JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - FÉVRIER 2020 VOL 11 - NO 5
GRATUIT
Caron Greffard
Sans pression, sans égo : 100 % authentiques
11
RECONNAISS ANCE INTERNATIONALE DE CULTURAT
13
APPROPRIATION CULTURELLE, UN BALADO RÉGIONAL
16
PORTRAIT DE ROBIN L’HOUMEAU
23
LES BOUFFONS DÉBARQUENT À ROUYN-NORANDA
25
70 ANS POUR L A S OCIÉTÉ D’HISTOIRE DU TÉMIS C AMINGUE
150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien Publié 10 fois l’an et distribué gratui tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, fondée en novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et les enjeux
L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.
sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.
CHRONIQUES Tête chercheuse
6
Environnement
10
Ma région j’en mange 12 De panache et de laine 19 Médias et société
24
Histoire
25
L’Anachronique
26
Région intelligente
27
CONSEIL D’ADMINISTRATION
DISTRIBUTION
Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda
MRC D’ABITIBI
Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or
Lydia Bédard, Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau,
Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda
Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne,
Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda
Véronique Naud, Sylvie Tremblay, MRC d’Abitibi.
Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue
MRC D’ABITIBI-OUEST Véronique Bernier Labonté, Isabelle Brochu, Francine Gauthier,
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
François Grenier, Colette Langlois, Suzanne Moore, Sophie Ouellet,
Valérie Martinez
Gilles Parents, Mario Tremblay, Ville de La Sarre.
direction@indicebohemien.org 819 763-2677
SOMMAIRE
MRC DE TÉMISCAMINGUE Émilile B.Côté, Hélène Bacquet, Véronic Beaulé, Simon Laquerre,
Musique
4 et 5
Événement
7
Littérature
9
Distinction
11
Coups de cœur 2019
12 à 18
Société
20 à 22
Théâtre
23
Calendrier culturel
31
RÉDACTION ET COMMUNICATIONS
Lise Millette, Christian Paquette, MRC de Témiscamingue.
Mariane Ménard, coordonnatrice redaction@indicebohemien.org
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
819 277-8738
Joël Baril, Marc Boutin, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert,
Ariane Ouellet, éditorialiste
Marc-Antoine Jetté, Carole Labrecque, Céline Lauzon, Gaétan Langlois,
Lise Millette, collaboratrice à la une
Caroline Leblanc, Renaud Martel, Michaël Pelletier-Lalonde, Paquerette Plourde, Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber,
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES
Huguette Roy, Ginette Vézina, MRC de La Vallée-de-l’Or.
Jonathan Barrette, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés, Lucie Desrochers, Valérie Fournier, Gabrielle Izaguirré-Falardeau,
VILLE DE ROUYN-NORANDA
Sébastien Lafontaine, Brigitte Luzy, Philippe Marquis, Béatriz Mediavilla,
Claudie Aubin, Émilie Canuel, Anne-Marie Lemieux, Caroline Lemire,
Mariane Ménard, Lise Millette, Yves Moreau, Ariane Ouellet,
Julie Mailloux, Valérie Maltais, Suzanne Ménard, Stéphan Thouin,
Michèle Paquette, Dominique Roy, Dominic Ruel,
Annette St-Onge, Denis Trudel, Ville de Rouyn-Noranda.
Marie-Ève Thibeault-Gourde, Mireille Vincelette, Louis-Paul Willis
CONCEPTION GRAPHIQUE COORDINATION RÉGIONALE
Feufollet.ca
Jenny Corriveau | MRC d’Abitibi
graphisme@indicebohemien.org
Louise Magny | MRC d’Abitibi Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi
CORRECTION
Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest
Geneviève Blais
Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Geneviève Béland | MRC de La Vallée-de-l’Or
IMPRESSION
Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda
Imprimeries Transcontinental
EN COUVERTURE Certifié PEFC
Jean Caron et Sébastien Greffard
Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées
Photo : Louanne Caron PEFC/01-31-106
2 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
www.pefc.org
- ÉDITORIAL -
SORTIR DU MOULE ARIANE OUELLET, éditorialiste
J’ai le privilège de commencer mon année 2020 immergée en milieu scolaire pour réaliser une murale dans une école primaire avec près de 450 apprentis muralistes de 5 à 12 ans. Même si j’ai toujours été partante pour jouer le taxi pour une sortir scolaire ou entraîner une équipe de Génies en herbes, nous avons, comme parent, assez peu de fenêtres qui donnent accès à cet univers très clos.
prendre pour le reste de sa vie. La créativité ne s’apprend pas dans un bricolage supervisé. Elle s’apprend quand on apprivoise les processus de notre esprit. Elle grandit quand on accueille la différence, quand on cultive l’ouverture, en commençant par soi-même. Bien que je n’aie pas l’intention de me transformer en coach de vie, je vous transmets ici quelques lignes inspirantes d’une prière qu’on m’a un jour offerte et que j’essaye d’appliquer quand je suis en processus de création, et que j’aimerais en quelque sorte transmettre aux enfants que je côtoie.
Tous les enfants arrivent devant les portes de l’école avec des vécus singuliers : niveau de stimulation, valeurs et dynamiques familiales, capacités physiques et intellectuelles, personnalité. Chacun arrive avec son baluchon d’expérience qu’il lui faut conjuguer avec le reste de cette petite société complexe, moi y compris. J’espère donc venir ici pour apprendre comment travailler avec des enfants, et leur permettre de participer à la transformation de leur milieu de vie par un projet artistique. Nous allons apprendre ensemble, les uns des autres. J’ai le trac. C’est important, les enfants. C’est exigeant, les enfants. Et je voudrais très fort être à la hauteur.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement. Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix. Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible. Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention… Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal. Quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien. Ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain, sauf là où il y a travail. Et que tout travail est vain, sauf là où il y a amour…
Je me suis questionnée sur mes motivations à réaliser un projet en milieu scolaire, puisque c’est là-dedans que je passerai mes prochains mois. Sur ce que je voulais laisser comme trace dans le parcours des élèves. Depuis quelques jours, j’observe, du coin de ma porte de classe, les enseignantes à l’œuvre. Je ne peux vous dire le respect immense qu’elles m’inspirent, à tenter de faire progresser le mieux possible cette multitude de petits êtres en pleine évolution dans le tumulte des exigences innombrables. Il y a beaucoup de règles et de codes à respecter, autant pour elles que pour leurs élèves. Pas beaucoup de place pour l’improvisation.
On confond souvent le conformisme, le talent et la créativité. Tant de reines des neiges et de mangas qu’on a pris pour de l’art. Malheureusement, il y a comme un mythe du talent inné qui est très tenace et qui tend à disqualifier ceux dont les processus sortent du moule. En fait, c’est souvent dans les coins de la classe où on s’y attend le moins que jaillissent les trésors de créativité; chez les enfants plus impulsifs ou entêtés, moins dociles, moins prévisibles. Cette richesse passe souvent inaperçue parce que la marge est très étroite, à l’école comme ailleurs. En fait, le talent n’est souvent que le résultat d’une grande dose de travail et de persévérance qui repose sur les aptitudes de quelqu’un. La créativité, elle, est un diamant brut.
Outre le fait d’ajouter de la couleur dans leur environnement, l’expérience artistique doit être porteuse de quelque chose de signifiant. À bien y penser, s’il y avait un seul enseignement que j’aimerais pouvoir transmettre aux enfants, ce serait des outils pour encourager la créativité. Stimuler la capacité de générer des idées neuves, reconnaître d’instinct un concept prometteur, avoir confiance en soi quand jaillit l’inspiration, traquer au plus profond de soi l’idée originale qui se cache dans l’ombre de l’indifférence. Apprendre que la créativité, c’est utile. Qu’elle n’arrive pas toujours par magie, qu’elle n’est pas réservée à ceux qui savent faire des beaux dessins.
On vit dans des milieux de vie trop souvent formatés à l’excès. Pourtant, les moules sont faits pour convenir à un très petit nombre. Ils sont souvent inventés par ceux qui doivent gérer les autres dans le but de se faciliter la tâche, non dans le but de favoriser l’épanouissement des individus, petits ou grands. Je suis convaincue que plus il y aura d’art dans les écoles et d’espace de liberté, plus on pourra agrandir la marge et briser les moules qui briment le potentiel qui attend d’éclore en chacun de nous.
Alors que le ministère de l’Éducation abolira bientôt les cours d’éthique et culture religieuse, une porte s’ouvre pour repenser cet espace consacré à des matières moins scolaires, mais aussi importantes que les mathématiques et le français. À mon avis, la créativité devrait s’enseigner à l’école, au même titre que la philosophie, l’éthique et l’engagement citoyen. Elle serait une alliée de choix devant tous les obstacles et les décisions que chaque enfant devra
Admission 1 MARS automne 2020 DATE LIMITE : ER
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- À LA UNE -
CARON GREFFARD : RETOUR AUX SOUCHES LISE MILLETTE
Dans le repère mythique du Rang du pouce de Rapide-Danseur, aussi connu sou le nom de la « shed », Sébastien Greffard et Jean Caron ne font aucun compromis, la musique est un plaisir. Douchebag est un retour sur album de Jean Caron après le succès du groupe Anonyme Les Enfants de la tempête en 1996. Il s’agit également d’une nouvelle présence en enregistrement pour Sébastien Greffard, 15 ans après C’est flou, en 2004 et Dans ma talle en 2011. Tous les deux travailleurs de l’ombre, derrière les instruments ou la caméra depuis des années, les deux légendes reviennent sous les projecteurs en 2020. « À l’âge qu’on a et avec les vies qu’on fait, y’a pu un seul projet qui prend toute la place », commence Sébastien Greffard. L’un et l’autre ne s’élancent pas tête baissée, mais en gardant les deux pieds sur terre. Avec des responsabilités familiales et professionnelles, le duo Caron/Greffard est un projet qui allie un intérêt marqué pour la musique qui ne s’est jamais tari, mais avec la maturité de musiciens qui assument leur quarantaine. « En gros, on a toujours la passion, mais plus les 20 ans pour tout laisser derrière pour aller mangers des toasts au beurre de peanuts en attendant que ça marche », affirme sans détour Sébastien Greffard.
ALEXANDRE CARON
Jean Caron abonde dans le même sens. Avec le temps, le rapport au succès a changé. Il faut dire que l’un et l’autre ont développé des carrières parallèles. Jean Caron a sa propre boîte de production vidéo et de photographie, alors que Sébastien enseigne à l’école de musique d’AbitibiOuest. Les deux se croisent régulièrement sur des projets communs, les trames sonores pour la Troupe à cœur ouvert, entre autres.
4 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
« Voir une couple de shows de Lubik m’a donné un coup de pied au cul. De les voir tripper à fond, je me suis dit que ça pouvait être le fun. Alors on y est. On a que les bouts plaisants, sans la pression, on travaille de jour et on boit du Gatorade! » résume-t-il en riant.
LE DIY AU RENDEZ-VOUS
SIMPLEMENT LA MUSIQUE
Forts de leurs expériences respectives, Jean Caron et Sébastien Greffard sont les seuls maîtres à bord. Direction artistique, direction photo, montage des vidéoclips, arrangements, musique, réalisation de l’album : ils n’ont pas à négocier avec une tierce partie.
Confortablement installé dans ses pantoufles, au milieu de sa « shed » où logent des décennies de souvenirs, Sébastien Greffard n’a rien perdu ni de son look d’adolescent ni de son énergie. En revanche, il est beaucoup plus serein.
« Ni l’un ni l’autre n’avons d’égo à gérer. On essaie des trucs et si ça ne fonctionne pas, on ajuste », résume Sébastien.
« Pendant longtemps, ce que je voulais, c’était percer. J’avais besoin que ça marche pour me prouver et faire ma place. Je suis parti à Montréal, j’ai travaillé sur de beaux projets, mais je suis content d’être revenu. Aujourd’hui, j’ai fini par décrocher et lâcher prise, mais j’ai toujours du fun ».
« Nous avons tous les deux travaillé avec des réalisateurs pour d’autres projets. Moi avec C’est flou et Jean avec Anonyme. Cette fois, on réalise tout nous-mêmes, sauf le mastering que l’on confie à Yannick St-Amand », précise Sébastien Greffard. Tout faire soi-même comprend toutefois un certain risque, comme celui de tout perdre en raison d’un problème informatique.
Le temps qui passe et l’arrivée des enfants ont aussi remis plusieurs choses en perspective. « Avec Anonyme, j’avais besoin que ça marche pour une question de survie », reconnaît aussi Jean Caron dont les enfants prennent aussi part à l’équation.
Son fils Alexandre signe les vidéoclips alors que sa fille Louanne capture en photos certains moments clés. Pour 2020, le duo Caron Greffard a déjà quelques spectacles en vue, notamment en ouverture du Festival des langues sales. Ils seront également sur scène cet été dans des lieux et scènes à confirmer. Ainsi, la voix chaude de Jean Caron, ses textes à la fois tragiques et résolument humains, de même que les envolées rythmées de Sébastien Greffard et ses solos bien sentis seront de retour sans avoir pris une ride. Les deux musiciens renfilent leurs pantoufles dans un naturel désarmant, mais dans un son qui se déchausse solidement.
« Notre album Douchebag, on a dû l’enregistrer deux fois parce que le disque dur a planté et on était incapable de récupérer nos données », révèle Sébastien Greffard. « Et la chanson, Douchebag n’était pas sur ce premier enregistrement! On l’a faite en refaisant tout le reste », confie confie Jean Caron. Après Douchebag, pièce titre de l’album, le deuxième clip Tu parles pas, a été lancé le 20 janvier. Cette chanson de Sébastien Greffard avait été écartée, mais trouve enfin sa place sur un album.
LOUANNE CARON
« Je l’avais déjà enregistrée, mais sans jamais la sortir officiellement. C’était à l’époque de C’est flou, en 2004. Elle avait été jugée trop rock pour l’album », confie-t-il, démontrant du même coup la latitude de l’autoréalisation.
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 5
AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS...
- TÊTE CHERCHEUSE -
IL ÉTAIT UNE FOIS…
DES OFFRES À CONTRESENS!
PAUL ABRAHAM
Médiums/techniques mixtes
DOMINIC RUEL
Montage de détails d’œuvres de Paul Abraham
Peu avant les Fêtes, le gouvernement du Québec a présenté ses offres aux enseignants. Legault ne s’est pas déguisé en père Noël : sans farce, la dinde du réveillon est passée de travers! Je n’entre pas dans les détails de l’affaire, mais en gros, la proposition gouvernementale tient en peu de choses : augmentation du temps de travail, de la tâche et de la taille des groupes, et ce, sans augmentation de salaire, sauf le famélique 7 % sur 5 ans offerts à toute la fonction publique. C’est une gifle. Mais ce sont surtout des offres qui vont à l’encontre du bon sens, qui nient les besoins des profs et surtout, qui ne règleront rien au problème premier de l’éducation : la pénurie d’enseignants.
SANS QUEUE NI TÊTE NI VUES NI CONNUES CHANTALE GIRARD
Les facultés d’éducation sont désertées, les listes de remplaçants se vident et de plus en plus de profs partent après quelques années d’expérience. En septembre dernier, lors de la rentrée, le ministre Roberge reconnaissait que la pénurie était importante et qu’elle allait durer quelques années. Il avait raison : les libéraux avaient laissé pourrir la situation pendant des années et c’est ainsi que la profession devenait moins attrayante. Avec son projet de maternelle 4 ans, ce pauvre M. Roberge a même dû permettre à des éducatrices d’enseigner. Il fait aussi la cour aux profs retraités pour combler les besoins en suppléance. Dans certains coins du Québec, il sera bientôt mal vu pour un prof de prendre une journée de congé pour se soigner. Mais au-delà des questions de ressources humaines, d’organisation du personnel et d’administration, c’est la qualité de l’enseignement qui est en jeu. On ne s’improvise pas enseignant. Un manuel scolaire et deux ou trois exercices avec corrigés ne suffisent pas. Apprendre est complexe. Les recherches en éducation sont formelles et sans équivoque : la qualité de l’enseignement est le facteur premier qui influence la réussite des élèves. On aura beau avoir le plus bel éventail d’activités parascolaires, des corridors lumineux, deux heures de plus de sport par semaine, si l’enseignement laisse à désirer, on n’arrivera pas aux meilleurs résultats. Les meilleurs systèmes d’éducation au monde recrutent parmi les meilleurs étudiants. Mais au Québec, la profession n’attire plus les gens : manque de valorisation, milieu de travail difficile, salaires peu compétitifs. Les facultés d’éducation des universités abaissent donc les critères d’admission. Parce qu’il faut bien pourvoir les postes vacants un jour ou l’autre!
Sans queue ni tête, impression numérique, 2018
Dessin/art numérique
Oui, la valorisation passe par de meilleurs salaires. La vocation? On n’utilise plus ce mot pour les autres travailleurs! Statistique Canada l’affirme : les profs québécois sont les moins bien payés au Canada. D’autres chiffres montrent que le retard des salaires dans le secteur public s’accentue. Dire merci aux profs à la télé, c’est gentil, c’est touchant. Mais il faudra leur donner aussi des salaires qui reconnaissent leur formation, leurs dix-sept années de scolarité et la responsabilité fondamentale qu’ils ont sur les épaules.
En partenariat avec le Centre de solidarité internationale Corcovado, L’Indice bohémien propose une série d’articles pour souligner la Semaine du développement international qui se tient du 2 au 8 février. À lire aux pages 20 à 22. Bonne lecture!
6 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
- LANCEMENT -
L’HIVER SERA CHAUD AU PETIT THÉÂTRE DU VIEUX-NORANDA
BRIGITTE LUZY
BRIGITTE LUZY
Fermez les yeux et imaginez… l’hiver 2020 au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Vous verrez une chaleureuse programmation mettant en vedette des incontournables, des jeunes pousses, des contrées à explorer, des montgolfières montantes. Bref, prévoyez des moments privilégiés en bonne compagnie. Fiers de leur légendaire collaboration avec le milieu et ses gens, les membres de la pétillante équipe du Petit Théâtre ont accueilli leurs convives le 3 décembre dernier pour le dévoilement de la programmation d’hiver. C’est à Livresse, nouvelle librairie du quartier, que le public était convié pour ce lancement hors du commun. Costumes, acrobaties et musique ont transporté l’assistance dans une atmosphère de cirque du 19e siècle.
Très près de la communauté, l’équipe du Petit Théâtre souhaite un accroissement de la participation du public à ses activités. Les portes sont ouvertes aux citoyens à l’imagination fertile! Ce lieu culturel se démarque entre autres par son offre diversifiée d’activités gratuites bien particulières comme les sorties de résidence. Cet hiver, sous le signe de la métamorphose du corps ou de l’action improbable, tout sera possible… en fermant les yeux bien sûr!
La vidéo de présentation nous ouvre une porte sur le monde des arts où tout un chacun y trouve son compte : musique, danse, ateliers, arts numériques, théâtre et variétés. De nombreuses soirées qui réchauffent, à des prix très accessibles, attendent le public.
TOUR DE PISTE EN BREF Les expériences numériques dont le Petit Théâtre s’est fait un diffuseur officiel seront nombreuses cette saison. En plus du retour des Défricheurs numériques, le PTVN propose des ateliers d’initiation 3D et prévoit une soirée unique en immersion pour la sortie de résidence de la troisième édition du Laboratoire de création et de recherche sur l’interactivité de l’UQAT, le 1er février. Du 21 au 23 février, entrez dans la danse avec la première édition du Festival de danse international en Abitibi, une initiative de l’association Salsa Abitibi-Témiscamingue. Les amateurs de danse devront ensuite attendre les beaux jours de mai pour un autre spectacle inusité. Danse K par K propose une chorégraphie unique et intimiste dirigée par Karine Ledoyen. C’est dans un salon dont l’emplacement sera dévoilé à la dernière minute que se déroulera la prestation. La programmation musicale est variée et compte entre autres Rick Pagano, Roxane Bruneau, les Hôtesses d’Hilaire, FouKi et Fred Fortin. Côté théâtre, le public pourra assister en février à Bande de bouffons, nouvelle production du Théâtre du Tandem inspirée d’une conférence du philosophe Alain Deneault.
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 7
OFFRE D’EMPLOI
Coordonnateur/coordonnatrice à la rédaction et aux communications L’Indice bohémien est à la recherche d’un COORDONNATEUR ou d’une COORDONNATRICE À LA RÉDACTION ET AUX COMMUNICATIONS! Principales fonctions • Coordonner l’ensemble des tâches liées à la rédaction du journal; • Rechercher les sujets pour les prochaines éditions en collaboration avec le comité responsable et monter des listes de sujets; • Affecter les collaborateurs et collaboratrices aux sujets, les accompagner dans leurs démarches et assurer le suivi; • Réviser et corriger les articles pour les rendre conformes au style journalistique; • Participer à la révision de l’épreuve et à la production finale du journal en collaboration avec l’équipe de production; • Rédiger des articles en fonction des besoins; • Mettre le contenu du journal sur le site Web et alimenter les réseaux sociaux; • Assurer les communications, rédiger des communiqués de presse au besoin et diffuser ceux-ci.
8 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
Profil recherché • Formation en communication, en journalisme, en littérature ou toute autre formation appropriée; • Connaissance de L’Indice bohémien, de sa mission et de son contenu et intérêt pour les arts et la culture; • Expérience en rédaction journalistique, un atout; • Expérience en coordination; • Bonne connaissance du milieu culturel de l’Abitibi-Témiscamingue; • Maîtrise du français écrit et parlé.
Consultez l’offre complète au indicebohemien.org. Toute personne intéressée doit faire parvenir son curriculum vitae et une lettre de présentation avant le 31 janvier à 17 h à l’attention de Valérie Martinez, directrice générale à direction@indicebohemien.org
- LITTÉRATURE -
LE DÉBUT DES PETITES ÉTINCELLES D’AMY LACHAPELLE DOMINIQUE ROY
Depuis longtemps, le nom d’Amy Lachapelle est associé à la littérature jeunesse. En effet, l’éditrice des Éditions Z’ailées a publié une quarantaine de romans depuis plus d’une dizaine d’années. En 2018, elle s’est lancée dans l’aventure du grand public avec son premier roman pour adultes, Toi et moi ça fait six. Bien que l’intrigue soit fictive, le roman s’inspire de ses expériences personnelles. L’aventure semble lui avoir plu puisque l’auteure récidive à l’automne 2019 avec un deuxième roman pour adultes, Le début des petites étincelles.
Même si les deux œuvres nous plongent dans des univers différents, il est quand même possible d’établir quelques corrélations entre chacun d’eux. Dans le premier, le quotidien d’Evelyne Bonenfant est totalement transformé dès le moment où elle rencontre l’amour avec un grand A. C’est avec le cœur gonflé à bloc qu’elle dit oui à une vie de famille avec ce père de quatre enfants alors que la principale intéressée n’a aucune expérience de la maternité. Loin de sa famille et de ses amies, elle se lance dans cette aventure familiale qui lui réserve de belles surprises. Dans le deuxième roman, l’univers de Roxane est aussi chamboulé lorsque son amoureux de toujours la quitte. Du jour au lendemain, la jeune femme perd tous ses repères et s’exile loin de son Témiscamingue natal pour se reconstruire et se redécouvrir. Encore ici, les personnages collent à la réalité et plusieurs femmes dans la mi-trentaine se reconnaîtront à travers les craintes, les interrogations et les incertitudes qui assaillent Roxane. Ce deuxième roman suit le courant avec des thèmes des plus actuels : quête identitaire, remise en question, dépassement de soi, culpabilité féminine, mode de vie minimaliste, bienêtre au travail. Tout de suite, Roxane gagne le cœur de son public avec sa capacité à se tourner rapidement sur un dix sous alors qu’elle n’avait jamais pris aucune décision importante dans sa vie, à part celle d’élever un enfant à 19 ans alors qu’il ne faisait pas partie de ses plans d’être mère à un aussi jeune âge. Celle qui n’a jamais eu de colonne vertébrale, qui doutait d’elle constamment, qui manquait de confiance en soi ne s’éternise pas sur ses déboires amoureux. Son aventure en milieu urbain l’amène à se forger une nouvelle personnalité collée à sa peau, et non influencée par son entourage. Le style d’écriture d’Amy Lachapelle est vivant, voire éloquent. Phrases simples, vocabulaire accessible, chapitres courts, comparaisons amusantes, repères culturels intéressants… Tout est réuni pour offrir une lecture divertissante où le temps file sans qu’on le voie passer. C’est le type de lecture qui entre dans la catégorie « bonbon » parce qu’il fait oublier le stress d’une longue et épuisante journée de travail. En même temps, il suscite une pointe de réflexion dans ce monde où la charge mentale d’une mère de famille et les attentes de la société envers la femme pèsent encore trop lourd sur les épaules de la gent féminine. Enfin, le roman fait un beau clin d’œil à la nouvelle image de marque du Témiscamingue parce que tout au long des questionnements et de la remise en question de Roxane, on se rappelle que le Témiscamingue, c’est vraiment là où on vit.
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 9
- ENVIRONNEMENT -
COMITÉ ARRÊT DES REJETS ET ÉMISSIONS TOXIQUES DE ROUYN-NORANDA
GUY LECLERC
VALÉRIE FOURNIER ET MIREILLE VINCELETTE
UN PEU D’HISTOIRE La mine Horne et la fonderie construites dans les années 1920 sont à l’origine de la ville de RouynNoranda. Depuis, cette proximité directe a entrainé divers problèmes d’émissions toxiques mettant en danger la santé de la population et des travailleurs (SO2, plomb, cadmium, arsenic, béryllium). Certains rejets ont été atténués par des actions et des investissements, mais d’autres améliorations sont requises. Dès 2004, un comité gouvernemental d’experts, dont faisaient notamment partie des toxicologues et un métallurgiste, mettait en garde l’entreprise et les élus devant les concentrations élevées d’arsenic. Ces experts, considérant que l’arsenic est un cancérigène reconnu, recommandaient que soient réduites les émissions de cette substance afin d’atteindre une moyenne de 10 nanogrammes par mètre cube (10 ng/ m3) en 18 mois. Ceux-ci demandaient également de développer un plan visant à rejoindre rapidement la norme québécoise de concentration d’arsenic dans l’air, fixée à 3ng/m3.
Malgré cela, depuis 2007, le gouvernement permet à la fonderie d’émettre une moyenne annuelle de 200 ng/m3 d’arsenic : 67 fois la norme! Si rien ne change, l’exigence sera de 100 ng/m3 en 2021: encore 33 fois la norme.
croissance intra-utérine en plus d’une augmentation du nombre d’enfants présentant des retards de développement, un quotient intellectuel plus bas ainsi que des troubles d’apprentissage, de comportement, d’attention et de concentration.
PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE
Les recherches récentes ont démontré les effets neurotoxiques de l’arsenic à des concentrations aussi basses que 15 ng/m³. En 2018, à l’école Notre-Dame, la moyenne était de 27 ng/m³.
En 2018, la Direction de la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue (DSPu) mène une étude de biosurveillance auprès d’enfants du quartier Notre-Dame. Celle-ci démontre un taux d’arsenic anormalement élevé dans leurs ongles, soit en moyenne 3,7 fois celui des enfants d’Amos (groupe témoin). Pire, 20% d’entre eux ont une imprégnation très inquiétante de 8 à 40 fois plus. L’exposition chronique à l’arsenic a un impact prouvé sur le développement de cancers (poumon, vessie, foie, rein, peau et prostate) et favorise le développement et l’aggravation de problèmes endocriniens, cardiovasculaires, immunologiques, neurologiques et respiratoires. On note aussi une augmentation des fausses couches, bébés mort-nés et retards de
Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !
LE COMITÉ ARET ET SES EXIGENCES En mai 2019, à la suite des premiers résultats de l’étude de la DSPu, un comité citoyen nait. Il souhaite que la fonderie Horne demeure ouverte, mais exige des actions rapides afin que la population ne soit plus exposée à des concentrations d’arsenic novices pour la santé. Certaines recherches effectuées par le comité ARET confirment que moyennant des investissements significatifs, une réduction des émissions à 39 ng/m3 serait possible. Ces solutions sont connues du gouvernement et de la compagnie depuis 2006. Aussi, certains intrants, les concentrés complexes, semblent à l’origine de la majorité des émissions d’arsenic : en 2018, 7 % des concentrés représentaient 75% de l’arsenic traité. Tant que les améliorations nécessaires à la réduction des émanations n’auront pas été apportées, ces concentrés ne devraient plus être traités. Un rattrapage est requis et ARET continuera ses pressions sur le gouvernement afin qu’il impose à la compagnie le respect de la norme sécuritaire de 3 ng/m3.
10 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
- DISTINCTION -
LE LEADERSHIP CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
GRAND RENDEZ-VOUS INTERNATIONAL DE LA DANSE À ROUYN-NORANDA
RECONNU À L’INTERNATIONAL
LA RÉDACTION
MARIANE MÉNARD
Les danseurs professionnels et amateurs de la région et d’ailleurs se donnent rendez-vous du 21 au 23 février prochain au Petit Théâtre du Vieux Noranda pour la toute première édition du Festival de danse international en Abitibi. Cette nouvelle initiative de l’Association Salsa Abitibi-Témiscamingue rassemble des danseurs de la région et de partout dans le monde autour d’une programmation diversifiée.
L’Abitibi-Témiscamingue se joint à Milan, Lisbonne, Buenos Aires et Washington parmi d’autres grandes villes du monde à titre de Territoire Leader dans l’application de l’Agenda 21 de la culture. C’est en décembre dernier que Tourisme Abitibi-Témiscamingue annonçait cette prestigieuse nomination, rendue possible grâce à la démarche Culturat. Le titre décerné par l’organisation d’échelle internationale Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), traditionnellement réservé à des villes, a pour la première fois été décerné à un territoire. La directrice générale de Tourisme Abitibi-Témiscamingue Randa Napky ne cache pas son enthousiasme quant à l’intérêt de ce titre. « C’est tellement gros que personne, à part nous, ne comprend l’ampleur de cette reconnaissance. On pense que se faire reconnaître sur la scène internationale sur nos bonnes pratiques, c’est ce qui va nous faire connaître partout », explique-t-elle. Depuis l’annonce de la nomination, la démarche Culturat a d’ailleurs été présentée à Kyoto dans le cadre de la quatrième Conférence mondiale sur la culture et le tourisme, une initiative de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Le titre de Territoire Leader est valide pour une durée de trois ans. Randa Napky estime par ailleurs que cette reconnaissance aura d’importantes répercussions pour la région. Il permettra d’une part d’entretenir des liens et de bénéficier de l’expertise des 13 autres Villes Leader, mais constituera aussi une occasion de faire connaître la région partout dans le monde. « Pendant trois ans, on devient une référence [pour d’autres territoires] », précise Mme Napky.
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Si les bonnes pratiques de L’Abitibi-Témiscamingue ont su attirer l’attention de CGLU, c’est aussi le côté novateur de la démarche Culturat qui a permis à la région de se démarquer. « Avec Culturat, on a réussi à créer une mobilisation citoyenne qui implique toutes les sphères d’activités – les entreprises, les enseignants, les communautés anicinabek, les médias. Toutes les sphères de la collectivité sont impliquées », ajoute Mme Napky.
Plus qu’une réunion de danseurs, le Festival de danse international en Abitibi-Témiscamingue sera une grande rencontre interculturelle au cours de laquelle les participants seront aussi invités à prendre part à des soupers thématiques.
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DÉMARCHE NOVATRICE
Tous les styles seront permis, allant des danses de salon aux danses traditionnelles latines et africaines, en passant par l’art thérapie. L’association Salsa AbitibiTémiscamingue a d’ailleurs invité une dizaine de professeurs spécialisés dans différents types de danse et en provenance de pays variés. Ceux-ci offriront en tout 35 ateliers pendant la durée du festival. Chaque journée se conclut par une soirée de spectacles, au cours desquels les professeurs et des troupes de danse se relaieront sur scène.
POUR L’AVENIR En décembre dernier, Tourisme Abitibi-Témiscamingue consultait plus d’une centaine de personnes issues de différentes sphères d’activités et de partout dans la région à propos du rôle de la culture dans le développement durable du territoire. À l’issue de cette rencontre, l’organisation compte mettre en branle de nouveaux chantiers pour renouveler la démarche Culturat. Si les arts et la culture demeurent au cœur de l’initiative, un effort supplémentaire sera déployé pour renforcer les liens du champ culturel avec les priorités de la région, parmi lesquelles on compte l’inclusion sociale, l’environnement et l’éducation.
195, rue Principale, La Sarre (Québec) J9Z 1Y3 819 333-2282 Consultez régulièrement notre page Ville de La Sarre maison.de.la.culture.lasarre
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 11
- MA RÉGION J’EN MANGE -
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pommes de terre Grelots rouges de la Ferme Lunick bacon coupé en dés saucisson calabrese coupé en dés oignons, hachés finement vin blanc crème 35 % gousses d’ail, hachées finement moutarde forte sirop d’érable thym frais, haché grossièrement fromage cheddar Cru du Clocher coupé en 24 tranches poivre et sel au goût
MÉTHODE • Préchauffer le four à 180 °C (350 °F). • Dans une casserole d’eau bouillante salée, cuire les pommes de terre de 15 à 20 minutes, ou jusqu’à ce qu’elles soient tendres. Égoutter, rincer sous l’eau froide et réserver. • Dans une poêle, à feu moyen, cuire le bacon et l’oignon jusqu’à ce qu’il soit doré. Déglacer au vin blanc et laisser réduire de moitié. Ajouter la crème, le saucisson calabrese, l’ail et le sirop d’érable. Remuer légèrement et retirer du feu. Ajouter la moutarde et le thym. Poivrer seulement. • Couper les pommes de terre en deux. Retirer la chair à l’aide d’une cuillère parisienne. Réserver les fonds. Hacher la chair des pommes de terre au couteau et l’ajouter au bacon. Bien mélanger. • Déposer les fonds de pommes de terre grelots sur une plaque à cuisson tapissée d’un papier parchemin. Saler et poivrer l’intérieur au goût. • Farcir les fonds avec le mélange de pomme de terre en portions égales et déposer une tranche de fromage cheddar sur le dessus de chaque pomme de terre grelot.
COURTOISIE
• Cuire au four à 180 °C (350 °F) pendant 10 minutes. Servir chaud.
12 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
Cahier spécial
COUPS DE CŒUR 2019
- COUPS DE CŒUR 2019 -
LE BALADO QUI S’APPROPRIE LA CULTURE, LITTÉRALEMENT! MARIANE MÉNARD
À l’été 2019, Pierre-Marc Langevin, Mathieu Proulx et Benoit St-Pierre lançaient Appropriation culturelle – le podcast, un balado en mode discussion où des acteurs de différents secteurs d’activités sont invités à partager leur culture. Au rythme d’une émission aux deux semaines, puis d’une par semaine, le prolifique trio a conclu l’année avec 25 émissions diffusées et plus de 600 téléchargements. Portrait de cette initiative pour laquelle les trois compères prennent visiblement plaisir à s’approprier la culture de leurs invités.
« LA CULTURE AVEC UN GRAND C » Lui-même consommateur de ce type de contenu numérique, Pierre-Marc Langevin souhaitait créer un nouveau concept de balado régional. « Dans le podcast abitibien, il manquait la formule slow talk ou discussion, explique-t-il. Je trouvais que c’était une bonne formule pour parler des gens d’ici, des gens qui ont changé la région. » Celui qui songeait à ce média pour discuter d’art et de culture avec des personnalités de la région et d’ailleurs s’est rapidement associé à Benoit St-Pierre et Mathieu Proulx. Des parcours et intérêts de chacun a émergé le concept du balado abitibien sur la « culture au sens large ». « La culture c’est plus que l’art de la scène, c’est la vie en général dans le fond », résume Mathieu Proulx. Cette définition reflète bien la variété des sujets abordés et des invités qui se prêtent au jeu alors que des personnalités issues de diverses disciplines artistiques succèdent à des figures politiques régionales. Et cette diversité est aussi le reflet des parcours et intérêts personnels des trois coanimateurs. « Ce qui aide, c’est que nous trois, on est vraiment complémentaires dans nos connaissances générales, évoque Benoit St-Pierre. Mathieu connaît bien la politique et la culture québécoise, Pierre-Marc, plutôt l’humour et la musique, et moi la technologie et l’informatique. »
DISCUSSION DÉCONTRACTÉE Dans une formule minimaliste et décontractée, le balado Appropriation culturelle propose une rencontre personnelle et spontanée avec des invités issus d’horizons variés. Le trio ne s’en tient à aucun gabarit et laisse libre cours à la discussion. « On n’a pas de questions préétablies, et on écoute la personne qu’on reçoit, explique Pierre-Marc Langevin. On va plutôt suivre la discussion, où elle s’en va. »
« Le fun de notre projet est que notre préparation est minime parce qu’on veut vraiment une discussion. [Lorsqu’on] rencontre quelqu’un, on parle de son implication, de son parcours, mais si après on parle de piscine hors terre pendant une demi-heure, ben on parle de piscine hors terre pendant une demi-heure », illustre Benoit St-Pierre. Tous improvisateurs, les coanimateurs estiment que cette expérience de la scène contribue à alimenter des discussions animées, à relancer habilement leurs interlocuteurs de façon à obtenir un résultat digne d’intérêt.
DANS UN FESTIVAL PRÈS DE CHEZ VOUS Depuis le lancement du projet, des épisodes d’Appropriation culturelle ont été enregistrés à différents endroits dans la région. Le trio a entre autres produit des émissions pour le Festival de musique émergente (FME) et était présent à la FÉE et à l’événement ludique 15-2. S’ils comptent bien continuer d’infiltrer les événements culturels régionaux dans la prochaine année, et d’autres projets sont sur la planche à dessin. Rien n’est décidé, mais l’équipe évalue présentement la possibilité se lancer dans la webdiffusion en direct. Entretemps, on peut continuer de se procurer les émissions d’Appropriation culturelle – le podcast via les principales plateformes de téléchargement.
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- COUPS DE CŒUR 2019 -
RÉFLEXIONS SUR L’ANNÉE INTERNATIONALE DES LANGUES AUTOCHTONES EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE MICHÈLE PAQUETTE
« Si l’année 2019 a été décrétée année internationale des langues autochtones, c’est qu’il y a une problématique et que cela confirme que la langue est un enjeu majeur qui mérite notre attention et pour lequel nous devons tous travailler ensemble », déclare Caroline Lemire, directrice de Minwashin. Cet organisme, qui travaille pour les arts et la culture anicinabek en Abitibi-Témiscamingue a mis en place d’importantes initiatives au cours de l’année 2019 pour souligner cet événement. « Ce n’est pas seulement une année que ça prendrait, ajoute-t-elle, mais une décennie. Je suis d’ailleurs ravie que l’ONU déclare en l’année 2022 la décennie dédiée aux langues autochtones. C’est une façon de démontrer que cela nécessite du temps puisque la revitalisation des langues est un enjeu complexe. »
« Les années internationales nous donnent envie de faire des actions », résume Caroline Lemire. Ainsi Pikogan tiendra en février un colloque de réflexion sur la langue pour sa communauté.
Mme Lemire précise que la mobilisation régionale a commencé tôt en janvier 2019 avec l’envoi d’un calendrier dans différents organismes. « Ça faisait longtemps qu’on préparait l’année internationale », confie-t-elle. Par la suite, en février, Minwashin a lancé à Lac-Simon l’initiative Anicinabemodan, parlons Anicinabe. Cette trousse, également distribuée à différents organismes de la région, invite la population à se familiariser avec la langue anicinabe et propose une dizaine de gestes pour ce faire. Puis, il y a eu les pow-wow à l’été et l’événement Miaja à l’automne.
Maintenant que l’année internationale des langues autochtones est passée, il reste à s’assurer que le travail effectué en 2019 ne tombe pas dans l’oubli. L’annonce de l’ONU d’une décennie internationale des langues autochtones dès 2022 s’inscrit en ce sens. Tout comme l’a dit l’UNESCO en 2019, « à travers les langues, les gens participent non seulement à leur histoire, leurs traditions, leur mémoire, leur mode de pensée, leurs significations et leurs expressions uniques, mais plus important encore, à travers leur langue les gens construisent leur avenir ».
Pour Richard Kistabish, président de Minwashin, si l’année internationale des langues autochtones a permis de faire connaître les enjeux relatifs à la revitalisation des langues autochtones, beaucoup de travail reste à faire. « Ça nous a rendus visibles, mais on a vu dans quel état notre langue était actuellement. Notre langue est en train de mourir, déplore M. Kistabish. L’année a passé comme du beurre dans la poêle. Pour parler de la langue, il faut parler de l’histoire. Pendant des années, [l’usage de la langue anicinabe] était défendu. Si tu le faisais, on te tirait dessus. Si tu parlais ta langue dans les écoles, on te battait. Je me suis caché pour la parler. On est devenus des grands brûlés de l’âme. J’ai décidé de devenir partenaire, je vais aider les jeunes à apprendre. »
Le grand rassemblement Miaja qui s’est tenu les 12 et 13 septembre à Kebaowek réunissait des représentants de neuf communautés. Ceux-ci étaient invités à réfléchir ensemble aux enjeux relatifs à la langue anicinabe. Quelque 300 personnes, dont des linguistes, étaient présentes. Par la suite, un rapport a été rédigé et celui-ci sera envoyé à l’ensemble des communautés et organismes régionaux. Parmi les conclusions de ce rapport, on note l’idée de faire une décennie, et pas seulement une année, des langues autochtones. Mme Lemire souligne aussi l’importance de ne pas laisser aux Autochtones seuls la responsabilité de la revitalisation de la langue anicinabe. Celle-ci doit être partagée avec les allochtones, les maires et les élus, par exemple. Dans le rapport, on recommande aussi d’augmenter la présence de la langue anicinabe dans l’espace public de différentes façons. On suggère ainsi d’installer des panneaux de signalisation bilingues sur tout le territoire et de revisiter la toponymie pour désigner les lieux en fonction de leurs noms anicinabek d’origine. DISCUSSION PENDANT L’ÉVÉNEMENT MIAJA, AUTOMNE 2019
14 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
FRANCE LEMIRE
Apprendre, c’est ce dont il est question dans une émission de TVC9 sur les langues autochtones de la série Ninawit, réalisée en 2019. À travers différents témoignages d’Anicinabek, on y apprend que la langue est une tradition orale, qu’on est fier de la parler, qu’on ne se sent pas pareil lorsqu’on parle en anicinabe que lorsqu’on parle en français. On y rencontre des Anicinabek qui travaillent fort pour transmettre leur langue aux enfants.
- COUPS DE CŒUR 2019 -
SAMUEL LAROCHELLE : RENOUER AVEC L’ABITIBI GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU
Samuel Larochelle a grandi à Amos, mais depuis ses 19 ans, il vit à Montréal, où il gagne sa vie comme journaliste et auteur. Je l’ai rencontré pour connaître sa relation avec les deux endroits et savoir comment l’addition de sa jeunesse en région et de ses années passées en ville influence son processus de création et le développement de ses projets. Parti d’Amos au début des années 2000 pour entreprendre des études de journalisme à Jonquière, Samuel garde le souvenir d’une Abitibi où il ne se sentait pas adéquat, d’abord en tant qu’homosexuel en région éloignée; mais aussi comme garçon sensible, plutôt isolé, pour le meilleur et pour le pire, dans une bulle qui lui appartenait. Son départ hâtif et son installation à Montréal ne sont pas étrangers à ce sentiment. S’il admet que les choses ont beaucoup évolué dans la région, Montréal semblait, à l’époque, le meilleur endroit pour combler sa soif d’effervescence artistique et de diversité culturelle et sexuelle. Samuel considère que son passage à la métropole s’est fait sans difficulté majeure. Installé depuis neuf ans dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dont l’architecture, la diversité des classes et la proximité communautaire ne sont pas sans lui rappeler son Abitibi d’origine, il a rapidement acquis une affection profonde pour la ville. Quand je lui fais remarquer que cet amour transparaît dans ses romans À cause des garçons et Parce que tout me ramène à toi, il répond en riant qu’il s’agissait d’un processus involontaire et que ce n’est qu’après coup qu’il a réalisé combien son œuvre était un hymne à la métropole. Pour l’auteur, le fait de nommer des lieux précis et de faire évoluer son personnage dans des endroits typiques de la ville était surtout une façon d’ancrer son histoire dans le réel.
Symbole important de son désir de renouer avec l’Abitibi et de contribuer à sa vie culturelle, Samuel a lancé en septembre dernier le Cabaret des mots, un événement littéraire tenu dans différentes villes de la région et mettant vedette des auteurs locaux. Une deuxième édition du cabaret s’est tenue en janvier dernier dans six villes de la région, dont deux du Témiscamingue, qui se sont ajoutées à l’itinéraire. Il espère ainsi contribuer à rendre la littérature plaisante et accessible dans tous les milieux.
VINCENT CHINE
Si nous avons mentionné plus haut le caractère difficile de la relation de l’auteur avec sa ville d’origine, les choses ont changé dans la dernière année. En 2019, Samuel a été président d’honneur du Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue et cette expérience a été pour lui l’occasion de tant de rencontres valorisantes, d’une telle validation de son travail et de son art, qu’il a enfin pu oublier ses dernières réticences envers l’Abitibi, au point que ses prochains projets de création, dont une nouvelle et une pièce de théâtre, ont presque tous un lien avec la région.
3 au 5 mars 2020 INSCRIPTION EN LIGNE
18 au 27 février 2020 rouyn-noranda.ca/relache-en-action Information : 819 797-7101 INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 15
- COUPS DE CŒUR 2019 -
ROBIN L’HOUMEAU : DE L’IMPORTANCE DE LA MARGE AUTHENTIQUE BÉATRIZ MEDIAVILLA
J’ai communiqué avec Robin L’Houmeau par visioconférence entre Noël et le jour de l’an, un beau moment de fin d’année. Pour lui, se voir en vrai aurait été l’idéal. Se voir à travers l’écran était un compromis acceptable vu la distance qui nous séparait. En lui parlant, j’ai compris pourquoi et je l’en remercie.
talents ». C’est à ce moment qu’il comprend l’importance d’avoir un agent. Rapidement, l’idée de déménager à Montréal s’impose, car faire l’aller-retour entre Val-d’Or et la métropole pour faire quelques auditions… c’est lourd et cher. Il faut être disponible, rencontrer des gens et le mode de vie qui accompagne ce travail est différent. Le parcours pour devenir comédien vient avec certaines embûches…
LA GENÈSE J’ai commencé par lui demander d’où vient cette envie d’être comédien. Il m’a dit : « Depuis, toujours, un peu inconsciemment, mais dès l’enfance j’éprouvais un plaisir particulier à faire semblant d’être quelqu’un d’autre. » À 10 ans, avec le caméscope de son père, il met en scène et filme des sketches, qu’il monte et diffuse sur Internet. Il y voit rapidement une belle occasion de partager directement ses créations. Vers l’âge de 13 ans, il se rend à Montréal pour une audition pour une agence à la recherche de « nouveaux jeunes
16 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
En 2015, Robin L’Houmeau quitte Val-d’Or pour Montréal afin d’entreprendre des études collégiales en cinéma, mais troque cette trajectoire scolaire pour un sentier plus instinctif lui permettant plus de disponibilité pour bien se préparer aux diverses auditions. Et la vie lui a donné raison.
UN PREMIER RÔLE IMPORTANT Happy Face (2018 – réalisé par Alexandre Franchi) le révèle au grand public. Pour ce film, que l’on a pu apprécier au
Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT), il remporte le prix du meilleur acteur au Sunscreen Film Festival de St-Petersburg, en Floride. Il raconte : « Sur le plateau, c’était vraiment agréable, car les gens étaient très présents et envoûtés par le projet qui a une essence et un message particuliers. C’est très intéressant de travailler dans un film d’auteur. Nous avions de longues, de très longues, journées de tournage, ce n’était pas toujours facile pour les techniciens. On avait beaucoup de contenu à faire, mais la fatigue fait aussi partie du lot de ce type de travail. Pour moi cette première expérience fut comme être sur un nuage. Ça peut être dangereux d’être sur ce nuage, donc c’est aussi un grand apprentissage sur le plan humain et sur le respect des autres artistes et la gestion des attentes de tous sur le plateau. » Il ajoute : « J’ai tout de suite su qu’il y avait quelque chose de spécial avec Happy Face et Alexandre avait fait venir des comédiens d’un peu partout en Amérique du Nord… Pour moi, être avec ces gens aux visages hors normes
et leur parler, les regarder, les écouter et être donc forcé à avoir un contact physique avec eux… cela a changé mon rapport aux autres de façon fulgurante! On finit par voir vraiment la personne, ce qu’elle est à l’intérieur. » Le film a eu une excellente réception et, en 2019, il a reçu le Prix collégial du cinéma québécois.
DANS FUGUEUSE 2 Robin L’Houmeau y joue le rôle d’un jeune d’Amqui en fugue après une tentative de suicide. Il décide de relancer sa vie en faisant des choix qui ne sont pas nécessairement les bons. À travers ce projet, l’acteur tente de comprendre les raisons qui poussent les jeunes à ce genre de fuite, de comprendre l’humain sur des sujets qui, au départ, ne l’interpellent pas nécessairement. La série Fugueuse 2 est diffusée sur les ondes de TVA cet hiver.
LA DÉESSE DES MOUCHES À FEU Robin L’Houmeau est aussi de la distribution du prochain film (actuellement en postproduction) d’Anaïs Barbeau-Lavalette, La déesse des mouches à feu, un film punk granolle, comme elle le décrit, adapté du roman de Geneviève Pettersen. Pour L’Houmeau, c’est vraiment un projet hyper excitant. Tourné cet été en 15 ou 16 jours pour son rôle, le récit est campé en 1995, au Saguenay, au moment des inondations, sur fond de drame humain. Il raconte : « Le PCP et la mescaline circulaient beaucoup. C’est un coming of age [passage à l’âge adulte] où la protagoniste passe de fille à jeune femme à femme très rapidement. » Une belle histoire qui lui a permis de travailler avec cette réalisatrice aux multiples talents. Il ajoute : « Les jeunes du film sont vraiment très bons et j’ai très hâte de voir le film, car (comme nous) je n’ai rien vu encore! »
3.0 VOUS DITES Il caresse maintenant le projet de diffuser de longues entrevues entre des réalisateurs, réalisatrices et des acteurs, actrices d’ici. Il souhaite aller en profondeur à travers des conversations nécessaires et vraies. On sent en Robin L’Houmeau une volonté de décloisonner l’art, tout comme le besoin d’avoir des contacts qui sont avant tout humains. Pour lui, il faut briser cette image de la fatalité d’être comédien comme un rêve inaccessible. « C’est un travail difficile, mais c’est vraiment atteignable. Il faut faire des projets qui sortent des sentiers battus et ces projets nous reflètent. On ne doit pas nécessairement cacher nos doutes, notre fragilité et notre vulnérabilité. On peut exister avec notre part de sombre et de lumière. Avant tout, il faut demeurer honnête. »
ROBIN L’HOUMEAU EN TOURNAGE SUR LE PLATEAU DE LA DÉESSE DES MOUCHES À FEU PHOTO : LAURENT GUÉRIN
Je crois que pour lui, fondamentalement, toute manifestation artistique démarre dans l’authenticité et du dialogue.
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 17
- COUPS DE CŒUR 2019 -
FORCE TRANQUILLE MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE
Force tranquille : « S’emploie pour qualifier une personne dont la puissance, la détermination, l’énergie, etc. s’expriment sans violence, de façon sereine et paisible. » – Dictionnaire Rerverso. La menace du point de non-retour nous aveugle, comme les néons d’une mégapole. Dans la dernière année, bon nombre de revendications en lien avec l’environnement ont émergé. De nombreuses personnes en arrivent au même constat : le moment est venu de changer notre rapport au monde. Dame Nature est à bout de souffle, tout comme le système de gestion global actuel. Même la NASA le dit depuis quelques années : statistiquement, notre civilisation, pour bon nombre de raisons, est sur le point d’arriver à échéance. À défaut de couper des têtes comme à la Révolution française, la population se soulève majoritairement de façon pacifiste pour dénoncer des injustices par des chants, des slogans, des marches. Certains optent pour un changement des habitudes individuelles en prenant conscience de l’impact environnemental de leurs choix ou en se questionnant sur les droits et libertés et le respect de ceux-ci. Un mouvement qui prend la forme de changements simples s’immisce dans notre quotidien. Il nous prépare doucement à revoir radicalement notre rapport au monde. Chez nous, en Abitibi-Témiscamingue, la communauté s’épanouit et s’éveille. La culture prend de plus en plus sa place, tout
comme la gestion et la valorisation de nos ressources. Cette mouvance prend plusieurs formes : pensons par exemple à la présence grandissante de nos marchés publics, qui ne sont plus réservés aux grands centres. Les produits du terroir ont la cote et on observe un engouement pour l’achat local. Les manifestations artistiques ne laissent pas leur place et éclosent un peu partout sur le territoire. En 2019, la région a vu naître plusieurs nouvelles initiatives : commerces écoresponsables, produits agroalimentaires régionaux, événements et lieux culturels… Ces projets à saveur communautaire, de développement économique ou écologique, incarnent un mouvement d’ouverture sur le monde. Des programmes de parrainage, de financement et de soutien au développement encouragent toute personne à l’esprit créatif et faisant preuve d’initiative à créer quelque chose de grand.
de vue individuel, régional et global. La population, les acteurs économiques et politiques sont-ils prêts, collectivement, à faire bouger les choses? La place grandissante qu’occupe la culture dans nos vies, les débats environnementaux qui gagnent en intensité ainsi que l’impact de l’implication sociale des citoyens sont des indices des transformations qui sont à nos portes que l’on ne peut ignorer. C’est à nous tous de décider de la suite des choses.
Notre force tranquille réside dans notre diversité, notre camaraderie et notre capacité à s’adapter. Peut-être que nos rudes hivers et les temps difficiles qui ponctuent notre histoire nous poussent à être solidaires les uns envers les autres. Aujourd’hui, la diversité, caractérisée par un mélange d’origines, de cultures et de croyances différentes, devient un atout important pour imaginer notre avenir et ses multiples possibilités. Dans un avenir prochain, nous verrons les résultats de nos choix. Des transformations qui marqueront nos vies d’un point
OCCASION SPÉCIALE
DEVIENS MEMBRE!
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Deviens membre de la Coopérative de solidarité du Journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue
JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN
Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Prénom et nom : ___________________________________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________ Téléphone : ________________________________________ Courriel : __________________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.
18 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
- DE PANACHE ET DE LAINE -
HOMME CHERCHE PERSONNE POSITIVE GABRIEL DAVID HURTUBISE
Bonjour. Oui, c’est bien moi l’annonce dans le journal. Prenez siège tout près, ici. N’êtes-vous pas sarcastique, ironique, cynique? Pas encore? Jamais? Ah oui, vous êtes béni. Tant que ça! Wow. Ouille! Pardon. J’ai mal au dos. Il faudrait, dans ce cas, se souvenir de vous. Diffusons la nouvelle! Il faut faire des conférences, vendre des portraits de votre visage souriant, quitte à ériger des statues à votre effigie. J’exagère, vous croyez? Vous êtes l’espoir du millénaire, que je vous dis! Je les sculpterai moi-même, les statues de vous.
jusqu’à demain matin. Vous trouvez? Négatif, hein? Mais lisez-vous les journaux? Vous êtes décidément prodigieux! Si je pouvais boire vos paroles, je m’en verserais littéralement une piscine… plus qu’à moitié vide, hein! À moitié pleine au moins! Je me moque de vous? Non, pas du tout. C’est que je ne sais plus parler sincèrement. L’habitude du sarcasme, probable. Le fait est que je m’attache rapidement aux gens lumineux comme vous. C’est pour dire : je vous ai vu et j’ai eu un véritable coup de cœur! Il faut me comprendre, je n’ai plus d’entourage. Avouez que vous ne devez pas avoir de difficulté à vous faire des amis. Vivace comme vous êtes.
votre art et nous ferons la une dans les théâtres! Nous vendrons de l’espoir! L’homme tira des menottes de son dossier et se lia habilement à son nouvel ami, au poignet. Ne sentez-vous pas que le courant passe entre nous? Mon cœur s’emballe : « Le temps est bon, le ciel est bleu ». Je suis fou? Non, je me tiens près des gens positifs. C’est mon psy. Il a dit : « Entourez-vous de gens positifs. Faites-vous un nouveau groupe d’amis ». Venez que je vous présente aux autres dans ma cave.
Je parle comme votre grand-père? J’ai à peine trente ans! Le stress fait vieillir vite.
Mes doigts crochus? De l’arthrite précoce, sans doute. Cela n’intéressait personne? Regardez la taille des rayons croissance personnelle en librairie. Tous ces livres qui ont plus ou moins pour titre La clef du bonheur. Comment je sais? Ah, vous posez une question bien fâcheuse. Je m’informe, voyez. Ce document dans ma poche? Ce n’est rien. Seulement des portraits de gens réputés très heureux. Je bâille parce que je suis très fatigué et un peu blasé, oui. De quoi? Ah! ne me lancez pas, nous en aurions
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Aujourd’hui est un jour exceptionnel. J’ai devant moi le dernier spécimen d’homme moderne heureux pour rien. Pourquoi rien? On vous mettra dans un musée! Oui, vous avez raison, le bonheur est parfois complexe. Je ne vous le fais pas dire! Je me demande si ce n’est pas dans le cerveau, tout de même. Une prédisposition génétique. Il faudra donner votre corps à la science. Avez-vous une solution miracle? Respirer lentement? Ah bon. J’envie vos capacités surhumaines. Vous verrez, nous irons partout en province. Vous m’apprendrez
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INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 19
- SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL -
TÉMOIGNAGE D’UN COOPÉRANT JONATHAN BARRETTE Au cours de mes pérégrinations, j’ai eu l’occasion de parcourir plusieurs pays d’Afrique, dont le Mali, le Cameroun, le Burkina Faso, le Sénégal, l’île Maurice et le Maroc, notamment pour des projets de coopération internationale. Mais qu’est-ce qui pousse quelqu’un à vouloir retourner dans un continent où le confort est très optionnel? Le masochisme? Oh que non! Dès que l’on attrape la piqûre, on ne peut s’en passer! Évidemment, ce genre de destination n’est pas pour tout le monde, et comporte sa part de difficultés à affronter : le climat, les valeurs, l’insalubrité, le manque d’hygiène, la promiscuité, les relations hommes-femmes, etc. Bien que l’on devienne de plus en plus aguerri avec le temps, chaque séjour vient avec son lot de défis et d’imprévus. C’est pourquoi j’ai fini par adopter ces quatre mots : adaptation, flexibilité, humilité, et surtout, humour! Durant le mois de mars 2018, j’ai eu l’occasion d’aller au Togo et au Bénin, accomplir différentes tâches auprès d’organismes locaux, en groupe, mais pas avec n’importe qui : entre autres avec maman et papa! Pour leur part,
20 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
ce n’était pas leur première fois en Afrique, loin de là, vu qu’ils ont duré deux ans au Mali! Comme on dit, les chiens ne font pas des chats! Le défi pour eux : l’âge. À soixante-dix ans, c’était assurément leur dernière mission.
à un bon lavage des mains. Entretemps, on leur conçoit des lavabos avec des seaux percés pour l’égouttement, on joue avec eux (surtout au soccer!), on aménage des corbeilles pour une cour d’école.
Après une bonne nuit de repos à l’hôtel, nous sommes pris en charge par Éric, notre chef de mission, qui est accompagné de deux acolytes et de trois femmes. À qui avons-nous affaire? Ses amis et leurs petites amies? Après avoir fait connaissance, nous nous rendons compte que ce sont ses collègues et les traductrices! Au fil des jours, nous apprécions de plus en plus leur présence, leur écoute, leur professionnalisme. Bref, le courant passe! Ce qui rend bien secondaires les nuitées dans des « hôtels » dépourvus d’air climatisé, sans lunette de toilette, sans miroir, sans douche. Que de l’eau froide à la chaudière!
Passés au Bénin, nous servons de clinique volante, à circuler de village en village, en compagnie de médecins locaux, jusqu’à aboutir en pirogue, dans une communauté située dans les marais. L’accueil est électrique, avec du chant et de la danse, même les Yovos (les Blancs) doivent y passer! Là-bas, nous assistons les médecins dans la prise de température, la tension artérielle, la pesée, la taille, la rédaction d’ordonnances, nous préparons les doses de médicaments et les inventorions. Le meilleur moment : avec les bébés! Pour la petite histoire, lorsqu’ils naissent, les enfants naissent blancs. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils prennent la couleur locale!
Mais c’est surtout au contact avec les enfants en classe, surtout les tout-petits, que notre cœur de Blancs fond comme neige. On leur apprend à bien se brosser les dents, comment procéder
Comme on dit dans l’armée, « si la vie vous intéresse »…
- SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL -
QUOI DIRE LORSQU’ON PARLE DE « L’INTERNATIONAL »? JONATHAN BARRETTE Aide humanitaire : Personne, salariée ou bénévole, qui travaille auprès de gens démunis, généralement dans un pays en voie de développement, dans le but de leur porter assistance en situation de grande pauvreté, de souffrance ou d’urgence, de survie. L’aide humanitaire est un geste de compassion, et le travail humanitaire n’est pas une profession. Ainsi, les étudiants ou les retraités qui participent bénévolement à la construction d’une école dans un pays en voie de développement sont des travailleurs humanitaires (on peut parler de travailleurs humanitaires bénévoles), au même titre que les médecins rémunérés d’une équipe médicale qui apportent un secours ponctuel à une population à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’une pandémie. À la différence du coopérant, le travailleur humanitaire n’est pas nécessairement envoyé en mission par un organisme de coopération internationale ou une fondation, et il n’accomplit que des tâches spécifiquement humanitaires en lien direct avec une population. Le coopérant peut participer au développement d’une agriculture plus moderne à l’échelle d’un pays, à la création d’entreprises, à la mise sur pied d’un réseau d’enseignement, etc. Coopération internationale : Aide, qu’un pays industrialisé apporte à un autre moins avancé, pour développer ses structures, former sa main-d’œuvre, d’un soutien financier, technique et/ou professionnel du Nord vers le Sud. Se réfère à l’action concrète en collaboration et en coopération avec l’autre, et ce, dans la solidarité. On parle ici de l’envoi de coopérants sur le terrain. Mission : Fonction temporaire, confiée par un pouvoir, pour une tâche déterminée. Par exemple, il peut s’agir de déléguer la tâche de préparer un rapport donné à une ou à quelques personnes, en vue d’innovations importantes dans le domaine de l’enseignement. Depuis 1945, diverses institutions internationales, comme l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), ont envoyé des missions d’experts dans le tiers-monde afin d’aider les gouvernements à établir un système scolaire ou de mettre en activité un ensemble de mesures d’alphabétisation, d’hygiène et de méthodes agricoles susceptibles d’apporter une impulsion vigoureuse au développement d’une région rurale pauvre.
« La persévérance scolaire, ce n'est pas seulement ce que peuvent faire nos étudiant.e.s, petit.e.s et grand.e.s, à chaque jour de leur cheminement scolaire. C'est aussi les gestes concrets que nous pouvons tous poser collectivement, qui en les additionnant pourront les aider à persévérer et à réussir. »
Solidarité internationale : La notion de solidarité internationale rassemble les actions et les attitudes de prise en compte des inégalités et des injustices entre pays (ou entre un pays et des entités d’autres pays, ou entre les individus d’un pays autre) pour les comprendre afin de, autant que possible, les résoudre ou les combattre, de manière solidaire. Tourisme solidaire (tourisme éthique, humanitaire, social, volontourisme) : Tourisme dans le contexte duquel le voyageur consacre une partie plus ou moins importante de son temps à des activités bénévoles à caractère humanitaire ou environnemental. Les actions bénévoles effectuées par les touristes peuvent s’inscrire dans les activités régulières d’une communauté ou être associées à un projet précis appuyé par une organisation non gouvernementale. Puisque ce concept est émergent et en pleine mutation, les définitions et les principes l’entourant sont multiples et varient selon les auteurs.
Émilise Lessard-Therrien Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
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- SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL -
ZÉRO PLASTIQUE DANS NOS OCÉANS. COMMENT PASSER À L’ACTION JONATHAN BARRETTE
Qui n’a pas été témoin de cette vision horrifiante à la télévision, de ces berges jonchées de détritus un peu partout autour du globe? Qui n’a pas entendu parler de ces fameux continents de plastique qui parsèment de façon inquiétante nos mers? Voici des statistiques préoccupantes : chaque année, huit millions de tonnes de plastique finissent leur vie dans les océans. Les scientifiques qui analysent les chiffres, tirés des échantillonnages sur toutes les mers, estiment que plus de 5 milliards de particules pesant environ 270 000 tonnes flottent dans les eaux. Aujourd’hui, plus de 330 millions de tonnes de plastique sont fabriquées chaque année dans le monde. D’ici moins de 10 ans, la production de plastique aura encore augmenté de 33 %. Et d’ici 2050, les poissons seront moins nombreux que le plastique dans l’ensemble des mers du monde! Nathaly Ianniello s’intéresse à l’environnement depuis toujours. Pendant quinze ans, elle a été journaliste spécialisée, conseillère au cabinet du ministre de l’Environnement, Corinne Lepage, et auprès du Fonds mondial pour la nature (WWF) France. Plongeuse, nageuse et ramasseuse de déchets sur le littoral, elle a écrit des livres de vulgarisation écologique et des romans pour enfants, tous se déroulant à la mer. Dans cet ouvrage, elle s’entretient avec plusieurs acteurs impliqués dans le domaine pour dresser un état des lieux sur ce type de pollution, tout comme les initiatives pour y mettre un terme. Un livre actuel, instructif, concis, aéré et rafraîchissant à la fois. Nathaly Ianniello, Zéro plastique dans nos océans : Comment passer à l’action, Éditions Vagnon, Paris, 2019, 127 pages.
22 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
- THÉÂTRE -
BANDE DE BOUFFONS : QUAND L’HUMOUR INFILTRE LA RÉFLEXION POLITIQUE SÉBASTIEN LAFONTAINE
Le Théâtre du Tandem convie toute la population d’AbitibiTémiscamingue à une expérience hors du commun. Les 7-8 et 11-12-13 février sera présentée au Petit Théâtre du Vieux Noranda la pièce Bande de bouffons. C’est à l’invitation d’Hélène Bacquet, directrice artistique et générale du Théâtre du Tandem, que le metteur en scène Jacques Laroche a entamé un chantier de création, en 2017, sous l’angle du bouffon. Inspiré d’une conférence du
philosophe Alain Deneault intitulée « Bande de colons », Bande de bouffons fera rire et réfléchir sur notre système politique et le modèle économique qui en résulte. Alain Deneault est correspondant canadien du Collège international de philosophie à Paris et enseigne la philosophie au campus de la Péninsule acadienne de l’Université de Moncton. Auteur prolifique, il a notamment écrit Paul Martin et compagnies (2004), Noir Canada (2008), Impérial Canada inc. (2012), Paradis sous terre (2012) et La médiocratie (2015). Dans le dossier de presse sur la pièce, on indique que son approche a été accueillie comme le « puissant déclencheur d’une réflexion artistique portant à la fois sur les identités québécoise et canadienne ». Entre colonisateur et colonisé, Deneault développe le concept de colon et analyse le modèle politique canadien. Il définit le colon comme « les petites mains » servant les intérêts de puissances colonisatrices et collaborant aux entreprises d’appropriation des ressources des contrées conquises. Le peuple québécois, selon l’analyse de Deneault, serait le colonisateur vaincu qui participe au grand pillage : minerais, bois, eau, etc. Pour les créateurs, la figure du bouffon s’avère tout indiquée pour provoquer la réflexion autour des identités canadienne et québécoise. À ce sujet, on peut lire dans le dossier de presse associé à la pièce que le bouffon « marche sur un fil tendu entre le tragique et le grotesque. Son statut lui permet d’asséner des vérités insoupçonnées et lui donne une liberté de ton inégalable. […] Il explore les contradictions de l’âme humaine en se vautrant de manière égale dans les arguments les plus contraires et en apparence inconciliable ». C’est grâce à l’humour et à la figure grotesque du bouffon que pourra être entendue la « réflexion non consensuelle » que propose le Théâtre du Tandem.
ANTONIA LENEY-GRANGER
Le texte de Jean-Philippe Lehoux est joué par Valérie Boutin, Jean-François Nadeau, Catherine Larochelle, Stéphane Franche et Guillaume Tellier, et mis en scène par Antonia Leney-Granger et Jacques Laroche. À souligner que la musique est de René Lussier. Deux autres productions théâtrales s’inspirent du travail d’Alain Denault. Cœur Minéral de Martin Bellemare sera présenté à L’Usine C (Montréal) ce printemps alors que Hidden Paradise de Marc Béland et Alix Dufresne sera présenté à l’Agora des arts (Rouyn-Noranda) le 23 avril. INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 23
- MÉDIAS ET SOCIÉTÉ -
CAMUS ET LA RÉVOLTE LOUIS-PAUL WILLIS
Aussi surprenant que cela puisse paraître en cette ère de l’information instantanée, la décennie qui a pris fin aura été particulièrement foisonnante pour la circulation de fausses informations et, ultimement, pour la désinformation tout simplement. Surprenant parce que, comme je l’ai assurément déjà évoqué dans cette chronique par le passé, jamais, dans la courte histoire de l’humanité, n’aurons-nous eu accès à autant d’information avec si peu d’efforts. Étonnant, donc, de constater la montée d’une culture fort bien ancrée de la désinformation. Ahurissant de voir survivre de nombreux mythes pourtant déboulonnés il y a de cela bien des années : la fausse histoire d’une cafétéria d’école de Dorval qui aurait retiré le porc de son menu à la suite d’une demande de la communauté musulmane; le mythe tenace selon lequel les demandeurs d’asile seraient mieux traités financièrement que nos aînés; la notion selon laquelle la culture du Québec serait mise en danger par l’immigration (particulièrement musulmane)… Ces fausses informations ont beau avoir été démenties à grand coup de faits concrets, ces mythes ont beau n’offrir aucune résistance à l’épreuve des faits (et de la statistique), l’espace socionumérique leur permet de se renouveler à grands coups de partages et de likes. Malgré son aspect global, cette culture de la désinformation possède néanmoins sa spécificité québécoise, alimentée par certains médias au sein desquels la valorisation de l’opinion, relayée par une culture de la « chronique », prime sur la culture de l’information. Je serais presque tenté d’affirmer que les médias à grand tirage au Québec, accompagnés de la perpétuation socionumérique des idées chroniquées au sein de leurs pages, génèrent une gigantesque chambre d’écho médiatique à la grandeur de notre territoire. Alimentée par des débats sociaux particulièrement houleux tels que l’adoption sous bâillon de la Loi 21 le printemps dernier, cette chambre d’écho québécoise nous assomme continuellement par l’entremise d’informations extrêmement discutables qui ne sont jamais remises en question. Le principe d’une chambre d’écho est simple : une idée (ou un ensemble d’idées) est partagée par de nombreuses sources médiatiques
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qui se font écho, rendant extrêmement difficile la remise en question factuelle de l’idée en question. Avec l’arrivée des médias socionumériques, le principe de la chambre d’écho s’amplifie et se ramifie grâce aux fameuses bulles de filtres : au sein de ces bulles de filtres, l’internaute reçoit des informations préalablement triées en fonction de ses propres goûts, de sorte qu’il est de moins en moins confronté à des idées qui entrent en conflit avec ses propres croyances. Bien entendu, les bulles de filtres et les chambres d’écho médiatiques sont loin d’être une spécificité québécoise. Mais quand un premier ministre, pris en pleine tourmente dans le sillon d’une décision hautement discutable, répond qu’il est convaincu de sa décision parce que 90 % des abonnés de sa page Facebook sont d’accord avec lui, nous ne pouvons que constater l’importance du fonctionnement de la chambre d’échos au Québec. Dans un tel contexte, les remises en question de l’information au centre de la chambre d’écho sont généralement reçues avec scepticisme et, ultimement, avec une certaine agressivité. Tout cela s’avère extrêmement inquiétant pour la bonne santé d’une société et d’une démocratie. Dans ce paysage médiatique et socionumérique marqué par les extrêmes, d’aucuns ne peuvent se surprendre de constater la montée d’une certaine droite identitaire mue par des idées de plus en plus radicales. Difficile de ne pas voir ce phénomène comme le résultat d’une information contaminée de fausses idées. Par exemple, certains médias utilisent à outrance et de façon erronée le terme « immigration illégale », alors que ce terme est tout simplement absent du droit au Canada, où il est plutôt question d’immigration irrégulière. Ce léger détail sémantique est lourd de sens puisqu’il ouvre grand la voie aux théories du complot, particulièrement populaires au sein de cette droite identitaire qui se radicalise rapidement – une radicalisation qui est lourde d’ironie puisque ce mouvement veut « protéger » le Québec de la radicalisation… Dans ce paysage médiatique troublant, une figure se distingue par sa résilience et sa détermination à exposer les sources et le résultat de cette radicalisation : Xavier Camus, professeur de philosophie au cégep et débusqueur d’extrêmes socionumériques. Sorti de l’ombre récemment grâce à deux reportages à son sujet (le premier paru sur Urbania et le second
dans La Presse), il y a longtemps qu’il fait jaser dans certains racoins de Facebook et de blogues parfois obscurs. Récemment, on lui a attribué l’exposition d’un sympathisant néonazi originaire des Cantons-de-l’Est, ce qui a mené à l’arrestation et la comparution de l’homme en question, qui faisait l’apologie de la suprématie blanche, de l’eugénisme et même, de l’abaissement de l’âge de consentement sexuel à 9 ans! Détesté et conspué (et sans doute craint) au sein des cercles identitaires plus radicaux, Camus est parallèlement admiré par les défenseurs d’une saine circulation de l’information et de remise en question des idées – un fondement indiscutable pour toute démocratie saine. Car en plus de débusquer les profils socionumériques hautement discutables, Camus confronte souvent certains chroniqueurs à la désinformation à la base des opinions chroniquées. On a beau être d’accord ou non avec ses méthodes, une chose reste fort intéressante : Camus est un des seuls à s’en remettre aux instruments privilégiés par ceux-là même qu’il débusque. Effectivement, il s’en remet aux outils en ligne pour démasquer certains Québécois radicalisés. Il remet ainsi en question l’efficacité des outils habituels pour combattre la désinformation et la haine qui en découle. Sans doute peut-on y voir le reflet de notre époque : si les médias socionumériques, leurs bulles de filtres et la chambre d’écho qui en découlent sont directement imputables face à la montée d’une certaine droite identitaire radicalisée, peut-être sont-ils aussi la solution au problème! Du moins en attendant l’arrivée d’une éducation à la littératie médiatique et à la citoyenneté dans le cursus scolaire…
- HISTOIRE -
LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU TÉMISCAMINGUE A 70 ANS LUCIE DESROCHERS
En 2019, la Société d’histoire du Témiscamingue (SHT) célébrait son 70e anniversaire. Fondée en 1949, la SHT est un organisme à but non lucratif qui travaille à l’acquisition, la préservation et la diffusion de l’histoire du Témiscamingue. Diverses activités ont eu lieu en novembre et décembre derniers pour souligner l’événement. Revenons sur ce qui a marqué les 70 ans d’histoire de la Société.
SES ORIGINES À l’époque, cinq personnes se réunissent à la demande de la Société Saint-Jean-Baptiste pour fonder la Société d’histoire. Il s’agit du père Octave Lambert (oblat de MarieImmaculée, vicaire à Ville-Marie et curé de la paroisse de Saint-Bruno-de-Guigues), de Louis Séphirin Moreau, d’Augustin Chénier (registrateur) du Dr Jean Savoie (médecin vétérinaire) et de Rolland Barrette (agronome). Le but premier est de sauvegarder la Maison du Frère Moffet (MFM), autrefois appelée Maison du colon; celle-ci est acquise en 1950 par la Société d’histoire. En 1979 elle est finalement classée et reconnue comme monument historique par le ministère des Affaires culturelles.
LA MAISON La MFM, en activité depuis 1980, permet de raconter aux touristes et aux gens de chez nous diverses facettes de notre histoire. Elle présente une exposition annuelle ouverte au public de juin à septembre. En 2020, le contenu de cette exposition sera renouvelé. Dès le mois de juin, les visiteurs pourront chausser les bottines des premiers arrivants en utilisant des moyens technologiques appropriés. La Maison du Frère Moffet s’intègre au circuit touristique « Mémoire des chemins d’eau » qui regroupe aussi le lieu historique national d’Obadjiwan–Fort-Témiscamingue, le hangar T.E. Draper et le Chantier Gédéon (Laverlochère-Angliers), le musée de Guérin, le Musée de la Gare (Témiscaming), la Centrale de la Première-Chute (Notre-Dame-du-Nord), le Fossilarium (Notre-Dame-Du-Nord), la Galerie du Rift (Ville-Marie) et le Domaine Breen (Saint-Bruno-de-Guigues).
MANDAT ET ACTIVITÉS DE LA SHT La Société d’histoire a trois principaux mandats, soit l’acquisition, la conservation et la diffusion. Ainsi, elle acquiert divers documents historiques (monographies, photos, vidéos et documents variés) dont elle assure l’archivage et le classement et qu’elle rend disponibles à la population au moyen d’expositions, de publications, de conférences et de chroniques. Si elle rend accessibles à toute la population les documents se rattachant à l’histoire de la région, elle fait de même pour les artéfacts qu’elle entrepose soigneusement dans un hangar. Quant à l’acquisition de la documentation, elle se fait par l’entremise de différentes associations ainsi que grâce aux archives privées venant de familles. Ce que la SHT acquiert, elle le traite et le conserve. Tout ce qui est du domaine public appartient à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). La SHT est agréée et subventionnée par la BAnQ depuis 2002. La Société parraine des douzaines de projets, participe activement à plusieurs événements locaux, produit plusieurs brochures ainsi que des capsules historiques, organise des soirées thématiques et des expositions à la Caisse Desjardins de Ville-Marie sous différents thèmes et publie une fois par année La Minerve, un petit journal destiné à ses membres.
70 ANS D’HISTOIRE SOUS UN MÊME TOIT Le sous-sol du Palais de justice surveille avec fierté ces multiples trésors. Il conserve plus de 140 mètres linéaires de documents textuels, 86 000 pièces de documents iconographiques, 300 pièces de documents cartographiques, 300 heures d’enregistrements sonores et 400 heures d’images en mouvement.
L’AVENIR En 2020, la Société d’histoire du Témiscamingue a pour projet d’offrir une formation sur l’histoire du Témiscamingue aux nouveaux arrivants. Dans les années à venir, elle souhaite maintenir son réseau de membres et compte garder l’œil ouvert sur le patrimoine et l’histoire afin de conserver autant qu’elle le peut ce qui se rapporte à l’histoire de la région.
INSCRIS-TOI
AVANT LE 31 MARS • • •
CHARPENTERIE-MENUISERIE COIFFURE ESTHÉTIQUE
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ÉLECTROMÉCANIQUE DE SYSTÈMES A U T O M AT I S É S
P O LY M E T I E R . Q C . C A
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ÉLECTRICITÉ S E C R É TA R I AT C O M P TA B I L I T É
INDICEBOHEMIEN.ORG FÉVRIER 2020 25
- L’ANACHRONIQUE -
DES MILLIARDS DE COUPS DE CŒUR PHILIPPE MARQUIS
Début janvier : le commandant en chef de l’armée américaine fait exécuter un haut gradé iranien en Irak. Ainsi commencent les années 20… L’anxiété m’habite quelques jours, puis je me calme, je prends du recul, je réfléchis et je fais des calculs. D’abord, la guerre, comme me l’a confié il y a longtemps un soldat sandiniste, c’est de la peine, du sang et la mort (« pena, sangre y muerte »). Rien d’autre. C’est là que s’amorce ma réflexion. Selon l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm , les dépenses militaires dans le monde ont atteint les 1 800 G$ de dollars en 2018. Or, d’après l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture (FAO), éliminer la faim en 15 ans dans le monde couterait 267 G$ . Ce dernier chiffre datant de 2015, disons 300 G$. En bref, des ingénieurs, parmi les plus brillants, planchent pour fabriquer des armes aussi mortelles que sophistiquées. Des ouvriers les construisent et des militaires sont mobilisés pour les mettre en opération. Tout cela alors qu’ils pourraient servir à éradiquer la faim.
26 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
Nourrir le monde au lieu de nourrir la guerre avec à peine le sixième du budget militaire mondial. Dans cette lancée, nous pourrions aussi construire des hôpitaux, des écoles et des logements pour tout le monde. Que faire du budget restant? L’Australie brûle tandis que quatre des cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées . La réponse est claire : réduire nos émissions de gaz à effet de serre en mettant à profit les dizaines de milliers de personnes et les centaines de milliards servant la course aux armements. Enfant, ma grand-mère Jeanne disait, pour encourager nos efforts : « Donne un petit coup de cœur ». Dans la prochaine décennie, on va avoir besoin de milliards de coups de cœur! C’est utopique vous croyez? Ça l’est moins que présumer que tout va se régler en poursuivant sur la voie guerrière. Et puis, l’utopie c’est juste ce qui n’est pas encore réalisé…
- RÉGION INTELLIGENTE -
BOULOT, DIDO, FIFO MICHEL DESFOSSÉS
Je regarde par la fenêtre de l’hôtel où je gîte en ce 22 décembre. Ciel bas et gris. Entrepôts géants et gris, autoroute du 450 faite de béton gris. Elles sont toutes là, les nuances de gris. Ambiance un peu soviétique, pas mal néo-libérale. Et sur ce gris corridor autoroutier ou s’émoussent les passions, des milliers de zigues pratiquent une forme extrême de transhumance : le DIDO (drive-In, drive-out). Comment explique-t-on un tel modèle d’occupation du territoire? Essayons avec des chiffres, même si je n’aime pas ça. Ils sont gris eux aussi. En plus, ils ne sont jamais complets, dit-on. Ce qui les excuse de ne jamais préciser les causes. Mais quand même, usons-en un peu! « Montréal enregistre un déficit de près de 24 000 personnes dans ses échanges migratoires avec les autres régions administratives en 2017-2018. Ces pertes sont les plus importantes depuis 2009-2010, un résultat attribuable à une reprise à la hausse des départs vers les régions qui lui sont adjacentes. » Régions adjacentes… Ce n’est visiblement pas de nous, en Abitibi-Témiscamingue, dont parle l’Institut de la statistique du Québec. Nous, nous sommes dans la « zone éloignée », pour emprunter le langage statistique de l’ISQ. Et, force est de constater qu’en zone éloignée, il n’y a pas de mouvance à tout casser. Paraît que nous avons un
solde négatif de 406 personnes (en matière de migration interrégionale) en 2017-2018. Au mieux, la Gaspésie a reçu un triomphal 238 migrants durant cette période. En fait, la migration interrégionale diminue en importance d’année en année. En 18 ans, c’est 50 000 migrants de moins qui charrient leur ménage sur les belles routes du Québec. Et les 200 000 qui bougent encore font du DIDO entre les Laurentides, la Montérégie et un bout d’Estrie et l’île de Montréal. Il n’y a peut-être aucun lien à faire avec ce qui précède, mais il existe aussi des statistiques qui affirment que le navettage interrégional en mode aérien (fly-in/flyout, le FIFO) prend de l’ampleur partout. Nous étions environ 2 500 dans la région en 2011 à aller travailler ailleurs, surtout dans le Nord-du-Québec. Mais en bons arroseurs arrosés, nous n’en sortons pas gagnants au plan démographique puisque presque autant de navetteurs d’ailleurs au Québec posent leurs bottes de travail chez nous et repartent. Le leitmotiv de tout ce brûlage de gaz d’avion? Ne pas trop s’éloigner de l’aéroport, de la bretelle de l’autoroute et surtout, ne pas s’installer au Nord! Comment expliquer cette sédentarité sidérante? Selon certains chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQC) ayant réalisé une enquête auprès de navetteurs, les représentations sociales des Québécois pourraient nous éloigner du concept des coureurs des bois épris de nordicité que nous sommes censés être :
Dans le cas du Québec, il semble bien que le Nord mythique, que le projet du Plan Nord a tenté de relancer, n’existe plus véritablement, du moins chez ceux qui fréquentent le Nord. En effet, mis à part les avis de quelques travailleurs curieux ou aventuriers, les représentations de plusieurs travailleursnavetteurs interviewés ressemblent étrangement à celles de la majorité des Québécois, soit une certaine aversion du froid et de l’hiver et, par extension, du Nord où ces conditions sont d’autant plus sévères et prolongées. Les Québécois, comme le reste des Canadiens et les États-Uniens, sont de descendance principalement européenne ou proviennent d’autres régions du monde à climats tempérés ou chauds. Leur séjour d’au plus 400 ans au nord de l’Amérique demeure court à l’échelle de l’histoire. Dans ce contexte, ils constituent probablement des « mésadaptés géoclimatiques », dans une certaine mesure. À ce titre, l’image des Canadiens français ou des Québécois « coureurs des bois », ayant un ancrage plus profond que les Anglo-saxons en terre d’Amérique, ne semble pas correspondre à la réalité ou, du moins, cette possible caractéristique culturelle n’a pas survécu à la modernisation de la société1. Faudra donc réfléchir à tout ça. Et ne pas faire l’économie de discuter des représentations sociales qui se cachent derrière les chiffres gris. 1 Martin Simard, Emma Maltais et Carl Brisson, « Le navettage aérien dans le Nord du Québec. Une étude exploratoire des représentations sociospatiales des travailleurs », Espace populations sociétés, juin 2019
Une horde de bouffons menée par Jacques Laroche s’inspire librement de la conférence « Bande de colons » du philosophe Alain Deneault. Avec une liberté de ton inégalable, les bouffons nous tendent un miroir déformant où se révèlent nos confusions identitaires.
7, 8, 11, 12 et 13 février à 20 h au Petit Théâtre du Vieux-Noranda petittheatre.org
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merci AUX MÉDIAS PARTENAIRES DE LA RÉGION pour leur belle couverture!
LOUIS-PHILIPPE GINGRAS
ADAM BROUSSEAU
FRANCIS GREFFARD, RANG 8
28 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
L’INDICE BOHÉMIEN TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES AINSI QUE TOUS CEUX QUI ONT CONTRIBUÉ À FAIRE DES CÉLÉBRATIONS DU 10E ANNIVERSAIRE UN SUCCÈS.
AU NOM DE L’ÉQUIPE ET DU CONSEIL D’ADMINISTRATION, NOUS VOUS REMERCIONS DE TOUT COEUR! Merci à ceux qui ont contribué à faire de la soirée du 10e anniversaire un événement mémorable : Le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, Nathalie Toulouse, photographe de la soirée, TVC9, Culturat, Julie-Anne Naud (DJ Sensei), Pascale Langlois, animatrice, Richard Drolet, technicien de son, les artistes du cirque François et Vanessa, les auteurs-compositeurs-interprètes Adam Brousseau, Louis-Philippe Gingras, Dylan Perron et Rang 8, Le Bistro Paramount, Les buffets de Jezz, Voyages Globallia et Le Noranda. Merci aux institutions culturelles et aux artistes de l’Abitibi-Témiscamingue de nous inspirer, de nous surprendre et de nous faire rêver. Merci à nos lecteurs et lectrices et merci à tous ceux qui croient en notre mission. Merci à nos collaborateurs, à nos collaboratrices ainsi qu’à ceux et celles qui donnent de leur temps chaque mois pour distribuer le journal aux quatre coins de la région.
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30 FÉVRIER 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG
CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
MRC D’ABITIBI
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
THÉÂTRE DES ESKERS (AMOS) Tenir, Jacques Michel, 5 février Aller de l’avant, Mario Jean, 8 février Plaisir d’amour, Alexandra Smither et Rachael Kerr, 19 février L’origine de mes espèces, Michel Rivard, 21 février Tom Sawyer, Théâtre Advienne que pourra 24 février
CENTRE D’EXPOSITION VOART DE VAL D’OR Incandescence, Sonia Haberstich, 7 février au 19 avril Voyage en soi – un voyage vers notre vraie nature, Réal Fournier, 7 février au 19 avril
CLUB DE L’ÂGE D’OR HARRICANA Des notes, des mots et des pas, Orchestre symphonique régional, 15 février CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS Sans queue ni tête – ni vues ni connues, Chantale Girard, 17 janv. au 8 mars Il était une fois…, Paul Abraham, 17 janv. au 15 mars
MRC D’ABITIBI-OUEST BRASSERIE LA BRUTE DU COIN On aura tout vu!, Sylvain Larocque, 1er février Mélanie Couture, 21 février Le party des Pic-bois, 29 février CENTRE D’ART Des notes, des mots et des pas, Orchestre symphonique régional, 8 févr, THÉÂTRE LILIANNE-PERRAULT Au bout de ta langue, David Goudreault, 14 février SALLE DESJARDINS Fuck off, Maxim Martin, 21 février
THÉÂTRE TÉLÉBEC Aller de l’avant, Mario Jean, 6 février Tenir, Jacques Michel, 8 février Boeing Boeing, Productions par la petite porte, 11 février En cachette, Jean-François Mercier, 13 février Fuck off, Maxim Martin, 19 février L’origine de mes espèces, Michel Rivard, 20 février Tom Sawyer, Théâtre Advienne que pourra 22 février Vintage 69, Grégory Charles, 26 février
THÉÂTRE MEGLAB Mélanie Couture, 22 février FORÊT RÉCRÉATIVE Nuits bi-polaires, 28 et 29 février
VILLE DE ROUYN-NORANDA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE Y’a pas de petites vues : un survol du cinéma régional, 29 janv. Cercle de lecture de la Mosaïque, 4 février Heure du conte, 8 février et 15 février Conférence de Clifford Bélanger sur Expé-Expo 67, 26 février PETIT THÂTRE DU VIEUX-NORANDA Shagass Disco le retour, 1er février Laboratoire de création et de recherche sur l’interactivité, 1er février Bande de bouffons, Théâtre du Tandem, 7 au 13 février
SALLE FÉLIX-LECLERC Finale locale de Cégeps en spectacles, 7 février Au bout de ta langue, David Goudreault, 12 février Petite plage, Ingrid St-Pierre, 14 février Opéra-conte Hänsel et Gretel, 26 février
AGORA DES ARTS Quichotte, Ombres folles, 6 février Au bout de ta langue, David Goudreault, 13 février Intersections, Productions Quitte ou double, 20 février
BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE VAL-D’OR Des notes, des mots et des pas, Orchestre symphonique régional, 7 février
ÉCOLE D’IBERVILLE Des notes, des mots et des pas, Orchestre symphonique régional, 14 février
CONSERVATOIRE DE MUSIQUE DE VAL-D’OR Concert sous le thème du romantisme, Ékatérina Mikhaylova-Tremblay, 14 février Plaisir d’amour, Alexandra Smither et Rachael Kerr, 23 février
PRESQU’ÎLE DU LAC OSISKO Fête d’hiver, 21 au 23 février THÉÂTRE DU CUIVRE Le grand salut, LGS, 31 janv. Porgy and Bess, 1er février Alice et le maire, 2 et 3 février Tenir, Jacques Michel, 6 février Aller de l’avant, Mario Jean, 7 février
Le dernier homme noir de San Francisco, 9 et 10 février Boeing Boeing, Productions par la petite porte, 12 février En cachette, Jean-François Mercier, 14 février Petite plage, Ingrid St-Pierre, 15 février Le faucon au beurre d’arachide, 16 et 17 février Plaisir d’amour, Alexandra Smither et Rachael Kerr, 18 février Fuck off, Maxim Martin, 20 février L’origine de mes espèces, Michel Rivard, 22 février Tom Sawyer, Théâtre Advienne que pourra 23 février Carmen, 23 février Vintage 69, Grégory Charles, 27 février Le party des Pic-bois, 28 février Agrippina, 29 février
MRC DE TÉMISCAMINGUE SALLE DOTTORI Lee Aaron, 1er février Mélanie Ghanimé, 8 février Abbamania, 22 février Aller de l’avant, Mario Jean, 5 février LE RIFT La bonne aventure, Théâtre de la Loutre, 30 janv. au 1er février Antigone, 2 au 5 février Tenir, Jacques Michel, 7 février Des notes, des mots et des pas, Orchestre symphonique régional, 9 février Au bout de ta langue, David Goudreault, 15 février Boeing Boeing, Productions par la petite porte, 22 février Carmen, 23 février Autopsie d’une autoroute, Véronique Doucet, 24 janv. au 15 mars La convergence des contentions, Pascale Bourguignon, 24 janv. au 15 mars
Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, à partir du site Web du CCAT, au ccat.qc.ca/soumettre-evenement.php. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscriptions.
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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - DÉCEMBRE 2019 - JANVIER 2020 / VOL 11 - NO 4
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Isabelle Trottier
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LA FACE CACHÉE DU CONSERVATOIRE
10 ANS POUR L’INDICE BOHÉMIEN
LA CULTURE QUI SE LIT À TOUT ÂGE
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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - NOVEMBRE 2019 VOL 11 - NO 3
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TOUR DE TABLE POUR L’ÉVÉNEMENT 15-2
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PORTRAIT DE L A PHOTOGRAPHE MARINA FONTAINE
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L A RECHERCHE EN ÉDUC ATION À L’HONNEUR
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L A CULTURE S’INVITE À L A CSLT
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CULTIVER DES LÉGUMES À L’ÉCOLE
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L ARCHE L ANCE UN MINI-ALBUM
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LE NUMÉRIQUE VU PAR TROIS RÉGIONS
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LE VERRE SELON NANC Y COUTURIER
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MICHEL DRAPEAU, ARTIS AN DU BOIS
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DOUCEUR AU RENDEZ-VOUS CHEZ CHALPAGAS
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UN ORGUE DÉBORDANT DE VIE À VAL-D’OR
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