JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - FÉVRIER 2021 - VOL 12 - NO 05
GRATUIT
ALEX PIC
EN TOUTE INTIMITÉ
07
LE NOIR DE L’ENCRE AU MA MUSÉE D’ART
+ Spécial innovation
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L A S ARRE: UNE 3 E TRIENNALE EN MÉTIERS D’ART
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L’HARMONIE HARRIC ANA : PASSION MUSIQUE
22
PETITE TERRES : GRAND PROJET!
23
FIERTÉ VAL-D’OR : CÉLÉBRER L A DIVERSITÉ
L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5
DISTRIBUTION
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CHRONIQUES
ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien
Martinez à direction@indicebohemien.org.
Publié 10 fois l’an et distribué gratui tement par la Coopérative de
Merci à l’ensemble de nos collaboratrices et collaborateurs bénévoles pour
solidarité du journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue, fondée en
leur soutien et leur engagement.
L’anachronique 8
novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et
Environnement 26
indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et
Espaces intelligents
les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.
12
Histoire 10
Voici nos collaborateurs bénévoles pour ce numéro : MRC D’ABITIBI
Ma région, j’en mange
27
CONSEIL D’ADMINISTRATION
Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau, Jocelyne Cossette, Paul Gagné,
Premières Nations
27
Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda
Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne et Sylvie Tremblay.
Tête chercheuse
6
Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda
MRC D’ABITIBI-OUEST
Joanie Harnois, secrétaire | MRC de Témiscamingue
Colette Langlois, Raphaël Morand, Sophie Ouellet et Mario Tremblay.
Lyne Garneau | Ville de Rouyn-Noranda
SOMMAIRE
Pascal Lemercier | Ville de Rouyn-Noranda
VILLE DE ROUYN-NORANDA Gilles Beaulieu, Anne-Marie Lemieux, Valérie Martinez, Suzanne Ménard,
À la une
5
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
Arts visuels
7 et 9
Valérie Martinez
Annette St-Onge et Denis Trudel.
Diffusion 11
direction@indicebohemien.org
MRC DE TÉMISCAMINGUE
Exposition 8
819 763-2677
Émilie B. Côté, Véronic Beaulé, Carole Marcoux et Lise Millette.
Histoire 13 Innovation
21 à 27
RÉDACTION ET COMMUNICATIONS
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
Métiers d’art
15
Gabrielle Izaguirré-Falardeau, coordonnatrice
Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Caroline Leblanc, Renaud Martel,
Musique
18 et 19
redaction@indicebohemien.org
Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber et Ginette Vézina.
Performance 14
819 277-8738
Théâtre 29
Ariane Ouellet, éditorialiste
CONCEPTION GRAPHIQUE
Lise Millette, collaboratrice à la une
Feu follet
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES
CORRECTION
Ariane Barrette, Justin Benoit Bélanger, Lydia Blouin, Gabriel David Hurtubise,
Geneviève Blais
Michel Desfossés, Isabelle Gilbert, Régis Henlin, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Hélène Jager, Richard Kistabish, Sébastien Lafontaine, Isabelle Leblanc,
IMPRESSION
Philippe Marquis, Mariane Ménard, Lise Millette, Ariane Ouellet,
Imprimeries Transcontinental
Michaël Pelletier-Lalonde, Joannie Rancourt, Julie Renault, Dominique Roy, Dominic Ruel et Sébastien Tessier.
TYPOGRAPHIE Carouge et Migration par André SImard
COORDINATION RÉGIONALE Valérie Castonguay | MRC d’Abitibi Louise Magny | MRC d’Abitibi Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Alex Turpin-Kirouac | Ville de Rouyn-Noranda Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Stéphanie Poitras | MRC de la Vallée-de-l’Or
EN COUVERTURE Alex Picard se lance dans une nouvelle aventure solo plus
Certifié PEFC
intimiste. Photo : Marina Fontaine
Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées
PEFC/01-31-106
2 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
www.pefc.org
– ÉDITORIAL –
GÉNÉRER DE LA LUMIÈRE ARIANE OUELLET
Une nouvelle année commence et les défis qu’on pensait laisser derrière nous sont plus que jamais présents. Confinement, couvre-feu, télétravail. Si on pensait que ça avait été difficile au printemps dernier, personne ne pouvait envisager l’ampleur du sacrifice qui serait à faire dans la durée. C’est comme la différence entre faire une randonnée de 10 km en forêt et escalader l’Everest. C’est là que se mesure la véritable capacité à fournir un effort soutenu, la résilience, la motivation.
démocratisation de l’éducation obligent. C’est quand même intéressant de constater qu’elles sont bien outillées pour réagir à la situation avec tant d’efficacité. Le reste du monde emboite le pas autant que faire se peut, même si bien des enjeux de sécurité de l’information surgissent, même si des protocoles médicaux doivent être revus, même si plus rien n’est comme avant. Il ressortira de tout ça des avantages qu’on ne mesure pas encore pleinement, mais dont il faudra tirer sagesse et connaissance : plus de souplesse dans les horaires, dans les façons de mesurer l’efficacité et le temps de travail, etc.
Depuis le début de l’année, Big Bro Book me ramène le souvenir du jour, me rappelant à quel point la vie d’avant était plus fluide. À pareille date l’an dernier, je commençais un grand et fabuleux projet de création dans une école primaire avec 425 élèves. J’avais une vie sociale relativement normale, j’accompagnais fiston en tournoi de soccer à l’extérieur de la région. J’allais voir la famille dans le 514 et le 450. C’était avant. Depuis, le monde s’est rétréci et ce qui pénètre dans ma maison passe par un écran.
Quand on est en « région éloignée », on comprend vite qu’on gagne à estomper la distance physique avec la technologie. Si ce n’était de l’inconstance et des couts longtemps exorbitants de la distribution internet, la région ferait figure de leader en ce qui concerne le développement du numérique et des savoirs nécessaires à son déploiement. Autant l’industrie que le monde de la culture et de l’enseignement y participent. Toutefois, ce n’est pas parce que je me rends à l’évidence de la nécessité de s’adapter aux technologies de communication que j’y suis forcément dans ma zone de confort. Comme pour plusieurs, ce n’est pas si naturel. J’oscille entre l’effort que ça me demande de me familiariser avec ces outils et la joie de découvrir de nouvelles façons d’être en contact avec les autres. Et c’est dans cette recherche d’équilibre que je ferai mon chemin.
Même si la nouvelle normalité s’installait depuis plusieurs mois dans les milieux de travail, j’avais échappé à tout ça, le virtuel. Mes mains travaillaient encore de la vraie matière, sur un lieu physique, avec des coéquipières à mes côtés. Et me voilà devant de nouveaux défis professionnels, et comme bien des enseignants du Québec et d’ailleurs, je dois non seulement préparer la matière que je vais enseigner, pour laquelle je suis heureusement « spécialiste », mais je dois apprendre des notions de pédagogie de base, et maintenant les outils et réflexes de technopédagogie qui me seront nécessaires afin de ne pas perdre tous mes élèves d’un coup dans la brume de la démotivation scolaire. Je me demande qui de moi ou des étudiants devra apprendre le plus…
Ce qui retient mon attention, ce n’est pas tant la capacité des individus à s’adapter, qui est quand même le propre de tout ce qui est vivant. C’est la capacité de certaines personnes à voir venir le changement ou à le provoquer. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir penser out of the box. Et au risque de me répéter, ça devrait être une matière en soi dans les cursus scolaires : « Créativité et innovation ». Les visionnaires illuminés et inventifs pensent les choses autrement, trouvent des solutions parfois même avant que les problèmes se pointent. Parce que bien avant de se trouver sur une affiche à l’entrée d’un ministère, l’innovation commence dans la tête de celles et ceux qui ont la capacité de générer des idées neuves. C’est valable pour les artistes, bien sûr, mais aussi pour les ingénieures, les entrepreneurs, les chercheuses, les scientifiques, les professeurs. Et quand le monde est en perte de repères, c’est rassurant de savoir qu’il y a des personnes douées d’un esprit bouillonnant capable de générer de la lumière au-delà des horizons parfois obscurs.
Je n’avais pas encore saisi l’ampleur du niveau d’adaptation que ces nouvelles réalités ont exigé de plusieurs. Travailler de la maison à travers le brouhaha de la vie quotidienne, dans le ménage pas fait, à côté de l’ado qui reçoit ses cours à distance lui aussi. Travailler habillé en mou a peut-être certains avantages, mais l’usure qui s’opère en douce à toujours être dans le même lieu, à ne pouvoir faire de coupure mentale entre le boulot et la maison, on en mesure mal les effets délétères. La difficulté de se concentrer à la tâche, de sentir l’esprit d’équipe, d’avoir l’avis spontané du collègue qui d’habitude partage le même espace. Malgré tout, c’est quand même mieux de se voir via un écran que de ne pas se voir du tout.
Je cède maintenant la place à une autre plume, du moins pour une pause de quelques mois. Je souhaite remercier les lectrices et lecteurs fidèles qui ont pris le temps de me lire depuis quelques années. Ce fut un réel plaisir de vous lire en retour. À la prochaine!
En effet, la pandémie a sans aucun doute accéléré le développement des technologies et des savoir-faire nécessaires à la survie des choses, à distance : créer, enseigner, apprendre, communiquer, soigner, coordonner. Étrangement, en Abitibi-Témiscamingue, les institutions d’enseignement avaient pris ce virage depuis longtemps, occupation du territoire et
Admission 1 MARS automne 2021 DATE LIMITE : ER
uqat.ca
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 3
MARINA FONTAINE 4 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
– À LA UNE –
ALEX PIC EN TOUTE INTIMITÉ – IL LE FAUT LISE MILLETTE
Le contraste est néanmoins frappant si on repense au matériel de Lubik. La formation musicale existe toujours d’ailleurs et demeure un groupe résolument rock rural francophone qui, de l’aveu d’Alex Picard, conservera son ADN. « On a toujours voulu arriver comme un train avec Lubik », assure-t-il. Ce n’est donc pas le groupe qui change, mais lui qui explore une avenue solo, qui existait déjà en filigrane et qui ne demandait qu’à se révéler. PROPULSÉ DÈS LE LANCEMENT Premier extrait d’un microalbum (EP) à venir en 2021, la chanson Il le faut a fait son entrée dans le palmarès de la radio privée dès sa sortie. Pour sa « première semaine de vie », la chanson a franchi la barre des 6000 écoutes et Radio Énergie en a fait sa « star iHeartRadio » du mois de décembre. « Je ne m’attendais pas à ça pantoute », reconnaîtra le mélomane. Ce projet solo, sous le nom d’Alex Pic, est tout de même un saut dans le vide. S’il dit écrire des chansons depuis l’âge de 12 ans, avec une quinzaine d’années de vie musicale avec un groupe, il lui fallait une certaine dose de courage ou un bond vers l’avant pour quitter sa zone de confort. Et puis, le groupe implique de gérer des horaires multiples, et avec la vie et les familles qui poussent, les plages communes devenaient moins nombreuses, pavant la voie à plus de temps en formule solo. Les mois de confinement lui ont donné du temps pour écrire, composer, travailler ses mélodies et trouver des complices. Il cite notamment Yannick St-Amand avec qui il a partagé, revu et revisité des heures de matériel, son réalisateur Alex Burger et son ami Cédric Martel, aussi bassiste. Pour s’assurer d’avancer et d’avoir des échéanciers devant lui, Alex Picard s’est allié avec 117 Records. « En m’associant avec un label, je me commettais », affirme-t-il. Cette légère pression ou plutôt, cet engagement résolu, lui donnait l’impulsion pour travailler avec intensité, mais tout en douceur.
LUCIDE ET CONVAINCU « La musique fera toujours partie de la vie des humains », voilà une des convictions profondes d’Alex Picard. « Mon rêve, c’est de me lever et faire de la musique. Je fais vraiment de la musique avec mon cœur. » Bien qu’encore jeune, il se dit plus lucide par rapport à ses attentes et à sa vision d’une carrière musicale. Il poursuit d’ailleurs ses autres activités professionnelles, mais il n’est jamais bien loin de ses amours… « À 32 ans, je n’ai plus la naïveté du gars de 22 ans qui saute dans le tas avec la soif d’arriver quelque part. Je suis plus posé, plus conscient aussi par rapport à l’industrie », nuance-t-il. PLUS TERRE À TERRE QUE JAMAIS Toujours bien ancré dans la région, attaché à son Abitibi-Ouest et souvent à Rouyn-Noranda également, Alex Picard assure qu’il ne délocalisera pas ses racines. « M’expatrier? lance-t-il avec étonnement, oh non, jamais! » Il se fait catégorique sur la question. C’est ici, en Abitibi-Témiscamingue, qu’il compte continuer d’explorer les univers musicaux et les styles. « Je tente de ne pas être rigide. » Jusqu’ici, il a réuni cinq chansons, qu’il entend sortir tranquillement en prenant le temps et la mesure. Pour lui, écrire, créer et être entendu sont autant de privilèges à cultiver et pour lesquels il faut savoir être reconnaissants. « Avoir un micro c’est une chance et une liberté. Il faut en profiter pour faire avancer les choses. » Un soupçon d’idéalisme incarné pour une nouvelle année qui s’amorce avec son lot de défis? Selon Alex Picard, il serait prétentieux de s’aventurer sur ce que seront les mois à venir. Il préfère y aller avec un peu de philosophie, mais surtout avec le souhait de garder l’esprit ouvert. « J’espère simplement que 2021 soit remplie d’ouverture, de souplesse et d’amour. Je pense qu’il est grand temps qu’on s’humanise un peu… »
MARINA FONTAINE
Après avoir incendié la scène, être entré comme un train avec le rock pesant de Lubik et avoir incarné la fougue à grands sauts, Alex Picard laisse tomber le voile sur sa nature doucereuse, plus posée, plus intimiste. L’énergie et la passion existent toujours, mais sous une forme plus tendre et personnelle. « J’avais soif de musique et je voulais explorer plus large. Et puis, je dois dire que j’ai toujours eu un côté un peu lover avec un fond de douceur extrême », confie le grand blond, l’air presque timide.
