JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - OC TOBRE 2019 VOL 11 - NO 2
GRATUIT
LE LIBRE-ARBITRE DES CHIENS-LOUPS + spécial gastronomie
10
CHEZ LE LIÈVRE : GASTRONOMIE À ÉCHELLE HUMAINE
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BÉATRIZ MEDIAVILL A DÉVOILE HABITER LE MOUVEMENT
16
LE CINÉMA COMMUNAUTAIRE DE SAINTE-GERMAINE-BOULÉ
22
CLAUDETTE HAPPYJACK : ÉTOILE MONTANTE DES ARTS VISUELS
24
TRANSFORMATION DE DÉCHETS EN ŒUVRE D’ART À L A CORNE
150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien Publié 10 fois l’an et distribué gratui tement par la Coopérative du
L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la
journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue, fondée en novembre 2006,
tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.
L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.
CHRONIQUES L’anachronique 4 Tête chercheuse
6
Médias et société
17
Région intelligente
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Ma région j’en mange 21 CULTURAT
23
Histoire
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Environnement 27
CONSEIL D’ADMINISTRATION
DISTRIBUTION
Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda
MRC D’ABITIBI
Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or
Lydia Bédard, Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau,
Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda
Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne,
Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda
Véronique Naud, Sylvie Tremblay.
Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue
MRC D’ABITIBI-OUEST Véronique Bernier Labonté, Isabelle Brochu, Francine Gauthier,
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
François Grenier, Colette Langlois, Suzanne Moore, Sophie Ouellet,
Valérie Martinez
Gilles Parents, Mario Tremblay, Ville de La Sarre.
direction@indicebohemien.org 819 763-2677
MRC DE TÉMISCAMINGUE Émilile B.Côté, Véronic Beaulé, Chloé Beaulé Poitras, Yves Grafteux,
SOMMAIRE Littérature
7 et 8
Gastronomie
9 à 12
Cinéma
13 à 16
Musique
19
Arts visuels
22 à 24
Calendrier culturel
31
EN COUVERTURE
RÉDACTION ET COMMUNICATIONS
Monia Jacques, Simon Laquerre, Lise Millette, Christian Paquette,
Mariane Ménard, coordonatrice
Alex Tremblay, MRC de Témiscamingue.
redaction@indicebohemien.org 819 277-8738
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
Ariane Ouellet, éditorialiste
Joël Baril, Marc Boutin, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Marc-Antoine Jette, Carole Labrecque, Céline Lauzon, Gaétan Langlois,
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES
Caroline Leblanc, Renaud Martel, Michaël Pelletier-Lalonde,
Fednel Alexandre, Pascale-Josée Binette, Jade Bourgeois, Tim Cerdan,
Paquerette Plourde, Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber,
Julie Dallaire, Michel Desfossés, Stéphanie Fortin, Chantale Girard,
Huguette Roy, Ginette Vézina, MRC de La Vallée-de-l’Or.
Netta Gorman, Benoit-Beaudry Gourd, Aurore Lucas, Philippe Marquis, Janet Melendez Campillo, Mariane Ménard, Lise Millette, Yves Moreau,
VILLE DE ROUYN-NORANDA
Ariane Ouellet, Michèle Paquette, Darquise Robert, Dominique Roy,
Claudie Aubin, Émilie Canuel, Anne-Marie Lemieux, Caroline Lemire,
Dominic Ruel et Louis-Paul Willis.
Julie Mailloux, Valérie Maltais, Suzanne Ménard, Maya Noël, Stéphan Thouin, Annette St-Onge, Denis Trudel, Ville de Rouyn-Noranda.
COORDINATION RÉGIONALE
CONCEPTION GRAPHIQUE
Catherine Bélanger | MRC d’Abitibi
Feufollet.ca
Jenny Corriveau | MRC d’Abitibi
graphisme@indicebohemien.org
Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue
CORRECTION
Geneviève Béland | MRC de La Vallée-de-l’Or
Geneviève Blais
Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda
IMPRESSION Imprimeries Transcontinental
Dominic Leclerc présente son documentaire Les Chiens-Loups réalisé avec Alexandre Castonguay au Festival du cinéma Certifié PEFC
international en Abitibi-Témiscamingue.
Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées
Photo : Christian Leduc PEFC/01-31-106
2 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
www.pefc.org
- ÉDITORIAL -
POUR LA SUITE DU MONDE ARIANE OUELLET, éditorialiste
Au milieu du mois de septembre se tenait la deuxième édition de Miaja, dans la communauté de Kebaowek au Témiscamingue. La rencontre, organisée par Minwashin, un organisme à but non lucratif (OBNL) qui se consacre au soutien et à la promotion des arts et de la culture anicinabe, s’inscrit dans le cadre de l’année internationale des langues autochtones décrétée par l’ONU. Au cœur de ce rassemblement, des invités des neuf communautés anicinabek du territoire réunis autour du thème de la sauvegarde de leur langue : membres de conseils de bande, enseignantes, linguistes, aînés, artisans traditionnels, organisateurs communautaires, etc.
Canada n’est pas en reste. Il suffit d’aller voir les conditions de vie du côté de Kitcisakik. Au Brésil, dans une violence inouïe, les gardiens de l’Amazonie se font massacrer par des mineurs soutenus par le président brésilien, qui veut forcer
Bien des systèmes doivent être revus de façon drastique, quitte à déranger beaucoup de monde.
Le temps est venu d’obliger les sphères politiques à un courage sans précédent. À confronter les Amazon et Google de ce monde sur les impacts de leurs pratiques d’affaires. Saviez-vous que depuis l’ère des achats en ligne à grande échelle, la production d’emballages exigés par Amazon a détourné la presque totalité des usines de pâtes et papier vers la production de carton? Depuis, il reste à peine deux usines au Canada à produire des feuilles de papier blanc. Dans ce pays d’épinette noire, les papeteries s’approvisionnent désormais en Asie. Je ne parlerai pas de l’empreinte carbone que ça représente…
J’ai eu le privilège d’y rencontrer des gens passionnés de leur culture, porteurs d’une mission vitale à bien des égards. En effet, la langue est encore parlée couramment dans certaines communautés et les porteurs de culture y sont actifs. Pour d’autres, la langue a pratiquement disparu pour laisser la place à l’anglais ou au français. Des solutions se dessinent pour remédier de façon urgente à la situation et c’est une bonne nouvelle.
l’ouverture des terres protégées des indigènes à l’exploitation minière, forestière et agricole. Il souhaite que ces terres « profitent à tous », ne comprenant pas qu’une forêt encore debout profite effectivement à tous, bien au-delà des frontières d’un pays.
Si je parle des autochtones et du territoire, c’est que je pressens que les solutions à bien des problèmes de notre système économique se trouvent dans des sagesses ancestrales, comme celle de ne prélever que le nécessaire. Fleur bleue, vous dites? Peut-être. N’empêche, la nourriture que nous mangeons ne pousse pas dans les laboratoires. (Quoique.)
Difficile de voir poindre la fin de septembre et la grève mondiale du climat sans faire de lien avec notre inconscience générale au sujet de la terre qu’on occupe. Comment sera-t-il possible de soutenir le rythme d’une croissance éternelle de l’économie sans mettre à mort ce qui reste d’espace vierge, d’eau potable, d’animaux sauvages? Comment garantir la pérennité des ressources pour les générations futures? Comment sera-t-il possible de nettoyer les océans en pensant que réduire l’utilisation des pailles de plastique est une révolution? Je suis bien d’accord que les changements passent par les gestes domestiques, par des choix de consommation différents. J’ai pratiqué ça toute ma vie, salaire d’artiste oblige. J’ai souvent imaginé la façon dont j’utiliserais le matériel et les objets si je vivais dans un monde en pénurie de tout, envahi de zombies post-explosion nucléaire. La simplicité volontaire, je connais. Mais c’est loin d’être suffisant. Le fardeau du changement ne peut pas reposer que sur des gestes individuels.
Bien des systèmes doivent être revus de façon drastique, quitte à déranger beaucoup de monde. Les lois doivent protéger les terres agricoles de la spéculation, protéger les cours d’eau, protéger les sols. Retirer les denrées alimentaires de base de la bourse. Elles doivent protéger les populations vulnérables des usines qui rejettent de l’arsenic à tout vent. On ne peut pas attendre que les sociétés se soumettent d’elles-mêmes à des pratiques plus respectueuses de la vie. Les lois doivent les y obliger. Et c’est là que la politique entre en jeu. Les candidats ministrables du pays doivent prendre position sur ces enjeux que personne ne peut désormais ignorer. Les grands décideurs devraient devenir imputables des actions qu’ils ne font pas. La pression, ce n’est pas sur le dos de la mère de famille qu’il faut la mettre, c’est sur les joueurs tellement gros qu’ils passent encore trop souvent entre les mailles des législations trop molles et désuètes des états de la planète. C’est une question vitale pour la suite du monde.
La culture anicinabe est intrinsèquement liée au territoire, à sa logique, à son essence. Elle en est le reflet. Oscar Kistabish m’a appris que le mot chasse en anicinabe se traduirait par « ce que la Terre te donne ». La terre te donne un orignal pour te nourrir. Le mot chasse ne fait pas référence au prédateur, conquérant de la forêt, vainqueur contre la bête. Il implique une forme de respect et une sagesse si naturelle et si importante qu’il serait bénéfique pour plusieurs de revenir à leurs sources, surtout dans la prise de conscience aiguë que l’humanité devra faire face à la crise climatique. *** Souvent les gardiens du territoire, les peuples autochtones sont mis à mal dans presque tous les pays du monde. Le
Amos Rouyn-Noranda Val-d’Or
23 octobre 6 novembre 20 novembre
uqat.ca/portesouvertes
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 3
VERNISSAGE VENDREDI 11 OCTOBRE 17 H - L’ANACHRONIQUE -
QU’ARRIVE L’HIVER PHILIPPE MARQUIS
AYEMIYEDAN NISIN 7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019
Un calme ravissant tombe sur nous. Il aborde les sens comme la pluie ou la neige. Cette accalmie vogue au-delà du quotidien, des informations bonnes ou mauvaises, du prix de l’or, des téléséries ou des like. L’automne n’a nul besoin de se faire aimer ou non, il fait juste être. Maintenant, je prends le temps de le recevoir. Les couleurs brûlent trembles, bouleaux, hêtres, saules et autres essences. Nos feuillus s’enflamment. Comment décrire le jaune, le vert, le rouge ou l’orange qui fusionnent dans ce festin de teintes? Comment faire autrement que de s’extasier devant cette fresque?
FRANK POLSON 7 JUIN AU 29 SEPTEMBRE 2019
Silence dans nos têtes. Les appareils sont fermés et la paix, tant souhaitée, arrive dans un moment qui surprend, comme un redoux en octobre. Dans la forêt, il y a cette odeur, semblable à celle suivant les ébats qui embrasent. Ça sent les saisons qui s’aiment alors que l’été s’éloigne avec les monarques, grues, outardes, malards, colibris…
ÉVÉNEMENT DANSE
SOVANN ROCHON-PROM TEP 31 AOÛT ET 1ER SEPTEMBRE 2019 À 15 H
MUSEEMA.ORG 4 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Tous ceux qui le peuvent partent. Nous demeurerons ici… Nous ne sommes pas de ces humains fuyant les cycles pour ne vivre que les temps chauds l’année durant. Nous n’en avons pas les moyens et si peu envie. Les récoltes, sauvages ou non, rendues par l’argile, le soleil et l’eau, goûtent l’abondance. « Il serait si facile de tous se nourrir ici, grâce à nos champs d’ici avec nos semences d’ici », m’ont lancé des amis un soir autour d’un feu. L’an prochain peut-être… En attendant, le temps a jardiné, pour nous, la saison lumineuse. Nous
mettons nos légumes en pots, préparons nos confitures, aménageons un caveau, couvrons le panais de foin et puis, simplement, laissons les souvenirs chauds nous sourire. Nous en aurons bien besoin, d’ici le printemps prochain. Avançons lentement, dans notre douce forêt où il n’y a que le bruit de la vie. Où l’écho n’est pas transpercé par les coups de feu. Où règne le silence vivant dans les airs, sur la terre, dans les arbres. Ça fait beaucoup de bruit un silence vivant. C‘est criant! Alors qu’arrive l’hiver! Que viennent le froid, les tempêtes et la nuit que nous attiserons. Que vienne la chute des cours, la crise financière pour apprendre à vivre autrement. Que vienne la tempête solaire, celle qui nous privera de tous nos statuts virtuels et forcera l’échange d’humain à humain. Que vienne quoi que ce soit, ensemble nous sommes prêts! Puis, même si cela ne venait pas, l’hiver sera tout de même. Ne l’attendons pas…
DE LA MATERNELLE À LA 6E ANNÉE « J’ai figé avec la maternelle. Je me suis vu trop grand, avec une trop grosse voix. J’ai été intimidé. Je n’étais pas prêt pour eux. Mon discours ne cadrait pas avec la petite enfance. J’ai dû m’adapter », admet Alexandre Castonguay.
