JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - SEPTEMBRE 2019 VOL 11 - NO 1
GRATUIT
10 ANS POUR L’Indice bohémien
LA CULTURE SE LIT À TOUT ÂGE
8
KATIA MARTEL EN DIREC T DE L’ATELIER
11
NOUVELLE TOURNÉE RÉGIONALE DE GUILL AUME BEAULIEU
23
KEEP HOPE PRODUC TIONS A DIX ANS
25
L’APPRENTIE ADULTE : L A SUITE DES AVENTURES DE LILIE
27
DEUX NOUVEAUX ROMANS POUR AMY L ACHAPELLE
150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien Publié 10 fois l’an et distribué gratui tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue, fondée en novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.
CHRONIQUES De panache et de laine 30 Environnement 35 Histoire
32
L’anachronique
4
Radar bohémien
37
Région intelligente
31
Ma région, j’en mange 17 Tête chercheuse
6
CONSEIL D’ADMINISTRATION
DISTRIBUTION
Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda
MRC D’ABITIBI
Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or
Lydia Bédard, Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau,
Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda
Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne,
Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda
Véronique Naud, Sylvie Tremblay.
Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue
MRC D’ABITIBI-OUEST Véronique Bernier Labonté, Isabelle Brochu, Francine Gauthier,
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
François Grenier, Colette Langlois, Suzanne Moore, Sophie Ouellet,
Valérie Martinez
Gilles Parents, Mario Tremblay, Ville de La Sarre.
direction@indicebohemien.org 819 763-2677
MRC DE TÉMISCAMINGUE Émilile B.Côté, Véronic Beaulé, Chloé Beaulé Poitras, Yves Grafteux,
SOMMAIRE Arts numériques
7 et 8
10 ans de culture
9 à 16
Musique
18 à 23
Arts visuels
24
Littérature
25 à 29
Éducation
33
RÉDACTION ET COMMUNICATIONS
Monia Jacques, Simon Laquerre, Lise Millette, Christian Paquette,
Mariane Ménard, coordonatrice
Alex Tremblay, MRC de Témiscamingue.
redaction@indicebohemien.org 819 277-8738
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
Ariane Ouellet, éditorialiste
Joël Baril, Marc Boutin, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Marc-Antoine Jette, Carole Labrecque, Céline Lauzon, Gaétan Langlois,
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES
Caroline Leblanc, Renaud Martel, Michaël Pelletier-Lalonde,
Marie-France Beaudry, Jade Bourgeois, Ian Campbell, Tim Cerdan,
Paquerette Plourde, Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber,
Frédéric Charron, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés,
Huguette Roy, Ginette Vézina, MRC de La Vallée-de-l’Or.
Maurice Duclos, Isabelle Gilbert, Pascal Grégoire, Régis Henlin, Maryse Labonté, Pierre Laliberté, Vanessa Mahoney, Zachary Marcoux,
VILLE DE ROUYN-NORANDA
Philippe Marquis, Valérie Martinez, Mariane Ménard, Lise Millette,
Claudie Aubin, Émilie Canuel, Anne-Marie Lemieux, Caroline Lemire,
Ariane Ouellet, Tommy Pilon, Dominique Roy, Dominic Ruel,
Julie Mailloux, Suzanne Ménard, Stéphan Thouin, Denis Trudel,
Marie-Ève Thibeault-Gourde.
Ville de Rouyn-Noranda.
COORDINATION RÉGIONALE
CONCEPTION GRAPHIQUE
Catherine Bélanger | MRC d’Abitibi
Feufollet.ca
France Daoust | MRC d’Abitibi
graphisme@indicebohemien.org
Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi Marianne Trudel | MRC d’Abitibi
CORRECTION
Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest
Geneviève Blais
Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Geneviève Béland | MRC de La Vallée-de-l’Or
IMPRESSION
Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda
Imprimeries Transcontinental
EN COUVERTURE La culture est intergénérationnelle! Certifié PEFC
Merci à Jovanny Alexandre, Marie-Ève Lacombe et
Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées
Doris Vaillant ainsi qu’à Nathalie Toulouse, photographe. PEFC/01-31-106
2 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
www.pefc.org
- ÉDITORIAL -
TOUJOURS QUELQUE CHOSE À DIRE! ARIANE OUELLET, éditorialiste
L’Indice bohémien célèbre ses dix ans d’existence. Pour y avoir été collaboratrice de la première heure puis tour à tour rédactrice en chef, administratrice, photographe, camelote, formatrice, conseillère rédactionnelle, rédactrice par intérim puis éditorialiste, je peux affirmer que je porte ce journal dans mon cœur comme un genre de bébé qu’on aime voir grandir et évoluer. J’ai connu les hauts et les bas, les changements et les incertitudes, le manque de financement. Le miracle qui se répète mois après mois au prix d’efforts collectifs multiples. J’admire sa ténacité et sa résistance. Car il s’agit bien de résistance. À l’époque de sa création, les milieux culturels de l’Abitibi et du Témiscamingue souffraient d’une représentation anémique dans les journaux locaux, où les humoristes avaient plus de visibilité que le fleuron de nos créateurs. Or, lorsque vient le temps des demandes de subventions, un organisme ou un artiste qui n’a pas de dossier de presse à l’appui de son projet souffre en quelque sorte d’une carence de reconnaissance de son milieu, ce qui discrédite souvent la valeur de son idée, de son travail. Sans compter le besoin de rejoindre la population pour l’informer, l’éduquer, la sensibiliser à l’art qui se fait ici, à la culture, à une multitude de sujets sociaux et territoriaux qui la concernent. Il a bien fallu remédier à la situation avec nos propres moyens. C’est là que L’Indice bohémien a vu le jour. Un journal coopératif et surtout, indépendant, qui a relevé le défi de durer parce qu’on en avait besoin.
uqat.ca/rentree
On a dû justifier beaucoup l’existence de ce journal. C’est en quelque sorte le reflet des régions dites ressources, qui sont perçues par beaucoup de gens dans les grands centres comme des colonies ayant comme simple mandat de fournir des matières premières et de remplir les coffres des multinationales, mais n’ayant pas leur justification propre en dehors du minerai, des épinettes et de l’hydroélectricité. Notre culture était pour le mieux secondaire. Maintenant,
j’ose penser que les temps ont changé. Malgré les cultures dominantes et américanisantes qui envahissent le monde comme une gangrène, notre perception de nous-mêmes est en pleine transformation.
Nous pouvons shiner à 700 km de distance du Mont-Royal et arrêter de justifier notre existence en fonction de la quantité de bois de construction qu’on peut fournir au reste de l’Amérique du Nord. Nous sommes ce que nous sommes. Hétéroclites et multiples. Ici, les mineurs côtoient les électeurs de Québec solidaire autour de la même bière de microbrasserie. Je mets au défi quiconque tente des grosses généralités sur le monde des régions de trouver un modèle type. Il y trouvera tout et son contraire. Ce qui est certain, c’est que le territoire nous façonne tous au moins autant qu’on est capable de le métamorphoser en l’exploitant. La lumière, le climat, la distance, les saisons, le décor. Et dans chaque petit bled perdu des quatre coins du monde, le même phénomène se répète à sa façon. L’humain a besoin d’habiter des territoires, de s’y nourrir, de s’y adapter. Nous avons besoin d’être nous-mêmes, ici, et de nous définir. Le monde a besoin d’être unique, car c’est la seule façon de survivre. L’Abitibi-Témiscamingue a longtemps souffert d’un syndrome étrange et très contradictoire : une fierté locale farouche mêlée à un sentiment d’infériorité culturelle par rapport aux grands centres. Si on ne perçait pas ailleurs, on ne valait rien ici. Nul n’était prophète en son Abitibi. La combinaison de plusieurs facteurs humains dans les vingt
ou trente dernières années a tranquillement transmuté les repères. Certes, Montréal ne sera pas remplacée comme métropole, mais le besoin perpétuel d’être sanctifiés par le monde de la grande ville s’estompe au fur et à mesure de nos réussites festivalières et éducatives… et de la montée fulgurante des hypothèques! Nous n’avons plus à être « aussi bons qu’à Montréal » parce que nous sommes aussi bons que nous-mêmes et que nos spécificités locales ont tout le potentiel pour être « assez ». Quand on y pense, le but ultime de tout individu est de trouver sa voie, pas de prendre le sentier battu par les autres. Beaucoup de créateurs très innovants l’ont compris et on les aime pour ça. Nous avons besoin de forger selon nos priorités et parmi elles, le développement technologique, la création, l’innovation. Nous pouvons shiner à 700 km de distance du Mont-Royal et arrêter de justifier notre existence en fonction de la quantité de bois de construction qu’on peut fournir au reste de l’Amérique du Nord. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas de celles qui prônent de rester chez soi à se regarder le nombril. Les frontières, physiques comme imaginaires, il faut les traverser. Aller voir ailleurs. Mais ça, tous les Abitibiens et tous les Témiscamiens le savent. Tout ce grand détour pour revenir à ce média improbable qu’est L’Indice bohémien. Tant que nous serons en train d’exister de toutes nos forces, il y aura des voix pour porter nos quêtes jusqu’aux consciences des lecteurs. Tant que nous serons des émetteurs soucieux de pertinence, d’intelligence collective, de volonté d’avancer, nous trouverons des récepteurs qui raisonnent à nos passions et à nos questionnements. Nous fournirons à L’Indice bohémien une raison de poursuivre sa mission coopérative d’être un média au service d’une population qui a quelque chose à dire. Bonne fête, L’Indice bohémien! Toute l’Abitibi-Témiscamingue te salue!
Bonne rentrée à l’UQAT INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 3
- L’ANACHRONIQUE -
HISTOIRE INVENTÉE PHILIPPE MARQUIS
Je vous écris une histoire en ce début d’automne. Il y a trois personnages dans ce récit : un grand-père nommé Sylvain, son fils André et la fille d’André, Aglaé. La scène se passe un après-midi de récoltes en famille. Il pleut un peu et des mésanges volent tout autour. Le temps se fait doux malgré tout. Le fils a 38 ans, il se vante d’être climatosceptique. Pour lui, les rumeurs de réchauffement de la planète viennent d’écologistes et de scientifiques « fêlés ». Son père Sylvain est sans mots face aux convictions de son garçon. Cela le trouble, d’autant plus que celui-ci a trois enfants. André donne l’exemple du jardin dont la récolte devrait être plus importante avec une température plus chaude. « On n’a pas plus de légumes que quand j’étais petit », argue-t-il. C’est le genre de preuves sur lesquelles il s’appuie pour refuser de faire son compost, de marcher ou faire plus de vélo, d’utiliser moins de plastique et de récupérer tout ce qui peut l’être. Pire, il refuse d’accorder à sa fille, Aglaé, 15 ans, la permission de manifester le 27 septembre prochain pour demander aux gouvernements d’agir pour sauver la planète. Une grève générale pour le climat est appelée cette journée-là. Aglaé se décourage de son père, mais peut compter sur son grand-père Sylvain qui, à 69 ans, comprend ce qui se passe et s’en inquiète, tout comme elle.
« Regarde », lui dit-il. « Regarde quoi? » répond André. « Regarde le pare-chocs de ma voiture. Nous sommes allés à Montréal aller-retour et dans les Laurentides pendant l’été. On a fait plus de 2 000 kilomètres. » « Et puis? » reprend le fils d’un air moqueur. « Il n’y a presque pas d’insectes écrasés. Avant ta naissance, dans les années 1970, on sortait du parc La Vérendrye avec le pare-chocs noir de cadavres d’insectes. Ils disparaissent! On dit même qu’une espèce d’insecte sur dix est menacée d’extinction. » Un fait aussi évident ne convainc pas celui qui voue une admiration sans bornes au président américain. Son père croit que le sujet le fait paniquer, qu’André a peur et préfère nier le problème plutôt que de l’affronter comme sa fille désire le faire. Mon histoire s’arrête ici. Le 27 septembre prochain, un mot d’ordre de grève mondiale est donné. J’invite les personnes qui lisent cette chronique à y participer du mieux qu’elles le pourront. Il s’agit d’un mouvement nécessaire qui va aller en grossissant. Car si Sylvain, son fils et Aglaé sont des personnages inventés, le réchauffement de la planète est, quant à lui, réel. Nous avons la responsabilité de faire tout ce que nous pouvons pour renverser sa vapeur.
Cet après-midi-là, alors que la famille ramasse les légumes du jardin et les transforme pour l’hiver, le ton monte une autre fois entre les deux hommes. À un moment, le paternel prend son fils par le bras et l’amène vers sa voiture sans dire un mot.
OCCASION SPÉCIALE
DEVIENS MEMBRE!
!
Deviens membre de la Coopérative de solidarité du Journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue
JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN
Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Prénom et nom : ___________________________________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________ Téléphone : ________________________________________ Courriel : __________________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.
4 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- À LA UNE -
DIX ANS PLUS TARD, UNE CULTURE PLUS ASSUMÉE LISE MILLETTE
Au début des années 2000, celle qui a été la première rédactrice en chef de L’Indice bohémien, Winä Jacob, s’est alliée avec un petit groupe de rêveurs dans le but de mettre sur pied un véritable journal culturel régional. Un journal dont la mission était d’appuyer les démarches de professionnalisation des artistes de l’Abitibi-Témiscamingue, mais aussi de faire rayonner la richesse culturelle de la région.
Dans son engagement à couvrir le territoire de l’AbitibiTémiscamingue, le journal embrassait ce désir de faire en sorte que l’on parle davantage des manifestations culturelles de la région, et ce, de manière très large pour y inclure à la fois les arts sous toutes leurs formes, le patrimoine, l’histoire, la gastronomie, qui sont aussi révélateurs de la culture du milieu.
« Il y avait quelque chose d’un peu intangible dans le désir de cerner ce qu’est la culture régionale, ce que c’est que d’être un Abitibien ou un Témiscamien et de faire un portrait de cette culture-là. Une manière très large de se faire le miroir de cette culture-là et de participer à déterminer l’identité culturelle régionale », résume Winä Jacob.
« De façon très anthropologique, ce que L’Indice bohémien nous présente c’est l’iceberg de la culture. Ce qu’on voit sur le dessus, les manifestations culturelles, mais la culture c’est ce qui est en dessous, ce qu’on ne voit pas », ajoute Winä Jacob.
Cette volonté de montrer ce qui se vivait culturellement sur le territoire a ainsi nourri l’intérêt de la découverte. Selon cette membre fondatrice, L’Indice bohémien a assurément contribué à ce qu’on parle davantage de ce nous collectif.
