NOVEMBRE 2019 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 11 - NO.3

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - NOVEMBRE 2019 VOL 11 - NO 3

GRATUIT

Isabelle Trottier

LA FACE CACHÉE DU CONSERVATOIRE

10

PORTRAIT DE L A PHOTOGRAPHE MARINA FONTAINE

12

L A RECHERCHE EN ÉDUC ATION À L’HONNEUR

14

L A CULTURE S’INVITE À L A CSLT

19

CULTIVER DES LÉGUMES À L’ÉCOLE

29

L ARCHE L ANCE UN MINI-ALBUM


150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative du

L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la

journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en novembre 2006,

tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

CHRONIQUES L’anachronique

4

De panache et de laine 21 Environnement Histoire

11 20

Ma région j’en mange 22 Médias et société

27

Région intelligente

25

Tête chercheuse

6

CONSEIL D’ADMINISTRATION

DISTRIBUTION

Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda

MRC D’ABITIBI

Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or

Lydia Bédard, Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau,

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne,

Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda

Véronique Naud, Sylvie Tremblay, MRC d’Abitibi.

Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue

Véronique Bernier Labonté, Isabelle Brochu, Francine Gauthier,

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

François Grenier, Colette Langlois, Suzanne Moore, Sophie Ouellet,

Valérie Martinez

Gilles Parents, Mario Tremblay, Ville de La Sarre.

direction@indicebohemien.org 819 763-2677

Calendrier culturel

31

Éducation

11 à 21

23

Littérature Photographie

Lise Millette, Christian Paquette, MRC de Témiscamingue.

Mariane Ménard, coordonnatrice

SOMMAIRE

Musique

MRC DE TÉMISCAMINGUE Émilile B.Côté, Hélène Bacquet, Véronic Beaulé, Simon Laquerre,

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS

Jeu

MRC D’ABITIBI-OUEST

26

29

7 à 10

redaction@indicebohemien.org

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

819 277-8738

Joël Baril, Marc Boutin, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert,

Ariane Ouellet, éditorialiste

Marc-Antoine Jetté, Carole Labrecque, Céline Lauzon, Gaétan Langlois,

Lise Millette, collaboratrice à la une

Caroline Leblanc, Renaud Martel, Michaël Pelletier-Lalonde, Paquerette Plourde, Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber,

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

Huguette Roy, Ginette Vézina, MRC de La Vallée-de-l’Or.

Fednel Alexandre, Kristel Aubé-Cloutier, Réal Bergeron, Jacinthe Châteauvert, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés, Roxane Drainville,

VILLE DE ROUYN-NORANDA

Caroline Gélinas, Pascal Grégoire, Régis Henlin, Antoine Lefebvre,

Claudie Aubin, Émilie Canuel, Anne-Marie Lemieux, Caroline Lemire,

Zachary Marcoux, Philippe Marquis, Mariane Ménard, Lise Millette,

Julie Mailloux, Valérie Maltais, Suzanne Ménard, Maya Noël, Stéphan Thouin,

Ariane Ouellet, Michèle Paquette, Carlo Prévil, Geneviève Rouleau Lafrance,

Annette St-Onge, Denis Trudel, Ville de Rouyn-Noranda.

Dominique Roy, Dominic Ruel, Louis-Paul Willis.

CONCEPTION GRAPHIQUE COORDINATION RÉGIONALE

Feufollet.ca

Laurane Gagnon | MRC d’Abitibi

graphisme@indicebohemien.org

Louise Magny | MRC d’Abitibi Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi

CORRECTION

Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest

Geneviève Blais

Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Geneviève Béland | MRC de La Vallée-de-l’Or

IMPRESSION

Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda

Imprimeries Transcontinental

EN COUVERTURE Certifié PEFC

Isabelle Trottier, directrice du Conservatoire de musique de Val-d’Or.

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

Photo : Geneviève Lagrois PEFC/01-31-106

2 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

www.pefc.org


- ÉDITORIAL -

LA SUITE DES CHOSES, JUSTEMENT. ARIANE OUELLET, éditorialiste

Palmarolle, le 14 octobre 2049 Je suis né à Rouyn-Noranda en 2010. J’ai maintenant 39 ans. J’ai choisi de vivre en Abitibi-Témiscamingue parce qu’on trouve ici des occasions qu’il n’y a pas partout. Je vous raconte. En 2019, une grève pour le climat a secoué la planète. Malgré la grande médiatisation de la cause, beaucoup d’États ont eu des réticences à entreprendre de grands changements et ont subi de fortes pressions pour maintenir en place le système défaillant dans lequel ils étaient empêtrés. Toutefois, certains gouvernements ont eu le courage et l’audace de redéfinir l’avenir de façon drastique. Ici, on a choisi d’être créatifs plutôt que peureux. Et je suis là, 30 ans plus tard, pour témoigner des changements qui ont transformé ma région et le Québec au complet. Vers 2020, on a statué que la ressource abondante d’eau souterraine qui se trouve au Québec était devenue un trésor national. On en a interdit toute forme de privatisation. Les multinationales et les consortiums banquiers ont dû se retirer. L’État québécois est devenu protecteur de l’eau, et non un producteur dans une visée d’exportation internationale à grande échelle dont elle aurait pris le relais à la place des entreprises privées. La vente de bouteilles en plastique à usage unique est enfin devenue illégale dans plusieurs villes et MRC. Une fois l’eau reconnue comme bien public, les projets d’oléoducs et de gazoducs qui la mettaient en danger ont été écartés des plans de développement économique. Dans les années 2020, on a aussi décidé de bannir les pesticides et engrais chimiques de tout le territoire, ce qui fait en sorte que nous sommes devenus peu après un chef de file mondial en agriculture biologique. Les petites entreprises familiales ont reçu des aides financières pour leurs pratiques bio plutôt que de payer pour obtenir leur certification. Dans les années 2030, on a même obtenu que les produits poussant en

Une fois l’eau reconnue comme bien public, les projets d’oléoducs et de gazoducs qui la mettaient en danger ont été écartés des plans de développement économique. Abitibi-Témiscamingue profitent d’une appellation d’origine contrôlée pour la qualité de son terroir. Grâce à des taux d’intérêt privilégiés dans les institutions bancaires, plusieurs nouveaux agriculteurs sont venus s’installer avec leur famille et ont créé des produits novateurs. La transformation de la nourriture de proximité a été facilitée grâce à des mesures de soutien de ce qui s’appelait jadis le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), et qui est devenu le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire du Québec. Pour sa part, le ministère de la Pêche a été fusionné avec celui de la Protection des plans d’eau afin que la protection de la faune aquatique et des habitats ne soit pas dissociée des mesures entourant les activités de pêche commerciale. Les lois sur le patrimoine agricole ont aussi été modifiées de façon à favoriser les petites fermes et les initiatives d’envergure régionale. Les supermarchés ont revu leur politique de rayonnage afin de privilégier les aliments qui sont produits à proximité : viande, volaille, légumes, miel, lait et fromage, bières, boissons fermentées, fruits, etc. Ils ont bénéficié de crédits d’impôt importants pour leur approvisionnement en denrées alimentaires qui se trouve à moins de 200 km de leur commerce, la même mesure s’appliquant aux restaurateurs. Les forêts ont aussi changé de statut. Plutôt que de les considérer comme des réservoirs de matière ligneuse, elles

Rouyn-Noranda Val-d’Or

sont maintenant considérées comme faisant partie du vivant, et sont donc évaluées en fonction de leur utilité collective et à long terme. Une forêt de proximité dont l’usage collectif est reconnu est soustraite à toute forme d’exploitation ne s’inscrivant pas dans une vision de développement durable. On peut donc y développer la cueillette de produits non ligneux comme des champignons sauvages et des plantes, une économie récréotouristique et des projets éducatifs, mais dans la vision où l’intégrité de la forêt doit être préservée. L’industrie touristique s’appuie d’ailleurs sur l’existence des paysages encore sauvages qui sont très recherchés sur le plan international. L’air pur, le silence, les nuits étoilées et la faune sauvage sont de plus en plus rares ailleurs dans le monde, mais ici, on a su préserver ces trésors de la nature avant qu’il ne soit trop tard. En Abitibi et au Témiscamingue, on a encore les moyens de s’acheter une maison sans avoir à signer une hypothèque sur trois générations. Beaucoup d’immigrants ont commencé à s’y installer dans l’espoir d’augmenter leur qualité de vie. Les villes et villages ont transformé leur urbanisme de façon à favoriser la mixité d’usage, à développer les écoquartiers, les résidences multigénérationnelles et les habitations de petite taille. Les projets coopératifs sont favorisés, surtout s’ils permettent de créer des milieux de vie pour briser l’isolement et favoriser l’entraide avec les populations vulnérables. Ma mère habite dans un petit logement rattaché à ma maison, elle peut donc se loger à moindre coût et bénéficier de la sécurité du voisinage. Il y a un atelier communautaire où elle peut aller peindre. Elle mange avec nous quelques fois par semaine et peut aussi garder mes enfants de temps en temps quand elle n’est pas trop occupée à planifier la prochaine fête de quartier. Il ne faut pas seulement voir ce qu’on peut perdre dans les grandes périodes de changement. Il faut aussi voir ce qu’on peut gagner.

6 novembre 20 novembre

uqat.ca/portesouvertes

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 3


- L’ANACHRONIQUE -

PRENDRE DES PRÉCAUTIONS PHILIPPE MARQUIS

Quand cette affaire a commencé, il y a six mois, je ne croyais pas avoir à écrire sur elle. Je n’imaginais pas, à mon tour, devoir expliquer à un gouvernement comment il doit respecter les gens de ma ville. Au départ de cette histoire insensée, je me disais que ça se règlerait rapidement. Après tout, on a un nouveau gouvernement n’est-ce pas? Au mois d’avril dernier, des parents d’enfants du quartier Notre-Dame à Noranda apprennent que leurs petits sont anormalement surexposés à l’arsenic, un élément chimique hautement toxique. La norme émise par Québec est de 3 nanogrammes par mètre cube (ng/ m3). L’exposition pourrait être 67 fois plus élevée dans leur quartier. Cet arsenic, présent dans l’air de ma ville et respiré par nous tous, résulte des opérations de la fonderie, propriété de Glencore, qui domine le paysage de Rouyn-Noranda. Et il y a peut-être toujours eu trop d’arsenic dans notre air…

Une recherche sur le Web m’apprend que des concentrations d’environ 10 ng/m3 ont été détectées en 2018 à Montréal-Est1. Elles provenaient de l’usine CCR propriété, elle aussi, de Glencore. La population, la Direction de la santé publique et les élus municipaux ont demandé que l’usine respecte la norme québécoise. Elle a fini par se doter d’un équipement capable d’abaisser, en théorie, la présence de ce poison. Comme à MontréalEst, le gouvernement autorise la fonderie Horne à polluer au-delà de sa propre norme. Sans que l’on nous ait expliqué pourquoi, on l’autorise à relâcher jusqu’à 200 ng/m3. Ici, ce n’est pas juste la compagnie qui est en cause, même s’il apparaît amoral d’empoisonner l’air que respirent ses employés, leur famille et leurs amis. Non, c’est l’État qui lui permet de continuer. Un comité de citoyens, tout ce qu’il y a de poli, demande que les normes soient respectées. Des médecins, la Direction de la santé publique, des groupes communautaires, le conseil municipal de RouynNoranda et la Conférence des préfets de notre région

demandent d’agir et de faire respecter les normes en matière d’exposition à ce poison. Or, jusqu’ici, aucune reconnaissance du problème n’est venue de notre gouvernement. Le ministre responsable de la région a dit, lors d’une entrevue rapportée par Radio-Canada le 25 août dernier, qu’« il fallait arrêter d’être toujours sur le piton d’alarme2 ». Pire, le premier ministre a déclaré à l’Assemblée nationale le 9 octobre dernier au sujet du problème que « les risques pour la santé sont minimes3 ». Il existe, dans le domaine de la santé, ce qu’on nomme le principe de précaution. Celui-ci propose de ne jamais courir de risque avec la santé de la population en respectant les normes environnementales. Maintenant, je me demande si les risques pour la « santé politique » d’un gouvernement seraient « aussi minimes » si tout cela se passait au pied du Mont-Royal. Calvaire, il est pour quand le respect? Le simple respect des normes?

1 Fortin, J.-L. (2018, 17 septembre). « Émanations d’arsenic à Montréal-Est : la Ville et Québec n’ont pas sévi pendant cinq ans ». Le Journal de Montréal. 2 Luneau, A.-C. (2019, 23 août). « Arsenic : “Il faut arrêter d’être toujours sur le piton d’alarme”, dit Pierre Dufour. » Radio-Canada – ICI Abitibi-Témiscamingue. 3 Deshaies, T. (2019, 9 octobre). « Arsenic : le premier ministre croit que les “risques pour la santé sont minimes.” ». Radio-Canada – ICI Abitibi-Témiscamingue.

OCCASION SPÉCIALE

DEVIENS MEMBRE!

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Pour devenir membre, libellez un chèque de 20 $ ( 2 parts sociales de 10 $) au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Prénom et nom : ___________________________________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________ Téléphone : ________________________________________ Courriel : __________________________________________ Le membre de soutien est une personne ou une société qui a un intérêt social dans l’atteinte de l’objet de la coopérative.

4 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- À LA UNE -

DÉMOCRATISER LE CONSERVATOIRE LISE MILLETTE

Une nouvelle scène accueille depuis peu la cantatrice Isabelle Trottier qui a dû troquer une partie de ses partitions pour prendre les rênes du Conservatoire de musique de Val-d’Or. En poste depuis le 8 juillet, elle vient de vivre sa première rentrée comme directrice de ce lieu d’enseignement des arts de la scène, où la musique occupe le premier rang. « Tout se passe très bien : l’équipe, les élèves. Tous semblent contents de voir que la nouvelle direction est une personne qu’ils connaissent et qui connaît aussi la région », commence Isabelle Trottier. Depuis 2015, elle enseignait l’art lyrique au Conservatoire et a également participé à différents projets musicaux. Même si le défi de succéder à Jean St-Jules l’emballe, Isabelle Trottier concède que faire le saut a demandé une grande réflexion. « C’est un pensez-y-bien. Accepter un poste de direction imposait de laisser derrière moi une grande part de mon enseignement », reconnaît-elle.

