avril 2011 - copie 17
gratuit le journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue
La gr a n d e t o u r n é e p r i n t a n i è re d e L’ O SR
en manchettes 17 18 19 22
Rouyn-Noranda investit dans l’art contemporain Le corps en vedette au Centre d’exposition d’Amos Laurie Deraps : artiste du maquillage GAÏART : école culturelle
11 à 14 s p é c i a l e n v i r o n n e m e n t ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien
calendrier culturel
gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue
avril 2011 Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Internet du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, au www.ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. Merci de votre collaboration !
Cinéma
Le discours du Roi 3 et 4 avril - 19 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 27 avril - 19 h Salle 2 (Amos) En terrains connus 10 et 11 avril - 19 h Cinéma Capitol (Val-d’Or) Godin 10 et 11 avril - 19 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) Oxygène 13 avril - 13 h et 19 h Cinéma du Rift (Ville-Marie) Des hommes et des dieux 13 avril - 19 h Salle 1 (Amos) 22 et 23 avril - 20 h 28 avril - 19 h Cinéma du Rift (Ville-Marie) Another Year v.o. s-t fr. 17 et 18 avril - 19 h Cinéma Capitol (Val-d’Or) L’illusionniste 17 et 18 avril - 19 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)
Exposition
Humaniterres - Ida Rivard Jusqu’au 10 avril Centre d’art Rotary (La Sarre) Change Action Terroriste Socialement Acceptable Jusqu’au 10 avril L’Écart.. . lieu d’art actuel (RouynNoranda) Étude pour un carnet de voyage Christian Bourgault Jusqu’au 10 avril L’Écart.. . lieu d’art actuel (RouynNoranda) Paysage en peinture - Élèves du cours de M. Claude Ferron Jusqu’au 28 avril Bibliothèque municipale de Val-d’Or Vert ciel - Guy Lavigueur Jusqu’au 1er mai Centre d’exposition de Val-d’Or Espaces fictifs - Suzanne Joos Jusqu’au 1er mai Centre d’exposition de Val-d’Or Exposition du FMAC Du 17 avril au 7 mai Fontaine des Arts (Rouyn-Noranda) La baignade - Louis Brien Jusqu’au 8 mai Centre d’exposition d’Amos Soi-disant - Marcel Caron Jusqu’au 8 mai Centre d’exposition d’Amos Tableaux du bonheur Collectif d’artistes en art naïf Du 14 avril au 15 mai Centre d’art Rotary (La Sarre) Pluralité - Jeannot Hamel Jusqu’au 22 mai Palais des arts Harricana (Amos)
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L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
Hôtel des brumes Suzanne Ferland et Christiane Lahaie Du 29 avril au 29 mai L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda) Impressionnisme ? Jusqu’au 5 juin 2011 Centre d’exposition d’Amos (Amos) Materia - François Fréchette Jusqu’au 12 juin Palais des arts Harricana (Amos) Ma-Reine Bérubé, 1919-2004 Jusqu’au 3 mars 2012 Centre d’exposition de Val-d’Or
Humour
Philippe Laprise 11 avril - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie) 12 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 13 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 14 avril - 19 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) Jean-Michel Anctil 27 et 28 avril - 20 h Salle Desjardins (La Sarre) 29 avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) 30 avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)
Improvisation
SIR-N Jusqu’au 15 avril - 20 h Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) LIV 7 et 21 avril - 19 h 30 Atrium, UQAT (Val-d’Or) Les Volubiles 29 avril - 20 h Espace Noranda (Rouyn-Noranda)
Musique
Filly and the Flops 1er avril - 20 h Le Trèfle Noir Brasserie Artisanale (Rouyn-Noranda) Jonathan Painchaud 1er avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 6 avril - 20 h Théâtre de poche (La Sarre) L’Elisir d’Amore Les Jeunesses Musicales du Canada 2 avril - 19 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 3 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 5 avril - 19 h Théâtre du Rift (Ville-Marie) Sur une note de tendresse Voix et violons 3 avril - 14 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) Andréa Lindsay 6 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 7 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 8 avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) 9 avril - 20 h Théâtre de poche (La Sarre)
Bernard Adamus + Canailles 8 avril - 20 h Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie) 9 avril - 20 h 30 Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) Orchestre symphonique régional d’Abitibi-Témiscamingue 10 avril - 14 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) 15 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 16 avril - 20 h Salle Desjardins (La Sarre) 19 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) Spectacle bénéfice du FME Leif Vollebekk 14 avril - 20 h Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) Maxime Landry 14 avril - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie) 15 avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) Saltarello 17 avril - 14 h Agora des Arts (Rouyn-Noranda) L’Expédition de la Rythmobile 19 avril - 9 h 45 et 13 h 20 20 avril - 8 h 45, 10 h et 13 h 10 21 avril - 8 h 45, 10 h et 13 h 10 (représentations scolaires) Agora des Arts (Rouyn-Noranda) Jill Barber 19 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 20 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 21 avril - 19 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)
S’embrasent - Théâtre Bluff 21 avril - 19 h Théâtre du Rift (Ville-Marie) Rearvew 26 avril - 20 h Agora des Arts (Rouyn-Noranda) Ladies Night Spectacle 2011 27 avril - 19 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) 28 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 30 avril - 20 h Salle Desjardins (La Sarre) Ubu sur la table 27 avril - 9 h 35 et 13 h 35 28 avril - 11 h 05 et 15 h 05 (représentations scolaires) - 20 h pour tous 29 avril - 9 h 35 et 13 h 35 29 avril - 20 h Lecture publique (dernier texte Francis Monty) Agora des Arts (Rouyn-Noranda)
Autre
Ça pourrait être pire ! Le Show Guy Bourgeois 1er avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) L’anxiété chez les jeunes par Dr Nadia Gagnier 5 avril - 19 h Théâtre Télébec (Val-d’Or) Secondaire en spectacle Finale régionale 8 avril - 19 h Théâtre du Cuivre (Rouyn-Noranda) Le Comte Ory de Rossini - en direct 9 avril - 13 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)
Carmen 3D - Royal Opera House V.O. USWM + Dylan Perron 3 avril - 13 h 21 avril - 21 h Salle 2 (Amos) Cabaret de la dernière chance (Rouyn-Noranda) Gymkara... tourbillon magique 22 avril - 21 h 17 avril - 19 h Billard l’AD Hoc (Amos) Théâtre Télébec (Val-d’Or) 23 avril - 21 h Le primaire autour du monde Bistro La Maitresse (La Sarre) 20 avril - 18 h Tomas Jensen et le groupe Hombre Théâtre Télébec (Val-d’Or) Spectacle bénéfice du jour de la Mon environnement, ma vraie terre (GÉCO) nature : Éleves de la CSRN 22 avril - 20 h Du 15 au 21 avril Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) Vote en ligne au : www.cern.ca Alliance Française (Rouyn-Noranda) 23 avril - 20 h Capriccio de R. Strauss en direct Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) 23 avril 2011 - 13 h Chubby Checker Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 27 avril - 20 h 21e Gala reconnaissance - CÉGEP Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) de l’A.-T. Les artisans de l’avenir Guy Bélanger 26 avril - 19 h 29 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) Bannik (Duhamel-Ouest) Le 16e Show de La Motte CHAKIDOR : le Country/Blue 30 avril - 20 h 29 avril - 20 h Salle Héritage (La Motte) Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda) Il Trovatore de Verdi en direct 30 avril - 13 h Théâtre Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) Oscar et la Dame rose 6 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 16 avril - 20 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)
en couverture : L’Orchestre symphonique régional en répétition à La Ferme près d’amos photo : Hugo lacroix
L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. RÉDACTION ET PRODUCTION Collaborateurs : Élise Arguin, Annie Beaucage, Louis-Joseph Beauchamp, Denys Chabot, Mélanie BoutinChar tier, Jenny Corriveau, Fréderique Cornellier, Mylène Cossette, Lise Gagné, Chantale Girard, Isabelle Jacob, Marc Jacob, Winä Jacob, Valérie Lemay, Margot Lemire, Émilise Lessard, Charlotte Luneau, Catherine Marcil, Paul-Antoine Mar tel, Marie-Joe Morin, Olivier Naud, Noyzemaker, Ariane Ouellet, Sophie Ouellet, Evelyne Papillon, Stephanie Poitras, Sophie RichardFerderber, Daniel Richer, Dominic Ruel, Martine Savard Réviseurs-correcteurs : Jonathan Barrette, Gabrielle Demers, Lucette Jacob, Geneviève Luneau, Suzanne Ménard, Karine Murphy, Paul-Antoine Martel, Evelyne Papillon, Micheline Plante Rédactrice en chef : Winä Jacob redaction@indicebohemien.org Graphisme : Mylène Cossette Le Canapé communication visuelle graphisme@indicebohemien.org Coordination et ventes publicitaires : Maurice Duclos coordination@indicebohemien.org publicite@indicebohemien.org L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an. Il est distribué gratuitement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue fondée en novembre 2006. Membres du conseil d’administration : Mélissa Drainville, Sophie Ouellet, Martin Villemure, Julie Pomerleau, Chloé BeauléPoitras, Sonia Cotten, Ariane Gélinas, Julie Goulet, Winä Jacob et Amélie Roberge.
L’Indice bohémien 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda, Québec J9X 1C1 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 www.indicebohemien.org
sommaire
éditorial
Qu’ils déménagent > Winä Jacob - redaction@indicebohemien.org Le mois dernier, le journal Rue Frontenac (publication des ex-lockoutés du Journal de Montréal) proposait un dossier sur l’industrie minière en Abitibi-Témiscamingue, plus précisément sur les possibilités de mines à ciel ouvert, dans une série d’articles intitulés L’Abitibi veut se sortir du trou. On y parlait bien évidemment de l’incontournable mine Osisko, des résidents de Malartic et de son quartier sud, de projets miniers, des difficultés d’être écologiste en région, de l’économie et de la vision d’un maire dans ce dossier. La journaliste en visite dans la région a rencontré le coloré maire de Val-d’Or, Fernand Trahan, qui, loin d’avoir la langue de bois ou dans sa poche, y est allé de quelques déclarations-chocs, dont celle-ci : « [...] Moi, la gang d’artistes, qu’ils aillent à l’ADISQ et qu’ils nous foutent la paix. OK ? Il y a des gens sérieux dans les régions qui sont capables de gérer leur territoire. Quand ça fait pas leur affaire, qu’ils déménagent, câlisse. » Ces propos sont ici ceux d’un maire, mais ils font écho aux idées de plusieurs. À bas les débats En lisant une telle affirmation, on comprend que certains souhaitent éviter un débat : on dit aux gens de se taire, d’écouter, de ne pas poser de questions et de suivre les élus, car qui d’autre peut vraiment savoir ce qui est bon pour le peuple ? Étrange comme vision, surtout quand le but premier des élus devrait être de représenter la population, toute la population. En matière de développement, si l’on veut qu’un projet soit réellement durable, il doit se réaliser de concert avec l’univers qui l’entoure, c’est-à-dire être socialement acceptable, respecter l’environnement et offrir une rentabilité économique. Dans le cas qui nous préoccupe ici (les mines à ciel ouvert), on consulte souvent les instances économiques qui, si le prix des métaux est haut et la rentabilité du projet évidente, sont généralement partants. Les environnementalistes et instances gouvernementales sont là, ou devraient être là, pour veiller au grain, s’assurer de la conser vation du territoire et des ressources. Mais qui évalue l’aspect social de tels projets ? Qui se préoccupe de leurs impacts sur les populations, au-delà des emplois créés ? Ainsi, c’est souvent là que le bât blesse : l’acceptabilité sociale. Le maire, par ses propos, affirme que si on n’est pas d’accord avec le modèle de développement minier qu’on nous propose pour notre territoire, voire si on remet simple-
ment en question certains de ses aspects, alors on peut faire ses valises et se choisir un nouveau port d’attache. Un peu simpliste comme débat de société ! Pourtant, c’est ce qu’on enseigne aux jeunes enfants, c’est souvent par le biais de discussions, d’échanges d’idées aussi opposées soientelles qu’on peut arriver à trouver des solutions valables pour tous, ou du moins pour une très forte majorité. L’AbitibiTémiscamingue ne se démarque pas particulièrement pour ses débats publics; si en plus on demande à ceux qui en créent de lever les pattes, on risque d’obtenir une forme d’unanimité sociale fort inquiétante. Si c’est le peuple, les gens, les citoyens comme vous et moi qui votent au moment des élections, ce sont plus souvent qu’autrement, et fort malheureusement, les « hommes » d’affaires qui ont l’oreille de nos politiciens le reste du temps, ne serait-ce que parce qu’ils sont organisés et savent ce qu’ils veulent. Ce n’est pourtant pas l’ultime panacée, « les jobs », surtout quand il n’y a rien autour pour profiter du pécule qu’on y amasse! Un pays sans artistes On reproche souvent aux artistes qui s’investissent dans les débats publics de ne pas savoir de quoi ils parlent, de manquer de matière et de se faire manipuler par des groupes de pression. Dans cette optique, on pourrait croire que les artistes ne sont pas des êtres pensants; pourtant, n’est-ce pas leur propre de réfléchir à la société et de transformer ces réflexions en créations ? Pourquoi est-ce qu’un artiste perdrait d’office son statut de simple citoyen en se professionnalisant, pourquoi n’a-t-il pas droit de prendre la parole et de verbaliser ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce en quoi il croit ? Et les politiciens, eux ? Sont-ils vraiment plus au fait de ces dossiers ou sontils eux aussi manipulés - en l’occurrence par les lobbys et l’industrie ? Pourquoi le simple statut d’être humain, de citoyen, n’est-il pas assez noble pour que les gens puissent affirmer haut et fort leurs inquiétudes, sans se faire dire de se la fermer ? Si des propos comme ceux de M. Trahan font le bonheur des journalistes friands de citations corsées, ils blessent probable-
Arts visuels ......... 4, 6, 8, 9, 10, 17, Musique ...................................... 5, Littérature ................................... 7, Général ................................ 10, 19, Théâtre ............................................
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Chroniques Humeur ............................................ 4 Signature d’artiste ........................... 5 Chronique littéraire ........................... 7 La culture dans mes mots ............... 15 Les livres de Charlotte .................... 15 Ma région, j’en mange ! .................... 21 Sociétés d’histoire et de généalogie .. 22 Poste d’écoute ................................ 23 Cahier spécial ........................ 11 à 14
ment tout autant les artistes visés par ces propos. Et s’ils acceptaient son invitation et quittaient vraiment notre belle région, quels en seraient les impacts ? Que serait l’Abitibi-Témiscamingue sans artistes engagés et sans esprits contestataires ? L’exil des artistes aurait pour effet premier, sur la région, de faire diminuer - voire disparaître - la vie culturelle, et il est bien connu qu’un milieu où l’offre créative est faible possède un faible pouvoir d’attraction et de rétention des individus et des capitaux. L’exode de gens qui prennent la parole au nom du développement social aurait aussi pour effet de voir s’éteindre de nombreux désirs et projets porteurs d’initiatives propices au développement de la région. La communauté serait sans doute économiquement forte, jusqu’à la traditionnelle chute du prix des métaux, et soumise à une stérilisante unanimité. Loin de moi l’idée d’ouvrir un débat sur les mines à ciel ouvert dans un journal culturel. De toute manière, vous me direz certainement que mes propos sont biaisés, que je suis vendue d’avance à la cause, ce à quoi je vous répondrai que ce n’est pas parce que son père est dentiste qu’on ne peut pas avoir de caries ! C’est plutôt du droit de prendre position, de s’opposer et de proposer dont il est question. Parce que c’est sain d’avoir des débats, d’échanger des idées et de chercher des consensus, bien au-delà des mines. Et que je n’ai pas envie de déménager.