DES SOUVENIRS INCARNÉS De ses années passées à L’Indice bohémien, Winä Jacob conserve des tonnes d’histoires et les échos de rencontres variées, mais ce qui lui reste avant tout, ce sont les liens
noués avec les forces vives du journal : les bénévoles. « Ce dont je me souviens surtout, ce sont les liens que j’ai créés grâce au journal. Je me suis fait des amis, des connaissances un peu partout sur le territoire. J’ai pu ainsi mieux connaître ma région », confie-t-elle. Ces amitiés subsistent dans le temps, et au fil des ans, ce sont parfois des bribes de mémoire ou de conversation qui reviennent à la surface. « Je suis allée à La Reine récemment et en passant devant la prison d’Amos, je me suis souvenue qu’il y avait eu des journaux livrés là parce qu’une bénévole avait pensé en apporter. Ce sont des détails, mais L’Indice bohémien c’est aussi ça : l’étalement de tout ça ». Ces petites anecdotes qui composent une partie de cette culture riche qui se développe toujours sont autant d’éléments qui font de la jeune histoire de L’Indice bohémien un réservoir de moments intangibles qui contribue à la richesse d’une culture collective en Abitibi-Témiscamingue.
Dix ans plus tard, Winä Jacob estime que l’image de la culture a changé. L’impression d’être éloigné des grands centres ou d’être en manque de culture s’est estompée. Cette notion d’être loin a fait place à une effervescence et à un brouillement culturel auquel participe la population. « La fierté face à nos organismes culturels et à nos événements, d’une part, et l’étalement de cette culture à l’extérieur de la région d’autre part. Il y a une fierté à l’égard de la culture d’ici et à nos éléments culturels d’aujourd’hui », affirme-t-elle.
L’INDICE BOHÉMIEN : UN INDICATEUR ÉCONOMIQUE On doit à un professeur de l’Université Carnegie, aux États-Unis, Richard Florida, un outil d’analyse économique nommé Indice bohémien. Le nom du journal est inspiré en partie de ce concept théorique. « En gros, quand l’indice culturel et social d’une municipalité est élevé, son indice économique tend à le devenir aussi. Selon ce professeur, s’il y a plusieurs manifestations culturelles, les gens souhaiteront occuper ce territoire, y déménager, aller travailler et participer au développement de cette communauté », explique Winä Jacob. UN DES PREMIERS COMITÉS DE LA TABLE DE MISE EN PLACE DE L’INDICE BOHÉMIEN EN 2005 : CHANTALE GIRARD, GENEVIÈVE AUBRY, WINÄ JACOB, HÉLÈNE CLOUTIER, JULIE GOULET, ANNIE PERRON - SOURCE : CCAT INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 5
- TÊTE CHERCHEUSE -
LOCAL ET NATIONAL DOMINIC RUEL
Il y a encore eu deux ou trois canicules cet été, comme lors d’autres étés avant. Il n’en fallait pas plus à plusieurs, jusqu’à la mairesse de Montréal, pour affirmer qu’il s’agissait d’une preuve chaude et tangible du réchauffement climatique (quand il fait -35 o pendant deux semaines en janvier, il ne faut surtout pas confondre météo et climat). Les changements climatiques, produits par le réchauffement causé par l’effet de serre, sont bien réels. Mais la fin du monde n’est pas dans douze ans. Il faut agir de manière structurante. Car les petits gestes, qui permettent peut-être de dormir la nuit, ne suffiront pas.
« La culture, comme l'agriculture, façonne notre territoire et nous nourrit. C'est le levain de la pâte, qui nous permet de grandir et de nous émanciper en tant que peuple. C'est l'expression de notre héritage commun et de notre diversité, enrichis de génération en génération. »
Émilise Lessard-Therrien Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
6 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Il faudra passer par une révolution. Plutôt un rétropédalage. L’idée : un repli des États sur eux-mêmes. Un constat : commerce mondial et transport polluent épouvantablement. Les super-cargos qui traversent les océans brûlent des tonnes de mazout, de piètre qualité, et polluent plus que des centaines de millions de voitures. Sans compter l’avion et le camionnage (moins de voyages et de croisières aussi!). Un État fort peut faire respecter l’écologie de cette façon parce qu’il pourra privilégier le local, les réseaux courts, les productions nationales. Localisme, nationalisme et protectionnisme peuvent être des clefs. Mais le capitalisme n’en voudra pas, ni certains écolos d’ailleurs, qui veulent des frontières ouvertes et des déplacements à grande échelle pour tout et tous : marchandises, capitaux, personnes. On souhaite réduire notre impact sur l’environnement, mais on continue pourtant à signer des accords de libre-échange avec l’Asie ou l’Europe. Honteux paradoxe : en juillet dernier, le jour où l’Assemblée nationale française accueillait la jeune Greta Thunberg, venue enguirlander les élus, ces derniers adoptaient un accord de libre-échange Canada-Europe. Bravo! Du bœuf canadien se retrouvera sous peu dans les assiettes des Français, au bout d’un périple de milliers de kilomètres! Et pour nous, des tonnes de fromage! Il faudra pourtant être cohérent si l’on veut s’attaquer à ce transport polluant et réchauffant : tarifs douaniers, nationalisme économique, productions locales. Voici une stratégie certainement plus efficace que les signatures du Pacte pour la transition. Ceci demanderait par contre une vision partagée par de nombreux pays et des transformations radicales de notre consommation. Les prix vont monter au Costco, les Dollarama fermeront peut-être. Finis les fruits et légumes du bout du monde. Ricardo devra inventer des recettes à base de patate, de navet et d’autres produits de saison. Ce sera un sacrifice en matière de variété, de prix et de quantité. Plus encore, il faudra du courage, de la volonté et un réel leadership. Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir. Même si les gens se disent concernés ou consternés, qu’ils manifestent dans les rues, que l’écoanxiété est la nouvelle pathologie du siècle, quand on touchera au garde-manger, au portefeuille et à une certaine qualité de vie, ils verront rouge et moins vert.
- NUMÉRIQUE -
ARCHONS VS ZORGS : UN JEU DE DÉVELOPPEMENT TIM CERDAN
Après un baccalauréat en création numérique à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), il participe au projet DREAM en 2015, un jeu en réalité virtuelle porté par l’UQAT et l’hôpital Sainte-Justine de Montréal. Mais ce n’est pas assez pour l’artisan numérique qu’est Simon Descôteaux puisqu’il fonde en 2018 Les Jeux Némésis pour porter son premier projet de jeu de façon indépendante. C’est ainsi que naît Archons Vs Zorgs, lancé officiellement le 9 juillet dernier. Encore un jeu sur téléphone intelligent me direzvous? Peut-être pas, car Archons Vs Zorgs possède quelques caractéristiques intéressantes, dont la particularité d’avoir été développé entièrement en Abitibi-Témiscamingue! De plus, la totalité des chansons présentes sur le jeu a été composée par le groupe The Archons, évidemment! En tout, la création du jeu a nécessité 1500 heures de travail réparties sur la dernière année, des collaborations bénévoles de codeurs, d’artistes 2D et 3D et de Tommy Bastien pour le design des personnages. Le projet a bénéficié du soutien financier d’emploi Québec via le programme Jeunes volontaires ainsi que de nombreux dons. Le résultat de ce projet ambitieux est un croisement assumé entre Asteroids et Space Invaders pour les joueurs nostalgiques… Disponible gratuitement sur la plateforme Android, le jeu de style jeu de tir spatial (shoot them up) est d’une élégante sobriété. La prise en main est on ne peut plus simple, le graphisme agréable ne nécessite pas de faire des pauses pour se reposer les yeux et la progression linéaire ne souffre pas d’un excès d’imagination pour tenter de combler ses lacunes : on prend plaisir à dégommer gaiement quelques vaisseaux Zorgs sur un fond de métal symphonique en
ALEX ALISICH
Si par hasard vous venez à rencontrer Simon Descôteaux, il devrait apparaître rapidement au fil de la discussion que Simon aime la musique métal, et ce, depuis son adolescence… Guitariste de formation, il intègre en 2007 le groupe The Archons en tant que bassiste. La suite logique? Le développement numérique!
patientant dans une file d’attente ou en attendant que le souper soit prêt. Sans prétention, Archons Vs Zorgs remplit son rôle : celui d’un divertissement agréable en plus d’être une production locale. Quelle suite pour Simon Descôteaux et Archons Vs Zorgs? Le jeu doit atteindre son point de développement final dans les six prochains mois et Simon compte se lancer dans une maîtrise en création numérique. Le groupe The Archons se produira sur scène dans le cadre du Festival de musiques émergente (FME) en septembre. Archons Vs Zorgs a déjà été téléchargé par plus de 140 personnes en un mois. Souhaitons qu’il le soit encore de nombreuses fois!
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 7
- NUMÉRIQUE -
ATELIER 2.0 : EN ATELIER AVEC KATIA MARTEL VANESSA MAHONEY
Le mercredi 17 juillet 2019, à sa première journée de diffusion en direct sur YouTube, à la minute 14:55, un aigle passe dans le ciel. C’est un spectateur qui l’a aperçu, il l’a écrit en commentaire sous la vidéo. Une porte s’ouvre, on entend un coq, la diffusion en direct commence. Un café, des salutations, un plan poitrine, un téléphone en main, Katia commence sa routine. Une routine très semblable au quotidien auquel nous nous prêtons tous les jours. Katia Martel, conceptrice de bijoux contemporains, se prépare depuis longtemps pour son atelier en résidence. Contrairement à un film, la diffusion en direct d’un processus de création est très intime, très clandestine, authentique et surtout, non linéaire. C’est la fenêtre sur un atelier de l’autre côté de la rue que nous regardons ici et là, agrémentée d’une trame audio. Le meilleur moyen d’écouter une diffusion en direct est de laisser la vidéo jouer en arrière-plan, sur un deuxième moniteur si possible. Il ne se passe pas toujours quelque chose d’intéressant, mais l’impression d’un lien de connaissance se forme entre l’artiste et nous, spectateurs. Parfois nous apercevons un moment cocasse, parfois nous perdons le fil des événements. Bref, le contact humain prend un tout autre sens à travers le Web. Katia lit les messages que nous lui envoyons et répond de voix vive ou bien par écrit. L’intérêt de voir le processus de création, c’est l’impression d’entrer dans la tête de l’artiste. Katia Martel semble passer d’un sujet à l’autre, sans scénario. Elle intègre les visites surprises, ses inspirations et ses distractions. Son exploration de différents sujets, matériaux et dispositions reflète son instinct d’investigatrice. Dans ses diffusions en direct, Katia laisse
8 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
paraître son authenticité et narre ses procédés de conception aussi aisément qu’elle les met en application devant la caméra. Elle nous présente d’abord son dernier projet, Corps étrangers. Même si Katia s’est préparée pendant 10 mois à faire face à la caméra avec plus d’une soixantaine de vidéos, le fait d’expliquer un sujet connu lui permet de s’adapter très facilement à Atelier 2.0 en diffusion directe, avant de plonger dans le vif du sujet : créer un nouveau projet. Elle récolte ses objets d’inspiration, sa collection d’os d’animaux. Elle les montre et explique ce à quoi ils lui font penser. L’artiste jongle avec ses idées et avec la réalité. Elle se pose des questions à haute voix et interroge même les spectateurs sur YouTube. Elle explique ses expérimentations et fait un retour sur ce qu’elle a fait pendant la semaine. Tout au long des diffusions, les spectateurs l’encouragent et font part de leurs propres expériences. Le processus de diffusion en direct nous permet d’être témoins de tout le travail derrière la création d’un objet tel qu’un bijou. Nous sommes attirés par cette transparence, cette authenticité et ce contact humain qui manquent dans les émissions de type « comment c’est fait ». Atelier 2.0 est diffusé en direct sur YouTube via le site Web du Centre d’exposition de Val-d’Or tous les mercredis jusqu’au 18 septembre. Le 28 septembre, dans le cadre des Journées de la culture, l’artiste diffusera son travail en direct du Centre d’exposition.
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
- SPÉCIAL 10 ANS DE CULTURE -
Un vent de fraîcheur pour souffler 10 bougies MARIE-FRANCE BEAUDRY présidente du conseil d’administration de L’Indice bohémien
10 ans d’inspiration, de talent et de réflexion. 101 numéros de contenu culturel et social, mais surtout régional. C’est ce que représente cette édition. Force est de croire en la pertinence de la mission du journal qui vise à offrir aux artistes de l’Abitibi-Témiscamingue une tribune d’expression et de garder bien vivantes la culture et l’information de chez nous. J’ai entendu récemment qu’il aurait été impossible de démarrer ce journal tout seul. Ça prenait une équipe, un groupe, des personnes qui y ont mis leur cœur. Depuis sa constitution, l’esprit de ce journal est collaboratif, coopératif et 10 ans plus tard, on ressent encore ces liens, des liens forts qui rassemblent et caractérisent notre région même. Il fallait de la vision pour croire, dès le numéro 0, que 100 autres suivraient. Le moment est plus qu’opportun pour démontrer notre grande reconnaissance aux instigateurs de L’Indice bohémien d’avoir imaginé et entamé l’aventure. Encore aujourd’hui, L’Indice, c’est une centaine de bénévoles qui s’engagent pour diffuser des moments précieux de lecture. Des bénévoles qui écrivent plus de 300 articles par année et livrent ces bijoux dans près de 300 points de distribution. Des milliers d’heures bénévoles de la part d’administrateurs, de rédacteurs et de distributeurs; bref, des personnes qui y ont cru et qui y croient encore. Il ne faut pas oublier également de saluer les entreprises et les organismes qui croient à la portée de ce média ainsi que ceux qui acceptent de rendre disponibles chacun des exemplaires pour propager chaque édition dans tous les coins de la grande région de l’Abitibi-Témiscamingue. Il ne faudrait pas passer sous silence tous les employés du journal à travers ces années. Chacun y a mis son cœur, sa passion et ses couleurs pour semer la beauté et récolter la fierté. Encore aujourd’hui, nos fidèles lecteurs, dévoués bénévoles et précieux collaborateurs font en sorte que dans un contexte médiatique en mouvance, palper, feuilleter, toucher et sentir ont encore leur place. Certes, L’Indice bohémien se refait aujourd’hui une beauté avec le lancement de cette édition. C’est un honneur que nous lui faisons et que nous faisons à tous les artistes, chroniqueurs et nombreux rédacteurs qui animent ses pages afin que persiste la diffusion de la culture dans notre région pour plusieurs années encore.
