OCTOBRE 2016 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 08 - NO.2

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OCTOBRE 2016 /// VOL 8 - NO 2

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Démocratiser l’accès à la création

07

Rapprocher l’artiste et le citoyen, La Sarre valorise le travail artistique

12

Soirées Jalapenos, Un peu d’piquant dans ta belle Amos

13-19 Cahier

spécial cinéma

16 NOVEMBRE 23 NOVEMBRE 26 OCTOBRE ROUYN-NORANDA — VAL-D’OR —

— AMOS —

24

Trouver le bonheur dans un mosh pit

uqat.ca/portesouvertes


Mot de la rédaction fabriquer des outils. Ou de se gratter. Ou de se raconter des histoires. Dispositifs nécessaires et suffisants pour exercer notre emprise sur la nature et sur le monde. Seulement, le storytelling et la technologie ont atteint un tel degré de raffinement qu’il devient parfois difficile de départager ce qui sert l’humanité de ce qui l’asservit.

Prêter la tribune au grand sage // Jenny Corriveau

Octobre, arrière-plan orangé, objectif automnal. Panorama Super 8 de feuilles mortes à travers un grand-angle. Vitesse d’obturation 1/48 : bien capter les couleurs en 24 FPS, ne rien manquer. Le bruiteur froisse une page du journal : bruit de pas sur un tapis desséché de résidus feuillus. Flash-forward-Tarantinostyle : hier, le journal était sous presse. Ici, le spectateur est le lecteur du story-board bohémien dans lequel 32 pages en arrêt sur image n’attendent que l’œil de l’avide culturel pour lui exposer nos talents exceptionnels : mémoire immortelle. La présente édition de L’Indice bohémien étant teintée du 7e art, et comportant un cahier cinéma, j’ai décidé de céder la tribune éditoriale à un acteur important de la scène cinématographique en Abitibi-Témiscamingue : Serge Bordeleau. Mesdames, messieurs ACTION ! \\

sur

le

Cinéma ! La magie opérait déjà au bord du feu, chez nos ancêtres aux gros sourcils et au front fuyant. Notre cerveau aime les bonnes histoires1. Elles déclenchent, en douce, une hormone étroitement liée à l’empathie et aux interactions sociales. Ocytocine. Sa sécrétion induit un sentiment de confiance envers l’étranger, nous pousse à aller vers l’autre, à marcher dans ses souliers. C’est ainsi qu’on arrive à comprendre et même ressentir ce que vit Harry Potter. Magie ! Le divertissement est devenu essentiel à notre survie, et on s’accommode bien de pouvoir accéder à cette marchandise sur de multiples plateformes, dans une instantanéité historique. Le sortilège opère de la même façon en publicité. Éprouvez de l’empathie pour une histoire, vous éprouverez de l’empathie pour la marque.

plateau,

Technologie

Cinéma, technologie et humanité // Serge Bordeleau

Nous vivons dans une époque formidable ! Divertissement, technologie, interactions. On tient le monde entier dans nos mains. Tout est allé si vite. Le langage, l’écriture, l’imprimerie, la pellicule et maintenant l’ère numérique. Réalité virtuelle. Vertige. Tout évolue si vite et pourtant, nous, Homo sapiens, n’avons évolué que très peu ou pas du tout depuis les deux cent mille dernières années. Un nouveau téléphone n’y changera rien. Évolutivement parlant, nous sommes encore de simples mammifères sociaux, ayant accédé à la station debout pour mieux survivre dans la savane, ayant développé des appendices préhensiles et un cortex nous permettant, entre autres, de

C’est l’automne. Les feuilles tombent. En cette saison de l’obsolescence programmée, nous voulons maintenant le nouvel iPhone. L’histoire est efficace : nous serons plus productifs et plus créatifs. Chaque fois qu’on satisfait un désir, le cerveau nous en remercie. La technologie joue d’ailleurs abondamment sur ces mécanismes. Toutes les notifications, courriels et messages que l’on vérifie plusieurs fois par heure activent le centre de récompense du cerveau et libèrent, chaque fois, de la dopamine. C’est le même processus que pour la pornographie, qui donne l’impression au cerveau d’assurer la transmission du patrimoine génétique et la survie de l’espèce2. Sans cesse, notre cerveau est sollicité, et berné... et il en redemande ! Les sollicitations sont rendues si présentes dans nos vies qu’on parle désormais d’une économie basée sur l’attention. Dans ce contexte, le sommeil serait une entrave à la profitabilité massive3. Rien de moins ! Parce que quand on dort, on ne clique pas sur « j’aime ». Régulièrement, on voit aussi ressurgir des études sur l’effet néfaste de la télévision chez les enfants. Trop de télé, d’Internet ou de jeux vidéo rendront-ils notre société moins apte à interagir socialement4? Bref, doit-on prôner un retour à l’âge de pierre ?

Probablement pas.

Humanité Le divertissement, c’est épatant. Le progrès, c’est fantastique. En théorie, tout cela devrait ouvrir les portes de l’esprit et améliorer les conditions de vie de l’humanité. Mais est-ce toujours le cas ? Pour le savoir, il m’est venu à l’idée de remixer le célèbre énoncé d’Isaac Asimov sur la robotique, en remplaçant le terme « robot » par « technologie ». 1. La technologie ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passive, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ; 2. La technologie doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ; 3. La technologie doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ni la deuxième loi. ... Disons qu’il reste du chemin à faire. Cela dit, je suis un GRAND fan d’Asimov. Sa foi en l’humanité et en la technologie pour lui venir en aide est encore pertinente aujourd’hui. C’est donc avec cet optimisme que je saute aujourd’hui à pieds joints dans la réalité virtuelle. Avec cette merveilleuse technologie, l’empathie ne se vit plus par procuration : le spectateur devient protagoniste. Comment ne pas se laisser tenter! Bien sûr, je redoute le jour où les casques de réalité virtuelle feront partie de notre quotidien5, comme les téléphones intelligents dans les années ’10. Malgré tout, je continue de croire qu’une bonne histoire peut avoir un impact bénéfique sur la société. Et qu’il est possible d’utiliser les technologies à bon escient. Là-dessus, « Siri : envoie cet éditorial. » 6 \\ 1

«

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6-7 13 - 19 31 5, 11, 22. 29 12 9, 10, 23 24, 25 4

2 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

À la une 3 L’anachronique 4 Bédé 5 Tête chercheuse 5 Médias et société 7 Région intelligente 8 Économie 9 Environnement 11 Le monde selon Modère 19

storytel28,

2014.

2 « Brain scans of porn addicts : what’s wrong with this picture ? » The Guardian, sept. 26, 2013. 3 « La dictature de l’insomnie », Le Devoir, 19 septembre 2016 4

« Un bébé laissé devant la télé risque de devenir

un ado intimidé », La Presse, 19 septembre 2016. 5 Ne ratez pas l’adaptation cinématographique du roman Ready Player one, de Ernest Cline, par Steven Spielberg. Une fascinante incursion dans un futur dystopique où la réalité virtuelle est devenue une échappatoire au monde réel. 6 « Parfait. Je contacte votre mère. »

SOMMAIRE Arts visuels Cahier Cinéma Calendrier Divers / général Humour Littérature Musique Théâtre

good oct.

Un immigrant nous regarde 20 CULTURAT à travers les yeux de… 21 Abitibi / Montréal 21 Premières Nations 25 Ma région j’en mange 27 Pleins feux 29 Poste d’écoute 30

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. ................................................................. Journalistes-collaborateurs et CHRONIQUEURS Fednel Alexandre, Serge Bordeleau, Cindy Bourque, Michelle Bourque, Pascale Charlebois, Michel Desfossés, Danielle Desjardins, Louis-Eric Gagnon, Mathieu Gagnon, Manon Gervais-Dessureault, Netta Gorman, Sophie Laliberté, Pascale Langlois, Jessica Lesage, Sarah Maltais, Philippe Marquis, Nancy McGee, Beatriz Mediavilla, Yves Moreau, Frédéric Noël, Roger Pelerin, Madeleine Perron, Yves Prévost, Mathieu Proulx, Jeannine Provost, Ulysse Rivard-Desharnais, Dominic Ruel, Benoit St-Pierre et Louis-Paul Willis ................................................................. correcteurs Josée Larivière, Anne-Michèle Lévesque, Genevière Luneau, Evelyne Papillon, Tommy Pilon et Yves Prévost ................................................................. COLLABORATEURS DE SECTEUR Véronic Beaulé (Témiscamingue), Geneviève Béland (Val-d’Or), Madeleine Perron (Rouyn-Noranda), Sophie Ouellet (Abitibi-Ouest) et Mathieu Proulx (Abitibi), ................................................................. CORRECTRICE D’ÉPREUVE Karine Murphy .................................................................. rédaction et communications Jenny Corriveau redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 .................................................................. Graphisme Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org ................................................................. direction et ventes publicitaires Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677 ................................................................. L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue fondée en novembre 2006. ................................................................. conseil d’administration Dominic Ruel (président), Mathieu Ouellet (vice-président), Gaétan Petit (trésorier), Véronique Gagné (secrétaire), Julie Mailloux, Tonia Dominique et Fednel Alexandre ................................................................. L’Indice bohémien 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org .................................................................. TYPOGRAPHIE Harfang : André Simard, DGA ................................................................. ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

L’Anecdote agricole

Un film, une série, l’appel du terroir // Pascale Langlois

Octobre, mois orangé aux feuilles mortes et citrouilles décorées. Mois de lattés, de bière et de tout ce qui réconforte les papilles et l’âme. Octobre est à l’hiver et au temps froid ce que la Porte-du-Nord est aux Hautes-Laurentides : c’est pas encore tout à fait ça, mais on sait que ça approche. Pendant que Marthe Laverdière, sensation du Web, vous enseigne comment aménager vos hortensias pour l’hiver depuis les Serres Li-ma en Chaudière-Appalaches, vous saurez qu’à deux rangs de chez vous, des agriculteurs de la région se démènent pour hiverniser des fermes complètes. Notez que l’hivernage est ici mis de l’avant pour finement lier le reste du texte. On ne se cachera pas qu’une ferme, c’est démenant à l’année, au sens figuré. Pour démystifier, en direct de votre sofa, vous pouvez voir tout ça dans votre téléviseur depuis le 12 septembre. Remercions la réalisatrice Émilise Lessard-Therrien qui nous y présente dix familles du Témiscamingue, toutes installées sur les terres labourées de notre lointaine région. La vraie campagne. Là où la trame sonore des autoroutes ne se rend pas. Là où ton voisin le plus proche, c’est la forêt. Là où d’autres réalisateurs verraient un potentiel d’énième remake du Projet Blair. Passé cette campagne, c’est un chalet sans commodités, du camping sauvage à l’état pur, une forêt dense où une bataille féroce nous guette, tel Léonardo contre son ours dans Le Revenant, Oscar et fortune en moins. Le concept, tout comme le nom de la réalisatrice, vous sonne probablement une cloche (à vache) et c’est bien normal : L’Anecdote agricole fût présentée fin mai au Rift de Ville-Marie comme premier long-métrage d’Émilise. Le long format était une demande de la MRC du Témiscamingue qui finançait le projet avec pour but de mettre en valeur le métier d’agriculteur.

On découvre du talent et des connaissances à en complexer les meilleurs joueurs de Farmville. Des hommes à la force herculéenne en chemises à carreaux qui chevauchent des John Deer sur des kilomètres de champs labourés tant sous un soleil de plomb qu’au froid, dans la brume et le gris. En passant par une plantation d’arbres aux allures de forêt, un élevage de chèvres qui vit selon ses propres saisons et un autre de bétail pesant plus d’une demi-tonne la bête, vous découvrirez, jusqu’en novembre, ce que peut créer notre terreau nordique avec le coup de pouce vert de ces artistes biologiques. Malgré l’allure mythique que peuvent prendre les personnages vedettes, vos vaillants et rigoureux voisins sont on ne peut plus humains, sympathiques et généreux, vous voudrez trinquer et lever votre verre de houblon pétillant avec eux, et Émilise le sait d’emblée. À preuve, les 30 minutes de chaque épisode vous laissent juste le temps de déguster votre réconfort en tasse, comme si vous partagiez un bon café avec eux. Mais attention, encore plus que ces humains, c’est leur mode de vie que vous voudrez adopter. Le charme du travail en plein air, du devoir accompli, créer la vie de ses propres mains et voir l’apport tangible (et comestible) que l’on apporte à notre communauté surpasse tous les sourires de Brad Pitt ou le jet set d’une cossue vie citadine. Même le pelletage de purin peut avoir ses lettres de noblesse ! Plus qu’un métier, la vie sur une ferme est un véritable héritage culturel, de la même famille… ou pas. Ça reste une vocation qu’on veut transmettre d’une génération à l’autre. Parfois tout de suite adoptée et pour d’autres, apprivoisée. Autant de récits que de fermes visitées, de coups de foudre comme d’essais à tâtons. Pour tous, un seul point commun : l’appel et la plénitude.

Cette première idée : partager à la communauté témiscamienne les anecdotes de dix agriculteurs qui façonnent le paysage (et les garde-mangers) via TV Témis. On retrouve les mêmes personnages que dans le documentaire, mais si, dans celui-ci, tous se partageaient les répliques d’une grande conversation sur le mode de vie agroalimentaire, dans la série, chaque agriculteur a son propre épisode où il expose sa réalité bien particulière.

Le bien-être des intervenants est contagieux. C’est peut-être la musique simple et l’ambiance décontractée, ou encore le décor étendu et les plans aériens… Vous ne comprendrez pas pourquoi, mais le grand air des Anecdotes agricoles vous ouvrira les bronches à même l’air de votre salon. Sans le vouloir, la réalisatrice recrée une sorte d’« opération séduction »… et s’est fait prendre à son propre jeu : on salue ici Émilise et son amoureux, probablement en plein emménagement sur leur propre lopin de terre !

Depuis la mi-septembre, on rencontre chaque semaine un de ces colonisateurs. Ces artistes qui peignent les pantrys québécoises avec, comme seul médium, le sol témiscamien. L’image poétique rurale, on dirait du Fred Pellerin ! Ajoutez un peu de pluie et de soleil sur leurs semis et bam!, ils vous fabriquent de quoi grignoter entre 2 épisodes de Mémoires Vives, et ce, presque aussi facilement qu’Apollo Giovanni vous concocterait des amuse-gueules de luxe avec votre vieux fond de Doritos, mais en plus sain, et avec moins d’extravagance.

Suivez la page Facebook de TV Témis pour ne manquer aucune Anecdote. Si jamais vous en manquiez une, vous les trouverez en rediffusion sur TVC9 ainsi que sur le Web, dès la semaine suivant l’épisode. On vous invite à redécouvrir votre région, différemment, une histoire à la fois ! Pour découvrir ou redécouvrir le documentaire d’Émilise Lessard-Therrien, il sera présenté gratuitement au Marché Public de Val-d’Or, dans le cadre du Festival de cinéma des gens d’ici, le dimanche 2 octobre à 13 h. \\

Le titre d’« Anecdote » sonnait alors comme un euphémisme un peu ironique… Documentaire de 75 minutes qui englobe largement le quotidien des producteurs jusqu’à la vie d’entreprise dans un marché international, ça fait une saprée « anecdote », vous comprendrez. Ironie au carré, quand ce format élargi devient le résumé et la bande-annonce pour les épisodes beaucoup plus intimes et complets qu’initialement prévu.

L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 3


L’ANACHRONIQUE

Se faire des vues…

THÉÂTRE

Les Excentrés honorés en Hongrie // Cindy Bourque

// Philippe Marquis

Je ne suis pas seul au monde à me faire des vues. C’est certain, car sinon, cette expression n’existerait pas. Je veux dire pas juste pour moi quand même ! Il m’arrive de me fabriquer des scénarios, de me péter des cartoons, à toutes sortes de sujets, tout comme vous. Par exemple, je me dis : « Si je le rencontre, je lui dirai franchement que je ne suis pas d’accord avec ses positions politiques. » Et je m’élabore une mise en scène… Les prédictions de tout ordre vont dans le même sens : « À la finale de la Coupe du président, l’an prochain, ça sera les Foreurs contre les Huskies, et on va gagner la série en six1… » Ces images intérieures tournent et retournent dans l’esprit. À un point tel que, souvent, nous émettons ces fantasmes à nos semblables. Arrive alors le moment où on se fait lancer : « Là, tu te pètes des cartoons ! » Finalement vient ce qu’on nomme la projection. On croit tellement à nos vues qu’on est convaincu que les autres voient les mêmes choses que nous. On transpose, dans leur réalité, nos propres peurs ou espoirs. Sans doute est-ce de ce fait que vient l’expression « se croire ». Comme dans : « Il se croit en maudit quand il dit que son équipe va faire les finales et gagner la coupe… »

C’est de l’autre côté de l’Atlantique que le Volubile et professeur de théâtre Pascal Binette a fait vivre une expérience de scène professionnelle à neuf de ses étudiants. En mars dernier, la troupe de théâtre Les Excentrés de l’école secondaire d’Iberville est allée en Hongrie pour participer au Festival de théâtre international de Pècs qui se tenait du 16 au 20 mars. Le festival est organisé par ArtDraLa, une association internationale pour la promotion du théâtre de jeunes en langues étrangères qui propose des festivals francophones un peu partout dans le monde, comme celui en Hongrie cette année ou à Trois-Rivières l’an passé. Les jeunes représentants du Canada, qui ont présenté la pièce Un pas de géant pour l’humanité de Marc Prescott, ont visiblement bien performé puisqu’ils ont remporté le Prix du public. Une très belle récompense pour ces étudiants passionnés et pour celui qui a agi à titre de metteur en scène, Pascal Binette, enseignant en art dramatique en secondaire quatre et cinq. « Je pense que c’est quelque chose de très marquant dans une vie, autant pour l’expérience professionnelle que personnelle », explique Pascal. La pièce Un pas de géant pour l’humanité raconte l’histoire d’un homme qui trompe sa femme et qui se fait surprendre. L’homme s’enfuit et quand tout le monde l’aperçoit en bobettes dans la rue, il se trouve une cause à défendre et devient soudainement un héros.

