MARS 2019 V O L 1 0 - N O 6
MÉDIA ÉCRIT COMMUNAUTAIRE DE L’ANNÉE
+ SPÉCIAL FEMMES
04 06 LE CORPS À TRAVERS LE VŒU L’ART À VAL-D’OR
D’ARLEEN THIBAUT
07 PARCOURS
D’AUTOROUTE AVEC VÉRONIQUE DOUCET
13 DES BIBLIOTHÈQUES DANS LE NORD
21 THÉÂTRE ET
CONSTITUTION
ÉDITORIAL
Publié 10 fois l’an et distribué gratuitement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, fondée en novembre 2006.
MAITRE DE SON CORPS. VRAIMENT?
ARIANE OUELLET, ÉDITORIALISTE
J’ai 46 ans. J’ai grandi dans l’essor du féminisme au Québec. Au cours du dernier siècle, les femmes ont mené plusieurs luttes pour soustraire nos corps et nos esprits aux différents dictats religieux, politiques et sociaux. Droit de conserver son nom de fille après le mariage. Droit à la liberté sexuelle. Droit à l’avortement. L’objectif était de donner aux femmes leur statut légal à part entière et le pouvoir sur leur corps. Sans avoir à demander la permission du mari pour exercer sa citoyenneté, faut-il préciser. Mais si on peut aujourd’hui constater certains progrès ici et là, les luttes des femmes sont chaque jour à poursuivre. Les droits des femmes sont toujours à défendre, à reprendre. Choquant de voir de nombreux hommes politiques au Brésil, aux États-Unis et ailleurs, se comporter comme des criminels envers les femmes et être élus, en toute connaissance de cause, et même nommés dans de hautes instances de justice. Sous ces sombres augures, aucun acquis n’est vraiment acquis. La sécurité des femmes reste précaire… ou illusoire. Malgré bien des promesses de changement, la Loi sur les Indiens est encore discriminatoire envers les femmes autochtones du Canada, qui ne peuvent transmettre leur statut d’Indien à leurs enfants nés d’un père non autochtone. Pour les hommes, ça ne s’applique pas. Allo, M. Trudeau? On est en 2019.
CONSEIL D’ADMINISTRATION
choix de Catherine Dorion de s’habiller à sa façon? D’accord, elle siège à l’Assemblée nationale. Mais elle est une adulte, élue, qui n’a pas fait la promesse de devenir quelqu’un d’autre en entrant au Salon bleu. En passant, le fait de porter tailleur, veston et cravate n’a jamais garanti de rectitude morale ou politique. Alors, pourquoi ce petit défi au décorum pèse-t-il plus lourd dans la balance que le propos de la députée? La vente de blindés canadiens aux pays étrangers, le laxisme entourant les dossiers d’une mine de lithium près de nos sources d’eau, le prix exorbitant de l’immobilier qui précarise les familles à faibles revenus, comment tout ça peut-il faire couler moins d’encre que le t-shirt de Catherine Dorion? Une aberration politique, sociale et surtout, médiatique.
«GARDEZ VOS OPINIONS IGNORANTES LOIN DE MON CORPS»
enveloppe. Son image ne lui appartient plus, et cet endoctrinement commence au plus jeune âge. En Amérique du Nord, si elle ne joue pas le jeu de la séduction, on se permet de l’insulter dans les médias sociaux. Il y a là une charge de violence inouïe. Les femmes peuvent porter un décolleté plongeant mais ne peuvent allaiter en public sans créer de remous. Il doit bien y avoir un équilibre entre le désir de couvrir les femmes des pieds à la tête et de légiférer sur leur habillement et l’hypersexualisation des jeunes filles, non? Je suis maman de deux garçons, qui seront ados dans le temps de le dire. Je n’envie pas mes ami(e)s qui ont des filles. Nos enfants grandissent dans une autre époque que celle de mon enfance, et sont inondés de médias sociaux et d’écrans. Soumis à d’autres influences tout aussi discutables que celles du clergé dans les années 1940 : hyper sexualisation, pornographie, standardisation du corps, mannequins d’à peine 15 ans et qui vendent des maillots pour femme. Autant pour mes garçons qui auront du corps de la femme une idée complètement tordue que pour celles qui se soumettent à ce jeu sans en comprendre toute la violence, je cherche des options plus inspirantes.
Est-ce que, dans l’Histoire, des femmes se sont déjà mêlées de circoncision? De vasectomiser sans permission? Je me le demande. Vous savez quoi? En 2018, au Canada, on procédait encore à des stérilisations sur des jeunes femmes autochtones sans leur consentement. De quel droit, s’il vous plaît?
Parlant des médias, avez-vous loupé « l’avant-dernière » ligne éditoriale de VRAK TV? On y proposait des trucs adressés aux jeunes – filles, faut-il le mentionner – pour réussir leurs sexfies. Pour les moins technos, un sexfie est une photo de soi en petite tenue qu’on envoie à son ou sa partenaire (on l’espère) en guise de jeu érotique. C’est quoi l’âge de l’audience moyenne de VRAK? 8 à 18 ans, genre? Il me semble que ça mériterait plus d’indignation que les audaces vestimentaires de certains députés.
Dans un ordre d’idée moins grave, mais qui mobilise beaucoup d’énergie médiatique, je reviens au cas de Catherine Dorion. Ben oui, encore. Pourquoi traite-t-on « d’enfantillage » le
Dans les faits, quand une personnalité publique féminine prend la liberté de ne pas se conformer aux codes établis, c’est fascinant à quel point « le public » se permet de la réduire à une vulgaire
Le problème du contrôle du corps et de l’image du corps de la femme est complexe. Les pièges idéologiques sont nombreux. Je félicite et remercie toutes ces femmes qui ont le courage de se soustraire aux dogmes qu’on leur impose et qui osent nourrir l’espace public d’une image différente de leur personne, de leur corps, mais surtout, de ce qu’elles ont dans la tête. Je les aime, moi, les Safia, Catherine et Rahaf. Tess Holliday, une mannequin taille forte répondait dernièrement à un commentaire désobligeant sur ses rondeurs, alors qu’elle allaitait en public : « Keep your uneducated opinions off my body », ce qui se traduirait joliment par « Gardez vos opinions ignorantes loin de mon corps ».
EN COUVERTURE
SOMMAIRE
CHRONIQUES
ARTS VISUELS 4, 7, 10
CULTURAT 15
CALENDRIER CULTUREL 23
DE PANACHE ET DE LAINE 7
CINÉMA 3, 12, 22
ENVIRONNEMENT 17
CONTE 6
L’ANACHRONIQUE 4
LITTÉRATURE 11, 13, 14, 15
MA RÉGION J’EN MANGE 14
NUMÉRIQUE 5
MÉDIAS ET SOCIÉTÉ 12
MUSIQUE 9
RÉGION INTELLIGENTE 19
SOCIÉTÉ 16
RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE 8
THÉÂTRE 21
TÊTE CHERCHEUSE 5
Marie-France Beaudry, présidente | R-N Manon Faber, vice-présidente | R-N Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | R-N Carolann St-Jean, secrétaire | R-N Administratrices : Anne-Laure Bourdaleix-Manin | Vallée-de-l’Or Carole Marcoux | Témiscamingue
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES Valérie Martinez direction@indicebohemien.org 819 763-2677
RÉDACTION Lise Millette et Ariane Ouellet redaction@indicebohemien.org 819 277-8738
COORDINATION RÉGIONALE Catherine Bélanger (MRC d’Abitibi) Mathieu Larochelle (MRC d’Abitibi) Danaë Ouellet (MRC d’Abitibi) Marianne Trudel (MRC d’Abitibi) Sophie Ouellet (MRC Abitibi-Ouest) Nancy Ross (Rouyn-Noranda) Véronic Beaulé (MRC Témiscamingue) Geneviève Béland (MRC Vallée-de-l’Or) Anne-Laure Bourdaleix-Manin (MRC Vallée-de-l’Or)
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES Vicky Bergeron, Cassiopée Bois, Julie Dallaire, Michel Desfossés, Isabelle Gilbert, Gabriel David-Hurtubise, Maude Labrecque-Denis, Jade Laperle, Alexis Lapierre, Philippe Marquis, Beatriz Mediavilla, Mariane Ménard, Yves Moreau, Christiane Plante, Darquise Robert, Dominic Ruel et Louis-Paul Willis.
CONCEPTION GRAPHIQUE Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org Typographie : Harfang, André Simard, DGA
CORRECTION Geneviève Blais
IMPRESSION Imprimeries Transcontinental
NOUS JOINDRE Sophie Dupuis est en lice pour les Prix écrans. Les lauréats seront dévoilés le 31 mars.
Photo : Patrick-Joseph Dufort
2 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org
ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien
À LA UNE
SOPHIE DUPUIS À L’AVANT-PLAN BÉATRIZ MEDIAVILLA
Sophie Dupuis réalise des œuvres profondément humaines et émouvantes, qui nous transforment et provoquent un questionnement en nous. Elle ne donne pas non plus toujours toutes les réponses, nous laissant le soin de terminer le récit. Le fait d’être une femme cinéaste marque son travail. « Les gens me disent souvent que j’ai fait un “film de gars” et que si on regardait mon film sans savoir que c’est une femme qui l’a réalisé, on penserait tout de suite que c’est un homme qui l’a fait. Ce n’est pas par mauvaise foi, mais je ne sais véritablement pas ce que ça veut dire ou pourquoi on étiquette ainsi mon film. Tous les cinéastes parlent de choses qui les touchent et les bouleversent. Et c’est pour ça que je ne crois pas qu’il existe des sujets féminins et des sujets masculins. Je crois qu’au fond, on est juste des cinéastes humains. Et ce qui nous intéresse chez un artiste, c’est le regard unique qu’il pose sur un sujet. Je crois que la forme de ce regard peut prendre toutes les dimensions possibles, qu’il provienne d’un homme ou d’une femme. Je crois même qu’il est bien d’avoir fait un film considéré comme un “film de gars” pour enfin briser les standards. » Sophie Dupuis est native de Val-d’Or. Son intérêt pour le cinéma a commencé dans cette ville. Elle y suit d’abord des cours de journalisme au secondaire, mais, très tôt, plusieurs formes d’art l’intéressent. Enfant, on l’avait inscrite à des cours de bricolage, de poterie, de dessin, de théâtre, de chant, même si, selon elle, elle possède la pire voix du monde! Aussi à cette époque, dans son sous-sol, ses parents voient s’enfiler une suite infinie de spectacles de théâtre, de cirque, de défilés de mode, de lipsync, de radio, de tout! « À 13 ans, j’ai eu un rôle dans “Les héros de mon enfance” que la compagnie 4/36 a montée en théâtre d’été. À 14 ans, pendant mon secondaire 3, j’ai écrit un long métrage qui s’appelait “4 univers” que j’ai tourné pendant l’été avec l’implication de mes amis et de certains professeurs à qui j’avais donné des rôles. En secondaire 5, j’ai participé, dans mon cours de français (journalisme), à la course autour de la MRC. On devait faire cinq reportages sur des sujets de chez nous. Je me suis lancée là-dedans avec la ferme intention de gagner… et c’est mon équipe qui a gagné! Déjà, en secondaire 4, je savais que j’irais étudier en cinéma à Rouyn et ensuite à l’université à Montréal. Mon objectif est toujours le même aujourd’hui : écrire et réaliser mes films. » Au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, elle poursuit sa formation sur le septième art où elle est remarquée, puis elle obtient la bourse Michel-Lessard qui récompense le meilleur espoir en cinéma. Elle quitte la région pour poursuivre ses études à l’Université Concordia où elle réalise ses premiers courts métrages qui déjà font d’elle une cinéaste en devenir à surveiller. Avec J’viendrai t’chercher (2007), elle fait déjà preuve de son talent en scénarisation et en réalisation pour raconter des histoires, manipuler les émotions et évoquer des réflexions sur les thèmes de la famille, de l’attachement et de la sexualité. Avec ce film, qu’elle réalise en tant qu’étudiante à Concordia, elle obtient le Prix du meilleur scénario et le Prix du public au Festival international du court métrage au Saguenay (REGARD), le Prix pour la meilleure œuvre étudiante aux Rendez-vous du cinéma québécois et finalement le Prix du jury au Festival Off-Court de Trouville-sur-Mer (France). Elle est invitée de nouveau à Trouville-sur-Mer afin d’y réaliser un autre court métrage (en plus de ceux qu’elle réalise en poursuivant ces études), Si tu savais Rosalie. Suivent
!