2019 INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 9
- SPÉCIAL 10 ANS DE CULTURE -
LA DOUCE MUSIQUE DE CHANTAL ARCHAMBAULT MARIE-ÈVE THIBEAULT-GOURDE
En mai 2009, L’Indice bohémien publiait dans son tout premier numéro une entrevue avec l’auteure-compositriceinterprète Chantal Archambault. Il y a dix ans, on soulignait que la jeune femme passait du statut d’artiste « de la relève » à artiste « émergée ». Bien des choses se sont passées depuis cette époque dans la vie professionnelle de la jeune femme. Ses compositions musicales, brodées de douceur et d’harmonie, ont évolué, tout comme sa vision de sa carrière. Ce qu’elle croyait être une activité éphémère, à laquelle elle s’adonnait pour le plaisir, s’avère être une carrière viable et durable. Le duo Saratoga, qu’elle forme avec son conjoint Michel-Olivier Gasse, fait maintenant partie intégrante de sa vie et la musicienne se sent privilégiée de pouvoir s’engager pleinement dans sa carrière d’auteure-compositriceinterprète. Elle aime la beauté de la vie, les moments précieux et la possibilité de voir s’épanouir sa fille tous les jours grâce à sa passion. Son rayonnement est pourtant bien éloigné de l’industrie musicale de masse. Par l’entremise de Saratoga, Chantal Archambault recherche un contact direct avec son public, un lien plus restreint et intime lui permettant de développer une relation durable. Cette approche s’intègre aux messages que véhiculent ses compositions : on y retrouve des paroles et des émotions intemporelles, des sujets qui rejoignent son public au cœur de leur quotidien.
DE NOUVEAUX PROJETS POUR SARATOGA
COURTOISIE
Saratoga se produira en septembre prochain en Europe. Chantal et Michel-Olivier y ont déjà fait quelques passages et ont aimé l’approche très personnelle des diffuseurs envers leur public qui s’accorde avec une vision intime des rencontres avec les spectateurs.
10 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Ceci est une espèce aimée, un tout nouvel album, du groupe Saratoga paraîtra en novembre prochain. Dans la même veine que les albums précédents et avec une tendance à la slow music, il sera empreint d’encore plus de douceur que les autres. À découvrir lors des frais après-midis d’automne, bien emmitouflé sous une couette, pour se réchauffer le cœur.
- SPÉCIAL 10 ANS DE CULTURE -
GUILLAUME BEAULIEU… D’IL Y A DIX ANS À AUJOURD’HUI DOMINIQUE ROY
Il y a dix ans, Guillaume Beaulieu, originaire de La Sarre, résident de Rouyn-Noranda, citoyen honorable de Rollet et amoureux de l’Abitibi-Témiscamingue au grand complet, passait de « passion conteur » à « métier conteur » en lançant un coffret de cinq CD intitulé En Abitibi-Témiscamingue, on l’disait! Le projet des plus audacieux l’a conduit dans tous les recoins de la région 08 en quête d’anecdotes, de contes et de légendes propres à chaque municipalité. « Quand j’arrivais dans un village, la plupart du temps, je n’avais personne à rencontrer, aucun rendez-vous fixé. Je me rendais au dépanneur local, au restaurant ou au bureau municipal, j’expliquais mon projet, je leur demandais des noms et des adresses de gens qui ont des histoires à raconter et j’allais cogner à leur porte », se souvient-il. Il s’est nourri des récits de tout un chacun pour offrir des contes en version audio sur chaque patelin. Dix ans plus tard, après une deuxième tournée sur l’ensemble du territoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Guillaume Beaulieu s’apprête à lancer Aînés d’exception, un recueil de tranches de vie, d’exploits et de leçons de vie que lui ont confiés 160 aînés de l’Abitibi-Témiscamingue. Cette fois-ci, les aînés rencontrés sont ceux qui ont été recommandés par des gens de leur entourage. « On voulait avoir des gens qui, des fois, ont été dans l’ombre, mais qui, subtilement, ont fait une différence pour leur entourage ou leur collectivité par une leçon de vie, une tranche de vie ou une caractéristique qu’ils possèdent et qui fait qu’ils sont exceptionnels aux yeux de la personne qui les réfère. »
de trouver une structure beaucoup plus facilitante pour organiser son temps, sa méthode de travail et le classement de ses fichiers. Il décrit le Guillaume Beaulieu de la deuxième tournée comme étant beaucoup plus humble que celui de la première. Ses idées de grandeur sont devenues plus réalistes. Son envie de conquérir le monde n’est plus une priorité, l’AbitibiTémiscamingue étant un terrain de jeu suffisamment grand pour combler ses besoins de conteur. La vie de famille qu’il s’est créée au cours des dernières années et son pied-à-terre à Rouyn-Noranda sont des facteurs qui contribuent à son élan professionnel. Et dans dix ans? Il fera sa troisième tournée en canot volant super technologique, il offrira du mentorat, il interprétera l’œuvre de grands conteurs, il aura exploré certaines parties du monde à travers les contes d’auteurs internationaux, il continuera d’animer les fêtes-anniversaires des municipalités avec ses contes et ses légendes, il aura acquis de nouvelles techniques de conte, il aura suivi des stages de formation. Bref, le conte fera encore partie intégrante de son univers.
Même si une décennie s’est écoulée entre les deux tournées, l’artiste reconnaît que, dans les deux cas, le projet s’est avéré d’une grande envergure, encore plus que ce qui avait été pensé au départ. Par contre, il dit avoir appris de sa première tournée. Cette fois-ci, il a su éviter le surmenage en plus
COURTOISIE
Ces rencontres avec les aînés lui ont permis de creuser davantage dans la psychogénéalogie et il a ressenti une certaine urgence d’agir. « Il y a beaucoup de gens que j’ai interviewés lors de ma première tournée que j’aurais aimé rencontrer à nouveau, mais qui sont décédés depuis le temps. Et même pour la deuxième tournée, entre le début et la fin, il y en a déjà quatre ou cinq qui sont décédés, qui n’auront même pas eu la chance de lire leur récit. »
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 11
- SPÉCIAL 10 ANS DE CULTURE VALÉRIE MARTINEZ directrice générale L’Indice bohémien, c’est plus de 150 bénévoles fidèles et motivés, c’est un conseil d’administration qui change tous les deux ans, c’est une graphiste qui joue avec les espaces du journal, c’est une correctrice qui passe du temps à lire les textes, c’est une comptable qui soutient la direction et qui surveille nos données financières. L’Indice bohémien, c’est surtout deux personnes : l’une s’occupe de tout ce qui touche à la rédaction et aux communications et l’autre vend de la publicité, organise les rencontres avec le conseil d’administration, s’occupe de la distribution, de l’administration et du financement. Assumer toutes ces tâches relève souvent du défi, surtout dans les périodes de roulement de personnel, de bénévoles et d’administrateurs. Pas toujours facile! Les départs créent un certain déséquilibre et c’est une des raisons pour lesquelles les rédacteurs et directeurs généraux de L’Indice bohémien affirment souvent que ce journal relève du miracle! Pour ma part, ce qui me motive le plus dans ce travail, c’est le défi de réussir à faire un journal tous les mois, mais c’est aussi de sentir l’entraide de nos bénévoles. Sans eux, vous ne seriez pas en train de me lire. Car si personne n’écrivait dans le journal, L’Indice bohémien compterait bien peu de pages et si personne ne le distribuait, il ne pourrait pas être régional et finirait par disparaître. La force de ce journal, c’est vous et c’est nous. L’équipe, le conseil d’administration, les bénévoles, le lectorat, les partenaires, les villes, les MRC, le Conseil de la culture, les festivals et les centres d’exposition, les acheteurs de publicités et tous ceux qui soutiennent L’Indice bohémien à leur manière.
NATHALIE TOULOUSE
Ce que je souhaite pour l’avenir? Que ce journal culturel témiscabitibien poursuivre sa mission dans ses formats physique et numérique, et qu’il ne cesse jamais d’exister.
12 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
TÉMOIGNAGES
MARIANE MÉNARD coordonnatrice à la rédaction Mon histoire avec L’Indice bohémien a commencé en 2016, lors de mes premières visites en Abitibi-Témiscamingue. Je vivais entre Montréal et Val-d’Or, en attendant de m’établir dans la région de façon plus officielle. J’ai remarqué ce journal en faisant l’épicerie. C’est en lisant L’Indice bohémien que j’ai commencé à ressentir et à saisir l’importance des arts et de la culture dans la région. Plus tard, j’ai été bénévole à la rédaction (pas la plus assidue, je le confesse!) avant d’être repêchée pour assurer la coordination des tâches rédactionnelles. Quel honneur et quel plaisir de travailler avec une équipe aussi diversifiée et talentueuse! Des gens de tout azimut se l’approprient en le lisant, en y écrivant ou en le distribuant. Cette diversité l’enrichit. Connaissez-vous beaucoup de médias dans lesquels écrivent des jeunes du secondaire, des professeurs d’université, des retraités, des exilés de la région, des travailleurs de tous horizons? Comme l’ont dit d’autres avant moi, chaque numéro de L’Indice bohémien est un petit miracle. Quand je pense que ce journal est porté par un conseil d’administration dévoué, par une toute petite équipe de deux employées permanentes et par une tribu de généreux bénévoles à la rédaction et à la distribution, je réalise que chaque journal est un tour de force et me sens privilégiée d’ajouter mon nom à la liste de ses artisans et artisanes.
ARIANE OUELLET, éditorialiste De 2013 à 2015, j’ai été à la barre de la rédaction du journal. Chaque mois, nous avions une rencontre avec le comité des sujets : Véronic Beaulé au Témiscamingue, Geneviève Béland pour la Vallée-de-l’Or, Sophie Ouellet en Abitibi-Ouest, Suzie Éthier à Rouyn-Noranda et Sylvie Tremblay pour la MRC d’Abitibi. Elles étaient les antennes des cinq coins de la région pour trouver et proposer des sujets pour remplir le tableau du mois suivant. Ce qui m’a étonnée au début, et qui a continué de me surprendre d’année en année, c’est que chaque mois, il y avait au menu au moins trois à quatre fois plus de sujets possibles à traiter que ce que nos bénévoles pouvaient couvrir et/ou que le journal pouvait contenir. Un beau problème, comme on dit. Bien entendu, tous les sujets n’ont pas nécessairement le même rayonnement, mais le devoir de la rédaction a toujours été de rendre justice à cette incroyable vitalité, en mettant en lumière les petites comme les grandes initiatives culturelles partout dans la région. Ce que je retiens de ces années à la rédaction, c’est le défi constant de faire les meilleurs choix possible, souvent avec les moyens du bord. Après toutes ces années d’implication, je ne connais pas encore la moitié du monde qui représente le « milieu culturel », si foisonnant, hétéroclite et en constante évolution. Moi qui aime par-dessus tout les occasions de rencontrer du monde allumé, ça me donne une bonne raison de continuer!
JENNY CORRIVEAU rédactrice en chef de mai à novembre 2015
LISE MILLETTE, rédactrice en chef d’avril 2017 à avril 2018
TOMMY PILON, rédacteur en chef de juin 2015 à mai 2016
L’appel du Nord m’est venu après avoir lu le livre Elles ont fait l’Amérique, de l’anthropologue Serge Bouchard. Une envie irrésistible de migrer m’a envahie. Une idée folle de quitter le sud de la province et la grande ville pour un nouveau chez-moi.
C’est un privilège et un honneur d’avoir pu contribuer à L’Indice bohémien, qui m’a notamment permis d’aller à la rencontre des Premières Nations et de découvrir un univers jusque-là inconnu pour moi; de rencontrer des personnes extraordinaires issues de la communauté socioculturelle de la région et de constater leur incroyable vivacité et dynamisme. Par ailleurs, dans une ère où la rectitude politique a pris une ampleur démesurée et où les tribuns sont susceptibles de se faire censurer ou crucifier à tout moment en raison de leurs propos qui déplairont ultimement toujours à une multitude de groupes ou d’individus, j’ai particulièrement aimé la très grande liberté éditoriale qui m’a été accordée. Il s’agit d’une denrée de plus en plus rare aujourd’hui, et je souhaite de tout cœur que L’Indice continue de porter le flambeau à cet égard.
Pas question toutefois de tout quitter sans l’assurance d’un nouveau port d’attache, sans la certitude d’un travail. C’est L’Indice bohémien qui a été ma carte d’accès en AbitibiTémiscamingue et mon guide géographique sur ce grand territoire. Quelle belle porte d’entrée que celle des créateurs, idéateurs, artistes et poètes en cette grande étendue de courage, d’épinettes et d’horizon aussi large que le ciel. Mes mois au journal m’ont permis de découvrir une culture insoupçonnée, de faire des découvertes et de nouer des liens. Comme néo-Abitibienne et néo-Témiscamienne, ce passage à L’Indice a été mon initiation à ma terre d’adoption. Si on vient pour quelqu’un, on choisit de rester pour tous les autres. Merci à L’Indice!
Beaucoup de personnes talentueuses ont marqué L’Indice bohémien par leur passage. C’est le cas de Jenny Corriveau, qui a été membre du premier conseil d’administration du journal culturel de L’Abitibi-Témiscamingue en plus d’avoir occupé le poste de rédactrice en chef de mai à novembre 2015. « Je venais tout juste de m’établir dans la région », se souvient Jenny, qui revenait alors d’un séjour de dix ans à Montréal et réapprenait à connaître sa région natale grâce au programme Place aux jeunes en région. « J’ai vu l’édition zéro qui a été distribuée aux participants de Place aux jeunes, j’ai trouvé le projet fabuleux », explique-t-elle. Puis, l’occasion d’occuper le poste de rédactrice en chef s’est présentée à Jenny Corriveau. Elle se souvient de l’intensité du travail, mais aussi du plaisir que cela représentait. « J’ai été à la rédaction de L’Indice bohémien pendant un certain temps, où j’ai travaillé très fort et tripé très fort. Côtoyer la culture d’aussi proche est un cadeau. C’est une organisation qui est vraiment magnifique », confie-t-elle. Celle qui multiplie les projets culturels et y met tout son cœur souligne la singularité de L’Indice bohémien. « C’est le seul média qui est consacré exclusivement à la culture. L’Indice bohémien, ça parle au cœur des gens. Tu ne lis pas L’Indice bohémien pour apprendre des nouvelles, tu ne lis pas L’Indice bohémien pour t’informer sur la météo, pour lire ton horoscope. Tu lis L’Indice bohémien pour te faire vibrer avec ta région. » L’Indice bohémien salue Jenny Corriveau pour sa contribution au rayonnement des arts et de la culture en Abitibi-Témiscamingue!