Nous avons, je parle des humains, cette fantastique capacité d’imaginer. Elle permet tous les possibles, mais peut aussi en bloquer beaucoup. Tout dépend du regard que l’on a, de quel côté de la lentille on regarde. Ainsi, depuis cet été en particulier, des automobilistes pourraient penser que, si ça continue, bientôt ils ne pourront plus circuler en auto. Car des hordes de cyclistes, à bord de leurs montures sauvages, vont venir attaquer nos pauvres petites voitures d’une ou deux tonnes… C’est sans parler de ces femmes provocatrices se promenant en burkini sur les plages. Bientôt, vous savez, si on les laisse aller, nos enfants seront obligés de réciter le Coran en classe… Réagir ainsi aux rumeurs et aux peurs, c’est se faire des vues. Et il y a le pire sur nos écrans présentement. Ceux-ci peuvent transformer une rumeur en vérité. Ainsi, on se fait des vues ensemble virtuellement, on les partage et on les projette. Par ces temps austères, le rapport avec des personnes réelles dans la vie réelle se fait rare comme la tolérance… Comment s’en sortir ? Lâcher prise semble à la mode. En tout cas, ma mère m’en parle souvent. Autre option de ma mère : vivre le moment présent. Ça paraît simple, mais il faut sortir de son cinéma et de tous les autres pour que cela advienne. Une fois ces deux éléments réunis, on peut sortir dehors et sentir la nature apaisée de l’automne, celle qui n’a rien d’une vue, qui n’est jamais la même d’un moment à l’autre, comme la vie. Celle qui peut nous colorer et rafraichir l’esprit…

Pour Pascal le professeur, autant avant que pendant l’aventure, il était très important de traiter ses élèves comme des professionnels. « C’était plus une relation de mentor avec ses comédiens qu’un prof avec ses étudiants. J’étais une référence là-bas, c’est certain, presque un père, tellement que je suis reparti pour le Québec avec le surnom Pôpa ! » Pascal a eu la chance de partager ses trois passions avec ses étudiants, soit le voyage, le théâtre bien sûr et la bouffe. Outre sa participation au festival de théâtre, la troupe est allée en République Tchèque et en Autriche pour goûter à la culture de pays différents, autant dans l’assiette qu’à l’opéra de Budapest où encore dans une salle de spectacle à regarder du théâtre noir. « Faire un tel voyage, ça permet de faire sortir des talents de chez nous, de créer des amitiés et d’en faire des humains curieux et intéressés », ajoute Pascal. Une belle façon de responsabiliser ces jeunes qui ont eu à amasser un montant de 3000 $ pour être du voyage.

Tu viens avec moi maman ? On sort, dehors de nos têtes ! \\ 1 Ici, je vous fais remarquer que je n’ai pas écrit qui gagnerait cette série en six parties,

À la mi-septembre, Pascal Binette auditionnait de nouveaux étudiants, cette fois pour participer au 7e Festival international de théâtre francophone de Trois-Rivières en 2017. \\

ceci afin de ménager les susceptibilités…

> facebook.com/ecolediberville

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4 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


TêTE CHERCHEUSE

Formation sur la médiation culturelle à Val-d’Or

Démocratiser l’accès à la création

Le cimetière des conversations

// Louis-Éric Gagnon

// Dominic Ruel

Le 6 octobre prochain, une formation sur la médiation culturelle aura lieu à Val-d’Or et sera présentée par Marc Pronovost, directeur général et artistique de B21, une entreprise d’économie sociale. Qu’est-ce que la médiation culturelle et quelle est la différence entre celle-ci et la démocratisation culturelle  ? Paul-Antoine Martel, animateur à la vie rurale et communautaire de la Ville de Val-d’Or, explique comment ce principe a été intégré au sein de leurs pratiques.

La conversation. Pas le parle-parle, jase-jase. Non. La discussion, celle avec le verre de vino à la main : politique, religion, société. Celle d’après minuit, car c’est dans la nuit qu’on parle de l’existence de Dieu. Celle des idées et des débats. C’est qu’on a fait le tour rapidement avec la météo et l’échange de P.K. Sur Internet aussi, même si ça dégénère de plus en plus. Il reste des intervenants qui ne multiplient pas les injures ou les émoticônes de merde.

« Tout a commencé lorsque que la Ville a participé à une planification locale en petite enfance en lien avec le programme Avenir d’enfants, un partenariat entre le Gouvernement du Québec et la Fondation Champion. Habituellement, la Ville n’a pas de rôle à jouer en petite enfance. Nous avons cherché par quel moyen nous pouvions poser des actions, nous avons alors pensé à la médiation culturelle. Nous cherchions un projet pour les jeunes enfants et leurs parents. Il n’y a pas tant d’expertise en région, il fallait donc créer, à la fois, l’offre et la demande. »

Il y a ceux avec qui on est en accord, ceux qui nous confrontent passionnément, mais intelligemment (pas toujours !). Et ceux que j’appelle les tueurs de conversations. Ils sont parfois de la famille, ce sont peut-être des collègues. Par une phrase creuse, par leur fermeture, ils nous jettent dans un cul-de-sac : la discussion est alors finie.

Le but de la première année était de soutenir des actions en médiation culturelle, donc de créer une certaine expertise et documenter le tout. Marie Eykel a alors été invitée pour faire la lecture d’un conte, mais surtout vu son expérience en médiation culturelle. Depuis plusieurs années, Mme Eykel utilise des stratégies d’action culturelle auprès de mères défavorisées dans Hochelaga-Maisonneuve avec comme but de leur donner du pouvoir sur leur vie et d’améliorer leur confiance en elles, de briser l’isolement et enfin de les laisser libérer leur créativité dans leur propre vie. Ensuite, une formation en médiation culturelle pour les artistes a été organisée en collaboration avec le Conseil de la culture. Un appel de projets a été lancé, et trois d’entre eux ont été retenus, dont un par des professeurs du Centre de musique et de danse de Val-d’Or afin de monter un spectacle avec le même groupe durant cinq ans pour analyser l’évolution. « L’an dernier, ma collègue Geneviève Béland a décidé de pousser plus loin le concept de culture pour les 0 à 5 ans et est entrée en contact avec Petits Bonheurs, le rendez-vous culturel des tout-petits, afin de faire une programmation propre à l’Abitibi-Témiscamingue. Nous en avons profité pour faire de la formation en lecture de contes et offrir du soutien à des parents dont les enfants sont un peu isolés. Ils étaient accompagnés par le conteur Guillaume Beaulieu qui leur donnait des trucs pour lire des histoires et ensuite mieux les outiller. Notre travail actuel est de témoigner des expériences qui ont été menées, de continuer d’outiller les artistes pour qu’ils offrent de la médiation culturelle et de sensibiliser les organismes à l’effet qu’il existe de nouvelles façons plus ludiques d’intervenir, qui atteint les mêmes objectifs », développe M. Martel. Il faut faire la distinction entre la médiation culturelle et l’art-thérapie. La médiation sert à faire le lien entre deux entités, c’est un intermédiaire. La création artistique devient un moyen de rencontre entre des gens du public et de la communauté et un artiste ainsi qu’entre les gens eux-mêmes. C’est un principe plus qu’une technique. C’est une façon de démocratiser l’accès à la création. Pour que le maillage se fasse aisément, il faut que l’offre soit présentée par des médiateurs culturels et que la demande soit réclamée par les organismes hôtes. \\

Parler politique peut être passionnant. Élections, programmes, souveraineté, ça se jase des heures durant entre hommes de bonne volonté. Mais vous aurez celui qui vient mettre la switch à off : « C’est tous des pourris ! ». Le même qui n’aime jamais le Bye bye, faute d’avoir compris la moitié des références. La conversation se termine à ce moment. Elle est morte par manque d’arguments, par cynisme aussi. Qui voudra la reprendre ? Les chercheurs américains Elif et Cengiz Erisen affirment « qu’être entouré d’amis proches limite la réflexion politique. Les personnes qui se connaissent depuis longtemps sont plus susceptibles d’adhérer aux mêmes idées ». Mais il faudra que les lointaines connaissances aient plus de substance. Et quand vient le temps de parler de l’islam et du burkini ! Des thèmes qu’on approche avec des perches de dix pieds. Impossible de partager son agacement. Comme si on ne pouvait aller au bout des idées. Les mots « raciste » et « islamophobe » sont vite dits. L’échange s’arrête là, que peut-on dire de plus ? Répéter qu’on ne l’est pas ? C’est comme sortir en ville et dire à tout le monde qu’on ne trompe pas sa femme. À la longue, ça devient louche. La conversation est morte par amalgame douteux et mauvaise foi. C’est le « chantage à l’islamophobie », selon le philosophe Régis Debray, qu’il considère intolérable. « La critique d’une religion ne se confond pas avec l’injure faite aux fidèles de cette religion .» Vous êtes avertis ! Pour le féminisme, même chose. Souvenez-vous du tollé créé par la ministre Thériault qui ne se reconnaissait pas comme « féministe ». Et des politiciens, des artistes, des chroniqueurs ont après juré qu’ils l’étaient. Un peu comme l’islam : ne jamais s’opposer aux règles convenues par les bien-pensants de la justice sociale, une certaine gauche ou les organisations subventionnées. Vous serez alors un macho, un enfant du patriarcat. La conversation ne se fait même pas : n’essayez pas de vous dire égalitariste ou humaniste, surtout si vous êtes un hétéro blanc. Vous êtes alors l’oppresseur, le parfait modèle. La prudence est donc de mise : météo, P.K., Le Banquier. Ça durera des heures ! \\

L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 5


ARTS VISUELS

Murale de plus de 2 300 pieds carrés sur l’aréna Jacques-Laperrière

Et si… la ville devenait une galerie d’art ! // Jessica Lesage

Je m’intéresse de plus en plus au hockey, surtout depuis le 20e des Huskies de RouynNoranda. On a mis le grappin sur la Coupe du président, quelle année c’était ! Vous y étiez ? Depuis, une autre raison me pousse à m’intéresser aux arénas, lieux où la magie des grands patineurs opère. Avez-vous remarqué cette murale colossale qui donne maintenant une tout autre allure à l’aréna Jacques-Laperrière ? Difficile de manquer ces soixante-quatorze panneaux de quatre par huit pieds, qui forment l’œuvre Énergies. Une autre réalisation s’inscrivant dans la démarche CULTURAT.

construction, reflétant le dynamisme de la région. Pour son clin d’œil à l’aréna, Karine Berthiaume a choisi d’intégrer une petite partie du visage de Jacques Laperrière, grand joueur de hockey qui a fait la Ligue nationale.

Au printemps dernier, la Ville a fait un appel de projets aux artistes de la région pour se doter d’une murale de grand format sur un bâtiment municipal. Quatre idées d’envergure ont été déposées au conseil municipal. Peut-être vous dites-vous que quatre projets, c’est peu, mais gardez en tête qu’il faut avoir tout un bagage de connaissances pour faire une si grande murale ! Une expertise qui n’est pas donnée à tout le monde ! Plusieurs critères devaient être respectés : la faisabilité, l’intégration au bâtiment, l’embellissement, l’esthétique ainsi qu’une référence à l’aréna Jacques-Laperrière. Le quartier ayant une vocation culturelle avec le Centre d’exposition, la bibliothèque et le Théâtre du cuivre, l’œuvre ne devait pas être politique, violente ou sexiste. Un jury de onze personnes composé de citoyens, de gens d’affaires, de conseillers et d’artistes a délibéré. Leurs idées se sont confrontées, tous ont eu droit de parole. Leur choix s’est arrêté sur la maquette de l’artiste en arts visuels Karine Berthiaume. Maintenant, il fallait réfléchir au moyen de concrétiser le projet : le choix des matériaux, le format, le budget, l’échéancier et l’équipe. « Ce n’est pas facile de travailler avec de la grosse tôle rouge ondulée et de rendre beau un aréna sachant que la marque de commerce de Rouyn-Noranda est l’audace avec le FCIAT, le FME et Ma Noranda », explique Ariane Ouellet, artiste en arts visuels et chargée de projet pour la Ville de Rouyn-Noranda. L’équipe, composée de Karine Berthiaume, Ariane Ouellet, Valérie Hamelin et Omen, une rockstar de la murale à Montréal, a créé le projet en quatorze jours dans un atelier prêté par la Ville. Après trois jours d’installation, Énergies a pris vie. Énergies, c’est une pièce contemporaine qui porte à réflexion sur toutes les forces en action sur un territoire, faisant qu’il se développe. C’est le déploiement des énergies. Sur la murale, on observe des branches, de l’eau, des formes géométriques, des bâtiments en

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS…

« Les gens vont devoir réfléchir et regarder encore et encore, parce que ce n’est rien de publicitaire ni de premier degré, d’où l’intérêt de l’art public. On regarde et on apprivoise. Un dialogue doit s’établir », nous dit Ariane Ouellet. Est-ce qu’Énergies fait l’unanimité ? Non ! Mais l’art public sert justement à faire bouillonner les opinions ! « Quand tout a été finalisé, on a traversé la rue pour regarder l’œuvre et c’était complètement irréaliste ! C’est vraiment un accomplissement ! C’est un projet de fou ! C’est grâce à un effet contaminant d’enthousiasme et de confiance dans ce que la culture apporte à une ville que ce projet a pu voir le jour », affirme Ariane Ouellet. Énergies donne le ton pour une première grosse murale à Rouyn-Noranda, mais les gens d’affaires peuvent aussi emboîter le pas pour d’autres projets de murales moins dispendieux. Le but est de remplir nos murs d’œuvres de toutes sortes ! Un guide fait par l’artiste Ariane Ouellet est d’ailleurs disponible gratuitement sur le site Web de la Ville. Et si… la ville de Rouyn-Noranda devenait une galerie d’art ? \\

> ville.rouyn-noranda.qc.ca

1er octobre dès 13 h 30 Peinture en direct avec Josette Allard et visites animées des expositions en cours.

Centre d’exposition d’Amos 222, 1re Avenue Est, Amos 819 732-6070 exposition@ville.amos.qc.ca Heures d’ouverture Mercredi au vendredi du Me de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h Fermé les lundis et les mardis

Jusqu’au 16 octobre

Marcel Dargis se souvient Musée international d’art naïf de Magog

Jusqu’au 23 octobre

La Mesure du temps Josette Allard et artistes invitées

Jusqu’au 23 octobre

Entre les murs Édith Laperrière

Publications en tirage pour les visiteurs!