OCCASION SPÉCIALE
S N E I V E D ! E R B M E M
SOPHIE DUPUIS EN COMPAGNIE DES COMÉDIENS THÉODORE PELLERIN ET JEAN-SIMON LEDUC PHOTO : COURTOISIE
entre autres Félix et Malou (2010), Faillir (2012), L’hiver et la violence (2014), des courts métrages qui jouissent d’une très belle diffusion nationale et internationale. La cinéaste y utilise ses thèmes de prédilection, soit la famille, la fratrie, la sexualité et la complexité des relations humaines, mais toujours sous un angle qui nous surprend et qui creuse en nous ce chemin moins confortable, mais combien essentiel, du questionnement sur notre rapport aux autres. En 2016, son court métrage plus poétique Forces tranquilles démontre aussi qu’elle peut suivre d’autres chemins. La somme de son œuvre fait qu’en quelques années seulement, la toute jeune scénariste et réalisatrice a un CV plus que garni et d’une très grande qualité artistique. Parallèlement à ses créations cinématographiques, elle participe aussi à différents projets en coréalisation qui lui ouvrent notamment la route de festivals de création de style Kino et Documenteur, ainsi qu’à des projets d’écriture et de production pour le Web. En 2018, ce travail et cette soif de créer aboutissent à la sortie de son premier long métrage coup-de-poing, Chien de garde, primé et sélectionné pour représenter le Canada dans la course aux Oscars. Avant le tournage, Sophie Dupuis a travaillé pendant trente jours avec ses comédiens afin de trouver les personnages le plus justes. Et cette façon unique de faire lui a donné raison. Peu à peu, Sophie Dupuis change les choses grâce à ses films, mais aussi grâce aux méthodes de travail qu’elle propose à l’industrie. De plus, Chien de garde fait partie des cinq films de la sélection du Prix collégial du cinéma québécois (PCCQ) 2019. « Pour moi, le PCCQ est l’un des plus beaux et pertinents projets que j’ai vus dans les dernières années. Je trouve ça merveilleux qu’on offre aux étudiants de se reconnecter à leur culture et de développer leur curiosité de leur cinéma en les faisant débattre sur des œuvres et leurs sujets. C’est ça la vie, c’est à ça que servent l’art et la culture, et c’est important de l’enseigner à notre public de demain », affirme Sophie Dupuis. Chien de garde est aussi en lice pour les prix Écrans canadiens dont les gagnants seront connus le 31 mars. Une version bonifiée de ce texte est disponible en ligne.
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L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 3
ARTS VISUELS
L’ANACHRONIQUE CHRONIQUE
EN FUMER DU BON
EXPLORER LE RAPPORT ENTRE L’ART ET LE CORPS
PHILIPPE MARQUIS
MARIANE MÉNARD
« Il en a fumé du bon! » C’est une expression prise pour dire qu’une personne a des idées étranges. Et c’est aussi ce que me lance un travailleur de rue en parlant de faire passer à 21 ans l’âge légal pour consommer de la marijuana. Mon ami, le ministre de la Santé Lionel Carmant, croit bien agir, mais il « passe à côté ».
COURTOISIE
Le ministre Carmant veut diminuer les troubles mentaux provoqués par la consommation de cannabis. Selon différentes études, cette substance affecterait le développement du cerveau jusqu’à l’âge de 25 ans. Le ministre oublie que le jeune qui veut consommer en trouvera toujours sur le marché noir (pour qui la hausse de l’âge est une très, très bonne nouvelle). Ce qu’il achètera alors risque d’être fort puissant, et donc d’autant plus dommageable. En comparaison, la Société québécoise du cannabis (SQDC), en plus d’offrir une qualité contrôlée, permet de choisir la concentration désirée en THC1. « Sur le marché noir, on peut te faire fumer n’importe quoi! » ajoute encore celui qui ne comprend pas les intentions de son gouvernement dans ce dossier.
Sous le commissariat de la chorégraphe Audrée Juteau, les artistes Etienne Saint-Amant, Montserrat Duran Muntadas, Claude-Olivier Guay, Katia Martel et Marc Boutin abordent le corps, le retournent, le dissèquent, suggérant des réflexions sur son esthétisation, sa transformation et sa capacité à s’interroger sur les normes sociales. Carmelle Adam, directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or, explique que ce concept est inspiré des démarches respectives des artistes : « Nous avons été interpellés en voyant plusieurs artistes ayant une approche par rapport à la médecine ou au corps. Comme une exposition par année est dédiée à l’art et la science, on a vu la possibilité de faire une exposition collective. »
En allant chercher son pot chez le pusher, le jeune peut se faire offrir d’autres produits qu’il ne trouvera pas à la SQDC. L’objectif du vendeur de drogue est de garder sa clientèle et de la faire acheter au maximum. La société d’État a, de son côté, un mandat éducatif. D’après l’intervenant qui inspire ces lignes, les jeunes consomment de moins en moins de cannabis. On parle bien plus de MDMA (une forme d’ecstasy) ou de speed, à des fins récréatives, que de pot. Il y a aussi l’alcool dont les ravages potentiels sont plus que banalisés, même que l’on peut s’en procurer à 18 ans. On doit ajouter à cela des drogues légales pour soigner un déficit d’attention, diminuer l’anxiété ou augmenter les performances scolaires. Bref, même s’il est habité des meilleures intentions du monde, le gouvernement québécois fait fausse route. Reste néanmoins que les campagnes de sensibilisation qu’il se propose de faire sur la marijuana ne pourront pas nuire.
LE CORPS EN TRANSFORMATION
Un alliage entre le verre et différentes matières organiques permet à Montserrat Duran Muntadas d’aborder sa propre condition médicale tout en fragilité, de manière à en faire émerger la beauté. Un diagnostic médical agit aussi comme fondement pour l’artiste Katia Martel, alors qu’une anomalie cellulaire indésirable se métamorphose en objet d’apparat, par sa représentation sous forme de bijou. Cette transition d’objet non souhaité à parure désirée est documentée et illustrée par les photographies de Marc Boutin. Pour Etienne Saint-Amant, l’imagerie médicale est détournée de sa fonction diagnostique et devient autoportrait de l’artiste. Le changement et la transformation sont aussi au cœur de la démarche de Claude-Olivier Guay : corps humain et corps animal cohabitent et assistent à leur évolution.
Une question au ministre : est-ce que le cannabis est plus dommageable pour la santé que le tabac ou l’alcool? Difficile d’y répondre, n’est-ce pas? Pourtant, augmenter l’âge légal pour la consommation de marijuana laisse croire que la cigarette et la bière le sont beaucoup moins. On a donc là un beau débat, si le gouvernement veut en débattre… Parce qu’au moment où j’écris ce texte, des rumeurs racontent qu’on inviterait principalement des groupes « pro-21 » en commission parlementaire. Dans ce cas, la réflexion risque de ne pas être très large. Ceci étant dit, le fait de changer l’âge vient tout de même compromettre les chances d’enlever ce marché des mains du crime organisé. Or, c’était la volonté première du gouvernement fédéral en légalisant le cannabis…
1
Le Centre d’exposition de Val-d’Or propose une incursion à travers le corps humain, la médecine et l’imagerie médicale dans le cadre de l’exposition L’Art face au corps, présentée du 15 février au 14 avril. Cette exposition regroupe les œuvres de cinq artistes, qui abordent la corporalité d’une manière parfois personnelle, parfois philosophique. Alors que la science occidentale moderne considère la médecine comme objective, vraie et immuable, cette définition est remise en question ici, ramenée à la souplesse et la subjectivité du geste artistique.
« Ce qui retient l’intérêt dans toutes les œuvres, c’est la question de la transformation, ajoute Carmelle Adam. Le fait que le corps se transforme, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas. C’est ce pouvoir de transformation qui est présent dans l’interprétation comme dans la médecine. » C’est d’ailleurs ce que suggère la performance d’Audrée Juteau, présentée lors du vernissage le 15 février dernier. La chorégraphe y abordait la notion d’accident à travers le mouvement et son interruption. « Voilà qui n’est pas étranger à la trajectoire du corps humain, ajoute Mme Adam. On vit notre vie et tout d’un coup, un accident nous amène à modifier notre trajectoire ».
THC : abréviation pour tétrahydrocannabinol, l’élément actif du cannabis
FACE BOO K . COM / INDI C EB OHEMI EN
Mardi au vendredi : 10 h à 17 h Samedi et dimanche : 13 h 30 à 16 h Lundi: Fermé
4 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
l’accessible étoile
VITRINE SUR UN ARTISTE
ESPACE DÉCOUVERTE
CAMERON ANDRE LAMOTHE North Bay Human Capital Flight / Photo et collage
LERIFT.CA
Héroux ITO LAÏLA LE FRANÇOIS Martin - Rimouski Quichotte, Toi et ta splendide laideur Don / Sculpture
42, rue Sainte-Anne Ville-Marie (Québec) J9V 2B7 819 622-1362 leriftinc@tlb.sympatico.ca
La Vitrine
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ÉDITH LAPERRIÈRE - Laverlochère Pascale Leblanc Lavigne Les pieds sur terre / Estampe
te-Anne J9V 2B7 22-1362 atico.ca
Les Sept Grands-Pères
gratuite
Frank Polson
re au 2018
VERNISSAGE 25 JANVIER SEPTEMBRE 17 H AU 2421 MARS
La performance d’Audrée Juteau a été filmée; les visiteurs pourront profiter de sa projection pour toute la durée de l’exposition.
TÊTE CHERCHEUSE
NUMÉRIQUE
CHRONIQUE
FORUM AVANTAGE NUMÉRIQUE
LA SOCIÉTÉ DES ALCOOLS
ARIANE OUELLET
DOMINIC RUEL
METTRE LA RÉGION SUR LA MAPPE
Conférences, formations, ateliers, diffusion de projets, réseautage, l’évènement vise à mettre en réseau des experts dans le domaine numérique et la communauté régionale qui cherche à se tourner vers les pratiques d’aujourd’hui… et de l’avenir. Les circonstances sont favorables, le numérique est sur toutes les plateformes. Malgré tout, pour plusieurs, la littératie et les compétences sont encore à acquérir, tout comme les innovations sont à découvrir. La conférence d’ouverture sera d’ailleurs l’occasion rêvée d’entendre Guillaume Bourassa de Moment Factory, une entreprise québécoise innovante alliant à merveille art et technologies numériques.
COURTOISIE
Quoi de mieux que le développement technologique pour déboulonner le mythe de région éloignée? L’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) l’a compris depuis longtemps. C’est pourquoi l’éducation s’allie au monde de la culture et de l’industrie pour alimenter la communauté régionale en ce qui se fait de mieux en matière de numérique. Du 26 au 30 mars prochain, artistes, travailleurs culturels, gens d’affaires et du milieu de l’éducation sont invités à se joindre au forum Avantage numérique, qui aura lieu au Petit Théâtre du Vieux Noranda.
SE POSITIONNER COMME CHEF DE FILE
Pour Rosalie Chartier-Lacombe, directrice générale du Petit Théâtre, « l’objectif est non seulement de développer les compétences et de repérer les talents, mais aussi de positionner l’Abitibi-Témiscamingue comme un haut lieu du développement numérique ». Les alliés sont là : l’UQAT, avec ses programmes en création numérique, mais aussi le milieu minier et paraminier, qui développent des technologies de pointe pour l’industrie. « En parallèle, on a un milieu culturel bouillonnant, des festivals et des opportunités de création à fort potentiel. Donc l’écosystème est là », explique Mme Chartier-Lacombe. Comment réunir tout ce beau monde, aux missions variées? « On mise sur nos forces pour faire en sorte que ça déteigne sur l’ensemble de la communauté. On veut bien comprendre les enjeux qui nous concernent pour se positionner et développer des outils qui vont répondre à nos besoins », précise la directrice du Petit Théâtre, qui a assurément amorcé le virage numérique et qui semble prendre la tête en ce sens parmi les diffuseurs et créateurs de la région.
Au moment d’écrire ces lignes, je tentais de relever le défi de traverser février sans boire d’alcool. J’ai commencé le 4. Le 3, c’était le Super Bowl, mes Patriots s’y retrouvaient encore une fois, c’était Brady, il y avait la bouffe, des copains : « Je commencerai demain! », me suis-je dit. Avec, oui, je l’avoue et l’assume, une certaine angoisse. Sincèrement. La semaine, ça va, ça roule, ça peut aller. Ce sont les fins de semaine qui m’inquiètent. Difficile d’imaginer mon vendredi, sans une bière et mon vino rouge. Difficile aussi de penser à mon cinq à sept du samedi, quand ma femme et moi prenons notre Tête de Pioche du Prospecteur en écoutant La Soirée est (encore) jeune. Au moins, février est le mois le plus court. Et 2019 n’est pas bissextile. C’est le temps d’essayer. Que ce mois de sobriété, publicisé, partagé, tenté par plusieurs, existe, en dit beaucoup sur notre rapport à l’alcool. L’alcool s’est incrusté dans nos vies quotidiennes, dans nos mœurs. On est loin de la Commission des liqueurs avec ses employés, derrière un comptoir, qui allaient chercher une bouteille à la fois. On est loin des « régies », comme disait mon père, lieux froids et métalliques où n’entraient presque que les « robineux ». On en est arrivé à de magnifiques magasins, au choix fantastique. Il faut dire merci à Gaétan Frigon, ancien PDG de la SAQ, qui a fait un travail immense : rendre agréable, cool et surtout normale la fréquentation des succursales. La consommation d’alcool s’est banalisée et démocratisée. Toutes les occasions sont bonnes pour prendre un verre : un événement heureux, une promotion, une journée difficile, une mauvaise nouvelle, c’est VINdredi, ouf! C’était un gros lundi. Boire est devenu une forme de norme sociale : il est bien vu d’aimer le vin, on se croise à la SAQ, il est suggéré de connaître les bons accords, d’expérimenter les nouvelles bières. L’alcool fait partie de la culture. C’est beaucoup la bière et le vin. Les microbrasseries se multiplient. Puis, le fort et les drinks prennent beaucoup de place. On a des experts en création de cocktails. Boire est encouragé, même si – et j’en ai été surpris moi-même – Éduc’alcool note une légère diminution de la consommation et une meilleure compréhension des règles à suivre. « L’alcool est élément de convivialité, mais il peut être aussi, par son excès qu’il faut expliquer sociologiquement, élément de destruction », constate Robert Chapuis, dans son essai L’alcool, un mode d’adaptation sociale? (Éditions L’Harmattan) L’alcool a un double visage, tout est une question de dosage. Mais il est vrai que l’alcool est probablement la substance… disons nocive, dont on fait le plus la promotion. (Quoique le pot pourrait bientôt rivaliser d’ingéniosité de marketing et de banalisation sociale!) Et pour finir, je serai franc. Au moment d’écrire ces dernières lignes, je confirme que je n’ai pas réussi le défi : j’ai pris quelques verres. Ça aura duré quelques jours seulement. Et je n’ai pas de remords. Malheureusement, la volonté ne se vend pas en bouteille…
Du 26 au 30 mars à 20 h et 20 h 30, l’édifice de la Caisse Desjardins de Rouyn-Noranda sera vêtu d’une projection architecturale créée par Dominic Leclerc. Entre deux projections, des dessins d’enfants seront projetés en grand format sur les murs. Du 28 au 30 mars, en soirée, le public pourra assister au Festival du DocuMenteur. Des soirées surprises sont aussi au programme qui sera dévoilé au public au début du mois de mars. Mettez tout au calendrier de votre téléphone intelligent!