DATES IMPORTANTES À RETENIR date limite pour soumettre vos idées de sujets pour l’édition de juin
13 avril
date limite pour réser ver votre espace publicitaire pour l’édition de mai
4 avril
date limite pour fournir votre montage publicitaire pour l’édition de mai
8 avril
sor tie de l’édition de mai
28 avril L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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humeur
Sans révolution > dominic Ruel
Programmation 2011 Fgmat Samedi 28 mai : 19 h Soirée intime avec Patrick norman agora des arts 21 h rock voiSine américana centre de congrès Dimanche 29 mai : 13h30 Saltarello agora des arts 19 h DaviD JacqueS & enSemble aiguebelle agora des arts 21 h JoSe Feliciano centre de congrès Lundi 30 mai : 19 h tim reynolDS tr3 agora des arts 21 h Don mclean centre de congrès mardi 31 mai : 17 h JorDan oFFicer Petit théâtre du vieux-noranda 19 h lionel loueke agora des arts 21 h Stanley clarke centre de congrès mercredi 1er juin : 17 h carloS PlacereS Petit théâtre du vieux-noranda 19 h quartetto gelato agora des arts 21 h aDam raFFerty / Joe robinSon centre de congrès Jeudi 2 juin : 17 h bambara tranS Petit théâtre du vieux-noranda 19 h roberto loPez ProJect agora des arts 21 h craig chaquico centre de congrès Vendredi 3 juin : 17 h lucky uke Petit théâtre du vieux-noranda 19 h Sharon iSbin agora des arts 21 h matt anDerSen/guitar exPloSion centre de congrès Samedi 4 juin : 17 h WeSli Petit théâtre du vieux-noranda 19 h PePPino D’agoStino agora des arts 21 h JeSSe cook’S rumba FounDation centre de congrès Billets en vente en ligne au www.fgmat.com chez musique mignault, 199 Principale à rouyn-noranda.
Je pourrais la jouer simple, cette chronique, et faire un beau lien entre notre printemps à nous qui arrive et le printemps arabe qu’on a connu depuis décembre, en Tunisie, Égypte et Libye. Voilà de vraies révolutions, voilà l’histoire qui s’écrit, devant nous. Bien sûr, on ne peut que se réjouir du départ des dictateurs tunisien et égyptien et féliciter ces deux peuples pour leur courage et leur conviction. Souhaitons que le fou furieux à Kadhafi puisse partir le plus tôt possible. Je ne le ferais pas.
Il m’arrive parfois d’aller travailler au Tim Hortons et y écouter des conversations. Je sais, ce n’est pas poli. Cette fois, deux hommes philosophaient sur les événements de Tunisie et d’Égypte. Ils s’étonnaient de la vitesse du changement survenu, de la persévérance populaire, de la folie des dictateurs déchus, etc. Belle discussion. Puis, l’un de dire à l’autre : « Ça devrait être à nous autres, ici, maintenant de faire ça la révolution ! » J’ai failli recracher ma gorgée de café. J’ai surtout failli me lever pour aller remettre quelques pendules à l’heure aussi. Le pire, c’est que ce genre de commentaires, j’en ai lu à quelques reprises sur des blogues ou forums que je consulte. Peut-être certains d’entre vous y ont pensé. Un peu de perspective, bon sang ! Il faut avoir pris une quelconque drogue dure pour comparer la situation de la Tunisie, de l’Égypte ou de tout autre pays du Moyen-Orient à celle du Québec. Ici, ni dictature, ni interdiction de manifester, ni menace à main armée si tu t’ouvres la trappe contre les autorités. Le pas entre manifestation et révolution Les Québécois ne feront jamais la révolution. La dernière s’est faite dans les années 60 et elle était tranquille. Je nous imagine très mal la faire en risquant notre peau. Regardez : pas même six Québécois sur dix ont voté la dernière fois, en 2008. Et il faudrait croire maintenant qu’ils sont prêts à descendre la Grande-Allée à Québec, s’installer par milliers sur la Colline parlementaire et camper là pendant des jours, nuits froides ou pas ? Pour des places en garderies ? Contre la dette ? Pour hausser le salaire minimum ? Non. Qu’on aime ou non Charest, c’est nous qui l’avons élu. Trois fois, même. Au Québec, on marche pour autre chose. Pour le retour d’un club de hockey ou contre la fermeture d’une station de radio. Pour sauver une montagne aussi. On s’assure par contre que les gens s’amusent. Il y a des discours enflammés, des bébelles pour faire du bruit, des ballons partout et des chanteurs populaires qui en profitent aussi pour mousser un album ou un spectacle à venir. Je sais, il y a bien le Témis qui s’est levé debout, pour vrai, mais c’est plutôt rare et peu populaire. Tellement que lors d’une manifestation, le mois dernier, contre le budget Bachand, une grosse centrale syndicale promettait 50 $ et toutes les dépenses payées pour ceux qui s’inscrivaient et participaient. De la graine de révolutionnaires, ça !
