MARS 2011 // L'INDICE BOHÉMIEN // COPIE 16

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mars 2011 - copie 16

gratuit le journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

Les dessous de la féminitude

Trois créatrices se mettent à nu

e n m a n c h e t t e s 5 Un film de Sophie Dupuis aux Jutra 8 Le retour d’Yves Marchand 11 Rouyn-Noranda : capitale culturelle 2012 ? 15 Sixième édition de l’expo Je t’aime à La Sarre 19 Un prix du public musical pour le CCAT

MAR EGI ONDETR E. COM

ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien

WW W.MAREGIONDETRE.COM


calendrier culturel

gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

mars 2011 Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Internet du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, au www.ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. Merci de votre collaboration !

Cinéma Grands Explorateurs : le Québec 4 mars - 20 h Théâtre de poche (La Sarre)

Humaniterres - Ida Rivard Du 10 mars au 10 avril Centre d’art Rotary (La Sarre)

Grands explorateurs Québec de Montréal à Kuujjuaq 5 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos)

Change Action Terroriste Socialement Acceptable Du 11 mars au 10 avril L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda)

Crime d’amour 6 mars - 19 h 7 mars - 19 h 30 Cinéma Capitol (Val-d’Or)

Étude pour un carnet de voyage Christian Bourgault Du 11 mars au 10 avril L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda)

19e Festival vidéo 16 mars - 19 h SUM - Cégep de l’Abitbi-Témiscamingue (Rouyn-Noranda)

Pluralité - Jeannot Hamel Jusqu’au 22 mai Palais des arts Harricana (Amos)

Ciné-club Promovues Jusqu’au 8 mai Cinéma Capitol (Val-d’Or)

Conte Soirée de contes avec Jocelyn Bérubé 15 mars - 19 h SUM - Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (Rouyn-Noranda) 50e anniversaire d’Amnistie internationale - Spectacle de contes et de chants Clotaire Moulounda et Noémie Gibson 17 mars - 18 h 30 à 20 h Agora - Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (Rouyn-Noranda)

Exposition La boutonnière - Staifany Gonthier Jusqu’au 5 mars Café-Bar l’Abstracto (Rouyn-Noranda) Beautés de chez nous - William Berge Jusqu’au 6 mars 2011 Centre d’art Rotary (La Sarre) L’épreuve du quotidien Chantale Boulianne Jusqu’au 13 mars Centre d’exposition d’Amos Sculptarium Étudiants en arts plastiques Du 14 au 17 mars SUM - Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (Rouyn-Noranda) Au seuil de l’œil - Pol Turgeon Jusqu’au 20 mars Centre d’exposition d’Amos Suivre le vide à la trace - Francois Brochu 23 mars - 5 à 7 Cabaret de la dernière chance (Rouyn-Noranda)

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L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

Materia - François Fréchette Du 20 mars au 12 juin Palais des arts Harricana (Amos) Ma-Reine Bérubé, 1919-2004 Jusqu’au 3 mars 2012 Centre d’exposition de Val-d’Or

Humour Tel quel - Jean-Michel Anctil 2 et 3 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) Job : humoriste - Patrick Groulx 24 mars - 20 h Salle Desjardins (La Sarre) 27 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos)

Improvisation LIV 10 mars - 19 h 30 24 mars - 19 h 30 Atrium, UQAT (Val-d’Or) Les Volubiles Improvisation haute voltige 25 mars - 20 h Espace Noranda (Rouyn-Noranda) SIR-N Jusqu’au 15 avril - 20 h Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda)

Littérature Lancement du livre Kinawit François Bélisle 21 mars - 17 h à 19 h Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or

Musique Soirée Métal Trafalgar et Cryptik Howling 5 mars - 21 h Pavillon Laverlochère (Laverlochère)

Al Faro Est Marco Calliari (cabaret) 9 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) Concert de la classe de violon Conservatoire de musique 11 mars - 19 h Sallle 301 - Conservatoire de musique (Val-d’Or) Tricot Machine La prochaine étape 12 mars - 20 h 30 La scène Évolu-son (Rouyn-Noranda) Charles Thouin en concert 15 mars - 19 h 30 Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) La grande virée country Guylaine Tanguay 17 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 19 mars - 20 h Salle Desjardins (La Sarre) Soirée Irlandaise Irish Bastards + Dylan Perron 18 mars - 21 h Bistro de l’UQAT (Rouyn-Noranda) 19 mars - 21 h Bar cher Frid (Amos) Série La Relève Élise Turcotte et Francis Courtois, piano 18 mars - 19 h Salle 301 - Conservatoire (Val-d’Or) La Querelle + The Discord Of A Forgotten Sketch + Cabron 25 mars - 19 h 30 Brasserie Artisanale Le Trèfle Noir (Rouyn-Noranda) 26 mars - 19 h 30 Théâtre Meglab (Malartic) Harmonie du 22e Régiment 29 mars - 19 h 30 Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti, opérette Jeunesses musicales de La Sarre 30 mars - 19 h 30 Salle Desjardins (La Sarre)

Théâtre C’est notre chanson 4 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 5 mars - 20 h Salle Desjardins (La Sarre)

Le chat botté 7 mars - 19 h Théâtre des Eskers (Amos) Des adultes ayant des limitations fonctionnelles montent sur scène 8 mars - 19 h 30 Théâtre du Rift (Ville-Marie) Les palmes de M. Schutz 10 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) La migration des oiseaux invisibles 11 mars - 9 h et 13 h Agora des Arts (Rouyn-Noranda) Bienvenue sur Broadway 25 mars - 19 h Salle Desjardins (La Sarre) Les rendez-vous amoureux 29 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos)

Autres Les Cent Dessins « Le Chat Botté » Du 1er mars au 4 janvier Centre d’exposition de Val-d’Or Matin’ART Du 1 au 4 mars Centre d’exposition d’Amos Soulignez la Journée internationale des femmes en prenant la pose pour l’artisteKarine Hébert 8 mars - 13 h à 19 h Centre d’art Rotary (La Sarre) Qui aime bien châtie bien... Richard Allaire, Pascal Binette, Monique de Denus et Louise Lavictoire 8 mars - 20 h 11 mars - 19 h Petit-Théâtre du Vieux-Noranda et École Rivière-des-Quinze (Notre-Dame-du-Nord) Inauguration officielle L’Écart.. . lieu d’art actuel 11 mars - 19 h à 1h L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda) Drôlement mystérieux - Messmer 15 mars - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 50e anniversaire d’Amnistie internationale - Spectacle de variété des étudiants du cégep 17 mars - 20 h SUM - Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (Rouyn-Noranda)


sommaire

éditorial

L’embarras du choix en couverture : femmes et création

> Winä Jacob - redaction@indicebohemien.org

photo : Ariane Ouellet

Les concours ont ceci de bon qu’ils permettent à des talents de se faire voir, de se faire connaître et parfois même de lancer une carrière. Des artistes y présentent le fruit de leur travail, tentant du même coup de séduire un jury et, pour certains, de percer.

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

RÉDACTION ET PRODUCTION Collaborateurs : Louis-Joseph Beauchamp, Marie-France Beaudr y, Francesca Benedict, Mélanie Boutin-Char tier, Frederique Cornellier, Catherine Drolet-Marchand, Dominique Fortin, Lise Gagné, Stephanie Hein, Valérie Jacob, Winä Jacob, Louise Lambert, Valérie Lemay, Charlotte Luneau Philippe Marquis, Paul-Antoine Martel, Marie-Joe Morin, Olivier Naud, Ariane Ouellet, Sophie Ouellet, Evelyne Papillon, Stephanie Poitras, Psyko, Daniel Richer, Catherine Sirois Réviseurs-correcteurs : Jonathan Barrette, Gabrielle Demers, Lucette Jacob, Roxane Kelly, Isabelle Legault, Suzanne Ménard, Karine Murphy, Paul-Antoine Martel, Micheline Plante Rédactrice en chef : Winä Jacob redaction@indicebohemien.org Graphisme : Mylène Cossette Le Canapé communication visuelle graphisme@indicebohemien.org Coordination et ventes publicitaires : Maurice Duclos coordination@indicebohemien.org publicite@indicebohemien.org L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an. Il est distribué gratui­tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue fondée en novembre 2006. Membres du conseil d’administration  : Mélissa Drainville, Sophie Ouellet, Martin Villemure, Julie Pomerleau, Chloé BeauléPoitras, Sonia Cotten, Ariane Gélinas, Julie Goulet, Winä Jacob et Amélie Roberge.

L’Indice bohémien 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda, Québec J9X 1C1 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 www.indicebohemien.org

Ce journal est imprimé sur du papier recyclé contenant 50 % de fibres postconsommation.

Comment déterminer avec certitude que l’un est plus talentueux que l’autre ? Certes, la présence sur scène, l’émotion ressentie et la démarche artistique y sont pour beaucoup. Il est peut-être possible de départir une Marie-Hélaine Thiber t d’une Annie Villeneuve par les décibels produites, la durée des notes tenues ou le nombre de poils redressés sur vos bras. Mais comment comparer Annie Brocoli à Plume Latraverse, ou encore Kent Nagano à Ariane Moffatt ? Comment déterminer que l’apport musical de l’un est plus important que celui de l’autre ? La question semble loufoque, voire totalement improbable : qui aurait l’idée de mettre ces artistes en compétition les uns avec les autres ? C’est pourtant ce que nous propose le Conseil de la culture avec son Prix du public. C’est une initiative louable que de vouloir récompenser un artiste de la région au scrutin populaire, surtout que du même coup les quatre autres seront aussi mis en valeur auprès du grand public. Notre milieu culturel est dynamique et bien vivant, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour multiplier les catégories, les sous-genres et les remises de prix. Mais comment procéder ? Il faut des critères sur lesquels nous baser. En posant un regard attentif sur les cinq candidats, on constate à quel point la tâche et difficile et que le mérite de chacun est grand. La jeunesse La dernière année de Chantal Archambault lui aura permis de se faire connaître et d’acquérir plus d’assurance. Son nouvelle album lui aura procuré un succès d’estime et les louanges de plusieurs têtes pensantes de l’industrie. Dans la plus pure lignée des artistes émergents, elle trace son petit bout de chemin, en utilisant les canaux déjà bien établis par l’industrie. Bien qu’étant l’artiste ayant le moins d’expérience dans le groupe, sa place parmi eux est tout de même justifiée par l’effort qu’elle y met et par son désir de faire carrière, mais en le faisant d’ici, où ses racines sont bien ancrées. Voter pour Chantal, c’est voter pour la jeunesse, pour l’effervescence et pour la possibilité d’une carrière florissante qui rejaillirait sur la région. L’expérience À l’opposé de Chantal se trouve Jacques

Marchand et ses nombreuses années de métier derrière la moustache. Sa présence en région aura permis de développer une culture musicale de pointe, de cultiver un terreau des plus rigoureux et respectés. Il contribue à faire vivre le patrimoine musical de l’humanité ici en région, tout en permettant à des musiciens de jouer une musique à la hauteur de leur talent. L’importance de son apport musical est telle que le logo de l’Ensemble Aiguebelle reprend son image de marque. Voter pour Jacques, c’est voter pour l’expérience, pour la vision de développement, pour un talent d’ici reconnu ailleurs, pour la présence d’un grand orchestre en région et une démocratisation de la musique par la création, comme la partition du Paradis du Nord qu’il a signée. Le don de soi Moins connu que ses comparses, Gaétan Roberge impressionne pourtant autant pour son impact sur le milieu musical que sur la longévité impressionnante de son action. Ce pédagogue musical aura contribué à la formation de nouveaux talents et à l’éclosion de nombreuses passions en région. Le travail dans l’ombre permet parfois d’offrir des petits bijoux qui, eux, capteront la lumière et la feront rejaillir sur autrui. L’enseignement de la musique et la direction de chorales tels qu’il les pratique, c’est un don de soi et un échange de connaissance qui contribuent au développement de l’identité culturelle de la région. Voter pour Gaétan, c’est voter pour la musique comme outil de rassemblement, pour le partage et pour les générations futures de musiciens. La simplicité La musique est tout d’abord un moyen de communication et Martin Bernard l’a bien compris. Ses créations, sa culture rassembleuse et surtout le plaisir communicatif qu’il a à partager sa musique rendent sa candidature pertinente. Dans la plus pure tradition des gosseux de chansons, il peaufine ses pièces une à une, sans flafla, pour le simple plaisir de créer. Secret bien gardé, presque confidentiel, à l’image de son Témiscamingue natal avec lequel il partage une beauté sauvage et une chaleur rassurante, il offre sa musique autant lors de spectacles organisés que de soirées à la sauvette. J’ai eu la chance de participer à un « Off Foire gourmande » improvisé sur une galerie où Martin Bernard, douce-