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L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 5
SPÉCIAL FEMMES
LA ROSE DU CIEL :
LA CONTEUSE ARLEEN THIBAUT EN SPECTACLE :
PORTRAIT D’UNE HÉROÏNE DE L’AVIATION
FAITES UN VŒU!
VICKY BERGERON, 13 ANS
ARIANE OUELLET
La Rose du ciel est une bande dessinée qui parle d’une femme qui a toujours rêvé de devenir pilote. À travers les cases, on la voit franchir différentes étapes pour atteindre son objectif, mais elle se heurte à de nombreux obstacles.
Tout juste revenue d’une résidence de création à la Maison du conte de Chevilly-Larue en région parisienne, Arleen Thibaut se prépare à reprendre la route en direction de La Sarre, Amos et Matagami, où elle présentera son spectacle Le Vœu à un public enclin à se faire conter des histoires.
Le principal frein qui se dresse sur sa route est celui du sexisme et de la mentalité de l’époque. Cette bande dessinée aborde en effet la perception que les hommes avaient des femmes. Maria Richard, qui se donne le surnom de Rose du ciel, doit lutter contre cette vision qui limite le rôle des femmes à des tâches ménagères.
Elle n’est pas abitibienne, mais son cœur a adopté la région au cours d’un séjour de près de quatre années à Obaska, près de Senneterre, alors que son conjoint travaillait comme directeur d’école à Lac-Simon. Elle a d’ailleurs été conquise par la grande ouverture des Abitibiens face aux projets fous et aux nouveaux arrivants.
Malgré la désapprobation de sa famille et de plusieurs personnes rencontrées, elle persiste dans son rêve de devenir pilote et doit sans cesse prouver ce dont elle est capable. Ironiquement, ce n’est qu’en désobéissant aux règles et en utilisant une fausse identité qu’elle réussit à démontrer ses véritables capacités. Le monde est alors plongé dans la Seconde Guerre mondiale et baigne dans le nazisme.
Mais les conteurs sont souvent des gens du voyage, et Arleen ne fait pas exception. Ayant un pied en terre anicinabe et un autre dans les valises, elle a colporté son spectacle à travers le Québec et la France avant de revenir se poser en Chaudière-Appalaches. Elle exerce le métier de conteuse depuis maintenant plus de 15 ans.
Bien que le thème abordé soit intéressant, il peut être difficile pour un jeune public de se sentir investi dans l’histoire qui semble incomplète et fragmentaire. Peut-être est-ce en raison du format, la bande dessinée, qui cause des raccourcis. Les personnages sont toutefois attachants et le vocabulaire est simple, bien développé et intègre même un peu d’allemand.
DYLAN PAGE
La Rose du ciel est publiée aux Éditions Michel Quintin et l’auteur, Jipi Perreault, est originaire de La Reine en Abitibi.
Le spectacle qu’elle propose est en tournée depuis 2015 et s’adresse un public adulte. Il puise sa matière première au cœur de la ville. « Ça raconte l’histoire d’un blocappartements qui se fait offrir un vœu par une créature qui sort d’une laveuse, et tous les voisins du bloc doivent décider à l’unanimité quel sera leur vœu qu’ils iront déposer, et par la bouche de qui », raconte Arleen, le sourire dans la voix. Humour, exagérations et philosophie, le public se reconnaîtra sans doute dans son rapport au voisinage, avec une galerie de personnages « à hauteur de conte ». Le Vœu est le premier spectacle d’Arleen Thibault monté pour une salle. Elle a commencé sa carrière avec un répertoire de contes traditionnels, mais l’envie a fini par lui prendre de créer son propre matériel. « Je fais le pari de dire qu’il y a autant d’imaginaire de conte dans le contemporain urbain que dans les villages traditionnels », explique la conteuse au sujet de ses inspirations. Gageons qu’avec l’expérience enrichissante qu’elle vient de vivre à la Maison du conte à Paris, elle saura plus que jamais livrer son imaginaire avec talent. Un article paru dans le journal Le Monde en janvier dernier parlait justement de sa nouvelle création en des termes forts élogieux. « Un véritable petit bijou narratif, un habile cocktail de nostalgie, de bonne humeur et de second degré, dans lequel la conteuse joue de main de maître avec les mots et les images ». Ça vous donne envie d’y aller, vous aussi?
La Sarre, 15 mars – Salle Desjardins Amos, 18 mars – Théâtre des Eskers, billets disponibles via la page Facebook de la bibliothèque municipale. Matagami, 21 mars – Centre civique 6 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
SPÉCIAL FEMMES
DE PANACHE ET DE LAINE CHRONIQUE
AUTOPSIE D’UNE AUTOROUTE : REVANCHE DE VICTIMES COLLATÉRALES LISE MILLETTE
En mars, l’artiste engagée Véronique Doucet exposera les fruits de son plus récent projet de création. Dans celui-ci, elle donne voix aux animaux victimes de la route dans des mises en scènes 2D et 3D en les juxtaposant avec ce qu’elle nomme des « artéfacts cultures », soient les déchets qui jonchent autoroutes et sentiers urbains.
UNE VIEILLE ÉPINETTE GABRIEL DAVID HURTUBISE
L’aîné est venu de la Beauce avec sa famille, il y a très longtemps. Son père était un jarret noir à qui on avait promis un royaume lors du plan Vautrin. Au chaud dans une cabane à pêche, il raconte la colonisation difficile, la mine qui tremble et la coupe forestière. La soupe salvatrice aussi, pour les chanceux. La cabane craque sous la force du vent. Bien avant d’en atteindre les murs de bois, la chaleur se dissipe dans l’azur, loin d’ici, pas ici. Le froid, omniprésent et mythique chez nous, est sujet à légende. L’hiver est si long qu’on en oublie le reste. Là-dedans, on se sent comme dans une navette en dérive dans l’univers froid et hostile. Toute la poésie du Nord est contenue dans ces petits endroits clos, je le crois. Par la fenêtre, une vaste étendue de blanc, puis des chicots d’épinettes tout rabougris trônant sur le roc. Nous les jeunes, on écoute plus ou moins ce qu’il dit. En plus, on comprend mal. L’usage de ses mots n’a plus le même sens, aujourd’hui, ou bien nous est carrément inconnu. En plus, il marmonne, n’entend pas toujours les répliques, s’interrompt lui-même pour une blague. On croirait qu’une barrière culturelle se dresse entre nous. Avant de partir en exploration, on nourrit le poêle à bois comme un petit veau pour réchauffer le chiot, meilleur ami de l’homme.
LISE MILLETTE
« Depuis près de cinq ans, je marche et je cours et sur mon trajet, je prends des photographies de déchets. J’avais fait un premier projet nommé Ralentir le temps; cette fois, je pousse plus loin. J’ai commencé à récupérer les déchets et j’ai voulu en faire des œuvres. ». De manière engagée, elle dénonce par le fait même la société de consommation, la pollution et le non-respect de la nature. En intégrant en plus les animaux, Véronique Doucet a ainsi adopté avant l’heure le concept suédois de plogging. Des coureurs ont adopté la course à pied avec un sac de plastique pour récupérer les déchets sur leur parcours. L’artiste rouynorandienne a franchi le pas de mettre ces détritus en scène en créant le plogging-art. Ses œuvres très colorées intègrent aussi des animaux victimes de la route. Elle y voit une manière de les mettre de l’avant et de leur donner une sorte de revanche ou de droit de cité. Parmi la vingtaine d’œuvres, on retrouve un jeune orignal, victime collatérale, sur son socle doré, avec des écouteurs sur les oreilles. « Ah, l’histoire de ce petit bébé-là… des automobilistes ont frappé une maman orignal. Ils ont appelé le taxidermiste William Berge qui a découvert qu’elle portait en elle ce fœtus. Donc en fait, ce petit n’est jamais né. C’est très particulier. En ajoutant des animaux aux œuvres, c’est comme si je leur connais un droit de parole », raconte Véronique Doucet. Avec les déchets récupérés, Véronique Doucet a créé des natures mortes. Elle a ensuite pris ses mises en scène en photo, a fait un agrandissement qu’elle colle sur des supports de bois. « Ensuite, j’interviens en médium mixte par dessus », complète-t-elle. DES PARTENARIATS AUDACIEUX
Le vieux connaît la cadence du feu, sait dompter cette bête qui avale des forêts. De l’érable brûle plus longtemps. En gestes lents et précis, il orchestre nos mouvements de ses mains d’écorce. Une grosse bûche à tel endroit. Son visage tordu comme un pin laisse paraître une certaine inquiétude qu’il ne traduit pas en mots. La barrière du temps. Tandis qu’on embarque en machine, il esquisse une moue contestataire que personne ne remarque. Trop grands pour craindre la nature, nous voilà partis. Derrière le vieil homme, la forêt s’étend à perte de vue. En humbles seigneurs, les épinettes ont su courber l’échine à chaque passage du Roi, car c’est l’hiver qui a fait pays ici. Un vieux conifère sait se faire petit dans l’immensité. Avec sa petite fille restée derrière, il continue le récit, celui des récoltes ravagées en territoire résolument sauvage, de la nature indomptable qu’il observe patiemment, encore et toujours. Pour autant qu’il puisse s’en souvenir, il a gossé du bois. Il a dessouché des arbres, débroussaillé, fait des chemins forestiers, patenté des cabanes, cloué des planches. Après, quand trop de gens sont partis des villages, il fallait même en planter pour ne pas laisser de trous, misère! La ligne d’horizon est floue, le vent se lève. La lumière qui perce la neige laisse entrevoir la glace, rappel d’un récent redoux pour l’homme d’expérience. Nous sommes le Premier de l’an, pourtant. Une autre bête sommeille sous nos pieds : c’est l’éveil du lac qui inquiète l’ancêtre. La glace s’est ouverte sous nous, la machine a sombré. L’eau si froide, la lourdeur du corps. À chaque seconde qui passe, la peur du Roi. On avait largement sous-estimé les caprices de Sa Majesté. Impossible de toujours penser à la survie. À vrai dire, on n’y pense jamais. Tout ce qui vit ici est sujet du froid et de ses caprices. La sagesse du vieux conifère réside dans son humilité. À la mémoire d’Henri-Paul Lamontagne
Autopsie d’une autoroute est un projet réalisé grâce à une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec. En plus d’être exposées jusqu’au 30 mars à la galerie Rock Lamothe de Rouyn-Noranda, quatre œuvres se retrouveront dans l’entrée de la Société de l’assurance automobile (SAAQ) et quatre autres au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). « C’est une manière de sortir l’art contemporain des lieux d’exposition habituels et en plus, il y a un lien avec la faune et la route », précise l’artiste. Elle raconte que le représentant de la SAAQ a été étonné après sa visite de son petit atelier où étaient entassées les pièces de son exposition. « Il a été très surpris et étonné de voir qu’il y avait autant d’éléments qui se rapportent à l’alcool. Beaucoup de cannettes de bière se retrouvent en marge des routes alors que l’alcool au volant est interdit. Les déchets deviennent donc un indice anthropologique pour comprendre la réalité », conclut-elle. Véronique Doucet n’en est pas à son premier projet engagé pour la cause environnementale, elle est aussi cofondatrice du Groupe Écocitoyen GÉCO dont la mission repose sur l’action citoyenne. Elle enseigne également les arts visuels au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 7
HISTOIRE
SPÉCIAL FEMMES
CHRONIQUE
DES CHEMISIÈRES AUX FEMMES D’ÉTAT
LE REFUS DU SEXE FAIBLE
CHRISTIANE PICHETTE, AGENTE PATRIMONIALE SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DU PATRIMOINE RÉGION DE LA SARRE
LISE MILLETTE
Le dernier dimanche de février 1909, le Comité national des femmes du Parti socialiste américain organise une manifestation connue sous le nom de Woman’s Day, laquelle donne plus tard naissance à la Journée internationale des femmes. Ce jour-là, les femmes réclament qu’on leur reconnaisse le droit de vote. Le 3 mai 1908, à Chicago, deux oratrices, Gertrude Breslau-Hunt et May Wood-Simons dénoncent l’exploitation des ouvrières sous-payées qui n’ont pas droit de vote. Dans cette mouvance, une grève des chemisières a lieu du 22 novembre 1909 au 15 février 1910 à New York. Plus de 20 000 ouvrières de la chemise débraient. Cet évènement mérite le titre de « grève du mouvement des femmes ». En août 1910, le 8 mars est reconnu Journée internationale des femmes. Ce n’est cependant qu’à partir de 1914, partout dans le monde, que les femmes se mettent à célébrer cette journée du 8 mars. Au Québec, en 1971, les dispositions législatives québécoises interdisent toujours aux femmes d’exercer la fonction de juré. Lise Balcer, convoquée comme témoin au procès de Paul Rose, refuse de se soumettre à cette sommation en affirmant que si les femmes ne peuvent être jurées, elles ne peuvent non plus être considérées comme des témoins valables. Pour manifester leur opposition à cette législation et leur appui à Lise Balcer, les femmes renouent avec la tradition du 8 mars. Les syndicats, les groupes de femmes et les groupes communautaires sont par la suite chargés de l’organisation de l’évènement. Le 8 mars est devenu l’occasion d’étaler sur la place publique les grands débats féminins de l’heure : discrimination, sexisme, revendications sociales et salariales, violence et autres. Depuis que les femmes ont pris leur destinée en main, on les retrouve un peu partout sur le marché du travail. Il ne faut cependant pas croire que des emplois non traditionnels, désormais ouverts aux femmes, se pratiquent sans préjugés. Les femmes qui occupent ces emplois font encore office de pionnières et doivent être conscientes que leurs chances d’avancement peuvent être moins bonnes. Depuis toujours, les femmes prouvent qu’elles sont capables d’ouvrir les portes, de franchir les obstacles mis en travers de leur route et d’atteindre les buts qu’elles se sont fixés, de mère de famille à chef d’État. Source : L’Écho, 3 mars 1993
Il arrive parfois qu’une phrase anodine, formulée sans plus d’intention, vienne changer le cours d’une existence ou teinter des années durant la trame d’une vie. C’était sensiblement à cette période-ci de l’année, en 1987. J’avais 9 ans. On s’apprêtait à célébrer Pâques et puisque les cours de catéchèse étaient toujours de mise et obligatoires, le professeur avait entrepris de nous mettre en scène en nous demandant de réaliser un chemin de croix, sous forme de pièce de théâtre. Sans plus d’hésitation, j’ai voulu incarner le rôle principal. Tant qu’à faire un chemin de croix, aussi bien jouer Jésus. Un camarade, Marc, m’a alors dit : « Tu ne peux pas, tu es une fille, tu es du sexe faible ». Sexe faible? Je n’avais encore jamais entendu cette locution, que dire, cette condamnation, en deux mots. Des mots d’enfant? J’ai bien tenté d’obtenir le rôle, mais c'est plutôt Marc qui a fait Jésus. À la place, j’ai incarné le centurion muni d’une lance qui avait pour rôle de lui percer le flan. Comme quoi la faiblesse peut devenir une arme tranchante. Plusieurs fois, j’en ai voulu à la génétique de m’avoir fait naître sans le chromosome Y qui, selon ma perception d’alors, m’aurait ouvert tant de portes et facilité les choses. Et pourtant, de différentes manières, j'ai voulu combattre cette perception en tâchant d'ouvrir des portes pour prouver que je n’étais pas et ne serai jamais « un sexe faible ». Je ne revendique pas plus de droits, plus de place, plus d'audace, mais purement et simplement l'égalité et plus d'humanisme. Parce que ce qui est nommé ici « sexe faible » pourrait aussi prendre la forme d'une race, d'une nation, d’un niveau d'éducation ou de pauvreté. L'égalité est loin d'être acquise. Et si tous les « faibles » se lèvent pour être des vecteurs de changement, alors les choses bougeront un peu. Il faut cesser d'attendre l'invitation et prendre sa place.
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8 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
SPÉCIAL FEMMES
GABRIELLE IZAGUIRRÉ FALARDEAU : L’ÉCLOSION D’UNE FLEUR PROMETTEUSE
JADE LAPERLE-FORGET, ÉTUDIANTE AU BACCALAURÉAT EN TRAVAIL SOCIAL CALACS-ABITIBI
BRIGITTE LUZY
Juste avant le début de la soirée, j’ai eu la chance de rencontrer Gabrielle, cette jeune femme native de l’Abitibi qui écrit des histoires depuis l’âge de 5 ans. Aussi, du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours chanté avec ses parents. Son père, originaire du Honduras, lui a légué entre autres une berceuse. Elle a magnifiquement clôturé sa performance en nous livrant ce souvenir d’enfant en espagnol. Un des nombreux moments touchants de la soirée.
COURTOISIE
QU’AVONS-NOUS ENCORE À NOUS PLAINDRE?
Accompagnée de son premier professeur de chant, Gabrielle se réchauffe la voix avant de monter sur scène. C’est avec empressement qu’elle me présente Yves Bouchard qui, pour l’occasion, l’accompagne au piano. Ils se préparent sérieusement depuis plusieurs semaines. Gabrielle se dit très fébrile et heureuse de dévoiler enfin le fruit de leur travail au public ainsi qu’à ses proches qui s’installent confortablement, dans l’intimité du sous-sol du Petit Théâtre. C’est un endroit que Gabrielle connaît bien, elle qui participe avec grand bonheur à Ma Noranda depuis maintenant quelques années. Certains l’auront peut-être reconnu dans son rôle de jeune bougonne.
Lorsqu’il est question de théâtre et de performances, elle se sent comme un poisson dans l’eau. Elle s’amuse beaucoup et aime surprendre les spectateurs. Ses nombreuses expériences de scène lui ont donné confiance. Gabrielle a entre autres participé à Secondaire en spectacle. Et même si elle a performé souvent publiquement durant son année d’étude à l’École nationale de la chanson à Granby, la soirée qui l’attend représente une première. Elle se considère très privilégiée de vivre ces moments. Son spectacle se veut théâtral, me dit-elle avec un grand sourire. Il contient non seulement des chansons originales, mais des textes tout aussi personnels.
Le 8 mars est un moment consacré à la lutte pour les droits des femmes et à la mise au point du chemin qui reste à tracer. Par contre, l’essence même de cette journée se perd au fil des années et celle-ci se transforme peu à peu en fête commerciale. Aujourd’hui, la question se pose : est-ce encore pertinent de se rassembler et de revendiquer pour l’égalité? « Qu’avez-vous encore à vous plaindre? » clameront certains, croyant que l’égalité est atteinte parce que nous pouvons voter. Tandis que d’autres, ignorants, mais remplis de bonne volonté, offriront des fleurs à leur femme. Aujourd’hui, la perception sociale du féminisme est négative et nous mène à dépenser notre énergie à justifier nos actions au détriment de la lutte. Même lors d’une journée dont le but est de revendiquer, nous devons expliquer aux gens qui nous entourent les raisons pour lesquelles les rassemblements, les luttes et le féminisme sont encore pertinents. Alors qu’on entend trop souvent qu’il n’y a plus rien à faire, que ça pourrait être pire; des femmes déterminées continuent à en vouloir plus! Vouloir plus que quoi? Je vous rassure immédiatement, non, nous ne haïssons pas les hommes. Ce que nous voulons, c’est l’égalité de droits et de fait. Ce respect, cette égalité, se présentera lorsque nous cesserons d’être les plus nombreuses à vivre dans la pauvreté, à subir la violence, à gagner un salaire moindre, à assumer seules les responsabilités familiales et lorsque l’État adoptera des gestes concrets pour rendre notre société égalitaire et sécurisante pour toutes. Le jour où nous ne serons plus accusées de provocation d’agressions sexuelles à cause de notre habillement, où nous n’aurons plus peur de marcher seules et où nous n’aurons plus à justifier notre compétence deux fois plus que les hommes, nous tendrons vers l’obtention d’une égalité de fait. Finalement, l’origine du 8 mars s’effrite, même si l’égalité est loin d’être atteinte. Pourtant, nous pouvons tous et toutes contribuer aux changements par des petits gestes quotidiens. Je vous invite donc, tous les jours, à manifester du respect et de la
Sa voix de soprano, elle la travaille assidument depuis plus de 10 ans. Yves se souvient comme sa jeune élève était impressionnante quand elle chantait Stone, le monde est stone. Une enfant intense à cette époque qui est devenue une jeune femme déterminée et pleine de vivacité. Les chansons pop écrites par Plamondon l’inspirent énormément. De plus, Gabrielle dit adorer les changements fréquents de rythmes dans ses chansons. Elle aime aussi intégrer à ses paroles du chant guttural.
bienveillance auprès des femmes de votre entourage, des femmes issues des minorités ethniques, des femmes autochtones, des femmes marginalisées ou pauvres... Continuons sur cette voie de changement tous et toutes ensemble et vivons dans une société plus égalitaire et respectueuse des différences!
Son ancien professeur de chant m’a d’ailleurs confié que c’était tout un défi de l’accompagner au piano. Les nombreuses mesures irrégulières présentes dans ses chansons démontrent bien, selon lui, son amour de la musique et des sonorités, mais aussi son sens du défi. Dans cet ordre d’idées, ce n’est peut-être surprenant de savoir que Gabrielle aspire à des études en sciences politiques ainsi qu’en études féministes.
La première journée de la femme a été célébrée en 1909, à New York, par le Parti socialiste d’Amérique, dans un contexte de luttes ouvrières. Un an plus tard, à Copenhague, lors d’une réunion de l’Internationale socialiste, la militante allemande Clara Zetkin suggère de rendre cette journée internationale et cette proposition est adoptée à l’unanimité. Même si cette journée est célébrée un peu partout depuis longtemps, ce n’est qu’en 1975 que l’ONU y participe et en 1977 qu’il reconnaît le 8 mars comme étant la Journée internationale des femmes.
Gabrielle s’est emparée de nous pour nous réchauffer et nous faire découvrir son univers profond et délicat.
Le public était déjà comblé à la fin de cette première partie quand le trio de la soirée est monté sur scène. Coco Méliès, le magnifique duo, et son acolyte sont arrivés à Rouyn dans le froid glacial. Le vent soufflait, les rues étaient désertes ou presque. À mon arrivée au Petit Théâtre, il y avait une petite voiture rouge et un gars qui fumait devant la porte. Nous avons bien rigolé en regardant nos deux voitures en alternance. La mienne, stationnée en diagonale, et la sienne, en parallèle! La soirée commençait bien avec cette rencontre du troisième type. Les voyages sont formateurs. Leur tournée abitibienne s’est terminée dans une atmosphère chaleureuse. L’ambiance était à la légèreté et à la rigolade. Francesca et David adorent partager leur passion pour la musique et les chansons. Pour l’occasion, ils étaient accompagnés de Julien, sa mandoline à la main, fraîchement débarqué du Festival de la chanson de Granby. Quand nous les avons rencontrés dans la loge en début de soirée, ils étaient d’accord pour dire que c’était un honneur et un plaisir partagés d’être ensemble en spectacle dans de petites salles qui permettent de se livrer intimement. Les spectateurs ont été enchantés de leur fin de soirée, en passant par la corde pétée, les pauses mouchoir obligatoires, les claquements de doigts, les coups de talons rythmés, les regards complices. L’album Ligthhouse que présentait le duo Coco Méliès a été écrit sur la route alors qu’ils ont parcouru une partie de l’Europe entre Berlin, Amsterdam, Bruxelles. L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 9
SPÉCIAL FEMMES
MERCI MAUDE!
ÉDITH LAPERRIÈRE
Toute l’équipe de L’Indice bohémien aimerait remercier
BIEN ANCRÉE EN SOL TÉMISCAMIEN
Maude Labrecque-Denis pour son travail au sein du journal, pour sa passion et sa capacité à faire rayonner le milieu
LISE MILLETTE
culturel de l’Abitibi-Témiscamingue. Nous sommes heureux de
L'exposition Les pieds sur Terre d'Édith Laperrière revient à la maison. Après avoir exposé à Rouyn-Noranda à la galerie Rock Lamothe, l'artiste présente ses œuvres là où elles sont nées, en sol témiscamien. « Je suis très contente de pouvoir exposer mes œuvres près des lieux qui m'ont inspirée », commence l'artiste. À la galerie du Rift de Ville-Marie, les plus récentes créations d'Édith Laperrière ont été réunies. Ses sérigraphies intègrent le patrimoine bâti de la région avec des surimpressions de couleurs.
pouvoir la compter parmi nos collaborateurs fidèles et nous lui souhaitons le meilleur dans ses projets à venir.