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 5
– TÊTE CHERCHEUSE –
L’HISTOIRE D’UNE GUINGUETTE DE VOISINS DOMINIC RUEL
Alors que 2020 a rimé avec confinement (2021 aussi, misère!), isolement et distanciation, ma femme, moi et les voisins avons pu quand même tisser de nouveaux liens, plus forts, plus solides et tellement profitables. De bons voisins sont devenus de bons amis. La guinguette, au fond, c’est un prétexte pour parler des voisins, c’est l’idée que les voisins font partie de nos vies, si on le veut bien, et les rendent plus riches. Il y a 3000 ans (ça date!), Hésiode le Grec le disait déjà : « Un mauvais voisin est une calamité, un bon voisin un vrai trésor ». Mais le bon voisinage, ça se travaille aussi! Ça commence par des « bonjour! » et de petites discussions. Henri Laborit, biologiste et écrivain français, affirmait, sans tort : « Il est plus facile de professer en paroles un humanisme de bon aloi que de rendre service à son voisin ». Eric Hoffer, un sociologue
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6 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
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DOMINC RUEL
Tout commence en mars. Confinement, il faisait encore froid, mais nous avions pris l’habitude, avec les voisins d’à côté, Sonya et Christian, de sortir toutes les fins de journée, ou presque, pour prendre un verre et jaser. Facile, nos terrains communiquent. Chacun chez nous, adossés au mur, avec le gros banc de neige pour déposer la bière. C’était devenu un rituel et une thérapie aussi. Puis, la neige a fondu, le printemps plus clément arrivait et le confinement se terminait. L’habitude est restée. Une question s’est posée : que faire de cet espace, devenu si précieux? On a eu l’idée d’un potager commun. Deux ou trois chaises se sont posées, puis on a pensé à un bistro. M’est venu un mot qui collait mieux au projet : une guinguette! C’est un mot, français, plus ancien, pour désigner un lieu populaire, souvent en plein air, qui servait de bistrot, de restaurant pour s’amuser et rencontrer d’autres personnes. Tous étaient d›accord avec l’idée : la Guinguette Laurier! On a accroché des lumières, on a installé des tables basses, un banc, des pots de citronnelle. On a continué nos 5 à 7, on s’est fait livrer du resto. Kathy et Maxime, les voisins d’en face sont venus faire des tours de plus en plus souvent. Avec eux aussi, on a bien ri, bien bu et bien mangé. D’autres voisins, d’autres amis aussi passaient nous voir. L’automne et l’hiver sont revenus, on a serré les meubles pour installer de grandes tables rondes.
américain, disait la même chose, qu’il est plus facile d’aimer l’humanité en général que d’aimer son voisin. Aider ceux qui partagent notre milieu de vie immédiat, ça ne semble pas toujours aller de soi. Pourtant, se prêter des outils, se donner un coup de main pour pelleter, avoir l’oeil sur la maison, ramasser le courrier et arroser les plantes sont des gestes simples qui peuvent en venir à de belles complicités aussi. Viendra alors peut-être le temps des soupers barbecue. Quand on déménage, on cherche souvent la maison idéale. On devrait plutôt chercher la rue idéale! « Choisir ses voisins est plus important que de choisir sa maison. » C’est un très beau proverbe chinois…
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– ARTS VISUELS –
LE NOIR DE L’ENCRE : UNE AVENTURE ARTISTIQUE ET HUMAINE GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU
Le noir de l’encre réunit douze artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue, de la France et de l’Angleterre. Ce sont six femmes et six hommes, soit Gabrielle Demers, Donald Trépanier, Isabelle Roby, Luc Boyer, Joanne Poitras, Luc Brévart, Martine Cournoyer, André Gagnon, Nicole Gingras, Louis Brien, Violaine Lafortune et Ram Samocha, réunis à partir d’une idée originale de Joanne Poitras. Le projet est né d’une formation en lithographie offerte par Joanne Poitras à l’Atelier Les Mille Feuilles, en 2019. Celle-ci souligne que les artistes ayant participé à cet atelier, toutes des femmes, avaient chacune une expérience significative en arts visuels et un vécu distinctif dans un domaine particulier : enseignement, gestion, médecine. L’aspect très technique de la formation a toutefois permis à chacune de réaliser un corpus d’œuvres captivantes véhiculant un propos singulier. L’idée de poursuivre ensemble la recherche et la création à partir d’un thème commun, le noir de l’encre, a surgi naturellement. Les cinq femmes qui se sont jointes au projet ont chacune invité un partenaire masculin à se joindre à elles. Selon Joanne Poitras, la formule a créé des contextes de rencontre très variés. Certains duos ont choisi de travailler sur un projet commun. Pour d’autres, c’était l’occasion d’apprendre à se connaître, de se laisser surprendre et influencer par la création du partenaire. Toutes et tous étaient libres de travailler la technique de leur choix. Les types d’œuvres sont donc très variés, allant de la performance de Violaine Lafortune au livre d’art de Martine Cournoyer en passant par la peinture de Donald Trépanier ou le découpage de Louis Brien, par exemple. Malgré leurs différences, au-delà du thème commun, les œuvres se rejoignent entre elles. « Je crois que le public va découvrir un regard sur qui nous sommes aujourd’hui, sur nos préoccupations en tant qu’humains sur les plans politique et social, dans le privé et dans nos rapports avec les autres », résume Joanne Poitras. Le noir de l’encre devient alors prétexte, par sa simplicité, à traduire des réalités complexes.
Ram Samocha, Visual Conversations With Violaine Lafortune. Séance no 3, 11 octobre 2020 Brighton, Grande-Bretagne. Monotype, 14 x 18 pouces. Photo : Violaine Lafortune
La pandémie a apporté son lot de défis dans la réalisation du projet. Ainsi, pendant, un bon moment, il n’a pas été possible pour les artistes travaillant en estampe d’avoir accès aux outils d’impression. Joanne Poitras se réjouit de voir l’aboutissement du projet et de pouvoir compter sur les technologies numériques développées par le MA, musée d’art pour présenter l’exposition au public. Depuis le 22 janvier, il est possible de visiter virtuellement l’exposition collective Le noir de l’encre, sur le site Web du MA, musée d’art de Nicole Gingras, Maman photographiant Rouyn-Noranda. Si les mesures sanitaires le les enfants, 2020. Lithographie sur plaque permettent, l’exposition sera ouverte au public de polyester, 15 x 11 pouces. Photo : Nicole Gingras après le 8 février. L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 7
– L’ANACHRONIQUE –
FAIS TES RECHERCHES! PHILIPPE MARQUIS
– EXPOSITION –
100 ANS DE TÉMISCAMING : LES FEMMES D’ABORD! HÉLÈNE JAGER
Le hasard me fait tomber à nouveau sur lui à la mi-novembre. Il m’explique la défaite du milliardaire républicain aux élections par des millions de votes volés. « C’est une fraude historique. Ça va aller devant les tribunaux et Trump va être président! » Il avait raison, c’est allé en cour. Mais la soixantaine de contestations du scrutin devant des tribunaux de tous niveaux, dans plusieurs États, n’a abouti à rien. Même des juges nommés par Trump, dont deux fois ceux de la Cour suprême, n’y ont pas donné suite, faute de preuves. Ça ne démonte pas celui qui inspire ma chronique : « Tous ces juges sont achetés par les grosses business, m’écrit-il. J’ai vu des vidéos où on montrait des milliers de bulletins brûlés. Fais tes recherches! » répète-t-il. À la mi-décembre, il raconte, sur les réseaux sociaux, que l’acte d’insurrection et la loi martiale seraient prononcés bientôt aux États-Unis. Cela aurait donné des pouvoirs dictatoriaux au président. Ce n’est pas advenu non plus et il a peu publié depuis. Durant les fêtes, j’ai consulté souvent des liens sur lesquels il m’avait pisté. Au début de l’année, on y annonçait que ça brasserait à Washington le 6 janvier, jour où le congrès et le sénat américains officialiseraient la victoire de Biden. Cette prédiction-là s’est réalisée… La lutte à la pandémie est un autre sujet de désaccord entre nous. « Ce sont des histoires inventées. Je prends de la vitamine C et je n’ai pas de problème. Les gouvernements nous contrôlent. Ils veulent un gouvernement mondial. Fais tes recherches, tu vas va voir! Moi, je ne suis pas un suiveux : je ne me laisserai pas faire. Je ne suis pas seul, tu vas voir la révolte s’en vient! » Constatant que je ne me range jamais de son côté, il me dit : « Je ne comprends pas qu’un gars comme toi, Marquis, ne soit pas d’accord avec ça! C’est quoi que tu fais dans la vie? » Je réponds que j’enseigne. « Ha! C’est normal que tu penses comme ça : tu ne vas pas parler contre le gouvernement qui te paie! » La révolte de ce gars est très grande et profonde. Elle ne se dirige cependant pas contre les mêmes objets que la mienne. Je ne veux pas couper le dialogue et j’essaie de comprendre comment il se fait que beaucoup en soient rendus là. Comment défaire les idées conspirationnistes? Je fais mes recherches dans ce but et nous invite à la plus grande vigilance. Car le climat actuel fait penser à celui de l’Allemagne et de l’Italie des années 1930, dans un autre siècle pas si lointain…
Cette année, la Ville de Témiscaming fête le centenaire de sa fondation officielle. Pour marquer cet événement, Marie-Pier Valiquette, directrice du Musée de la Gare et récemment élue présidente du Réseau muséal de l’Abitibi-Témiscamingue, a souhaité programmer une exposition qui puisse faire le lien entre l’histoire locale, liée aux activités forestières, et une cause qui lui tient à cœur, le rôle des femmes dans l’histoire. « C’est certain que pour ceux qui me connaissent, ce ne sera pas une grande surprise d’apprendre que le côté féministe de la question du patrimoine industriel qu’aborde cette expo est ce qui est venu me chercher en premier », explique-t-elle. C’est ainsi que Femmes de papier, une installation créée par Boréalis et la Bande à Paul, vient habiter jusqu’en mai la salle d’exposition du Musée de la Gare.
BORÉALIS
Je l’ai croisé au début octobre. Il était coiffé d’une casquette rouge Trump 2020. Mon choc a été grand, car nous ne sommes pas en Alabama, mais à Rouyn-Noranda. Après un solide échange sur le message qu’il portait fièrement, il me lance : « Tu vas voir, Trump va gagner avec 90 % des votes! Les médias sont achetés, il faut pas les croire! Fais tes recherches, comme moi, tu vas comprendre! » Alors, je l’ai suivi sur les réseaux sociaux pour saisir comment on pouvait défendre pareilles idées.
Cette exposition, construite pour évoquer le quotidien des femmes dans l’essor de l’industrie des pâtes et papier, aborde de manière moderne, interactive et humoristique le thème de leur rôle et toutes les formes d’implications des femmes qui travaillaient dans l’industrie ou qui ont participé à son essor en tant que membres des communautés pionnières. À travers diverses stations interactives, les visiteurs sont invités à découvrir le quotidien de femmes de différents milieux, qu’il s’agisse de femmes au foyer, de cuisinières dans les camps forestiers, de secrétaires à l’usine ou encore de femmes qui défient les normes en participant activement à la production. On présente ainsi un aperçu de l’évolution des conditions de vie des femmes depuis un demi-siècle. Pour parfaire le lien avec le centenaire de la Ville, un article de Manal Drissi, Le plafond de bois, visant à faire le parallèle entre l’exposition et l’histoire des femmes témiscaminoises, a été intégré à la première des quatre revues qui vont marquer les festivités. Afin de compléter le livre très exhaustif sur l’histoire de Témiscaming paru pour le 75e anniversaire de la ville, on a opté pour le format plus contemporain des revues, avec quatre numéros à collectionner, un par saison, dont le premier paraîtra en février. Pour son article, la journaliste a mené des interviews avec différentes travailleuses et effectué des recherches statistiques sur la condition féminine à travers les époques dans cette industrie autour de laquelle la vie s’est organisée, tant à Témiscaming que dans de nombreux autres endroits du Québec. Elle nous présente une perspective engagée sur ce que peut vouloir dire être une femme dans le monde traditionnellement masculin des pâtes et papiers. Une belle manière de lancer les festivités du centenaire et d’accompagner la programmation prévue, dont le point d’orgue sera le méga week-end retrouvailles du 4 au 6 septembre 2021. En raison des circonstances actuelles, les visites de l’exposition Femmes de papier se feront sur réservation en contactant le Musée de la Gare par courriel ou par téléphone.
