JUIN 2020 // L'INDICEBOHÉMIEN // VOL. 11 - NO. 09

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - JUIN 2020 - VOL 11 - NO 9

GRATUIT

Virginia Pésémapéo Bordeleau

Une vie à peindre

+ spécial Premières Nations

On protège sa santé et celle de notre entourage Information et conseils à l’intérieur.

07

LEDUC ET L AGROIS :

PHOTOGRAPHES Guide4_Post-it_2-5poX2-5po_FR.indd 1

DU CONFINEMENT

10

S OPHIE ROYER : ÉTOILE D’ABITIBI-OUEST

UNE 20-04-21 12:34

14

JANEL FUROY : UN TÉMIS C AMIEN DERRIÈRE L A C AMÉRA

19

JACQUELINE MICHEL : AC TRICE ET RÉALIS ATRICE ANICINABE

21

UN PREMIER ALBUM POUR VÉRONIQUE TRUDEL


L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance

DISTRIBUTION L’Indice bohémien poursuit sa distribution! Voici les lieux de distribution durant la période de la COVID-19 :

et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. MRC D’ABITIBI 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5

AMOS : CENTRE DE SANTÉ LES ESKERS, COOP IGA AMOS-OUEST, COOP IGA

Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375

EXTRA AMOS-EST, JEAN COUTU, LES JARDINS DU PATRIMOINE

indicebohemien.org

DISTRIBUTION : SYLVIE TREMBLAY

ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien

MRC D’ABITIBI-OUEST LA SARRE : CAISSE DESJARDINS, LE CONSOMMAT +, IGA ALIMENTATION

CHRONIQUES

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative de

SYLVAIN BOYER, LES JARDINS DU PATRIMOINE, JEAN COUTU

solidarité du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en

DISTRIBUTION : RAPHAËL MORAND

L’anachronique

8

novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et

De panache et de laine

6

indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et

VILLE DE ROUYN-NORANDA

Environnement

20

les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

ROUYN-NORANDA : LE BEL-ÂGE, BLEU HORIZON, CHSLD PIE XII,

Histoire 17

IGA EXTRA MARCHÉ BÉLANGER, IGA EXTRA MARCHÉ FAMILLE JULIEN,

Ma région, j’en mange

21

CONSEIL D’ADMINISTRATION

IGA ROY, LES JARDINS DU PATRIMOINE, LA SEMENCE, PHARMAPRIX

Médias et société

11

Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda

(PROMENADES DU CUIVRE), PHARMACIE BRUNET, RÉSIDENCE ST-PIERRE

Premières Nations

15

Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or

ÉVAIN : DÉPANNEUR CHEZ GIBB

Région intelligente

8

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

ROLLET : PLACE TALBOT

Tête chercheuse

6

Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda

MRC DE TÉMISCAMINGUE

Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue

ANGLIERS : ÉPICERIE CHEZ LÉANNE

SOMMAIRE

GUÉRIN : DÉPANNEUR RESTO D’ANTAN

À la une

5

Artisanat

10

Arts visuels

10

Cinéma 14 Médiation culturelle

9

Musique 21 Photographie

7

Premières Nations

15 à 19

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

LAVERLOCHÈRE : MARCHÉ BONICHOIX

Valérie Martinez

LORRAINVILLE : IGA BOUTIN

direction@indicebohemien.org

NOTRE-DAME-DU-NORD : CENTRE D’ALIMENTATION SAGUAY-BONICHOIX

819 763-2677

RÉMIGNY : MAGASIN GÉNÉRAL SAINT-BRUNO-DE-GUIGUES : BOUCHERIE FRUITS ET LÉGUMES

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS

VILLE-MARIE : BUREAU DE POSTE, UNIPRIX SYLVIE BOUGIE

Gabrielle Izaguirré-Falardeau, coordonnatrice

DISTRIBUTION : CAROLE MARCOUX

redaction@indicebohemien.org 819 277-8738

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

Ariane Ouellet, éditorialiste

VAL-D’OR : LE BORÉAL, DOMAINE DES PIONNIERS, IGA CENTRE-VILLE,

Lise Millette, collaboratrice à la une

IGA EXTRA FAMILLE PELLETIER, LES JARDINS DU PATRIMOINE, OASIS DU REPOS, PROVIGO, SUPER C

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

MALARTIC : IGA MARCHÉ DEMERS, JEAN COUTU

Hugo Asselin, Véronique Aubin, Joannie Cotten, Gabriel David Hurtubise,

SENNETERRE : IGA BILODEAU

Michel Desfossés, Isabelle Gilbert, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Hélène Jager, Flavie Jutras, Richard Kistabish, Isabelle Leblanc, Zachary Marcoux,

CONCEPTION GRAPHIQUE

Philippe Marquis, Lise Millette, Yves Moreau, Ariane Ouellet,

Feufollet.ca

Michèle Paquette, Christiane Pichette, Guillaume Proulx, Julie Renault, Dominique Roy, Dominic Ruel et Louis-Paul Willis

CORRECTION Geneviève Blais

COORDINATION RÉGIONALE Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi

IMPRESSION

Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest

Imprimeries Transcontinental

Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue

TYPOGRAPHIE

Geneviève Béland | MRC de la Vallée-de-l’Or

Carouge et Migration par André SImard

EN COUVERTURE L’auteure, peintre et poète

Certifié PEFC

Virginia Pésémapéo Bordeleau.

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

Photo : Christian Leduc PEFC/01-31-106

2 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

www.pefc.org


– ÉDITORIAL –

SE REGARDER DANS LE BLANC DES YEUX ARIANE OUELLET

Depuis quelques années, L’Indice bohémien de juin fait toujours une place aux enjeux liés aux Premiers Peuples et à la mise en valeur de la culture autochtone. Dans la dernière année, les sujets d’actualité les concernant n’ont pas manqué, mais ils ont malheureusement tous été éclipsés de la sphère médiatique depuis plusieurs mois : enjeux environnementaux, exploitation des ressources, revendications territoriales, commission Viens et les multiples recommandations qui en découlent, dont la reconnaissance et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l’Assemblée nationale. J’espère qu’on y reviendra.

Dans notre course effrénée à la productivité et à l’efficacité en toute chose, nous considérons souvent les humains selon une logique comptable. Ils sont dans la colonne des actifs tant et aussi longtemps qu’ils travaillent et consomment, tant qu’ils sont « utiles » comme bénévole dans un organisme. Dès que l’énergie s’essouffle, que la santé faillit, on tombe dans la colonne des passifs. On conçoit les relations comme si les vieux n’étaient qu’en situation de déficit par rapport à la société qui les soutient. On sous-estime la valeur des humains, de leur expérience. Celle qui permet un pas de recul face aux choses et aux êtres. On pense trop souvent à tort que les vieux peuvent casser comme un bibelot, qu’il faut les préserver dans un petit écrin à l’abri de quelque chose qui pourrait les blesser. S’ils ont eu la chance de devenir vieux, c’est probablement parce qu’ils sont faits pas mal plus fort qu’on croit. Qu’ils ont vu neiger, qu’ils ont eu des amis, qu’ils ont pris un coup, qu’ils ont parlé de cul, qu’ils ont remis en question eux aussi la société et la foi en Dieu. C’est une erreur de les mettre dans des petites boîtes à l’écart de la vie.

Je me désole que, encore une fois, une situation de crise mobilise tant et tellement l’attention médiatique que tout ce qui reste d’important disparaît soudainement de la conscience collective. C’est fou quand on y pense, la puissance des médias. Quand ils regardent quelque part, c’est comme une loupe mise sur quelque chose et tout ce qui est hors du cadre tombe dans l’oubli. Jusqu’à tout récemment d’ailleurs, les conditions de vie On conçoit les relations comme si les vieux des vieux non plus ne faisaient pas la manchette. Si la n’étaient qu’en situation de déficit par rapport crise actuelle a quelque chose de bon, c’est sans doute à la société qui les soutient. On sous-estime la mise en lumière de cet aspect peu reluisant de notre la valeur des humains, de leur expérience. culture nord-occidentale. Je pense à ma grand-mère qui a 93 ans et qui, grâce aux soins très attentionnés de ma mère, réussit à vivre dans son petit appartement très correct dans une résidence. D’un point de vue sociologique, il faut avoir les moyens pour se payer un logement toute seule à cet âge. Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde où la population a ce « luxe » d’espace et d’argent. Cependant, ce qui, pour certains, rime avec confort est pour d’autres, source d’une immense solitude, une fois la vieillesse venue. Est-ce un effet post baby-boom, quand les familles trop nombreuses ont suffoqué dans des logements trop petits, que les enfants d’alors ont juste rêvé de partir loin du nid pour être libres? Est-ce dans ce terreau d’obligations morales et religieuses que sont nées les relations familiales décousues d’aujourd’hui? Est-ce la gymnastique compliquée des familles reconstituées? Ou est-ce dans la logique économique actuelle où la vie coûte tellement cher que chaque membre adulte d’une famille doit à tout prix travailler quarante heures par semaine pour payer l’hypothèque et l’université des enfants, et qu’il ne reste plus qu’une ou deux heures par semaines à consacrer aux parents vieillissants qui s’ennuient dans leur coin? Comment, dans l’évolution de notre tissu social, en sommes-nous arrivés à être si déconnectés de nos parents? Je ne porte pas de jugement. Je m’interroge.