ARIANE OUELLET
PHOTOS : COURTOISIE
« Je suis une personne nostalgique. J'aime les vieilles choses, les antiquités. Le Témiscamingue est le lieu le plus vieux de la région de l’Abitibi-Témiscamingue. C'est là où les bâtisseurs sont arrivés et on continue de bien vivre avec cette ruralité », explique-t-elle.
Les estampes d'Édith Laperrière intègrent tantôt des silos, tantôt des granges, des pièces d'architecture rurale qui font partie d'un décor quotidien, mais qui n'ont pas à être banales. Au contraire, elle choisit de les mettre en scène afin de leur redonner une place au premier rang. « J'ai même choisi de mettre des vaches en scène! Je trouvais important de mettre ces éléments en valeur. L'agriculture fait partie de ce paysage que l'on voit tous les jours dans nos déplacements vers le travail. C'est une manière de revaloriser notre patrimoine bâti et architectural en zone rurale », précise Édith Laperrière.
n es ha nc Da va te ou it M rig
B Édith Laperrière est originaire de Lorrainville. Après son cégep à Rouyn-Noranda, elle s'est rendue à Trois-Rivières pour y faire son baccalauréat en arts visuels qu’elle a terminé en 2010. « Le bac n'était pas offert à l'UQAT et j'allais aussi à Trois-Rivières pour apprendre à faire du verre soufflé, ce que je n'ai pas tant aimé finalement. Mais j'y ai découvert l'estampe, que j'avais un peu touchée au cégep », raconte-t-elle. En côtoyant de véritables passionnés et en fréquentant la Biennale internationale d'estampe contemporaine de Trois-Rivières, la sérigraphie s'est imposée comme voie de création. L'exposition d'Édith Laperrière Les pieds sur Terre, au Rift est présentée jusqu'au 24 mars. 10 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
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SPÉCIAL FEMMES
LECTURES DE FEMMES Afin d’instruire, de divertir, de sensibiliser les lecteurs à la présence des femmes dans la littérature, nous avons sondé nos lectrices afin qu’elles vous fassent part de leurs coups de cœur littéraires. Poétesses, héroïnes, autrices, essayistes, elles prennent toutes les figures.
LILLI MARCOTTE, CINÉASTE DOCUMENTARISTE
La carrière de Laure Adler a embrassé la cause féminine. Les femmes qui lisent sont dangereuses est tout à fait dans cet esprit. Les artistes de toutes les époques ont représenté des femmes en train de lire. Pourtant, il aura fallu des siècles avant qu’il soit accordé aux femmes de lire à leur guise. En lisant, elles s’approprient des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées.
e : comme hair et les chand de rend sans ieux vivre s que son .
STAIFANY GONTHIER, DESIGNER GRAPHIQUE ET CONSULTANTE EN MARKETING WEB
ne langue mensions
Hélène Bacquet
ul Lefebvre
CHANSON DE TOILE
Hélène Bacquet
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CHANSON DE TOILE
Théâtre
Il y a Chanson de toile, d’Hélène Bacquet qui sort sous peu aux Éditions du Quartz. C’est un texte très poignant sur une jeune femme qui quitte sa mère pour découvrir, à ses dépens, l’amour avec un grand A. Ficelé d’une dentelle couleur rouge sang que seule Hélène sait rendre jolie, avec le choix de ses mots.
GABRIELLE DEMERS, PROF DE LITTÉRATURE AU CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Albertine et la férocité des orchidées (éditions Québec-Amérique). Écrit par Julie Boulanger et Amélie Paquet, deux profs de littérature, ce roman à quatre mains propose un univers sensuel, provocateur par moment, mais toujours captivant : allez vite découvrir les 1001 désirs d'Albertine!
GENEVIÈVE BÉLAND, AGENTE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL, VILLE DE VAL-D’OR
Les luttes fécondes : libérer le désir en amour et en politique de Catherine Dorion (éditions Atelier 10). Essai profondément inspirant sur la démarche d’une femme qui a fait l’audacieux choix d’être 100 % d’elle-même.
Les tranchées de Fanny Britt (éditions Atelier 10). Une angoissée brillante et articulée présente le meilleur ouvrage sur la maternité que j’ai eu la chance de lire.
ARIANE OUELLET, MAMAN ET ARTISTE
Nos héroïnes, d’Anaïs BarbeauLavalette, illustrées par le magnifique coup de pinceau de Mathilde CinqMars (éditions Marchand de feuilles). Une galerie des plus inspirants personnages féminins de l’histoire, à la hauteur d’un public jeunesse. Accessible, surprenant, instructif. Pour citer l’éditeur, « elles proposent ici un album sous forme de vœu : que ces femmes s’infiltrent pour de bon dans nos vies. Que grâce à leurs fabuleuses histoires, elles aient enfin le dernier mot ».
Pleins feux sur la collection JUSQU’AU 10 MARS 2019
STÉPHANIE HÉBERT, PROF DE LITTÉRATURE AU CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Créé par l'auteure Fanny Britt et l'illustratrice Isabelle Arsenault, le magnifique Jane, le renard et moi (éditions la Pastèque) met en scène une jeune fille en butte à sa propre image et aux moqueries, qui trouve refuge auprès d'une « amie de papier », Jane Eyre, l’héroïne du roman de Charlotte Brontë. Celle-ci lui insuffle sa force de caractère, l'acceptation de soi et le courage d'aller vers l'autre sans compromis.
La Voûte
JOANNE POITRAS
JUSQU’AU 24 MARS 2019
MARIANE MÉNARD, NOUVELLE COORDONNATRICE À LA RÉDACTION DE L’INDICE BOHÉMIEN
Sanaaq (éditions Stanké) nous amène dans terres du Nunavik avant, pendant et après les premiers contacts avec les colonisateurs à travers le regard d'une femme. Premier roman écrit et publié par une femme inuite, Mitiarjuk Attasie Nappaaluk. Homo Sapienne de Niviaq Korneliussen, paru l’an dernier en traduction chez la Peuplade. La jeune autrice pose un regard sur la jeunesse, et plus largement sur les valeurs groenlandaises. Ce roman abordant les relations amoureuses et les enjeux LGBTQ+ est à la fois percutant et tout doux. MANON GERVAIS DESSUREAULT, ILLUSTRATRICE
Coup d’cœur géant pour les coups de stylo Bic d’Emil Ferris dans Moi, ce que j’aime, c’est les monstres (éditions Alto). Pour le dessin, l’histoire et le parcours de cette femme.
Ce n’est pas rien, ce n’est peut-être pas grand-chose, mais ce n’est pas rien MARC-OLIVIER HAMELIN GABRIELLE BRAIS-HARVEY JANICK BURN ANTOINE CHARBONNEAU-DEMERS SABINA CHAUVIN-BOUCHARD STEVEN GIRARD ZOÉ JULIEN-TESSIER PIER-ANTOINE LACOMBE KARINA PAWLIKOWSKI
29 MARS AU 26 MAI 2019
MUSEEMA.ORG
L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 11
MÉDIAS ET SOCIÉTÉ
SPÉCIAL FEMMES
CHRONIQUE
CINQ FEMMES, CINQ COURTS FÉMINISME ET LAÏCITÉ
MAUDE LABRECQUE-DENIS
Après la Ville de Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’était au tour de l’AbitibiTémiscamingue d’accueillir Projet 5 courts, une initiative de l’Office national du film du Canada (ONF) visant à explorer le genre documentaire court avec des centres d’artistes ou de production issus des régions du Québec. Réalisée en partenariat avec la boîte abitibienne Nadagam films, la troisième mouture du projet mettait en valeur les créations de cinq réalisatrices, dont deux issues de la communauté anicinabe Kitcisakik. C’est ainsi que Gabrielle Cornellier (Orteils talons orteils talons), Délia Gunn (Délia de 9 à 5), Evelyne Papatie (Les enfants des nomades), Jessy Poulin (La charge mentale pour les nuls) et Émilie Villeneuve (Mamie et Mia) ont relevé le défi de créer un très court métrage destiné au Web à travers un processus de production entièrement professionnel. DES CONDITIONS PROFESSIONNELLES (ENFIN!)
Le contexte de travail des cinéastes qui travaillent en région est difficile. Ils doivent souvent prendre en charge plusieurs aspects de la production, et comme peu d’entre eux vivent de leur art, il reste peu d’espace pour la création. Même si elle a participé à de nombreux projets par le passé, Émilie Villeneuve s’est sentie soulagée par l’encadrement dont elle a bénéficié à travers Projet 5 courts : « C’est la première fois que je ne suis que réalisatrice. Je n’avais pas à tasser de spot au tournage ni à faire signer de release pour mes participants. La production a réservé mon billet d’avion, ma chambre d’hôtel… j’avais une équipe chevronnée autour de moi, alors je pouvais me consacrer à la création. C’est ça, être réalisateur à temps plein! » s’exclame-t-elle. Jessy Poulin est du même avis : « Les professionnels avec qui nous avons travaillé se sont approprié nos projets comme si c’était les leurs. On n’est pas habitués à ça! Nous devons tellement nous débattre dans ce milieu-là, alors quand on a de l’aide, on peut vraiment se concentrer sur ce qu’on a à dire », explique-t-elle. S’ASSUMER EN TANT QUE RÉALISATRICE
La profession étant majoritairement masculine, la parole des femmes y est souvent ténue. « Quand une femme fait un film, c’est souvent vu comme un “film de filles”, ça rejoint moins les gens et c’est intimidant. Alors quand une institution comme l’ONF arrive et qui dit “je veux savoir ce que TOI tu as à dire, c’est intéressant et je vais mettre une grosse équipe derrière toi pour l’exprimer”, ça donne confiance », explique Émilie Villeneuve. Des rencontres d’équipe sous forme d’activités de création ont d’ailleurs poussé les jeunes réalisatrices à sortir de leur coquille. « En échangeant entre nous, on a vu que certaines choses que nous vivions touchaient aussi les autres participants. Ça nous a forcés à dire ce qu’on pensait vraiment et à nous rendre compte que ça pouvait intéresser d’autres personnes », poursuit Émilie Villeneuve. « Je crois que c’est la première fois que je m’assume en tant que réalisatrice », conclut Jessy Poulin. Si cette expérience a permis de faire valoir le talent des réalisatrices d’ici, espérons qu’elle contribuera également à l’amélioration des conditions de travail et à l’essor de la profession en Abitibi-Témiscamingue. 12 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
LOUIS-PAUL WILLIS, PH. D. EN ÉTUDES CINÉMATOGRAPHIQUES, PROFESSEUR ET DIRECTEUR DE LA MAÎTRISE EN CRÉATION NUMÉRIQUE À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
À l’approche de la Journée internationale des femmes, et au vu des actualités politiques et médiatiques actuelles, il semble pertinent de consacrer cette chronique aux questions et débats entourant la soi-disant laïcité et son apport à la conception du féminisme. Car, semble-t-il, nous nous dirigeons vers un nouvel épisode de ce psychodrame collectif, et certaines conceptions liées au féminisme et à ce qu’il représente demeurent fortement mises à mal. Il est à noter que je pars ici du constat selon lequel le débat sur la laïcité est en fait un débat sur le voile porté par certaines musulmanes pratiquantes et sur le malaise que cette pratique semble provoquer chez certains. Car en somme, notre société québécoise est laïque dans la mesure où une séparation claire et limpide existe entre le politique et le religieux. D’un autre côté, il faut aussi préciser que ce débat divise les féministes elles-mêmes; alors que certaines pourfendent tout ce que le voile représente comme symbole d’une oppression patriarcale exercée sur la femme, d’autres défendent le libre arbitre et critiquent un conformisme fondé sur une xénophobie rampante. En tant que féministe, je me pose bien entendu contre toute forme de convention qui participe à l’inégalité entre les genres et les sexes. Par ailleurs, je suis également d’avis que ce débat mérite d’être traité avec une nuance qui, malheureusement, fait cruellement défaut dans le paysage médiatique actuel. Loin de prétendre régler cette épineuse question grâce à une simple chronique, je crois néanmoins qu’il convient de jeter un œil critique à la forte connotation colonialiste qui teinte les discours portant sur la laïcité le voile. En effet, le dénominateur commun des arguments s’opposant au port du voile se situe dans cette impression que notre culture québécoise serait beaucoup plus respectueuse des femmes et, conséquemment, beaucoup plus émancipatrice. On retrouve généralement dans ces arguments un fort sentiment antiféministe; après tout, les Québécoises ont le droit de vote, elles peuvent travailler, elles peuvent cumuler des possessions matérielles… Forts de ces arguments, on se considère ainsi en bonne position pour adopter un regard extrêmement condescendant envers d’autres cultures ou religions. Le problème réside précisément dans ce regard. Pour la féministe Ann Kaplan, les discours colonialistes s’appuient nécessairement sur un regard posé sur l’Autre à partir d’un système de valeurs qui lui est étranger. Comme elle l’explique, « les relations fondées sur la vision ne sont jamais innocentes. Elles sont toujours déterminées par les systèmes culturels apportés par les observants ». Autrement formulé, nous ne pouvons jamais prétendre observer une autre culture avec un regard impartial. Notre regard est façonné par notre propre système de valeurs. Compte tenu de l’étendue de l’influence des valeurs occidentales à travers le monde, nous avons tendance à observer l’Autre avec ce que Kaplan nomme un « regard impérial ». Je crois que ce regard impérial est pleinement opérant au sein des débats portant sur la laïcité le voile. À travers ce regard impérial, certains discours émis dans le cadre du débat en cours sont teintés d’une condescendance déplorable. Par ailleurs, ce regard impérial évacue les traces de nos propres inégalités sexuées et genrées. Pour se détacher de ce regard impérial, il serait nécessaire d’entreprendre un examen plus approfondi du traitement que nous réservons à la féminité au sein de notre propre culture et des médias visuels qui la façonnent. S’il semble que la modestie imposée aux femmes dans certaines cultures propres à la religion musulmane puisse effectivement nuire à leur émancipation, que dire des standards de beauté occidentaux qui, eux, sont fondés dans une monstration excessive? Que dire des modèles de féminité irréalistes auxquels plusieurs femmes, jeunes comme moins jeunes, se sentent contraintes d’adhérer? Que dire des troubles alimentaires qui en découlent? Que dire des comportements sexuels à la fois précoces et risqués (sextos, pratiques sexuelles, etc.) adoptés par des jeunes adolescentes? Que dire de la connotation péjorative que nous associons d’emblée à la féminité (pensez ici à la quantité d’insultes populaires qui puisent dans des questions liées à la féminité)? Se libérer du regard impérial, ce serait accepter que notre culture, qui déshabille la femme plutôt que de la couvrir, n’est pas forcément plus émancipatrice. Se libérer du regard impérial apparaît aussi comme une condition nécessaire pour un débat sain et éclairé au sujet de questions manifestement fort délicates.