8 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
– ARTS VISUELS –
SOPHIE LESSARD : PORTRAIT D’UNE ARTISTE LIBRE ET INSPIRÉE DOMINIQUE ROY
Originaire de Sainte-Foy, Sophie Lessard est installée au Témiscamingue depuis quelques années. Au début de l’hiver 2020, elle vivait l’expérience d’une première exposition solo, ses œuvres ornant les murs de la Galerie du Rift.
trois dimensions, alliant la peinture, le dessin, le collage et différentes matières qui offrent une dimensionnalité à l’œuvre », explique Mme Lessard
processus. » Fière de cet accomplissement pour lequel elle reçoit de nombreux commentaires élogieux, la voilà reconnue comme artiste professionnelle. Je ne suis pas un corps, je suis libre! sera soumise à d’autres galeries accréditées.
JE NE SUIS PAS UN CORPS, JE SUIS LIBRE! Sophie Lessard a étudié en arts, en enseignement, en design de mode et en massothérapie. Depuis son arrivée à VilleMarie, elle a participé à différents projets artistiques : la Biennale Internationale d’Art Miniature en 2016 et 2018, une exposition intitulée Femmes plurielles dans la vitrine Espace découverte du Rift et tout récemment, à l’été 2020, le projet Livraison artistique mis en œuvre par TV Témis. L’art permet à Sophie Lessard d’utiliser un langage poétique et des ressentis qui ne s’expriment pas toujours en mots. Elle aime proposer des thématiques qui font réfléchir. « L’image créée permet tellement de possibles créatifs, car la personne qui se trouve devant une œuvre a la possibilité de voyager dans ce qui est proposé; elle s’approprie l’œuvre et, de ce fait, elle continue à la faire vivre autrement », explique la principale intéressée. L’artiste qualifie son processus créatif de désordonné, car il laisse place à la spontanéité, à la liberté des gestes et aux erreurs. Pour sa recherche plastique, elle travaille en technique mixte, en texture où les supports non conformes sont prisés. « Le mélange des moyens d’expression, des matériaux neufs et des matériaux recyclés s’articule souvent entre deux et
Dans cette première exposition, Sophie Lessard remet en question tout le rapport au corps. « Si celui-ci n’était pas si important, comment se passerait cette rencontre avec nousmêmes? Et avec l’autre? La notion de liberté est-elle possible en habitant un corps? Où commence-t-elle? Où se terminet-elle? », peut-on lire dans la présentation de son exposition. Son inspiration est un véritable travail de collaboration. Ce sont 46 personnes qui ont accepté de se prêter au jeu du cadavre exquis, une technique qui consiste à écrire des mots et des phrases liés à une thématique. C’est à partir de cette collecte décousue que des images poétiques se sont concrétisées dans son esprit. Ainsi, l’artiste a pu réaliser ses pièces, principalement des sculptures en bas-relief, à partir de divers matériaux recyclés tels que le métal rouillé, le tissu, le fil doré, le Plexiglas, la cire d’abeille, la colle et la peinture. Pour Sophie Lessard, le défi de cette exposition en était un lié au temps. Elle avait deux mois et demi pour créer l’ensemble de ses œuvres. « Malgré le peu de recul que j’ai pu me donner, la spontanéité fut l’élan positif de ma création, car je devais être dans l’action. Je me suis sentie inspirée tout au long du
Sophie Lessard, Brise rose melon, bas relief, métal, cire d’abeille, papier de soie et corde, 2020, 2 ½ x 4”. Photo : Sophie Lessard
Au centre d’exposition d’Amos…
Voici ce que nous avions prévu vous présenter en février… COLORER, COLORIER, COULEURER
LA COULEUR ÉCRITE Renée Carrier
Centre d’exposition Raymond Lasnier – Culture Trois-Rivières
PEINTURE
CULTURE TROIS-RIVIÈRES, 2019. OEUVRE DE CINÉTIC
EXPOSITION JEUNESSE
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 9
– HISTOIRE –
LA LAITERIE DALLAIRE : D’ENTREPRISE FAMILIALE À MULTINATIONALE SÉBASTIEN TESSIER, ARCHIVISTE-COORDONNATEUR, BANQ ROUYN-NORANDA
En 1919, propriétaire d’une beurrerie en Beauce, Albert Dallaire décide de quitter un marché saturé – il y avait quatre beurreries dans son village – pour tenter sa chance dans une région où il pourrait augmenter ses revenus. Après un séjour à La Reine, il déménage à Rouyn en 1931 et se construit une maison sur la rue Monseigneur-Rhéaume, tout près de l’actuelle Taverne des sports. Comme la ville est peu développée, ses vaches peuvent paître en périphérie. Au début, le troupeau permet de subvenir aux besoins familiaux, mais rapidement, une clientèle se forme et M. Dallaire décide d’augmenter son cheptel. Son premier client est le curé Pelletier. En 1932, la Laiterie Dallaire est officiellement fondée. Aidé par ses fils, il construit une première étable au bout de l’avenue Principale et il acquiert sa première voiture de livraison tirée par un cheval. En 1935, il construit une laiterie à l’extrémité sud de l’avenue Bagshaw (aujourd’hui l’avenue Dallaire). C’est un bâtiment à deux étages de 5,5 x 6 mètres qui contient une chambre de lavage, une chambre froide et une chambre d’embouteillage. En 1937, Albert Dallaire vend la laiterie à son fils Louis-Philippe. Il conserve toutefois son troupeau pour vendre le lait à son fils. À cette époque, la laiterie compte quatre employés. Dix ans plus tard, l’entreprise se dote de l’équipement de pasteurisation le plus moderne au Québec.
La Laiterie en 1947
Au début des années 1960, la laiterie atteint les 2600 mètres carrés et devient la plus grande de la province à l’extérieur des grands centres. Elle entreprend la production de fromage. L’entreprise poursuit ses acquisitions avec l’achat de sept laiteries de la région. À la fin des années 1960, la flotte est de 80 véhicules. L’entreprise abandonne les contenants de verre retournables.
Personnel devant la Laiterie en 1940 Congélateur de vente en 1954
Dans une lettre à son beau-frère, qui étudie à l’école de laiterie de Saint-Hyacinthe, LouisPhilippe annonce qu’il procède à l’acquisition de la Laiterie Guertin de Rouyn. Il l’encourage d’ailleurs à porter une attention particulière à ses cours de fabrication de crème glacée parce qu’à la suite de cette transaction, la Laiterie Dallaire va se lancer dans la production de crème glacée et de beurre. En 1954, l’entreprise s’incorpore pour devenir la Laiterie Dallaire Limitée. La flotte de 12 voitures tirées par des chevaux est remplacée par 9 camions Volkswagen pour étendre la livraison à l’ensemble de la région.
En 1973, la compagnie passe entre les mains de la Beurrerie Lafrenière de Laverlochère et l’équipement de production est modernisé. La superficie de la chambre froide est doublée. L’entreprise achète le plus gros camion-citerne de la province pour assurer le transport du lait entre Laverlochère et Rouyn. En 1975, la compagnie s’équipe d’une Vita-Line qui lui permet de fabriquer des friandises glacées appelées Fudge et Popsicle. Elle peut désormais s’attaquer au marché national. Au milieu des années 1990, la Laiterie Dallaire est la seule entreprise laitière de la région. Elle sert une population de plus de 150 000 habitants sur un territoire plutôt vaste. Sa grande force réside surtout dans la production de friandises glacées. Elle en produit 8 millions de douzaines par année. Devenue propriété de la multinationale Nestlé, l’entreprise ferme ses portes en 2009.
Flotte de livraison dans les années 1940 Photos : Fonds Joseph Hermann Bolduc, BAnQ Rouyn-Noranda
10 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
– DIFFUSION –
LE VIEUX-PALAIS D’AMOS : BÂTIMENT ANCIEN, EXPÉRIENCES NOUVELLES
ACTUELLEMENT AU MA 22 JAN ― 14 MARS 2021
LE NOIR DE L’ENCRE Idéatrice : Joanne Poitras
SÉBASTIEN LAFONTAINE
18 SEP 2020 ― 3 MARS 2021
OURSE BLEUE — PICISKANÂW MASK ISKWEW Atelier de lutherie réalisé au Vieux-Palais, dans l’ancienne Salle du tribunal. Photo : Marie-Hélène Lavoie
On pourrait dire, avec un peu de présomption, que le vieux palais d’Amos a été l’un des premiers bâtiments de son envergure à près de 500 km à la ronde; l’école Saint-Louisde-Gonzague à Sudbury (1914) et le palais de justice de SaintJérôme (1874) sont plus petits. Au début du siècle passé, il fallait se rendre à Québec pour comparaître à la cour. Un tel voyage pouvait représenter de six mois à un an de salaire pour un ouvrier. Hector Authier, avocat, journaliste, politicien, homme d’affaires, surnommé le père de l’Abitibi, est celui qui fera valoir la nécessité d’un palais de justice à Amos, que l’on construit en 1922. RÉACTUALISER DES BÂTIMENTS ANCIENS Les manchettes font état du triste sort réservé au patrimoine bâti du Québec. La recette pour se débarrasser d’un bâtiment embarrassant est simple : on le laisse se détériorer jusqu’à ce qu’il soit déclaré dangereux. Alors que plusieurs bâtiments historiques de grande valeur sont détruits au Québec, la Maison Hector-Authier a elle aussi été confrontée aux fatalités de l’époque. Au début 2000, elle se retrouvait à l’abandon. Heureusement, en 2004, la ville d’Amos s’en est portée acquéreur et la Corporation du Vieux-Palais et de la Maison Hector-Authier a vu le jour. Cet OBNL s’est donné pour mission de faire vivre les lieux en les mettant au service de la communauté, l’objectif étant de démocratiser la culture en intégrant la jeunesse, les milieux scolaires, et en faisant du Vieux-Palais un milieu familial et de rassemblement. En d’autres mots; que tous s’y retrouvent, autant les amateurs d’art contemporain que les simples curieux.
Virginia pesemapeo bordeleau
Depuis, selon Marie-Hélène Lavoie, directrice du Vieux Palais : « Les citoyens se réapproprient le bâtiment simplement en venant y vivre des expériences agréables. Grâce à des activités collectives (visites de groupe, ateliers de peinture ou autre), les gens développent un sentiment de fierté et d’appartenance au bâtiment et éventuellement à son histoire ». Mme Lavoie souligne avec enthousiasme que souvent, des jeunes venus pour apprécier une exposition manifestent un grand intérêt pour les anecdotes de l’ancien palais de justice. Si les activités interactives et familiales se sont multipliées au Vieux-Palais dans les dernières années, dans les prochains mois, l’équipe souhaite mettre encore plus de l’avant cette volonté de démocratisation du lieu, d’ouverture à l’ensemble de la population et d’accessibilité aux familles, en plus de donner une vitrine aux artistes de la relève. Dans cette optique, dès l’assouplissement des mesures sanitaires, le Vieux-Palais présentera L’art relève, une exposition collective montrant le travail de futurs diplômés en art et d’artistes émergents de la région. Aussi, un atelier de bandes dessinées sera offert les samedis après-midi avec la bédéiste et artiste multidisciplinaire Marie-Eve Guindon, alias Meg.
1ER ― 5 MARS 2021
CAMP DE LA RELÂCHE Inscriptions sur museema.org
Le Vieux Palais d’Amos et la Maison Hector-Authier sont de beaux exemples de la richesse humaine cachée dans l’histoire d’un bâtiment. Au siècle passé, des visionnaires ont cru en l’Abitibi, et d’autres aujourd’hui redonnent vie à des repères importants de notre histoire. Musée d’art de Rouyn-Noranda
201, avenue Dallaire museema.org
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 11
– ESPACES INTELLIGENTS –
LE PETIT 21 E* MICHEL DESFOSSÉS
MICROBRASSERIE NOUVELLE BOUTIQUE 217 Route 101, Nédélec
Ce 21e centisime pourrait paraître bien petit, bien ordinaire si l’on s’en tenait aux crises des 20 dernières années : le 11 septembre 2001, l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, la crise économique des « subprimes », la montée de l’extrême droite, le Trumpisme, la numérisation des individus et pour finir, le bouquet, la COVID-19! Je suis positif, le petit 21e peut se refaire. Il en a le temps. Mais quel est le remède, la panacée, le maître-mot qui nous permettra de nous remettre de cette dernière menace virale? La réinvention, pardi! Attention ici : se réinventer vraiment commande de faire plus que de temporiser et de reproduire un peu différemment nos façons de faire antécovidienne. Se peut-il d’ailleurs que, comme certains le croient, nous reprenions le fil de nos activités exactement comme nous l’avons laissé le 13 mars 2020? Sans rien changer, ou si peu? Sans comprendre que toutes ces crises sont intimement liées les unes aux autres. Ça serait un peu comme s’installer un bidet au lieu d’acheter du papier de toilette en caisse. Ça tient du même enjeu, de la même angoisse collée sur les besoins primaires. Pendant ce temps, personne n’aurait remarqué que le feu est pris à la maison! En cherchant sur le Web une perspective encourageante et holistique sur la nouvelle normalité en devenir, je me suis accroché sur une entrevue passionnante du Jerusalem Post avec David Passig, futurologue et auteur (The Future Code et 2048). Je vous l’avoue, si je n’étais pas de nature optimiste, je ne saurais me rassurer d’aucun des trois scénarios de sortie de crise de ce résident du Futuristan.