Encore une fois, j’observe la sagesse des peuples des Premières Nations où les aînés jouissent d’un statut privilégié, où ils sont non seulement honorés et considérés à part entière, mais consultés dans les décisions qui concernent la communauté. Ils sont des passeurs culturels et identitaires. Leur opinion compte. Leur existence compte. Ils font partie de la vie. Toute misère comparée, je crois que j’aimerais mieux vieillir entassée dans une maison trop remplie que dans une « villa du doux souvenir », à voir mes petits enfants au mieux quatre fois par année. Dans un monde idéal, il y aurait des solutions de remplacement à tout ça. Des milieux de vie mixtes, permettant à la fois d’avoir des soins adéquats et d’être parmi le vivant. Comme ces résidences qui cohabitent avec un CPE, ou des maisons multigénérationnelles abordables. Depuis quelques semaines, de nombreux témoignages dans les médias font état de personnes âgées qui se sont accrochées à la vie lorsqu’elles étaient entourées de leurs proches dans des moments difficiles. La santé passe d’abord et avant tout par un sentiment d’être aimé. On dira ce qu’on veut des merveilles de la technologie pour garder le contact, le virtuel a des limites. Ma grand-mère confond souvent le téléphone et la télécommande. Depuis qu’elle a une aide tous les matins pour s’habiller, elle a repris un demi-kilo, une grande victoire pour nous, à distance. Elle a plus d’appétit. Ça fait une différence. « Une maison chaude, du pain sur la nappe, des coudes qui se touchent, voilà le bonheur », disait Félix Leclerc. Bien de la sagesse dans une toute petite phrase. Rien ne remplace un bol de soupe chaude partagé et une véritable caresse. J’ai hâte de prendre ma petite grand-mère dans mes bras, mais en attendant, vivement que le beau temps arrive qu’on puisse aller se balancer ensemble, masqués, mais yeux dans les yeux.

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 3


FÉLICITATIONS À L’ENSEMBLE DES FINALISTES!

PRIX ARTISTE DE L’ANNÉE

PRIX RELÈVE

PRIX DU PUBLIC

PRIX TRAVAILLEUR DE L’OMBRE

TVA ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

C’EST JUSTE UNE JOKE, roman jeunesse, Nadia Bellehumeur, MRC Témiscamingue LE VOL DU TRAIN D’OR - L’ENVOL DU TRAIN D’ART, bande dessinée, Roger Pellerin, MRC d’Abitibi-Ouest LES GENS D’ICI, conte, Pierre Labrèche, MRC d’Abitibi MARIANNE BELLEHUMEUR, série de romans jeunesse, Lucille Bisson, MRC de la Vallée-de-l’Or PRO PELLE CUTEM, recueil de poèmes, Nicolas Lauzon, Ville de Rouyn-Noranda

PRIX PARTENARIAT PRIX COUP DE CŒUR

4 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

PRIX ORGANISME INTÉGRATION DES TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES


– À LA UNE –

VIRGINIA PÉSÉMAPÉO BORDELEAU : UNE VIE À PEINDRE LISE MILLETTE

Quatre décennies de peintures réunies dans un livre, Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew, accompagnées de poèmes, une exposition repoussée à l’automne au MA Musée d’art de Rouyn-Noranda et une deuxième exposition, Dialogue 4, regroupant 48 broderies réalisées dans un projet avec une artiste mexicaine. La célébration des 40 ans de carrière de Virginia Pésémapéo Bordeleau se voulait chargée et elle le sera, COVID-19 ou pas. La directrice littéraire des Éditions du Quartz, qui publie ce livre d’art rétrospectif, s’est montrée plus qu’élogieuse à l’égard de l’artiste : « Elle sait toucher le beau et le grave, elle nous invite à voir plus grand. Son œuvre picturale va dans ce même sens de l’observation du monde qui l’entoure – nature, hommes, femmes, animaux –, elle y pose un regard clairvoyant et bienveillant. » L’exposition au MA devait se tenir cet été, mais le rendez-vous a été repoussé. « Certaines œuvres se trouvaient à l’extérieur de la région et il devenait complexe, avec la pandémie, de les faire circuler », résume Jean-Jacques Lachapelle, directeur artistique du MA. Il reconnaît par ailleurs que l’œuvre de Virginia Pésémapéo Bordeleau évolue en phases. « Très figurative dans les années 1980-1990, les toiles deviennent ensuite plus anthropologiques, avec le portrait de sa mère notamment. Ensuite, les figures humaines disparaissent pour présenter des animaux, puis ils cèdent leur place à des aspects beaucoup plus oniriques et à du figuratif qui ressemblent davantage aux rêves qu’à l’abstrait. »

L’été va (extrait), 2016, acrylique sur toile, 107 cmx 152 cm photo : D. Trépanier

Avec le MA, le cycle d’expositions Dialogues devait aussi se poursuivre avec Dialogue 4, une formule permettant une rencontre par l’entremise de l’art autochtone. Cette fois, il s’agissait d’unir le travail de Virginia Pésémapéo Bordeleau à celui de l’artiste métisse nahuatl de Coatepec, Guillermina Ortega. Des femmes autochtones de Val-d’Or avaient travaillé avec Virginia sur des broderies avec, comme thématique, les violences faites aux femmes. En discutant avec sa consœur mexicaine, Virginia dit avoir été frappée par des similitudes. « Ce qui est étrange, c’est que lorsqu’il est question de la place des femmes, nous sommes plusieurs, dans différents pays, à travailler sur ce thème. On parle de la même chose. Au Mexique c’est pire qu’ici même, mais sur le fond, les préoccupations sont les mêmes », affirme-t-elle.

UN TALENT PRÉCOCE ET DURABLE Âgée de 69 ans, Virginia Pésémapéo Bordeleau abordait déjà la peinture aux âges de 11 et 12 ans. « Le directeur de l’école a même voulu acheter une de mes peintures. À l’époque, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais, ‘‘être peintre’’ », se souvient-elle. Née d’une mère crie et d’un père métis, l’artiste porte et assume ses racines qui se reflètent d’ailleurs dans sa création. Dans son livre rétrospectif sur sa carrière, ce sont ses œuvres qui s’expriment par des poèmes explicatifs de son cru. UNE ANNÉE REMPLIE L’année 2020 sera marquante. Outre ces regards posés sur son travail mis en valeur dans le livre L’ourse bleue et les expositions du MA, Virginia s’est vue remettre le prix de l’Artiste de l’année par le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue. Une autre reconnaissance qu’elle a toutefois dû recevoir dans une certaine intimité, faute de pouvoir célébrer avec d’autres. Qu’à cela ne tienne, Virginia ne s’en laisse pas imposer par la pandémie : « Je suis inquiète un peu, comme tout le monde. Une anxiété qui ne nous empêche pas de vivre. » Elle raconte que certains soirs, avec son compagnon de vie, elle s’endimanche et s’adonne à de petites mises en scène pour garder le moral bien vivant. On se fait des soirées comme si on sortait. On se fait un bon souper, on se prépare, on s’habille bien et on danse sur du Cohen », confie-t-elle, confirmant du même coup un trait de résilience bien personnel, refusant de se laisser abattre par le marasme ambiant. La version intégrale de cet article est disponible au indicebohemien.org

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 5


– TÊTE CHERCHEUSE –

– DE PANACHE ET DE LAINE –

AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL 2

L’OBSESSION MATHÉMATIQUE

DOMINIC RUEL

GABRIEL DAVID HURTUBISE

Il faudra apprendre à vivre autrement, du moins pendant un temps. 13 mai. Le déconfinement est commencé. Ce sera une opération mille fois plus longue et complexe que le confinement. Une machine s’arrête facilement. La repartir peut être plus difficile. Surtout qu’à la mi-mars, pour convaincre et réussir, Legault et Arruda ont tellement fait craindre le pire qu’il faudra du temps avant de déconstruire tout ce discours du début, surtout avec tous ces épidémiologistes du dimanche qui y vont de leurs théories et de leurs conclusions sur les réseaux sociaux. Mais il fallait recommencer à vivre, à travailler, à sortir, à envoyer les plus jeunes à l’école. L’économie est au sol, il faut lui redonner rapidement un souffle, malgré les craintes et les doutes.

Pour calmer les ardeurs des curieux, on consultait autrefois les oracles et les devins, les diseurs de bonne aventure, les augures scrutés dans le ciel et les prophètes dénichés dans les grottes. C’était rassurant de savoir où on allait. Dans le doute, on pouvait toujours brûler une sorcière pour conjurer le mauvais sort. Si les choses tournaient vraiment mal, c’est que le destin l’avait voulu. Fatalité. Aujourd’hui, dans notre monde rationnel et calculé, il ne nous reste plus que les froides prévisions mathématiques. Ces modèles statistiques dynamiques en forme de graphiques empilés sur des courbes normales… Et malgré tout ce cirque, les prévisions sportives dépassent rarement un taux de succès de 50 %, l’issue des élections reste incertaine et la courbe d’infection qui nous inquiète tant fléchit d’étrange manière. Comment se fait-il que nous peinions encore à établir des prévisions fiables?

Legault et le gouvernement jonglent avec des centaines de problèmes en même temps. Pierre Mendès-France, président du conseil français en 1953, disait : « Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix ». Santé? Économie? Les deux vont de pair aussi. On ne peut satisfaire tout le monde, on ne peut prendre en considération chaque cas particulier, chaque histoire personnelle. Revenons au 25 mars dernier. Il semble que ça fait un siècle. Le premier ministre lançait peut-être son plus beau message, le plus porteur, mais aussi le plus lourd de sens : « Les Québécois forment une armée de 8 millions et demi pour combattre le virus. Nous sommes en train de livrer la plus grande bataille collective de notre vie. Dans 50 ans, nos enfants raconteront comment le peuple québécois était uni et comment, ensemble, on a gagné la bataille de notre vie! » Legault utilise des mots forts : armée, bataille. Il utilise des mots rassembleurs : le collectif, le peuple uni, gagner ensemble. On doit donc se battre pour l’emporter. Mais une bataille ne se gagne pas dans son salon, devant Netflix. Une bataille ne se gagne pas en découvrant de nouveaux vins. Une bataille ne se gagne pas en faisant deux promenades par jour. Les chèques de Trudeau ne dureront pas toujours. Une bataille se gagne en se levant, en restant debout, en fonçant, chargés quand même de ses inquiétudes et de ses appréhensions. Comme le font depuis le début les préposées aux bénéficiaires, les infirmiers et infirmières, les commis, les livreuses et livreurs, les policières et policiers et les ambulancières et ambulanciers, sans qui nous serions dans une situation plus grave encore. Comme le font les profs du primaire depuis une semaine. Nous vaincrons. Nous sommes un peuple résilient. Nous aurions dû nous effondrer cent fois! Nous avons traversé les hivers de la Nouvelle-France, la Conquête des Britanniques et les projets d’assimilation, la défaite des Patriotes, notre soumission à l’Église et au patronat étranger. Nous sommes restés bien ancrés sur notre terre, nous avons combattu, nous avons construit. Le beau temps arrive enfin! Nous en sortirons plus forts, plus solidaires, plus confiants. Il le faut. Sinon, tout ça sera arrivé pour rien.

6 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

Eh ben, c’est le facteur humain. On voudrait un monde rationnel et prévisible, mais nous ne le sommes pas. Malgré toutes les prouesses scientifiques modernes, l’avenir reste incertain. Pensons à l’élection de Donald Trump. La quasi-totalité des sondages avait prévu sa défaite. Qu’est-ce qu’on n’avait pas prévu? Le facteur humain. Soit la honte de sa véritable couleur électorale, le changement de cap, le faux pas, l’impulsion, l’intuition du dernier moment. Toutes des choses qui se calculent très mal. Collectivement, nous peinons à accepter l’imprévisible, surtout lorsqu’il provient de nos impulsions. D’autre part, certaines facettes de nos sociétés modernes sont devenues si complexes qu’elles en sont incompréhensibles. Le commun des mortels comprend peu le système économique et – rassurez-vous – pas même les spécialistes. Pour preuve, dans les années 1980, les produits financiers sont devenus si complexes que la découverte d’une valeur était sujette à un prix Nobel d’économie. En 1998, deux lauréats devenus directeurs du Long-Term capital Management ont fait un pari risqué qui a fait plonger le monde financier au bord de la catastrophe… Sorte de leçon d’humilité. Il y a aussi les ambitions mathématiques à grande échelle. Quantifier la qualité de vie humaine, par exemple. Exercice douteux. L’ONU a substitué l’IDH, l’« indice de développement humain », au PIB. Manière de hiérarchiser les sociétés humaines, mais avec des critères humanistes objectifs en apparence. On a aussi vu naître quelques indices de bonheur tantôt amusants, tantôt truffés de calculs mystiques. Je vous le demande, peut-ont vraiment tout calculer? Tout rationaliser? À combien sur dix êtesvous conscient de votre genou? Pourriez-vous quantifier votre peine en millilitres? Enfin, face à l’échec des prévisions récentes, nous cherchons des failles dans les chiffres alors qu’il serait plus sage d’accepter l’inconnu, de laisser place à l’erreur humaine, à notre nature imprévisible. Peut-être serions-nous plus sereins avec l’avenir en rangeant la boule de cristal.


– PHOTOGRAPHIE –

GENEVIÈVE LAGROIS ET CHRISTIAN LEDUC : IMMORTALISER LE CONFINEMENT VÉRONIQUE AUBIN

# FRONTSTEPPROJECT À Val-D’Or, Geneviève Lagrois se demandait comment elle pouvait se rendre utile en tant que photographe. La réponse est venue en découvrant le Front Step Project, dans le cadre duquel des photographes échangent des portraits contre des dons à des organismes. « J’ai eu connaissance que Centraide de notre région avait mis en place un fonds d’urgence pour soutenir plusieurs organismes communautaires qui œuvrent en première ligne. […] J’avais donc une opportunité de faire ce que je fais le mieux dans la vie tout en soutenant plusieurs acteurs de notre ville. »

GENEVIÈVE LAGROIS

D’abord frileuse à l’idée de publiciser un projet impliquant la rencontre d’autres citoyens, même en respectant les consignes de la santé publique, elle a commencé par offrir ses services à son réseau de connaissances. La réponse a été surprenante. Dès sa première sortie, elle a rencontré une vingtaine de familles en sillonnant la ville pendant plus de quatre heures. Après la publication d’une première série de photos, elle a été envahie de messages de personnes souhaitant participer au projet. Sa collègue Marie-Claude Robert et son amie Julie Bernier lui ont prêté mainforte. Au moment d’écrire ces lignes, elles avaient photographié plus de 225 familles et recueilli plus de 9 000 $ pour le fonds d’urgence.

À TRAVERS LES FENÊTRES DE ROUYN-NORANDA Christian Leduc cherchait aussi une façon de mettre son talent de photographe en action. Fasciné par la situation extraordinaire, il avait envie de fournir à des familles un souvenir de cette période historique. Sa démarche est un peu différente du Front Step Project : il a choisi de prendre les portraits à travers des fenêtres. « J’ai toujours aimé les trucs un peu plus expérimentaux. Le fait de dealer avec une vitre et des reflets, ça donne d’autres dimensions à la photo. Ça montre la relation extérieur/intérieur, la notion du confiné et du confinement », explique-t-il. Au début de sa démarche, Christian Leduc ne demandait ni cachet ni don en échange de ses séances photo. C’est l’une de ses modèles, Mia Regaudie, qui a lancé le mouvement en faisant un don à la Fondation Hospitalière de Rouyn-Noranda. Depuis, plusieurs familles participantes ont emboîté le pas et fait des dons en son nom. Il est possible de voir les deux séries de portraits sur les pages Facebook Geneviève Lagrois Photographe et Christian Leduc Photographe.

CHRISTIAN LEDUC

Alors que la COVID-19 a forcé la population mondiale à se confiner, plusieurs photographes ont trouvé des moyens de documenter cette période atypique. Dans la région, Geneviève Lagrois et Christian Leduc se sont mis de la partie pour immortaliser des familles d’ici.

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 7


– L’ANACHRONIQUE –

– RÉGION INTELLIGENTE –

C’EST NORMAL

PENDANT QUE PASSE UN LOUP

PHILIPPE MARQUIS

MICHEL DESFOSSÉS ET FLAVIE JUTRAS

Les commerces feraient face à une demande de produits de jardinage hors de l’ordinaire cette année. Une des raisons de cet engouement : nous avons un peu plus de temps que d’ordinaire… Pas nécessaire d’avoir un diplôme pour cultiver sa nourriture. Nous pratiquons l’agriculture depuis plus de 10 000 ans, bien avant l’arrivée des cellulaires. De bonnes semences, un bon terreau, de l’eau, de la lumière et des soins suffisent. De l’argile et de l’eau… il y en a ici pour nous permettre de nourrir bien plus que notre petite population. Autrefois, toutes les familles avaient leur jardin. Aujourd’hui, la crise révèle notre incroyable dépendance alimentaire. C’est une autre raison de se mettre au jardinage. Depuis le début du siècle, un mouvement de production locale fleurit dans les régions. Beaucoup de villes ont leur marché public, et rien ne semble plus normal. Ce qui est anormal, c’est de nous être fait prendre au gout sans nuance des grandes chaines d’alimentation. De ne plus prendre le temps de produire notre nourriture. Oui, prendre le temps de se nourrir… Entretenir des potagers au lieu des pelouses, augmenter le nombre de jardins communautaires, baisser les tarifs d’électricité pour les serres ou profiter des possibilités de la géothermie là où pullulent les puits de mine sont parmi les sentiers s’offrant à nous. Bien d’autres pourront murir dans nos esprits déconfinés.

« Tu sais, ma fille, il y a un vol direct Tokyo-Montréal dimanche. C’est pas souvent que je fais ça, mais je vais te parler comme un père parle à sa fille : tu prends cet avion et tu reviens back à maison! » Elle me répond tranquillement : « Ben, je pense que je vais rester à Tokyo au moins jusqu’en juillet. » Estie, me dis-je en mon for intérieur, j’ai pas d’autorité. « Pourquoi juillet? », l’interrogé-je. « Ben, je sais pas quoi encore exactement, mais il se passe quelque chose de particulier en ce moment à Tokyo! Oui, les p’tites entreprises en arrachent, mais mes amis baristas sont tous en mode “on s’entraide”. Y’a les campagnes Campfire, les événements en ligne de discussion sur l’avenir de la restauration, des projets collaboration, un esprit communautaire. » Elle en remet, la p’tite : « Y a des associations de commerces super le fun! Un gars s’est parti une compagnie de torréfaction. Y voulait travailler en collaboration avec nous, mais la COVID nous empêche de le faire, faque y s’est tourné vers un boulanger! Les deux gars se sont associés pis ils livrent des commandes de grains de café ET de pains frais à leurs clients! Ce genre de projet là existe parce que des crises comme celle qu’on vit, ça pousse les gens à être créatifs! »

Parce que c’est normal de cultiver humainement la terre mère plutôt que la saccager… « J’ai lu l’article du magazine Forbes que t’as publié sur Facebook. Penses-tu vraiment que les restos vont survivre? » « Ben, tu sais papa, moi je pense que oui! Si on parle d’une autre industrie comme les vêtements ou le voyage, évidemment qu’il faudra attendre au moins un an avant un retour à la normale, mais la bouffe, le café, c’est indispensable, et encore plus parce qu’on a réussi à créer un lien d’amitié et de communauté entre les restaurateurs et la clientèle! Il est si fort ce lien, parfois, que ce sont les clients qui veulent tout faire pour que leur café de quartier ne ferme pas ses portes! » Pendant que j’entends la voix de ma fille se mêler aux bruits du troisième niveau du métro de Tokyo, un loup passe sur le lac gelé, là, à ma fenêtre. Je sors mes jumelles : tout seul, le loup. Il y a beaucoup trop de loups seuls ici.

SUIVEZ-NOUS!

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8 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


– MÉDIATION CULTURELLE –

LA PARIOLE : EXEMPLE DU RAYONNEMENT RURAL ZACHARY MARCOUX

Au cœur de la communauté de La Motte, un groupe d’artistes locaux fait rayonner la culture dans l’ancienne église transformée en centre communautaire, où une salle de spectacle est aménagée. La Pariole a été fondée en 1994 par des artistes lamottois qui, au départ, voulaient renflouer les coffres de la municipalité à la suite du 75e anniversaire du village, en organisant des spectacles dont les profits seraient investis dans la communauté. Le nom de cet organisme bénévole à but non lucratif vient de la fille d’une de ses membres, qui avait dit à sa mère, « Arrête de me couper la pariole! » Depuis 1994, la Pariole présente trois spectacles par année : le Show de La Motte, Les Copains d’abord et le Show à Lionel. L’ACTION POUR LA CULTURE RURALE L’équipe de la Pariole a le désir de faire quelque chose de culturel dans la collectivité. En 1994, le groupe a organisé un premier spectacle (Le Show de La Motte) en invitant les artistes de la région se produire devant public. Par la suite, ç’a été le tour des Copains d’abord, qui reprennent les grands classiques de la musique francophone. Enfin, le Show à Lionel est animé par Lionel Laliberté, un des piliers de la Pariole issu d’une grande famille, qui invite ses proches à chanter à ses côtés. Tout ceci perdure depuis 26 ans avec des salles souvent remplies au maximum de leur capacité! LA CRISE ACTUELLE

L’un des objectifs de la Pariole est d’inciter les gens à s’abreuver de culture pour découvrir l’essence des créations locales. Cet organisme qui contribue énormément au rayonnement rural mérite d’être découvert et reconnu.

DANAË OUELLET

Évidemment, la crise de la COVID-19 a provoqué l’annulation du Show de la Motte pour cette année. Cela entraîne beaucoup de questionnements chez les organisateurs qui craignent que, en plus de la peur, l’élan dans lequel ils évoluaient soit coupé. Les projets à court terme ne sont pas envisagés, mais plusieurs sont planifiés à long terme. Bien sûr, il y aura la poursuite de ce qui a été entamé au cours la dernière année. Les plus anciens du groupe ont remarqué un renouveau progressif avec de plus jeunes membres.

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– ARTISANAT–

DISTRIBUER L’ESPOIR EN SOUFFLANT DU VERRE

– ARTS VISUELS –

SOPHIE ROYER : UNE ÉTOILE D’ABITIBI-OUEST ISABELLE GILBERT

DOMINIQUE ROY

C’est en les accrochant à l’extérieur de son atelier-boutique, la Verrerie de la Montagne, que le déclic s’est produit. Une vingtaine d’arcs-en-ciel tourbillonnant au rythme de la brise, le soleil plombant sur ces couleurs lumineuses… Un paysage réconfortant. « Moi et ma fille Octavie, on était là à regarder ça, et on était sans mots, émerveillées, en admiration. […] C’était super apaisant. » De là est venue l’idée de créer des arcs-en-ciel en verre pour souffler un peu de baume chez les gens plus isolés : hôpitaux, CHSLD, résidences pour aînés. En discutant de son projet avec l’agente de développement culturel à la MRC de Témiscamingue, tout s’est concrétisé. La Verrerie de la Montagne a reçu un montant pour distribuer une trentaine d’arcs-en-ciel au Témiscamingue. Un autre projet, qui consiste à jumeler un artiste à une organisation, est en cours en partenariat avec TV Témis et la Table de concertation pour personnes âgées du Témiscamingue. Ici aussi, le but de Nancy est de mettre l’accent sur la production d’arcs-en-ciel afin d’en distribuer encore plus : « Mon souhait est qu’il y en ait partout. L’art est super important dans un moment comme ça. Ça projette du positif. Ça fait du bien. » On peut consulter le site Web ou la page Facebook Verrerie de la Montagne pour se procurer un arc-en-ciel.

En Abitibi-Ouest, tout le monde la connaît ou connaît ses œuvres souvent teintées de rouge, mettant en scène la femme sous toutes ses coutures. Artiste professionnelle depuis 2010, Sophie Royer est bien implantée dans son territoire grâce à sa polyvalence et à ses diverses initiatives dans les domaines artistique et communautaire. L’ex-propriétaire du Rouge café de La Sarre, n’a pas chômé depuis un an et a travaillé dans divers domaines : suppléance au primaire, travail pour le Carrefour jeunesse-emploi d’Abitibi-Ouest (CJEAO) et, bien sûr, projets artistiques. Confinement oblige, notre entretien s’est déroulé en vidéoconférence. Dès les premières minutes, son sourire contagieux a mis la table pour une belle rencontre virtuelle. Après avoir vendu le Rouge café à une de ses collaboratrices, Sophie Royer avait pour objectif de se concentrer davantage sur son art. En effet, le domaine de la restauration est très prenant et laisse peu de place aux projets personnels.

confinement, elle a travaillé, pour le CJEAO, sur un projet de 10 ateliers de dessin pour les adolescents. Les ateliers à distance portaient sur le portrait, sa spécialité, et se déroulaient virtuellement sur la page Facebook de La Boîte, un espace offert aux jeunes de la Cité étudiante Polyno pour les soutenir dans leur persévérance scolaire, leurs projets entrepreneuriaux et leur vie communautaire. D’un atelier à l’autre, Sophie a même accepté des adultes comme élèves, ce qui lui a donné de la visibilité et lui a ouvert des possibilités du côté artistique avec diverses commandes. Elle est donc très occupée, mais radieuse, car elle s’adonne à sa passion! Son sourire en disait long sur son plaisir de peindre! Les ateliers de Sophie Royer sont encore disponibles sur la page Facebook de La Boîte et on peut voir ses œuvres sur son compte Instagram.

Après un peu de tâtonnement créatif avec tout ce nouveau temps libre, Sophie s’est laissée influencer par les défis présents sur les médias sociaux et s’en est donné un qui a fini par dépasser ses attentes initiales. Elle a d’abord entrepris de faire un croquis par jour pendant 100 jours. Arrivée au 101e jour, le défi est passé à 365! Avec discipline, elle a maintenu le cap en dessinant quotidiennement. Puis, la fin de son défi est survenue en plein confinement! Cela n’a pas affecté sa motivation, car son processus de création se déroule souvent en quasi-confinement de toute manière. Après ces mois de croquis, elle a cependant été heureuse de retourner à la couleur et à ses pinceaux! Son défi ne l’a pas empêchée de poursuivre d’autres projets. Durant le

COURTOISIE

Affiché dans les fenêtres, peint ou dessiné, l’arc-en-ciel est récemment devenu un emblème d’espoir. Nancy Couturier, artiste verrier professionnelle, a choisi de mettre son talent et son matériau de prédilection à profit pour offrir des arcs lumineux à ses proches.

21 JUIN 2020 JOURNÉE NATIONALE DES PEUPLES AUTOCHTONES Je tiens à souligner cette journée bien spéciale qui a été décrétée par le Québec en 1990 et en 1996 au Canada. Cette célébration officielle tient à reconnaître et honorer les réalisations, l’histoire et la richesse des cultures autochtones. C’est une belle occasion d’en apprendre davantage sur les peuples autochtones, y compris les Inuits, les Métis et les membres des Premières nations. Sylvie Bérubé députée de la circonscription d’Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou

Cette journée est l’occasion de souligner leur diversité culturelle, reconnaître leur patrimoine unique et les réalisations remarquables de ces peuples autochtones.Soulignons et célébrons leur contribution dans notre société depuis des décennies et de reconnaître les diverses cultures de ces peuples. Je tiens à les remercier de leur courage, leur détermination et pour l’apport qu’ils ont apporté à la culture québécoise. Bonne journée nationale des peuples autochtones! Meegwetch

10 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


– MÉDIAS ET SOCIÉTÉ –

LE LUDDISME EN TEMPS DE PANDÉMIE LOUIS-PAUL WILLIS

Plus de deux mois après le début du confinement au Québec, il est difficile de ne pas prendre en compte le rôle des technologies dans notre situation collective. En effet, la crise actuelle semble exacerber notre rapport aux « écrans » ; ceux qui éprouvent de la méfiance envers leur omniprésence voient cette méfiance décuplée, et ceux qui embrassent leur présence dans nos vies sont bien servis! Pour ma part, je ne peux que me demander de quoi aurait eu l’air notre traversée de crise avant l’avènement des technologies et des médias numériques dans nos vies. Que ce soit pour permettre un télétravail productif ou pour dynamiser les rapprochements sociaux, les technologies (socio)numériques assurent une présence inéluctable au sein de cette situation sans précédent. Je trouve donc fascinant de constater qu’il semble y avoir une recrudescence de comportements et de méfiance s’apparentant à une forme de néo-luddisme. LE LUDDISME Le luddisme est un mouvement ouvrier qui connaît son apogée en Angleterre, à l’époque de l’industrialisation. Comme l’industrie textile est une des premières à être mécanisée, ses artisans sont remplacés par des ouvriers moins spécialisés. Les artisans de ce secteur sont donc laissés pour compte. Dans un important mouvement de révolte, les luddites détruisent plusieurs métiers à tisser et demandent au parlement britannique de les protéger. Même si leur lutte en est d’abord une contre le libéralisme capitaliste, on retient surtout de ce mouvement son opposition à la technologie. LE NÉO-LUDDISME Le néo-luddisme désigne une tendance philosophique s’opposant à la technologie et à ses impacts sur notre existence. Le terme évacue l’origine du mouvement luddite et son incarnation d’une lutte de classes sociales. Il désigne plutôt un mouvement élargi, sans leader, qui s’oppose – avec une conviction asymétrique – à tout ce qui concerne l’avancement de la technologie,

particulièrement de la technologie numérique. Certains aspects de ce mouvement demeurent fondés; mais il importe de demeurer prudents et de rejeter la tendance à s’attarder au refus plus généralisé de tout ce qui entoure notre existence numérique. On peut par exemple penser à l’omniprésence des écrans dans nos vies et dans celles de nos enfants. Dans un élan pouvant se qualifier de néo-luddite, on a parfois tendance à démoniser toute présence d’écran dans la routine de ceux-ci. Il importe de relativiser; alors que la télévision reste un média unidirectionnel et passif, certaines activités socionumériques et/ou pédagogiques disponibles sur les téléphones et tablettes se sont avérées salutaires pour les enfants en cette période de crise. Entre les sites interactifs mis en ligne par les maisons d’édition scolaires et les initiatives socionumériques comme Messenger Kids, mes enfants ont pu continuer d’apprendre et de maintenir des liens sociaux. À travers tout cela, les technologies numériques ont permis à mes étudiants de poursuivre leur apprentissage avec moi sans sacrifier le moindre élément compris dans les objectifs de cours. Face à une recrudescence du néo-luddisme, loin de moi l’idée de rejeter toute critique; mais la pensée critique ne se limite pas à la rétention d’idées nous confortant dans nos convictions; il faut nuancer et contre-vérifier. Si les récents incendies de tours cellulaires sont effectivement des actes de vandalismes liés à des craintes irrationnelles et non documentées face entre autres à l’arrivée de la 5G, c’est qu’il y a possiblement un excès de néo-luddisme dans notre tissu social.

JUIN - AOÛT 2020

LE DESIGN GRAPHIQUE, ÇA BOUGE! Centre de design de l’UQAM

THE BLACK

ROOM Michelange Quay Jean-Ambroise Vesac

MA QUARANTAINE Offre d’ateliers en ligne sur museema.org

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COVID-19

On protège sa santé et celle de notre entourage

Aide à la décision

Si vous avez des symptômes de la COVID-19 Suivez les indications décrites dans ce tableau pour vous aider à prendre la meilleure décision pour vous et pour vos proches. En tout temps, appliquez les mesures d’hygiène et de prévention pour éviter la contamination : • •

lavez-vous les mains souvent ; toussez ou éternuez dans le pli de votre coude, le haut de votre bras ou dans un mouchoir de papier plutôt que dans vos mains ;

nettoyez votre environnement.

Situation pour un adulte ou un enfant Je ne fais pas de fièvre (moins de 38 °C ou 100,4 °F), mais j’ai les symptômes suivants : • mal de gorge ; • nez qui coule ; • nez bouché ; • toux.

DÉCISION J’ai probablement un rhume, je prends du repos.

Situation pour un adulte à risque de symptômes respiratoires graves • Je fais plus de 38 °C (100,4 °F) de température. • Je fais partie d’un groupe à risque de développer une complication respiratoire grave (personnes âgées ou personne avec un problème chronique cardiaque ou pulmonaire, immunodéficience ou diabète).

DÉCISION Je reste à la maison et j’appelle ou mon proche appelle la ligne info coronavirus 1 877 644-4545. Entre 8 h et 18 h*

Situation pour un adulte Je fais de la fièvre ou j’ai des symptômes parmi les suivants : • perte soudaine • toux ; de l’odorat sans • difficultés respiratoires ; congestion nasale, avec • fatigue extrême. ou sans perte de goût ; Je suis une personne âgée qui présente des symptômes gériatriques (perte d’autonomie, chute, confusion nouvelle, agitation ou ralentissement, perte d’appétit, fatigue extrême, etc.). Situation pour un adulte ou un enfant Je fais plus de 38 °C (100,4 °F) de fièvre et je suis dans l’une des situations suivantes :

• difficulté à respirer

qui persiste ou qui augmente ; • lèvres bleues ; • difficulté à bouger ; • fièvre chez un bébé de moins de 3 mois ;

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12 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

• somnolence, confusion, désorientation ou difficulté à rester éveillé ; • absence d’urine depuis 12 heures.

Je suis les indications que l’on me donne.

* Les heures d’ouverture sont sujettes à changements.

DÉCISION Je me rends sans attendre à l’urgence. Si j’ai besoin d’aide, j’appelle le 911.

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Précautions et soins si vous avez des symptômes de la COVID-19 Je me repose

Si vous présentez des symptômes de la maladie à coronavirus (COVID-19), vous vous sentirez faible et fatigué. Le repos vous aidera à combattre la maladie. Limitez vos contacts avec les autres jusqu’à la fin des symptômes. Vous pouvez reprendre vos activités quand votre état vous le permet.

Je bois souvent

Il est important que vous buviez souvent, parce que la fièvre fait transpirer et vous fait perdre beaucoup de liquide. Il est recommandé de boire au minimum 1,5 litre par jour. Buvez des liquides froids ou tièdes selon vos goûts. Évitez les boissons alcoolisées ou celles contenant de la caféine, comme le café, le thé et les boissons gazeuses. L’alcool et la caféine ont pour effet de faire uriner et d’augmenter les pertes de liquides. Surveillez les signes de déshydratation : • Sensation de soif extrême ; • Bouche et langue sèches ; • Urines peu fréquentes ou foncées ; • Sensation d’étourdissements, d’être mêlé (confusion) et maux de tête.

Je protège mon entourage Pour protéger votre entourage, jusqu’à la fin des symptômes (fièvre, toux, fatigue, perte soudaine de l’odorat sans congestion nasale, avec ou sans perte de goût) : • Isolez-vous dans une chambre pour éviter de contaminer vos proches ; • Dormez et mangez seul dans votre chambre ; • Utilisez une seule salle de bain ;

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• Couvrez votre nez et votre bouche lorsque vous toussez ou éternuez, idéalement avec un mouchoir de papier. Lavez-vous les mains après ; • Si vous n’avez pas de mouchoir de papier, toussez ou éternuez dans le pli de votre coude ou le haut de votre bras, étant donné que ces endroits ne sont pas en contact avec des personnes ou des objets ; • Crachez dans un mouchoir de papier ; • Déposez les mouchoirs de papier utilisés dans le sac à déchets d’une poubelle fermée. Gardez les mouchoirs utilisés hors de la portée des enfants ; • N’accueillez pas de visiteur à la maison.

Je nettoie mon environnement

Le coronavirus (COVID-19) peut vivre sur les objets et surfaces. Sa durée de vie est de : • 3 heures sur les objets avec surfaces sèches ; • 6 jours sur les objets avec surfaces humides.

Je prévois de l’aide

Plusieurs personnes ont les ressources nécessaires pour faire face à la situation actuelle. Si vous éprouvez de l’inquiétude, n’hésitez pas à demander ou à accepter de l’aide. Il est important d’en discuter avec vos proches. Pour obtenir de l’aide à domicile, vous pouvez aussi appeler au 211 ou demander le service de soins et services à domicile auprès de votre CLSC.

Je m’informe

Pour des informations à jour, écoutez la radio ou la télévision, lisez les journaux ou consultez souvent le site Internet gouvernemental : Québec.ca/coronavirus Le ministère de la Santé et des Services sociaux donnera les indications à suivre par la population pour les questions sur la santé et pour obtenir des soins. Dans tous les cas, respectez les avis et consignes donnés par le gouvernement. Ces avis et consignes peuvent changer en fonction de l’évolution de la situation.

Il est donc important que vous laviez les comptoirs, les lavabos, les poignées de porte et toutes les surfaces fréquemment touchées par les mains. Le nettoyage et la désinfection sont très efficaces pour éliminer le virus.

Renseignements généraux

Pour nettoyer, utilisez de l’eau et du savon ou des produits de nettoyage à usage domestique.

Personnes sourdes ou malentendantes 1 800 361-9596 (sans frais)

Pour désinfecter, utilisez une solution javellisante (1 partie d’eau de Javel pour 9 parties d’eau) ou des produits désinfectants. Donc, 10 ml d’eau de Javel dans 90 ml d’eau. Si vous êtes malade, votre literie, vos serviettes, vos vêtements et votre vaisselle peuvent être lavés avec ceux des autres personnes de la maisonnée avec les détergents habituels.

Centre de relations avec la clientèle de Services Québec Ligne info coronavirus 1 877 644-4545 (sans frais)

Le Guide autosoins est disponible sur Québec.ca/coronavirus. Si vous ne l’avez pas déjà reçu, commandez votre version papier en ligne.

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– CINÉMA –

JANEL FUROY : 3… 2… 1… ACTION! DOMINIQUE ROY

Janel Furoy fait partie de ceux qui ont quitté leur Témiscamingue natal pour les études et qui n’y sont jamais revenus pour des raisons professionnelles. Depuis 1999, il travaille dans la grande métropole, où il a d’abord été 2e assistant caméra sur des plateaux de cinéma. Il est maintenant caméraman et directeur photo pour la télévision.

LE CINÉMA D’ABORD En 1999, c’est dans le domaine du cinéma que Janel fait ses premiers pas. « Je n’ai pas trouvé de stage en télé, et la demande de nouveaux techniciens en cinéma était plus grande. Les films américains étaient très nombreux. J’ai travaillé 11 ans en tant que 2e assistant caméra. » Avant de détenir le titre officiel de 2e assistant caméra, il a dû faire deux ans de stage à la caméra. « J’ai appris ce que c’est que d’être organisé, ponctuel, la hiérarchie. C’est un domaine très militaire, surtout sur les films américains », raconte-t-il. Il se souvient de ses débuts en tant que stagiaire. Il travaillait sur le plateau du film Les aventures de Jules Verne. La

production l’engageait aussi pour doubler l’acteur principal. « J’avais la même carrure et la même grandeur que lui. Si la production avait à faire un gros plan de sa main, son dos, ses pieds qui montent les marches, il était plus simple de m’habiller et de me faire faire ces plans que d’attendre après le comédien qui était déjà en train de tourner une scène. En échange de mes services, la production me payait un peu plus. C’était pas mal cool de me mettre dans la peau de l’acteur, même si c’était pour faire de gros plans » Heist, Island of the Dead, 300 et Cruising Bar II font partie des productions cinématographiques sur lesquelles il a travaillé. LA TÉLÉ ENSUITE

NICOLE RIVELLI

En 1994, Janel Furoy étudiait en sciences humaines au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Indécis, il n’avait pas encore trouvé sa voie. Une seule question de la conseillère en orientation suffit. « Qu’est-ce que tu aimes faire le plus? », lui a-t-elle demandé. « J’aime filmer mes amis, mon entourage avec la caméra VHS de mon père », lui a-t-il répondu. Et voilà! Il n’en fallait pas plus que pour que Janel se dirige vers Ottawa en technique télévisuelle. « Cette dame m’a sauvé la vie », constate-t-il en faisant le bilan de sa carrière.

DAVID REINHARD

UNE QUESTION… UN DESTIN

a été pour lui une deuxième école, puisqu’il y a travaillé cinq ans. En plus d’avoir voyagé à travers le monde pour des émissions à Canal Évasion, il a aussi planché pour des séries documentaires. Bien sûr, dans cette industrie, la compétition est grande. « Pour rester populaires, nos projets doivent se démarquer des autres. Je dois être le plus créatif possible et proposer mes idées aux réalisateurs avec qui je travaille. Mes images doivent être les plus fidèles possible à leur vision, tout ça en faisant le moins d’erreurs possible. » Et des erreurs, Janel n’en fait probablement pas beaucoup, puisqu’il ne cesse d’être sollicité pour de nombreux projets.

Janel s’est tourné plus tard vers la télévision comme caméraman et directeur photo. Un souper presque parfait

OCCASION SPÉCIALE

JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN

Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ (2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5

DEVIENS MEMBRE!

Deviens membre de la Coopérative de solidarité du Journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

Prénom et nom : ___________________________________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________ Téléphone : ________________________________________ Courriel : __________________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.

14 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


– PREMIÈRES NATIONS –

– PREMIÈRES NATIONS –

UN DÉJÀ-VU? NON! UN DÉJÀ VÉCU.

CHASSER LES MURS :

RICHARD KISTABISH, PRÉSIDENT DE MINWASHIN

UNE COLLABORATION

Ceci me rappelle que lorsque « nous, les Indiens » avons été mis en confinement lors de la création des « réserves indiennes »… il y a 153 ans! Tout notre mode de vie a été mis sur PAUSE et l’est encore aujourd’hui avec une ouverture « graduelle ». Mais 100 ans, c’est long. Notre santé mentale a pris un ***** de bon coup! Parfois, on le démontre en faisant des barrages routiers ou ferroviaires. Maintenant, ce sont les policiers qui font ces barrages! Nous comprenons l’anxiété et le désarroi de la population. Pas de circulation sur le territoire, pas de chasse, pas de pêche, fini les rituels et les cérémonies. Parfois, nous voyons une petite lumière au bout d’un tunnel. Espoir. Mais non, c’est un train! Qui amène plus de restrictions. Ça ne se peut pas! Ils vont nous nourrir, nous soigner, nous ÉDUQUER. Quelle noble cause, l’éducation! Comme si nous n’avions pas notre système d’éducation. Leur approche nous paraissait juste. Hélas! Ce n’était qu’un autre petit morceau de miroir brisé qui nous attire parce qu’il brille, mais qui ne vaut pas grand-chose en fin de compte. La chose la plus ignoble qu’une société humaine puisse faire, c’est d’enlever à l’enfant sa maman et son papa. De séparer les familles, par milliers. Ce qui me manque le plus aujourd’hui, ce sont les câlins que je ne peux pas donner à mes enfants et mes petits-enfants. Nos parents

ont aussi eu cette douleur et cette peine durant une longue période. Quelle tristesse!

AUTOCHTONEALLOCHTONE MICHÈLE PAQUETTE

À l’automne 2020, les élèves de l’école Papillon-d’Or de Val-d’Or participeront au projet de murale extérieure Chasser les murs, porté par l’artiste autochtone Claudette Happyjack et par la muraliste Ariane Ouellet, et coordonné par l’agente culturelle Geneviève Béland.

COURTOISIE

Soudainement, d’un seul coup, le pays est devenu une grosse « réserve Indienne »! Plus de jobs, plus de restaurants, plus de bars. Pas d’activité économique. Enfin, le silence! Tout le monde vit aux crochets du gouvernement, même les entreprises, petites ou grosses. Les milliards sortent de toutes parts. Tout le monde a droit à un morceau. C’est une nouvelle vie. Le monde va s’habituer à ça. Au début, c’est le fun, mais le temps est long.

Il fallait faire disparaître cette race. Sa culture avait une mauvaise influence! Mais ils ont manqué leur coup! Nous avons ri d’eux. Aujourd’hui encore, on rit d’eux. Nos mères nous disaient tout le temps de ne pas rire des gens, mais pour cette fois, on peut. Ils vont finir par comprendre. Le sens de l’humour, le rire, est un don que chacun de nous a dans son âme, dans son esprit et dans ce qu’il est comme humain, dans son être ANICINABE. C’est notre unique moyen de nous en sortir. Le reste de nos capacités suivra avec le temps. Parfois, on nomme ça la résilience. Nous allons encore une fois survivre. Toutes et tous. Cette chronique est produite en collaboration avec Minwashin

Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org

Le projet consiste à peindre un mur de béton gris, d’une longueur de près de 40 mètres, qui ceinture actuellement une partie de la cour de récréation. Les enfants auront été consultés afin de savoir ce qu’ils aimeraient voir sur le mur qui fera partie leur milieu de vie. Comme il s’agit d’une école alternative où les parents s’impliquent beaucoup, ceux-ci pourront aussi donner leur avis, nous dit Mme Happyjack. « En faisant disparaître le mur [par l’art], on éclaire l’espace », dit Geneviève Béland. Claudette Happyjack et Ariane Ouellet peindront cet été le fond de la murale et les jeunes pourront y ajouter leur touche personnelle à partir du mois d’août. S’ils le désirent, ils pourront choisir de représenter des animaux culturellement significatifs pour les autochtones, explique Mme Happyjack. Par exemple, l’ours symbolise le courage; l’aigle, la sagesse; le papillon, la croissance personnelle; le loup, la famille; etc. Pour Claudette Happyjack, il est important de stimuler la créativité chez les jeunes et de leur faire mieux connaître la culture autochtone. Elle ne s’attend à rien de particulier de ceux-ci, à part qu’ils soient de bonne humeur, qu’ils participent au projet et qu’ils s’amusent. Mentionnons que Mme Happyjack a été mise en nomination pour le prix Relève 2019 au Gala Rayon C. Elle est très enthousiaste à l’idée de réaliser cette grande murale, une première pour elle, ainsi que de collaborer avec Ariane Ouellet. Nul doute que cette collaboration autochtone-allochtone est des plus prometteuses et qu’elle laissera des traces dont toute la communauté profitera. La version intégrale de cet article est disponible au indicebohemien.org

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 15


– PREMIÈRES NATIONS –

LES PEUPLES AUTOCHTONES À L’ÈRE DES CHANGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX GUILLAUME PROULX, DOCTORANT, ET HUGO ASSELIN, DIRECTEUR ÉCOLE D’ÉTUDES AUTOCHTONES DE L’UQAT

Les conséquences des changements climatiques sont fortement ressenties par les populations autochtones à travers le monde, incluant au Canada. Le modèle économique largement responsable des changements climatiques correspond pour elles à des siècles de colonisation. Bien que le fardeau de la lutte aux changements climatiques semble porté par l’ensemble de l’humanité, leurs conséquences ne sont pas réparties également. Avec l’érosion accélérée de leurs savoirs et cultures et la dépossession de leurs territoires, les Autochtones se retrouvent dans une situation socioéconomique plus précaire que la société dominante. En outre, plusieurs communautés se trouvent dans des territoires plus exposés aux risques environnementaux. Par exemple, des communautés du Nord du Canada non reliées par la route dépendent de chemins d’hiver pour leur approvisionnement et voient la saison d’englacement diminuer. D’autres sont fortement affectées par les évacuations et la perte de repères vécue pendant et après des feux de forêt sévères, comme on a pu l’observer chez les Cris de Eastmain au Québec, en 2013. Face à cette situation, les mouvements politiques autochtones en faveur de la protection de l’environnement sont forts de siècles de résistance aux projets extractivistes. Le militantisme

16 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

autochtone met de l’avant l’affirmation culturelle, l’autodétermination et la protection de l’environnement. Différents foyers de contestation ont émergé dans les dernières années pour s’opposer à des projets d’oléoducs. En début d’année, le Canada a été secoué par des blocages ferroviaires en appui à des chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en (Colombie-Britannique) s’opposant à l’oléoduc Coastal Gaslink. En parallèle à ces mouvements, des communautés autochtones adaptent leur mode de vie aux changements environnementaux, notamment à l’aide de leurs savoirs traditionnels. Certaines modifient leurs activités de chasse, de pêche et de cueillette en fonction des nouvelles espèces présentes. À d’autres échelles, elles créent des instances décisionnelles afin de contrôler et d’influencer la recherche scientifique et les projets de développement ayant lieu sur leurs territoires traditionnels. Plusieurs projets de recherche collaboratifs sont en cours à l’École d’études autochtones de l’UQAT, notamment avec les communautés Cries de Eeyou Istchee (Nord du Québec) afin de comprendre les impacts cumulatifs des changements climatiques et des projets extractifs, et développer diverses stratégies d’adaptation.


– HISTOIRE –

LA RELIGION CHEZ LES ALGONQUINS DE LA POINTE APITIPIK CHRISTIANE PICHETTE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE LA SARRE

D’après Henry Kistabish, « avant les curés, les Indiens ne croyaient qu’à un seul Créateur, Kitci Manito. Les prières traditionnelles des Indiens envers le Créateur étaient reliées à la Nature. Les pouvoirs du chaman servaient à aider le prochain ». Vers 1837, un premier missionnaire, l’abbé de Bellefeuille, arrive au lac Abitibi afin d’évangéliser les Mami8innik de ce secteur. En 1846 est construite la première église catholique. Selon Rosanna Wylde, les oblats installés au lac Abitibi enseignaient la religion catholique et entraient en concurrence avec les chamans et leurs rites.

Avant la venue des Blancs, en été, les autochtones construisaient la tombe du défunt en creusant le sol. Ils y déposaient le corps et le recouvraient de matière végétale et de pierres. En hiver, le chaman et son apprenti construisaient une plateforme en bois pour le défunt, puis le veillaient sans manger ni boire pendant sept jours. Les missionnaires ont interdit ces pratiques funéraires, et les autochtones ont fini par être enterrés dans le cimetière des chrétiens. Les oblats faisaient peur aux autochtones : ils iraient en enfer s’ils poursuivaient leurs pratiques chamaniques. Finalement, les curés ont réussi à vaincre les chamans et à interdire les cérémonies et les croyances ancestrales. Seul le tambour, instrument spirituel, a continué d’être joué et toléré.

D’après Anna Mapachee Mowatt, le prêtre « était différent de l’homme blanc parce qu’il portait une robe noire. Les Indiens le voyaient comme un chaman blanc ». De nombreux Anicinabek se sont convertis au christianisme, mais n’ont pas renoncé à leurs croyances traditionnelles. Les souvenirs de l’évangélisation à la Pointe Apitipik sont encore très vifs chez les personnes âgées. Alors que les relations avec les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson étaient plutôt amicales, celles avec les prêtres catholiques ont laissé des souvenirs généralement amers au cœur des autochtones. Source : Mémoire présenté par la Société Matcite8eia et la communauté de Pikogan – 1996

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– PREMIÈRES NATIONS –

MINWASHIN SUR LES TRACES DES SYMBOLES ANICINABEK HÉLÈNE JAGER

Trois institutions majeures du milieu culturel régional se sont donc alliées à Minwashin : Archéo 08 pour les recherches sur le terrain axées sur les peintures rupestres, la Corporation de la Maison Dumulon pour la recherche documentaire et la récupération des visuels et le MA Musée d’art de Rouyn-Noranda pour le recensement des artéfacts présents dans les musées de la province. La volonté commune est d’effectuer un travail de mémoire pour permettre la transmission de ce patrimoine et le rendre accessible au public sur le site Web de Minwashin. Une fois l’étape de la recherche documentaire dans les archives et les musées effectuée, des consultations seront organisées dans les neuf communautés anicinabek afin de retracer ces symboles dans les objets du quotidien et les mémoires. Richard Kistabish, président de Minwashin, a pu remarquer, lors d’une première consultation, le malaise chez les participants lorsqu’il s’agissait de retrouver cette mémoire ancestrale qu’on a si longtemps malmenée et tenté d’étouffer. C’est un vrai travail de réparation et de réappropriation qui est entrepris dans ce projet, avec l’espoir que la transmission du patrimoine puisse reprendre son cours. Le rôle de la langue est important dans ce processus selon M. Kistabish, car elle est liée aux symboles

18 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

grâce aux images. Lors de séjours en famille, il a pu remarquer que lorsque chacun fait l’effort de ne s’exprimer que dans la langue ancestrale, des mots remontent à la conscience après quelques jours d’immersion, car ils sont liés à un mode de vie et à une manière de penser différente du mode de vie contemporain. Ce travail de recensement est donc très précieux dans la démarche de Minwashin, qui souhaite revitaliser la culture anicinabe et encourager sa conservation et sa transmission vers les jeunes générations. Ce recensement des symboles vise aussi à redonner sa profondeur historique à la culture anicinabe. Le sentiment de participer à une phase cruciale de la recherche historique et archéologique est palpable chez les participants du projet. Ce travail de recensement des symboles s’inscrit parfaitement dans la perspective de Miaja 2021, un grand rassemblement des communautés anicinabek où l’accent sera mis sur le patrimoine.

HUGO LACROIX

À l’automne 2019, Minwashin, organisme culturel régional porté par la mise en valeur des arts et de la culture anicinabe, a lancé un ambitieux projet de recensement des symboles et artéfacts de celle-ci.


– PREMIÈRES NATIONS –

– PREMIÈRES NATIONS –

MAURICE J. KISTABISH :

JACQUELINE MICHEL : POUR L’AMOUR

DOCUMENTER LA RÉSISTANCE

DU CINÉMA ET DE SA COMMUNAUTÉ

GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

JULIE RENAULT

Maurice J. Kistabish est originaire de Pikogan, une communauté autochtone enclavée dans la ville d’Amos. Celui qui a agi en tant que négociateur pour représenter les Premières Nations, entre autres auprès d’une compagnie d’exploitation forestière, a déposé, à la fin avril, son mémoire de maîtrise à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). L’Indice bohémien a discuté avec lui de ses travaux et de reconnaissance des droits et du territoire des Premières Nations.

Originaire de Senneterre, Jaqueline Michel est une comédienne, autrice et réalisatrice autochtone habitant à Kitcisakik. Vous l’avez peut-être déjà vue performer sur petit et grand écran, ou encore au théâtre. Très impliquée dans sa communauté, l’artiste anicinabe est une véritable ambassadrice des traditions de son peuple. Ses prises de paroles soulèvent des réflexions par rapport aux droits des femmes autochtones et à la présence de la culture algonquine dans notre société. Je me suis entretenue avec elle afin d’en savoir plus sur son parcours et ses inspirations.

Dans son mémoire intitulé La résistance face aux politiques d’exploitation des ressources naturelles en territoire anicinape dans un contexte de gouvernance autochtone, M. Kistabish se penche sur un cas où il a agi en tant que négociateur au début des années 2000, alors que la communauté de Wahgoshig s’opposait à une compagnie forestière qui souhaitait couper des arbres sur le site d’un cimetière autochtone. Comme négociateur, M. Kistabish devait s’assurer que la compagnie écoute sérieusement la communauté en plus de tenir compte de ses objectifs et de ses revendications. Pour réaliser ses travaux, Maurice J. Kistabish a recensé chaque action de résistance menée par la communauté de Wahgoshig, les a décortiquées et les a comparées à des résistances menées par des autochtones partout dans le monde autour de la même époque.

MÉLISSA ROY

En rédigeant son mémoire, M. Kistabish souhaitait démystifier la résistance autochtone et abattre les clichés l’entourant. Selon lui, à cause de certains événements comme la crise d’Oka, en 1990, les actions de résistance autochtones sont facilement vues comme violentes et désorganisées. Par ses travaux, il voulait donc mettre en lumière l’organisation derrière une manifestation et ses motivations réelles : « L’idée d’une résistance, l’idée d’une manifestation n’est pas d’aller buter la compagnie avec laquelle tu vas éventuellement bâtir une relation. Le but, c’est d’en arriver à une entente avec la compagnie qui soit satisfaisante et gagnante pour tout le monde », précise-t-il. Pour Maurice J. Kistabish, un des principaux défis rencontrés par les communautés devant faire face à de grandes compagnies réside dans la méconnaissance de cellesci en lien avec les droits et la culture des Premières Nations. Bien que certains protocoles aient été mis en place ou changés pour instaurer un meilleur dialogue entre les deux parties, M. Kistabish considère qu’on peut faire encore mieux. Les modalités de consultation demeurent mal définies et trop facilement évitables par les compagnies.

Lorsqu’on discute avec Jacqueline, on est assuré de rire. Même si on parle de confinement et de COVID-19, elle trouve le moyen d’apporter de la joie. Pendant l’entrevue, nous avons discuté de ses deux filles, de son travail au sein de la police locale, mais surtout de sa passion pour le cinéma et la télévision. Son expérience en tant que comédienne est considérable : elle a joué dans Unité 9, L’heure bleue, Une colonie, Gibord s’en va-t-en guerre, le spectacle déambulatoire Le gisement maudit, sans parler des cinq courts métrages qu’elle a réalisés et qui sont diffusés partout à travers le monde! Pourtant, elle ne s’enfle pas la tête avec ça. Au contraire, elle en parle avec une légèreté désarmante. Selon ses dires, son parcours artistique était plutôt inattendu. Au départ, elle organisait des ateliers de théâtre dans sa communauté. Puis, elle a commencé à écrire et réaliser des courts métrages avec le Wapikoni Mobile. « Je m’inspire toujours de ma culture anicinabe. Pour mon film Mahiganiec, je suis partie d’une légende connue. Elle raconte l’histoire d’une enfant élevée par une louve. Elle signifie que si tu rends service aux personnes autour de toi, tu auras quelque chose de beau en retour. Chaque légende autochtone contient une morale comme ça. Dans un autre de mes films, Mocom, je m’inspire de mon père qui avait des dons », raconte-t-elle. C’est grâce au bouche-à-oreille qu’elle s’est mise à participer à des tournages en tant qu’actrice, effectuant ainsi l’aller-retour Kitcisakik-Montréal à quelques reprises. Elle a maintenant un agent qui l’aide à gérer sa carrière. « Je fais ça pour qu’on reconnaisse le talent autochtone. Je veux que les gens comprennent que nous existons, nous aussi. Parce que plusieurs personnes n’en ont même pas conscience », conclut Jacqueline. Les dernières années ont laissé davantage de place aux arts autochtones. Souhaitons que la situation continue de s’améliorer. Il y a encore beaucoup à faire et nous avons tant à apprendre de ces artistes inspirants. Les films de Jacqueline Michel sont disponibles sur le site Web du Wapikoni Mobile.

Parallèlement à ses études, M. Kistabish s’engage activement auprès de sa communauté et de sa nation. Actuellement, il exécute entre autres des travaux de recherche pour le Conseil tribal de la nation algonquine afin d’en savoir plus sur le type de gouvernance et de citoyenneté qui existait dans les communautés anicinape avant l’implantation de la Loi sur les Indiens. Et ce n’est qu’un projet parmi tant d’autres pour cet homme qui a à cœur la reconnaissance des droits, de sa culture et de sa nation. INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 19


– ENVIRONNEMENT –

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE AU SERVICE DE LA RELANCE ÉCONOMIQUE ISABELLE LEBLANC, AGENTE DU FONDS ÉCOLEADER ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Au moment d’Êcrire ces lignes, le gouvernement Legault annonçait un dĂŠbut de dĂŠconfinement, et certaines entreprises pouvaient dès lors se remettre en marche. Cette pĂŠriode d’incertitude ĂŠconomique a secouĂŠ le monde des affaires et nos entreprises locales sont malheureusement les premières Ă en souffrir. Souhaitons que les mesures mises en place par les gouvernements et les MRC permettent au plus grand nombre d’entre elles de se sortir la tĂŞte de l’eau. Selon le ministère de l’Économie et de l’Innovation, en 2019, 10 % des entreprises avaient amorcĂŠ un virage vert. Or, le gouvernement Trudeau annonçait rĂŠcemment qu’il miserait sur une relance ĂŠconomique verte après la crise. Donc, pour assurer leur place dans la course, les entreprises devront emboĂŽter le pas le plus tĂ´t possible. Tout porte Ă croire que l’entreprise performante de demain aura su saisir l’opportunitĂŠ de se rĂŠinventer pendant la crise en faisant des choix pour assurer sa survie et sa pĂŠrennitĂŠ. C’est exactement ce qu’est, concrètement, le principe du dĂŠveloppement durable. Ainsi, revoir ses pratiques et son modèle d’affaires dans une optique de dĂŠveloppement durable permet de cibler ses forces et ses faiblesses sur le plan ĂŠconomique, mais aussi sur les plans social et environnemental. Les bĂŠnĂŠfices liĂŠs Ă la mise en place d’une politique de dĂŠveloppement durable en entreprise sont multiples : amĂŠlioration de la gestion des risques, rĂŠtention des employĂŠs, rĂŠduction des coĂťts de fonctionnement, etc. Par exemple, en

Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !

20 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

optimisant l’usage des matières premières et en traitant adĂŠquatement ses dĂŠchets, il est possible de mieux gĂŠrer ses dĂŠpenses et d’Êviter de payer deux fois pour l’achat et le rejet d’une mĂŞme ressource. Il est aussi possible d’amĂŠliorer l’efficacitĂŠ ĂŠnergĂŠtique de son entreprise grâce Ă l’adoption de technologies propres. C’est le cas notamment de l’entreprise RYAM qui a rĂŠalisĂŠ en 2012 un projet de remplacement du chauffage au mazout par de la biomasse forestière rĂŠsiduelle. Depuis sa rĂŠalisation, le projet a permis Ă l’entreprise de gĂŠnĂŠrer annuellement des ĂŠconomies de 2 M$ en plus d’entraĂŽner des rĂŠductions d’Êmissions de gaz Ă effet de serre (GES) de 8 204 tonnes. C’est encourageant de voir qu’il est possible pour les entreprises d’accroĂŽtre leurs performances tout en rĂŠduisant leur bilan environnemental! Je terminerai en faisant le souhait que le dĂŠveloppement durable soit au cĹ“ur des rĂŠflexions de nos dirigeants d’entreprises et que chacune d’entre elles trouve sa façon de se rĂŠinventer Ă long terme.


– MUSIQUE –

– MA RÉGION, J’EN MANGE –

UN PREMIER ALBUM POUR VÉRONIQUE TRUDEL

PORC AU MIEL ET

JOANNIE COTTEN

À LA MOUTARDE YVES MOREAU, HÔTEL LE FORESTEL

La chanteuse, auteure-compositrice et multi-instrumentiste Véronique Trudel fait paraître un microalbum (EP) de six chansons le 29 mai prochain. INGRÉDIENTS Véronique, originaire de Saint-Mathieu d’Harricana, habite depuis un an à Nelson, en Colombie-Britannique. Dans cette ville de 10 000 habitants, la scène musicale est très vivante. Selon la chanteuse, hors du contexte de pandémie, on peut y trouver chaque soir des spectacles, des jams et des soirées micro ouvert. C’est un endroit diversifié où l’on trouve une panoplie de salles et de bars offrant des spectacles de toutes sortes. Véronique Trudel a mis trois ans à produire son album : « C’est un projet que j’ai fait en conciliation avec la famille, le travail, le jardin, les études et les mille et un autres projets qui m’allument. J’aime commencer des choses. Aujourd’hui, j’apprends plutôt à bien les faire et à les terminer. Je sens que je m’assagis », explique-t-elle. Fred Pellerin et Ingrid St-Pierre faisant partie de ses influences, son inspiration est « tant dans le texte que dans la musique. Ce que je joue est, en général, très intime. Je joue surtout du folk intimiste, mais je ne tente pas d’appartenir à un style précis. J’y vais pas mal au feeling », ajoute-t-elle. Véronique se dit hypersensible : tout ce qui provoque une émotion l’inspire pour écrire. Multi-instrumentiste, son instrument préféré demeure sa voix. Elle n’a d’ailleurs appris la guitare, le piano et le ukulélé que pour pouvoir s’accompagner!

1,8 kg (4 lb) porc (filet ou longe) 2 c. à soupe huile d’olive 2 c. à soupe jus de citron 2 c. à soupe miel liquide Grande Ourse 2 c. à soupe gousse d’ail hachée finement 2 c. à soupe sauce soya 2 c. à soupe moutarde forte (Dijon) 2 c. à soupe épices à porchetta Crousset moulues 2 c. à soupe poivre au citron Crousset Pour un goût piquant, ajoutez selon votre goût une purée de piment fort (sauce sriracha). MÉTHODE

Son album a été produit en collaboration avec Luzio Altobelli. Véronique raconte que leur relation artistique est « avant tout une relation d’amitié. Ça fait plus de dix ans qu’il écoute ce que je fais. C’était, je pense, la personne idéale avec qui collaborer pour le projet. Il connaît bien mon univers, il est très attentif, il n’impose rien, il est humble et talentueux. J’ai beaucoup gagné en confiance en travaillant avec lui. La communication a toujours été facile. Il y a un grand respect du travail de l’autre ». En ces temps d’incertitude, Véronique s’accroche à ce qu’il y a de plus beau et regarde vers l’avenir. Sa composition préférée sur l’album est Homme ouragan. Elle se dit très contente du processus d’écriture et de composition, qui lui a donné l’impression de panser les blessures du passé pour mieux avancer.

1. Déposer tous les ingrédients dans un cul de poule et bien mélanger. 2. Laisser mariner le porc pendant 24 heures au frigo. 3. Griller sur le barbecue jusqu’à cuisson idéale.

RBO

Après l’Hiver sera disponible sur Bandcamp, ainsi que sur la chaîne YouTube et la page Facebook de l’artiste.

COURTOISIE

L’album parle de courage, de violence, d’hypersensibilité et de spiritualité, entre autres. Il contient des sujets variés et chaque pièce a son caractère musical propre.

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 21


ET LES GAGNANTS SONT...

PRIX ARTISTE DE L’ANNÉE

PRIX RELÈVE

PRIX DU PUBLIC TVA ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

PRIX TRAVAILLEUR DE L’OMBRE

PRIX COUP DE CŒUR

LES GENS D’ICI, conte Pierre Labrèche MRC d’Abitibi

PRIX PARTENARIAT

PRIX ORGANISME INTÉGRATION DES TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES

22 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


CALENDRIER VIRTUEL DE L’INDICE BOHÉMIEN Pendant tout le mois de juin, L’Indice bohémien présente des performances d’artistes régionaux en

FREINK – 5 juin à 19 h 30

DYLAN PERRON/FABIEN DEMERS – 19 juin à 19 h 30

Freink est originaire du Témiscamingue. Il joue de la guitare depuis ses 10 ans et a étudié la musique au niveau collégial. Sa musique est majoritairement rock, folk, planante avec parfois une touche jazz. Il a deux microalbums (EP) à son actif et un album disponible sur toutes les plateformes. Il travaille présentement sur un prochain album.

Élixir de Vassan… Fous de Gumbo… allez savoir! Rencontre impromptue entre Fabien « Le Fabuleux » Demers et Dylan « La Fripouille » Perron. À grands coups de ching-a-ling dans le tire-pouce. On aime mieux vous avertir tout de suite : « ÇA SERA PAS FACILE! »

Facebook et YouTube : François Lefebvre Pour écouter sa musique : smarturl.it/freink1

Pages Facebook : Élixir de Gumbo et Petits chanceleurs du lac pas de fond COURTOISIE

JEAN-FRANÇOIS GIRARD

direct sur Facebook. Suivez la page Facebook de L’Indice bohémien pour ne rien manquer!

ADAM BROUSSEAU – 12 juin à 19 h 30

CAROLINE RONDEAU – 26 juin à 19 h 30

Adam Brousseau est un jeune musicien de 19 ans surtout reconnu pour ses compositions. Spécialisé dans le rock progressif, il sortira en octobre un nouvel album, Le mal du pays, entièrement autoproduit.

Violoncelliste rebelle, improvisatrice lyrique et rockeuse ésotérique, Caroline a les racines bien plantées à Val-d’Or depuis son retour dans la région, en 2016. Elle est membre de trois groupes régionaux (Cleõphüzz, Ollivon, Karomȧnen) en plus de mener une activité variée en solo. Sa bulle musicale souvent introspective, parfois psychédélique, sensible et intense, voyage avec elle le temps de métissages éphémères. VICKY NEVEU

JÉRÉMY LAPRADE

Instagram : adamnbrousseau_music

Instagram : carolune.rondeau

GUILLAUME LAROCHE – 18 juin à 19 h 30

ELYE CARRIER

Originaire de Rouyn-Noranda, Guillaume est un auteur-compositeur-interprète, chanteur, guitariste et pianiste. Il s’illustre dans le milieu culturel régional depuis plus de six ans. L’une de ses plus grandes qualités est sa richesse d’écriture. Il joue avec les mots, les sons et les rimes de manière très polyvalente, lui qui écrit pour des styles musicaux populaire, hip-hop, électro, alternatif et folk, en plus de poèmes et de monologues. Instagram : guillaume.laroche11

L’Indice diffuse vos œuvres! En ces temps de confinement, L’Indice bohémien souhaite offrir son espace de diffusion aux créateurs d’ici afin de maintenir la vitalité artistique régionale. Envoyez vos créations à redaction@indicebohemien.org et nous les relaierons sur notre plateforme Création virale au indicebohemien.org/blogue/creation-virale Toutes les institutions culturelles sont aussi invitées à participer. Restons solidaires

INDICEBOHEMIEN.ORG JUIN 2020 23


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24 JUIN 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


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