MAI 2021 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL.12 - NO. 08

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - MAI 2021 - VOL 12 - NO 08

GRATUIT

100 ANS DE FIBRES ET DE BOIS

+ SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

07

L A GÉOPOÉSIE EN EXPOSITION

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10 E ROMAN EN 10 ANS POUR CL AIRE BERGERON

13

PRIX LIT TÉRAIRE DES COLLÉGIENS : CRITIQUE D’ÉTUDIANTS DU CÉGEP

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PROJET AKI SIBI : RENAÎTRE GRÂCE AU TERRITOIRE

21

TOUS ÉGAUX FACE À L A VILLE?


L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5

DISTRIBUTION

Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org

L’Indice bohémien poursuit sa distribution en respectant les mesures de santé et de sécurité. Pour devenir un lieu de distribution, contactez Valérie

CHRONIQUES

ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien

Martinez à direction@indicebohemien.org.

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative de

Merci à l’ensemble de nos collaboratrices et collaborateurs bénévoles pour

solidarité du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en

leur soutien et leur engagement.

novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et

CULTURAT 27

indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et

ÉDITORIAL 3

les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

ENVIRONNEMENT 29 ESPACES INTELLIGENTS

23

Voici nos collaborateurs bénévoles pour ce numéro : MRC D’ABITIBI

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau, Jocelyne Cossette, Paul Gagné,

HISTOIRE 8

Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda

Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne et Sylvie Tremblay.

L’ANACHRONIQUE 6

Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or

MA RÉGION, J’EN MANGE

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

MRC D’ABITIBI-OUEST

Joanie Harnois, secrétaire | MRC de Témiscamingue

Colette Langlois, Raphaël Morand, Sophie Ouellet et Mario Tremblay.

30

Lyne Garneau | Ville de Rouyn-Noranda

SOMMAIRE

Pascal Lemercier | Ville de Rouyn-Noranda

VILLE DE ROUYN-NORANDA Gilles Beaulieu, Anne-Marie Lemieux, Valérie Martinez, Suzanne Ménard,

À LA UNE

5

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

ARTS VISUELS

7

Valérie Martinez

Annette St-Onge et Denis Trudel.

BALADO 7

direction@indicebohemien.org

MRC DE TÉMISCAMINGUE

CINÉMA 25

819 763-2677

Émilie B. Côté, Véronic Beaulé, Carole Marcoux et Lise Millette.

FESTIVAL 9

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

LITTÉRATURE

11 À 15

Jade Bourgeois, coordonnatrice

Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Caroline Leblanc, Renaud Martel,

MÉDIATION CULTURELLE

26

redaction@indicebohemien.org

Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber et Ginette Vézina.

PRIX LITTÉRAIRE

13 À 15

819 277-8738

ESPACES ET TERRITOIRE

18 À 22

Gabrielle Izaguirré-Falardeau, éditorialiste invitée

CONCEPTION GRAPHIQUE

Lise Millette, collaboratrice à la une

Feu follet

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

CORRECTION

Jade Auclair, Sarah-Maude Auger, Pascale Charlebois, Gabrielle Demers,

Geneviève Blais

Mathilde Dénommé-Cotten, Michel Desfossés, Joanie Dion, Mathieu Fortier, Joanie Harnois, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Hélène Jager, Aurore Lucas,

IMPRESSION

Philippe Marquis, Lise Millette, Yves Moreau, Laurence Rivard, Sophie Rivard,

Imprimeries Transcontinental

Geneviève Rouleau Lafrance et Dominique Roy.

TYPOGRAPHIE COORDINATION RÉGIONALE

Carouge et Migration par André SImard

Louise Magny | MRC d’Abitibi Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Alex Turpin-Kirouac | Ville de Rouyn-Noranda Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Stéphanie Poitras | MRC de la Vallée-de-l’Or

EN COUVERTURE Collage numérique réalisé par l’artiste multidisciplinaire

Certifié PEFC

Marie-Pier Valiquette

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

PEFC/01-31-106

2 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

www.pefc.org


– ÉDITORIAL –

SE (RE)DÉCOUVRIR GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

Lorsqu’on grandit en AbitibiTémiscamingue, on se retrouve presque inévitablement, à l’aube de la vingtaine, devant l’obligation de faire un choix : partir ou rester. Partir d’Abitibi-Ouest pour étudier à Rouyn-Noranda. Quitter Rouyn-Noranda pour les grandes universités de Montréal, Québec, Sherbrooke et les autres, ainsi de suite. Si certains se réjouissent de l’effervescence de la grande ville, c’est aussi à ce moment-là que d’autres, dont je fais partie, saisissent pour la première fois la profondeur de leurs racines et de leur attachement à la réalité régionale. En partant de RouynNoranda une première fois en 2016 et en la retrouvant quelques mois plus tard, j’ai su que je ne me sentirais nulle part autant chez moi que dans cette ville et dans cette région. Ainsi, me suis-je mise à affirmer de plus en plus fort mon appartenance à la région tout entière, sans réaliser que j’osais parler d’elle en grande savante alors que je n’en connaissais que des fragments, excluant nombre de petites collectivités, de communautés autochtones et d’enjeux incontournables.

plutôt une baisse démographique pour l’Abitibi-Ouest et le Témiscamingue, puis une très faible augmentation pour la MRC d’Abitibi. Ainsi, un déséquilibre semble en voie de se créer entre les secteurs plus urbains de la région et leur périphérie; et ses territoires plus ruraux, agricoles et excentrés, que l’on délaisse lentement, mais sûrement. N’est-ce pas pourtant précisément cette diversité des milieux et leur étendue qui fait toute la richesse de notre territoire? Dans l’Est témiscamien, où je me rends chaque semaine, les villages comptent moins de 500 habitants. Là-bas, l’exode de la population, directement lié à celui des services de proximité, est tout à fait tangible. Les adolescents que je côtoie dans ces communautés sont brillants, créatifs, curieux et ambitieux, mais souvent freinés dans leur accès aux services et aux loisirs par les distances à parcourir, par l’absence d’un service de transport en commun efficace ou encore par la couverture Internet déficiente. Selon les endroits, ils ne sentent pas toujours que leurs besoins sont pris en compte dans le développement de la communauté, alors qu’il serait plus que pertinent de les placer au centre de la revitalisation du milieu.

La dernière année et demie m’a menée, entre autres par mon passage à la coordination du contenu rédactionnel de L’Indice bohémien, à découvrir ma région comme jamais auparavant, en entrant en contact avec les acteurs culturels de chaque MRC, en me sensibilisant à leurs réalités, en échangeant avec des citoyens mobilisés, aux projets fous et rassembleurs. Puis, je me suis établie au Témiscamingue où je côtoie ses divers milieux. Ce qui m’a saisie, entre autres, dans cette redécouverte de mon territoire, c’est le constat encore plus concret de son étendue et la façon si particulière que l’on a de l’occuper.

On pourrait s’interroger sur la réelle nécessité de sauvegarder ces petites agglomérations où l’on a rarement besoin de mettre les pieds. Au-delà du fait qu’elles font partie de notre ADN collectif, qu’elles abritent nombre de trésors cachés, humains et naturels et que leur érosion ne saurait se produire sans affecter éventuellement l’ensemble de notre vitalité régionale, ces communautés, par leur situation si particulière, peuvent aussi être les incubatrices de nouveaux modèles de gouvernance, de médiation culturelle et de projets entrepreneuriaux novateurs.

Vous le savez comme moi, la région redouble d’ardeur pour attirer main-d’œuvre qualifiée, jeunes et nouveaux arrivants. Si, à l’échelle régionale, la tendance démographique projetée d’ici 2041 demeure relativement stable, cela semble se dessiner au profit de Rouyn-Noranda et de la Vallée-del’Or, alors que l’Institut de la statistique du Québec prévoit

J’appuie cette réflexion sur l’impressionnante mobilisation, l’inventivité et les efforts de plusieurs d’entre elles. Je pense entre autres à la planification stratégique du Témiscamingue, à la coop de plein air qui naîtra cet été, aux initiatives culturelles de Sainte-Germaine-Boulé, La Motte, Témiscaming et tellement d’autres, au magasin général de Moffet, à

JUIN

Alors que l’automne 2021 sera saison d’élections municipales, il serait sans doute temps, plus que jamais, de se mobiliser, entre jeunes, entre femmes, entre rêveurs, entre nouveaux arrivants, pour investir enfin les instances de nos communautés ou au moins, s’y intéresser de plus près. Je nous invite également, collectivement, à cultiver notre curiosité envers le territoire. Les réalités régionales sont multiples et méritent d’être découvertes. On mérite de se découvrir pour mieux se connaître, se solidariser, construire notre histoire, nos fiertés et nos identités communes. C’est en connaissant et en aimant chaque recoin de notre territoire qu’on aura le cœur de se mobiliser et de lutter pour sa sauvegarde et sa valorisation dans tous les domaines.

Admission temps partiel AU

TOM

N 2021

1

Il faut dire que même à plus petite échelle, les petits milieux ruraux font face à un autre défi de taille pour la mise en place de projets porteurs : l’essoufflement de leur démocratie locale. L’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue rapporte qu’en 2017, dans ces milieux, près de 75 % des élus municipaux ont gagné leur siège sans opposition et que de ce nombre, à peine 9 % étaient âgés de 35 ans et moins. Ainsi, bien que des pratiques de mise en commun des ressources, de développement durable et d’économie sociale, entre autres, aient prouvé leur efficacité pour la revitalisation de ces communautés, les potentiels porteurs de ces projets novateurs se font rares et se heurtent trop souvent aux défenseurs du statu quo.

E

DAT E L I M I T E ER

l’aménagement du Sentier des rapides de Rochebeaucourt, au dévouement d’organismes communautaires essentiels. Les initiatives sont nombreuses et ne peuvent qu’avoir des répercussions positives. En 2013, une publication de la Chaire de recherche en développement des petites collectivités de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) soulignait justement le potentiel de développement inexploité du milieu rural régional, les avantages d’y vivre et la créativité de ses habitants; mais aussi son faible poids politique comparé aux secteurs urbains et le manque de considération des gouvernements centraux envers ses réalités spécifiques.

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 3


MARIE-PIER VALIQUETTE 4 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


– À LA UNE –

100 ANS DE FIBRES ET DE BOIS LISE MILLETTE

Ville la plus au sud du Témiscamingue, l’endroit voit s’installer, en 1918, la Riordon Pulp and Paper Co, une entreprise forestière qui a fait naître sur les berges de la rivière des Outaouais les racines d’une industrie toujours active aujourd’hui et les premiers jalons d’une cité-jardin qui se constitue officiellement sous le nom de ville de Témiscaming en 1921. Encore aujourd’hui, 100 ans plus tard, la municipalité possède une identité propre et une architecture qui la distinguent des autres villes témiscamiennes. Du patrimoine bâti, avec ses maisons qui rappellent davantage la culture anglo-saxonne, la ville de Témiscaming marque sa différence comme l’explique Marie-Pier Valiquette, directrice du Musée de la Gare, qui sera un peu le carrefour des activités du centenaire. « C’est vraiment une ville unique en elle-même et différente du reste de la région. On y sent l’influence de l’Ontario et des communautés autochtones, et contrairement au reste du Témiscamingue, c’est la forêt qui prime », souligne-t-elle.

« C’est une ville qui, grâce à l’usine, est de plus en plus multiculturelle; on a des gens de tous les pays qui viennent travailler ici. Ça participe vraiment au paysage. Je dirais aussi que ça fait un cercle, puisque quand la compagnie est venue s’implanter, ce sont des immigrants sont venus s’implanter ici, alors c’est un retour naturel », poursuit Marie-Pier Valiquette. FEMMES DE PAPIER L’une des pièces maîtresses du centenaire est la présentation de l’exposition itinérante Femmes de papier, montée par Boréalis à Trois-Rivières. C’est une exposition qui vient rétablir la place des femmes dans l’histoire des pâtes et papier, profondément liée au travail des bûcherons et du travail en usines. « Cette exposition, c’est l’histoire des femmes dans l’industrie forestière. On y apprend des histoires de femmes, autant dans la forêt, que dans les camps de bûcheron, les usines et leur entrée sur le marché du travail avec l’évolution des lois, mais aussi tout ce travail invisible qu’elles ont effectué », précise la directrice du Musée de la Gare où est présentée l’exposition jusqu’au mois de septembre. EFFORT DE MÉMOIRE Marie-Pier Valiquette est née à Notre-Dame-du-Nord, mais a déménagé à Témiscaming très jeune. « J’étais trop jeune lorsqu’ils ont fêté le 75e, mais j’avais vu les activités par la bande. Depuis, je me suis intéressée à l’histoire, au patrimoine. Alors, dès que la municipalité a décidé de former un comité pour s’occuper du centenaire, j’ai voulu m’impliquer », confie Mme Valiquette. Élaborer une programmation pour des festivités d’envergure est néanmoins complexe avec des contraintes de santé publique qui fluctuent et qui se font imprévisibles, convient-elle.

