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– C U L T U R A T –

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LE MUSÉE AMBULANT OU… COMMENT APPORTER L’ART DANS LES ÉCOLES

PASCALE CHARLEBOIS

Durant le mois de septembre, nous avons eu la chance d’accueillir le Musée ambulant dans quelques villes de notre région et bientôt, celui-ci proposera également une tournée dans nos écoles. Prenons quelques minutes pour bien comprendre l’originalité de son approche.

Créé dans la région de Québec par deux passionnées d’arts visuels et de métiers d’art, le Musée ambulant a pour mission « d’amener l’art vers son public, par-delà les distances géographiques ou les barrières socioéconomiques ». Son premier objectif est de mettre les jeunes (et les moins jeunes puisqu’il vise également d’autres publics) en contact avec de vraies œuvres d’art. Il s’agit donc d’un véritable musée possédant sa propre collection d’œuvres d’artistes du Québec, et ce, dans des domaines artistiques aussi variés que les arts textiles, les installations, la photo, la peinture, etc. Les professeurs, qui sont souvent limités à exposer des photographies ou des reproductions à leurs étudiants, perdent l’avantage de créer une véritable relation entre le public et l’œuvre. Pourtant, l’appréciation d’une œuvre en direct comporte, des avantages évidents, selon la codirectrice générale du Musée ambulant, Sarah Bélanger-Martel, qui est aussi enseignante au primaire et au secondaire. « On fait vraiment appel à tous les sens des enfants pour les aider à bien comprendre les œuvres, explique-t-elle. On leur fait imaginer, par exemple, ce que pourrait sentir l’œuvre ou on leur demande de ressentir la caresse du vent quand ils la regardent. »

Ainsi se crée un dialogue entre les jeunes et l’œuvre, puis entre eux, autour de l’œuvre. « Les enfants sont extrêmement créatifs quand il est question de parler des œuvres et ils n’ont pas souvent la chance de le faire, ajoute celle qui est aussi directrice de l’éducation et de la médiation pour l’organisme. Parfois, ils ont tellement d’imagination qu’ils partent dans des histoires complètes en lien avec l’œuvre! »

Le troisième pilier de l’approche du Musée ambulant consiste à introduire les enfants au processus créatif et, plus précisément, à l’utilisation d’une matière ou d’un procédé en lien avec l’une des œuvres du musée. « C’est essentiel, selon nous, affirme Mme BélangerMartel. C’est une porte d’entrée directe pour mieux comprendre l’art, car ça permet de le vivre quand on s’immerge dans le processus. Nous aimons aussi beaucoup aborder la création collective puisqu’elle apporte d’autres défis : la collaboration, la prise de décision en groupe, etc. Ça amène les élèves encore plus loin. »

Et puis l’essentiel dans tout ça, c’est de rendre ces activités ludiques, pour bien faire comprendre (et ressentir!) que l’art n’est pas réservé à une élite et qu’il ne devrait pas être synonyme de « je-me-promène-en rang-en-silence-et-je-m’emmerde! »

Le Musée ambulant prévoit revenir dans la région au printemps 2021. Si vous enseignez et que cette approche vous intéresse, il est possible de manifester votre intérêt en contactant le Musée ambulant.

Vous avez un projet Culturat?

Contactez-nous à info@culturat.org

– ÉDUCATION –QUAND ÉDUCATION RIME AVEC PLEIN AIR

DOMINIQUE ROY

Alors que la majorité des écoles secondaires proposent des concentrations sportives et artistiques, l’École du Carrefour de Latulipe se distingue par son offre : depuis 2017, un volet plein air permet aux élèves de vivre des activités à l’extérieur, une demi-journée par semaine.

Cette année, l’école compte 26 élèves de la 1 re à la 4 e secondaire. Mélanie Patoine et André Baillargeon sont les enseignants responsables du volet plein air. « À Latulipe, notre territoire est vaste. Nous avons accès à La Pointe-aux-Roches, au sentier des chutes à Ovide, à la rivière Fraser, au Pont couvert Landry et à plusieurs acres de forêt, de terres et de sentiers. Le volet plein air […] permet à nos jeunes de se familiariser, d’apprivoiser et d’apprécier le milieu naturel riche qui nous entoure de manière écoresponsable. La mission est de permettre aux jeunes d’établir un contact direct avec la nature en encourageant les activités physiques et pédagogiques en forêt, à l’extérieur des limites de l’école. Nous désirons offrir un contexte d’apprentissage distinct, en harmonie avec le territoire, tout en donnant le goût aux élèves de bouger, d’apprendre et de se ressourcer en plein air », explique Mme Patoine.

Vélo, randonnée pédestre, ski Hok, raquette et pêche sont les activités récurrentes, mais chaque année s’ajoutent des nouveautés. En 2020-2021, en plus de participer à quatre sorties hors de Latulipe, les élèves suivront un cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR), des ateliers sur la survie en forêt et un autre sur la cueillette de champignons.

MYCOLOGIE

Au moment d’écrire ces lignes, l’atelier sur les champignons comestibles est en branle. Le 30 septembre, tous accueilleront le mycologue et botaniste Roger Larivière, auteur de plusieurs ouvrages référentiels sur les champignons comestibles. « L’intention pédagogique de cette activité est de permettre aux élèves d’identifier certains champignons comestibles communs afin d’en faire la cueillette et la cuisson. Les élèves participant aux Brigades culinaires à l’école prépareront une recette créative avec les champignons récoltés », explique l’enseignante d’anglais.

M. Larivière se dit prêt à rencontrer ces élèves du secondaire. « Mes ateliers sont habituellement faits pour des débutants, alors le vocabulaire est vulgarisé. J’ai l’habitude de communiquer avec des jeunes puisque je fais déjà des présentations sur ce sujet dans les classes du primaire de la région. » Son atelier se divise en deux parties : la théorie d’abord, puis une excursion où il présente les grandes familles de champignons et leurs représentants comestibles ou non, en plus de permettre aux élèves de se familiariser avec le vocabulaire plus complexe. « Les élèves de ces milieux sont tellement intéressés par le sujet et ils sont intarissables de questions. Ils ont souvent du vécu avec leurs parents. Ils veulent goûter! Je pense que tous les élèves […] devraient avoir accès à des cours sur la nature qui les entoure. […] Et quand c’est dehors, tout le monde est heureux. Je suis fortement en faveur de l’école buissonnière », conclut M. Larivière.

MÉLANIE PATOINE

Ourse bleue— Piciskanâw mask iskwew Virginia Pesemapeo Bordeleau

Rétrospective 40 ans de pratique artistique 18 SEP — 29 NOV 2020

MA, musée d’art de Rouyn-Noranda

29 OCTOBRE AU 17 JANVIER 2021 Q U AND BOU C AR DIOUF S’I N TÈGRE AU BOIS... Marie-Annick Viatour et Gaétan Be r thiaume C ommissaire : Marie- F rance Bégis

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Ville de La Sarre

maison.de.la.culture.lasarre

195, rue Principale, La Sarre (Québec) J9Z 1Y3 819 333-2282

Fairedelatélé, çatetente?

« Je pense que [la télé] est un excellent moyen de m’impliquer dans ma communauté et ma région pour la faire connaître et grandir. »

Jean-PaulCharlebois passionné de hockey

– ÉDUCATION –VERS UNE COMMUNAUTÉ ENRACINÉE : ENSEIGNER L’ALIMENTATION DU JARDIN À L’ASSIETTE

ALEXIS LAPIERRE

À La Sarre, le Centre de formation générale Le Retour s’est donné comme objectif de mettre l’alimentation à l’avant-plan, tant pour ses élèves que pour toute la communauté.

TRAVAILLER SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Passionnée d’agriculture, Sylvie-Claude Côté est conseillère pédagogique à l’école le Retour. Lorsqu’on l’interroge sur la raison d’être de projets sur l’alimentation dans une école « pour adultes », elle explique qu’engager des réflexions et des actions sur la sécurité alimentaire était nécessaire : « Ça fait partie des valeurs du centre le Retour depuis longtemps. On a une clientèle vulnérable et en s’assurant que nos élèves n’ont pas le ventre vide, on sait qu’ils ont plus de chance d’être disposés à l’apprentissage. » Or, elle explique que si, depuis longtemps, des organismes travaillent à combattre l’insécurité alimentaire (par des banques alimentaires notamment), le concept de sécurité alimentaire a une portée bien plus large : « La sécurité alimentaire, ce n’est pas seulement s’assurer que tout le monde mange, mais également donner accès à une alimentation de qualité à tous et toutes. » Pour Sylvie-Claude, il s’agit également de reconstruire nos connaissances sur l’alimentation : « Depuis les années 1970- 1980 les gens se sont peu à peu déconnectés des sources de leur alimentation. On a délaissé le jardinage à mesure que les produits sur les rayons d’épicerie se sont diversifiés. La facilité de l’alimentation surgelée, du fastfood et des produits transformés a fait son œuvre, à un point où plusieurs personnes ne savent plus quoi faire avec une courgette ou un navet. » C’est donc pour renverser cette vapeur que la direction a donné le feu vert à plusieurs projets en alimentation, dont Vers une communauté enracinée.

VERS UNE COMMUNAUTÉ ENRACINÉE

En 2015, le centre le Retour s’est doté d’un jardin communautaire. Le développement et l’amélioration de celui-ci sont un des objectifs du projet Vers une communauté enracinée. Pour Sylvie-Claude, ce projet est venu agir comme un catalyseur pour amener la clientèle étudiante et la communauté à être proactifs dans leur rapport à l’alimentation, et ce, du jardin à l’assiette. Il s’est ensuivi suivi des conférences, de corvées communautaires, des développements d’infrastructures, des cours de cuisine pour amener des étudiantes et étudiants et la communauté à reprendre confiance dans leur capacité à agir sur leur alimentation et donc sur leur qualité de vie. Aujourd’hui, c’est presque la totalité des planches du jardin qui sont cultivées par la quarantaine de jardinières et jardiniers qui ont, par ailleurs, été invités à donner leur surplus de récolte à des organismes de La Sarre afin que les denrées soient redistribuées. Sylvie-Claude explique que des projets avec des élèves du primaire sont en cours et que déjà, des classes sont venues assister à des ateliers pédagogiques. « Récolter une carotte ou manger un haricot bourgogne pour la première fois anime les enfants. » Pour elle, cette petite réussite constitue l’essence du projet : donner la piqure du jardinage et transmettre des valeurs de saine alimentation à la population entre autres par l’entremise des enfants.

– ÉDUCATION –

ENSEIGNER AVEC LA CULTURE AU COEUR

GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FAL ARDEAU, AVEC L A COLL ABORATION DE VALÉRY SAINT-GERMAIN l’occasion de s’initier aux traditions théâtrales étrangères en

Partout dans la région, des enseignantes et enseignants mettent la culture et les arts au centre de leur travail. L’Indice bohémien s’est entretenu avec certains d’entre eux pour échanger sur l’importance de faire vivre des expériences culturelles aux élèves de tous âges.

La plupart cultivent un intérêt pour le domaine culturel depuis longtemps. C’est le cas d’Isabel Saint-Germain, enseignante de mathématiques au secondaire et responsable du théâtre international à la polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or, qui des oriflammes inspirées de leurs coups de cœur littéraires vernissage à la bibliothèque de leur école. Dans les dernières

résume son enfance ainsi : « On n’est pas nés dans des feuilles de chou chez nous, on a été élevés entre les pages d’un livre. » Très tôt, elle suit des cours de théâtre avec Michel Pilon, qui a aussi donné la piqûre du théâtre à Pascal Binette, après lui avoir enseigné l’art dramatique au secondaire. Pascal enseigne maintenant cette matière à l’École D’Iberville de Rouyn-Noranda.

ICI ET AILLEURS

À l’École Rivière-des-Quinze de Notre-Dame-du-Nord, Dominique Fortin, qui enseigne en art dramatique et en projet personnel d’orientation, souhaite faire de ses élèves des consommateurs d’art informés : « Je les prépare. On ne fait pas une sortie culturelle n’importe comment. […] Je mets beaucoup le spectacle en contexte pour qu’ils sentent qu’ils leur démarche sur les élèves. Robert remarque que les visites

sont des spectateurs compétents. »

Une de ses priorités est de faire découvrir aux élèves des lieux culturels et des artistes du Témiscamingue. Au cours des journées culturelles qu’elle a organisées au fil des ans, ses élèves de quatrième et cinquième secondaire ont pu visiter les locaux de la radio locale, les coulisses du Théâtre du Rift et la Verrerie de la montagne, entre autres, en plus d’assister métiers de la culture […], ce sont des métiers qui sont souvent