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12 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Son scénario 1, le plus léger : Misant sur la faculté qu’a l’humain à oublier rapidement les incidents de la vie courante, il estime possible que nous puissions reprendre sans coup férir, le cours préalable de nos activités si la pandémie se résorbe dans quelques mois. Toutefois si vous avez perdu un être cher aux mains du virus ou souffert vous-même de cette disease, comme dirait Daniel Boucher, vous en garderez un souvenir, pénible en plus. Ce n’est pas votre cas? J’en suis sincèrement content.
Suivant les hypothèses un et deux [RLb1], le seul témoignage de notre réinvention que les archéologues trouveront se limitera à un tesson de la porcelaine d’un bidet. Nulle place n’est faite à la réinvention. Attention au prochain niveau : c’est le plus dystopique avec plus de 100 millions de morts et au moins 10 ans pour s’en remettre. Une super grippe espagnole, en somme. Sur ce 3e scénario, le plus wild card, David Passig mentionne que les gens se concentreraient sur deux priorités individuelles : nourriture et médicaments. Remarquez ici, il ne risque pas gros avec cette prédiction parce que bon nombre d’États-Uniens en sont déjà là avec la fin du Obamacare. Il ajoute sur une note encourageante, bien que tristement tardive : les humains feraient de nouvelles découvertes au chapitre des sciences de la vie à l’issue de ce cataclysme. « Peut-être un peu au détriment du développement numérique et technologique », d’ajouter en substance notre spécialiste de l’avenir. Il précise aussi que l’organisation sociale serait beaucoup plus axée sur la communauté de proximité. Mais pourquoi diable, serions-nous pris à attendre le scénario du pire (auquel je ne crois pas) pour cette réinvention collective? S’inventer ici serait mettre un peu d’équilibre entre l’individualité assumée, une société territoriale résiliente et un développement technologique responsable. S’inventer ici, serait avoir recours à l’hybridité en cumulant les meilleures possibilités qu’offrent à des territoires tels les nôtres, le recours à la technologie, à la sociologie et aux sciences de la vie. L’an prochain, à pareille date, pourra-t-on voir les réussites de nos inventeurs socio-techno-biologiques dans les pages de L’Indice bohémien? Et comme dirait le nouvel innovateur en chef du gouvernement, une boussole dans une main et la hache dans l’autre : L’avenir c’est par en avant! ;) *Les tintinologues avertis me permettront cet emprunt qui fait référence au nom du journal belge Le petit 20e dans lequel sont apparues les premières aventures de Tintin.
– HISTOIRE –
VAL-D’OR, L’UKRAINE ET LA GUERRE FROIDE : EXPLORATION D’UNE HISTOIRE MÉCONNUE MICHAËL PELLETIER-LALONDE
À l’automne dernier paraissait un livre intriguant qui semble être passé sous le radar de la presse locale. Pourtant, The Cold War in Val-d’Or: A History of the Ukrainian Community in Val-d’Or, de Myron Momryk, aborde d’une façon peu conventionnelle tout un pan de l’histoire régionale.
VAL-D’OR ET LA GUERRE FROIDE
Dans ce récent opus, l’auteur, ex-Valdorien et historien de métier, propose une « micro-histoire » de la communauté ukrainienne valdorienne. Tout en intégrant dans le champ de son étude certains épisodes antérieurs associés à la présence ukrainienne dans la région (tel que l’internement de nombreux Ukrainiens à Spirit Lake, près d’Amos, pendant la Première Guerre mondiale ou la tentative d’établissement d’une colonie ukrainienne sur les rives du lac Castagnier à la fin des années 1920), l’auteur se penche principalement sur la période allant du début des années 1930 aux années 1990, de l’établissement des premiers Ukrainiens à Val-d’Or/Bourlamaque à la période qui voit, selon lui, la communauté ukrainienne locale décliner, après des années d’effervescence. LES UKRAINIENS DE VAL-D’OR/BOURLAMAQUE Comme relaté par Momryk, les premiers Ukrainiens à s’établir dans le secteur, la plupart arrivés dans l’entre-deux guerre, sont de ceux qui, percevant les échos du boom minier naissant, rejoignent la région, poussés par la précarité provoquée par la crise de 1929. Ils prennent alors part à l’effervescence du camp minier émergent. Ils fondent des commerces, des restaurants, des associations préfigurant aux institutions que se donnera la communauté ukrainienne locale dans les décennies suivantes. Ils sont rejoints en 1948 par des compatriotes ayant atterri dans des camps de réfugiés en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui ont refusé de rentrer en Ukraine soviétique. Ils sont admis au Canada sur la base de contrats de travail dans les mines, entre autres, et certains s’installent à Val-d’Or.
Mais que vient faire la guerre froide là-dedans? En fait, comme Momryk le montre à travers un travail de recherche aiguisé et s’appuyant notamment sur des rapports de surveillance de la GRC (bien active, surtout pour infiltrer les groupes de gauche), les tensions qui traversent cette époque trouvent un terreau fertile dans la région de Val-d’Or, des années avant le début théorique de la guerre froide. De plus, au sein de la communauté ukrainienne locale, le fait d’être prosoviétique ou nationaliste (en faveur d’une Ukraine indépendante) n’avait rien d’anodin. C’est que les luttes politiques menées en Europe ne sont pas loin dans les bagages des immigrants ukrainiens et se poursuivent au sein de leur communauté canadienne. De fait, pour Momryk, « dans la communauté ukrainienne canadienne, la guerre froide a commencé au début des années 1920 » (p. 34, traduction libre). Dès 1935, des associations ukrainiennes locales, tant nationalistes que procommunistes, voient le jour. Elles comptent rapidement plus d’une dizaine de membres chacune et mettent en place d’importants cycles d’activités sociales, culturelles, politiques, qui marqueront le tempo dans la vie de la communauté ukrainienne locale. En 1937, la branche valdorienne de la Fédération ukrainienne nationale (UNF – nationaliste) fait construire une salle communautaire, le UNF Hall qui sera l’épicentre de l’aile nationaliste de la communauté pendant des décennies. Cela se déroule dans un climat tendu : lors d’une danse-bénéfice organisée par l’UNF en 1936, une bagarre éclate entre les procommunistes et les nationalistes. Ces lignes de fractures demeurent pendant des décennies et s’expriment périodiquement lors d’événements marquants. En mai 1948 à Val-d’Or, par exemple, a lieu une manifestation anticommuniste à laquelle participent des membres de la communauté ukrainienne locale, et dont certains diront qu’elle sera la plus importante manifestation du genre à l’époque au pays. Avec la publication de The Cold War in Val-d’Or, Momryk ajoute un pan à l’histoire sociale de Val-d’Or/Bourlamaque et nous rappelle que l’histoire de nombre de nos communautés – carrefours, s’il en est – est multiple, éclectique, et échappe aux réductions simplistes. Par la bande, ce livre invite les lecteurs à s’intéresser à cette multiplicité des voix qui en compose la trame, de même qu’à la cultiver, ces voix ayant toutes quelque chose à raconter sur nous et les lieux que nous habitons.
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– PERFORMANCE –
LE CRI DU CŒUR D’ANTOINE CHARBONNEAU-DEMERS JULIE RENAULT
façon de transposer la littérature dans l’espace, de préciser ce qu’il veut dire à travers ses livres. Il aborde d’ailleurs l’écriture comme de la performance : « Mes livres sont une façon de me commettre. Le protagoniste, c’est moi. Ce n’est pas un personnage. »
COURTOISIE
Même si au départ, ses œuvres mélangeaient le réel et la fiction, la démarche artistique d’Antoine est plutôt devenue une recherche de vérité. « Ce que j’écris, ce ne sont pas des idées. C’est un cri du cœur. Je veux qu’on y croie. Je pensais être plus accepté par le milieu littéraire en écrivant de la fiction, en prouvant aux autres que j’avais fait un travail colossal. Mais au final, je m’en veux d’avoir menti. C’est dans la mise à nu que je me sens le mieux. Mes livres, c’est ma façon d’être 100 % honnête. »
C’est à l’âge de 22 ans que l’auteur rouynorandien Antoine Charbonneau-Demers écrit Coco, son premier roman, gagnant du Prix Robert-Cliche. Depuis, il a publié Good Boy, Daddy, le roman jeunesse Baby Boy, ainsi qu’une nouvelle intitulée La femme à refaire le monde. Il est également lauréat du Prix du roman gay pour l’adaptation française de Good Boy, parue récemment chez Arthaud. Diplômé du programme de création littéraire de l’UQAM ainsi qu’en jeu au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, Antoine prépare actuellement une performance multidisciplinaire qui sera présentée par l’Écart en février. Bien qu’il ne sache pas encore exactement quel sera le résultat final de sa recherche, Antoine est présentement plongé dans une résidence de création très personnelle. Pour lui, c’est une
accespleinair.org
14 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
La toile La femme à la cravate, du peintre Modigliani, est au centre de sa prochaine création. L’objectif est de la reproduire à l’infini. Pour Antoine, cette toile représente le pont entre la vérité, l’imaginaire et la famille. Elle symbolise également la maladie, thème prisé par l’auteur. « La toile que je vais reproduire est en fait déjà une reproduction. Mais pour moi, c’est l’originale. C’est un cadeau de mariage que mes parents ont reçu, mais je l’ai toujours détestée. Au fond, cette peinture est inoffensive, jusqu’à ce que je lui donne de l’importance, et ça fait boule de neige. Je cherche la précision à travers la reproduction. » Quand il a vu l’appel de résidence, le jeune artiste a sauté sur l’occasion. Performer dans sa région natale, devant ses proches, est pour lui quelque chose de précieux, de symbolique. « On perçoit souvent le fait de présenter devant sa famille et ses amis comme quelque chose de négatif, mais pas pour moi. Ce que j’ai écrit s’adresse à eux, ça me touche qu’ils soient là. Tout ce que je veux, au fond, c’est qu’on me prenne dans ses bras. Même si, en ce moment, on ne peut pas. » La performance d’Antoine Charbonneau-Demers aura lieu le 25 février.
– MÉTIERS D’ART –
L’ÉLOGE DU FIL : UNE TROISIÈME TRIENNALE EN MÉTIERS D’ART À LA SARRE ISABELLE GILBERT
En 2021, le Centre d’art de La Sarre présentera la troisième Triennale en métiers d’art, en collaboration avec le Conseil des métiers d’art du Québec, l’Espace Pierre-Debain de Gatineau et le Centre Materia de Québec. À La Sarre, l’exposition se tiendra du 19 juin au 31 août. Les artistes choisis, originaires de l’Abitibi-Témiscamingue, de l’Outaouais et de la CapitaleNationale, auront aussi le privilège d’exposer à Gatineau et à Québec à l’automne 2021. Les artistes ont jusqu’au 8 mars 2021 pour soumettre leur candidature. D’après Véronique Trudel, responsable du Centre d’art de La Sarre, cet événement offrira une belle occasion à nos artistes de se faire connaître partout dans la province et leur permettra d’élargir leur réseau dans le monde des métiers d’art. De plus, la triennale constitue le seul événement de cette envergure au Québec!
UN ÉVÉNEMENT EN CONSTANTE ÉVOLUTION La première triennale a eu lieu en 2015. Roger Pèlerin, de l’île Nepawa, a eu l’occasion d’exposer en solo à Gatineau. En 2018, tous les participants de notre région et de l’Outaouais ont exposé à Gatineau. En 2021, on ajoute Québec comme lieu d’exposition et un défi pour les artistes qui doivent intégrer la fibre textile ou la représentation de la fibre textile dans leur œuvre, la présente édition se déroulant sous le thème L’éloge du fil. À chaque triennale, le jury est composé de membres du Conseil des métiers d’arts du Québec. C’est donc un rendez-vous cet été au Centre d’art de La Sarre! Si la COVID-19 est encore un enjeu de santé publique à ce moment-là, le Centre d’art trouvera une solution pour diffuser la triennale de façon virtuelle.