MARIE-PIER VALIQUETTE

Au moment de sa fondation, c’est l’activité économique qui devance l’établissement d’une population qui afflue de partout. Aujourd’hui, des décennies après l’établissement d’une communauté, l’apport de l’usine au tissu social et à composition démographique est toujours aussi présent.

« C’est une charge mentale de plus d’organiser ça en pandémie. N’importe qui en création d’événements peut le dire. On est tout de même convaincus de pouvoir offrir plusieurs choses pendant l’été. » Parmi les activités qui seront proposées et dont la tenue est assurée, mentionnons le dévoilement de la capsule temporelle qui avait été préparée en 1996 à l’occasion du 75e, un parcours culinaire, une guinguette du centième semblable à celle qui a été présentée à Rouyn-Noranda en 2020 et la sortie de la bière du centenaire en collaboration avec la microbrasserie Barbe Broue. L’auteur Frédéric Fournier planche de son côté sur une pièce de théâtre déambulatoire. « La pièce Témiscaming, l’histoire d’une ville, The Tale of a City est complètement bilingue, tout comme Témiscaming! » mentionne encore Marie-Pier Valiquette. La pièce s’amorcera au musée, « en 1927 », et progressera dans le temps au fur et à mesure que la troupe avancera dans la ville. Elle s’arrêtera devant l’usine en 1973, année de la réouverture de Tembec. Il n’est pas exclu de ramener les courses de motomarines. Et l’organisation le précise bien : il est véritablement question ici de seadoo et non de régates, comme à Ville-Marie. L’événement était, semble-t-il, couru dans les années 1990, une autre particularité signée Témiscaming. L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 5


– L’ANACHRONIQUE –

S’OCCUPER PHILIPPE MARQUIS

« Jamais Dieu ne fit à aucun peuple un aussi beau présent d’argile. » – Mgr Félix-Antoine Savard, L’abatis (1943)

Je n’ai jamais admiré l’entreprise de colonisation qui a mené tant de familles à s’installer au Témiscamingue ou en Abitibi. Les récits que je retiens de cette époque riment avec courage, bien sûr, mais aussi trop souvent avec grande misère et amertume. Cette dernière se pointe lorsque l’on jase d’occupation du territoire, c’est-à-dire au moment où il est de moins en moins occupé… L’amertume vient en dernier, après s’être s’installé doucement, inexorablement, depuis au moins quarante ans. Elle a l’aspect de toutes ces terres défrichées laissées à l’abandon. Tous ces champs autrefois couverts de foin, de trèfle, d’orge, de blé ou d’avoine maintenant envahis par les saules, les aulnes et les peupliers. Tous ces villages presque inoccupés. Toutes ces fières paroisses délaissées par les détaillants pétroliers, les bannières de dépanneur, les commissions scolaires, le mouvement Desjardins et, en bout de rang, par bien des fidèles. Pourtant, un peu partout, jour après jour, des miracles de dévouement font reculer ce qui paraît inévitable. Les petites victoires sont nombreuses quoique peu couvertes par des médias installés dans les grands centres. Que devient à présent le trésor dont Savard parlait en 1943? Le potentiel du territoire de notre région, que ce soit pour la culture ou l’élevage, demeure réel. L’héritage des braves familles de colons qui se sont saignées pour ouvrir tous ces lots se trouve en dormance. Aujourd’hui, on parle d’une fabuleuse banque de terres agricoles, en grande majorité intouchée par l’agriculture industrielle. Elles ont donc un fort potentiel

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6 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

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biologique à une époque où on se soucie de plus en plus de ce qu’il y a dans notre assiette. La valeur de ce territoire est si importante qu’on rapporte régulièrement des achats faits rangers… En cette époque où l’on s’inquiète pour l’avenir de la planète. En ces temps où notre nourriture vient de partout et très peu d’ici. Avec tous ces aliments qu’on nous sert sans qu’on ait une idée de leur qualité ou mode de fabrication, il serait grand temps de nous nourrir chez nous! Parce que c’est possible! Et de plus en plus de personnes produisent de quoi s’alimenter ici. Elles ont besoin de soutien, il faut d’abord acheter leur nourriture. Puis, idéalement, tous les établissements de santé et d’éducation de la région devraient s’approvisionner ici en aliments. Tout comme devraient le faire aussi les centres des congrès et toutes les entreprises. Ensuite, de l’aide devrait être apportée en subventions ou prêts pour aider à démarrer de nouvelles entreprises agricoles. Hydro-Québec a posé un geste dans ce sens en offrant des subventions permettant de chauffer les serres à moindre coût. S’occuper de ce fantastique jardin pour nous nourrir aiderait à renforcir une région dépendante de l’exploitation des ressources dites naturelles. Et quoi de plus naturel que manger?

FORMULAIRE DE DON

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– ARTS VISUELS –

– BALADO –

L’ATTACHEMENT RÉGIONAL

AMOS VOUS RACONTE SON HISTOIRE

EN EXPOSITION

INSPIRE UNE SÉRIE DE BALADOS

JOANIE DION

LA RÉDACTION

Les centres d’exposition d’Amos et de Val-d’Or invitent le public de tous âges à une exposition conjointe, du 23 juin au 29 août 2021, sur le thème de l’occupation du territoire. Ils présentent des artistes originaires de l’Abitibi-Témiscamingue, résidant ici ou ailleurs, qui exhalent avant tout un attachement à la région. L’exposition Ciel d’Abitibi et pattes de mouche explore donc le territoire abitibien d’un œil nouveau, tout en renversant certains préjugés qui nous collent à la peau et en y ajoutant une touche poétique.

Les concepteurs du circuit théâtral Amos vous raconte son histoire ont lancé le 21 avril dernier une série de balados audiovisuels. Divisé en douze épisodes d’environ une heure, ce tout nouveau projet est directement inspiré de la pièce déambulatoire présentée depuis déjà plusieurs années.

MARIE ANDRÉE GOUIN

C’est pendant le retour d’une visite professionnelle à Montréal que les responsables des centres d’exposition, Marianne Trudel (Amos) et Carmelle Adam (Val-d’Or), ont discuté de l’effet intrinsèquement bienfaiteur de la traversée du parc de La Vérendrye sur les gens… De comment, psychologiquement, on se sait en Abitibi. « On s’est demandé, par la géopoésie, comment on pouvait regarder à travers les yeux de gens qui connaissent la région, qui y ont marché, voyagé et habité [pour démystifier les préjugés concernant la région] », raconte-t-elle. L’idée de la géopoésie entend que l’hérédité n’est pas l’unique variable qui définit le sentiment d’être abitibien, mais que cette identité s’incarne également par l’esprit. Elles ont d’ailleurs défini six symboles qui, mis ensemble, dessinent un portrait-robot de l’inconscient collectif abitibien et qu’on peut retrouver dans les créations des artistes : les propulseurs, les extracteurs, les voyageurs, les rassembleurs, les travailleurs et les patenteux.

« Nous sommes vraiment heureux d’avoir réussi à trouver un projet qui permettra à l’œuvre Amos vous raconte de rester intemporelle, d’atteindre de nouveaux publics et d’ainsi pouvoir continuer à pratiquer notre métier dans le contexte mondial actuel. En travaillant sur des produits numériques dérivés, on reste dans nos valeurs et nos missions en tant qu’artistes, et c’est pour nous le point le plus important », souligne Bruno Turcotte, directeur des Productions du Raccourci. Les amoureux d’histoire, de la région et de la fameuse pièce seront servis : la série relate des pans de l’histoire amossoise en présentant des personnages importants, comme le capitaine Yergeau. On peut aussi s’attendre à une foule d’entrevues avec les producteurs, les acteurs et des experts de l’histoire abitibienne, en plus d’extraits de la pièce de théâtre. Les créateurs vous donnent rendez-vous tous les mercredis pour découvrir un nouvel épisode sur l’une des plateformes de diffusion numériques habituelles.

« Dans sa première version, l’exposition devait être présentée l’été passé », précise Mme Trudel. Les artistes ont dû adapter leurs créations à la situation puisque bon nombre d’entre elles incluaient des manœuvres avec le public. Malgré cela, tous ont accepté l’invitation « dans les 24 heures », renchérit madame Adam. De plus, on retrouvera un peu de chaque artiste dans les deux villes. Un balado, conçu pour être écouté en voiture, couvrira notamment le parcours Val-d’Or – Amos et vice versa. Un espace exploratoire sera aussi offert en salle où les familles pourront explorer les démarches créatives des artistes. Les artistes annoncés sont Stéphanie Matte, Dominic Lafontaine, Andréanne Godin, Violaine Lafortune, Marc Olivier Hamelin, Myriam Lambert, Alexandre Castonguay (en collaboration avec le trio de Quand pensez-vous?) et Karine Hébert. Le projet de balado 70 km a été confié à l’artiste Marie-Hélène Massy Edmond. D’autres collaborateurs sont à confirmer, notamment pour le développement des espaces exploratoires. Jusqu’au 15 mai, vous pouvez soumettre des photos de ciels abitibiens pour courir la chance qu’elles soient diffusées lors des expositions. Toutes les précisions se trouvent sur les pages Facebook respectives des centres d’exposition. L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 7


– HISTOIRE –

L’ABITIBI MINIÈRE OU L’ÉMERGENCE DES VILLES CHAMPIGNONS GENEVIÈVE ROULEAU LAFRANCE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

personnes sont attirées par l’immense potentiel de travail avec l’ouverture de ces mines, et même par l’espoir de devenir riches en trouvant leur propre filon d’or!

3e Avenue et 7e Rue, Val-d’Or, 1936.

Le territoire abitibien a été peuplé principalement selon deux perspectives, soit la colonisation des terres par l’agriculture et le développement minier. Ce dernier entraîne ce que l’on appelle les villes champignons, comme c’est le cas de Val-d’Or. À partir des années 1910, la découverte progressive de différents filons exploitables et leur mise en production dans les années 1930 favorisent la naissance de villes telles que Rouyn-Noranda, Cadillac, Malartic et Val-d’Or. Celles-ci suivent le tracé de la faille de Cadillac, qui s’étend de Kirkland Lake en Ontario jusqu’à Louvicourt. Elle doit son nom au canton où elle a été observée pour la première fois. Cette structure géologique est riche en minéraux métalliques tels que l’or, le cuivre, le zinc et l’argent, qui font de l’Abitibi un centre minier d’importance au Québec. De nombreuses

À Val-d’Or, la promotion immobilière se fait très rapidement et sans respect des normes d’urbanisme, comme ç’a été le cas pour la ville de Bourlamaque, planifiée et construite par et pour une compagnie minière. Après les premiers shacks construits en bois rond, les commerces et autres hôtels sont construits en clins de bois sur la rue principale (3e Avenue) et aux alentours. Ceux-ci ont des architectures plus élaborées. On voit ainsi apparaître l’édifice de style boomtown propre aux villes champignons. Le développement rapide du bâti valdorien est en lien direct avec les découvertes de nouvelles mines qui sont synonymes de travail pour plusieurs. Le type de bâtiment boomtown offre de nombreux avantages, comme la maximisation de l’espace et les coûts de construction relativement faibles. Ayant un commerce au rez-de-chaussée (pour beaucoup de ceux-ci) et des logements à l’étage supérieur, l’investissement est rentabilisé par les divers loyers. Cette bâtisse a l’apparence d’un cube avec un toit plat (avec un léger dénivellement pour l’écoulement de l’eau) et une façade

ÉCRIS DANS L’IB!

postiche comme on peut en voir dans les westerns hollywoodiens. Cette façade peut avoir différentes formes, dont celles de médaillons, de gradins ou de créneaux et elle cache le toit. Ce modèle d’architecture est en vogue dans la première moitié du XXe siècle au Québec. On peut encore apercevoir ces éléments architecturaux dans les villes minières de l’Abitibi. L’occupation du territoire abitibien « minier » s’est faite au fur et à mesure des découvertes de gisements et de la mise en exploitation des mines. Ainsi, les premiers prospecteurs et mineurs à s’intéresser au potentiel abitibien proviennent du Nord-Est ontarien et finissent par arriver à Val-d’Or dans les années 1930 (en passant par Rouyn et Noranda). Parmi ces travailleurs, on retrouve de nombreux immigrants provenant de l’Europe qui suivent le mouvement du développement minier pour le travail. Plusieurs Canadiens français sont aussi attirés par l’effervescence de ces nouvelles villes minières et viennent tenter l’aventure abitibienne. Malgré l’aspect cosmopolite des villes minières à leurs débuts, la majorité de la population est bien francophone et provient des différentes régions québécoises. La création de villes minières ou villes champignons a été un des moteurs populationnels de la région à ses origines.