Événement Journée de la femme ................... 12, 13 Cinéma .................................... 5, 6, 7 Arts de la scène ............................. 8, 9 Général ....................... 9, 11, 12, 13, 17 Littérature ................................. 10, 15 Arts médiatiques ............................ 11 Arts visuels ......................... 14, 15, 16 Histoire et patrimoine ....................... 18 Musique .................................... 19, 23

Chroniques Humeur ............................................ 4 Signature d’artiste ........................... 5 Chronique littéraire ......................... 10 Les livres de Charlotte .................... 15 Sociétés d’histoire et de généalogie .. 18 Rubrique ludique ............................. 20 Ma région, j’en mange ! .................... 21 Poste d’écoute ................................ 23 ment, chantonnait ses airs, comme si la musique, la sienne, devenait une manière pour lui de prendre contact avec autrui, un contact d’humain à humain, guitare en main. Voter pour Martin, c’est voter pour la simplicité, pour le plaisir de la musique, pour un artisan de la chanson qui offre un travail de qualité. L’enfance Si les enfants ont le droit de voter pour le Prix du public, il y a fort à parier que Gilles Parent raflera les honneurs. En œuvrant pour les petits, il crée de nouveaux publics, il fait de l’artiste un être socialement utile. Il est d’autant plus noble que ce travail est souvent dénigré par les plus grands. Faire aimer sa musique par les plus jeunes n’est pourtant pas donné à tous puisqu’un enfant, c’est honnête et ça n’aime que ce qui le touche réellement. Dans ce milieu où le costume, les maquillages et les personnages sont rois, Gilles Parent mise sur la simplicité, la force de ses mélodies et la candeur de ses textes. Et ça fonctionne, et pas seulement en région. Voter pour Gilles, c’est voter pour la naïveté de la création, pour le futur, pour la valeur pédagogique de la musique. C’est bien beau tout ça, mais on fait quoi ? Surtout, on vote, on fait connaître son opinion et on y va avec son cœur. Puisque la musique c’est surtout ça : un véhicule pour les émotions qu’on exprime si mal autrement.

DATES IMPORTANTES À RETENIR date limite pour soumettre vos idées de sujets pour l’édition de mai

7 mars

date limite pour réser ver votre espace publicitaire pour l’édition d’avril

9 mars

date limite pour fournir votre montage publicitaire pour l’édition d’avril 11 mars sor tie de l’édition d’avril

31 mars L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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photo : http://www.youtube.com/user/gazdeschiste

humeur

Wo !

Le droit d’être écouté et celui d’être entendu sont moins évidents à faire respecter

> philippe marquis

Mon dictionnaire définit le mot débat comme étant « l’action de débattre d’une question, de la discuter ». Le verbe débattre, toujours pour le Petit Robert, consiste à « examiner contradictoirement avec un, ou plusieurs interlocuteurs ». Je résumerais donc le débat par l’examen des pour et des contre sur un sujet particulier afin de pouvoir se « faire une tête dessus ». Donc, on s’entend là-dessus, ça mord pas un débat. J’ai pourtant l’impression qu’il est de moins en moins possible de débattre. À moins de discuter de la saveur de crème glacée qu’on préfère, les questions de fond semblent toujours évitées… pour éviter la chicane. Comme si on pouvait tous et toutes être d’accord avec tout ! À la limite, on va bientôt devoir débattre de l’importance des débats dans une société ! Mais sans débat, il n’y a pas de démocratie; c’est donc possible de regarder le spectacle, pas d’y participer. Des voix qui portent La liberté d’expression est liée à la démocratie. Et nous l’avons ici ce droit de nous exprimer, mais le droit d’être écouté et celui d’être entendu sont moins évidents à faire respecter. À moins qu’on devienne tellement nombreux, que la gang soit tellement grosse, qu’il n’y ait plus d’autres choix pour les pouvoirs en place que d’entendre et d’écouter. Ce qui vient d’arriver aux dictatures de Tunisie et d’Égypte est là pour nous le prouver.

7e FESTIVAL DES GUITARES DU MONDE EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

Mardi 22 mars

Dévoilement De la programmation complète Formule 5 à 7 à l’Agora des Arts 170 Murdoch, Rouyn-Noranda

les billets pour les 2 concerts suivants sont présentement en vente ;

José Féliciano Dimanche 29 mai à 21 heures centre De congrès rouyn-noranda 47$

Don mclean lundi 30 mai à 21 heures

centre De congrès rouyn-noranda 42$ Billets disponibles chez musique mignault, 199 principale, rouyn-noranda et au www.fgmat.com

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L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

Il faut donc pouvoir parler fort et il arrive que des artistes agissent comme porte-voix de la population. Ici, nous avons l’exemple de Richard Desjardins, appuyé de dizaines d’autres, dont ceux et celles qui sont montés sur scène avec lui lors du dixième anniversaire de l’Action boréale au mois d’octobre dernier. On se rappellera également la mobilisation de nombreux artistes lors de l’intervention américaine en Irak, en hiver 2003, où Montréal a connu les plus importantes manifestations d’opposition en Amérique. Dernièrement, il y a eu le vidéo intitulé Wo ! où de nombreux artistes québécois y vont d’un message simple, clair et percutant pour demander un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Sous la direction de Dominique Champagne, le clip de trois minutes dit simplement « Wo ! » à un gouvernement qui n’écoute pas et ne semble comprendre que le langage pressé du Big Business. Il a été écouté par près d’un demi-million de personnes ! Ici, la popularité et le talent des artistes ne sert pas à nous vendre un produit, mais à défendre une idée. Ce ne sont pas eux ni le clip qui vont faire changer les choses mais le fait que, grâce à eux et à tous les gens qui s’impliquent dans le débat, il commence à y avoir une vraie grosse gang. Les larmes me sont montées aux yeux la première fois que j’ai visionné Wo ! Cela venait me prouver que nous pouvons encore être fiers de notre peuple. Parce que ces artistes qui agissent avec leur coeur sont aussi notre voix. Et le coeur d’un peuple qui se bat lui permet de rester en vie... bien davantage qu’un portefeuille d’actions. youtube.com/user/gazdeschiste


cinéma

photos : courtoisie de l’artiste

photo : courtoisie de l’artiste

signature d’artiste

À gauche : une image du court métrage Félix et Malou; à droite, la réalisatrice Sophie Dupuis.

Un parcours pavé de succès pour la réalisatrice Sophie Dupuis

Un Jutra avec ça ? Ce froid qui m’inspire... > Jacques Baril

Je suis là à me demander ce que je pourrais bien dire sur ce fameux froid qui m’inspire. C’est un bien beau titre mais est-ce que le froid m’inspire vraiment ? Quand j’y pense, n’est-ce pas un peu maso de croire que le froid inspire ? Tous ceux à qui j’en parle se disent plus inspirés par les îles Maldives que par la Terre de Baffin. Alors je pense aux poètes qui parlent de l’hiver, et tout naturellement à Nelligan avec sa neige qui a neigé, son jardin de givre et son spasme de vivre pour faire naître l’espoir d’une piste nouvelle. Mais j’avais oublié la fin : « À tout l’ennui que j’ai, que j’ai… » J’épuise ainsi mes ressources inspirantes pour me replonger par défaut dans les souvenirs de mon enfance, en pensant à ce temps où je passais par les portes pour vendre l’Écho d’Amos sous les flocons de neige qui tombaient directement des aurores boréales sur ma tuque… que je me faisais arracher d’une claque derrière la tête parce que j’avais dépassé les limites de mon territoire de camelot. On n’a pas vraiment froid lorsque l’on a dix ans, et que l’on joue au hockey dans la ruelle avec son frère. Je ne me souviens pas avoir eu froid quand je descendais en ligne droite l’unique piste de ski du lac La Ferme sur mes skis de bois avec des attaches de raquettes; l’important, c’était de pouvoir freiner au bon moment, au bon endroit pour reprendre le câble de remontée le plus rapidement possible. Et puis un jour, j’ai vu l’hiver comme une page blanche, une page sur laquelle la nature boréale avait déjà esquissé quelques projets puis les avait effacés encore et encore dans la recherche d’un ailleurs meilleur. Comme un relief blanchi qui s’évanouit dans l’espace qui l’entoure, j’ai senti que mon esprit avait cessé de refaçonner à l’infini les images qui me hantaient. Enfin le silence, celui qui nous rend heureux pendant quelques instants, jusqu’à ce que le doute nous effleure au passage du temps. Lorsqu’un dernier frisson court sur ma nuque, c’est que la peur du froid me quitte. C’est une sorte d’hypothermie créative, il n’y a plus de retour en arrière comme dans la taille directe, nous devons avancer même si nous sommes dans la mauvaise direction. Il faut continuer l’expédition dans un effort consenti avec l’espoir d’atteindre cet espace inconnu. Je garde toujours un œil sur l’horizon, puisque c’est tout ce qui me rattache à la terre. Un beau matin, alors que l’espoir s’est évaporé dans les effluves glaciaux de la nuit, un ardent rayon de soleil oublié vient frapper la terre à mes pieds. Je n’en crois pas mes yeux, ce paysage que je croyais sans relief se déplie, s’étire en de grandes lignes ondulantes fabriquées par le vent. Les ombres roses-grises du matin découpent chaque variation du paysage en de multiples perceptions. La lumière si douce et aimante de ce nouveau matin réanime ce paysage que je croyais perdu. J’ai maintenant une ombre qui me suit et j’espère que j’existe.

> Paul-Antoine Martel

On dirait que tout ce que touche la Valdorienne d’origine Sophie Dupuis se transforme en or. Primée tout au long de son parcours, et ce dès son passage au sein du profil cinéma du cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, la jeune réalisatrice voit les portes s’ouvrir devant elle à un rythme impressionnant, au point d’être en nomination pour le prix du meilleur court/moyen métrage de l’année à l’occasion du Gala des Jutra du 13 mars prochain. « Je suis vraiment chanceuse ! » s’exclame Sophie Dupuis depuis la réserve innue de Malioténam sur la Côte-Nord où elle accompagne le studio mobile Wapikoni, pour expliquer le foisonnement de son parcours. La bonne fortune ressemble à une habitude pour celle qui a tout balayé lors du Festival vidéo du cégep de l’A-T en 2005, qui a remporté des prix au Festival Regard sur la relève au Saguenay et aux Rendezvous du cinéma québécois, où deux de ses films étaient projetés cette année... Bref, si Sophie Dupuis a de la chance, c’est celle d’avoir développé un talent certain pour raconter des histoires avec des images.

Si Sophie Dupuis a de la chance, c’est celle d’avoir développé un talent certain pour raconter des histoires avec des images « En 2010, j’ai dû tourner une dizaine de courts métrages », explique-t-elle. « Chacun est une école, alors c’est comme ça que je me fais la main. Je considère que je n’ai vraiment pas fini d’apprendre. » Parmi ces œuvres de sa cuvée 2010, on retrouve Et puis on s’habitue, documentaire sur le monde minier produit avec deux fois rien dans le cadre du Festival de cinéma des gens d’ici, une expérience marquante pour celle qui reste extrêmement attachée à sa région d’origine : « C’était mon premier documentaire, et toute la recherche que j’ai faite pour ce film a nourri les projets que j’ai déposés l’automne dernier. » Car la nomination aux Jutra – pour un film qu’elle avait presque oublié, réalisé il y a trois ans entre deux programmes d’études – s’ajoute aux autres bonnes nouvelles

qu’elle a reçues depuis peu : financement pour un court métrage, bourse à l’écriture d’un long métrage et financement d’une série web. Chacun de ces projets met en scène la région. « Je suis partie à 18 ans et je ne tripais vraiment pas sur Val-d’Or, confesse-t-elle. Mais petit à petit, je me suis mise à voir des sujets de films un peu partout. Je trouve ça beau! Les paysages, les gens… et moi, ce sont les personnes qui m’inspirent. » Une muse nommée Abitibi Ainsi, Sophie Dupuis passera pas mal de temps sous nos latitudes à faire du repérage, du casting, des tournages, en apportant des collègues avec elle, mais aussi en faisant appel à des gens d’ici. « J’ai envie de travailler avec des non-acteurs, qui apporteront quelque chose de brut au film, explique-t-elle. Et puis il y a plein de cinéastes en région avec qui je voudrais travailler, il y a en région beaucoup d’artistes et de personnes qui m’inspirent. » La veille de notre entretien elle, la réalisatrice et scénariste apprenait que le Fonds des médias du Canada accordait du financement à son projet de série web, qui devrait lui aussi être tourné en région. « Il s’agit d’une grosse production, quelque chose de très interactif qui suivra le parcours de quatre jeunes adultes. » Bien qu’elle ne souhaite pas en divulguer davantage, la réalisatrice laisse échapper qu’elle espère un produit qui s’éloignera des imitations de la télévision qu’on retrouve actuellement sur le web, et rêve tout haut de renouveler ce genre naissant. Parions que si elle y arrive, la chance n’aura rien à voir là-dedans. L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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cinéma

L’actualité de la parole d’un Ancien > Paul-Antoine Martel

photos : courtoisie de l’artiste

Mathieu Parent propose un triptyque documentaire

Le poète et conteur Mathieu Parent se fait documentariste et présente son projet L’hiver qui commence. L’hiver qui finit, un triptyque donnant la parole à un singulier Senneterrien, Raymond Cressac Toulouse. Ce projet documentaire, annoncé en janvier dernier, se décline en trois volets. Le politique et la langue à terre présente les vues de M. Toulouse, 88 ans, sur la culture et la vie en société; Colons mais pas caves est une incursion dans le quotidien des bûcherons et paysans qui ont en grande partie édifié notre région il n’y a pas si longtemps; enfin, La roue du temps « présente une invention très spéciale de Raymond » selon la documentation envoyée par le réalisateur. Créateur engagé, porté par sa passion pour les mots et la parole et préoccupé par la place que peut et doit prendre l’art dans l’évolution de la société et celle des consciences, Mathieu Parent explore ici un nouveau médium après avoir beaucoup tâté du conte, de la poésie, voire de la peinture (il a exposé au Cabaret de la dernière chance l’automne dernier). Il dit souhaiter la tenue de projections pour ces trois films, toujours pour entretenir le dialogue entre artiste et public, entre humains. Ceux qui souhaitent en savoir plus – voire se procurer les films – peuvent communiquer directement avec l’artiste, au mathieu_parent@hotmail.com.