L I T T É R AT U R E
TRAVAILLE AVEC LES COMMUNAUTÉS DU NORD MAUDE LABRECQUE-DENIS
Le Réseau Biblio de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec (ATNDQ) et ses partenaires travaillent à la réalisation d’un projet peu commun : l’implantation de bibliothèques publiques visant à desservir les communautés inuites et cries du Norddu-Québec. En préparation depuis plusieurs années, le projet voit aujourd’hui naître ses quatre premières bibliothèques dans les communautés d’Aupaluq, de Puvirnituq, de Kuujjuaq et de Salluit. Pour les promoteurs, c’est la consécration de nombreux efforts. Pour les communautés, c’est un pas de plus vers la réussite éducative et le rapprochement entre les générations. Les écoles sont un partenaire naturel du développement des bibliothèques publiques depuis de nombreuses années. En s’ouvrant au grand public, elles enrichissent leurs collections privées et accèdent à des services de soutien qui facilitent leur organisation et contribuent à leur dynamisme. Cette formule répandue en Abitibi-Témiscamingue permet de bien desservir les petites localités et
LIVRES ET ORALITÉ
Chez les Premières Nations, la transmission des savoirs passe avant tout par l’oralité. On pourrait à priori y voir un frein au développement des bibliothèques dans les communautés, mais il n’en est rien; vivantes et dynamiques, les bibliothèques modernes sont des lieux d’ouverture et d’échange qui s’inscrivent parfaitement dans la culture des Premières Nations. « Ce sont des raconteurs, ils se retrouvent dans cet espace intergénérationnel. Quand on leur a présenté le Tapimagine, ils ont été emballés! Notre rêve serait de les voir en concevoir un pour eux, à leur image », s’enthousiasme Louis Dallaire, directeur général du Réseau Biblio ATNDQ. De nombreux défis Pour le Réseau Biblio ATNDQ, pas question d’imposer un modèle : la réussite du projet dépend de l’implication des gens du milieu. « Nous ne voulons pas créer des bibliothèques pour eux, nous voulons les accompagner dans la création de leurs bibliothèques, nuance Louis Dallaire. Nous avons commencé par aller à leur rencontre, leur serrer la main et nous présenter. Puis, nous nous sommes déplacés dans les communautés pour mieux comprendre leur réalité. » Michel Desfossés, agent de développement au Réseau Biblio ATNDQ et responsable de la mise en œuvre
du projet, explique : « Le contexte est très différent de celui que nous connaissons ici, le rude climat guide le rythme, sans compter les complexités liées au transport. » En effet, acheminer les livres au Nunavik représente un énorme défi. Tout doit être mis en œuvre pour profiter des paquebots qui circulent entre mai et septembre alors que les glaces libèrent les baies d’Ungava et d’Hudson. Sinon, on compte sur l’avion, mais la nourriture et les autres biens essentiels seront toujours priorisés.
en anglais, mais aussi en inuktitut, ce qui est plutôt rare. De plus, ils préféraient qu’on se concentre sur des thématiques qui touchent à leur réalité territoriale; pas de singes et de lions, on opte plutôt pour des phoques et des ours polaires, par exemple. »
Pour faire face à ces nombreux défis, la collaboration de la commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq, basée à Montréal, s’est avérée essentielle. « Ils ont été l’effet de levier dans ce projet. En plus de nous aider dans la logistique de l’implantation, ils sont responsables du soutien aux écoles et de la formation des équipes », explique Michel Desfossés. UN PROJET HORS DU COMMUN
L’implantation de ces bibliothèques est le seul projet culturel réalisé dans le cadre du Plan Nord. Pour Louis Dallaire, c’est une grande fierté : « C’est un projet d’envergure pour le Québec et nous sommes très heureux que ce soit possible grâce à l’expertise des gens de l’AbitibiTémiscamingue et des Premières Nations. »
COURTOISIE
pourrait s’avérer tout aussi gagnante pour les communautés du Grand Nord québécois.
LE RÉSEAU BIBLIO
La langue représente aussi tout un défi, particulièrement lorsqu’il est question du choix des livres. « Ce sont les gens des communautés qui ont établi les critères de sélection et nous avons procédé à la recherche des ouvrages, poursuit Michel Desfossés. Il y en a en français,
Pendant que les bibliothèques des communautés inuites vivent leurs premières heures d’ouverture, le dialogue avec les communautés cries commencé. Si celles-ci n’ont pas encore adhéré au projet, certains acteurs se montrent intéressés, ce qui est très prometteur pour la suite.
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L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 13
MA RÉGION, J’EN MANGE!
L I T T É R AT U R E
CHRONIQUE
POUDING AU PAIN À L’ÉRABLE
MISE EN SCÈNE HUMORISTIQUE
CHEF CAROLINE BÉRUBÉ – LA GOURMANDINE - AMOS
DE L’AMOUR AU QUOTIDIEN
INGRÉDIENTS
DARQUISE ROBERT
6 125 ml (½ t.) 125 ml (½ t.) 500 ml (2 t.) 1 250 ml (1 t.) ½ gousse
tranches de pain – La Gourmandine sucre d’érable – Érablière Tem-Sucre cassonade lait œuf – Ferme Paul Richard et fils crème vanille
Couper en cubes les tranches de pain, les mettre dans un grand cul-de-poule et réserver. Mélanger les sucres, le lait, la crème, l’œuf et les grains de vanille. Verser sur le pain et laisser reposer 1 heure au réfrigérateur.
COURTOISIE
MÉTHODE
Les histoires d’amour du quotidien peuvent être source d’inspiration. C’est ce que nous révèle l’auteur André Roy, Senneterrien d’origine, qui en est à sa cinquième œuvre littéraire publiée depuis 2013. Après trois livres de chroniques diverses regroupées dans un coffret nommé Trilogie du vieux chialeux et Les chimères du temps, un recueil de cinq nouvelles insolites autopubliées en 2017, Chroniques d’un vieux couple… qui ne se prend pas au sérieux, publié aux éditions de l’Apothéose en 2018, regorge d’anecdotes de vie de couple revues et améliorées. Certains écrits ayant déjà été publiés dans La trilogie du vieux chialeux, l’auteur s’est appliqué à regrouper et à remanier habilement les thèmes conjugaux, toujours d’actualité, afin de nous les livrer en textes achevés.
Servir tiède.
Chroniques d’un vieux couple… qui ne se prend pas au sérieux est en fait une histoire de coup de foudre qui non seulement surprend, mais qui dure depuis au-delà de 38 ans. À l’aide de 37 délicieuses anecdotes, toutes cuisantes d’authenticité, il raconte ici en toute franchise de quelle façon se vit au quotidien le véritable amour, celui avec un grand A. L’humour est omniprésent. De plus, le texte est bonifié d’explications en bas de page qui nous permettent tantôt de tenir le rythme en ajoutant un supplément d’information, tantôt de replacer certaines expressions québécoises dans leur contexte.
Délicieux avec une boule de crème glacée à la vanille.
Soit dit en passant, l’auteur nous réserve un tome 2 pour l’été 2019. En attendant, si vous n’avez pas encore lu le premier volume, Chroniques d’un vieux couple… qui ne se prend pas au sérieux, empressez-vous de vous le procurer dans les librairies de la région ainsi qu’à la Papeterie commerciale de Senneterre.
Cuire dans un moule carré 20 x 20 cm (8 x 8 po) environ 30 minutes à 180 °C (350 °F).
TRUCS ET ASTUCES
Aide individuelle CAFÉ-RENCONTRE Accompagnement judiciaire
14 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
C U L T U R AT
L I T T É R AT U R E CHRONIQUE
DES MINES LITTÉRAIRES :
PIANO PUBLIC À LA SARRE
L’IMAGINAIRE MINIER DANS LES LITTÉRATURES
CASSIOPÉE BOIS
DE L’ABITIBI ET DU NORD DE L’ONTARIO
En 2017, la Ville de La Sarre procédait à la création du comité Urba-Culturat, formé du directeur de l’urbanisme, de la médiatrice culturelle ainsi que du contremaître aux infrastructures, parcs et espaces verts de la municipalité. À ce comité s’ajoute une artiste impliquée dans son milieu et différents acteurs du milieu selon les sujets traités. David Poirier, directeur de l’urbanisme, explique : « Notre but en tant que travailleur à la ville, c’est vraiment d’améliorer la qualité de vie des citoyens ». Le comité étudie plusieurs possibilités d’actions à poser, mais il souhaite que les démarches et les projets soient concrètement en lien avec les besoins du milieu. Les actions posées à l’avenir auront pour but de dynamiser notre milieu, de le rendre vivant et attractif.
ALEXIS LAPIERRE
Isabelle Kirouac Massicotte, jeune auteure originaire de Val-d’Or et chercheure postdoctorale à lʼUniversité de Moncton, nous arrive avec ce livre publié chez l’éditeur franco-ontarien Prise de parole. Des mines littéraires : l’imaginaire minier dans les littératures de l’Abitibi et du Nord de l’Ontario reste avant tout un ouvrage universitaire, mais qui plaira au lecteur curieux, amateur d’histoire et de littérature. C’est aussi une lecture pour l’Abitibien qui cherche à en apprendre davantage sur sa propre culture.
Avec l’intention d’embellir l’espace public et de créer un esprit communautaire dans les parcs, la première action du comité a été d’installer des fines herbes et légumes en pots, placés l’été dernier dans deux de ses principaux espaces verts. Il souhaite récidiver cette année en bonifiant le projet avec plus de jardinières et une promotion accrue. L’idée est venue du Centre de femmes L’Érige dans le but d’qui souhaitait améliorer la sécurité alimentaire des femmes. Depuis quelques temps, la Ville de La Sarre souhaite depuis un moment se munir d’un piano public qui sera accessible aux citoyens lors de la période estivale. C’est donc la mission que s’est donnée le secteur de la culture, du patrimoine et du tourisme de la Ville de La Sarre pour le début de l’année 2019. Pour ce faire, elle invite les artistes de la région à soumettre un projet pour embellir un piano, sous le thème « Osons créer ».
Dès qu’on commence à tourner les pages, on découvre un imaginaire littéraire qui (pour une fois) parle de nous et de notre rapport avec l’univers minier. L’auteure construit habilement son analyse autour d’œuvres d’auteurs francophones du nord de l’Ontario et de l’Abitibi. On aime voir les similitudes littéraires qui transcendent la frontière de l’Ontario et du Québec. À ces œuvres s’ajoutent différents textes sociologiques, poétiques et journalistiques qui enrichissent la lecture et nous aident à creuser la question : comment est imaginé le territoire minier que nous habitons?
Le thème est un clin d’œil à Gilles Ste-Croix, cofondateur du Cirque du Soleil, originaire d’Abitibi-Ouest qui est venu en mai dernier entretenir le public sur sa vie et son parcours extraordinaire. Son message? Encourager à créer, encore et encore! Tout au long de sa carrière, il a démontré un esprit communautaire fort et il s’est donné le mandat de redonner à la communauté à travers sa passion pour le cirque. Avec son épouse Monique Voyer, ils ont fondé Circo de los Niños dans la région de Banderas Bay, au Mexique. Cet organisme a pour but d’encourager le développement holistique des jeunes en améliorant leurs compétences artistiques, créatives, motrices et communicationnelles, tout en renforçant leur confiance en eux. Les joueurs de piano de tout acabit pourront donc se délier les doigts au parc ErnestLalonde cet été à La Sarre. Le parc est situé juste à côté de l’église, en bordure de la rivière. Quoi de mieux que cet endroit pour inspirer les mélomanes? Le piano sera placé sous le pavillon du parc, protégé des intempéries. Par ce projet joyeux, la Ville de La Sarre souhaite créer un environnement vivant et animé, propice aux rassemblements familiaux et amicaux.
L’auteure fait également découvrir les personnages qui peuplent la littérature minière abitibienne et ontarienne; le travailleur endurci, le prospecteur aventurier, l’immigrant qui espère une vie meilleure que ce que peut lui offrir l’Europe de l’Est. Ces portraits sont si bien réalisés que l’on confond littérature et réalité, et qu’on trouve un peu de nous dans ces personnages. On comprend également la dureté cet univers teinté de virilité, parfois nécessaire, parfois toxique, qui relègue la femme à un rôle... difficile. En bref, Isabelle Kirouac Massicotte fait un magnifique travail de documentation des œuvres littéraires qui ont imaginé le Nord ontarien et l’Abitibi. On se surprend à découvrir au travers de ces fictions des vérités nouvelles sur le territoire que nous habitons.
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L’auteure nous fait comprendre que la littérature fait tomber les frontières. L’espace minier, c’est la Faille de Cadillac, à la fois sale et emplie d’espoir, qui a plus de points en commun avec les villes minières mythiques du Yukon et de l’Alaska, qu’avec le reste du Québec. C’est aussi la ville désertée lorsque la compagnie a terminé l’exploitation. On comprend comment la nordicité du territoire pénètre la littérature et le désir constant de repousser les frontières vers un autre gisement.
L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 15
AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS…
LA RICHESSE DE LA CULTURE CRIE
UNE RELÂCHE EN ABITIBI-OUEST CONCOCTÉE POUR LES ADOS!
Empreintes de pas Une marche à travers les générations
ISABELLE GILBERT
Le service des loisirs de La Sarre a concocté une semaine de relâche taillée sur mesure pour les adolescents d’Abitibi-Ouest âgés de 12 à 17 ans. Plusieurs activités surprendront même les plus blasés!
Jusqu’au 31 mars
Institut culturel Cri Aanischaaukamikw Paula Menarick
[Patrimoine autochtone]
Donald Trépanier
Cette exposition a été réalisée grâce au soutien financier du
Le tout commencera le lundi 4 mars avec un atelier de montage de mouches pour la pêche avec Christian Frenette à la Bibliothèque municipale Richelieu. Les pêcheurs en herbe apprendront à fabriquer leurs propres mouches. Le 6 mars, il y aura un atelier cinéma d’animation avec Marc Boutin. Les jeunes pourront s’initier au phénakistiscope pour créer un film collectif. Qu’est-ce donc que cette chose au nom étrange? Inscrivezvous pour le découvrir…
L’ourse cosmique Jusqu’au 24 mars
Virginia Pesemapeo Bordeleau [Sculpture]
OEUVRE DE CRISTEL BERGERON, CRÉDIT PHOTO JEAN CARON
Une sortie palpitante est prévue pour le jeudi 7 mars. Un transport est organisé pour visiter l’atelier de l’artiste Christel Bergeron à Val-Paradis. Eh oui! C’est elle qui soude des personnages fantastiques grandeur nature! En soirée, la SLI et la Petite SLI convient les familles à un match d’improvisation au Théâtre Lilianne-Perrault.
Centre d’exposition d’Amos
222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h
Grâce au soutien financier du
Le 8 mars, les adeptes de jeux vidéo sont invités à une soirée juste pour eux au Théâtre Lilianne-Perrault. Ils pourront alors s’initier à la Kinect, un système qui fonctionne sans manette. La semaine se termine en beauté par des projections au Cinéma La Sarre de 23 h à 2 h, avec à l’affiche les films Jeu d’évasion et Verre, suivis d’un film surprise. Réservation obligatoire. Pour infos : Cassiopée Bois 819 333-2282, poste 285.
SAM
SYSTÈME AUTOMATISÉ DE MESSAGES
EN CAS D’URGENCE, SOYEZ
RAPIDEMENT INFORMÉ Avec SAM la Ville de Rouyn-Noranda peut vous rejoindre par : TÉLÉPHONE | SMS | COURRIEL 16 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
ABONNEZ-VOUS
DÈS MAINTENANT! rouyn-noranda.ca/SAM 819 797-7110
ENVIRONNEMENT CHRONIQUE
L’ÉCOFÉMINISME JOANNIE BOIVIN, CENTRE DE FEMMES L’ÉRIGE
En mouvement. Je définirais mon féminisme ainsi. Me permettant d’évoluer comme il me plaît dans cet univers très grand. J’arbore l’étiquette féministe depuis déjà quelques années. D’abord très subtile, cette position s’est transformée en celle de féministe militante, parfois rebelle, qui croit en ses convictions. J’aspire à l’autodétermination de tous, mais principalement de toutEs. Je rêve du moment où les femmes pourront être ce qu’elles souhaitent, sans influence différenciée selon les sexes. Simone de Beauvoir a dit : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » Je ne vous apprends rien en vous disant que nous faisons présentement face à une crise environnementale. Le réchauffement climatique, la surpopulation, la surconsommation, l’augmentation de la pollution, la destruction de nos écosystèmes, pour ne nommer que ces exemples, démontrent qu’il est urgent d’agir. Face à ce constat, l’importance de militer pour conserver nos acquis de femmes était pour moi une évidence. D’où mon intérêt grandissant pour le mouvement écologiste. Mieux! Essayer de trouver un espace pour lutter ensemble, parce que de mon point de vue, les femmes sont les plus touchées en période de crise.
2019
ANNÉE INTERNATIONALE DES LANGUES AUTOCHTONES
Anicinabemodan Parlons Anicinabe
« Mocak kita anicinabema Kiwitci Anicinabe Enakickawact » La langue anicinabe est notre identité, elle reflète ce que nous avons traversé et ce que nous avons vécu. »
TRACES, OEUVRE DE KARINE BERTHIAUME PHOTO : COURTOISIE
ET L’ÉCOLOGIE?
Comment unir le féminisme et l’écologie? Par l’écoféminisme! Cette perspective démontre qu’il y a des liens étroits entre les oppressions vécues par les femmes et les problèmes environnementaux. Même oppresseur : le capitalisme patriarcal. Ce système qui crée la pauvreté et les inégalités sociales est le même qui détruit l’environnement. Celui-là même qui utilise la nature comme matière première afin de servir le profit des plus riches. Ainsi, récompenser l’industrie qui détruit nos écosystèmes tout en dévalorisant l’éthique du soin attribuée aux femmes met en place une hiérarchie sexuelle. L’écoféminisme cherche à transformer radicalement cet ordre établi afin d’équilibrer la division du travail et, par le fait même, le rapport de proximité que les hommes et les femmes ont avec la nature. Présentement, la division sexuelle du travail, pilier du capitalisme, maintient les hommes dans leur rôle de pourvoyeur et les femmes dans ceux de ménagère et de soignante. L’écoféminisme soutient que la sensibilité des femmes par rapport aux problèmes environnementaux vient directement de cette socialisation. Les femmes sont modelées à être plus à l’écoute et plus sensibles aux autres et à ce qui les entoure. Conditionnées à s’intéresser aux soins et à l’importance de vivre les uns avec les autres plutôt que contre les autres, elles se sentent davantage interpellées dans la lutte pour une société juste, égalitaire et respectueuse de l’environnement. Nous allons devoir changer nos stratégies, penser différemment, nous ouvrir au changement. Transformer notre système économique actuel afin qu’il soit respectueux de nos écosystèmes ne pourra se faire qu’avec une véritable égalité entre les sexes. Sommes-nous prêts?
Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!
Pour des idées et des ressources Tourisme Québec Ministère de la Culture et des Communications
S U I V E Z -NOU S S U R FAC E B OOK! FAC E B OOK.COM/I ND I C E B OH E MI E N
Christine Moore DÉPUTÉE D’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
christine.moore@parl.gc.ca • christinemoore.npd.ca Rouyn-Noranda 33-A, rue Gamble Ouest, bureau RC-15 • 819 762-3733 Ville-Marie 3, rue Industrielle, Bureau 7 • 819 629-2726 Amos 554, 1re Avenue Ouest, Bureau 101 • 819 732-2266 La Sarre 81-A, 5e Avenue Est • 819 339-2266
@MooreNPD
/ChristineMooreNPD
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18 L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019
RÉGION INTELLIGENTE CHRONIQUE
CITOYENS NUMÉRIQUES OU NUMÉRISÉS? MICHEL DESFOSSÉS
« On n’a pas une âme à soi tout seul. Mais un petit morceau d’une grande âme, et cette grande âme est à nous tous », déclare Henry Fonda dans Les raisins de la colère, un film réalisé par John Ford en 1940, d’après l’œuvre de John Steinbeck Dans cette Amérique encore en proie à la crise économique de 1929, ces mots résonnaient comme un espoir. L’ère de la survie, du chacun pour soi, devait céder la place à une conscience globale. Quel rapport avec nous et notre époque? Après tout, nous ne sommes pas comme les personnages de Steinbeck en 1940, au seuil de la guerre la plus sanglante de l’histoire de l’humanité. Mais je pense que cette proposition est toujours d’actualité en ce monde où nous franchissons les derniers mètres qui nous feront basculer dans un des grands bouleversements annoncés, l’avènement de l’intelligence artificielle, l’IA. L’IA sera notre perte ou notre plus grande réussite collective. Zéros ou héros. Mettons que je me situe du côté positif des choses. Je ne voudrais pas être perçu comme un collapsologue comme disent les Français (traduction : catastrophiste). Les technologies de l’information sont là pour de bon et il nous appartient d’en faire un outil d’émancipation individuelle et collective. Comme l’âme universelle de Steinbeck. Me semble aussi que nous nous posons les incontournables questions qui nous ramènent à l’obligation de discuter de la primauté (ou non) de l’individu sur la trop facile collection de nos données personnelles, qui nous transforme en données commercialisables ou saisissables (allez voir le nouveau CLOUD Act aux États-Unis).
Alors que nous complétons le réseau d’infrastructures numériques (réseau cellulaire 5G, wifi gratuit, etc.) censé rendre nos régions performantes et intelligentes, faudrait admettre d’abord que nous ne sommes pas compétents pour gérer la numérisation de nos vies et la cyberdépendance. Nous ne gérons pas nos médias sociaux. Ils disposent de nous. Selon moi, cette crise oblige à des résultats et force la mise en place d’obligations citoyennes. Et je demande que deux devoirs essentiels soient inscrits instamment dans une charte régionale du numérique. LE DEVOIR D’INFORMATION
Tout citoyen doit apprendre à varier et à valider ses sources d’information. Cours de maniement obligatoire, comme pour les armes! LE DEVOIR DE CONTRIBUTION SOCIALE
Tout citoyen doit, dans la mesure de ses compétences, verser l’équivalent de 10 % de son temps homologué sur les médias sociaux à une cause citoyenne de son choix. C’est fou le temps que l’on pourrait ainsi récupérer! Une version bonifiée de cette chronique est disponible en ligne au indicebohemien.org
Ici s’arrêtent mes beaux sentiments. On est dans la chnoute, solide, aurait dit le Chevalier de Lagardère! Pas le temps de niaiser, disait un autre loustic mirant ses pompes, des Clarks. Nous sommes en crise.
L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 19
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Votre enfant a déjà de l’ambition Rouyn-Noranda
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T H É ÂT R E
Vous voulez contribuer à faire connaître les trésors culturels de l’Abitibi-Témiscamingue?
CONSTITUONS! QUAND LE THÉÂTRE SE FAIT POLITIQUE, OU L’INVERSE ARIANE OUELLET
Le projet est ambitieux. Utiliser la métaphore du théâtre et de l’agora comme espace public pour situer des enjeux contemporains. Depuis bientôt trois ans, Christian Lapointe, metteur en scène et directeur du Théâtre Carte Blanche, en collaboration avec le Théâtre du Tandem et d’autres partenaires aux quatre coins du Québec, fait l’exercice d’écrire rien de moins que la constitution du Québec. Un forum citoyen avait lieu à Rouyn-Noranda le 9 février dernier à l’Agora des Arts. Bien que le lien entre le théâtre et la politique puisse sembler farfelu pour certains, il n’en est rien. Pour assurer tout le sérieux possible à l’exercice, le projet Constituons est d’ailleurs mené en partenariat très serré avec l’Institut du Nouveau Monde (INM), qui est une organisation indépendante et non partisane ayant pour ambition d’accroître la participation citoyenne à la vie démocratique. La démarche est financée en grande partie par des fonds de recherche universitaires, des syndicats, l’Université du Québec à Montréal ou encore des fonds de recherche du Québec.
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Quelle est l’étincelle à l’origine du projet? Comme l’explique Christian Lapointe, « c’est une mise à l’épreuve du théâtre comme agora populaire, dont la fonction devrait être d’échanger et de débattre des idées. Il y a aussi des liens entre les conventions du théâtre et celles du vivre ensemble. L’objectif est donc d’essayer de faire écrire la constitution du Québec par des citoyens en se servant des théâtres comme courroies ». Par souci de représentativité démographique, 42 personnes ont été tirées au sort par la firme Léger 360, avec parité hommes-femmes et provenant de partout au Québec. Leur participation n’est pas liée au théâtre. Elles seront en charge de diriger le contenu des forums citoyens et, au terme des consultations, de rédiger la constitution. On les appelle donc les constituants. Elles ont établi des questions à poser, via un formulaire en ligne et les forums citoyens qui ont lieu dans les théâtres à travers le Québec depuis 2018. Pour sa part, l’INM a fait le design de l’assemblée constituante et mène la démarche. Les théâtres, dont le Tandem en Abitibi-Témiscamingue, relaient l’information sur leurs territoires et organisent les forums citoyens. Les forums sont une petite portion de la consultation; sondage en ligne et appel de mémoires complètent la cueillette. Le metteur en scène observe la démarche et crée une pièce de théâtre documentaire qui témoignera de tout ça. Le Québec n’est pas le premier à se lancer dans le processus. La Tunisie, au sortir du printemps arabe, a adopté une constitution, tandis que l’Irlande a apporté des amendements à la sienne par consultation populaire. L’INM a étudié une dizaine de cas datant des vingt dernières années à travers le monde pour choisir le mode de fonctionnement le mieux adapté. Sur trois modèles possibles, ils ont choisi le tirage au sort des constituants, protégeant ainsi le processus de la partisanerie politique et de la mainmise des entreprises dans les instances de pouvoir.
Selon Christian Lapointe, « le but est de déposer le texte qui va émerger de l’assemblée constituante à l’Assemblée Nationale, en disant que ça a été fait le plus droit possible. On voudrait que la population soit sondée sur la constitution et les articles qui la composent, par référendum. Il faut essayer de responsabiliser les législateurs sur le besoin de consulter la population. Notre système politique se fout pas mal des citoyens quand on y pense, c’est un peu ça aussi qu’on veut prouver. La démocratie ne devrait pas s’exercer qu’une fois tous les quatre ans ». Qu’est-ce que le Québec gagnerait à adopter sa propre constitution? Selon Christian Lapointe, les raisons sont nombreuses. « D’abord, la constitution du Canada n’est pas écrite par des citoyens. Le mot peuple n’apparaît pas une seule fois. Au Canada, l’angle de la constitution vient d’une aventure coloniale, avec la notion que le colonialisme sert à aller chercher les matières premières. En aucun cas, notre constitution n’est un rempart contre ça, au contraire peut-être. Au Québec, des entreprises embouteillent l’eau et nous la revendent plus cher que l’essence. Dans une constitution québécoise, l’eau pourrait être nationalisée, par exemple. Plus on vit en région éloignée, plus la réalité coloniale où le territoire est au service des entreprises est visible ». Les enjeux pourraient aussi toucher les droits des peuples autochtones à l’autodétermination, entre autres. « En ce qui a trait à la laïcité par exemple, ça réitère que le chef de l’état c’est la reine d’Angleterre, qui est le chef de l’église protestante et qui représente Dieu sur cette terre. Donc à partir du moment où les constituants disent que le chef de l’état doit être élu au suffrage universel, la reine n’est plus le chef de l’État. »
PHOTOS : CHRISTIAN LEDUC
Comme l’explique Christian Lapointe, « il y a en ce moment des vides juridiques parce que le Québec n’a pas signé la constitution en 1982. Le projet sert aussi à révéler ces vides. Il faut le voir comme une opportunité. Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il y a très peu d’endroits où il est possible de refaire cette démarche fondamentale. » Au Québec, ce n’est pas encore fait, même si c’est permis. Chez les voisins du sud, tous les États ont leur constitution. Mais revenons-en au théâtre. Comment transformer tout ça en objet théâtral? Le metteur en scène explique : « l’œuvre d’art va témoigner de mon parcours, des démarches de financement, des consultations, jusqu’au dépôt de la constitution écrite. Je vais jouer comme un DJ, à travers des bases de données qui deviennent de la matière : archives audio, captations vidéo, commentaires en ligne, couverture médiatique, collage de données d’archives ». Le tout sera présenté en juin prochain au Festival TransAmériques à Montréal, suivi d’une tournée dans les théâtres partenaires, à partir de l’automne 2019. L’INDICE BOHÉMIEn MARS 2019 21
CINÉMA
NOUS SOMMES GOLD SORTIR DE SON TROU… ET Y REVENIR JULIE DALLAIRE
Le 28 février prochain le film d’Éric Morin, Nous sommes Gold sera présenté en première mondiale à Montréal dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma.
Rose-Marie Perreault, Fabien Cloutier, Alexis Martin, Steve Laplante, Vincent Bilodeau et Arsinée Khanjian, également de la distribution, seront aussi présents.
Produit par Parce Que Film, le long métrage plante son décor dans une Rouyn-Noranda déguisée en ville fictive, marquée par une tragédie minière dans laquelle Marianne, le personnage principal, revient. Elle y renoue avec sa sœur et ses amis d’enfance. Ensemble, ces derniers vivront les commémorations du dixième anniversaire de la catastrophe chacun à leur manière et à travers le groupe Gold formé par Marianne et ses amis.
Éric Morin présente un film dont la thématique est inspirée de la région et du sentiment d’appartenance qui l’y relie. « À la fois, vouloir partir et rester dans sa région », précise Éric Morin. Ce sentiment-là se retrouve également dans les œuvres passées du réalisateur. Ces dernières sont fortement inspirées de moments qu’il a vécus 15 ou 20 ans avant de les transformer en cinéma. Pour Nous sommes Gold, il pige dans ses années de jeunesse où il avait un band avec quelques amis de Rouyn-Noranda. Tous les éléments du film vus jusqu’ici portent à croire que la trame musicale de Nous sommes Gold sera très présente, ce qui n’est pas pour déplaire.
COURTOISIE
Depuis la sortie de la bande-annonce le 4 février dernier sur les réseaux sociaux, l’accueil du public semble favorable, ce qui laisse présager que la portée du film va susciter autant au moins autant d’attention que son précédent.
Les Rendez-vous Québec Cinéma consacrent un Tapis bleu, soit une soirée spéciale en présence de toute l’équipe du film : le réalisateur Éric Morin ainsi que les trois acteurs principaux, Patrick Hivon, Monia Chokri et Emmanuel Schwartz. Catherine de Léan,
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Pour Oliver Picard, producteur de chez Parce Que Film, si l’éloignement du lieu de tournage apporte des défis, les gens de Rouyn-Noranda les accueillent bien. « On réussit à pallier l’éloignement grâce à la générosité des gens de Rouyn, de la ville, des entreprises et des restaurateurs. Et on sent que les gens sont contents qu’on vienne tourner ici parce qu’à Montréal il y a une espèce d’écœurantite aiguë avec les tournages réguliers, les stationnements interdits, les compagnies de films américaines, les travaux dans les rues qui nuisent à la circulation… » Une avant-première est également prévue en Abitibi-Témiscamingue les 2 et 3 mars prochains respectivement à Rouyn-Noranda et à Val-d’Or. C’est donc une avant-première abitibienne qui aura lieu en compagnie d’Olivier Picard et d’Éric Morin avant la sortie en salle au Québec prévue le 29 mars.
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CALENDRIER CULTUREL MARS 2019 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue
CINÉMA Les grands explorateurs Fascinante Californie 11 mars Salle Félix-Leclerc (VO) 13 mars Théâtre du cuivre (RN) 15 mars Théâtre des Eskers (Amos) 16 mars Ville de La Sarre 19 mars Le Rift (Ville-Marie)
JEUNE PUBLIC Territoires et identités Jusqu’au 28 avril Centre d’exposition de Val-d’Or
Les cent dessins (atelier) 5 au 8 mars Centre d’exposition de Val-d’Or
Jeannette Mercier Trudel Jusqu’au 3 mai Société d’histoire et du patrimoine (La Sarre)
Arthur l’aventurier à la découverte des Rocheuses 31 mars Théâtre Télébec (VO)
J’t’aime encore (écoumène) 27 mars Agora des arts (RN) TOC TOC 28 mars Théâtre Télébec (VO) 29 mars Théâtre du cuivre
MUSIQUE
LITTÉRATURE
Terra Nostra 30 mars Agora des arts (RN)
La causerie musicale – Michel Fugain 1er mars Théâtre des Eskers (Amos)
Mon nounours à la bibliothèque 1er et 2 mars Bibliothèque municipale d’Amos
HUMOUR
Safia Nolin 2 mars Salle Félix-Leclerc (VO)
Course littéraire aux trésors 5 mars Bibliothèque municipale d’Amos
EXPOSITION
Shawn Wine & the Winos 2 mars Brasserie La Brute du Coin
Marnie de Nico Muhly 9 mars Théâtre du cuivre
Véronique Doucet Autopsie d’une autoroute Du 1er au 30 mars Galerie Rock Lamothe (RN)
Jeunesses musicales Caroline Pépin-Roy 12 mars Théâtre du cuivre (RN)
Au bout du conte 10 mars Théâtre du cuivre (RN)
Soirées artistiques amalgame 12 mars Amalgame Pub urbain (Amos) Les pieds sur terre – Édith Laperrière Jusqu’au 24 mars Le Rift
Metaphora – Jill Barber 13 mars Salle Félix-Leclerc (VO) 14 mars GRIS : Pantone 423 U Théâtre des Eskers (Amos) 15 mars Théâtre du cuivre (RN)
Toi et ta splendide laideur Jusqu’au 24 mars Le Rift
Irvin lais 16 mars Club optimiste (RN)
Human Capital Flight Jusqu’au 24 mars Le Rift
Abitabyss/Backstabber 23 mars Brasserie La Brute du Coin (La Sarre)
THÉÂTRE
Empreintes de pas Jusqu’au 31 mars Centre d’exposition d’Amos
Queen Flash 23 mars Salle Dottori (Témiscamingue)
J’aime Hydro 5 mars Théâtre du cuivre (RN) 6 mars Théâtre Télébec (VO)
L’ourse cosmique Jusqu’au 24 mars Centre d’exposition d’Amos
Désherbage – Tire le coyote 26 mars Ville de La Sarre 27 mars Théâtre du cuivre (RN) 28 mars Le Rift 29 mars Théâtre des Eskers (Amos) 30 mars Salle Félix-Leclerc (VO)
Amsterdam : Jacques Brel remonte en scène 19 mars Le Rift (Ville-Marie) 21 mars Théâtre Télébec (VO) 22 mars Théâtre des Eskers (Amos)
BLEU : Pantone 306 U
Mouvances Jusqu’au 24 mars Centre d’art (La Sarre) L’art face au corps Jusqu’au 14 avril Centre d’exposition de Val-d’Or
Arleen Thibault 15 mars Ville de La Sarre 18 mars Théâtre des Eskers (Amos) Heure du conte 19 et 23 mars Bibliothèque municipale d’Amos Félix B. Desfossés se livre à nous 24 mars Bibliothèque municipale d’Amos
Le chaînon manquant – Mathieu Cyr 6 mars Théâtre des Eskers (Amos) 7 mars Théâtre du cuivre (RN) 8 mars Théâtre Télébec (VO) Simon Leblanc 20 mars Théâtre des Eskers (Amos) 21 mars Ville de La Sarre Simon Gouache 21 mars Théâtre du cuivre (RN) 22 mars Le Rift 23 mars Théâtre Télébec (VO) Michaël Rancourt 19 mars Théâtre du cuivre (RN) 24 mars Théâtre des Eskers (Amos) Réal Béland 7 mars Brasserie La Brute du Coin (La Sarre)
DIVERS
Au bout du conte : les minimalices 9 mars Salle Felix Leclerc (VO)
Atelier montage de mouches avec Christian Frenette 4 mars Bibliothèque municipale (La Sarre)
Gamètes 11 mars Agora des Arts (RN)
Atelier de cinéma d’animation 6 mars Bibliothèque municipale (La Sarre)
Le brasier 19 mars Agora des arts (RN)
Visite de l’atelier de Christel Bergeron 7 mars Atelier Les Feux du Paradis (Val-Paradis)
Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.
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CONCOURS 60 ANS © Les Éditions Albert René
Dans le cadre de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur er
1 mars au 23 avril 2019 Dans toutes les bibliothèques de la région
Angliers • Arntfield • Aupaluk • Barraute • Béarn • Beaucanton • Beaudry • Belcourt • Bellecombe • Belleterre • Berry • Cadillac • Champneuf • Cléricy • Clerval • Cloutier • Colombourg • Destor Duparquet • Dupuy • Fabre • Fugèreville • Guérin • Guyenne • Kitcisakik • Kuujjuaq • La Corne • La Morandière • La Motte • La Reine • Laforce • Landrienne • Latulipe • Laverlochère Lebel-sur-Quévillon • Lorrainville • Macamic • Malartic • Manneville • Matagami • Moffet • Montbeillard • Mont-Brun • Nédélec • Normétal • Notre-Dame-du-Nord • Oujé-Bougoumou • Palmarolle Poularies • Puvirnituq • Preissac • Rémigny • Rivière-Héva • Rochebeaucourt • Rollet • Salluit • St-Bruno-de-Guigues • St-Dominique-du-Rosaire • St-Eugène-de-Guigues • Ste-Germaine-Boulé Ste-Gertrude • Ste-Hélène-de-Mancebourg • Senneterre • Taschereau • Timiskaming • Val-Paradis • Val-St-Gilles • Villebois • Ville-Marie • Winneway
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