Il peut être difficile de distinguer une œuvre issue des métiers d’arts d’une œuvre appartenant aux arts visuels. Comme l’explique Véronique Trudel, « la ligne est mince entre les deux, donc nous utilisons la définition utilisée par le Conseil des métiers d’art du Québec pour nous assurer d’être sur la bonne voie ». Ainsi, « les métiers d’art se définissent comme étant une création artistique qui se réalise autant dans l’œuvre originale, unique ou en multiples exemplaires, qui est destinée à une fonction utilitaire, décorative ou d’expression et exprimée par l’exercice d’un métier relié à la transformation de la matière ». Il existe onze grandes familles de matières en métiers d’arts : le bois; la céramique; les cuirs, les peaux et les fourrures; les matériaux décoratifs; les matériaux organiques; les matériaux plastiques, le ciment, le béton et le plâtre; les métaux; le papier; la pierre; les textiles; le verre.
MORRISSETTE PRONOVOST
JEAN CARON
QUE SONT LES MÉTIERS D’ART?
Faites briller la contribution d’un mécène ou d’une entreprise privée ayant contribué au succès d’un artiste ou organisme culturel de Rouyn-Noranda. Les organismes culturels, les artistes soutenus et les citoyens peuvent soumettre une candidature. DATE LIMITE POUR LE DÉPÔT DES CANDIDATURES : 26 MARS 2021 Détails et formulaire : rouyn-noranda.ca, section actualités
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 15
Soyez là pour vous comme vous l’êtes pour vos proches Vous êtes là quand les gens que vous aimez vivent un mauvais moment. Ne vous oubliez pas. Des solutions existent pour aller mieux. Il est possible que la situation actuelle suscite des émotions difficiles ou de la détresse. Il est normal de vivre un certain déséquilibre dans différentes sphères de sa vie. La gestion de ses pensées, de ses émotions, de ses comportements et de ses relations avec les autres peut devenir plus ardue. La plupart des gens arriveront à s’adapter à la situation, mais il demeure important que vous restiez à l’écoute de vos besoins. N’hésitez pas à prendre les moyens nécessaires pour vous aider.
Prenez soin de vous • Misez sur vos forces personnelles
et ayez confiance en vos capacités.
• Rappelez-vous les stratégies
gagnantes que vous avez utilisées par le passé pour traverser une période difficile. Il n’y a pas de recette unique, chaque personne doit trouver ce qui lui fait du bien.
• Accordez-vous de petits plaisirs
(écouter de la musique, prendre un bain chaud, lire, pratiquer une activité physique, etc.).
• Si c’est accessible, allez dans la
nature et respirez profondément et lentement.
• Apprenez à déléguer et à accepter l’aide des autres.
• Demandez de l’aide quand vous
vous sentez dépassé par les évènements. Ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est vous montrer assez fort pour prendre les moyens de vous aider.
• Contribuez à l’entraide et à la
solidarité tout en respectant vos limites personnelles et les consignes de santé publique. Le fait d’aider les autres peut contribuer à votre mieux-être et au leur.
• Prenez le temps de réfléchir à ce qui
a un sens ou de la valeur à vos yeux. Pensez aux choses importantes dans votre vie auxquelles vous pouvez vous accrocher quand vous traversez une période difficile.
• Limitez les facteurs qui vous causent du stress.
• Bien qu’il soit important de vous
informer adéquatement, limitez le temps passé à chercher de l’information au sujet de la COVID-19 et de ses conséquences, car une surexposition peut contribuer à faire augmenter les réactions de stress, d’anxiété ou de déprime.
Outil numérique Aller mieux à ma façon Aller mieux à ma façon est un outil numérique d’autogestion de la santé émotionnelle. Si vous vivez des difficultés liées au stress, à l’anxiété ou à la détresse, cet outil peut contribuer à votre mieux-être puisqu’il permet de mettre en place des actions concrètes et adaptées à votre situation. Pour en savoir plus, consultez Québec.ca/allermieux
16 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Aide et ressources Laissez vos émotions s’exprimer • Gardez en tête que toutes les
émotions sont normales, qu’elles ont une fonction et qu’il faut se permettre de les vivre sans jugement.
• Verbalisez ce que vous vivez. Vous vous sentez seul? Vous avez des préoccupations?
• Donnez-vous la permission
d’exprimer vos émotions à une personne de confiance ou de les exprimer par le moyen de l’écriture, en appelant une ligne d’écoute téléphonique ou autrement.
• Ne vous attendez pas nécessairement
à ce que votre entourage soit capable de lire en vous. Exprimez vos besoins.
• Faites de la place à vos émotions et aussi à celles de vos proches.
Adoptez de saines habitudes de vie • Tentez de maintenir une certaine
routine en ce qui concerne les repas, le repos, le sommeil et les autres activités de la vie quotidienne.
• Prenez le temps de bien manger. • Couchez-vous à une heure qui vous permet de dormir suffisamment.
• Pratiquez des activités physiques
régulièrement, tout en respectant les consignes de santé publique.
• Réduisez votre consommation de stimulants : café, thé, boissons gazeuses ou énergisantes, chocolat, etc.
• Buvez beaucoup d’eau. • Diminuez ou cessez votre
consommation d’alcool, de drogues, de tabac ou votre pratique des jeux de hasard et d’argent.
Le prolongement de cette situation inhabituelle pourrait intensifier vos réactions émotionnelles. Vous pourriez par exemple ressentir une plus grande fatigue ou des peurs envahissantes, ou encore avoir de la difficulté à accomplir vos tâches quotidiennes. Portez attention à ces signes et communiquez dès que possible avec les ressources vous permettant d’obtenir de l’aide. Cela pourrait vous aider à gérer vos émotions ou à développer de nouvelles stratégies.
• Info-Social 811
Service de consultation téléphonique psychosociale 24/7
• Regroupement des services
d’intervention de crise du Québec Offre des services 24/7 pour la population en détresse : centredecrise.ca/listecentres
• Service d’intervention téléphonique
Service de consultation téléphonique 24/7 en prévention du suicide : 1 866 APPELLE (277-3553)
De nombreuses autres ressources existent pour vous accompagner, consultez : Québec.ca/allermieux
Utilisez judicieusement les médias sociaux • Ne partagez pas n’importe quoi sur
les réseaux sociaux. Les mauvaises informations peuvent avoir des effets néfastes et nuire aux efforts de tous.
• Utilisez les réseaux sociaux pour
Québec.ca/allermieux Info-Social 811
diffuser des actions positives.
• Regardez des vidéos qui vous feront sourire.
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 17
– MUSIQUE –
L’HARMONIE HARRICANA SE MOBILISE POUR TRANSMETTRE SA PASSION JUSTIN BENOIT BÉLANGER
collaboratif entre les élèves de tous les niveaux, la motivation des élèves en fin de parcours se trouve affectée. « Ce n’est pas de cette façon qu’ils avaient prévu terminer leur secondaire. Ils ont donc besoin de nouveaux projets, de se sentir engagés et de vivre une expérience qui leur permettra de sentir qu’ils ont […] laissé une trace de leur passage dans la grande famille qu’est l’Harmonie Harricana », explique Manon Duhaime, responsable du dossier des arts pour le Centre de services scolaire Harricana (CSSH).
THOMAS PAQUIN
De là est né le projet Quand l’harmonie va, tout va!, un groupe d’une vingtaine d’élèves de quatrième et cinquième secondaire qui souhaite « démontrer que l’Harmonie n’est pas un groupe d’élèves nerds, sages, studieux, exagérément passionnés. L’Harmonie, c’est […] une gang d’amis qui ont beaucoup de plaisir ensemble, se respectent, s’entraident […] et surtout, qui partagent une passion commune qu’est la musique ».
L’Harmonie Harricana a récemment gagné un prix de la Fondation Desjardins pour la réalisation de son projet Quand l’harmonie va, tout va! Elle bénéficie ainsi d’un soutien financier qui l’aidera à couvrir les coûts des activités prévues dans le cadre de ce projet. Alors que l’Harmonie existe depuis plus de trente ans sous forme de concentration scolaire et d’activité parascolaire, les inscriptions ont chuté depuis les trois dernières années, avec l’arrivée de programmes de sport-étude et d’autres options. Ainsi, le nombre d’inscriptions à la concentration a diminué de moitié, suscitant de l’inquiétude chez les élèves quant à l’avenir de leur programme. De plus, la pandémie de COVID-19 ayant empêché la tenue des activités habituelles, comme la participation à divers concours et spectacles à travers la province ou encore le travail
ÉCRIS DANS L’IB!
Pour ce faire, plusieurs projets sont proposés. D’abord, les élèves souhaitent utiliser Facebook et TikTok pour y publier du contenu témoignant de leur sentiment d’appartenance au groupe. Ils ont également l’intention de produire une vidéo humoristique mettant de l’avant la complicité qui les unit, sur un fond musical qui permettra la démonstration de leur talent. Finalement, avec le soutien de l’enseignant de musique Hugo Mathieu, les étudiants ont préparé un répertoire adapté au public des écoles primaires, accompagné d’une animation dynamique et d’une mise en scène de leur cru. Ils souhaitent ainsi présenter un spectacle amusant à tous les élèves de 6e année du CSSH. Mme Duhaime explique que la tournée des écoles primaires devrait avoir lieu dès février, si les mesures sanitaires le permettent. S’il est impossible de se rendre directement dans les écoles, un montage vidéo du spectacle sera présenté. Le soutien financier offert par la fondation Desjardins couvrira les coûts liés au transport des élèves pour se déplacer dans toutes les écoles, tant urbaines que rurales. « Les membres du conseil d’administration ont, quant à eux, accepté de payer les autres coûts reliés au projet, soit les frais de suppléance du directeur musical, le soutien d’un technicien au montage vidéo et les autres frais pour l’achat d’accessoires pour les captations vidéo et le spectacle », précise Mme Duhaime.
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18 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
– MUSIQUE –
ROMANZE : LE VOYAGE ROMANTIQUE DE CAROLINE GÉLINAS JOANNIE RANCOURT
C’est avec un sincère enthousiasme et un attachement pour ses racines profondes que Caroline Gélinas, chanteuse lyrique originaire de Rouyn-Noranda, nous fera découvrir son art grâce au spectacle Romanze, présenté au Petit Théâtre du Vieux Noranda le 27 février prochain. En 2010, Caroline est admise au Conservatoire de musique de Montréal, puis sélectionnée comme artiste en résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal de 2015 à 2017. Tout en poursuivant sa formation auprès de grands maîtres, elle travaille avec la discipline et la ferveur des grands artistes. Le fruit de ses efforts est vite récompensé. En 2017-2018, elle est nommée Révélation classique de l’année à Radio-Canada. On a pu l’entendre plus récemment dans les rôles de Mercédès (2018) et de Flora à l’Opéra de Québec, ainsi que dans le rôle Nicklausse avec la Société d’art lyrique du Royaume en 2019. Parmi de nombreux prix et bourses obtenus au fil de sa carrière, elle remporte en 2019 le premier prix au Récital-concours international de mélodies françaises du Festival Classica. Elle est invitée à chanter lors de différents concerts en Allemagne et en France en 2021. En cette année de pandémie, alliant sa dévotion pour son art et sa fibre enseignante, Caroline a mis à profit son talent pour enseigner le chant classique au Centre musical En sol mineur de Rouyn-Noranda, où elle a elle-même commencé ses cours de chant, il y a 13 ans. Inspirée par le milieu culturel régional, elle souligne l’importance de s’impliquer et de développer des liens avec les gens d’ici. Caroline a à cœur le développement de l’art lyrique et est agréablement surprise par l’engouement de la population à ce sujet. Romanze est l’occasion parfaite pour découvrir en douceur cet art vocal et la passion qui anime Caroline. Une importance particulière est accordée à l’équilibre sonore, qu’elle décrit comme une continuité fluide entre les quatre cycles présentés lors du concert.
C’est en toute simplicité que Caroline Gélinas invite la population à découvrir son monde lyrique dans ce moment de paix et d’envoûtement. Avec le contexte mondial actuel, elle souhaite que ce concert soit un baume pour l’âme.
KEVIN CALIXTE
Frauenliebe und leben, le premier cycle du spectacle, a été composé par Robert Schumann, l’un des grands maîtres de la mélodie allemande. Il représente un défi d’interprétation particulier. Les textes doivent être abordés avec maturité et profondeur, car ils sont, en musique, l’évocation de la passion amoureuse à travers les grandes étapes de la vie d’une femme. Caroline décrit le deuxième cycle, celui d’Alma Mahler, comme un voyage romantique composé par une femme hors du commun, dont on peut ressentir le parcours tumultueux à travers cette œuvre. Ce cycle moins connu a été un coup de foudre instantané pour la chanteuse qui se fait un devoir de nous le faire découvrir. Les nuits d’été de Berlioz, aussi très connu, est chanté régulièrement avec orchestre, mais sera présenté ici dans une version plus intime avec piano. C’est un cycle magistral qui plaira à coup sûr, et puisqu’il est en français, il est facile de s’y laisser prendre. Dans le dernier cycle, composé par Samuel Barber, les poèmes ne sont pas directement liés entre eux, mais forcent à la contemplation et à une forme d’élévation spirituelle. C’est la pièce Sure On This Shining Night, par sa beauté et sa pureté, qui a imposé son ajout au programme.
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SPÉCIAL INNOVATION
20 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
SPÉCIAL INNOVATION
– INNOVATION –
AVANTAGE NUMÉRIQUE : QUAND TECHNOLOGIE ET CRÉATIVITÉ VONT DE PAIR GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU
dans laquelle s’impliquent de nombreux partenaires agissant à titre de porteurs de dossier. De plus, le Croissant boréal bénéficie de trois facteurs essentiels pour le développement d’une communauté technocréative : la présence d’universités, une économie forte et un milieu culturel dynamique. Alors que plusieurs ont réalisé l’importance des technologies numériques pendant la pandémie, la motivation pour les projets à venir est au rendez-vous! Parmi ceux en chantier, on compte la mise en place d’une démarche pour améliorer la découvrabilité numérique du territoire, donc pour s’assurer que lorsque les gens recherchent de l’information à propos de celui-ci sur le Web, elle soit facile à trouver.
Participants au Forum Avantage numérique 2020. Photo : Jules Delorge
Mise sur pied en 2017 sous l’initiative du Petit Théâtre du Vieux Noranda, la démarche Avantage numérique réunit les territoires du Croissant boréal (Abitibi-Témiscamingue, Nord-du-Québec et Nord de l’Ontario francophone) dans le développement de solutions et de projets pour favoriser l’intégration des technologies numériques dans les domaines du savoir, des affaires et de la culture. C’est à la suite de l’Interrégional numérique s’étant déroulé à Rouyn-Noranda en 2017, que des besoins similaires de connexion, de développement d’expertise, de formation et d’équipement, entre autres, ont été constatés parmi les territoires du Croissant boréal. La démarche Avantage numérique s’est alors développée en six volets : la formation; l’étude de faisabilité d’un hub technocréatif à géométrie variable, un projet visant à développer des infrastructures, des lieux de rencontre physiques ou numériques pour les artistes souhaitant créer avec les technologies numériques; la création de contenus et la diffusion de savoirs, qui consiste en la production d’outils de vulgarisation de l’univers numérique; le forum Avantage numérique, qui aura lieu cette année à Sudbury, une occasion d’échange et de rencontre entre les différents acteurs du milieu; les missions exploratoires, qui consistent à découvrir ce qui se fait de mieux dans l’univers numérique ailleurs au Québec et dans le monde; puis les laboratoires de création en intégration technologique des arts vivants, où le Petit Théâtre accueille des artistes pour les accompagner et les aider à intégrer les technologies dans leurs projets, un modèle unique au Québec. Selon Rosalie Chartier-Lacombe, responsable de la stratégie et du développement, plusieurs aspects font la force d’Avantage numérique. D’abord, il s’agit d’une démarche décentralisée
Pour ce faire, des agents de découvrabilité territoriale (ADT) ont été désignés dans chacune des MRC de l’Abitibi-Témiscamingue. On en compte deux dans le Nord-du-Québec, un en Ontario et un autre issu de l’organisme Minwashin. Sous la coordination des agentes de développement numérique Stéphanie Brousseau et Edma-Annie Wheelhouse, les ADT ont comme mission de bonifier et de rédiger des articles Wikipédia en lien avec des entités culturelles, patrimoniales et économiques de leur territoire. Comme l’explique Mme Wheelhouse : « On ne se cachera pas que c’est une base de données extrêmement grande qui fait que quand n’importe qui cherche n’importe quel thème, il va aller chercher d’abord l’information sur Wikipédia. Donc, on s’est dit si on veut que ce qui se passe ici, les personnages, les événements, les bâtiments importants puissent se trouver sur internet, il faut qu’on soit présents sur Wikipédia. » Les ADT ont donc reçu des formations pour parfaire leur utilisation de Wikipédia. D’ici au 31 mars, chacun aura rédigé au moins quatre articles sur une entité de son territoire et modifié une centaine d’autres, que ce soit en corrigeant des fautes d’orthographe ou en bonifiant l’information, par exemple. L’exercice a aussi mené à faire l’inventaire des articles Wikipédia déjà existants à propos de chaque territoire, confirmant un manque à gagner dans plusieurs domaines, la majorité des articles portant sur la géographie des lieux, par exemple sur les rivières et les lacs. Au début du projet, sur plus de deux millions d’articles dans la branche francophone de Wikipédia, moins de 2000 abordaient des sujets liés au Croissant boréal. Le prochain volet du projet consiste en la formation d’un WikiClub couvrant tout le Croissant boréal. Des groupes de volontaires seront invités à se joindre à des activités de formation, de collecte de données et de rédaction d’articles, entre autres. Les ADT et les coordonnatrices serviront alors de ressources techniques. Il s’agit donc d’une démarche collaborative à laquelle toute la population est invitée à participer. La programmation des ateliers se trouve depuis le 26 janvier sur le groupe Facebook du WikiClub Croissant boréal et sur la page Wikipédia du projet.
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SPÉCIAL INNOVATION
– INNOVATION –
DE PETITES TERRES, UN POTENTIEL ÉNORME ARIANE BARRETTE
À Lorrainville au Témiscamingue, un projet d’agriculture innovante commence à voir le jour : le projet Petites Terres. Alors que la superficie des terres agricoles atteint habituellement 200 acres et plus, le projet Petites Terres vise plutôt à rendre accessibles quatre terres d’une superficie de 25 acres à de futurs agriculteurs. Pour la MRC de Témiscamingue (MRCT), le concept d’agriculture innovante – dans lequel s’inscrit ce projet – constitue un des pôles d’excellence pour le développement de son territoire.
rendre accessibles quatre terres pour l’agriculture à petite échelle. Selon Simon Gélinas, maire de Lorrainville, la demande se fait sentir : « Il y a une demande en petites terres, soit pour des raisons financières ou encore par désir de commencer petit. On veut offrir cette possibilité aux agriculteurs et bien les accompagner dans leurs démarches. » Dès la première année, les promoteurs devront faire la démonstration de la valeur de leur projet agricole pour assurer la poursuite du projet.
Mais qu’entendons-nous par agriculture innovante? Pour Claire Bolduc, préfète de la MRCT, une agriculture dite innovante se démarque par son mode de production, par son mode de propriété ou encore par l’émergence d’une nouvelle production. « Le pôle d’excellence, c’est de savoir regarder l’agriculture avec un autre regard et de montrer la performance des autres types d’agriculture », précise Mme Bolduc. Le pôle des agricultures innovantes permettra de diversifier les activités agricoles au Témiscamingue, de faire reconnaître la valeur et la qualité du territoire agricole et de favoriser l’occupation du territoire. Dans le cas du projet Petites Terres, la municipalité de Lorrainville permettra une production à petite échelle où différents promoteurs pourront développer le projet agricole de leur choix et innover.
La municipalité de Lorrainville, accompagnée de la MRCT et de partenaires (Fonds de développement des territoires et Desjardins), est précurseure dans ce type de projet au Québec. « On veut faire de ce projet une vitrine de possibilités en agriculture et montrer qu’on peut retirer des bénéfices de l’agriculture à petite échelle. Pour ce faire, on a besoin d’agriculteurs motivés et innovants. Le projet appartient aux futurs producteurs », révèle Mme Bolduc. M. Gélinas et Mme Bolduc mentionnent aussi vouloir offrir un accompagnement soutenu aux promoteurs agricoles pour assurer la réussite de leur projet, tant pour la formation, la production, la transformation, la mise en marché ou le logement.
Il y a huit ans, la municipalité de Lorrainville amorçait ses démarches auprès de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). Après trois demandes, dont deux refusées, un projet pilote résulte des décisions de la CPTAQ. La municipalité obtient alors l’autorisation de
Beaucoup de travail reste encore à faire, mais les responsables du projet Petites Terres sont optimistes quant à sa réussite et espèrent pouvoir étendre le projet dans d’autres municipalités du Témiscamingue. Des petites terres qui peuvent en faire rêver plus d’un!
www.ville.lasarre.qc.ca 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE ( QC ) J9Z 1Y3 maison.de.la.culture.lasarre Ville de La Sarre
BOUTIQUE
PROLONGATION
DE L’EXPOSITION
JUSQU’AU 16 FÉVRIER 2021 QUAND BOUCAR DIOUF S’INTÈGRE AU BOIS... MARIE-ANNICK VIATOUR & GAÉTAN BERTHIAUME
22 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
25 FÉVRIER AU 22 AVRIL 2021 INTERLOCUTION ANNIE CANTIN
SPÉCIAL INNOVATION
– INNOVATION –
FIERTÉ VAL-D’OR : UNE CÉLÉBRATION UNIQUE DE LA DIVERSITÉ LYDIA BLOUIN
En novembre dernier se tenait l’édition 1.5 d’un festival dédié aux personnes 2SLGBTQ+, le premier événement du genre en Abitibi-Témiscamingue. Voici un tour d’horizon de ce projet innovant.
Étant dans une région éloignée des grands centres, les fiertés les plus proches se trouvent à plusieurs heures de route, ce qui ne correspondait pas aux besoins de la communauté. Par ailleurs, l’organisme espérait freiner un phénomène d’exode observé depuis quelques années chez les membres de la diversité sexuelle : « En créant des événements comme ça, en ayant une communauté plus forte, ça fait en sorte que les gens ne se disent plus qu’ils sont obligés d’aller vivre dans les grands centres pour vivre leur vie pleinement. » Ainsi, des conférences, des activités, des DJ et des projets artistiques se sont ajoutés à la marche et ont permis aux membres de la communauté 2SLGBTQ+ ainsi qu’à leurs alliés de se rassembler dans une ambiance conviviale. La première édition, en mai 2019, avait beaucoup plu aux festivaliers venus d’un peu partout au Québec et même de Barrie, en Ontario, pour découvrir l’événement. C’était d’ailleurs l’un des buts : promouvoir la région et ses attraits pour les gens issus de la diversité d’orientation et de genre.
COURTOISIE DE FIERTÉ VAL-D’OR
Préparant une marche pour la communauté chaque année, l’organisme Fierté Val-d’Or a décidé de créer un vrai festival il y a deux ans. « On faisait déjà la marche, mais on s’est rendu compte que c’était un besoin des gens de la communauté en Abitibi d’avoir un festival, d’avoir une place où se rassembler, pas juste avoir des petits événements hebdomadaires, mais pouvoir le souligner pleinement », explique Étienne Gignac, l’un des membres fondateurs.
7 AU 13
FÉVRIER
2021
COURTOISIE DE FIERTÉ VAL-D’OR
L’ouverture du festival aux personnes trans, autochtones et d’âge mûr avait ravi les visiteurs qui bénéficiaient d’un prix d’entrée modique pour les activités. « On a été le premier festival à avoir deux coprésidentes trans », souligne Étienne. « Pour nous, c’est essentiel qu’il y ait une présence autochtone parce qu’on est sur leur territoire, parce qu’on travaille dans la réconciliation, parce qu’on a une membre de notre CA qui est autochtone elle aussi », ajoutet-il. Il termine en précisant que l’organisme travaille principalement avec des personnes de 40 ans et plus, fondateurs du mouvement en Abitibi, mais que leur clientèle se rajeunit de plus en plus. Les activités de l’organisme sont particulièrement importantes en cette période de confinement où les membres de la communauté sont davantage isolés. C’est la raison pour laquelle, malgré les limites reliées à la pandémie, les organisateurs demeurent satisfaits d’avoir présenté une petite version du festival en novembre 2020. Cette fois, 75 personnes étaient présentes. C’est un rendez-vous pour la deuxième édition, officielle cette fois-ci, qui se tiendra après la pandémie de COVID-19. Alliés de la communauté, vous êtes bienvenus : tout le monde est accueilli à bras ouverts dans ce festival haut en couleur.
8 FÉVRIER, 19H
DU 8 AU 13 FÉVRIER
Visionnement du film « Les Fros », de Stéphanie Lanthier
Photoreportages sur les projets de développement du CSI Corcovado et sur des parcours de migrants
gratuit, diffusion en ligne via Zoom
Suivi d’une discussion en collaboration avec la Mosaïque interculturelle
Directement sur le site csicorcovado.org
10 FÉVRIER, 19H
gratuit, diffusion en ligne via Zoom
Inscription et programmation complète au www.csicorcovado.org
Visionnement du court-métrage documentaire « Derrières les frontières », de Solène Anson
Pour plus d’informations : E CSI.Corcovado education@csicorcovado.org
Suivi d’une discussion en ligne avec la réalisatrice et les participants au film.
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SPÉCIAL INNOVATION
– INNOVATION –
QUATRE COMMUNAUTÉS ANICINABEK S’UNISSENT POUR PRENDRE EN CHARGE LES SERVICES EN PROTECTION DE LA JEUNESSE MARIANE MÉNARD
En décembre 2020, les communautés anicinabek de Kitcisakik, Lac-Simon, Long Point et Pikogan concluaient une entente avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT) et le gouvernement du Québec pour la prise en charge des Services Enfance et Famille en protection de la jeunesse et en justice pénale pour les adolescents. Ce changement, qui marque l’aboutissement de deux années de négociations, permettra à ces communautés d’adapter les services de protection à l’enfance aux réalités culturelles et historiques des familles autochtones. L’organisme Mino Obigiwasin, qui représente les quatre communautés dans ce dossier, pilote la création et la mise en application d’un programme élaboré en fonction des besoins, des préoccupations et des valeurs des familles anicinabek. Après avoir mené des consultations dans les quatre communautés afin de créer son modèle unique, l’organisation est en pleine expansion et cherche à augmenter ses effectifs dans le but de mettre en œuvre tous les pans de son plan d’action. UNE APPROCHE REPOSANT SUR LA COMPASSION « Il va y avoir plus de délicatesse dans l’approche », affirme d’emblée Peggie Jérôme, directrice générale de Mino Obigiwasin, pour décrire le modèle anicinabe en matière de protection de la jeunesse. « On veut amener l’empathie, la compassion par rapport à l’histoire de ce que les autochtones ont vécu et la souffrance qui existe dans les communautés. On veut sensibiliser [les intervenants non autochtones], on veut avoir leur aide, on veut qu’ils nous aident à guérir et à prendre soin de nous-mêmes », expose Mme Jérôme. Selon Roch Riendeau, coordonnateur clinique à Mino Obigiwasin, le modèle québécois en protection de la jeunesse est intimidant, tant pour les familles autochtones que pour les familles allochtones, notamment en raison de sa lourdeur administrative. « Ça fait peur en milieu non autochtone, alors imaginez une machine de blanc qui arrive dans les communautés », illustre M. Riendeau. Celui qui travaille depuis trente ans auprès des communautés autochtones remarque que les intervenants sont généralement armés de bonnes intentions, mais que la judiciarisation des dossiers et l’accumulation des suivis intimident. « Cette approche-là, c’est une approche qui est vue par les communautés comme colonisatrice », soutient-il. C’est
« On veut amener l’empathie, la compassion par rapport à l’histoire de ce que les autochtones ont vécu et la souffrance qui existe dans les communautés. » donc à travers une démarche sensible aux réalités historiques et culturelles des Autochtones que l’organisme a mis en place une équipe d’intervenants anicinabek « qui vont faire de l’accompagnement des jeunes intervenants non autochtones et qui vont aussi rassurer la famille, [en s’assurant] que la communication soit bonne, [que le message] soit compris de part et d’autre », précise M. Riendeau. Pour Peggie Jérôme, la présence d’intervenants issus du milieu permettra d’instaurer un climat de confiance. « Quand il y a un intervenant anicinabe qui va [sur le lieu d’une intervention] avec un intervenant allochtone, il y a déjà moins de tension, parce que [l’intervenant anicinabe] connaît cette famille-là. On connaît les grands-parents, on connaît les frères et sœurs et tout l’entourage de cette famille-là […] et cela sécurise la famille », illustre-t-elle. MOBILISER LA FAMILLE GRÂCE AU CERCLE DES AIDANTS Pour ajouter une dimension culturelle à l’approche en protection de la jeunesse, Mino Obigiwasin a mis en place le « cercle des aidants », un principe visant à mobiliser la famille élargie et l’entourage d’un enfant pour augmenter les chances de « fermer » un signalement. « [Cela] permet aux parents de se mobiliser avec la famille élargie et avec les services de première ligne de la communauté. À ce moment-là, la personne qui fait les vérifications complémentaires sur le terrain va appeler [à la rétention des signalements] et dire “voici ce qui a été mis en place avec le cercle des aidants”. À notre avis, ça va être gagnant, ils vont fermer le signalement parce que la famille s’est mobilisée », expose Roch Riendeau.
Trois membres de l’équipe de Mino Obigiwasin : Roch Riendeau, coordonnateur clinique, Peggie Jérôme, directrice générale et Mario Wabanonik, intervenant anicinabe. Photo : courtoisie 24 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
SPÉCIAL INNOVATION
DES APPROCHES NOVATRICES AUTOCHTONES POUR INSPIRER LE MODÈLE QUÉBÉCOIS? Si le modèle anicinabe en protection de la jeunesse semble novateur, Peggie Jérôme nous rappelle qu’il est issu d’une approche culturelle et historique reconnaissant la compétence des Autochtones en ce qui concerne leurs propres besoins. « On est nos propres experts, pour nous-mêmes, et de se faire toujours imposer des affaires, ça vient très frustrant aussi », mentionne Mme Jérôme. Et tandis que la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse sous la présidence de Régine Laurent a pour mandat d’enquêter sur les services de protection de la jeunesse à l’échelle provinciale, Québec pourrait-il s’inspirer des méthodes et de l’expertise des Premières Nations pour repenser son propre système? « Si on lit les faits saillants de la commission Laurent, on se rend compte que ce qu’on fait chez Mino Obigiwasin prend compte de beaucoup de constats qui ont été faits et qui sont en train de sortir de la Commission », indique l’agent de communications de Mino Obigiwasin, Marc-Antoine Jetté. DES AVANCÉES ET DES DÉFIS Chez Mino Obigiwasin, l’approche misant sur l’empathie, l’accompagnement et la collaboration est assurément perçue comme un moyen de rétablir et de maintenir l’équilibre dans les familles et les communautés. « On connaît l’histoire des pensionnats et ses impacts intergénérationnels. Il y a toute cette éducation-là qu’il faut ramener dans nos vies, dans notre équilibre de vie et avec toutes nos familles », explique Peggie Jérôme, nous rappelant du même souffle qu’il s’agit d’un processus dont les effets n’apparaîtront pas du jour au lendemain. Par ailleurs, au défi de rétablir l’équilibre dans les communautés s’ajoute celui de la reconnaissance de la compétence des Autochtones en matière de services à l’enfance et à la famille. En effet, malgré l’importante avancée que représente la signature d’une entente entre les communautés anicinabek et le CISSSAT, soulignons que Québec conteste la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis (C-92) sanctionnée par le gouvernement du Canada en 2019. Cette loi reconnaît le droit des Autochtones de concevoir des services aux enfants et aux familles adaptés à leurs réalités singulières et d’exercer une compétence partielle ou complète en la matière. Selon Peggie Jérôme, la contestation de la loi fédérale représente un obstacle pour les communautés puisque c’est cette loi qui leur permettrait de s’affranchir complètement des institutions et de l’État québécois en ce qui a trait aux services à l’enfance et à la famille. « [Le gouvernement du Québec] veut tout contrôler sur nos activités et sur nos vies alors qu’il y a déjà beaucoup de dommages qui ont été faits par rapport à la province », déplore-t-elle. Rappelons enfin que Québec s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, parmi lesquelles on compte « un engagement et un soutien réel en faveur de la conclusion d’entente avec les nations et communautés autochtones pour la mise en place de régime particulier de protection de la jeunesse ».
Le choix du nom de l’organisme Mino Obigiwasin a fait l’objet d’un concours. Proposé par Juliette Mowatt, une aînée de Pikogan, il signifie « bien élever » en langue anicinabe. Également sélectionné dans le cadre d’un concours, le logo de l’organisation est une création de Dave Papatie, de Lac-Simon.
– INNOVATION –
MUSÉO-FAMILLE : LE MUSÉE, C’EST POUR TOUT LE MONDE! GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU
Depuis sa fondation en 2008, le Réseau muséal de l’Abitibi-Témiscamingue (RMAT) cumule les projets novateurs pour remplir chaque volet de sa mission : le partage d’expertise, la dynamisation du réseau par l’entremise d’actions concertées, la création d’une force de représentation et la diffusion et la promotion du produit muséal régional. C’est dans ce cadre, par exemple, qu’ont été créées les escouades d’intervention muséale, consistant à mandater un groupe de trois experts pour répondre concrètement à une problématique vécue par une institution muséale, une idée originale du RMAT qui a inspiré d’autres institutions culturelles. Toujours dans le souci d’améliorer son offre de façon novatrice, le RMAT a lancé l’été dernier l’application Muséo-famille, le volet numérique d’un grand projet pour favoriser l’accès aux institutions muséales régionales à un public familial. Selon Audrey Desrochers, coordonnatrice du RMAT, les institutions muséales régionales ont souvent vu des familles, ravies de leur visite, confier qu’elles avaient pourtant hésité à s’y rendre, de peur que l’activité ne soit pas adéquate pour les enfants. Elle ajoute que l’idée voulant que les musées soient des lieux plutôt austères où on n’a le droit de toucher à rien persiste, malgré la présence accrue d’activités interactives. Il est donc essentiel de mettre les gens au courant de ce changement et des services offerts pour les familles. L’objectif de la démarche Muséo-famille consistait donc à créer un sceau de qualité apposé aux musées offrant une gamme de services aux familles, indiquant clairement à celles-ci la garantie d’une expérience plaisante. L’acquisition de matériel pour améliorer les services familiaux, par exemple des tables à langer, fait aussi partie de la démarche. Comme le souligne Audrey Desrochers, le fait d’attirer les familles vers des expériences de qualité permet de rejoindre un public large, entre autres les plus jeunes, contribuant ainsi au renouvellement de la fréquentation des institutions muséales et à l’appropriation du patrimoine régional par la population. L’application Web Muséo-famille permet de découvrir l’offre muséale de la région dans un décor ludique et coloré. On y trouve de l’information sur chaque institution et sur les services offerts aux familles, la possibilité de créer des avatars originaux, de tester ses connaissances, etc. Les musées membres du RMAT ont été consultés à plusieurs étapes du développement de l’application, permettant ainsi d’offrir un produit qui leur plairait et leur donnerait envie d’en faire la promotion. Selon Audrey Desrochers, le fait que la moitié des institutions muséales aient été fermées l’été passé en raison de la COVID-19 a rendu plus difficile la publicisation du produit, mais plusieurs commentaires très positifs ont tout de même été émis et les idées abondent pour poursuivre le développement. Elle a donc confiance que 2021 permettra une nouvelle lancée pour l’application. L’année à venir est bien remplie pour le RMAT, qui travaille actuellement sur un projet de diffusion en ligne des collections muséales de la région, dont un premier échantillon sera révélé au printemps. Des projets en conservation préventive des collections sont aussi au programme, et le RMAT compte également poursuivre des efforts soutenus pour le développement de l’accessibilité universelle dans les institutions muséales régionales.
L’INDICE BOHÉMIEN FÉVRIER 2021 25
SPÉCIAL INNOVATION
– ENVIRONNEMENT –
DES INN0VATIONS RÉGIONALES POUR CONTRER LES PROBLÉMATIQUES ENVIRONNEMENTALES ISABELLE LEBLANC, CHARGÉE DES COMMUNICATIONS AU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (CREAT)
Hubert Reeves écrivait dans sa lettre éditoriale du 4 janvier 2020 : « Et maintenant, nous, les humains, connaisseurs de notre passé et devenus ces êtres capables de conscience : qu’allons-nous faire de notre futur? » En ce début d’année 2021, la question se pose plus que jamais. En parcourant les articles de différents médias d’information, il est intéressant de constater qu’il y a énormément d’outils et de techniques créés à travers le monde pour résoudre les problématiques environnementales comme la réduction des gaz à effet de serre (GES). Le travail des médias dans la transmission de ces innovations est crucial pour le savoir collectif. Pourvu que celles-ci soient reconnues, propulsées et soutenues par les grands décideurs. En voici trois réalisées dans la région. DU BŒUF CARBONEUTRE Simon Lafontaine et Frédérique Lavallée sont agronomes de formation. Ensemble, ils sont propriétaires de la ferme Écoboeuf, située à Dupuy. Ils avancent la théorie voulant qu’il soit possible de produire un bœuf carboneutre. Ils pratiquent la technique du pâturage par rotation, qui consiste à changer les vaches de parcelles plusieurs fois par jour afin que les végétaux aient plus de temps pour repousser et ainsi capturer davantage de carbone dans le sol. De plus, les animaux se nourrissent exclusivement d’herbe, le travail au sol est réduit, aucun pesticide n’est utilisé et des arbres sont plantés pour compenser les émissions. Ils ont d’ailleurs remporté deux prix au Défi OSEntreprendre Abitibi-Témiscamingue, en 2019. Cela ne réglera pas tous les problèmes liés à la consommation mondiale de viande qui est en moyenne cinq fois plus élevée que dans les années 1960. Toutefois, le fait de consommer modérément du bœuf carboneutre résoudra une partie du problème. UNE SYMBIOSE INDUSTRIELLE QUI VAUT DE L’OR La MRC de la Vallée-de-l’Or (MRCVO) a mis sur pied en novembre dernier sa plateforme de compostage et de collecte sur son territoire, mais elle a aussi poussé l’idée plus loin. De 2021 à 2025, la MRCVO travaillera en partenariat avec la compagnie minière Eldorado Gold Québec afin de lui fournir 15 000 tonnes métriques de compost pour la restauration de son parc à résidus miniers. Un circuit d’à peine 5 km les sépare. Un bel exemple de symbiose industrielle en circuit court, qui fera probablement quelques jaloux, car pour revitaliser ces sites, il faut beaucoup de compost. De plus, en vertu de la Loi sur les mines, « Tous les terrains affectés par l’activité minière (par exemple les aires d’accumulation de résidus miniers) doivent être mis en végétation afin d’en contrôler l’érosion et de redonner au site un aspect naturel en harmonie avec le milieu environnant ». Comme quoi les déchets des uns font le bonheur des autres. UN CIRCUIT ÉLECTROTOURISTIQUE VOIT LE JOUR EN 2021 Coordonné par Frédéric Charron, chargé de projet au CREAT, un projet de circuit touristique électrique verra le jour en 2021. Actuellement, 32 bornes de niveau 2 et 10 bornes de niveau 3 (BRCC) sont disponibles dans le circuit électrique
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26 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
d’Hydro-Québec en Abitibi-Témiscamingue. L’objectif général du projet est d’ajouter les infrastructures adéquates pour favoriser l’utilisation de véhicules électriques partout dans la région et de réduire par le fait même les émissions de GES liées au transport. Ainsi, l’organisme coordonnera l’installation de 16 bornes de recharge à travers la région, dont 14 de niveau 2. Actuellement, 10 bornes de niveau 2 sont déjà installées, à Rouyn-Noranda, Preissac, La Corne, Barraute, Sainte-Germaine-Boulé, Palmarolle, Macamic, Lorrainville, Malartic et Senneterre. Les autres seront accessibles au courant de 2021. Les innovations fusent au Québec comme partout dans le monde. À ce stade-ci du processus, il est temps de passer à l’action et de permettre à toutes ces découvertes de rayonner et de vraiment changer les choses, pour le mieux-être de la biodiversité. Sinon, peut-être nous reposerons-nous la même question l’an prochain, mon cher Hubert : « Qu’allons-nous faire de notre futur? »
SPÉCIAL INNOVATION
– PREMIÈRES NATIONS –
– M A R É G I O N , J ’ E N M A N G E –
UN CONSTANT RENOUVEAU?
GÂTEAU AU CITRON
RICHARD KISTABISH, PRÉSIDENT DE MINWASHIN
ET PAVOT, DE
Nos ancêtres ont toujours innové dans leur mode de vie, ont toujours pris le temps nécessaire pour le faire. C’est la seule manière. Réfléchir avant d’agir. C’était leur mode de vie, notre mode de vie. L’innovation nous a permis de survivre, mais surtout de vivre en santé et en harmonie avec notre environnement. Nous étions à « l’écoute » de tout ce qui nous entourait. Nous avions les enseignements nécessaires des animaux qui marchent, qui volent et qui nagent. Nous avions aussi les enseignements des plantes et des arbres. Nous avions appris les relations qu’entretenaient tous ces éléments vivants. Et nous avions aussi établi notre relation avec ces « êtres vivants ». Nous communiquions très étroitement avec eux, dans le respect. Nous nous sommes aidés mutuellement. C’était le seul mode de vie que nous connaissions. Et un jour, il y a eu « l’arrivée ». Bouleversement complet et total! Nous devions (encore une fois) nous adapter. Innover une fois de plus. Quoi de mieux que de se remémorer notre passé pour le faire? Essayer. Expérimenter. Pratiquer. Faire des erreurs. Faire toutes ces activités avec ce que nous avons reçu en tant qu’humain. Avec humour! Faire des choses avec un certain plaisir. C’est avec notre sens de l’humour que nous avons trouvé le moyen d’innover! Nous nous sommes adaptés à la réalité d’aujourd’hui. Cela a nécessité beaucoup de sacrifices. Beaucoup de courage. Et nous sommes encore ici en 2021. (Alive and kicking!) Nous avons recommencé à entretenir l’espoir. Nous avons continué de nous battre pour conserver notre langue, notre culture et notre identité. Aujourd’hui, nous devons utiliser la technologie pour arriver à maintenir notre rythme de développement. Nous devons trouver de nouvelles façons de faire pour conserver notre patrimoine et notre héritage. Nous ne recevrons pas de cadeaux de la part des autorités pour le faire. Il ne faut jamais oublier que le Canada n’a jamais voulu de nous. Avec l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits autochtones, nous aurons des opportunités des deux côtés pour INNOVER dans les relations de travail, de respect et surtout d’égalité.
NELSON À ROSÉLIE RÉGIS HENLIN, LES BECS SUCRÉS-SALÉS (VAL-D’OR)
INGRÉDIENTS 4 2 250 ml (1 t.) 125 ml (½ t.) 250 ml (1 t.) 5 ml (1 c. à thé) 60 ml (¼ t.) 30 ml (2 c. à s.) 30 ml (2 c. à s.)
gros œufs citrons zestés sucre crème 35 % farine poudre à pâte beurre fondu froid graines de pavot rhum
MÉTHODE Mélanger les œufs et le sucre, puis ajouter la crème 35 %. Incorporer délicatement la farine tamisée et la poudre à pâte, puis ajouter le beurre fondu froid, le rhum et les graines de pavot. Mettre dans un moule beurré et fariné, puis cuire au four environ 45 minutes à 175 °C (350 °F).
Si tout se passe bien, 2021 sera l’année du renouveau et de l’innovation. Démouler et servir avec amour (et coulis de framboise). Cette chronique est réalisée en collaboration avec Minwashin.
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28 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
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– THÉÂTRE –
LE THÉÂTRE DÉMOCRATIQUE DE JULIE RENAULT GABRIEL DAVID HURTUBISE
La région connaît Julie Renault pour sa grande implication dans le milieu culturel. Elle performe surtout sur scène, mais aussi à l’écran. Elle raconte, chante, écrit et probablement plus encore. Celle qui occupe depuis octobre 2020 le poste de directrice générale et artistique du Théâtre du Tandem souhaite transmettre au public régional sa vision d’un théâtre accessible et de qualité. Sitôt diplômée de l’option théâtre du Collège Lionel-Groulx en 2012, la jeune femme se lance dans la création d’une compagnie de théâtre, quelque part entre ici et Montréal. Cet « ici », elle n’a jamais pu le quitter, tout comme « là-bas », d’où elle revient et part toujours. De ce jeu ambigu de pied-à-terre, le Théâtre en Quec’Part a tiré une habile devise : « S’il y a une chose de vrai dans ce monde, c’est que peu importe où on est, on est en quelque part ».
Et qu’en est-il de ce poste de directrice du Tandem? Diriger un théâtre était un rêve qu’elle entretenait « pour plus tard ». Elle ne cache pas son admiration pour celle qui l’a poussée dans le milieu de la production : « Hélène Bacquet l’a fait seule, avec brio, pendant des années. Elle est extraordinaire. » À la vue de l’appel de candidatures, Julie s’est surprise à penser « il est trop tôt », puis « et si c’était la seule opportunité? » L’audace l’a emporté. Et de l’audace, elle en a certainement. Il faut dire qu’en tant que jeune femme, elle représente un cas d’exception à la tête d’un théâtre. À ce sujet, les mentalités sont appelées à se transformer, et c’est aussi ce qu’elle va chercher à faire : « Je suis reconnaissante qu’ils [le CA du théâtre] laissent place à la jeunesse. Je veux essayer de donner la place aux femmes, encourager les choses. » La formule à adopter? Aller partout, aborder des thèmes universels, dialoguer avec les citoyens. Avec vous, en bref!
PAUL-PATRICK CHARBONNEAU
Dès les débuts de la compagnie de production, la Rouynorandienne plonge dans l’écriture d’une pièce de théâtre, Starshit, avec Jonathan Caron, diplômé de la même cuvée qu’elle. C’est avec l’aide précieuse d’Hélène Bacquet, alors directrice du Théâtre du Tandem, que les deux camarades se lancent dans l’aventure. Vient ensuite la création de Cor à contes, avec Frédérik Fournier et Élisabeth Tremblay. La pièce alliant habilement conte et chanson, puis vérité et imaginaire, a été jouée à Montréal et dans plusieurs lieux en Abitibi-Témiscamingue, du Musée de la gare de Témiscaming à un terrain de balle de Nédélec. Selon Julie, c’était une manière de démocratiser l’art : rejoindre le public dans la rue plutôt que de l’inviter au théâtre. « Il y a
moyen de faire du très bon théâtre accessible, pas seulement pour les gens du milieu, qui rejoint beaucoup de monde, donne envie de lire un livre. » Dans le même ordre d’idées, de grandes œuvres peuvent être traduites en théâtre de marionnettes comme Guerre et paix, que Julie a déjà adaptée de la sorte : « Tout est possible, via ce moyen d’expression. L’imaginaire est sans limites. L’humour est très présent, mais ça peut rapidement devenir touchant. La plupart des gens pensent que c’est destiné aux enfants. Je voudrais démontrer que la marionnette est aussi pour les adultes. »
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30 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Le présent calendrier est publié en présumant d’une réouverture des lieux de diffusion après le 8 février. Selon les éventuelles mesures annoncées par le gouvernement concernant le COVID-19, il se peut que certains des spectacles en présentiel du calendrier soient annulés. Veuillez vous référer directement aux diffuseurs pour les informations les plus à jour. Merci de votre compréhension.
DANSE
HUMOUR
Chute libre – LaboKracBoom 21 févr., Théâtre du cuivre (RN)
Hypocrite – Billy Tellier 11 févr., Théâtre des Eskers (Amos) 12 févr., Théâtre du cuivre (RN) 13 févr., Théâtre Télébec (VO)
THÉÂTRE Le poids des fourmis – Théâtre Bluff 26 févr., Théâtre des Eskers (Amos)
Comme une bouteille à la mer – Guillaume Beaulieu 13 févr., Le Rift (Ville-Marie)
MUSIQUE Dé-confiné – Damien Robitaille 10 et 11 févr., Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN) Les Immortels 13 févr., Théâtre du cuivre (RN) 14 févr., Théâtre Télébec (VO) Backstage – Souldia 12 févr., Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN) 13 févr., Brasserie La Brute du Coin (La Sarre) Acoustic… Son nouveau concert – Roch Voisine 16 févr., Théâtre du cuivre (RN) 17 févr., Théâtre Télébec (VO) 18 févr., Théâtre des Eskers (Amos) 19 févr., Salle de spectacles Desjardins (La Sarre)
CONTE
EXPOSITIONS Quand Boucar Diouf s’intègre au bois… Marie-Annick Viatour et Gaétan Berthiaume Jusqu’au 16 févr., Centre d’art de La Sarre Site de rencontre avec l’art Jusqu’au 21 févr. 2022 MA Musée d’art (RN) Ourse bleue – Piciskanâw Mask Iskew Virginia Pesemapeo Bordeleau Jusqu’au 7 mars MA Musée d’art (RN)
DIVERS Atelier d’initiation à l’acrylique 10 févr. au 31 mars MA Musée d’art (RN) Atelier libre 12 févr. au 11 juin MA Musée d’art (RN) Dessin de modèle vivant 13 févr. au 5 juin MA Musée d’art (RN)
Le noir de l’encre – Collectif Jusqu’au 14 mars MA Musée d’art (RN)
Tom, 15 chansons de Tom Waits, 15 courts films 13 févr., Petit Théâtre du Vieux Noranda
Interlocution – Annie Cantin 25 févr. au 22 avr., Centre d’art de La Sarre
La traversée du lac Abitibi 25 févr., Petit Théâtre du Vieux Noranda
Nostalgia – Marc Hervieux 26 févr., Théâtre Télébec (VO) 27 févr., Le Rift (Ville-Marie) 28 févr., Théâtre du cuivre (RN)
CINÉMA
Salon d’écoute, une activité spéciale 25 févr., Théâtre des Eskers (Amos)
Romanze – Caroline Gélinas 27 févr., Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN)
République dominicaine – Aventurier voyageur 24 févr., Cinéma Amos
Brûle sur mes lèvres – Isabelle Cyr 17 févr., Théâtre des Eskers (Amos) 18 févr., Théâtre Lilianne-Perreault (La Sarre) 19 févr., Théâtre du cuivre (RN) 20 févr., Le Rift (Ville-Marie)
Un divan à Tunis – Manele Labidi 14 et 15 févr., Théâtre du cuivre (RN)
Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans la prochaine édition de L’Indice bohémien, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, à partir du site Web du CCAT au ccat.qc.ca/soumettre-evenement.php. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.
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Plus que jamais, les gestes simples sont notre meilleure protection pour lutter contre le virus. Maintenons la distanciation physique Portons le masque Lavons-nous les mains régulièrement Évitons les déplacements et les voyages non essentiels En cas de symptômes, passons le test rapidement Respectons les consignes d’isolement
On continue de bien se protéger.
Québec.ca/coronavirus 1 877 644-4545
32 FÉVRIER 2021 L’INDICE BOHÉMIEN