- À LA UNE -
LE LIBRE ARBITRE DES CHIENS-LOUPS
Même s’il avait fait de la suppléance en milieu scolaire au secondaire, en s’immergeant à l’école Notre-Dame-de-Protection et en interagissant avec les élèves de la maternelle à la 6e année, le comédien a dû raffiner le sens de sa démarche. « Dans ta géographie intérieure, y’a des parties de soi qu’on laisse en friche, d’autres parties qu’on laisse se développer, d’autres qui ne sont jamais arrosées », ajoute le comédien qui reconnaît avoir revisité certains chapitres de son parcours scolaire, lui qui n’était pas un élève modèle. Il s’est reconnu, notamment, dans un des garçons qui comme lui, passait une partie de ses journées dans les corridors.
LISE MILLETTE
De son séjour, il retient des moments, des observations dans ses périodes plus contemplatives de la vie scolaire, des prénoms aussi. Stacy, Meghan, Loïc et bien d’autres…
Un laboratoire où les sujets ne sont pas étudiés, un plateau qui n’est pas vraiment un lieu de tournage, une fable à apprendre qui n’a pas à être récitée par cœur et des questions qui n’attendent pas forcément de réponses : Les Chiens-Loups, dernier documentaire de Dominic Leclerc, est une expérience in situ à l’école Notre-Dame-de-Protection de Rouyn-Noranda.
« Comme artiste, je me suis demandé ce que je pouvais apporter à une école : l’expression orale, le texte? J’ai dû faire preuve d’humilité, d’abandon. J’ai eu beaucoup de soutien de la part des enseignantes qui ont été formidables. Ces femmes ont toute mon admiration », concède Alexandre Castonguay.
Dans ce film de 90 minutes, Alexandre Castonguay, que l’on a vu récemment dans Ca$h Nexus, est accueilli comme artiste en résidence dans cette petite école primaire du quartier Noranda. Le film Les Chiens-Loups trouve aussi une correspondance avec le long métrage Alex marche à l’amour, aussi réalisé par Dominic Leclerc, dans lequel Alexandre Castonguay devait apprendre le texte La marche à l’amour de Gaston Miron, en allant à la rencontre de citoyens.
Dominic Leclerc ressent aussi cette d’admiration. « On parle souvent de l’éducation au Québec. Comment la repenser. Je pense que le film peut offrir, peut-être, un outil de discussion. L’éducation, ce sont les professeurs qui la portent. C’est à eux que j’aimerais dédier le film », insiste le réalisateur.
« Les deux se répondent jusqu’à un certain point. Cette fois, au lieu d’un pèlerinage, c’est un huis clos dans une école. Au lieu d’Alexandre qui doit apprendre une fable, ce sont les enfants à qui on apprend la fable Le chien et le loup de la Fontaine, mais c’est aussi un prétexte pour parler de liberté », résume Dominic Leclerc. Dans les murs cohabitent encore aujourd’hui deux réalités : des enfants plus démunis et d’autres bien nantis. Ce clivage, on le voit aussi selon les points de vue présents dans l’école, où les fenêtres donnent tantôt du côté des grosses cheminées crachant la fumée et tantôt du côté du lac Osisko.
Le film sera présenté le 26 octobre au Festival du cinéma international en AbitibiTémiscamingue. La diffusion se tiendra en après-midi, gratuitement, à Rouyn-Noranda. « J’ai fini de courir un marathon vraiment long. Y’a un sentiment de réussite dans le fait d’être à la ligne d’arrivée », résume finalement Dominic Leclerc. Les billets se sont tous envolés pour la première représentation. L’organisation du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue n’écarte pas la possibilité d’une tournée régionale.
« Le quartier est aussi un personnage du film. Un quartier, deux réalités. Le clash est omniprésent et esthétise le film », va jusqu’à dire Dominic Leclerc, réalisateur, monteur et producteur du film Les Chiens-Loups.
« Nous avons flirté avec des thématiques adultes avec les enfants. La liberté, oui, mais aussi le sens. Les enfants sont toujours dans le pourquoi. L’école vient donner un sens, mais elle l’impose aussi inévitablement. Est-ce que je les ai aussi fait réfléchir ou est-ce que nous leur avons imposé une réflexion? Je pense que c’est un film qui ouvre sur quelque chose », résume Dominic Leclerc.
CHRISTIAN LEDUC
Le comédien Alexandre Castonguay avait obtenu une forme de laissez-passer comme artiste en résidence. Son séjour devait durer trois mois, il y est resté deux fois plus longtemps. Le concept? Apprendre aux enfants la fable de Jean de la Fontaine Le chien et le loup. Dans ce texte, deux réalités s’opposent. Le chien, bien gras, qui n’a pas à s’inquiéter pour ses repas et son confort que lui assurent son maître, et le loup, maigre et sans certitude, sinon d’être libre de ses mouvements.
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 5
EN OCTOBRE C’EST
- TÊTE CHERCHEUSE DANS LES
BIBLIOTHÈQUES DE LA RÉGION
UNE CRISE DE FORME ET DE FOND DOMINIC RUEL
Avec une tablette numérique, je peux : Lire des livres numériques, m’amuser, travailler et communiquer. C’est une raison de plus de m’abonner à ma bibliothèque.
Mais aussi, avoir accès à plus de 716 000 livres et documents dans les bibliothèques de la région.
(8 200 livres numériques et 1 250 abonnements à des revues)
*La marque et le modèle de la tablette peuvent varier d’une bibliothèque à l’autre.
Amos | Angliers | Arntfield | Aupaluk | Barraute | Béarn | Beaucanton | Beaudry Belcourt | Bellecombe | Belleterre | Berry | Cadillac | Cléricy | Clerval | Cloutier Colombourg | Destor | Duparquet | Dupuy | Fabre | Fugèreville | Guérin Guyenne | Kitcisakik | Kuujjuaq | La Corne | La Motte | La Reine | Laforce Landrienne | Latulipe | Laverlochère | La Sarre Lebel-sur-Quévillon | Lorrainville Macamic | Malartic | Manneville | Matagami | Moffet | Montbeillard | Mont-Brun Municipalité du Canton Clermont | Nédélec | Normétal | Notre-Dame-du-Nord Oujé-Bougoumou | Palmarolle | Poularies | Preissac-Sud | Puvirnituq | Rémigny Rivière-Héva | Rollet | Rouyn-Noranda | Salluit | Secteur des Coteaux | Senneterre St-Bruno-de-Guigues | St-Dominique-du-Rosaire | St-Eugène-de-Guigues Ste-Germaine-Boulé | Ste-Gertrude | Ste-Hélène-de-Mancebourg | Sullivan Taschereau | Timiskaming First Nation | Val-d’Or | Val-Paradis | Val-Senneville Val-St-Gilles | Villebois | Ville-Marie | Winneway
6 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Qu’arrive-t-il aux médias écrits traditionnels, aux journaux surtout? Le groupe Capitales Médias, propriétaire des légendaires journaux Le Soleil et Le Droit, est au bord de la faillite, sous respirateur artificiel de l’État. La Presse a abandonné le papier et est devenue un organisme à but non lucratif pour les écrans des tablettes (faire un don au journal des Desmarais, vous ne trouvez pas que ça sonne faux?). Le Journal de Montréal est intégré dans un empire avec télés, radios et magazines et s’en sort mieux. Partout, aux États-Unis aussi, la presse peine à trouver un modèle qui pourrait assurer sa survie à long terme. Une commission parlementaire a eu lieu il y a un mois pour tenter de trouver des solutions, car le problème est certainement complexe et touche à la fois la forme des médias, au fond, au contenu, et à l’intention.
pointes de tartes ne se découpent pas à l’infini. Je suis d’accord avec Catherine Dorion (c’est très rare!) qui pense qu’il faut taxer les géants du Web et utiliser l’argent pour financer une presse de qualité. Car, oui, l’information reste un bien public.
Sur la forme d’abord. Les médias n’ont pas 36 façons pour tirer des revenus : l’achat par le consommateur et la publicité. Internet et les réseaux sociaux ont fait entrer le ver dans le fruit : la gratuité. Depuis vingt ans, on télécharge nos musiques, on regarde des vidéos en continu, même chose pour les films. L’idée même de payer est devenue ridicule; plus personne ne souhaite s’abonner. Même chose maintenant pour l’information. Il y a bien sûr des dangers : celui du déclin de la qualité et de la rigueur, le journalisme étant une profession sérieuse. Celui des fausses nouvelles? Peut-être… j’y reviendrai. Puis, on peut certainement blâmer les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui, maintenant, bouffent la grande majorité des sommes consacrées à la publicité. Les
Il est alors tout à fait normal que bien des gens comprennent un jour qu’on ne les informe plus, qu’on cherche à influencer les opinions et à imposer un discours ou pire, qu’on leur ment peut-être. Ils cherchent donc d’autres sources d’information. On criera encore aux risques de fausses nouvelles! Les gens ne veulent pas de mensonge. Les gens ne souhaitent pas que lire des textes qui correspondent à leurs idées et opinions. Dire le contraire, c’est ridiculiser le peuple. La démocratie et la citoyenneté souffrent, car la presse est malade.
Le fond ensuite. Les gens n’ont plus une confiance aveugle dans les grands médias écrits. On sait souvent à l’avance où logent les grands médias. On connaît à l’avance les positions de La Presse, par exemple, sur la question nationale ou le multiculturalisme. C’est toujours la même chose. Des journalistes et des chroniqueurs se transforment souvent en procureurs pour dénoncer, accuser et juger ceux qui ne pensent pas comme eux, comme une norme établie par on ne sait qui. Une entrevue n’est pas un débat, un reportage ne peut appuyer un point de vue en particulier, sinon, le journaliste fait mal son travail.
- LITTÉRATURE -
CABARET DES MOTS : L’ÉCRITURE QUI TRANSFORME MARIANE MÉNARD
Réunir des auteurs de l’Abitibi-Témiscamingue pour une soirée de lectures devant public. C’est le concept que propose l’auteur et journaliste Samuel Larochelle et qui prendra forme du 26 au 29 septembre dans la région. Le Cabaret des mots s’arrêtera à Val-d’Or, Rouyn-Noranda, Amos et La Sarre, où les auteurs et autrices dévoileront au public leurs créations inspirées du thème « refaire le monde ».
Samuel Larochelle parcourra la région en compagnie d’Alexis Lapierre, Antoine Charbonneau-Demers et Michaël Bédard. À Val-d’Or, le public pourra également entendre les textes de Pascale Langlois et de Benjamin Turcotte. Gabrielle Falardeau et Gabrielle Demers s’ajouteront au programme à Rouyn-Noranda tandis qu’à Amos, on pourra entendre Jenny Corriveau.
C’est lors de son passage au Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue en mai dernier que l’idée a germé. Président d’honneur de cette 43e édition, Samuel Larochelle avait invité des écrivains de partout au Québec à monter sur scène dans le cadre d’une soirée littéraire, une expérience que les créateurs et le public ont grandement appréciée. « Les réactions des gens montraient que [fréquenter ce type d’événements] n’est pas une habitude, mais que ça pourrait le devenir si on leur offrait, en s’assurant que ce ne soit pas hermétique », explique Samuel Larochelle.
Et si tout va bien, d’autres tournées du Cabaret des mots sont à prévoir, avec des thèmes et des textes différents, et peut-être de nouveaux arrêts, car l’organisateur compte bien amener le concept au Témiscamingue.
Pour l’auteur, le succès de l’événement a produit un déclic. « Je ne me suis jamais senti autant validé dans ce que je fais, dans ce que j’écris, confie-t-il. Je me suis dit : “Il faut que tu reviennes plus souvent, il faut que tu fasses des projets d’écriture dans ta région” ».
« La chasse fait partie de nos vies depuis des générations, que ce soit chez les autochtones, qui occupent le territoire depuis des milliers d'années, ou encore chez les premiers colons. Elle nous permet de nous ressourcer dans la nature. En ce début de saison, je souhaite donc aux chasseurs et chasseuses une bonne chasse, respectueuse de notre environnement. »
« REFAIRE LE MONDE », ODE À LA MÉTAMORPHOSE Le thème de la soirée s’inspire du rythme des saisons, explique Samuel Larochelle. « Du 26 au 29, c’est une transition de saison. Je voulais aller dans quelque chose qui évoque la nouveauté, la volonté de transformer ce qui nous entoure », précise-t-il. Les auteurs présents exploreront le thème sous diverses facettes et à travers différents genres littéraires. « Je voulais un mélange de genres, mentionne Samuel Larochelle, pas seulement du roman, pas seulement des extraits de nouvelles ou des poèmes. Je voulais que toutes les 15-20 minutes, le public s’adapte à un nouveau style littéraire. » Pour Samuel Larochelle, la littérature possède aussi un pouvoir transformateur. « On peut assurément toucher les gens, ouvrir les cœurs, ce qui permet aux têtes de penser autrement et aux actions de se faire autrement. Si on ne fait que s’adresser au cerveau, avec des informations, il y a une limite à l’effet que ça peut avoir. Je suis convaincu qu’avec le côté émotif de l’écriture on peut faire une brèche dans le cœur des gens. » Émilise Lessard-Therrien Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 7
Artistes et artisans
- LITTÉRATURE -
DEUX NOUVEAUX PROJETS POUR LOUISE LAVICTOIRE DOMINIQUE ROY
Un automne chargé en créativité attend Louise Lavictoire. Autrice de littérature jeunesse et femme de théâtre, l’artiste mène de front deux projets d’envergure.