Un nouveau sens au concept de « maison mobile »; à droite, le réalisateur Simon Plouffe.

L’or des autres, un film sur la mine à ciel ouver t de Malar tic

Documenter le grand bouleversement > Marie-France Beaudry

Ayant grandi près de la mine et de la fonderie dans le quartier historique de Noranda, le réalisateur Simon Plouffe se rappelle avoir joué dans les sols contaminés de plomb et respiré les émissions de soufre crachées par les grandes cheminées. C’est probablement ce qui l’a rendu sensible au sort des citoyens de Malartic bousculés par l’arrivée de la minière Osisko, au point de consacrer un documentaire à ce remue-ménage, L’or des autres. L’idée de réaliser un documentaire sur la mise en place de la plus vaste mine à ciel ouvert au Canada a germé dans l’esprit de Simon Plouffe alors qu’il apprenait qu’une compagnie minière voulait déplacer un quartier de la ville de Malartic pour en exploiter le riche sous-sol. Initialement, il voulait faire de cette nouvelle un documenteur, mais devant l’ampleur de l’événement et l’importance du sujet, il décida plutôt d’en faire un véritable documentaire, L’or des autres, qu’il sera possible de voir d’ici 2012.

Le réalisateur, en laissant la parole aux citoyens, présente une population aux sentiments divisés alors que certains doivent faire une croix sur des éléments de leur patrimoine et que d’autres se réjouissent des opportunités d’affaires.

Au fil du documentaire, le réalisateur se questionne sur l’acceptabilité sociale d’un tel projet minier et, ne pouvant rester insensible à un événement qui vient bouleverser 3600 citoyens, il profite de l’occasion pour remettre en question les pratiques de l’industrie minière : « Le droit Le réalisateur, avec ses minier est encore très puis« Je me suis dit qu’il sant aujourd’hui, expliqueformations en scénarisation, production cinématographi- fallait que quelqu’un t-il. Il n’a perdu aucun de que et conception sonore, sauvegarde cette ses privilèges depuis sa travaille sur ce projet depuis mémoire collective création en 1880. Cepen2008 grâce à une bourse pour donner un point dant, étant de plus en plus de la relève du Conseil d’ancrage aux généra- éclairés, certains citoyens des Arts et des lettres du tions futures » se questionnent puisqu’ils Québec (CALQ). « Quand n’acceptent pas que leur j’ai eu l’idée, personne ne tournait sur communauté soit prise en otage par une Malartic, se souvient-il. J’ai tenté ma compagnie minière. » chance et j’ai vu le drame que ces gens vivaient. Je me suis dit qu’il fallait que Le montage de L’or des autres tire à sa quelqu’un sauvegarde cette mémoire fin et la diffusion est prévue pour le début collective pour donner un point d’ancrage 2012 sur les ondes de Radio-Canada et de aux générations futures. » RDI. Il sera sans doute possible de voir le documentaire dans certains festivals dès Rentabilité économique ou acceptabilité l’automne 2011. Toujours intéressé par sociale ? les documentaires permettant de comSans artifices, le documentaire présente la prendre les comportements humains, le situation de cette population, confrontée à réalisateur caresse également un projet de l’implacable Loi sur les mines, qui favorise film de fiction. le droit d’exploiter les ressources souterraines plutôt que le droit à la propriété. lordesautres.com

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L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011


photo : courtoisie de Catherine Marcil

photo : Cyclopes

cinéma

L’équipe de Voir Ali, prête à défendre le film sur le ring comme sur les écrans. Au centre, à l’arrière complètement, le réalisateur Martin Guérin.

Dorénavant por té par K-Films Amérique

Un avenir prometteur pourVoir Ali

Dans les années 80, le ridicule ne tuait pas, il rendait irrésistible : Anodajay, entouré de Catherine Marcil et Véronik Caron (et de beaucoup de fixatif).

Chantal Archambault et Anodajay tournent tous deux un vidéoclip en région

Tournages enneigés en région > Stéphanie Poitras

Si on les taxe d’être marginaux ou de réfractaires à la migration vers les grandes régions métropolitaines, Chantal Archambault et Anodajay répondent que leurs racines sont ici, dans un milieu qu’ils aiment et qu’ils ont envie de faire rayonner aux quatre coins de la province. Ils mettent d’ailleurs notre région en vedette dans leur vidéoclip respectif qu’ils ont tourné à une semaine d’intervalle, en janvier dernier.

> Lise Gagné

À peine projeté au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) en octobre dernier, Voir Ali, du réalisateur Martin Guérin, produisait déjà son « petit effet ». Fidèle adepte du Festival depuis plus de trente ans, Louis Dussault, président de K-Films Amérique, l’une des boîtes de distribution de films les plus actives et respectées au Québec, a vite entrevu dans cette production un avenir prometteur. En janvier dernier, contrat conclu et signé en poche, Guérin et Dussault scellaient définitivement l’entente négociée au cours des derniers mois. Voir Ali amorçait son nouveau destin.

photo : Serge Bordeleau

C’est au mont Kanasuta, par un froid extrê- larité grandissante de Chantal Archambault, me, au milieu d’un panorama de couleurs ce clip servira certainement de carte de fluo-pastel sorties tout droit des années 80 visite à la région qu’elle adore et qu’elle a et dans un nuage de fixatif à en trouer la envie de faire connaître au reste du Québec. couche d’ozone, que les images du clip Jamais su, deuxième extrait de l’album Au delà de ces deux clips, ces artistes Et7tera, ont été captées. « Ça ne veut gèrent leur carrière respective de l’Abitibipas dire que tous mes clips Témiscamingue. Anodajay, seront tournés ici, mais c’est « Que tu sois à Rouyn- en plus de faire avancer sa toujours plus facile de faire Noranda, en Chine ou propre carrière, gère aussi ailleurs, tu peux faire ses « poulains » de 7e Ciel embarquer les gens et les médias quand on fait ça chez tes choses de n’imRecords, sa maison de nous », souligne Anodajay. porte où » - Anodajay disque : « À une époque où Le rappeur rouynorandien a les communications se font voulu mettre à l’avant-plan sa région natale plus facilement, une fois que ton réseau de en rendant hommage à Diane Tell (et à sa contacts est établi, que tu sois à Rouynchanson Souvent longtemps énormément), Noranda, en Chine ou ailleurs, tu peux faire un peu comme il l’avait fait par le passé tes choses de n’importe où », plaide celui pour le succès qui l’a fait connaître au qui a contribué à faire connaître Samian, grand public, Le beat à Ti-Bi, pour lequel un Koriass et Dramatik. autre vidéoclip avait été tourné, à la maison Le dévoilement de Panache s’est déroulé Dumulon cette fois. le 23 février à l’occasion d’un spectacle Une semaine auparavant, dans la au Bar Bistro l’Entracte, et Jamais su est maison historique du village minier de disponible sur Internet depuis la fin février. Bourlamaque, un autre clip à saveur régionale était tourné: celui de la chanson Panache, que l’on retrouve sur La romance des couteaux de Chantal Archambault. La belle explique les raisons de ce choix : « Je tenais à faire ça ici, avec des gens de chez nous, et comme je gère ma carriere d’ici, ça allait de soi. » Le réalisateur et le directeur photo de ce clip, Serge et Pierre-Étienne Bordeleau, sont aussi Tournage du clip de Chantal originaires de la Vallée-de-l’Or. Avec la popuArchambault

K-Films par K.O. Technique Courtisé à la fois par trois distributeurs, le réalisateur a opté, après mûre réflexion, pour K-Films Amérique (Trois temps après le mort d’Anna, J’ai tué ma mère, El violon). « Je les sentais plus agressifs par rapport aux démarches qu’ils souhaitaient entreprendre, et les propositions qui nous ont été faites convenaient à toute notre équipe ! Ce n’est pas une question d’argent, poursuit-il, mais une question de visibilité. » Présenter le film dans le cadre de festivals, conclure un contrat avec un télédiffuseur, prévoir une sortie en DVD et s’assurer de sorties en salles sont autant d’avenues sur lesquelles K-Films planchent et devraient continuer de plancher au cours des prochains mois. « Déjà, le film a été projeté à la 29e édition des Rendez-vous du cinéma québécois, en février dernier, et d’autres festivals sont également dans la mire de K-Films », soutient Martin Guérin.

publique au FCIAT, Martin Guérin ne nourrissait d’autres attentes que celle d’un accueil favorable des festivaliers, certains distributeurs, de toute évidence, entrevoyaient les possibilités que présentait ce documentaire. Pour le reste, Martin Guérin reste discret, très discret même, sur ses projets futurs. L’enseignant en cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue parle d’un projet embryonnaire, d’un documentaire tourné, cette fois, à l’extérieur de la région. Pour l’instant, il garde en main cette incroyable carte de visite que constitue pour lui cette percée dans le giron de K-Films Amérique. « Ce qui est certain, confie-t-il, c’est que mon prochain projet sera d’abord et avant tout présenté à Louis Dussault. » Voir Ali sera projeté, en présence du réalisateur, dans le cadre de la série Écran Libre du Théâtre du Rift, à Ville-Marie, le mercredi 9 mars, à 19 h.

Des approches effectuées auprès des organisateurs du Arizona International Film Festival, des Hot Docs de Toronto, du Festival International du Documentaire de Marseille, du Cinefest de Sudbury et du Vancouver International Film Festival sont, par ailleurs, autant de bouteilles à la mer lancées par K-Films Amérique qui, l’espère Guérin, trouveront le rivage. Et l’avenir ? Si lors de sa toute première projection L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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Quand la rue Principale se transforme en Broadway

arts de la scène Nouveau projet pour Yves Marchand

Lorsque les racines se touchent

> Paul-Antoine Martel

photo : Olivier Lamarre

L’école des arts de la scène de La Sarre présente son spectacle annuel

Si depuis quelques années, à La Sarre, la comédie musicale a un goût d’épinette en raison de la place immense occupée par la méga-production Le Paradis du Nord, l’École des arts de la scène, parrainée par la troupe À coeur ouvert, nous entraîne vers la grosse pomme en offrant une sélection de pièces marquantes des plus célèbres comédies musicales à avoir enchanté Broadway. Ce spectacle d’une heure mettra en vedette les élèves de l’École des arts de la scène, des jeunes qu’on initie au chant, au jeu et à la danse, dans ce qui constitue à coup sûr une pépinière de talents locaux pour la troupe À coeur ouvert, que ce soit pour la dernière édition du Paradis..., qui aura lieu cet été, ou pour les projets futurs de l’ambitieux et ingénieux regroupement de passionnés de théâtre musical.