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 13
MARYSE LABONTÉ, coordonnatrice de 2012 à 2014 Je suis arrivée à L’Indice bohémien dans le cadre d’un retour dans la région. À l’époque, les membres du conseil d’administration étaient à la recherche d’une personne pour un remplacement à la direction générale, à la suite du départ de Maurice Duclos. J’ai donc assuré ce remplacement d’avril à juin 2012 d’une façon intérimaire, puis de façon permanente d’août 2012 à décembre 2014. Je connaissais déjà ce journal pour sa spécificité culturelle et sa qualité. Pourquoi avoir choisi ce journal, me direz-vous? Pour sa mission régionale! Travailler pour l’Abitibi-Témiscamingue me tient à cœur. Je connaissais déjà le milieu des arts visuels par l’entremise de ma mère. Travailler avec des gens du milieu culturel représentait une belle occasion de me reconnecter avec mes racines abitibiennes. Une des premières choses qui m’a interpellée, ce sont les échos que j’avais de gens des territoires de MRC autres que celle de Rouyn-Noranda. Ceux-ci avaient bien souvent le sentiment d’être oubliés. On me disait que L’Indice bohémien était le journal de Rouyn-Noranda! C’est pourquoi j’ai entrepris une consultation régionale pour recueillir les doléances des lecteurs afin de rendre le journal « plus régional ». Par la suite, je me rappelle avoir été assez exigeante sur le nombre d’événements à couvrir par territoire pour répondre aux attentes de tous.
L’Indice bohémien remercie chaleureusement les personnes suivantes pour leur contribution au journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue et à la diffusion des arts et de la culture de la région : Les coordonnateurs, coordonnatrices, directeurs et directrices Maurice Duclos, Nicole Gaulin, Jérôme Gauthier, Pamela Kell et Maryse Labonté; Les rédacteurs et rédactrices en chef Astrid Barrette-Tessier, Jenny Corriveau, Jessica Gagnon, Nicole Gaulin, Bruce Gervais, Winä Jacob, Maude Labrecque-Denis, Louise Lambert, Lise Millette, Ariane Ouellet et Tommy Pilon; Tous ceux et celles qui ont fait partie du conseil d’administration; Les graphistes, correcteurs, correctrices et comptables; Le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue; Les partenaires et annonceurs; Les collaborateurs et collaboratrices, les bédéistes ainsi que les bénévoles à la distribution.
MAURICE DUCLOS, coordonnateur de 2009 à 2013
DOMINIQUE ROY, bénévole à la rédaction
J’étais à la coordination pour le numéro zéro en mai 2009. À la suite de cet énorme succès, le conseil d’administration du journal et le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue ont décidé de se lancer dans la réalisation du premier exemplaire officiel en septembre 2009. Dix ans plus tard, il est toujours là, debout, fragile, mais debout devant la mouvance médiatique actuelle. Bravo!
J’écrivais des chroniques littéraires pour Le Reflet lorsqu’on m’a proposé de rédiger des articles pour L’Indice bohémien. Cette collaboration a commencé pour moi à l’automne 2011, et elle m’a permis de rencontrer des gens inspirants et vibrants, de visiter des lieux qui m’étaient alors inconnus, d’assister à des spectacles, des pièces de théâtre et des expositions, en plus de lire de nombreux romans, recueils et ouvrages d’auteurs originaires de l’AbitibiTémiscamingue. Au fil des ans, ce sont 40 articles que j’ai eu la chance de signer pour ce journal culturel, des écrits que je garde précieusement dans mon portfolio.
Un des enjeux est celui d’un grand besoin de bénévoles partout dans la région, tant pour la distribution que pour la rédaction. La disponibilité des bénévoles est un facteur très important pour le succès du journal. Comme je disais souvent, c’est bien beau de faire un journal, mais si on n’a personne pour le distribuer, on n’est pas avancés!
Pour moi, L’Indice bohémien est une série de souvenirs remplis de défis. Défi de mise sur pied d’un réseau de distribution partout dans la région. Défi de rentabilité avec l’apport d’annonceurs. Défi de coordination des nombreux bénévoles. Défi de représentativité de tous les secteurs du milieu culturel (musique, théâtre, danse, arts visuels, etc.). Défi de recrutement d’administrateurs provenant de toutes les MRC. Défi de survie à chaque édition (ou presque). Et moi qui aime les défis j’étais amplement servi. Merci L’Indice bohémien!
Depuis 2012, le lectorat s’est modifié. Les lecteurs ont de plus en plus le réflexe de lire leurs journaux et magazines en ligne. Gageons que L’Indice bohémien se tournera, dans un avenir rapproché, vers un contenu exclusivement numérique!
Je crois sincèrement qu’il est de notre devoir collectif de souligner la résilience, la persévérance et le dévouement des artisans qui en ont fait un média qui participe au développement régional. Félicitations à toutes et à tous!
14 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Le 20e anniversaire du Théâtre de la Loutre a été un dossier marquant parce que je devais produire une série d’articles sur le sujet. Heureusement, Réal Couture a su bien me guider pour recenser les faits saillants de cette troupe témiscamienne. Je me souviens aussi de l’entrevue réalisée avec l’haltérophile Christine Girard qui lançait son livre jeunesse aux Éditions Z’ailées. Quel privilège de discuter avec une athlète olympique et de rédiger l’article qui allait faire la Une de l’édition de février 2018!
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DIX ANS DE CULTURE À TRAVERS LE REGARD DE MADELEINE PERRON MARIANE MÉNARD
Organisation structurante et acteur majeur du développement culturel en AbitibiTémiscamingue, le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (CCAT) a observé bien des changements dans la vie culturelle de la région, notamment depuis la naissance d’un journal culturel régional. Pour se remémorer les moments marquants de cette décennie, L’Indice bohémien s’est entretenu avec la directrice du CCAT, Madeleine Perron.
des effets collatéraux [de la vie culturelle des grands centres]. On a cette richesse, à notre mesure et avec nos défis. »
Ces dix dernières années ont assurément été mouvementées pour les artistes et organisations œuvrant dans le milieu culturel. De nouvelles réalités sont apparues et le CCAT, notamment, a dû s’adapter rapidement à ces changements, dont l’avènement de l’ère numérique. « Le numérique a eu un impact sur le modèle d’affaire de tous les secteurs d’activité – sur le plan de la production, de la commercialisation, de la création. Ça s’est extrêmement transformé », remarque Mme Perron. La rapidité avec laquelle évolue ce secteur oblige par ailleurs les institutions à tendre l’oreille aux tendances, aux réalités changeantes. « On a toujours été extrêmement préoccupés pour que ce soit structurant pour le milieu culturel. Au Conseil de la culture, en 2012, on avait déjà fait un colloque sur le numérique. On commençait aussi à faire des liens avec l’UQAT et la formation en création numérique. On a toujours essayé d’être à l’affût et de développer des compétences du milieu culturel de l’Abitibi-Témiscamingue », ajoute Madeleine Perron.
Toujours dans sa mission de travailler au développement culturel de la région, le CCAT a plusieurs projets en branle. En plus de la poursuite de ses objectifs en lien avec le développement numérique, c’est auprès de la jeune relève qu’il prévoit intervenir d’ici les deux prochaines années afin de connaître ses intérêts. « On se rend compte qu’elle est très volatile, elle n’est pas facile à cerner, pas facile à dénicher », remarque Madeleine Perron.
POUR LA SUITE DES CHOSES
La mise en place de projets collaboratifs est aussi dans la mire du Conseil de la culture. À ce chapitre, on projette de créer des liens avec les régions voisines du Nord-du-Québec et du Nord-Est ontarien. « On a toujours rêvé de faire quelque chose avec le Nord-du-Québec, le Nord-Est ontarien et l’Abitibi-Témiscamingue parce que ce sont nos territoires limitrophes, confie Mme Perron. On veut développer des réseaux d’artistes, des échanges, pour créer des productions qui se promènent un peu partout sur le territoire. »
À l’échelle nationale, le milieu culturel a également connu de nombreuses fluctuations sur le plan du financement. « Particulièrement en 2014-2015, se souvient Mme Perron. Plusieurs structures organisationnelles ont disparu. Ça a eu un grand impact. On a vécu quelques années où il y avait moins de possibilités de financement. » Pourtant, de nombreuses initiatives ont vu le jour pendant ces années, qu’on pense aux festivals ou aux nouveaux lieux de diffusion. « À cette époque, un autre grand chantier important [est apparu], c’est CULTURAT, ajoute Madeleine Perron. Le Conseil de la culture organisait vers 2009 un colloque sur le tourisme culturel, et c’est de là qu’est née cette initiative. » Si l’impact de CULTURAT s’est peu fait sentir sur le plan touristique, il a cependant été plus grand auprès des milieux municipal et entrepreneurial. « Le milieu culturel a réussi à développer des collaborations avec ces milieux-là qui étaient moins évidentes à faire auparavant », souligne Mme Perron.
L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, RÉGION ÉLOIGNÉE… ET ISOLÉE Chaque territoire possède ses particularités et ses défis,et l’Abitibi-Témiscamingue n’y échappe pas. Au fil de rencontres, de discussions et d’observations, Madeleine Perron constate que l’Abitibi-Témiscamingue, comme d’autres régions administratives, est une région éloignée, mais qu’à cela s’ajoute une autre caractéristique : l’isolement. « Quand un spectacle prend la route à partir de Montréal et qu’il va jusqu’à la Côte-Nord, il peut passer à Québec, en Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent, et même revenir par le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Mais ici, quand tu pars de Montréal, tu viens en Abitibi-Témiscamingue, illustre-t-elle. Y’a pas de raccourcis possibles, y’a pas de possibilités de gain pour ces compagnies qui viennent faire des spectacles. » Pour la directrice du CCAT, cette distinction apporte des défis, mais aussi de l’autonomie. « On n’a pas le choix de s’organiser une vie culturelle, parce que sinon, on ne bénéficie pas INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 15
- SPÉCIAL 10 ANS DE CULTURE -
SÉBASTIEN GREFFARD, 10 ANS PLUS TARD ISABELLE GILBERT
Sébastien Greffard en a accompli des projets depuis son passage à Belle et Bum en 2005. Sa débrouillardise lui a permis de se tailler une place de choix sur la scène témiscabitibienne. Il a accepté de faire un petit bilan de sa carrière au fil de quelques questions. Son aventure d’auteur-compositeur-interprète a commencé par le mini album C’est flou, lancé en 2004. En 2011, il récidive avec son album Dans ma talle, qui s’est vendu à 1200 exemplaires, en partie grâce au sociofinancement. La même année, il commence à jouer en duo avec son frère Francis pour toute sorte d’événements. En 2012, il devient professeur de guitare à l’École de musique d’Abitibi-Ouest. Parallèlement, il réalise des vidéos et a même animé, en 2014 et 2015, conjointement avec son frère Francis, Y fait show dans shed, une série de capsules mettant en vedette des artistes de la région. Puis, à la suite d’une résidence de création à l’Agora des arts, Sébastien Greffard réalise le Projet Couch en duo avec Marie-Ève de Chavigny. Ce spectacle de poésie et musique a vu le jour en avril 2018. Il lui est aussi arrivé de mettre son petit studio d’enregistrement, La Shed, au service d’autres chanteurs et musiciens. Par exemple, Jean Racine a enregistré l’entièreté de son album avec Sébastien. De plus, il préside le Comité Rapide Show qui organise des spectacles de variété dans l’église de Rapide Danseur. D’ailleurs, le prochain spectacle Rapide Show aura lieu le 14 septembre 2019 et mettra en vedette nul autre que Jean Racine!
Son meilleur conseil à un jeune qui voudrait vivre de la musique? Sébastien croit que c’est possible d’en vivre, mais il est essentiel d’être polyvalent et de pouvoir toucher à tout. Il faut être une pieuvre, avoir des plans B, C, D, etc. Il pense qu’il est bon de combiner un travail stable avec un horaire flexible à des projets musicaux parallèles. Il faut aussi persévérer et ne pas miser uniquement sur le succès. « Le succès ce n’est pas l’ultime but à atteindre. Je ne vois pas pourquoi on veut tous avoir du succès. Le succès c’est ce qui nous déçoit le plus. Entre le moment où tu commences et celui où tu accouches d’un projet ou que tu abandonnes, tu vis plein de belles choses. Ce qui compte c’est de faire de ton mieux sans t’attendre au succès à tout prix. » Quel est son meilleur coup? Sébastien Greffard croit que l’impact de son mini-album de 6 chansons C’est flou (2004) a été plus grand que le reste. À l’époque, il était à Montréal avec comme seul objectif de jouer de la guitare. Le déclic s’est produit le jour où il a gagné un concours de chant. « C’est arrivé par accident, mais c’était une révélation! C’était ce que je voulais faire! » C’était la première fois qu’il se lançait en solo et chantait. « Ça m’a amené à Belle et Bum et à Osisko en lumière. Tout a découlé de ce coup de dés là. » Qu’aurait-il fait différemment? Il n’aurait pas laissé la musique contrôler sa vie. Durant toutes ces années, il a évité les relations stables ou les emplois « d’adulte » de 9 h à 17 h par amour de la musique, au cas où il percerait. Il avait tellement entendu de gens lui dire qu’ils avaient abandonné la musique à cause de la famille, des enfants et du travail, qu’il ne souhaitait pas reproduire ce modèle. Il a failli passer à côté de la vie de famille à cause de son objectif de faire de la musique et sait maintenant qu’il est possible de faire les deux. Au fil de toutes ces années, Sébastien a toujours touché à la musique. Comme une maîtresse omniprésente, la musique a souvent empiété sur sa vie personnelle, mais il est maintenant parvenu à trouver un meilleur équilibre. À 44 ans, Sébastien Greffard a fixé ses racines dans son village natal de Rapide-Danseur où il vit avec sa conjointe Martine Fortier Gauthier. Ils sont les heureux parents de Lou et Iza. Chaque chose arrive en son temps! 16 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
JEAN CARON
Au FRIMAT 2019 à Val-d’Or, son groupe Rang 8 fondé avec Sydney Boutin, Alexandre Boissé et Francis Greffard, a remporté le Prix coup de cœur du public et la bourse FME. Encouragés par la réaction du public, les compères prévoient travailler à la réalisation d’un album.