6 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

Réseau d’influence

Réseau d’influence Annie Boulanger et

Grâce au soutien financier du


MÉDIAS ET SOCIÉTÉ

Publicités trompeuses ou trompées ? // Louis-Paul Willis

En cette période post-rentrée scolaire, pourquoi ne pas ressasser certains moments médiatiques survenus au cours de l’été et fort probablement passés à l’oubli ? En effet, c’est bien connu, l’été est une période creuse au sein des médias, et l’attention populaire se tourne souvent vers des faits divers et des événements triviaux. Personnellement, dans un contexte médiatique où les opinions pullulent quant au port du burkini et autre hijab, et où on s’évertue à crier nos convictions laïques et égalitaires, j’ai été particulièrement heurté par une publicité de la Canada Oil Sands Community, un groupe faisant la promotion des sables bitumineux. Cette publicité mettait de l’avant deux jeunes femmes s’embrassant, avec le texte suivant (traduit de l’anglais) : « Au Canada, les lesbiennes sont considérées comme attirantes. En Arabie Saoudite, si tu es une lesbienne, tu meurs. Pourquoi nous procurons-nous notre pétrole de pays qui ne trouvent pas les lesbiennes attirantes ? Choisissez l’égalité ! Choisissez le pétrole canadien ! » La pub, qui a depuis été retirée de la page Facebook de l’organisme, a fait réagir – et pour cause ! D’une part, l’information est largement trompeuse. Les importations pétrolières au Canada proviennent pour la majeure partie des États-Unis1. Bien qu’il y ait une part de nos importations qui provienne du Moyen-Orient, elle est mineure et, de surcroît, englobe plusieurs pays de la péninsule arabe, plutôt que l’Arabie Saoudite uniquement. Il y a forcément un désir de désinformation de la part de certains activistes du milieu des sables bitumineux puisque, au moment même où cette publicité faisait réagir, le polémiste Ezra Levant faisait circuler (en camion !!) à Montréal une affiche critiquant l’opposition du maire Coderre au projet de pipeline Énergie Est. Encore une fois, on nageait en pleine désinformation puisque l’affiche faisait allusion au « pétrole de la charia », alors que la part des importations pétrolières provenant du Moyen-Orient est encore plus faible au Québec que dans l’ensemble du Canada. Au-delà de toute opinion portant sur l’exploitation des sables bitumineux de l’Ouest canadien, il appert qu’une quantité importante de désinformation circule en lien avec ce secteur industriel ! D’autre part, l’aspect le plus dérangeant de la campagne de la Canada Oil Sands Community demeure sa posture tout simplement outrancière en lien avec la question de l’égalité entre les sexes et les genres. Cette publicité est tout sauf égalitaire ! Elle suppose que l’homosexualité féminine existe pour un regard phallocentrique, tout en évitant soigneusement d’inclure le pendant masculin de son discours. En effet, quel aurait été l’effet de cette pub si son discours avait été apposé sur l’image de deux hommes s’embrassant ? Dans un paysage médiatique dominé par les désirs et les fantasmes masculins, ce discours publicitaire vient nous confronter au phénomène du fauxminisme : on croit souvent tenir un discours prônant l’égalité entre les sexes, les genres et les orientations sexuelles, une visée proprement féministe, alors que dans les faits, on ne fait rien de plus que de poursuivre la dissémination des inégalités et de la primauté d’une logique patriarcale au sein des médias et des fantasmes qu’ils transmettent. Ce phénomène fauxministe prend une place importante dans plusieurs débats actuels ; sans doute y aura-t-il lieu d’y consacrer une chronique ultérieure… \\ 1 Source : Office national de l’énergie (http://neb-one.gc.ca)

ARTS VISUELS

Valoriser le travail artistique

Rapprocher l’artiste et le citoyen // Louis-Eric Gagnon

Grâce à l’entente de développement culturel que la Ville de La Sarre a signée avec le ministère de la Culture et des Communications, le Centre d’art Rotary veut ouvrir ses portes à une grande masse de la population. Par la mise sur pied d’activités d’animation et de création artistique ouvertes au grand public, le centre veut favoriser les échanges et le rapprochement des artistes et des citoyens. Sophie Ouellette, agente de développement culturel pour la Ville de La Sarre, explique l’objectif de ces activités : « Dans le fond, nous voulons une rencontre entre l’artiste et le citoyen. Nous profitons du passage des artistes qui exposent au centre : ils viennent pour le vernissage et pour l’installation de l’exposition. Tant qu’à les avoir sur place, aussi bien profiter de leur expertise. Par exemple, nous allons avoir une exposition de Julie Lemire, fille de l’aquarelliste Norbert Lemire. Elle coïncide avec la semaine culturelle des générations : nous allons surfer sur celle-ci en offrant un atelier de création père-fille. » Le milieu scolaire a toujours fait partie de la clientèle du centre d’art. L’approche entre les élèves et l’art a changé au courant des années. Auparavant, l’artiste donnait une formation à l’animatrice qui s’occupait de faire la présentation dans les milieux scolaires. Avec le nouveau programme, ce sont les artistes qui vont la plupart du temps à la rencontre de ces groupes scolaires. Les efforts du centre d’art ont aussi pour but de défaire l’image d’élitisme que peut avoir encore aujourd’hui, et bien malheureusement, le milieu artistique. Les groupes visés ne sont pas nécessairement des adeptes des musées et des centres d’exposition. L’intimité des rencontres permet aux participants de se sentir à leur place et d’avoir un certain confort, facilitant la découverte. « Nous essayons de rejoindre tout le monde. Quand je parlais de groupes communautaires, nous avons rejoint des adolescents avec les Grands Frères et Grandes Sœurs en collaboration avec la Maison des jeunes. Il y a eu aussi des publics plus adultes avec le Centre de femmes l’Érige. Nous avons finalement rejoint des publics plus âgés avec le Réseau libre savoir. Parfois, les groupes communautaires ne savent pas comment organiser l’activité ou aller chercher du financement et le fait d’avoir une activité clé en main devient un incitatif à la participation. La plupart de nos activités sont gratuites. Les montants qui sont défrayés sont habituellement pour le coût du repas, car l’activité dure une journée complète. Nous proposons nos services aux groupes communautaires, selon l’offre de l’artiste et les groupes d’âge qui sont ciblés », précise Mme Ouellette. Ces rencontres permettent au public de se rendre compte aussi du travail, de la maîtrise et du temps investi par l’artiste pour la création de son œuvre. Il saisit ce qu’est un artiste professionnel et quelle est la démarche pour parvenir à ses fins. Toucher aux méthodes de travail d’un artiste, ça valorise son travail. \\

Une occasion unique de venir échanger avec des auteurs de la région, dans une formule « speed dating », à la Bibliothèque d’Amos le samedi 15 octobre à 13 h 30.

41 e éd ition 25 au 28 ma i 20 à Rouy n-Nora 17, nda. L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 7


RÉGION INTELLIGENTE

Essai routier sur la notion de leadership régional

Le test du carré aux dattes // Michel Desfossés

J’avais envie de le faire depuis longtemps. Puis parfois, les idées émergent lorsque l’on est seul sur la route. Certains vont à pied à Compostelle pour ça. J’ai avisé ma blonde que je prendrais mon vélo et la 117 vers le sud et que je roulerais le plus longtemps possible, jusqu’aux limites de l’Abitibi-Témiscamingue, au moins... le temps de remettre mes idées à jour sur cette région, dont on dit qu’elle nous habite.

Heureusement, les quelques bonnes bières que je me suis sifflées au Prospecteur m’ont amené une très bonne et réparatrice nuit de sommeil à l’Auberge de l’Orpailleur. J’ai oublié mon chocolat de Choco Mango dans le mini-frigo de ma chambre, zut. Étape 2 - Val-d’Or/Dorval Lodge : être un ours au lac Kaouinagamik

Je signale que la trame sonore de cette chronique est la chanson Chariot de Petula Clark, un hit de 1962. C’est aussi le ver d’oreille qui m’a taraudé le ciboulot pendant 3 jours et 300 km. Vous êtes prévenus, maintenant ! Bien bon pour vous autres, si vous continuez cette lecture !

Dimanche 7 août 2016 Aujourd’hui, j’entame ma 2e journée de 100 km (106 pour être précis) entre l’Auberge de l’Orpailleur et la pourvoirie Dorval Lodge dans le parc de La Vérendrye. Dorval Lodge est presque à la limite est du bassin versant de l’Outaouais supérieur, ce qui symboliquement me parle de nous. Quelque part après le Camatose, les eaux basculent vers la Gatineau.

La préparation J’ai demandé à la ronde depuis quelques semaines si la dernière année sous les auspices de l’austérité libérale avait anéanti le concept de région. J’étais inquiet, sans blague. Plus de CRÉ, plus de fonds de développement régional et j’en passe. Personne n’a été capable de me répondre, mais quelqu’un m’a conseillé de m’acheter un gravel bike si je voulais affronter la route verte 2, voie cyclable qui traverse notre région. Avec ça, j’allais enfin pouvoir m’adonner en toute quiétude à ma quête routière sur la notion de région. Héhé !

D’ailleurs, le réservoir Dozois est un des plus beaux coups de bluff de l’histoire de l’Amérique du Nord. Lorsque Champlain en 1613 voulut se rendre en Outaouais supérieur, les Algonquins de l’île aux Allumettes (sur la section sud de la rivière) l’en dissuadèrent en lui disant qu’un lac immense s’y trouvait. À peu près ici. Le lac Kaouinagamik, plan d’eau imaginaire n’ayant jamais existé, se retrouva sur toutes les cartes de Nouvelle-France, faisant obstacle au projet de Champlain de rallier la mer d’Orient. Constat du jour : Cette histoire n’intéresse pas l’ours que j’ai rencontré environ à 5 kilomètres de la barrière nord. En le voyant s’élancer pour traverser la route juste devant moi, j’ai tout de suite pensé de façon égocentrique que celui-ci s’en prendrait à mon vélo. Oubliez ça. En adoptant le point de vue de ce plantigrade, vous comprendrez qu’en traversant les routes des humains, vous pouvez vous prendre un Fifthwheel en pleine bouille, sans compter le vacarme du trafic. Pas le temps de niaiser avec un vélo. Étape 3 : Dorval Lodge/Kandahar (!) Lundi 8 août 2016 J’amorce ma troisième journée en relative forme. Normalement, je me rendrais à l’accueil sud du Parc, à au-delà de 140 kilomètres. Les ascensions se font plus difficiles. La montée au lac Larouche se finit à 5 km/h. Constat du jour : l’accotement pavé ne l’est plus à plusieurs endroits. Trous. Cratères. La route verte 2 ressemble probablement à certaines sections de la route afghane entre Kaboul et Kandahar. Zone de combat et parfois voie cyclable !

Étape 1 - Rouyn-Noranda/Val-d’Or : bouts de caoutchouc

Ma blonde me rejoint. Douche à 2 $ au Camping Lac-Rapide. Je mets mon vélo dans la boîte du pickup. Je le débarquerai au P’tit Train du Nord pour continuer, encore un peu.

Samedi 6 août 2016

Épilogue Premier constat du jour : Les meilleurs élastiques bungee ne sont pas les noirs en caoutchouc, car il y en a un moyen paquet en petits bouts, sûrement faits dans le même caoutchouc que les pneus de poids lourds, déchiquetés, menus, sur le bord de la route. Deuxième constat : Je roule pour une moyenne de 23,4 km/h. Je suis content de moi. 60 bornes bientôt, le bonhomme !

Suis-je habité par ma région ? L’ai-je rencontrée durant ces 3 jours à vélo ? Était-elle chez Boyer Lodge, se présentant sous l’aspect d’un incroyable carré aux dattes, énorme ? Généreuse, comme la dame du restaurant ?

Je me désole un peu, la notion de région ne s’impose pas à moi durant ces 105 kilomètres. Je rencontre des semi-remorques et des hordes de motos, comme toutes les routes du Québec en comptent. Rien de distinctif, rien qui nous caractérise.

Vendre? Acheter? 819 763-7594 8 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

Solidaire, comme le camionneur en congé avec qui je prends un café et qui me dit de faire attention en bécycl’ ? \\

comment? combien? Pierre Grandmaitre Courtier immobilier


CHRONIQUE ÉCONOMIQUE

Sacrer en écoutant la radio // Ulysse Rivard-Desharnais

Ça y est, la nouvelle est partout, tout le monde en parle : télévision, Internet et radio, impossible de passer à côté ! Les Canadiens sont de plus en plus endettés. Les dernières statistiques en date de septembre font état d’un taux d’endettement des ménages de tout près de 168 %. Décidément, ils sont vraiment forts ces Canadiens, « un peu plus haut… un peu plus loin ». Dommage qu’on ne parle pas ici d’exploits sportifs ! Bien entendu, la nouvelle suscite son habituel bourdonnement médiatique, suivi de son lot de commentaires et d’inquiétudes. Les économistes, habituellement à l’emploi d’une banque quelconque, auxquels le commun des mortels a accès à ce moment, évoquent, pour expliquer le phénomène, la faiblesse des taux d’intérêt, qui incite les consommateurs au crédit ou encore la vigueur du marché immobilier de Toronto et Vancouver. De leurs bouches, on dirait presque une bonne nouvelle. Puis c’est au tour de la bienveillante et paternaliste litanie d’inquiétudes formulées par diverses autorités gouvernementales. On est préoccupé par la croissance de l’endettement des particuliers, on s’inquiète des conséquences possibles d’un niveau de dettes trop élevé pour l’économie et on souligne la désinvolture des consommateurs. Toutefois, on prend bien garde de ne jamais, ô grand jamais, rechercher les causes véritables du phénomène, ce qui permettrait, qui sait, de trouver de vraies solutions au problème. Les causes sont assez simples pourtant. Premièrement, comment reprocher au consommateur canadien moyen son manque de rigueur vis-à-vis de l’endettement ? Réfléchissons à la question un court instant. Le consommateur moyen a des revenus réels qui stagnent depuis des années. Il est soumis en permanence à un matraquage publicitaire assourdissant qui l’incite à consommer toujours davantage. Le prix de l’immobilier ne cesse d’augmenter (prix moyen d’une maison unifamiliale à Vancouver en juillet : 1,67 million $) et dans quasiment cent pour cent des cas, la seule possibilité d’accession à la propriété est, pour le consommateur moyen, la contraction d’une hypothèque. Du crédit offert partout, pour tout, et maintenu irréfrénable par le travail acharné de toute une armée de publicitaires et de professionnels de la mise en marché. N’oublions pas, cerise sur le gâteau, des taux d’intérêt en baisse perpétuelle qui frisent maintenant le point neutre, gracieuseté de la banque centrale elle-même. Finalement, et surtout, ceux qui ont lu les chroniques précédentes savent que nous vivons dans un système économique où la monnaie est essentiellement privatisée. Au Canada (et ailleurs), la création et la mise en circulation des dollars, majoritairement virtuels, sont l’apanage des banques commerciales qui ne créent de l’argent que lorsqu’elles accordent un prêt. Si la seule façon de faire exister l’argent est par l’endettement, comment peut-on s’étonner encore que les ménages canadiens, tout comme l’État et les entreprises par ailleurs, n’arrivent pas à se désendetter ? Pour la petite anecdote, j’étais dans ma voiture quand j’ai entendu la « nouvelle ». Ça m’a rappelé un vers célèbre en Abitibi que je vous livre ici en guise de conclusion : « J’ai jasé ‘ec mon instinct... Et j’ai sacré dans mon char. » \\

DÉCOUVREZ

LES FONDS DE LA MRC

de La Vallée-de-l’Or

819 825-7733

Fonds

jeunesse OBJECTIFS - Communautaire - Culturel et sportif - Entrepreneurial

Les jeunes de la MRC à travers des projets structurants.

LITTÉRATURE

Importante aide financière au Réseau BIBLIO

Amener la lecture là où sont les lecteurs // Fednel Alexandre

Le Centre régional de services aux bibliothèques publiques de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec (Réseau BIBLIO) bénéficie d’un financement de 285 000 dollars pour réaliser des travaux de ravalement de son bâtiment et la mise à jour de son matériel informatique. L’annonce a été faite par le ministre et député de Rouyn-Noranda Luc Blanchette le 26 août dernier. Ce financement, qui provient du ministère de la Culture et des Communications, permettra de couvrir 70 % de la somme nécessaire pour les travaux ; la différence sera assurée par le réseau. Il correspond au montant offert par le Ministère dans le cadre d’une entente d’aide au fonctionnement pour trois ans.

Selon Louis Dallaire, directeur général du réseau, le renouvellement du matériel informatique vétuste profitera aux soixante-dix bibliothèques de l’organisme, car le centre régional gère les ordinateurs de toutes ses bibliothèques. Par ailleurs, le centre a fait des choix stratégiques pour la réalisation des travaux. Par exemple, les murs seront mieux isolés et l’installation d’une technologie écoénergétique pour l’éclairage entrainera une réduction des coûts. À long terme, ces choix permettront au centre de faire des économies de l’ordre de 15 % sur la facture énergétique. Cette économie favorisera un réinvestissement dans le budget de fonctionnement du Réseau BIBLIO. De plus, elle permettra d’améliorer et d’augmenter les services à la clientèle en acquérant, par exemple, de nouveaux titres pour enrichir les collections. Le directeur général du réseau se veut rassurant et optimiste sur l’avenir de l’organisme. En ce moment, le Réseau BIBLIO prête plus de 200 000 livres par année aux usagers. Il s’agit de maintenir ce cap et d’élargir le cercle des usagers. Pour ce faire, Louis Dallaire pense qu’il est nécessaire d’ouvrir de nouvelles bibliothèques. La présence des bibliothèques dans les endroits les plus excentrés représente un facteur de développement non négligeable pour la vitalité et la survie des petites communautés. Les petits villages perdent leurs services, leur école, ce qui entraine le déplacement des habitants vers les grands centres et leur dévitalisation quand ils ne se transforment tout simplement pas en villages-dortoirs. La bibliothèque joue ce rôle de lieu de rassemblement et de convivialité qui permet aux habitants de se retrouver. Cela explique sans doute pourquoi le directeur du Réseau BIBLIO entend « amener la lecture là où sont les lecteurs ». Pour ce faire, il vise à installer des bibliothèques dans des lieux non desservis aussi bien en Abitibi-Témiscamingue que dans le Nord-du-Québec. Certaines communautés autochtones sont notamment dans le viseur du directeur. Le développement du réseau facilite l’accès à la culture, car la lecture est sans doute le premier acte de culture véritable. La proximité des services culturels favorise le développement autant sur le plan économique que sur le plan démographique. Une offre culturelle diversifiée et accessible aux utilisateurs ne peut être que profitable pour la région. \\

Fonds

soutien aux événements et festivals OBJECTIFS

- Mobiliser la communauté - Renouveler l’offre touristique - Retombées économiques

Le Service du développement local et entrepreneurial de la MRCVO - Service d’accompagnement pour les entrepreneurs - Service de mentorat - Soutien financier - Infolettre économique - Formations - Conseils et assistance - Plusieurs fonds disponibles

Soutenir le développement, la tenue d’événements et de festivals locaux, émergents et structurants.

www.MRCVO.qc.ca L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 9


PUBLICATION: COMMUNAUTAIRES • VERSION: FRANÇAISE • FORMAT: 7.5" X 10" • COULEUR: NB LIVRAISON: 5 SEPTEMBRE • PARUTIONS: SEMAINES DU 12 + 19 + 26 SEPTEMBRE, 3 + 10 OCTOBRE

LITTÉRATURE

Cercle de lecture de la Mosaïque

Une courtepointe culturelle // Netta Gorman

Il fut un temps où la littérature était perçue comme élitiste ou pour intellos seulement. Or, la lecture est maintenant bien ancrée dans la culture populaire, y compris à La Mosaïque, organisme sans but lucratif qui a pour mission de faciliter l’accueil, l’accompagnement et l’insertion des immigrants en AbitibiTémiscamingue. « On veut atteindre tout le monde, pas juste des intellectuels », lance Johanne Lafrance, enseignante de littérature et de français au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et l’une des animatrices du nouveau cercle de lecture de la Mosaïque, où le livre sert de prétexte aux échanges culturels et sociaux entre les participants. Cette initiative s’insère dans les activités qui soulignent le 25e anniversaire de l’association. Un des objectifs de ce cercle de lecture est de permettre à tous, Québécois comme immigrants et nouveaux arrivants, de découvrir des auteurs de différents pays, du Québec et de la région témiscabitibienne. Quoi de mieux, pour créer cette « courtepointe culturelle », que de partager la passion de la lecture et ainsi sensibiliser les gens au vivre ensemble en apprenant à connaître d’autres cultures à travers les thèmes qu’abordent les œuvres proposées ? Que l’on soit membre ou non de l’association, chacun est bienvenu. Les œuvres à lire seront fournies gratuitement grâce à une commandite de la librairie du Service scolaire. Nul besoin d’être féru en analyse littéraire pour participer ; un petit guide de lecture sera proposé aux participants. Il servira à identifier les thèmes et à alimenter la discussion lors des rencontres. Puisque le thème principal est celui de l’exil, les deux premiers romans proposés sont de Kim Thúy : Ru et Vi. « On ne sait pas comment les échanges vont déboucher  », avoue Mme Lafrance. « C’est nouveau comme activité, on cherche à tisser des liens, à stimuler la discussion sur les thèmes en laissant beaucoup de place aux impressions personnelles. » Et si vous n’avez pas le temps de lire les œuvres, La Mosaïque vous invite tout de même à assister aux rencontres pour entendre les commentaires et partager votre expérience, que vous soyez Québécois de souche, immigrant international, national ou régional. La première rencontre du cercle de lecture aura lieu le mercredi 5 octobre prochain de 18 h 30 à 19 h 30 à la salle Pauly de la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda et, ensuite, le premier mercredi de chaque mois.

Pour plus d’informations, composez le 819 763-2263 ou consultez le site Web de La Mosaïque : lamosaique-at.org \\ 10 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

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ENVIRONNEMENT

Regard sur la télé communautaire

Entre la stabilité et l’innovation

Les déchets dans les milieux naturels

Un changement de mentalité long à venir

// Louis-Eric Gagnon // Sophie Laliberté

La télévision communautaire est un média nécessaire à la santé démocratique. Elle donne une voix à la population et son image est dépendante des projets et visions de la communauté. De plus, elle est facilement accessible et offre une programmation différente et près de son public. Les enjeux et le fonctionnement de chaque télévision communautaire varient considérablement d’une ville à l’autre. Alors que Rouyn-Noranda et Val-d’Or misent sur l’évolution constante de leur programmation, le Témiscamingue travaille sous le signe de la nouveauté qui fait boule de neige. La directrice de TV Témis, Chloé Beaulé-Poitras, et ses collègues ont pris la relève il y a trois ans d’une télévision communautaire qu’elle qualifie de conventionnelle, qui faisait des couvertures médiatiques ainsi que quelques productions locales à bas budget. Arrivés avec un vent de fraîcheur, ils ont soutenu la vision que TV Témis est une télévision qui peut visuellement mettre en valeur leur territoire. « Veux, veux pas, quand tu es jeune et que tu reviens en région, c’est comme si la place était libre parce que les gens sont contents et aiment le renouveau. Nous avons eu un gros appui de la population et des partenaires du milieu. » Il faut préciser que ce grand changement est tombé pile au moment où le plan culturel numérique a été lancé, un heureux hasard. Le plan culturel numérique vise à mettre sur pied de nouveaux sites Web. La technologie de celui de TV Témis datait de 2007, le site faisait donc partie de la liste des sites ayant un besoin prioritaire de renouvellement. À l’époque, la station a été une des premières télés au Québec à diffuser en simultané sa programmation 24 heures sur 24. Avec le nouveau site Web mis en ligne le 21 septembre, les émissions vont mieux être mises en valeur et les choses vont se mettre à débouler. « Les gens sont éblouis de notre travail, mais le fait que nous soyons arrivés au bon moment n’est pas à négliger », énonce Mme Beaulé-Poitras. « À l’ère des médias numériques, le potentiel est immense. Ayant déjà les studios et le matériel, il est plus facile de créer de la nouveauté. La station a une base solide, il ne suffit que de regarder devant et produire des émissions de qualité, mais le bon fonctionnement demande beaucoup de temps et d’argent. » Mme Beaulé-Poitras développait son point, expliquant qu’en calculant les coûts de production et en exposant publiquement les résultats de ces calculs, il est facile, par exemple, de démontrer à la communauté la valeur d’une série de 8 émissions qui aurait exigé 700 heures de travail et d’ainsi raviver sa relation avec le milieu. « Les gens ont toujours eu cette conscience-là au Témiscamingue, l’importance d’avoir un média télévisuel indépendant est établie. Nous nous distinguons aussi par le fait que nous n’avons que très peu de couvertures médiatiques télévisuelles : les gros joueurs ne se déplacent pas chez nous pour les faits divers. Nous n’avons pas de compétition. Notre radio et notre journal sont complémentaires. » Du côté de Rouyn-Noranda et de Val-d’Or, la place grandissante du Web aide entre autres à trouver des collaborateurs. Isabelle Luneau, directrice de TVC9, croit que nous ne sommes pas à la fin de ce virage. « Nous devons nous renouveler pour attirer les gens à la télé. Tout est une question d’accessibilité. Ce qu’on veut faire ressortir cette année, c’est la diversité : de tout, pour tous les goûts. Notre gros enjeu est de recruter des gens qui souhaitent faire de la télévision, car nous réalisons les projets de la communauté. TVC9 peut démarrer un projet, mais ce n’est pas la majorité de notre programmation. Nous devons rencontrer la population pour faire notre développement et trouver des gens qui ont un intérêt envers le média. Il faut dire que c’est aussi un investissement de temps : ça rend la tâche plus compliquée. Nous sommes bien contents d’avoir tous nos collaborateurs actuels. Ce sont leurs idées que nous mettons en image : c’est un travail d’équipe. » Malgré les succès que vit TV Témis, l’équipe demeure réaliste. Il y a du travail à faire au niveau du développement. Il faut démontrer l’accessibilité de la télé à la population. « Ce vent de changement nous permet de développer. La MRC travaille d’ailleurs avec nous dans le projet de L’anecdote agricole et son support de financement a permis de mener à bien cette émission en faisant la promotion de l’agriculture. Elle a aussi joué un rôle de coordination en faisant des démarches pour trouver d’autres partenaires. Notre relation avec les différentes télévisions communautaires de l’Abitibi est excellente. Nous fournissons du contenu témiscamien et elles n’ont pas besoin de se déplacer. En plus, nous en retirons des revenus. Si nous voulons atteindre notre vision, il va falloir profiter de nos ramifications et creuser davantage », conclut la directrice de TV Témis.

Le problème des déchets en milieu naturel est malheureusement encore une réalité en Abitibi-Témiscamingue. En plus d’être foncièrement inesthétiques, ceux-ci peuvent avoir des conséquences sur la faune : enchevêtrements, blessures, étouffements, ingestions, intoxications et contaminations en sont quelques exemples. Saviez-vous qu’un simple mégot de cigarette peut prendre jusqu’à six ans pour se décomposer et qu’une bouteille d’eau en plastique demande quant à elle plus de 500 ans ? Quel bel héritage aux générations à venir nous laissons dans nos milieux naturels ! Pour ce qui est des petits déchets, comment se fait-il que des gens, en 2016, trouvent encore que l’idée de lancer ses rebuts par les fenêtres du véhicule ou de les laisser choir au sol en plein sentier soit bonne ? En ce qui concerne les dépotoirs sauvages, pourquoi des gens se donnent la peine d’embarquer leurs encombrants pour aller les porter en forêt plutôt qu’aux différents écocentres et ressourceries de la région alors que souvent, il suffit de les mettre en bordure de route ? En effet, plusieurs MRC et municipalités offrent le service de collecte des encombrants (certaines sur appel alors que d’autres organisent des cueillettes annuelles ou bisannuelles1)? Il ne suffit que de quelques rebuts pour créer un effet boule de neige et hop, en quelque temps, un bel amalgame de détritus est créé.

GÉRALD LÉVESQUES

Depuis maintenant trois ans, le Conseil régional de l’environnement de l’AbitibiTémiscamingue (CREAT) s’attarde à ce problème, notamment avec une campagne de sensibilisation et de mobilisation citoyenne nommée la Chasse aux déchets sauvages. Ce concours a été mis sur pied pour récompenser, valoriser et féliciter les gens qui, eux, font les bons choix en milieu naturel et ne laissent pas de traces. En plus de cibler les chasseurs qui arpentent les forêts de la région à l’automne, ce projet s’adresse à tous les amants de la nature qui font une différence, par exemple, grâce à des gestes préventifs, comme en évitant de produire des déchets en plein air (vive la vaisselle réutilisable dans le camp !). Le but est aussi de valoriser ce réflexe que certains ont de ramasser les détritus épars trouvés en bordure de route ou dans les sentiers ou même de motiver certains à s’y mettre. De plus, ce concours a permis de récolter des données sur des sites de dépotoirs sauvages un peu partout en région et ainsi alimenter l’inventaire régional. Chaque année, plusieurs personnes se rallient à la cause et plusieurs commanditaires sont heureux de se joindre au CREAT dans le but d’offrir des prix aux participants. De très beaux témoignages sont récoltés et le concours a même incité des gens à planifier des sorties en forêt uniquement pour chasser les déchets ! Il semble donc que la majorité s’entend pour dire que les rebuts n’ont pas leur place dans les milieux naturels. Il reste cependant encore quelques mentalités à changer… \\ 1 Les citoyens qui doivent se débarrasser de déchets particuliers, encombrants, résidus de construction, etc. devraient s’informer des services offerts auprès de leur MRC.

> creat08.ca/even_chasse_dechets_sauvages.php

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

Avec la multiplication des canaux de diffusion, la télévision a davantage sa raison d’être afin de se reconnaitre et de s’informer d’un point de vue régional et local. Elle se niche dans un contenu unique dans lequel les gens s’identifient. Afin de garder le cap, elle doit à la fois être à l’écoute de la population et oser faire différent. Il s’agit de garder cette dynamique fragile, la fine ligne entre la stabilité et l’innovation : la constance motrice. \\ L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 11


HUMOUR

Les Soirées Jalapenos GALERIE 42, Ste-Anne | Ville-Marie (QC) J9V 2B7 819.622.1362 CINÉMA ET THÉÂTRE 32, Ste-Anne | Ville-Marie (QC) J9V 2B7 819.629.3111

EXPOSITION

DU 30 SEPT. AU 27 NOV. 2016

BUDDING WATER INSTALLATION MULTIMÉDIA

CÉSAR FORERO | KIRKLAND LAKE

Un peu d’piquant dans ta belle Amos // Frédéric Noël

Des centaines de piments jetés sur des panélistes. Des dizaines de blagues croustillantes causant la mort du concept de l’humour. En viennent ensuite plusieurs autres dizaines tout aussi scabreuses pour le faire renaître de ses cendres. Des gallons de bonne bière consommés. Voilà le résultat que laisse derrière lui «  Les Soirées Jalapenos  », un événement humoristique amossois qui en sera à sa onzième soirée au moment de l’écriture de ces lignes. Faites gaffe aux jeux de mots de piments. Hachez trois panélistes locaux, ajoutez-y un animateur et un invité spécial en condiments et saupoudrez le tout d’une généreuse dose de spectateurs, brassez le tout dans une P’tite Bouteille et vous avez une Soirée Jalapenos bien réussie. Fortement inspiré de l’émission Piment Fort, le concept est connu de tous ceux nés avant le Bogue de l’an 2000. L’animateur explique le jeu aux trois panélistes et ceux-ci répondent du mieux (ou du pire) qu’ils peuvent afin de gagner un piment. Le gagnant à la fin de la soirée n’est pas celui qui a le plus de piments, mais la foule. La soirée propose aussi le strip-tease d’un invité surprise, les panélistes tentant de dénuder figurativement cet invité à l’aide de questions de l’animateur.

ANTHROPOMORPHIES PEINTURE / SCULPTURE

SÉBASTIEN OUELLETTE | ROUYN-NORANDA

MARIMBA PLUS VENDREDI 7 OCTOBRE 19H30

DERRICK FRÉNETTE

MARDI 11 OCTOBRE 20H

POUR DÉCOUVRIR LA NOUVELLE PROGRAMMATION DU THÉÂTRE DU RIFT, RENDEZ VOUS SUR

LERIFT.CA 12 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

Christian Larche et Mathieu Proulx, tous trois membres de Lalibaba, ligue d’improvisation locale. Ces vétérans du rire en région mettent à profit leur expérience de la scène et ont concocté des soirées finement assaisonnées. Ils ont d’ailleurs connu un succès assez instantané, profitant du off-season de Lalibaba. La première saison, qui s’est terminée le 29 juin dernier, n’avait pas de prix d’entrée. Les spectateurs pouvaient simplement faire un don à l’organisation. Certaines mauvaises langues diront que le prix d’entrée à la carte de la première saison a contribué à remplir la salle. La deuxième saison, débutée le 31 août, a maintenant un coût d’entrée de 5 $. L’avenir nous dira si les piments sont plus importants que l’argent. Le 16 juin dernier, Maman Ourse Productions a pris sous son aile Les Soirées Jalapenos. « Les Soirées Jalapenos sont déjà très populaires et elles sont très bien organisées. Il est important de souligner que ses créateurs garderont le plein contrôle de leur événement. Tout ce qu’on veut faire, c’est les aider à mener le projet à son plein potentiel. Il n’en demeure pas moins qu’on est fiers de les prendre sous notre aile ! » souligne Réjean Lavoie, président de Maman Ourse Productions.

Notez bien ici l’usage du mot figurativement. Bien qu’aucune nudité n’ait lieu sur la scène, l’événement est assurément 18 ans et plus parce qu’il y a de la bouésson, pour reprendre les mots de Normand Brathwaite.

Maintenant qu’il a la machine Maman Ourse Productions derrière lui, le comité organisateur des Soirées Jalapenos peut voir plus grand. Benoit St-Pierre, membre fondateur du comité, parle déjà d’achat d’équipements additionnels, mais aussi de faire des spectacles à l’extérieur. Exporter le concept dans d’autres villes est maintenant chose simple, puisque Maman Ourse Productions a accès à toutes les ressources nécessaires pour rendre les soirées du reste de l’Abitibi-Témiscamingue plus corsées.

Les Soirées Jalapenos sont une idée originale de Guillaume Balleux réalisée par Benoit St-Pierre,

Avec tous ces jeux de mots pimentés et souvent douteux, il est garanti que vous avez tous envie de voir de quoi il en ressort. Les Soirées Jalapenos sont présentées les mercredis soir à la P’tite Bouteille à Amos dès 20 h. Verre de lait non inclus. \\


CAHIER SPÉCIAL CINÉMA

Portrait d’artiste

Théâtre, cinéma, exil et possibilités régionales // Jenny Corriveau

Aujourd’hui diplômé de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, le jeune comédien de 22 ans dit vouloir pratiquer ce métier qu’est de devenir quelqu’un d’autre depuis son plus jeune âge. « On m’a souvent demandé pourquoi j’ai voulu devenir comédien et j’ai réfléchi longtemps avant de trouver la réponse la plus synthétique. “C’est parce que je voulais être Batman !”, ou une tortue ninja, un pirate, un cowboy, un chevalier. Ces personnages venant tous de la télé ou du cinéma, logiquement, j’allais devenir comédien. » Le désir réel lui est arrivé plus tard. « C’est lorsque j’ai réalisé que je pouvais jouer à faire semblant d’être quelqu’un d’autre, très jeune, que j’ai vraiment commencé à prendre conscience de ce que je voulais faire pour gagner ma vie. Aujourd’hui, je réalise que j’apprends beaucoup plus à me connaître qu’à être quelqu’un d’autre lorsque je suis sur scène », nous dit-il. « J’ai réalisé très jeune que j’allais devoir quitter la région pour être formé dans une école de théâtre professionnel. Mon deuil de la maison s’est étalé sur plusieurs années, si bien qu’à la fin du secondaire, il s’agissait beaucoup plus d’excitation que de peine. » Avec du recul, il dit réaliser qu’il y a probablement un lien de cause à effet avec son acceptation dans une école supérieure de théâtre, deux ans après avoir quitté le nid. « Je ne pense pas que mon talent se serait suffisamment développé si je n’avais pas quitté le nid familial à 17 ans. J’aurais auditionné pendant des années s’il avait fallu. À force, j’aurais sûrement fini par entrer dans une école, mais j’aurais essayé encore et encore puisqu’il n’y avait qu’une seule réalité, un seul plan. Encore aujourd’hui, je n’ai pas de plan B. »

Andréanne Gauthier

Olivier Lalancette sort tout juste de l’université. Talentueux et ambitieux, il s’est exilé à Montréal pour étudier sa passion : le jeu. Il n’est ni le premier ni le dernier à le faire. La région 08, elle est éloignée, et traverser le parc pour se rendre à une répétition, ce n’est pas plus écologique que pratique !

Je ne peux m’empêcher de penser à Mylène Baril-Mantha qui se réinstalle en Abitibi pour y vivre de théâtre. Elle est une des rares qui choisissent la région. Cette jeune artiste est un diamant brut pour la région et j’espère que les Abitibiens s’en rendront vite compte. Il faut consommer la culture locale. C’est tellement important. On passe nos vies à investir dans des multinationales sans importance. Sacrifiez donc trois McDonald pour vous payer une pièce de théâtre, votre argent aura alors un impact immédiat sur votre entourage. \\

Le questionnant sur son cheminement et sa façon d’envisager l’avenir, je lui demande s’il partait vers Montréal pour y rester, ou s’il gardait une porte ouverte à un éventuel retour. S’il envisageait possible une carrière dans son domaine ici, en Abitibi-Témiscamingue. « Quand j’ai quitté, mon appartenance à la région est morte sur le coup. On dit pourtant qu’on ne peut sortir l’Abitibi du gars… Je n’ai simplement pas de sentiment d’appartenance à l’Abitibi, ni au le Saguenay où j’ai habité pendant mes deux années de cégep, et pas plus à Montréal. Il faut dire que mes amis se sont presque tous “exilés”, pour utiliser ton vocabulaire, aux quatre coins de la province. Nous étions tous un peu marginaux à l’école secondaire. Nous n’étions pas populaires. Certains ont vécu le rejet et la violence des autres. Je ne peux pas parler pour eux, mais je comprends aujourd’hui que c’est à eux que j’appartenais, et je leur appartiens encore. Je leur appartiens à eux ainsi qu’à ces nouveaux frères et ces nouvelles sœurs que j’ai rencontrés depuis mon départ en 2011. Je suis enfant unique, la notion de famille en amitié pour moi est donc très importante. Je ne me sens chez moi seulement que lorsque je me retrouve dans les bras d’un ami. En quelque sorte, je n’ai jamais quitté la maison, puisque partout où j’ai vécu, il y avait des gens pour m’entourer. » Passionné et dénué d’appartenance géographique, il dit vouloir jouer et raconter des histoires dans tous les médiums qui existent, si possible, partout dans le monde. « L’envers du décor m’appelle autant que le jeu. Pour l’instant, je me concentre à la mise en scène et à l’écriture théâtrale, mais je veux toucher à tout. J’envie même parfois les scénographes pour leurs connaissances et leur capacité à prendre une scène, la transformer et nous transporter sans trop d’artifices. Si je veux faire de la création et toucher à toutes les facettes du théâtre, c’est parce que je crois que la scène est un lieu magique qui nous aide à survivre au monde réel. Quand je regarde les étoiles, je ne comprends pas du tout la raison de notre existence, mais la scène me permet au moins de faire vivre mes rêves dans l’espace. Ça me rend tellement triste de voir que le théâtre disparait de la culture populaire et de l’éducation. Évidemment, tant qu’on continuera à enseigner Les belles sœurs dans les écoles secondaires comme si c’était le seul monument important de la dramaturgie québécoise, ce sera difficile d’assurer la relève. Je comprends qu’un adolescent qui n’a jamais assisté à une pièce de théâtre de son époque n’en ait rien à foutre d’une pièce qui était d’actualité il y a 60 ans. » Me questionnant sur sa vision de la région, j’ai demandé à Olivier s’il était réaliste à ses yeux d’envisager vivre de son art en région et être épanoui. « Le besoin d’épanouissement est différent d’une personne à l’autre. Je pense que je suis à la bonne place ici, à Montréal. L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 13


CAHIER SPÉCIAL CINÉMA

De Compostelle à Kuujjuaq présenté en première mondiale au FCIAT // Cindy Bourque

Le film De Compostelle à Kuujjuaq sera présenté en première mondiale au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue le dimanche après-midi 30 octobre. Un visage différent des gens et des communautés autochtones, c’est ce que le moyen métrage nous fera découvrir à travers le parcours de Stanley Vollant, le premier chirurgien autochtone au Québec. Stanley Vollant, cet homme inspirant et ambitieux, a parcouru sur 5 ans 6000 km à la marche et en canot afin de rencontrer les communautés autochtones du Québec, de l’Ontario et du Labrador. Il a transporté un message d’espoir pour les jeunes Autochtones : si lui, issu d’un milieu difficile, modeste et éloigné. avait réussi à devenir chirurgien, tous devaient croire en leurs rêves les plus fous. Stanley Vollant a commencé son expédition à l’automne 2010 et c’est à l’automne 2014 que le réalisateur Simon C. Vaillancourt et son équipe ont suivi Stanley pendant différentes expéditions afin de mettre en image son histoire et ses motivations. L’équipe a également eu accès à des archives d’un journaliste de l’Université de Montréal dans les débuts de l’aventure du marcheur, soit l’expédition de l’hiver 2012 et 2013, qui feront partie du film. Simon C. Vaillancourt admet avoir été extrêmement impressionné par la grande volonté de l’homme, qu’il a dû retarder à quelques reprises pour les besoins du tournage et qui n’a jamais demandé ni accepté d’aide. « Tout le monde sait que pour un tournage, on va demander à Stanley “peux-tu faire ci, peux-tu nous attendre”, donc on le retarde dans sa marche, et évidemment, on lui propose de l’emmener plus loin, mais il n’a jamais voulu prendre de raccourcis. » Simon raconte que même pour l’arrivée vers Ottawa, tous les marcheurs avec lui ont été recueillis en camion pour compléter le parcours; Stanley, lui, n’a jamais voulu embarquer. Ils étaient tous censés faire le parcours en canot, mais comme les vents étaient trop forts, il leur était impossible d’aller plus loin. Lors de la dernière journée d’expédition, après avoir fait une demi-journée de rabaska qui était complètement épuisante, il leur restait 34 km de marche à faire avant leur point d’arrivée. Au final, seuls Stanley et un jeune Autochtone ont fini le trajet au pas de course. À l’hiver 2014-2015, le début de l’expédition vers Kuujjuaq aura été le plus pénible, tellement qu’elle aura presque été annulée dû au froid extrême. « Tout le monde était en mode survie, le drone ne voulait pas s’envoler, les caméras fonctionnaient à peine, et c’était extrêmement froid. Il y a vraiment eu un moment où on se demandait “est-ce que l’expédition arrête maintenant ?”. » Parmi les autres défis de l’aventure : trois nations ensemble qui, historiquement, ne sont pas amies, ni habituées de se côtoyer. Inous, Inuits et Naskapis ont eu à travailler ensemble pour se rendre vers Kuujjuaq. Comme le raconte le réalisateur, « ça rajoutait une coche de tension par-dessus le froid extrême, disons que ce n’était pas un endroit super agréable où être dans le moment ».

À quelques semaines de la présentation de la première mondiale au FCIAT, Simon C. Vaillancourt explique que le film a d’abord été pensé en fonction de faire deux émissions de 52 minutes pour la télé d’Ici Radio-Canada : la première heure pour l’expédition de Kipawa vers Ottawa et la deuxième heure, de Schefferville vers Kuujjuaq. « De ça, le défi pour le festival c’est d’en faire un film de 65 minutes qui, à la mi-septembre, est toujours en chantier. » Au total, ce sera le meilleur du 30 jours de tournage qui sera présenté. « Du documentaire pur et dur qui nous en apprend sur les communautés autochtones. En deux ans de tournage, c’est ma propre vision des communautés autochtones qui a changé, je juge beaucoup moins que je pouvais juger au tout début du processus. Ce film est un rapprochement, il permet aux non-Autochtones de voir par quoi les Autochtones sont passés et réaliser que notre peuple a une part de responsabilité là-dedans, mais que des deux côtés, on ne peut que faire mieux. » De Compostelle à Kuujjuaq reste malgré tout un film d’espoir, précise Simon. Ce sera le 3e documentaire produit par Nova Média à être présenté au festival. Le premier était Il parle avec les loups, qui a fait connaître le Refuge Pageau d’Amos et qui s’est d’ailleurs mérité le prix du jury Télébec en 2001. Le 2e, paru en 2008, Avec conviction, sans espoir, a mis en vedette Léandre Bergeron, bien connu à Rouyn-Noranda comme propriétaire de la boutique La Semence. Les productions se disent extrêmement fières de présenter le film De Compostelle à Kuujjuaq le 30 octobre prochain. La 35e édition du FCIAT aura lieu du 29 octobre au 3 novembre prochain. \\

> festivalcinema.ca 14 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


CAHIER SPÉCIAL CINÉMA

Pas de deux

3 mouvements de chutes

Fixer le mouvement et unir ses passions

Un chassé-croisé cinématographique

// Béatriz Médiavilla

// Netta Gorman

Ils sont amoureux du sport et de l’image. Lui étudie en marketing, elle en psychologie. Lui fait des films depuis qu’il est tout petit comme un passe-temps, elle, de la photographie et du dessin. Il est Marc-Antoine Jodoin, elle est Michelle Beaudoin. Ils se sont rencontrés il y a 4 ans et depuis, ils travaillent ensemble à mettre en image leur créativité.

Avant la numérisation du cinéma existaient les chutiers, des bacs au-dessus desquels on accrochait les morceaux de pellicule qui avaient été coupés. Ces morceaux de pellicule, appelés les « chutes », sont les images exclues du montage définitif. Or, en danse, une chute, c’est la partie disgracieuse, brute, organique de l’art. « C’est aussi ce que je voulais montrer dans ce court-métrage », m’explique Béatriz Médiavilla, réalisatrice de 3 mouvements de chutes. « C’est la partie après, où on expire, où on laisse échapper le souffle avec l’effort physique. » Pas facile pour celle qui a réalisé Danse avec elles de choisir parmi les 250 heures de chutes les neuf minutes qui allaient devenir ce court-métrage expérimental, sans paroles, mais avec des sous-titres français, anglais et espagnol. Quant aux mouvements, ce sont des raccords en danse comme en cinéma, des segments reliés entre eux pour former un tout. « C’est un choix de mots réfléchi, souligne la réalisatrice. Pour moi, ce vocabulaire de la danse est instinctif, le film se veut plus poétique que didactique. »

Autodidactes du cinéma, ils ont commencé en faisant un film sur le frère de Marc-Antoine, Louis-Philippe, un jongleur. Premier exercice de réalisation, ils ont adapté en film un numéro de jonglerie. Par le jeu avec les cadrages et l’exploration des raccords dans le mouvement, par le mélange de la magie de la jonglerie avec celle du cinéma, un premier court-métrage est né. Voulant poursuivre leur exploration et travailler davantage la narration, ils élaborent le scénario d’Aperception, court-métrage qui reflète les sacrifices accompagnant chaque décision dans la poursuite des rêves de jeunes ambitieux. Certaines scènes ont été tournées à une température ressentie de -47 degrés ! L’équipe et l’équipement ont dû travailler fort pour arriver à canner le matériel sans décharger leur pile respective au point de les faire mourir. La caméra glisse elle aussi sur la glace et nous fait comprendre qu’on se relève seul et qu’il est impossible de savoir exactement quels sont les meilleurs choix pour notre avenir, que la vie réside peut-être surtout dans la prise de décision, dans le présent du mouvement.

Marc-Antoine Jodoin

Ils fondent aussi une compagnie de production, Bojo’s film, où ils peuvent explorer l’univers de la publicité et des productions plus corporatives afin d’offrir leurs services à la population d’Amos-région. Poursuivant leur désir de développer le travail de préproduction, ils s’attèlent à un nouveau projet où la danse devient cette fois-ci le prétexte pour développer une amitié entre deux personnages, avec les drames et tensions qui ponctuent la vie. Marc-Antoine et Michelle réussissent le tour de force de réunir 7 musiciens en studio de son, deux comédiens, et leur équipe de tournage de même que des amis bénévoles pour écrire, scénariser, découper et storyboarder une nouvelle histoire. Tout un défi puisque tous ces gens n’habitent pas la même ville  ! Défi relevé, la préproduction se fait rapidement et ils arrivent à faire le tournage dans les délais, malgré qu’il ait lieu dans sept différents lieux. C’est en postproduction que Marc-Antoine confie avoir fait la découverte d’un tout autre volet bien réel en cinéma, la réécriture de l’histoire. Il témoigne :

« Aujourd’hui, nous sommes très fiers de tout ce que l’équipe a fait en tournage, mais nous sommes un peu en mode panique puisque l’histoire et l’émotion voulue ne ressortent pas du tout comme prévu. Nous avions comme objectif principal de pratiquer différentes techniques de réalisation, ce film est très expérimental pour nous. En effet, on a surtout cherché à pratiquer des méthodes de réalisation et des techniques. Tous les plans voulus et prévus sont réussis, les scènes sont énormément fluides, les transitions de scènes sont belles, les acteurs ont réussi à donner une bonne performance et derrière la caméra, nous sommes rendus extrêmement efficients comparé à nos précédents films. Il nous faut remonter le contenu narratif, modifier les scènes et l’ordre des plans. » Pour l’été prochain, ils planifient prendre plus de temps encore en préproduction pour écrire un scénario qui serait davantage à la hauteur de leurs attentes. Ce duo vise la perfection. En attendant, vous pourrez voir sur grand écran le deuxième court-métrage Aperception, au Conservatoire de musique de Val-d’Or dans le cadre du 7e Festival de cinéma des gens d’ici, le samedi 1er octobre à 19 h. \\

Dans le film, les aperçus des chorégraphies laissent deviner le thème original de la chorégraphe Lynn Vaillancourt : la solitude. Béatriz l’interprète à sa manière, elle qui est issue de parents espagnols, immigrants dans la région. « Cette solitude, je la vois dans les racines comme dans l’exil, mais elle est apprivoisée par la résilience de la nature et par la communauté et c’est cette fraternité qui est symbolisée dans le geste de la danseuse qui nous tend la main. » Habituellement, qui dit réalisation artistique dit financement, tandis que ce courtmétrage n’a nécessité que peu de sous pour la préproduction, les chutes existant déjà. Il a quand même fallu filmer de nouvelles images, celles en couleur où on voit la danseuse Camille BoisJoyal dans la nature, à l’extérieur du studio de danse ou du théâtre. C’est là que Béatriz a pu jouer avec le temps, l’espace, le matériel, les costumes, les couleurs et le corps dans la nature.

« Danse avec elles a été réalisé en 2012, inspiré de toutes les expositions et festivals auxquels j’ai assisté. C’est durant mon congé différé en 2015 que j’ai connu un élan de création qui a alimenté ma volonté d’enrichir ma pratique en tant que cinéaste et enseignante », me confie Béatriz, qui depuis 20 ans enseigne au département de cinéma du Cégep de l’AbitibiTémiscamingue. «  La compétition dans le domaine des courts-métrages est féroce, souligne-t-elle. C’est pour ça que je suis vraiment contente que le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue ait retenu le mien cette année. C’est une belle marque de confiance. » La case horaire de la première mondiale de 3 mouvements de chutes sera connue lors de la publication de l’horaire du FICAT, le 13 octobre prochain. \\ L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 15


FESTIVALCINEMA.CA

PROGRAMMATION COMPLÈTE

JEUDI 13 OCTOBRE 2016

16 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 17


CAHIER SPÉCIAL CINÉMA

7e édition du Festival de cinéma des gens d’ici

Par des gens d’ici, pour des gens d’ici // Jenny Corriveau

Du 29 septembre au 2 octobre prendra place la 7e édition du Festival de cinéma des gens d’ici (FCGI), à Val-d’Or. En plus de son habituelle et très diversifiée programmation, le FCGI plonge pieds joints dans le futur, sans bouger d’ici. Tout au long du festival, en marge des événements, les festivaliers pourront s’immerger dans différents coins de la région 08 par le biais de la réalité virtuelle avec le projet Abitibi360 de Nadagam Films, qui nous transportera au cœur même des beautés de notre région, dans un voyage immobile, mais ô combien réel !

Au même moment, j’ai trouvé une coordonnatrice potentielle. Malgré notre petit chiffre d’affaires, nous étions en bonne santé financière, ce qui nous a permis de l’engager pour tout l’été, et de mettre sur les rails la 7e édition (déjà !) du festival, malgré la date tardive. On a commencé fin juin !

Je m’entretiens aujourd’hui avec Serge Bordeleau, président, cofondateur et ancien coordonnateur du FCGI, au sujet de l’édition 2016 de celui-ci. Serge est un mi-trentenaire entreprenant qui voit son Abitibi en Cinémascope. Diplômé en cinéma, il croit grand comme le ciel au potentiel cinématographique de l’AbitibiTémiscamingue. On comprend très rapidement en faisant un survol de ses projets, dont les deux précédemment cités font partie, que l’Abitibi-Témiscamingue, il l’a d’tatoué su’l cœur ! IB : Serge, le festival est à nos portes; outre la réalité virtuelle régionale, y a-t-il des nouveautés au FCGI cette année ? SB : Le festival est surtout dans la continuité. La grosse nouveauté n’est pas tant dans la programmation que dans l’organisation. Nous avons maintenant une coordonnatrice dans l’équipe, Mélissa Major.