Lieu de formation supérieure, le Conservatoire offre aussi des formations préparatoires, pour les jeunes du secondaire, intermédiaire (cégep) et supérieure (universitaire). La directrice insiste aussi sur les particularités et les besoins régionaux. « La définition d’un musicien professionnel n’est pas la même en 2019 que dans les années 1960 ni la même en Abitibi-Témiscamingue et Montréal. Il faut se modeler à la réalité », insiste-t-elle. Cette réalité impose aussi des réflexions territoriales. « On associe beaucoup le Conservatoire à Val-d’Or, mais le service est pour toute la région. Nous avons des élèves à Amos, à Rouyn-Noranda également. Nous avons un local à l’UQAT à Amos d’ailleurs. Ce serait chouette de faire de même avec le campus de Rouyn-Noranda, sans oublier les territoires plus au nord, où il y a des talents. Il nous faut ouvrir les bras. » Embrasser aussi large que la région et faire du Conservatoire le centre d’une étoile dont les pointes s’étirent dans toutes les directions. C’est la vision que se donne Isabelle Trottier.

D’un même souffle, elle explique qu’elle est heureuse de voir s’épanouir devant elle un talent et avec la voix, cette découverte devient encore plus particulière. « La voix, c’est quelque chose de très intime et personnel », ajoute-t-elle. En prenant la direction, le talent devient pluriel. « Au lieu de voir se révéler le talent individuel, on tente de contribuer à l’épanouissement d’une équipe de professeurs, d’élèves, de toute une école », affirme la nouvelle directrice. De l’avis d’Isabelle Trottier, le Conservatoire de Val-d’Or est en excellente posture. « Jean St-Jules a mis en place des choses grandioses. L’édifice est neuf, la salle de concert est très utilisée, beaucoup de partenariats ont été bâtis. Ce qui lui manque, au Conservatoire, c’est d’être mieux connu pour sa mission et faire en sorte de rendre disponible partout une formation pour musiciens professionnels », croit-elle.

UN CONSERVATOIRE OUVERT SUR SA RÉGION « C’est une école subventionnée, les places sont limitées, mais toute personne qui a un talent prometteur et un élan du cœur peut tenter sa chance. » Isabelle Trottier insiste sur ce point : le Conservatoire n’est pas une école privée, on ne s’y achète pas une place non plus. On y accède par la voie de la sélection.

Elle espère que l’Abitibi-Témiscamingue soit mieux au fait de la mission de ce lieu d’enseignement. « Nous sommes là pour les jeunes musiciens qui ont envie que la musique fasse partie de leur vie, peu importe la place qu’elle occupera dans l’avenir pour eux », dit-elle, animée d’une volonté d’accessibilité.

GENEVIÈVE LAGROIS

« Dans les années 1960, les musiciens qui souhaitaient obtenir une formation professionnelle devaient s’exiler aux États-Unis. Lorsque le gouvernement du Québec a créé les conservatoires, c’était dans un esprit d’accessibilité. Après Montréal et Québec, Val-d’Or s’est rapidement ajouté », souligne Isabelle Trottier.

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 5


- TÊTE CHERCHEUSE -

LES NOUVEAUX CURÉS

Maxime Picard

DOMINIC RUEL

13 FÉVRIER 2020 20H

L’époque est au retour des curés qui, du haut de leur chaire médiatique, dans leurs églises cathodiques (jolie expression, que j’ai empruntée), propagent la Bonne nouvelle ou annoncent l’Apocalypse. Ils sont journalistes, chroniqueurs, commentateurs, ils sont artistes ou activistes. Ils ont du temps et de l’espace, ils ont les porte-voix et les caisses de résonnance nécessaires. Ils sont pleins de bonnes intentions pour certains, pendant que d’autres sont téléguidés, en sous-main. Ce sont de grands donneurs de leçons. Comme le dit le poète Gilbert Choulet, ils pullulent, mais les montreurs d’exemples sont par contre beaucoup plus rares. Ils sont un peu prophètes, ils ont vu la Lumière, ont connu leur chemin de Damas, ils prêchent, avertissent ou menacent. Ils sont bien pensants. Ils savent, ils détiennent la vérité, issus, qu’ils seraient, d’un informe microcosme qui aurait défini, dans leur confortable entre-soi, ce qui est le camp du bien, de la bonne morale publique. Ce sont des manichéens : noir ou blanc, bon ou méchant, Ciel ou Enfer. Ils divisent le monde en deux.

david goudreault - Au bout de ta langue

Ils exhibent leurs convictions, une certaine pureté de leur âme et leurs bonnes actions. Ils prétendent souvent laver plus blanc que blanc. Leurs bons sentiments se prennent pour des vérités. Mais c’est une posture difficile parce qu’il faut une telle cohérence. Attention à l’effet boomerang! Les nouveaux curés recevront le balancier. Oui, ils sont traqués sur Internet, par ceux à qui ils ont fait la leçon et la morale. Ces derniers cherchent et partageront des statuts et des tweets anciens, de vieilles photos, qui pourraient leur faire perdre la face. Réfléchir par soi-même devient un défi. La liberté d’expression s’amenuise. Les nouveaux curés n’aiment pas. À moins que ce soit pour corroborer ce qu’ils disent eux-mêmes. Penser librement est un risque de se voir étiqueter de ces nouveaux concepts vides, conçus dans les facultés américaines de sciences sociales, pour donner un autre sens à la réalité. Une forme de novlangue écrite par les vrais héritiers d’Orwell. Sortir du cadre devient difficile, car ils pointent leur doigt inquisiteur : racisme, islamophobie, misogynie! Ils accusent d’attiser les haines, de provoquer les peurs (mais pour le climat, c’est de bonne guerre!). Les nouveaux curés veulent faire taire, interdire des postes, des chaines, des pages, bloquer, bannir, censurer. C’est la preuve d’une faiblesse intellectuelle. Ils doutent de leurs propres arguments, de leur forme et de leur pertinence. Donc, plusieurs voudront intimider, par les menaces et la violence, aussi.

20 FÉVRIER 2020 20H

intersections

Maxime Robert-Lachaine

Productions Quitte ou Double, Compagnie Obskéné, Festival GREC (Barcelone)

Tenez! En quittant la politique municipale, voilà Luc Ferrandez, maire du Plateau-Mont-Royal, qui n’a pas fait que des conneries, se dire prêt à revenir s’il y avait une demande pour un leader progressiste autoritaire. Oxymore des plus troublants. Il ne s’agit donc plus de convaincre, ce qui est la richesse du militantisme et de la démocratie, mais d’imposer, de force. Drôles de curés, drôle de gauche!

23 AVRIL 2020 20H

HIDDEN PARADISE LA SERRE – arts vivants

À chaque photo son histoire Dans le cadre de VD’CLIC - Les Rendez-vous de la photographie de Val-d’Or, découvrez le parcours de photographes de chez nous aux pages 7 à 10. >>>

6 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- PHOTOGRAPHIE -

GUILLAUME RIVEST : L’INSPIRATION DU TERRITOIRE KRISTEL AUBÉ-CLOUTIER

S’il fallait choisir un mot pour décrire Guillaume Rivest en tant que photographe, le mot « authenticité » s’imposerait. Peu importe l’étape du processus (installation et positionnement pour aller chercher le bon angle, postproduction, etc.), Guillaume se fait un devoir de rendre les photographies les plus authentiques possible. Montrer la beauté à l’état brut, une beauté sur laquelle on ne se serait pas attardé est l’une des missions que Guillaume s’est données.

POURQUOI FAIRE DE LA PHOTOGRAPHIE DE PLEIN AIR ET D’AVENTURE? Il n’y a aucun doute là-dessus; lorsqu’on entend Guillaume Rivest parler de photographie, on sait tout de suite que ce qui le fait vibrer c’est de pratiquer cet art dans un contexte de plein air et d’aventure. « Je suis un gars qui trouve tout beau. Je peux m’impressionner d’une épinette noire! Je veux rendre cette beauté-là en image, montrer la lumière comme on la voit et mettre en photo l’émotion qu’on a vécue », confie-t-il. Passionné par la nature, ce photographe se plaît à donner une impression de grandeur du territoire et à mettre les humains en perspective dans ses clichés. Toutefois, il préfère de loin prendre ses modèles sur le vif plutôt que de créer une mise en scène. L’important pour lui c’est que ses photos soient authentiques.

QU’EST-CE QUI DISTINGUE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE DANS SON ASPECT PHOTOGÉNIQUE?

Ce qu’il aime par-dessus tout de l’Abitibi-Témiscamingue, c’est sa boréalité. Le climat rigoureux qui ne pardonne pas facilement, le contraste des plans d’eau avec les épinettes noires, le côté exotique de cette nordicité. Ce paysage lui permet d’atteindre l’un des objectifs qu’il s’est fixés : trouver de la beauté où les gens n’en verront peut-être pas au premier abord. Guillaume Rivest a réussi à jumeler ses deux passions; la nature et la photographie. Il s’agit d’un photographe qui s’engage à 100 % dans les projets auxquels il participe, que ce soit en faisant des détours incroyables pour trouver le bon angle

GUILLAUME RIVEST

En terminant, nous avons demandé à Guillaume Rivest ce qui, selon lui, distingue l’Abitibi-Témiscamingue quand il est temps de la photographier. Celui qui a parcouru une grande partie de ce territoire et qui lui voue un amour sans bornes a fourni une réponse complète et inspirante. « On n’a pas la mer, pas de montagnes, on n’a pas de paysages qui flashent à l’œil. Mais on a des espaces sauvages en quantité incroyable. Une terre qui t’apprend à apprécier le sentiment de solitude que la forêt peut te procurer. Ici, si tu fais un trek, ça se pourrait que tu ne croises personne alors qu’en Colombie-Britannique tu en croiseras 300. »

pour sa photo en encore dans sa volonté d’offrir un portrait authentique de la beauté brute de la nature. Il le fait d’ailleurs avec brio et passion. Tellement, qu’on peut pratiquement sentir la fraîcheur et la pureté de l’air en admirant ses œuvres! Attention! Il se pourrait que l’envie vous prenne de sortir vos bottes d’excursion et de partir à l’aventure en regardant ses photographies…

BOUTIQUE DE PRODUITS ET VISITES GUIDÉES DU MAGASIN GÉNÉRAL DUMULON

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 7


- PHOTOGRAPHIE -

GENEVIÈVE LAGROIS : L’AMOUR DU PORTRAIT KRISTEL AUBÉ-CLOUTIER

Geneviève Lagrois est une photographe valdorienne reconnue, notamment pour son talent à immortaliser les moments importants d’une vie. On la connaît pour ses photos de famille, de maternité, de mariage et pour ses portraits. C’est d’ailleurs elle qui photographie les élèves de nombreuses écoles primaires à Val-d’Or et qui s’occupe des séances photo au Carrefour du Nord-Ouest à l’occasion de la visite du Père-Noël et de Pâques, par exemple. Les photographies de Geneviève Lagrois ont la particularité de toujours mettre de l’avant une douce lumière. En admirant ses œuvres, on a l’impression de vivre un moment calme, enroulé dans une grosse couverture blanche douce et molletonneuse! Si on la connaît aussi bien pour ce type de photographie, c’est qu’elle y met tout son cœur et sa créativité.

LE PARCOURS PHOTOGRAPHIQUE DE GENEVIÈVE LAGROIS La photographe Geneviève Lagrois est de ceux qui, enfant, traînaient toujours un appareil photo sur eux. Jeune, elle aimait déjà capturer des souvenirs de sa famille et ses amis. Elle prenait plaisir à aller porter sa pellicule au magasin pour la faire développer et découvrir les moments qu’elle avait pu capturer à travers ses photos. C’est cet intérêt pour la photo qui a poussé Geneviève à travailler pour un imprimeur photo et ensuite un photographe. Ces deux emplois n’ont fait qu’intensifier son amour pour cet art, la décidant à suivre une formation au Collège de photographie Marsan pour en faire son métier. Encore maintenant, la photographe tente le plus souvent possible de participer à des activités telles que des ateliers, des formations ou des rencontres avec d’autres photographes qui lui permettent d’aiguiser ses connaissances et ses techniques en photographie.

FAIRE DES PORTRAITS, UNE HISTOIRE D’AMOUR Après une discussion avec Geneviève, cela ne fait aucun doute : cette photographe adore les gens! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle s’est spécialisée dans les photographies de mariage, de famille et de maternité. Ce style photographique lui permet d’exploiter pleinement sa créativité grâce aux décors qu’elle construit elle-même. Pour ce faire, elle fait des recherches, achète des fonds et trouve des accessoires pour concevoir un décor intéressant et original. Elle aime aussi beaucoup photographier ses modèles à l’extérieur dans des endroits significatifs ou suggérés par ses clients. Contrairement aux séances en studio au cours desquelles changer d’angle signifie souvent déplacer des parties complètes du décor, la photographie extérieure permet un éventail de possibilités quant aux angles et champs de profondeur. Toutefois, il n’y a pas que le décor qui stimule Geneviève Lagrois. Les gens, l’interaction avec ceux-ci et leur satisfaction par rapport aux photos captées sont primordiaux pour elle.

LES DÉFIS DU PORTRAIT

GENEVIÈVE LAGROIS

Lorsqu’on lui a demandé quels sont les défis de la photographie de portrait, Geneviève a répondu : « Les gens! » En fait, l’objectif est que ceux-ci aiment les photos de la séance qu’ils ont demandée. La photographe confie que plusieurs personnes ne sont pas à l’aise devant une caméra ou ne se trouvent pas photogéniques. Son défi est donc de les mettre à l’aise et d’offrir des photos sur lesquelles ces personnes auront l’air naturelles. « Je veux que les gens ne regardent pas la caméra, connectent ensemble, qu’ils vivent un beau moment et que ça ressorte dans les photos », explique Geneviève Lagrois.

8 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

« J’ai tout le temps aimé prendre des photos et laisser des souvenirs aux autres. Au-delà de prendre des photos, de monter un décor et de regarder où le soleil tombe, la photographie me permet d’être créative, de sortir de ma tête et d’oublier le reste! » Il va sans dire qu’être photographe est beaucoup plus qu’un métier pour Geneviève Lagrois. C’est une passion. Une passion qui, au grand bonheur de tous ses clients, lui permet d’exprimer sa sensibilité, sa créativité et son humanité.


- PHOTOGRAPHIE -

JEAN MARTIN : LA PERSONNALITÉ DU PHOTOGRAPHE CAROLINE GÉLINAS

Jean Martin, au départ musicien, a vu son avenir se dessiner en 1995 lorsqu’il s’est procuré son premier appareil photo. C’est sur un coup de tête qu’il a commencé la photo. Il a remarqué un certain potentiel chez lui et a décidé de se perfectionner en allant suivre des cours. Depuis, il n’a jamais arrêté. Il est maintenant photographe, vidéaste, designer et chargé de cours au Collège Marsan. Quelle est son inspiration? Elle vient de partout.

INCLURE SA PERSONNALITÉ DANS LA PHOTOGRAPHIE COMMERCIALE

UN PROFESSEUR QUI APPREND BEAUCOUP DE SES ÉLÈVES La passion de Jean Martin pour la photographie est contagieuse. On pourrait imaginer que communiquer sa passion est ce qu’il préfère dans son rôle de chargé de cours au Collège Marsan à Montréal. Mais il s’avère que c’est de constamment apprendre de ses étudiants. Selon lui, à 46 ans, ce serait facile de rester dans ses vieilles pantoufles. Mais en étant chargé de cours pour des jeunes dont la moyenne d’âge est de 20 à 24 ans, il est sans cesse influencé par les visions d’artistes qui cherchent une manière originale de se démarquer. Cela lui permet encore aujourd’hui de se remettre en question sur ses pratiques et d’acquérir de nouvelles façons de faire ou de concevoir son sujet. C’est une relation donnant-donnant qu’entretient l’enseignant avec ses étudiants.

LE SON DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE Bien que Jean Martin ne soit venu qu’une fois dans la région, son court séjour l’a convaincu d’en apprendre davantage et d’y revenir. Pour lui, l’Abitibi-Témiscamingue est spéciale. Quand il est arrivé à Val-d’Or, il a eu une émotion. Il ne s’attendait pas à voir une telle lumière et à entendre un tel son. Un son qui n’en était finalement pas un. C’est le son du vent entre les arbres qui sont plus courts qu’ailleurs. Cela ne se compare pas au bruit métropolitain de Montréal; c’est simplement un son très différent que ce qu’on peut entendre ailleurs. Il est clair que Jean Martin est un photographe et un artiste passionné. Il est généreux de sa personne et n’a pas peur de partager sa vision avec les autres. Il se laisse tout de même confronter et impressionner par le talent et la fougue de ses élèves du Collège Marsan et il aime ça. Ça lui permet de ne pas devenir le vieux grincheux qu’il s’est juré de ne pas être à 46 ans. Une discussion avec Jean Martin permet d’affirmer qu’il est loin d’en être un!

COURTOISIE

Jean Martin fait majoritairement de la photographie commerciale. Parfois, ce type de photographie peut limiter la créativité de l’artiste. Selon lui, si un client impose trop de contraintes, cela réduit le rôle du photographe à un simple exécutant. Jean Martin croit qu’il est important, voire obligatoire, d’ajouter sa touche personnelle. Il faut bien écouter le client pour savoir ce qu’il veut, pour ensuite lui proposer un concept qui peut l’amener encore plus loin que ce qu’il souhaite. Il s’estime chanceux d’avoir toujours eu des clients qui respectaient sa démarche artistique. Pour finir, le client achète la personnalité du photographe.

5 décembre Journée internationale des bénévoles

Merci d’avoir osé ! Chers bénévoles : La richesse que vous apportez à notre société est inestimable.

Merci pour votre temps, pour l’énergie que vous déployez et pour la différence que vous faites dans la vie des autres. Vous voulez oser comme eux ? Rendez-vous au www.rabq.ca/osez pour de plus amples informations.

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- PHOTOGRAPHIE -

MARINA FONTAINE : EXPRIMER SA CRÉATIVITÉ CAROLINE GÉLINAS

Marina Fontaine est une photographe native d’AbitibiOuest. Passionnée des arts et du voyage, Marina joint ses deux passions pour en faire un métier. On la connaît surtout pour ses photos de voyage, mais elle aime aussi beaucoup faire des portraits et des photos de mariage. Selon elle, ce qui dévoile la beauté d’une photo, c’est la lumière. Rien de moins. Artiste-née, la jeune femme pétillante ne cesse de développer de nouveaux moyens d’exprimer sa créativité.

Témiscamingue. Pour se perfectionner, elle a ensuite effectué une attestation d’études collégiales (AEC) en photographie commerciale dans un collège privé à Montréal. C’est par la suite qu’elle est revenue dans la région pour exercer le métier de photographe. Puisqu’il a été difficile de se tailler une place dans ce domaine, elle a dû jongler avec trois emplois en même temps pour subvenir à ses besoins. Mais elle a toujours gardé sa flamme pour la photographie et n’a jamais arrêté de se consacrer à son art. C’est maintenant son travail à temps plein.

TOMBÉE DANS LA MARMITE DE LA PHOTOGRAPHIE QUAND ELLE ÉTAIT PETITE DES PHOTOS CRÉATIVES ET ÉMOTIONNELLES Marina Fontaine n’affectionne pas un type de photographie plus que les autres. Ce qu’elle aime vraiment, ce sont les photos où elle peut exprimer sa créativité et dans lesquelles on peut ressentir une émotion. Les photos de mariage sont ce genre de photo pour elle. Elle passe tous ses samedis

MARINA FONTAINE

Marina Fontaine a toujours baigné dans la photo. Son père est photographe commercial; elle a donc pu voir les dessous du métier très jeune. Son intérêt pour la photographie a toujours été présent, mais elle ne pensait pas devenir photographe un jour. La piqûre pour ce métier lui est venue lors de ses études collégiales en arts au Cégep de l’Abitibi-

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d’été à prendre des photos de gens qui s’aiment. Certains croient qu’un jour, elle va se désintéresser de ce type de cliché, mais des gens qui s’aiment c’est toujours beau! C’est elle-même qui l’a dit! Marina nous confie aussi son amour pour les portraits. Selon elle, chaque personne est unique, chaque connexion est différente. Ce sont des photos où l’on peut laisser aller son côté créatif et émotionnel. Elle aime faire ressortir le plus beau dans chaque personne, la faire rayonner à sa juste valeur. Finalement, amoureuse des voyages comme elle est, Marina croit que si elle devait choisir qu’un seul type de photo pour le restant de sa vie, ce serait la photographie de voyage. Dans chaque pays visité, les vues la « jettent par terre ». Ce sont toujours de beaux moments qu’elle aime rendre avec son appareil photo.

LE DÉCOR UNIQUE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE L’Abitibi-Témiscamingue, selon Marina Fontaine, n’a rien à envier à d’autres régions. Notre territoire est unique, rempli de lacs, de rivières, de magnifiques forêts. Seulement dix minutes de route suffisent pour se rendre dans un décor naturel parfait pour une séance photo. La photographe remarque qu’on ne se rend pas toujours compte de la chance qu’on a d’avoir un si beau territoire. Elle avoue qu’elle n’a pas toujours apprécié sa région à sa juste valeur. Elle a dû la quitter et partir en voyage pour apprendre à voir l’Abitibi-Témiscamingue d’un nouvel œil. Elle a appris à observer ce territoire et à apprécier tous les petits détails qui font que ce décor est unique. Bref, aujourd’hui, elle aime son coin de pays. Marina Fontaine a su mettre sa passion pour les arts au premier plan dans sa vie. Et dans la photographie, c’est la lumière qu’elle met de l’avant. Chacune de ses photos exploite une luminosité qui dévoile tout son potentiel. C’est de cette façon qu’elle peut nous transmettre son côté émotionnel et sa personnalité. Il ne faudrait pas se surprendre si, en contemplant ses photographies, une envie soudaine d’aimer et de partir en voyage se manifestait.


- ENVIRONNEMENT -

L’ÉDUCATION EST DANS TOUTE! MÊME DANS LE RECYCLAGE, LA VALORISATION ET LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES! JACINTHE CHÂTEAUVERT, PRÉSIDENTE DE RECYCLO-NORD, RESSOURCERIE LE FILON VERT

Dans l’éducation en bonne gestion des matières résiduelles, on parle des 3 RVE (soit réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer). On commencera avec le premier R, la réduction. Chaque fois que nous prévoyons faire l’acquisition d’un bien, nous pouvons faire cette réflexion : •• ••

•• ••

Est-ce que j’en ai vraiment besoin? Est-ce que je peux faire autrement sans me procurer un nouveau bien? Y a-t-il quelque chose qui pourrait me servir pour remplacer ce bien? Est-ce qu’il est nécessaire que je me le procure neuf? Est-ce que je peux me le procurer dans une ressourcerie, un magasin d’articles usagés, etc. ?

Ce premier R est extrêmement important, car il constitue la meilleure façon de faire une bonne gestion des matières résiduelles. On continue. Donner des biens, des meubles, des vêtements, ça vous parle? Le faites-vous? Le faitesvous bien? Voici un cours 101 sur la situation de ceux qui les reçoivent pour revendre ou redonner. Ceux qui récupèrent ces biens, ces meubles, ces vêtements, sont pour la plupart des entreprises d’économie sociale ou des organismes de charité. Ils se financent avec la revente des biens qu’on leur apporte afin de leur donner une deuxième vie. Ils fonctionnent avec de petites équipes et souvent avec plusieurs bénévoles. Ces organisations donnent la possibilité à des personnes d’obtenir une expérience de travail, qu’il s’agisse de programmes d’expérience de travail, d’insertion en emploi, de travaux communautaires, de stages en entreprise, de stages travail-étude. Cet aspect est très positif pour un

milieu. Leur travail est nécessaire partout dans la région. Par contre, elles sont confrontées à des problèmes divers, comme recevoir des vêtements souillés, brisés, ou encore, des livres d’école de 6e année déjà remplis, des annuaires de téléphone datant de 2015. Il leur arrive de se faire dire qu’un appareil fonctionne bien, mais après vérification, il ne fonctionne pas normalement. Il leur arrive aussi de se faire apporter des matières que l’organisation ne prend pas en les camouflant avec autre chose, par exemple, du linge dans le fond d’une boîte sous de la vaisselle. Ces situations deviennent problématiques, car elles demandent aux organisations de manipuler, de vérifier et de disposer de ces biens qui ne peuvent être valorisés. Tout ceci prend des heures supplémentaires et occasionne des dépenses qu’elles n’ont pas toujours les moyens d’assumer.

Si vous répondez non à une de ces questions, vous devrez malheureusement envoyer vos articles à la récupération ou à l’enfouissement. Si vous répondez oui à toutes ces questions, apportez-les à une de ces organisations. Assurez-vous de mettre les biens apportés, dans un contenant que vous laisserez sur place. C’est de cette façon que vous participerez au succès de ces organisations, au maintien de leur service à long terme. Service essentiel, autant pour le bien de l’environnement que pour le bien social, ces organisations contribuent à la vitalité d’un milieu en offrant des biens usagés de qualité à l’ensemble de la population. Mais n’oublions jamais que le déchet qui n’est pas produit, est la première étape d’une bonne gestion des matières résiduelles. Pensons-y et restons positifs, ensemble, nous y arriverons!

Voici les questions que vous devriez vous poser avant d’apporter vos biens à une de ces organisations : ••

•• •• ••

Est-ce que l’organisation que je vise recueille les biens que je veux lui donner? Par exemple, certains récupèrent les biens, les meubles, mais pas les vêtements et vice-versa. Est-ce que le bien est en bon état? Sans bris, propre, sans taches, avec tous les morceaux? Est-ce qu’il fonctionne normalement (bon fonctionnement sans arrêt)? Est-ce qu’on peut le revendre? Quelqu’un pourraitil souhaiter payer pour obtenir ce bien?

Par exemple des boîtes de tabac en plastique, des livres de référence désuets, des dessins d’enfants.

JACINTHE CHÂTEAUVERT

Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !

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- ÉDUCATION 23E COLLOQUE DU DOCTORAT RÉSEAU EN ÉDUCATION

UN COLLOQUE À L’IMAGE DE LA RÉGION DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE ROXANE DRAINVILLE, DOCTORANTE EN ÉDUCATION (UQAT) ET FEDNEL ALEXANDRE, DOCTORANT EN ÉDUCATION (UQAT)

Du 14 au 16 août 2019, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) accueillait des étudiants aux cycles supérieurs et des professeurs des différentes constituantes de l’Université du Québec pour le 23e Colloque du doctorat réseau en éducation. Cet événement se voulait une occasion, d’une part, de partager les connaissances issues des recherches touchant le domaine de l’éducation, de s’interroger sur les acquis, les enjeux et les perspectives en éducation 50 ans après la création de l’Université du Québec, et d’autre part, de réfléchir sur les enjeux éducatifs concernant les communautés autochtones. La tenue de ce colloque en éducation à Rouyn-Noranda a été une belle occasion de faire découvrir les richesses de notre coin de pays aux membres de la communauté étudiante et professorale du réseau de l’Université du Québec. En effet, près d’une trentaine de participants se sont déplacés de Rimouski, Chicoutimi, Trois-Rivières, Montréal et Gatineau. L’un d’eux a même souligné : « J’ai adoré que le colloque soit en Abitibi et que les perspectives autochtones soient mises de l’avant! Nous avons pu profiter de la région en famille. Le déplacement de Rimouski est long, mais il a vraiment valu la peine! » Pour leur faire connaître notre ville, un tour guidé en autobus a été organisé en partenariat avec la Corporation de la maison Dumulon et les Autobus Maheux Ltée. De plus, la chef Jézabel Pilote et son équipe du Bistro Paramount ont spécialement concocté pour l’occasion un souper gastronomique aux saveurs régionales. Ces activités ont été fort appréciées! Le 15 août, un salon des exposants, tenu en marge du colloque, a également permis de faire connaître des acteurs impliqués dans le développement de la région. Ainsi, une dizaine

COMMUNIQUER AVEC LA VILLE C’EST SIMPLE!

d’exposants, dont la bibliothèque du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’UQAT, les Éditions du Quartz, 3 Corneilles éditrices, et le Groupe ÉCOcitoyen (GÉCO), ont pris part à cette activité. Tourisme Abitibi-Témiscamingue était aussi sur place pour faire connaître les attraits de la région aux participants, tandis qu’un membre de la communauté de Pikogan tenait un kiosque afin de présenter des objets artisanaux de sa communauté. La participation locale est également à souligner. Non seulement plusieurs professeurs de l’Unité d’enseignement et de recherche en éducation de l’UQAT ont présenté des projets de recherche, mais ils ont également encadré des étudiants de premier et de deuxième cycles dans leur première expérience de communication orale et par affiche réalisée dans le cadre d’un colloque scientifique. Il importe aussi de souligner la participation des enseignants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue qui sont venus assister à diverses conférences. Enfin, la Table interordres en éducation de l’Abitibi-Témiscamingue, l’Instance régionale de concertation sur la réussite éducative – Action réussite Abitibi-Témiscamingue – ainsi que le Groupe régional d’acteurs pour la valorisation des enseignants (GRAVE) ont fait connaître les enjeux en éducation qui sont propres à notre région. En définitive, la tenue d’un événement de cette ampleur en Abitibi-Témiscamingue contribue au développement de la région. En effet, elle souligne le rayonnement de son université, des acteurs impliqués en éducation, ainsi que la mise en valeur de ses ressources humaines et naturelles. Espérons que cette première édition en Abitibi-Témiscamingue du Colloque du doctorat réseau en éducation ne sera pas la dernière!

PAR TÉLÉPHONE

EN LIGNE

rouyn-noranda.ca

819 797-7110

EN PERSONNE

au 100 rue Taschereau Est

ou dans l’un des douze bureaux de quartier

du lundi au vendredi de 8 h 30 à 16 h 30 12 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- ÉDUCATION CONFÉRENCE DE PIERRE DORAY AU COLLOQUE DU DOCTORAT RÉSEAU DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC

L’ÉDUCATION AU QUÉBEC À L’ÈRE DE L’ÉTAT MANAGÉRIAL PASCAL GRÉGOIRE, PROFESSEUR À L’UER EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION (UQAT)

Le 16 août dernier, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) a accueilli le sociologue Pierre Doray à titre de grand conférencier lors du 23e Colloque du doctorat réseau en éducation. Dans son exposé, intitulé Quelles reconfigurations en éducation? Les politiques publiques entre héritage et projection, le professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a abordé une question centrale : comment le système d’éducation québécois s’estil trouvé transformé par le déclin de l’État-providence et la montée d’un État résolument managérial?

des jeunes, le réseau public imite désormais le réseau privé : il offre des programmes à vocation particulière, auxquels on accède au terme d’un processus de sélection et moyennant le paiement de frais. Une étude dirigée par Doray montre l’effet pervers de ces « innovations » : si 95 % des jeunes ayant fréquenté un cheminement enrichi accèdent au cégep, seuls 36 % de leurs pairs scolarisés dans une classe ordinaire auront la même chance. Les propos de Doray nous posent donc une question fondamentale : à l’ère de l’État managérial, l’égalité des chances en éducation est-elle révolue, ou constitue-t-elle un héritage réel?

Il faut savoir que cette édition du Colloque du doctorat réseau en éducation, organisée par l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en sciences de l’éducation de l’UQAT, avait pour thème 50 ans après la création de l’Université du Québec : des espaces à explorer, à habiter et à protéger en sciences de l’éducation. C’est donc dans ce contexte que le professeur Doray a mis en évidence la transformation du système scolaire québécois depuis 1960. Au début de la Révolution tranquille, sous le modèle de l’État-providence, l’État québécois érige le droit à l’éducation au rang de valeur cardinale. Une multitude de moyens colossaux, qui visent à démocratiser l’éducation, sont alors déployés. Au premier chef, un système d’éducation public est créé, dans le but de garantir une éducation à toutes et à tous, mais plus particulièrement aux femmes, aux citoyens des régions rurales et aux personnes défavorisées. Afin d’alphabétiser et de former les masses, on développe le secteur de l’éducation des adultes ainsi que les centres d’éducation communautaire et populaire. Finalement, la création du réseau de l’Université du Québec vise à permettre aux Québécois, notamment aux femmes, d’accéder aux études supérieures. L’heure est à la modernisation de l’offre de formation, et aussi, à la polyvalence.

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À partir de 1990, ces réalignements se cristallisent : c’est l’ère de l’État managérial, comme la nomme Doray. Sous cette nouvelle idéologie dominante, on réaffirme le droit à l’éducation. On élargit même la notion d’accès à l’éducation : la garantie de pouvoir obtenir un diplôme constitue désormais l’enjeu central. Néanmoins, ces principes sont régulièrement mis à mal par l’État managérial, d’abord animé par la logique économique néolibérale. Ainsi, lorsque le gouvernement Bourassa décrète une hausse des frais de scolarité universitaires en 1993, les taux de fréquentation déclinent. Ceux-ci ne reviendront aux niveaux antérieurs qu’en 2003.

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De 1984 à 1990, toutefois, ce mouvement s’essouffle : le Québec opère un réalignement économique et idéologique qui augure une nouvelle ère, selon Doray. C’est que, observet-on, certaines inégalités constatées au début de la Révolution tranquille persistent, bien que sous une forme atténuée : l’origine sociale influence toujours le parcours scolaire; femmes et hommes choisissent des formations qui reproduisent une division sexuée du travail; surtout, des voies de formation dites allégées constituent de véritables ghettos sociaux. Un mouvement de retour vers les fondements s’entame, mais tandis qu’on recentre l’enseignement sur les disciplines fondamentales et qu’on réforme la formation des adultes, l’éducation populaire diminue comme peau de chagrin.

CENTRE D’ART 195, RUE PRINCIPALE LA SARRE (QUÉBEC) J9Z 1Y3

Consultez régulièrement notre page pour les activités, expositons et spectacles.

VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME

Surtout, rappelle Doray, à l’ère de l’État managérial, la concurrence en vient à constituer le principal mécanisme de régulation de l’éducation. Dans le secteur de la formation générale

MAISON.DE.LA.CULTURE.LASARRE

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- ÉDUCATION -

LA CULTURE EN HYPERACTIVITÉ À LA CSLT DOMINIQUE ROY

En juin dernier, la Commission scolaire du Lac-Témiscamingue (CSLT) s’est dotée d’une politique culturelle. Ainsi, en ce début d’année scolaire 2019-2020, l’ensemble de ses écoles primaires et secondaires ainsi que l’éducation des adultes et la formation professionnelle vibrent au rythme de la culture et de sa pluridisciplinarité. L’initiative gouvernementale se déploie partout dans la province. Le ministère de la Culture et des Communications et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ont joint

leurs efforts pour intégrer la dimension culturelle à la mission éducative de l’école afin de permettre aux jeunes d’élargir leurs horizons et de s’ouvrir au monde. La politique de la CSLT propose trois volets : une sensibilisation plus particulière aux arts, l’intégration de repères culturels dans toutes les disciplines ainsi que la promotion d’activités culturelles. La langue et les lettres, l’histoire et le patrimoine, les arts, les sciences, les techniques et les technologies sont au cœur des activités prévues tout au long de l’année scolaire. Le comité culturel de la CSLT est formé de Marie-Hélène Brault, responsable du dossier « Comité culturel » et direction du secondaire, Josée Pelchat, responsable du programme « Culture à l’école », Nathalie Gingras, direction du primaire, Isabelle Poitras, représentante du secteur adulte, Christine Nadeau, enseignante du primaire, Chantal Moreau, enseignante du secondaire, et de Véronic Beaulé, agente de développement culturel à la MRC de Témiscamingue. Les membres ont proposé un plan d’action pour l’année afin de promouvoir les orientations de la politique culturelle. Elles veillent à son exécution et procéderont annuellement à son évaluation. Leur rôle consiste également à élaborer une structure de communication sur le plan culturel au sein de la CSLT, à maintenir et à créer des liens en partenariat avec la communauté et à recommander aux établissements des offres de spectacles, d’expositions et d’activités culturelles.

TROUPE DE DANSE JEUNE PUBLIC BOUGE DE LÀ - PHOTO : ROLLINE LAPORTE

14 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

D’ailleurs, danse, musique, magie, conte, documentaire, chant, théâtre, font partie entre autres du calendrier préliminaire sur lequel figurent des titres et des noms qui laissent entrevoir une année culturellement excitante. Bouge de là, Magie de la chimie, Brillante et Grignotin, TrioBBQ, David Gaudreau, Tom Sawyer, Guillaume Beaulieu, Les grands explorateurs en sont quelques exemples. Bien que des activités aient lieu à même les écoles, il n’en demeure pas moins que le Rift de Ville-Marie et la Salle Dottori de Témiscaming seront les incubateurs de prédilection pour enraciner la culture au sein de la communauté scolaire témiscamienne.


- ÉDUCATION -

L’HEURE EST GRAVE! RÉAL BERGERON, PROFESSEUR TITULAIRE EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION ET MEMBRE FONDATEUR DU GRAVE, UQAT

Ce titre peut paraître quelque peu alarmiste, peut-être même pompeux, mais il décrit bien la réalité devant laquelle se trouve le GRAVE. Honnêtement, il aurait été plus approprié de titrer cet article « L’heure est au GRAVE! » Mais il n’en demeure pas moins que « l’heure est grave » et que cette expression populaire pour traduire un état d’esprit susceptible d’appeler à l’action aura quand même permis au GRAVE d’exister.

mettre en œuvre des solutions innovantes et durables. Les enjeux concernent la formation, l’attraction, la rétention et le recrutement des enseignants et des futurs enseignants, et concourent tous à valoriser la profession enseignante.

PAR OÙ COMMENCER? PLACE AU GRAVE Cet enchaînement de lettres, nommé « GRAVE », renvoie au Groupe régional d’acteurs pour la valorisation des enseignants. Créé en février 2018, le GRAVE est une communauté stratégique regroupant 25 acteurs des commissions scolaires de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, du Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’Abitibi-Témiscamingue (SEUAT), de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), du Cégep de l’AbitibiTémiscamingue (CAT) et du Centre d’études collégiales à Chibougamau. Son mandat : trouver des solutions innovantes et durables à la problématique partagée de pénurie d’enseignants et de baisse d’effectifs étudiants dans les programmes de formation à l’enseignement, particulièrement ceux du secondaire.

Pour s’acquitter de son mandat, la communauté stratégique a choisi de s’inscrire dans une activité de recherche en confiant à des professeurs de l’UQAT, dont Geneviève Sirois qui est la chercheuse principale, le soin d’élaborer des outils de collecte et d’analyse de données visant à dresser un portrait diagnostique fiable et complet des problèmes réels vécus en lien avec les enjeux de valorisation. Ce portrait servira ensuite de levier à la rédaction d’un plan d’actions stratégiques et innovantes eu égard à la problématique partagée de pénurie d’enseignants et de baisse d’effectifs étudiants dans la formation initiale. Ce plan couvrira une période de trois à cinq ans. L’an dernier, 1 687 personnes ont répondu au questionnaire d’enquête du GRAVE et 70 entretiens semi-dirigés d’environ une heure chacun ont été réalisés auprès d’une diversité d’acteurs des différents milieux liés à l’école et à la formation. Les données sont en cours d’analyse et les résultats seront disponibles au début de 2020. La communauté stratégique devrait normalement terminer ses activités à la fin de la prochaine année avec un sentiment de fierté pour s’être mobilisée quand l’heure était grave.

L’HEURE EST-ELLE VRAIMENT GRAVE? Devant les constats énumérés ci-dessous, point de doute. Selon l’ancienne présidente de la Table régionale des directions des ressources humaines de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, Isabelle Bergeron, près de 200 enseignants des 1800 actuellement en poste auront pris leur retraite d’ici les 4 prochaines années. Or, les données de septembre 2019 de la Direction de la recherche institutionnelle (DRI) de l’Université du Québec indiquent que le nombre d’inscriptions à temps plein en formation initiale à l’UQAT n’a cessé de diminuer depuis 2014. Le contexte de plein emploi dans la région et le marché du travail concurrentiel ne vont certes pas contribuer à redresser la situation. Par ailleurs, plusieurs autres variables tendent à montrer que les besoins d’enseignants vont sans cesse s’accentuer au fil des années. En effet, l’ouverture de plusieurs classes de maternelle quatre ans à temps plein dès l’automne prochain, l’augmentation du nombre de tolérances d’engagement délivrées par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) à nos commissions scolaires, le manque criant de suppléants à tous les ordres d’enseignement, la désertion, dans les cinq premières années d’exercice, d’enseignants en poste pour d’autres métiers – au Québec, le taux de décrochage, pour cette période, avoisine les 25 %, selon l’étude de Thierry Karsenti en 2015 – et la forte hausse anticipée du MEES des effectifs scolaires d’ici 2030 (environ 100 000 élèves rejoindront le secteur public) ne sont que quelques-unes des variables qui indiquent que la pénurie d’enseignants ne s’essoufflera pas à court et à moyen terme.

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LA COMMUNAUTÉ STRATÉGIQUE A LA RESCOUSSE Le GRAVE a alors tôt fait de s’inspirer des travaux de chercheurs de divers horizons pour créer une communauté stratégique afin de réfléchir à la situation préoccupante de la pénurie d’enseignants et de la relève enseignante. Cette communauté est dite « stratégique » au sens où elle réunit autour d’enjeux communs une diversité d’acteurs issus de différents milieux gravitant autour de l’école et de la formation auxquels on confie le mandat d’élaborer et de INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 15


- ÉDUCATION -

TABLE RONDE : DES ESPACES À HABITER CARLO PRÉVIL, PROFESSEUR À L’UER EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION (UQAT)

Kwe! Kuei! Hé!

La professeure Gisèle Maheux (médaillée d’honneur de l’UQAT en 2018) a contribué de manière importante à la formation des enseignants autochtones (Québec et Chili) et au développement de l’éducation, notamment dans des communautés inuites, de façon continue tout au long de sa carrière professorale. Maintenant retraitée de l’UQAT, elle continue à jouer un rôle important de mentor auprès des nouveaux professeurs, des étudiants et du personnel professionnel en poursuivant aujourd’hui la mission de l’Unité de recherche, de formation et de développement en éducation en milieu inuit et amérindien (URFDEMIA). Marguerite Mowat (enseignante retraitée et chargée de cours en langue algonquine à l’UQAT) a témoigné des réalités des élèves et des enseignants dans les environnements d’apprentissage au primaire. Partant de ses propres expériences comme jeune autochtone jusqu’à sa carrière professionnelle, elle a évoqué l’évolution des contextes d’enseignement et les fossés qui restent encore à combler pour répondre aux besoins éducatifs des jeunes autochtones. Nancy Crépeau ( présentement doctorante en éducation à l’Université d’Ottawa) a insisté sur les besoins éducatifs à comprendre et les problématiques de recherche à expliciter en contexte autochtone. Ayant entamé une carrière professionnelle comme enseignante de langues autochtones, les défis didactiques l’ont déterminée à poursuivre des études supérieures. Elle a fait part de ses observations et de ses réflexions pour une formation des enseignants plus sensible et mieux adaptée aux besoins des jeunes autochtones en relation avec les particularités des contextes linguistiques dans lequel ils vivent. 16 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

ÉLISABETH CARRIER

L’année 2019 a été consacrée année internationale des langues autochtones par l’UNESCO. Le Colloque du doctorat en éducation a voulu tenir compte des réalités de l’AbitibiTémiscamingue et réserver un espace aux questions de l’éducation des Premiers Peuples en proposant une table ronde sur la scolarisation et la formation des jeunes Inuits et des Premières Nations au Québec. Mme Gisèle Maheux, professeure associée à l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue (UQAT), s’est jointe au comité organisateur pour la réalisation de l’activité le 15 août dernier.

Roberto Gauthier (professeur au Département des sciences de l’éducation de l’UQAC, responsable du comité scientifique du Colloque sur la persévérance et la réussite scolaire des Premiers Peuples, directeur du Centre universitaire de l’est de la Côte-Nord 2015-2019) s’intéresse à la trajectoire, à la persévérance et à la réussite scolaire des jeunes. En un tableau saisissant, il a mis en perspective les cadres d’analyse habituellement utilisés et d’autres en développement pour mettre en évidence et comprendre les particularités que l’on peut observer dans les cheminements des jeunes autochtones en formation et leur réussite. Suzy Bazile (professeure à l’École d’études autochtones de l’UQAT) s’est arrêtée aux questions d’éthique dans les approches et les démarches de planification et de réalisation de projets de recherche. De manière vibrante, elle a mis en lumière comment son histoire familiale et personnelle dans sa communauté atikamekw l’a déterminée à parcourir des sentiers peu explorés de la recherche pour contribuer à poser les fondements de l’éthique de la recherche en contexte autochtone au Québec et au Canada. Glorya Pellerin (professeure à l’Unité d’enseignement et de recherche en éducation, responsable des programmes de formation des enseignants inuits et directrice de l’Unité de recherche et de formation en milieu inuit et amérindien [URFDEMIA à l’UQAT]) a traité des défis interculturels inhérents à la pratique de la recherche et de la formation auprès de communautés, des populations ou des personnes inuites et des Premières Nations. Elle a souligné les

réalisations du travail en collaboration, notamment selon le modèle en cogestion (UQAT-partenaires inuit) établi depuis 1984. Elle a témoigné de ses propres apprentissages sur la portée des principes de respect, d’équité et de réciprocité dans ses pratiques en coenseignement. Ces questionnements relatifs à la scolarisation et à la formation des jeunes autochtones ont alimenté les réflexions et les discussions nombreuses, animées par Mme Maheux. Les participants ont ainsi profité de ces analyses inspirées de la recherche et proposées en plusieurs nuances, selon les parcours des panélistes. Sans prétendre fournir un éclairage complet d’enjeux aussi complexes, cette table ronde aura permis aux participants, qui s’intéressent aux problématiques de l’éducation, de constater les particularités de la réalité de la scolarisation et de la formation des jeunes Inuits et des Premières Nations, héritiers de cultures millénaires. Certains enjeux associés aux questions linguistiques ou au défi du dialogue des cultures ont pu être circonscrits avec rigueur et assez de profondeur, selon les réflexions de la professeure Gisèle Maheux. En tenant compte des expériences relatées ainsi que des axes de recherche explorés, on peut reconnaître que le panel a su généreusement offrir des perspectives nombreuses allant au-delà du contexte de Québec. Dans les commentaires de clôture des travaux de la table ronde, Jessica Godin (doctorante en éducation à l’UQAT) a mis en lumière avec intérêt et passion plusieurs pistes de travail très prometteuses dans un avenir rapproché.


- ÉDUCATION -

ÉCOLE ET CULTURE EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (ET AILLEURS!) FEDNEL ALEXANDRE

Les élèves de la région de l’Abitibi-Témiscamingue bénéficient, comme tous les élèves de la province, des mesures mises en place par le gouvernement du Québec pour participer à un minimum de deux sorties culturelles par année, et ce, gratuitement. Concrètement, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) verse une subvention aux commissions scolaires qui, à leur tour, répartissent des allocations aux écoles pour qu’elles organisent des sorties culturelles au profit de leurs élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire. Pour s’assurer de la qualité des activités proposées aux élèves, le MCC a mis sur pied la plateforme numérique Répertoire culture-éducation, qui recense les différents organismes, artistes et auteurs habilités à offrir des sorties culturelles. Dans notre région, 90 organismes et artistes sont répertoriés. Leur sélection est basée sur l’approche qu’ils proposent. En effet, l’un des critères consiste à inscrire l’activité dans une perspective éducative pour qu’elle soit porteuse d’apprentissages pour les élèves.

L’EXEMPLE DU MUSÉE D’ART

rupture entre les pratiques culturelles quotidiennes de l’élève et les pratiques culturelles avec lesquelles on veut le familiariser. En d’autres termes, dans l’approche culturelle, on part du connu pour aller vers l’inconnu. Par exemple, la chasse aux Pokémon fait partie de la culture première de la plupart des enfants. Une exposition qui les amènerait à réfléchir à cette pratique et à lui donner du sens représenterait une passerelle vers la culture seconde. Envisagée sous cet angle, la culture enrichit la vision du monde des élèves. En effet, l’exposition à un large éventail de productions artistiques et culturelles favorise le développement de leur curiosité et enrichit leur connaissance du monde. Elle leur permet également d’ouvrir leurs horizons en partant de leurs propres pratiques culturelles (jeux vidéo, Pokémon, Occupation double, etc.) pour aller vers une prise de distance et une réflexion sur celles-ci grâce à la médiation d’une pièce de théâtre, de la lecture d’un poème, d’une visite au musée, etc. Elle les amène à s’ouvrir à d’autres cultures, à comprendre le monde dans lequel ils vivent et à prendre conscience de leur place dans ce monde-là. Cette approche intégratrice de la culture première de l’élève représente d’ailleurs une façon pour l’école de se renouveler et de devenir signifiante pour les élèves, car elle n’est plus la dépositaire de la culture depuis longtemps. Du moins depuis sa massification.

Par exemple, à Rouyn-Noranda, le MA, musée d’art a mis sur pied un programme éducatif en lien avec ses expositions. Pour ce faire, il a ciblé des axes de compétence établis par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur dans le Programme de formation de l’école québécoise à partir desquels il a développé ses activités. Celles-ci sont élaborées en fonction du groupe d’âge des élèves. Plus d’un millier d’élèves fréquentent le MA, musée d’art dans le cadre de ce programme éducatif. Les retombées sont remarquables chez les enfants, car la plupart d’entre eux reviennent au musée de leur plein gré avec leurs parents. Compte tenu des capacités d’accueil limitées du musée, des activités sont organisées en partenariat avec la bibliothèque municipale. Cela permet aux élèves de fréquenter deux lieux culturels à l’occasion d’une sortie.

UN PROGRAMME BÉNÉFIQUE POUR TOUT LE MONDE Ce programme visant à exposer les élèves à différentes pratiques culturelles nous semble intéressant à plus d’un titre. D’une part, il favorise le développement et le soutien des acteurs culturels de la région. En effet, il permet aux organismes culturels, aux artistes et auteurs de la région de rencontrer un jeune public et de s’assurer d’une forme de relève. De plus, il contribue à la formation des élèves en les confrontant à la culture. Prise dans en sens large, la culture couvre toutes les manifestations d’humanité. Il s’agit donc d’un terreau de référents de toutes sortes pouvant être mobilisé pour former les élèves et les amener à réfléchir. Il est en ce sens nécessaire d’établir des critères rigoureux pour la sélection des référents culturels auxquels les élèves seront confrontés. En effet, dans une approche culturelle de l’éducation, il s’agit d’accompagner l’élève pour l’aider à passer d’une culture première à une culture seconde réfléchie et incarnée dans des œuvres artistiques, littéraires, théâtrales, etc. L’élève assimile la culture première dans des interactions symboliques quotidiennes. Son exposition à la culture seconde doit l’aider à réfléchir à sa culture première pour lui donner du sens. Ainsi, la culture est envisagée comme un continuum plutôt qu’une INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 17


- ÉDUCATION CONFÉRENCE DE NICOLE CARIGNAN AU COLLOQUE DU DOCTORAT RÉSEAU DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC

ÉDUCATION INTERCULTURELLE : VERS DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR APPRENDRE L’INTERDÉPENDANCE CARLO PRÉVIL, PROFESSEUR À L’UER EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION (UQAT)

pour nous faire réaliser : que la société d’aujourd’hui n’est pas homogène; qu’elle ne l’avait jamais été, ni au Québec ni au Canada; que cette réalité n’est pas non plus une exception propre au Québec. En s’appuyant sur de nombreuses données et des graphiques, elle a présenté les flux de migrants, d’immigrants et de réfugiés au Québec et au Canada tout au long des cinq derniers siècles. Par la suite, elle a évoqué l’équation du chercheur Yvan Lamonde (2001) pour caractériser les héritages multiples qui ont façonné l’identité québécoise, en faisant observer que « au 21e siècle, la diversité, c’est la norme et l’homogénéité, l’exception ».

Nicole Carignan a prononcé la grande conférence d’ouverture du 15 août 2019 au Colloque du doctorat réseau en éducation. Mme Carignan est professeure titulaire, et maintenant associée, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en éducation comparée et interculturelle. Elle cumule de nombreuses communications et des publications découlant de son parcours diversifié en éducation et en musicologie, avec des réalisations marquantes aux ÉtatsUnis, en Indonésie, au Japon, en Afrique du Sud, en Russie et en Europe, en plus du Québec. Les réflexions présentées dans le cadre de cette conférence ont constitué un bon reflet de ses recherches en éducation comparée interculturelle. Dans le premier axe des « espaces à explorer », la professeure Carignan a entretenu le public formé de professeurs, de chercheurs, d’étudiants et de professionnels de l’éducation sur ces « nouveaux espaces à explorer dans la recherche en éducation et dans la formation à l’enseignement ». Dans un discours coloré et passionné, la conférencière a fait la démonstration que pour bâtir un monde respectueux, plus juste, équitable et empathique, la recherche en éducation doit oser « revisiter » ses visions du monde. C’est ainsi qu’on pourra trouver des solutions inédites originales et inclusives aux défis qui nous attendent en recherche et en enseignement dans le monde l’éducation. D’entrée de jeu, Mme Carignan a mis en perspective la diversité comme réalité de la société contemporaine. Tour à tour, elle a brossé les réalités tant historiques que spatiales 18 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

Une fois cette déconstruction établie, elle a fait réaliser que les identités ne sont ni figées ni statiques. Elles sont dynamiques. Elles peuvent aussi être multiples. À partir de là, elle a interpelé l’auditoire sur ses perceptions et ses attitudes envers les « Autres ». Comment évaluer notre niveau de tolérance par rapport à ce qui nous semble différent? C’était l’occasion de mettre en mots et en images les préjugés et la discrimination quand l’Autre semble différent ou moins valorisable en raison de son groupe ethnique ou culturel, son sexe, ses croyances religieuses, son orientation sexuelle ou encore son accent. Ces définitions une fois posées, la conférencière a interpelé l’auditoire sur la place de telles connaissances en éducation puisque ce sont ces conceptions qui déterminent notre vision du monde autant que notre rapport au monde! La professeure Carignan s’est inquiétée de constater que seulement 1 % de la recherche en éducation porte sur les défis de l’éducation interculturelle. Pourtant, dit-elle, « nous vivons dans un monde de plus en plus diversifié. Nous sommes probablement plus “mélangés” que nous le paraissons ou bien que nous le croyons ». Et finalement, elle a relevé combien il y en avait à apprendre dans le contact intergroupe. C’est en ces termes qu’elle a posé la nécessité, en éducation, de développer de nouvelles compétences pour apprendre l’interdépendance. Dans la troisième partie de la conférence, la professeure Carignan a présenté le modèle d’acculturation interactive (MAI) mis en place en collaboration avec d’autres chercheurs au Québec, pour aider à développer le contact intergroupe. L’acculturation survient lorsque deux groupes ethnoculturels sont en contact direct et soutenu, en condition de situation

à statut égal, avec un but commun, avec le soutien officiel des « autorités » et en absence de compétition. Le contact intergroupe aide à augmenter le sentiment de sécurité identitaire (langue et culture), à réduire les préjugés et le sentiment de menace et finalement à favoriser le respect mutuel et les relations amicales. Grâce à un programme de formation en « jumelage interculturel », son groupe de recherche développe, depuis 200, des approches pédagogiques et une boîte à outils pour accompagner les formateurs. En éducation, les formations en communication interculturelle et interpersonnelle apprennent à travailler avec des gens de différentes cultures à la mesure de ce qui s’observe de plus en plus au sein des salles de classe et des clientèles des différents secteurs de services. Le modèle développé par le groupe de recherche en jumelage interculturel (GrJI) est déjà implanté dans plusieurs écoles, centres communautaires, collèges et universités aux ÉtatsUnis, en Europe et en Australie. Le GrJI a déjà reçu plusieurs mentions d’excellence. La formation développée est maintenant rendue obligatoire dans plusieurs programmes universitaires (éducation, médecine, psychologie, travail social, orientation de carrière et communication). En conclusion, Mme Carignan a rappelé que nous vivons dans un temps de changements globaux. Les nouvelles générations auront besoin de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances pour de nouveaux idéaux. La projection d’idéaux suggère : ••

D’établir des partenariats entre chercheursenseignants-élèves-direction-professionnelsparents visant le développement, l’autonomisation (empowerment) et la réussite de TOUS les élèves.

••

Que la réussite de l’élève passe par la compréhension du « préjugé » et de la « discrimination ». La réussite de l’élève ne peut se faire sans la réussite de l’enseignant!

Apprendre l’interdépendance constitue une nouvelle dimension à concevoir, à développer et à intégrer dans l’éducation. De telles compétences sont essentielles pour bâtir un monde respectueux, plus juste, équitable et empathique.


- ÉDUCATION -

UNE SERRE ÉCOLOGIQUE ÉDUCATIVE À SAINT-MATHIEU-D’HARRICANA MARIANE MÉNARD

À Saint-Mathieu d’Harricana, l’administration municipale et l’école primaire se sont associées dans le cadre de la réalisation d’un projet commun : une serre écologique quatre saisons construite à partir de matériaux récupérés. Citoyens et élèves mettent la main à la pâte pour la construction de la serre qui permettra aux élèves de participer à des classes vertes pour l’apprentissage du jardinage. La serre érigée sur un terrain municipal à proximité de l’école Saint-Mathieu est construite sur une fondation de pneus récupérés. Lauranne Gagnon, agente de développement à la municipalité explique le fonctionnement de cette construction écologique. « C’est plus de 200 pneus qu’il y a dans la fondation. Puis, ils sont remplis de sable vraiment bien tassé et ça fait comme des briques, très solides, empilées. » Elle ajoute que l’utilisation de pneus permet de donner une nouvelle vie à un objet qui n’avait plus d’utilité. « On donne une fonction à un déchet, ajoute-t-elle. Il n’y avait plus rien à faire avec ces pneus-là, mais maintenant, ils vont servir à garder la chaleur du soleil. Ils emmagasinent la chaleur et quand, la nuit, il n’y a plus de soleil, ils vont aider, un peu comme l’eau d’un lac, à garder la chaleur », précise Mme Gagnon. D’autres systèmes de chauffage d’appoint utilisant notamment la géothermie seront ajoutés afin que la serre puisse être mise à profit toute l’année. L’agente de développement souligne que la construction demeurera passive, c’est-à-dire qu’elle pourra fonctionner sans électricité.

CITOYENS ET ÉLÈVES EN ACTION

MARIANE MÉNRAD

La contribution des citoyens, comme celle des élèves, est au cœur de la réalisation du projet. « Pour toutes les étapes du projet, dès qu’on pouvait, on impliquait les citoyens. La fondation de pneus a été le plus gros travail communautaire. On a fait ça sur deux jours. Les gens sont venus avec leur

masse, leur pelle. Nous, on avait déjà trié les pneus, puis on a érigé la fondation comme ça », explique Lauranne Gagnon. Les élèves des écoles de Saint-Mathieu (maternelle à 2e année) et de La Corne (3e à 6e année) ont quant à eux pris plaisir à « faire de la bouette » pour le ciment naturel qui recouvre les pneus : la bauge. Ce mélange d’argile, de sable, de paille et d’eau recouvre les pneus afin d’éviter la décomposition de ceux-ci. « Tous les pneus vont être recouverts comme ça. Parce qu’en étant à l’air libre, ils continuent à dégager des polluants, le soleil tape dessus et ça accélère leur dégradation », précise Mme Gagnon. Pour l’agente de développement, cette mise à contribution des jeunes pour la construction fait partie de la dimension éducative du projet. « On voulait rendre l’aspect de la construction éducatif. C’est pour ça qu’on les fait participer. Même [dans l’élaboration] d’un bâtiment écologique, il y avait un enseignement à faire », explique-t-elle.

UN PROJET ÉDUCATIF MULTIFACETTES Les usages éducatifs du projet sont multiples : non seulement les élèves participent à la construction, ils sont aussi ceux qui mettront la serre à profit. Marie-Claude Simard, enseignante à l’école Saint-Mathieu, explique que la serre s’inscrit dans une approche éducative de la nourriture et du jardinage. « À l’origine, on a fait des bacs de jardinage. Ensuite, il y a eu la forêt nourricière. Ce projet-là s’ajoute en troisième phase », énumère Mme Simard. À cette liste, on peut aussi ajouter d’autres initiatives de l’école, dont la plantation d’arbres fruitiers et de vignes ainsi que la construction d’un refuge pour insectes pollinisateurs. « C’est frustrant [de] jardiner [en contexte] scolaire, ajoute Marie-Claude Simard. Le printemps arrive, on sème, on s’en va, on revient, mais on n’est pas là pendant la belle saison. » La nouvelle installation permettra d’étendre la saison du jardinage sur toute l’année. « [Les élèves] jouent dans la terre, ils aident aux récoltes, ils ramassent les semences, ils récoltent, replantent et voient ça pousser, illustre Mme Simard. On veut qu’ils apprennent que la nourriture, les légumes et les fruits sont des êtres vivants. » Et cette activité pourrait-elle faire germer le goût du jardinage chez certains jeunes? « Peut-être que plus tard, ils vont avoir plus d’intérêt à en faire pour eux, souligne Marie-Claude Simard. C’est ça aussi l’intérêt dans tout ça. »

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 19


- HISTOIRE -

LES DÉBUTS DE L’ÉDUCATION À VAL-D’OR GENEVIÈVE ROULEAU LAFRANCE SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

La première école à voir le jour dans la ville émergente de Val-d’Or porte fièrement le nom d’école Val-d’Or! Elle ouvre ses portes aux écoliers le 10 septembre 1935. Une première institutrice, Mercédès Bourgeois, est engagée pour les accueillir. En plus de son rôle de pédagogue, elle doit assumer celui de perceptrice des contributions mensuelles des élèves qui s’élèvent à 0,50 $ (ces paiements constituent en fait son salaire mensuel). On engagera, le 24 novembre 1935, deux nouvelles institutrices pour faire face au grand nombre d’élèves. Toutefois, l’exiguïté des lieux oblige la construction d’une nouvelle école, l’école Sigma, qui se trouve sur le territoire de la East-West Exploration, sur l’avenue Centrale. Deux institutrices et un instituteur y donnent les cours. Ces deux premières écoles suffisent à peine à contenir la population grandissante de la jeune localité. Des problèmes de locaux, d’ameublement et de chauffage font que ces lieux ne remplissent pas entièrement leur rôle d’éducation, et ce, malgré le dévouement des institutrices. La première organisation de citoyens pour la mise sur pied des écoles fait de son mieux, mais elle connaît des problèmes administratifs et financiers. La perception de la contribution mensuelle étant plus qu’aléatoire, le personnel enseignant ne reçoit pas ce qui lui est dû. C’est pourquoi le curé Pierre Lévesque demande la permission de constituer une commission scolaire permanente à l’Instruction publique. Même si, après un premier rôle d’évaluation, on fixe une taxe scolaire à 1,50 $, la situation financière ne s’améliore pas et l’Instruction publique décide de réunir la commission scolaire de Val-d’Or et celle de Bourlamaque lors de l’année scolaire 1937-1938. Cette décision ne remporte pas la palme de popularité parmi la population des deux villes. Ainsi, cette commission scolaire est séparée peu après. C’est à cette époque que l’idée de la nécessité d’une école fonctionnelle apparaît aux commissaires. L’Académie Saint-Sauveur devient la première école projetée et réfléchie pour accueillir adéquatement les élèves de Val-d’Or. On commence travaux de construction de l’école en juillet 1940, selon les plans de l’architecte Camille Chevalier. Les Sœurs de L’Assomption arrivent début septembre et les classes peuvent commencer sous leur direction. En 1946, on ajoute une douzaine de classes à l’Académie, mais cela ne suffit pas à contenir toute la population scolaire. En 1948, on compte alors trois écoles à Val-d’Or : l’Académie Saint-Sauveur, l’école Abitibi Electric et l’école Saint-Charles. Plus tard, on verra de nouvelles écoles comme Notre-Dame-de-Fatima. Néanmoins, il manque une école supérieure. En 1953, l’école Mgr-Desmarais ouvre donc ses portes à la première cohorte étudiante. Malgré des débuts quelque peu laborieux, le réseau scolaire réussit à bien s’implanter dans la ville de Val-d’Or et offre différentes possibilités aux nombreux élèves.

20 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- DE PANACHE ET DE LAINE -

MAGASINER SON ÉDUCATION GABRIEL DAVID HURTUBISE

Le côté le plus pervers de l’abondance réside dans le choix. Choisir, c’est écarter d’autres possibilités, d’autres voies. Laisser quelque chose derrière qui n’existera pas. On peut passer sa vie à se demander « et si j’avais fait ceci plutôt que cela ». Il y a des scénarios historiques à ce propos : et si Hitler était devenu artiste, que Napoléon avait été géant, alors les éléphants auraient pu… On risque de devenir fou. Mais, au bout du compte, quand on regarde en avant, ne pas choisir définitivement permet aussi de continuer à fouiner dans l’univers des possibles. Un des plus grands mérites de l’éducation – théoriquement – est de mieux outiller les individus dans leurs capacités à effectuer des choix plus éclairés, et ce, toute leur vie durant. Les lumières de l’éducation n’étant pas toutes égales, elles ont parfois pour effet secondaire d’endoctriner ou, du moins, d’altérer la vision de la personne pour la rendre aussi étroite que son champ de prédilection. Ainsi, un économiste et un politicologue se prennent le bec sur un traité de libre-échange, tous deux incapables de porter les lunettes de l’autre, le regard fixé sur une seule facette d’un objet complexe. À la fin, on se retrouve malheureusement avec un tas de ces spécialistes bornés : des têtes de cochons autodidactes, des génies intransigeants, des doctorants incapables de dialoguer.

La masse immense que constitue aujourd’hui « l’information », il nous faut la filtrer. Beaucoup. Savoir choisir ses sources sur Internet et les opposer. Se mettre consciemment au défi. Savoir entendre les avis contraires. Il est possible de s’informer uniquement dans le but de renforcer ses propres certitudes. Par exemple, en lisant des conclusions d’études qui vont dans le même sens que ce que l’on croit ou de ce que l’on voudrait croire (j’en sais quelque chose : je magasine la meilleure météo…). Il faut déterrer sa propre éducation de la masse : sur quoi se fonde mon opinion? que disent les études qui vont à l’encontre de ma croyance? Les meilleurs curieux vont continuellement tester leurs valeurs et connaissances. Ils vont continuer à se magasiner un avis. Le public a longtemps cru que les journalistes avaient pour tâche d’informer de façon neutre et véridique. Le métier était aussi fait et perçu ainsi. Il faut maintenant magasiner ses journalistes parce que plusieurs ne sont pas aussi indépendants qu’ils le laissent paraître. Idem pour certains chercheurs dont les études sont financées par le secteur privé. Cela dit, ne soyez pas non plus sceptiques de tout ce qui se dit. Le seul fait de lire un journal communautaire fait probablement de vous un être curieux. Faites-vous confiance dans votre éducation citoyenne (et merci de nous avoir choisi).

Seuls les grands curieux sont crédibles. Ceux qui ont longuement hésité entre tous les programmes du cégep, qui se sont perdus dans les infinités de l’université, qui militent pour les départements « interdisciplinaires », ou bien qui n’ont rien fait de cela, mais qui ont la piqûre du savoir. Ces créatures étranges passionnées d’ornithologie, d’astrologie et de cuisine asiatique en même temps; vous voyez le portrait?

[Peinture, poésie et photographie]

[Linogravure]

[Sculpture- installation]

[Installation]

DEVENIR LE PAYSAGE

PORTÉE D’OMBRES III

MONA MASSÉ ET ALAIN MICHAUD

HÉLÈNE LATULIPPE

LES MOTS DES CLOCHES SILENCIEUSES

FLEURS, FRUITS, ET OBJETS D’ART

Jusqu’au 10 novembre

Dès le 15 novembre…vernissage à 17 h en présence des artistes

SYLVIE TISSERAND

CYNTHIA DINAN MITCHELL

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS

Rencontre en coulisse de montage avec l’artiste le 7 novembre à 19 H

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 21


- MA RÉGION J’EN MANGE -

TARTE POMME ET CARAMEL AU COUREUR DES BOIS REGIS HENLIN – BECS SUCRÉS-SALÉS (VAL-D’OR)

INGRÉDIENTS POUR LA PÂTE

INGRÉDIENTS POUR LA GARNITURE

560 ml (2 ¼ tasses) farine 1 ml (¼ c. à thé) sel 180 ml (3/4 tasse) beurre non salé, coupé en dés 75 ml (5 c. à soupe) eau froide

3 pommes épluchées et coupées en tranches fines 100 ml (1/3 tasse) jus de pomme 15 ml (1 c. à soupe) sucre 45 ml (3 c. à soupe) caramel au Coureur des bois 30 ml (1 once) Coureur des bois (liqueur de whisky) 15 ml (1 c. à soupe) fécule de maïs

PRÉPARATION

PRÉPARATION

1.

1.

Faire cuire les pommes et le sucre.

2.

Ajouter la fécule de maïs et le jus de pomme, et mélanger pour épaissir.

3.

Retirer du feu.

4.

Ajouter le caramel et le Coureur des bois au mélange de pommes refroidi.

5.

Placer dans le fond de tarte et recouvrir avec la deuxième couche de pâte. Faire une petite cheminée au centre de la tarte pour laisser la vapeur s’échapper pendant la cuisson.

6.

Mettre au four à 180 °C (350 °F) pendant 35 à 45 minutes

Sur un plan de travail fariné ou entre deux feuilles de papier parchemin, abaisser la pâte jusqu’à une épaisseur de 3 à 4 mm (1/8 po). Utiliser la pâte pour faire une tarte à deux croûtes d’environ 25 cm (9 po).

COURTOISIE

2.

Dans un bol, mélanger la farine et le sel. Ajouter le beurre dans la farine afin d’obtenir une texture granuleuse. Ajouter l’eau petit à petit (ajouter de l’eau au besoin si la pâte est trop friable). Séparer en deux morceaux égaux. Laisser reposer 30 minutes au froid.

22 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- JEUX LES AUTEURS DE JEUX DE SOCIÉTÉ :

DES GENS DE PASSION, UN ART MÉCONNU ANTOINE LEFEBVRE

Artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature : tous les artistes reconnus par la loi au Québec entrent dans une de ces catégories. Or, les auteurs de jeu n’y figurent pas. Pourtant, ils exercent, comme tous les artistes, un métier qui demande de la créativité, du dévouement, beaucoup de patience et, surtout, de la passion. C’est cette passion pour le jeu qui les pousse à continuer : l’envie de voir leur projet dans les mains des ludophiles, d’offrir aux gens de passer un moment agréable avec leurs parents et amis. C’est la plus grande reconnaissance que les auteurs peuvent souhaiter. Alors qu’en France ou en Allemagne, le métier connaît une progression fulgurante et jouit d’une certaine reconnaissance, au Québec, elle est encore à l’état embryonnaire. La popularité croissante du jeu de société, due en partie à la démocratisation de la culture geek, contribue petit à petit à la création de regroupements d’auteurs de jeu au Québec. Ces regroupements ont pour objectifs d’offrir un lieu de rencontre (virtuel ou physique) aux auteurs afin d’échanger des idées, des outils ou des techniques, d’organiser des soirées où ils pourront mettre leurs prototypes à l’épreuve et faire du réseautage avec les éditeurs de jeu et les différents acteurs du milieu. Les rencontres virtuelles sont excellentes pour stimuler la créativité et la motivation des auteurs, mais la réalité est telle que les rencontres physiques sont nécessaires au développement d’un jeu de société. Si l’idée, la conception et la création reviennent à l’auteur, la mise à l’essai du jeu (playtest) doit idéalement se faire avec des collaborateurs externes : des amis joueurs, d’autres auteurs de jeu ou le public, directement. Dans les grands centres urbains, ces rencontres ont lieu à des intervalles réguliers (souvent deux fois par mois), mais on peut comprendre qu’en Abitibi-Témiscamingue, avec un territoire aussi vaste et un bassin de population plus restreint, les regroupements n’existent toujours pas, et les séances de mise à l’essai non plus. Émilise Lessard-Therrien

Députée de Rouyn-Noranda– Témiscamingue

Suzanne Blais

Députée d’Abitibi-Ouest

Pierre Dufour

Député d’Abitibi-Est

La réalité des régions en est une qui ajoute à la difficulté des auteurs de jeu, et c’est une des raisons pour lesquelles très peu de Témiscabitibiens ont réussi à publier leurs projets. Bruno Crépeault (Rockwell, Sit Down!, 2013) et Éric Raymond (Mafia Casino, boîte de jeu, 2012) sont parmi ceux qui ont profité des années où la compétition dans l’industrie était moins féroce. Aujourd’hui, avec la sortie de plus de 3000 nouveaux jeux par année, le marché est de plus en plus difficile à percer, et l’entraide entre les artisans du milieu devient cruciale. La tenue d’événements comme le 15-2, qui a eu lieu à Val-d’Or en octobre dernier, vient mettre en lumière le travail accompli dans l’ombre par les créateurs de jeux. Le Valdorien Éric Coulombe y a d’ailleurs présenté son jeu Kröm-lek lors du concours de création, et cette soudaine visibilité marque le début d’une nouvelle étape, pour lui, pour son projet et pour la profession d’auteur de jeu en Abitibi-Témiscamingue.

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24 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- RÉGION INTELLIGENTE -

LIQUÉFIER LE DÉBAT MICHEL DESFOSSÉS

« Je suis en total désaccord avec vous, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez l’exprimer. »

Bien sûr que je comprends cette attente. Nous présumons que le meilleur débatteur mérite d’être élu. Vrai? Pas sûr.

-Evelyn Beatrice Hall qui, dans un livre, The Friends of Voltaire, publié en 1906 sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, utilise la célèbre formule pour résumer la pensée de Voltaire

En science, il existe un concept appelé le nombre magique de Dunbar. En gros, cette approche stipule que 150 personnes peuvent former une communauté d’intérêts idéale, car c’est ce que le cerveau humain peut gérer et reconnaître comme réseau. Des preuves?

Entre cet appel enflammé à la liberté d’opinion et la démocratie numérique qui en est à ses balbutiements, plus de trois siècles ont passé.

Naturellement, les communautés de chasseurscueilleurs les plus viables, les compagnies militaires comptent entre 150 et 200 individus.

Nous venons de vivre une élection fédérale marquée par de nombreux débats entre les candidats. Tantôt thématiques, nationaux ou locaux, les débats représenteraient la forme la plus sophistiquée d’expression démocratique.

Saviez-vous d’ailleurs que Barack Obama avait lancé, en 2011, un système de pétitions en ligne nommé « We the people » [« Nous le peuple »] qui s’amorçait à partir d’un nombre de 150 signataires? Pas un hasard : l’entourage d’Obama présumait que le chiffre magique de Dunbar était un déclencheur tout à fait valable pour mettre une idée en ligne.

J’ai eu le plaisir et l’insigne honneur d’animer le débat sur l’environnement organisé par le Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (REPAT) et le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) le 2 octobre dernier. En fait, ce n’était pas un débat, juste une occasion pour les citoyens d’entendre ce que les six candidats dans Abitibi-Témiscamingue et leur parti avaient dans le coffre sur l’enjeu capital de l’environnement. Pas eu de confrontation, pas de joute oratoire pas de droit de réplique… et pas la cacophonie affligeante qui caractérise usuellement ce genre de rencontres. Seulement du temps consacré à entendre les lignes de parti, ou l’écho du vide dans certains cas. Certains considèrent la formule comme bien plate, les médias traditionnels notamment, eux qui comptent les coups portés à l’autre pugiliste et les K.-O. techniques. Ça prend un gagnant, comprends-tu!

Mais alors, comment se fait-il que certains courants d’opinions finissent par réunir plus de 150 personnes? La révolution russe d’octobre 1917, le printemps étudiant de 2012 au Québec ont réuni plus que trois autobus scolaires. Selon les émules de Dunbar, l’explication tiendrait du fait que le langage permet d’élargir l’assise d’un mouvement populaire. Un effet de levier, en somme. C’est peut-être pourquoi les débats oratoires entre politiciens sont si populaires en tant que moyens pour rassembler en masse les électeurs autour d’un programme. Mais franchement, n’avez-vous pas l’impression que les débats politiques ne font pas une grande place à l’opinion citoyenne? Que finalement, les questions du public dans les débats ont l’air plus anecdotiques, voire risibles? Que les représentants des

médias seraient les seuls à soumettre les candidats à La Question? Un peu à l’instar de l’initiative de démocratie directe « We the people », pourrions-nous améliorer notre emprise réelle sur les programmes politiques? Il existe des logiciels de démocratie directe comme LiquidFeedback. On y retrouve bien sûr toutes les fonctionnalités pour mettre sur pied une initiative citoyenne (incluant des cartes géographiques permettant des projets d’urbanisme), mais on peut même choisir le ou les citoyens qui porteront nos demandes auprès du gouvernement concerné. Il y a bien sûr des risques à soumettre nos débats démocratiques à des plateformes numériques. Le chercheur de réputation internationale Evgeny Morozov nous met en garde contre les géants du Net qui nous entretiendraient dans une servitude en récupérant tous les projets et données, même les plus humanistes, que nous répandons sur le Web. Toutefois, je garde à l’esprit que nous devrions faire l’essai dans notre région d’un de ces outils de démocratie directe numérique. Les prochains débats politiques y gagneraient peut-être en pertinence parce que désormais axés sur les enjeux citoyens de l’AbitibiTémiscamingue. Au fait, ne cherchez plus en ligne l’initiative « We the people ». Elle a été éliminée du site whitehouse.gov en janvier 2019 par Donald Trump. Je dis ça comme ça.

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 25


-LITTÉRATURE -

RAF À LA RESCOUSSE : LE JOURNAL DE JEAN-FÉLIX ZACHARY MARCOUX, ÉTUDIANT À L’ÉCOLE SECONDAIRE D’AMOS

Écrit par Nadine Descheneaux et Amy Lachapelle, le roman Raf à la rescousse : le journal de Jean-Félix raconte l’histoire de Jean-Félix, un adolescent vivant plusieurs expériences nouvelles tant sociales que personnelles aux côtés de ses amis et de sa famille. Publié en février 2019 par la maison d’édition Z’AILÉES, le roman est présenté sous forme de journal intime. Mais ce journal n’est plus si intime, car il est commenté par Raf, une camarade de Jean-Félix et future psychologue. La série Raf à la rescousse se présente sans ordre précis, donc il n’est pas obligatoire d’avoir lu les romans de la même série parus avant celui-ci pour comprendre l’histoire. Chaque récit comporte l’histoire de quelqu’un qui s’est fait prendre son journal par Raf, qui en a profité pour y laisser plusieurs commentaires qui pourraient aider le propriétaire du journal dans sa vie. Le lecteur verra aussi que deux couleurs sont présentes dans le livre : le bleu et le noir. Le noir représente l’écriture de celui qui possède le journal, tandis que le bleu est l’écriture de Raf qui y a laissé ses commentaires. Ce roman est très facile à lire, puisque l’écriture n’est pas trop petite et le nombre de pages est parfait pour ceux qui sont à la recherche d’une lecture accessible et divertissante. La formule de ce roman est plus intéressante que celle des romans traditionnels où tout le texte est écrit noir sur blanc sans éléments pour capter l’attention du lecteur. Dans ce roman, les mots ne sont pas compliqués, ce qui le rend à la portée des lecteurs intermédiaires qui n’apprécient pas nécessairement les mots qu’il faut décortiquer pour comprendre. De plus, la couverture du livre est attrayante, ce qui donne envie aux lecteurs potentiels de vouloir s’y attarder. Enfin, si vous êtes à la recherche d’une petite lecture simple et courte, la série Raf à la rescousse est l’option parfaite pour vous! Sur ce, j’espère vous avoir incité à lire ce merveilleux roman empreint d’une touche d’humour et de psychologie, qui vous fera réfléchir. Alors, je vous souhaite une belle lecture!

26 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


- MÉDIAS ET SOCIÉTÉ -

INCONGRUITÉS MÉDIATIQUES II : GRETA ET L’ÉPISTÉMOPHOBIE LOUIS-PAUL WILLIS

Pour cette deuxième chronique sous le thème des incongruités médiatiques – un thème qui reviendra assurément sur une base régulière –, je propose une courte réflexion sur les réactions que provoque la Suédoise Greta Thunberg, cette jeune militante qui a réussi à mobiliser une proportion non négligeable de la population mondiale autour des enjeux climatiques. Je crois d’emblée qu’il y a des liens à faire entre ces réactions et l’épistémophobie rampante qui marque notre époque1. Il est d’emblée fascinant de constater l’énergie que dépensent certains chroniqueurs à tenter de miner la crédibilité de Greta Thunberg auprès de leur lectorat ou de leur auditoire. À une époque où certains médias d’information sont davantage réputés pour leurs chroniqueurs que pour la qualité de leur journalisme, et où les opinions chroniquées atteignent de façon fort inquiétante le statut de faits inéluctables, il semble que la scène médiatique québécoise ait sauté à pieds joints dans le triste, mais très réel phénomène du Greta-bashing (dénigrement systématique de Greta). En effet, un groupe de chroniqueurs de droite, la plupart des hommes blancs, se permet de discréditer la jeune suédoise à grands coups d’attaques ad hominem et autres argumentaires centrés non pas sur les faits ou le discours, mais sur l’émotion. Dans une chronique dont j’ai failli emprunter le titre2, Frédéric Bérard qualifie ces chroniqueurs de « mononcles » qui s’acharnent de façon grotesque sur une jeune femme qui, pourtant, a un message difficile à réfuter (j’y reviendrai). Je suis d’avis qu’il faut condamner avec vigueur ce genre de discours médiatique, qui s’apparente beaucoup plus à de l’intimidation (on souligne beaucoup trop souvent le fait que Thunberg est atteinte du syndrome d’Asperger sans pour autant expliquer factuellement ce

syndrome) qu’à de l’information. Et cette condamnation est d’autant plus nécessaire qu’elle révèle d’importants biais et des doubles standards : alors qu’ils n’hésitent pas à intimider une jeune femme au nom de la liberté d’opinion, il est intéressant de remarquer que certains de ces chroniqueurs ont déjà intenté des poursuites en diffamation pour des caricatures peu flatteuses à leur endroit. Il semblerait que la liberté d’opinion fonctionne à sens unique… Mais revenons-en aux faits – c’est le cas de le dire. On s’évertue donc, dans certains médias, à tenter de démonter le discours de Thunberg en prétendant qu’il serait insensé de se laisser aller à la panique en se fondant uniquement sur les dires d’une enfant. Le hic, c’est que le discours de Thunberg se résume – en généralisant, mais quand même – à la phrase suivante : « ÉCOUTEZ LA SCIENCE ET ÇA PRESSE! » On l’accuse d’être trop jeune pour émettre des opinions scientifiques, alors qu’on omet volontairement qu’elle ne relaye aucune de ses propres opinions, si ce n’est son inquiétude devant le consensus alarmant face à ce qui nous attend. C’est ici qu’on peut voir émerger le phénomène contemporain fort préoccupant de l’épistémophobie, ou la peur de la connaissance. Dans l’écologie médiatique d’aujourd’hui, où on cherche l’information qui nous conforte dans nos croyances (peu importe qu’elle soit vraie ou fausse), on s’évertue beaucoup trop communément à ignorer les faits. Alors que plus de 99 % des scientifiques tiennent un discours alarmiste, il semble désormais acceptable d’ignorer ces spécialistes à la faveur des rares dissidents qui disent l’inverse, ou tout simplement de gens qui n’ont aucune formation dans le domaine. On se méfie des experts, qui pourtant ont des connaissances de pointe. On privilégie l’affect plutôt que la rationalité. Dans cette veine, on ne peut que s’inquiéter de la montée des faits

alternatifs et des fausses nouvelles, telle cette photo qui a circulé à la suite de la manifestation pour le climat du 27 septembre dernier à Montréal : une photo montrant un parc urbain jonché de déchets a été diffusée sur les médias socionumériques. Alors que les instigateurs de cette fausse nouvelle ont présenté la photo comme dépeignant le Mont-Royal après le passage de la manifestation, une simple recherche inversée Google Images permettait de constater que la photo provient d’un tout autre contexte – et d’un tout autre pays. On a eu beau publier des articles rétablissant les faits sur cette photo, la fausse nouvelle a malheureusement continué de se répandre. Mais revenons à Greta. Au-delà des attaques infondées sur son discours, et au-delà de tentatives parfois désespérées de la discréditer, les offensives lui étant dirigées méritent d’être abordées d’un point de vue féministe. En effet, on ne cesse d’insister sur le fait qu’elle est une enfant (malgré qu’elle soit beaucoup plus près de l’âge de la majorité que de l’enfance), et plusieurs attaques à son endroit s’arrêtent sur son apparence – on a même comparé ses nattes à celles de Fifi Brindacier. On parle d’elle comme si elle était une pauvre jeune enfant exploitée par les malicieux « enverdeurs », sans qu’elle ne puisse se rendre compte qu’elle est utilisée. Ces attaques, en plus d’éviter tout rapport factuel avec le discours de Thunberg, représentent des tentatives condamnables de retirer à une jeune femme sa propre agentivité. On lui retire son libre arbitre, et il importe de s’en indigner. Ces attaques semblent clamer haut et fort qu’il est impossible pour une jeune femme de réussir comme Thunberg a pourtant réussi. De sorte qu’il demeure difficile de ne pas se confronter à la question difficile : et si Greta était un jeune homme de 16 ans?

1 La question de l’épistémophobie et du climatosceptisme a fait l’objet d’une chronique précédente, disponible en ligne à indicebohemien.org 2 Frédéric Bérard, « Mononcles VS Greta », Métro, 29 juillet 2019.

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 27


« L'éducation, c'est fondamental dans une société démocratique. Grâce à elle, nous développons notre esprit critique. Cela nous donne les outils nécessaires afin de devenir des citoyens engagés, prêts à affronter les défis de l'avenir et de participer à notre façon à la construction d'un monde meilleur. »

AMOS DE L’ENFANCE À LA MATURITÉ LA RÉDACTION Un projet de longue date s’est récemment concrétisé pour la Société d’histoire d’Amos (SHA). Depuis la parution de l’ouvrage sur le centenaire de la municipalité en 2014, la SHA souhaitait poursuivre le travail et lancer un livre de photographies afin de faire connaître les photos de son service d’archives. Au terme de trois années de travail, la SHA a lancé Amos de l’enfance à la maturité (éditions GID, 2019) en mai dernier. Quelque 500 photographies d’avant 1960 ont été sélectionnées parmi les divers fonds du service d’archives de la SHA. Celles-ci proviennent en majorité des fonds de studios de photographes, mais certaines sont issues de fonds privés et de collections publiques. Amos de l’enfance à la maturité aborde de nombreux thèmes. La SHA a entre autres souhaité ramener à la mémoire certains bâtiments aujourd’hui disparus, des figures marquantes, des célébrations ainsi que le travail de certains organismes. Les secteurs culturel, communautaire, religieux et sportif sont aussi abordés. Toutes les municipalités de la MRC d’Abitibi sont représentées par au moins une photographie, y compris les territoires non organisés.

Émilise Lessard-Therrien Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue

28 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG

Les amateurs d’histoire régionale peuvent se procurer le livre Amos de l’enfance à la maturité auprès de la SHA.


Aînés d’exception Tranches de vie, exploits et leçons de vie de 160 aînés d’Abitibi-Témiscamingue, pour la suite du monde…

- MUSIQUE -

LARCHE, DE RETOUR AVEC UN NOUVEAU MINI-ALBUM MICHÈLE PAQUETTE

Guillaume Beaulieu vous offre un spectacle gratuit de contes et légendes tiré de son livre Aînés d’exception Tournée régionale dans les bibliothèques publiques Exemplaires du livre disponibles sur place Originaire de Val-d’Or, l’auteur-compositeur-interprète LARCHE vient de sortir un minialbum (EP) intitulé Quand je serai grand, je serai heureux. L’artiste dans la trentaine, qui habite maintenant Montréal qualifie sa musique d’indie folk. Ce mini-album, son troisième en carrière, comprend cinq chansons, dont quatre originales, toutes aussi poétiques les unes que les autres. En 2014, il avait réalisé un album Les petits effondrements comportant quatre enregistrements. Pour Quand je serai grand, je serai heureux, il s’est entouré d’amis de longue date : Navet Confit à la réalisation, Jipé Dalpé aux cuivres, Marianne Houle au violoncelle, Jocelyn Pelichet à la guitare, de même que Valérie Dumas, Amélie Fortin, François Fortin, Sola Nkani, et Jocelyn Pelichet aux chœurs.

Projet produit par:

Amos • Angliers • Arntfield • Aupaluk • Barraute • Béarn • Beaucanton • Beaudry • Belcourt • Bellecombe • Belleterre • Berry • Cadillac • Champneuf Cléricy • Clerval • Cloutier • Colombourg • Destor • Duparquet • Dupuy • Fabre • Fugèreville • Guérin • Guyenne • Kitcisakik • Kuujjuaq • La Corne La Morandière • La Motte • La Reine • La Sarre • Laforce • Landrienne • Latulipe • Laverlochère • Lebel-sur-Quévillon • Lorrainville • Macamic Malartic • Manneville • Matagami • Moffet • Montbeillard • Mont-Brun • Nédélec • Normétal • Notre-Dame-du-Nord • Oujé-Bougoumou • Palmarolle Poularies • Puvirnituq • Preissac • Rémigny • Rivière-Héva • Rochebeaucourt • Rollet • Rouyn-Noranda • Salluit • St-Bruno-de-Guigues St-Dominique-du-Rosaire • St-Eugène-de-Guigues • Ste-Germaine-Boulé • Ste-Gertrude • Ste-Hélène-de-Mancebourg • Senneterre • Taschereau Timiskaming • Val-d’Or • Val-Paradis • Val-St-Gilles • Villebois • Ville-Marie • Winneway

Programmation disponible à

mabiblio.quebec

www.

LARCHE écrit des chansons optimistes inspirées de son quotidien et de ses expériences. Son mini-album compte par exemple une belle chanson dédiée à sa mère. Lorsqu’on lui demande quelles sont ses influences, il répond Martha Wainwright et les sœurs McGarrigle. Bien que LARCHE ait quitté l’Abitibi et mène maintenant sa carrière à Montréal, il garde un lien particulier avec sa région natale puisque déjà en 2005, il était récipiendaire du prix du jury et du public dans la catégorie auteur-compositeur-interprète au concours du Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT). Il ajoute que toute sa famille est à Val-d’Or et qu’il y vient chaque saison. « J’aime le paysage, j’aime les arbres. Pour moi, c’est ma famille. J’aime que ma chanson respire et l’Abitibi, ça respire », confie-t-il. Pour écouter ses chansons, il suffit d’aller sur les différents médias numériques ou en magasin, car il est « un gars de son temps ». Et ça en vaut la peine, d’autant plus que l’Abitibi reste sensible à ses petits! INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 29


SUBARURN.COM

30 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

CINÉMA Dogman, Matteo Garrone 17 nov., Théâtre du cuivre (RN) Le vent de la liberté, Michael Herbig 18 nov., Théâtre du cuivre (RN) Apapacho, une caresse pour l’âme, Marquise Lepage 25 nov., Théâtre du cuivre (RN) ÉVÉNEMENTS Festival de musique Trad 31 oct. au 2 nov., Val-d’Or EXPOSITIONS

Fleurs, fruits et objets d’art Cynthia Dinan Mitchell 15 nov. au 5 janv. 2020 Centre d’exposition d’Amos Les mots des cloches silencieuses Sylvie Tisserand 15 nov. au 5 janv. 2020 Centre d’exposition d’Amos MUSIQUE Jonctions, Megan & Amy (Jeunesses musicales Canada) 5 nov., Le Rift (Ville-Marie) 6 nov., Théâtre Lilianne-Perrault (La Sarre) Justin St-Pierre 6 nov., Salle Félix-Leclerc (VD)

Un dernier baiser pour la route Nicolas Nabonne, 13 sept. au 3 nov. Centre d’exposition d’Amos

Patrick Watson 8 nov., Théâtre du cuivre (RN) 9 nov., Théâtre Télébec (VD)

Show de boucane – Christian Leduc 13 sept. au 3 nov. Centre d’exposition d’Amos

La pomme dans tous ses états – Les professeurs du Conservatoire 9 nov., Conservatoire de Val-d’Or

Devenir le paysage Mona Massé et Alain Michaud 13 sept. au 10 nov. Centre d’exposition d’Amos

Mon arc est une guitare – Hugo Lapointe 9 nov., La Brute du coin (La Sarre)

Les intruses, Randa Maroufi 10 oct. au 10 nov., L’Écart (RN) Les missionnaires – Jacques Baril 27 sept. au 17 nov., Le Rift (Ville-Marie) En parallèle – Johannie Séguin 27 sept. au 17 nov., Le Rift (Ville-Marie) Portée d’ombres III – Hélène Latulippe 15 nov. au 12 janv. 2020, Centre d’exposition d’Amos

Country Legends 16 nov., Salle Dottori (Témiscaming) Guylaine Tanguay 20 nov., Salle Desjardins (La Sarre) 21 nov., Théâtre du cuivre (RN) 22 nov., Théâtre Télébec (VD) 23 nov., Théâtre des Eskers (Amos) Akhenaten 23 nov., Théâtre du cuivre (RN) Corps et âme – Teo Gheorghiu 24 nov., Conservatoire de Val-d’Or 26 nov., Théâtre des Eskers (Amos) Martha Wainwright 27 nov., Théâtre du cuivre (RN) 28 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 29 nov., Théâtre Télébec (VD)

Ben et Jarrod 14 nov., Salle Dottori (Témiscaming) Maude Landry 15 nov., Théâtre Meglab (Malartic) Dérapage contrôlé – Humour spontané 15 nov., La Cabane (VD) Du bruit dans le cosmos – Virginie Fortin 26 nov., Théâtre du cuivre (RN) 27 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 28 nov., Théâtre Télébec (VD) 29 nov., Salle Desjardins (La Sarre) 30 nov., Le Rift (Ville-Marie) THÉÂTRE

Grand concert de Noël de l’OSR 30 nov., Église Christ-Roi (Amos) LITTÉRATURE Cercle de lecture de La Mosaïque 5 nov., Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda JEUNE PUBLIC

QW4RTZ 12 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 13 nov., Théâtre Télébec (VD) 15 nov., Le Rift (Ville-Marie) 16 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Dominic et Martin Spectacle-bénéfice pour Centraide 2 nov., Salle Félix-Leclerc (VD)

La magie de la chimie – Yannick Bergeron 24 nov., Théâtre du cuivre (RN) 25 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 26 nov., Théâtre Télébec (VD)

Francostalgie 13 nov., Théâtre du cuivre (RN) 14 nov., Salle Desjardins (La Sarre) 15 nov., Théâtre Télébec (VD) 16 nov., Théâtre des Eskers (Amos)

Dessin numérique – Atelier parents-enfants, Staifany Gonthier 24 nov., Petit Théâtre du Vieux Noranda

Tropicale apocalypse, Louis-Philippe Gingras 15 nov., Petit Théâtre du Vieux Noranda 16 nov., Salle Félix-Leclerc (VD)

PB Rivard 1er nov., La Brute du coin (La Sarre)

HUMOUR

Le Malade imaginaire – Productions La comédie humaine 12 nov., Théâtre Télébec (VD) 13 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 14 nov., Théâtre du cuivre (RN) Tout inclus (théâtre documentaire) Théâtre La Licorne 19 nov., Théâtre du cuivre (RN) 20 nov., Théâtre Télébec (VD) 21 nov., Salle Desjardins (La Sarre) DIVERS Atelier de dessin – Modèle vivant 2 nov., MA Musée d’art (RN) La Corée du Nord une visite au pays mystérieux 14 nov., Petit Théâtre du Vieux Noranda Atelier Touch Designer, Valentin Floch 19 nov. et 26 nov., Petit Théâtre du Vieux Noranda

INDICEBOHEMIEN.ORG NOVEMBRE 2019 31


En collaboration avec

32 NOVEMBRE 2019 INDICEBOHEMIEN.ORG


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