COURTOISIE
L’Gros Trappeur, Nédélec - Photo: Mathieu Dupuis
UN MONSTRE DANS LA GORGE, LA SUITE
Vous voulez ouvrir votre atelier aux visiteurs et faire partie de l’expérience Culture et histoire vivante en Abitibi-Témiscamingue ? Tourisme Abitibi-Témiscamingue peut vous accompagner dans cette démarche. Devenez membre et obtenez une inscription dans le guide touristique officiel.
En 2018, Louise Lavictoire publiait Un monstre dans la gorge, un conte pour enfants mettant en vedette le personnage de Stradivirus. Une nouvelle intrigue est actuellement en phase de concrétisation puisque l’autrice a reçu une aide financière du Conseil des arts du Canada, une bourse pour laquelle elle ressent une immense gratitude. « Je dirais que j’ai aussi ressenti un soulagement lié à l’insécurité financière souvent vécue par les artistes. » Ce livre, de nouveau illustré par Maude MayrandLégaré et toujours publié aux Éditions en Marge, sortira en décembre 2019 en version papier ainsi qu’en version numérique. Pour cette dernière, des séances d’enregistrement sont prévues avec la violoniste Johanne Bergeron qui accompagnera musicalement la narration de Louise Lavictoire.
Une rencontre avec une douzaine d’élèves de 4e année de la classe de Marie-Jo Gareau, enseignante d’art dramatique à RouynNoranda, lui a permis de recueillir différents scénarios. Son inspiration lui vient donc de cette démarche artistique. « C’est par le biais des ateliers que je propose en milieu scolaire, dans les bibliothèques ou les CPE, autour d’Un monstre dans la gorge, que cette démarche m’est apparue évidente. J’offre toujours une prestation sous forme de lecture animée puis j’interroge les participants quant à la suite désirée de cette histoire. À ce jour, une grande majorité des participants a démontré un plus grand intérêt pour le personnage du virus. Il me parait donc tout à fait pertinent de tenir compte des préférences de mon lectorat afin de susciter leur intérêt pour la littérature jeunesse et aussi pour m’assurer une pérennité dans mon travail de création. »
À QUOI RÊVENT LES JEUNES FILLES? URIST GUIDE TO
INGUE ÉMISCAM ABITIBI-T
Rouge Café La Sarre
Îles Pourvoirie des du lac Duparquet
Ice Challenge Sylvain Rouleau Construction La Sarre
glace Pêche sur la Lac Macamic
FICIEL IQUE OF
2019-202
0
Abitibi- ingue Témiscam
Le Poste Val-Saint-Gilles
Pour plus d’information : Micheline Poitras 819 762-8181 poste 103 micheline@atrat.org
Festival équestre nel et rodéo profession de La Sarre
Chroniqueuses pour le téléjournal de leur école et joueuses de basketball, Lys et Andréa vivent leur dernière année au secondaire. Diverses expériences, dont un voyage humanitaire et une participation à la journée mondiale dédiée à la jeunesse féminine, à l’ONU, les conscientisent sur certaines problématiques d’ordre social, éthique, écologique, politique. Voilà un résumé de la création théâtrale de style « docufiction » sur laquelle planche aussi Mme Lavictoire. Cette fois-ci, elle vise la clientèle adolescente.
Marais Antoine Roquemaure
Roe, Bryan Trottier,
1 888 330-2282 ville.lasarre.qc.ca Festivitas La Sarre
Elye Carrier, Jean
Caron, La coureuse
des Bois, Karine
Goulet, Photos
2019-2020
les étoiles Les Jeudis sous La Sarre
amateur J.B.
8 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
« Pour ce spectacle, je prévois l’intégration de quelques vidéos, de certaines applications ou de médias sociaux très prisés par les jeunes. Aussi, j’en suis à l’étape de solliciter la collaboration des enseignants en art dramatique ou en français du Témiscamingue afin de pouvoir venir, cet automne, à la rencontre des élèves. L’objectif premier est d’échanger avec les jeunes sur la première version de mon texte et d’y apporter, le cas échéant, des modifications en fonction de leurs suggestions », explique-t-elle au sujet de cette démarche qui s’inscrit parfaitement dans son parcours actuel.
- GASTRONOMIE -
- GASTRONOMIE -
BORÉALAIT : ENGOUEMENT
JEUX ET BOISSONS
POUR LE LAIT RÉGIONAL
MARIANE MÉNARD
DARQUISE ROBERT
Boréalait est rapidement devenue un incontournable du portrait agricole régional. Cette jeune entreprise familiale produit et transforme à la ferme son lait en yogourt, en fromage et en lait entier. Ces produits sont livrés partout en Abitibi et sont aussi disponibles à la ferme. À la boutique, le souci écologique et environnemental transparaît : bouteilles de lait consignées, pots de yogourt recyclables et réutilisables, partenariat avec les entreprises locales sont quelques-unes des initiatives qui teintent la démarche entrepreneuriale de Boréalait.
Qu’ont en commun les jeux d’évasion, les jeux de société, les événements culturels et… la création de cocktails? La réponse se trouve à Val-d’Or, plus précisément, elle se trouve à La Cabane. C’est là que prendra forme une colocation surprenante entre l’entreprise ÉvasionAT et l’organisme Papachat et filles, organisateur d’événements culturels et instigateur de La Cabane.
locaux de La Cabane pour y poursuivre ses activités en jeu d’évasion. Elle développe par ailleurs un nouveau concept de bar ludique spécialisé en création de cocktails (mixologie) et qui sera inauguré en 2020. Avec près de 250 jeux de société à essayer, les amateurs de culture ludique seront servis. Pendant ce temps, Papachat et filles pourra se concentrer pleinement sur son offre événementielle culturelle.
Plusieurs connaissent ÉvasionAT pour ses jeux d’évasion mobiles. Dès le 30 octobre, l’entreprise s’installera dans les
« La Cabane est un mélange de plein de gens et de plein de passions. En amenant le concept d’ÉvasionAT à La Cabane, on voulait joindre toutes nos passions : les jeux de société, les jeux d’évasion et la mixologie, qui est une de mes passions depuis une dizaine d’années », explique Kristel Aubé-Cloutier, copropriétaire d’ÉvasionAT et créatrice de cocktails.
L’entreprise doit son immense succès, entre autres, à la complémentarité des deux copropriétaires passionnés, Évelyne Rancourt et Benoit Larochelle. Elle a l’entrepreneuriat qui coule dans les veines et la passion pour son métier se lit dans ses yeux. Forte d’une formation en agronomie combinée à des études à l’École nationale d’industrie laitière et des biotechnologies en France ainsi qu’à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de Saint-Hyacinthe, la fabrication artisanale de fromage et de yogourt n’a plus de secrets pour Mme Rancourt. De son côté, M. Larochelle détient une formation en production animale obtenue à l’ITA de La Pocatière. Chacun son domaine : Benoit à la ferme et Évelyne à la transformation des produits.
« BOIRE MOINS, MAIS BOIRE MIEUX » « On voit qu’il y a un intérêt montant envers la mixologie, un intérêt envers les produits fins. Il y a de plus en plus de gens qui veulent boire moins, mais boire mieux », explique Mme Aubé-Cloutier. Elle précise qu’à La Cabane, la création de cocktails revêtira aussi un aspect ludique, entre autres par la tenue d’ateliers où les aliments locaux et les produits du terroir seront à l’honneur. « On est conscients que ce n’est pas tous les jours qu’on vient à La Cabane pour jouer, donc on veut que les gens soient capables de reproduire les cocktails qu’ils vont déguster ici chez eux, qu’ils découvrent de nouveaux produits. On veut stimuler la curiosité autour de cet art. »
Pionnière de la transformation laitière à la ferme, la jeune propriétaire dévoile généreusement sa recette du succès à ses confrères et consœurs du milieu agricole. Elle considère important de diffuser l’information et souhaite l’établissement d’autres transformateurs à la ferme. « En Abitibi-Témiscamingue, nous avons le meilleur lait du Québec, entre autres grâce à l’alimentation en foin. C’est tout à fait souhaitable que chacun de nous puisse en bénéficier », soutient-elle.
KRISTEL AUBÉ-CLOUTIER
Pour son entreprise, Évelyne Rancourt caresse de grands rêves qui, à n’en pas douter, prendront forme grâce à sa détermination et son labeur. À court terme, d’autres formats de yogourt, du lait au chocolat, du lait écrémé et de la crème naturelle seront offerts pour le plus grand plaisir des Abitibiens. Et pour Noël, l’entrepreneure promet un fromage vieilli ainsi qu’un yogourt des fêtes. De plus, le yogourt Boréalait voyagera au-delà de la réserve faunique La Vérendrye afin d’agrémenter les tables montréalaises.
Pour Kristel Aubé-Cloutier, ces ateliers contribueront aussi à rendre accessible au grand public l’univers de la création de cocktails. « Il y a une base de connaissances à avoir pour savoir quels ingrédients, chimiquement parlant et [sur le plan de la texture] vont fiter ensemble. Il y a plein de saveurs qu’on ne penserait pas pouvoir mixer ensemble », expliquet-elle, précisant que la créativité et l’audace sont permises, au risque d’être insatisfait du résultat. La créatrice prévoit par ailleurs orienter certains ateliers en fonction des saisons et des fêtes. « On sait qu’il y a des occasions qui se prêtent à se rassembler comme l’Halloween, Noël, et nous on veut être capables d’offrir des cocktails pour que les gens puissent épater la galerie chez eux, avec des amis », expose Mme Aubé-Cloutier. INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 9
- GASTRONOMIE -
CHEZ LE LIÈVRE CAFÉ BUVETTE : ESCAPADE GOURMANDE À LAVERLOCHÈRE STÉPHANIE FORTIN
Il y a un an, Nadia Lachance et Louis-Joseph Beauchamp ouvraient le café buvette Chez le Lièvre à Laverlochère. Ils en ont surpris plus d’un en annonçant le transfert de leur première entreprise, le Bistro Elle et Louis, situé à Ville-Marie – maintenant le Bistro Ste-Anne –, et leur désir de développer un autre concept en dehors du centre de services.
la pâtissière Nadia Lachance. Pour sa deuxième année, le duo propose un tout nouveau menu, élaboré selon des principes de proximité des aliments, de souci environnemental et de découvertes culinaires. « Pour la saison 2019-2020, on s’est dépassés. Nous avons de nouveaux produits, de nouvelles techniques. L’accompagnement qu’il y a dans l’assiette, il y a une recherche derrière ça. Ce ne sont pas des aliments qui viennent de loin. On apprête par exemple la framboise, le maïs, la tomate, la pomme de terre, la carotte », précise Nadia. « En fait, c’est un menu réaliste, c’est-à-dire qu’il est élaboré en fonction de la réalité régionale », résume Louis-Joseph.
LE CHOIX D’UN MODE DE VIE Le monde de la restauration représente un immense sacrifice pour qui ose s’y aventurer. Le choix de consacrer ses soirées et ses fins de semaine à la gastronomie régionale implique un certain abandon d’une vie plus « normale ». Chez le Lièvre est d’abord né d’une réflexion en ce sens. Comment conjuguer le rythme de vie effréné de la restauration à la famille, aux projets personnels, au temps pour vivre? L’établissement ouvre donc ses portes de septembre à juin, laissant la période estivale pour recharger les batteries et l’inspiration des deux chefs.
Le mariage des saveurs égayera certainement les papilles de plusieurs épicuriens. Il y a de surprenantes découvertes à faire, notamment avec le ketchup de fraises du burger de quinoa, la limonade aux fraises qui a des airs de frappé aux fruits, la relevée compote de tomates dans la panna cotta au chèvre, les pickles de moutarde, le houmous de carottes et la salivante offre de fûts. À noter que le menu offre des propositions végétariennes, végétaliennes, sans gluten, sans lactose et sans noix. « On est dans une bonne ère. On peut faire différent, avoir un resto avec un autre mode de vie. Les gens nous comprennent, nous accueillent dans notre démarche », se réjouit Nadia Lachance.
À ÉCHELLE HUMAINE
CENTRE D’EXPOSITION DE VAL-D’OR
voart.ca
Remerciements aux Amies et Amis du Centre ainsi qu’aux subventionneurs suivants :
10 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
DU 4 AU 13 OCTOBRE 2019 Les finissantes du Certificat en peinture de l’UQAT
JEAN-FRANÇOIS GIRARD
Chez le Lièvre peut accueillir tout au plus une quarantaine de personnes. On y voit Nadia et Louis-Joseph en action dans leur cuisine, on jase avec eux. Les plats proposés sous-entendent une recherche qui vise la mise en valeur des produits régionaux et la volonté d’en faire le plus possible. « Nous avons fait le choix d’abandonner la friture. Cela nous pousse à être plus créatifs. On vise également une cuisine plus santé », souligne
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Chez le Lièvre est ouvert du jeudi au samedi pour les repas du soir et le dimanche en formule brunch. En hiver, on en profite pour jumeler la sortie à l’exploration des magnifiques sentiers de ski de fond de Laverlochère.
