DÉC. 2018 - JAN. 2019 V O L 1 0 - N O 4
MÉDIA ÉCRIT COMMUNAUTAIRE DE L’ANNÉE
+ DOSSIER MÉTIERS D’ART
4 KARINE HÉBERT ET LOUIS BRIEN SE DONNENT ET S’ABANDONNENT
10 DANS L’ANTRE
DE L’HOMME DES BOIS : VISITE CHEZ L’GROS TRAPPEUR
14 L’ART EN BARRE,
VOLET 3 : CRÉATION GOURMANDE AVEC JÉRÉMY GAMACHE
19 UNE AUTEURE
ABITIBIENNE PERCE EN EUROPE
21 UN SUCCÈS POUR
LE 31E SPECTACLE DE L’ENSEMBLE VOCAL DE L’AMITIÉ
ÉDITORIAL
HOCUS POCUS
Publié 10 fois l’an et distribué gratuitement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, fondée en novembre 2006.
MAUDE LABRECQUE-DENIS, RÉDACTRICE EN CHEF
Bien faire est un rituel qui ne peut se presser; le temps qui fuit entre les doigts affairés se transforme en beauté. Ceux qui s’activent ne voient d’ailleurs pas le temps passer. Ils consignent une parcelle de leur vie, pour leur plus grand bonheur et celui d’autrui. Bien faire est un acte généreux. Le repas cuisiné avec amour; la réparation du logis; cette couverture tricotée par grand-maman et imprégnée des odeurs de ceux qu’elle a réconfortés. Ces objets façonnés selon les techniques d’antan, gardiens de la mémoire et du temps. Des sortilèges quotidiens meublent nos vies, imbus d’un pouvoir qui leur appartient. Et ils donnent un peu de leur magie à ceux qui en veulent bien. Or, les temps sont durs pour les enchantements; on les utilise plus souvent qu’on les apprécie. Le bonheur, lorsque trop vite consommé, disparaît en fumée comme s’il n’avait jamais existé. Nos désirs incontrôlés consument le charme, et dans leur sillage laissent un grand vide jamais
moins, il reste tout plein de magie à partager avec ceux qui en ont aussi.
Et surtout, je nous souhaite de donner. De notre soin, de nos rires, de notre temps; parce qu’avec ceux que nous aimons, un petit bout de notre magie se transforme en fragment d’éternité.
Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677
Pendant ce temps, le système nous presse et nous presse encore, éternellement insatisfait de notre rendement. Il nous fait de faux cadeaux, ultimement destinés à retourner nourrir son insatiable appétit. Il punit, aussi. Parce qu’on a admiré les fleurs trop longtemps, parce qu’on a un peu trop pris notre temps; parce qu’on n’a pas envie, là, tout de suite, maintenant. Cette malédiction tourmente nos sociétés, enchaînant les âmes à des désirs qui ne les concernent pas réellement.
Joyeuses Fêtes!
Maude Labrecque-Denis redaction@indicebohemien.org 819 277-8738
Cette année, je nous souhaite de profiter de la magie du temps des Fêtes. De goûter chaque chose, de l’apprécier. De pratiquer l’art de vivre, l’art de bien faire les choses, l’art de bien manger.
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
RÉDACTION EN CHEF
COORDINATION RÉGIONALE
Heureusement, notre temps nous appartient lorsqu’on le veut vraiment. Quand on prend ce dont on a besoin, ni plus ni
FONCTIONNEMENT RÉDACTIONNEL DE L’INDICE BOHÉMIEN Depuis bientôt dix ans, L’Indice bohémien contribue au déploiement la culture témiscabitibienne. Grâce à un réseau bien implanté et à des bénévoles impliqués, nous avons la chance de pouvoir offrir aux artistes et aux organisations d’ici une couverture médiatique de qualité, contribuant à faire connaître leur travail et à valoriser nos milieux de vie.
Marie-France Beaudry, présidente | R-N Manon Faber, vice-présidente | R-N Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | R-N Carolann St-Jean, secrétaire | R-N Administratrices et administrateur : Anne-Laure Bourdaleix-Manin | Vallée-de-l’Or Carole Marcoux | Témiscamingue Léo Mayer | Abitibi-Ouest
comblé. Partout dans le monde, hommes, femmes et enfants manufacturent des bidules en série qui ne plaisent pas à grand monde, finalement. Ils donnent leurs vies pour vivre, et nous les achetons pour faire semblant que nous vivons vraiment. Hocus Pocus! C’est l’illusion de notre société. Un quotidien trop rempli, le temps qui fuit; celui qu’au lieu de nous réapproprier, nous accélérons bêtement. Nous le savons, pourtant! Que nos corps vieillissent et qu’à force de nous maltraiter nous ne faisons que devancer la ligne d’arrivée.
ARON, UNSPLASH
Le soin que nous mettons dans les choses que nous faisons leur insuffle une magie, j’en suis persuadée.
CONSEIL D’ADMINISTRATION
L’impact de L’Indice bohémien sur la communauté est considérable et son apport est reconnu. Toutefois, il arrive que nous devions répondre à certaines questions concernant les choix rédactionnels effectués.
De la cueillette des renseignements à la publication, vous pourrez découvrir tous les détails de notre fonctionnement et ainsi, nous l’espérons, influencer positivement le contenu de notre journal.
Afin de mieux vous informer, nous avons décidé de mettre en ligne notre processus de sélection rédactionnel (indicebohemien.org/implique-toi).
L’Indice bohémien, un journal PAR la communauté, POUR la communauté.
Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Anne-Laure Bourdaleix-Manin (MRC Vallée-de-l’Or) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Nancy Ross (Rouyn-Noranda)
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES Gaston A. Lacroix, Fednel Alexandre, Dominic Bérubé, Isabelle Brochu, Arianne Châteauvert St-Amour, Nancy Couture, Julie Dallaire, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés, Isabelle Gilbert, Mélanie Hallé, Régis Henlin, Diane Labrecque, Maude Labrecque-Denis, Sébastien Lafontaine, Philippe Marquis, Lise Millette, Michèle Paquette, Marcel Rodriguez, Dominique Roy, Dominic Ruel, Valérie Saint-Germain et Jean Tourangeau.
CONCEPTION GRAPHIQUE Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org Typographie : Harfang, André Simard, DGA
CORRECTION Geneviève Blais
EN COUVERTURE
SOMMAIRE
CHRONIQUES
Félix B. Desfossés et sa guitare au Motel Caroline de Ville-Marie.
4-6 ARTS VISUELS 6 CINÉMA 7 NUMÉRIQUE 8-9 SOCIÉTÉ 10-16 DOSSIER MÉTIERS D’ART 18-19 LITTÉRATURE 21 MUSIQUE
4 L’ANACHRONIQUE 5 TÊTE CHERCHEUSE 7 CULTURAT 13 DE PANACHE ET DE LAINE 17 ENVIRONNEMENT 18 RÉGION INTELLIGENTE 21 MA RÉGION, J’EN MANGE 22 POSTE D’ÉCOUTE
Photo : Christian Leduc
2 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
NOUS JOINDRE 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org
ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien
À LA UNE
LA MUSIQUE DU TÉMIS EXPOSÉE PAR FÉLIX B. DESFOSSÉS LISE MILLETTE
Après L’Abitibi-Témiscamingue sur vinyles présentée en 2017 au Centre d’exposition de Val-d’Or, Félix-B Desfossés signe Le patrimoine musical du Témiscamingue qui s’installe cette fois à la galerie du Rift de Ville-Marie jusqu’au 20 janvier. Cette exposition met l’accent sur les chanteurs et chanteuses du Témiscamingue, et plusieurs artéfacts et pièces d’anthologie régionales s’y glissent également. « On pourra voir plusieurs disques vinyle, beaucoup d’instruments de musique, des costumes portés sur scène par des musiciens de la région, des magazines, des journaux, des cartes postales et des objets promotionnels. Le tout fait partie d’un circuit de panneaux didactiques qui couvre les années 1940 à 1980, l’époque où le vinyle a été important dans nos vies », résume l’auteur. Les visiteurs pourront écouter des extraits musicaux accessibles avec un code QR « pour éviter la cacophonie ». Les gens seront invités à apporter leurs casques d’écoute pour s’immerger dans la musique et le temps. PLACE AUX FEMMES!
« Ce qui m’est apparu particulier au Témiscamingue, c’est que la musique y a quelque chose de très féminin, voire de matriarcal. Même chez les hommes, plusieurs ont confié y avoir été initié dans leurs familles, m’ont parlé de leur mère, de leurs tantes, de leurs enseignantes », confie Félix B. Desfossés. En réécoutant les premiers enregistrements, le journaliste a découvert que la première personne à avoir enregistré un disque professionnellement a été Blanche Leblanc, de La Force. C’est elle qui, en 1946, s’est rendue dans un studio situé dans le sud du Québec pour enregistrer sa voix sur vinyle. La chanteuse y a gravé la pièce La Paloma à Dieu. « Blanche Leblanc chantait dans les mariages et dans tous les événements de La Force et de Latulippe. C’est sa sœur qui avait payé pour l’enregistrement pour pouvoir l’entendre. Le disque est passé de main en main et on ne sait pas où il est rendu aujourd’hui », confie celui qui espère retrouver sa trace. Parmi d’autres grandes interprètes du Témiscamingue, citons Jacqueline Lemay, née à Guérin en 1937, qui a notamment écrit la chanson thème de la journée de la femme de 1975 commandé par l’ONU La moitié du monde est une femme. On lui doit également de nombreuses ritournelles pour enfants comme Luc va à l’école ou encore L’eau vive (Courrez, courrez vite si vous le pouvez). *
CHRISTIAN LEDUC
Mélomane, féru d’histoire et « musicurieux », le journaliste spécialisé en histoire de la musique québécoise Félix B. Desfossés scrute les fondements de la culture de la chanson populaire, tous genres confondus. « L’histoire ne se répète peut-être pas, mais elle rime souvent. Il y a des cycles qui se ressemblent d’une époque à l’autre, d’une génération à l’autre », indique-t-il.
CHANSONS, ROCK ET COUNTRY
L’histoire de la musique enregistrée telle que racontée par Félix B. Desfossés s’attarde aux différents genres musicaux. Le patrimoine musical du Témiscamingue embrasse ainsi un vaste répertoire. « On ne doit lever le nez sur aucun style de musique, aucun type de manifestation artistique. Notre culture est extrêmement riche… Quand on lève le nez sur le yéyé, le disco ou le country, on lève le nez sur tellement de créateurs et sur une culture qui nous appartient », tranche-t-il. De Jérôme Lemay du groupe Les Jérolas, né à Béarn, à Jacques Michel (Amène-toi chez nous) originaire du quartier Bellecombe de Rouyn-Noranda, en passant par Dany Aubé de La Sarre ou Raoul Duguay de Val-d’Or, l’Abitibi-Témiscamingue foisonne d’artistes qui ont marqué les générations. Félix B. Desfossés entend bien redonner à ces idoles du passé la place qui leur revient dans l’histoire. « C’est comme si, collectivement, on avait présumé que ce n’était pas bon ce qu’on avait fait dans les années 1960, mais sans jamais se demander pourquoi… En faisant mes recherches, j’ai réalisé qu’on n’avait rien à envier à la France ou ailleurs. On a eu nos génies », assume-t-il pleinement. Celui qui s’est spécialisé dans la musique populaire voit aussi dans sa démarche une manière de sonder l’identité québécoise dans ses diverses manifestations artistiques. « Pour moi, l’identité du Québec passe par sa musique; plus on va embrasser, connaître et accepter notre histoire musicale, plus on va connaître en profondeur notre identité », résume-t-il. Félix B. Desfossés est né à Rouyn-Noranda et travaille comme journaliste à la radio de Radio-Canada. Il est également cofondateur du Musée du rock’n’roll du Québec et a publié en 2014 le livre L’évolution du métal québécois. * Les liens pour écouter ces chansons de Blanche Leblanc sont disponibles dans la version Web de l’article.
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L’ANACHRONIQUE
ARTS VISUELS
CHRONIQUE
PAS À PAS PHILIPPE MARQUIS
KARINE HÉBERT ET LOUIS BRIEN SE DONNENT ET S’ABANDONNENT
Faire nos premiers pas…
ARIANNE CHÂTEAUVERT ST-AMOUR
Ce chemin est nouveau pour l’immense majorité d’entre nous. Il faut nous réinventer et changer nos habitudes pour protéger l’avenir de nos enfants. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : faire vivre la vie aussi longtemps que possible sur notre planète. Elle est notre unique habitat. Je ne vois pas d’autre choix : on doit commencer tout de suite. C’est ainsi que je perçois la lutte aux changements climatiques.
Dessin, gravure, photographie, poésie. Dès l’entrée, la photo d’une femme recouverte de poudre d’or ou de bronze, sur fond noir, une pomme à la main. Le regard intense qu’elle nous jette annonce le ton intime de l’exposition. Une autre de ces photos m’a particulièrement marquée. Ce même fond noir, la main de cette femme qui tient une pomme, cette fois brune et fripée; une vieille pomme. La métaphore liée au corps vieillissant frappe et nous réconcilie avec ce futur qui nous attend tous. (Merci Karine Hébert!)
Ne pas attendre et faire un premier pas. L’important est qu’il soit réel pour le plus grand nombre. Avancer ensemble pour ce que nous sommes de meilleur. S’éloigner du désastre qui s’annonce. Nous irons à la fois plus vite et plus loin en nous unifiant. Juste faire les premiers pas en évitant de se bousculer en ces temps qui nous pressent. Simplement marcher pour s’épargner de la ferraille et prendre l’air. Revenir au rythme qui est le nôtre depuis les débuts de l’humanité. Reprendre notre temps. Oublier de se presser. S’attendre, et non se faire compétition. Ralentir. Décroître. Se balader dans l’ombre du solstice d’hiver en écoutant la neige chanter sous nos pieds. Avancer sans chercher à s’inquiéter, sans se pencher sur un écran. Garder nos têtes droites pour voir au loin et inventer le chemin. Aller vers nous sans mettre les gaz. Simplement, comme on sourit en avalant le ciel, flocon par flocon. En faisant face aux vents ou en rougissant sous les coups de soleil suscités par la blancheur de janvier. Voyager sans hâte. Sentir les courbes de notre terre à chaque enjambée. Gravir les pentes et les descendre. Migrer en compagnie de nos semblables avec courage et simplicité comme les Honduriens, comme les Salvadoriens. Paso a paso. Fuir le pire… Profiter de tous les moments possibles pour être en bande. Festoyer avec la nourriture de chez nous. Danser alors que la raison mercantile impose de s’agenouiller. Flâner, ailleurs que dans les supermarchés. S’éloigner des cohues déchainées par les ventes de fin d’année. Parler de l’avenir de maison en maison en offrant nos vœux du Nouvel An. Faire sonner les cloches! Prendre le temps par la taille. Passer de chauds et bons moments dans les portiques. S’enivrer doucement avec les bières de nos microbrasseries. Marcher de moins en moins assurément de réveillon en réveillon… Serrer les mains, embrasser nos semblables. Jaser d’avenir avec espoir et lucidité. Souhaiter la meilleure des années, remonter notre col et repartir! Être certains de vouloir vivre encore dix mille ans. S’y diriger en souriant, l’air aussi confiant et brillant qu’une nuit à la fois glacée et étoilée. Le genre de nuit où les moteurs ne démarrent plus, et où seuls nos pas peuvent mener vers la bonne année.
PHOTOS : COURTOISIE
Sur un autre mur, une série de collages s’aligne. Des corps nus, hommes et femmes, collés, entrelacés, jeunes et vieux. Aucun tabou, aucune censure. Ces collages ne suggèrent que la beauté, la sensualité et l’amour. Ils glorifient l’abandon de soi dans une relation sans jugement, peu importe l’âge, le sexe ou les différences. Ma partie favorite arrive ensuite : les dessins. Le fusain, le crayon plomb et l’encre, si simples et pourtant criants d’honnêteté. Des lignes en apparence pêlemêles qui courent sur le papier et font naître les formes, les ombres et les lumières des corps représentés. Plusieurs croquis originaux, sur différents papiers; certains datant d’il y a longtemps, épinglés au mur tout simplement. Finalement, une série de photos prise lors d’un événement au Rouge Café. Des baisers. Des clichés d’amoureux en plan rapproché, leurs bouches s’embrassant tendrement. Barbu, ridée, souriant, passionnée; du bout des lèvres ou à pleine bouche; tous différents, à l’image de toutes ces personnes qui s’aiment sans contrainte. Et cette phrase de Louis Brien juste à côté : « Notre joie se confond et nos voix se prolongent au tréfonds de l’extase où nos corps emmêlés laissent couler à flots les humeurs de l’amour. De nos cœurs monte alors un cri d’éternité. » En conclusion, une exposition sensible, intime et poétique qui embrase le cœur et déjoue le temps.
FACE BOO K . COM / IN DIC EBOHEMI EN
4 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
L’exposition Don et abandon : Le sexe comme parcelle d’éternité de Karine Hébert et Louis Brien est présentée au Centre d’art Rotary de La Sarre jusqu’au 13 janvier.
ARTS VISUELS
TÊTE CHERCHEUSE CHRONIQUE
QUAND LA MATRICE DEVIENT L’ŒUVRE :
EXPOSITION COLLECTIVE À VAL-D’OR
DOMINIC RUEL
SÉBASTIEN LAFONTAINE
L’Atelier les Mille Feuilles propose une aventure dans le monde de la gravure en amont du produit fini en mettant à l’honneur la matrice, cet objet utilisé pour l’impression depuis plus de 400 ans. En tout, ce sont douze artistes-graveurs de la région qui, sous le commissariat de Yolaine Lefebvre, présentent leurs œuvres dans le cadre de l’exposition Matrices… d’elles-mêmes qui se tient au Centre d’exposition de Val-d’Or du 7 décembre au 27 janvier prochain. Invitée lors du démarrage du projet, la conférencière et artiste Jacinthe Loranger a présenté le parcours qui l’a menée, à travers la sérigraphie, à créer des œuvres sous forme d’installations tridimensionnelles. Son audace, ses propos et sa liberté d’expression ont inspiré les participants (Christiane Baillargeon, Louis Brien, Céline J. Dallaire, Brigitte B. Gagnon, Violaine Lafortune, Yolaine Lefebvre, Lee Lovsin, Armande Ouellet, Roger Pelerin, Micheline Plante, Joanne Poitras et Isabelle Roby) à oser entreprendre la mise en œuvre d’installations avec des « œuvres matricielles » comme résultats.
On se retrouvera bientôt en famille, entre amis, autour de la table ou au salon. On reparlera de 2018, on fera des bilans, le Bye-Bye nous rappellera ce qu’on avait oublié. On entend souvent qu’on ne doit jamais parler de religion ou de politique, pour éviter les chicanes qui peuvent briser l’ambiance et gâcher le réveillon. Un peu pompettes, on prendra des résolutions qu’on aura oubliées le 6 janvier, moi le premier. La volonté ne s’offre malheureusement pas en cadeau. Au buffet, devant les sandwichs, on reviendra sur ce qui a fait jaser. Donald Trump sera assurément nommé. C’est facile, c’est presque consensuel. Un sujet rassembleur, jusqu’en 2020, minimalement. On se félicitera qu’il ait perdu la Chambre en novembre, on pardonnera un peu aux Américains leur choix d’il y a deux ans. Les fêtards les plus courageux, alcool aidant, pousseront peut-être la note en voulant analyser les raisons des succès du président, qui ne sont probablement pas un accident de parcours ou une parenthèse. Si en plus ils reviennent sur la victoire de la CAQ, la chicane pourrait pogner, surtout s’il y a des partisans de Québec solidaire chez les neveux ou les cousins. D’ailleurs, j’aimerais tellement moi-même être plus à gauche, genre QS. Je le suis, mais moins que d’autres. Ça me semble être exaltant. Mais c’est pour moi trop de travail. Trop de courage aussi. Il en faut une dose pour se poser en homme vertueux, parfois en donneur de leçons. Ça vient avec une obligation de rigueur et d’exemplarité. Je rejoins un peu là-dessus Fabrice Luchini, comédien français, homme de théâtre, lecteur public de poésie (je vous invite à le découvrir cette année, tapez son nom sur YouTube) lorsqu’il dit : « Pas d’erreur, j’aurais tant aimé être de gauche, mais la difficulté pour y arriver me semble un peu au-dessus de mes forces ».
MAIS QU’EST-CE QU’UNE « ŒUVRE MATRICIELLE »?
Que ce soit en zinc, en cuivre, en bois, en carton ou en calcaire, le graveur crée toujours une empreinte, un réceptacle pour le pigment ou l’encre. L’objet, qui sert avant tout à imprimer, est par la suite mis de côté. Oubliées et détruites depuis plus de 400 ans, les matrices transposées sous forme d’œuvres invitent le contemplateur à investir l’histoire du geste. Il s’agit d’un retournement de situation : la matrice devient l’œuvre, formant ainsi une « œuvre matricielle ».
Autour de l’îlot, celui où les convives se regroupent instinctivement, celui où naissent les plus profondes discussions, celui qui rassemble (j’exige d’ailleurs que la présence d’un îlot en cuisine soit obligatoire, inscrite à même le Code du bâtiment), je nous souhaite, pour l’an prochain, tous les débats possibles, sans mépris, sans censure, sans concepts fumeux, sans trollisme. Nous aurons tôt ou tard de grandes questions à traiter. Savoir en discuter, c’est déjà un peu se montrer à la hauteur.
La commissaire explique que le projet vise à décloisonner l’art imprimé par la multidisciplinarité. Chaque œuvre prend sa source dans la pratique courante d’une des techniques de gravure : la lithographie sur plaque de polyester, la collagraphie, la xylographie sur bois, la linogravure, etc. De plus, chaque artiste a été amené à innover dans sa manière de faire, que ce soit par l’approche ou les matériaux, en expérimentant de nouvelles combinaisons de techniques, en abordant un sujet non exploré ou en travaillant sur un plus grand format. Le vernissage de l’exposition Matrices… d’elles-mêmes a lieu le 7 décembre à 17 h au Centre culturel de Val-d’Or.
HORS-D’ŒUVRE, ÎLOT ET CADEAUX
En terminant, aux échanges de cadeaux, pour sortir de l’instantanéité des écrans et des réseaux sociaux, je nous souhaite de la lecture. Un noble geste. Pour finir sérieusement, voici un court texte de Bernard Pivot, qui a beaucoup lu : « Le livre est un cadeau doublement flatteur. Il valorise autant celui qui l’offre que celui qui le reçoit. Il est une invitation à entrer dans un savoir et à connaître un plaisir que l’un a déjà apprécié et que, par amour ou par amitié, il veut mettre sous les yeux de l’autre. C’est un pari sur l’intelligence, plus risqué que des fleurs ou du vin. » Pivot dit aussi que ceux qui lisent sont moins cons. Bonne année!
MATRICES... D’ELLES-MÊMES PHOTO : COURTOISIE
Christine Moore Députée d’Abitibi-Témiscamingue
1-800-567-6433
christinemoore@parl.gc.ca | christinemoore.npd.ca
Venez me joindre dans mes différents bureaux!
Rouyn-Noranda | 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 | 1 800 587-6433 Ville-Marie | 3, rue Industrielle, Bureau 7 | 819 829-2728 Amos | 554, 1re Avenue Ouest, Bureau 101 | 819732-2266 La Sarre | 81-A, 5e Avenue Est | 819 339-2286 @MooreNPD
/ChristineMooreNPD L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 5
ARTS VISUELS
CINÉMA
HIVER ET IDENTITÉ : DOUBLE EXPO À AMOS
VUE SUR LE 37E FCIAT
GASTON A. LACROIX
DIANE LABRECQUE, CITOYENNE DE BROSSARD, FESTIVALIÈRE ET (SURTOUT!) CINÉPHILE
L’exposition prend la forme d’une installation vidéographique (animation d’une durée de huit minutes) accompagnée d’une ambiance sonore, d’artéfacts (lit, harpon, lunette, raquettes, manteau, bottes, etc.) et de dessins à partir desquels l’installation a été produite. Un guide audio sur l’exposition commenté par l’artiste est disponible sur la page Facebook du Centre d’exposition d’Amos.
entrée gratuite
42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 819 622-1362 leriftinc@tlb.sympatico.ca
LERIFT.CA 6 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
Généalogies
Du 16Du novembre 21 septembre 2018 au 11 20 novembre janvier 2018 2019
Frank Polson Ariane Ouellet Les Sept Grands-Pères (Rouyn-Noranda)
COURTOISIE
VERNISSAGE 21 SEPTEMBRE 16 NOVEMBRE, 17 H
Eskimo de Sorel de Samuel Breton a reçu le prix Coup de cœur du public au Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul en 2016.
Je reviendrai au FCIAT et j’encourage tout le monde à en faire l’expérience au moins une fois, ne serait-ce que pour découvrir une région formidable et se laisser transporter par des films qu’autrement, on ne serait pas allés voir.
LES LAURÉATS DU FCIAT 2018
Grand prix Hydro-Québec : Woman at War - Benedikt Erlingsson Prix Télébec : Trois pages - Roger Gariépy Prix animé TVA Abitibi-Témiscamingue : Animal Behaviour - David Fine et Alison Snowden Prix communications et société : Happy Face d’Alexandre Franchi, mettant en vedette l’acteur d’origine valdorienne Robin L’Houmeau Prix Télé-Québec (Espace court) : Lunar-Orbit Rendezvous - Mélanie Charbonneau. Prix de la relève Desjardins : Je déteste ma vie - Adam Moreau, Simon Roberge et Shany Lanoix (Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue) et Réflexion Cyprien Jeancolas (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Don Quichotte, l’accessible étoile
L’achat d’une paire de bottes de marque Sorel, modèle Eskimo, a été à l’origine de l’exposition Eskimo de Sorel du bachelier en beaux-arts et maître en arts visuels Samuel Breton. « Sorel » et « Eskimo », deux mots vendeurs pour l’entreprise, mais remplis de clichés et de stéréotypes. Des mots liés à l’identité qui évoquent des souvenirs collectifs transformés (les bottes ne sont pas fabriquées à Sorel, mais plutôt en Ontario). Surfant sur cette idée et inspiré du film documentaire Nanook of the North (Robert J. Flaherty, 1922) et du roman Agaguk (Yves Thériault, 1958), film et livre donnant l’impression de voir le vrai Inuit dans son habitat naturel alors que la réalité est toute autre, Samuel Breton revisite ses souvenirs d’enfance et déconstruit le stéréotype de l’Eskimo, abordant de façon poétique les thèmes de l’appropriation culturelle à des fins commerciales et l’impact de ces représentations sur l’imaginaire occidental.
Le FCIAT, c’est aussi une rencontre avec le monde dans toute sa beauté et ses laideurs, ses ressemblances et ses différences, ses espoirs et ses misères. Bien qu’à mon avis, la programmation de cette 37e édition ait été moins puissante et intéressante que celle de l’année précédente (comme pour le vin, j’imagine qu’il y a les années de grands crus et les autres), le Festival nous réservait de bien belles surprises, particulièrement en ce qui a trait aux films étrangers. Ainsi, des films comme Happy Face et Bitter flowers – que je ne serais pas allée voir de moi-même – m’ont ravie. Par contre, surtout du côté des courts métrages, j’avais parfois l’impression que la forme prenait trop de place au détriment du contenu (c’est bien, les nouvelles technologies, mais ça ne remplacera jamais un bon sujet et une histoire bien racontée). Mais là encore, j’ai aussi découvert des petits bijoux qui m’ont charmée. Enfin, petite déception, le film Woman at War du réalisateur Benedikt Erlingsson, qui a remporté le prix du public, était présenté à 9 h le dimanche matin et je l’ai manqué. J’aurais volontiers échangé certains films pour avoir la possibilité de voir ce qui semble avoir été le secret le mieux gardé du Festival.
Martin Héroux
SAMUEL BRETON, L’ESKIMO DE SOREL
TIM DE BOUVILLE
VITRINE SUR UN ARTISTE
Formé en arts plastiques, en design graphique et en communications, Claude Guérin a longtemps travaillé comme designer graphique, surtout en arts visuels et dans le milieu universitaire.
Le patrimoine musical du Témiscamingue
Qu’elles soient de la rivière Saguenay, du lac Saint-Louis, du lac Saint-Pierre, du lac des Deux-Montagnes, à Escuminac en Gaspésie, du lac La Motte, de la rivière Thompson ou du lac Témiscamingue, ces cabanes sont des éléments de notre paysage, chacune ayant sa propre personnalité (ce qui ravit Claude Guérin) et attestant d’un mode de vie. Accompagnant les photos de Guérin, des maquettes tirées de l’exposition Points-clefs : Cabanes, abris, pylônes de Bertrand Rougier, maître en architecture, démontrent que les abris Tempo, les pylônes électriques et les cabanes à pêche sont des points d’attache entre la technique et notre territoire québécois. « Révéler la beauté là où personne ne la voit, c’est la raison d’être de l’art, mais aussi la meilleure façon de décrire Pignons sur glace », explique M. Guérin.
En tout premier lieu, c’est aller à la rencontre d’une région qui, par son dynamisme, sa créativité et sa résilience, réussit depuis maintenant 37 ans à organiser un festival de grande qualité, apprécié à la fois des artisans du cinéma que des spectateurs. Il est d’ailleurs dommage que cet événement ne trouve pas plus d’écho dans les médias de la grande région de Montréal.
Félix B. Desfossés (Rouyn-Noranda)
Pignons sur glace, une exposition d’une vingtaine de photos, propose deux recherches artistiques : une sur la photographie et une autre sur le paysage architectural québécois. Le travail se rapproche ainsi de l’anthropologie photographique, une curiosité qui anime l’artiste depuis maintenant une dizaine d’années.
Pourquoi aller si loin pour voir des films? Outre le fait que la distribution de films à Montréal fait la portion congrue aux films étrangers et que ceux-ci ne peuvent en général être vus que dans le cadre d’un festival ou dans quelques cinémas de répertoire, aller au FCIAT, c’est avant tout aller à la rencontre de l’autre, accepter de se faire interpeller et de se remettre en question, de se confronter à une réalité différente de la sienne, de sortir de sa zone de confort et de ses certitudes.
La Vitrine
PIGNONS SUR GLACE DE CLAUDE GUÉRIN
10 h, je quitte Montréal. Direction : le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT).
Pascale Leblanc Lavigne
Le 2 novembre dernier avait lieu le vernissage de deux expositions qui ont eu l’heur de plaire à l’important public présent et de célébrer l’hiver qui est à nos portes. Deux expositions ayant en commun de toucher l’imaginaire et l’identité, présentées jusqu’au 6 janvier au Centre d’exposition d’Amos
NUMÉRIQUE
C U T U R AT CHRONIQUE
ACHETER LOCAL, C’EST PRENDRE SOIN DE SA RÉGION MÉLANIE HALLÉ
JEAN TOURANGEAU, AVEC LA CONTRIBUTION DE VALENTIN FOCH
Un conteneur de métal en plein milieu d’une rue. Les portes sont ouvertes. À l’intérieur, des rangées de chaises, un écran au fond.
Périodiquement, on entend parler de prioriser l’achat local. Au-delà des enjeux environnementaux et éthiques, qu’est-ce que ça nous apporte? Pourquoi devrait-on accepter de payer plus cher pour quelque chose qui est produit localement? Ce n’est un secret pour personne, quand on paie un bien moins cher que le coût réel de production, ça signifie que c’est quelqu’un d’autre qui paie le véritable coût à notre place (coût environnemental, coût en conditions de travail, etc.). Qu’est-ce qui se cache derrière les coûts plus élevés des biens produits au Québec? Il y a tout d’abord le prix des matières premières, qui tient compte des normes environnementales en vigueur au Québec. Il y a ensuite le coût de la main-d’œuvre nécessaire pour réaliser les différentes étapes de la production. Il faut également tenir compte des autres coûts liés au fonctionnement : électricité, loyer, assurances. Viennent ensuite les commissions que se prennent les différents commerces et qui varient de 30 % à 50 % du prix de vente au détail. La part de profit qui reste (0 % à 20 %) sert à payer la publicité, l’administration ou à investir dans de meilleurs équipements. S’il en reste suffisamment, il arrive que l’artisan puisse se verser un salaire. MAIS QU’EST-CE QUE ÇA CHANGE CONCRÈTEMENT?
Acheter local, c’est d’abord et avant tout choisir d’investir dans notre économie, choisir de protéger des emplois ici. L’impact est d’autant plus grand si les produits achetés ont été fabriqués ou transformés dans la région, à partir de ressources locales. Les produits fabriqués ici répondent aux normes environnementales et aux coûts de la main-d’œuvre en vigueur au Québec. Comme les artisans ne peuvent pas rivaliser avec les produits importés à bas prix de l’étranger, s’ils veulent réussir, ils doivent faire preuve de créativité et utiliser des matériaux de qualité. Généralement, acheter chez un artisan est un gage de qualité et de durabilité, ce qui permet, à long terme, de réduire sa consommation. Sans oublier que la présence de plusieurs petites entreprises florissantes améliore l’offre de produits et de services, ce qui contribue à la qualité de vie générale. Sans compter que l’argent dépensé localement est souvent réinvesti localement. Acheter local, c’est tout ça, mais avant toute chose, il s’agit d’une expérience humaine. Avez-vous déjà participé à un marché de Noël? Pris le temps de discuter avec un artisan? Lorsqu’on s’y rend avec un esprit de découverte, on y rencontre des artisans passionnés et inspirants, on y trouve des produits de qualité et durables, on y découvre de nouvelles saveurs. On y échange des connaissances, on aide à préserver le savoir-faire. On peut trouver des objets uniques, des créations en série limitée ou des contacts pour une création sur mesure. Au fil des marchés, des liens se tissent et ces échanges enrichissent nos communautés.
HUGO LACROIX
DANS LA CHAMBRE BLEUE
Alors? Comment voulez-vous vivre votre magasinage du temps des fêtes cette année?
Chaque année, en novembre et décembre, les marchés de Noël se déploient un peu partout dans la région. Ces événements publics offrent la possibilité aux citoyens d’aller à la rencontre des artistes et des artisans locaux et de faire de belles découvertes, en plus de favoriser l’achat de produits locaux pour le temps des Fêtes.
Un lieu de projection mobile, c’est la solution alternative aux salles traditionnelles que plusieurs diffuseurs culturels ont récemment adoptée. Le Festival de cinéma de la Ville de Québec a fait circuler deux conteneurs, aménagés en mini-salles de cinéma de six places, dans lesquels le public pouvait visionner des courts métrages. Le cinéma Paraloeil de Rimouski a fait sillonner ses conteneurs bleus, transformés en salles de cinéma mobiles, dans les rues de la ville. Le soir, on les utilisait comme écran pour projeter des vidéos d’art. Un gros fauteuil en cuir entouré de rideaux de velours noir. Une voix qui pose des questions. Des visuels abstraits sont projetés sur le corps selon les réponses. La voix invite le public à raconter un rêve. Les images sont personnalisées. L’environnement nous envahit, fait perdre tout repère. Le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue a poussé l’innovation encore plus loin en présentant, du 27 octobre au 1er novembre dernier, une immersion numérique singulière. À l’intérieur d’une camionnette stationnée près du Théâtre du cuivre, dans le noir, des projections étaient dirigées sur les visiteurs à la manière d’un mappage (mapping). Les visiteurs étaient alors plongés dans un autre monde; au cœur des images plutôt que devant celles-ci. Contrairement aux installations des musées ou des centres d’exposition, l’expérience n’était pas collective. Le visiteur était seul dans la chambre bleue, dans le miroir plutôt que face au miroir. L’ambiance était si intimiste qu’elle nous « déplaçait », l’espace d’un moment, à la rencontre de nous-mêmes. Serait-ce la différence entre le cinéma et le numérique ? Ce projet a été conçu et réalisé par La Cave, un groupe d’étudiants finissants à la maîtrise en création numérique de l’UQAT formé de Benoît Adam, Louis Artiges et Tim de Bouville.
Invitation aux artistes professionnels en arts visuels et métiers d’art ainsi qu’aux commissaires qui désirent présenter un projet d’exposition.
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Le dépôt d’un seul dossier est nécessaire alors que l’ACEAT s’assure de faire le suivi auprès des quatre centres d’exposition d’Amos, La Sarre, Val-d’Or ,Ville-Marie et du musée d’art de Rouyn-Noranda
Votre dossier doit comprendre sur support numérique (DVD-clé USB) • Description détaillée du projet d’exposition • Visuel du projet d’exposition avec description des œuvres (entre 10 à 20 images, jpg 72 dpi) • Curriculum vitae • Démarche artistique • Dossier de presse numérisé (facultatif-articles majeurs seulement)
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Télécharger le formulaire d’inscription au amos.quebec/exposition sous l’onglet « Formulaire proposition d’expositions-ACEAT » ou directement à partir des sites Web de chacune des institutions respectives.
Avant le 31 janvier 2019, faire parvenir votre dossier dûment complété à ACEAT a/s Marianne Trudel 222, 1re Avenue Est, Amos (Québec), J9T 1H3
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Aucun dossier accepté par courriel et aucun dossier ne sera retourné.
Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org
Pour informations
exposition@ville.amos.qc.ca 819 732-6070, poste 402 Depuis 1980, l’ACEAT constitue un réseau de diffusion professionnel qui regroupe cinq centres d’exposition reconnus de l’Abitibi-Témiscamingue.
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SOCIÉTÉ 15 novembre 2018 au 13 janvier 2019
VISITE CHEZ LE MARCHAND DE MAGIE ISABELLE BROCHU
COURTOISIE
Depuis déjà plusieurs jours, le magnifique tapis blanc s’installe sur notre belle région. Si le retour de l’hiver fait le malheur de certains, d’autres ont déjà la tête remplie de magie.
Certains d’entre vous ont certainement vécu l’époque où c’était la tradition de partir en balade sur la terre familiale le samedi ou le dimanche après-midi pour aller chercher l’arbre de Noël qui décorerait le salon durant les festivités. Plusieurs autres, issus d’une autre génération, n’ont pas connu cette activité; c’est le sapin artificiel acheté en grande surface qui orne aujourd’hui des salons. Dans ce monde où tout va trop vite, Claude Grenier nous invite à prendre le temps de revivre le rituel de la recherche du sapin naturel. Située à St-Vital de Clermont, l’entreprise Arbres de Noël Claude Grenier cultive de nombreux sapins de Noël. Si ceux-ci sont distribués dans une vingtaine de points de vente partout dans la région, il est encore plus agréable d’aller les choisir directement à la plantation, en famille.
24 janvier au 24 mars 2019 Vernissage: jeudi 24 janvier en présence de l’artiste
UNE BELLE ACTIVITÉ HIVERNALE
Dès l’arrivée, M. Grenier, accompagné de son équipe, accueille les visiteurs. Les enfants sont invités à aller se chercher une canne de bonbon. On présente brièvement l’endroit, puis les gens sont guidés vers la plantation à pied, en raquette, en motoneige ou en tracteur. Une fois arrivés, ils circulent librement sur le terrain pour choisir leur arbre. Les amateurs de plein air peuvent en profiter pour apporter lunch, collation, café et chocolat chaud; les installations, en particulier la grange (qui est nouvelle cette année) et la cabane dans les bois, offrent une ambiance agréable pour profiter d’un petit moment de répit hivernal bien mérité. L’avantage de choisir son arbre à la plantation est de pouvoir l’admirer dans toute sa splendeur, debout, avec ses beautés et ses imperfections, avant le ramener à la maison. Au retour, les « lutins du père Noël » emballent le sapin pour en faciliter le transport. Les entreprises de la région sont aussi invitées à se procurer un arbre de Noël. En plus d’embellir les commerces et d’agrémenter les centres-villes, il s’agit d’un beau rappel de l’approche des Fêtes pour les employés et les clients. Cette année, je vous lance donc le défi de garder votre cœur d’enfant, de prendre le temps de profiter de la nature et de vous émerveiller en famille. Orner son salon d’un petit peu de magie embaume la maisonnée et contribue à créer une ambiance chaleureuse pour la période des Fêtes. Joyeux Noël à tous!
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CENTRE D’ART ROTARY 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3 WWW.VILLE.LASARRE.QC.CA VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME
SOCIÉTÉ
TRADITION, SUCRERIES ET GÉNÉROSITÉ :
CRÉATION ET SANTÉ :
DES BÉNÉVOLES DEVIENNENT
REGARD SUR L’ART-THÉRAPIE
ARTISANS CONFISEURS
NANCY COUTURE, M.A., ATPQ, PROFESSEURE EN ART-THÉRAPIE À L’UQAT, AVEC LA COLLABORATION DE VERA HELLER, PH. D., ATPQ, PROFESSEURE EN ART-THÉRAPIE À L’UQAT
MICHÈLE PAQUETTE
Une soixantaine de personnes aînées (et des plus jeunes!) se sont réunies tous les mercredis du 24 octobre à la fin novembre à la cafétéria du Centre hospitalier de Vald’Or pour fabriquer de la tire de façon artisanale. Ces valeureux auxiliaires bénévoles sont temporairement devenus artisans-confiseurs afin de renflouer la cagnotte de leur association qui offre des cadeaux à Noël, à la fête des Mères et à la fête des Pères aux patients de l’hôpital et qui s’occupe du bingo au Centre d’hébergement de soins longue durée (CHSLD) de Val-d’Or. Nous avons eu la chance d’assister à une de ces séances.
Les livres à colorier qui se réclament de l’art-thérapie occupent de plus en plus les rayons des marchands. Ce n’est pas surprenant : la création artistique fait réellement du bien. Mais est-ce de l’art-thérapie pour autant? Éclairage sur ce thème qui porte parfois à confusion.
Pendant toute la soirée, il régnait dans la cafétéria une atmosphère bon enfant. On s’échangeait de belles tresses dorées qui, une fois bien étirées et coupées, finissaient dans de jolies papillotes. Chaque participant était bien installé à la place qu’il avait trouvée en arrivant avec le matériel nécessaire. La fabrication de la tire s’est déroulée suivant une procédure bien rythmée et réglée au quart de tour. L’activité a commencé dans la cuisine à 15 h 45 avec une équipe réduite qui a mesuré les ingrédients et a commencé à faire bouillir la tire. Elle a culminé à 17 h 30 avec l’arrivée de la majorité des bénévoles qui ont étiré, coupé et emballé la tire jusqu’à 21 h. Une équipe a finalement monté les petits sacs de 12 papillotes qui ont été vendus le lendemain à l’entrée de l’hôpital ou à la boutique Rayon de soleil.
MATHIEU DUPUIS
L’art-thérapie est une profession qui s’est développée d’abord en Europe, puis aux États-Unis dans les années 1950 et, plus récemment, au Québec. L’Association des art-thérapeutes du Québec (AATQ), créée en 1981, la définit comme une discipline des sciences humaines qui s’inspire à la fois de la psychologie et des arts visuels.
PASCALE JOSEE BINETTE
D’emblée, chassons le mythe selon lequel l’art-thérapeute saisit tout d’une personne dès l’instant où il pose son regard sur une œuvre. L’art-thérapie s’appuie sur l’idée que la personne elle-même est la mieux placée pour se laisser toucher par sa création et en découvrir le sens, son sens. En fait, l’art-thérapeute accompagne le processus de création dans le but de permettre à la personne de mieux se connaître, d’exprimer ses émotions, de reprendre contact avec ses forces et de donner du sens à sa vie. Pour être art-thérapeute au Québec, il faut détenir un diplôme de maîtrise en artthérapie. Actuellement, l’UQAT est la seule université francophone en Amérique du Nord qui offre la formation en art-thérapie. L’Université Concordia, établissement anglophone montréalais, forme également des art-thérapeutes. Même si l’humain s’exprime par les arts depuis toujours, l’art-thérapie est une profession qui est encore en émergence. La recherche en est d’ailleurs à balbutiements. Les professeurs de l’UQAT y contribuent en s’intéressant aux bienfaits de l’art-thérapie lorsqu’elle est pratiquée avec différentes populations telles que les personnes âgées, les personnes itinérantes, les migrants, les enfants réfugiés, les peuples des premières nations, etc.
Voilà une activité qui fait revivre la fabrication de la tire selon la méthode traditionnelle et qui ne fait que des heureux. En tout, environ 4500 sacs auront été remplis durant toute la durée de la production, pour le plus grand bonheur des personnes malades… et des gourmands.
Déjà, les résultats et l’expérience nous révèlent que la création artistique, lorsqu’elle est vécue dans un contexte art-thérapeutique, est source d’un mieux-être durable. L’art-thérapie est donc une discipline prometteuse pour l’amélioration et le maintien d’une bonne santé mentale.
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La motivation des participants est variée : faire « du social », aider son prochain… plusieurs participent à l’activité depuis plusieurs années. « Ça nous fait rencontrer du monde. On se met à jour dans nos potins », disent Claudette, Claudine, Suzanne et Marcelle, un joyeux groupe d’amies très occupées. « Je viens ici pour faire du bénévolat, pour aider. Je viens toutes les années. J’étire, je coupe, j’enveloppe », raconte Lucie.
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DOSSIER MÉTIERS D’ART
DANS L’ANTRE DE L’HOMME DES BOIS : VISITE CHEZ L’GROS TRAPPEUR LISE MILLETTE
Lui, surnommé affectueusement « l’gros trappeur », c’est Pascal Laliberté. Elle, avec ses petits bottillons à talons aiguilles, c’est Claude Cardinal. Ensemble, l’homme des bois et la fille de ville ont mis sur pied un petit atelier à Nédélec au Témiscamingue, devenu aujourd’hui un commerce de traite de fourrures et de design audacieux où rien ne se perd, tout se transforme. Bienvenue chez L’Gros Trappeur Fourrures.
ARTISANS ENTREPRENEURS
Si L’Gros Trappeur a mis en place des partenariats avec de grandes compagnies, dont Pajar, Kanuk et M0851, il n’est pas question de grossir trop vite ni de devenir trop commercial. « Nous tenons à notre couleur artisanale. Nos fourrures restent naturelles, sans teinture, et on ne veut pas devenir une multinationale », insiste Claude Cardinal. L’entreprise achète également la fourrure brute de trappeurs ou de chasseurs, mais se donne aussi le droit de refuser certaines prises.
« C’était mon rêve d’avoir un jour mon entreprise », lance Claude Cardinal. « Je n’aurais pas pensé que c’était autant de gestion, et nous avons de nouveaux développements continuellement », explique-t-elle. Arrivée au Témiscamingue depuis près de 20 ans, elle ne pensait pas qu’elle allait y réaliser ce rêve et trouver l’homme de sa vie. « Je me souviens de mon arrivée au Témiscamingue. C’était le 7 janvier 1999 et ce jour-là, c’était un record de froid ». Tranquillement, elle y a pris racine, jusqu’à unir sa destinée à un homme des bois « qui a ça dans le sang ».
Chez L’Gros Trappeur, tout ce qui entre est transformé. La viande est consommée, les peaux et le cuir sont utilisés pour les bottes et les mitaines. Les retailles servent à la confection d’oreillers. Les autres restes se transforment en ornements (comme des pompons ou des porte-clés) et les résidus sont utilisés pour la confection de bijoux. À la toute fin, s’il reste encore des poils, ils sont transformés en pinceaux ou en mouches à pêche. Les os, les dents et les griffes sont aussi intégrés dans des bijoux. « Nous avons même une nouvelle avenue pour le gras d’ours. Christel Jacob, qui vend les produits Feuilles de lune, l’intègrera dans des savons. Ses produits sont d’ailleurs en vente à la boutique du Gros Trappeur », précise-t-elle.
« Pascal, c’est un vrai coureur des bois, mais son objectif est aussi de démystifier les métiers qui se rattachent à la forêt et qui sont tous liés entre eux. C’est le respect de la nature, l’éthique du travail », mentionne Claude Cardinal. Elle explique que les trappeurs travaillent régulièrement en collaboration avec les agents de la faune pour la gestion des animaux nuisibles, pour le dépistage de certaines maladies comme la rage du raton laveur ou encore pour récupérer des spécimens vivants porteurs de virus contagieux qui ont besoin d’être étudiés.
Françoise Côté
Outre la boutique et la salle d’exposition où trône notamment un manteau vieux de 141 ans ayant appartenu à Mérule de la Chevrotière, aïeul de Pascal Laliberté, l’atelier de Nédélec inclut une tannerie et tout ce qu’il faut pour préparer les peaux. Les équipements ont été conçus en partie par Pascal Laliberté. On y trouve également une pièce réservée à la taxidermie où prennent forme des naturalisations tout à fait réalistes des prises de chasse ou de pêche. « Pour trapper, il faut prendre le temps d’aller en forêt, ce n’est pas un geste de cruauté. Il y a une éthique à respecter. C’est important pour nous », conclut Claude Cardinal.
Encourager
André Perron
Frank Polson
Renée Carrier
Ito Laïla Le François
Johanne Ric’Art
Johanne St-Pierre
les artistes et artisans d’ici
Trouver
le produit original
Faire plaisir ou
Marita Kockemann
se faire plaisir…
Exclusivité limitée
À La Boutique du Centre d’exposition d’Amos
Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h photos : Nathalie Boudreau - flocons : freepik.com
À qui les mitaines
Scaro
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SUGGESTIONS DE CADEAUX RÉGIONAUX
CORCOVADO
FOURRURES GRENIER
FROMAGERIE LA VACHE À MAILLOTTE
L’GROS TRAPPEUR FOURRURES
LA BOUTIQUE MAISON DE LA CULTURE VILLE DE LA SARRE j
b i a c d c
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CORCOVADO
Produits équitables : thé, café, chocolat, sucre. Artisanat, foulards et livres d’occasion, Foulard 5 $, livre 8 $, tablette de chocolat 4 $, chocolat chaud 8 $, sucre 7 $ et café 16 $. 83, rue Gamble Ouest, Rouyn-Noranda | csicorcovado.org | 819 797-8800 librairie@csicorcovado.org
FOURRURES GRENIER
Tuques pompon de fourrure à partir de 60 $, mitaines de ville à partir de 150 $, Flocon d’ange 69 $, porte-clé accroche cœur 40 $, pantoufles adulte à partir de 130 $, pantoufles enfant 100 $, Pattes d’ours bébé à partir de 70 $. fourruresgrenier.ca | 819 734-3344 | info@fourruresgrenier.ca
FROMAGERIE LA VACHE À MAILLOTTE
Boites de dégustation, la classique et la régionale, à partir de 22 $/boite Achat dans les supermarchés et épiceries spécialisées de la région vacheamaillotte.com | 819 333-1121 | info@vacheamaillotte.com
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L’GROS TRAPPEUR FOURRURES
Courtepointe sur mesure avec choix de fourrures (simple à king) à partir de 1 800 $, taxidermie : crânes d’ours blanchis sur plaque de bois à partir de 180 $, mitaines en cuir d’orignal et en fourrure de castor et de lynx à partir de 295 $. 46, rue Principale, Nédélec | grostrappeurfourrures.com | 819 784-2026 info@grostrappeurfourrures.com
LA BOUTIQUE - MAISON DE LA CULTURE - VILLE DE LA SARRE
a.) Diane Lemieux, vase céramique 55 $ | b.) Création Inédtih, pompon 20 $ c.) Frivole, collier pendentif 40 $ boucle d’oreille 20 $ d.) Jean-Marc Bélanger, moulin à poivre en bois de cerisier 50 $ e.) Mamselle Écolo, boucle d’oreille en liège 16 $ f.) Verrerie de la montagne, bague 25 $ g.) Michel Drapeau, bol en bois 175 $ | h.) SCARO pendentif l’Envouteur 285 $ i.) Fourrure Grenier, tuques 24 $ pompon fourrure 36 $ j.) K-OOTSHOO, sac bandoulière 140 $ 195, rue Principale, La Sarre 819 333-2282 | info@ville.lasarre.qc.ca
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DOSSIER MÉTIERS D’ART
MATIÈRE ET SAVOIR-FAIRE : 2E TRIENNALE EN MÉTIERS D’ART MAUDE LABRECQUE-DENIS
QUEL EST TON NOM OEUVRE DE DIANE LEMIRE PHOTO : MAUDE LABRECQUE-DENIS
Du 21 juin au 2 septembre dernier, le Centre d’art Rotary de La Sarre était l’hôte de la 2e Triennale en métiers d’art, une exposition collective présentant le travail d’artistes originaires de l’AbitibiTémiscamingue et de l’Outaouais.