- MA RÉGION J’EN MANGE -
BROCHETTE DE PORC SAUCE BBQ À LA BIÈRE ROUSSE DES PRAZ ET SALADE TIÈDE DE POIREAUX RÉGIS HENLIN Les Becs Sucrés-Salés, Val-d’Or
INGRÉDIENTS POUR LES BROCHETTES (2)
INGRÉDIENTS POUR LA SALADE DE POIREAUX
1 1 1 10
1 1 75 g 30 ml (2 c. à s.) 3 ml (½ c. à t.) 8 ml (½ c. à s.)
filet de porc oignon rouge sauce BBQ à la bière rousse Des Praz mini poivrons rouge et jaune
poireau carotte beurre huile d’olive moutarde de Dijon vinaigre de Reims
COURTOISIE
PRÉPARATION DES BROCHETTES Couper le filet de porc en cube. Couper l’oignon rouge en cubes. Laver les poivrons. Enfiler les cubes de porc, les cubes d’oignons et les minis poivrons sur les bâtons à brochette en les alternant. Faire saisir chaque côté de la brochette sur le BBQ ou à la poêle. Baisser le feu du BBQ et laisser cuire à feu doux pendant 10 minutes, ou au four à 350 °F (180 °C) pendant 15 minutes. Avant de servir ajouter, la sauce BBQ Des Praz sur les cubes de votre brochette.
PRÉPARATION DE LA SALADE DE POIREAUX Éplucher et râper finement la carotte. Émincer finement le poireau et le laver trois fois afin d’éliminer le sable. Égoutter. Dans une poêle, faire fondre le beurre, faire tomber les poireaux et la carotte. Dans un saladier, disposer la moutarde et le vinaigre de Reims. Mélanger et laisser reposer deux minutes. Au fouet, ajouter l’huile d’olive. Mélanger ensuite le mélange poireaux-carottes et remuer. Servir la salade tiède avec votre brochette. Bon appétit!
À Rouyn-Noranda le partage de la route ÇA NOUS CONCERNE TOUS
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 17
- MUSIQUE -
LE FRIMAT A 15 ANS! JADE BOURGEOIS
La 15e édition du Festival de la relève indépendante musicale de l’Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT) s’est tenue du 24 au 27 juillet dernier à Val-d’Or. Encore une fois, l’organisation a gâté ses festivaliers avec une programmation éclectique et originale rassemblant des artistes professionnels et de la relève régionale de tous les styles musicaux. Nouveautés cette année : l’ajout de La Cabane comme lieu de diffusion pour les spectacles de fin de soirée ainsi que le pique-nique familial à Kinawit.
UN PUBLIC DE QUALITÉ Malgré une foule moins dense qu’à l’habitude, Mélissa Drainville, coordinatrice du FRIMAT, est positive et satisfaite : le public était en feu, les spectacles de qualité et les activités diversifiées et dynamiques. Plusieurs raisons allant des dates choisies pour l’événement à la multiplication des festivals dans la région pourraient expliquer la baisse de participation, mais Mélissa Drainville est sans équivoque : « J’aime mieux avoir 50 personnes en feu qui regardent le show et qui tripent, que 400 qui regardent leur téléphone et qui jasent ».
LE FME TIENT À REMERCIER SES PRÉCIEUX PARTENAIRES SANS QUI RIEN NE SERAIT POSSIBLE :
P RÉSENTATEUR OFFICIEL
CO-P RÉSENTATEUR
UN PREMIER ARTISTE AUTOCHTONE AU FESTIVAL PARTENAIRES OFFICIEL S
Fait intéressant, cette 15e édition soulignait la première participation d’un artiste des Premières Nations au FRIMAT. Matiu, auteur-compositeur-interprète originaire de la communauté de Mani-utenam sur la Côte-Nord, a donné toute une prestation lors du pique-nique à Kinawit. Ce moment magique s’inscrit dans les bons coups du FRIMAT et a permis de refléter encore mieux la diversité culturelle et musicale québécoise. PARTENAIRES
QUEL AVENIR POUR LE FRIMAT? Pour l’instant, l’avenir du FRIMAT est plutôt flou. Chose certaine, l’organisation continuera de créer des projets et de soutenir les artistes d’ici. La forme changera probablement, mais le mandat restera le même. Tout près de son départ à la tête du festival, Mélissa Drainville a un souhait : « que les gens continuent à être curieux et à nous faire confiance pour faire des découvertes, surtout pour la vitrine ».
PARTENAIRES GOUVERNE MENTAUX E T INSTITUTIONNEL S
MARYSE BOYCE
Nous remercions aussi nos fournisseurs officiels, nos partenaires médias, nos partenaires techniques, nos lieux de diffusion, nos collaborateurs ainsi que les amis du festival qui contribuent aussi à la magie de l'événement!
18 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- MUSIQUE -
25 ANS À PRENDRE « LA CLÉ DES CHANTS » LISE MILLETTE
« Quand on chante, on ne pense pas aux problèmes de la journée ni à ce qu’on va faire demain. On ne pense qu’à chanter », résume Sylvie Bergeron, responsable de la chorale La clé des chants, qui célèbre ses 25 ans cette année. Des quatre membres fondateurs, trois font toujours partie de ce petit ensemble du Témiscamingue : Claudette Caza, Réginald Laferrière et Sylvie Bergeron.
À l’aide d’un programme informatique, les membres apprennent leurs partitions selon leur tonalité : soprano, alto, basse ou ténor. En 25 ans, le groupe est passé de 4 choristes à 6, puis à 15 en 2019. Enseignant aujourd’hui retraité, Jacques Larouche s’est joint au groupe il y a 15 ans, avec sa conjointe. « En toute amitié, on venait chanter une fois par semaine. Ça fait du bien et c’était une condition pour mon épouse qui souhaitait apprendre à connaître des gens. La chorale est devenue une sortie de couple », raconte-t-il tout sourire.
LISE MILLETTE
Cette dernière s’est initiée au chant choral en 1972, avec le chœur de l’église Saint-Joseph. L’ensemble La clé des chants a été officiellement créé en 1994.
Fiers de notre région, soyons les premiers Verts à Ottawa!
Aline Bégin
Les membres de La clé des chants habitent majoritairement Notre-Dame-du-Nord, mais on retrouve aussi des voix de Saint-Eugène-de-Guigues, de New Liskeard et de Belle Vallée. L’œil taquin, Réginald Laferrière confie avoir été incité par un collègue de travail qui lui avait en quelque sorte lancé une boutade sur un chantier de construction des Maisons Champoux. « Tout a commencé au travail! Moi et un collègue, on chantonnait tout le temps. En fait, on ne faisait pas que chantonner, on chantait carrément! On m’a lancé : “tu devrais t’enrôler dans la chorale. ” C’est ce que j’ai fait et j’ai eu la piqûre », explique-t-il simplement. M. Laferrière reconnaît que le chant choral est exigeant et qu’au départ, le défi de chanter plus haut que sa sonorité naturelle représentait un défi. « Des cordes vocales, ce sont des muscles, alors ça se travaille », assure-t-il, soulignant lui aussi au passage qu’au fil des ans naissent des amitiés. Le groupe a tenu en juin un concert du printemps. Dans le passé, le groupe a aussi collaboré avec l’Orchestre symphonique régional et fait de petites tournées dans des résidences et des pavillons de personnes âgées.
Aline Bégin, candidate du Parti vert du Canada en Abitibi-Témiscamingue Semer l’espoir responsable avec les personnes et leur environnement
Contactez : aline.begin@partivert.ca faites connaissance avec alinebegin.ca
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 19
- MUSIQUE -
LA VITRINE DE LA RELÈVE : TOUJOURS PERTINENTE APRÈS 15 ANS JADE BOURGEOIS
Depuis déjà 15 ans, le Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT) remplit sa mission première avec brio : soutenir et mettre à l’avant-scène les artistes émergents de la région via sa Vitrine de la relève indépendante. Cette année, six groupes très différents ont foulé les planches de la salle Félix-Leclerc pour en mettre plein la vue aux festivaliers et tenter de remporter l’un des quatre précieux prix.
risque intéressant lorsque l’on sait que c’est le groupe de death métal Backstabber qui est ressorti vainqueur. Seul bémol : aucune femme n’a participé à la Vitrine cette année, ce que déplore l’organisation.
PLUS QU’UNE EXPÉRIENCE DE SCÈNE UNE SCÈNE MUSICALE EN SANTÉ Tous les ans, près d’une trentaine de candidatures sont envoyées à l’organisation. De ce nombre, seulement six sont retenues pour compétitionner lors de la Vitrine. Selon Mélissa Drainville, directrice générale du FRIMAT, le choix est toujours très difficile pour le jury. Toutefois, le nombre, la qualité et la diversité des candidatures témoignent d’une scène musicale régionale en santé. Pour mieux refléter la diversité abitibienne et s’ouvrir à d’autres cultures, les contraintes d’âge et de langue ont été abolies lors de cette 15e édition. Ainsi, plus d’artistes peuvent soumettre leur candidature et profiter du tremplin qu’offre la vitrine. C’est justement le cas de Rang 8, dont la participation marque une première au FRIMAT : les membres ont tous plus de 35 ans, chose qui aurait été impossible lorsque la vitrine n’acceptait que les 18 à 35 ans. De plus, peu de festivals au Québec acceptent le pari de mettre de l’avant des styles considérés nichés, comme le métal, et c’est bien ce qui fait le charme du FRIMAT. C’est un
Une prestation au FRIMAT est souvent le petit déclencheur qui peut pousser une carrière ou aider pour des projets. Selon Mélissa Drainville, en présentant autant des artistes de la relève que des artistes professionnels, le FRIMAT se démarque des autres festivals. « Ce qui est l’fun, c’est le mixage qui peut se créer entre tous les artistes durant cette fin de semaine là. Les liens qui se créent. Tout le monde mange à la même table en même temps, autant les pros que ceux de la relève. » C’est d’ailleurs un des points positifs qu’a soulevés le rappeur Pégro à la suite de sa participation à la Vitrine : la chance de rencontrer une foule d’autres musiciens talentueux tout en recevant des conseils constructifs de la part du jury. Les prix remis aux différents gagnants sont aussi bénéfiques pour les artistes. En repartant avec le grand prix, Backstabber profitera entre autres de journées d’enregistrement et d’une tournée de spectacles rémunérée. Bien qu’ils soient déçus de ne pas avoir remporté le grand prix, les gars des Sentinelles du Nord voient d’un bon œil l’obtention du prix de La Fabrique culturelle : ils pourront enfin créer un vidéoclip professionnel. Les deux autres récompenses, soit le prix de la Société Saint-Jean-Baptiste de l’Abitibi-Témiscamingue et la bourse du FME, ont été remis respectivement à Carambolage et à Rang 8.
[Peinture, poésie et photographie]
[Photographie]
[Peinture]
DEVENIR LE PAYSAGE
SHOW DE BOUCANE
UN DERNIER BAISER POUR LA ROUTE
MONA MASSÉ ET ALAIN MICHAUD
CHRISTIAN LEDUC
NICOLAS NABONNE
AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS DÈS LE 13 SEPTEMBRE
20 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- MUSIQUE -
TOURNÉE EN AUTRICHE DU CHŒUR INTERNATIONAL :
DES ABITIBIENS ÉTAIENT DU VOYAGE! ISABELLE GILBERT
Tout a commencé au printemps 2018 lorsqu’une des choristes de l’ensemble Florilège, Michèle Bélanger, m’a parlé de son projet d’aller chanter le Requiem de Mozart en Europe avec le Chœur international du chef Michel Brousseau à l’été 2019. Comme je connaissais le Requiem pour l’avoir chanté avec Florilège en 2014, j’ai décidé d’entrer dans l’aventure avec 12 autres choristes de l’AbitibiTémiscamingue. Il fallait profiter de cette opportunité!
AYEMIYEDAN NISIN 7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019
Le projet s’est amorcé en janvier 2019 avec des répétitions pratiques mensuelles à Montebello. La tournée du 19 au 29 juillet 2019 prévoyait sept spectacles dans les villes de Salzbourg, Vienne et Prague. Chaque choriste avait l’occasion de chanter à quatre concerts. Comme dans plusieurs chorales, les hommes, moins nombreux, étaient plus sollicités. En raison du manque d’espace, le chœur était séparé en deux dans la plupart des concerts, sauf dans la cathédrale StStephen à Vienne où tout le chœur de 153 choristes pouvait chanter. Dans la chaleur du mois de juillet, il était parfois pénible de respecter le code vestimentaire des églises :
FRANK POLSON 7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019
pantalons ou jupe longue couvrant les chevilles, manches longues ou trois-quarts bas, etc. Je dois dire que j’ai eu chaud et que j’ai abandonné le maquillage! Les églises médiévales étaient magnifiques avec leurs voûtes en ogive, leurs sculptures, peintures et vitraux : un festin pour les yeux! Et que dire de l’acoustique! C’était une merveilleuse expérience. À Salzbourg, nous avons chanté dans les églises St-Andrew et Gnigl, à Vienne à St-Michael et St-Stephen, à Prague, à St-Michael et St-Nicholas. Notre voyage nous donnait la possibilité de jouer aux touristes lors de nos journées libres. Celles-ci nous permettaient de participer à des excursions et aussi de flâner à notre rythme dans les quartiers historiques. J’ai adoré mon aventure et je pense déjà à mon prochain voyage chantant en Europe! J’ai la tête pleine de beaux souvenirs, de rencontres merveilleuses et de paysages grandioses.
ÉVÉNEMENT DANSE
SOVANN ROCHON-PROM TEP 31 AOÛT ET 1ER SEPTEMBRE 2019 À 15 H
MUSEEMA.ORG ISABELLE MÉNARD
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 21
26 septembre au 3 novembre 2019 s e e p r
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Consultez régulièrement notre page pour les activités, expositons et spectacles.
VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME MAISON.DE.LA.CULTURE.LASARRE
PRÉFESTIVAL
30 OCTOBRE
LE TRÈFLE NOIR / ROUYN-NORANDA
31 OCTOBRE 1 & 2 NOVEMBRE 2019 POLYVALENTE LE CARREFOUR / VAL-D'OR
SPECTACLES // SOIRÉE DANSANTE // ATELIERS // JAMS
LES RESTANTS DU BOULANGER LE DIABLE À CINQ LA SUITE LA DÉFERLANCE LES CHAUFFEURS À PIED SUIVEZ-NOUS SUR FACEBOOK
Festival de musique Trad Val-d'Or
BILLETS EN LIGNE SUR NOTRE SITE WEB
22 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
www.festivaltradvd.ca
- MUSIQUE -
KEEP HOPE PRODUCTIONS : DIX ANS DE PUNK À ROUYN-NORANDA MARIANE MÉNARD
Tout a commencé avec un spectacle, puis un autre. Aujourd’hui, cela fait dix ans qu’Antoine Denis organise des shows de musique punk à Rouyn-Noranda, sous sa bannière Keep Hope Productions.