Donc pour l’avenir, on souhaite mieux structurer l’organisation, prendre le temps de trouver les fonds nécessaires pour embaucher des ressources et atteindre notre plein potentiel. Définitivement, il faut revenir avec les Vues d’ici. Bonifier la soirée historique aussi, des mines d’archives dorment en Abitibi. Il n’est pas impossible que nous changions notre date de façon à pouvoir mieux collaborer avec les autres forces vives du cinéma en région, pour développer encore plus notre cinéma régional et soutenir encore mieux ses créateurs. IB : Qui sont vos invités d’honneur cette année, et quel est leur mandat ?

IB : La région est petite, des rumeurs ont circulé selon lesquelles l’avenir du festival était incertain. Est-ce que ce sont des ragots de gens d’ici ou il y a réellement eu du mouvement dans l’organisation ? SB : En fait, malgré un achalandage et une visibilité record l’an dernier, j’ai annoncé mon départ lors de la remise des Prix culturels à Val-d’Or en janvier dernier. Depuis 6 ans, je suis président, coordonnateur, directeur technique, directeur artistique, bénévole, alouette. Clairement, même si je croyais encore au potentiel et à la mission du FCGI, il n’était pas possible que je continue au détriment de ma vie professionnelle et d’un vrai gagne-pain ! Cependant, la donne a changé quelques mois plus tard, j’ai eu le temps de prendre un recul, de penser à autre chose, et curieusement, je recevais plusieurs offres de films intéressants qui convergeaient vers le thème « territoire ».

INSCRIVEZ-VOUS! rouyn-noranda.ca Services en ligne Suivez le lien vers SAM

18 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

SB : Nos invités d’honneur sont des artisans du cinéma qui pourront profiter et échanger avec les spectateurs, puisque chaque projection réserve un temps pour cet échange. Nous recevons Jesse Malcom Sweet de Val-d’Or, Sylvio Bénard et Céline Lafrance des Îles-de-la-Madeleine, Eric Falardeau de Senneterre, Sylvain Marcotte de Ville-Marie ainsi que Cassandre Émanuel d’Amos. Pas de grosses vedettes comme par les années passées. Des gens d’ici, pour le festival du même nom. En somme, le Festival de cinéma des gens d’ici porte bien son nom. Un festival d’ici, par des gens d’ici, qui rassemble des gens d’ici, chez eux. Longue vie aux Gens d’ici ! \\

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Le Système Automatisé de Messages (SAM) permet de rejoindre rapidement la population en cas d’urgence ou lors de situation importante. La principale base de données : Les pages blanches de l’annuaire téléphonique (2014). • Vous avez déménagé? • Vous n’êtes pas inscrit dans l’annuaire? • Vous désirez inscrire votre numéro de cellulaire?


LE MONDE SELON MODÈRE

CAHIER SPÉCIAL CINÉMA

Des Îles-de-la-Madeleine à l’Île Nepawa // Jeannine Provost

Un couple de jeunes cinéastes des Îles-de-la-Madeleine, Céline Lafrance et Sylvio Bénard, eurent vent d’une saga toute particulière. En 1941 et en 1942, deux contingents de 14 et 13 familles totalisant plus de 200 personnes sont amenés des Îles-de-la-Madeleine à l’Île Nepawa, à la limite ouest de l’Abitibi : une aventure extraordinaire digne des meilleurs romans du Far West ! Bien documentés, pendant deux ans, les cinéastes ont contacté les témoins encore capables de raconter leur aventure. Ils ont visité l’Abitibi à deux reprises, filmé plus de quarante heures de témoignages, de souvenirs, d’anecdotes évoqués par des Madelinots avec leur accent typique et leur humour parfois mordant, au rappel des promesses non tenues du gouvernement. C’est avec doigté et sensibilité qu’ils ont condensé le tout dans un documentaire de soixante-douze minutes pour relater cet autre épisode de la colonisation de l’Abitibi : Des Îles de la Madeleine à l’Île Nepawa. En pleine guerre mondiale, la pêche ne suffit plus à faire vivre les nombreuses familles des Îles-de-la-Madeleine. Émus de leur détresse, les curés entreprennent des démarches auprès des autorités. Le ministère de la Colonisation échafaude le plan de transplanter des volontaires en Abitibi, tout particulièrement à l’Île Nepawa et au rang Hébécourt à Roquemaure, où les terres sont fertiles, les forêts abondantes, le microclimat favorable à l’agriculture et, pensait-on, où le grand lac Abitibi rappellerait aux exilés leur Saint-Laurent natal. En septembre, hommes, femmes, enfants et bagages naviguent sur le Lovatt jusqu’à Pictou en Nouvelle-Écosse, puis prennent le train jusqu’à Québec. Une petite visite de la ville et du zoo et hop ! repartis vers l’Abitibi. Après vingt heures de tangage dans des wagons spécialement réservés pour eux, ils descendent à la gare de La Sarre. Après quelques achats de première nécessité, l’autobus repart, direction Clerval. Puis, sur un chaland, ils contournent l’Île Nepawa, salués par les Darveau, déjà installés sur le bord du passage entre l’île et la terre ferme, là où sera bâti le futur pont. Ils arrivent en pleine noirceur, guidés par les signaux d’un fanal. Mais, au lieu d’y trouver une route carrossable et une maison habitable comme on le leur avait promis, ils doivent marcher péniblement dans la boue où quelques camps en bois rond les attendent. Le lendemain, aussitôt les lots répartis conformément aux plans prévus, les hommes sont à l’œuvre. « On scie, on essouche et on s’entraide. » Des maisons typiques des plans de colonisation parsèmeront plus tard le rang. Pour quelques-uns, le choc est trop brutal, et quelques familles décident de rebrousser chemin et retourner aux Îles. L’histoire ne dit pas s’ils furent plus heureux, mais avec les années, ceux qui sont restés se sont créé un milieu de vie enviable. Puis, à leur tour, des Madelinots-Abitibiens et leurs descendants ont dû essaimer ailleurs, car l’agriculture ne nourrit pas tout son monde. C’est ainsi que, si vous côtoyez un peu partout, principalement en Abitibi, des Boudreau, Lapierre, Aucoin, Loiseau, Longuépée, Gaudet, Thériault, Arseneau, Turbide, Nadeau, Deschamps et toutes les dynasties Poirier, vous aurez la chance d’en fréquenter un.

BAnQ - septembre 1941 Madelinots en escale à la gare de Québec photo : Eugène Gagné

Des Îles de la Madeleine à l’Île Nepawa était présenté en grande première à l’ouverture du Festival de cinéma des gens d’ici, à Val-d’Or, le 29 septembre dernier. \\ L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 19


JOURNALISTES BÉNÉVOLES RECHERCHÉS Tes statuts Facebook deviennent trop long ? Ton besoin d’épanouissement littéraire grandit et tu ne sais plus comment contrôler tes pulsions journalistiques ? Prendre part à la propagande positive de la scène culturelle régionale t’intéresse ? Tu aimes courir la chance de te voir offrir des billets pour des spectacles en région, mais tu chantes trop faux pour appeler à la radio ?

L’Indice a besoin de toi ! Être journaliste pour L’Indice bohémien ou distribuer le journal dans ta région, c’est être au coeur de la vie culturelle de l’Abitibi-Témiscamingue ! Pour nous joindre : redaction@indicebohemien.org

Assume ta plume !

20 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

UN IMMIGRANT NOUS REGARDE

La faute à ce niaiseux de Cupidon ? // Fednel Alexandre

J’éprouve en ce moment beaucoup d’affection pour un ami qui connaît son premier chagrin d’amour. Après une longue idylle d’une semaine, son amoureuse lui a préféré un blondinet mystérieux et taciturne. Mon ami en est au désespoir. C’est beau et triste. Beau parce que l’affliction de mon ami possède la sincérité d’un crachat et la pureté de l’innocence. Triste parce qu’à six ans, mon ami développe déjà le sens du couple et la gravité des imbéciles. Il ne connaît ni la légèreté de l’insouciance, ni la désinvolture du badinage. Mon jeune ami comprend que pour s’épanouir comme individu, il a besoin d’être en couple. C’est comme ça. Après le culte de l’individu, l’idolâtrie du couple. Les comédies dans lesquelles une jolie fille, généralement une forte tête, cadre dans une entreprise, dynamique et indépendante, se paie les services d’un faux fiancé pour impressionner sa famille et ses amis sont assez éloquentes à ce sujet. Sans surprise, ce sont donc les filles qui subissent le plus cette tyrannie. On le leur rappelle constamment. « Tu n’as toujours pas trouvé quelqu’un ? Comme je te plains, ma pauvre ! » On fait aux gars l’économie de ces remarques désagréables qui rappellent aux filles qu’elles ont laissé leur vie à côté de leurs pompes. C’est bien connu, les filles forment leur couple avec elles-mêmes. Mais à bien y réfléchir, il est difficile de se mettre en couple. C’est un art avec ses codes en plus des critères sélectifs propres à chacun. Par respect pour la codification du couplage, il faut s’assurer d’avoir des amis qui organisent des 5 à 7 auxquels ils invitent d’autres oubliés de Cupidon. Vous savez, Cupidon, le facétieux gamin à la flèche ? Mon jeune ami n’a pas d’amis qui organisent des 5 à 7. Il ferait peut-être mieux de retomber en enfance. À s’obstiner de rester dans l’air du temps, on finit toujours par attraper un courant d’air. Le jour où cela changera, le monde ne sera plus le même. \\


CULTURAT à travers les yeux de…

Philippe Lord // Pascale Charlebois

Pas une raison pour se faire mal // Mathieu Gagnon À la fin de la journée, Cléo est morte et la guerre est finie. C’est difficile comme scénario, mais tout le monde y a appris d’quoi. Toute la ribambelle est passée par la gamme d’émotions. Un drame sur fond de Nathalie Simard. Le cinéma d’aujourd’hui est maintenant soft sur la jeunesse. Il y a bien une différence à recevoir une balle de neige dans’ face versus une balle de calibre .22, mais le manque criant de réelles situations de danger pour tout protagoniste de moins de 12 ans est bien réel dans les vues d’aujourd’hui. C’est ce qu’il faut pour interpeller les enfants en même temps que les géants. Comment est-ce possible de se faire captiver par une histoire si, de prime abord, j’ai jamais eu peur que le personnage se scrap les genoux ? C’est là que je radote en disant que : « Dans mon temps… » Robin & Stella ou la peur de mourir miniaturisé dans un vaisseau spatial de la taille d’une pilule dans le corps adolescent de ton meilleur ami. Le gang des BMX ou l’art de se faire poursuivre par le crime organisé dans un cimetière lugubre un soir de semaine. « Redonne-moé mes Talkies Walkies sinon j’te poursuis avec mon canif et mon semi-automatique, dans une glissade d’eau. » L’Abitibi-Témiscamingue est un de ces endroits où il n’y a pas un million de choses à faire. Surtout pour un kid. Par contre, il a un territoire qui s’étend à l’infini. Un cours d’eau secret dans un shaft de mine. À la recherche d’un lac qui n’est pas connu. Trouver un spot pour consommer des substances ou tirer avec mon gun à patate. Ça, c’est une histoire de vie. Au loin, une silhouette déformée dans un univers parallèle accessible uniquement en bicycle après une ride de 5 heures. C’est mon enfance. La tienne aussi sûrement. C’est ton imagination qui déborde. L’aventure. C’est vraiment con de le faire, mais c’est plus fort que toi. De se mettre dans ces situations, seul avec tes amis, seul avec toi-même. Tout le bon qui ressort. Tout le mal qui te fait grandir. C’est bon comme ça fait mal. C’est ça la vie.

Avec la superbe murale de l’artiste Omen qui vient d’être réalisée sur son mur arrière, le Prospecteur démontre une fois de plus qu’il est un véritable catalyseur de l’effervescence culturelle en région et c’est loin d’être un hasard, puisque c’est l’objectif même des deux créateurs de ce lieu. « Le but premier du Prospecteur, m’explique Philippe Lord, copropriétaire de la microbrasserie, c’est vraiment de dynamiser le domaine culturel, principalement à Val-d’Or, mais dans toute la région aussi. On s’est installés à Val-d’Or pour faire revivre la gang de jeunes de 25-40 ans, les jeunes professionnels. On se faisait souvent dire que tout se passait à Rouyn, qu’à Val-d’Or il n’y avait pas grand-chose. On a voulu changer un petit peu le vent de bord ! Et ça fonctionne bien, vraiment, le public est au rendez-vous. » Comme ils voyaient déjà la culture comme une importante mission du Prospecteur, CULTURAT n’est donc pas venu bousculer les plans des deux propriétaires, mais les a tout simplement incités à embarquer à toute allure dans de multiples projets : piano public, salle privée devenue une salle d’exposition permanente pour les artistes de la région, première murale de Staifany Gonthier à l’été 2015, deuxième murale à l’été 2016 avec Omen, implication avec le Festival de cinéma des gens d’ici, le FRIMAT, le Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue, et j’en passe. Cette année, Le Prospecteur a présenté un spectacle presque toutes les semaines, quand ce n’est pas plus encore. Pour Philippe Lord, CULTURAT est devenu pratiquement un devoir d’entrepreneur : « C’est un mouvement de citoyens et d’entreprises, parce que la culture, ça passe par les entreprises principalement si on veut que les gens dynamisent la ville. Pour moi, en tant qu’entrepreneur, c’est vraiment de mobiliser mon entreprise pour faire adhérer le plus d’amis, le plus de clients et le plus de gens possible à la culture, principalement à Val-d’Or. Pour nous, c’est une formule gagnante, on voit vraiment une différence. C’est vraiment bénéfique pour nous personnellement et pour notre entreprise, c’est sûr. » Ingénieur de formation, le microbrasseur se dit cependant très près du monde des arts, ne serait-ce que par la créativité que lui demande son travail. Visiblement, c’est un mode qu’il aime côtoyer et il envisage faire toujours plus de projets qui dynamiseront le milieu culturel de Val-d’Or et de toute la région, notamment une programmation de spectacles toujours plus étoffée et de meilleure qualité et un immeuble dont l’extérieur se transformera peu à peu en musée. « On est déjà en train de regarder avec Omen pour récidiver sur le bloc encore l’année prochaine, confie-t-il. Lui, il aimerait ça faire vraiment tout le tour du bloc avec des œuvres thématiques. On est vraiment contents, il y a eu une super réaction, ça a été partagé sur Internet, sur Facebook, c’est hallucinant. Ça représente beaucoup pour nous autres. Que les gens puissent venir au parc à côté et après ça, faire le tour de la bâtisse pour voir les 6-7 murales tout le tour, ce serait ça notre but, à long terme. » Pour l’instant, le temps est le seul facteur qui les empêche de faire davantage de projets. « Ce qui nuit à notre créativité, c’est le temps. On aimerait ça avoir un clone de chacun de nous deux. » \\

Alors logiquement, ça devrait être ça le cinéma. Un enfant de huit ans confronté à la mort. C’est complètement injuste. Le genre de choses qu’on ne souhaite à personne, mais you know what ? Ça fait partie de la vie. C’est un apprentissage, une épreuve qui fait mal et peut pousser un bout d’chou à en ressortir plus fort. Une manière de décriminaliser l’enfance ou d’abolir l’adolescence. Cloé est morte écrasée sous les décombres de glace, de neige et d’armes de bois aux couleurs éclatées. Macaulay Culkin est passé de l’autre côté du rideau piqué par un million d’abeilles parce qu’il a donné des coups de pied sur la ruche. Elliott se fait poursuivre par tout le corps de police de la Californie parce qu’il transporte un gingembre dans l’panier de son vélo. Lui il n’est pas mort, mais pour un instant j’y ai cru. \\ -------------------------------------------------------Vous avez aimé ce texte ? Retrouvez en d’autres sur la plateforme Web : abitibimontreal.com

L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 21


La huitième Biennale d’art

Diversité artistique performative // Sarah Maltais

Du 12 au 15 octobre prochain, le centre d’art L’Écart hébergera la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda. C’est plus de 15 artistes différents qui performeront lors de l’événement.

Marc-Olivier Hamelin et Pier-Antoine Lacombe, un duo d’artistes régionaux, présenteront une performance et un collectif de Québec, B.L.U.S.H., exposera son tableau-spectacle Les apophyses et les pensées magiques.

Depuis 2002, la biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda permet à des artistes d’ici et d’ailleurs de performer. Cette huitième édition a pour but de donner une chance au public d’avoir accès à des artistes de cultures diverses. L’art de la performance est une manière pour les artistes d’exprimer et d’expérimenter de nouveaux champs d’engagement et de recherche, tout en intégrant le public dans le processus de création et de compréhension.

Toutes ces activités, pour ne nommer que celles-là, auront lieu dès les premières heures de la biennale le mercredi 12 et jeudi 13 octobre. L’événement ne manquera pas de diversité avec sa programmation hétéroclite où les activités et performances vont du brunch collectif au défi d’action citoyenne face à l’industrie minière, pour mener jusqu’à la clôture de l’événement qui prendra fin au son du concert métal expérimental du duo montréalais Ellemetue.

Cette année, la performance d’ouverture de la biennale sera réalisée par le français Olivier de Sagazan avec Transfiguration, qui a été présentée sur différentes scènes internationales en plus de connaître un grand succès sur YouTube où la vidéo a été vue plus de 200 000 fois. Dominique Pétrin inaugurera quant à elle une œuvre lumineuse créée en collaboration avec la Ville de Rouyn-Noranda.

UNE COLLABORATION PRÉCIEUSE QUI FAIT RAYONNER LA DÉMARCHE RÉGIONALE

Quelques mots de Geneviève et Matthieu, tous deux directeurs artistiques de la 8e Biennale d’art performatif : « À Noranda, même à Rouyn, aura lieu une rencontre des genres. Une fête de l’art performatif où se manifeste l’improbable : un canin unijambiste, des batraciens illuminatis, une ambigüité métamorphiste, un tableau-spectacle débridé, une forêt chorégraphique, un transfigurationniste, un sorcier, des bouts d’écorce de bouleau, un imaginaire collectif, des fantômes et même un Abdigradationnistes. Wow. Ils ont parcouru le monde pour la qualité de leur présence, leur engagement et leur désir de transformation. J’y serai. Oui. Je confirme. 12-13-14-15. Quand ça se produit, le grand rassemblement, faut pas manquer ça. Ouvre ton cœur, change-toi, pis entre. »

MERCI À NOTRE PARTENAIRE!

Pour plus d’information concernant la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda, consultez le site Web : lecart.org \\ 22 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


LITTÉRATURE

117 Nord, de Virginie Blanchette-Doucet

Sur la route // Michelle Bourque & Nancy McGee

Virginie Blanchette-Doucet, jeune auteure native de l’Abitibi-Témiscamingue, vient de publier son premier roman. Loin d’être passé inaperçu, il fut présenté à Radio-Canada auprès de Marie-Louise Arsenault à l’émission littéraire Plus on est de fous, plus on lit, où l’auteure a lu un passage de cette chronique romanesque abitibienne que Le Devoir a quant à lui décrite comme étant un peu la chronique, largement impressionniste, d’un long deuil. Attrapée au téléphone par un beau midi de septembre après un autre de ses allers-retours sur la 117 pour une fin de semaine de promotion, Virginie a pris quelques minutes de son temps précieux pour parler de son rêve d’écriture réalisé, et de l’histoire qu’elle portait en elle. Virginie Blanchette-Doucet s’intéresse très tôt à la littérature, et c’est après une enfance et une adolescence abitibiennes qu’elle quitte la région. Le début de son collégial en danse et littérature marque son premier exil. C’est plus tard, au cours de la rédaction de son mémoire, que Maude et Francis naissent. Un mémoire qui parle de ce qu’elle connaît et « que peu de gens connaissent », me dira-t-elle. Tout est allé très vite ensuite. Le temps d’une pause de 6 mois en Nouvelle-Zélande (encore soif d’exil ?), et tout s’est enchaîné. À peine quelques mois plus tard, 117 Nord était lancé à l’Île Noire, un pub tout près de l’UQAM à Montréal, alma mater de l’auteure, puis à la Bibliothèque municipale de Val-d’Or, devant un public conquis par son charisme et sa vivacité. Détentrice d’une maîtrise en création littéraire et enseignante en littérature au Cégep de Saint-Hyacinthe, la jeune auteure a pu partager ses réflexions à propos de l’écriture de 117 Nord, un premier roman d’une qualité remarquable paru aux Éditions du Boréal. Cette rencontre m’a confortée dans l’idée qu’il est essentiel de créer ce contact entre un auteur et ses lecteurs, de s’investir dans sa parole, ses mouvements, pour mieux apprivoiser ensuite ses mots. Car ce premier roman parfaitement maîtrisé de Virginie Blanchette-Doucet a besoin d’être apprivoisé. Quelque peu hermétique, difficile à saisir au premier abord, il demande au lecteur l’effort d’abandonner sa tendance instinctive à la linéarité. 117 Nord se déploie en de très courts chapitres qui ne suivent aucun ordre chronologique particulier. L’auteure a ainsi voulu évoquer le vagabondage de l’esprit qui se perd dans les souvenirs, sautant du coq à l’âne, au gré d’un long voyage en voiture, seul sur la route, en l’occurrence la 117 Nord, Montréal–Val-d’Or. Et c’est réussi (elle aurait très bien pu échouer). Il faut en moyenne six heures de Montréal à l’entrée de Val-d’Or. Cinq cent vingt-neuf kilomètres. Sur la carte, les rivières et les lacs s’entrelacent dans la zone verte du parc de La Vérendrye. Il n’y a rien ou presque, que des arbres sur des kilomètres, à n’en plus finir. Maude parcourt la 117 Nord dans sa petite Tercel pour rejoindre son Val-d’Or natal et son paysage minier. Ses pensées font des allers-retours entre sa vie à Montréal et ses souvenirs de Val-d’Or : son travail à la mine, mais surtout Francis, l’ami aimé, celui qui est resté. Les garde-fous sont assez hauts pour que personne ne puisse se lancer dans le vide. Je voudrais que Francis ne soit pas au fond du trou, mais à côté de moi, pour qu’il me dise que lui aussi hait ce paysage organisé contre le ciel bleu. Il ne le dira pas. La journée est magnifique.  Cette phrase à elle seule résume l’esprit du roman. Un portrait impressionniste qui laisse toute la place aux non-dits et au mouvement des mots. Les gestes parlent pour les personnages, qui sont empêtrés dans leurs silences. Il y a dans ce roman une belle mélancolie, à laquelle se greffe Val-d’Or, la ville amante tantôt aimée, tantôt haïe ; la ville amante qu’on abandonne avant qu’elle ne dépossède entièrement ce qu’il reste de soi. Virginie nous parle d’un monde d’hommes, par la bouche d’un personnage féminin entouré d’hommes, tous respectueux. L’auteure décrit le féminisme qui soutient le texte comme un « féminisme inclusif ». C’est un milieu traditionnellement masculin, mais, comme plusieurs femmes qui y travaillent le diront, inclusif et fait de silences et de travail soigné. La poésie n’est jamais loin lorsque Maude évoque son quotidien. Nous mangeons dans la cuisine pendant que le soleil descend lentement, s’allonge sur le plancher comme il le faisait avant dans la maison qui n’existe plus. Nous ne disons rien, mais je pense que nous sommes bien et que nous le comprenons en même temps. Ce n’est pas un hasard que 3 maisons d’édition aient approché Virginie pour la publier – elle représente sans contredit la relève littéraire du Québec par la qualité de son écriture en symbiose avec sa génération : hors cadre, créative et en continuelle impulsion. \\ L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 23


MUSIQUE

KeepHope Productions fête ses 7 ans

Trouver le bonheur dans un mosh pit // Jenny Corriveau

Depuis septembre 2009, KeepHope Productions a non seulement produit près de 100 spectacles en Abitibi-Témiscamingue avec des groupes en provenance des quatre coins du globe, mais a également créé une scène culturelle indépendante à l’image de son souhait : revoir la scène punk régionale active, comme dans le temps. Pour la soirée 7e anniversaire, KeepHope Productions recevait un pilier de la musique punk/ métal/hardcore du Québec au Cabaret de la Dernière Chance : Overbass, qui allait partager la scène avec Abitabyss, band de brutal / death / grind/black / old school à saveur humoristique, de Politess, groupe grindcore de Drummondville réputé pour ses prestations dignes d’intenses bombes atomiques, et finalement, de Sandblast, fier représentant de la scène témiscabitibienne se décrivant comme un groupe chaud / loud / heavyblues / mud‘n’roll / sludge southern / stoner metal pesant. Oui, tout ça !

Sinon, j’ai en tête de nombreuses fins de soirées un peu trop arrosées, de bonnes blagues qui n’étaient pas si bonnes que ça finalement, et bien des levers de soleil qui arrivent trop vite ! IB : C’est quoi le point marquant de ta soirée 7e anniversaire ? AD : Voir les vieux punks et métalleux sortir de leurs tavernes pour venir revoir Overbass. Découvrir qu’Overbass voyage dans un autobus de tournée, avec leurs deux chiens. Les groupes complètement en feu, une belle foule chaleureuse, des souvenirs qui ont refait surface avec Overbass, et des vapeurs de bonne Trou Du Diable, qui sont partenaires de mes événements depuis un peu plus d’un an. IB : À quelques heures de la soirée, il ne restait que quelques billets disponibles. Finalement, avez-vous fait salle comble ? Combien de KeepHopeux étaient présents ? AD : Plus de 100 personnes ont franchi les portes du Cabaret pour venir faire la fête ! Ce n’était pas sold out, mais comme on dit, y’avait du monde à messe !!! IB : Un commentaire que tu retiens? Quelque chose que tu te fais souvent dire et qui te flatte ? AD : Je me fais souvent dire que je suis le meilleur promoteur du Québec. Ça fait chaud au cœur à chaque fois ! On me dit que l’accueil est comparable à celui vécu par les bands en Europe et que le public est juste malade !

Aujourd’hui, je rencontre Antoine pour discuter projets et passions.

ANTOINE DENIS

C’est la passion, le plaisir et un trip d’anniversaire qui a plutôt bien tourné qui ont fait qu’ado, Antoine a commencé à produire des spectacles et faire revivre la scène punk en AbitibiTémiscamingue. Gagnant du galon année après année, Antoine a fêté le 17 septembre dernier les 7 ans de KeepHope Productions, son bébé à qui il donnait naissance sans trop le savoir, alors qu’il fêtait lui-même ses 15 ans.

IB : Combien de spectacles approximativement produis-tu par année ? AD : J’ai perdu le décompte, mais c’est autour d’une centaine de spectacles en 7 ans. Je dirais plus ou moins 14 spectacles par année.

IB : D’où viennent tes groupes les plus éloignés ou « exotiques » ? AD : The Resignators de l’Australie, Antillectual des Pays-Bas, DeeCracks de l’Autriche, The Headlines de la Suède sont pas mal les groupes les plus exotiques que j’ai reçus. Sinon j’ai aussi reçu de nombreux groupes français, canadien ou américain tels que Tagada Jones, Parrabellum, Dayglo Abortions, DOA, The Slackers, Total Chaos, City Mouse, Guérilla Poubelle, ou encore de l’Angleterre avec The Vibrators, The Murderburgers et plusieurs autres.

Myriam Francoeur

IB : À combien d’heures estimerais-tu l’organisation d’un spectacle régulier, avec deux ou trois groupes comme KeepHope le fait généralement ?

IB : Antoine, ton bébé a maintenant 7 ans. Vis-tu de ton entreprise, est-ce un side-line ou seulement une grosse passion assouvie ? AD : J’adorerais pouvoir en vivre, ou même encore que ça soit un side-line, mais la réalité est bien loin derrière ça. C’est une passion qui brûle en moi depuis toujours, j’adore la musique et les spectacles !

AD : Je ne sais pas… j’arrête de compter après la première heure, sinon ça me découragerait trop ! Décidément beaucoup, beaucoup d’heures ! IB : Qu’est-ce qui te pousse à continuer, après 7 ans ? AD : Des fois, je me pose la question… La passion sans aucun doute, l’amour de la musique, l’amour reçu du public, les bons commentaires sur mon travail. Faire des rencontres extraordinaires, se faire de nouveaux amis, découvrir de la nouvelle musique. Pour Antoine, KeepHope c’est beaucoup d’heures, d’implication et plusieurs risques. Mais c’est aussi vivre sa passion et avoir la liberté d’organiser les spectacles comme il le souhaite. C’est baigner dans la musique, développer beaucoup d’amitiés et avoir ben-ben du fun. Pour la suite, let’s keep hope, la scène punk n’est pas prête de s’éteindre ! Prochain rendez-vous : Les Planet Smashers, le 5 novembre au Cabaret de la dernière chance. \\

IB : Les anecdotes qui te viennent en tête, au cours des sept dernières années ?

La dernière fois que Planet Smashers est passé au Cab’, le plancher bounçait tellement, que tout le monde au sous-sol est sorti de peur que le plancher s’effondre sur eux ! Une fois, fin novembre, il y avait une grosse tempête de neige. Ce soir-là, je produisais Total Chaos de la Californie. Les gars sont arrivés en ville sans chauffage dans leur fourgonnette avec à peine une petite laine sur le dos. Ils ont fait Ottawa – Rouyn en plus de 16 heures. On a eu chaud ! 24 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

Myriam Francoeur

AD : À notre 6e anniversaire, on a reçu un dude déguisé en poulet qui célébrait son enterrement de vie de garçon, ça, c’était bien drôle. Sinon, à mon tout premier spectacle, à Val-d’Or avec La Gachette, nous sommes allés manger une dose de gras aux petites heures du matin, puis la serveuse derrière le comptoir devait être plus wasted que nous tous rassemblés ! Au final, je pense que j’ai jamais payé ma poutine et on a bu quelques bières en sa compagnie. Le lendemain, pour mettre un peu plus de piquant, on a eu droit à trois batailles à notre sortie de l’hôtel… c’était trash.


MUSIQUE

PREMIÈRES NATIONS

Partage du savoir ancestral à Winneway

Une semaine culturelle entre deux périodes de chasse

Nouveau spectacle pour l’Ensemble Aiguebelle

// Danielle Desjardins, enseignante à l’école Amo Ososwan de Winneway

// Cindy Bourque

Au sens figuré, « kaléidoscope », c’est une succession rapide de sensations variées. Au sens propre, c’est peut-être cet espèce de cylindre qu’on avait plus jeune, celui rempli de miroirs qui réfléchissent à l’infini et qu’on pointe vers la lumière pour créer des formes avec des fragments de verre colorés. Kaléidoscope, c’est aussi et surtout dans ce cas-ci le titre du nouveau spectacle de l’Ensemble Aiguebelle présenté par l’Orchestre symphonique régional de l’Abitibi-Témiscamingue.

Depuis une vingtaine d’années, l’école Amo Ososwan de Winneway, avec la participation de la communauté algonquine de Long Point, organise une semaine culturelle pour offrir aux jeunes et à leur famille une occasion de vivre au rythme de leurs ancêtres et d’expérimenter leurs activités traditionnelles. En effet, c’est au début d’octobre, entre les deux périodes de chasse de la région 08, que les membres de la communauté montent un campement en forêt pour accommoder la cuisine avec son énorme feu, le grand chapiteau où se dérouleront repas et ateliers d’artisanat, le tee-pee, la tente de sudation ainsi que plusieurs campeurs qui passeront la semaine sur le site. C’est l’occasion idéale de resserrer les liens communautaires et familiaux en partageant ses connaissances sur la chasse et le débitage, les plantes et pratiques médicinales, l’artisanat et les cérémonies traditionnelles.

« Kaléidoscope est un titre qui décrit vraiment bien la diversité du spectacle », mentionne Jacques Marchand, chef d’orchestre. À partir du 25 septembre, l’Ensemble Aiguebelle ira de salle en salle pour présenter un spectacle varié, vif et coloré. Rythmes endiablés et douceurs d’automne, c’est ce qui nous attend avec des œuvres des compositeurs anglais Dowland et Purcell, des Italiens Rossini et Puccini et du Danois Nielsen. D’abord Ville-Marie, Amos, Rouyn-Noranda, La Sarre, puis Val-d’Or. « C’est une très belle programmation qui nous attend dès l’automne avec l’Ensemble Aiguebelle, le spectacle Kaléidoscope est un programme de toutes sortes de pièces. On fait le tour de la région comme toujours; dans un orchestre symphonique, le mot ‘‘régional’’ signifie que les musiciens viennent de la région et qu’on va partout », précise Jacques Marchand.

On verra donc des groupes d’adolescents partir en expédition avec les chasseurs les plus expérimentés, C’est l’occasion idéale de pendant que d’autres apprendront à resserrer les liens communaufumer la viande. Entre deux périodes taires et familiaux en de jeux ou de tours de canot, les plus partageant ses connaissances jeunes apprendront à fabriquer des sur la chasse et le débitage, arcs et des flèches ou des colliers de les plantes et pratiques perles multicolores avec un aîné. Les médicinales, l’artisanat et les adultes ne seront pas en reste avec cérémonies traditionnelles. des ateliers de fabrication de paniers d’écorce ou de petits objets perlés, pendant que d’autres s’occuperont des tâches liées à l’entretien du feu, à la préparation des repas, à l’alimentation en précieuse eau potable et au service aux aînés, tout en jetant un coup d’œil protecteur aux tout-petits qui s’amusent autour. Ce ne sont là que quelques-unes des activités qui sont offertes au cours de la semaine. Bien sûr, le tout se terminera par le festin traditionnel, précédé des chants, discours et remerciements d’usage dans les grandes occasions.

Kaléidoscope, ou kalos eidos skopein, le nom du jouet cylindrique en grec, signifie « beau », « image », et « regarder ». Alors ce spectacle sera beau en image à regarder, bon surtout à écouter. L’OSRAT fêtera son 30e anniversaire en 2017 et Geneviève C. Gauthier, directrice administration et promotion, mentionne que l’orchestre est en pleine forme et que l’organisation espère dépasser le nombre de spectateurs de la saison 2015-2016 qui a été de 4000. \\ pub indice_julie lemire copie.pdf

> osrat.ca

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16-07-21

09:23

AMALGAME

JULIE LEMIRE

D U 2 9 S E P T E M B R E AU 6 N OV E M B R E 2 016 C E NT R E D ’A RT R OTA RY D E L A SA R R E

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PHOTO : Frank Polson

VERNISSAGE : JEUDI 29 SEPTEMBRE, 17 H EN PRÉSENCE DE L’ARTISTE HEURES D’OUVERTURE MARDI AU VENDREDI : 13 H À 16 H 30 ET 19 H À 21 H SAMEDI ET DIMANCHE : 13 H À 17 H

En terminant, permettez-moi de témoigner du grand plaisir que j’ai à partager ces moments délicieux avec mes élèves et leurs familles et à vivre pleinement l’accueil chaleureux de toute la communauté. \\

Image : Julie Lemire, Ecarquillée Acrylique, 91 cm x 122 cm , 2014 © Crédit photo : Rose aux joues photographie (Julie Dessureault)

CENTRE D’ART ROTARY 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3 819 333-2294

Entrée libre La culture c’est dans ma nature !

Renseignement sur nos activités : www.ville.lasarre.qc.ca Centre d’art Rotary de La Sarre

L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 25


En octobre, abonnez-vous ou réabonnez-vous à votre bibliothèque et courez la chance de gagner une tablette électronique.

Amos | Angliers | Arntfield | Authier | Barraute | Béarn | Beaucanton | Beaudry | Belcourt | Bellecombe | Belleterre | Berry | Cadillac | Cléricy | Clerval Cloutier | Colombourg | Destor | Duparquet | Dupuy | Fabre | Fugèreville | Guérin | Guyenne | Kitcisakik | La Corne | La Motte | La Reine | Laforce | Landrienne | Latulipe Laverlochère | La Sarre | Lebel-sur-Quévillon | Lorrainville | Macamic | Malartic | Manneville | Matagami | Moffet | Montbeillard | Mont-Brun | Municipalité du Canton Clermont Nédélec | Normétal | Notre-Dame-du-Nord | Ouje-Bougoumou | Palmarolle | Poularies | Preissac-des-Rapides | Preissac-Sud | Rémigny | Rivière-Héva | Rollet | Rouyn-Noranda Secteur des Coteaux | Senneterre | St-Bruno-de-Guigues | St-Dominique-du-Rosaire | St-Eugène-de-Guigues | St-Lambert | Ste-Germaine-Boulé | Ste-Gertrude Ste-Hélène-de-Mancebourg | Sullivan | Taschereau | Timiskaming First Nation | Val-d’Or | Val-Paradis | Val-Senneville | Val-St-Gilles | Villebois | Ville-Marie | Winneway

26 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


MA RÉGION, J’EN MANGE!

Betteraves jaunes marinées au curcuma et AU curry //Yves Moreau

Ingrédients

Méthode

1,5 kg (3 lb) de betteraves jaunes 1 ½ tasse (375 ml) de vinaigre blanc 1 tasse (250 ml) d’eau ½ tasse (125 ml) de cassonade ½ tasse (125 ml) de miel Grande Ourse ou de sucre granulé 1 c. à soupe (15 gr) de gros sel 1 c. à soupe (10 gr) de curcuma ½ c. à thé (5 gr) de curry jaune en pâte 3 anis étoilés 1 bâton de cannelle 1 c. à soupe de graines de moutarde 3 clous de girofle

Bien laver les betteraves jaunes. Dans une casserole remplie d’eau salée, les faire cuire jusqu’à ce qu’elles soient tendres. Laisser tiédir avant de les peler et de les couper en deux ou en quartiers selon la grosseur. Dans une autre casserole, porter à ébullition le vinaigre, l’eau, la cassonade, le miel ou le sucre, le sel, le curcuma, la pâte de curry, l’anis étoilé, la cannelle, les graines de moutarde et les clous de girofle. Remplir des bocaux stérilisés des betteraves. Retirer les bâtons de cannelle et verser le liquide bouillant pour couvrir les betteraves et fermer avec un couvercle approprié.

Accord gourmand  Excellent avec un gravlax (saumon mariné). \\

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28 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


PLEINS FEUX

Pleins feux sur l’histoire et le patrimoine // Madeleine Perron

Archéo-08, organisme qui effectue de la recherche archéologique depuis 1985 dans la région, a pu, grâce à ses fouilles, démontrer une occupation humaine de la région datant d’au moins 8 000 ans, soit plus de trois millénaires avant la construction de la pyramide de Khéops, en Égypte. Archéo-08 est donc une organisation incontournable pour retracer cette grande période. L’Abitibi-Témiscamingue peut aussi compter sur plusieurs autres organisations pour préserver son histoire et son patrimoine. C’est notamment le cas des 17 sociétés d’histoire que l’on dénombre sur notre territoire. En terme de membership, ces organisations totalisent près de 2 000 membres (variant de 50 à plus de 500, selon les sociétés). Leurs actions s’appuient sur une grande part de bénévolat, mais quelques-unes peuvent cependant compter sur une ressource permanente ; c’est le cas de la Société d’histoire d’Amos, de la Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or, de la Société d’histoire et de patrimoine de la région de La Sarre et de la Société d’histoire du Témiscamingue. L’expertise de ces organismes est largement mise à contribution au moment où plusieurs municipalités, en Abitibi et au Témiscamingue, célèbrent des anniversaires importants (100e, 125e, etc.). Afin de protéger et de mettre en valeur les différents éléments du patrimoine culturel, la Loi sur le patrimoine culturel, au Québec, définit des statuts légaux qui peuvent leur être attribués par le ministère de la Culture et des Communications (classement) ou par une municipalité (citation). Au fédéral, la désignation joue ce rôle. En 2014, dans notre région, on

retrouve 27 lieux ayant fait l’objet de l’une ou l’autre de ces mesures de protection. De ceux-ci, 11 sont situés dans la MRC du Témiscamingue. Des circuits historiques sont accessibles à plusieurs endroits de la région. On les trouve dans les MRC Abitibi (circuit d’interprétation historique d’Amos, circuit d’interprétation historique de Preissac), Abitibi-Ouest (circuit patrimonial de La Sarre), Rouyn-Noranda (circuit d’interprétation historique du Vieux-Rouyn et du Vieux-Noranda, guide d’interprétation historique des quartiers ruraux de Rouyn-Noranda, audiocircuit L’Indice du bonheur), Témiscamingue (Mémoire des chemins d’eau, Ville-Marie en vélo-taxi) et Vallée-de-l’Or (Héritage Val-d’Or). À Pikogan, Abitibiwinni-Aventure/Culture Bercé par l’Harricana propose des activités de découverte avec des guides de cette communauté autochtone. Des municipalités ont réalisé une étude d’ensemble ainsi que l’inventaire de leur patrimoine bâti. Après Rouyn-Noranda (2003) et Amos (2006), la Ville de La Sarre a fait cet exercice en 2009. Puis, en 2010, la Ville de Val-d’Or a mené une étude de caractérisation patrimoniale du site de l’ancienne mine Lamaque, qui fait l’objet d’un classement par le MCC. Pour en savoir davantage sur l’histoire et le patrimoine, consultez le Portrait des arts et de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue rédigé par Louise Lambert, disponible sur le site du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue. \\ En chiffres : Entre 2007 et 2014 :

& TREMBLING

18 OCT. AU 11 DÉC. 2016

- le nombre de lieux ayant fait l’objet de mesures de protection est passé de 22 à 27 - subventions totalisant 927 683 $ pour la rénovation de sept bâtiments religieux ont été accordées.

APPARENCES TROMPEUSES

17 SEPT. AU 20 NOV. 2016

NUIT AU MUSÉE 7 OCTOBRE 2016

cern.ca

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POSTE D’ÉCOUTE

Les Sœurs Boulay

Groenland

Lendemains (EP surprise)

A Wider Space

// Mathieu Proulx

// Benoit St-Pierre

Surprise et bonheur, Les sœurs Boulay ont lancé le 16 septembre dernier un minialbum de quatre pièces intitulé Lendemains. Dès la première écoute, les magnifiques et douces voix des deux sœurs, Mélanie et Stéphanie, nous enivrent. Fidèles à elles-mêmes, elles réussissent avec brio à nous transmettre leurs émotions. On saluera encore le travail du réalisateur, Philippe B, qui comme toujours fait un travail remarquable. Chaque accord de guitare, chaque note de piano joué est entendu et savouré.

Si un chirurgien doit être précis au scalpel pour bien soigner ses patients, il est aussi important pour les musiciens d’avoir la même précision. Savoir placer le bon son au bon moment dans les trois minutes d’une chanson est l’essence même de la musique. Bien sûr, on s’entend qu’un musicien n’a pas la vie de qui que ce soit entre les mains, mais pour le mélomane, c’est tout aussi important. Groenland est exactement LE chirurgien auditif dont nous avons tous besoin et il le prouve amplement dans son deuxième album paru en septembre 2016, A Wider Space.

En plus de la réalisation, Philippe B signe le texte de la première chanson, Déjeuner. Les deux sœurs nous envoient, de leur côté, des textes très personnels tel que Mamie, mamie où elles racontent le fonctionnement des relations amoureuses particulières en 2016. Touchant. Cette pièce a d’ailleurs été retenue pour un premier vidéoclip. En bref, les sœurs Boulay nous offrent sur Lendemains quatre succès que l’on pourra difficilement s’empêcher de chantonner avec elles. Point négatif ? Ça manque de chansons, un EP ! \\ 4,5/5

> lessoeursboulay.bandcamp.com

Ce groupe indie pop de Montréal sait exactement quel son ajouter pour découper sa mesure à la perfection pour que la musique coule mielleusement dans vos oreilles. Des percussions au tempo parfait. Des cuivres et des bois d’une chaleur intense. Des cordes émotionnellement vibrantes. Une voix douce et si puissante à la fois. C’est ce qu’offre Groenland : les chirurgiens de la musique. À quand la version musicale du prochain jeu de table Opération où vous devrez sauver un patient à l’ouïe déficiente, jeu dans lequel le protagoniste sera sans nul doute Groenland ? \\ 4.8/5

> groenland.bandcamp.com

Dan San Shelter // Louis-Éric Gagnon Il est minuit et je regarde la cathédrale Sainte-Thérèse-d’Avila du toit de mon appartement. L’automne arrive et je vais prendre une marche, pour m’acheter un latté à la citrouille non ironique. Les onze pièces de l’album Shelter de Dan San accompagnent chaque pas. Bien exécuté, mais il manque un petit je-ne-sais-quoi. Oui, je sais ! C’est un album qui s’écoute à deux, emmitouflé, tranquille, doucement vautré dans le confort de sa banlieusardise. À travers la musique qui s’enchaine placidement, une pièce se démarque, un peu perdue : Up. Joyeusement inquiétante, elle voyage dans un quartier où tout le monde semble heureux, et ils le sont vraiment. Bon album pour traverser la 117 ou encore mettre ses pensées à jour. \\ 3,7/5

> dansan.bandcamp.com

COLLECTE DES RÉSIDUS

verts

Du 26 septembre au 4 novembre, la MRC de La Vallée-de-l’Or effectue la collecte des résidus verts de l’automne. RÉSIDUS ACCEPTÉS

RÉSIDUS REFUSÉS

herbes et feuilles, gazon, résidus de jardin et plates-bandes, retailles de haies

pierres, terre, cendres, souches, bûches, résidus en vrac

Déposez vos sacs en papier brun en bordure du chemin la veille de la collecte ! 30 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016

Pour plus d’informations 819 825-7733 Ligne Info-récup : 819 874-VERT (8378)

www.MRCVO.qc.ca MRCVO


ue

.ORG

CALENDRIER CULTUREL OCTOBRE 2016 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

ARTS VISUELS Atelier de Julie Lemire et Norbert Lemire 1er octobre Centre d’art Rotary, La Sarre Atelier de dessin avec modèle vivant 3 octobre Centre d’exposition de Val-d’Or

CINÉMA Une journée dans la peau d’un réalisateur - UQAT/Balbuzard 1er octobre UQAT, Rouyn-Noranda Festival de cinéma des gens d’ici Jusqu’au 2 octobre Val-d’Or Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue 29 octobre au 3 novembre Rouyn-Noranda

EXPOSITION De l’art jusque dans les salles de classe Collection de Jacqueline Plante BLEU : Pantone 306 U Journées de la culture 1er octobre 2016 UQAT, Rouyn-Noranda Land Art Jusqu’au 2 octobre Forêt récréative de Val-d’Or Lousse et à propos : Nastassia et les autres - Élise Provencher Jusqu’au 2 octobre L’Écart, Rouyn-Noranda Projet Toutous Marc Martel entrepreneur Jusqu’au 2 octobre L’Écart, Rouyn-Noranda Aphélie - Patrick Bernatchez Jusqu’au 2 octobre L’Écart, Rouyn-Noranda Une volée de Papillons Lucienne Lapierre Kirouac 30 septembre au 28 octobre 2016 Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

J’existe - Joffrey Lavoie 5 au 29 octobre Connivence Galerie d’art, Val-d’Or Les Correspondances 7 octobre au 20 novembre Centre d’exposition de Val-d’Or Liberté recouvrée Johanne Vallée 7 octobre au 20 novembre Centre d’exposition de Val-d’Or À saveur locale - LUSS Jusqu’au 8 octobre La Fontaine des Arts, Rouyn-Noranda Marcel Dargis se souvient Musée International d’Art Naïf de Magog Jusqu’au 16 octobre Centre d’exposition d’Amos La Mesure du temps Josette Allard Jusqu’au 23 octobre Centre d’exposition d’Amos Entre les murs - Édith Laperrière Jusqu’au 23 octobre Centre d’exposition d’Amos Amalgame Julie GRIS : Pantone- 423 U Lemire Jusqu’au 6 novembre Centre d’art Rotary, La Sarre Spiritualité - Solange Labrecque Jusqu’au 6 novembre Salle du conseil municipal, La Sarre Histoires de filles Maria Tremblay Jusqu’au 11 novembre La Galerie Notre-Dame, Lorrainville

IMPRO HUMOUR SPONTANÉ La SIR-N - Improvisation 5, 12, 19, 26 octobre Scène Paramount, Rouyn-Noranda La SLI - Improvisation 6 et 20 octobre Motel Villa Mon repos, La Sarre Soirées Jalapenos - Humour Chaque mercredi jusqu’au 12 octobre La P’tite Bouteille, Amos

Les Volubiles - Humour spontané 14 octobre Petit Théâtre du Vieux Noranda, Rouyn-Noranda Lalibaba - Improvisation 15, 19, 26 octobre La P’tite Bouteille, Amos La LIV - Improvisation 15 et 29 octobre Conservatoire de musique de Val-d’Or Le CRIME - Improvisation 28 octobre Diable Rond, Rouyn-Noranda

LITTÉRATURE Rallye littéraire Journées de la culture 1er octobre Centre de solidarité internationale Corcovado, Rouyn-Noranda La courtepointe culturelle : cercle de lecture de La Mosaïque 5 octobre Salle Pauly - Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Crois-tu que c’est facile d’être la fée des dents ? Maurice Bélanger 11 octobre au 31 décembre Bibliothèque municipale d’Amos Speed dating avec des auteurs de la région 15 octobre Bibliothèque municipale d’Amos

Spécial Halloween Kronos, Démence + groupe local 29 octobre Petit Théâtre du Vieux-Noranda, Rouyn-Noranda

THÉÂTRE Un regard qui dérange L’impact de la stigmatisation et de la discrimination 6 octobre Théâtre Télébec, Val-d’Or Regards - Première Américaine Cie IKB : Créations multidisciplinaires 6 octobre Agora des Arts, Rouyn-Noranda Habiter les terres Théâtre du Tandem 11 au 15 octobre, Agora des Arts, Rouyn-Noranda 19 au 22 octobre Théâtre du Rift, Ville-Marie Isabelle - Fabien Dupuis 26 octobre Salle Félix-Leclerc, Val-d’Or 27 octobre Théâtre des Eskers, Amos

DIVERS Le travail du bois : de l’art à l’artisanat Journées de la culture 1er octobre Coopérative Tenon Mortaise, Rouyn-Noranda

Poules mouillées Maurice Bélanger 29 octobre Bibliothèque municipale d’Amos

Circuit culturel en autobus Journées de la culture 1er octobre Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

MUSIQUE

Fête de la citrouille 21 octobre Place de la citoyenneté, Rouyn-Noranda

Kaléidoscope L’Ensemble Aiguebelle 1er octobre Commission des loisirs de La Sarre 2 octobre, Service culturel de la Ville de Val-d’Or Haut-parleurs 16-30 Blé et Maryanne Côté 14 octobre Théâtre Télébec, Val-d’Or

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016 31


UNE CRÉATION DU THÉÂTRE DU TANDEM ET DU THÉÂTRE LES PORTEUSES D’AROMATES

HABITER LES TERRES RENDEZ-VOUS AU PAYS DE L’IMPOSSIBLE!

ROUYN-NORANDA, AGORA DES ARTS

DU 11 AU 14 OCT. À 20 H, 15 OCT. À 16 H

VILLE-MARIE, THÉÂTRE DU RIFT

DU 19 AU 21 OCT. À 20 H, 22 OCT. À 16 H

« C’EST TOUTE UNE HISTOIRE, ÇA NE MANQUE PAS D’HUMOUR. C’EST UN TEXTE PLEIN DE POÉSIE BORÉALE. » FRANCINE GRIMALDI – SAMEDI MATIN ET RIEN D’AUTRE, RADIO-CANADA RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE APRÈS LA REPRÉSENTATION : JEUDI 13 ET MERCREDI 19 OCT. BILLETTERIE ET INFOS THEATRETANDEM.COM - SUIVEZ-NOUS SUR FACEBOOK /TANDEM.THEATRE PRINCIPAL PARTENAIRE PUBLIC

32 L’INDICE BOHÉMIEn // OCTOBRE 2016


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