> Stéphanie Hein

Il est le claviériste du célèbre groupe Zébulon, elle est comédienne, celle qui a incarné la vampire Karmina dans le film du même nom. Ils sont, aussi, tous deux réunis sur scène en toute complicité pour partager leur passion pour la musique et leur profond respect pour leurs racines. Terre d’abondance, voilà le titre du spectacle qu’Yves Marchand et Isabelle Cyr présenteront le 9 mars au Cabaret de la dernière chance de Rouyn-Noranda et le 10 mars au Théâtre du Rift de Ville-Marie. Pour le duo, ce spectacle est la rencontre de deux univers, l’univers acadien d’Isabelle et celui témiscamien d’Yves. Leur écriture étant toutes deux grandement inspirées par leur terre natale, ils ont vite établi des parallèles entre leurs peuples. Ils ont alors décidé d’explorer ce sillon en créant un spectacle ayant pour thème principal les racines. Afin de compléter leur répertoire respectif, ils ont choisi d’interpréter des chansons traditionnelles connues et moins connues. Un hommage aux bâtisseurs, mais aussi aux interprètes qui les ont fait découvrir. Un heureux mélange Si le piano est l’instrument de prédilection des deux musiciens, leur spectacle résonne aussi aux sons des guitare, auto-harpe, harmonium miniature, tambour, harmonica et autres. De plus, pour la représentation qui aura lieu au Témiscamingue, deux musiciens se joindront à eux afin de soutenir leur histoire et rythmer davantage le spectacle. Cet univers musical sera entremêlé de sketchs, d’improvisations, d’anecdotes et de monologues. Un spectacle de variétés

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complet qui, selon eux, fera passer leur public par toute une gamme d’émotions, de la joie à la tristesse. Interrogés sur la particularité de travailler avec son conjoint, ils rétorquent qu’ils y voient surtout un avantage. Même s’ils ne jouent pas la carte amoureuse sur scène, leur synergie se transmet bien et ils cherchent toujours à s’améliorer mutuellement. À ce sujet, Isabelle mentionne: « Pour nous, le plus important c’est que ce soit amusant, que ce soit aussi un voyage pour nous deux où nous pouvons aller plus loin dans nos démarches artistiques respectives et jusqu’à maintenant, je sens que le public le reçoit très bien. » Emballés de présenter leur spectacle en Abitibi-Témiscamingue, Yves et Isabelle promettent des moments magiques. Le public aura d’ailleurs droit en exclusivité à de nouvelles pièces musicales qui se retrouveront sur leur prochain album solo respectif.


Les Grands prix du tourisme québécois de l’Abitibi-Témiscamingue 2011

Le Témiscamingue reçoit

photo : Bernard boulanger

général

arts de la scène Une troupe de danse valdorienne à la finale Centre-Ouest de Cégeps en Spectacle

16 Fan-A-Tik à Terrebonne

C’est au tour du Témiscamingue, au Centre Richelieu de Lorrainville, d’accueillir le gratin touristique témiscabitibien à l’occasion des Grands prix du tourisme québécois de l’Abitibi-Témiscamingue, le gala que l’Association touristique régionale (ATR) tient chaque année pour mettre en valeur les bons coups de ses membres. Le thème choisi pour l’organisation de cette soirée de reconnaissance annuelle du tourisme régional est L’Abitibi-Témiscamingue, source naturelle de richesse humaine. Dominique et Stéphanie Fortin, les organisatrices, souhaitent mettre à l’avant-plan tant le grand patron que le bénévole occasionnel : « On veut montrer que le tourisme d’une région est soutenu par une grande chaîne humaine. On a beau avoir le plus beau territoire, si personne ne le met en valeur, ça ne vaut rien », de dire Dominique Fortin. La solidarité comme élément de réussite dans le milieu touristique ressortira du lot, en tant que valeur à promouvoir et à perpétuer.

Dominique et Stéphanie Fortin ont eu le goût de relever ce défi, mais surtout que le mandat soit assumé par des personnes provenant du Témiscamingue La déco de la soirée sera de style « cabane à sucre – chic ». La remise des prix et la présentation des nominations se dérouleront pendant le spectacle, alors que les invités pourront déguster les produits de l’érable, grâce au chef Louis-Joseph Beauchamp de la Joyeuse Bouffe. 100 % témiscamien « On voulait que le gala ait une couleur témiscamienne. Le temps des sucres, l’érable, on a pensé que c’était le thème idéal », poursuit l’enseignante en art dramatique. Les deux filles travaillent à l’organisation du gala depuis le printemps dernier. Elles ont eu le goût de relever ce défi, mais surtout que le mandat soit assumé par des personnes provenant du Témiscamingue : « C’est

photo : dominiquefortin

> Catherine Drolet Marchand

> Frédérique Cornellier

Stéphanie et Dominique Fortin relèveront un défi de taille : organiser le Gala des prix touristiques régionaux. le genre de projet qui nous fait tripper », poursuit-elle. Dominique Lance assurera l’animation de la soirée, entre la présentation des nominés sur grand écran, la remise des prix en trois blocs (17 prix au total), le tout parsemé de numéros de variété(s). À ce titre, pour créer les décors, elles ont fait appel à des artistes en arts visuels, comme Christian Bourgault et Émilie B. Côté. Benoit Racine et Yoan Gingras ont quant à eux reçu le mandat de concocter une ambiance unique, à l’aide de projections abstraites qui agrémenteront la salle (grande et difficile à décorer) d’une lumière tamisée et chaleureuse. Voilà donc ce à quoi ressemblera ce gala annuel qui, à chaque année, est présenté dans une MRC différente. Une soirée qui promet de faire ressortir les couleurs des hôtes… tourisme-abitibi-temiscamingue.org

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C’est la troupe de danse Fan-A-Tik qui s’est mérité les grands honneurs lors de la finale locale de Cégeps en Spectacle, le 28 janvier dernier à Val-d’Or. Ces 16 étudiantes du campus valdorien du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue représenteront donc la région à l’occasion de la finale « régionale » du secteur Centre-Ouest, qui se tiendra le 12 mars à Terrebonne, prélude à la grande finale provinciale du 30 avril, au cégep André-Laurendeau. C’est sous des applaudissements et des encouragements tonitruants que la troupe Fan-A-Tik s’est présentée sur la scène du théâtre Télébec, pour finalement repartir avec la première position. Il s’agit là de leur deuxième victoire au niveau local, mais ce sera leur première expérience au niveau régional. Danser jusqu’à la fin du monde… Ces jeunes filles aux parcours scolaires variés se sont regroupées pour former FanA-Tik et ainsi pleinement vivre leur passion pour la danse. La troupe provient en fait de la fusion de deux groupes au style similaire. Elles ont uni leurs forces pour se rallier sous un même nom. Afin d’assurer une pérennité, la troupe recrute de nouvelles étudiantes à chaque début d’année scolaire. Pour en arriver à la finale locale, les filles ont travaillé intensément. Depuis le mois d’août, elles pratiquent deux fois par semaine pendant deux heures leurs chorégraphies et leurs pas de danse. Trois semaines avant l’événement, elles se rassemblaient tous les jours pour peaufiner leurs mouvements. Ce sont les cinq chorégraphes de la troupe qui ont inventé et mis sur pied le spectacle dont le concept, original, traite de fin du monde en 2012.

Julie Noël, la responsable de la troupe, mentionne que les chorégraphes sont inspirées de ce qui leur ressemble, et les idées leur viennent en visionnant des vidéoclips, des spectacles de danse et en écoutant de la musique. Julie précise également qu’elles sont à l’écoute des autres danseuses et que leurs commentaires sont importants pour la mise sur pied de chorégraphies originales. Aux dires de Julie, « il y a vraiment une ouverture au sein de la troupe ». Suite à cette belle victoire au niveau local, les 16 danseuses redoublent d’ardeur pour leur participation à la finale régionale. Ces séances de danse intensive leur permettent d’améliorer davantage leur synchronisme, la précision de leurs mouvements et leurs expressions faciales. À propos de ce dernier aspect, Julie est catégorique, « c’est essentiel de sourire sur scène! ». Elles seront donc fin prêtes pour affronter les autres gagnants locaux des différents Cégeps de la région Centre-Ouest du Québec. Elles s’attendent à une forte compétition, comme ce fut le cas au palier local. Mais avant tout, ce qu’elles désirent, c’est donner la meilleure per formance possible afin de se satisfaire ellesmêmes.

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chronique littéraire

Un dé en bois de chêne > Francesca bénédict

Jacob, Suzanne. Un dé en bois de chêne, Montréal : Boréal, 2010, 171 p.

« Bien sûr, personne ne peut prévoir ce que son passé lui réserve. » p.59 Nous nous attardons ce mois-ci à une œuvre rédigée par une ancienne élève de l’école Sainte-Thérèse d’Amos : Suzanne Jacob, née Barbès, à Amos, il y a eu 68 ans le 26 février. Poète, romancière, mais aussi essayiste et chansonnière, elle signe ici son troisième recueil de nouvelles. Avant de publier son premier roman en 1978, Mme Jacob se fait connaître en tant qu’auteurecompositeure-interprète. Ses écrits sont bien reçus du public, et certains titres lui méritent même des prix tels que le Prix du Gouverneur général (pour son roman Laura Laur, 1983, mais aussi pour son recueil de poésie La part du feu, 1998) et le Prix Québec-Paris. Elle reçoit aussi le Prix littéraire de RadioCanada et celui de la revue Études françaises. Elle est membre de l’Académie des lettres du Québec. Œuvre intense, ce recueil de nouvelles contient essentiellement des histoires dérangeantes. Ainsi en est-il du sixième texte, « Alors, le bleu du ciel ». La nouvelle regroupe trois peintres de renom : Borduas, Rothko et Soulages, respectivement québécois, étatsunien et français, mais tous trois dotés d’un style

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Faites un choix éclairé

quelque peu similaire, et qui œuvrent pendant la première moitié du vingtième siècle. Une petite erreur dans le titre d’un tableau de Soulages sert de point central : le tableau est intitulé 5 février au lieu de 16 février, ce qui amène le lecteur à se demander pourquoi ce glissement. Ainsi, l’auteure nous promène avec une grande aisance sur trois continents, dans un domaine artistique pourtant un peu hermétique. Auteure du quotidien, elle aborde aussi bien les relations homme-femme, parent-enfant, frères jumeaux, que l’image de l’écrivain qui ressent la douleur et la souffrance des autres, et qui doit soit l’exprimer, soit en mourir. Mais quel que soit le thème traité, Suzanne Jacob raconte d’abord et avant tout l’angoisse. L’angoisse de perdre pied dans le quotidien, de se faire submerger par le quotidien, mais aussi l’angoisse de vivre et de mourir, l’angoisse de la douleur des autres, l’angoisse de survivre au désespoir, le désespoir de l’angoisse, « puits sans fond 1 », qui se nourrissent l’une l’autre. Et c’est là que réside le talent de l’auteure, celui de nous entraîner dans les dédales les plus profonds de l’être humain sans jamais souffrir de voyeurisme, sans jamais s’appesantir sur ce qu’il peut y avoir de glauque au fond de nous tout en le révélant. Cette écriture suggestive nous renvoie à notre condition humaine sans détour, sans atermoiement, mais aussi sans jérémiade. Chacun, innocent ou coupable, chemine vers son destin et, ce qui rend la lecture de l’œuvre d’autant plus déstabilisante, la distinction entre l’un et l’autre n’est pas toujours évidente, ni définitive. Suzanne Jacob pousse le réalisme à la limite du surnaturel. Pour ceux qui avaient un peu pris leurs distances après Fugueuse (2005), en lice pour le Prix littéraire des collégiens 2006, je vous suggère ce livre au style direct et à l’écriture épurée. 1

Il s’agit du titre de la 7e nouvelle.

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Rouyn-Noranda dépose sa candidature au titre de Capitale culturelle du Canada 2012

Yohan Gingras réalise des sites Internet de blockbusters

Quand l’image d’Hollywood se crée au Témis

Après le cuivre, la culture > Paul-Antoine Martel

> Dominique Fortin

Un mois plus tard, il passe les douanes avec un anglais boiteux et des idées solides Septembre 1997 : il se dote, pour la toute première fois, d’une adresse sur la toile, evilpupil.com. Il y propose un monde interactif dans lequel le joueur doit découvrir les codes qui lui permettront de passer au niveau suivant. C’est cette idée qui le met virtuellement au monde : à certains moments, on enregistre 5000 clics par jour sur son site, et 15 000 courriels lui seront acheminés. Cela lui permet alors de créer des liens avec d’autres cracks du multimédia. Se forme alors une alliance avec un designer web du Luxembourg et un autre du Brésil. Le trio mettra en ligne Surfstation.lu, un magazine sur le design graphique qui connaît aussi un grand succès auprès des initiés. California Dreamin’ À la fin de l’été 2001, le travail de Yohan Gingras est remarqué par des employeurs de Los Angeles. Il reçoit un coup de fil d’une entrepreneure qui pressent que l’industrie du cinéma s’appropriera encore plus

Geneviève Aubry

Les gens de partout en région – et un nombre grandissant de Québécois – sont conscients de l’exceptionnelle vitalité du milieu artistique rouynorandien; bientôt, ce sera au tour du reste du Canada d’en faire la découverte si Rouyn-Noranda est choisie à titre de Capitale culturelle du Canada pour 2012.

photo : courtoisie de l’artiste

Yohan Gingras est le secret le mieux gardé au Témiscamingue. Ce designer graphique, hautement apprécié par ses pairs de partout dans le monde, concocte les sites web de gros canons du cinéma américain. Ainsi, ceux de Black Swan et de 127 hours, ses plus récentes réalisations, peuvent se classer dans la catégorie « produits régionaux ». Car celui qui se laisse inspirer ces jours-ci par l’univers de Captain America pour un client de Los Angeles travaille de son appartement sur la rue Principale… à Lorrainville. Au milieu des années 1990, Yohan fait le pari de mettre ses études en veilleuse pour se plonger à fond dans ce qui le captive profondément : le traitement de l’image et du son. Quand il installe sur son ordinateur pour la toute première fois le logiciel Photoshop, c’est une révélation ! Complètement accroc, il investit une quantité spectaculaire d’heures pour s’approprier l’univers naissant du multimédia. Nous sommes au milieu des années 1990 et tout est encore à faire et à créer.

photo : courtoisie RNCC 2012

général

arts médiatiques

intensément le potentiel du web. La polyvalence de Yohan la convainc de lui offrir un poste chez 65 Media. Un mois plus tard, il passe les douanes avec un anglais boiteux et des idées solides. Pendant les années passées là-bas, il trime sur les sites de plusieurs longs métrages à succès : Signs, The Pianist, The Hours, The Ruins… Grâce à ses contacts, il élabore le logo du Sunset Strip Music Festival qui se tient chaque année à L.A. Pendant l’événement, alors qu’il descend la célèbre rue, son logo habille tous les environs… ce qui fera dire à Yohan : « Ouin ben, c’est un gars du Témis qui est venu beurrer L.A. » Depuis quelques années, Yohan se promène des deux côtés de la frontière pour gagner sa croûte. Quand il est ici, les courriels et Skype lui permettent de continuer à livrer la marchandise pour nos voisins américains. Ses projets d’avenir ? Le destin ne l’a pas trop mal mené jusqu’à présent, alors rien ne sert d’ébaucher des plans trop détaillés; il continue de « surfer ».

La Ville de Rouyn-Noranda n’a pas lésiné sur les efforts pour préparer son dossier de candidature – sous le thème La Culture, notre capital – et obtenir le titre tant convoité et les quelque 500 000 $ qui vont avec. Ainsi, dès janvier 2010, une chargée de projet était embauchée en la personne de Geneviève Aubry; puis en mars de la même année, un appel de projet était lancé auprès du milieu culturel afin d’élaborer une programmation qui saurait mettre de l’avant la vitalité artistique qui illumine RouynNoranda depuis quelques années. Ce sont donc 39 projets qui ont été soumis, parmi lesquels 10 ont été intégrés à la programmation. « Personnellement, j’ai été éblouie par la qualité des projets déposés, confie Geneviève Aubr y. Ce n’est pas pour rien que nous sommes partis en campagne de financement. » En effet, devant la grande valeur des initiatives proposées, il fut décidé de rechercher du financement auprès du secteur privé afin d’augmenter le nombre de projets soutenus et de bonifier la programmation. Au moment du dépôt de la candidature, 75 000 $ avaient été amassés, portant le budget prévisionnel à plus de 740 000 $ (dont près de 170 000 $ fournis par la Ville de Rouyn-Noranda, qui doit allonger l’équivalent du tiers de ce que fournit le fédéral) et le nombre de projet soutenus à 15. Pour couronner le tout, la Ville a elle-même proposé 5 initiatives, qui vont de l’organisation d’activités à la campagne de promotion, en passant par le legs monumental.

Quand le processus fait partie du résultat… « Notre candidature est une belle démonstration que la Ville veut reconnaître et encourager le milieu culturel, explique Geneviève Aubry. C’est comme une tape dans le dos que la Ville donne aux acteurs du milieu », pour les encourager à continuer mais aussi leur permettre de réaliser des projets stimulants grâce à un soutien financier significatif. Qu’adviendra-t-il de tout ce travail si la capitale régionale n’est pas retenue ? « Le processus nous a permis de sensibiliser le milieu des affaires à l’importance d’investir en culture, parce que c’est rentable économiquement, mais aussi au plan de la fierté, des infrastructures, » conclut la chargée de projet. Les Capitales culturelles 2012 devraient être connues au début de l’automne. sites.google.com/a/rncapitaleculturelle2012.com Les capitales culturelles du Canada est un programme de Patrimoine canadien qui vise à mettre en valeur le dynamisme de certaines communautés et à exprimer clairement « les nombreux avantages que procurent les activités artistiques et culturelles à la vie des collectivités » selon le site Internet du programme. Ainsi, chaque année, trois entités municipales obtiennent cette désignation après avoir soumis un projet de programmation, soit une lauréate par catégorie (moins de 50 000 habitants, entre 50 000 et 125 000, plus de 125 000). Au cours des dernières années, Trois-Rivières (2009), Saguenay (2010) et Lévis (2011) ont obtenu ce titre.

yohangingras.com/portfolio/

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Dans une région où le secteur primaire est très présent et offre des conditions salariales des plus avantageuses, la sous-représentation des femmes dans ces emplois a un impact direct sur leur revenu


photo : Ledber

arts visuels

Les Cyclopes Christian Leduc et Patrick Bernèche lancent leur second recueil de photos

104 nouveaux LEDBER à se mettre sous les yeux > Daniel Richer

Patrick Bernèche et Christian Leduc donnent une suite à leur premier recueil de photos paru en 2009, LEDBER 1 à 104, qui comprenait les premiers d’une série d’échanges de clichés hebdomadaires. Place aux LEDBER 105 à 209. Un LEDBER (pour LEDuc et BERnèche), c’est une photo que les deux photographes proposent à leur collègue à tour de rôle, chaque semaine depuis 2006. LEDBER, c’est aussi un duo à vocation artistique avouée, tandis que son alter ego Les Cyclopes a pour mission d’offrir des services en photographie sur mesure. Ce second tome – tout comme son prédécesseur – regroupe 104 semaines de recher-

che, 104 photos uniques, deux années de création. Au moment d’écrire ces lignes, ils en étaient à la 267e semaine du projet, qui se veut sans fin. Le tome trois grandit déjà. La stimulation des contraintes Règle numéro un du LEDBER : que ce soit de la photographie, numérique ou sur pellicule. Règle numéro deux : que le cliché participant soit produit et remis avant mardi minuit et ce, à tour de rôle. Sans faute. Et ils aiment toucher le papier, prendre la photo dans leurs mains, partager cet instant privilégié avec les autres. Mettre leurs doigts sur l’image – geste généralement interdit –, vivre l’instant unique du cliché. « C’est un projet qui nous tient à cœur pour la liberté qu’il nous offre et aussi pour la discipline qu’il nous demande, expliquent les deux gars de Ledber. Souvent les projets artistique sont établis sur une courte période et après on passe à un autre projet; celui-ci a cette qualité de nous transporter dans le temps. » Selon eux, la différence entre les deux tomes, mis à part le passage du temps, est leur évolution en temps que photographe. Leur regard sur la vie, leur style créatif, et les images choisies évoluent au rythme des saisons, de leurs humeurs, des contrats et des surprises qui s’offrent à leurs yeux. Bernèche et Leduc adaptent leur art à leur conception du monde, à leur région et à son territoire, à leur milieu de vie. Voilà ce qui règle leur univers, et qui a fait évoluer et prendre de la maturité au projet, un parcours fantastique qui va de Radisson jusqu’au Mexique. Leur passion se lit dans leurs yeux, se goûte dans leurs mots et se boit dans leurs œuvres.

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photo : suzy tousignant

arts visuels 6e édition de l’expo Je t’aime

Déficience intellectuelle et efficience émotionnelle

les livres de Charlotte

Gabrielle et la visiteuse de l’au-delà Auteure : Anne-Michèle Lévesque Éditions Z’Ailées - Collection Z’enfant

> Sophie Ouellet

Du 7 mars au 8 avril prochain, le Centre d’art Rotary présente, à la salle du conseil de l’hôtel de ville de La Sarre, la sixième édition de Je t’aime, une exposition regroupant les œuvres d’une cinquantaine de personnes souffrant de troubles de santé mentale. Cette exposition débute d’ailleurs en même temps que la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle. La première édition de cet événement avait eu lieu conjointement avec l’exposition, au Centre d’art, des Impatients, un organisme qui vient en aide aux personnes ayant des problèmes de santé mentale par le biais de l’expression artistique. Comme cela s’est avéré un beau succès, l’équipe a décidé de renouveler l’expérience. « C’était aussi une façon de les remercier de venir visiter chacune des expositions que nous présentons », explique Suzy Tousignant, responsable du Centre d’art Rotary. Une créativité insoupçonnée Le but premier de ce projet est de valoriser et de faire participer les personnes en déficience intellectuelle à l’aide de la création artistique. Toutes les personnes impliquées dans le projet peuvent témoigner de l’incroyable beauté des œuvres que chacun crée. Plusieurs artistes établis envient même la spontanéité de ces apprentis créateurs, leur immunisation face au syndrome de la page blanche. Selon les dires de Jocelyne Caron, l’artiste qui accompagnait les participants en atelier : « Les personnes atteintes de déficience intellectuelle ne jugent pas le travail qu’ils viennent de faire comme nous le faisons souvent devant une œuvre que nous venons de créer. Au

contraire, ils sont fiers de ce qu’ils ont pu accomplir. » À chaque année, l’atelier proposé est différent des précédents. Les participants arrivent donc devant l’inconnu et se surprennent à chaque fois des résultats obtenus. Plusieurs de ces artistes en herbe soutiennent que ce genre d’atelier, en plus de stimuler leur créativité et leur imagination, améliore leur motricité. Un des participants, qui croyait au départ ne pas pouvoir réaliser d’œuvre avec « ses vieilles pattes d’ours », réussit maintenant à s’exprimer grâce à l’art. Chacun y va avec son talent, son potentiel et surtout, à son propre rythme. Le but de ce projet n’est pas seulement d’inciter à la création, mais surtout d’exposer à la population les œuvres produites. La journée du vernissage en est une très spéciale pour les participants qui sont présentés comme les artistes : après tout, c’est grâce à leur talent si cette exposition peut être montée. Chacun s’empresse alors de trouver son œuvre et de la montrer fièrement à son entourage. « Si les gens voyaient les yeux des participants à ce moment-là, ils comprendraient pourquoi on fait tout ça », s’enthousiasme Suzy Tousignant.

> Charlotte Luneau, 9 ans

L’auteure Anne-Michèle Lévesque est originaire de Val-d’Or. Elle a écrit plusieurs livres pour adultes et enfants, dont une série de quatre romans des aventures de Gabrielle. Gabrielle et la visiteuse de l’au-delà – inspiré d’une histoire vraie – est le quatrième de la série et je l’ai lu avec plaisir ! Le livre raconte l’histoire de Gabrielle, une petite fille remplie d’imagination qui est très curieuse… Elle écoute parfois les conversations de ses parents en cachette ! Au début du livre, Gabrielle apprend que sa mamie est décédée. Toute sa famille se réunit pour aller aux funérailles à Trécesson. Pendant son séjour, elle reste à la maison de sa grand-mère et en fouillant au grenier, elle découvre une lettre que sa mamie lui avait laissée. Elle lui disait d’aller chercher un médaillon dans sa chambre à coucher. Ce médaillon s’illuminait dans la nuit et elle croyait que sa grand-mère lui envoyait un message ! Son imagination débordante l’amène à croire que sa grand-mère est prise dans le mur parce qu’elle entend des grattements. Les grattements se poursuivent à l’heure du déjeuner et les adultes en sont témoins et tout le monde fait des hypothèses pour découvrir le mystère des bruits étranges… Mystère entre Trécesson et Val-d’Or J’ai aimé le livre parce que la mort n’est pas souvent traitée dans les romans pour enfants. L’auteure a trouvé une façon de ne pas rendre l’histoire lugubre mais plutôt mystérieuse. Les événements vécus par Gabrielle m’ont incitée à poursuivre ma lecture parce que je voulais connaître le dénouement de l’histoire. J’ai pu facilement m’imaginer les lieux de l’histoire parce qu’elle se déroule en AbitibiTémiscamingue entre Trécesson et Val-d’Or. L’auteure a utilisé quelques retours en arrière pour nous faire connaître les liens entre Gabrielle et sa mamie. Les quelques images en noir et blanc, de Marie-Lee Lacombe, illustrent bien les personnages décrits dans le texte. La lecture de ce roman m’a donné le goût de lire un autre livre des aventures de Gabrielle et j’invite les lecteurs de 7 à 10 ans à découvrir le personnage de Gabrielle.

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Intégration des ar ts à l’architecture – Les « 1% »*

Les paysages intérieurs de Rock Lamothe

photos : Paul-antoine Martel

arts visuels

> Ariane ouellet

Les implications de Rock Lamothe dans le monde artistique sont nombreuses. Professeur régulier en arts plastiques à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, membre du conseil d’administration du Conseil des artistes en arts visuels (CAAVAT), commissaire des expositions Les cinq plaisirs capiteux et Excès et désinvolture, il est lui-même un artiste très actif, peut-être même hyperactif… Les 1 % n’ont plus de secret pour lui ! Qui dit Rock Lamothe pense peinture. Son premier projet de 1 % remonte à 1987. Depuis, il a réalisé pas moins de 14 œuvres intégrées à l’architecture à travers la région et en Outaouais. Citons entre autres le Centre hospitalier de Val-d’Or (mur d’intimité en verre peint et aluminium, 2003), le CHSLD Gatineau (installation en peinture et faux vitrail, 2004), le Centre Polymétier de Rouyn-Noranda (peinture en relief sur bois, 2008), le Casino de Mont-Tremblant et le hall d’entrée de l’édifice Loto-Québec à Montréal (peinture et relief sur bois, 2009). Son plus récent projet est une peinture sur bois installée à Amos au ministère des Transports et réalisée en 2010. « Chaque œuvre a son caractère particulier en fonction du lieu et de l’espace, chacune a son défi à relever », mentionne l’artiste.

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« Une de mes forces est d’être capable de comprendre facilement l’environnement où sera l’œuvre, même à l’étape des plans » Occuper le temps et l’espace Ce qui caractérise le travail de Rock Lamothe, ce sont ces œuvres de grande dimension aux couleurs soutenues, paysages contemporains à l’envergure toute abitibienne. « Il y a toujours une parenté entre ma démarche personnelle et les œuvres intégrées. D’ailleurs, on est sélectionnés en fonction de ce que l’on fait au départ », précise l’artiste, qui confie ne jamais compter les heures consacrées à la réalisation de chaque œuvre. « Je sais que je suis généreux dans mon travail. Je crois que

Rock Lamothe, La mémoire des objets (vue partielle), 1997. Tessons de vaisselle sur aluminium martelé. Centre d’études supérieures Lucien-Cliche, Val-d’Or c’est notre responsabilité en tant qu’artiste de rendre notre idée jusqu’au bout, peu importe le temps que ça prend. » Avec un médium comme la peinture, il est plus difficile pour un artiste de déléguer des parties du travail à des collaborateurs. C’est donc un long processus, surtout pour les grands formats privilégiés dans les œuvres d’intégration. « L’avantage avec les 1 %, c’est que les artistes sont payés pour concevoir, même à l’étape des concours. Ces projets de création sont rentables pour les artistes et ça, c’est rare ! », souligne-t-il. On peut constater en voyant les œuvres de Rock Lamothe qu’il a des affinités particulières avec l’architecture. « Une de mes forces est d’être capable de comprendre

facilement l’environnement où sera l’œuvre, même à l’étape des plans. Le défi ensuite est de bien doser : il ne faut pas envahir l’espace », confie celui qui dit avoir eu de bonnes relations avec les architectes à travers les différents projets. S’il avait à relever un tout nouveau défi, Rock Lamothe aimerait trouver un moyen de transposer les qualités de la peinture dans un projet extérieur, allier la lumière, le métal et la couleur. Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’un nouveau bâtiment lui offrira le support nécessaire à ses expériences ! * : Chaque construction ou rénovation d’immeuble gouvernemental et institutionnel voit un pourcent de son budget consacré à l’intégration de l’art à l’architecture.


général

en rafale

Rendre justice au Palais

> La rédaction

Période d’inscription

Ce ne sont pas les idées qui manquent pour faire vivre l’ancien palais de justice d’Amos

Cinéastes Les équipes désireuses de participer au prochain volet création du festival du DocuMenteur ont jusqu’au 18 avril pour s’inscrire. De plus, les cinéastes qui ont déjà réalisé des faux documentaires peuvent les soumettre, toujours avant le 18 avril, afin de les inscrire à la compétition officielle du Festival.

> Valérie Jacob

En 2006, la Ville d’Amos confiait la gestion du majestueux ancien palais de justice dont elle est propriétaire à un organisme à but non-lucratif, afin qu’il en assure la conservation et la mise en valeur. Depuis lors, les bénévoles de la Corporation de la galerie d’art et du musée historique de l’Abitibi ne chôment pas : le plan d’action de la Corporation s’attarde à trois projets d’envergure qui vont du centre d’interprétation historique à la salle alternative destinée aux arts de la scène, en passant par la réserve muséale régionale.

Le centenaire de la Ville d’Amos en 2014 offre un échéancier mobilisateur pour les bénévoles qui œuvrent au déploiement de ces trois projets

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un jalon absolu, le centenaire de la Ville d’Amos en 2014 offre un échéancier mobilisateur pour les bénévoles qui œuvrent au déploiement de ces trois projets. Inutile toutefois d’attendre jusque-là pour visiter ce lieu historique puisqu’on y trouve déjà plusieurs expositions mettant en vedette des artistes de la région, mais également une partie de la collection privée de Jean-Paul Riopelle. palaisdesartsharricana.com

Chanteurs et musiciens photo : valérie Jacob

La vision entourant le centre d’interprétation est ambitieuse. On veut y mettre en valeur l’histoire de la Ville d’Amos comme berceau de l’Abitibi, la culture et l’art autochtone, ainsi que l’histoire judiciaire et l’architecture du vieux palais lui-même. Ces thèmes prendront vie à travers trois époques : l’Abitibi d’autrefois, l’Abitibi du début du siècle et l’Abitibi d’aujourd’hui. Pour animer le tout, on pense à une scénographie moderne intégrant la technologie et où la visite pourra être autoguidée, mais qui laisserait également place à l’animation par des personnages théâtraux venant stimuler l’imaginaire des visiteurs.

Rémi Bélanger, vice-président histoire et patrimoine, et Sylvie Tremblay, responsable des communications, dans ce qui pourrait devenir la nouvelle salle destinée aux arts de la scène.

Pour une septième année, l’équipe du FRIMAT offre une vitrine pour les jeunes talents musicaux de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. Ces derniers ont jusqu’au 30 avril afin de soumettre leur candidature au comité organisateur.

Écrivains Plusieurs opportunités s’offrent aux auteurs de la région : Les jeunes auteurs ont jusqu’au 9 mars pour faire parvenir leur récit au Prix littéraire jeunesse de la région, tandis que leurs collègues adultes peuvent le faire jusqu’au 4 mars. Il est aussi possible, avant le 14 mars, de s’inscrire au stand des écrivains du Salon du livre pour ceux qui ont déjà au moins une oeuvre publiée.

Le second projet concerne une salle destinée aux arts de la scène (théâtre, concert classique, poésie, slam, chanson). Pouvant contenir une centaine de places, l’endroit offrirait une alternative au Théâtre des Eskers, peu accessible aux micro productions. Si l’ancienne salle d’audience du palais de justice semble à première vue tout indiquée en raison des dimensions et de l’acoustique, certaines contraintes, dont l’accessibilité, amènent le comité chargé du dossier à évaluer aussi d’autres options. Le troisième projet et non le moindre consiste à doter l’Abitibi d’une réserve muséale régionale. Selon le vice-président de la Corporation, M. Rémi Bélanger, les gens ne savent pas quoi faire de leurs objets anciens ayant une valeur historique ou patrimoniale. « Ces objets sont entassés dans un grenier ou un sous-sol et peu de personnes ont l’occasion de les admirer », déplore-t-il. La réserve régionale permettrait donc de protéger ces artéfacts, mais aussi de les mettre en valeur, que ce soit au sein d’expositions thématiques régionales ou de visites de ce lieu de préservation de la mémoire d’ici. La Ville d’Amos a déjà donné son aval à l’idée de réserve muséale, et la Corporation vient de soumettre le projet au Réseau muséal de l’Abitibi-Témiscamingue. Un intérêt de la part des centres membres offrirait un élan incontestable au projet.

visitez notre site Internet www.indicebohemien.org L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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chronique des sociétés d’histoire et de généalogie de l’A-T

photo : courtoisie sha

La table est mise à la maison Authier

photo : courtoisie sha

histoire et patrimoine

Alice Amos, Lady Gouin (1868-1940)

Celle qui donna son nom au berceau de l’Abitibi > Alain Gravel, Société d’histoire d’Amos

La ville d’Amos tient son nom d’une femme à propos de laquelle très peu d’informations nous sont parvenues jusqu’à ce jour, mais qui semble avoir vécu l’existence typique des femmes de la bourgeoisie du début du XXe siècle.

> Valérie Lemay

Chaque municipalité possède une maison un peu mythique qui capte l’imaginaire de ses résidents. C’est du moins le cas à Amos avec la jolie maison Authier, au style art and craft, qui domine la rivière Harricana. Du haut de son promontoire, elle s’apprête à reprendre vie. Le président de la Corporation du Palais des arts Harricana et du musée régional, M. Léopold Noël, affirme avec fierté et prudence que la maison Authier est considérée comme l’une des maisons les plus anciennes de l’Abitibi : « Héritage de la colonisation de notre région, c’est sans doute la maison la plus ancienne, bien qu’il soit difficile de faire la distinction entre les premiers campements de l’époque et les maisons telles qu’on les connaît aujourd’hui. » Le bâti d’une bâtisseur On doit beaucoup à Monsieur Hector Authier, lui qu’on surnomme le père de l’Abitibi. Il fut entre autres à l’origine de la première chambre de commerce et du premier journal. Maire, député, promoteur minier, il a multiplié les rôles afin de développer la région telle qu’est est aujourd’hui. Le bâtiment construit par M. Authier est une propriété de la ville depuis 2005, mais son développement est assuré par la Corporation. Armé de détermination et d’imagination, le comité réserve une belle

suite à la maison qui ouvrira en 2014. La maison aura deux vocations principales, explique le président : « Le premier mandat sera de créer un centre d’interprétation sur la vie et l’œuvre de M. Hector Authier. De plus, une ou deux organisations auront la chance de voir leurs bureaux se loger au 2e étage de la maison. » Les projets pour la maison sont nombreux : « On souhaite développer un parc autour de la maison, où on espère voir les gens faire des pique-niques, se balader et même assister à des concerts en plein air. Bref, un lieu animé au cœur de la ville. » Un circuit historique est également dans la mire de la corporation : audioguide à la main, les touristes pourront arpenter la ville et découvrir la maison Authier, la Cathédrale et le Palais des arts Harricana. À temps pour le centenaire de la ville, ces projets pourraient permettre à plusieurs de renouer avec l’histoire de la région dans la maison Authier.

Alice Amos naît le 3 novembre 1868, à Montréal. Ses parents, Auguste Amos (originaire de Wasselone, une ville d’Alsace en France) et Marie-Louise Boyer (de Montréal) sont des gens aisés. Le grand-père paternel d’Alice avait émigré en Alsace vers 1795 en provenance du Würtemberg, en Allemagne. Aînée de sa famille, elle a quatre frères. De sa vie avant son mariage, on ne sait rien sinon qu’elle incarne les qualités et les traditions de son milieu et de sa génération. Elle fréquente un cercle d’amis comprenant des intimes de Lomer Gouin, premier ministre du Québec depuis 1905. Celui-ci avait épousé la fille d’un autre premier ministre, Honoré Mercier, Élisa, malheureusement décédée en 1904. Le 19 septembre 1911, Alice et Lomer se marient à la cathédrale Saint-Jacques de Montréal. Elle a 42 ans et lui, 50, et il est père de deux garçons. C’est peu de temps après ce mariage que le village naissant d’Amos prend le nom de l’épouse du premier ministre du Québec, soit en 1914. Le charme discret de la bourgeoisie Lady Gouin est reconnue comme bienfaitrice de nombreuses institutions : l’hôpital Notre-Dame, l’hôpital Sainte-Justine, l’Asile de la Providence, l’Institut des sourdesmuettes et la Croix–Rouge. Elle fait aussi partie de diverses associations dont la Société d’Archéologie et de Numismatique (section féminine), du comité France-Amérique et est membre honoraire du Women’s Press Club. Dans L’Abitibi d’autrefois, d’hier et d’aujourd’hui, l’historien Pierre Trudelle rapporte qu’elle a fait don d’un ostensoir à l’église d’Amos en 1914. Lady Gouin effectue de nombreux voyages, notamment en Europe. Après la mort de son époux, Lady Gouin vit à Montréal et ne s’absente que lorsqu’elle séjourne, comme à chaque été, à Pointe-au-Pic dans Charlevoix. Au printemps de 1940, même si elle se sait malade, elle se rend quand même à sa maison de campagne. Son état s’étant aggravé, elle rentre à Montréal sur les recommandations de ses médecins. Elle y décède le 31 août 1940 dans son appartement du Château, rue Sherbrooke Ouest. Lomer Gouin a été commissaire des Travaux publics du 3 octobre 1900 au 2 juillet 1901, puis ministre de la Colonisation de cette date au 3 février 1905 dans le cabinet Parent (1900-1905). Il occupera le poste de premier ministre du Québec de 1905 à 1920. On le retrouve ensuite sur la scène fédérale comme ministre de la Justice du 29 décembre 1921 au 3 janvier 1924 dans le cabinet libéral de Mackenzie King. Gouin sera par la suite nommé lieutenant-gouverneur du Québec, poste qu’il occupe brièvement car il décède le 28 mars 1929 alors qu’il avait été désigné à cette fonction le 10 janvier de la même année. Il avait été fait baronnet par le roi Édouard VII en 1908 à l’occasion du tricentenaire de la ville de Québec, ce qui lui a valu de pouvoir accoler le titre de « sir » à son nom et celui de « lady » au nom de sa femme.

Merci à la CRÉ, partenaire de L’Indice bohémien

Merci à Emploi Québec, partenaire de L’Indice bohémien 18

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musique

Les Prix du public du CCAT

Entrer dans la mémoire collective > Winä Jacob

Gaétan Roberge

MRC Abitibi Originaire de la Beauce et Abitibien de cœur, Gaétan Roberge se dit surpris et heureux de cette mise en nomination. Suite à une formation universitaire en musique, il débarque en région et cofonde le Centre d’études musicales d’Amos où il enseigne, encore aujourd’hui, le piano. Il participe également à l’essor du chant choral en région en tant que chef de choeur de l’Ensemble vocal d’Amos depuis 24 ans et des Compagnons du Nord de Malartic depuis 15 ans. Il a aussi dirigé une quinzaine de fois les choeurs des semaines chantantes en France et au Québec en plus de diriger 2300 choristes dans le cadre du spectacle 2000 voix chantent le monde au Colisée de Québec. La musique a toujours eu une place importante dans sa vie : « Mon premier vrai contact avec la musique c’était chez un de mes oncles, il y avait un piano à rouleaux qui m’avait vraiment impressionné; je pense que c’est là que le déclic s’est fait pour moi. »

Martin Bernard

MRC du Témiscamingue St-Placide de Béarn au Témiscamingue aura vu naître Martin Bernard, mais aussi son amour de la musique. « Quand j’étais petit, il y avait une vieille guitare qui traînait dans le fond de la garderobe, elle avait quatre ou cinq cordes, puis moins par la suite, mais c’était pas grave j’aimais quand même ça jouer avec. » Lorsque l’auteur-compositeur-interprète a finalement pu remplacer toutes les cordes, une belle carrière s’est présentée à lui, à chanter à la St-Jean-Baptiste, ou lors de quelques spectacles au Cégep et à l’Université avec des copains musiciens. Puis viennent les enregistrements, avec la parution de deux albums : Sur les cendres du monde avec la formation Les cinqs doigts de la main en 2006, et Le monstre du lac avec le groupe La Baie du Sauvage en 2009. Cette même année, la formation est invitée au Festival des Guitares du Monde.

Jacques Marchand

Rouyn-Noranda Dès l’âge de six ans, à l’époque des pianothons, le compositeur et chef d’orchestre Jacques Marchand était fasciné par le talent des plus grands. « J’avais fait des pieds et des mains pour convaincre mon père de m’amener au sous-sol de l’ancien hôtel St-Louis voir les pianistes. Je trouvais impressionnant que quelqu’un puisse jouer si longtemps. » Depuis, il fait lui aussi dans la longévité avec ses 25 ans à l’Orchestre symphonique de l’Abitibi-Témiscamingue (OSR) et 18 ans avec l’Ensemble Aiguebelle, organismes qu’il a lui-même fondés. Et c’est sans compter tous les spectacles et récitals qu’il a dirigés un peu partout dans le monde. Malgré tous les honneurs qui lui ont été décernés, cette nouvelle candidature le touche beaucoup : « C’est encore plus intéressant que d’être jugé par les pairs, parce que le public y va avec son cœur. »

photo : Sarah marcotte-boislard

photos : courtoisie du ccat

Pour une onzième année, la région est appelée aux urnes de la culture afin de déterminer le récipiendaire du Prix du public TVA Abitibi-Témiscamingue. Cette fois-ci c’est la musique qui est à l’honneur, alors que les 5 candidats présentent des parcours passablement différents les uns des autres, mais une même passion pour leur art.

Gilles Parent

MRC Abitibi-Ouest Cette mise en nomination ravit Gilles Parent. Celui qui s’est lancé dans la musique jeune public en 1999 mentionne que ce genre de reconnaissance est rare pour ceux qui oeuvrent auprès des enfants. Originaire et résident de Macamic, l’auteur-compositeur-interprète, qui est aussi père de famille, a participé aux finales des plus grands concours musicaux de la province (dont le Festival en chanson de Petite-Vallée et le Festival international de la chanson de Granby). Ce désir de se produire sur scène lui vient de loin : « Mes grands-parents chantaient tout le temps dans les fêtes de famille et quand j’étais enfant, je me disais : un jour ce sera mon tour. » Depuis, le chanteur sillonne les routes du Québec, de l’Ontario, de la France et de la Suisse afin de présenter le fruit de ses cinq albums.

Chantal Archambault

MRC de La Vallée-de-l’Or « Je suis flattée d’être en nomination, on dirait qu’à chaque fois j’en reviens pas de recevoir cette reconnaissance-là ! » s’étonne l’auteurecompositrice-interprète Chantal Archambault. Les textes imagés sur fond de musique country-folk de la jeune Valdorienne ont su charmer le public, les gens de l’industrie et les jurés de divers concours (FRIMAT 2008, Francouvertes 2009) au cours des quatre dernières années. Malgré que sa carrière commence, la passion de Chantal Archambault remonte tout de même très loin : « Ma famille vous dirait que je chantais Da da da [succès du groupe Trio] avant de savoir parler; moi, je me souviens plus des pratiques de lip sync dans mon sous-sol avec ma cousine. » Cette passion d’enfant s’est matérialisée en deux albums : Le collage (2007) et La romance des couteaux (2010).

Des vignettes publicitaires radiophoniques et télévisuelles ont été créées par RNC Média et seront diffusées du 14 mars au 10 avril sur le réseau TVA et Planète. Outre le prix du public, quatre autres prix seront remis le 18 avril prochain au Cabaret de la dernière chance par le CCAT. www.ccat.qc.ca Photo : Marie Vallières

Récital des Jeunesses musicales du Canada

Cinq siècles de guitare > Winä Jacob

La musique classique peut parfois paraître élitiste et incompréhensible pour les néophytes, de même qu’elle peut être un moteur de communication et d’évasion pour les amateurs. Tablant sur cette dualité, les Jeunesse musicales du Canada (JMC) tentent de faire de leurs événements des spectacles grand public en y démocratisant ce genre musical. Ce sera le cas le 15 mars, au Théâtre du cuivre, avec l’aide du guitariste Charles Thouin. Implantées dans la région depuis quelques années, les JMC offrent des spectacles afin de faire découvrir la musique dite classique à bas prix par le biais de jeunes talents. « Ce sont des jeunes, mais ce sont aussi des professionnels de la musique et parfois même des talents locaux », tient à préciser Yves Prévost, chargé des communications pour la section rouynorandienne des JMC.

Cette idée de rendre la musique classique plus accessible est aussi bien présente dans la démarche du jeune guitariste originaire de Rouyn-Noranda Charles Thouin. Fort de ses nombreuses participations au Festival des Guitares du Monde (il fut de toutes les éditions), de ses spectacles en solo ou en petits groupes et de sa formation au conservatoire, il est revenu en

région, il y a deux ans, pour y enseigner la musique et vivre de son art.

musicien. Je veux essayer de trouver des pièces qu’ils pourraient connaître. J’ai le goût de leur présenter des pièces faciles d’accès tout en étant d’une grande richesse musicale. Mon but est de convaincre les sceptiques que la musique classique peut les intéresser et j’espère qu’ils m’en donneront l’occasion ! »

Maître sur scène Le jeune guitariste a eu la chance de choisir lui-même chacune des pièces qui feront partie de son récital avec les JMC. En résultera un spectacle varié, qui transportera son public sur trois continents et à travers cinq En plus de découvrir et siècles, passant du barod’apprécier le talent de que de Jean-Sébastien Bach Charles Thouin Charles Thouin, les spectaau folk song japonais de Yuquijiro Yocoh et au jazz de Roland Dyens. teurs pourront aussi faire la connaissance de la violoniste Emmie Grégoire-Salmon, « Pour mes spectacles, je pense souvent à également de Rouyn-Noranda, qui assurera ceux qui aiment moins ou pensent ne pas la première partie de ce concert. aimer la musique classique, explique le L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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rubrique ludique La série Final Fantasy

Phénoménale fantaisie > Mélanie Boutin-Chartier

À l’occasion de l‘annonce par Square Enix de la sortie de Final Fantasy XIII-2 (c’est-à-dire la suite du volume 13) pour l‘hiver prochain, le prétexte était beau pour interroger un mordu de cet univers mythique, plus particulièrement de Final Fantasy VII. « Final Fantasy VII, c’est LE chef d’œuvre de la série. C’est un jeu complet avec une histoire vraiment passionnante bourrée de défis mais avec aussi un tas de moments super drôles. » À l’instar de milliers de fans du 7e opus, Félix Villeneuve a signé la pétition en ligne demandant à la compagnie Square Enix que soit réédité Final Fantasy VII, sorti en 1997 pour la première génération de la console PlayStation. Mais tout l’univers de la franchise est un phénomène en soi. « Final Fantasy se démarque des autres jeux de rôles par la profondeur de ses histoires et la façon dont elles vous empoignent le cœur », de dire cet amateur originaire d‘Évain. Quand Aeris meurt dans FFVII, on a envie de verser une larme. Lorsqu’on découvre le passé de Cloud, on est tout ému. Même chose pour Tidus dans FFX ou Zidane dans FFIX. » Une série de jeux pareils… et différents Félix Villeneuve est passé à travers la majorité des titres de la populaire franchise. Interrogé à savoir si la série devrait se poursuivre, il déclare : « Bien sûr, je pense qu’ils devraient en faire d’autres. Avec Final Fantasy, chaque jeu est unique et, à la limite, pourrait avoir son propre titre. Les personnages, le monde, les lieux, l’histoire, tout est différent hormis quelques concepts qui reviennent tout le temps et qui sont la signature de la série comme les chocobos, les cristaux, les magies, les classes et certaines armes. Final Fantasy c’est de la qualité, chose rare dans l’univers des jeux vidéo. » Le magazine spécialisé japonais Famitsu a recueilli les commentaires de Tetsuya Nomura, créateur de Cloud, l’un des personnages principaux de Final Fantasy VII. Il déclare que malgré l’intérêt grandissant des fans, il serait extrêmement surpris qu’une refonte de FFVII ait lieu. Cloud pourrait toutefois venir faire son tour dans d’autres titres à venir. « Square Enix a déjà réédité les tout premiers titres de la série. De plus, ils créent un tas d’aventures connexes à tel ou tel jeu Final Fantasy, et en particulier, vous aurez deviné, au 7e parce que c’est le plus populaire ! Qu’est-ce qu’ils attendent alors pour refaire FFVII ? ! », conclut Félix Villeneuve. FFVII est disponible sur PS3 dans la catégorie PSOne Classics depuis juin 2009 mais c‘est une copie du jeu original, pas une réédition de meilleure qualité graphique comme le demandent les fans. Pour plus de détails sur cette lucrative franchise :

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L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

square-enix.com/na/game/


photo : Sophie Turgeon

ma région, j’en mange !

Le Trèfle Noir : une carte gagnante !

photo : Louis-Joseph Beauchamp

> Marie-Joe Morin

> Louis-Joseph Beauchamp

Crème brûlée au thé du Labrador et sucre d’érable 1½ tasse de lait 2  % 2½ tasses de crème 35  % à cuisson 5 gr ( du sac) de thé du Labrador Vers Forêt 8 jaunes d’œuf Les Oeufs Richard ou Les Oeufs d’Or 100 gr (environ ¾ tasse) de sucre d’érable Érablière L. Lapierre ½ tasse de sucre brut ou cassonade Dans une casserole en acier inoxydable à fond épais, mélanger le lait, la crème et le thé du Labrador. Porter à ébullition et laisser mijoter 5 minutes. Retirer du feu et laisser reposer 5 minutes avant de passer au tamis afin de retirer le thé du Labrador. Laisser refroidir à température de la pièce environ 10-15 minutes. Préchauffer le four à 275o F. Dans un bol, blanchir les jaunes d’œuf, c’est-à-dire les fouetter avec le sucre d’érable environ 5 minutes. Verser délicatement la crème sur les jaunes d’œuf et l’incorporer complètement. Passer le tout au tamis afin d’avoir un mélange bien lisse.

Prenez le rêve comme ingrédient de base, ajoutez-y la passion et rehaussez-la de magie et de foi. Puis laissez fermenter le tout quelques années. Lorsque vous ouvrez la cuve, ajoutez-y de la persévérance en grande quantité et une touche d’ambition. Servez ce mélange délectable dans le verre de la vie, assoyez-vous et savourez la bière du Trèfle Noir. Située au 145, avenue Principale à Rouyn-Noranda, la brasserie artisanale Le Trèfle Noir s’affaire depuis un an et demi à créer une variété de bières toutes plus délicieuses les unes que les autres. C’est dans un pub chaleureux que l’on retrouve un tableau de neuf bières en alternance. Elles sont généralement de variétés différentes, telles que la bière brune de style anglais ou encore une bière blanche de type belge... Il y en a donc pour tous les goûts. Le duo que forment Alex et Mireille travaille méticuleusement à produire des bières originales de qualité. Toujours à l’écoute de leurs clients, ils vont même jusqu’à faire un appel à tous lorsque l’inspiration fait défaut. Il va de soi que le fruit de leurs efforts est reçu avec éloges : il vous suffit d’assister à un 5 à 7 pour vous en apercevoir. La place est bondée, les fenêtres s’embuent d’une légère ivresse et la bière coule à flots vers la dégustation du moment savoureux. Ce n’est pas une course à la beuverie, mais plutôt un instant de découverte de la culture de la bière artisanale. Que demander de plus qu’une réponse positive du public pour nourrir son ambition ? C’est en prenant connaissance des commentaires favorables face à leurs produits que les proprios du Trèfle Noir s’ouvrent vers de nouveaux horizons. La brasserie artisanale de Rouyn-Noranda se prépare maintenant à exporter ses délices, qui pourront être savourés dans tout le Quebec au courant de cette année. L’embouteillage et la distribution sont donc des nouveaux filons d’exploitation pour cette jeune entreprise fleurissante. D’une région à une autre, l’art de l’ivresse abitibienne pourra bientôt se boire. Que vous soyez amateurs, fins connaisseurs ou simplement ouverts à la nouveauté, la halte au Trèfle Noir se veut un incontournable. Il faut y entrer, regarder et constater la richesse de l’endroit. D’un seul coup d’œil, vous pourrez saisir le charme et la simplicité d’Alex et de Mireille, et d’une seule gorgée vous amouracher de leur travail remarquable.

Cette chronique est rendue possible avec l’aimable participation de Marie-Joe Morin LA SANDWICHERIE : 595, 3e Avenue à Val-d’Or • 819 824-5537

Verser dans 8 ramequins d’une demi-tasse (125 ml), les déposer dans un plat allant au four. Verser de l’eau chaude dans le plat jusqu’à mi-hauteur des ramequins. Cuire au four environ 75 minutes, jusqu’à ce que la crème soit prise. Retirer les ramequins de l’eau et laisser refroidir au moins 3 heures. Saupoudrer le dessus des crèmes avec le sucre brut ou la cassonade et caraméliser avec un chalumeau ou encore au four à gril.

Cette chronique est rendue possible avec l’aimable participation de Louis-Joseph Beauchamp LA JOYEUSE BOUFFE : lajoyeusebouffe@hotmail.com • 819 723-2408 poste 119

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poste d’écoute Marie-Eve Leblanc – Utopie chronique

> Olivier Naud

Indépendant (2010)

Le premier album autoproduit de la Valdorienne MarieEve Leblanc, enregistré et réalisé par Bernard Boulanger (Le Carabine), recèle de belles surprises. Il en ressort une ambiance intime et authentique, un véritable cri du cœur. Guitare et voix ser vent les textes habiles de celle qui a fait l’École nationale de la chanson de Granby. La formation en travail social que l’auteure-compositeureinterprète a acquise transparaît dans le choix de ses thèmes : éclatement familial (J’ai la famille), victimes négligées (Utopie chronique), viol : « On est une sur trois qui n’en parlons pas/De peur qu’on nous suspecte/ De peur qu’on nous rejette » (Une sur trois). Mais le tragique côtoie le comique. Si je te disais « Je t’aime » se moque des réseaux de rencontres : « Est-ce que tu me croirais si je te disais, je t’aime ?/Même si je t’ai jamais vu pis qu’on se parle juste sur MSN ». La fille par faite use d’autodérision : « Chus tellement pas une fille par faite/J’t’aussi habile en talons hauts qu’un éléphant s’un échafaud ». Le folk-rock, la musique latine, le pop et le punk se côtoient. C’est cru et sans détour comme chez les Vulgaires Machins, et nostalgique, mais entraînant comme chez les Cowboys Fringants (Dans mon appart). Le puits épuisé fait penser à l’univers d’Eve Cournoyer, et Muette rappelle Mara Tremblay. Marie-Eve a la fougue et l’intensité de Zaz : c’est une grande gueule au cœur tendre qui ne peut laisser indifférent. 3,5/5

Alfa Rococo – Chasser le malheur > Evelyne Papillon

Cut/Copy – Zonoscope Interscope (2011)

Tacca Musique (2010)

> PsyKo

> Evelyne Papillon

Les Disques Pluton, étiquette derrière laquelle on retrouve l’Abitibien Félix B. Desfossés, nous proposent ici la réédition d’un classique oublié de la musique québécoise. Oublié oui, tout comme le film qu’il supporte, puisqu’il s’agit d’une bande originale. Contrairement au film, la musique est brillante, du jazz-funk tout à fait savoureux comme on en a rarement entendu au Québec. L’album aurait d’ailleurs été composé par le groupe Illustration et non pas par Jacques Grenier comme le proposait le générique original. Bien que les deux premières pièces soient d’un goût plutôt discutable, le reste de l’écoute nous transporte dans un univers de poursuite automobile avec des martinis et des femmes aux seins nus, ce qui n’est pas mauvais dans le contexte d’un scénario de film, bien sûr. Si vous êtes passionnés de trouvailles rares, de musique poussiéreuse; si comme moi vous avez tendance à vous commander des disques de funk pakistanais ou turc des année 60 (par exemple), Après-Ski est pour vous ! Et en plus, ça vient de chez nous ! 4 / 5

Le deuxième album des auteurs-compositeursinterprètes Justine Laberge et David Bussières, Chasser le malheur, est en continuité avec Lever l’ancre, paru en 2007, avec en prime un petit groove venant de l’expérience de scène acquise lors de leur tournée. De belles harmonies de voix enjolivent des airs électro-rock accrocheurs sur cette coréalisation de Bussières et de Cristobal Tapia de Veer (Bran Van 3000). Vous saurez tout de suite si vous aimez ou non, car la musique est léchée, très accessible, et le ton de voix varie peu. Le style musical s’approche de celui de Stefie Shock, à la différence qu’ici c’est une voix féminine qui occupe le premier plan. Ces coquets chanteurs se sont permis une reprise festive du Poinçonneur des lilas, du légendaire Serge Gainsbourg, qui leur sied à mer veille. Leur album traite d’aspects déplaisants de la vie, et, paradoxalement, le fait sur des airs entraînants. Alfa Rococo critique autant le manque d’humanité du monde du travail que les excès de la société des loisirs, nouvelle forme contraignante de conformisme. Les textes, teintés d’optimisme et d’idéalisme, où l’on évoque le besoin des autres, sont rehaussés par une musique dansante pour bien « chasser le malheur ». Les mélodies à la fois douces et énergiques ont le mérite de nous communiquer le pep nécessaire pour passer à travers ce rude hiver. 3/5

Rusted – Hit By

> Olvier Naud Voici le troisième album de ce groupe de Melbourne. Si vous les connaissiez déjà, vous n’aurez pas de grande surprise. On est toujours dans la pop synthétique, électro, disco-rock, mais c’est joliment présenté et bien produit. Il y a certainement de quoi plaire, tant aux jeunes hipsters qu’aux plus vieux qui auraient connu le début des années 80. On y reconnaît très bien les Men at Work, Depeche Mode et New Order, entre autres. D’autres pièces ont une saveur plus rock ’60, comme Where I’m going qui fait Beach Boys et This is all we’ve got qui rappelle Jesus and Mar y Chain. Ils ne se gênent donc pas pour emprunter de vieilles sonorités, comme le font presque tous les groupes d’aujourd’hui. Ce qui manque cependant à Cut/ Copy, c’est une signature qui les distingue malgré leurs influences, comme savent le faire Vampire Weekend ou Chromeo, par exemple. Zonoscope reste malgré tout un bon album varié qui s’écoute comme on écouterait une compilation d’électro pop d’hier et d’aujourd’hui. À écouter si vous aimez LCD Soundsystem ou Peter Bjorn and John. 3/5

Vous regrettez le hard rock des années 80, avec le spandex, le spray net et les étourdissants solos ? Alors Rusted est peut-être pour vous. Né à Rouyn-Noranda, puis expatrié à Montréal, ce groupe ne compte plus que deux Abitibiens de souche : le chanteur Anthony « Tony Rusted » Monderie Larouche et le batteur Daniel « Dizzy » Ishac. Voilà pour la petite histoire. Hit By est un mini-album de six compos (26 minutes). Musicalement, ne pensez plus au hard rock malpropre du vieux Iron Maiden, Mötley Crüe ou Scorpions, qu’à celui plus propret des Bon Jovi et autres Poison. C’est de la musique pour mâle ! Ces gars-là ont pigé dans la collection de papa et non celle de maman. Et le quintette connaît la formule. Des « ooohooohoo » sur Midnight Man, refrain accrocheur sur Summer Day et bridge éthéré avec solo de guitare sur Earthquake dans la plus pure tradition hard rock. Traveler est une sorte de « power ballad » sérieuse. Les pièces sont plutôt efficaces, surtout au niveau des déchirants solos de guitare. La production laisse toutefois à désirer, ce qui peut sembler faire partie du concept, mais elle ne permet pas d’apprécier la musique à sa juste valeur. Ceci dit, Hit By fait une belle première carte de visite. 3/5

The Dears - Degeneration Street Pheromone (2011)

Disques Pluton (2011)

Indépendant (2011)

Artistes variés – Après-Ski

> Paul-Antoine Martel

Il y a 5 ou 6 ans, on associait le nom du groupe The Dears à celui d’Arcade Fire quand on parlait du dynamisme de la scène musicale montréalaise et des possibilités de conquête des ondes radio mondiales. Au moment où le second remportait le prix Grammy d’album de l’année, le premier lançait l’album qui pourrait bien leur permettre de quitter le statut d’obscur groupe culte pour celui de groupe pop de première classe. La bande menée par le néo-crooner Murray Lightburn a travaillé pour la première fois avec un réalisateur, Tony Hofner (Beck, Radiohead, Belle & Sebastian), et la composition est devenue l’affaire de tout le groupe. En résultent des mélodies plus accrocheuses, des arrangements plus simples et un son plus lourd et chargé que sur les quatre albums précédents. C’est comme si les Dears avaient troqué la subtilité pour l’efficacité. Étonnement, c’est également leur album le plus lourd, le plus heavy. Ici, pas de morceau épique d’une dizaine de minutes, mais toujours le lyrisme romantique qui a fait la renommée des Dears. Les amateurs de rock intelligent et énergique y trouveront leur compte; les fans de longue date resteront un peu sur leur faim, à moins qu’encore une fois le poison des Dears ne fasse que très lentement son effet… 3,75/5

L’INDICE BOHÉMIEN - mars 2011

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