LES PAYSAGES ÉPHÉMÈRES Janie Julien-Fort
DU 25 OCTOBRE AU e 1 DÉCEMBRE 2019
FINE LINE : CHECK CHECK Ian Johnston
SHOW DE BOUCANE Christian Leduc
- GASTRONOMIE -
- GASTRONOMIE -
SAVEURS DU MONDE :
LA KABANE DU PANACHE,
LA CUISINE QUI RASSEMBLE
EN ORIGINALITÉ ET EN SAVEURS
MARIANE MÉNARD
FEDNEL ALEXANDRE
« Le but de Saveurs du monde est de réunir les cultures, que les gens apprennent à se connaître. Parce que quand tu connais les gens, tu n’as pas peur des différences », explique Myriam Grenier, coordonnatrice de l’événement. Cette initiative, proposée initialement par le Carrefour jeunesse emploi d’Abitibi-Est, attire les foules et rassemble de nombreux cuisiniers amateurs autour d’une passion commune pour la cuisine et d’une volonté de se réunir. Pour les participants, la cuisine et les différents plats concoctés deviennent un prétexte pour bavarder et pour tisser des liens. « Quand tu cuisines, tu as du plaisir, tu échanges. On rit énormément, c’est notre rendez-vous annuel, c’est comme une famille », résume Myriam Grenier.
La Kabane du Panache a reçu le prix « Plus beau kiosque ville » à l’occasion de la dernière édition de la Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien, qui a eu lieu du 16 au 18 août dernier, à Ville-Marie. Le kiosque s’est en effet fait remarquer pour son originalité et la succulence de ses dégustations. Ce n’est pas peu dire pour ce petit restaurant qui accueille sa clientèle depuis seulement trois mois à Laniel. En effet, le restaurant La Kabane du Panache a ouvert ses portes le 22 juin dernier. Depuis, c’est une formidable aventure que vit Patricia Noël, la propriétaire. Le concept est fort simple : un conteneur de 20 pieds peint en rose et transformé en chips stand, des tables de pique-nique et des balançoires, une terrasse avec vue sur le lac Kipawa. C’est dans ce cadre dépaysant que se concoctent des plats inspirés de la cuisine mexicaine sur fond de musique latino. Ce décor crée le sentiment d’être en vacances à l’autre bout du monde tout en profitant des paysages bucoliques du Témiscamingue. La clientèle de La Kabane du Panache se compose surtout de vacanciers toujours heureux et surpris de faire une telle découverte à Laniel. PHOTOS : PATRICIA NOËL
Des mets traditionnels de partout dans le monde seront servis au marché public de Val-d’Or pour la 10e édition de l’événement Saveurs du monde. Le 6 octobre prochain, amateurs de cuisines du monde et curieux se régaleront des plats concoctés par des Valdoriennes et Valdoriens issus de différentes communautés culturelles.
« Beaucoup d’amitiés se sont créées [grâce à l’événement]. Quand tu viens d’une autre culture, l’accueil peut être très difficile. Saveurs du monde a permis de voir qu’il y a des gens d’un peu partout et de créer un sentiment d’appartenance à Val-d’Or », ajoute Mme Grenier. Pour cette dixième édition de Saveurs du monde, une dizaine de pays seront représentés, dont la Guinée, le Maroc, la Réunion, le Québec, la France et le Cameroun. Des mets salés et des mets sucrés seront servis, allant de la pastilla aux fruits de mer au pouding chômeur. Nouveauté cette année, on proposera des macarons, ces petites douceurs à base d’amande, aux saveurs inspirées d’aliments qu’on retrouve sur les différents continents. Saveurs du monde aura lieu le dimanche 6 octobre dès 10 h au marché public de Val-d’Or. Les billets seront en vente sur place le jour même et les profits seront versés à un organisme à but non lucratif de la région.
C’est un pari réussi pour Patricia Noël, qui se présente comme entrepreneure plutôt que chef. En effet, elle est une cuisinière dilettante avec une grande expérience dans la restauration. Qu’il s’agisse de la cabane à patates frites de son village natal au Lac-Saint-Jean où, étudiante, elle a travaillé ou encore d’autres restaurants au Québec ou à l’étranger, elle a toujours été à proximité d’une cuisine. C’est d’ailleurs au cours d’un séjour en Australie, où elle a pu travailler dans différents types de restaurants, qu’elle a découvert la cuisine mexicaine. Ainsi, son projet est avant tout une façon de partager avec sa clientèle sa passion pour cette cuisine. Désormais, en passant par Laniel, on peut faire une halte à La Kabane du Panache et se laisser emporter par les saveurs de la cuisine mexicaine et les airs de la ranchera. INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 11
- GASTRONOMIE -
LE KIMCHI : UN CONDIMENT DÉLICIEUX POUR NOURRIR LE MICROBIOTE
La voie du succès
Mailles envers mailles endroit
Ninawit
C’est comme ça que ça se passe dans l’temps des fêtes
Pleins feux sur Osisko FME 2019 Jam La Frontière étudiante 2019 FRIMAT Info-Témis Pionniers Un jour je serai Info 9 Bouquinons de bonheur Délire créatif Secondaire en spectacle Fallait être là L’agro c’est alimentaire Contact Avec vous tout l’été Rendez-vous du loisir municipal On s’en parle Apprendre et transmettre le savoir en A-T Au Petit Théâtre du Vieux Noranda Jeudis sur scène Histoires d’ici Un Huskies de bon show! Là où on vit Journées de la culture Le Mobile Énergie Café culturel Prospect’heure Dans mon studio
NETTA GORMAN
Connaissez-vous le kimchi? Et savez-vous qu’il est possible de le préparer soi-même? Facile à préparer, économique et nutritif, le kimchi est un chouchou des amateurs d’aliments fermentés. Ce condiment relevé et goûteux d’origine coréenne est peu connu ici. C’est un peu comme notre ketchup de légumes, mais avec du « punch ». Traditionnellement, cette recette contient du chou nappa (qui ressemble au chou chinois), du radis daïkon, des carottes, du gingembre, de l’ail, un peu de sucre ou de pomme, et une touche de piquant. On peut « québéciser » la recette en optant pour des radis rouges et des légumes locaux lorsque c’est possible. On ajoute du sel au chou pour en faire sortir l’eau et créer une saumure. Le sel est important, car la saumure crée un environnement propice à la prolifération des gentilles bactéries qui font leur travail de fermentation tout en éloignant les éléments pathogènes. Une fois les légumes coupés, on mélange tous les ingrédients et à l’aide d’un pilon, on écrase le mélange dans un pot en vitre afin d’extraire toute l’eau restante des légumes. Le mélange doit demeurer sous le niveau d’eau afin de fermenter en contexte d’anaérobie, donc sans air. Pourquoi? Parce que l’air est l’ennemi de la fermentation lactique qui rend les légumes probiotiques. Si l’air entre dans le pot, il y aura de la moisissure. La lactofermentation (lacto = formation d’acide lactique) provoque une acidification du milieu qui permet la prolifération de bonnes bactéries dont a besoin notre flore intestinale. Contrairement à d’autres moyens de conservation, comme le vinaigre et la stérilisation, la lactofermentation augmente la valeur nutritive des aliments. La fermentation ne peut avoir lieu qu’à une température ambiante, soit entre 18 °C et 26 °C. Rien ne fermente au frais. Le frigo et la chambre froide sont nécessaires seulement pour l’entreposage, une fois la fermentation terminée. Le kimchi n’a besoin que de 4 à 7 jours de fermentation. On mange le kimchi avec des œufs ou comme condiment pour accompagner n’importe quel repas. Ça ajoute du piquant! Peut-on affirmer qu’une variété d’aliments fermentés améliore notre santé intestinale ainsi que notre système digestif et immunitaire? Les études en ce sens se font rares, mais avouons que c’est une façon délicieuse et économique de prendre soin de notre santé et de profiter des légumes locaux pour voyager dans son assiette! Pour télécharger ma recette : mavieapreslesucre.ca/kimchi-recette
www.tvc9.cablevision.qc.ca 12 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
NETTA GORMAN
Ils se sont lancés
- CINÉMA -
HABITER LE MOUVEMENT : ÊTRE EN SOI CHANTALE GIRARD
À la 38e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, nous aurons la chance de voir, en première mondiale, le dernier film de Béatriz Mediavilla Habiter le mouvement. Ce film poétique rend compte de la tournée de l’important chorégraphe français Thierry Thieû Niang qui a présenté des ateliers de danse intergénérationnels auprès de non-danseurs à travers le Québec.
les participants entretiennent avec le corps. Leur corps à eux, le corps des autres, le corps vieillissant, le corps nomade, le corps politique, le corps comme artéfact. Les témoignages offrent une nouvelle signification aux images des ateliers. Le propos du film s’élargit de plus en plus au fil des images, incluant tout l’environnement dans une intégration poétique de la place qu’occupe la danse dans le monde qui nous entoure.
Béatriz Mediavilla a dansé une grande partie de sa vie. Elle aime la danse et la comprend, ce qu’elle avait déjà démontré avec son premier film Danse avec elle, un portrait de l’intérieur tout en nuance de la chorégraphe et pédagogue Lynn Vaillancourt.
Le choix des intervenants est intéressant (pensons en particulier au récit de Joséphine Bacon) et les images sont absolument magnifiques, entre autres celles des danseurs et danseuses non professionnels filmés avec amour et respect.
Pour son deuxième film, la réalisatrice ne s’est pas occupée de l’aspect factuel de ces ateliers; ce qui l’intéressait vraiment était de faire œuvre elle aussi. Sans rien trahir de la beauté des chorégraphies et du vécu des participants au projet, elle réussit à construire, à partir du matériel des ateliers, un poème dont la portée parvient à nous communiquer, beaucoup mieux qu’un documentaire classique, la dimension authentique de l’expérience.
On doit souligner également la trame sonore. La musique doublée très souvent de sons provenant de la nature (surtout le son de l’eau, omniprésent dans de nombreuses scènes) accentue l’intégration de la danse dans le monde.
Dès la genèse du projet, Béatriz Mediavilla voulait s’affranchir du documentaire de type cinéma-vérité. « Faire ce portrait en y plaçant ma prise de parole me semblait une piste vraiment intéressante et faire le montage dans un contexte de telle liberté est devenu très agréable et stimulant. »
Béatriz Mediavilla a pris le parti de laisser parler le corps dansant. Les résultats des ateliers sont là, devant nous. La parole nous amène ailleurs. Le film devient un voyage au sein de l’expérience même de la danse, à la fois expérience intime et publique. En soi et vers l’autre. En ajoutant cette strate poétique, la réalisatrice va aux racines mêmes de la danse. Et elle nous émeut. Le film sera projeté en première mondiale au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, le mardi 29 octobre prochain.
MÉLISSA MAJOR
En fait, les choix esthétiques de la réalisatrice servent son sujet. Ils rendent le film sensible et l’émotion est là, vivante et palpable. Elle arrive à nous faire comprendre la danse sans avoir recours aux impressions des danseurs et danseuses non professionnels. Le film va au-delà des ateliers et Béatriz Mediavilla nous amène dans une autre direction, dans les rapports que
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- CINÉMA -
PROJECTION DU DOCUMENTAIRE NORANDA : DERRIÈRE LES PORTES CLOSES DE LA FONDERIE MARIANE MÉNARD
C’était en 1984. Les réalisateurs Daniel Corvec et Robert Monderie, accompagnés de Richard Desjardins à la recherche, dévoilent Noranda, un documentaire portant sur l’impact des émanations de métaux lourds sur les employés de la fonderie Horne. Alors que l’inquiétude devant les conséquences des émissions de substances potentiellement nocives pour la santé humaine fait un retour en force dans les manchettes de l’actualité régionale, le comité Arrêt des rejets et émissions toxiques de Rouyn-Noranda (ARET) organisait, le 5 septembre dernier, une projection de Noranda au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue à Rouyn-Noranda. Au début des années 1980, la venue d’une équipe de chercheurs du Mount Sinai School of Medicine de New York à Noranda sert de prétexte pour amorcer une enquête et entamer la création du documentaire. Ces spécialistes de la santé viennent effectuer une série de tests sur les travailleurs de l’usine de transformation de Noranda. « L’idée, c’était de savoir comment étaient affectés les travailleurs à l’intérieur de l’usine, puis les gens à l’extérieur, mais principalement les travailleurs », résume le réalisateur Daniel Corvec. C’est à cette occasion qu’est révélée l’exposition de la population à certaines substances potentiellement nocives, explique le réalisateur Robert Monderie. « On savait qu’il y avait du gaz, de l’anhydride sulfureux, mais personne n’était conscient de l’effet des métaux lourds. Ça, c’était nouveau. On apprenait qu’il y avait du cadmium, du plomb, et de l’arsenic. On ne savait pas que la population était empoisonnée, à quel niveau », expose-t-il. « C’était la première fois [qu’étaient examinés] les effets combinés des métaux lourds et du SO2 (anhydride sulfureux). C’est ce qui intéressait beaucoup [les chercheurs]. C’était un grand succès cette opération-là », précise Richard Desjardins, chargé de la recherche, de la narration et de la bande sonore. Ce dernier évoque aussi la nouveauté de voir s’ouvrir les
portes, traditionnellement closes, de la fonderie. « En même temps, pour nous autres qui avons travaillé sur le film – on vient de Rouyn-Noranda tous les trois –, personne ne savait comment ça marchait cette usine, personne ne savait quelle sorte de compagnie c’était. »
S’INFORMER ET SE MOBILISER Robert Monderie se souvient des échos de la sortie de Noranda dans la communauté. Il évoque entre autres les actions d’un comité citoyen de protection de l’environnement. C’est à la suite des revendications du comité que des démarches ont été entreprises dans le but de réduire les émanations d’anhydride sulfureux. « Les gens ont pensé que c’était réglé. Même nous autres on pensait que le problème était réglé », avoue Robert Monderie, qui se désole de voir des enjeux semblables faire surface aujourd’hui. « À l’époque quand on faisait ce filmlà, on pensait qu’informer, ça réglerait le problème. Mais on est obligé de voir que c’est pas le cas… C’est pas juste l’information, c’est la mobilisation puis de vouloir faire des changements [qui engendreront des résultats] », soutient-il. Pour le comité ARET, organisateur de l’événement, beaucoup d’éléments soulevés en 1984 dans Noranda se reflètent dans l’actualité entourant les émissions d’arsenic à Rouyn-Noranda. Le 5 septembre, la projection de Noranda au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue à RouynNoranda a d’ailleurs attiré beaucoup de citoyens inquiets. Le visionnement précédait une période de discussion animée pendant laquelle l’émotion et l’indignation étaient palpables.
[Peinture, poésie et photographie]
[Photographie]
[Peinture]
DEVENIR LE PAYSAGE
SHOW DE BOUCANE
UN DERNIER BAISER POUR LA ROUTE
MONA MASSÉ ET ALAIN MICHAUD
CHRISTIAN LEDUC
14 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
NICOLAS NABONNE
AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS
- CINÉMA -
- CINÉMA -
CAMÉRA EN ACTION… L’AMOUR AU GRAND
AU CŒUR DE SOUTERRAIN
JOUR POUR NOTRE RÉGION!
JULIE DALLAIRE
DOMINIQUE ROY
ICI ET AILLEURS L’émission a été développée avec Gabrielle Gingras, une ancienne employée de TV Témis qui étudie en cinéma à Montréal. Gabrielle souhaitait poursuivre l’aventure avec TV Témis malgré la distance. C’est ainsi que l’idée est née : recevoir en entrevue des anciennes et des anciens du Témiscamingue qui ont conservé un profond sentiment d’appartenance pour leur région, même s’ils sont maintenant établis ailleurs. « Il faut s’attendre à des parcours de vie différents, mais à une passion commune pour le Témiscamingue, malgré le fait d’avoir pris la décision de le quitter. Ça montre à quel point la région devient plus qu’un territoire, mais une partie entière de sa personne, peu importe si on décide de la quitter ou non, explique la jeune animatrice. Le silence, l’horizon, la beauté des paysages, les gens, les festivals… Il y a beaucoup d’éléments du Témiscamingue qui sont revenus à plusieurs reprises dans les entrevues. Très souvent, je me suis retrouvée dans les réponses de mes invités », raconte-t-elle en mentionnant les « blues » de sa région qu’elle a ressentis lors des tournages. La diffusion aura lieu très bientôt, à l’automne 2019.
LE NOUVEAU MONDE Bien que la diffusion soit prévue dans un an, le projet se prépare quand même depuis longtemps. La directrice de TV Témis, Chloé Beaulé-Poitras, établit un parallèle entre l’émission Le Nouveau Monde et L’anecdote agricole, cette série documentaire qui présentait le portrait d’agricultrices et d’agriculteurs du Témiscamingue. « Avec Le Nouveau Monde, on ira à la rencontre de personnes qui, à un moment ou l’autre de leur vie, ont adopté le Témiscamingue pour s’y établir, par choix, et on tentera de comprendre ce qui explique ces coups de cœur profonds pour notre région. » Youcef Boukhari sera l’un des premiers participants puisqu’il est établi au Témiscamingue depuis longtemps et qu’il est connu pour son travail à la piscine de Ville-Marie. Pour ce qui est de la liste complète des invités, celle-ci n’est pas encore confirmée, mais on sait d’emblée que la diversité des origines sera au rendez-vous. Une douzaine de portraits sont prévus.
LÀ OÙ ON VIT Toujours en lien avec notre territoire, Là où on vit est une série de tables rondes portant sur la réalité et les enjeux de la démographie au Témiscamingue. Réalisé en partenariat avec CKVM, Le Reflet témiscamien et le comité de la Stratégie d’attraction, le tournage aura lieu à la station de radio alors que l’animatrice Annie Larivière recevra, en direct, un panel d’invités pour échanger sur les diverses facettes qui contribuent à la dynamisation du territoire. Dès octobre 2019, le tout sera diffusé sur les chaînes TV Témis et TVC9.
Comme son titre l’évoque, le film est campé dans l’univers des mines alors qu’on suit Maxime, joué par Joakim Robillard, et ses amis qui travaillent dans une mine loin de la ville sur un horaire de 14 jours de travail, 14 ours de congé. Lorsque Maxime est à Val-d’Or, il passe du temps avec sa copine et son ami Julien (Théodore Pellerin), qui est resté handicapé après un accident de la route causé par Maxime. La table est donc mise pour un éventail de drames, mais aussi de fraternité.
JULIE DALLAIRE
Le rayonnement du territoire et de ses habitants est une priorité pour l’équipe de TV Témis. Trois nouvelles émissions verront le jour, et toutes ont un point en commun : elles s’inspirent de la démarche de la planification stratégique et de la nouvelle stratégie de communication et d’attraction du Témiscamingue.
Le 16 juin dernier marquait l’ouverture du plateau de tournage du prochain film de Sophie Dupuis. Installée depuis près d’un mois, l’équipe parcourait alors les derniers milles du tournage à Val‑d’Or. Celle qui nous a offert Chien de garde s’est installée dans son patelin d’origine pour nous livrer Souterrain.
Dans sa démarche de création qui dure depuis presque neuf ans, Sophie Dupuis a découvert la fraternité et la camaraderie que pouvaient développer les travailleurs. « J’ai vu cette affaire-là : comment ils sont ensemble, comment ils sont des amis, comment c’est fort ce qu’il les relie. On dirait qu’il y a juste eux qui vivent ça, la mine. Quand tu n’es jamais descendu dans une mine, tu ne peux pas vraiment comprendre ce que ces gars-là vivent tous les jours. Je pense que ça les rassemble […] et c’est de ça que je veux parler », explique-t-elle pour présenter la différence avec son précédent long-métrage, Chien de garde, un film axé sur les liens familiaux. Près de 500 kilomètres séparent le lieu de l’action de ces deux films et ce n’est pas la seule chose qui les différencie. Le fait de tourner en Abitibi-Témiscamingue apporte une tout autre dimension à la production. Pour Joakim Robillard, l’immersion est beaucoup plus totale : le fait d’avoir la chance de tourner avec de vrais mineurs dans de vrais lieux a grandement enrichi l’expérience. L’entraide et l’accueil chaleureux surpassent les coûts liés à l’éloignement! L’esprit de fraternité qui se dégage du film s’est étendu jusqu’à sa production : des liens forts se sont créés entre l’équipe de Sophie Dupuis et les figurants. Ces derniers ont apporté des précisions sur le maniement des outils aux acteurs et ont confirmé à la réalisatrice l’aspect réaliste de leur utilisation à travers les images captées. C’est d’ailleurs pour les travailleurs et pour rendre hommage à leur emploi, qui est souvent montré de manière documentaire, que Sophie Dupuis a hâte de dévoiler son film, dans une future avant-première. Souterrain met en vedette une distribution prometteuse : Joakim Robillard, James Hyndman, Théodore Pellerin, Charles-Aubey Houde, Guillaume Cyr ainsi que Catherine Trudeau, Chantal Fontaine, Bruno Marcil, Jean L’Italien, Lauren Hartley, Jean-François Boudreau, Maxime Genois et Sébastien Leblanc. Le film est attendu pour 2020. INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 15
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NINAWIT ARRIVE À TVC9 CET AUTOMNE
FORT COMME UN BRONCO :
LA RÉDACTION
TROISIÈME VOLET DE LA
Le 11 septembre dernier, TVC9 lançait sa programmation de l’automne au cinéma Capitol de Val-d’Or. À cette occasion, la chaîne régionale annonçait les grandes lignes de ce qui figurera sur les écrans de la population d’Abitibi-Témiscamingue pour les mois à venir. Plusieurs nouveautés ont fait leur apparition sur la grille horaire. Parmi celles-ci, le diffuseur souligne l’arrivée en ondes de Ninawit, une série produite en collaboration avec Minwashin et Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Fruit de deux années de production avec les communautés anicinabek, Ninawit présente l’histoire et la culture anicinabek au fil de rencontres dans les communautés de l’Abitibi-Témiscamingue. Sa diffusion s’inscrit par ailleurs en continuité avec les activités de valorisation de la langue anicinabe entreprises par l’organisme Minwashin en 2019, année internationale des langues autochtones. Ninawit sera diffusé le lundi à 19 h. L’entrepreneuriat est aussi à l’honneur à l’automne 2019 sur les ondes de TVC9, puisque deux séries abordant cette question seront présentées : La voie du succès et Ils se sont lancés, diffusées respectivement le lundi à 18 h 30 et le mardi à 17 h 30. Enfin, le public pourra apprendre des notions de tricot avec Sandrine Rousseau grâce à Mailles envers, mailles endroit, diffusé le mercredi à 18 h.
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VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME MAISON.DE.LA.CULTURE.LASARRE
16 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
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TRILOGIE DES BRETELLES LISE MILLETTE
Après Les Bretelles à Mononc Jack et Les passes croches à Placide, Fort comme un Bronco deviendra le troisième épisode d’une trilogie cinématographique campée à Sainte-Germaine-Boulé, en Abitibi-Ouest, et qui aborde un nouveau volet de la colonisation. « On essaie vraiment de reproduire l’univers des colonies, des camps de bûcherons. C’est parfois un peu difficile avec un petit budget, mais il y a là une belle trame représentée », affirme la coréalisatrice Julie Dallaire. Dans le premier film, l’oncle Jack révèle le secret de ses bretelles magiques qui peuvent lui permettre d’avoir raison de presque toutes les difficultés, en plus de procurer une force surhumaine. Attention toutefois de bien les remettre dans leur coffre avant minuit! Dans le deuxième film, l’économie s’impose alors que se manifeste une rivalité commerciale entre deux clans. On y parle de corruption dans la construction d’un chemin qui rend pratiquement impossible le commerce du bois. Dans le dernier-né, l’agriculture est mise en vedette. Étonnamment, le nouveau scénario écrit par l’organisateur communautaire de Sainte-Germaine-Boulé, Mario Tremblay, adapté par la suite pour le cinéma, n’est pas sans avoir un certain fondement dans l’actualité, dans la foulée de la controverse en lien avec l’agronomie. « C’est tout l’avènement de l’épandeur à fumier qui est la base. Un agronome, qui s’appelle Passe-Poil, n’est pas satisfait du rendement des terres. Il imagine alors un épandeur à fumier, une technologie qui n’est pas rendue dans la région. La machine est toutefois tellement grosse que rien n’est capable de la déplacer. Il faut alors créer une bête assez grosse pour déplacer ce charriot et il faudra faire appel à l’insémination artificielle pour la meilleure génétique, ce qui est mal vu par l’Église », résume David Trempe, l’autre co-réalisateur. Il s’agit d’un film communautaire, qui traite des thématiques de la colonisation. On y retrouve également des personnages caricaturaux incarnés par des comédiens amateurs, ce qui n’est pas sans défi. « Tous ne sont pas nécessairement à l’aise. Alors on tourne une scène, on la retourne, et on reprend encore. C’est aussi une manière de présenter comment fonctionne le cinéma, mais le but est surtout de garder une trace, pas nécessairement historique, mais pour les gens. Ça vient créer un sentiment d’appartenance », affirme David Trempe. « Et nous avons même trois générations à l’écran dans le film Les passes croches », renchérit Julie Dallaire, attestant de l’implication de la communauté. Le film sera présenté le 14 décembre prochain, à Sainte-Germaine-Boulé, à l’occasion de la fête des bretelles.
