FÉVRIER 2018 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 09 - NO.05

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FÉVRIER 2018 VOL 9 - NO 5

JUSQU’À LA VICTOIRE 4LA FINE PALETTE RÉINVENTE L’ART DE LA TABLE

7QUAND ADN

DEVIENT ABS

Fais le bon choix!

11 LES CONTES DU ROUET

18 ODETTE CARON LIVRE PAROLES DE FEMMES

22 ENFANTS

DE LA TERRE

ADMISSION DÈS MAINTENANT

UNE UNIVERSITÉ DE NATURE HUMAINE

AUTOMNE 2018


ÉDITORIAL L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. ___________________________________

ET SI ON OSAIT LA BEAUTÉ DU MONDE? LES VŒUX SE CONCRÉTISENT LORSQU’ON

JOURNALISTES-COLLABORATEURS ET CHRONIQUEURS

PAVE LA VOIE À LEUR RÉALISATION.

Jérôme Adam, Vicky Bergeron, Bianca Bédard, Élise Blais-Dowdy, Marie Carneiro, Pascales Charlebois, Gabriel David Hurtubise, Marie-Claude De Gagné, Michel Desfossé, Julie Dallaire Josée Hardy Paré, Dominique Roy, André Gagné, Tobi Gagné, Gaston A. Lacroix, Yvon Lafond, Philippe Marquis, Lise Millette, Dominique Roy et Dominic Ruel ___________________________________

LISE MILLETTE

De quoi seront fait les prochains mois? Lorsqu’on appose au mur le calendrier d’une nouvelle année, après le Bye, bye, le retour des Fêtes, la remise en ordre de la maison, les vœux pour le Nouvel An qui s’étirent presque jusqu’à la fin janvier, une fois tout ça passé vient l’après : ce qu’on en fera. Si on espère la santé, peut-être feronsnous quelques efforts de remise en forme : étirer un détour par une petite marche, troquer une soirée sofa pour une activité quelconque ou même un livre ou simplement un moment partagé. On souhaite la paix? Alors, le temps est venu de nettoyer ses propres rancœurs, histoire de ne pas la laisser prendre racine et ainsi miner nos pensées. Le désir de prospérité se traduira par mettre les bouchées doubles ou s’investir là où il le faut… Et pour la suite du monde? Cette année sera quoi? Bien sûr, même blottis sous nos couvertures, la porte bien fermée pour ne pas laisser entrer l’hiver au-dedans alors que le frimas, le givre et le grand froid courent dehors, difficile de bloquer toutes les issues contre le monde extérieur.

prisonniers de nous-mêmes et dont il faut s’extraire pour avancer. C’était aussi le sens d’une réflexion partagée durant la période des fêtes. Assis à disserter sur le sort du monde, chacun y est allé de ses projections, de ses doutes et de ses appréhensions. Quand on exprime ses peurs, on se rend vite compte que d’autres les partagent. Ainsi, ce qui avait commencé avec légèreté devient soudainement plus sombre. En prenant conscience de la tangente, nous avons inversé les pôles, en quelque sorte. Le positif attire le positif, alors tendons de ce côté. Puisque la crainte et l’inquiétude nous freinent, affairons-nous à créer des occasions qui nous propulseront vers l’avant et à devenir le terreau fertile d’idées neuves. Il ne s’agit pas de se mettre des œillères et de faire la sourde oreille. Seulement, si on aborde une difficulté, abordons-la dans une optique d’y trouver une solution, et non pas uniquement de la regarder, immobiles et sans voix. Autant que faire se peut.

La géopolitique et les tensions exacerbées sur la scène internationale ont de quoi nous inquiéter, mais si l’on s’arrête à l’angoisse, on ne fait plus rien. La peur est cette prison qui nous garde

Il faut ainsi s’affairer à relever la barre, comme Christine Girard, l’haltérophile qui a pu récupérer les titres convoités, se lever et peindre ses légendes comme Frank Polson dont les dessins orneront une nouvelle série de pièces de monnaie à tirage limité, conjuguer en BD, avec Daniel et Tobi, la plume d’un père au coup de crayon de sa fille, croquer en photo l’humanité, comme Samian,

EN COUVERTURE

SOMMAIRE

L’HISTOIRE DE L’HALTÉROPHILE CHRISTINE GIRARD EST RACONTÉE DANS LE LIVRE DE LA DÉFAITE À LA VICTOIRE DES ÉDITIONS LES Z’AILÉES. PHOTO : JULIE LACASSE

2 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018

L’ANACHRONIQUE 4 TETE CHERCHEUSE 5 CULTURAT 6 LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE 8 DE PANACHE ET DE LAINE 10 PREMIERES NATIONS 11 MALGRÉ LA ROUTE QUI NOUS SÉPARE 17 ENVIRONNEMENT 20 RÉGION INTELLIGENTE 21

pour montrer que le monde est beau, s’exiler au loin, comme la trompettiste Émilie Fortin, pour mieux revenir chez soi sur un air de musique. Comme tous les mois, L’Indice bohémien vous propose de découvrir des histoires, des expositions, le fruit de parcours différents de personnes qui ont pour point commun d’avoir osé se lancer à la poursuite de leur inspiration. J’inclus dans cet élan les lecteurs qui ont accepté de soumettre leurs poèmes pour le concours de poésie lancé en décembre. Ils et elles ont aussi voulu tenter le destin pour mettre dans la sphère publique une partie de ce qui a germé en eux. Ce journal, il est ainsi le carrefour des aspirations et le reflet d’une mise en commun de divers talents. Une région aussi riche et diversifiée sous toutes ses formes ne peut que l’être aussi dans ses artistes et dans ses habitants. Vœux pieux? Pas vraiment. Les vœux se concrétisent lorsqu’on pave la voie à leur réalisation. Tant que nous pourrons noircir nos pages avec des histoires pleines de lumière, nous pourrons espérer.

COORDONNATRICES RÉGIONALES Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Madeleine Perron (Rouyn-Noranda) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Véronique Filion (MRC Abitibi) Anne-Laure Bourdaleix-Manin (MRC Vallée-de-l’Or) ___________________________________ CORRECTRICE D’ÉPREUVES Geneviève Blais ___________________________________ RÉDACTION ET COMMUNICATIONS Lise Millette redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 ___________________________________ GRAPHISME Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org ___________________________________ DIRECTION ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677 ___________________________________ L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006. ___________________________________ CONSEIL D’ADMINISTRATION Dominic Ruel, président, Marie-France Beaudry, vice-présidente, Véronique Gagné, Trésorière, Carolann St-Jean, Secrétaire, Fednel Alexandre, Guillaume Boucher et Anne-Laure Bourdaleix-Manin ___________________________________

ARTS DE LA SCENE ARST VISUELS LITTÉRATURE GASTRONOMIE HISTOIRE MUSIQUE

5 6, 7, 11, 22 3, 6, 11, 16 4, 15 8, 14 18 - 20

L’INDICE BOHÉMIEN 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ___________________________________ TYPOGRAPHIE Harfang : André Simard, DGA ___________________________________ ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

ARRACHER LA VICTOIRE DOMINIQUE ROY

Dans le sport professionnel, le dopage est une triste réalité. Et l’haltérophilie fait partie de ces disciplines lourdement affectées par l’usage répandu de substances illicites qui permettent de booster les performances. Cela dit, pour la Rouyn-Norandienne et haltérophile Christine Girard, il n’y avait qu’une seule option : ses résultats seraient l’œuvre de son talent et de son travail acharné, et non celle de substances chimiques. Aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, elle a terminé au 4e rang, une position qu’elle qualifie de défaite crève-cœur pour une athlète olympique. Persévérante et déterminée, Girard a été de la compétition pour les Jeux olympiques de Londres, en 2012, où elle a réussi à grimper sur la troisième marche du podium. Mais parfois, les médailles viennent plus tard. C’est en 2016 que se produit tout un revirement de situation. Huit ans après les Jeux de Pékin, Christine Girard apprend qu’elle met la main sur la médaille de bronze après le contrôle antidopage positif de la médaillée d’argent. Quatre ans après les Jeux de Londres, elle apprend que la médaille d’or lui revient aussi, puisque le test de ses deux rivales a été positif.

QUAND VIENT L’IDÉE… C’est dans cette foulée médiatique que l’éditrice Amy Lachapelle a communiqué avec Christine Girard pour lui parler de son idée : un roman pour adolescents inspiré de sa vie. La planification de l’écriture s’est ensuivie avec la principale intéressée, et c’est à ce moment-là que l’haltérophile a réalisé qu’elle voulait vraiment écrire son histoire. Un nouveau projet était donc en branle pour l’athlète et les éditions Z’ailées. « Amy m’a contactée à l’été des changements de médailles. Après avoir discuté avec elle, j’ai pensé à ces années-là, et je me suis dit que cette histoire valait la peine d’être partagée, et je voulais le faire à ma façon », précise Mme Girard.

ET LE ROMAN PARLE DE… « C’est un mélange de roman et de biographie dans lequel je raconte les quatre années les plus difficiles de ma vie, c’est-à-dire de 2008 à 2012. J’allais aussi à l’université, j’ai fait un burnout, j’ai déménagé en Colombie-Britannique, j’ai eu cinq entraîneurs différents. Bref, tout ça a été des étapes difficiles pour me rendre à une médaille », raconte-t-elle.

LE PROCESSUS D’ÉCRIRE, C’EST… Au moment de l’écriture de ce roman biographique, les deux enfants de Christine Girard étaient âgés de 8 mois et 2 ans. Pour réussir à conjuguer le tout, il lui était plus facile de quitter temporairement la Colombie-Britannique pour s’installer avec les enfants en Abitibi-Témiscamingue, chez ses parents. « Je suis restée là pendant un peu plus d’un mois. J’écrivais quand mes parents me le permettaient, pendant les siestes des enfants, entre les allaitements. » La médaillée voit cette expérience comme une rétrospection intérieure des événements qu’elle a vécus pendant ces quatre années intenses dédiées à la compétition olympique. « Écrire m’a permis de regarder l’athlète que j’étais d’un œil différent. Ça m’a permis de prendre du recul, de réaliser beaucoup de choses sous un angle différent, dont celui de maman et d’entraîneuse. » L’écriture vient aussi avec son lot de défis. « Je voulais rester la plus authentique possible tout en protégeant les autres personnes qui font partie de mon histoire. J’ai donc changé des noms et laissé des choses de côté pour protéger la vie privée. » Malgré cette sélection, Mme Girard mentionne que l’histoire qui en ressort est bel et bien la sienne et qu’elle est collée sur la réalité de son aventure olympique. La sortie du roman De la défaite à la victoire est prévue pour le mois de mars. Ce sera donc une année 2018 très chargée pour Christine Girard qui attend aussi la venue d’un troisième enfant, qui recevra ses médailles au printemps et qui prépare un éventuel déménagement en Outaouais.

Quelques chapitres sont aussi consacrés à 2016 lorsqu’elle a appris le changement des médailles. Il y est question, entre autres, de l’impact qu’un podium aurait eu dans sa vie en 2008, dont la visibilité et l’accessibilité aux commanditaires ainsi qu’à l’aide financière, deux composantes qui auraient facilité son parcours pour se rendre jusqu’aux Jeux de Londres. De la défaite à la victoire est un titre qui, à son avis, représente très bien son cheminement à travers ces années de faux-semblants dans lesquels elle a trempé contre son gré. Amy Lachapelle est persuadée que ce livre peut très bien être présenté dans les écoles et intéresser un large public.

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L’ANACHRONIQUE

GASTRONOMIE

CECI N’EST PAS UNE CHRONIQUE

PHILIPPE MARQUIS

LA FINE PALETTE GASTON A. LACROIX

C’est pratique parler de température! On peut ainsi entrer en contact avec tout le monde sans trop déclencher de controverse. Lâcher l’affirmation « Cé pas chaud c’t’hiver » n’a rien de très impliquant et aide à casser la glace. Jaser température peut aussi servir de détour pour demander : « Comment te sens-tu? ». Puis cela permet, tout à la fois, de confier comment on se sent personnellement.

Le Centre d’exposition et l’Office du tourisme et des congrès de Val-d’Or invitent des chefs de la région à préparer des créations culinaires à partir de produits régionaux tout en s’inspirant des concepts d’artistes de la région, des œuvres qui font partie de la collection de la Ville de Val-d’Or. Dans une formule 5 à 7, l’événement La Fine palette est un cocktail dînatoire qui permet de recueillir des fonds pour soutenir les activités du Centre et de l’Office tout en mettant en valeur les créations des artistes et des chefs de la confrérie Origine Nord-Ouest.

Je ne prendrai toutefois pas de raccourci pour avouer que je me sens mal quand les échanges touchent la température. Je me sens on ne peut plus mal. Parce que, pour ma part, c’est du temps qu’il fait en général sur notre époque auquel je songe alors. Et le temps présent, il me semble, n’est pas au beau fixe. Je n’invente rien : notre planète a la fièvre et nous en sommes responsables. Des milliers de scientifiques ne cessent de le crier. La source de la maladie niche dans notre façon de consommer. Celle-là même qui produit des biens fabriqués pour s’user rapidement et dope l’air au carbone. Je vous épargne ici la liste de nos gestes nuisibles envers l’avenir en ne pointant que deux des plus évidents. Par surcroît, notre mode de vie occidental, gaspilleur de ressources, tend à être imité par toute l’humanité. Une fièvre apporte des bouffées de chaleur et, à d’autres moments, de profonds frissons comme ceux de décembre dernier dans la région. Le climat de notre biosphère fait présentement monter la température des océans, fondre les glaciers et élever le niveau des eaux. Des évènements extrêmes sont liés au réchauffement planétaire : sécheresses intenses, pluies diluviennes, tempêtes et ouragans dévastateurs, etc. À notre échelle, ce sont les récoltes destinées à nous nourrir, nos infrastructures ainsi que des millions de vies qui sont menacées. N’en déplaise au président de la tristement célèbre téléréalité américaine intitulée Twitter, le climat de notre Terre s’emballe. Ni Stranger Things, ni Black Mirror, ni The Bridge, ni aucune autre télésérie n’y changeront quoi que ce soit… Notre civilisation « conquérante » a longtemps nié les effets de son développement sauvage sur notre petit habitat. Nous ne nous y sommes donc pas préparés et nous n’avons pas fait le nécessaire pour inverser le mouvement. Voilà que nous sommes en plein dedans. Les écosystèmes se détériorent inexorablement. Je n’aime pas écrire cela… Ce texte n’est pas une chronique. C’est un appel à être solidaires afin de nous préparer sans tarder, nous, parents, enfants, frères et sœurs, au pire qui viendra. À faire tout notre possible pour diminuer notre consommation. Presser les entreprises et les gouvernements de tous les paliers pour effacer notre empreinte écologique… En bref, planifier l’avenir en fonction du désastre que nous avons nourri. Ceci n’est pas une chronique, c’est un appel, aussi futile puisse-t-il paraître.

INDICEBOHEMIEN.ORG

MARIE-CLAUDE ROBERT

L’ART DE LA TABLE Faire bonne chère est soumis à un ensemble de règles qui fluctuent selon les pays, les classes sociales et les modes du jour. La créativité des chefs n’a de limite que leur inventivité à sélectionner les produits constituant des mets qui ne pourront laisser les gourmands avisés sans un « Ouf! C’est divin ».

CONJUGUER ARTS VISUELS ET CULINAIRES Depuis Physiologie du goût de Brillat-Savarin, publié en 1825, la gastronomie a bien évolué. De la « connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à la bonne chère », la gastronomie est devenue un luxe et un art, une philosophie et une science. Une pratique culturelle en évolution. Accompagné de vin, l’événement gourmand La Fine palette comprend 11 bouchées, inspirées de 11 œuvres, créées et servies par 10 chefs. Brillat-Savarin serait fier de ces chefs de l’Abitibi-Témiscamingue qui concoctent des mets qui marient le sens de la vue à celui du goût (couleurs et saveurs) tout en les intégrant dans des concepts esthétiques et artistiques (tableaux, sculptures ou autres).

À NE PAS MANQUER La Fine palette, le jeudi 8 février, au Centre d’exposition de Val-d’Or. Réservez vos billets. 819 824-9646 poste 6224 ou 819 824-3060 poste 6252

Exposition du 19 janvier au 11 mars 2018 ENTRÉE GRATUITE Mardi au vendredi : 10 h à 17 h Samedi et Dimanche : 13 h 30 à 16 h

LERIFT.CA 4 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018

Parade Nuptiale Jaber Lutfi

Pignons sur Glace Claude Guérin et Bertrand Rougier

Vitrine Photo :

VerdunLuv Caroline Perron

Galerie Découverte :

Câlins Huguette Rocheleau


TÊTE CHERCHEUSE

CIRQUE

RETOUR EN PISTE POUR LES FRÈRES COLLINI

LES GRANDES VILLES

DOMINIC RUEL

MARIE CARNEIRO

« Oyez, oyez! Voici le Cirque des Frères Collini! Approchez et entrez dans un univers unique. » Ces mots d’ouverture se feront entendre à nouveau alors que Le cirque des frères Collini reviendra en piste les 15, 16 et 17 février prochains à l’Agora des Arts de Rouyn-Noranda. Les organisateurs, Vanessa Collini, Samantha Trudel et François Bédard ont répondu aux questions de L’Indice bohémien. IB : Décrivez-nous comment tout a commencé. On s’est rencontré au pole fitness où l’on s’est intéressé aux acrobaties plus techniques. Chacun de nous avait des idées pour créer un projet spectacle. En parlant ensemble, on a décidé de les regrouper pour former un groupe d’artistes. La magie a opéré! IB : Pourquoi avoir choisi le nom Collini? L’idée du nom Collini est venue parce que notre démarche ressemble à celles des cirques ambulants des années 1900-1920. À l’époque, leur nom était une marque de commerce. Le nom de Vanessa sonne un peu « exotique » et ce qui était une blague au départ s’est transformé en titre officiel pour la troupe.

ELISABETH CARRIER

IB : Le spectacle porte aussi un message, que l’on discerne à la fin de la représentation. Quel est-il?

C’est une interprétation personnelle, propre à nous, de ce qu’étaient les cirques de l’époque. On a créé notre univers basé sur des faits réels. Des travaux de recherches ont permis de découvrir comment certains principes éthiques ont été bafoués dans le passé. Par exemple, les esclaves qui étaient présentés comme des animaux de foire ou encore les difformités humaines qui ont été exploitées. Ces différences attiraient les gens et se traduisaient par de l’argent malsain. Mais tout n’était pas noir! Les deux parties du spectacle ont chacune une vision bien différente du cirque comme phénomène.

Début janvier, ma femme et moi avons passé quelques jours à New York pour amorcer la nouvelle année. Un séjour dans le froid et dans la tempête, mais la météo ne nous a pas empêché de découvrir la ville géante et de prendre le temps de nous laisser surprendre et émerveiller aussi. C’est Times Square, les gratte-ciel, le MoMA. J’aime voyager avec ma femme et découvrir les grandes villes. C’est notre projet d’avenir : en visiter le plus possible, partout. Nous avons déjà achevé un premier triptyque, plus ou moins planifié depuis cinq ans. Trois villes bien différentes. D’abord Paris. Parce que c’est Paris. Pour l’histoire, la mémoire, le patrimoine. Puis La Havane, pour sa magie latine et son romantisme castriste. Finalement, la Grosse Pomme, pour sa démesure nord-américaine et l’impression d’être au centre du monde. J’aime les grandes villes et l’énergie qui s’y dégage, leur effervescence. Pour décrocher, déconnecter, pour m’évader, je préfère Montréal au parc d’Aiguebelle, Montréal au camp de chasse à trois heures d’une cabine téléphonique! La Sainte-Catherine avant le sentier pédestre! Mon ami Dumont n’y comprend rien. Quand nous sommes de passage à Montréal, il dort le plus longtemps possible pour écourter sa journée. C’est dire… La métropole est souvent critiquée, peut-être victime de certains clichés. Elle a mauvaise presse. On dénonce la circulation, la pollution, la pauvreté, le bruit, l’individualisme. Mais beaucoup de ces villes, populeuses comme certains pays, savent innover et régler les problèmes. La déchéance n’est pas généralisée, les villes ne sont pas devenues des no man’s land. Il y a un dynamisme urbain, propre, oui, aux grandes villes. Transport en commun, gestion des déchets, aide aux démunis, lutte à l’auto. Il peut y avoir aussi des vies de quartier, un esprit de communauté, de la proximité et un sentiment d’appartenance. C’est le Plateau à Montréal, quelque chose comme Chelsea ou Greenwich Village à New York. La grande ville, c’est ne jamais en avoir fini de faire le tour. Trop de rues, trop de boutiques, de restos. Trop de musées, trop d’activités. Bien des grandes villes ne dorment jamais. Ça brasse, ça roule, c’est l’impression d’être en vie. Ça change des lundis soirs et des dimanches gris de Val-d’Or, de l’impression, on dirait, d’avoir fait le tour…

IB : Une tournée en Abitibi-Témiscamingue est-elle possible? On aimerait ça! Mais c’est complexe à organiser du côté technique, notamment pour les spectacles aériens. Des normes doivent être respectées. Il nous faut une salle adéquate pour les mesures de sécurité. IB : Le spectacle offre deux versions, enfants et adultes. Pourquoi? Le spectacle est fait pour des adultes, mais à la demande des parents qui auraient bien voulu emmener leurs enfants, nous avons fait une autre version. Le spectacle est raccourci avec des moments plus comiques et des animaux plus attachants. Ces représentations se tiendront en journée et les versions adultes seront présentées en soirée.

La moitié de l’humanité vit dorénavant dans les villes. D’ici 2050, 66 %. Les villes sont l’avenir. Pour le meilleur et pour le pire. Dans un essai romanesque intelligent, Le Grand Paris, Aurélien Bellanger réfléchit sur l’avenir de la Ville Lumière et des métropoles. Son personnage réfléchit : « Je sentais confusément que les mégalopoles seraient le dernier monde, le dernier pixel clignotant de la vie sur Terre. Les villes n’étaient peut-être plus que le dernier chemin avant les toboggans un peu grotesques du rêve spatial. » La grande ville est le dernier front pionnier sur Terre. La dernière réorganisation des populations de notre histoire. Après?

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LITTÉRATURE

CULTURAT

LUNA L’ELFE DE LA LUNE VICKY BERGERON, 12 ANS

Nouveauté dans les bibliothèques, Luna : elfe de lune 1 – Les loups de glace est une bande dessinée qui saura plaire à un jeune public. Luna doit se marier avec le prince. La veille de son mariage, durant la nuit, elle décide de partir en forêt. Soudain, elle aperçoit des humains d’un village voisin qui tentent de capturer une pauvre famille d’elfes. Ces hommes souhaitent garder des elfes prisonniers afin de les utiliser pour guérir une maladie qui frappe les humains et dont ils sont l’antidote. En essayant de libérer ses semblables, Luna se fait prendre au piège par les humains. En apprenant la capture de sa promise, son prince décide d’aller à sa recherche. Ce livre raconte donc une histoire d’aventures et d’affrontements, en plus d’une histoire d’amour.

LA GARDIENNE DU TEMPS PASCALE CHARLEBOIS

Une nouvelle œuvre vient marquer le paysage du Vieux-Noranda, qui s’impose de plus en plus comme quartier culturel avec un nombre impressionnant d’œuvres d’art public au pouce carré. Du haut de la passerelle surplombant la rue Murdoch, La Gardienne du temps veille sur les maisons avoisinantes et accueille les passants qui entrent dans le Vieux-Noranda. Commandée par l’hôtel Gouverneur Le Noranda auprès de l’artiste Karine Berthiaume, cette installation en cuivre représente une enfant enracinée tenant dans ses mains une sphère. Surveillant le corbeau qui se trouve près d’elle, elle protège soigneusement la sphère, le cercle fragile de l’unité et de l’équilibre, selon l’artiste.

Évidemment, rien ne se passe comme prévu et une suite épique suivra ce premier numéro. Bien que cette BD dise convenir à un public de 11 ans et plus, je recommanderais plutôt 13 ans en raison de certaines scènes plus difficiles, du vocabulaire complexe et parce que certaines images pourraient ne pas être appropriées pour un jeune public.

« Par définition, la racine, c’est la partie d’un organisme vivant qui ravitaille, qui nourrit, explique Karine Berthiaume. Ou encore, c’est ce qui démontre un attachement envers un lieu, un groupe. On peut s’imaginer un dialogue entre l’enfantet le corbeau. Le corbeau, c’est le symbole d’intelligence, mais c’est aussi celui qui, dans plusieurs cultures, voit dans l’avenir. L’enfant demande à l’oiseau, en quelque sorte, comment on peut vivre à l’avenir dans un environnement qu’on détruit en même temps ou comment laisser des traces positives dans le passage du temps. La lourde sphère qu’elle a dans ses mains démontre le poids du legs que nous offrons aux générations futures. »

HAUT-RELIEF, COLLECTIF RÉALISÉ DANS LE CADRE DU COURS OPTION ARTS EN 5E SECONDAIRE À L’ÉCOLE RIVIÈRE-DES-QUINZE DE NOTRE-DAME-DU-NORD PAR LOUIS-PHILIPPE BEAULIEU, BENJAMIN GAUDET, VANESSA JACQUES, COOPER JONES, REBECCA LAFOND, JACOB LOISELLE ET DANICK MARLEAU.« MON INTENTION D’ENSEIGNANTE ÉTAIT DE LEUR REDONNER CONFIANCE EN LEUR CAPACITÉ À RÉALISER DES ŒUVRES », A EXPLIQUÉ L’ENSEIGANTE CHANTAL MOREAU.

C’est avec une grande fierté que Frédéric Arsenault, directeur général de l’Hôtel Gouverneur Le Noranda, a inauguré cette œuvre touchante qui, malgré ses 800 livres, sera selon lui appelée à voyager : « Les nombreux festivals ayant lieu dans le quartier combinés aux clients de l’hôtel permettront annuellement à l’œuvre d’être admirée par plus de 25 000 visiteurs provenant de l’extérieur de la région. En fait, c’est le meilleur des deux mondes, l’œuvre voyage autour du monde tout en demeurant disponible pour les gens d’ici et ça, pour moi, c’est très important. »

Dans mon paradis d’hiver aux lacs et aux étangs gelés, te voilà, glacial février, le mois le plus court de l’année. Heureusement, ce cher Cupidon de ses flèches armé, brisera un peu de ta glace pour te faire pardonner.

6 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018


ARTS VISUELS

QUAND ADN DEVIENT ABS

PÊCHE À LA MOUCHE ET PHOTOGRAPHIE : UN MARIAGE RÉUSSI

LISE MILLETTE

DOMINIQUE ROY

Équipoise est le nom donné à une œuvre singulière qui ressemble à un étrange calmar d’os, suspendu par des fils, au plafond d’une pièce plongée dans l’obscurité. La résultante intrigue et se traduit par un ensemble incongru et singulier. Cette œuvre imaginée par l’artiste ontarienne Chelsea Greenwell occupe toute une pièce du Musée d’art de RouynNoranda. Flottant au-dessus d’un aquarium rempli d’eau, la structure est illuminée par intermittence.

MARILOU BERGEON

« Depuis trois ans, à peu près à la même période, nous exposons un artiste de Windsor. Lors d’une installation précédente, j’ai parlé avec Chelsea, elle m’a montré ce qu’elle faisait et je lui ai dit qu’il serait bien de présenter ça ici », explique Jean-Jacques Lachapelle, directeur du musée.

Diplômé en sociologie et chargé de cours au Cégep Marie-Victorin, Benjamin Perron, anciennement du Témiscamingue, s’intéresse au monde de l’art et aux contingences sociales qui participent à la création d’une œuvre. Du 24 novembre 2017 au 14 janvier 2018, il exposait sa collection de photographies, intitulée Vol de nuit, à la Galerie du Rift de Ville-Marie. C’est en sortant de ses tiroirs un héritage reçu d’un grand-oncle qu’un projet de photographie s’est mis à germer dans l’esprit de cet artiste. Les mouches, qui servaient pour la pêche, deviendraient donc le sujet principal de celui qui cherche à sortir du réalisme habituel. « J’ai toujours été fasciné par ces objets minuscules faits à la main, au point de m’empêcher de les utiliser. C’était davantage un objet de contemplation que je n’osais pas détruire à la pêche », raconte-t-il. Pour cette série de photographies, l’objectif principal de Benjamin Perron était de transformer l’objet d’origine en mettant en valeur le travail de l’artisan. C’est en lui demandant de raconter son processus de création et la technique utilisée que l’on constate que celui qui se considère comme un photographe amateur maîtrise assez bien son art.

La région de Windsor, économiquement liée aux soubresauts du secteur automobile, semble voir émerger dans les arts les réverbérations de cette industrie. Selon M. Lachapelle, d’une certaine manière, la démarche de Chelsea Greenwell s’inscrit dans ce nouveau paradigme : « La société s’est adaptée, les nouvelles technologies se sont beaucoup imposées ». Et les arts n’y échappent pas.

« J’ai opté pour un fond noir, et dans la noirceur, j’ai photographié les mouches en exposition lente, celle-ci pouvant durer jusqu’à 10 minutes. Plutôt que de réfléchir une lumière externe, l’exposition prolongée permet à la lumière d’émerger de l’objet tout en faisant ressortir les textures, ce qui était particulièrement intéressant pour bien voir les détails des mouches fabriquées de fils et de plumes. J’ai nettoyé les images en postproduction afin que la mouche se retrouve sur un fond noir. Ensuite, j’ai accentué cet aspect de flottaison en montant les photographies sur un panneau d’aluminium sans cadre », explique-t-il.

Chelsea Greenwell possède un baccalauréat avec majeur en concentration bio-art et sculpture. Elle a acquis une expertise pour les rendus et impressions 3D. Outre les arts, elle travaille auprès de Fiat Chrysler à titre de designer d’automobile. Pour réaliser son œuvre, l’artiste a fait en sorte de transposer dans une impression 3D une réplique organique; comme si les données de l’ADN se trouvaient converties en matière plastique, établissant ainsi une corrélation entre le vivant et la « machine ». Équipoise réunit 540 vertèbres moulées à partir d’une impression 3D d’une véritable vertèbre. Chacune est traversée par un tube dans lequel de l’eau est propulsée par une pompe. Le fluide circule dans la structure et un léger mouvement est ainsi créé. La pièce oscille et bouge lentement. « Avec cette œuvre, Chelsea pose en quelque sorte la dualité entre la nature qui nous est donnée et ce que l’homme veut contrôler… et comment il se sert de la haute technologie pour la modifier », explique M. Lachapelle. Le directeur du musée résume ce travail particulier de Chelsea Greenwell comme « une grande œuvre installative, dynamique et sonore ». L’exposition est présentée jusqu’au 18 février.

Sans aucun doute, cette exposition qui a suscité la curiosité par son originalité a permis à Benjamin Perron de se définir comme artiste de talent sur la scène témiscamienne. Les idées plein la tête, il travaille sur différents projets simultanément. Entre autres, l’année 2018 a commencé pour lui avec « Plus un, moins un », un projet qui lui permet de diffuser des photographies qu’il produit au quotidien, sans négliger celles qui dorment depuis un bout de temps sur ses disques durs. Même si l’artiste n’a pas d’intérêt pour l’aspect commercial, il lui arrive aussi d’accepter des contrats orientés vers la photographie d’architecture. Il est possible de suivre son parcours sur son site web (benjaminperron.com) et sur compte Instagram (benjperron).

École d’été en art-thérapie Du 2 au 16 juin 2018

HAUTE EN

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Campus de l'UQAT à Rouyn-Noranda

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LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

LE CHEMIN DE FER, UN ENJEU POUR CONTRÔLER LE NORD-OUEST QUÉBÉCOIS SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA SARRE

Vers 1920, les premières voies de communication se trouvent le long des grandes voies d’eau servant à l’exportation du minerai extrait des mines. Les lignes ferroviaires sont dispersées du Témiscamingue, à Kirkland Lake en Ontario et jusqu’à Macamic et Amos en Abitibi. Ces lignes servent à acheminer le matériel et l’équipement nécessaire au forage et à la construction des chantiers miniers. La traversée du matériel se fait par la suite soit par les routes ou par les voies d’eau, et il est extrêmement difficile de se rendre au campement.

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Ces campements sont bâtis en rondins, les hommes doivent parfois marcher durant des journées complètes pour traverser les bois avec tout leur équipement sur le dos. Le gouvernement québécois entame des pourparlers avec le Canadien Pacifique pour la prolongation de la ligne venant du Témiscamingue jusqu’à Rouyn. Cependant, le premier ministre Taschereau juge le Canadien Pacifique trop gourmand puisque le gouvernement a déjà subventionné la portion de la ligne qui traverse le Témiscamingue. Il refuse de lui en donner davantage. Conscient que l’industrie minière nordique jouera un rôle actif dans les années à venir, que l’enjeu économique derrière le contrôle du chemin de fer est immense et que le potentiel de la région minière du Nord-Ouest québécois est évident, le gouvernement ontarien rend public le projet du chemin de fer de l’Ontario. Le gouvernement québécois est alors pris de court. Le premier ministre Taschereau veut à tout prix éviter que les richesses minières soient détournées vers l’Ontario. Rapidement, l’union entre l’État québécois et le Canadien National vient mettre des bâtons dans les roues de l’Ontario. Le Canadien National voit la possibilité de renflouer ses coffres pour rembourser ses dettes grâce au développement de la région. En mars 1925, Sir Henry Thornton, président du Canadien National annonce officiellement que sa compagnie construira un chemin de fer reliant Rouyn à O’Brien (Taschereau) et que la fonderie de la Noranda Mines sera construite à Destor. La nouvelle est accueillie avec joie au Québec. En Ontario, la réaction est vive. La présence du Canadien National est une menace pour le commerce avec le Nord-Ouest québécois. Dans un article du Northern Miner de juin 1925, un journaliste appelle au boycottage économique du Québec. Tout au long du litige, les journaux s’en donnent à cœur joie. Qu’ils soient ontariens ou québécois, à petit ou grand tirage, tous ont leur mot à dire dans cette polémique. George Lee, président de la Ontario Northland Transportation Commission, est convaincu que l’annonce de Thornton est un bluff, car selon lui, le projet du CN n’est pas assez avancé pour pouvoir être terminé avant l’été 1926. Le premier ministre de l’Ontario, Howard Ferguson, demande la mobilisation d’hommes afin de compléter la ligne dans les plus brefs délais. La course est lancée. Le premier ministre Taschereau utilise alors tous les moyens à sa disposition pour stopper son rival. D’un point de vue légal, T&NO peut construire son chemin de fer jusqu’à la frontière québécoise. Passé ce point, le T&NO doit acheter le droit de passage à la province de Québec. Taschereau refuse de le lui vendre. T&NO n’a d’autre choix que d’invoquer la charte fédérale afin d’utiliser les terres dont il a besoin au Québec. Il lance une pétition destinée au ministre fédéral des Chemins de fer et des Canaux, Graham Bell. Profitant du fait que T&NO est bloqué à la frontière, Taschereau et Thornton amorcent la construction de leur chemin de fer en 1925. Afin de ne pas perdre de temps, le T&NO décide d’étendre sa ligne jusqu’à Cheminis, près de la frontière. La population des villes jumelles a hâte que le conflit se règle afin d’avoir son chemin de fer.

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Ce n’est que le 14 mars 1927 que le gouvernement fédéral tranche en faveur de T&No. La victoire a un goût amer puisque les délais ont permis au Canadien National de relier Rouyn à O’Brien. Les nouvelles lignes ferroviaires ont été profitables au développement économique et démographique de la région. Avec le recul, il apparaît que la présence du CN a contribué à affirmer la mainmise du gouvernement québécois sur la région du Nord-Ouest. La course a été un enjeu majeur en ce qui a trait aux intérêts économiques, politiques et nationalistes. Source : revue Cap-aux-Diamant, no 112, hiver 2013

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LITTÉRATURE

L’INSTANT QUI PRÉCÈDE… BOIRE LEUR VENIN DE JASON BAJADA GUILLAUME BEAULÉ

Ils sortent tous les deux du cinéma où ils viennent de voir le dernier Blade Runner de Denis Villeneuve. Il ne se souvient pas de tous les détails de l’histoire dans le film. Par contre, il ressent encore en lui sa présence à elle, alors qu’elle se trouvait tout près de lui, coude à coude à l’occasion, dans ces vieux sièges peu confortables de cette salle presque centenaire. Il aurait voulu lui prendre la main, la serrer tendrement dans la sienne afin de partager sa chaleur. Il aurait ainsi dévoilé ses sentiments au grand jour. Il n’a pas osé, autant pour elle que pour lui-même. En cette froide soirée de février, ils marchent maintenant sur le trottoir enneigé en se racontant des anecdotes et des plaisanteries. Ici encore, il est troublé par son corps dans l’espace à côté du sien. Il cherche souvent ses mots pour lui parler et rit comme un gamin sans expérience de la vie. Il a conscience de son propre comportement, ce qui le rend plus mal à l’aise. Une dizaine de minutes plus tard, elle l’invite à prendre un café ou un verre chez elle, à quelques pas seulement. Il accepte, sans trop réfléchir. À l’intérieur de l’appartement décoré avec goût, elle lui suggère de s’asseoir tout bonnement au salon, sur ce divan noir à pois gris déterré chez un antiquaire du quartier. Elle apporte deux tasses de café et s’installe tout près de lui. Tout en poursuivant la discussion, il ne peut s’empêcher de sentir près de sa cuisse, à lui, la chaleur de son corps à elle, de cette femme qu’il connaît depuis quelques mois à peine. Il observe en lui un désir fou de lui enlever sa tasse de café, de la poser sur la table basse en verre, de lui caresser tout doucement la joue pour ensuite l’attirer vers lui et l’embrasser, timidement. Il aimerait la prendre dans ses bras et se laisser bercer par le rythme de l’instant. Il aimerait s’abandonner. Cependant, il retient son élan spontané, malgré la douleur sourde et pesante que ce geste lui laisse à l’intérieur, telle une déchirure brûlante droit au cœur. Il revoit dans sa tête les images de son épouse adorée, des moments de bonheur vécus ensemble pendant tant d’années. Il ne peut se résoudre à la trahir ainsi, en abandonnant ses lèvres sur une autre bouche que la sienne, en oubliant ses promesses pendant quelques instants. Et pourtant, il en crève d’envie. Le simple fait de se trouver à proximité d’elle le rend vivant à nouveau, débordant d’une énergie qu’il croyait disparue à jamais.

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À 63 ans, veuf depuis près de 3 ans maintenant, il aimerait bien se sentir comme un être humain, simplement. Un être humain partageant de la tendresse. Pour un contenu augmenté, nous vous proposons d’écouter ce texte avec la chanson Boire leur venin de Jason Bajada en toile de fond ou de visiter le site de L’Indice bohémien pour un lien vers la trame musicale.

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DE PANACHE ET DE LAINE

DIEU ET LE PIGEON OU LE PIGEON DE DIEU

GABRIEL DAVID HURTUBISE

À l’époque du règne de Dieu, on n’avait pas trop besoin de se chercher des poux. Il était la cause de tout : la beauté de la fille du fermier, la grippe espagnole, le goût du vin, la crampe dans le dos, etc. Tout cela dépendait de « la volonté divine ». Les temps ont changé. Désormais, le Québécois moyen croit qu’il est maître de son propre destin, que Dieu n’a rien à voir là-dedans. Malgré la lourde perte du congé du dimanche, la majorité se réjouit du déclin du catholicisme. Plusieurs disent que c’est tant mieux, qu’il n’y avait rien de bon là-dedans… C’est surtout l’Église que nous blâmions et blâmons encore au Québec : à la fin, elle prenait trop de place. Ce n’est pas faux, on la retrouvait même jusque dans la chambre à coucher. Mais, comment (diable) ce revirement est-il survenu?

L’OISEAU DE LA SCIENCE Après deux mille ans de règne, on ne tourne pas le dos à une si longue histoire du jour au lendemain. Chez nous, c’est certainement lors de la Révolution tranquille que l’Église a commencé à avoir du plomb dans l’aile. Toutefois, il faut se souvenir que des idées nouvelles avaient d’abord ébranlé l’institution. Une révolution scientifique avait eu lieu au siècle précédent. À l’époque, plusieurs penseurs européens baignaient déjà dans des idées favorables à la théorie de l’évolution. Charles Darwin a fini de convaincre les sceptiques avec un argumentaire très bien tissé, simple et efficace. La publication de L’Origine des espèces arrivait à point. Un ouvrage solide. Pour tout dire, il a involontairement bouleversé l’ordre du monde avec une histoire de pigeon. C’est que la noblesse de l’époque s’adonnait alors à l’élevage de ces désormais peu nobles oiseaux. L’éleveur favorisait des traits biologiques qu’il jugeait agréables, tels qu’un gros buste et un plumage coloré, grâce à la reproduction. Les géniteurs, observe Darwin, tendent à transmettre leurs traits à leur descendance. Tout le monde était d’accord sur le premier chapitre de l’ouvrage. Tous pratiquaient, sans le savoir, la sélection génétique et pouvaient ainsi confirmer cette tendance. Ne restait plus qu’à continuer : la nature, accidentellement, fait aussi la même chose. Elle exerce une pression de sélection sur les caractères, les animaux changent. Plusieurs étaient d’accord, c’est logique. C’est ainsi que, lentement, l’air de rien, le pigeon a eu raison de la création. L’auteur ne pouvait se douter que la publication de l’ouvrage allait frapper si fort.

DES PLUMES EN MOINS La révolution scientifique du XIXe siècle a donc fourni des arguments empiriques solides pour expliquer des phénomènes naturels observables. Parallèlement, ces preuves sont aussi venues ébranler la croyance en Dieu puisqu’elles venaient contredire certaines interprétations de la Bible, surtout celles concernant la création. Bien sûr, les lectures les plus radicales ne laissaient place à aucune autre possibilité, comme dans tout autre dogme. Seuls les plus modérés ont su tolérer l’idée. Après tout, l’intention première n’était pas d’opposer la science à la foi. Pourtant, c’est l’impression que nous en avons aujourd’hui, que l’avènement de la science signifie forcément la mort de Dieu. Certes, nous avons eu de bonnes raisons de rejeter l’Église, nous, les athéistes modernes, mais force est de constater que quelque chose s’est perdu. Nous ne pouvons prétendre que l’anéantissement de la foi a donné naissance à un humanisme grandiose. Puis, il faut dire qu’Il était aussi un bon camarade, Dieu : toujours là! Maintenant, nous sommes embêtés. Seuls, surtout. Le christianisme s’adressait à l’individu, il fournissait des réponses à des questions fondamentales : où vastu, d’où viens-tu? Depuis, les autres possibilités sont aussi lointaines qu’angoissantes. Nous sommes des primates qui allons disparaître. Avalés par le temps qui passe. La matière qui te compose sera dispersée, puis recyclée par le cosmos pour une infinité de temps, de manières infinies, dans le vide intersidéral. Tu es la somme d’un code génétique. Un amas d’atomes. Quelle morale? Tu proviens du néant, tu retourneras au néant. Voilà ce que nous dit la science. On ne trouve plus de sens, moi le premier. Si bien que depuis la lecture de Darwin, lorsque je vois un pigeon s’envoler, je ne peux m’empêcher de me demander si ce n’est pas Dieu qui quitte les hommes.

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PREMIÈRES NATIONS

LES SEPT GRANDS-PÈRES DE FRANK POLSON

JOSÉE HARDY PARÉ

Nous sommes au Centre d’art Rotary de La Sarre. Jusqu’au 25 février prochain, les œuvres de Frank Polson habillent les murs de la galerie. Originaire de Winneway, l’artiste peint depuis plusieurs années. Il a découvert l’art en peignant sur des jeans jacket alors qu’il était en prison, quelque part dans les années 1980. Depuis, il n’a jamais rangé ses pinceaux. Les œuvres de Frank Polson se distinguent par des couleurs chaudes, riches, et franches. Elles attirent l’œil et nous racontent les beautés et la richesse de la culture anicinabe. À travers l’exposition Les sept grands-pères, le peintre nous ouvre les portes de sa spiritualité et de celle de sa nation. Il nous invite à voir, à travers sept animaux totems, bien plus que des bêtes sauvages.

LES CONTES DU ROUET Lise Millette En regroupant en un recueil les mythes et légendes de la région, la capitaine du projet, Christine Doré, estime livrer aujourd’hui « un legs pour nos histoires qui passeront de l’oral à l’écrit ». Le lancement du recueil Les contes du rouet aura lieu à Sainte-GermaineBoulé le 8 février, quelques jours avant le Carnaval qui se tiendra les 10 et 11 février et où des exemplaires seront mis en vente. Le recueil réunit sept contes dont Norbert, écrit par Félix Leclerc et paru en 1942, qui se veut un hommage aux pionniers. On y retrouvera aussi des textes inédits d’auteurs d’ici, un conte sur les vaches Holstein de la ferme Bégin, un clin d’œil aux bretelles de Mononc’Jack et une partie de l’imaginaire de Guillaume Beaulieu.

J’ai lu récemment l’excellent et touchant livre La vie habitable de Véronique Côté, paru chez Atelier 10 en 2014. Dans cet ouvrage, l’auteure tente de nous amener à réfléchir sur la place que nous laissons à la poésie dans notre vie. Elle demande à l’anthropologue, auteur et animateur Serge Bouchard ce qu’est la poésie au quotidien, selon lui. Il nous explique alors en quoi à ses yeux, un vieux camion tout rouillé n’est pas qu’un tas de ferraille. Pour lui, c’est plutôt un engin qui a vu l’orage, les tempêtes. Un engin duquel émanent force et énergie et qui a mené ses passagers dans de magnifiques contrées. Voici d’ailleurs un extrait du bouquin qui m’a beaucoup fait réfléchir. « Les animaux ne sont pas que des animaux, les machines sont plus que des machines, imaginez les gens, l’amitié, l’émotion. La poésie est un impensable raccourci qui donne accès au cœur multiple des choses. Une société amputée du pouvoir de sacraliser le moindre détail de son être est une société pauvre, constamment en crise de sens. Elle s’agite dans le vide de son instrumentalité, elle se perd dans le creux de ses calculs comptables. Cette société d’entrepôts, d’autoroutes, et de grandes surfaces ne voit que la froideur de sa terra rasa1. » C’est avec l’esprit ouvert et le piton poésie à on que je vous invite à aller à la rencontre des sept grands-pères tels que peints par Frank Polson. À travers ces animaux totémiques qui incarnent la sagesse (le castor), l’amour (l’aigle), le respect (l’orignal), la bravoure (l’ours), l’humilité (le loup), l’honnêteté (le Big Foot) et la vérité (la tortue), permettez-vous de voir au-delà de l’animal. Sortez de la rationalité imposée par notre époque. Servez-vous des œuvres chaleureuses de ce grand artiste anicinabe pour faire découvrir à l’être unidimensionnel que nous sommes une tout autre définition des éléments qui nous entourent.

BAL AU MUSÉE 10 FÉVRIER 19H

ANNE THÉBERGE 22 FÉV - 2 AVRIL 2018

« C’est un projet de 18 mois qui se termine. Beaucoup de gens ont mis la main à la pâte de l’écriture à la révision linguistique, la Société d’histoire s’est aussi impliquée », résume Mme Doré. « L’intérêt du recueil tient aussi au fait qu’il apporte des éléments historiques. Pour chaque conte, nous avons greffé une petite capsule nommée Vue de côté, dans laquelle une personne qui était proche du conteur ou de la famille explique les faits ou les anecdotes derrière le conte », précise Mme Doré.

BÉCHARD & HUDON 22 FÉV - 30 AVRIL 2018

1

Côté, V. (2014). La vie habitable. Montréal : Atelier 10.

Un bel honneur pour Frank Polson La Monnaie royale canadienne reconnaît les œuvres de l’artiste de Winneway Frank Polson, en dévoilant une série unique de pièces de monnaie, qui seront offertes dans un nombre limité.

L’école primaire Le Maillon recevra également le recueil, ce qui permettra aux élèves de travailler sur ce style d’écriture avec des histoires qui parlent de leur propre milieu. La porteuse du projet se réjouit de cette collaboration. « C’est un peu la promotion de la tradition orale, de l’art de se raconter des histoires, des contes et légendes. Et en même temps, on fait la promotion de notre propre histoire afin de les porter de génération en génération. » Le prix du recueil a été fixé à 20 $ et les fonds recueillis seront réinvestis dans la communauté de Sainte-GermaineBoulé.

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L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 13


Cinquante ans d’évolution de la population étudiante

Dans le cadre du 50 e anniversaire du Cégep, nous vous présentons le troisième texte d’une série de chroniques historiques sur cet établissement d’enseignement supérieur.

Par Yvon Lafond Ils sont plus de sept cents sur la ligne de départ, en septembre 1967. Leur provenance est alors très diversifiée. On y retrouve notamment celles et ceux qui, après un des cycles secondaires de l’époque, ont réussi leur année du Cours préparatoire aux études supérieures. Mais le Cégep accueille aussi dans ses rangs des jeunes qui ont terminé l’équivalent d’une douzième année d’études, en provenance des collèges classiques, des écoles des arts et métiers (secteur technique), de l’École des infirmières, etc.

convaincante. La tendance générale demeure vigoureusement à la hausse, jusqu’au sommet enregistré en 1993. Les inscriptions frôlent cette année-là les trois mille personnes. Par la suite, la période 1993-2015 laisse voir une tendance assez stable des inscriptions. Elles se maintiennent alors à un niveau élevé, fluctuant autour de la barre des deux mille cinq cents.

élément important : le degré de popularité du Cégep d’ici par rapport à ses concurrents que sont les autres cégeps, les collèges privés québécois et certains collèges de l’Ontario. Au cours de la période observée (de 1970 à 2002), le passage du secondaire au collégial fluctue autour d’un axe ascendant qui atteint 65 % au début de l’an 2000. Pendant la même période, la popularité du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue oscille autour de 77 %.

Quelles sont les raisons de ces fluctuations? Au premier plan figurent les variations du nombre de finissants du secondaire général, qui forment le principal bassin de recrutement du Cégep. En second lieu, on observe que l’intérêt envers les études collégiales varie dans le temps. Troisième

Conclusion : depuis longtemps les jeunes d’ici choisissent très majoritairement leur Cégep régional, lorsqu’ils décident de poursuive leurs études au-delà du secondaire. Au moment où le Cégep célèbre ses cinquante ans, ce constat fait figure de bonne nouvelle!

Plus tard, l’obtention du diplôme d’études secondaires (D.E.S.) servira de condition générale d’admission au Cégep. Le nombre de ces finissants du secondaire influencera donc grandement l’évolution de la population cégépienne, bien que d’autres facteurs entrent en jeu. Mais commençons par voir comment cela a évolué. Dès 1970, les inscriptions dépassent le cap du millier. En fait, les six premières années sont marquées par une croissance rapide et continue. Puis, à compter de 1973 et pendant les vingt années suivantes, les inscriptions connaissent des périodes régulières de décroissance, chaque fois suivies d’une reprise

Ariane Desgagnés-Leclerc, diplômée en Arts, lettres et communication, option langues, comédienne

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14 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018

Crédit photo : Christian Leduc

« J’ai toujours eu un grand intérêt pour les langues. J’ai donc choisi le programme d’Arts, lettres et communication au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Dans l’option langues, nous avons plusieurs choix : l’anglais, l’espagnol, l’allemand! Après le collège, j’ai étudié le coréen, le japonais et le mandarin. Là, ça a été le grand départ pour réaliser un rêve en Corée du Sud : faire du cinéma et du théâtre! »

2018-01-22 11:00:26


MA RÉGION, J’EN MANGE!

PÂTES CARBONARA AU FROMAGE DE CHÈVRE CHEF LOUIS-JOSEPH BEAUCHAMP

INGRÉDIENTS

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4 œufs 100 g (35 oz) fromage Cru du Clocher Réserve 2 ans 125 g (4 oz) fromage Le Roulé nature, défait à la fourchette 60 g (1/4 tasse) persil frais haché sel de mer et poivre du moulin 250 g (1/2 lb) bacon en tranches de 5 mm, coupées en dés 4 gousses d’ail, hachées finement 500 g (1 lb) pâtes longues (fettucines ou linguines) 1 g (1/4 c. à thé) piment chipotle moulu

MÉTHODE Dans un grand cul-de-poule, mélanger les œufs et les fromages. Ajouter du persil ainsi que du poivre et réserver jusqu’à la toute fin. Faire revenir le bacon à feu moyen-fort, idéalement dans un wok. Lorsque le bacon a rendu son gras, dégraisser si désiré, puis ajouter l’ail. Pendant ce temps, faire cuire les pâtes al dente dans l’eau salée. Ajouter le piment chipotle au bacon ainsi qu’un peu d’eau de cuisson des pâtes afin d’attendrir la viande. Lorsque les pâtes sont cuites, les égoutter rapidement, les incorporer dans le wok et bien mélanger. Ajouter le mélange d’œufs au mélange de pâtes et brasser rapidement pour bien enrober les pâtes. Servir immédiatement.

L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 15


SPÉCIAL POÉSIE Merci à tous ceux et celles qui ont participé aux concours. Les autres poèmes soumis seront publiés sur le site de L’Indice bohémien le 14 février.

LE PARTAGE

MAL DU MOIS

ARMAND CHIASSON

JÉRÔME ADAM

Il n’y a qu’un soleil qu’il faut se partager; Il faut permettre à tous d’en profiter. Il n’y a qu’une terre pour toute l’humanité; Il faut permettre à tous de l’habiter.

Novembre, difficile d’y échapper Novembre, on ne peut pas s’en sauver Novembre, mes espoirs semblent envolés Novembre, pourquoi si rare est la clarté?

Si tu amasses trop avant le grand voyage, Sache qu’il se fera sans aucun bagage. Si tu as partagé, ce sera ton seul gage Quand tu seras au bout de ton âge.

Novembre, je n’ai pas vu l’été passer Novembre, l’hiver s’en vient mais pas pressé Novembre, qui a tué notre grand Dédé Novembre, peureux j’avance dans ta ternité

Si la vie t’accorde tant et tant de bonheur, Partage avec celui qui est dans le malheur. Si ton jardin est beau et tant rempli de fleurs, Offres-en à celui qui connaît les pleurs.

Novembre a tué la verdure Novembre l’a remplacé par froidure Novembre, clairement le mois le plus dur Novembre, je n’ai que mon sourire comme armure

Si tu as la chance d’une fière santé, Prête ton bras solide à qui est amputé. Si ton regard permet d’admirer les beautés, Raconte-les à l’aveugle d’à côté.

Novembre s’amuse à m’étouffer Novembre, mes fondements sont déstabilisés Novembre, je vois trouble dans mes idées Novembre voudrait me voir tomber

Si tu connais les mots qui feront sourire, Préfère-les à ceux qui causent le déplaisir. Si tu ressens espoir et bonheur de vivre, Communique cela à qui craint l’avenir. Si de connaissances ton esprit est tout plein, Transmets tout ton savoir aux enfants des humains. Si tu as pratiqué le travail de tes mains, Montre-le à d’autres en pensant à demain.

Novembre, je peux plus m’endurer Novembre, ma tête va exploser Novembre, touche-moi pas, lâche-moé! Novembre, c’est trop, je pense à abandonner Décembre, enfin je peux respirer Novembre, au moins une autre année.

VOLONTÉ DE SURVIVRE

D’OR ET DE FILAMENTS

JEANNINE PROVOST

ANTOINE DESROSIERS

Impuissance de la couleur À traduire mon désarroi Entrelacs de lignes Sans consistance, sans forme Ma vie s’en va Résolument vers son destin Je ne laisse rien Qui trahira ma présence Mon existence Mes peurs, mes amours Comme le souffle S’efface dans le vent Ainsi, je ne serai plus Me restent mes amours La suite n’est pas Longue Durera-t-elle? Jusques à quand? Quelques décennies Puis sera le temps de la généalogie Je suis une femme… On me perdra dans le temps

Perdues dans les grands champs auréolés D’or de blé se chantent les merveilles soudaines Par les coups d’instruments du vent doux sur la plaine, Alors tu t’y trouves au bonheur bercé et envolé.

Mémère

16 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018

Tu montes les marches d’or de richesses Qui se renversent sous tes pas, comme poussière, Ébloui par ta beauté faisant rougir les sphères, L’or coule à tes pieds; renversant les plus grandes princesses.


APPEL DE

DOSSIER

MALGRÉ LA ROUTE QUI NOUS SÉPARE

2018

Description du projet

La deuxième édition de la Triennale en métiers d’art est une initiative du Centre d’art Rotary de La Sarre. Ce collectif sera à l’affiche du 21 juin au 2 septembre 2018 au Centre d’art Rotary et du 15 septembre au 28 octobre 2018 à l’Espace Pierre-Debain, la galerie en métiers d’art de la Ville de Gatineau. La Triennale en métiers d’art est une exposition qui fait connaître et apprécier les métiers d’art en attirant l’attention sur le travail des artistes professionnels de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Outaouais. Elle est aussi l’occasion de mettre en lumière les processus de création propres à cette discipline afin de permettre au public d’en apprécier toute la richesse. En plus de favoriser les échanges avec le public et de faire la promotion des métiers d’art, l’événement veut aussi permettre aux artistes de notre région d’élargir leur réseau professionnel. Ce rendez-vous culturel présentera les oeuvres d’artistes en métiers d’art de l’Abitibi-Témiscamingue ainsi que de la région de l’Outaouais. Les métiers d’art regroupent les 11 disciplines reconnues : le bois, la céramique, les cuirs, peaux et fourrures, les matériaux organiques, les matériaux plastiques, ciments, béton, plâtre, les métaux, le papier, la pierre, les textiles et le verre. Les métiers d’art varient et la qualité du travail de ceux qui s’y illustrent saute aux yeux. Ce sont de merveilleux innovateurs qui méritent toute notre attention. Grâce à l’initiative de la Triennale, le Centre d’art Rotary leur ouvre une fenêtre particulière qui les met en lumière dans un contexte idéal et dans les règles de l’art.

Partenariat avec l’Espace Pierre-Debain, la galerie en métiers d’art de la Ville de Gatineau Cette deuxième édition est l’occasion d’ouvrir les perspectives de ce qui se fait dans ces régions par les artisans professionnels. En partenariat avec la région de l’Outaouais, l’Espace Pierre-Debain, la galerie en métiers d’art de la Ville de Gatineau, recevra l’exposition du 15 septembre au 28 octobre 2018. Vous pouvez présenter un

1.

Conditions de participation

maximum de 5 œuvres, et un maximum de 3 œuvres pourront être retenues pour l’exposition.

Artistes professionnels et semi-professionnels L’exposition est ouverte aux artistes professionnels en Le jury qui procédera à l’évaluation des métiers d’art ou qui tendent à le devenir. œuvres est composé d’artisans ayant L’artiste doit répondre à au moins trois des quatre critères obtenu une reconnaissance professuivants : sionnelle en métiers d’art et possédant une expertise à titre d’évaluateur au [ ] Il se déclare artiste professionnel. Conseil des métiers d’art du Québec. [ ] Il crée des œuvres pour son propre compte. [ ] Ses œuvres sont exposées, produites ou publiées, Le dossier de candidature doit représentées en public ou mises en marché par un être posté au plus tard le 30 mars diffuseur. 2018. [ ] Il a reçu de ses pairs des témoignages de reconnaissance comme professionnel, par une mention d’honneur, une À l’attention de Véronique Trudel Responsable des arts visuels récompense, un prix, une bourse, une nomination à un jury, la sélection à un salon ou tout autre moyen de même 6, 4 e avenue Est nature. La Sarre (Qc) J9Z 1J9

2.

3.

Critères de sélection

• Qualité artistique et générale des œuvres • Maîtrise technique • Originalité des œuvres dans leur ensemble

Conditions d’admissibilité

Dates et lieux d’exposition

Du 21 juin au 2 septembre 2018 au Centre d’art Rotary

de La Sarre,

195, rue Principale.

Du 15 septembre au 28 octobre 2018

• L’artiste réside actuellement en Abitibi-Témiscamingue ou dans le secteur VVB (Villebois, Val-Paradis, Beaucanton). • Sa pratique en métiers d’art s’inscrit dans l’une des onze grandes familles: le bois | la céramique | les cuir, peaux et à l’Espace Pierre-Debain, fourrures | les matériaux décoratifs | les matériaux organiques | galerie en métiers d’art les matériaux plastiques, ciments, bétons, plâtre | les métaux | le de la Ville de Gatineau, papier | la pierre | les textiles | le verre. 120, rue Principale. • Les techniques de fabrication du produit doivent faire appel à l’une ou l’autre des techniques de métiers d’art et témoigner de la Pour toute question, maîtrise de ces techniques, qu’elles soient simples ou complexes. contactez Véronique Trudel au • Pour être reconnu comme produit de métiers d’art, le produit doit 819-333-2282 poste 284 ou à faire état de l’intervention de l’artiste ou de l’atelier dans la vtrudel@ville.lasarre.qc.ca transformation de la matière, et la fabrication doit être sous le contrôle de l’artiste ou de l’atelier qui signe l’œuvre. Pour être considérée, toute demande d’admission doit • Le produit peut être réalisé pour répondre à l’une ou l’autre, ou à l’ensemble des plusieurs des fonctions suivantes : utilitaire, décorative ou d’expression. contenir documents requis. • L’œuvre doit être déjà réalisée et disponible (aucune maquette ou croquis ne sera accepté). Il doit s’agir d’une œuvre inédite et récente Pour informations et pour (qui n’a jamais été exposée dans un lieu de diffusion ou dans une boutique en Abitibi-Témiscamingue incluant les boutiques en ligne). vous procurer le formulaire

L’ESPACE PIERRE-DEBAIN Galerie en métiers d'art

d’inscription,consultez: www.ville.lasarre.qc.ca dans l’onglet Triennale en métiers d’art 2018 | Appel de dossier.

POUR UN BILAN DE SANTÉ ANNUEL… DU TERRITOIRE ÉLISE BLAIS-DOWDY

Les gens de la région semblent porter un amour important envers les grands espaces et avoir à cœur la proximité de la nature dans leur vie quotidienne. Cela transparaît lorsque l’on s’attarde à des discours comme celui présenté dans la vidéo promotionnelle de l’organisme Valorisation Abitibi-Témiscamingue, où l’on présente avec fierté les atouts écologiques de la région. Quelque 65 000 km2 de « terrain de jeu » sans limites où 146 000 personnes se partagent 22 000 lacs, et dont la qualité de l’eau issue du réseau hydrographique souterrain est reconnue mondialement. Que ce soit pour ses terres agricoles (une des plus importantes réserves de terres toujours cultivables en Amérique du Nord), ses forêts, la richesse minérale de ses sols, de même que ses atouts récréatifs, on y vante le potentiel immense de développement industriel de la région. Ce qui est mis de l’avant, c’est une qualité de vie que l’on attribue au mariage d’une prospérité économique et de la proximité de la nature. Or, que sait-on réellement de l’état de santé de ces vastes territoires dont on fait l’éloge? Si la nature est véritablement au cœur de l’économie régionale grâce aux ressources naturelles qui en sont extraites, il semble qu’elle soit aussi (ou plutôt) l’éponge du développement industriel. « 22 000 lacs »... traversés par des rivières polluées? Sans surprise, les activités industrielles peuvent être source de pollution et de contamination. On n’a qu’à penser au déversement de matières résiduelles dans les sols, dans l’atmosphère, et dans l’eau. Récemment, l’Organisme de bassin versant Abitibi-Jamésie (OBVAJ) dénonçait une situation préoccupante par rapport à la santé des rivières. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, la chargée de projet de l’OBVAJ, Kimberly Côté affirme que la dégradation de la qualité de l’eau des rivières serait attribuable à certaines pratiques agricoles, aux mauvaises habitudes des utilisateurs des cours d’eau, mais aussi aux rejets industriels et d’égout des municipalités. En effet, aucun échantillon d’eau des rivières analysées à l’été 2017 ne présentait une qualité d’eau jugée bonne. L’organisme dénonce, surtout, un manque criant de données sur l’état des cours d’eau, ainsi qu’un sous-financement de l’État pour pallier cette situation. « 65 000 km2 de terrain de jeu »... entre deux sites miniers abandonnés Dans le répertoire des sites miniers abandonnés du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, on trouvait, en date du 31 mars 2016, 108 sites orphelins rétrocédés à l’État en Abitibi-Témiscamingue seulement. Pour environ 40 % des sites miniers abandonnés, la restauration serait soit incomplète ou non amorcée. Toutefois, la restauration de ces sites figure parmi les objectifs importants du Ministère. D’ici 2022, l’espoir est tel que l’on espère réduire de 80 % le passif environnemental des sites miniers abandonnés. Or, de ces sites, nous ne savons que peu de choses : ils sont nombreux, coûteux (plus de 20 M$ ont été dépensés entre 2007 et 2016 pour les sites dont la restauration est terminée), et ils ont des impacts, mal définis, sur l’environnement et la santé publique. La santé environnementale, une question de santé publique Pour quiconque n’est pas spécialiste en toxicologie, il apparaît difficile de mesurer les conséquences de la contamination des sols et de l’eau sur la santé humaine, de même que sur la santé des animaux, poissons et végétaux qui sont à la base de régimes alimentaires et de subsistance. À cet effet, nous pourrions être en mesure d’attendre de la Direction de la santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) qu’elle assure une de ses missions principales, soit celle de la prévention et la gestion des risques environnementaux. Face à un portrait abstrait du legs environnemental de plus ou moins 100 ans de développement industriel sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue malgré une présence humaine millénaire, les proclamations d’amour du territoire pourraient-elles, plutôt que d’entretenir une vision idyllique de la nature, servir de moteur à un engagement réel face à la préservation de la santé des écosystèmes, et de ce fait, de notre propre santé?

L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 17


MUSIQUE

LISE MILLETTE

Pour une deuxième année, l’Orchestre symphonique régional propose une tournée de récitals qui allient musique et poésie. Cette année, le concept Des notes et des mots est présenté sous le thème Paroles de femmes.

CAMILLE FIRLOTTE

PAROLES DE FEMMES ET MÉLODIES CLASSIQUES

Trois auteures ont été invitées à livrer un texte. Trois femmes, trois regards, trois ambiances distinctes imaginées par Sonia Cotten, Élizabeth Carle et Virginia Pesemapeo-Bordeleau, et dont les récits seront lus par la comédienne Odette Caron.

« Elle lui parle et s’adresse à sa mère décédée, Marcelle Cusson. C’est un hommage vraiment très beau », affirme Odette Caron.

Mme Caron a accepté de présenter sommairement chacun des textes qu’elle déclinera et qui seront entrecoupés par des œuvres musicales composées par Camille Brunet-Villeneuve, Nicole Perron et Aubert Larouche.

La troisième auteure, Sonia Cotten, a imaginé quant à elle une histoire mettant en scène trois femmes portant le même prénom, Geneviève. Une sorte de chassé-croisé des vies de chacune. Possible d’en savoir plus?

« Virginie a écrit un conte qui met en scène trois sœurs. L’histoire est très poétique. Dans ce texte, le Père du Temps et la Mère du Monde ont eu trois filles : Lumière du matin, Lune pleine et Étoile du soir. Ces filles cherchent entre autres la sagesse », explique la comédienne.

« Je ne suis que la lectrice », lance Odette Caron, laissant planer un certain mystère sur cette histoire « des trois Geneviève », comme elle la surnomme.

Pour sa part, Élizabeth Carle a plutôt choisi de rédiger une forme d’hommage à sa mère.

La tournée de l’Orchestre symphonique régional sera de passage dans chacune des MRC du 9 au 18 février, mais aucune ville-centre ne sera visitée. Paroles de femmes sera présenté à Cléricy, Clerval, Malartic, La Motte et Saint-Bruno-de-Guigues.

Au Centre d’exposition d’Amos…

pour voir autrement !

DIE SOME MORE : THE CRIMSON EP JÉRÔME ADAM

Le premier album du groupe métal Die Some More a été lancé cet automne sous la forme d’un microalbum (EP), soit un court album à quatre titres. The Crimson est le fruit du travail de quatre musiciens rouynorandiens. Ce groupe est composé de Sonny Hamel (voix et guitare), accompagné par Michaël Tremblay (basse et guitare), Vincent Lefebvre-Lemire (batterie) et Mathieu Villeneuve (basse). Die Some More a récemment été créé par le principal compositeur du groupe, Sonny Hamel. Désireux de suivre sa propre voie dans une image plus concise qui lui ressemblera davantage, il a quitté son ancien groupe pour former Die Some More.

Clément de Gaulejac LES NAUFRAGEURS

Une production de VOX Centre de l’image contemporaine

Dans un univers énigmatique, Clément de Gaulejac invite petits et grands à réfléchir aux mythes qui structurent notre compréhension du monde. Comment? Au moyen d’un savant dosage d’humour, d’inventions métaphoriques et de jeux linguistiques – les outils privilégiés par cet artiste pour affronter les défis du monde moderne.

Samian ENFANT DE LA TERRE Photographie

« Mon pays n’a pas de frontière, il n’a pas de couleur/Je suis un enfant de la terre. » Le rappeur d’origine algonquine et citoyen engagé Samian revêt ici le chapeau de photographe pour présenter une sélection de plus d’une trentaine de clichés réalisés en noir et blanc. Surveillez le vernissage prochain en compagnie de Samian ! Centre d’exposition d’Amos

222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Du mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

18 L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018

Grâce au soutient financier du

Seulement quelques mois après leur formation le groupe enregistre déjà The Crimson. Cet album est pour eux une carte de visite. « On s’est dépêché à enregistrer pour avoir quelque chose à présenter au public. Que lorsqu’on parlera de nous, il y ait quelque chose à voir. C’est également par souci de professionnalisme, on prouve qu’on est sérieux », m’ont confié Sonny et Vincent. Le choix de Crimson, l’adjectif désignant un rouge très foncé et sombre, est issu de la dernière chanson du microalbum, Crimson Dreams, qui, selon le groupe, les représente très bien. Cette couleur est à l’image de leur style de musique et de leurs chansons, c’est-à-dire sanglante. On la retrouve également en élément de décor de leurs prestations, par une épaisse lumière rouge éclairant la scène. Cependant, ce qui démarque Die Some More des autres et ce qui a porté mon intérêt vers ceux-ci, c’est la profondeur des thèmes qu’ils abordent. La musique métal est reconnue pour tendre vers la peur, qui est souvent exploitée au premier degré par des images terrifiantes ou des églises qui brûlent, par exemple, mais ce n’est pas l’avenue prise par la formation. Sonny Hamel trouve ces images parfois vides et fait remarquer que la peur la plus grande est celle de l’avenir de l’humain. Il critique la société moderne matérialiste et dépeint de sombres horizons pour l’homme à travers ses textes. On retrouve facilement ce pessimisme envers le futur dans les titres de leurs chansons, par exemple Yesterday’s Over (Tommorow’s Gone) ou It’s Getting Dark. Dans Dusk Arise, on nous présente une troisième guerre mondiale, contrôlée par nos élites désireuses d’acquérir toujours et encore plus de pouvoir et d’argent dans le monde capitaliste actuel. Bref, le compositeur utilise cette peur pour nous faire réfléchir, ce qui est très noble et d’autant plus enrichissant. Pour voir en l’action la qualité instrumentale ainsi que le génie créateur du groupe Die Some More, c’est au Barbe Broue de Ville-Marie qu’il faut aller le 17 février prochain. Leur EP The Crimson est également disponible sur iTunes. De plus, le groupe ne chôme pas puisqu’un deuxième album, celui-ci de huit chansons, est déjà prêt et il ne reste plus qu’à l’enregistrer.


MUSIQUE

QUATRE PETITS MUSICIENS

AFFRONTEZ LE FROID AVEC LES NUIT[S] POLAIRE[S]

LISE MILLETTE

La maison d’Èveline Laverdière est habitée de gammes, de cordes, de sons tirés d’instruments à vent et sans doute de quelques fausses notes. Sous son toit, ses quatre enfants, trois garçons et une fillette, en sont tous à la découverte exploratoire de la musique. Ce ne sont peut-être pas des virtuoses, du moins pas encore, mais la possibilité est là et ils pourront en faire ce qui leur semblera. « Mon conjoint et moi avons joué du piano plus jeunes et il y avait un instrument dans la maison. Quand les enfants ont montré un intérêt, nous les avons d’abord aidés à s’approprier l’instrument, nous leur avons montré à lire la musique », raconte Mme Laverdière. De fil en aiguille, la curiosité s’est accrue au point où aujourd’hui, les quatre enfants du couple explorent l’univers musical. Antoine, 10 ans, a commencé le piano au Centre de musique de Val-d’Or, mais une surprise attendait les parents cet automne. « À la Commission scolaire de l’Or-et-des-Bois, ils ont une harmonie avec les 5e et 6e… et il nous a ramené un trombone à la maison! » raconte Mme Laverdière. Édouard, 9 ans, a essayé le cor français, mais il lui manque un peu de coffre. Pour le moment, il a donc opté pour la flûte. Le troisième enfant, Albert, âgé de 7 ans, s’est mis à la guitare depuis 1 an et la cadette, Rose, âgée de 5 ans et demi, apprend maintenant le violon avec Louise Arpin, de l’Ensemble Allegro. Quatre petits musiciens, pour les parents, c’est toute une gestion logistique. « On essaie de coordonner tout ça parce que, comme parents, on n’en a pas un, pas deux, mais quatre. La chorale, ils sont là tous en même temps, mais pas pour les autres cours! Mais je crois qu’il faut créer des opportunités et puis on peut dire qu’on a de beaux spectacles dans nos soupers de famille. » Èveline Laverdière aimerait bien casser le mythe voulant que la musique soit en quelque sorte réservée à une « élite » parce que c’est dispendieux. « Il est possible d’avoir accès à ces activités-là par l’harmonie scolaire, à très peu de frais, ou encore en allant voir les élèves du Conservatoire en fin d’année », insiste-t-elle.

JULIE DALLAIRE

Dans le cadre de la série Haut-Parleurs 16-30, le Service culturel de la Ville de Val-d’Or revient avec la Nuit polaire, sous une autre formule qui se veut un microfestival hivernal. Le plaisir sera ainsi doublé puisqu’une deuxième nuit s’ajoute à la programmation. Il va de soi que le nom de l’événement en est modifié : NUIT[S] POLAIRE[S]. La Ville de Val-d’Or s’associe encore cette année avec l’organisme PapaChat & filles et le FRIMAT. Stéphanie Poitras, coordonnatrice à la programmation culturelle de la ville de Val-d’Or, explique que cette association était évidente pour elle : « Ils ajoutent une folie nouvelle à ce que l’on fait déjà. Aussi, ils ont une expertise en événementiel que la Ville n’a pas encore totalement acquise. C’est aussi une superbe occasion pour créer une cohésion au sein même des différents services de la Ville : Service culturel, Service sport et plein air et Travaux publics. » Elle ajoute que ce dernier service apporte l’aspect sécuritaire puisqu’il a pour rôle de prêter du matériel lié à la sécurité, de s’assurer que le sol ne soit pas trop glissant lors de l’événement et d’aménager le terrain qui accueillera la majestueuse tente en forme d’igloo. Les NUIT[S] POLAIRE[S] se dérouleront les 2 et 3 mars prochain dans la féerie de la Forêt récréative. Le choix de ce lieu se veut une occasion de le découvrir pour les gens qui ne le connaissent pas tout en permettant aux utilisateurs réguliers de participer à une activité culturelle. La coordonnatrice fait savoir qu’il y a là un souhait de casser l’image négative de l’hiver que nous avons acquise et d’amener quelque chose de différent et de rassembleur dans les infrastructures de la Ville. Le site sera accessible durant les deux soirées, mais l’accès à l’igloo et aux spectacles exige un billet. Pour ce qui est de la folie, les spectateurs auront droit à des prestations de Valaire (en reprise) et des Deuxluxes pour la première nuit. Pour la seconde, ce sera Jacques Jacobus, Qualité Motel et Beat Market. Rappelons que Haut-Parleurs 16-30 est né d’un comité consultatif mis en place dans le passé afin de dresser un portrait du type de soirée qui fait vibrer les gens âgés de 16 à 30 ans. Il en a résulté une création d’une série de spectacles qui les interpellent davantage. Vous pouvez vous procurer les billets sur TicketAcces.net

Elle souligne également l’arrivée de pianos publics qui rendent aussi la découverte et l’exploration musicale possible. Ils participent aussi à cet effort de partager la musique et de démocratiser les instruments. « Il y a tellement d’activités, il suffit d’être au courant. On peut aller à un vernissage au centre culturel, c’est gratuit. On fait le tour tranquillement, on leur demande ce qu’ils aiment dans l’une ou l’autre des œuvres », plaide Mme Laverdière. Membre du conseil d’administration de l’Orchestre symphonique régional de l’AbitibiTémiscamingue (OSRAT), Èveline Laverdière est une ambassadrice de la culture et demeure convaincue qu’il est possible d’avoir accès à l’art et à la musique, même avec un petit ou sans véritable budget. « Comme société, on encourage beaucoup le sport, mais le volet de la créativité et de voir du beau est aussi important… Ça leur permet encore plus de se développer comme personne et ça leur apprend que la beauté peut faire partie de notre vie. »

L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 19


ENVIRONNEMENT

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

MUSIQUE

AU SON DE LA TROMPETTE LISE MILLETTE

BIANCA BÉDARD, M. SC., CHARGÉE DE PROJETS

L’année 2018 s’annonce propice à la transition énergétique en AbitibiTémiscamingue! La production et la consommation d’énergies fossiles de même que les changements climatiques sont sans conteste interreliés. Or, le potentiel de réduction de consommation de carburant, de réduction des émissions de GES et de développement d’énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse agricole et forestière, géothermie, etc.) en Abitibi-Témiscamingue est grand. De plus, la région peut profiter de la transition énergétique afin de revitaliser les communautés. Il s’avère donc nécessaire de réunir les acteurs régionaux concernés de différents secteurs pour discuter de ces enjeux. Les enjeux actuels de mobilité durable, d’aménagement du territoire et d’urbanisme, d’optimisation énergétique des bâtiments, de développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) et les changements climatiques, etc., sont au cœur des débats de notre société. Pourtant, la plupart de ces enjeux sont traités en silos et selon une vision à court terme. La transition énergétique concerne des enjeux très variés qui touchent divers domaines, dont la santé, l’environnement, l’économie et bien d’autres. Il est nécessaire de faire avancer les connaissances, les réflexions pour mettre de l’avant des pistes de solutions et des outils en matière de transition énergétique, mais également en ce qui a trait à l’adaptation et à la mitigation des changements climatiques. Les acteurs régionaux, dont les municipalités et les MRC, les industries, les commerces et les institutions (ICI), les chambres de commerce et les sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC), entre autres, ont un rôle de premier plan à jouer dans la transition énergétique de la région. À ce sujet, un forum régional sur la mobilité durable et les changements climatiques permettra de réunir et de concerter les acteurs régionaux le 15 mars 2018 à Rouyn-Noranda. Pour assurer un rayonnement régional, une série de conférences, orientées sur le thème de la transition énergétique et des changements climatiques appliqués à différents secteurs d’activités selon les enjeux locaux, seront offertes durant l’année 2018. Parmi les thématiques abordées, l’efficacité énergétique du bâtiment, le rôle de l’urbanisme dans l’adaptation aux changements climatiques et la biomasse agricole et forestière en contexte minier seront proposées. Ces événements, organisés par le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT), seront donc des occasions uniques pour les décideurs, les entreprises, les professionnels et les acteurs socioéconomiques de la région de se rassembler et de réfléchir ensemble à l’avenir énergétique et au développement territorial de la région. Ils permettront également d’offrir des solutions concrètes et durables afin d’engager la région dans une démarche de réduction des gaz à effet de serre et d’adaptation aux changements climatiques. Il s’agit d’opportunités de développement et de synergies entre les acteurs de la région pour une amélioration durable de la situation actuelle. De plus, en ciblant certains secteurs et en offrant du contenu concret, le CREAT propose d’aller au-delà d’un survol général des changements climatiques pour approfondir des éléments précis auprès d’acteurs concernés afin, espérons-le, de les mobiliser vers le changement. L’avenir énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue est rempli de défis, d’occasions et de questions de sociétés auxquels la région devra répondre d’un front commun. Pour connaître les détails des événements, consultez le site web creat08.ca ou la page Facebook du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue.

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

Après sept ans d’absence, une formation à l’Université de Montréal et une maîtrise à McGill en trompette, Émilie Fortin a pris rendez-vous avec le public sur la scène du Conservatoire de Val-d’Or. La jeune femme de 28 ans a étudié dans cette enceinte, mais n’avait encore jamais joué dans la salle de spectacle de son alma mater. Née à Val-d’Or, Émilie Fortin a découvert la trompette à l’âge de 12 ans, par le hasard d’un programme scolaire. « Je ne viens vraiment pas d’une famille de musiciens. Avant le secondaire, il y a eu une sorte de réunion et quand je suis entrée dans la classe de musique, j’ai eu comme une illumination! » En participant à l’harmonie de l’école Le Transit, Émilie Fortin s’est découvert bien plus qu’un instrument ou une nouvelle passion. « Je suis enfant unique et j’avais toujours été solitaire… L’harmonie m’a apporté une vie de groupe et le sentiment d’être utile à un groupe. » En troisième secondaire, Émilie a fait son entrée au Conservatoire à Val-d’Or et elle y est restée pendant 7 ans. « Pour mes parents, tant que je faisais quelque chose que j’aimais, ils étaient contents… Je ne sais pas s’ils étaient aussi contents d’entendre de la trompette tous les jours par contre », dit-elle dans un éclat de rire.

OLIVIER SIMARD-HENLEY

DES NOTES JOUÉES ET ENSEIGNÉES Pour son premier concert dans la région depuis la fin de ses études l’an dernier, Émilie Fortin a opté pour une formule duo trompette et piano, avec Olivier Dowd-Boucher qu’elle a rencontré en 2014 lors d’un stage de musique dans Charlevoix. « Olivier accompagnait les trompettistes. Nous avons une dizaine de pièces pianotrompette. Nous avons un concert en poche, ça vaudrait la peine de faire une tournée. D’ailleurs, nous allons le rejouer à Montréal. Un des plaisirs en musique, c’est jouer plus d’une fois les pièces qu’on travaille. Si les gens apprécient le concept, une tournée en Abitibi-Témiscamingue serait tout à fait possible », lance-t-elle. Entre temps, Émilie Fortin caresse de nombreux projets et enseigne aussi à Montréal dans des écoles secondaires et à la pige. À l’été 2017, elle s’est rendue en Haïti, dans un orphelinat. « Enseigner la musique à des enfants qui n’ont pas vu leurs parents depuis des années… c’est tout un défi. Je suis très organisée, mais j’ai dû adapter mon canevas, apprendre d’autres façons d’enseigner. Après être revenue d’Haïti, j’ai eu l’impression de pouvoir enseigner dans n’importe quel contexte. » Elle explique que le dépaysement a changé quelque chose chez elle et qu’elle a appris une grande leçon. « L’humilité… c’est toujours nous qui nous adaptons à l’élève. Il faut convenir que notre façon de faire ne convient pas. Il faut beaucoup de recul face à soi-même. Je ne suis pas obligée de faire ça, mais si je ne saisis pas l’opportunité de me mettre en danger, de me sortir de ma zone de confort… J’estime que c’est ce qu’il faut pour être prête à tout et avoir plus de pièces dans mon coffre d’outils. »

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RÉGION INTELLIGENTE

POST-VÉRITÉS ET TERRITOIRE

MICHEL DESFOSSÉS

Quel sera le terme, le mot-clic qui aura marqué l’année 2017, selon vous? et pauvres. Le capitalisme se réinvente en vidant désormais nos gouvernements de toute leur substance, les rendant incapables socialement. Bienvenue dans le néolibéralisme!

Vous me direz #metoo, #moiaussi, #balancetonporc probablement. Alors, qu’est-ce qui garnira la novlangue en 2018? Permettez-moi un petit retour sur 2016 que je vous fasse part d’une intuition. Fin 2016, le très sérieux dictionnaire Oxford a décerné le titre de mot international de l’année à un nouveau terme : la post-vérité. Selon Le Point.fr, les premières occurrences de ce nouveau buzzword apparaissent en 1992, mais son utilisation aurait fait un bond de 2000 % entre 2015 et 2016! Explications du porte-parole de l’auguste société Oxford, Casper Grathwohl : « La fréquence d’utilisation du mot a vraiment augmenté en juin 2016 avec le Brexit et puis à nouveau en juillet, quand Donald Trump a obtenu l’investiture présidentielle du Parti républicain. » Ah, ben voilà! On l’a échappé belle! Pas de problème, pour nous. C’est le problème des Américains avec leur président à l’aura orangé.

Pendant ce temps, il ne s’est pas trouvé beaucoup de politiciens du centre, de droite ou de la gauche bobo assez transparents pour reconnaître que l’État québécois maintenant austérisé n’est plus en mesure d’accompagner le développement intégré du territoire et des personnes dans un dessein organisé collectivement. Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient, disait l’autre candidement en début de mandat, il y a 3 ans. Le grand récit est remplacé par le chacun pour soi, point. Trahies, les masses laborieuses n’y croient plus. Ne croient pas non plus les médias qui ont laissé rouler la cassette toutes ces années. Des médias qui ne sont plus capables de comprendre le monde dans lequel nous vivons parce que les sondeurs ne saisissent plus l’humeur citoyenne. Ils ne voient plus l’écho de projets collectifs sur leur radar. Traités de fabricants de fausses nouvelles par des détenteurs de la post-vérité, il ne reste plus à nos médias que la vérification des faits pour tenter de débusquer les conneries du premier twitteur levé et des pièges à clics de Facebook.

Désolé de vous écrire ça, mais cette année 2018, qui en sera une électorale au Québec, il y a de fortes chances que nous aussi en Abitibi-Témiscamingue, soyons exposés à une bonne dose de post-vérités, notamment sur le développement régional et notre avenir commun.

Le reste de l’histoire s’installe donc sur les cendres à peine refroidies de la désillusion envers le duo politiciens/médias.

Post-vérité?

Ça serait donc la fin de l’utopie générale. Fin de la nôtre aussi, notre utopie régionale, celle qui s’est construite en 50 ans à coups de gueule, de descentes dans les rues en janvier sous zéro?

Plusieurs philosophes et historiens estiment que la post-vérité tire ses origines des universitaires qui, dans les années 1970 et 1980, se sont mis à discréditer l’idée de vérité unique, lui préférant le concept d’objectivité. Les gens de ma génération ont donc grandi avec l’assurance tranquille que chacun peut posséder sa vérité… tant que l’on fait preuve d’un chouïa d’honnêteté.

Par défaut, on vient peut-être de trouver le prochain buzzword, j’ai nommé le contraire de l’utopie : #dystopieAT Mais peut-être pas après tout… (une histoire à suivre)

Exit donc, chez les intellectuels, la vérité unique, le « grand récit » partagé par des populations portées par un idéal commun. Plus besoin donc que les citoyens se mobilisent dans de durs combats pour le développement de la communauté. L’État-providence et les élus portent les fruits de la démocratie et assurent les régions de leur volonté d’assurer le développement social et économique. C’était avant.

Pour un contenu augmenté de cette chronique, visitez-nous en ligne au indicebohemien.org pour découvrir l’enrobage musical de Félix B. Desfossés avec Funky President (People it’s Bad).

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Mais voilà que mondialement, les grands consortiums privés forts de la croissance des golden years estiment pouvoir faire mieux en augmentant l’écart entre riches

L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 21


PHOTOGRAPHIE

SAMIAN ENFANT DE LA TERRE, EXPOSITION GASTON A. LACROIX

Le Centre d’exposition d’Amos a présenté sa nouvelle programmation le 19 janvier dernier et l’auteur-compositeur, rappeur, poète et photographe Samian y est à l’affiche jusqu’au 18 mars. Le vernissage en présence de l’artiste aura lieu le 9 février.

OMBRE ET LUMIÈRE C’est en tant qu’écrivain et citoyen engagé que Samian noircit la feuille blanche pour donner vie à son sujet. Et quand il met son chapeau de photographe, il utilise la lumière pour le tirer de l’ombre.

photos qu’il a captées au Nicaragua, au Costa Rica, en Nouvelle-Calédonie, au Maroc, en Égypte, à Mingan et un peu partout, ont rayé les frontières de son esprit. Puis, il est devenu porte-parole de World Press Photo en 2015, alors qu’il a été nommé « Artiste pour la paix ». Les mots du rappeur ainsi que ses photographies sont les deux cartes maîtresses dans son combat pour faire réfléchir, apaiser les cœurs et réduire les frontières.

L’écart est faible entre les mots et les photos, dit-il. C’est pourquoi il a développé une passion pour la photographie qui, pour lui, est une poésie en soi.

Samian, qui se veut un ambassadeur de paix et un pont entre les gens, présente des photos en noir et blanc qui comprennent sept différents peuples. Des regards qui en disent long sur des âmes pleines d’espoir, de vécu, de tristesse, de réflexion et de sagesse.

ÉCRIRE AVEC LA LUMIÈRE

Ses explorations l’ont convaincu que les différences de culture des humains sont la force de l’humanité.

Pour Samian, ces deux types d’art que sont l’écriture et la photographie sont porteurs des émotions, des expressions de l’humanité. Voilà pourquoi il a nommé son exposition de photos Enfant de la terre, le même titre que son troisième album sorti en 2014. L’homme est un être de lumière que révèlent les photos. En fait, pour Samian dont les mots valent mille images, les regards des enfants et des aînés dans ses photos font des images qui valent mille mots. « C’est ainsi que l’écriture me donne des images et que mes photographies me donnent des mots. » Les crises identitaires que traversent nos sociétés, autochtones, québécoises et canadiennes le désolent beaucoup. Alors, il s’est muni d’une caméra, et clic, clic, clic, les

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« Il faut être fier de qui on est, il faut porter ça en soi, mais il ne faut pas dénigrer l’autre », dit-il. Nul ne doute que cette conviction qui l’anime lui fait dire : « Mon pays n’a pas de frontière, il n’a pas de couleur/Je suis un enfant de la terre. » Samian a dernièrement déclaré qu’il compte donner les 36 photos de son exposition Enfant de la terre à son école primaire de Pikogan, près d’Amos. Le Centre d’exposition d’Amos accueille également une autre exposition, dont il sera question dans le numéro de mars de L’Indice bohémien. Intitulée Les naufrageurs, il s’agit d’une installation d’art actuel de l’artiste Clément de Gaujelac.


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CALENDRIER CULTUREL FÉVRIER 2018 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

THÉÂTRE Anne la maison aux pignons verts 7 février, 20 h, Ville de La Sarre 8 février, 20 h, Le Rift (VM) 9 février, 19 h, Théâtre du cuivre (RN) 10 février, 20 h, Service culturel de Val-d’Or

Jeune femme Léonor Serraille 26 février, 19 h, Théâtre du cuivre (RN)

Elle Piaf encore 19 février, 19 h 30 Centre communautaire de La Motte

Barbara - Mathieu Amalric 11 février, 13 h 12 février, 19 h Théâtre du cuivre (RN)

Je suis William 17 février, 15 h 20 février, 19 h 30 Service culturel de Val-d’Or Irène sur mars 28 février, 20 h, Théâtre du cuivre (RN) HUMOUR Les grandes crues 3 février, 20 h, Théâtre Meglab (Malartic)

The Square - Rubben Ôstlund 4 février, 13 h 5 février, 19 h Théâtre du cuivre (RN)

Double peine de Léa Pool 18 février, 13 h 19 février, 19 h Théâtre du cuivre (RN) EXPOSITIONS Art et Patrimoine de Val-d’Or 2 au 18 février, Centre d’exposition de Val-d’Or

Maurice Bénard, rêveur opinâtre Jusqu’au 30 mars Centre d’archives (Amos) Enfant de la Terre - Samian Jusqu’au 18 mars Centre d’Exposition d’Amos Les naufrageurs Clément de Gaulejac Jusqu’au 25 mars Centre d’exposition d’Amos JEUNE PUBLIC Livromagie (5 à 8 ans) 14 février, 18 h 30 Bibliothèque municipale d’Amos Lucille Bisson Marianne Bellehumeur (9 à 13 ans) 24 février, 13 h 30 Bibliothèque municipale d’Amos

Dix territoires - UQAT Jusqu’au 18 février, MA, musée d’art (RN)

Mon petit prince (théâtre) 5 février, 9 h 30 et 13 h 30 6 février 9 h 30 et 13 h 30 Agora des arts (RN)

Équipoise Chelsea Greenwell Jusqu’au 18 février GRIS : Pantone 423 U MA, musée d’art (RN)

L’heure du conte 17 février, 13 h 30 23 et 24 février, 18 h Bibliothèque municipale d’Amos

Western catholique et Klondike québécois Jusqu’au 25 février, L’Écart (RN)

MUSIQUE

Ourse cosmique Virginia P. Bordeleau Jusqu’au 25 février, L’Écart (RN)

Soiree métal avec Backstabber et groupes invités 17 février, Barbe broue (VM)

Dominique Blais se livre à nous 18 février, 13 h 30 Bibliothèque municipale d’Amos

Les sept Grands-pères Frank Polson Jusqu’au 25 février, Centre d’art Rotary (LS)

Nos incontournables 7 février, 20 h, Théâtre du cuivre (RN)

CINÉMA

Hurler/HOWL Collectif ltwé et Jean-Ambroise Vesac 23 février au 29 mars Centre d’exposition de Val-d’Or

Eldorado Gold : Sexe-illégal 5 février, 20 h, Prospecteur (VD) BLEU : Pantone 306 U

Colette Gomette 24 février, 20 h, Théâtre du cuivre (RN) LITTÉRATURE

Arleen Thibault Le vœu 7 février, 19 h 30 Service culturel de Val-d’Or

Charlot et le cinéma muet 17 février, 14 h, Théâtre du cuivre (RN) 18 février, 14 h, Théâtre des Eskers (Amos) Festival du film de montagne de Banff 23 février, 19 h, Théâtre du cuivre (RN)

Parade nuptiale Jusqu’au 11 mars, Le Rift (VM) Pignons sur glace Jusqu’au 11 mars Le Rift (VM)

Almost Bon Jovi 3 février, Barbe broue (VM)

OSRAT - Des notes et des mots 9 février, 19 h, Bibliothèque municipale, Cléricy 10 février, 14 h Salle municipale de Clerval 16 février, 19 h Bibliothèque municipale de Malartic 17 février, 14 h, Salle de l’âge d’or, St-Bruno-de-Guigues 18 février, 14 h Centre communautaire de La Motte

Concert JMC Duo Cheng 2 17 février, 19 h 30, Le Rift (VM) 18 février, 14 h, Service culturel de Val-d’Or 20 février, 19 h 30, Théâtre des Eskers (Amos) 27 février, 19 h 30, Théâtre du cuivre (RN) L’élixir d’amour Gaetona Donizetti 10 février, 13 h, Théâtre du cuivre (RN) Robby Johnson 14 février, 20 h, Théâtre du cuivre (RN) 15 février, 19 h 30 Service culturel de Val-d’Or 16 février, 20 h, Ville de La Sarre Midi-musique 24 février, midi Conservatoire de musique de Val-d’Or Alexandre Poulin 22 février, 19 h 30 Théâtre des Eskers (Amos) 23 février, 20 h, Le Rift (VM) 24 février, 20 h, Service culturel de Val-d’Or 25 février, 14 h Théâtre du cuivre (RN) La bohème de Giacomo Puccini 24 février, 12 h 30 Théâtre du cuivre (RN) Charles Trudel Quartet spectournée 26 février, 19 h 30 Théâtre des Eskers (Amos) 27 février, 19 h 30 Service culturel de Val-d’Or 28 février, 20 h Ville de La Sarre (LS) DIVERS Le Cirque des frères Collini 15 et 16 février 19 h 17 février, 13 et 19 h 18 février, 13 h Agora des arts (RN) Bal au musée 10 février, dès 19 h MA, musée d’art (RN)

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEn FÉVRIER 2018 23


ARTS, LETTRES ET COMMUNICATION

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