à un spectacle : « Il faut qu’ils voient ce qui se passe ici. Tu peux vivre ici si ça te tente. Il y en a des artistes qui gagnent leur vie et qui ont installé leur atelier ici. T’es pas obligé de vivre sur le Plateau Mont-Royal. »

Isabel, elle, voyage avec ses élèves à travers le monde. Sa troupe de théâtre composée d’une dizaine de jeunes motivés et talentueux sélectionnés au terme d’un processus d’audition a représenté le Canada dans des festivals de théâtre francophone en Europe réunissant des jeunes divers pays. Le bénéfice pour les étudiants est évident pour elle, qui s’efforce par ailleurs de toujours choisir des pièces d’origine québécoise : « C’est tellement riche pour ces jeunes-là d’aller eux, ont la même passion pour le théâtre. C’est riche en émotions […], mais […] en apprentissages aussi. » Elle constate que plusieurs se font des amis à l’étranger et souhaitent y retourner par la suite. Pour Pascal, qui est aussi allé en Europe avec sa troupe de théâtre Les excentrés, les voyages sont assistant à des productions locales.

ACCESSIBILITÉ DES ARTS : DES IMPACTS CONCRETS

À La Sarre, Marie-Ève Lacroix et Robert Brassard enseignent respectivement au primaire et en adaptation scolaire. Pour eux, le lien à établir avec l’univers culturel est rendu évident par la proximité du Centre d’art de La Sarre, à côté de leur école. Avec cet établissement, ils enchaînent projets et ateliers artistiques. Une année où le Salon du livre de l’AbitibiTémiscamingue s’est arrêté à La Sarre, les élèves ont créé pour ensuite les présenter aux auteurs concernés lors d’un années, ils ont aussi créé, avec des artistes régionaux, des croques-livres dispersés dans la ville. Pour Marie-Ève, ce genre d’expérience enseigne aux élèves que « l’art et la culture, ce n’est pas si compliqué que ça, ça peut exister dans la vie de tous les jours ».

Marie-Ève et Robert se réjouissent de constater l’impact de culturelles et les rencontres artistiques rendent les élèves plus créatifs et intéressés. Pascal, lui, a la chance de voir plusieurs anciens élèves se lancer dans le domaine du théâtre. C’est le cas d’une ancienne élève qui, l’an dernier, a fait son stage 4 en enseignement de l’art dramatique à ses côtés.

Par son enseignement en projet personnel d’orientation, Dominique s’efforce aussi de montrer que la culture peut être un choix de carrière. « C’est quelque chose que j’intègre beaucoup dans mes cours d’art dramatique, de leur parler des à l’autre bout du monde découvrir des jeunes qui, comme

dans l’ombre et nous au Témiscamingue, on en a peu. C’est difficile d’imaginer un travail qu’on ne voit pas. »

Si la COVID plonge cette année plusieurs de ces professeurs dans l’incertitude quant aux projets avec les élèves, ils sauront assurément continuer de leur transmettre leur passion, de quelque façon que ce soit.

EN OCTOBRE C’EST

DANS LES BIBLIOTHÈQUES DE LA RÉGION

Avec une tablette numérique, je peux :

Lire des livres numériques, m’amuser, travailler et communiquer. C’est une raison de plus de m’abonner à ma bibliothèque.

Mais aussi, avoir accès à plus de 740 000 livres et documents dans les bibliothèques de la région.

(39 942 livres et revues numériques et 936 abonnements à des revues)

*La marque et le modèle de la tablette peuvent varier d’une bibliothèque à l’autre.

Amos | Angliers | Arntfield | Aupaluk | Barraute | Béarn | Beaucanton | Beaudry Belcourt | Bellecombe | Belleterre | Berry | Cadillac | Cléricy | Clerval | Cloutier Colombourg | Destor | Duparquet | Dupuy | Fabre | Fugèreville | Guérin Guyenne | Kitcisakik | Kuujjuaq | La Corne | La Motte | La Reine | Laforce Landrienne | Latulipe | Laverlochère | La Sarre Lebel-sur-Quévillon | Lorrainville Macamic | Malartic | Manneville | Matagami | Moffet | Montbeillard | Mont-Brun Municipalité du Canton Clermont | Nédélec | Normétal | Notre-Dame-du-Nord Oujé-Bougoumou | Palmarolle | Poularies | Preissac-Sud | Puvirnituq | Rémigny Rivière-Héva | Rollet | Rouyn-Noranda | Salluit | Secteur des Coteaux | Senneterre St-Bruno-de-Guigues | St-Dominique-du-Rosaire | St-Eugène-de-Guigues Ste-Germaine-Boulé | Ste-Gertrude | Ste-Hélène-de-Mancebourg | Sullivan Taschereau | Timiskaming First Nation | Val-d’Or | Val-Paradis | Val-Senneville Val-St-Gilles | Villebois | Ville-Marie | Winneway

– ÉDUCATION –

TECHNOLOGIES EN ÉDUCATION : UN APPRENTISSAGE À PART ENTIÈRE

Ce n’est un secret pour personne, la pandémie de COVID-19 a complètement chamboulé le milieu de l’éducation. Au printemps dernier, professeurs et élèves, peu importe leur niveau d’aisance avec la technologie, ont dû apprendre à utiliser diverses les plateformes de visioconférence, le partage de documents et autres techniques afin de poursuive leurs activités. En Abitibi-Témiscamingue, les conseillères et conseillers pédagogiques du Réseau axé sur le développement des compétences des élèves par l’intégration des technologies (RÉCIT) de tous les centres de services scolaires (CSS) collaborent pour outiller professeurs, parents et élèves dans la maîtrise des technologies de l’information et des communications (TIC). L’Indice bohémien s’est entretenu avec Maxime Poirier, conseiller pédagogique RÉCIT au CSS de Rouyn-Noranda afin d’en savoir plus sur l’importance et les enjeux occasionnés par les TIC en milieu scolaire.

Avant la pandémie, M. Poirier offrait déjà de la formation au personnel enseignant en lien avec les TIC, comme Teams ou Office 365, mais la crise des derniers mois a exacerbé le GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FAL ARDEAU besoin de connaissances chez les enseignantes et enseignants, les élèves et leurs parents. En effet, si les TIC peuvent être des ressources précieuses pour garder un contact étroit avec les élèves et bonifier l’enseignement, leur usage n’est pas toujours intuitif pour les enseignants et les parents, qui doivent accompagner leurs enfants dans l’utilisation de cellesci. De plus, au-delà de la maîtrise technique des applications, l’enseignement virtuel amène des défis supplémentaires de prime abord insoupçonnés : « Juste savoir comment se comporter dans des visioconférences. Des détails aussi simples que “j’ouvre ma caméra, j’éteins mon micro, je l’ouvre seulement quand j’ai besoin de parler […]”. Les élèves sont habitués à utiliser les réseaux sociaux entre amis, mais avec son enseignant, ce n’est pas la même chose », constate M. Poirier.

L’utilisation des nouvelles technologies peut vite devenir une charge de travail importante pour les enseignants. Troublés d’apprendre qu’une enseignante avait passé une heure à guider un parent dans l’application Teams, Maxime Poirier et ses homologues de la région montent actuellement un site Web s’adressant aux parents et aux élèves, sur lequel se retrouveront des capsules explicatives en format vidéo ou écrit. Le site, qui sera accessible dès cet automne, aura un contenu personnalisé en fonction des besoins de chaque CSS et sera continuellement bonifié.

Maxime Poirier constate un réel engouement pour l’usage des TIC et des améliorations considérables dans le milieu scolaire depuis le début de la pandémie. Il pense que l’acquisition de ces nouvelles connaissances est nécessaire à l’aube d’une possible deuxième vague. Cela dit, même en contexte normal, M. Poirier croit que la maîtrise des diverses TIC est essentielle aux professeurs et aux élèves : « Les technologies sont là pour de bon en éducation et chaque année, ça va augmenter. […] Les élèves, […] quand ils vont arriver en milieu de travail, ils vont voir des applications comme ça […], il faut les préparer », déclare-t-il. Chose certaine, lui et ses collègues débordent d’idées et de projets pour parvenir à cet objectif.

– ÉDUCATION –

PÉNURIE DE FUTURS ENSEIGNANTS ET D’ENSEIGNANTS DANS LA RÉGION : UN PREMIER DIAGNOSTIC

GENEVIÈVE SIROIS, PROFESSEURE EN ADMINISTRATION SCOL AIRE, UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (UQAT)

En novembre 2019, L’Indice bohémien, dans son article titré « L’heure est GRAVE », présentait le Groupe régional d’acteurs pour la valorisation des enseignants (GRAVE), regroupant une vingtaine d’acteurs du domaine de l’éducation de l’AbitibiTémiscamingue et du Nord-du-Québec.

Pour trouver des solutions innovantes aux pénuries de personnel dans les deux régions, la première action menée par le GRAVE a été la mise en place d’un projet de recherche visant à faire le diagnostic des enjeux associés à l’attraction, la formation et la rétention des futurs enseignants et enseignantes en poste.

Plus de 1 600 personnes, dont 805 membres du personnel de l’éducation de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, ont répondu au sondage conçu par le GRAVE. Les résultats, dont nous présentons ici une synthèse, ont déjà permis au GRAVE de cibler des actions prioritaires et de commencer la valoriser la profession et à attirer le futur personnel.

mise en œuvre de certaines d’entre elles.

FORMATION INITIALE ET INSERTION EN EMPLOI Malgré tout, plus de 70 % des enseignantes et enseignants se

Il a été démontré que l’UQAT forme la majorité du personnel enseignant et des directions d’établissementsde l’AbitibiTémiscamingue. ATTRACTION ET RÉTENTION DANS LA PROFESSION

La proportion d’enseignantes et enseignants en poste qui ne détiennent pas un baccalauréat en enseignement d’une université québécoise est très faible; les stratégies de recrutement pourraient notamment cibler des personnes formées à l’étranger ou dans d’autres provinces.

De plus, l’accès des jeunes enseignantes et enseignants à des programmes d’insertion professionnelle reste encore limité; la profession et favoriser la rétention du personnel.

SATISFACTION AU TRAVAIL

Les enseignantes et enseignants sont globalement satisfaits de leur travail et aiment enseigner. Ils sont aussi généralement satisfaits de certaines dimensions des conditions de travail (la sécurité d’emploi, le défi intellectuel, l’autonomie dans le travail) et de la nature des tâches associées à l’enseignement (la préparation d’activités pédagogiques, la présentation de la matière à leurs élèves et la relation avec eux, etc.). Ces

PAULA SCHMIDT, PEXELS

éléments seront mis de l’avant dans les stratégies visant à

disent assez ou totalement insatisfaits de la charge de travail, des possibilités de promotions et de la reconnaissance sociale.

il s’agit d’un axe sur lequel le GRAVE travaille afin de valoriser

Pour une importante majorité d’enseignantes et enseignants, il s’agit de leur premier choix de carrière et ils en sont satisfaits.

Par ailleurs, la région réussit à attirer du personnel d’ailleurs au Québec et au Canada; près d’une personne sur cinq est venue d’une autre région ou province pour enseigner en AbitibiTémiscamingue et au Nord-du-Québec.

Certains leviers pourraient permettre d’attirer davantage d’étudiantes et étudiants vers les programmes de formation à l’enseignement : des stages rémunérés en enseignement, une promesse d’embauche à la fin de la formation ou un accès plus facile à des postes permanents, entre autres.

Enfin, la majorité des enseignantes et enseignants n’envisage pas de quitter son poste dans les cinq prochaines années. Toutefois, 13,9 % d’entre eux envisagent de quitter leur poste pour occuper un autre emploi dans un autre secteur et 11 % comptent, quant à eux, prendre leur retraite d’ici 5 ans. L’image de la profession, la reconnaissance du travail et le soutien à l’insertion professionnelle sont considérés comme des dimensions prioritaires, autant par le personnel enseignant que par les directions d’établissements, pour améliorer l’attraction et la rétention des enseignantes et enseignants.

Une synthèse plus complète des résultats est disponible sur le site Web du GRAVE et un second article abordant la pénurie d’enseignants est disponible au indicebohemien.org.

– ERRATUM –

ERREUR DANS L’ARTICLE « LA MAGIE DES FILS AU CENTRE D’ART DE LA SARRE »

Veuillez noter qu’une coquille s’est glissée dans le texte « La magie des fils au centre d’art de La Sarre », paru dans l’édition de septembre de L’Indice bohémien. En effet, dans le dernier paragraphe, il est indiqué que l’année 2020 accueillera la troisième Triennale en métiers d’art de La Sarre, alors que cet événement se tiendra plutôt en 2021. Sachez que nous sommes sincèrement désolés des inconvénients occasionnés par cette erreur.

– ÉDUCATION –LA LANGUE ATIKAMEKW AU CŒUR DE L’ÉDUCATION DE LA NATION

RODRIGUE TURGEON

L’Abitibi-Témiscamingue est bien connue comme faisant partie du territoire ancestral de la Première Nation anicinabe. Depuis des millénaires jusqu’à aujourd’hui, la région a cependant été des onze nations autochtones de la province en misant sur la valorisation de leurs savoirs.

occupée par plusieurs autres nations autochtones, dont la Nation crie et la Nation atikamekw. L’ébullition de cette dernière dans le domaine de l’éducation mérite toute notre attention, d’autant plus que l’École d’études autochtones de l’UQAT participe à ce foisonnement.

DÉCOLONISER C’est vers l’École d’études autochtones de l’UQAT que plusieurs se tournent ensuite pour le

« Nos enfants, si on renforce leur identité, ils vont aller mieux. Ils vont être plus forts et mieux armés pour vivre dans la société québécoise. » La sagesse de Lisette Petiquay repose sur plus de 30 ans à occuper presque chaque fonction dans le domaine de l’éducation au sein de la Nation atikamekw. « Ça fait des décennies que le système québécois qu’on nous impose ne marche pas. On a trop peu de finissants. On veut plus de diplômés », constate celle qui est désormais Éthier, peut témoigner de l’effervescence qui anime le milieu de l’éducation de la Nation. Lui

directrice des services éducatifs, linguistiques et culturels au Conseil de la Nation atikamekw.

Pour renverser cette tendance, son équipe mise avant tout sur la langue. Bonne nouvelle : la Nation compte en ses rangs plusieurs professeurs parlant couramment l’atikamekw et qui l’enseignent. Des gens prêts à tout pour que leurs élèves « le parlent et l’écrivent ». RETOUR AU TERRITOIRE

LA PREUVE VIVANTE Au retour du confinement, Janis Ottawa a retrouvé des élèves « impatients et moins ouverts d’attraction d’internet et des réseaux sociaux.

Janis Ottawa est du nombre. Depuis 2009, elle enseigne uniquement dans sa langue aux élèves de deuxième année de l’école primaire à Manawan.

Si la majorité de ses élèves parlent la langue depuis leurs tout premiers mots, il arrive que d’autres accusent un certain retard à la rentrée. Pas de compromis : « On parle juste atikamekw dans ma classe », tranche Mme Janis. Elle ajoute : « C’est mignon de le dire comme ça, mais tous les petits Atikamekw, quand on les accueille dans leur langue, on le voit tout de suite qu’ils se sentent à leur place ». Pour elle, la réussite scolaire passe d’abord par l’apprentissage ÉTUDES SUPÉRIEURES HARMONIEUSES

Par-delà le nitaskinan – le territoire des Atikamekw, parmi toutes leurs options, les étudiants peuvent poursuivre leurs études collégiales au Cégep Kiuna, affilié au Cégep de l’AbitibiTémiscamingue. Basé à Odanak, Kiuna est le seul collège spécialisé dans l’éducation des membres

dernier volet de leurs parcours, l’établissement de chez nous se démarquant par ses nombreux cheminements reflétant leurs intérêts et aspirations. Le corps professoral compte notamment sur la présence de Suzy Basile, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones, et elle-même Atikamekw.

Par les projets de recherche qu’il mène avec les Atikamekw, son collègue, le professeur Benoit même élabore ses cours de manière à « lier la théorie à la pratique en prenant des exemples qui sont proches des réalités des membres des communautés ».

aux critiques constructives ». Elle constate que ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller sur le territoire en famille ont été surexposés à l’anglais, captifs et vulnérables devant le pouvoir de la langue et la valorisation de la culture atikamekw.

La solution qui s’impose à son esprit repose sur l’accès au territoire. « Si je pouvais les emmener dans le bois plusieurs semaines de suite, je le ferais. » Mais les restrictions face au virus étant ce qu’elles sont, l’enseignante se désole de ne presque plus pouvoir transmettre ces valeurs dans le meilleur environnement qui soit. Mais comme elle le résume si bien : « Ça va revenir. »

D’ici là, le carré de tente érigé dans la cour d’école primaire de Manawan accomplit son œuvre en soufflant sur les braises ardentes de la langue, de la culture et des traditions de la Nation atikamekw tout entière. Au bénéfice de tous.

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