Tu te passionnes pour la culture de manière amateur ou professionnelle?

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8 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


– FESTIVAL –

PETITS BONHEURS : UN FESTIVAL QUI GRANDIT! GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

Célébrant cette année sa cinquième édition et demie, Petits bonheurs s’inscrit dans une volonté de décentralisation et d’accessibilité de la culture. Ainsi, au-delà de la gratuité de presque tous les événements, des structures sont mises en place pour les rendre accessibles sur tout le territoire. Comme le souligne Cassiopée Bois, membre du comité organisateur pour l’Abitibi-Ouest : « On veut vraiment que Petits bonheurs rayonne sur toute la MRC. Par exemple, quand on offre des spectacles de qualité professionnelle, on offre le transport scolaire. » Cette année, d’ailleurs, les enfants des CPE d’Abitibi-Ouest assisteront au spectacle Ma petite boule d’amour et les classes d’élèves de 4 et 5 ans de toute la MRC prendront part à un atelier virtuel les guidant dans la conception d’une œuvre à la manière du peintre Roméro Britto. De plus, les lieux de diffusion sont nombreux et plusieurs communautés rurales ont intégré la programmation, comme La Corne, qui participe au festival pour la première fois en recevant cinq spectacles. Pour Catherine Bélanger, agente de développement à La Corne, il était important de saisir l’occasion d’une offre culturelle de proximité, le village comptant de plus en plus de jeunes familles. Elle constate

d’ailleurs un grand intérêt de la part de celles-ci, alors qu’un comité de parents a procédé au choix des activités et de l’horaire. Mathieu Larochelle, membre du comité organisateur pour la MRC d’Abitibi, souligne lui aussi l’importance d’une offre culturelle pour tout-petits physiquement proche de son public à un âge où, par exemple, les longs trajets de voiture peuvent nuire à l’expérience. En plus de permettre aux enfants d’établir un contact avec l’art et la culture, Petits bonheurs remplit une importante mission d’éducation et d’ouverture à l’autre. Effectivement, l’événement permet à son public d’investir des lieux culturels et d’obtenir des outils pour mieux en apprécier les contenus. D’ailleurs, au Centre d’art de La Sarre, on inaugurera un guide de visite familial pour améliorer l’offre aux familles et accompagner les enfants dans leur visite. Pour Marie-Aimée Fortin-Picard, soutien à la coordination du comité Petits bonheurs Abitibi-Témiscamingue, des activités comme L’heure du conte par la drag queen Phoenix Mockingbird ou le conte Des mots volés, offert par des survivants des pensionnats autochtones, sont autant d’occasions de se sensibiliser à des enjeux tels que la diversité sexuelle et la réalité historique des Premières Nations. Malgré le contexte sanitaire actuel, la programmation demeure fidèle aux valeurs du festival avec un contenu diversifié, professionnel et adapté à son public. Ainsi, des

GENEVIÈVE BÉLAND

Théâtre, conte, création, expositions et plus encore : c’est ce qui attend les enfants de 0 à 6 ans et leur famille pendant tout le mois de mai, alors que le Festival Petits bonheurs battra son plein en Abitibi-Témiscamingue.

artistes de la région et d’ailleurs au Québec présenteront leur spectacle physiquement à plus d’une reprise à un public réduit. Certaines activités en ligne, comme le conte sensoriel, ont été adaptées pour que les enfants de quatre ans et moins puissent participer sans s’exposer aux écrans. La programmation complète est disponible sur le site Web de Petits bonheurs Abitibi-Témiscamingue.

APPEL DE

PROJETS DU 24 AU 26 SEPTEMBRE 2021 C'est le moment de soumettre votre projet pour faire partie de la programmation des Journées de la culture 2021. Prenez part au mouvement national et faites vivre des expériences culturelles et artistiques uniques aux citoyens de Rouyn-Noranda.

AUX ARTISTES ET ORGANISMES DE ROUYN-NORANDA

Inscrivez votre projet au plus tard le 24 mai 2021 rouyn-noranda.ca/JDC

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 9


FESTIVAL

Abitibi-Témiscamingue Mai

2021

LE RENDEZ-VOUS CULTUREL DES TOUT-PETITS

@Carol-Anne Pedneault, 2020

Billetterie et réservation : petitsbonheursat.ca Petits bonheurs - Abitibi-Témiscamingue

10 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


– LITTÉRATURE –

UN 10 E ROMAN EN 10 ANS POUR CLAIRE BERGERON DOMINIQUE ROY

Depuis dix ans, Claire Bergeron garde le rythme… une publication par année! Grâce à son lectorat bien établi, son dixième roman était attendu avec impatience. En librairie depuis le 17 mars, Les secrets d’une âme brisée (Éditions Druide) semble faire l’unanimité auprès de la critique et des internautes qui échangent sur leurs coups de cœur sur des forums de discussion à thématique littéraire.

eux. » Et grâce à son style d’écriture, elle réussit tout aussi bien à les faire vivre en nous puisque le drame humain qu’elle sait si bien intégrer à ses intrigues ne laisse personne indifférent.

Cette fois, la spécialiste du polar romantique sur trame historique a trouvé son inspiration dans l’histoire de Stephen Lafricain, un pionnier du Témiscamingue ayant connu l’esclavage et la guerre de Sécession, et dont la vie fait partie des légendes. « C’est à la suite de cette trouvaille que j’ai décidé de camper mon intrigue sur les rives du lac Témiscamingue. Pour la première fois, j’ai eu le plaisir d’intégrer des personnages de race noire à mes personnages, vingt ans après l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, alors que le racisme sévissait toujours en force », raconte-t-elle.

Fabiola Sutherland, 76 ans, replonge dans de douloureux souvenirs le jour où sa petite-fille Gladys trouve un certificat de mariage révélant de troublants renseignements. En effet, les jeunes années de Fabiola font partie des secrets qu’elle a bien enfouis au fond de son âme. Alors qu’elle a 17 ans, un terrible drame l’oblige à relever un défi plus grand que nature : administrer l’entreprise familiale et diriger une cinquantaine d’hommes travaillant au commerce du bois et des fourrures. L’action de cette intrigue se déroule dans un village témiscamien, à la fin du 19e siècle, époque où l’esclavage vient à peine d’être interdit, où la place de la femme n’était certainement pas dans le monde des affaires. L’arrivée de Fabiola dans la vie adulte ne se fait pas sans heurts, chaque décision pouvant être lourde de conséquences. Entourée de gens bienveillants et d’autres qui le sont moins, avec son peu d’expérience, elle doit manœuvrer en faisant la part des choses entre la vérité et les mensonges, entre l’amitié sincère et les faux-semblants, entre la solidarité et la trahison. SON PROCESSUS L’autrice aime s’imprégner des lieux. À l’été 2019, elle s’est rendue sur les rives du lac Témiscamingue où elle a imaginé un village fictif : Sutherland City. « Doucement, sur les ailes de mon imagination, Fabiola, Dorian, Aymeric, Rodrigue ou Albina ont pris forme et ils ont habité ces lieux, avec leurs caractères, leurs passions et leurs secrets. » En plus de ses nombreuses recherches, son frère Daniel et sa femme, qui ont étudié en histoire, sont pour elle une source importante de renseignements, la crédibilité de ses intrigues étant un incontournable dans son processus. Sa petite-fille Rosalie est aussi à l’origine de son inspiration pour le personnage de Fabiola. « L’automne dernier, pendant la rédaction de ce roman, ma petite-fille de 18 ans est venue vivre avec moi; l’Université McGill qu’elle fréquente donnait ses cours à distance. Rosalie était de l’âge de mon héroïne, j’ai pris plaisir à l’observer : elles sont naïves à cet âge, bien qu’elles se croient fortes. Bien sûr, elle n’était pas confrontée au drame de Fabiola, mais à la regarder agir, je me disais que dans des circonstances similaires, elle trouverait la manière et le courage de faire front. » Pour Mme Bergeron, l’écriture est un voyage qui lui permet de se balader au cœur de l’histoire. Avec ses personnages, elle ne connaît pas la solitude. « Quand j’écris, mes personnages deviennent tellement présents dans ma vie que j’ai l’impression de les connaître, de vivre avec

COURTOISIE

LE ROMAN

C E N T R E D ’A R T

29 AVRIL AU 30 MAI 2021 JOYEUX AMALGAME : LA REVANCHE DU DOMESTIQUE

BOUTIQUE

MARYLÈNE MÉNARD ARTISTE DU VERRE

ROBERT BIRON BATTEUR DE MÉTAL

195, rue Principale, La Sarre (Québec) J9Z 1Y3 819 333-2282

Heures d’ouverture

Lundi : fermé Mardi au vendredi : 9 h à 12 h | 13 h à 17 h Jeudi et vendredi : 12 h à 20 h Samedi et dimanche : 10 h à 15 h

Consultez régulièrement notre page Ville de La Sarre

VERNISSAGE VIRTUEL

JEUDI 6 MAI 2021

à 17 h en présence des artistes diffusion en direct sur la page facebook de la Ville de La Sarre L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 11


– LITTÉRATURE –

19 ― 26 MAI 2021

UN COIN (DE PARADIS TRASH) JETÉ DANS L’NORD GABRIELLE DEMERS

Le 14 avril dernier, à l’Agora des arts et en simultané sur le net, a eu lieu la première mise en lecture du festival du Jamais Lu Mobile : Un coin jeté dans l’Nord, texte de théâtre écrit par Nicolas Lauzon et Alexandre Castonguay. Il y a eu des frissons, des rires, des applaudissements et un ravissement brut. Un coin jeté dans l’Nord est un texte brillant et coupant comme le quartz.

[id] Inconfort(s) identitaire(s) collectif .crp JUSQU’AU 16 MAI 2021

On y fait la connaissance d’une femme qui revient de la ville, et qui retrouve son père. Ensuite, son ancien amoureux (ou amant ou, bref, ce qui lui en a tenu lieu). Puis, les gars de la shop, tenus sous le joug de Taureau. Ils ont perdu leur job à cause d’elle, et la vie au village a drastiquement changé, plongeant les habitants dans une désolation sans nom. Alors, revenir pourquoi? Pour affronter son destin : l’oracle s’est scellé.

LES OUVRAGES ET LES HEURES

Monique Régimbald-Zeiber

La formule de la baladodiffusion nous plonge dans un univers enveloppant. Parfois, on a l’impression que cela va trop vite, mais le texte est fait pour nous entraîner dans son tourbillon. Il offre des clés, mais pas toujours les portes qui leur sont destinées. La vie, comme la poésie, comme le théâtre, elle ne s’offre pas toujours dans une transparence absolue. Si on se sent parfois aspiré dans ce carnaval instable, c’est OK. C’est correct. C’est la vie, et la vie, elle nous projette parfois dans tous les sens. La douleur. L’abandon. Les rêves. L’amour. Le futur. Le passé. La mort. Le destin. La lutte. La vie. La survie. Ce texte nous offre les points essentiels d’une tragédie grecque contemporaine. La force du texte, des personnages et des répliques sont de ce calibre.

ICI AILLEURS D’AUTRES SPECTRES

Jin-me Yoon

12 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

LES AUTEURS Alexandre Castonguay est comédien, auteur et metteur en scène. Il a gagné le prix de l’artiste de l’année (Conseil des arts et des lettres du Québec – Abitibi-Témiscamingue) et il a publié son premier livre : J’attends l’autobus (Éditions de Ta Mère). Nicolas Lauzon est poète et professeur. Boursier, il a publié quatre recueils de poésie.

CHRISTIAN LEDUC

Ce Nord, il pourrait se trouver ailleurs : il représente tout village dont l’économie repose sur une industrie exploitant les matières naturelles premières, à la merci des patrons, où la vitalité se compte autant en pick-ups et en ski-doos qu’en nombre d’enfants inscrits à l’école. Un lieu qui n’existe pas et qui regroupe en même temps toutes les déclinaisons des petites villes. Se démener pour (sur?) vivre est un thème universel, et il nous est présenté ici dans une familiarité qui séduit.

Chacun à leur manière, ils parlent de l’intime comme du collectif, et si leur union est surprenante (leurs styles respectifs sont différents), le fruit de leur collaboration offre une justesse percutante et une complémentarité innée. Qui a écrit quoi? Impossible à dire, tant leurs écrits ont su se fusionner dans ceux de l’autre. Ce texte est fort, percutant, drôle et tendre par moments, métaphorique et ancré dans le réel tout à la fois. LE FESTIVAL Le Festival du Jamais Lu est un festival théâtral qui présente au public, dans une ambiance privilégiée, de nouveaux textes théâtraux que cet « organisme de développement de la dramaturgie », comme il se nomme lui-même, accompagne alors dans un processus de diffusion. L’édition 2021 offre l’implication des régions, où sont installées les quatre antennes du festival : AbitibiTémiscamingue, Estrie, Gaspésie et Saguenay–Lac-SaintJean. Les baladodiffusions sont disponibles sur le Web.