Deux expos engagées à l’Écart > Winä Jacob
au bureau du Festival des guitares du monde en abitibi-témiscamingue 37, 7e rue, rouyn-noranda Lundi au vendredi 8h30 à 16h30 horaire sujet à changements
Depuis le 11 mars, L’Écart est enfin propriétaire de la bâtisse qui l’abrite. Maintenant maîtres chez eux, les administrateurs s’en donnent à cœur joie avec de nombreuses activités. La prise de possession des locaux débute avec deux expositions à saveur d’implication citoyenne. Le saloon des abonnés présente Étude pour un carnet de voyage du Témiscamien Christian Bourgault. L’exposition des œuvres de Bourgault allie sensibilisation écologique, puisque l’artiste travaille presque exclusivement avec des matériaux recyclés, et mode de vie autochtone lors d’un périple spirituel sur le lac Témiscamingue.
7e FESTIVAL DES GUITARES DU MONDE EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Présentateur officiel
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L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
Les deux Montréalais derrière l’Action Terroriste Socialement Acceptable (ATSA) présentent, pour leur part, l’installation CHANGE. L’art engagé de l’ATSA offre aux visiteurs une réflexion sur la société de (sur)consommation en faisant un retour sur les dix ans de créations du duo. CHANGE invite les gens dans un commerce temporaire de type « Pop-up Shop » où l’économique et l’artistique se rencontrent. www.lecart.org
musique
signature d’artiste
Un programme de musique russe pour un orchestre bien de chez nous
À chacun son métier
Un classique régional
Quand je peins une toile, elle doit d’abord me satisfaire pour pouvoir ensuite plaire aux autres. Je me fie à mon intuition; après tout, l’artiste est une personne qui a développé une sensibilité personnelle qui dépasse son simple goût individuel afin de rejoindre ce que ses contemporains pourraient potentiellement aimer. Cette « inspiration » ne tombe pas du ciel : je me documente sur ce qui se fait dans mon domaine et dans d’autres domaines visuels (mode, danse, cinéma, télévision, etc.), et c’est ainsi que j’aiguise ma capacité à poser des bons choix dans l’atelier pour créer du « beau ». Entendons-nous : je récuse le terme «beau» car il renvoie à un état permanent, alors que «ce qui fait plaisir à l’œil» évolue dans le temps. Incroyable mais vrai, les peintures de Van Gogh furent un jour considérées rébarbatives… Pour désigner ce qui est esthétiquement expérimental, l’expression «intéressant à regarder» traduit mieux le fait qu’on ne peut pas qualifier ce qui n’existe pas encore. Car derrière toute contribution pertinente à cette évolution du goût, il y a toute une recherche empirique sur l’état actuel du goût.
Pas plus que chirurgien ou soudeur, on ne devient pas artiste en claquant des doigts.
J’insiste : pour être artiste, il ne suffit pas d’exprimer joliment son petit nombril. Il faut d’abord pousser le fameux « tempérament artistique » jusqu’au niveau de savoirfaire propre à un métier ou une profession. Pas plus que chirurgien ou soudeur, on ne devient pas artiste en claquant des doigts. Comme tout autre métier, celui qui consiste à expérimenter ce qui pourra éventuellement devenir « beau » s’apprend au prix d’années d’efforts. Aussi, le flou artistique entretenu dans les médias à propos des artistes me « gosse » : pourquoi cette magie à la guimauve ? Hypothèse : le patronat adore ce modèle. Voyons, quel salarié accepterait de financer toutes les dépenses de production : matériaux, équipement, frais de subsistance, marketing, secrétariat, expédition et risque d’affaires ? (Dernièrement, on a inventé le travailleur autonome sur le modèle de l’artiste romantique...) Ce qui est bon, on l’achète; pour le reste, on biffe les heures non comptabilisées. C’est le meilleur des deux mondes entre le cheval qui se fouette lui-même et la vache à lait qu’on peut traire sans la nourrir. Plus exactement, on l’envoie brouter dans le champ étatique : 15 % des subventions demandées sont accordées, c’est-à-dire qu’en moyenne, une année sur sept, tu vis correctement (tout en réinvestissant la majorité de tes revenus), et les six autres années, tu vis d’espoir et de vaches maigres en cogitant sur le projet que tu réaliseras la prochaine fois que ce sera ton tour. Bingo ! La magie de l’art, finalement, c’est que les artistes travaillent quasi gratos. Les bureaucrates de l’industrie artistique sont payés aux deux semaines, les fournisseurs, cash, et les artistes, quand ça adonne. Mais qui crée la valeur ? Petit proverbe pour conclure : « Tout travail mérite salaire. » Je vous jure que je fais autant d’heures qu’un soudeur. Mais voyez-vous une seule raison valable à ce que je gagne moins qu’un chirurgien ? Ne vous opéré-je pas dans le cer veau sans laisser de cicatrice ?
Une bouffée de FME en avril > Winä Jacob
Amateurs de musiques émergentes en manque de FME, réjouissez-vous une soirée s’organise pour vous : Encore une fois cette année, le Festival de musique émergente prépare un spectacle bénéfice afin d’aider au financement de son événement et ainsi pouvoir offrir des spectacles à des prix abordables lors de sa 9e édition. Coup de cœur de nombreux spectateurs et de l’équipe du FME, Leif Vollebekk revient à Rouyn-Noranda le 14 avril à la scène Évolu-Son.
photo : Hugo Lacroix
> Martine savard
L’OSR en répétition > Evelyne papillon
L’Orchestre symphonique régional de l’Abitibi-Témiscamingue fêtera ses 25 ans en 2012. En attendant la célébration de ce quart de siècle, ce regroupement de passionnés poursuit son travail patient et passionné de promotion de la musique classique, en faisant les choses à sa façon. Du 10 au 19 avril, l’Orchestre symphonique régional (OSR) offrira quatre spectacles dans autant de villes de la région, à l’occasion de sa tournée printanière. Cette année, les compositeurs russes sont à l’honneur avec la présentation d’œuvres de Modeste Moussorgski (Une nuit sur le mont chauve) et d’Alexandre Borodine (Dans les steppes d’Asie centrale). « Il s’agit d’une musique riche, colorée, et même flamboyante », explique Jacques Marchand, le chef d’orchestre et directeur musical de l’OSR, à propos de ces œuvres du 19e siècle inspirées du folklore russe. En complément de programme, l’orchestre propose également la création d’une œuvre de l’un de ses membres, le flûtiste Bertrand Lessard, intitulée Or chestr-à-dire.
Ce sont des gens de cœur, des courageux qui n’hésitent pas à parcourir de longues distances pour répéter; cela demande beaucoup d’organisation, mais crée aussi des liens for ts Faire vivre la musique… et les musiciens L’Orchestre symphonique régional est l’œuvre de Jacques Marchand. Originaire de Rouyn-Noranda, le directeur artistique et chef d’orchestre a d’abord étudié à Montréal, où il accompagnait des chanteurs. À son retour, il a fait le tour de la région pour rassembler des musiciens. Leur premier concert s’est tenu en 1987, à l’occasion du Salon du livre qui se tenait à Rouyn-Noranda. L’Ensemble Aiguebelle est né en 1993, comptant une douzaine de musiciens qui jouent de la musique de chambre. Le Quatuor à cordes, quant à lui, a été formé en 1996.
L’orchestre rassemble de 40 à 45 personnes : des professionnels, des participants en dilettante et des étudiants en musique. Si cinq fidèles sont là depuis le tout début, on constate qu’il y a plus de roulement chez les étudiants, mais certains reviennent. Un jeune de douze ans peut être assis à côté d’une personne de 55 ans, dans un climat d’entraide, à la manière d’une grande famille. Ce sont des gens de cœur, des courageux qui n’hésitent pas à parcourir de longues distances pour répéter; cela demande beaucoup d’organisation, mais crée aussi des liens forts. Et l’OSR est le véhicule parfait pour donner une vitrine aux compositeurs contemporains de la région, comme Bertrand Lessard ou Patrick Labrèche. Vers un public professionnel ! Si l’OSR a des effets bénéfiques sur les musiciens d’ici, il a également un impact majeur sur le public. En effet, l’orchestre a un rôle de transmission : le public novice se découvre parfois un intérêt pour la musique classique, et certains acquièrent même le goût d’apprendre un instrument de musique à la sortie d’un spectacle. Depuis quatre ans, l’OSR donne des concerts de Noël dans des églises, une nouvelle formule avec des chorales locales. « Cette année, les églises étaient pleines à craquer, il a même fallu refuser des gens. » M. Marchand attribue cela à ce temps de l’année où nostalgie, famille, tradition et magie vont de pair. « Dans une église, on a moins de place, les chaises ne sont pas aussi confortables, mais l’ambiance est là. Ça rejoint l’enfant en nous. » Pour connaître les lieux et dates des concerts de l’OSR, consultez notre calendrier culturel en page 2. culture-at.org/osr/ L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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arts visuels Émilie B. Côté travaille à offrir des formations en installation
Pour de l’art vivant au Témiscamingue > Chantale Girard
L’artiste Émilie B. Côté chérissait le projet d’organiser une formation, afin de faire découvrir et expérimenter les installations artistiques aux artistes du Témiscamingue, depuis belle lurette. Si la formatrice rêvait d’abord d’organiser ses ateliers en mars, la vie, les intempéries et les impondérables l’ont amenée à repousser son projet aux chaudes journées.
Plus d’une vingtaine de personnes avaient assisté au cours offert par la jeune artiste en janvier dernier. Pourtant les inscriptions ne semblent pas avoir été au rendez-vous. Mauvais timing selon Émilie B. Côté, qui ne jette pas l’éponge. Elle y va donc d’une nouvelle proposition, soit une formation plus courte mais avec le même contenu : d’abord des notions théoriques, suivies d’un passage à l’acte. Comme dans sa démarche artistique, Émilie proposera l’utilisation d’objets du quotidien ou récupérés afin d’habiter le lieu. Émilie B. Côté avait été fortement impressionnée par l’œuvre produite par Gaétane Godbout lors de l’événement Trafic, en 2005. L’artiste bien connue de RouynNoranda était intervenue dans une maison désaffectée de Malartic. À cette occasion, elle avait invité ses étudiants du cégep de l’Abitibi-Témiscamingue à s’approprier certaines pièces de la maison. Émilie avait pu à cette occasion vivre une expérience d’installation. C’est ce qu’elle désire maintenant recréer dans son milieu par le biais de ses formations.
photo : Amanda B. Côté
Ce projet, qui est une collaboration entre la municipalité de Ville-Marie et la salle Augustin-Chénier, se veut une initiation à l’installation. Pour ce faire, Émilie B. Côté dispose de locaux à l’aréna de Ville-Marie, ce qui permettra aux participants de laisser libre cours à leur créativité. « Tout est possible apparemment… en autant que les locaux soient remis en état ! »
L’artiste et formatrice Émilie B. Côté L’installation est une pratique artistique apparue au milieu du 20e siècle, héritière de la per formance et du happening des dadaïstes. Proche de la sculpture (dont elle emprunte la 3e dimension), elle est toujours in situ (sur place). Selon L’ABCdaire de l’art contemporain, on peut définir l’installation comme étant « la disposition de matériaux et d’éléments divers dans un espace donné que l’on peut parcourir ». L’artiste peut décider de solliciter tous les sens du spectateur (odorat, ouïe, toucher, etc.) et la palette de matériaux est infinie.
Des peintures dans le ciel de la pédiatrie
Dessine-moi un... > Winä Jacob
Depuis près d’un an, une dizaine d’artistes de la Société des Arts Harricana s’affairent à égayer les plafonds du Centre hospitalier d’Amos. Plusieurs tuiles ont ainsi été peintes d’oursons et de gentils animaux afin d’occuper l’esprit et les yeux des enfants malades alités au troisième étage de l’hôpital. Le projet s’élargit maintenant à d’autres unités du centre hospitalier, puisqu’il n’y a pas que les enfants qui aiment regarder un « ciel » plein de couleurs !
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L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
photo : Courtoisie SAH
augustinchenier.net
littérature
Rendez-vous avec Ceux de la terre > