MAI 2018 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 09 - NO.08

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MAI 2018 VOL 9 - NO 8

Ô LANDING

QUAND DRAMATURGIE RIME AVEC TECHNOLOGIE SPÉCIAL LITTÉRATURE

4FODOC 2018 :

DÉMÊLER LE VRAI DU PRO

6TRIO D’ŒUVRES

REMARQUABLES

8MATHILDE MANTHA, FEMME DE LETTRES

10 PRINTEMPS LITTÉRAIRE

ÉTUDIEZ À L’UQAT À TEMPS PARTIEL! Création et nouveaux médias // Éducation // Études autochtones // Forêts // Génie // Gestion // Mines et environnement // Psychoéducation // Santé // Travail social

SESSION AUTOMNE 2018 – ADMISSION DÈS MAINTENANT!

22 FIGURETTES :

UN LANCEMENT QUI PROMET


ÉDITORIAL L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. ___________________________________

TRIBUNE LIBRE MAUDE LABRECQUE-DENIS

À L’INDICE BOHÉMIEN, LES MOTS NAISSENT DES PASSIONS. PUIS, ILS DEVIENNENT DES IDÉES, REVÊTENT DES VISAGES ET, PARFOIS, SE MUTENT EN RÊVES.

D’une façon qui reste jusqu’à ce jour un mystère pour moi, l’écriture a toujours fait partie de ma vie. Les mots me viennent, c’est comme ça.

l’Abitibi-Témiscamingue une société plus belle, plus vivante.

Il faut dire que je ne manque pas d’imagination. Les réflexions s’enchaînent dans mon esprit, se croisent et se tissent pour donner, au final, quelque chose de passablement cohérent.

Ce à quoi je n’avais pas pensé (et pourtant, c’est d’une évidence!), c’est à quel point j’allais lire. Et ça, ça fait du bien.

Le meilleur deal qui soit.

Dans le processus de production du Journal, il arrive une phase où on doit rapailler tous les textes et les réviser avant de faire la mise en page. Alors là, j’ai lu. Et comme le disent si bien les Français, j’ai pris mon pied. J’ai d’abord lu les textes des chroniqueurs. Tous pertinents. Tous magnifiquement écrits. Chacun à leur façon, ils nous font connaître une facette de leur Abitibi-Témiscamingue. Et comme ils le font mois après mois, on peut leur dire merci. Ensuite, j’ai lu les textes des rédacteurs bénévoles; des gens curieux, impliqués et qui souhaitent découvrir et échanger. TRENT ERWIN VIA UNSPLASH

Les gens d’ici aiment leur région.

Quel hasard alors que le dossier spécial du premier numéro dont je tiens la barre porte sur la littérature! Comme si quelque chose s’alignait parfaitement, comme si ma plume, poussiéreuse et sentant la boule à mites, était destinée à rebondir. Tous ces mots coincés dans le fond de mon gosier peuvent jaillir et je les offre, en toute franchise et en toute liberté, à ceux qui font de

À L’Indice bohémien, les mots naissent des passions. Puis, ils deviennent des idées, revêtent des visages et, parfois, se mutent en rêves. Ils prennent toutes sortes de formes, de lieux, mais au final , ils se tissent en ce qu’on pourrait appeler notre Culture commune, celle qui commence avec un immense « C ».

EN COUVERTURE

SOMMAIRE

IMAGE TIRÉE DE L’IDENTITÉ VISUELLE DU PROJET D’ÉCRITURE DRAMATURGIQUE Ô LANDING. RÉALISATION : MATHIEU GAGNON

2 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

Un peu comme le fait Ô Landing, un étonnant projet d’écriture qui fait la une ce mois-ci, je tenterai de représenter, à partir des fragments que vous voudrez bien me donner, cette Culture. Parfois avec justesse, d’autres fois avec imprécision (je préfère ce terme à « maladresse »), mais toujours avec cœur. Enfin, je vous invite à prendre la plume. Même si elle est poussiéreuse. Même si elle sent la boule à mites. Même si elle est encore fraîche et neuve, comme celle du jeune Zachary Marcoux, 13 ans, qui nous offre un témoignage vibrant de sincérité que vous retrouverez au cœur de ces pages. Un texte, une fois, deux fois par année, sur quelque chose que vous avez vu, entendu, aimé. Laissez vos coups de cœur devenir contagieux. Et laissez-vous séduire par ceux des autres. Ce média est votre média. Abusez-en. Comme un cri du cœur, je vous le demande : offrez-moi encore de cette lecture mois après mois. De cette façon, nous pourrons nous nourrir collectivement de ces mots qui résonnent notre amour pour cette belle région. Longue vie à L’Indice bohémien, longue vie à notre tribune libre. Merci à Lise Millette et Ariane Ouellet pour les conseils, la rigueur, le legs. L’Indice bohémien conservera toujours un beau morceau de vous.

CHRONIQUES 4 5 7 14 15 16 17 19 21

L’ANACHRONIQUE TÊTE CHERCHEUSE LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE PANACHE ET DE LAINE L’ENVERS DU DÉCOR CULTURAT ENVIRONNEMENT MA RÉGION, J’EN MANGE! RÉGION INTELLIGENTE

4 5-6 7 8-13 21-22

ART NUMÉRIQUE ARTS VISUELS THÉÂTRE SPÉCIAL LITTÉRATURE MUSIQUE

JOURNALISTES-COLLABORATEURS ET CHRONIQUEURS Gaston A. Lacroix, Bianca Bédard, Cassandra Bédard, Lydia Blouin, Pascale Charlebois, Arianne Châteauvert St-Amour, Michel Desfossés, Stéphanie Fortin, Daniel Gagné, Tobi Gagné, Ann-Sophie Gironne, Jacob Grenier-Morin, Pauline Henry, Gabriel-David Hurtubise, Brigitte Luzy, Vanessa Mahoney, Zachary Marcoux, Philippe Marquis, Mariane Ménard, Michèle Paquette, Patrick Pelletier, Laurence Ratté, Gabrielle Raymond, Sophie Richard-Ferderber, Geneviève Rouleau-Lafrance, Dominique Roy, Dominic Ruel, et Caroline Trudel ___________________________________ COORDONNATRICES RÉGIONALES Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Madeleine Perron (Rouyn-Noranda) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Anne-Laure Bourdaleix-Manin (MRC Vallée-de-l’Or) ___________________________________ CORRECTRICE D’ÉPREUVES Geneviève Blais ___________________________________ RÉDACTION ET COMMUNICATIONS Maude Labrecque-Denis redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 ___________________________________ GRAPHISME Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org ___________________________________ DIRECTION ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677 ___________________________________ L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006. ___________________________________ CONSEIL D’ADMINISTRATION Marie-France Beaudry, présidente Véronique Gagné, trésorière Carolann St-Jean, secrétaire Fednel Alexandre, Guillaume Boucher et Anne-Laure Bourdaleix-Manin ___________________________________ L’INDICE BOHÉMIEN 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ___________________________________ TYPOGRAPHIE Harfang : André Simard, DGA ___________________________________ ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

Ô LANDING : ÉCRITURE DRAMATURGIQUE À L’ÈRE TECHNOLOGIQUE

Mathieu compile les écrits reçus, les transmet aux auteurs qui repensent et réorganisent les fragments en un tout cohérent, sous l’œil avisé de Joséane Toulouse, directrice littéraire. « On veut construire une écriture dramaturgique à partir du territoire et à partir des gens qui l’habitent, explique Alexandre. En forçant l’écriture d’un spectacle dans un lieu où il n’y a pas de dramaturge, on veut voir comment le territoire peut influencer le texte. »

MAUDE LABRECQUE-DENIS

« Chaque personnage est lié à une thématique. Et ils se retrouvent tous sur le quai, à la croisée des chemins », explique Mathieu.

La dramaturgie est un genre littéraire qui remonte à loin. À travers les époques, elle a connu de nombreuses transformations, mais a toujours trouvé la façon de s’adapter aux nouveaux publics, aux nouveaux styles, aux nouveaux médias. Tout comme l’envie des gens de voir vivre leurs histoires, elle ne s’est jamais éteinte.

L’HISTOIRE Malgré sa démarche d’écriture ouverte, le récit de Ô Landing reste bien centré : un village au bord de la fermeture, trois êtres qui se retrouvent sur un quai après plusieurs années, la confrontation de leurs parcours, de leurs visions, de leurs choix.

En effet, le quai, ou landing, est l’image centrale du récit. « C’est pas tout à fait l’eau, c’est pas non plus la terre. C’est un lieu de transition, un lieu d’où tu peux partir, d’où t’arrives. C’est aussi un lieu commun aux Abitibiens », note Alexandre.

En parent pauvre de l’écriture, la dramaturgie compte aujourd’hui peu d’auteurs puisque les livres s’écoulent en exemplaires limités. Si les pièces-culte sont lues et analysées dans les cours de littérature, la majorité des écrits ne trouvent leur auditoire qu’en étant mis en scène et joués devant public, ce qui ne rend accessible qu’une faible proportion des textes produits.

L’IDÉE D’abord inspirée par l’œuvre Transfiguration de Manon Pelletier (installation juchée à l’entrée du Petit Théâtre présentant une suite de corps dont les visages sont remplacés par des œuvres refusées des galeries), la démarche de Ô Landing prend racine dans la multiplicité, la transformation et la création de sens.

Ainsi, dans une région comme l’Abitibi-Témiscamingue qui compte peu d’auteurs et dont le public reste limité, la production d’écrits dramaturgiques est quasi inexistante. Le projet Ô Landing vient remettre en question cet état de fait en proposant une formule qui, ancrée dans le numérique et la modernité, revisite les modes de conception et de diffusion de la dramaturgie. Comment arriver à nourrir un imaginaire dramaturgique en région? Et surtout, est-ce possible d’affranchir le genre de sa prison scénographique?

L’UTILISATION DU WEB POUR CRÉER ET DIFFUSER « Alex (Alexandre Castonguay) et Nicolas (Lauzon) ramassent des mots, moi je ramasse du data », explique Mathieu Gagnon, concepteur numérique sur le projet. « Pour ça, on utilise principalement le site web, mais aussi Facebook et Instagram. On organise également des rendez-vous physiques qui combinent lectures publiques et ateliers d’écriture. » Jusqu’à la fin de l’été, le public est invité à venir nourrir le récit en se rendant sur olanding.ca et en répondant aux questions proposées. Jusqu’à maintenant, ce sont plus de 225 réponses qui ont été fournies anonymement par des gens provenant des 4 coins de la région.

MATHIEU GAGNON

Alexandre raconte l’origine du concept : « J’ai approché Nicolas et je lui ai demandé si lui aussi avait des poèmes qui avaient été refusés par ses éditeurs. On a pogné ses œuvres orphelines, on a interrogé les œuvres de Manon et on s’est mis à établir un dialogue entre les deux. Ça a donné une espèce de motte. On a laissé le reste d’où ça venait et on s’est concentré sur la motte. »

Et cette motte, elle en avait long à dire. « Il y a des concepts. La nuit, le jour. Le blanc, le noir. L’homme, la femme. Ce qui sépare les concepts, ce n’est pas un mur étanche. C’est poreux. Il a des espaces entre les deux. C’est sur cet espace-là qu’on essaie de se concentrer. Entre l’homme et la femme, entre la ville et la région... Ce lieu-là, on l’a rapidement identifié comme un quai, un landing », conclut Alexandre

LA FINALITÉ Si Ô Landing semble prendre racine dans le territoire et la tradition, sa démarche reste résolument novatrice. « Pour moi, le site web, c’est comme notre quai. C’est là que tout le monde se rencontre et vient mettre ses idées », explique Alexandre. C’est aussi là que réside la finalité du projet. En raison de sa nature, Ô Landing ne sera pas éditée. La pièce sera mise en ligne gratuitement afin d’être redonnée au public qui l’a écrite. Et quand pourra-t-on la voir jouée? « Comme je dis souvent, Ô Landing va être jouée la même année que le Canadien va gagner la Coupe », répond Alexandre, amusé. ALEXANDRE CASTONGUAY, JOSÉANE TOULOUSE, MATHIEU GAGNON ET NICOLAS LAUZON

Décidément, ce sera toute une année.

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L’ANACHRONIQUE

C’EST…

ART NUMÉRIQUE

FODOC 2018 : DÉMÊLER LE VRAI DU PRO CASSANDRA BÉDARD

Un regard qui bouscule les visions Un coup de tête dans les idées estampillées

En grande première pour sa 15e édition, le Festival du DocuMenteur de l’AbitibiTémiscamingue (FODOC) a laissé place à des équipes de création régionales lors de son point culminant, le « Concours de création cinématographique », accompagné pour une toute première fois de « La grande bataille graphique ». Une célébration réussie de l’art numérique pour le FODOC, qui s’est déroulé sous le thème « Beurrer épais » du 5 au 7 avril dernier en sol rouynorandien.

Une goutte d’encre débordant d’un trop-plein de lieux communs

Une rencontre hasardeuse Une lumière insidieuse qui fait ombrage aux sombres desseins Un nouvel éclairage, un nouvel angle, une nouvelle voie Le tison qui joue à l’étoile Un éclair frappant l’imaginaire

Une saveur inconnue, un refrain entraînant, un mot d’esprit, un sourire invitant L’herbe sous la neige, le fruit dans la graine, l’eau sous l’esker

La soirée « Doublage improvisé – CRIME » suivie du retour des trouvailles vidéo « Total Crap » a préparé le terrain au concours de création en désamorçant censure et conventions. La compétition, où les vidéastes ont été mis au défi de réaliser en 72 heures un faux documentaire empreint de nostalgie, était un brin plus corsée cette année en raison de l’intégration des agences professionnelles de tous les horizons. Selon Charles-Antoine Chouinard de l’équipe d’Adama Productions, « ç’a l’avantage de créer un effet boule de neige, car la grande qualité des productions peut faire augmenter l’engouement des spectateurs et, du même coup, celui de la relève ». C’est en effet devant une salle comble que les documenteurs ont été présentés, et leur grande qualité a fait grimper le festival d’un échelon.

UNE RELÈVE BIEN PRÉSENTE L’implication de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) dans la programmation a témoigné de son apport à la création locale, tant lors du « Super amène ta cassette » que dans le cadre du « Cabaret création ». Des étudiants ont également pris part aux compétitions professionnelles, démontrant la grande qualité du matériel qu’ils peuvent produire.

Partir sans savoir où aller, voyager sans bagages, vivre sans quotidien

Un plongeon dans les tréfonds, une exploration à tâtons Risquer de risquer

LES GRANDS GAGNANTS 2018 Le Grand Prix du jury a été remis à l’équipe #onaconnulesvhs pour son film Les Oubliées, tandis qu’une mention spéciale a été attribuée à l’équipe Clam média – Info virale pour Histoires d’amours. Le Grand Prix du public a quant à lui été remis à l’équipe Les trois compadres pour le film Les matins-bonheur.

Prendre les devants sans attendre le bon moment

Ce qui nourrit l’invisible CAROL-ANN GAULIN ET DOMINIC FOURNIER

… ce qui inspire

PHILIPPE MARQUIS

Remporté par l’Agence secrète – communication d’influence, le combat graphique jumelait des duos créatifs issus du milieu des communications à une équipe de création pour laquelle ils devaient produire une affiche en 8 h. Cette traduction visuelle de la portée dramatique des créations vidéo a enrichi l’expérience cinématographique des festivaliers.

En somme, des créations touchantes et stimulantes qui ont permis au Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue de tirer le meilleur de ses atouts, de démocratiser l’art cinématographique et de mettre au défi la relève comme les pros. Les prévisions se veulent bien « beurrées » pour les créations numériques de la 16e édition!

Faites vos bagages! Bénéficiez de 15% de rabais* sur tout achat de billet sur notre réseau. Code promo: INDICE *Certaines conditions s’appliquent

4 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

AUTOBUSMAHEUX.QC.CA

Apprendre ta langue, ton histoire, tes chansons, toi que je ne connais pas


TÊTE CHERCHEUSE

ARTS VISUELS

SAMIAN : UN ARTISTE PASSIONNÉ ET VIVANT ZACHARY MARCOUX Dans ce texte empreint de sincérité, le jeune Zachary Marcoux, étudiant à l’école secondaire d’Amos – pavillon La Calypso, nous livre ses impressions sur sa rencontre avec l’artiste Samian et la découverte de son travail de photographie. Hormis quelques corrections d’orthographe, le texte a été conservé tel quel.

Dans la semaine du 5 février 2018, Samian étant de passage à Amos pour présenter son exposition de photographies, il en a profité pour venir rencontrer les élèves de l’école secondaire d’Amos dans le cadre d’un cours de français. Son approche différente s’est voulue très intéressante pour les professeurs et les élèves. Après avoir recueilli quelques commentaires des élèves de ma classe, la conférence de Samian a su apporter le réconfort chez plusieurs personnes. J’ai apprécié la touche d’humour qu’il apportait dans sa conférence qui, bien que touchante, la rendait divertissante. Il a su aller au plus profond de notre cœur, ce qui a eu pour effet de toucher plusieurs personnes. « S’accrocher à nos rêves » est un des conseils que nous a donnés Samian, en plus d’apporter le bonheur chez plusieurs personnes. Son passage à mon école a été unique et très instructif pour moi et les autres élèves de ma classe. J’ai recueilli des commentaires auprès de mes professeurs et j’ai surpris des réactions qui étaient très positives et unanimes. De plus, certains professeurs étaient bouleversés par sa capacité à toucher les gens. Samian est quelqu’un de sympathique et d’attachant qui a à cœur de ramener une certaine paix chez les gens qui en ont besoin, c’est une personne amicale et sincère qui cherche la vérité enfouie en chacun de nous. À la fin, il nous a dit de laisser tomber nos peurs pour réaliser nos rêves ainsi que de nous accrocher à la vie et de goûter les meilleurs moments qui font de nous des bonnes personnes. Au cours de sa carrière, Samian a caressé plusieurs projets, tous différents les uns des autres. Grâce à son franc-parler, Samian arrive avec facilité à convaincre les gens qu’il rencontre tout au long de son chemin, ce qui m’impressionne. C’est une personne pleine de vie qui gagne à être découverte et entendue, malgré les obstacles rencontrés à cause de ses origines. Afin d’en savoir plus sur sa personnalité, je suis allé voir son exposition à la Maison de la culture. Comme sa conférence interactive, son exposition s’est avérée très intéressante. Par les photos des gens d’autres pays, Samian voulait nous faire découvrir leur mode de vie en images et en vidéo. Samian a eu, selon moi, un courage immense en venant nous parler, car tout le monde sait que cela peut être gênant de venir parler devant plus de trente personnes et ce, à plusieurs reprises. J’admire son courage et sa forte personnalité qui a le pouvoir d’influencer des groupes de personnes ou même des écoles entières à travers la province. En conclusion, j’aimerais avoir le courage de m’exprimer publiquement sans avoir peur de ce que les gens vont penser de moi ou même dire de moi. Merci, Samian de m’avoir donné un peu plus de courage dans ce que je fais ou entreprends.

DEVOIRS À LA MAISON : UN GRAND PACTE

DOMINIC RUEL

Oui, la fin des classes approche. Et les devoirs aussi se terminent bientôt. Fini les mots de vocabulaire, les tables de multiplication, les maths à compléter, l’examen à étudier. On ose espérer que tout ce beau monde se retrouvera à jouer dehors, à remplir les rues et les parcs de vélos et de ballons, à lire de bons livres, à lâcher les tablettes et les écrans aussi. Les devoirs, c’est une question clivante. Plusieurs en voient les bénéfices et aiment voir ce qu’apprennent leurs enfants. Pour d’autres, c’est un véritable calvaire, un moment de stress de plus. Ils voudraient faire autre chose. Le docteur en éducation Pierre Potvin fait un intéressant constat : « Si les enseignants du primaire donnent des devoirs à la maison, et ce, dans le but de favoriser la réussite scolaire, il semble bien, selon les travaux, que ce n’est pas une stratégie efficace. Par contre, il semble bien qu’au secondaire, cela contribue à la réussite. » Ce n’est pas simple. Je proposerais une solution : un grand pacte entre l’École (la majuscule est voulue!) et le peuple québécois. Un pacte annoncé par le ministre lui-même, le lutrin, les drapeaux, quelque chose de solennel. Le contrat? Fin des devoirs et leçons à la maison jusqu’en 3e secondaire. Après, on prépare les jeunes aux études supérieures. Tout est fait en classe, on présume que le programme sera vu, retravaillé pendant la journée. Les enseignements, les exercices, les révisions, les travaux et les évaluations se font durant la journée. Quand la cloche sonne, c’est terminé. Les profs communiquent le rendement via des communications régulières. En échange, l’école se recentre sur ses deux missions essentielles : instruire d’abord, et qualifier ensuite. On se concentre sur la matière et les programmes qu’on cessera d’alourdir selon les modes et l’actualité. Il faudra donc mettre de côté certaines choses, le temps manquera. On coupe donc : les fêtes d’Halloween, de Noël et de Pâques, les sorties au cinéma, les activités-récompense, les périodes de jeux libres, les films sans but pédagogique, les sorties ski-patin-raquettes et tous les autres Pageau, Aiguebelle et Musée minier de ce monde. On se questionne sérieusement avant d’aller voir des pièces de théâtre ou de recevoir tous ces organismes et conférenciers (lobbys?). C’est un échange de temps. Les parents pourront donc, les soirs et les fins de semaine, amener leurs enfants voir des films et des pièces, leur faire faire du sport, fêter ce qu’il y a au calendrier, cuisiner des plats-santé. À chacun ses responsabilités. Mais attention! Selon M. Potvin : « S’il n’y a pas de devoir à la maison, il serait important d’avoir un système qui favorise la relation enfant-parent-école, qu’il y ait des occasions pour le parent d’encourager son enfant dans ses apprentissages, de valoriser les sujets étudiés, etc. » Et puis, pourquoi ne pas lire quinze ou vingt minutes chaque soir? C’est un beau devoir, un beau pacte à faire aussi!

BIENNALE INTERNATIONALE D'ART MINIATURE 400 oeuvres - 21 pays

Vernissage 8 et 9 juin 2018 Galerie du Rift 42 rue Ste-Anne, Ville-Marie (QC)

lerift.ca/biennale leri

Biennale Internationale d'Art Miniature de Ville-Marie

L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 5


ARTS VISUELS

TRIO D’ŒUVRES REMARQUABLES AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS GASTON A. LACROIX

Ce printemps, le Centre d’exposition d’Amos nous fait découvrir le travail de trois artistes remarquables. Chacune en son genre (intimiste, introspectif et spirituel), ces trois expositions portent à la réflexion.

CAROL KRUGER, LA MAGICIENNE

En effet, de ses tableaux, qui se rapprochent du style de l’espagnol Juan Gris avec son tableau Nature morte (1913), surgissent des émotions. Et ce prodige s’accomplit grâce au pinceau magique de l’artiste Kruger.

MATHIEU GOTTI, LE SCULPTEUR PATENTEUX

Par sa façon de cadrer de façon rapprochée des objets du quotidien tels les draps du matin froissés sur le lit, la table mise pour quatre, une chaise, une fenêtre, une poignée de porte ou un escalier, l’exposition La lumière chez-nous de la sculpteure et peintre Carol Kruger nous plonge dans l’intimité, le temps présent et la beauté des petites choses du quotidien.

Originaire de Béarn au Témiscamingue, diplômée en arts plastiques et en peinture et membre du collectif L’Atelier Cent Pression, Carol Kruger a participé à plusieurs expositions de groupe et individuelles au Québec, au Canada, en Argentine et en France. Ses œuvres ont d’ailleurs remporté de nombreux prix. « Je peins la lumière accueillante qui fait naître des couleurs chaudes dans un coin de mon quotidien. Ce n’est pas moi qui investis mes tableaux d’une charge émotive, mais

10 MAI AU 10 JUIN 2018

MARCHER DANS LE CIEL

C’est dans un avenir imaginé que l’exposition Se prémunir contre l’irrationnel montre des animaux qui, après l’extinction de l’humanité, se servent des inventions de l’homme pour s’adapter aux perturbations irréversibles d’une nature qui s’en va à sa perte. GRACIEUSETÉ

GASTON A. LACROIX

Quel qu’il soit, l’art est une façon de libérer les émotions. Voilà ce que figurent les tableaux de Carol Kruger.

curieusement des atmosphères mystérieuses surgissent de celles-ci », explique l’artiste. Ce n’est pas elle, d’accord, mais l’émotion serait absente, n’eût été son intervention sur ces éléments du quotidien pour en faire des mises en scène : « Les effets dramatiques combinés avec l’image banale créent une ambiguïté dans cette simplicité. »

La tour d’eau et les lapins, le lévrier anarchiste, le singe noyé sous les ressources, Neil l’ours astronaute, le cerf avec sa veste de sauvetage pour échapper à la montée des eaux, la souris et la fusée pour quitter la terre... Tous ces éléments mis ensemble se transforment en un solide argumentaire environnemental. En montrant l’état chaotique dans lequel les animaux sont pris, l’exposition nous amène à réfléchir sur le développement industriel et notre consommation énergétique.

FRANK POLSON, LE CHAMAN DES TEMPS MODERNES L’artiste peintre et sculpteur algonquinoriginaire de Winneway Frank Polson a redécouvert sa propre identité et s’est approprié son héritage culturel d’une manière que ses aînés n’auraient jamais pu imaginer. Ses tableaux de style Woodland aux couleurs vives et aux images figuratives modernes évoquent les mythes et légendes des premières nations. « J’illustre avec force et réalisme les activités quotidiennes, la faune du Nord-Ouest québécois et la spiritualité traditionnelle empreinte de légendes et de transformations chamanistes », explique l’artiste.

ANNIE BOULANGER SONIA COTTEN

ENTRÉE LIBRE RENSEIGNEMENTS SUR NOS ACTIVITÉS : WWW.VILLE.LASARRE.QC.CA VILLE DE LA SARRE - CULTURE ET VIE COMMUNAUTAIRE

6 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

GRACIEUSETÉ

CENTRE D’ART ROTARY 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3 819 333-2282 NOUVELLES HEURES D’OUVERTURE LUNDI : FERMÉ MARDI ET MERCREDI : 9H À 12H 13H À 17H JEUDI ET VENDREDI : 12H À 20H SAMEDI ET DIMANCHE :10H À 15H

Issues d’un savoir-faire traditionnel relié à la taille directe sur bois, les sculptures de Gotti créent un contraste avec notre époque tout en établissant un lien naturel avec le spectateur.

Fort de son amour pour la nature et pour l’art qui l’a aidé à surmonter les problèmes d’alcool et de drogues qui l’avaient jadis conduit derrière les barreaux, l’artiste confie : « La situation des jeunes m’interpelle profondément. Je suis toujours heureux de partager mon expérience avec eux et leur raconter à quel point l’art m’a aidé à me libérer et à accéder à une vie saine remplie de découvertes. »

En plus de la série Les 7 grands-pères, l’exposition nous fait découvrir deux des plus récentes œuvres de l’artiste : l’une conçue pour un monument commémoratif de l’École nationale de police du Québec à Nicolet et l’autre pour la Monnaie royale canadienne.


LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

THÉÂTRE

UN PIONNIER DE LA MUSIQUE ABITIBIENNE

L’AGORA DES ARTS FAIT PEAU NEUVE

GENEVIÈVE ROULEAU LAFRANCE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

LA RÉDACTION

Edgard Davignon, amoureux de la musique, a su mettre celle-ci à l’honneur au sein de la population valdorienne et abitibienne. En effet, après de nombreux efforts acharnés, il a réussi le tour de force de doter Val-d’Or d’un conservatoire de musique. Qui aurait cru qu’une petite ville comme celle-ci pouvait avoir une maison d’enseignement de la musique aussi prestigieuse? La volonté et la ténacité de M. Davignon ont contribué au développement de nombreux talents musicaux abitibiens, et cette même passion est encore aujourd’hui transmise aux jeunes musiciens par les professeurs dévoués du Conservatoire de musique de Val-d’Or. Né à Welkenraedt en Belgique, Edgard Davignon débarque au Canada avec sa famille en 1957. Auparavant, il avait étudié au Conservatoire de Verviers et à celui de Bruxelles. Excellent musicien, il se démarquait par les nombreux prix qu’il remportait. Il était professeur de la classe de flûte au Conservatoire de Verviers au moment de son départ pour le Canada. À son arrivée en terre québécoise, Edgard Davignon poursuit sa carrière de pédagogue musical. Il enseigne la musique au Séminaire d’Amos, puis arrive à Val-d’Or en 1959 pour enseigner le solfège dans trois écoles de la Commission scolaire catholique. Dès lors, il transmet sa passion de la musique aux enfants et les éveille à sa richesse. Dès 1962, M. Davignon entreprend les démarches nécessaires auprès du ministère des Affaires culturelles du Québec pour fonder un conservatoire de musique dans sa ville d’adoption. Ses efforts seront récompensés en 1964 avec l’ouverture du Conservatoire de musique de Val-d’Or. Il y enseigne, seul, la flûte traversière, le piano, le solfège, la dictée musicale et la théorie musicale à une vingtaine d’élèves. Plus tard, d’autres enseignants le rejoignent pour former l’équipe pédagogique. M. Davignon enseigne et dirige le Conservatoire jusqu’à sa retraite, en 1986. Parallèlement à sa carrière professionnelle, il a fondé la Chorale de la Vallée-de-l’Or en 1959 et en a assuré la direction musicale jusqu’en 1967. Cette dernière présentera, en première le 31 mai 1967, La Suite abitibienne au cinéma Capitol de Bourlamaque. Cette grande œuvre composée par Edgard Davignon est inspirée d’un long poème de Jean Neuvel. La symphonie raconte la genèse de l’Abitibi, l’histoire de ses bâtisseurs. Cette pièce musicale sera présentée plusieurs fois en Abitibi et ailleurs au Québec. Elle est même jouée en Belgique en 1995. La Suite abitibienne a ensuite été reprise, à la demande du Centre de musique canadien, à l’occasion du centenaire du pays. Cette œuvre magistrale a su plaire au public dès sa première et le nombre subséquent de représentations du même récital en fait foi. Un des honneurs dont Edgard Davignon était le plus fier est l’Ordre du Canada. Il l’a reçu en 1988 des mains de la gouverneure générale, Mme Jeanne Sauvé. Il a mérité cette décoration grâce à son engagement pour la diffusion de la musique classique en région éloignée. Il a aussi obtenu le prix hommage de la Commission de développement culturel de Val-d’Or en 1998. En reconnaissance de son immense implication culturelle, la ville de Val-d’Or a nommé un parc en hommage à ce grand mélomane. Celui-ci est situé près du lac Blouin.

Le 26 mars dernier, c’est avec fierté que le ministre Luc Blanchette et les membres de la direction de l’Agora des Arts de Rouyn-Noranda procédaient à l’annonce publique d’une contribution financière de plus de 6,5 M$ pour effectuer des travaux de réfection du lieu de production et de diffusion en arts de la scène de l’organisme. Le coût total du projet est estimé à 8,3 M$, dont environ 600 000 $ proviennent de dons en argent du milieu. Lors de la présentation, un moment en particulier a retenu notre attention : il s’agit de l’allocution de l’un des fondateurs de l’Agora des Arts, Jean-Charles Coutu, qui a su mettre en lumière le travail effectué à travers les années ainsi que l’importance de la présence d’une telle infrastructure pour les citoyens et citoyennes de Rouyn-Noranda. Voici une version abrégée de son discours. Bonjour, Comme un des premiers initiateurs du projet de l’Agora des Arts, permettez-moi de vous en faire un bref historique. La création d’un centre de production-diffusion en arts de la scène était réclamée par le milieu artistique depuis les années 1980. Durant l’année 2003, Jean-Guy Côté et moi décidons de faire des démarches pour analyser la possibilité de réaliser ce projet de façon privée. 2005 à 2008 : études pour déterminer la faisabilité de ce centre dans les espaces de l’église et du presbytère de Notre-Dame-de-Protection dans le quartier du Vieux-Noranda (plan d’affaires, études préliminaires d’ingénierie, architecturales, scénographiques, acoustiques). HUGO LACROIX

Septembre 2008, début de la première saison de programmation de l’Agora.

Puis-je vous dire que pour en arriver l’annonce faite aujourd’hui nous en avons « sué » un coup, mais nous n’avons jamais désespéré tellement nous sommes convaincus de l’importance de cette réalisation. L’annonce faite aujourd’hui est le produit de 14 ans de rêves, de travail et surtout, de réalisations d’un organisme unique, qui a fait ses preuves et qui remplit auprès des jeunes et du public une vocation que nul autre organisme ne remplit. De plus, je vous rappelle deux autres objectifs de notre travail, soit : la conservation d’un édifice patrimonial dont nous conservons le caractère architectural, première église de Noranda construite en 1931, et la consolidation du quartier du Vieux-Noranda et sa consécration comme quartier des arts. Bien sûr, nous désirons remercier tous ceux qui, au cours des ans, ont contribué à la vie de l’Agora et à l’avancement du projet. Pour les deux prochaines années, une tâche immense nous attend, mais c’est avec enthousiasme et beaucoup de joie que nous l’abordons. Nous l’avons tellement désiré. Merci à tous.

Edgard Davignon a fait foisonner la passion musicale à Val-d’Or. Son épouse, Gisèle, l’a solidement épaulé au cours de son impressionnante carrière. La présence du Conservatoire de musique à Val-d’Or a contribué à l’éclosion de nombreux talents musicaux, dont certains artistes qui ont connu une carrière remarquable tant au Québec qu’à l’international.

Jean-Charles Coutu, initiateur du projet de l’Agora des Arts RETROUVEZ LE TEXTE INTÉGRAL DE CE DISCOURS ET UNE BANDE SONORE DE SA LECTURE PAR ÉTIENNE JACQUES LORS DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE SUR INDICEBOHEMIEN.ORG.

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SPÉCIAL LITTÉRATURE

FESTIVAL DU LIVRE ILLUSTRÉ : RETOUR SUR LA PREMIÈRE ÉDITION

MATHILDE MANTHA, FEMME DE LETTRES

MAUDE LABRECQUE-DENIS

STÉPHANIE FORTIN

Du 21 au 25 mars dernier avait lieu, à Rouyn-Noranda, la première édition du Festival du livre illustré. Au total, une dizaine d’illustrateurs de la région ont pris part aux différentes activités proposées. Retour sur une activité littéraire haute en couleur.

L’écriture et la lecture habitent le quotidien de Mathilde Mantha depuis son plus jeune âge. C’est toutefois lors de ses études collégiales au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue que sa vocation se confirme.

LA RENCONTRE DES TALENTS Les amateurs se sont réjouis de la présence de bon nombre des plus grands illustrateurs de la région qui étaient, pour une rare fois, réunis au même endroit. En plus d’admirer plusieurs œuvres originales, les festivaliers ont pu discuter avec les artistes qui se sont montrés accessibles et généreux. Notons la présence d’Annie Boulanger et ses univers oniriques et colorés, de Michel Villeneuve et son hyperréalisme animal, de Sylvie Rancourt et ses traits naïfs (alors que ses propos le sont beaucoup moins) ainsi que de plusieurs autres illustrateurs de grand talent.

TROIS PRÉLANCEMENTS ET UNE NOUVELLE MAISON D’ÉDITION La nouvelle maison d’édition En Marge a profité de l’occasion pour procéder au prélancement de ses trois premiers livres qui seront en vente dès ce printemps : Le trésor de Manolito de Karine Hébert, Le vol du train d’or – L’envol du train d’art de Roger Pelerin et Toutedouce et la doudoucâlin d’André Simard et Constance Haché. Pour le nouvel éditeur, c’est le premier pas vers un projet plus ambitieux. « Notre objectif est de développer une collection de livres d’art. Il y a chez nous des artistes de grand talent dont les œuvres n’ont pas encore fait l’objet de publication. C’est quelque chose qui n’existe pas encore au Québec. On pense donc qu’il y a beaucoup de potentiel », explique Stéphane Dupuy.

Julie Gingras, professeure de littérature originaire (comme elle) de Latulipe au Témiscamingue, devient un modèle pour la jeune auteure. Son enseignement allume quelque chose et l’aiguille, notamment en ce qui concerne la littérature régionale. « Je trouve que le territoire est ancré dans la littérature de l’Abitibi-Témiscamingue », commente Mathilde. À travers ses réalisations comme journaliste, adjointe à l’édition, libraire, chroniqueuse à la radio et blogueuse, les lettres demeurent le fil d’Ariane du parcours de la jeune femme. Son travail et ses implications visent à éveiller les gens à la littérature, à promouvoir la lecture et à démontrer à quel point les livres peuvent aider à apprendre à vivre.

LA CRÉATION D’UN CERCLE DE LECTURE FÉMINISTE Quand on demande à Mathilde Mantha qui sont ses auteurs régionaux préférés, elle nomme naturellement des femmes : Louise Desjardins, Suzanne Jacob, Jeanne Mance Delisle, Jocelyne Saucier, Sonia Cotten.

C’est donc presque candidement, à l’automne 2017, qu’elle lance l’idée d’un cercle de lecture féministe, comme une bouteille lancée à la mer des réseaux sociaux. La réponse, rapide et multiple, la convainc de pousser plus loin le projet. « J’ai créé le Cercle de lecture féministe Témis sur Facebook, ce qui permet de rassembler toutes les intéressées sur une même plateforme. Il s’agit d’un lieu de partage de lectures et de réflexions. On y retrouve des femmes qui ont à cœur les enjeux féministes, donc cela ouvre le dialogue. Ce n’est pas fermé aux hommes, mais là, la majorité féminine l’emporte! » explique-t-elle. En décembre dernier a eu lieu une première rencontre physique du groupe où la poésie féminine et féministe de Nicole Brassard a été explorée. Le prochain rendez-vous devrait se tenir d’ici la fin juin. « Pour les prochaines rencontres, les femmes ont manifesté le désir de lire une même œuvre à l’avance et d’en discuter », précise Mathilde. Le roman de l’auteure innue Naomi Fontaine, Manikanetish, a été retenu. La date sera annoncée sur la page Facebook du Cercle.

DU TEMPS POUR ÉCRIRE Après une année scolaire où elle travaille à la francisation et donne des ateliers de littérature aux élèves de l’école primaire de Latulipe, la jeune femme souhaite s’offrir une résidence d’artiste. Elle partira pour l’été aux Îles-de-la-Madeleine afin de se consacrer à l’écriture. « Je pourrais écrire toute ma vie tellement il y a des projets littéraires dans ma tête! Ça prend du temps. Il faut une bulle, pouvoir s’immerger complètement. Je veux aller au bout de mes idées », conclut la dynamique auteure.

Dans le cadre du mois équitable, le Centre de solidarité internationale Corcovado et ses partenaires vous invitent à poser un geste solidaire! Procurez-vous des produits équitables dans les commerces de la région et participez concrètement à l’amélioration des conditions de vie des familles du Sud productrices de café, de thé, de cacao et d’artisanat. Pour en apprendre plus sur le commerce équitable visitez fairtrade.ca Prenez part au mouvement Rouyn-Noranda, ville équitable! Rouyn-Noranda-ville-équitable csicorcovado.org/ville-equitable/la-une 8 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018


SPÉCIAL LITTÉRATURE

SOLIDAIRES DE PAROLE : LITTÉRATURE ET FÉMINISME EN CONTEXTE RÉGIONAL

MAILLAGE LITTÉRATURE ET NUMÉRIQUE PAULINE HENRY, VANESSA MAHONEY ET CAROLINE TRUDEL

MARIANE MÉNARD

Quelle est la place des enjeux féministes dans la littérature des créatrices de l’Abitibi-Témiscamingue? Cette question, parmi bien d’autres lancées le 10 mars dernier à la Bibliothèque de Val-d’Or, a donné lieu à de riches échanges. Dans le cadre de cette soirée organisée par le Service culturel de la Ville de Val-d’Or, la librairie féministe L’Euguélionne et la revue L’Esprit libre, Véronique Filion, Marta Saenz de la Calzada et Marie-Hélène Massy Émond se sont exprimées sur leurs manières très personnelles de vivre le féminisme, au quotidien comme dans leur démarche artistique. Pour Véronique Filion, le féminisme traverse toutes les sphères de la création. Si l’auteure cherche à mettre en scène les femmes fortes qui ont marqué l’histoire de la région, elle continue à percevoir les inégalités de genres, notamment du côté du financement en théâtre. Alors qu’elle est à l’aise avec la dimension financière du travail artistique, elle sent qu’on ne la prend pas au sérieux. Le point de vue féministe partagé par Marta Saenz de la Calzada est celui d’une immigrante, qui perçoit les différences entre sa culture d’origine et son pays d’adoption. Tout en rappelant les victoires féministes passées, elle mentionne l’importance de poursuivre la lutte, alors que la société vend encore aux filles le rêve de se marier et de fonder une famille. Et en littérature? La conteuse parle de l’écriture comme lieu de liberté, citant au passage l’essai de Virginia Woolf Une chambre à soi. Après tout, le féminisme n’est-il pas intimement lié au désir d’être libre? Dans une performance sonore mettant en scène le territoire et des lieux mythiques de l’Abitibi, Marie-Hélène Massy Émond exprime les liens entre les luttes féministes et écologiques. Citant les auteures marquantes de la région desquelles elle s’inspire, elle situe son travail dans celui des luttes féministes, mais aussi dans la lutte contre les systèmes de domination et d’oppression qui taisent les situations problématiques, dont la destruction du territoire. Sans avoir épuisé ce complexe sujet, ces prises de parole ont assurément suscité des réflexions chez bien des personnes présentes à la soirée.

La montée du numérique a suscité de grandes peurs, plusieurs incompréhensions, mais a également entraîné la naissance de projets interdisciplinaires des plus surprenants. Le numérique donne la chance à des artistes de défier les limites dans leurs disciplines artistiques et de pousser leur concept à un niveau plus élevé.

DES BOUCHÉES LITTÉRAIRES LYDIA BLOUIN

C’est le 22 mars dernier, au Petit Théâtre du Vieux Noranda, que s’est tenue la toute première soirée-bénéfice organisée par la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda. Musique, nourriture et lectures étaient à l’honneur alors que les visiteurs avaient l’occasion d’enchérir sur deux peintures de l’artiste régionale Véronique Doucet. En tout, la Bibliothèque municipale a amassé 10 700 $ pour financer, entre autres, ses activités d’animation gratuites.

LA CULTURE À L’HONNEUR L’artiste peintre dont les œuvres étaient mises à l’encan a présenté ses deux créations en parlant de ses inspirations littéraires. L’un des deux tableaux, composé d’un amalgame de couleurs et de mots, est inspiré du livre Coco écrit par Antoine Charbonneau-Demers, un auteur originaire de la région.

LE LIVRE… SOUS UNE AUTRE FORME Dans les dernières années, le Conseil de la Culture en Abitibi-Témiscamingue (CCAT) a invité de nombreux formateurs à venir présenter leurs projets de littérature numérique. Notons entre autres Catherine Voyer-Léger qui, lors de sa formation, montrait les nombreuses formes pour raconter une histoire grâce aux outils disponibles sur le web. À l’automne dernier, lors de l’événement CultureNum08, personne n’est resté indifférent au voyage en Inde d’Ugo Monticone et de son livre numérique interactif Le vendeur de Goyaves, un bel exemple de l’exploitation du numérique. Bien que le livre sous sa forme papier soit appréciable en lui-même, impossible d’ignorer ces sources d’inspiration qui donnent envie de pousser plus loin les limites du livre.

Aussi éclatée que ce roman, la peinture a trouvé preneuse auprès de Marie José Denis, enseignante en littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Celle-ci explique la raison de son choix : « Cette œuvre m’a plu dès que je l’ai vue, c’est comme si elle était faite pour moi. J’aime tout ce que fait Véronique, sa manière de peindre et d’utiliser les couleurs me touche. En plus, j’ai suivi Antoine dans son parcours d’étudiant et j’ai adoré son roman. »

LES BIBLIOTHÈQUES SE MODERNISENT Les bibliothèques ont d’ailleurs bien compris cette ouverture vers le numérique avec de nombreuses initiatives qui visent à varier leurs offres de services, soit par des livres numériques, l’accès à du matériel informatique ou la réorganisation de leurs espaces. Notons par exemple l’espace La Bulle, nouvelle zone pour adolescents de la Bibliothèque municipale de Val-d’Or, ou la création d’un laboratoire pour expérimenter avec la technologie numérique. D’autres initiatives telles que les bibliothèques de rues, présentes un peu partout dans la région, montrent l’importance de l’accessibilité de la lecture. Selon Michelle Bourque, responsable des bibliothèques pour la ville de Val-d’Or, le pont entre le numérique et la littérature se fait surtout sur la base d’un accès facilité à la littérature. Il n’y a plus de barrière de lieu physique, le défi demeure d’assurer cet accès par des services Internet adéquats. On remarque que le numérique et le livre traditionnel en papier se complètent, l’un ne supplante pas l’autre.

OEUVRES : VÉRONIQUE DOUCET

Par la suite, les visiteurs ont pu profiter de lectures effectuées par des conteurs de la région : Martin Villemure, Guillaume Beaulieu, Nicolas Lauzon, Stéphanie Lavoie et Myriam Debonville. Tous étaient accompagnés de musique, les uns à l’accordéon et au violon par Frédéric Rivard et Léann Ménard, les autres au piano par Suzanne Blais. La dernière lecture était enrichie par le chant lyrique de Caroline Pépin.

En touche finale, les textes étaient accompagnés de bouchées conçues par les restaurants locaux.

UNE OPÉRATION DE FINANCEMENT NÉCESSAIRE Ce type d’activités de financement devient nécessaire dans un Québec où la recherche de subventions devient de plus en plus difficile pour les organismes, particulièrement dans les régions éloignées. Esther Labrie, directrice de la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda, explique les difficultés rencontrées lors du financement des projets : « Nous avons des subventions du ministère de la Culture et des Communications du Québec ainsi que de la Ville, mais aucune par rapport aux animations. On nous demande d’offrir des services de qualité visant l’éducation des jeunes, mais il est difficile d’aller chercher l’argent pour le faire. Nous avons des tas d’idées, mais nous ne pouvons pas toujours les mettre en pratique! » Heureusement, grâce à la générosité des visiteurs et des partenaires présents, les activités d’animation gratuites pourront se poursuivre une année de plus à Rouyn-Noranda. Par ailleurs, les organisateurs considèrent que la soirée aura été un grand succès : les billets ont tous été vendus et les commentaires des invités sont très positifs. D’ailleurs, plusieurs espèrent que cette première Bouchée littéraire n’était que le début d’une longue tradition. L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 9


SPÉCIAL LITTÉRATURE

PRINTEMPS LITTÉRAIRE NOUVEAUTÉS RÉGIONALES ÉDITIONS Z’AILÉES

Avec le retour des oiseaux migrateurs, de la verdure et (moins poétique) des trottoirs ensablés vient invariablement la saison des nouveautés littéraires. Pour les maisons d’édition, c’est la course aux imprimeurs. Pour les auteurs, c’est l’occasion de présenter le fruit de leur travail à une horde de lecteurs avides de découvertes. Notre région n’est pas en reste. Du 24 au 27 mai aura lieu à La Sarre le Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue où plusieurs nouveautés régionales sont attendues. En voici quelques-unes.

ÉDITIONS DU QUARTZ

28 JUIN AU 1ER JUILLET 2018 Le festival blues Eldorado sera l’hôte des festivités de la fête du Canada le 1er juillet

DIUNNA GREENLEAF ET SES INVITÉS - HOUSTON TEXAS Tête d’affiche du Festival

Présentée à la soirée d’ouverture du festival JEUDI 28 JUIN 5 À 7 CONSERVATOIRE DE MUSIQUE DE VALD’OR Programmation complète du festival blues Eldorado dans la prochaine parution du journal ou encore au

festivalblueseldorado.ca

festivalblueseldorado@gmail.com

819-856-6881

10 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

Le poète Sylvain Janneteau viendra présenter, son tout nouveau recueil fraîchement sorti de l’imprimerie, La mémoire des morts. Il s’agit d’une troisième publication pour l’auteur originaire de Rouyn-Noranda. « La mémoire est perçue comme facteur d’altération des souvenirs. Le deuil inclut la perte d’un proche et le deuil d’événements anciens. Le dernier thème, la mort, est traité comme l’ultime souvenir d’une personne », explique l’éditeur. Si le sujet ne s’annonce pas léger, il saura certainement offrir une forte expérience à ses lecteurs. L’attendu recueil de nouvelles AbitibiMontréal sera également présenté en grande première lors du Salon. Mathieu Gagnon sera présent à titre de représentant du collectif d’auteurs formé de Claude Boulianne, Alexandre Castonguay, Gabrielle L. Falardeau, Catherine Perreault, Joséane Toulouse et lui-même. Selon l’éditeur, « l’ouvrage fait entendre de nouvelles voix regroupées autour du questionnement “partir, revenir, rester” propre aux habitants des régions dites éloignées et qui font partie de ce que nous nommons “la boréalité” ».

En plus du déjà populaire roman De la défaite à la victoire de l’haltérophile Christine Girard, les Éditions Z’ailées offrent aux lecteurs deux nouveautés à découvrir ce printemps. S’adressant aux adolescents, Maudit cash de Nadia Bellehumeur raconte les péripéties d’une jeune femme de 16 ans vivant une période trouble à la suite de la mort de son père. Il s’agit d’un quatrième roman pour l’auteure résidant à St-Eugène-de-Guigues. Le duo formé de Nadine Descheneaux et d’Amy Lachapelle nous propose quant à lui un troisième tome à la série Raf à la rescousse : Le journal de Sophia. Dans un phrasé dynamique et léger, on suit Raf dans sa tentative d’aider Sophia à voir clair à travers ses émotions troubles. Mais… n’est-ce pas un peu douteux « d’emprunter » un journal sans demander?

ÉDITIONS EN MARGE

ILLUSTRATION ANDRÉ SIMARD

MAUDE LABRECQUE-DENIS

Lui est graphiste de profession et illustrateur de passion, elle est enseignante au préscolaire et possède un imaginaire sans borne. S’ils forment un couple depuis de nombreuses années, Toutedouce et la doudoucâlin est le tout premier projet littéraire qu’André Simard et Constance Leboeuf réalisent ensemble. « L’origine de Toutedouce, c’est une naissance, une forêt magique et une petite souris », explique Constance Leboeuf. « Moi, j’illustre l’imaginaire de Constance. Elle m’alimente par des séries de photos, puis je me laisse aller », renchérit André Simard. Les auteurs souhaitent que ce livre pour enfants soit le premier d’une longue série.

Artiste bien établi dans le paysage abitibien, Roger Pellerin nous livre quant à lui Le vol du train d’or – L’envol du train d’art : « J’avais fait des strips pour L’Indice bohémien dans les deux ou trois dernières années. C’est ça qu’on a rassemblé, et je rajoute d’autres petites bandes dessinées que j’ai faites sur une page en couleurs », explique l’artiste de l’île Nepawa. Karine Hébert est une artiste interdisciplinaire bien connue dans la région. Si elle a participé à plusieurs projets littéraires au fil des ans, c’est avec Le trésor de Manolito qu’elle signe pour la première fois la totalité d’un ouvrage (textes et illustrations). « C’est un livre où je raconte comment naissent les idées, explique l’artiste. J’ai été beaucoup artiste à l’école un peu partout en Abitibi-Témiscamingue. J’aime commencer les ateliers avec une activité brise-glace et amener les enfants dans un processus de création. J’ai donc choisi d’écrire une histoire à partir de comment moi je fonctionne, mais aussi en observant les autres dans leur processus créatif. C’est devenu mon outil de travail. » Plusieurs autres auteurs d’ici et d’ailleurs seront présents lors du Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue. Les lecteurs de partout dans la région sont invités à venir les rencontrer et à profiter des nombreuses activités organisées du 24 au 27 mai à l’aréna de La Sarre.


SPÉCIAL LITTÉRATURE

ESTAMPES ET POÉSIE : AUTOUR DU LAC MALARTIC

LES ENFANTS DE PUTAINVILLE : INTRIGUE SUR FOND DE DÉPRAVATION

MICHÈLE PAQUETTE

DOMINIQUE ROY

Lorsqu’une poète et une artiste en arts visuels travaillent ensemble pendant cinq ans, qu’est-ce que ça donne? Un bel ouvrage d’estampes et de poésie intitulé Autour du lac Malartic réalisé par la poète Diane Dubeau et l’artiste Danielle Turgeon Boutin. De plus, une exposition de poèmes et d’estampes tirés du livre sera présentée de mai à juillet à la bibliothèque municipale de Malartic.

Une fois de plus, l’auteure abitibienne Claire Bergeron tire de l’ombre une page intrigante de notre histoire avec son tout nouveau roman, Les enfants de Putainville. Dans cette intrigue à saveur historique, c’est le domaine minier de l’Abitibi qui sert de toile de fond. L’action se déroule à la fin des années 1930 et au début des années 1940, à Roc-d’Or, près de Malartic. Ce village non incorporé en est un de squatteurs qui y vivent sans église, sans école et sans force de l’ordre. L’illégalité, l’amoralité et la dépravation règnent dans ce milieu de vie où les mineurs arrivent et repartent.

Le projet représente cinq ans de travail pendant lesquels les artistes se sont nourries l’une l’autre. « Travailler avec Diane est un grand plaisir et une communion, car on échange beaucoup », raconte Danielle. Il s’agit du deuxième livre que les deux protagonistes réalisent ensemble. Pour procéder, Danielle a d’abord fait, avec ses sept petits-enfants, l’inventaire photographique des plantes autour du lac Malartic. Elle en a ensuite retenu douze à partir desquelles elle a produit les sérigraphies qui sont dans le livre. Les couleurs utilisées sont soit le noir, le blanc, le rouge et le jaune, soit les mêmes que Danielle utilise habituellement dans son travail.

Hélène croyait avoir trouvé une existence paisible pour elle, Michel et Amélys en se remariant à Octave, un médecin, quelques années après le décès d’Émile, l’amour de sa vie et père de ses enfants. En apparences, Octave semblait le candidat idéal pour permettre à Hélène de s’épanouir et à ses enfants de retrouver une dynamique familiale plus normale. Mais le ciel bleu se transforme rapidement en nuage gris lorsqu’Octave ferme son cabinet de médecin à Montréal pour s’installer à Roc-d’Or, en Abitibi, avec Hélène et les enfants. Bien malgré elle, la nouvelle mariée s’installe à l’auberge construite par son mari avec l’héritage laissé par Émile pour instruire ses enfants. Dans ce lieu de débauche, la vie s’organise difficilement. Chez Octave, l’ensemble de l’immeuble respire la perversion : débit de boisson, jeux d’argent illégaux et prostitution. Les événements malheureux s’enchaînent jusqu’au jour où Hélène disparaît mystérieusement. Jamais cette mère de famille n’aurait abandonné ses enfants dans cet endroit surnommé Putainville. Une longue enquête policière commence alors pour découvrir ce qui est arrivé à cette femme.

Par la suite, Diane a composé douze poèmes sur ces plantes. Elle explique qu’elle a travaillé à épurer le texte tout en décrivant la personnalité de la fleur ou en parlant d’un de ses traits dominants. Les artistes ont d’ailleurs fait des recherches pour mieux connaître le nom des plantes et leur histoire. Elles ont également donné un nom poétique à chaque plante. « On est allées avec notre cœur, on a fait ça avec amour », expliquent-elles.

Claire Bergeron a réussi à fignoler le tout avec doigté puisque le lecteur se plaît à plonger dans ce lieu où règnent la corruption, le mensonge, la trahison et le péché. La recherche historique est rigoureuse et le cadre sociopolitique de cette époque est intégré à l’action principale avec brio. La fiction et la réalité sont bien amalgamées… c’est à s’y méprendre. Suspense, émotions, retournements dramatiques… tout y est pour capter l’attention du lecteur de la première à la dernière page. Voilà un autre roman digne de mention pour cette auteure qui en est à son septième ouvrage.

En somme, Autour du lac Malartic se veut une découverte artistique et poétique des plantes sauvages de chez nous.

5 mai au 14 juillet 2018 8 h 30 à 12 h - 12 h 30 à 16 h 30

L'Opération ramasse ta cour est de retour pour permettre aux citoyens de tous les quartiers de se départir de leurs matières résiduelles encombrantes à proximité de leur lieu de résidence! Consultez le calendrier pour connaître les dates et les points de dépôt de votre quartier au rouyn-noranda.ca L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 11


Déconcentrer, oui ou non?

La naissance du campus d’Amos

Dans le cadre du cinquantième anniversaire du Cégep, nous vous présentons le septième texte d’une série de chroniques historiques sur cet établissement d’enseignement supérieur.

Par Yvon Lafond Plus de quinze ans après le démarrage du Cégep à Rouyn-Noranda, la population d’Amos célèbre l’ouverture du centre d’études collégiales qu’elle réclame depuis quelques années. C’est d’ailleurs de haute lutte que le comité pour la déconcentration du Cégep à Amos finit par avoir gain de cause. Pour se faire une juste idée du contexte, il faut savoir que les premiers planificateurs du réseau collégial sont fermés à l’idée de fractionner un cégep en plusieurs entités. Au contraire, la concentration des ressources leur apparaît essentielle au succès de la mission cégépienne. Ceci n’empêche ni l’éclosion, tôt dans les années 1970, de cégeps à campus multiples, ni la multiplication des cégeps dans quelques régions périphériques ou éloignées. Ici, par contre, la doctrine du « Une région, un cégep, un campus » continue de prévaloir jusqu’en 1980-1981. Mais cette année-là, un comité conjoint formé par le Cégep et l’Association des commissions scolaires recommande au Cégep de mener à Amos une première expérience de déconcentration. Le but : améliorer le passage au collégial, particulièrement faible chez les finissants de la Commission scolaire Harricana. La recommandation reçoit un accueil plutôt froid de la direction générale du Cégep et de son conseil d’administration. Le syndicat des profs fait aussi connaître ses nettes réserves. On commande tout de même une étude des coûts et on vérifie la possibilité d’un financement spécifique auprès du ministère de l’Éducation. Déjà saisi de quatre autres demandes similaires, le ministère prend en mains la réalisation des études d’opportunité et de faisabilité. De plus en plus divisé sur la question, le conseil d’administration du Cégep attend l’éclairage de ces études pour se prononcer. Malheureusement, leurs résultats ne seront jamais clairement, ni totalement, rendus publics. Entretemps, le comité pour la déconcentration du Cégep à Amos prend la relève du comité Cégep – Association des commissions scolaires. Présidé par Jean-Louis Carignan, cadre à la Commission scolaire Harricana, le comité multiplie ses pressions auprès du Cégep et il intensifie ses démarches au sein de la filière politique. Sa persévérance est récompensée. En mars 1983, le ministre de l’Éducation annonce la création d’un sous-centre d’études collégiales à Amos, avec financement à la clef. Le campus ouvre donc ses portes en septembre 1983. Le Cégep y offre alors la première année des programmes Sciences humaines, Sciences de l’administration et Techniques administratives. Une page est tournée, l’ère de la déconcentration du Cégep est commencée.

Art ActuELLE

EXPOSITION DES FINISSANTES EN ARTS VISUELS

DU 16 AU 22 MAI PRÉSENTÉE À LA S.U.M

VERNISSAGE 18 MAI 19H

De gauche à droite : Le ministre de l’Éducation en 1983, Camille Laurin; le ministre responsable de la région, François Gendron, en compagnie du premier directeur du campus d’Amos, Daniel Bizier.

Retrouvailles : le samedi 9 juin 2018! Tous les détails ici : www.cegepat.qc.ca/retrouvailles

12 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

CÉGEP DE LʼABITIBI-TÉMISCAMINGUE 819-762-0931, POSTE 1278


SPÉCIAL LITTÉRATURE

Prix littéraire des collégiens

À L’OMBRE DES HOMMES

ANN-SOPHIE GIRONNE, CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Véritable, profond et intemporel, Au grand soleil cachez vos filles nous ouvre la porte du Liban des années soixante. Dans ce roman, Abla Fahroud donne la parole aux jeunes Abdelnour qui tentent, malgré eux, de faire leur place dans le pays qui les a vus naître. Partis depuis trop longtemps au Québec, les Abdelnour ne sont réellement chez eux nulle part : le Liban, lui, ne leur ressemble plus. « Le mensonge est endémique, il fait partie du pays comme la mer, la montagne et le ciel toujours bleu. »

Ikram, une jeune femme dans la vingtaine, rêve plus que tout de percer à la télévision et au théâtre. Vivant au Québec avec sa famille depuis qu’elle est toute petite et forcée de retourner au pays natal, elle se retrouve confrontée à un déracinement profond. À travers les yeux de la jeune comédienne, le Liban apparaît d’abord comme un véritable paradis, où le soleil brille en tout temps, où la vie ne prend pas de pause. L’enthousiasme d’Ikram pour ce pays qu’elle surnomme « le Grand Soleil » ne ternit pas, alors que ce dernier, à son insu, fait lentement des ravages dans sa vie. Dans un monde où « actrice » est synonyme de « putain », que vaut seulement la voix d’une femme? Acculée au pied du mur, Ikram réalise malgré elle, à travers les mots à demidits, les mœurs rétrogrades et les regards dans lesquels elle se voit déshabillée, que les femmes comme elle n’ont pas leur place au Liban. Dotée d’une douceur sans égal, la plume d’Abla Farhoud nous transporte dans un univers choquant où les hommes sont maîtres et où la femme n’est que figurante.

Prix littéraire des collégiens

ADDICTION ET RESTAURATION : LES COULISSES

LAURENCE RATTÉ, CÉGEP DE L’ABITIBITÉMISCAMINGUE

Le Plongeur, un roman de Stéphane Larue, nous plonge littéralement dans les profondeurs du milieu méconnu de la restauration et d’un Montréal plus underground aux saveurs de vodka, de bière fade et d’illusions. Larue peint la réalité d’un étudiant en graphisme qui se voit obligé d’accepter un emploi temporaire comme plongeur dans un restaurant montréalais huppé, La Trattoria. En constant décalage avec son époque, il aurait probablement plus trouvé sa place dans les années 1980 et 1990, avec ses goûts pour les vieux groupes métal, pour les romans de Lovecraft et de Frank Herbert, qu’en 2002.

Une des forces du roman réside dans les personnages gravitant autour du héros. De plus, l’auteur aborde des thèmes originaux comme la dépendance au jeu en dressant un portrait d’ensemble, sans pour autant être moralisateur, de l’état mental et physique du joueur et des effets qu’a sa dépendance sur ses relations. nne également accès à l’envers du décor du milieu de la haute gastronomie, à ses côtés les plus sombres et aux cuisines les plus bordéliques. L’auteur nous amène au cœur des rushs de service et des après-quarts de travail arrosés. Il illustre avec un réalisme sans pitié les relations de pouvoir entre employés et employeurs au sein de La Trattoria. L’hyperréalisme de Larue mélangé à l’utilisation d’une langue québécoise métissée d’anglais apporte un sentiment d’intimité avec le livre. Le lecteur se sent enveloppé dans l’histoire qui, avec ses tournures de phrases familières et ses expressions reconnaissables, nous entraîne dans un univers connu de tous, mais présenté sous un angle nouveau.

Prix littéraire des collégiens

CONDAMNÉ À RÉUSSIR JACOB GRENIER-MORIN, CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Arrogant, égoïste, narcissique et contrôlant sont des termes qui définissent bien le personnage central du roman Royal de Jean-Philippe Baril Guérard. Cet étudiant en droit à l’Université de Montréal, issu d’une famille aisée et ayant toujours eu d’excellents résultats scolaires, a tout pour gagner la course au stage dans laquelle il s’est embarqué, sauf... une certaine stabilité psychologique.

C’est dans un monde où règne un capitalisme sauvage prônant la productivité et l’efficacité qu’un jeune homme ira jusqu’à perdre son humanité, exclusivement dans le but de réussir ses études universitaires. Ce récit mélange anxiété de performance, pulsions sexuelles sadomasochistes et questions existentielles, et propose une critique sociale où le lecteur prend conscience des risques et sacrifices auxquels doit faire face celui qui souhaite « rentrer dans le moule ». Malheureusement, des conséquences s’ensuivent, l’esprit de compétition monte à la tête du protagoniste qui délaisse tout sentiment de bienveillance et de bonté qu’il pouvait ressentir auparavant : « À terme, vous vous planterez des couteaux dans le dos. Tous les êtres humains sont décevants : il faut seulement leur laisser du temps. » Cet environnement engendre des réflexions d’ordre existentialiste chez l’étudiant, pris d’un vertige lorsqu’il est confronté à la petitesse de son destin devant l’immensité de l’univers. Baril Guérard décrit cette dure réalité dans le français anglicisé des jeunes québécois de nos jours. Il nous fait ainsi part, dans un cynisme poétique, de la dégradation d’un être complètement dévoré par le système. Un roman au propos direct, mais réaliste qui expose l’absurdité de la société actuelle.

Prix littéraire des collégiens

RENAÎTRE PAR LES LIVRES

GABRIELLE RAYMOND, CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Une odeur de bois émane du récit de Jean-François Caron, mélangée à celles des malheurs, de la douleur, de l’amour et des livres. De bois debout est une brise qui vient fouetter le cœur avec la force du théâtre et la plume touchante de l’auteur. Alexandre, son personnage principal, se voit ébranlé par le deuil des gens qu’il aime et qui, même après avoir cessé de respirer, continuent de lui parler.

Son histoire nous est racontée par l’entremise de voix extérieures et intérieures, de chœurs, de pensées, de mémoires et d’une narration au parfum forestier. Après avoir vu son père mourir d’une balle accidentelle dans la tête, Alexandre a la tête trouée lui aussi, métaphoriquement. C’est en rencontrant un visage dévoré par le feu, celui de Tison, un écrivain solitaire, qu’il trouve refuge dans les livres. Alexandre quitte plus tard son petit village pour devenir professeur de littérature, et ce, même si son père lui avait si souvent répété que la vraie vie ne se trouvait pas dans les livres, que ces derniers ne disaient pas l’essentiel. Pourtant, aux yeux d’Alexandre, « Le père lui-même était un de ces livres qui ne savaient pas me dire le plus important ». De bois debout est un récit raconté rétrospectivement et de façon non chronologique : il suit les souvenirs des personnages. Il nous donne accès à leurs perceptions sur leur expérience et à l’impact des événements sur leur âme. Le roman est formé de courts chapitres habités d’une poésie qui ne laisse pas indifférent. On y trouve peu d’action, mais énormément de beauté et, surtout, d’originalité.

Les quatres textes sur le Prix littéraire des collégiens ont été rédigés par des finissants du profil Littérature du programme Arts, lettres et communications du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la supervision de Mme Stéphanie Hébert.

L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 13


DE PANACHE ET DE LAINE

LA POSSIBILITÉ D’UNE ÉPONGE

GABRIEL D. HURTUBISE

C’est l’histoire d’un poisson qui baigne dans un genre d’aquarium. Pas tant sur le modèle du Biodôme spacieux que sur le bocal qui traîne dans le coin du salon. L’eau n’est pas nécessairement bien entretenue et le verre est plus ou moins opaque. Dès qu’un filtre est installé, il accumule les particules flottantes, puis se jaunit. Il en laisse passer quelques-unes, bien choisies. Les plus grossières sont mâchouillées, impitoyablement. Ce filtreur, finalement, teinte l’eau plutôt que de la nettoyer, puis mute en éponge : c’est elle qui détermine de ce qui est et ce qui n’est pas. L’eau est ainsi, les roches comme ça, pas autrement. Le poisson, lui, va et vient, explore cette matière grise qui est la sienne, la seule qui soit. Pas qu’il prétende tout comprendre, ou qu’il ait fait le tour de la chose dans le moindre recoin; ce serait idiot de le croire. Toutefois, avec le temps qui passe, il acquiert quelques certitudes sur son savoir, se conforte dans l’expérience, autoconfirme sa pensée. Il sait ce qu’il voit et ce qu’il ressent, comprend le sens des événements, arpente toujours plus sereinement les mêmes lieux. Il reste en territoire connu, celui qu’il a délimité lui-même, pour comprendre quelque chose; il ne voit que la somme de ce que l’éponge lui permet de voir. Il n’est pourtant pas révolté par sa situation. Après tout, il a toujours été, pour autant qu’il puisse s’en souvenir, un animal domestique. Avant de s’établir pour de bon chez ces tyrans plutôt passifs, il avait vu d’autres aquariums. Des p’tits mondes posés sur des tablettes. Ah, c’était si beau!

une tasse d’eau bien fraîche était ajoutée au contenant un dimanche par siècle pour éviter que le machin ne se vide. Une grande quantité aurait engendré des bouleversements bactériens terribles, tandis que trop peu d’eau et c’en était foutu, désert. Heureusement pour l’habitant, l’éponge était là pour s’assurer qu’il vive (ou survive, dans ce cas) plus sereinement malgré les perturbations. À chacun son éponge. Avec le temps qui passe, les déterminismes lui sont devenus si subtils qu’il croit nager dans l’océan. Il creuse dans les montagnes de sables, s’érige un palais de coquillage, stock des particules broyées pour ses vieux jours. Parfois, il regarde le temps qui passe, ou bien rigole en regardant les bulles monter, boit jusqu’à plus soif. À la longue, il oublie l’éponge. Pendant ce temps, d’autres, ailleurs, chacun dans leurs bocaux, dansent, hurlent, disent des choses incompréhensibles, font toutes sortes de trucs qu’il ne verra jamais, pensent à ce qui lui restera toujours inconnu. Tant pis, tant mieux, difficile de trancher. Tous vivent dans les limites du connu, à un moment donné, pour un lieu donné. Nous regardons tous à travers une certaine vitre.

C’était avant l’arrivée de l’éponge. Si elle l’avait d’abord éclairé lorsqu’il voyait tout embrouillé, le liquide stagnant lui était progressivement devenu si hostile que sa croissance s’en trouvait maintenant inhibée. Par une sorte de stratégie évolutive, il bougeait peu, s’alimentait du strict minimum, digérait pendant des heures. Tout était dans la continuité, la routine et l’équilibre de ses oméga-3. Évaporation oblige,

14 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

Et lors des plus beaux matins de printemps, lorsqu’il aperçoit brièvement les formes du monde au-delà de l’aquarium, notre poisson a conscience de son univers limité : son corps flasque, le bocal, cette soupe universelle. À la seule idée de la possibilité d’une éponge, il se languit de liberté.


Au Centre d’exposition d’Amos…

L’ENVERS DU DÉCOR

de la sculpture et de la peinture en action!

LES JEUNES CONCERTS DU TÉMISCAMINGUE

Mathieu Gotti

QUELQUES MOTS SUR LA DIRECTRICE JULIE GAGNON

SE PRÉMUNIR CONTRE L’IRRATIONNEL Sculpture

Comptant une trentaine d’années d’expérience d’enseignement, Julie Gagnon a joint l’équipe des Jeunes Concerts en 2000. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle aime de son métier, elle répond spontanément : « J’aime le contact avec les élèves. Il y a beaucoup de jeunes passionnés, ils me nourrissent de leur amour de la musique. »

Dans le cadre de cette exposition et du Festival Petits bonheurs, nous invitons les enfants de 4 et 5 ans à l’activité Des formes et des animaux le 18 mai à 10 h.

SERVICES OFFERTS

Inscription et info 819-732-6070. C’est gratuit!

Les Jeunes Concerts offrent des cours individuels et de groupe en chant classique, chant choral, piano, flûte traversière et théorie musicale aux Témiscamiens âgés de 6 à 90 ans. Ils se produisent en spectacle deux fois par année, soit dans la période des Fêtes et au printemps.

ORIGINE DE L’ORGANISATION

GRACIEUSETÉ

Les Jeunes Concerts du Témiscamingue sont issus d’un regroupement de professeurs qui travaillaient dans différentes paroisses ainsi qu’à domicile un peu partout sur le territoire témiscamien. En 1984, l’organisme est officiellement enregistré, puis en 1987, il est reconnu par le ministère de l’Éducation du Québec.

LES DÉFIS RENCONTRÉS « Le recrutement de professeurs qualifiés est un grand défi, et pour avoir parlé à plusieurs organisations qui offrent des cours de musique en région, cette problématique est partagée puisque le bassin de professionnels disponibles est très limité », explique Mme Gagnon. C’est d’ailleurs le principal obstacle au développement de la palette de cours offerts par l’organisme. Le vaste territoire à couvrir représente également un défi de taille pour l’organisation qui désire rendre ses services accessibles. Pour remédier à ce problème, les Jeunes Concerts ouvrent des groupes spéciaux dans diverses localités lorsque la demande est suffisante. D’ailleurs, un cours de piano est actuellement offert à Guigues.

Jaber Lutfi PARADE NUPTIALE Peinture

Centre d’exposition d’Amos

Venez rencontrer l’artiste Jaber Lutfi alors qu’il peint en direct sur place !

Grâce au soutien financier du

222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Du mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

L’accès à des locaux adéquats et abordables a également représenté un problème de taille qui s’est réglé lorsque la Commission scolaire du Lac-Témiscamingue a accepté d’héberger l’organisme à moindre coût dans les locaux de l’école Marcel-Raymond de Lorrainville. « On est vraiment très bien maintenant. On les remercie, parce qu’ils ont un peu sauvé les Jeunes Concerts! » s’exclame Mme Gagnon.

UNE RÉUSSITE QUI FAIT LA FIERTÉ DE L’ENDROIT Ce qui fait la fierté des Jeunes Concerts du Témiscamingue est sans contredit la progression de ses élèves. Dans les dernières années, l’école a vu certains jeunes musiciens poursuivre leur apprentissage au niveau collégial. D’autres font leurs examens du conservatoire en piano.

QUELQUES MOTS SUR L’ÉQUIPE L’équipe professorale est formée de la directrice Julie Gagnon, professeure de chant et de flûte traversière, ainsi que d’Anne Jodoin, enseignante en piano. La petite organisation est épaulée par un conseil d’administration formé de sept personnes que la directrice qualifie de dynamiques et d’impliquées. « Les gens sont intéressés, ils ont à cœur le développement de la connaissance musicale sur le territoire. Ça rend le travail très agréable », conclut Mme Gagnon.

ERRATUM Deux erreurs se sont glissées dans notre numéro d’avril 2018. Dans l’article Curieuse architecture, 4e paragraphe, le nom du propriétaire de la grange s’étant pratiquement transformée en musée est Guy Perreault. Dans l’article Une programmation électrisante pour le 14e FGMAT, 2e paragraphe, l’artiste Edmar Castadeña est d’origine colombienne.

L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 15


CULTURAT

LA VÉGÉTATION URBAINE, UNE RÉPONSE AUX PROBLÉMATIQUES SOCIALES? PASCALE CHARLEBOIS

Pendant que le printemps se réveille, un peu trop lentement selon plusieurs, il vous laisse le temps de rêver la verdure et l’abondante végétation de l’été. C’est donc le moment idéal pour moi de semer en vous la graine de l’horticulture urbaine et de toutes ces idées émergentes qui combinent végétation et création d’espaces propices aux échanges harmonieux. Un peu partout dans le monde, des problèmes sociaux ouvrent la porte à des solutions créatives, que ce soit de la part des gouvernements ou de groupes de citoyens résolus à changer la donne. L’horticulture se trouve au cœur de plusieurs de ces initiatives, donnant l’occasion de combattre la pollution par le verdissement et offrant aux citoyens un environnement plus sain et plus convivial. La ville de Mexico, par exemple, combat la pollution et la grisaille du béton en aménageant des jardins verticaux sur des piliers d’autoroute, des structures de béton ou d’acier et des façades d’immeubles. Grâce à un système permettant de récupérer les eaux de pluie depuis les bouches d’évacuation des autoroutes en hauteur, ces murs végétaux ne consomment aucune eau potable, produisent de l’oxygène et capturent du CO2 tout en agrémentant nettement le paysage urbain. Détroit, considérée autrefois comme le fer de lance de l’industrie automobile américaine, a déclaré faillite en 2011 à la suite de la fermeture de nombreuses usines liées à cette industrie. Les pertes d’emploi massives ont alors donné naissance à des quartiers fantômes, où régnaient la pauvreté et la violence. C’est dans ce contexte qu’est né AgriHood, un programme permettant la création de jardins communautaires dans les quartiers désertés. De nombreux arbres frui-

tiers et un hectare de jardins communautaires donnent maintenant accès à des produits frais et gratuits à 2000 foyers à revenus modestes. Autrefois fleuron de l’industrie automobile, Détroit s’est transformée en chef de file de la consommation collaborative en Occident.

Plus près de nous, des villes québécoises trouvent des solutions créatives pour recréer l’esprit de quartier auparavant assuré par la présence dominicale (obligatoire) à l’église. L’espace Parvis, dans le quartier Limoilou à Québec, combine patrimoine, horticulture et animation culturelle. Redonnant vie au parvis de l’église Saint-Charles, ce projet vise à reconstituer un espace public propice aux rencontres. Un espace réservé à l’horticulture, composé d’un jardin collectif et d’un jardin de comestibles, participe à la convivialité du lieu tout en ajoutant de la verdure dans le quartier. Plus près de nous encore, des résidents du quartier Sacré-Cœur à Rouyn-Noranda se sont regroupés pour embellir leurs ruelles avec des bacs à fleurs et des éclairages. En plus de créer un fort sentiment d’appartenance au quartier, ce projet communautaire crée des liens solides et améliore le quotidien de chacun. Alors, ça vous inspire?

Le renouveau de la nature, le réveil des animaux hibernants, le retour des oiseaux migrateurs et des longues heures d’ensoleillement : mai, comme tu nous as manqué!

16 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

DOMINIC LECLERC


ENVIRONNEMENT

CONCOURS

PARTICIPE AU DÉCOR

AU SECOURS DU MARTINET RAMONEUR

BIANCA BÉDARD, CHARGÉE DE PROJETS AU CONSEIL RÉGIONAL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

DU 16 MAI AU 31 AOÛT 2018

Ce texte est une adaptation du dépliant « Connaître et protéger le Martinet ramoneur, cet oiseau dans votre cheminée » publié par le Regroupement QuébecOiseaux.

Le Martinet ramoneur est un oiseau insectivore dont l’apparence ressemble à celle d’une hirondelle. Il peut même être confondu avec des chauves-souris en raison de son vol rapide et vif lorsqu’il capture ses proies. Comme son nom l’indique, le Martinet ramoneur utilise des cheminées comme dortoirs pour se reposer, mais aussi pour y construire son nid et élever ses petits à l’abri.

MENACES Nichant jadis dans les gros arbres morts, ces sites naturels se sont raréfiés avec l’arrivée des colons. C’est pourquoi le Martinet ramoneur a progressivement opté pour les cheminées en maçonnerie. Aujourd’hui, ces cheminées sont vieillissantes et de plus en plus rares, réduisant constamment l’habitat de l’espèce. Enfin, l’usage d’insecticide a modifié la composition des insectes disponibles, nuisant aux espèces insectivores.

C’EST LE MOMENT D’EMBELLIR TON ESPACE EXTÉRIEUR!

MARCHANDISE 250 $ DE À GAGNER

DANS CHACUNS DES LIEUX PARTICIPANTS

Les nombreuses menaces qui pèsent sur l’espèce auraient causé la chute de plus de 90 % de sa population au pays en seulement 40 ans. Malheureusement, l’hécatombe sévit également dans la région alors qu’aujourd’hui, le Martinet ramoneur semble présent au Témiscamingue seulement. Il est urgent d’agir afin de préserver cette population qui fréquente nos latitudes entre mai et septembre.

PROTECTION LÉGALE Comme le Martinet ramoneur est une espèce ayant un statut particulier du point de vue fédéral et provincial, des lois (Loi sur les espèces en péril au fédéral et Loi sur les espèces menacées ou vulnérables au provincial) le protègent. Il est donc interdit de nuire aux adultes, aux jeunes et aux œufs, de les tuer ou de les capturer, et d’altérer son habitat.

COMMENT PARTICIPER ? 1

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Vérifie la liste des centres jardins participants au culturat.org.

Rends-toi dans l'un d'eux et remplis tes coupons de participation.

Visite culturat.org pour t'inscrire aussi au concours régional !

QUE FAIRE POUR ASSURER SA PROTECTION? En 2015, la municipalité de Béarn adoptait une réglementation visant à protéger le Martinet ramoneur pendant la saison estivale, une première au Québec. Le CREAT souhaite que les autres municipalités du Témiscamingue fassent de même et adoptent une réglementation visant à interdire le ramonage des cheminées entre le 1er mai et le 1er septembre. Si vous croyez avoir aperçu un Martinet ramoneur, contactez le Service canadien de la faune ou le Regroupement QuébecOiseaux. Si vous avez une cheminée fréquentée par des Martinets ramoneurs, évitez de ramoner durant la période estivale. Si des travaux sont nécessaires, envisagez l’installation d’une gaine en argile plutôt qu’en métal et évitez d’installer des chapeaux ou des grillages qui limiteraient l’accès du Martinet ramoneur à votre cheminée. Si toutefois vous installez une gaine en métal, apposez un grillage au haut de la cheminée pour éviter qu’un Martinet ne puisse y entrer et rester alors pris au piège. Enfin, vous pouvez contribuer indirectement à sa conservation par le maintien d’arbres morts de fort diamètre sur votre propriété. D’ailleurs, une foule d’autres espèces vous en remercieront. Le CREAT veut participer aux efforts de conservation et a donc mis sur pied un projet pour recenser les cheminées utilisées, sensibiliser les propriétaires et inciter les municipalités à adopter des règlements pour protéger l’espèce.

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 17


18 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018


MA RÉGION, J’EN MANGE!

QUENELLES DE DORÉ SUR POTAGE CRÉCY ET SON COULIS DE POIVRONS GRILLÉS PATRICK PELLETIER, CUISINE PRO CHEF

POTAGE CRÉCY 100 ml 1 5 1,5 l 3 30 ml ½ 30 ml

vin blanc poireau grosses carottes bouillon de poulet feuilles de basilic beurre feuille de laurier crème sel et poivre

Mettre tous les ingrédients, sauf la crème et le basilic, dans une casserole et cuire à feu moyen pendant 30 minutes. Passer au mixeur. Ajouter la crème et le basilic.

COULIS DE POIVRONS ROUGES GRILLÉS 15 ml miel 3 poivrons rouges 575 ml eau

Badigeonner un filet d’huile sur les poivrons avant cuisson. Ajouter sel et poivre au goût.

QUENELLES DE DORÉ FRITES 2 1 100 ml 15 ml 15 ml

filets de doré œuf crème ciboulette fraîche jus de citron piment d’Espelette sel et poivre chapelure Panko

Cuire les poivrons à 180 °C (350 °F) pendant 15 minutes. Enlever la peau des poivrons, cuire en casserole pendant 10 minutes à feu moyen et passer à la girafe. Déposer tous les ingrédients (sauf la chapelure) dans un robot culinaire, mélanger le tout jusqu’à l’obtention d’une texture semi-homogène. Réfrigérer pendant 20 minutes. Former des quenelles à l’aide de deux cuillères. Rouler les quenelles dans la chapelure et frire à 180 °C (350 °F) pour que les quenelles soient légèrement dorées.

> INDICEBOHEMIEN.ORG

Christine Moore Députée d’Abitibi-Témiscamingue

1-800-567-6433

christinemoore@parl.gc.ca | christinemoore.npd.ca

Venez me joindre dans mes différents bureaux!

Rouyn-Noranda | 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 | 1 800 587-6433 Ville-Marie | 3, rue Industrielle, Bureau 7 | 819 829-2728 Amos | 554, 1re Avenue Ouest, Bureau 101 | 819732-2266 La Sarre | 81-A, 5e Avenue Est | 819 339-2286 @MooreNPD

/ChristineMooreNPD L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 19


VENDREDI - 25 MAI

LUNDI - 28 MAI

20 H

JEUDI - 31 MAI (SUITE) 21 H

20 H

LUBIK

PHILIPPE B & THE ALPHABET

JACK BROADBENT

PRÉSENTÉ PAR :

PRÉSENTÉ PAR :

PRÉSENTÉ PAR :

20 $*

48 $*

48 $*

SCÈNE AGNICO EAGLE / PTVN

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

PRÉ-FESTIVAL

SAMEDI - 26 MAI

MARDI - 29 MAI 20 H

18 H

VENDREDI - 1er JUIN

PROGRAMME DOUBLE

LUCA STRICAGNOLI EWAN DOBSON

VALERIE JUNE

SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA PRÉSENTÉ PAR :

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

38 $*

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

PRÉSENTÉ PAR :

17 H

DARAN

SCÈNE AGNICO EAGLE / PTVN PRÉSENTÉ PAR :

30 $*

48 $*

MERCREDI - 30 MAI

20 H

JOE SATRIANI

18 H

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

YIANNIS KAPOULAS

PRÉSENTÉ PAR :

78 $*

SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA

19 H

EDMAR CASTAÑEDA SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA PRÉSENTÉ PAR :

35 $*

PRÉSENTÉ PAR :

38 $*

DIMANCHE - 27 MAI

21 H

18 H

RUTHIE FOSTER & BAND

20 H

CHERRY CHÉRIE

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

LINDSAY ELL

SCÈNE AGNICO EAGLE / PTVN

PRÉSENTÉ PAR :

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN

PRÉSENTÉ PAR :

58 $*

PRÉSENTÉ PAR :

30 $*

48 $*

20 H

CHRISTINE TASSAN ET LES IMPOSTEURES

SAMEDI - 2 JUIN

JEUDI - 31 MAI

SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA PRÉSENTÉ PAR :

17 H

ELLIOT MAGINOT

17 H

SCÈNE AGNICO EAGLE / PTVN PRÉSENTÉ PAR :

JAMIE DUPUIS

30 $*

SCÈNE AGNICO EAGLE / PTVN PRÉSENTÉ PAR :

42$*

30 $*

19 H

MIA DYSON

20 H

JOE SATRIANI

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN PRÉSENTÉ PAR :

SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA

19 H

PRÉSENTÉ PAR :

40 $*

THIERRY BÉGIN-L.

SCÈNE HYDRO-QUÉBEC / AGA

78 $*

PRÉSENTÉ PAR :

HORS PASSEPORT // SUPPLÉMENTAIRE

PROGRAMMATION COMPLÈTE ET BILLETTERIE AU

*LE PRIX DU BILLET INCLUT LES TAXES ET LES FRAIS DE SERVICE

35 $*

FGMAT.COM

DO MAJEUR SOL MINEUR CLÉ DE SOL

CLÉ DE FA MI BÉMOL hugolacroix

Chaîne exclusive à Cablevision

20 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

Chaîne exclusive à Cablevision

PHOTOGRAPHE

21 H

ROBERT RANDOLPH & THE FAMILY BAND

SCÈNE GOLDCORP — ÉLÉONORE / CDCRN PRÉSENTÉ PAR :

58 $*


RÉGION INTELLIGENTE

L’INNOVATION SOCIALE, C’EST AUSSI NOTRE TRUC MICHEL DESFOSSÉS

MUSIQUE

THOMAS CARBOU UN VOYAGE ORIGINAL ARIANNE CHÂTEAUVERT ST-AMOUR

Super beau petit cahier dans Le Devoir portant sur l’innovation sociale à la fin mars dernier. À lire absolument. On y sent bien que la vague bienfaisante du changement aborde les rivages de nos régions tourmentées par trois ans d’une austère tempête. Ma métaphore d’ouverture est un peu ampoulée, j’en conviens, mais je la préfère à rester pognés avec « le retour dans les vallées verdoyantes d’une économie nouvelle et dynamique » prophétisé par notre premier ministre. Je pense que le changement et l’innovation passent par les citoyens et la société civile. Allons-y un terme à la fois : « innovation » et « sociale ». Si on s’en remet au sociologue Norbert Alter, « l’innovation est une destruction créatrice ». C’est vrai, pensez-y, c’est lorsqu’il y a crise que l’on parle de reconversion économique. Pittsburgh, malgré tout le bien que je pense de ses Steelers (équipe mythique du football américain), n’a plus rien à voir avec l’acier. Maganés par le déferlement de l’acier chinois vendu à un prix ridicule sur le marché américain, les hauts-fourneaux de Pittsburgh se sont éteints pour toujours. La reconversion de Pittsburgh a été fulgurante. Les technologies de l’information (TIC) ont changé son visage. Et le social maintenant? Allez voir Braddock, en banlieue de Boston. La pauvre n’a pas été invitée au grand bingo de la reconversion aux TIC, personne n’a rempli sa carte. La pauvreté y sévit, exacerbée par le contraste grandissant avec les banlieues voisines, numériques et friquées. La reconversion a oublié Braddock et ses citoyens pauvres dans la chaîne de valeurs générée par les universitaires et les entrepreneurs. L’innovation tient donc son caractère social de la mise en système territorial de tous les acteurs, entreprises, institutions, citoyens et société civile. Quand on prend le temps de mobiliser tout le capital socioterritorial d’un milieu donné, on s’oblige à innover et peut-être à adopter la vitesse la plus lente. Peut-être. Mais l’absence des acteurs sociaux peut annoncer une reconversion qui ne portera pas des fruits à long terme. Les acteurs de notre région sont-ils prêts à collaborer entre eux pour créer l’innovation sociale? Votre réponse vaut bien la mienne. Moi je pense qu’on sort d’une époque où la simple idée d’asseoir des entreprises avec les autres acteurs de la société civile constituait un risque de conflit d’intérêts flagrant. Il faut en revenir, car les entreprises d’aujourd’hui ont appris qu’elles avaient une responsabilité sociale et environnementale (RSE). La plupart assument. Mais si on laisse les entrepreneurs seuls pour imaginer la suite, ils innoveront avec leurs partenaires naturels, formant ainsi une société d’adoration mutuelle qui ne nous mènera pas vers des changements durables. Il faut donc que toutes les épaules, y compris celles des citoyens, se mettent à la roue. Mais s’il n’y a pas une crise qui agit comme déclencheur d’un processus de reconversion, est-ce que l’innovation sociale aura lieu? Est-il vraiment nécessaire d’en arriver là pour s’y mettre? J’espère que non. Il y a suffisamment d’enjeux chez nous qui méritent qu’on y œuvre avec une approche innovante et inclusive avant que ça nous pète en pleine face. Jetez donc un coup d’œil aux statistiques de migration publiées par l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, vous verrez des données préoccupantes sur certains territoires et sur l’exode de certaines couches de population. En tout cas, dans mon village de Saint-Ignace-de-l’Utopie, on travaille fort avec notre capital socioterritorial et sur notre chaîne de valeurs, pis toute là. CONSULTEZ LA VERSION EN LIGNE DE CET ARTICLE SUR INDICEBOHEMIEN.ORG POUR PLUSIEURS TEXTES DE RÉFÉRENCE ET UN AJOUT MUSICAL SIGNÉ FÉLIX B. DESFOSSÉS.

Au départ, je ne m’attendais à rien. Je ne connaissais pas l’artiste. La description que j’avais lue avait piqué ma curiosité, mais je nageais en eau inconnue. La pénombre tombait lentement sur le Rouge Café. Trois musiciens, plusieurs instruments, dont certains m’étaient inconnus. À l’origine plutôt jazz, le groupe s’est formé au fil des ans. Thomas a d’abord rencontré Éric. Ils ont parcouru ensemble différents pays du monde, puis Patrick s’est joint à eux. C’est là que la percussion a donné une dimension nouvelle au trio. Comme nous en avons par après discuté, Thomas et moi, pourquoi vouloir à tout prix stéréotyper la musique? C’est avant tout une histoire de feeling, de passion. Le spectacle commence. Une projection semi-abstraite apparaît au mur lorsque les premières notes se font entendre. On distingue des animaux et des paysages de brousse. Des cris d’oiseaux et des chants tribaux accompagnent le rythme chaud des pays du Sud. Le pied et la tête s’agitent tout naturellement; c’est la pièce South.

VOYAGE DANS LE VIDE ART NUMÉRIQUE

11 MAI - 27 MAI 2018

ART IN SITU

FINISSANTS ARTS VISUELS CÉGEP ABITIBI-TEMISCAMINGUE

Sans s’arrêter, la musique se transforme et les projections changent de couleur, passant du vert au jaune. La brousse fait place aux dunes… voilà East. Se faisant plus lent, le rythme prend des airs du vent, celui du désert du MoyenOrient. Les notes évoquent un certain mystère, ensorcelantes. Je sens presque la brûlure du soleil sur ma peau, l’odeur du sable et la douceur de la soie. Un court répit et doucement montent déjà les sonorités de North. D’inspiration plus électronique, cette pièce me fait penser aux aurores boréales. Les projections s’assombrissent et prennent des teintes bleu nuit. Les notes cristallines tintent comme le scintillement des étoiles, les chants de gorge inuit nous transportant encore ailleurs. L’ambiance rock de la finale rappelle une tempête... puis SILENCE. Timidement, des notes répétitives et d’autres passagères, une projection rouge, une ballade accélérée en voiture sur un grand boulevard. L’urbaine en moi se sent interpellée par West. Cette sensation de sérénité en constante effervescence. Le temps qui file trop vite. La paix, malgré le chaos. L’urgence de vivre. Un voyage aux quatre coins du monde, assise bien au chaud dans le Rouge Café de La Sarre, un jeudi soir. Assez original, non?

INVENTAIRE(S)

THÉÂTRE DU TANDEM RÉSIDENCE DU 7 MAI AU 7 JUIN

REPRÉSENTATIONS : 5-6-7 MAI

CAMP D’ART D’ÉTÉ

INSCRIPTION DÈS MAINTENANT

MUSEEMA.ORG #notre MA

L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 21


MUSIQUE

FIGURETTES : UN LANCEMENT QUI PROMET

LES MEUSSIEUX À L’AGORA DES ARTS Critique de spectacle

SOPHIE RICHARD-FERDERBER BRIGITTE LUZY

Lorsque le batteur Jean-François Mineau (Bateau Noir) s’installe à Val-d’Or en 2011, il se découvre rapidement des affinités artistiques avec le chanteur multi-instrumentiste valdorien Olivier Naud (Le Carabine). C’est une bourse reçue de la MRC de La Valléede-l’Or et du CALQ qui permet de concrétiser un projet commun intitulé Figurettes. Après un processus de création de plus d’un an, les deux artistes s’apprêtent à dévoiler le résultat de leur travail sur scène en compagnie de leurs collaborateurs. « L’objectif fondateur du projet était de travailler de façon soutenue sur quatre pièces originales, d’y concentrer idées et talents pour faire rejaillir une œuvre à son plein potentiel », explique Jean-François Mineau. Ils ont d’abord écrit et composé de façon plus isolée, en soumettant ponctuellement leur travail à Julien Mineau (Malajube, Fontarabie), qui agissait à titre de directeur artistique. L’apport d’une quinzaine de musiciens invités a ensuite fait évoluer les pièces dans le cadre d’une résidence à la salle Félix-Leclerc de Val-d’Or. « Ce laboratoire nous a permis d’envisager chaque pièce sous divers angles. Les arrangements retenus ont été enregistrés en studio et seront lancés sur le Web », indique Olivier Naud. Interrogé sur leur plus grande difficulté, Jean-François Mineau mentionne le fait de devoir composer avec l’aspect humain au moment de faire un choix artistique : « Nos collaborateurs sont tous des musiciens avec qui nous sommes en relation et pour qui nous avons du respect, mais nous devons conserver seulement ce qui bonifie la pièce. » La démarche artistique a été documentée par le cinéaste Serge Bordeleau qui présentera le film en primeur lors du spectacle du 25 mai prochain, à la Salle Félix-Leclerc. L’équipe de Figurettes envisage d’autres performances dans la région et imagine déjà une suite au projet. « Nous prévoyons composer d’autres pièces pour éventuellement enregistrer la face B du disque et produire un album physique », annonce Olivier Naud.

24 au 27 mai 2018

Après une résidence de 5 jours à l’Agora des Arts où ils ont produit quelques créations et complété une de leurs compositions, Les Meussieux étaient prêts à présenter le fruit de leur travail au public de Rouyn-Noranda. C’est dans une ambiance intimiste avec la contribution de musiciens invités que le trio a joué des reprises de ses inspirations musicales ainsi que plusieurs créations. Devant un public composé en partie de parents et d’amis venus apprécier leur performance, monsieur_m, monsieur_my et monsieur_b ont livré une première partie bien rodée, mais manquant un peu de dynamisme. Ils semblaient très concentrés à exécuter leur partition, on sentait donc moins la complicité entre eux et la soif de partage avec les spectateurs. Les musiciens sont devenus plus à l’aise à mesure que le spectacle avançait, si bien qu’on aurait pris une troisième partie! Le contrebassiste a démontré une belle présence et une ouverture au public. À la batterie, on sentait bien le souci de créer une harmonie, ce qui apportait une bonne cohésion. Le leader, avec sa voix plutôt folk et sa variété d’instruments à cordes, a également livré une belle performance. On a d’ailleurs pu apprécier le son de son bouzouki, curieux instrument qui remplaçait la mandoline brisée. Mentionnons également la contribution de madame_j et de monsieur_jp, de très bons musiciens qui ont grandement ajouté au plaisir de nos oreilles. En somme, c’était une soirée agréable et sympathique où nous avons pu apprécier l’accomplissement de musiciens talentueux, en maîtrise de leur instrument. Le trio gagnerait à travailler davantage ses interactions avec le public, mais la musicalité était très intéressante et nous restons curieux de suivre leur progression. Les Meussieux offriront d’ailleurs une performance lors du Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue à la fin mai, une excellente occasion pour le public de découvrir le travail du groupe rouynorandien.

Salon du livre de l’abitibi-témiscamingue

aréna nicol auto 550 rue principale

la sarre

42 e edition

Heures d’ouverture Jeudi : 18 h à 21 h Vendredi : 13 h à 21 h Samedi : 10 h à 21 h Dimanche : 10 h à 16 h

tarifs 12 ans et moins : gratuit étudiants : 3 $ adultes : 6 $ ue Bienven

salon du livre de l’abitibi-témiscamingue

22 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018

à tous !

www.slat.qc.ca


ue

.ORG

CALENDRIER CULTUREL MAI 2018 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

CINÉMA La Bolduc Jusqu’au 3 mai Le Rift (Ville-Marie) Esprit de cantine Nicolas Paquet 6 et 7 mai Théâtre du cuivre (RN) Le Brio Ciné-Club Promovues 6 et 7 mai Cinéma Capitol (VD) Jalousie Ciné-Club Promovues 13 et 14 mai Cinéma Capitol (VD)

DANSE Spect-O-Art Danse dessinée 5 mai Théâtre Meglab (Malartic) Delirius Danzhé 5 mai Théâtre du cuivre (RN) Fablio Centre de musique et de danse BLEU : Pantone 306 U 5 et 6 mai Théâtre Télébec (VD) Ma liste Studio Rythme et danse 12 et 13 mai Théâtre du cuivre (RN) Groupes de compétitions Studio rythme et danse 13 mai Théâtre du cuivre (RN) À la beauté qui reste Prelv 18 et 19 mai Théâtre du cuivre (RN)

EXPOSITIONS Les granges doubles – Commission culturelle du Témiscamingue Jusqu’au 6 mai Galerie du Rift (Ville-Marie) Les finissants au certificat en peinture de l’UQAT Jusqu’au 6 mai Centre d’art Rotary (La Sarre)

MUSIQUE

JEUNESSE

Voyage dans le vide Pulsarium Jusqu’au 11 mai MA, musée d’art (RN)

Les pirates de la waveform AbiTek Soundsystem 28 avril À venir... (RN)

Tendre – Créations Estelle Clareton 1er mai Agora des Arts (RN) 3 mai Le Rift (Ville-Marie)

Se prémunir contre l’irrationnel Mathieu Gotti Jusqu’au 3 juin Centre d’exposition d’Amos

Concert du printemps Ensemble vocal Florilège 6 mai Église Blessed Sacrament (RN) 20 mai Église St-Sauveur (VD)

Parade nuptiale Jaber Lutfi Jusqu’au 3 juin Centre d’exposition d’Amos Marcher dans le ciel Annie Boulanger et Sonia Cotten Jusqu’au 10 juin Centre d’art Rotary (La Sarre) Hétérotrophies Marie-Ève Martel Jusqu’au 17 juin 2018 Centre d’exposition de Val-d’Or Dominique Godbout, notaire Jusqu’au 15 juillet Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

HUMOUR En attendant le beau temps GRIS : Pantone 423 U Les Denis Drolet 9 mai 2018 Salle Félix-Leclerc (VD) 10 mai 2018 Théâtre du cuivre (RN)

Paloma – Daniel Bélanger 8 mai Théâtre du cuivre (RN) 9 mai Théâtre des Eskers (Amos) 10 mai Théâtre Télébec (VD) L’étoile thoracique – Klô Pelgag 10 mai Le Rift (Ville-Marie) Effets spéciaux – Avec pas d’casque 11 mai Salle Félix Leclerc mixte (VD) La grande nuit vidéo – Philippe B 16 mai Salle Félix-Leclerc (VD) 17 mai Théâtre des Eskers (Amos) Midis-musique Jusqu’au 18 mai Conservatoire de musique de Val-d’Or

THÉÂTRE

Lemire/Verville 14 mai Le Rift (Ville-Marie) 15 mai Théâtre des Eskers (Amos) 16 mai Théâtre du cuivre (RN) 17 mai Théâtre Télébec (VD)

Muliats – Productions Menuentakuan 3 mai Agora des Arts (RN) 4 mai Service culturel de la Ville de Val-d’Or

FESTIVALS ET ÉVÉNEMENTS

Début de fin de soirée Cie de la 2e scène Jusqu’au 5 mai Théâtre Auberge Harricana (VD)

Les Petits bonheurs Activités diverses pour enfants 28 avril au 31 mai Abitibi-Témiscamingue Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue 26 mai au 2 juin Rouyn-Noranda

40 ans de création – Les Zybrides 4.0 5 mai Cabaret de la dernière chance (RN)

Les 8 péchés capitaux 7 et 8 mai Agora des Arts (RN)

Harmonie primaire (CSOB) 2 mai Service culturel de la Ville de Val-d’Or La corde à linge – Maurice Bélanger 12 mai Bibliothèque municipale d’Amos Heure du conte – Maurice Bélanger 19 et 22 mai Bibliothèque municipale d’Amos Petit Pois, spectacle de marionnettes Jessica Blanchet 26 mai Bibliothèque municipale d’Amos

DIVERS Olivier Bernard (le pharmachien) 7 mai Bibliothèque municipale de Val-d’Or 8 mai Bibliothèque municipale de R-N 9 mai Ville de La Sarre 10 mai Bibliothèque municipale d’Amos 80e du Cercle des fermières d’Évain 17 mai Centre Communautaire d’Évain (RN) Lucie Dion se livre à nous 13 mai Bibliothèque municipale d’Amos Belles matinées – Panel de ressources pour les proches-aidants 15 mai Bibliothèque municipale d’Amos La Grand-Messe 17 et 18 mai Agora des Arts (RN) Ateliers de modèles vivants avec Martine Savard Jusqu’au 19 mai MA, musée d’art (RN) Soirée quiz Jusqu’au 22 mai Microbrasserie le Prospecteur (VD)

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018 23


24 L’INDICE BOHÉMIEn MAI 2018


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