LOUIS JALBERT
« J’avais juste envie de fêter mon anniversaire avec des amis », se souvient Antoine. Puis, les demandes se sont enchaînées. « J’ai reçu une belle offre et j’ai décidé de me lancer là-dedans. Après avoir organisé un premier spectacle, quelqu’un m’a écrit en me demandant “Est-ce que t’aimerais faire venir les Vibrators à Rouyn-Noranda?” – C’est un gros groupe d’Angleterre qui joue depuis 1976. J’ai dit “Go, on y va”. Les offres n’ont jamais arrêté et moi, je n’ai jamais arrêté non plus. » En dix ans, bien des choses évoluent. Beaucoup de personnes ont mis la main à la pâte pour produire des concerts mémorables, et beaucoup de groupes d’ici et d’ailleurs sont passés par Rouyn-Noranda. Antoine Denis se surprend lui-même de l’envergure de certains artistes qu’il a accueillis. « Tu te fais proposer des groupes que tu écoutes depuis toujours et tu te dis “ayoye, ils vont venir à Rouyn et je suis derrière tout ça!” » explique-t-il. Mais bien qu’il reçoive des grosses pointures de la scène punk, le producteur prend soin de mettre également de l’avant les artistes de la région.
S’il se souvient de plusieurs soirées marquantes, c’est l’ensemble des réalisations de Keep Hope Productions ainsi que leur variété dont Antoine Denis est le plus fier. « C’est de la musique punk, mais j’essaie aussi de toucher à tous les sous-genres de punk qui existent. J’essaie de faire plaisir à tout le monde et de me faire plaisir à travers tout ça! »
DEUX PHÉNIX POUR FÊTER KEEP HOPE Pour son anniversaire, Keep Hope fera renaître de leurs cendres les groupes rouynorandiens Copperfield et Nique à feu, qui se produiront respectivement les 13 et 14 septembre au Cabaret de la dernière chance. Ils seront précédés de groupes québécois. « J’ai eu envie de faire un retour aux sources, de faire ça avec des amis, des groupes avec qui j’ai créé des liens », explique Antoine Denis. On projette deux soirées de fête uniques, mais l’histoire est loin de s’arrêter pour Antoine et pour Keep Hope Productions. Déjà, les propositions affluent pour le jeune producteur et le calendrier 2020 se remplit. Que souhaite-til pour l’avenir? « Juste de continuer l’aventure. Que les gens continuent de venir aux spectacles, confie-t-il. C’est ma paye de voir tout ce beau monde rassemblé, en train d’avoir du plaisir et de voir que les groupes repartent heureux, qu’ils en parlent autour d’eux. »
ANTOINE DENIS, KEEP HOPE PRODUCTIONS
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 23
- ARTS VISUELS -
LA SIGNATURE GRAPHIQUE : UN ÉLÉMENT CLÉ DE PROMOTION DE LA SCÈNE MÉTAL IAN CAMPBELL
Une affiche par-ci et une autre par-là! Tous les jours, tant à la maison que dans la rue, survient un bombardement de publicités et de slogans à tout vent, à un point tel qu’on ne le remarque presque plus. Dans le milieu de la promotion de spectacles musicaux, l’affiche publicitaire est l’outil par excellence. L’exemple des Productions Ça Bûche, qui organisent des shows métal à Rouyn-Noranda, illustre l’importance de l’art graphique dans la promotion d’événements. La promotrice Geneviève Dumont nous explique la place qu’occupe l’esthétique dans les affiches dans l’univers de la musique métal.
Geneviève construit les affiches de ses spectacles depuis une quinzaine d’années et explique l’importance de travailler cet élément promotionnel. « Tout était là, mais ça manquait de clarté et de définition. Je travaillais avec des graphistes et elles m’ont conseillé des approches esthétiques nouvelles que j’ai appliquées aussitôt. » Pour elle, le défi est de faire en sorte qu’une affiche se démarque des précédentes tout en ayant une signature graphique définie. C’est un processus semblable à l’écriture de chansons, mais cette fois, il s’agit d’images agencées qui doivent à la fois informer, bien paraître et convaincre.
Bien entendu, il s’agit avant tout de construire un encadré publicitaire à l’aspect visuel accrocheur qui regroupe les renseignements dont le spectateur a besoin. Mais c’est sans compter que les amateurs de musique métal sont friands de graphisme décoratif. Les affiches des Productions Ça Bûche sont collectionnées par de nombreux adeptes, qui se donnent pour mission d’en ramener une après chaque spectacle. Plusieurs en tapissent les murs de leur appartement et les locaux de répétition des musiciens en débordent. Ceci constitue une forme de musée personnalisé où sont mis en évidence les spectacles qui marquent une vie de mélomane.
« La création de l’affiche varie selon l’ambiance de la musique, la popularité des membres du groupe et la richesse du graphisme des pochettes d’albums connues. J’ai toujours le même cadre informatif aux mêmes endroits afin de créer des repères faciles. » Cette forme d’art mineur se propage sur la toile et il n’est par ailleurs pas rare que des gens d’autres pays commentent positivement la qualité graphique des affiches créées pour les spectacles métal d’ici.
24 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
« Je dois également créer en fonction de l’affichage de rue. Le métalleux habitué à nos shows et qui se balade en auto sur l’avenue Principale, il va voir au loin une affiche d’un show métal local, sans pouvoir la lire. Ça lui annonce qu’il y a un nouveau spectacle au menu. Il va sur notre page Web et là, il voit les détails », explique Geneviève Dumont.
Rouyn-Noranda, Qc
En parallèle - Peinture
Elle rappelle que chez KeepHope Productions, une autre agence de promotion qui travaille dans la musique punk et ska, la graphiste Édith Boucher a un talent marqué pour ce type de travail spécialisé. « Comme ça, souligne-t-elle, les gens qui suivent les événements de la scène underground de Rouyn-Noranda savent reconnaître les affiches de tel ou tel style de métal ou de punk par un simple coup d’œil. »
Johannie Séguin
Horaire - Visites gratuites Lundi: Fermé Mardi au Vendredi: 10h à 17h Samedi et Dimanche: 13h30 à 16h
Gallichan, Qc
Exposition du 27 septembre au 17 novembre 2019
Les Missionnaires - Sculpture
LERIFT.CA
Jacques Baril
42 rue Ste-Anne, Ville-Marie (QC) J9V-2B7 (819) 622-1362 / emilie.lerift@gmail.com
27 SEPTEMBRE 17H
Centre d’exposition du Rift
VERNISSAGE
L’affiche du spectacle de la formation montréalaise The Agonist présenté à Rouyn-Noranda le 7 novembre 2015 illustre bien la spécificité de cet esthétisme. À la différence de bien des affiches de spectacles, celles du milieu métal impliquent clairement le logo du groupe. C’est une pièce identitaire importante pour les artistes. Les couleurs utilisées sont inspirées de la pochette du dernier album du groupe. Les thématiques esthétiques de ce genre sont nombreuses et font partie du langage publicitaire des promoteurs métal dans le monde entier.
C’est une forme d’art codifié pour mélomanes avertis. Exposer officiellement ces centaines d’affiches locales qui retracent plus de 30 ans de musique underground serait une belle initiative. Un nouveau public curieux se mêlerait aux habitués pour assister à un croisement entre l’art et la publicité.
L’AFFICHE ANNONÇANT LA PRESTATION DU GROUPE THE AGONIST EN 2015 EST UN BON EXEMPLE DE LA SPÉCIFICITÉ DE L’ESTHÉTISME ASSOCIÉ À LA MUSIQUE MÉTAL.
- LITTÉRATURE -
LILIE : L’APPRENTIE ADULTE ZACHARY MARCOUX, étudiant à l’école secondaire d’Amos
Publié au mois de mars 2019, le 3e tome de la série Lilie de l’auteur et journaliste amossois Samuel Larochelle a suscité l’intérêt de plusieurs jeunes. Lilie : l’apprentie adulte aborde différents aspects de la vie qui sont parfois beaucoup plus compliqués qu’il est possible d’imaginer, mais aussi des moments plus amusants qu’il faut apprécier en croquant dans la vie à pleines dents. À 16 ans, l’héroïne traverse des étapes importantes de sa vie et s’apprête à vivre de grandes émotions. On aime la manière dont l’intrigue se déroule, avec tous les détails importants qui aident à notre compréhension de la vie du personnage. Lilie : l’apprentie adulte s’adresse à tous ceux qui sont à la recherche d’une belle lecture, mais aussi à ceux qui veulent ressentir des émotions. J’aimerais terminer tout simplement en souhaitant la plus belle des lectures, peu importe le temps et l’endroit. Profitez-en le plus possible, appréciez chaque page du livre, mais surtout, prenez le temps, tout simplement. Bonne lecture!
présente
Miaja Rassemblement sur la langue anicinabe
2ème édition
« Kitci apitenidagon e anicinabemonaniyok » C’est important de parler notre langue.
12 et 13 septembre 2019 Kebaowek et Wolf Lake, situés tout près de la ville de Témiscaming. Suivez-nous sur Facebook : Minwashin-Premières Nations Abitibi-Témiscamingue Sur le web : minwashin.org
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 25
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26 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- LITTÉRATURE -
DEUX SORTIES LITTÉRAIRES POUR AMY LACHAPELLE DOMINIQUE ROY
ROMAN JEUNESSE : LES SECRETS DU SOUS-SOL
Comment arrive-t-elle à concilier le tout et à se concentrer sur chacun de ses projets? L’Indice bohémien a voulu en savoir davantage à ce sujet. « Je me suis fait un horaire, parce que sinon, je n’y arriverais pas. J’ai donc une journée par semaine qui est réservée à l’écriture, mais j’écris aussi la fin de semaine et le soir, surtout quand je suis en blitz. » Même si elle a l’habitude d’avoir plusieurs écrits en chantier à travers son emploi d’éditrice, cette fois-ci, elle a préféré écrire un roman à la fois, parce que le temps lui manquait. Elle a donc écrit le début de son roman adulte pour ensuite se plonger entièrement dans l’écriture de son roman jeunesse.
Dans ce 41e roman jeunesse de la collection « Zone Frousse » des Éditions Z’ailées, le sous-sol de Sarah-Jeanne devient le théâtre d’une nuit blanche tout en noirceur. L’Halloween est la fête préférée de la jeune fille et celle-ci tombe un vendredi 13. Des amies sont donc invitées à y passer une nuit sous le thème de la terreur. La nuit qui devait provoquer quelques frissons se transforme en nuit à glacer le sang. Un voisin étrange, un sous-sol lugubre, un film d’horreur, une voix, des bruits inhabituels, une panne de courant, une légende terrifiante, une pièce interdite, un cauchemar atroce, des messages morbides, un pacte diabolique, etc. Tous les ingrédients sont réunis pour effrayer le lectorat préadolescent. « Pour mon roman jeunesse, le personnage principal est inspiré de ma belle-fille qui adore tout ce qui touche à l’horreur, l’Halloween, les vendredis 13, etc. »
ROMAN ADULTE : LE DÉBUT DES PETITES ÉTINCELLES
LES DÉFIS DU LECTORAT
Publié par Libre Expression, le roman met en scène le personnage de Roxane, une jeune femme que l’auteure décrit comme étant un peu « molle » parce qu’elle prend peu de risques et qu’elle attend toujours après les autres pour bouger, pour prendre des décisions. Lorsque Mathieu la quitte, Roxane doit trouver la force intérieure de prendre sa vie et son avenir en main. Elle choisit de partir de son patelin pour s’installer à Montréal. Roxane vit une nouvelle aventure en solo qui est parsemée de rebondissements et de péripéties. Forcée à sortir de sa zone de confort, elle découvre un monde bien différent de ce qu’elle s’imaginait. Sa nouvelle vie obligée l’amène à découvrir une autre Roxane, celle qui sommeillait en elle et qui n’avait pas encore pris son envol, celle qui s’est toujours définie selon les autres est en quête de sa véritable identité.
L’auteure qui alterne entre le public jeunesse et le public adulte explique qu’il y a des défis pour chacun des lectorats. « Écrire pour les jeunes, ça demande une grande disponibilité pour faire connaître ses livres, que ce soit par des rencontres dans les écoles ou les salons du livre. Il faut être toujours actif, car c’est un public qui change continuellement, explique-t-elle en précisant la notion de changement par le fait que les jeunes vieillissent. Aussi, écrire pour les adultes est encore nouveau pour moi, alors que j’ai plus d’une quarantaine de livres pour la jeunesse publiés. De ce fait, j’ai davantage confiance en moi quand j’écris un roman jeunesse. J’ai l’impression que pour ce qui est du public adulte, on a plus de temps, plus de temps pour se faire connaître, plus de temps pour faire sa marque. C’est loin d’être le même rythme. »
Ce deuxième roman adulte d’Amy Lachapelle est très différent de son premier. Toi et moi ça fait six était inspiré de plusieurs expériences personnelles et familiales de l’auteure. Cette fois-ci, il en est tout autrement. « Pour celui-ci, l’idée m’est venue en discutant avec une collègue. Le personnage est à mon opposé et dans ce roman-ci, je me suis mis moins de barrières puisque le sujet est loin de ma réalité. Moi, je suis plutôt une fille d’action, qui bouge beaucoup, et malgré mon tempérament nerveux, qui se glisse souvent hors de sa zone de confort. »
Et en attendant la sortie de ses deux romans, déjà, l’auteure cogite sur ses deux prochaines œuvres. Les pauses ne sont pas pour elle parce que quand elle n’écrit pas, elle prend des notes, elle fait des gribouillis, et tout le temps, elle réfléchit.
SERGE GOUIN
Amy Lachapelle n’a assurément pas chômé au cours de la dernière année. En plus de son travail d’éditrice aux éditions Z’ailées, l’auteure d’origine témiscamienne a planché sur un roman adulte et un roman jeunesse dont les lancements sont prévus respectivement les 11 et 17 septembre.
INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 27
28 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- LITTÉRATURE -
LA BELLE HUMEUR DE LUCILLE BISSON TIM CERDAN
L’histoire commence en 2015. Après plusieurs tentatives avortées de publication de romans adulte, Lucille Bisson se laisse convaincre par son amie, l’auteure Marilou Addison, de tenter sa chance auprès de Boomerang, une maison d’édition spécialisée dans la littérature jeunesse. Trois ans et neuf romans (dont six succès de librairie) plus tard, on peut dire que la plume de Lucille Bisson a fait son bout de chemin. Et son imagination est loin d’être en berne.
Elle se fait également un point d’honneur d’écumer les bibliothèques et les salons du livre pour rencontrer ses lecteurs et lectrices et répandre son enthousiasme pour la littérature et la lecture. Lucille Bisson travaille également à un roman destiné aux adultes, plus mûri, à la trame plus complexe. Souhaitons le voir bientôt en librairie!
Depuis juillet 2019, le neuvième roman de Lucille Bisson est dans toutes les librairies au rayon de la littérature jeunesse. Pour son héroïne Marianne Bellehumeur, Lucille Bisson lance un cycle hors-série qui s’amorce avec Panique au mont Kalmia, septième roman de la série Marianne Bellehumeur. Ainsi, le phénomène qui agite le Québec entier depuis 3 ans, avec un tome 1 vendu à plus de 10 000 exemplaires et plus de 40 000 exemplaires pour l’ensemble des 6 tomes, n’est pas encore prêt à prendre fin puisqu’un deuxième tome hors-série sera publié en 2020. Mais 2019 n’est pas seulement l’année de Marianne Bellehumeur pour Lucille Bisson. En effet, l’auteure a également lancé au printemps sa nouvelle série jeunesse Griffes Académie, qui met en scène des élèves du primaire en classe « animaux étude », ainsi qu’Un voyage d’enfer, un roman de suspense et d’action rythmé, qui n’est lié à aucune série. Ce n’est pourtant pas fini pour la prolifique auteure originaire de Val-d’Or, car en septembre sortira un album destiné aux enfants de 4 à 6 ans. Doufie, mon ami gentil aborde les peurs des enfants et les moyens de les affronter, voire de les surmonter; il devrait par ailleurs trouver suite. Enfin, le deuxième tome de Griffes Académie sera quant à lui en librairie en octobre. Outre sa dévorante passion pour l’écriture, Lucille Bisson consacre également beaucoup de son temps au programme gouvernemental Culture à l’école, qu’elle enrichit d’ateliers littéraires et de sa philosophie « persévérer pour avancer ».
Madame Suzanne Blais Députée Abitibi-Ouest Présidente de séance e 259, 1 Av O,Amos QC J9T 1V1 e 29, 8 Av. E, La Sarre QC J9Z 1N5 suzanne.blais.ABOU@assnat.qc.ca
En ce beau mois de septembre je souhaite à tous et à toutes une rentrée automnale remplie de défis et de bons moments. Je vous invite également à participer aux activités culturelles régionales. Merci de votre confiance INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 29
- DE PANACHE ET DE LAINE -
TU M’AIMES-TU? GABRIEL DAVID HURTUBISE
J’écrivais à un vieil ami que le jour où je cesserais d’écouter des séries américaines à peine potables, que le jour où je ne mettrais plus les pieds dans une grande surface, trop occupé à me gargariser sur Nelligan drapé dans le fleurdelisé, alors là, là seulement, je me permettrais d’accuser les autres de laisser tomber lâchement la culture québécoise ou de ne pas s’y intégrer. Mais ce n’est pas le cas. La sphère d’influence de la culture américaine continue de s’étendre et nous devons faire avec, inventer de nouvelles manières de nous immiscer dans la machine. Peut-être retrouverons-nous bientôt Nelligan dans une série Netflix? Bien que l’anéantissement de la francophonie en Amérique n’ait pas eu lieu, la diversité culturelle du monde s’étiole plus rapidement qu’on ne l’avait présagé. Dans les pires temps, lorsque le dernier locuteur d’une langue
s’éteint, il n’y a plus personne pour partager le bonheur d’une émotion qui ne se comprenait pas ailleurs, plus personne pour décrire toutes les textures de la neige, le nom ingénieux des plantes, le bruit particulier de l’eau... Et puis le génie humain qui avait mis une éternité à construire une réalité entière, immense et unique, est emporté. Alors, si demain nous sommes encore un semblant de peuple fier capable d’écrire en français et heureux de célébrer la Saint-Jean-Baptiste sans honte, peut-être pourrons-nous encore demander « tu m’aimes-tu? » dans cinquante ans et saisir l’ampleur d’une telle demande. Peut-être que deux locuteurs pourront encore se frencher en français et qu’ils se parleront du goût de la neige. Peutêtre pourrons-nous sauver notre réalité à nous. Si notre langue et notre culture sont encore vivantes aujourd’hui, c’est qu’il y a aussi eu de bons coups. Voyez, il se trouve encore des gens pour faire de l’art chez nous,
dans notre région. Peut-être votre voisine est-elle une artiste! Cet acte de bravoure survient chaque jour et il se diversifie, se réinvente. De plus, il est documenté dans ces pages, par nous, pour nous tous, puis archivé dans nos armoires et nos mémoires. Il existe donc une volonté consciente de glorifier l’identité régionale, celle d’une petite nation des bois, celle de gens qui aiment leur territoire. Bravo à ceux et celles qui tiennent ce petit journal depuis dix ans, avec des miettes de pain. Ce journal, j’ai vu une dame distinguée le feuilleter dans la file de l’épicerie à Amos, un jeune homme le lire dans un café, à Rouyn. Une lectrice m’a écrit pour me dire combien un texte l’avait bouleversée, un matin d’avril, dépassant mes espérances. Puis je l’ai vu en feu pour chauffer un poêle, près du parc d’Aiguebelle. Et j’ai pensé, tant pis! Qu’il vous serve à chauffer votre foyer ou à rêver, tant qu’il sème en vous l’idée que la culture d’ici est bien vivante.
VIENS TE FAIRE VOIR!
ACHÈTE DE LA PUB! Pour t’afficher fièrement, contacte direction@indicebohemien.org
30 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
S’afficher dans le journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, c’est encourager la région à mettre en lumière les trésors de son territoire en plus de toucher des milliers de gens engagés chaque mois.
- RÉGION INTELLIGENTE -
GUILLAUME LE CONQUÉRANT ET LES TROIS LOIS DU NUMÉRIQUE MICHEL DESFOSSÉS
Ah, je commence à vous connaître, amis lecteurs! Vous aimez les contes, les fables puisant leur morale dans un monde parallèle apparemment coupé du nôtre, mais tellement similaire… Et puisque la direction de L’Indice bohémien m’autorise à prolonger ma chronique, voici donc l’histoire fabuleuse, mais authentique de Domesday, entrée dans la légende en français sous le vocable terrifiant du Livre du jugement dernier.
Tout comme il en va pour la santé humaine, il faut, en matière d’hygiène numérique, plus qu’un comportement personnel responsable : on doit aussi revendiquer la mise en place d’un cadre de santé publique numérique. Vous savez, un genre de prévention des pandémies ou, plus positivement, la promotion de saines habitudes de vie. J’en ai déjà parlé dans de précédentes chroniques, les lois actuelles fédérales et provinciales ne suffisent pas.
Il y a de ça plus de 1000 ans, un prince d’origine viking, Guillaume Le Conquérant, installe son régime sur l’Angleterre. Devant financer ses activités guerrières et étendre son emprise, Guillaume lance un vaste recensement de ses sujets, inventoriant aussi les richesses et possessions de ceux-ci. Il faut dire que Guillaume suspecte que certains cachent une partie de leurs avoirs au fisc. Le livre qui en découle s’avère la plus extraordinaire banque de données personnelles, géographiques et sociales sur l’Angleterre médiévale que les scientifiques d’aujourd’hui continuent de fouiller.
Pour référence, fallait voir le simulacre de commission parlementaire fédérale et estivale censé se pencher sur la protection de nos renseignements personnels où comparaissait le PDG de Desjardins. On a plutôt eu droit à de la partisanerie bas de gamme entre députés d’arrière-ban. Pas un PDG de banque à charte dans le périmètre, sinon deux ou trois consultants en sécurité informatique.
Il n’en fallut pas plus pour que, au début des années 1980, la très crédible société d’État britannique, la British Broadcasting Corporation (BBC), lance le projet d’un nouveau Domesday, version informatique, auquel les citoyens contribueraient pour la postérité. L’enjeu technologique s’impose : sur quelle plateforme déposer ces données afin que les utilisateurs du futur puissent s’en servir?
Alors, qu’ont dit les consultants en sécurité informatique? « Oui bien sûr les demandes de renseignements personnels exigées par les banques vont bien au-delà du raisonnable, mais que voulez-vous, il est trop tard, et ce, même si vous changiez votre numéro d’assurance sociale.
C’est un partenariat avec la firme Acorn qui fournit la réponse à la BBC. On opte pour une technologie de disques laser de grand format. Vous vous en doutez bien, la technologie en question, non soutenue par l’industrie informatique, devient rapidement obsolète et il s’avère impossible de consulter Domesday 2.0. Depuis, les plus grands spécialistes de l’informatique forent à la petite cuillère cette banque de données, extirpant par bribes le portrait du Royaume-Uni de la fin du 20e siècle.
Scheer et Trudeau? Partis flipper des boulettes de hamburger à Calgary!
« Mais alors que faire », de demander les députés inquiets? « il faut que les banques ouvrent des points de services matériels là où des individus seront à même de contrôler votre identité, de répondre les consultants. »
C’est dans la foulée du vol de données confidentielles des clients de Desjardins et de Capital One que j’ai entendu pour la première fois cette expression : l’hygiène numérique. M’est avis que ce ne sera pas la dernière occasion où cette pas très folichonne formule viendra troubler notre béate quiétude.
Quoi? Faire appel à des personnes? Alors que l’on ferme des points de services bancaires dans tous les villages? Apparemment, même si les institutions bancaires ne sont pas encore revenues à cette pratique, il y a retour en force du commerce physique! Jeff Bedos chez Amazon tergiverse actuellement entre 16 ou 17 formules d’expérience client matérielle devant agir en complémentarité avec l’achat en ligne. Ça semble aller dans toutes les directions, partant de la boutique ayant pignon sur rue au sortir de laquelle votre carte de crédit associée à votre compte Amazon aura débité sans la moindre interaction jusqu’à la rencontre d’un conseiller-vendeur-lubrifiant social. Et n’oublions pas les boutiques éphémères de Facebook, déjà ouvertes aux États-Unis et dans lesquelles on peut trouver des produits originaux non manufacturés à la chaîne, paraît-il.
Que devrait enseigner à notre époque et à nos dirigeants le cuisant échec de Domesday version moderne? Les 3 lois de l’informatique édictées par Jack Schofield il y a plus de 30 ans fournissent la meilleure réponse :
Bonne nouvelle? Ischhhh… Moi, la journée où les fraises du Témiscamingue seront vendues par Facebook, je prends le bois! Come on, le marché public c’est la dernière place d’affaires ou t’es pas obligé de donner ton nom pour acheter des petites fèves.
PETITES NOTIONS D’HYGIÈNE NUMÉRIQUE
1. Ne confiez jamais vos données à un logiciel sans savoir exactement comment vous pouvez vous-mêmes les extraire. 2. Considérez que vos données n’existent pas tant et aussi longtemps que vous n’aurez pas une deuxième copie de celles-ci. 3. Présumez que plus il vous sera facile d’extraire vos données, plus il sera facile pour quelqu’un d’avoir accès à vos données personnelles.
Non, pour moi, la mode du commerce matériel ne protégera jamais les citoyens. Une charte du numérique de l’Abitibi-Témiscamingue s’impose et elle devra comprendre une section sur la constitution d’une banque de données personnelles uniques fournies sur une base volontaire localement et respectant le droit à l’anonymat numérique. À l’État de développer l’outil, et pas au privé. La BBC et Guillaume le Conquérant comme consultants?
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- HISTOIRE -
LES MAIRES D’AMOS ET L’IMMIGRATION PIERRE LALIBERTÉ, Société d’histoire d’Amos
À l’époque de la colonisation, la région d’Amos a principalement attiré des Canadiens français venant de la vallée du Saint-Laurent et de ses affluents. Quelques personnages issus de l’immigration ont cependant marqué l’histoire par leur passage. En 1911, Maurice Bénard, immigrant français, a fait sa place comme premier marchand de la région. On vous en avait fait une présentation dans une édition précédente de L’Indice bohémien. Deux autres personnages ayant contribué à l’évolution de la municipalité méritent notre attention : Marcel Lesyk et Ulrick Chérubin. Marcel Lesyk est né à Lac Castagnier. Son père est d’origine ukrainienne et fait partie des familles qui ont participé au projet du père Josaphat Jean de créer une colonie dans les années 1920. Après des études classiques et en administration, il s’établit à Amos avec sa jeune famille. D’abord directeur général du ministère de l’Emploi et de la Solidarité, il s’implique comme échevin avant de devenir maire d’Amos en 1982. Sous son règne, on compte la construction du centre commercial, l’aménagement des berges de la
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rivière Harricana, l’aménagement du camping municipal, la fusion d’Amos et d’Amos-Est, le développement de l’aéroport municipal et la mise en place de mesures pour assurer la viabilité du Refuge Pageau. Ce maire très impliqué a donc amorcé et réalisé plusieurs dossiers. Haïtien d’origine, Ulrick Chérubin arrive au Canada en 1970 et s’installe à Amos en 1973, après des études en éducation terminées à l’Université du Québec à Trois-Rivières et son union avec Immacula Morissette. Il enseigne à la Commission scolaire Harricana, puis entame son implication dans le monde municipal en 1994. Il est élu maire en 2002 et sera réélu trois fois, en plus d’occuper le poste de préfet de MRC d’Abitibi de 2004 à 2008. Il a de plus siégé à la vice-présidence du Conseil régional de développement de l’AbitibiTémiscamingue (CRDAT) puis de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de 2009 à 2013. C’est sous son mandat que s’amorcent les fêtes du 100e anniversaire d’Amos, les rénovations du Théâtre des Eskers, la construction du nouveau pénitencier et celle du Centre communautaire Goyette-Ruel, la préservation de la Maison Hector-Authier et du Vieux-Palais ainsi que la 41e finale des jeux du Québec. Son implication s’étend également sur la scène paroissiale. Ulrick Chérubin a reçu plusieurs distinctions et médailles. Il est décédé en 2014. La construction de la passerelle Ulrick-Chérubin sur la Rivière Harricana, projet qui lui tenait à cœur, permettra à la population de se souvenir de ce grand personnage. Références : La Petite Gazette, Société d’histoire d’Amos, juin 2015, texte de Carmen Rousseau La Petite Gazette, Société d’histoire d’Amos, juin 2003, texte de Catherine Ménard.
- ÉDUCATION -
INTERROGER L’HÉRITAGE DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE À LA LUMIÈRE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION D’AUJOURD’HUI PASCAL GRÉGOIRE, professeur à L’UER en sciences de l’éducation (UQAT)
Les 14, 15 et 16 août dernier, l’Unité de recherche et d’enseignement (UER) en sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) accueillait le 23e colloque du doctorat réseau en éducation, sous la présidence d’honneur de la professeure Glorya Pellerin. Quelque 70 participants venus de plusieurs constituantes de l’Université du Québec ont échangé sur le thème 50 ans après la création de l’Université du Québec : des espaces à explorer, à habiter et à protéger en sciences de l’éducation. L’héritage de la Révolution tranquille en éducation, en transformation depuis les années 1990, constituait le fil conducteur de ce colloque scientifique. En tout, 31 ateliers, tables rondes et communications ont porté sur des espaces à explorer, soit des perspectives éducatives nouvelles auxquelles réfléchir. De plus, 13 activités ont traité d’espaces à habiter, notamment le patrimoine institutionnel et scientifique ou la collaboration en éducation. Finalement, cinq activités abordant les espaces à protéger ont remis en question ou rappelé l’importance de pratiques et d’institutions héritées de la Révolution tranquille. La Fondation de l’UQAT a remis quatre prix d’excellence scientifique à Isabelle Wouters (UQAM), Jolyane Damphousse (UQTR), Laurie Bergeron (UQAM) ainsi qu’à Pierre-Luc Fillion (UQTR). Le public, lui, a remis un prix Coup de cœur à Houria Hamzaoui, Nathalie St-Onge et Vivianne Beausoleil (UQAT) ainsi qu’à Martin Roy (UQAM).
ÉLISABETH CARRIER
La tenue de cet événement scientifique en AbitibiTémiscamingue avait valeur de symbole pour l’UQAT : après avoir célébré son 35e anniversaire l’an dernier, la plus jeune des constituantes de l’UQ accueillait pour la première fois ce colloque scientifique, le programme de doctorat réseau en éducation n’y étant offert que depuis 2016. En novembre 2019, L’Indice bohémien publiera une série d’articles sur les travaux présentés lors du colloque.
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BIBLIOS PAR EXCELLENCE 2018-2019 Mentions d’excellence remises à huit bibliothèques qui se sont démarquées
BIBLIO D’OR
BIBLIO D’ARGENT
BIBLIO DE BRONZE
MUNICIPALE : LA REINE
MUNICIPALE : CLÉRICY
MUNICIPALE : VAL-ST-GILLES
Marie-Hélène Riopel, Diane Philippon, Solange Perreault, Diane Petit, Guylaine Phaneuf
Élizabeth Carle, Lise Robin, Charlaine Ferron
Yvonne Carrière, Nicole Richer, Francine Gaudet
MUNICIPALE-SCOLAIRE : GUÉRIN
MUNICIPALE-SCOLAIRE : RÉMIGNY
MUNICIPALE-SCOLAIRE : STE-GERTRUDE
Anik Longpré, Gisèle Marcoux, Laurette Bouthillette, Yvette Denis
Isabelle Coderre, Lorraine McLean, Jocelyne Savignac, Carole Laforge
Colette Dumais, Nicole Lachance Audet
PRIX SPÉCIAL
BIBLIOTHÈQUE DE L’ANNÉE
LE RÉSEAU BIBLIO ABITIBI-TÉMISCAMINGUE NORD-DU-QUÉBEC, C’EST 70 BIBLOTHÈQUES! MONTBEILLARD
MONT-BRUN
Sylvie Morin, Maryse Rocheleau, Monique Trudel, Josée Trépanier, Daniel Adam
Devant : Ginette Boucher, Noëlla Thibault, Lucie St-Pierre Derrière : Odette Desrosiers, Diane Desrosiers, Francine Leblanc
34 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- ENVIRONNEMENT -
PLEINS FEUX SUR UNE ESPÈCE NOCTURNE MÉCONNUE FRÉDÉRIC CHARRON, chargé de projets au CRÉAT
Depuis deux étés successifs, le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) mène des inventaires d’engoulevent bois-pourri dans le secteur périurbain de Rouyn-Noranda afin d’en connaître davantage sur sa présence ici. Ces inventaires, réalisés en 2018 et 2019 grâce à la participation d’ornithologues bénévoles de la Société du loisir ornithologique de l’Abitibi (SLOA), ont permis de recueillir 24 observations d’individus dans un rayon de quelques kilomètres autour du centre-ville de Rouyn-Noranda.
INTÉRÊT POUR L’ESPÈCE L’engoulevent bois-pourri est un oiseau encore méconnu et pour cause : son plumage peut être confondu avec les feuilles de son environnement et bien que son chant soit caractéristique, il est surtout actif à l’aube et au crépuscule. Même si l’Abitibi-Témiscamingue est située au nord de son aire de répartition, l’espèce a été observée dans le secteur de Rouyn-Noranda. L’engoulevent bois-pourri est classé au Québec comme susceptible d’être désigné menacé ou vulnérable alors qu’il est considéré comme une espèce menacée au fédéral.
SON IMPORTANCE POUR L’ÊTRE HUMAIN D’un point de vue culturel, l’engoulevent bois-pourri est cité dans plusieurs films, chansons, livres et poèmes. Son chant sonore et répétitif le rend mystérieux aux oreilles humaines. C’est d’ailleurs grâce à ce même chant qu’on a pu repérer sa présence sur le territoire de Rouyn-Noranda. Finalement, il cohabite avec l’humain
depuis des millénaires, il est donc devenu un symbole de la vie rurale au fil du temps. Il est par ailleurs un redoutable consommateur d’insectes. En effet, comme disait le Frère Wilfrid Gaboriault en 1959 dans un numéro de la revue Le jeune naturaliste, « de tous nos oiseaux, c’est d’emblée le recordman des mangeurs d’insectes ». MENACES L’engoulevent bois-pourri fait partie d’un groupe d’oiseaux insectivores qui s’alimente en vol et qui comprend les martinets et les hirondelles. En l’espace d’une décennie, ces oiseaux insectivores ont subi un important déclin de leur population en Amérique du Nord. Selon les scientifiques, cette diminution rapide de la population d’engoulevent bois-pourri pourrait s’expliquer par le déclin des populations d’insectes, causé par les pesticides. D’autres hypothèses soutiennent que les changements climatiques pourraient désynchroniser la migration des insectes et des engoulevents bois-pourri. Malheureusement, plusieurs activités anthropiques menacent cette espèce. Dans la région, les activités minières et forestières ainsi que le développement urbain contribuent à la perturbation et la perte de l’habitat essentiel de l’engoulevent bois-pourri. Le CREAT sensibilisera les acteurs concernés sur des mesures à adopter pour favoriser la conservation et la présence de l’espèce dans nos forêts. Cependant, pour améliorer l’efficacité de la gestion de l’espèce par des méthodes de protection et de conservation, d’autres études devront être réalisées afin de mieux connaître son habitat essentiel et les raisons comportementales qui le poussent à nicher dans la région.
Envie de contribuer à la proteccon de l’environnement? Devenez membre !
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Où que vous alliez We’ll go the distance globallia.ca
36 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
RADAR BOHÉMIEN LA RÉDACTION Parce qu’il se passe beaucoup de choses dans la région, cette rubrique bazar vous offre en vrac l’actualité culturelle de chez nous. Profitez-en!
IL PLEUVAIT DES OISEAUX AU CINÉMA
ÉCRIRE LA CONSTITUTION DU QUÉBEC AU THÉÂTRE
Plusieurs attendent depuis longtemps la sortie en salle du film de Louise Archambault adapté du roman de l’autrice de Cléricy Jocelyne Saucier, surtout depuis le dévoilement de la touchante bande-annonce en juillet dernier. Dès le 13 septembre, on pourra voir sur grand écran Il pleuvait des oiseaux qui met notamment en vedette Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte et Rémy Girard.
Au terme d’une tournée de consultations à travers le Québec, on pourra enfin connaître le résultat de la démarche du metteur en scène Christian Lapointe et de son projet Constitutions! La pièce est issue d’une collaboration entre le théâtre Carte blanche, le Centre du Théâtre d’aujourd’hui, le Festival Transamériques ainsi que divers partenaires régionaux, dont le Théâtre du Tandem pour l’Abitibi-Témiscamingue. Elle sera présentée le 19 septembre au Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) ainsi que le 21 septembre au Rift (Ville-Marie). Le langage théâtral permettra-t-il d’écrire la constitution québécoise?
CÉLÉBRATION DE LA LANGUE ANICINABE À MIAJA Le grand rassemblement des arts et de la culture anicinabek Miaja revient cette année les 12 et 13 septembre. Le programme de cette année rend honneur à la langue anicinabe – une manière de célébrer l’année internationale des langues autochtones. Les communautés de Kebaowek
DES NOUVELLES DE SAMIAN Cinq ans après la parution d’Enfant de la Terre, Samian est de retour avec un quatrième album studio, Le Messager, disponible dès le 6 septembre. Un premier extrait a été dévoilé et on y retrouve les thèmes chers au rappeur. On peut écouter gratuitement le vidéoclip de La Terre des maux gratuitement sur la chaîne YouTube de Samian. En plus de l’entendre dans nos radios, on pourra aussi voir Samian sur nos écrans cet automne. L’artiste anime En marge du monde, une émission qui sera diffusée sur les ondes de TV5 dès le 3 septembre.
ÉCRIS DANS L’IB!
DES ÉCRIVAINS DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE REFONT LE MONDE L’auteur et journaliste Samuel Larochelle est l’instigateur d’une grande tournée littéraire en Abitibi-Témiscamingue. Le Cabaret des mots aura lieu du 26 au 29 septembre et réunira des auteurs et autrices de la région à Val-d’Or, Rouyn-Noranda, Amos et La Sarre. Autour du thème « Refaire le mode », les écrivains Samuel Larochelle, Antoine Charbonneau-Demers, Alexis Lapierre et Michaël Bédard liront leurs créations devant public. Quelques acolytes se joindront au groupe à chaque arrêt pour la première édition de cette tournée prometteuse.
Tu te passionnes pour la culture de manière amateur ou professionnelle?
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38 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
CALENDRIER CULTUREL GRACIEUSETÉ DU CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
FESTIVALS ET ÉVÉNEMENTS FME 29 août au 1er septembre, Rouyn-Noranda Festivités champêtres 7 septembre, Saint-Marc-de-Figuery EXPOSITIONS Territoires 7 juin au 15 septembre, Galerie du Rift (Ville-Marie) Ayemiyedan Nisin – Dialogue 3 7 juin au 29 septembre, MA, Musée d’art (RN) Les treize grand-mères lunes – Frank Polson 7 juin au 29 septembre, MA, Musée d’art (RN) Ralentir le temps – Véronique Doucet 20 juin au 1er septembre, Centre d’art de La Sarre Matrices… d’elles-mêmes – Atelier les Mille Feuilles 20 juin au 1er septembre, Centre d’exposition d’Amos Faire chanter – Jean-Paul Hubert 21 juin au 1er septembre Société d’histoire et de patrimoine de la région de La Sarre Hommage à notre histoire – Eddyenne Rodrigue 21 juin au 1er septembre Centre d’interprétation de la foresterie (La Sarre) Héritage – Société des arts Harricana 9 août au 1er septembre, Centre d’exposition d’Amos Un dernier baiser pour la route – Nicolas Nabonne 13 septembre au 3 novembre, Centre d’exposition d’Amos
Show de boucane – Christian Leduc 13 septembre au 3 novembre, Centre d’exposition d’Amos Devenir le paysage – Mona Massé et Alain Michaud 13 septembre au 10 novembre, Centre d’exposition d’Amos Avant l’Abitibi : Territoire d’échanges, lignes de confluences Jusqu’au 17 janvier 2020 Centre d’archives – Maison de la culture d’Amos MUSIQUE Mélissa Ouimet 7 septembre, La Brute du coin (La Sarre) Dance into de light – Le meilleur de Phil Collins – Martin Levac 7 septembre, Théâtre du cuivre (RN) Bonheurs partagés – Patrick Norman 11 septembre, Théâtre du cuivre (RN) 12 septembre, Théâtre Télébec (VD) 13 septembre, Le Rift (Ville-Marie) Émile Proulx-Cloutier 12 septembre, Le Rift (Ville-Marie) George Canyon avec Doc Walker et Charlie Major 17 septembre, Salle Dottori (Témiscaming) Zachary Richard 19 septembre, Théâtre des Eskers (Amos) 20 septembre, Théâtre du cuivre (RN)
CONTES Un village en trois dés – Fred Pellerin 15 septembre, Théâtre Télébec (VD) 16 septembre, Théâtre des Eskers (Amos) 17 et 18 septembre, Théâtre du cuivre (RN) 19 septembre, Le Rift (Ville-Marie) HUMOUR Préfère novembre – Louis-José Houde 18 septembre, Le Rift (Ville-Marie) 19 septembre, Salle Desjardins (La Sarre) 20 et 21 septembre, Théâtre Télébec (VD) JEUNE PUBLIC Ça déménage! – Kalimba 25 septembre, Théâtre des Eskers 28 septembre , Théâtre du cuivre (RN) THÉÂTRE Le gisement maudit – Théâtre en Quec’part 13 et 14 septembre, Collines Kékéko (RN) Constitutions! – Théâtre carte blanche et Théâtre du tandem 19 septembre, Théâtre du cuivre (RN) 21 septembre, Le Rift (Ville-Marie) DIVERS Wapikoni mobile 7 juin au 29 septembre, MA, Musée d’art (RN)
Cowgirl dorée, mon histoire – Renée Martel 27 septembre, Théâtre du cuivre (RN) Le Cœur en quatre 28 septembre, Agora des arts (RN)
Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. INDICEBOHEMIEN.ORG SEPTEMBRE 2019 39
Fiers d’être avec vous pour vos 10 ans!
Début de la saison régulière le 16 septembre, pour voir l’horaire complet: tvc9.cablevision.ca
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40 SEPTEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG