulier permet de mieux ressentir la peine du personnage en plus de créer un lien particulier avec la mère de celle-ci. SANS PAYS PAR ANNA BEAUPRÉ MOULOUNDA

Sans Pays prend assise sur la rencontre inattendue de deux femmes à l’aéroport John F. Kennedy de New York. Lourdes est une jeune anthropologue montréalaise, fille d’une mère québécoise et d’un père congolais. Aimée a quitté son pays, Haïti, pour s’installer au Québec, près de cinquante ans avant l’action. Les parcours des deux femmes sont différents, mais chacune est à un moment de sa vie où d’importantes décisions s’imposent. Dans cette pièce, l’autrice Anna Beaupré Moulounda soulève des éléments de réflexion quant à l’identité et à l’enracinement, qu’elle amène notamment à travers les témoignages de Lourdes : « Toute mon enfance, je l’ai passée à essayer d’être Blanche. Pis mon adolescence, à essayer d’être Black. » La vie d’Aimée en tant

qu’immigrante s’est avérée plus difficile que prévu et après 47 ans au Québec, elle semble ne s’y être jamais sentie chez elle. De leurs discussions douces ou mouvementées émergeront des confidences. Une histoire émouvante et saisissante de remises en question et de déchirements. LE PALIER PAR RÉAL BEAUCHAMP ET JEAN-GUY CÔTÉ

Nicolas et Julie sont voisins de palier. Doucement et timidement, ils apprennent à se connaître et deviennent amis. À vingt ans, Nicolas étudie l’informatique au cégep, sans grand enthousiasme – sa vraie passion est la musique. Julie a 58 ans. Elle est malade et sur le point de conclure une procédure de divorce. Ces deux âmes solitaires développeront un attachement authentique et sincère. Elles s’ouvriront tranquillement l’une à l’autre pour raconter leur histoire respective. Chacun a vécu des déceptions dans ses relations familiales et semble trouver un peu de réconfort dans l’amitié bienveillante de l’autre. Dans Le Palier, les auteurs Réal Beauchamp et JeanGuy Côté explorent les liens sociaux et familiaux sous l’angle d’un lien intergénérationnel inusité et touchant. La profonde affection que ressentent les personnages rappelle que même un passé sombre et un avenir incertain peuvent être embellis par une rencontre.

Christine Moore DÉPUTÉE D’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

christine.moore@parl.gc.ca • christinemoore.npd.ca

La Fête du Canada est l'occasion de se rappeler les valeurs qui nous unissent comme la fraternité, la générosité et la tolérance. Je vous souhaite une belle célébration avec votre famille et vos amis. Merci pour votre soutien! Rouyn-Noranda | 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 | 819 762-3733 @MooreNPD

/ChristineMooreNPD

I ND I C EB OH EMI EN.OR G

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 27


subarurn.com

* Voir détails et réstrictions

chez Subaru Rouyn-Noranda.

28 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


L I T T É R AT U R E LE CRIME DE SŒUR MARIE-HOSANNA

HISTOIRE D’UN SECRET DE FAMILLE MARIANE MÉNARD

Quel secret sœur Marie-Hosanna cache-t-elle au plus profond d’elle-même? Alors qu’elle est âgée de 15 ans, Ophélie Martel, fille du célèbre et terrifiant juge montréalais Aristide Martel, est amenée par son père au monastère des Augustines à Québec. Pour ce dernier, il s’agit d’un point de rupture : jamais il ne compte revoir son enfant. La jeune fille aurait commis l’irréparable pour lequel le salut ne s’achète que par un don de soi intégral, une vie de cloîtrée. Ainsi prendra-t-elle le voile pour devenir sœur MarieHosanna. C’est avec humilité qu’elle acceptera cette condition pendant plusieurs années, avant de choisir de reprendre le contrôle de sa vie. Pour son huitième roman, Le crime de sœur Marie-Hosanna (Druide, 2019), l’écrivaine abitibienne Claire Bergeron choisit une intrigue qui s’anime au cœur du Québec du début du XXe siècle. Des questions et préoccupations

chères à l’autrice, dont la condition féminine, en émergent. À travers le personnage d’Ophélie, jeune fille que l’on suit de sa tendre enfance au début de l’âge adulte, Claire Bergeron fait vivre au lectorat les conditions, limitations et frustrations liées au sexe faible, ainsi que se plaît à le nommer le juge Martel. La jeune fille joviale et brillante, portée par ses rêves et ambitions, voit les portes se fermer devant elle les unes après les autres. Ses projets et comportements ne correspondent pas à ce que l’on attend d’elle : apprendre à devenir une mère attentionnée et une épouse soumise. Au fil de la lecture, on découvre également une toile de fond historique documentée avec justesse. Les personnages évoluent à Montréal et à Québec, mais aussi dans l’Abitibi rurale de la colonisation. Sans magnifier la difficile réalité abitibienne, la romancière attire l’attention sur la solidarité, l’entraide et le partage, nécessaires valeurs pour survivre dans cette région en développement au climat aride. Claire Bergeron ne manque d’ailleurs pas l’occasion de mentionner l’importance du train dans l’ouverture de ce nouveau centre de colonisation ni de citer au passage quelques personnalités marquantes. Le début du XXe siècle étant aussi celui de la Grande Guerre et de la grippe espagnole, ces événements ont aussi marqué la vie des protagonistes du roman. En outre, la cartographie de Montréal et des environs est illustrée par des références à d’anciennes municipalités de l’île dont le paysage a bien changé au cours du dernier siècle. Le crime de sœur Marie-Hosanna est aussi un roman dont l’intrigue bien ficelée tient le lectorat en haleine. D’un rebondissement à l’autre, les surprises invitent à tourner les pages et à profiter de cette lecture propice à la détente.

I ND I C EB OH EMI EN.OR G

L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 29


POSTE D’ÉCOUTE CHRONIQUE

TIM CERDAN

MURDOCHS II, LES MURDOCHS

REGGAE NORDIQUE, ALEX PAQUETTE

D’un rock graveleux à un blues rythmé, le groupe de Rouyn-Noranda Les Murdochs signe un deuxième album qui s’écoute comme on mange une tablette de chocolat : on arrive au bout sans s’en rendre compte, et on en reprend parce que c’est bon pour le moral!

Des textes locaux sobres et frelatés. Une voix entre rap et reggae. Des arrangements précis et honnêtes. Premier album pour Alex Paquette, auteurcompositeur-interprète de Matagami.

Note : 4,5/5

Note : 2,5/5

RENAISSANCE, MOTHER NATURE Quand on livre une pop/folk simple et efficace, on peut se permettre d’expérimenter quelques titres du côté du hip-hop, des chants grégoriens ou des sonorités latines. Le groupe témiscamien Mother Nature l’a fait. Sans prétention. Note : 3,5/5

I ND I C EB OH EMI EN.OR G

30 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


CALENDRIER CULTUREL

JUILLET-AOÛT 2019 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

FESTIVALS ET ÉVÉNEMENTS Festival de blues Eldorado 28 juin au 1er juillet Val-d’Or Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue 2 au 7 juillet Val-d’Or Rot Fest 5 et 5 juillet Malartic

(Dé)construction 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or

Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien 16 au 18 août Ville-Marie

Au-delà de cette construction 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or

Route du terroir 17 août La Motte Champignons en fête 23 au 25 août Saint-Mathieu-d’Harricana

Festival Harricana 5 au 7 juillet Vassan

FME 29 août au 1er septembre Rouyn-Noranda

H2O le festival 11 au 14 juillet Amos Tour de l’Abitibi 15 au 21 juillet Rouyn-Noranda Music Fest 19 au 21 juillet Belleterre

Rodéo du camion 1er au 4 août Notre-Dame-du-Nord Festival western de Guigues 6 au 11 août Saint-Bruno-de-Guigues

Festival western de Malartic 14 au 18 août Malartic

Avant l’Abitibi : Territoire d’échanges, lignes de confluences Jusqu’au 17 janvier 2020 Centre d’archives Maison de la culture d’Amos

Territoires 7 juin au 15 septembre Galerie du Rift (Ville-Marie)

Vendredi chantant au piano public Chorale en sol mineur 12 juillet 9 août Place de la citoyenneté et de la coopération (RN)

Coup d’éclat – Luss 13 juin au 13 juillet Fontaine des arts (RN) Ralentir le temps – Véronique Doucet 20 juin au 1er septembre Centre d’art de La Sarre Matrices… d’elles-mêmes Atelier les Mille Feuilles 20 juin au 1er septembre Centre d’exposition d’Amos

Osisko en lumière 8 au 10 août Rouyn-Noranda

Héritage – Société des arts Harricana 9 août au 1er septembre Centre d’exposition d’Amos

MUSIQUE

Les treize grand-mères lunes Frank Polson 7 juin au 29 septembre MA, Musée d’art (RN)

Festival Mudra 26 au 28 juillet Rouyn-Noranda

Au crépuscule des idoles 21 juin au 25 août Centre d’exposition de Val-d’Or

EXPOSITIONS

Ayemiyedan Nisin – Dialogue 3 7 juin au 29 septembre MA, Musée d’art (RN)

FRIMAT 24 au 27 juillet Val-d’Or

La Fée-AT 15 au 17 août Amos

Kipawa CountryFest 16 au 18 août Kipawa

Mille constellations Atelier les Mille Feuilles 20 juin au 4 août Centre d’exposition d’Amos Mariages obligés – Annie Paulhus Gosselin 20 juin au 4 août Centre d’exposition d’Amos

Irvin Blais 19 juillet Bar chez Paré (La Sarre) Ferland en chœur! Chorale en sol mineur 22 août Place de la citoyenneté et de la coopération (RN)

JEUNE PUBLIC Ari Cui Cui en vacances! 6 juillet Théâtre Télébec (VD) Camp’Art 8 au 12 juillet Centre d’exposition d’Amos Club de lecture d’été 4 à 6 ans 2 au 25 juillet Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Club de lecture d’été 6 à 8 ans 4 juillet au 1er août Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda 6 août Plage Kiwanis (RN) Club de lecture d’été 9 à 11 ans 9 juillet au 15 août Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Fête de clôture Club de lecture d’été 4 à 11 ans 21 août Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

LITTÉRATURE Lancement du livre Les bois-brûlés de l’Outaouais 27 juin Magasin général Dumulon (RN)

THÉÂTRE

Lecture musicale au parc 3 juillet 17 juillet Agora des Arts (RN)

Adieu je reste! 3 au 27 juillet Troupe à cœur ouvert (La Sarre)

Écriture féministe – Joséane & cie 22 août Maison Dumulon (RN)

Val-d’Or vous raconte son histoire 7 au 24 juillet Bureau d’information touristique Val-d’Or

DIVERS

Amos vous raconte son histoire 28 juillet au 14 août Départ de la Maison Authier (Amos)

Drag Queen 27 juillet Brasserie La Brute du coin (La Sarre) Wapikoni mobile 7 juin au 29 septembre MA, Musée d’art (RN)

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019 31


AYEMIYEDAN NISIN DIALOGUE 3

AVEC

FRANK POLSON LES TREIZE GRANDS-MÈRES LUNES

JOI T. ARCAND HANNAH CLAUS ÉMILIE MONNET DOMINIC LAFONTAINE ROGER WYLDE COMMISSAIRES

JEAN-JACQUES LACHAPELLE VIRGINIA PÉSÉMAPÉO BORDELEAU KEVIN PAPATIE

DU 7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019

AU MUSÉE D’ART, 201, AVENUE DALLAIRE, ROUYN-NORANDA

MUSEEMA.ORG 32 L’INDICE BOHÉMIEN JUILLET-AOÛT 2019


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.