Prix d’excellence ont été décernés par le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) représenté par un jury formé de pairs, et un Prix coup de cœur du public a été remis à l’œuvre ayant obtenu le plus de votes durant l’exposition.
En plus de faire connaître le travail de ces artistes, l’événement se voulait une occasion de mettre en lumière les processus de création propres à cette discipline afin de permettre au public d’en apprécier toute la richesse. Trois artistes ont été récompensées : deux
Le Prix d’excellence pour l’Abitibi-Témiscamingue a été remis à l’artiste sculpteure Diane Auger de Rouyn-Noranda. C’est la maîtrise du modelage de la pâte de papier sur des structures complexes ainsi que la créativité, exprimée dans des visages étranges et des personnages féériques qui stimulent l’imagination du visiteur, qui ont fait pencher le jury. « Le chemin de traverse du roi cheval est une œuvre qui est folle, elle est plus folle que moi! » s’exclame l’artiste dont le processus de création a été très instinctif. « C’est parti avec des masques de toutes sortes de formes. J’ai travaillé à partir de la forme centrale d’une autre œuvre en bronze que j’ai utilisée comme fond, et j’ai modelé autre chose pardessus. Je ne peux pas dire que j’ai décidé de faire cette œuvre; elle s’est faite, et moi j’étais là. Je l’ai façonnée. Chaque forme en a amené une autre, puis je me suis organisée pour faire des liens intéressants entre elles et ça a pris place. »
Au Centre d’exposition d’Amos…
DIANE AUGER : SE RAPPROCHER DE LA NATURE
Réalisées à partir de fibre de cellulose, les sculptures de Diane Auger visent à nous rapprocher d’une nature dont on s’éloigne trop souvent, particulièrement en ces temps modernes. « Les animaux et les plantes n’ont pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’eux. C’est important de garder le lien avec la nature », commente-t-elle.
Jusqu’au 6 janvier…
DIANE LEMIRE : NOURRIR LA MÉMOIRE
Ito Laïla Le François Et règne le souffle
Photo : Boris Plique
Sculpture
Samuel Breton Eskimo de Sorel
Installation vidéographique
Du côté de l’Outaouais, c’est l’artiste Diane Lemire qui est repartie avec les honneurs pour l’originalité de ses œuvres et pour son audace à combiner le savoir-faire traditionnel avec des techniques mixtes afin d’obtenir des sculptures contemporaines qui séduisent et transportent le visiteur dans un monde imaginaire. Diane Lemire travaille à partir de matériaux diversifiés qu’elle amalgame pour créer ses œuvres : « Dans les dernières années, j’ai beaucoup travaillé le textile. J’utilise de la laine avec laquelle je fais du feutre, c’est la matière de base qui me permet d’incorporer toutes les autres. J’intègre beaucoup de matériaux recyclés, et le feutre agit un peu comme une colle. Ça m’évite de coudre, et je peux faire toutes sortes de choses, explique-t-elle. Je suis née à Val-d’Or et je viens d’une grosse famille de 12 enfants. Dernièrement, ma mère est décédée et j’ai récupéré toutes ses choses. Elle faisait du tricot, des tapis, du tissage; elle faisait nos vêtements, nos couvertures… Elle faisait tout! J’ai utilisé ces matériaux qu’elle passait beaucoup de temps à fabriquer. J’ai créé des petits personnages, qui sont un peu la représentation de ma famille. L’autre pièce que j’ai présentée est une nappe crochetée à la main qui a été feutrée pour incorporer des cuillers. Les cuillers représentent le fait de nourrir la mémoire. Quand on est une grosse famille, on mange ensemble et on se raconte toutes sortes de petites histoires. De petits découpages dans les cuillers viennent représenter ces histoires. » CHRISTEL BERGERON : PASSION ET MAGIE
Grâce à l’œuvre Incantation, l’artiste sculpteure assembleure originaire de Val-Paradis Christel Bergeron a su gagner le cœur du public lors de sa toute première exposition en contexte professionnel. « J’ai toujours été passionnée par les arts. Le dessin ne me suffisait pas, la peinture non plus, alors je me suis lancée en sculpture. Je suis allée faire mon cours de soudure en 2011 et ça m’a complètement allumée. L’acier, j’adore ça », mentionne-t-elle. Concevant surtout de grosses pièces, Christel Bergeron travaille selon un processus semblable à la couture : « J’y vais comme si je faisais une robe. Je fais un patron, j’étends mes plaques d’acier comme si c’était un tissu. J’installe mes partons dessus, je coupe et je soude toutes les pièces ensemble. » L’œuvre Incantation a impressionné le public par sa taille, son mouvement et son petit côté mystique propre au travail de Christel Bergeron. « Ce qui m’inspire le plus, c’est l’inconnu. Les croyances des gens, les histoires, les contes et légendes… ce sont des choses qui m’attirent beaucoup », dit-elle avec passion.
Claude Guérin avec la participation de
Bertrand Rougier Pignons sur glace Photographie
Centre d’exposition d’Amos
222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h Fermé les 24,25,26 et 31 décembre ainqi que les 1er et 2 janvier
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Grâce au soutien financier du
L’exposition de la Triennale en métiers d’arts s’est par la suite déplacée vers l’Espace Pierre-Debain à Gatineau. Une belle initiative du Centre d’art Rotary qui contribue au rayonnement des métiers d’art par le maillage entre les régions et l’exposition d’œuvres dans un contexte idéal de diffusion.
DE PANACHE ET DE LAINE
DOSSIER MÉTIERS D’ART
CHRONIQUE
LE TEMPS D’AVANT GABRIEL DAVID HURTUBISE
ARTISANAT AUTOCHTONE : AU-DELÀ DE LA FONCTION
Les brocanteurs amateurs font des découvertes extraordinaires dans le sous-sol des églises de quartier. Ils dépoussièrent parfois des objets inusités : des chaudrons de fonte pas levables, de gros outils agricoles faits pour des chevaux indomptables et des cartes pas fiables accompagnées de certificats de colonisation pas regardables. On trouve aussi une grande quantité de machins servant à fabriquer d’autres machins dont on ne connaîtra sûrement plus l’utilité. À force de fouiller, on réalise qu’il y a des univers entiers d’objets qui ramassent la poussière dans les brocantes et des galaxies de savoirs qui ont été enfouis avec eux. Ça fait un peu peur.
MICHÈLE PAQUETTE
Parce que oui, des gens inventent beaucoup de gadgets chaque année, mais nous perdons aussi des savoirs par milliers. Ceux de nos aïeux : cultiver en terre nordique, composer avec les sols capricieux, l’air changeant, les oiseaux et le vent, conserver notre nourriture pour l’hiver, longtemps. On n’apprend plus cela. Ça prend du temps, beaucoup de temps… mais il faut bien que quelqu’un produise de la nourriture. Des savoirs spécialisés sur la fabrication des maisons, des instruments de musique, des produits ménagers, des œuvres d’art, des vêtements, ainsi de suite. Tout prend du temps. Et puis, il fallait la cultiver avec des objets, cette terre. De l’agriculture biologique, dirait-on aujourd’hui. Après avoir exploré, nous y sommes revenus. Certaines choses appartenaient à une époque et ont disparu avec elle alors qu’elles n’auraient pas dû le faire.
À Noël, les aînés se retrouvent pour confectionner des ornements pour le sapin (des tambours et des rondelles pyrogravées aux couleurs autochtones), des savons à base de plantes médicinales traditionnelles, des mitaines et des mocassins en peau d’orignal, des boucles d’oreille en perlage et plusieurs autres objets artisanaux qui seront vendus au Marché de Noël de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) les 1er et 2 décembre prochains à la Place Agnico Eagle de Val-d’Or.
Il y a eu un temps, pas si lointain, où les Canadiens français n’avaient pas accès à beaucoup de produits industriels. La production locale suffisait à presque tout. Il n’y avait pas d’avant-midi à maximiser pour un patron. Le temps passait comme avant, point. Il fallait « tenir » le foyer, ce qui incluait la production d’un grand nombre d’articles. Les femmes savaient fabriquer de leurs mains, cultiver aussi. Personne n’était là pour s’indigner du temps perdu parce que « le temps c’est de l’argent ». Avec une telle mentalité, elles n’auraient jamais fait le moindre cintre tricoté à loisir, et fort à parier qu’on ne trouverait plus de petites maisons molles pour habiller les boîtes de mouchoirs dans les brocantes. Il était important, pour la suite des choses, que chaque enfant sache assurer à terme la subsistance du foyer. Car dans le temps d’avant, on prenait soin de passer son savoir au suivant. Le passé avait une grande valeur. On ne regardait pas en arrière pour conclure que tout était démodé, dépassé, arriéré. Le passé était un héritage pour le présent. On aspirait à le reproduire, puis à y ajouter son grain de sel, si on en avait l’audace. Rares étaient ceux qui prétendaient révolutionner le monde des charrettes à chevaux. Ce n’était pas un manque d’ambition, mais plutôt de la modestie. Nos artisans modernes, plein de « modestie à revendre », cherchent aussi à garder vivant non pas un produit fini, mais leur savoir-faire. L’UNESCO a d’ailleurs un joli nom pour ça : le patrimoine culturel immatériel.
DÉFINITION OFFICIELLE DES MÉTIERS D’ART Le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) définit les métiers d’art comme étant « la production d’œuvres originales, uniques ou en multiples exemplaires, destinées à une fonction utilitaire, décorative ou d’expression et exprimées par l’exercice d’un métier relié à la transformation du bois, du cuir, des textiles, des métaux, des silicates ou de toute autre matière. »
Au Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, divers types d’ateliers permettent aux membres autochtones qui transitent par Val-d’Or de pratiquer et de préserver leur savoir-faire traditionnel en matière d’artisanat et de métiers d’art. Pascale Josée Binette, organisatrice communautaire, a accepté de nous parler des diverses activités qui s’y déroulent et de la façon dont elles contribuent à resserrer les liens à l’intérieur des communautés.
PASCALE JOSEE BINETTE
D’autres ateliers ont également lieu toutes les semaines, peu importe la période de l’année. Ce sont des ateliers intergénérationnels et éducatifs où on fabrique divers objets issus de la culture traditionnelle autochtone : outarde en cèdre, panier d’écorce, jeu de bilboquet, tambour, hochet, raquette. Chaque aîné a une connaissance à partager, un bout à enseigner. Pascale Josée Binette explique que l’apprentissage chez les Autochtones se fait principalement par mimétisme; les jeunes apprennent en observant les adultes. Parmi les activités réalisées, le tannage des peaux, travail exigeant réalisé par des jeunes, s’est révélé être une riche occasion d’échanger avec les aînés qui observaient le travail en racontant des histoires de leur jeunesse. L’artiste Karl Chevrier, originaire de Timiskaming First Nation, a quant à lui accompagné la construction d’un canot d’écorce. L’expérience, qui s’est échelonnée sur trois mois, a entre autres permis à des membres, qui avaient vécu l’époque des pensionnats et qui n’avaient pas pu bénéficier de cet enseignement, de combler un manque important dans leur éducation culturelle. Bien plus que du simple travail, force est de constater que l’artisanat autochtone représente pour les Premières Nations une façon de vivre pleinement leur culture et de la garder vivante de génération en génération.
PASCALE JOSEE BINETTE
Le CMAQ est un organisme sans but lucratif dont le mandat est de « représenter les artisans professionnels et les soutenir dans l’exercice de leur métier afin qu’ils puissent vivre dignement de leur passion. » Fondé en 1989, il est le seul organisme reconnu en vertu de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (loi S-32.01) pour représenter l’ensemble des professionnels du domaine des métiers d’art.
L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 13
DOSSIER MÉTIERS D’ART
L’ART EN BARRE, VOLET 3 :
Pour la couleur, Jérémy opte pour le beurre de cacao projeté par aérographie.
CRÉATION GOURMANDE AVEC JÉRÉMY GAMACHE JULIE DALLAIRE
Petit matin gris, le centre-ville s’éveille de son jeudredi. Le photographe Jérémy Gamache se rend à l’établissement chocolatier Le Gisement où il a rendez-vous avec Charles Prince, le propriétaire, et Maude Lafleur, la chocolatière. Ils se connaissent depuis longtemps, et cette réunion est remplie de bonne humeur. Pour Charles Prince, c’est le troisième volet du projet L’Art en barre, une initiative de création inédite réalisée dans le cadre des festivités entourant le 10e anniversaire de la chocolaterie. Pour les artistes invités (Émilie B. Côté, Julie Mercier et Jérémy Gamache), c’est une occasion de créer en dehors des sentiers battus et d’expérimenter avec un matériel aussi délicieux que capricieux.
La Voûte
JOANNE POITRAS
8 DÉC. 2018 AU 24 MARS 2019
Le chocolat fond tandis que les moules sont nettoyés pour recevoir la couche de fond. Maude montre à Jérémy comment éviter la formation de bulles dans les barres de chocolat. Application du piment et repos des barres au réfrigérateur.
Toute création artistique commence par un remue-méninges (brainstorm). Les artistes qui avaient précédemment participé à l’expérience avaient commencé par des concepts bien précis basés sur des œuvres réalisées pour l’occasion. Jérémy a commencé d’une autre façon. Son premier défi était d’effectuer une transition entre ce qu’il avait en tête et la matière. Le dripping, une technique artistique qui consiste à laisser tomber la peinture sur le canevas, lui paraissait approprié pour servir son concept : créer une œuvre abstraite basée sur l’énergie et la création de symboles, formes issues d’un langage inconnu. Il voulait aussi jouer avec les proportions et les couleurs.
Pleins feux sur la collection
Maude et Jérémy vérifient le résultat final dans le moule tout en s’assurant que la barre est prête à être démoulée.
7 DÉC. 2018 AU 10 MARS 2019
Le résultat est satisfaisant… Mais l’artiste fait quelques correctifs. Suivant le concept de l’énergie, Jérémy Gamache, Charles Prince et Maude Lafleur déterminent que les saveurs de la barre seront un mélange de café et de piment.
Inscriptions d’hiver
CAMP D’ART POUR LA RELÂCHE
AVANT LE 1ER FÉVRIER 2019
L’étape de la peinture est finalisée pour solidifier le langage plastique. Le beurre de cacao coloré est le médium parfait pour la réalisation. Le voici avec les outils de prédilection choisis par Jérémy : pipette, pinceaux, tampons, etc.
La boutique du MA
Le début est de création laisse Jérémy pensif, car lors de la réalisation, il doit commencer par le premier plan, alors qu’en peinture, le fond est la première étape. Il doit donc visualiser les couches à l’envers et déterminer l’apparence finale dès le départ, pour ensuite appliquer le dernier plan : le chocolat. Heureusement, l’artiste ne tarde pas trop et se lance à fond.
Pour terminer le tout, l’artiste et la chocolatière déterminent l’agencement final des barres de chocolat. L’œuvre finale sera mise aux enchères, lors d’un vernissage en formule 5 à 7, le 8 décembre prochain.
MUSEEMA.ORG
14 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
JULIE DALAIRE
1001 trouvailles d’artistes et artisans d’ici
DOSSIER MÉTIERS D’ART
DOMINIQUE ROY
C’est en janvier 2017 que Vanessa Cardinal a donné naissance à La Fée Coquette, une entreprise témiscamienne spécialisée dans la création de bijoux, majoritairement des boucles d’oreilles fabriquées à partir de boutons recouverts de tissus. Depuis ce temps, c’est dans le sous-sol de ses parents, à Laverlochère, qu’elle consacre une bonne partie de ses temps libres à laisser aller sa créativité.
RETOUR SUR LE SALON DES ARTISTES ET ARTISANS DU TÉMISCAMINGUE DOMINIC BÉRUBÉ
JONATHAN JENSEN-LYNCH
IL ÉTAIT UNE FOIS UNE FÉE COQUETTE…
« Je n’ai pas réinventé la roue, bien sûr, mais en me promenant lors d’un voyage et en voyant des bijoux faits à partir d’un principe semblable, je me suis dit qu’il n’y avait personne dans mon coin qui en faisait. Alors, je me suis lancée! Au départ, ce n’était que trois ou quatre modèles que j’avais fabriqués pour donner en cadeau à des amies. Je les ai mis sur les réseaux sociaux, et ça n’a jamais arrêté », raconte l’artisane. Bien que les boucles d’oreilles soient sa spécialité, Vanessa Cardinal fabrique aussi des bagues, des bracelets et des pinces à cheveux. La créatrice accorde une grande importance au choix des tissus et des imprimés. Elle s’inspire des couleurs et des motifs du moment, et elle achète ses matériaux auprès des commerçants de la région. Il lui arrive même de récupérer des tissus pour leur donner une deuxième vie. « Il m’est arrivé de confectionner des boucles d’oreilles à partir d’une robe de mariée en guise de souvenir. Tout est possible », explique-t-elle. Puisque Vanessa occupe déjà un autre boulot à plein temps, elle fait appel aux doigts délicats d’une autre fée pour suffire à la demande. C’est sa mère, Martine Carrière, qui lui prête main-forte, une aide précieuse qu’elle apprécie grandement. Comme la majorité des artisanes et des artisans, les réseaux sociaux sont sa principale source de publicité. Le bouche-à-oreille est aussi efficace, en plus des événements auxquels elle participe, dont le Salon des artistes et artisans du Témiscamingue et la Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien. Ses créations sont vendues chez quelques commerçants régionaux et il est aussi facile de s’en procurer via sa page Facebook : Vanessa Cardinal – La Fée Coquette.
Au Témiscamingue, une tradition tend à s’installer à l’approche des Fêtes. Les 9 et 10 novembre dernier se déroulait, pour une huitième année, le Salon des Artistes et Artisans du Témiscamingue. Fidèle hôte de l’événement, lieu de travail et demeure de nombreux artistes de toutes les disciplines, le village de Lorrainville prend peu à peu les airs d’une petite capitale culturelle dans la région (mentionnons entre autres la Place ArtisanArt, la Fabrique de Geppetto et la Galerie Notre-Dame).
Plusieurs artistes et artisans réalisent leur chiffre d’affaires annuel lors du salon. Encore cette année, la population était au rendez-vous, frôlant le millier de visiteurs. Produits pour animaux, jouets faits main, produits tissés ou tricotés… la variété des trouvailles prouve l’originalité et l’inventivité des artistes et artisans d’ici. « Le salon 2018 a été un succès pour la qualité et la diversité des produits offerts aux visiteurs. Nous avons eu des produits à base de laine d’alpaga, des sculptures de métal... Nos 55 exposants ont généré un chiffre d’affaires de 26 000 $. Malgré une baisse de l’achalandage, les visiteurs ont acheté davantage que par les années précédentes », explique Christian Paquette, directeur de l’événement. Le salon terminé, l’heure est venue de faire le point pour les organisateurs. « Pour la prochaine édition, les défis sont très grands : avoir de l’aide pour le comité, recruter des bénévoles pour l’organisation, améliorer la diffusion de l’événement, maintenir la qualité des services offerts aux exposants et finalement donner un second souffle de nouveauté », conclut Christian Paquette.
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Votre enfant a déjà de l’ambition Rouyn-Noranda
L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 15
DOSSIER MÉTIERS D’ART
ARIANE OUELLET, ABSOLUMENT FEUTRÉE FEDNEL ALEXANDRE
ARTISANE… VRAIMENT?
Nous sommes en 2007, à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Il fait un froid brûlant par -28 °C. Ariane Ouellet, artiste multidisciplinaire originaire de l’AbitibiTémiscamingue, se promène dans les rues, réalisant ainsi un rêve de dépaysement et d’ailleurs vieux de plusieurs années. Au détour d’une rue, elle tombe sur une boutique avec une belle vitrine. Elle s’en approche et découvre, émerveillée, des chapeaux feutrés. Le coup de foudre est fatal. Ce n’est pas peu dire d’une personne qui ne croit pas au coup de foudre. Elle se pâme, frappée d’admiration par tant de beauté. Elle se rend à Karakorum, autre ville de la Mongolie, pour entreprendre un stage en feutrage auprès d’une artisane mongole. Comme tous les coups de foudre, celui-là est instantané, inopiné, mais il s’explique et se comprend.
Ariane considère sa pratique du feutrage comme une activité connexe, car elle réalise d’autres projets divers et variés. Elle cultive le syndrome de l’imposteur : elle ne croit pas être la personne la mieux placée pour parler de la réalité des artistes en métiers d’art. Cependant, elle pense que ces pratiques traditionnelles ont de l’avenir si les artisans arrivent à sortir des frontières de la région pour aller vers un marché plus grand. Cela peut se faire, notamment, grâce à Internet.
En effet, Ariane a toujours aimé les textiles et elle est fascinée par les savoir-faire traditionnels. En toute logique, elle a décidé de se mettre au feutrage à son retour en égion. Comme dans toutes les grandes histoires d’amour, il y a des défis à surmonter. Dans le cas d’Ariane, il s’agit de trouver de la laine, de la bonne laine pour ses créations.
Le feutrage est une technique de travail de la laine. Le résultat dépend entre autres de la qualité des tissus. Ariane reçoit ses tissus de fournisseurs de Montréal et parfois de l’Inde. Le processus de feutrage comprend trois étapes. Tout d’abord, il y a un travail de conception, qui consiste, entre autres, à sélectionner la laine. S’ensuit le feutrage proprement dit, c’est-à-dire la transformation de la laine. C’est un exercice très physique. L’artisane reçoit la laine en matière brute. Elle la carde, la foule et l’agglutine pour lui donner l’épaisseur souhaitée et la consistance idéale. C’est l’étape la plus fastidieuse dans le processus de création. La dernière étape, la finition, sert à peaufiner l’objet créé en y ajoutant une touche esthétique. Ariane crée surtout des accessoires tels que des foulards, des bijoux et des collets. Les créations feutrées d’Ariane sont saisonnières. Ce sont des pièces uniques.
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ARIANE OUELLET
LE TRAVAIL DE LA MATIÈRE
À défaut de se considérer comme une vraie artisane, Ariane continue à parfaire son apprentissage du feutrage. Elle a suivi plusieurs formations depuis son premier stage en Mongolie. Elle a même participé au Festival de la fibre TWIST de SaintAndré-Avellin, considéré comme le nec plus ultra du feutrage. Mais elle fait preuve d’une grande modestie et témoigne de beaucoup de respect pour ceux qu’elle appelle les « vrais artisans ». Elle sera aux marchés de Noël en cette fin d’année et le confort de ses foulards feutrés vous donnera certainement le coup de foudre.
ENVIRONNEMENT CHRONIQUE
LES DÉCHETS DES UNS FONT LE BONHEUR DES AUTRES MARCEL RODRIGUEZ, CHARGÉ DE PROJETS, CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’A-T
Au quotidien, nombreux sont les objets à usage unique qui sont jetés, considérés comme inutiles. Dans la nature, cette notion n’existe pas. Tout obéit au principe bien connu de la conservation de la matière : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (citation du célèbre scientifique français Antoine Laurent de Lavoisier). Ainsi, les déchets des uns deviennent les matières premières des autres. L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Ce principe d’échange se retrouve au centre du concept de l’économie circulaire. Il s’agit d’un système de production de biens et de services qui vise à optimiser l’utilisation des ressources, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus (Conseil du patronat du Québec, 2018). Un des objectifs de ce système est de donner une nouvelle vie aux ressources et aux matières résiduelles. Les artistes ont bien compris ce concept. José Luis Torres, sculpteur mondialement réputé, se sert des matières résiduelles pour concevoir ses œuvres d’art. Pour lui, un objet emprunte momentanément la matière qui le compose. Dans cette perspective, les objets peuvent être valorisés et réutilisés pour avoir une deuxième vie. LA CRÉATIVITÉ TÉMISCABITIBIENNE
Cette approche écologiste est également appliquée par de nombreux artistes et artisans de la région qui utilisent l’obsolescence dans la création. Certains ont d’ailleurs conçu des œuvres publiques à partir de déchets : les sculptures en métal recyclé de Jacques Baril, la murale de bouchons de plastique d’Émilie B. Côté et les projets Mine de rien et Requiem Humaniterre de l’artiste Véronique Doucet en sont quelques exemples. L’art peut aller jusqu’à changer nos perceptions sur les matières résiduelles et contribuer à réduire notre impact sur l’environnement. Des initiatives régionales voient également le jour. Le Mouvement de la relève d’Amosrégion (MRAR) offre l’atelier Second souffle, un projet préparatoire à l’emploi où les participants créent leurs produits à partir de matériaux récupérés. Les produits fabriqués sont aussi ornementaux qu’utilitaires. Des artisans créent également des objets à partir de matières recyclées. Une artiste d’Abitibi-Ouest, Karoline Létourneau de l’Atelier K-Ootshoo, utilise du caoutchouc récupéré pour créer des bijoux et des accessoires. Les artisans derrière les entreprises Amafaçon et Écolo Tablier confectionnent quant à eux des sacs et des vêtements faits à partir de tissus récupérés. Pour découvrir des artistes régionaux originaux et écoresponsables, n’hésitez pas à aller à leur rencontre lors des différents marchés de Noël qui se déroulent un peu partout dans la région.
On s'emballe
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UN NOËL ÉCOLO
Enfin, si vous souhaitez organiser un Noël plus écolo, voici quelques petits trucs pour vous aider : évitez les choux en décoration, les papiers métallisés et les films plastiques. Utilisez plutôt un emballage de style furoshiki (technique japonaise) fait avec des matières récupérées telles que le tissu, le papier kraft… ou même ce journal (après l’avoir lu, bien entendu). N’hésitez pas à faire preuve de créativité, vous donnerez ainsi à vos présents une touche unique des plus « écoartistique »!
SUI VEZ -NOU S SUR FAC E B OOK!
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FAC EB OO K.COM/ I NDIC EBOH E MI E N
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RÉGION INTELLIGENTE CHRONIQUE
L I T T É R AT U R E
DONNÉES LIBÉRÉES, CITOYENS PARTICIPATIFS, DÉVELOPPEMENT COLLECTIF : L’ÈRE DES VILLES INTELLIGENTES
MICHEL DESFOSSÉS
Qui dit région intelligente dit aussi ville intelligente. Mais comment devient-on une ville intelligente? Et surtout, pourquoi faire passer le cortex urbain de notre ville natale à la vitesse turbo?
NATHAN DUMLAO, UNSPLASH
Un territoire intelligent, qu’il s’agisse d’une ville ou d’une région, est générateur de développement durable. Rendre nos milieux intelligents, au sens numérique du terme, permet d’agir à même le tissu urbain et rural sur lequel nous construisons nos existences, nos compétences, nos savoirs. Mais il ne faut pas se leurrer! Une ville intelligente, ça ne se limite pas au wifi gratuit au centre-ville. C’est appréciable, bien sûr, mais il faut davantage pour réellement influer sur le développement du milieu. Dans les milieux valorisant la standardisation et la reconnaissance officielle des villes intelligentes, on évoque trois leviers d’intervention possibles.
1. L’INFRASTRUCTURE
Tout d’abord, l’infrastructure permet la circulation de l’information. Celle-ci peut être source de loisirs, mais s’acquitte aussi de tâches plus nobles. L’apprentissage en ligne (e-learning) est maintenant une pratique pédagogique valorisée par le milieu de l’éducation. Il en découle l’occasion d’apprendre partout et de se construire un profil scolaire personnalisé. Développer une compétence citoyenne, en somme. Déjà les codes sources libres (open source) circulent et certaines communautés les partagent. En Abitibi-Témiscamingue, CommunAT en est un bon exemple. 2. L’INFOSTRUCTURE
Faire accéder les citoyens à l’information spécialisée, voilà le principal enjeu. Il faut libérer les données numériques, les rendre accessibles aux créatifs qui feront le design des objets, instaureront des pratiques communautaires et amélioreront nos institutions. L’information spécialisée dont on parle ici peut être générée par des réseaux de capteurs sensibles installés aux quatre coins de la ville. On ne l’imagine pas encore, mais les données citoyennes mobiles peuvent être aussi des marqueurs pour toutes sortes d’enjeux : circulation, occupation des salles d’urgence, etc. Les citoyens sont alors générateurs des données, et les transforment en projets collectifs. Certaines études démontreraient d’ailleurs que les usagers qui croient à la notion de communauté d’apprentissage aiment aussi s’investir au sein de groupes créatifs, d’intelligences connectives. Nous sommes aux portes de la communautique, telle que l’a décrite le chercheur et professeur québécois Pierre-Léonard Harvey. Une approche qu’il faut absolument s’approprier dans l’objectif de trouver une application constructive aux réseaux sociaux virtuels. 3. LA SOCIOSTRUCTURE
Les milieux qui tireront le plus profit de l’intelligence numérique sont dotés de tierslieux (voir la chronique du mois précédent). Ces locaux favorisent l’expérimentation collective et répondent à la notion How to Make (Almost) Anything [Comment tout faire (ou presque)] élaborée par Neil Gershenfeld du MIT de Boston. Les bibliothèques publiques offrent un réceptacle génial à cette sorte d’établissement. Un territoire intelligent pourrait permettre à nos milieux de réaliser leurs ambitions collectives. Comme Copenhague qui aspire à devenir carboneutre en 2025. Et ce sont les cyclistes qui agissent comme capteurs mobiles du taux de CO2. J’aime ça. 18 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
UNE BELLE LECTURE « COLLÉ-COLLÉ » MAUDE LABRECQUE-DENIS
« As-tu déjà entendu l’histoire de Toutedouce et la doudoucâlin? C’est un secret bien gardé… » Ainsi commence l’histoire d’une attachante petite souris qui aidera les elfes de la forêt à broder le nom d’un nouveau-né sur une couverture enchantée. Imaginé de toutes pièces par l’auteure et ancienne enseignante à la maternelle Constance Haché, le récit pour enfants Toutedouce et la doudoucâlin (Éditions En Marge, 2018) est à l’image de son titre : douillet et rassurant. Nées des crayons de bois de l’artiste André Simard (la doucemoitié de Constance), les illustrations portent à l’exploration, abritant çà et là de drôles de petites bestioles qu’on prend plaisir à découvrir. L’histoire est simple et le texte est riche en sonorités. L’utilisation d’onomatopées permet d’animer la lecture, source d’amusement pour l’enfant qui reste facilement accroché. Mention spéciale à l’expression « saperlibobette » qui est en voie de devenir un classique de la maisonnée. Ainsi, avec douceur et en légèreté, Toutedouce et la doudoucâlin nous ouvre ses pages sur un univers fantastique et enchanté où les enfants du monde entier peuvent dormir tranquilles, rassurés. Décidément, un beau produit culturel régional à offrir à nos tout-petits pour de beaux moments de lecture « collé-collé ».
UN NOUVEAU VOYAGE POÉTIQUE AVEC NICOLAS LAUZON DOMINIQUE ROY
Après Géographie de l’ordinaire en 2011, L’héritage du mouvement en 2014 et Pro pelle cutem (peau pour peau) en 2016, Nicolas Lauzon a publié cet automne son quatrième recueil de poèmes intitulé Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (éditions du passage). Les territoires que Nicolas Lauzon parcourt et les gens qu’il rencontre sont bien souvent à l’origine de sa verve poétique. Cette fois-ci, c’est dans un contexte hors de l’ordinaire que le Rouynorandien originaire des Laurentides a puisé son inspiration. En effet, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est le fruit de son expérience comme gardien et guide du phare de l’île Verte, dans la région du Bas-Saint-Laurent. Le temps d’un été, l’enseignant d’anglais au primaire a laissé sa vie prendre le large pour s’imprégner du quotidien et du mode de vie des insulaires. À la lecture de cette poésie, le temps devient relatif. Les vers s’enfilent les uns après les autres, à la vitesse de l’éclair, tout en donnant l’impression que l’horloge grand-père a cessé de fonctionner. Telle la lumière du phare, les descriptions de Lauzon sont si puissantes que la sensation d’habiter ce lieu avec lui devient quasi réelle. On se sent propulsé dans cette autre vie, dans cet autre monde. On s’imagine les conversations avec les habitants et les touristes. On sent la brise. On entend le bruit des vagues. On voit les étoiles. On se laisse caresser par le fleuve. On écoute chaque recoin du phare raconter sa tranche d’histoire. Sa démarche d’écriture, on la vit avec lui. Et si, comme moi, vous découvrez Nicolas Lauzon pour la première fois, vous aurez vite le goût de vous procurer ses écrits précédents, dans l’espoir d’y découvrir l’inspiration poétique d’un autre territoire.
L I T T É R AT U R E
UNE AUTEURE ABITIBIENNE PERCE EN EUROPE MAUDE LABRECQUE-DENIS
Lucille Bisson a le vent dans les voiles. La série de romans jeunesse Marianne Bellehumeur, dont elle lançait le 6e tome le 24 octobre dernier, sera distribuée en France, en Suisse et en Belgique par la maison Kennes. « Je ne m’attendais pas à ça. Tu m’aurais dit, “dans deux ans, tu seras connue et tes livres te feront voyager dans le monde”, je n’y aurais pas cru. Mais aujourd’hui, je me retrouve dans le top 5 en littérature jeunesse. C’est difficile à croire! Ça a demandé beaucoup d’efforts et je suis rendue là. Sky is the limit, je ne sais pas ce qui va arriver ensuite », s’exclame l’auteure.
variées. « J’ai toujours adoré écrire, mais je n’ai jamais osé écrire. Quand j’ai passé le cap de la cinquantaine, je me suis dit “OK, on part”. Ça n’a pas toujours été facile, mais quand on ne lâche pas, on peut y arriver. C’est d’ailleurs de ça que je parle quand je donne des ateliers dans les écoles. »
En effet, les ventes de la série se chiffrent déjà à plus de 40 000 exemplaires, et le lectorat ne cesse de croître. LA RECETTE DU SUCCÈS
UNE PASSION ACQUISE TÔT, MAIS ASSUMÉE TARD
C’est en 2012 que la passion d’écrire de Lucille Bisson prend un tournant plus littéraire alors qu’elle publie son premier ouvrage à vie, Domino. Destiné à un public adulte, le livre regroupe une cinquantaine de petites nouvelles traitant de thématiques
COURTOISIE
Quand on lui demande ce qui fait le succès de Marianne Bellehumeur, Lucille Bisson reste pensive. « Je ne sais pas pourquoi, mais il y a une magie qui s’est opérée avec les jeunes, c’est vraiment génial. J’ai été secrétaire dans des écoles pendant de nombreuses années, alors j’en ai vu, des Marianne. Je suis allée puiser dans mes expériences, dans ce que j’ai observé. Je la présente comme quelqu’un qui pourrait être leur amie, alors ça développe un sentiment d’appartenance, ils s’identifient, raisonnet-elle. Elle vit des problèmes qui ressemblent aux leurs. Des fois ça se règle, des fois non. J’essaie de montrer aux jeunes qu’ils ne sont pas les seuls à vivre ces problèmes, et de les encourager à chercher des solutions. »
En effet, en plus de ses activités d’écriture, Lucille Bisson prend part au programme Culture à l’école. Elle participe aussi à des séances de lecture, à des rencontres d’auteur, à des séances de dédicaces et est présente à plusieurs salons du livre chaque année. Mais où trouve-t-elle l’énergie de faire tout ça? « Il faut dire que j’ai la chance d’avoir tout mon temps puisque mes enfants sont partis de la maison et que je travaille seulement trois jours par semaine. Et puis, je pense qu’il faut profiter de la vague pendant qu’elle est là, ce n’est pas garanti que ça continue. Il y a 2 ans, personne ne me connaissait, et aujourd’hui j’ai 40 000 livres vendus et je m’en vais en Europe. Il y a quelque chose de magique là-dedans, les planètes sont alignées alors je veux en profiter. »
Loin de s’arrêter, la prolifique auteure prépare la sortie d’un roman pour adultes intitulé Un voyage d’enfer et celle du premier tome d’une toute nouvelle série de romans jeunesse. Mais pour l’instant, Lucille Bisson et Marianne Bellehumeur ont surtout les yeux rivés vers l’Europe où elles iront à la rencontre des adolescentes d’outre-mer.
Joyeuses Fêtes!
C’est avec le coeur gonflé d’amour que l’équipe de L’Indice bohémien vous souhaite de passer de joyeuses Fêtes en compagnie des gens que vous aimez. Puisse 2019 être une année parsemée de belles surprises!
Profitez de ce temps de l’année pour faire la fête, mais aussi pour vous offrir en cadeau du temps de qualité juste pour vous.
Meilleurs vœux!
L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 19
20 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
Joyeuses fêtes!
MA RÉGION, J’EN MANGE! CHRONIQUE
CLAFOUTIS AUX PETITS FRUITS RÉGIS HENLIN – LES BECS SUCRÉS-SALÉS INGRÉDIENTS
500 g Petits 125 ml (1/2 t.) Lait 125 ml (1/2 t.) Crème 125 ml (1/2 t.) Sucre 4 Œufs 125 ml (1/2 t.) Farine 60 ml (1/4 t.) Beurre 1 Pincée de sel
fruits 35
%
fondu COURTOISIE
PRÉPARATION
Dans un grand bol, battre en omelette les œufs, le sucre et le sel. Ajouter la farine. Ajouter le lait et la crème 35 %, puis le beurre fondu. Beurrer des ramequins (6). Verser le mélange à parts égales dans les ramequins et répartir les petits fruits. Cuire au four à 275 °F (135 °C) pendant 45 minutes. Servir tiède.
Que cette période des fêtes soit un temps de repos, de paix et de partage. Prenons un instant pour constater comme nous sommes privilégiés de vivre en sécurité dans une ville accueillante. La mairesse et les membres du conseil municipal de la Ville de Rouyn-Noranda vous souhaitent un joyeux temps des fêtes et une bonne année 2019!
MUSIQUE
UN SUCCÈS POUR LE 31E SPECTACLE DE L’ENSEMBLE VOCAL DE L’AMITIÉ GASTON A. LACROIX
DANY GERMAIN
Pour le 31e anniversaire de l’Ensemble Vocal de l’Amitié, en plus de revisiter des titres du répertoire de la chanson populaire, Gaëtan Roberge tenait à souligner à sa façon le 40e anniversaire de l’opéra rock Starmania, une comédie musicale cyberpunk créée en 1979 par Michel Berger et Luc Plamondon. Le spectacle, présenté les 2 et 4 novembre dernier au Théâtre des eskers d’Amos, a fait salle comble.
Sous la direction du Beauceron d’origine et Abitibien de cœur Gaétan Roberge et accompagnés de plusieurs musiciens (Gaétan Roberge au piano, Hugo Mathieu à la contrebasse, Jasmin Martel à la guitare, Alain Rioux à la batterie et Mario Thivierge au saxophone), les 50 choristes ont encore une fois été à la hauteur de leur renommée. RENDRE HOMMAGE AUX PLUS GRANDS
En première partie du concert, le chœur a offert, avec ardeur et virtuosité, les chansons phares d’interprètes et compositeurs connus tels que Roch Voisine, Zaz, Michel Berger, Laurence Jalbert, Gilbert Bécaud, Daniel Bélanger, Marc Dupré et Céline Dion ainsi que deux classiques anglophones, les pièces Lean on Me (version de Glee) et Fly Away de John Berger. Comme l’avait promis Gaëtan Roberge, la seconde partie du concert présentait sous une forme condensée le célèbre opéra rock Starmania, faisant découvrir aux plus jeunes et remettant dans les oreilles des plus vieux les chansons bien connues de ce monument de la chanson francophone. Séduit par une ribambelle de sensations, le public a été aspiré dans un tourbillon de musique et de chansons, passant de l’amour à la haine, de la paix à la guerre, de la violence à la douceur et de la défaite à la victoire. Une splendide expérience musicale, remplie de bonheur et de bonne humeur. L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 21
POSTE D’ÉCOUTE CHRONIQUE
FOR ONCE NOMADS ISABELLE GILBERT
Avec son album For Once, Nomads ajoute ses belles mélodies à la planète musicale. La musique folk du groupe de Ville-Marie gagne à être écoutée plus d’une fois et les textes ont une profondeur intéressante. Les thèmes abordés tournent autour de l’amour, de l’écriture et de la place de l’être humain dans le monde, avec une grande place à la critique sociale. Les textes sont engagés, bien écrits et bien rythmés. L’anglais et le français se côtoient, comme dans la vie de tous les jours au Témiscamingue, vu la proximité avec l’Ontario. Le groupe maîtrise très bien les deux langues, mais j’aurais aimé plus de chansons francophones. Finalement, j’ai bien apprécié cet album de Nomads. Ils ont piqué ma curiosité et j’aimerais en entendre plus dans le futur! Ma note : 4/5.
PARADOX
UN CHAT,
ADAM BROUSSEAU
UNE BROSSE ET NEUF VIES
VALÉRIE SAINT-GERMAIN
LES SENTINELLES DU NORD
C’est un paradoxe planant que nous offre Adam Brousseau, ce jeune homme de 17 ans originaire de La Sarre, avec son premier opus. À la première écoute, je me suis dit que ça ressemblait à de la musique de film, et c’est effectivement le rêve que caresse l’étudiant en musique. Que dire de ce voyage? La musique est envoûtante d’un titre à l’autre, on se sent transporté dans une sorte de no man’s land. La voix bien campée nous enrobe de tristesse et de rudesse. La guitare glissée (slide guitar) devient un fil conducteur, surtout dans les pièces instrumentales. Quelques chansons ne sont pas sans rappeler un certain son en provenance de Seattle, ce qui ne fait qu’ajouter un clin d’œil à d’autres générations. Un petit prince de la musique progressive est né. Espérons bientôt entendre Adam Brousseau dans un cinéma près de chez nous! Ma note : 4/5.
VALÉRIE SAINT-GERMAIN
En ce temps des Fêtes, cet album est un cadeau. Un vrai bon groupe québécois, une petite touche trad ici et là, et la magie opère. Un album où l’amour prend une grande place. Mais attention! Ici, pas de bluette; plutôt l’amour sous toutes ses formes, même les plus trash. Chansons du quotidien, amours déçues et désespérées. Les textes sont remplis de vérité; on ne joue pas à cache-cache avec les mots. Que du vrai, du réel, du tangible. Les arrangements sont très distinctifs d’un titre à l’autre, tout en gardant un son reconnaissable. Mention spéciale à la voix rauque du chanteur qui se fait rassurante dans les chansons plus douces. En 12 titres, les Sentinelles du Nord m’ont fait rire, pleurer, danser et ronronner. Comme quoi on peut faire de la musique ludique sans être cliché! À glisser dans le bas de Noël. Ma note : 4,5/5.
4,5 ET + VOS ENFANTS L’EMPRUNTERONT ENCORE DANS 10 ANS 4 À 4,5 DANS SON GENRE, C’EST DU BONBON 3,5 À 4 VOUS NE CONNAISSEZ PAS? ACHETEZ-LE QUAND MÊME 3 À 3,5 POUR LES AMATEURS DU GENRE 2,5 À 3 Y’EN MANQUE PAS GROS 1,5 À 2 QUELQUES BONS FLASHS 0 À 1 QUÉCÉ ÇA?
22 L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019
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CALENDRIER CULTUREL DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue
ÉVÉNEMENTS
DANSE
54e Carnaval de Lorrainville 18 et 26 janvier, Lorrainville
Spectacle no 1 de Noël Studio Rythme et Danse 15 décembre, Théâtre du cuivre (RN)
CINÉMA
Fragments de mémoire – Francyne Plante Du 7 décembre au 27 janvier Centre d’exposition de Val-d’Or
HUMOUR
Promenade d’hiver, concert de Noël Centre de musique et de danse de Val-d’Or 16 décembre, Théâtre Télébec (VD)
Les Volubiles – Humour spontané 14 décembre et 11 janvier Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN)
Présentation de Noël 2018 – Cité de la Danse 20 décembre, Théâtre Télébec (VD)
EXPOSITIONS
DRÔLD’R – Jici Lauzon, spectacle formule cabaret 17 janvier Théâtre du cuivre (RN)
Humain – Karine Berthiaume Jusqu’au 3 décembre Galerie Rock Lamothe (RN)
Canevas – Humour spontané 18 janvier Vieux-Palais (Amos)
La douleur – Ciné-Club Promovues 9 et 10 décembre Cinéma Capitol (VD)
MIMÈSIS – Collectif d’artistes Jusqu’au 2 décembre Centre d’exposition de Val-d’Or
LITTÉRATURE
Slovénie – Les Grands Explorateurs 22 janvier, Salle Félix-Leclerc (VD) 23 janvier, Théâtre du cuivre (RN)
Hommage à Gérard Paradis Jusqu’au 21 décembre Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre
L’amour à la plage Judith Plamondon et Lessandro Socrates 2 décembre, Théâtre du cuivre (RN) Mary Shelley – Haifaa al-Mansour 10 décembre, Théâtre du cuivre (RN) La révolution silencieuse Ciné-Club Promovues 2 et 3 décembre Cinéma Capitol (VD)
THÉÂTRE Bashir Lazhar – Théâtre d’Aujourd’hui 6 décembre, Théâtre Télébec (VD) 7 décembre, Théâtre des Eskers (Amos) 8 décembre, Théâtre du cuivre (RN) BLEU : Pantone 306 U
Festivitas – La Troupe À Cœur ouvert 21 au 30 décembre Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) On t’aime Mickaël Gouin 9 janvier, Le Rift (Ville-Marie) 10 janvier, Théâtre du cuivre (RN) 11 janvier, Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 12 janvier, Théâtre Télébec (VD) Enfants insignifiants! Les tournées Jean Duceppe 15 janvier, Théâtre Télébec (VD) 16 janvier, Théâtre du cuivre (RN) 17 janvier, Théâtre des Eskers (Amos) Conversation avec mon pénis 19 janvier, Salle Félix-Leclerc (VD) Deux hommes tout nus Productions Par la Petite Porte 24 janvier, Théâtre Télébec (VD) 28 janvier, Théâtre des Eskers (Amos) 31 janvier, Salle de spectacles Desjardins (La Sarre)
Et règne le souffle – Ito Laïla Le François Jusqu’au 6 janvier Centre d’exposition d’Amos Pignons sur rue – Claude Guérin, avec la participation de423 Bertrand Rougier GRIS : Pantone U Jusqu’au 6 janvier Centre d’exposition d’Amos Eskimo de Sorel – Samuel Breton Jusqu’au 6 janvier Centre d’exposition d’Amos Don et abandon : le sexe comme parcelle d’éternité – Karine Hébert et Louis Brien Jusqu’au 13 janvier Centre d’art Rotary (La Sarre) Généalogies – Ariane Ouellet Jusqu’au 20 janvier Galerie du Rift (Ville-Marie) Patrimoine musical du Témiscamingue Félix B. Desfossés Jusqu’au 20 janvier, Galerie du Rift (VM)
Cercle de lecture La Courtepointe culturelle (collaboration avec La Mosaïque) 4 décembre, Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Marc Nantel se livre à nous 9 décembre Bibliothèque municipale d’Amos
MUSIQUE Grand concert de Noël – Orchestre symphonique régional 1er décembre, Saint-Bruno-de-Guigues 2 décembre, Église St-André (La Sarre) 8 décembre, Église Christ-Roi (Amos) 9 décembre, Église Saint-Sauveur (VD) The Songs Remain the Same (hommage à Led Zeppelin) 8 décembre, Salle Dorotti (Témiscaming) Le silence des troupeaux – Philippe Brach 12 décembre Salle Félix-Leclerc (VD) 13 décembre Théâtre du cuivre (RN) 14 décembre Le Rift (Ville-Marie) Bears of Legend 13 décembre, Salle Dorotti (Témiscaming)
Espace découverte : la quête Marie-Claude Lefebvre Jusqu’au 20 janvier, Galerie du Rift (VM)
La fête à Staif! – Abitek Soundsystem 15 décembre 2018 Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN)
Matrices… d’elles-mêmes Atelier Les Mille Feuilles Du 7 décembre au 27 janvier Centre d’exposition de Val-d’Or
Un monde pour Noël – Les Jeunesses musicales du Canada 18 décembre Agora des arts (RN)
Lubik et Shawn Wine & The Winos 27 décembre Brasserie La Brute du Coin (La Sarre) Ariana Lecouvreur – Francesco Cilea 12 janvier, Théâtre du cuivre (RN) Cold Creek County 19 janvier, Salle Dorotti (Témiscaming) Coco Méliès 24 janvier, Salle Dorotti (Témiscaming) Show et party dans le vaisseau de Maître Stator – Maître Stator, Roud Lee et Shagass Disco 18 et 19 janvier, Agora des arts (RN)
JEUNESSE Heure du conte – Moridicus 4 et 15 décembre Bibliothèque municipale d’Amos Club de lecture livromanie Jusqu’au 5 décembre Bibliothèque municipale d’Amos Déjeuner spectacle avec Gilles Parent et 50e du Théâtre du cuivre… en pyjama! 9 décembre, Théâtre du cuivre (RN) Cour de dessin 7 à 12 ans Jusqu’au 11 décembre, MA musée d’art (RN) Gazou sauve Noël 15 décembre, Agora des arts (RN)
DIVERS Atelier de sculpture d’après modèle vivant – Diane Lemieux 3 décembre, Centre d’exposition de Val-d’Or Soirées Amalgame 4 décembre, Amalgame Pub urbain (Amos) Génies sages et moins sages Génies en herbe Harricana Jusqu’au 14 décembre Bibliothèque municipale d’Amos 22e téléthon La Ressource 27 janvier, Théâtre du cuivre (RN) Soirée quiz Jusqu’au 11 juin 2019 Microbrasserie le Prospecteur (VD) Soirée BGGB (boardgamegeekbeer) Jusqu’au 20 août 2019 Microbrasserie le Prospecteur (VD)
Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.
L’INDICE BOHÉMIEn DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 23
Crédit photo Christian Leduc Inven(taire) à vif, chapitre un, juin 2018.
Inven(taire) à vif, c’est l’histoire de neuf cents citoyens et citoyennes de l’Abitibi-Témiscamingue qui, pendant près de trois ans, se sont engagé.e.s dans une réflexion sur le rapport aux différents territoires que nous habitons. MERCI À TOUTES CELLES ET CEUX QUI ONT PRIS PART À CETTE AVENTURE ARTISTIQUE !
Deloitte sencrl Groupe AT technologies Hôtel Le Noranda L’Abstracto L’Indice Bohémien La Corporation de la Maison Dumulon La Fontaine des Arts
Le Fromage au village Les Chocolats Martine Les Installations Électriques Gadi inc. Madame Nicole Desgagnés M. Claude Boutet M. Jean-Claude Beauchemin M. José Médiavilla
Marcel Baril Limitée Pharmacie Côté et Goulet Pharmacie Viens et Adam Rivard Assurances générales SIMA Bergeron piscines et spas
principal partenaire public
Madame Christine Moore Députée Abitibi-Témiscamingue
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