- MÉDIAS ET SOCIÉTÉ -
DÉMOCRATIE ET CONVERGENCE MÉDIATIQUE LOUIS-PAUL WILLIS
Les médias d’information sont en crise. Il n’y a rien de particulièrement nouveau ou frappant dans cette affirmation. À l’aube de la révolution numérique qui bouleverse depuis deux décennies divers aspects de nos vies et de notre rapport à l’Autre et à la société, l’idée selon laquelle les médias sont en crise est difficilement contredite. Ce qui est moins accepté — et surtout moins acceptable —, ce sont les répercussions de cette crise sur nos démocraties et sur la circulation des idées. Au fil des ans, il est devenu relativement commun de voir certains médias traverser des difficultés financières accrues, pour éventuellement déclarer faillite et se faire racheter. Entretemps, plusieurs ont pris l’habitude de se fier de plus en plus aux médias socionumériques pour assurer un fil d’information permettant de suivre ce qui se passe dans l’actualité. Il ressort de cette situation un rapport hautement problématique à l’information et aux faits. Et sur la scène québécoise, ce problème a refait surface de façon retentissante vers la fin de l’été. En effet, à la suite des difficultés financières du Groupe Capitales Médias, la diversité médiatique québécoise — ou plutôt ce qu’il reste de cette diversité — est à nouveau en danger. Le gouvernement du Québec a consenti un prêt d’urgence au groupe de presse afin qu’il puisse demeurer en activité le temps de trouver un acheteur. Nous avons depuis appris que Québecor cherche à acheter les six journaux régionaux appartenant à Capitales Médias afin de les rapatrier au sein de son giron médiatique. C’est une très mauvaise nouvelle pour la diversité de l’information, et ce, peu importe l’appréciation potentielle portée envers le conglomérat de Pierre-Karl Péladeau. Cette affirmation n’est aucunement fondée sur ma propre opinion par rapport à la qualité de l’information qui émane des publications de Québecor (une question qui mériterait sans doute une chronique en elle-même) : la convergence médiatique est tout simplement une fort mauvaise nouvelle pour la diversité de l’information et la circulation des idées. Point. Dans leur ouvrage La fabrique de l’opinion publique : la politique économique des médias américains, publié à la fin des années 1980, Noam Chomsky et Edward S. Herman passent notamment en revue la situation de plus en plus répandue où des conglomérats acquièrent un nombre croissant de médias d’information. Selon eux, cette convergence des médias joue un rôle déterminant dans la fabrique du consentement; de plus en plus de sources d’information deviennent la propriété d’un nombre extrêmement limité de
corporations, mettant à mal la diversité des points de vue et, éventuellement, des idées qui façonnent nos sociétés et notre monde. Pour les auteurs, cette situation met la table pour l’apparition grandissante de la propagande dans les médias. Chomsky et Herman proposent un modèle de propagande comprenant cinq filtres auxquels sont soumis les médias d’information. Chacun de ces filtres entraîne un important biais que doit traverser une information avant de nous parvenir. Deux de ces filtres sont particulièrement pertinents à discuter dans la situation ici abordée. D’abord, la propriété privée : comme la plupart des publications médiatiques sont la propriété de corporations, l’information qui en émane sera biaisée dans la mesure où il est évident que les activités, tout comme la philosophie de la corporation propriétaire, ne seront pas attaquées de front. Ensuite, le financement : contrairement à ce que nous pourrions être portés à croire, les publications se financent d’abord par la publicité, et non par le lectorat. Ces publications ne vendent donc pas un produit à un lectorat; ils vendent un lectorat à des entreprises de publicité. L’information diffusée aura donc tendance à éviter de froisser les corporations qui achètent de la publicité et qui, ce faisant, permettent la survie financière des médias. En commission parlementaire, la députée solidaire Catherine Dorion a d’ailleurs évoqué ces problèmes en s’adressant directement à Pierre-Karl Péladeau pour lui demander si les journalistes à son emploi étaient effectivement libres de le critiquer ou de critiquer les nombreuses activités qui se déroulent sous l’égide de Québecor. Ce dernier a préféré ne pas répondre, accusant plutôt la députée de se donner en spectacle. Certains, très critiques par rapport à la jeune députée fortement médiatisée, diront qu’il était évident qu’il ne pouvait répondre, et que la question était piégée. Personnellement, je crois que de poser la question, c’est justement y répondre. Dans cette perspective, Patrick Lagacé a récupéré la balle au bond afin de pondre une chronique plus nuancée1 — mais dans le fond tout aussi incisive — sur ce qu’il appelle les « angles morts ». En somme, il y a beaucoup d’angles morts au sein de l’information qui nous parvient. Ces angles morts représentent un sérieux danger pour la démocratie puisque nous ne sommes souvent pas adéquatement équipés pour déconstruire les nombreux biais encastrés dans l’information qui circule. Il faut donc vivement espérer que la convergence médiatique sera ralentie, ou alors contrecarrée par l’apparition de médias socionumériques indépendants. Et il faut demeurer extrêmement critiques face à l’information qui nous parvient.
1 lapresse.ca/actualites/201909/01/01-5239504-angles-morts.php
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 17
- RÉGION INTELLIGENTE -
L’ÉCHO-RESPONSABILITÉ MICHEL DESFOSSÉS
Pas une faute de frappe ou l’effet d’une correction automatique. Nous parlons bien ici d’écho-responsabilité, avec un petit h. C’est ma blonde qui me pokait avec ça l’autre matin : Pourquoi ne devrions-nous pas agir avec la même rigueur pour ce que l’on écrit sur les médias sociaux que pour ce que l’on mange? Que pour les biens que l’on consomme? Silence étonné de ma part. « Des calories vides! », ajoute-t-elle. C’est ce que l’on ingère trop souvent sur lesplateformes sociales. On se nourrit de ça compulsivement et deux heures plus tard on a encore faim. Et on partage ces mêmes informations à notre tour. Quelque part, qui se soucie de l’énergie consommée pour faire virer tout ça? Je dépose mon bol de Capitaine Crounch, un peu déstabilisé par cette allégorie matinale fort juste. Elle insiste, fouillant les articles traitant de la question : en 2012, 7 % de l’énergie consommée mondialement était attribuable à Internet. En 2020, les utilisateurs, et forcément les géants du Web, en auront consommé trois fois plus! Les mégacentres de stockage de données sont bien sûr au cœur de cet enjeu. C’est une consommation énergétique équivalant à celle du domaine de l’aviation à l’échelle mondiale, rien de moins! En fait, certaines plateformes consomment autant d’énergie que la Bolivie. En 2011, Greenpeace a mis Facebook au défi de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Invitation acceptée, défi relevé. Facebook, qui édite maintenant son propre
18 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
bilan énergétique, vise à n’utiliser que des énergies renouvelables. Et elle inaugurera sous peu un mégacentre de traitement des données au nord du cercle polaire en Suède afin de limiter les coûts de refroidissement de ses serveurs informatiques. Facebook partagera même ses trouvailles énergétiques avec les autres géants du Web dans le cadre du programme Open Compute.
Au deuxième café, nous avons réfléchi à ce que serait notre propre liste de trucs éco-socio-énergétiques : •
Avant de partager une info (fausse nouvelle ou pas) sur les réseaux sociaux, soyons conscients que nous sommes le énième zigue à le faire.
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Nos états d’âme ou opinions intéressent-ils réellement quelqu’un sur les réseaux sociaux, en dehors des sondeurs qui utilisent des données de comportement social?
•
La bienveillance exagérée sur les réseaux sociaux est tout aussi néfaste que le « trollage » ou à tout le moins, inutile.
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Gardons nos photos de voyage pour les montrer à nos amis lors de notre prochaine rencontre physique. Vous éviterez de vous faire dire d’entrée de jeu « Ah oui! J’ai vu tes photos sur Facebook! » Vous éviterez que le punch de votre voyage en Patagonie fasse patate.
Et nous les utilisateurs? Vous me direz (ou vous le direz à ma blonde) que c’est toujours la même rengaine : on renvoie la responsabilité à l’usager individuel alors que certains géants de l’industrie brûlent quelques pétroliers par jour. On a déjà joué dans ce film-là : trie tes vidanges, nous, on continue de polluer! Eh bien, nous serions responsables, tous autant que nous sommes, de 50 % des gaz à effet de serre liés au Web. Pas moyen de se disculper. Responsabilisé et rassasié de mes céréales préférées, je me lance à mon tour, dans le sillage de ma blonde, à la recherche de gestes informatiques salvateurs de kilowatts. Pas fort, comme première récolte de bons plans : désabonnez-vous de listes d’envois de courriels et deux ou trois broutilles du genre… Rien de transcendant. On se rend bien compte que nous sommes, face à notre consommation d’Internet, aussi démunis que nous l’étions face à l’embonpoint, à la recherche de diètes miracles. Même constat pour la pollution engendrée par la surconsommation de pétrole des années 1970 : on s’achetait une Ford Pinto pour changer le monde!
En fait, l’écho-responsabilité, c’est éviter de créer une réverbération inutile, d’augmenter le bruit ambiant et de réduire le temps profitable tout en générant des gaz à effets de serre, même si au Québec nous profitons d’une énergie renouvelable, l’hydro-électricité Dans une future charte du numérique de l’AbitibiTémiscamingue, j’aimerais y lire un chapitre sur l’écho-responsabilité Est-ce moi, mais le vrai écho, me semble que ça existe pu?
- MUSIQUE -
LES ARTISTES DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE BRILLENT AU FME JADE BOURGEOIS
La joyeuse effervescence du Festival de musique émergente (FME) a une fois de plus fait vibrer les rues de Rouyn-Noranda – et le cœur de ses habitants – le temps d’un week-end de fin d’été. Du 29 août au 1erseptembre dernier, pas moins de 86 artistes venus de 7 pays différents ont contribué à faire de cette 17e édition un succès. Les milliers de festivaliers présents, débarqués de tous les coins du Québec (et plus loin encore!), ont pu assister à l’un ou l’autre des 112 concerts présentés un peu partout à travers la ville. Encore cette année, plusieurs artistes de la région ont brillé sur les planches du festival.
FOLIE FURIEUSE : UNE PREMIÈRE PARTICIPATION OFFICIELLE L’organisation de la fameuse nuit électro du samedi soir a été confiée au collectif de DJ québécois AbiTek, dont fait partie le Rouynorandien Folie Furieuse. Grand amoureux du mouvement des free parties, l’artiste est sorti de sa zone de confort pour offrir tout un spectacle aux festivaliers du FME dans un cadre plus traditionnel qu’à son habitude. C’est que les free parties se veulent des événements rassembleurs et créatifs organisés dans des endroits inusités, tels que la forêt ou des édifices abandonnés. Une première participation officielle pour Folie Furieuse, mais le DJ n’en était pas à sa première performance au FME : « Dans les 5 dernières années, on a participé en marge, en OFF-FME. On a par exemple organisé des soirées très prisées dans la cour d’un ami ».
LA SCÈNE MÉTAL ABITIBIENNE : « UNE BELLE GROSSE FAMILLE » Les amateurs du genre se sont régalés dimanche soir lors de la traditionnelle soirée métal du FME. C’est le groupe abitibien de metalcore et de death mélodique Archons qui a ouvert le bal en première partie de Necrotic Mutation et Despised Icon. Les gars d’Archons ont joué les pièces de leur nouvel album Buried Underneath the Lies pour la première fois en spectacle devant une salle comble et un public survolté. La culture métal est bien vivante en Abitibi-Témiscamingue. La preuve : six artistes de la région figuraient au programme de la nuit métal, soit Yannick St-Amant, fondateur et membre de Despised Icon, et les cinq membres d’Archons, tous natifs des alentours de Rouyn-Noranda. La scène métal abitibienne est décrite comme une « belle grosse famille » avec des concerts remplis d’amour : une belle contradiction avec ce qui se passe sur scène lors des spectacles. Selon Sébastien Audet, vocaliste d’Archons, ce n’est pas pour rien que le métal est en aussi bonne santé : « J’ai toujours eu l’hypothèse que le métal a toujours marché comme ça dans notre région parce que ça clashe avec le quotidien paisible du monde. Notre musique est à l’antithèse de ça : c’est rapide et violent. » INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 19
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LE CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE EN TOURNÉE LA RÉDACTION
Du 23 septembre au 3 octobre, le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (CCAT) parcourra la région dans le cadre de sa tournée automnale. À cette occasion, l’équipe du CCAT invite les artistes, organisations et acteurs du milieu culturel à participer à cette journée de présentations, de consultations et de rencontres individuelles. Les participants pourront alors s’informer au sujet de divers programmes de financement pour des projets culturels. Entre autres, le CCAT prévoit démythifier le programme de partenariat territorial du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et soutenir les artistes et organisations qui comptent soumettre un projet. Ces séances permettront aussi aux participants de rencontrer des membres de l’administration de leur MRC et des villes qui présenteront les sources de financement destinées aux acteurs du milieu culturel. La tournée s’arrêtera à Amos, Rouyn-Noranda, Val-d’Or, Ville-Marie et La Sarre.
20 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- MA RÉGION J’EN MANGE -
KETCHUP VERT DE MA GRAND-MÈRE ALDA YVES MOREAU, HÔTEL LE FORESTEL (VAL-D’OR)
INGRÉDIENTS
2 litres (8 tasses) 6 125 ml (½ tasse) 750 ml (1 ½ tasse) 15 ml (1 c. à soupe) 500 ml (2 tasses)
tomates vertes de nos potagers oignons moyens émincés gros sel à marinades vinaigre blanc épices à marinades enveloppées dans du coton fromage sucre blanc ou moitié sucre blanc et cassonade
Déposer les tomates, les oignons, le sucre, le vinaigre et le coton fromage (épices à marinade) dans une marmite. Laisser cuire à feu doux pendant 1 heure en remuant fréquemment avec une cuillère de bois (à la fin de la cuisson, les tomates doivent être translucides). Retirer le coton fromage et déposer le ketchup vert chaud dans des bocaux de conserve stérilisés. Recette traditionnelle de ma grand-mère Alda!
MÉTHODE
Laver et trancher les tomates (1,3 cm ou ½ pouce d’épais). Dégorger les tomates; dans une marmite alterner en étages une épaisseur de tomates vertes, d’oignons et de gros sel et laisser reposer 24 heures. Par la suite, à l’aide d’une passoire, égoutter les tomates et les oignons.
Par les beaux dimanches d’automne quel plaisir de cuisinier avec ma grand-mère le ketchup vert en prévision du temps des fêtes. À déguster avec une bonne tourtière.
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 21
- ARTS VISUELS -
UNE NOUVELLE ARTISTE CRIE EST NÉE : CLAUDETTE HAPPYJACK MICHÈLE PAQUETTE
Claudette Happyjack habite Val-d’Or depuis trois ans. Elle réalise de jolis tableaux avec une « touche autochtone ». Pendant la dernière année, elle s’est impliquée dans plusieurs réalisations collectives et solos. Née à Miquelon de parents de Waswanipi, Claudette Happyjack a été placée en famille d’accueil alors qu’elle était très jeune. Puis, elle a roulé sa bosse. Partie en autobus pour Calgary à 26 ans, elle a aussi passé du temps en Saskatchewan où elle a « pris le temps d’avoir un enfant qui a aujourd’hui 20 ans », confie-t-elle. Elle a oscillé entre Val-d’Or, Ottawa, Waswanipi et l’Ouest canadien. Depuis qu’elle est de retour à Val-d’Or, la vie n’a pas toujours été facile pour Mme Happyjack, qui a passé les trois premiers mois dans la rue. Depuis, elle a réussi à louer une chambre et demeure maintenant à Kijaté. Claudette Happyjack a toujours fait de la peinture, mais ce n’est que depuis qu’elle est confortablement installée dans son logis qu’elle a vraiment progressé, explique-t-elle. C’est dans la dernière année qu’elle a commencé à s’impliquer en tant qu’artiste, en offrant son premier cours pendant le festival des Petits Bonheurs au mois de mai, une expérience parents-enfants où les participants étaient allochtones. Elle a ensuite contribué au projet « Orignal », un projet de médiation culturelle au parc Bérard à Val-d’Or. L’œuvre collective a été peinte en morceaux avant d’être assemblée au parc le 10 septembre dernier. Claudette Happyjack participe aussi à l’exposition collective Wejikan, présentée dans les locaux de la MRC de la Vallée-de-l’Or jusqu’au 18 octobre.
Outre sa passion pour la peinture, l’artiste voue un grand attachement à son environnement. « J’aime la nature et j’aime bien me promener dans la nature, dit-elle. Cet été, je suis allée au chalet de ma mère à Maicasagi à deux heures de Waswanipi et j’ai des amis à Kitcisakik. J’ai toujours aimé l’air de l’Abitibi, je me sens bien ici. Je pense que je vais rester ici. J’ai fait mon nid ici. » N’est-ce pas que l’on aimerait qu’une artiste qui fait d’aussi jolis tableaux et qui démontre d’aussi bonnes intentions reste parmi nous? 22 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
HARRISON HAPPYJACK
Le public pourra également découvrir son travail au complexe Marcel-Monette, où elle exposera un ensemble d’œuvres. Le vernissage aura lieu le 27 septembre à l’occasion des Journées de la culture. Enfin, elle s’impliquera dans le bâton de parole à Kinawit le 4 octobre pour les femmes autochtones qui ont brisé le silence.
- CULTURAT -
MÉDIATION CULTURELLE AU PARC BÉRARD PASCALE-JOSÉE BINETTE
Créer. Créer pour être ensemble, apprendre à se connaître, savoir qui est l’autre... Voilà en quelques mots ce que nous a permis de tisser au fil d’une grande sculpture en forme d’orignal le projet de médiation culturelle qui a eu lieu au parc Bérard au coin de la 2e Avenue et de la 6e Rue à Val-d’Or. Baptisée « Moose project », cette initiative est née d’une collaboration entre la Ville de Val-d’Or et CULTURAT. Le symbole de l’orignal a été découpé puis divisé parmi les artistes invités Andréane Boulanger, Claudette Happyjack, Jason Kakekayash et Pascale-Josée Binette. Cet habile et agile animal qui parcourt nos forêts et fait son chemin dans les sentiers non battus a été choisi pour son aspect rassembleur pour les Autochtones et les allochtones. Le temps de quelques jours au mois de juillet dernier, des familles, des citoyens et des organismes, se sont réunis pour peindre des liens. Ce projet de médiation culturelle avait pour but de développer un regard différent du parc, d’enlever une couche de barrière entre deux mondes qui se croisent et d’apprendre à se connaître.
LA CULTURE POUR JEUNES ET MOINS JEUNES EN ABITIBI-OUEST LA RÉDACTION
Du 23 septembre au 1er octobre, la Ville de La Sarre et la MRC d’Abitibi-Ouest proposent une semaine remplie d’activités inclusives axées sur le partage intergénérationnel. La Semaine culturelle des générations, qui célèbre à la fois les Journées de la culture et la Journée nationale des aînés, sera soulignée partout en Abitibi-Ouest. Plus d’une vingtaine d’activités sont proposées à la population.
CLAUDETTE HAPPYJACK
Les portes ouvertes à la MRC de l’exposition du concours de peinture des attraits touristiques de la MRC d’Abitibi-Ouest donneront le coup d’envoi de cette troisième édition de la Semaine culturelle des générations le 23 septembre. L’exposition regroupe des œuvres créés par des artistes d’Abitibi-Ouest inspirées de leurs attraits touristiques préférés. La Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre proposera aussi une exposition : Rencontre avec notre patrimoine. Celle-ci sera ouverte au public dès le mardi 24 septembre.
Vous avez un projet Culturat?
Sur la programmation figurent aussi les portes ouvertes du club de lecture de l’Abitibi-Ouest, des projections cinématographiques ainsi que des ateliers de théâtre offerts par la Troupe À Cœur ouvert. La programmation complète est disponible en ligne au ville.lasarre.qc.ca et au mrcao.qc.ca.
Contactez-nous à info@culturat.org
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 23
- ARTS VISUELS -
UNE NICHE ÉCOLOGIQUE À LA CORNE TIM CERDAN
« N’importe quel objet peut être un objet d’art, pour peu qu’on l’entoure d’un cadre. » Ces mots qui nous sont murmurés à travers le temps par Boris Vian transpirent un certain mépris pour l’art dans sa forme moderne, qui prête bien souvent plus d’attention à ce qui entoure une œuvre qu’à l’œuvre elle-même. Si vous avez déjà une idée toute faite sur la Fontaine de Duchamp ou La trahison des images de Magritte, il se peut qu’une œuvre récente vienne bousculer vos principes artistiques : début septembre à La Corne se déroulait la création d’une sculpture faite à partir d’objets usagés (collectés par les citoyens du village à l’écocentre de La Corne) par l’artiste Korb avec l’aide de David Miljour de Dose Culture.
en tant que collectif d’artistes urbains dans un village de campagne, mais aussi, et surtout, d’intégrer le régional dans chaque projet : c’est dans cette optique que le collectif s’investit dans six à huit projets par an en région. Il serait maladroit de penser qu’il ne s’agit ici que d’une œuvre de plus dans un paysage quelconque, car l’empreinte de Korb et David Miljour ne se résume pas à une création en passant puisqu’ils ont également donné un cours de graffiti aux dames du Cercle des Fermières de La Corne. Ils profitent
également de leur passage pour créer une autre œuvre à Preissac puisque le projet se fait conjointement entre les deux communautés. Comme l’a dit Korb : « Le graff n’est pas un art porteur de messages, c’est un style de vie », dans lequel, peut-être, le non-message est le message. Et pour paraphraser Vian, tous les objets peuvent être des objets d’art, pour peu qu’on les entoure… d’inspiration.
TIM CERDAN
Le projet d’inviter l’art urbain dans la municipalité de La Corne, mené par Catherine Bélanger, agente de développement à La Corne, avec l’aide du fonds Culture et patrimoine, nait en 2016. Après des recherches d’artistes graffiteurs locaux, Catherine Bélanger décide de faire appel à l’entreprise Dose Culture, autour de laquelle gravitent pas moins de 35 graffiteurs et artistes à travers le bassin du Saint-Laurent. Pour l’agente de développement, il est important d’intégrer l’art dans un mode de vie rural. Pour David Miljour, la volonté derrière le projet est de s’intégrer
LA SANTE
PAR L’ACTIVITÉ PHYSIQUE, ON Y CROIT.
INSCRIPTION
GRATUITE: ONMARCHE.COM
24 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
DATE : Dimanche 20 octobre 2019 HEURE : Animation à 12 h, départ à 13 h LIEU : Promenade Agnès-Dumulon 191, avenue du Lac Rouyn-Noranda
- HISTOIRE -
COMMUNAUTÉS CULTURELLES ET PATRIMOINE BÂTI À ROUYN-NORANDA BENOIT-BEAUDRY GOURD, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE ROUYN-NORANDA
L’ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE SAINT-GEORGES
L’ÉGLISE CATHOLIQUE UKRAINIENNE CHRIST-ROI
La construction de l’église orthodoxe russe SaintGeorges commence en juin 1955 sur un terrain cédé par la Cité de Rouyn à la communauté russe pour le prix symbolique d’un dollar. Une collecte de fonds menée auprès de toute la population permet la construction de l’église qui est achevée au cours de l’été de 1957. L’église Saint-Georges, ainsi nommée en l’honneur du patron des orthodoxes russes, est construite par les fidèles eux-mêmes. Les plans de l’église ont été établis par le père Feodor Ustutschenko, le pope de l’Église orthodoxe d’Amérique qui sert à l’époque les fidèles de Rouyn-Noranda et Val-d’Or ainsi que ceux de Kirkland Lake et Kearns dans le Nord-Est ontarien.
LA SYNAGOGUE BEIT KNESET ISRAEL
L’église Saint-Georges présente l’architecture classique des chapelles orthodoxes de la Russie rurale avec son plan en forme de croix, ses coupoles à bulbe surmontées d’une croix à trois branches et ses ouvertures en arc brisé. Elle se distingue par ses fondations hors sol et son impressionnant escalier d’accès. Jusqu’en 1982, le bâtiment sert à la fois de lieu de culte et de centre communautaire pour les immigrants russes de Rouyn-Noranda. Puis en 1984, l’Église orthodoxe d’Amérique cède le bâtiment à la Ville de Rouyn qui s’engage alors à en préserver l’intégrité ainsi qu’à sauvegarder les vêtements liturgiques et les objets de culte laissés sur place par le dernier pope, le père David Shevchencko.
C’est aussi à partir de 1955 que les catholiques ukrainiens de rite byzantin présents à Rouyn-Noranda vont construire l’église Christ-Roi sur des terrains situés à proximité de l’église Saint-Georges. En fait, la construction des deux églises s’effectue en même temps, soit de 1955 à 1957. Les travaux de construction sont en grande partie réalisés par des membres de la communauté sous la direction du père Lev Chayka, le curé des paroisses catholiques ukrainiennes de Rouyn-Noranda et de Val-d’Or. C’est monseigneur Isidore Borecky, exarque des Ukrainiens de l’est du Canada, qui procède à la bénédiction solennelle de l’église Christ-Roi le dimanche 11 septembre 1960. L’église est encore aujourd’hui utilisée de manière sporadique pour des cérémonies religieuses.
La communauté juive de Rouyn-Noranda, même si elle est peu nombreuse, se dote dès 1932 d’une synagogue qui devient alors la première au Québec à être érigée en dehors de Montréal. La communauté profite de la richesse de ses membres, très actifs dans le commerce et l’immobilier, pour faire construire en 1948 une plus grande synagogue sur le même emplacement. Le sous-sol est alors utilisé pour les activités sociales et culturelles de la communauté. L’édifice cesse de servir de lieu de culte en 1972 puis est vendu. Il a depuis été transformé en édifice à appartements. La valeur patrimoniale de ce bâtiment est principalement reliée à son histoire, mais elle réside aussi dans certains éléments de son architecture. L’édifice possède une façade de style néo-roman en briques qui se distingue par l’arc en plein cintre de ses fenêtres. Certains éléments de la façade permettent par ailleurs de discerner la vocation d’origine du bâtiment, comme l’inscription « Kneseth Israël Congregation » sous la fenêtre circulaire décorée de l’étoile de David. Tout au bas du côté droit de la façade, une inscription en hébreu et en anglais sur une pierre angulaire noire rappelle que M. Michael Korman était le président de la « Rouyn-Noranda Hebrew Congregation » lors de l’inauguration de la synagogue.
L’église Saint-Georges est citée comme monument historique en 1992 par la Ville de Rouyn-Noranda. Complètement rénovée en 2007, elle sert aujourd’hui de musée religieux et de centre d’interprétation sur l’histoire des immigrants à Rouyn-Noranda. La valeur patrimoniale de l’église Saint-Georges est d’autant plus grande qu’il n’existe que deux autres églises semblables au Québec, l’une à Val-d’Or et l’autre à Montréal.
CHRISTIAN LEDUC
À partir du 17e siècle, des millions de personnes traversent les océans pour venir s’établir au Canada. Ce puissant mouvement migratoire mène des milliers d’immigrants, pour la plupart originaires d’Europe centrale et d’Europe de l’Est, dans les villes minières de l’Abitibi où ils font partie intégrante de la vie collective. C’est particulièrement le cas à Rouyn-Noranda où les immigrants sont fort nombreux, constituant jusqu’à près d’un tiers de la population en 1931. En 1961, ils forment encore 10,6 % de la population. Les communautés culturelles dont ils sont issus ont laissé des traces dans le patrimoine bâti de la ville. La preuve par trois.
L’allure imposante de l’église témoigne de l’importance de la communauté ukrainienne à Rouyn-Noranda, l’une des plus nombreuses à l’époque. Le corps du bâtiment est en briques avec une toiture à deux pans. Sa façade comprend plusieurs ouvertures plein-cintre munies de fenêtres en croisillons. Des clochetons coiffés de la croix catholique ukrainienne surmontent le faîte de la toiture ainsi que les deux tours d’angle. Comme l’église Saint-Georges, l’église du Christ-Roi se démarque par ses fondations hors sol qui élèvent le bâtiment de manière importante et par son imposant escalier d’accès.
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 25
26 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
- ENVIRONNEMENT -
PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ POUR AMÉLIORER NOTRE ALIMENTATION JANET MELENDEZ CAMPILLO ET AURORE LUCAS, CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Lorsqu’on s’intéresse de près ou de loin à l’environnement, on a forcément déjà entendu parler des concepts qui gravitent autour du terme biodiversité. Ces concepts sont plus souvent associés à une espèce menacée ou à la sixième extinction de masse que l’on vit en ce moment, mais la biodiversité se retrouve aussi dans notre assiette, alors parlons de diversité culinaire!
et à l’économie locale de prospérer, tout en ayant des produits de qualité, respectueux de l’environnement ». De plus, une consommation écoresponsable contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le transport.
Choisir ce que l’on met dans son assiette, c’est choisir de manger bio ou non, c’est choisir de manger local ou non, c’est choisir de manger des aliments sans OGM ou non, et c’est aussi de diversifier son alimentation. Qui n’a jamais éprouvé de plaisir en découvrant un poivron mauve qu’on n’a encore jamais goûté, une variété de fraises cultivée avec soin par des producteurs de la région et qui explose de saveurs quand on la croque? Saviez-vous que plus 15 000 variétés de tomates ont été recensées à travers le monde selon Lili Michaud, auteure de La tomate de la terre à la table? Malheureusement, toutes ces variétés ne sont pas adaptées à la production de masse et à l’agriculture industrielle, et sont donc souvent oubliées et menacées de disparaître.
En 2015, l’Organisation des Nations Unies (ONU) adoptait un programme de développement durable dans lequel plusieurs objectifs touchent la nutrition et la biodiversité. Par exemple, l’objectif 12 suggère de prôner des modes de consommation et de production responsables. Les initiatives à grande échelle sont très diversifiées. Par exemple, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) propose des programmes sur la protection et l’amélioration des ressources génétiques afin de garantir la préservation de variétés de grains à grande valeur nutritionnelle. De même, la Convention sur la diversité biologique (CDB) présente l’approche par écosystème, laquelle est une stratégie de gestion intégrée des terres, des eaux et des ressources vivantes qui favorisent la conservation et leur utilisation durable. Cette approche vise à remédier à la crise alimentaire mondiale, à augmenter la résilience des populations face aux changements climatiques ainsi qu’à faire valoir les connaissances traditionnelles des peuples autochtones.
SUZIE ÉTHIER
La dégradation de l’environnement, la simplification et l’autonomisation des régimes alimentaires ont gravement affecté le nombre total d’espèces végétales et animales dont l’être humain dépend pour se nourrir. Le récent engouement au Québec pour le jardinage individuel, les microfermes écologiques et les circuits courts permet de ramener la diversité sur la place publique. De la même façon que la biodiversité est essentielle au maintien des écosystèmes, l’agrobiodiversité joue un rôle essentiel dans la satisfaction des besoins des populations humaines en matière de nutrition, de santé, de culture et d’économie.
D’autre part, la consommation n’est qu’une partie du système alimentaire. Ce système considère aussi la production, la gestion après récolte, le stockage, la transformation et la commercialisation. Dans ce contexte, il est indispensable de formuler des politiques alimentaires qui garantissent l’approvisionnement des aliments en quantité, en qualité et à des prix abordables pour les consommateurs.
La question qui se pose : est-ce que les choix de consommation que nous faisons au quotidien peuvent contribuer aux efforts des initiatives internationales qui tentent de garantir une alimentation durable?
Envie de contribuer à la proteccon de l’environnement? Devenez membre !
En 2017, Bianca Bédard a écrit un texte dans cette même chronique pour vanter les mérites de la consommation locale. Elle affirmait que « en plus d’être agréable et surprenant, consommer local favorise également l’économie locale. En choisissant des produits régionaux, vous permettez aux artisans locaux
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 27
PRÉFESTIVAL
30 OCTOBRE LE TRÈFLE NOIR / ROUYN-NORANDA
31 OCTOBRE 1 & 2 NOVEMBRE 2019 POLYVALENTE LE CARREFOUR / VAL-D'OR
SPECTACLES // SOIRÉE DANSANTE // ATELIERS // JAMS LES RESTANTS DU BOULANGER LE DIABLE À CINQ LA SUITE LA DÉFERLANCE LES CHAUFFEURS À PIED Festival de musique Trad Val-d'Or
28 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
www.festivaltradvd.ca
UNE DÉCENNIE CÉLÉBRÉE EN GRAND! LA RÉDACTION
Le 27 août dernier à Rouyn-Noranda s’est tenue une soirée festive soulignant les dix ans du journal culturel de l’AbitibiTémiscamingue L’Indice bohémien. La salle était comble : près de 300 personnes se sont déplacées pour le plaisir de recevoir en primeur L’Indice bohémien de septembre, au format et à l’aspect complètement revisités ainsi que pour afficher leur soutien envers le journal.
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION ET L’ÉQUIPE DE L’INDICE BOHÉMIEN
STAIFANY GONTHIER, DESIGNER GRAPHIQUE
L’ÉQUIPE DU CCAT A APPORTÉ SON AIDE PENDANT LA SOIRÉE
PHOTOS : NATHALIE TOULOUSE
La soirée animée par Pascale Langlois s’est tenue au bistro Paramount et mettait en vedette plusieurs artistes de l’Abitibi-Témiscamingue. Après une prestation du Cirque des Frères Collini, la fête s’est poursuivie en musique avec Adam Brousseau, Louis-Philippe Gingras, Dylan Perron et Rang 8, qui ont fait vibrer le public pendant cette veillée unique. Pour la Coopérative du journal culturel de l’AbitibiTémiscamingue, les festivités du 10e anniversaire étaient aussi l’occasion de remercier ses partenaires, ses bénévoles et la communauté régionale pour leur soutien et leur confiance en la mission de L’Indice bohémien. Des prix de présence ont été remis au courant de la soirée. Pour plusieurs, la soirée réunissant des gens de tout le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue a aussi été une occasion de se rencontrer, d’échanger et de partager. Acteurs et actrices de l’écosystème culturel régional étaient réunis pour cette célébration rassembleuse et conviviale.
OCCASION SPÉCIALE
DEVIENS MEMBRE!
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JE DEVIENS MEMBRE DE SOUTIEN DE L’INDICE BOHÉMIEN
Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Prénom et nom : ___________________________________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________ Téléphone : ________________________________________ Courriel : __________________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 29
subarurn.com
* Voir détails et réstrictions
chez Subaru Rouyn-Noranda.
30 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
EXPOSITIONS Ayemiyedan Nisin – Dialogue 3 7 juin au 29 sept., MA, Musée d’art (RN) Les treize grand-mères lunes – Frank Polson 7 juin au 29 sept., MA, Musée d’art (RN) (In)visible – Anne Théberge 29 août au 6 oct., L’Écart (RN) Fais tes sciences pures ça va t’ouvrir des portes – Marie-Claude Lepiez 29 août au 29 sept., L’Écart (RN) Un dernier baiser pour la route Nicolas Nabonne 13 sept. au 3 nov. Centre d’exposition d’Amos
En parallèle – Johannie Séguin 27 sept. au 17 nov. Le Rift (Ville-Marie) Les finissantes du certificat en peinture de l’UQAT 4 au 13 oct. Centre d’exposition VOART (VD) La guerre des consoles, ce n’est pas une raison pour se faire mal! 18 au 20 oct. Centre d’exposition VOART (VD) Avant l’Abitibi : Territoire d’échanges, lignes de confluences Jusqu’au 17 janv. 2020 Centre d’archives – Maison de la culture d’Amos ÉVÉNEMENTS
Gaétane Godbout 6 au 28 sept. Rock Lamothe – Art contemporain
Journées de la culture 27 au 29 sept., Partout dans la région
Show de boucane – Christian Leduc 13 sept. au 3 nov. Centre d’exposition d’Amos
Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue 26 au 31 oct., Rouyn-Noranda
Devenir le paysage Mona Massé et Alain Michaud 13 sept. au 10 nov. Centre d’exposition d’Amos
Festival de musique Trad 31 oct. au 2 nov., Val-d’Or
Rencontre avec notre patrimoine 24 sept. au 20 déc. Société d’histoire et de généalogie de la région de La Sarre (La Sarre)
Le Cœur en quatre 28 sept., Agora des arts (RN)
Rouyn-Noranda, culturelle, enivrante! Vanessa Gagné-Samson 26 sept. au 27 oct. Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Les missionnaires – Jacques Baril 27 sept. au 17 nov., Le Rift (Ville-Marie)
MUSIQUE
Dans ma main – Jean-Michel Blais 3 oct., Théâtre du cuivre (RN) 4 oct., Salle Félix-Leclerc (VD) Foreing diplomats 3 oct., Salle Dottori (Témiscaming) La grande chire 5 oct., Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN)
Serernata – Ensemble Aiguebelle 6 oct., Théâtre du cuivre (RN) 8 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 9 oct., Théâtre Lilianne-Perrault (La Sarre) 10 oct., Salle Félix-Leclerc (VD) 11 oct., Le Rift (Ville-Marie) Jonctions – Jeunesses musicales du Canada 6 oct., Salle multifonctionnelle du Conservatoire (VD) 8 oct., Théâtre du cuivre (RN) 23 oct., Théâtre des Eskers (Amos)
Génies sages et moins sages Génies en herbe Harricana 27 sept., Bibliothèque municipale d’Amos Heure du conte 28 sept. Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda MAPA – Théâtre des petites mains 15 et 16 oct., Agora des arts (RN)
Sara Dufour 17 oct., Petit Théâtre du Vieux Noranda (RN)
26 lettres à danser 18 oct., Théâtre du cuivre (RN) 19 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 20 oct., Théâtre Télébec (VD)
Frères d’armes – Caya/Dubé 18 oct., La Brute du coin (La Sarre)
Pinocchio – Tout à trac 26 oct., Théâtre Télébec (VD)
Agrégat : 15 ans de FRIMAT 26 oct., Salle Félix-Leclerc (VD)
THÉÂTRE
La tournée du bonheur 28 oct., Théâtre des Eskers (Amos) LITTÉRATURE Cabaret des mots de l’Abitibi-Témiscamingue 26 sept., Bibliothèque municipale de Val-d’Or 27 sept., Fontaine des arts (RN) 28 sept., Vieux Palais d’Amos 29 sept., Rouge Café (La Sarre) Cercle de lecture de La Mosaïque 8 oct. Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda Lancement du livre Tracez le chemin qui vous rend heureux 10 oct., Bibliothèque municipale de Val-d’Or JEUNE PUBLIC Le monstre de la cave – Une heure du conte en français et en algonquin 27 sept., Bibliothèque municipale d’Amos
J’suis là pour toi – Troupe à Cœur ouvert 1er oct., Théâtre Lilianne-Perrault (La Sarre) Le dernier sacrement 1er oct., Théâtre des Eskers (Amos) 2 oct., Le Rift (Ville-Marie) 3 oct., Théâtre Télébec (VD) 4 oct., Théâtre Lilianne-Perrault (La Sarre) 5 oct., Théâtre du cuivre (RN) Je suis mixte – Productions Tôtoutard 10 oct., Agora des arts (RN) IMPROVISATION Match de la Sale ligne d’improvisation (SLI) 26 sept., Motel Villa mon repos (La Sarre) HUMOUR Dérapage contrôlé humour spontané 4 oct., La Cabane (VD) La tournée du gros Buck 24 oct., La Brute du coin (La Sarre)
INDICEBOHEMIEN.ORG OCTOBRE 2019 31
merci à
nOs partenaires
32 OCTOBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG
Émilise Lessard-Therrien
Députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue
Suzanne Blais
Députée d’Abitibi-Ouest