– LITTÉRATURE –

PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENS 2021 LES CINQ TEXTES SUR LE PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENS ONT ÉTÉ RÉDIGÉS PAR DES PARTICIPANTES ET PARTICIPANTS À L’ACTIVITÉ DU CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, SOUS LA SUPERVISION DES ENSEIGNANTES DE LITTÉRATURE SARA-JANE SMITH ET STÉPHANIE HÉBERT.

CHASSER POUR SE TROUVER MATHIEU FORTIER

Chasse à l’homme de Sophie Létourneau (La Peuplade), c’est le récit de Sophie qui rencontre une cartomancienne qui lui prédit qu’elle rencontrera l’amour grâce à un roman. Mais pour que cela arrive, elle devra d’abord aller vivre quelque temps à Paris et traquer le petit Français.

narratrice et qui rend intéressantes les nombreuses anecdotes qu’elle nous raconte. Les instants plus intimes, touchants, que l’autrice partage avec nous font partie des moments estimables de ce récit. La sensation étrange de lire une sorte d’autobiographie peut se faire ressentir. Cela peut être déstabilisant quand on s’attend plutôt à lire une œuvre faisant davantage de place à la fiction. Les lecteurs moins chevronnés auront peut-être aussi du mal à suivre l’histoire livrée par fragments, qui ne se suivent pas nécessairement tous. Malgré ce point soulevé, Chasse à l’homme vaut la peine d’être lu par un grand nombre de gens, ne serait-ce que pour la réflexion sur la manière de se raconter qu’il inspire. Finalement, Chasse à l’homme est un récit qui réfléchit sur les relations amoureuses, qui se lit bien et qui nous amène à nous poser des questions. Recherche-t-on l’amour pour les bonnes raisons? Est-ce le moment approprié pour l’amour? Doit-on forcer le destin? EN MÉMOIRE DES OUBLIÉS MATHILDE DÉNOMMÉ-COTTEN

Ce récit aborde les relations amoureuses d’un point de vue féministe. Sophie Létourneau mentionne que non seulement elle se battra pour les filles, mais elle les outillera pour se prémunir contre la misogynie. « J’en avais marre de l’amour que les garçons se portent à eux-mêmes. De leur absence d’imagination. »

Zynchuck, un immigrant ukrainien abattu de sang-froid par un policier, vient jeter un voile de terreur et de découragement profond sur les quartiers populaires. C’est le début d’une course contre la montre qui affecte toute la ville, lassée des drames qui surviennent depuis la Grande Crise. Tout en tension et en soubresauts, Le Mammouth de Pierre Samson (Héliotrope) met en lumière les jours qui précèdent et qui suivent la tragédie de la mort de Zynchuck, dit le Mammouth. Parmi les témoins du drame, on retrouve Simone et Joshua. Des frissons sous la peau et une tension culturelle omniprésente accompagnent les déboires de ces deux jeunes personnages bien différents, pourtant rassemblés par un étrange amalgame de circonstances pour que la justice puisse triompher. Grâce à de riches descriptions et à une chronologie rigoureuse, Samson éblouit par la facilité déconcertante avec laquelle il fait ressentir les tensions palpables et le capharnaüm d’émotions qui bouleversent les personnages. Cette œuvre est une véritable ode à la solidarité, à l’amour et à l’importance de la camaraderie, en plus de mettre en lumière les injustices vécues par les femmes et les immigrants, broyés par un système injuste et profiteur. Les yeux poursuivent une course effrénée entre les phrases parfois interminables qui peuplent ce roman. Il est même possible de se demander si le rythme indomptable des mots pourra tenir les lecteurs en haleine jusqu’à la fin. Les personnages, les sous-histoires et les lieux s’entremêlent au point qu’il peut devenir facile d’y perdre pied.

La littérature est un autre thème central de ce récit. Sophie rencontre l’homme de sa vie grâce à ses écrits et, à l’aide de nombreuses citations, rend hommage à plusieurs auteurs et autrices, comme Sophie Calle, qui occupe une place centrale dans le récit. Les deux femmes, liées par leur prénom, sont aussi unies dans leur existence. Chasse à l’homme est écrit à la première personne du singulier et présente une suite de fragments, qui finissent par former une histoire. L’écriture au « je » permet au lecteur de se plonger plus facilement dans les souvenirs et dans la tête de la narratrice. Écrivant de l’autofiction, Sophie Létourneau décrit son processus de création et sa façon d’aborder son œuvre : « Aucune fin ne conclura jamais l’autofiction puisqu’elle dépasse l’espace clôturé de la fiction. »

« Montréal est spleenétique, en mars, et, dirait-on, ce mardi a absorbé les tristesses de mois entiers pour les recracher sur la ville sous forme de grisailles, de neige mouillée, d’un air humide et froid à vous transpercer les os. » En une phrase, Pierre Samson laisse entrevoir les temps de misère qui ont, un jour, ébranlé la métropole. C’est comme si les lecteurs, eux aussi, subissaient la lourde atmosphère de déception, de pauvreté et de panique qui secouait le Montréal des années 1930.

Un point fort de Chasse à l’homme est justement cette proximité appréciable qu’on a l’impression d’avoir avec la

Résultat des nombreux abus de pouvoir des forces de l’ordre sur les gens démunis et sur les immigrants, le meurtre de Nikita

En somme, Le Mammouth transporte et subjugue par les innombrables obstacles qui se dressent devant les personnages, au détour de chaque coin de rue, de chaque carrefour. Les lecteurs chevronnés sauront s’y retrouver et retracer l’Histoire oubliée. SE SOUVENIR DES BLANCS DE MÉMOIRE SARAH-MAUDE AUGER Le titre Ténèbre sans un « s » peut en surprendre certains. Dans le roman de Paul Kawczak (La Peuplade), il désigne un voyage au cœur de l’Afrique, mais aussi l’introspection de son héros : « Chaque nuit un peu plus, Claes prenait la mesure de progression de l’ombre en lui, de sa catabase africaine vers la Ténèbre intérieure. » Ce récit dénonce les actes cauchemardesques commis par l’homme européen L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 13


Xi Xiao. Cette forme de torture permet de créer un lien spirituel entre deux êtres. Malgré les sujets tabous et controversés qu’il aborde, Paul Kawcazk laisse place à l’érotisme et à la romance : « Tu me découpes et je t’ai toujours aimé », confie Claes à Xi Xiao, son tortionnaire qui éprouve une forme d’adoration pour lui. Cette épopée se divise en deux expéditions qui visent à explorer le territoire ainsi que le destin exceptionnel de Pierre Claes. Il en résulte un livre vivant malgré le sujet douloureux de la colonisation qui peut ébranler ses lecteurs. Qui plus est, la lecture de ce roman se fait avec aisance à cause de son caractère poétique et très imagé. Le style d’écriture est unique grâce aux descriptions séduisantes des évènements et des personnages : « S’il avait fallu définir Xi Xiao par un seul mot, cela aurait été celui de “caresse”. » et décrit les violences de la colonisation. En 1890, le roi Léopold II donne à un géomètre la mission de définir la frontière nord du Congo. Cet élu, d’origine belge, se nomme Pierre Claes. Pendant son aventure, ce jeune voyageur rencontre un compagnon de travail qui s’appelle Xi Xiao, un ancien bourreau chinois. Ensemble, ces deux spécialistes découvrent un continent terrorisé et horrifié par les pouvoirs occidentaux. La mutilation physique et psychologique que l’Afrique a subie fait écho au lingchi, l’art de la découpe humaine, pratiqué par

14 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

Cependant, parmi les trop nombreux personnages, certains occupent très peu de place, ce qui peut nuire à la compréhension. Ceci donne l’impression que certains d’entre eux jouent un rôle superficiel, alors que les lecteurs désireraient les connaître davantage. Personnellement, en tant que lectrice, j’admire le courage de Paul Kawzcak. Ce romancier révèle la vérité sans la masquer : s’inspirant de plusieurs sujets délicats, il les dévoile sans embarras, même avec une touche de beauté. Pour conclure, Ténèbre est une œuvre littéraire contemporaine, mais qui réussit à nous faire voyager dans un passé obscur et intrigant.

EN QUÊTE DE L’ÉQUILIBRE JADE AUCLAIR

« Je lui ai dit que le Canada est un pays de nombrilistes vaniteux dépourvus d’humanité et de principes moraux. » C’est ce que pense Shams à son arrivée à Montréal après avoir dû quitter son pays en guerre, la Syrie. Shams va donc devoir apprendre à se construire une nouvelle vie dans une nation démocratique où il ne se sent pas chez lui. Tireur embusqué (Mémoire d’encrier) nous livre le récit de la quête identitaire d’un jeune adolescent syrien. En tant que nouvel immigrant, Shams est déchiré entre la violence de son passé et sa vie nouvelle au Canada où les tireurs embusqués ne se trouvent pas à chaque coin de rue. Impliqué dans un conflit à son école, il doit suivre une thérapie avec un psychologue afin de ne plus avoir un comportement agressif.


C’est sans censure que l’auteur Jean-Pierre Gorkynian plonge le lecteur dans la réalité cruelle de la guerre en Syrie. Le lecteur est transporté dans un univers totalement différent de celui du Nord-Américain. Les Syriens sont constamment sur le quivive, car les bombes et les conflits armés font partie de leur quotidien. Ils frôlent la mort chaque minute de leur vie. L’auteur exploite les thèmes du deuil et de la quête identitaire avec succès. Immigrant de deuxième génération ayant constaté les cicatrices laissées par la guerre dans sa famille, l’auteur s’est rendu dans les ruines d’Alep deux fois, en Syrie, pour en apprendre davantage sur les horreurs des combats qui engendrent stress, deuils et exils. Les lecteurs pénètrent dans l’univers de la guerre sans difficulté, puisque l’auteur a écrit son roman en alliant les registres de langue courant et familier. Il utilise d’ailleurs des québécismes et des dialogues qui rendent la lecture vivante et soulignent le contraste entre la Syrie et Montréal. Le roman traite également des différences culturelles. « Dans mon pays, celui qui refuse de se battre ne survit pas. » D’ailleurs, Shams ne comprend pas comment les jeux vidéo en lien avec la mort peuvent divertir quand, en Syrie, les gens tombent comme des mouches au sol. On s’attache facilement aux personnages et à leurs histoires : Kevin, fuyant sa famille dysfonctionnelle, et Aya, vivant avec un père conservateur. Le roman nous fait ressentir un tourbillon d’émotions passant par l’empathie, la colère et la tristesse. Il aurait toutefois été intéressant d’en savoir un peu plus sur l’histoire d’Aya et de Shams, qui se réfugient constamment dans l’appartement 412 de leur immeuble. Tireur embusqué raconte bien les difficultés vécues par les immigrants qui arrivent sur un territoire inconnu où ils doivent tout recommencer à zéro. C’est un pays qu’ils ne considèrent pas comme le leur, mais qu’ils auront la chance d’apprendre à

aimer peu à peu grâce à de nouvelles rencontres. PÈLERINAGE DE L’INTIME SOPHIE RIVARD Dans le cadre du Prix littéraire des collégiens, c’est avec une joie mitigée que j’ai plongé dans le deuxième roman de Mélissa Grégoire. La couverture me donnait une impression de lourdeur et j’étais réticente à m’immerger dans les thèmes plutôt sombres que reflétait le résumé de ce roman. C’est tout le contraire qui m’attendait dans Une joie sans remède (Leméac).

J’ai été agréablement surprise de me plaire dans cette lecture et de développer une forte empathie pour Marie, le personnage principal. Cette femme souffrant d’anxiété et de dépression se voit forcée de prendre congé du collège où elle enseigne la littérature. Elle réussit à s’accrocher aux beautés discrètes de son environnement, aux liens profonds qui l’unissent à ses grands-mères et à son conjoint ainsi qu’à une passion pour les livres, nous faisant réaliser l’importance de profiter des petits moments qui relèvent du quotidien et qui rendent la vie pleine d’amour et de sens. Grâce à cette volonté de guérir et à une psychothérapie, l’enseignante effectue une démarche pour se redéfinir afin de se sentir heureuse et de partager cette joie par ses forces intérieures, en délaissant la médication. La plume simple de Mélissa Grégoire m’a happée par sa sincérité. Quand Marie évoque une vision de la littérature tangible et proche du réel, on dirait que c’est l’autrice qui parle : « Écrire, c’était comme aller à la pêche, se laisser glisser sur l’eau dans un soleil ruisselant, lancer sa ligne dans le reflet d’un bouleau ou d’une épinette et attendre que ça morde. » J’ai senti cet aspect fluide, naturel dans le style d’écriture, et surtout très intime. En donnant la parole à Marie qui nous invite à voyager en livrant ses souvenirs et ses réflexions, Grégoire nous laisse le temps de goûter ses mots à un rythme lent. L’histoire est séparée en trois parties correspondant au cheminement émotionnel du personnage : la chute, la remontée et l’équilibre. Une joie sans remède traite à la fois de thèmes noirs et lumineux. La maladie mentale est abordée sans retenue ni complexes, et la mort est côtoyée de près par la narratrice. En revanche, l’amour précieux qui unit le couple de Marie et celui qui la rattache à ses grands-mères aux histoires simples, mais émouvantes illuminent le roman. Cet équilibre rend le récit réaliste et doux, malgré sa tristesse, comme un baume sur les blessures du quotidien. Finalement, on retient que l’amour est le miracle qui résiste aux heurts de la vie, et que le seul remède pour connaître une véritable joie vient de soi.

abitibi-temiscamingue.org

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 15


On a tous de bonnes questions sur la vaccination Les raisons de se faire vacciner sont nombreuses. On le fait entre autres pour se protéger des complications et des risques liés à plusieurs maladies infectieuses, mais aussi pour empêcher la réapparition de ces maladies évitables par la vaccination. La campagne de vaccination contre la COVID-19 en cours vise à prévenir les complications graves et les décès liés à la COVID-19. Par la vaccination, on cherche à protéger notre système de santé et à permettre un retour à une vie plus normale.

Quand la vaccination a-t-elle commencé ? La vaccination contre la COVID-19 a débuté au Québec dès la réception des premières doses en décembre 2020. Puisque la disponibilité des vaccins est restreinte, certains groupes plus à risque de développer des complications liées à la COVID-19 sont vaccinés en priorité. À mesure que les vaccins seront disponibles au Canada, la vaccination sera élargie à d’autres groupes.

Ordre de priorité des groupes à vacciner 1

Les personnes vulnérables et en grande perte d’autonomie qui résident dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ou dans les ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF).

2

Les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux en contact avec des usagers.

3

Les personnes autonomes ou en perte d’autonomie qui vivent en résidence privée pour aînés (RPA) ou dans certains milieux fermés hébergeant des personnes âgées.

4

Les communautés isolées et éloignées.

5

Les personnes âgées de 80 ans ou plus.

6

Les personnes âgées de 70 à 79 ans.

7

Les personnes âgées de 60 à 69 ans.

8

Les personnes adultes de moins de 60 ans qui ont une maladie chronique ou un problème de santé augmentant le risque de complications de la COVID-19.

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Les adultes de moins de 60 ans sans maladie chronique ni problème de santé augmentant le risque de complications, mais qui assurent des services essentiels et qui sont en contact avec des usagers.

10

Le reste de la population de 16 ans et plus.

Quelle est la stratégie d’approvisionnement des vaccins ? Le gouvernement du Canada a signé des accords d’achats anticipés pour sept vaccins prometteurs contre la COVID-19 auprès des compagnies suivantes : AstraZeneca, Johnson & Johnson, Medicago, Moderna, Novavax, Pfizer et Sanofi Pasteur/GlaxoSmithKline. Ces achats sont conditionnels à l’autorisation des vaccins par Santé Canada. À ce jour, les vaccins des compagnies Pfizer et Moderna ont obtenu l’autorisation d’être distribués au Canada. Des vaccins de plus d’une compagnie seront utilisés afin d’accélérer la vaccination contre la COVID-19.

16 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


Comment le vaccin agit-il ? Quels types de vaccins contre la COVID-19 sont étudiés ? Trois types de vaccins font l’objet d’études à l’heure actuelle.

1

2

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Vaccins à ARN : Ces vaccins contiennent une partie d’ARN du virus qui possède le mode d’emploi pour fabriquer la protéine S située à la surface du virus. Une fois l’ARN messager à l’intérieur de nos cellules, celles-ci fabriquent des protéines semblables à celles qui se trouvent à la surface du virus grâce au mode d’emploi fourni par l’ARN messager. Notre système immunitaire reconnaît que cette protéine est étrangère et produit des anticorps pour se défendre contre elle. Le fragment d’ARN est rapidement détruit par les cellules. Il n’y a aucun risque que cet ARN modifie nos gènes. Vaccins à vecteurs viraux : Ils contiennent une version affaiblie d’un virus inoffensif pour l’humain dans lequel une partie de la recette du virus de la COVID-19 a été introduite. Une fois dans le corps, le vaccin entre dans nos cellules et lui donne des instructions pour fabriquer la protéine S. Notre système immunitaire reconnaît que cette protéine est étrangère et produit des anticorps pour se défendre contre elle. Vaccins à base de protéines : Ils contiennent des fragments non infectieux de protéines qui imitent l’enveloppe du virus. Notre système immunitaire reconnaît que cette protéine est étrangère et produit des anticorps pour se défendre contre elle.

Le vaccin à ARN messager peut-il modifier notre code génétique ? Non. L’ARN messager n’entre pas dans le noyau de la cellule et n’a aucun contact avec l’ADN qui y est contenu. Il ne peut donc y apporter aucun changement.

Lorsqu’une personne reçoit un vaccin contre le virus qui cause la COVID-19, son corps prépare sa défense contre ce virus. Une réaction immunitaire se produit, ce qui permet de neutraliser le virus en produisant des anticorps et en activant d’autres cellules de défense. La vaccination est une façon naturelle de préparer notre corps à se défendre contre les microbes qu’il pourrait rencontrer. La plupart des vaccins en développement contre la COVID-19 favorisent la production d’anticorps pour bloquer la protéine S, la protéine qui permet au virus d’infecter le corps humain. En bloquant la protéine S, le vaccin empêche le virus d’entrer dans les cellules humaines et de les infecter. Le virus qui cause la COVID-19 est composé d’un brin de matériel génétique, l’ARN (acide ribonucléique), entouré d’une enveloppe. À la surface du virus, on trouve des protéines, dont la protéine S (spicule) qui lui donne sa forme en couronne, d’où son nom, coronavirus.

Quels sont les effets secondaires du vaccin contre la COVID-19 ? Des symptômes peuvent apparaître à la suite de la vaccination, par exemple une rougeur ou de la douleur à l’endroit de l’injection, de la fatigue, de la fièvre et des frissons. Moins fréquentes chez les personnes âgées de plus de 55 ans, ces réactions sont généralement bénignes et de courte durée.

Pourquoi a-t-il fallu 40 ans pour développer un vaccin contre la grippe, et seulement 9 mois pour en fabriquer un contre la COVID-19 ? Les efforts déployés par le passé, notamment lors de l’épidémie de SRAS en 2003, ont permis de faire avancer la recherche sur les vaccins contre les coronavirus et d’accélérer la lutte contre la COVID-19. Actuellement, près d’une cinquantaine de vaccins contre la COVID-19 font l’objet d’essais cliniques partout dans le monde — fruit d’une collaboration scientifique sans précédent. Pour favoriser le développement rapide des vaccins dans le respect des exigences réglementaires, des ressources humaines et financières considérables ont été investies. Les autorités de santé publique et réglementaires de plusieurs pays, dont le Canada, travaillent activement pour s’assurer qu’un plus grand nombre de vaccins sécuritaires et efficaces contre la COVID-19 soient disponibles le plus rapidement possible.

Pourquoi faut-il deux doses de vaccin ? La deuxième dose sert surtout à assurer une protection à long terme. Dans le contexte actuel de propagation très élevée de la COVID-19, l’administration de la deuxième dose peut être reportée afin de permettre à plus de gens d’être vaccinés.

À ce jour, aucun effet indésirable grave n’a été identifié avec les vaccins à base d’ARN. D’autres problèmes, qui n’ont aucun lien avec le vaccin, peuvent survenir par hasard (ex. : un rhume ou une gastro). Le vaccin ne peut pas causer la COVID-19, car il ne contient pas le virus SRAS-Co-V2, responsable de la maladie. Par contre, une personne qui a été en contact avec le virus durant les jours précédant la vaccination ou dans les 14 jours suivant la vaccination pourrait quand même développer des symptômes et contracter la COVID-19.

Québec.ca/vaccinCOVID 1 877 644-4545

Il est important de continuer d’appliquer les mesures sanitaires jusqu’à ce qu’une majorité de la population ait été vaccinée.

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 17


SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

– ESPACES ET TERRITOIRE –

CONSTRUIRE LA VILLE À L’ÈRE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

MRC ABITIBI

LAURENCE RIVARD

En janvier dernier, le gouvernement provincial annonçait le début de sa démarche de consultations afin de se doter d’une stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Cette annonce a été accueillie chaleureusement par plusieurs organismes impliqués dans la lutte aux changements climatiques, qui l’attendaient avec impatience. Mais peut-on vraiment sauver le monde en le planifiant? « Certainement! affirme Me Annie-Sophie Dorée du Centre québécois du droit de l’environnement. Cela fait 20 ans qu’on demande aux gens de recycler et de fermer le robinet en se brossant les dents. Là, on demande à l’État de faire sa part. C’est lui qui va donner l’impulsion, qui va faire les gestes les plus marquants ». Elle donne en exemple les actions visant à revitaliser les centres-villes pour y encourager les transports actifs. « C’est par la force des choses que les comportements individuels vont changer. L’orientation doit être donnée par l’aménagement du territoire ».

Étalement urbain, protection des milieux naturels, protection des terres agricoles et milieux humides en danger… Quand on y pense, il y a peu d’enjeux environnementaux qui ne sont pas liés à notre façon d’aménager le territoire. « Les outils mis en place par les gouvernements vont influencer comment on se développe, comment on se construit, comment on se déplace, précise Me Dorée. Ça va avoir un impact direct sur les émissions de GES (gaz à effet de serre) ». La stratégie nationale permettrait donc de moderniser ces outils. UNE AFFAIRE DE GRANDES VILLES? Avec ses grands espaces et son taux d’accroissement de la population relativement faible, on pourrait croire que la plupart des questions d’aménagements ne concernent pas l’Abitibi-Témiscamingue. « On a souvent l’impression que l’étalement est un enjeu très urbain, mais ça menace toutes les villes de taille moyenne. Rouyn-Noranda a certainement des aménagements qui ne sont pas optimaux pour le bien-être des citoyens et les changements climatiques », explique Me Dorée. Selon elle, on pourrait aménager des quartiers qui sont davantage multiusages dans le but de diminuer la dépendance à l’auto solo. Sachant que le transport est le secteur d’activité contribuant le plus aux émissions de GES du Québec, les régions comme l’Abitibi-Témiscamingue devront elles aussi préférer la densification à l’étalement urbain si elles veulent réduire leur empreinte environnementale.

Mais la densification ne se fera pas d’elle-même. À l’heure actuelle, le mode de financement des villes encourage davantage à aménager le territoire plutôt qu’à le conserver. Si à première vue la fiscalité municipale n’a rien de sexy, c’est pourtant un des éléments majeurs à surveiller lors des consultations de la stratégie nationale. En effet, les villes sont dépendantes de la taxe foncière pour augmenter leurs revenus. Cela a pour effet d’encourager de nouveaux aménagements immobiliers, toujours de plus en plus éloignés. Cet incitatif à l’étalement urbain ne sera cependant pas facile à remplacer : la taxe foncière représente à elle seule 56 % du financement des municipalités! UNE AFFAIRE D’URBANISTES? Bien que le sujet puisse sembler obscur, les citoyens ne doivent pas se sentir exclus de la conversation. C’est justement pour encourager la population à participer en grand nombre aux consultations pour l’élaboration de la Stratégie nationale que l’Alliance Ariane, un regroupement d’organismes qui souhaitent que l’aménagement du territoire et l’urbanisme soient une priorité au Québec, a lancé le mois dernier l’initiative Parlons Territoires. « C’est l’initiative pour démocratiser la conversation nationale, explique Me Dorée. C’est important que les citoyens s’intéressent aussi à la conversation puisque la majorité des enjeux environnementaux qu’ils vont rencontrer près de chez eux vont partir d’un enjeu d’aménagement du territoire ».

Au Centre d’exposition d’Amos… À partir du 21 mai FOLIE D’ARTISTE SOCIÉTÉ DES ARTS HARRICANA

POINTE-À-CALLIÈRE, CITÉ D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE DE MONTRÉAL

AGNÈS RIVERIN - TECHNIQUES MIXTES

EXPOSITION COLLECTIVE

Ce projet a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada, et avec la collaboration du gouvernement du Québec.

18 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

© JOANNE LAVOIE

Jusqu’au 16 mai SI TU M’ÉCRIVAIS, ÉCRIRAIS-TU LE MOT EAU?

© POINTE-À-CALLIÈRE. PHOTO : LUC BOUVRETTE.

Jusqu’au 6 juin FRAGMENTS D’HUMANITÉ. ARCHÉOLOGIE DU QUÉBEC

CAPTURE DE CIEL APPEL DE PHOTOGRAPHIES On dit souvent que les ciels de l’Abitibi-Témiscamingue sont très beaux… Qu’est-ce qui fait leur charme exactement ? Nous vous invitons à nous le faire découvrir en nous faisant parvenir une photographie de votre ciel préféré prise sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue. Elle pourrait être diffusée dans le cadre de l’exposition estivale Ciel d’Abitibi et pattes de mouche et même être sélectionnée pour un circuit d’exposition extérieur. Vous avez jusqu’au 15 mai pour partager vos plus belles photos. Tous les détails de participation et procédure sur notre page Facebook.


SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

– ESPACES ET TERRITOIRE –

PROJET AKI SIBI : LA RENAISSANCE D’UN PEUPLE PAR LA PROTECTION DU TERRITOIRE JOANIE DION

Depuis décembre 2018, la Première Nation de Kebaowek (Kipawa) collabore au Projet Aki Sibi afin de créer une aire protégée et de conservation autochtone (APCA) pour les sept communautés impliquées. Bien que la demande de soutien financier ait été refusée deux fois, ce n’est absolument pas la rigueur du projet qui est remise en cause, mais plutôt un déficit de budget qui empêche d’en accepter plusieurs à la fois et qui oblige à trancher parmi tous ceux soumis. C’est dans ce contexte d’une troisième tentative que nous avons rencontré Justin Roy. « Je pense que protéger la nature, les animaux, les arbres et l’eau, ce sera toujours une chose sur laquelle nous serons tous d’accord… et ce sera un élément clé pour le Projet Aki Sibi », observe Justin Roy, agent de développement économique et membre du Conseil de la Première Nation de Kebaowek. Cependant, il déplore l’absence d’appui de la part du gouvernement québécois, qui ne reconnaît pas le projet. Au moins, la Première Nation de Kebaowek peut compter sur une contribution fédérale puisqu’elle participe à l’initiative En route vers l’objectif 1 du Canada, qui visait la conservation d’au moins 17 % du territoire terrestre et 10 % des eaux d’ici la fin de 2020, un objectif qui a été atteint. Néanmoins, il est possible que les communautés anicinabek impliquées ne soient pas toutes en accord avec le principe two-eyed seeing, soit « la vision à deux yeux ». Ce principe fait référence à l’idée « [d’]apprendre à voir d’un œil avec les forces des savoirs et des modes de savoir autochtones, et de l’autre œil avec les forces des connaissances et des façons de savoir occidentales – et [d’] apprendre à utiliser ces deux yeux ensemble au bénéfice de tous » (Rapport, 2018). C’est là, pour Justin Roy et la communauté de Kebaowek, une condition essentielle qui permettrait au Projet Aki Sibi de prendre son envol. Il compare les APCA à Parcs Canada et à la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), qui ont des territoires protégés pour la conservation de l’environnement et de la biodiversité. Si de tels organismes existent déjà, alors pourquoi financer Aki Sibi? Pour l’apport inestimable des connaissances et valeurs autochtones. « Dans l’esprit des Autochtones, il y a une mémoire, des instructions originales qui peuvent définir notre humanité. Toutes ces instructions originales sont basées sur des valeurs et des enseignements qui assurent la survie et le respect de la terre et de ses lois naturelles. Notre peuple a toujours compris que “toute vie est connectée.” Vous ne pouvez pas fragmenter la Terre avec les politiques ou les structures » (Rapport, 2018). Justin Roy soutient qu’un projet de cette envergure « influence les communautés autochtones pour aider à protéger l’environnement, le côté secret de la culture ». C’est-à-dire que d’amener les Premières Nations participantes à intervenir dans le projet contribue à la réappropriation de leur culture et de leur attachement non négligeable au territoire. C’est pourquoi la nécessité du Projet Aki Sibi repose sur le développement de leur propre territoire protégé.

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 19


SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

– ESPACES ET TERRITOIRE –

LE TÉMISCAMINGUE : UNE TERRE D’ACCUEIL À DÉCOUVRIR HÉLÈNE JAGER

« Connais-toi toi-même » a été la ligne de réflexion de la campagne de la MRC de Témiscamingue, engagée depuis 2016 dans une démarche structurée et stratégique afin d’attirer de nouveaux habitants. Face à ce défi, cette MRC souvent peu connue des autres régions du Québec a choisi de miser sur ses atouts pour séduire les nouveaux arrivants.

Les pôles d’excellence qui ont été choisis pour faire connaître les atouts de la région tournent autour de la nature : agriculture biologique innovante, énergies renouvelables et tourisme nature et aventure, représentée notamment par l’ouverture du parc national Opémican. Ce sont les trois fers de lance que la MRC a choisi de mettre en avant pour se démarquer des autres régions québécoises qui sont aussi en recherche de main-d’œuvre et de population. Pour promouvoir le Témiscamingue comme une terre d’aventure et inciter les touristes à venir sillonner le territoire, un tout nouveau site Web intégré à une campagne audacieuse a été

MARIE-PIER VALIQUETTE

« Là où on vit » est le slogan officiel depuis 2019. Il a été choisi en même temps que le logo qui symbolise l’équilibre entre les lacs, les forêts, les champs, les couchers de soleil enchanteurs et l’authenticité de ses habitants. Des choix ambitieux ont été faits et l’objectif de 500 nouveaux arrivants en 5 ans a obtenu un premier jalon encourageant avec un solde migratoire positif de 11 personnes l’an dernier, une première dans les dernières années!

lancé le 14 avril dernier. Selon Catherine Drolet-Marchand, coordonnatrice des communications et de la promotion du territoire, la campagne combine journaux, revues et émissions sur des médias d’évasion et d’aventure afin de montrer tout ce qu’il y a à savourer en matière d’activités de plein air : escalade, chasse, pêche, produits régionaux, etc. La compétition est rude et l’attrait de la nature et d’une vie reposante n’est effectivement pas l’exclusivité du Témiscamingue. Alors, comment se démarquer? L’authenticité est la valeur phare dans cette démarche : sans chercher à cacher son identité, le Témiscamingue affiche ce qu’il a à offrir. Claire Bolduc, préfète de la MRC depuis 2017, précise que si on est passionné d’opéra, on ne trouvera pas à nourrir cette passion. Toutefois, les personnes attirées par les grands espaces, le lien avec la nature, les communautés soudées et accueillantes éloignées de l’agitation et des embouteillages goûteront cette qualité de vie qui est mise de l’avant. Concrètement, des moyens sont investis dans l’accueil des nouveaux arrivants pour faciliter leur arrivée et accompagner leur installation. Différents services unissent leurs ressources pour les accueillir de la manière la plus personnelle possible, les aider à s’intégrer et à créer leur réseau dans leur nouvelle communauté. La pénurie globale de main-d’œuvre permet aussi de belles occasions de carrière. Les publics cibles que représentent les millénariaux, les familles, les personnes en recherche de nouveaux modes de vie et les immigrants en recherche d’un port d’attache sont rejoints par des actions spécifiques : événements dans les écoles secondaires, forums emploi, etc. On cherche à défaire les préjugés souvent enracinés dans l’esprit des gens qui ne connaissent pas le Témiscamingue. À l’image de ses paysages intemporels, la MRC de Témiscamingue s’arme de constance et de persévérance dans cette démarche et envisage même des perspectives nouvelles à la suite des bouleversements récents des modes de vie qui se sont accélérés au cours des 12 derniers mois (télétravail, télé-enseignement, recherche de milieux protégés ou moins urbains) et souhaite se présenter comme une terre d’accueil à découvrir. 20 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

– ESPACES ET TERRITOIRE –

TOUS ÉGAUX FACE À LA VILLE? LAURENCE RIVARD

De plus en plus de voix s’élèvent pour que les besoins des femmes soient davantage pris en considération dans nos aménagements urbains. Revendiquer une ville plus inclusive serait ainsi une façon efficace d’améliorer la qualité de vie des personnes marginalisées à l’échelle d’un quartier ou d’une ville. Imaginons ensemble de quoi aurait l’air une ville de l’Abitibi-Témiscamingue qui se doterait d’une politique féministe. LE SENTIMENT DE SÉCURITÉ Une des premières actions pour rendre notre ville plus adaptée à la réalité des femmes serait de revoir l’éclairage nocturne. L’expérience de la ville une fois la nuit tombée n’est pas la même, qu’on soit un homme ou une femme. Au Canada, plus de 6 femmes sur 10 ne se sentent pas complètement en sécurité lorsqu’elles se promènent la nuit dans leur voisinage. Même dans les cas où le risque objectif est nul, le sentiment de s’exposer à un risque lorsqu’on se déplace seule la nuit suffit généralement à rendre désagréable l’expérience. Sachant que l’éclairage nocturne est un des facteurs les plus influents sur le sentiment de sécurité, une des premières actions pour rendre notre ville plus agréable pour les femmes serait alors de recenser les lieux où l’éclairage est déficient pour y apporter les changements nécessaires. LA DÉPENDANCE À L’AUTOMOBILE Une autre façon de revendiquer une ville plus inclusive pour les femmes est de militer pour la densification. En effet, si on considère l’essence, les assurances et l’entretien, on estime qu’une voiture coûte en moyenne 11 000 $ par année. Conséquemment, aménager nos villes en misant sur l’étalement plutôt que sur la densification, c’est augmenter la dépense à la voiture, ce qui désavantage les ménages plus défavorisés. Sachant que le salaire annuel moyen des femmes de la région est de 36 873 $, on peut se demander si l’aménagement de nouveaux quartiers résidentiels de plus en plus loin des centres est un obstacle à l’atteinte de l’égalité hommes-femmes. Notre ville féministe s’assurera donc d’avoir des quartiers denses et complets afin qu’il soit possible d’y faire la plupart des déplacements à pied ou à vélo. La nouvelle grille d’analyse de notre ville s’applique même à la façon dont se déroulent les opérations de déneigement. C’est ce qu’a fait la petite ville de Karlskoga en Suède en analysant les habitudes de déplacements de ses habitants. Alors que les hommes utilisent davantage la voiture et empruntent surtout les grands axes, les femmes se déplacent plus souvent à pied et dans les rues secondaires. Elles sont ainsi plus exposées aux risques de chute lorsque les trottoirs sont mal déneigés. La nouvelle politique de déneigement prend en compte cette utilisation différente de la voie publique et s’assure maintenant que le déneigement commence autour des écoles et des garderies et se termine par les grands axes. La force d’une telle démarche est qu’en visant précisément l’amélioration du bien-être des femmes dans tous les aspects de l’aménagement et l’utilisation du territoire, on améliore directement l’expérience d’autres groupes plus vulnérables tels que les aînés ou les enfants. Depuis la nuit des temps, la ville est construite par et pour les hommes. Il est temps que ça change!

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SPÉCIAL ESPACES ET TERRITOIRE

– ESPACES ET TERRITOIRE –

TROIS FAÇONS DONT L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE INFLUENCE L’ÉCONOMIE LOCALE LAURENCE RIVARD

En affaires comme en immobilier, c’est le même dicton : « l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement! » ENCOURAGER L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE Et si, plutôt que d’envoyer notre recyclage par bateau en Asie, on créait des solutions locales à notre production de déchets? Le principe de l’économie circulaire est d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles en valorisant les déchets le plus près possible de la source. En planifiant l’occupation du territoire de façon à concentrer les entreprises dans une zone géographique bien définie, on concentre également la production de déchets. Cela encourage l’innovation pour la revalorisation de ces déchets et diminue les coûts de logistiques liés à l’approvisionnement.

COURTOISIE

Comme exemple inspirant, pensons à la coopérative de solidarité Énergie nouvelle Johannoises dans le Bas-Saint-Laurent qui produit de l’énergie à partir de la biomasse de résidus forestiers locaux. Elle alimente en énergie 29 logements sociaux, 2 écoles ainsi que l’église de la municipalité de Saint-Jean-de-Dieu. STIMULER L’ENTREPRENEURIAT LOCAL AU PROFIT DE LA MUNICIPALITÉ Lorsqu’un Walmart souhaite s’établir dans une ville, un des arguments de taille pour convaincre l’administration locale tourne généralement autour du succulent montant en taxe foncière qui sera récolté par la ville. Cette dernière pourrait alors utiliser ces nouveaux revenus pour améliorer ses services à la population. La stratégie du géant américain est de s’installer en périphérie de la ville, là où les taxes foncières sont les moins élevées au mètre carré. Il est vrai que, pour le terrain choisi, les revenus fonciers générés seront beaucoup plus élevés que ce qu’un ensemble résidentiel pourrait rapporter à cet endroit, mais ce n’est pas le portrait complet. D’après les calculs de la firme d’urbanisme Urban3, un immeuble à usages mixtes, c’est-à-dire ayant à la fois du résidentiel, du commercial et des étages de bureau et qui serait situé au centre-ville peut remplacer à lui seul 7,5 Walmart en revenus fonciers pour une municipalité! D’après les analyses de la firme américaine, peu importe la taille 22 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

de la ville, le constat est le même : une municipalité fait mieux figure lorsqu’elle choisit d’investir dans la création de quartiers aux usages mixtes et qui favorisent les déplacements à pied. AMÉNAGER DES ESPACES PUBLICS QUI CONTRIBUENT À LA SANTÉ PHYSIQUE DES CITOYENS Saviez-vous qu’une piste cyclable sur une artère commerciale augmente les ventes dans les commerces? En 2012, la ville de New York a mesuré les ventes des commerces d’une rue de Manhattan avant et après l’aménagement d’une piste cyclable sécurisé. Résultat? Les ventes sur l’artère ont augmenté de 24 % comparativement à la croissance globale du quartier qui se limitait à 3 % pour la même période. Les cyclistes sont également réputés pour dépenser plus que les automobilistes, notamment parce qu’ils se rendent dans les commerces plus souvent. D’après une étude de Portland en Oregon, c’est parce que les cyclistes dépensent

moins en frais liés à leur moyen de transport qu’ils peuvent se permettre de dépenser ailleurs. L’aménagement de rues piétonnes a également des effets bénéfiques sur l’économie locale. L’été dernier, en réponse à la COVID-19, la ville de Victoriaville a supprimé une voie de circulation de son centre-ville pour en faire une zone piétonne et commerciale. D’après le sondage de satisfaction divulgué en décembre dernier, 63 % des commerçants répondants ont affirmé que leur chiffre d’affaires pendant la piétonnisation était supérieur ou égal à celui de l’année précédente. À Rouyn-Noranda, la ville, en collaboration avec la société de développement commerciale du centre-ville, vient tout juste d’annoncer qu’elle reconduisait le projet de rue piétonne estivale sur une portion de la rue Principale et la rue Perreault pour les trois prochains étés!


– ESPACES INTELLIGENTS –

VOIR AU-DELÀ DES TERRITOIRES : CONSTRUIRE DES ESPACES DE PROJETS D’INITIATIVE CITOYENNE MICHEL DESFOSSÉS

Il y a quelques jours, Maxime Pednaud-Jobin, l’actuel maire de Gatineau, pressé de déclarer ses intentions pour la prochaine élection municipale, déclinait définitivement tout retour comme premier magistrat de sa ville. Sa réponse négative et sans ambages m’est apparu joliment tournée, lui qui citait le philosophe Jean-Jacques Rousseau : « les maisons font la ville, ses citoyens, la Cité ». Ce citoyen à la fois « sujet et souverain » comme l’édifie Rousseau dans son ouvrage Le Contrat social reste encore à trouver selon Maxime Pednaud-Jobin. Il ne le cherchera plus, du moins plus dans l’agora municipale. En ces temps obscurs de prise de paroles tonitruantes des contribuables envers nos élus, les médias ne manquent pas de mesurer leur impact sur les politiciens. Mais admettons que l’on essaie de ne pas imputer cette démobilisation au pissou virtuel de François Legault, ou au moron, ainsi nommé par Régis Labeaume. Aurions-nous pour autant les instruments démocratiques pour transformer les lapidaires virtuels en citoyens? Peut-être pas. C’est du moins l’opinion du journaliste communautaire Roméo Vachon qui voit nos structures municipales comme vétustes. Leur loi constitutive daterait de 1842! Ce n’est que récemment toutefois que les 1300 municipalités, villes-MRC et communautés urbaines ont récolté tout un pactole : la gouvernance régionale et toute une flopée de compétences à exercer auprès des citoyens. Nommez-les : culture, sport et loisirs, vie communautaire.

Sans commettre de généralités, puisqu’il y a d’heureuses exceptions, un trop grand nombre de municipalités délestées de leurs responsabilités se cantonnent désormais dans une territorialité motivée par l’idée de protéger l’impôt foncier (« compte de taxes ») du contribuable et de « gratter » les chemins. Et dans cette posture ultra-territoriale, les élus mandatent leur préfet respectif pour aller en conférence régionale surtout pour défendre les intérêts locaux et personne ne réclame non plus que l’on renouvelle la planification stratégique de l’Abitibi-Témiscamingue dont la plus récente mouture se terminait en 2018. L’émergence de projets concurrents de zone d’innovation minière à Rouyn-Noranda et Val-d’Or démontre par ailleurs que c’est mal barré pour la concertation régionale. La cohésion de l’Abitibi-Témiscamingue a toujours été le fruit de compromis, mais de là à ce qu’un gouvernement encourage la compétition entre les territoires d’une même région. Puisque la planification régionale n’a plus la cote, osons donc remettre à la société civile le soin de faire lever des projets d’intérêt commun qui transcendent les territoires municipaux et unissent des communautés qui, même si elles ne sont pas des voisines immédiates, voient leur développement du même œil. Il reste, aux quatre coins de la région, de ces citoyens aux expertises complémentaires prêts à coconstruire la Cité. Le recours aux organismes citoyens et à la société civile est une formule efficace et capable. Ainsi, le Collectif Territoire dédié à la mise en valeur du lac Osisko à Rouyn-Noranda est en voie de concilier la nature, les arts et l’industrie autour d’un projet commun.

Et voilà qu’après avoir obtenu les compétences dont il rêvait depuis longtemps, le milieu municipal doit en faire sous-traiter une grande partie, faute de ressources. Et, pour se faire, les instances municipales ont recours à une autre institution bien commode, la municipalité régionale de comté (MRC).

Prenez aussi l’accès au numérique. Sans la société civile qui a mis la main à la pâte, croyezvous que nous aurions un réseau mobile et de fibres optiques comme celui que déploie actuellement la gestion de l’inforoute régionale (GIRAT)?

Est-il besoin de le préciser, les MRC ne sont pas des instances électives pour le poste de préfet, sauf pour quelques-unes d’entre elles, dont le Témiscamingue.

Un modèle, une stratégie pour le développement? Transformer l’Abitibi-Témiscamingue en espace de projets d’initiative citoyenne.

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médiat.ca L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 23


FÉLICITATIONS AUX LAURÉAT(E)S ! Le 15 avril dernier, le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue dévoilait le nom des 8 lauréats de ses Prix d’excellence en arts et culture. Par cet évènement, le CCAT tient à faire rayonner les artistes, travailleurs et organismes culturels de la région en soulignant leur apport et leur dynamisme.

24 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


– CINÉMA –

LA CAMARADERIE À L’AVANT-PLAN JOANIE DION

COURTOISIE

Imaginez-vous avec vos amis autour d’une bière, à la belle étoile, près d’un lac. Vous avez réservé un chalet douillet pour la fin de semaine et vous vous revoyez tous pour la première fois depuis trop longtemps. C’est mythique, vous n’y croyiez plus. Les idées s’entrechoquent parfois, mais la joie de vous retrouver et la fraternité sont plus puissantes que tout. C’est l’ambiance créée par le tout nouveau collectif témiscabitibien des Productions d’la 3e Avenue, avec sa première websérie filmée à l’Auberge Harricana, La Tribu du déluge.

Nées d’une collaboration entre amis, les Productions d’la 3e Avenue sont le fruit de l’addition de leurs forces et intérêts respectifs, explique Maxime Dupuis, le réalisateur et scénariste de la websérie. C’est une mini-communauté soudée qui se soutient du début à la fin du processus créatif. « Je n’ai jamais eu besoin de sortir de mon cercle d’amis, ce que je considère évidemment [comme] une chance incroyable », révèle-t-il les étoiles dans les yeux. C’est d’ailleurs en étudiant son propre cercle amical qu’il a eu l’idée de la websérie. La Tribu du déluge découle de l’observation des comportements humains dans un groupe d’amis des années 2020, et fait précisément écho à la dynamique du collectif : « Qu’est-ce qui définit une communauté? Ses valeurs, ses jeux, ses souvenirs… j’ai essayé, au-delà du débat, de créer cette communauté-là avec ces éléments anthropologiques de base. Je trouvais intéressant d’essayer de montrer un quotidien qui a des ancrages profonds et humains [avec] cette espèce de huis clos qui se forme avec la forêt autour. »

SUZANNE BLAIS

DÉPUTÉE D’ABITIBI-OUEST

Mais encore, la couleur personnelle de la websérie est celle du mythe, de l’impression d’étrangeté mêlée à de la familiarité, avec les lieux, les sons, la forêt et les amis. « Il y a une touche cérémonielle dans leur fin de semaine, dans cette façon-là de se défouler, autant dans la fête que dans le débat, que juste être avec des amis. On est dans ce domaine-là du mythe, de la tribu. » Fin de semaine qui, justement, se clôt sur un événement qui tient du rituel.

Bureau de La Sarre 29, 8e Avenue Est, La Sarre(QC), J9Z 1N5 819 339-7707

Somme toute, Maxime Dupuis se réjouit de la réception du public à ce jour pour la websérie : « On a environ 1 000 visionnements par épisode, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout. Le fait de diffuser aux médias, c’est là la différence d’un projet qui reste entre amis. J’en suis vraiment content! »

Bureau Amos 259, 1re Avenue Ouest, Amos, (QC), J9T 1V1

Les quatre épisodes de La Tribu du déluge sont accessibles à partir de la Page Facebook des Productions d’la 3e Avenue. Des projets à venir sont à y surveiller aussi, notamment le court-métrage Motté, de Charles-Antoine Chouinard. « On vit de nos idées et on essaye vraiment de faire de l’art », conclut Maxime Dupuis.

819 444-5007 zz

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– MÉDIATION CULTURELLE –

NOUVEAU PROJET DE MÉDIATION CULTURELLE AU RIFT

COURTOISIE

JOANIE HARNOIS

Depuis l’automne, le Rift de Ville-Marie peut compter sur une nouvelle médiatrice culturelle. Il s’agit de Laurie Bellerive-Bellavance, qui effectue par le fait même un retour dans la région. Son mandat s’inscrit dans une volonté d’offrir davantage d’activités de médiation tant en arts visuels qu’en arts de la scène. Après des études en théâtre et en enseignement des arts, puis quelques expériences en enseignement primaire et préscolaire, elle était la personne toute désignée pour remplir ce rôle axé principalement sur l’intervention auprès des enfants.

Les ateliers ont lieu dans les écoles et au centre d’exposition du Rift depuis le 16 avril. La Biennale Internationale d’Art Miniature se déroulera à Ville-Marie du 4 juin au 5 septembre 2021.

La Témiscamienne est bien consciente que la médiation culturelle est un domaine méconnu pour plusieurs. Pour elle, son travail consiste à faire découvrir de nouveaux artistes, de nouvelles formes d’art aux jeunes publics, de les amener à s’y intéresser, de les mettre en contact avec les artistes ou de vulgariser le contenu d’une œuvre pour leur rendre accessible. « Je suis là pour faire le pont entre l’objet d’art et l’enfant », résume-t-elle. La présence d’une médiatrice culturelle pour un lieu de diffusion comme le Rift favorise évidemment le développement de nouveaux auditoires. C’est aussi dans la mission de l’organisation que d’être un lieu d’apprentissage artistique, de favoriser les échanges. Laurie Bellerive-Bellavance donne l’exemple des pièces de théâtre qui seront présentées prochainement, Ma petite boule d’amour pour les enfants d’âge préscolaire jusqu’aux élèves de 1re année, puis Océanne pour les élèves de 3e année : « Je vais aller dans les classes en préparation aux représentations, leur expliquer quels sont les codes au théâtre, les mettre en contexte. » Pour les jeunes, les activités organisées par la médiatrice culturelle sont une occasion de s’initier aux arts, mais aussi de développer des aptitudes comme la créativité, la minutie, la motricité fine et des habiletés plastiques à l’aide du modelage, de la peinture ou du collage, par exemple. C’est également une occasion de les impliquer, de les mettre en contact avec les manifestations culturelles qui existent sur le territoire, comme la Biennale Internationale d’Art Miniature. La démarche orchestrée par Laurie Bellerive-Bellavance ce printemps consiste dans un premier temps à réaliser des ateliers pour initier les jeunes à l’art miniature par l’observation d’exemples à la loupe, pour ensuite les guider dans la création de leur propre œuvre d’art miniature de 7,6 x 10,2 cm (3 x 4 pouces) maximum à l’aide de divers matériaux. Dans un deuxième temps, leurs réalisations seront réunies au sein d’une œuvre collective qui sera exposée lors de la Biennale, accessible au grand public au même titre que les œuvres d’artistes professionnels internationaux. Toute une reconnaissance pour les jeunes artistes en herbe! 26 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

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– CULTURAT –

RÉFLEXIONS SUR LE MARKETING TERRITORIAL PASCALE CHARLEBOIS

Tout d’abord, qu’est-ce que le marketing territorial? Selon Sonia Demontigny, fraîchement diplômée de l’UQAT et auteure d’un mémoire sur le marketing territorial en lien avec la démarche Culturat, « il puise son essence dans le marketing en soi, sauf qu’au lieu de faire le marketing d’un produit, on fait celui d’un territoire. Toutefois, pour que l’image diffusée soit cohérente, il faut qu’elle soit en lien avec ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire l’identité réelle d’un territoire ». Il faut donc bien comprendre que le marketing territorial n’est vraiment efficace que s’il s’accompagne d’un développement et d’une concertation en lien étroit avec celui-ci. Autrement dit, on ne peut pas juste promouvoir qu’on est un territoire accueillant, bienveillant, on doit aussi tenir notre promesse une fois que le visiteur ou le nouvel arrivant est là. Comme le dit Joël Gayet, fondateur de la chaire Attractivité et Nouveau Marketing territorial à Sciences-Po-Aix en Provence : « Le marketing territorial, c’est devenu la création d’un mouvement. » Plusieurs destinations au cours de l’histoire ont tenté une telle démarche, mais sans succès. Pourquoi? Pour la même raison qu’une entreprise peut échouer avec sa marque. Elle aura beau dire, par exemple, que son produit est issu du développement durable, si elle fait travailler des enfants, si ses employés sont sous-payés, etc., ça se saura. Et ce sera pire que si elle n’avait rien dit. « Sauf que c’est encore plus difficile pour un territoire, ajoute Mme Demontigny. Parce que si l’on prend un taxi, si l’on va au resto, on doit retrouver ce qui nous a

HUGO LACROIX

Malgré sa popularité grandissante, le marketing territorial, s’il est pris de manière trop simpliste, ne sera jamais suffisant pour servir, en soi, d’attractivité. Il est en fait beaucoup plus complexe qu’il le semble et doit s’accompagner d’une démarche complète de développement.

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été promis par le marketing. Ça doit transparaître dans l’ensemble des expériences qu’on peut vivre. » On doit ainsi faire en sorte d’être toujours plus cohérent avec l’identité que l’on projette. C’est en se regroupant pour innover ensemble, en tenant compte de tous les points de vue et de toutes les diversités, que nous pourrons créer des liens durables avec tous les talents de notre territoire. Et surtout, c’est de cette façon que nous pourrons attirer d’autres talents tout en restant authentiques. La marque ne se résume plus à la publicité qu’on en fait. Elle est la somme de ce que l’on est, fait, et même pense! « L’idéal, reprend Sonia Demontigny, est d’avoir une gouvernance qui émet des orientations claires, de concert avec les perceptions, les réalités et les besoins de son milieu, c’est-à-dire en lien avec l’identité réelle du territoire et surtout, qui lui donne les moyens de les réaliser et d’optimiser le développement de son milieu dans une même direction. » Mais attention! La gestion du territoire doit aussi s’adapter aux changements de notre société. L’achat local, les valeurs environnementales, sociales et culturelles, l’inclusion, la diversité… tout ça ne semble pas être l’effet d’une mode, mais d’une véritable transition sociétale qui pourra être déterminante sur l’attractivité d’un territoire. Autrement dit, l’identité d’un territoire doit aussi être cohérente avec son époque.

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28 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


– ENVIRONNEMENT –

LES MILIEUX HUMIDES, CES MAL-AIMÉS AURORE LUCAS

RICHESSE RÉGIONALE Les milieux humides désignent de nombreux types de milieux naturels, soit les marais, marécages, tourbières, étangs, bandes riveraines de certains lacs et cours d’eau. Ce sont des milieux saturés en eau, ou inondés périodiquement, avec plus ou moins de fluctuations journalières, saisonnières ou annuelles. Selon l’Observatoire de l’AbitibiTémiscamingue, les milieux humides représentent 24,1 % du territoire régional, répartis très inégalement entre les 5 territoires de MRC de la région. Considérée comme une nuisance par plusieurs, cette abondance fait pourtant des jaloux au sud de la province ou même ailleurs dans le monde. Vestiges de la dernière glaciation, ce sont des écosystèmes complexes qui évoluent lentement. Certains milieux datent de près de 10 000 ans. D’ailleurs, saviez-vous qu’une tourbière pousse d’à peine 1 mm par an? Plus qu’une simple swamp peu ragoûtante pleine de maringouins, c’est l’habitat essentiel pour de nombreuses espèces animales et végétales, à la base de plusieurs chaînes trophiques essentielles. De plus, les milieux humides nous rendent de multiples services. Ils jouent un rôle indispensable dans l’environnement et dans la régulation de l’eau : ils empêchent les inondations, filtrent les toxines, emmagasinent l’eau de la nappe phréatique et limitent l’érosion. Ainsi, tous les milieux humides

contribuent à la santé et à la sécurité de nos collectivités. Ils sont les véritables gardiens de cet or bleu que nous chérissons tant. MENACES OMNIPRÉSENTES Dans les dernières années, l’absence de connaissances approfondies sur les milieux humides a stimulé la recherche universitaire pour qu’il y ait davantage d’enquêtes sur les services rendus par ces milieux naturels. Cependant, ces milieux disparaissent à vitesse grand V puisque ce sont des terrains trop souvent convoités pour les ensembles résidentiels. Dans les zones habitées du Canada, jusqu’à 70 % de nos milieux humides ont déjà été détruits ou fragilisés. Notre région n’est pas épargnée par ce phénomène, nous privant de leurs nombreux bienfaits. Protéger à la fois ces milieux et permettre un développement adéquat des municipalités n’est pas aisé. La Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques devrait faciliter la prise de décision en se basant sur trois grands concepts. Premièrement, la protection selon le principe d’aucune perte nette par unité de bassin versant pour les milieux offrant les plus grands services écosystémiques. Deuxièmement, la compensation de ce qui sera inévitablement détruit. Troisièmement, l’intégration des impacts des changements climatiques dans les futures planifications, car ils risquent d’accentuer la menace. OPPORTUNITÉS Dans les régions du sud du Québec, les milieux humides protégés sont bien souvent mis en valeur par l’entremise d’une offre récréotouristique. Des aménagements permettent d’aller s’y promener pour apprécier la biodiversité dont ils regorgent. Ce sont généralement des lieux d’intérêts

Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !

BIANCA BÉDARD

Disons-le, bien rares sont les gens qui ont les yeux qui brillent quand il est question de milieux humides. Leur conservation est trop souvent considérée comme un frein au développement économique. Pourtant, notre région en regorge. Ils sont partout autour de nous et nous rendent de précieux services. Dénigrer ces milieux, c’est comme se priver d’un grand pan de l’identité territoriale de l’Abitibi-Témiscamingue.

pour l’observation de la faune aviaire et de l’herpétofaune. Bien étonnant que ces types d’attraits soient très peu nombreux dans la région, considérant l’abondance de milieux humides. La région a tout intérêt à développer son offre récréotouristique en lien avec ses milieux naturels d’exception. D’ailleurs, en contexte pandémique, il semble que les gens aient retrouvé l’envie d’entrer en contact avec la nature à proximité de leur domicile. Considérant un beau printemps hâtif, pourquoi ne pas en profiter pour aller vous balader dans les milieux humides accessibles à proximité de votre demeure? Un sentiment de sérénité vous enveloppera et vous aurez certainement l’occasion d’observer une faune et une flore riche et surprenante. Bonne découverte!

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– MA RÉGION, J’EN MANGE –

ASPERGES VERTES TIÈDES DU QUÉBEC, FÉTA DE CHÈVRE DE COLOMBOURG, HUILE DE CITRON ET VINAIGRE DE BALSAMIQUE AUX FRAMBOISES CHEF YVES MOREAU, LES BECS SUCRÉS-SALÉS (VAL-D’OR)

INGRÉDIENTS 24 unités Asperges vertes du Québec 200 gr Féta de chèvre FromAbitibi émietté 90 ml (6 c. à soupe) Huile d’olive au citron d’Olives et gourmandise 45 ml (3 c. à soupe) Vinaigre balsamique aux framboises d’Olives et gourmandise Au goût Ciboulette fraîche ciselée Au goût Sel et poivre

30 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN

MÉTHODE

Idée gourmande : ajouter quelques framboises fraîches et un peu de zeste de citron sur les asperges.

Couper les tiges d’asperges à la base afin d’enlever la partie la plus dure et fibreuse. Cuire les asperges à l’eau bouillante salée entre 10 et 15 min selon la grosseur. (Éviter de trop cuire les asperges pour garder le croquant et les valeurs nutritives.) Déposer les asperges tièdes sur une assiette et ajouter le féta émietté, huile d’olive au citron et le vinaigre balsamique aux framboises. Ajouter du sel et du poivre au goût, décorer de ciboulette fraîche et servir.

COURTOISIE

Le mois de mai, c’est la saison des asperges au Québec. Voici une entrée à la fraîcheur printanière.


CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

En raison des mesures annoncées par le gouvernement concernant la COVID-19, il se peut que certains des spectacles en présentiel du calendrier soient annulés. Veuillez vous référer directement aux diffuseurs pour les renseignements les plus à jour.

HUMOUR L’Humour de ma vie – Michel Barrette 7 mai, Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 9 mai, Théâtre des Eskers (Amos) 10 mai, Théâtre des Eskers (Amos) 11 mai, Théâtre Télébec (VO) 12 mai, Théâtre du cuivre (RN) 13 mai, Le Rift (Ville-Marie) Le plus fort au monde – François Bellefeuille 7 mai, Théâtre du cuivre (RN) 8 mai, Théâtre du cuivre (RN) MUSIQUE Move Away – Bobby Bazini 5 mai, Théâtre du cuivre (RN) 6 mai, Théâtre Télébec (VO) Roxane Bruneau 8 mai, Théâtre Meglab (Malartic) Matt Lang 11 mai, Théâtre du cuivre (RN) 12 mai, Théâtre Télébec (VO) 13 mai, Théâtre du cuivre (RN) Fouki avec LaF et invités 13 mai, Théâtre Télébec (VO) 14 mai, Théâtre des Eskers (Amos) Nature humaine – Alexandre Poulin 19 mai, Théâtre Télébec (VO) 20 mai, Le Rift (Ville-Marie) 21 mai, Théâtre du cuivre (RN)

JEUNE PUBLIC 4 gars, 4 micros, 2 mètres – QW4RTZ 22 mai, Théâtre des Eskers (Amos) 26 mai, Théâtre du cuivre (RN) 27 mai, Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 28 mai, Le Rift (Ville-Marie) Pixel d’étoile – Océanne 29 mai, Théâtre du cuivre (RN) 30 mai, Théâtre Télébec (VO)

Ma petite boule d’amour Théâtre des bouches décousues 2 mai, Théâtre Télébec (VO) L’empereur et le parapluie Mélanie Nadeau 9 mai, Théâtre Lilianne-Perrault (La Sarre) Pomelo – Ombres Folles 16 mai, Théâtre Télébec (VO)

CONTE Des mots volés – Colette Fortin 9 mai, Salle Félix-Leclerc (VO)

Festival Petits bonheurs Partout dans la région Programmation disponible en ligne

EXPOSITIONS

DIVERS

Les ouvrages et les heures Monique Régimbald-Zeiber Jusqu’au 16 mai, MA Musée d’art (RN)

Atelier libre 12 févr. au 11 juin, MA Musée d’art (RN)

Ici ailleurs d’autres spectres – Jin-Me Yoon Jusqu’au 16 mai, MA Musée d’art (RN) Si tu m’écrivais, écrirais-tu le mot eau? Agnès Riverin Jusqu’au 16 mai, Centre d’exposition d’Amos Les maîtres du monde sont des gens Clément de Gaulejac Jusqu’au 30 mai, L’Écart (RN)

Dessin de modèle vivant 13 févr. au 5 juin, MA Musée d’art (RN) Joyeux amalgame : La revanche du domestique Ménard et Biron 6 mai, Centre d’art de La Sarre (En ligne) La Magie de la chimie Yannick Bergeron 14 mai, Théâtre du cuivre (RN)

Fragments d’humanité - Archéologie du Québec Jusqu’au 6 juin, Centre d’exposition d’Amos

Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans la prochaine édition de L’Indice bohémien, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, à partir du site Web du CCAT au ccat.qc.ca/soumettre-evenement.php. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.

L’INDICE BOHÉMIEN MAI 2021 31


groupes prioritaires

Renseignez-vous dès maintenant sur la séquence de vaccination prévue dans votre région et prenez votre rendez-vous en ligne. Québec.ca/vaccinCOVID 1 877 644-4545 Le vaccin, un moyen sûr de nous protéger.

32 MAI 2021 L’INDICE BOHÉMIEN


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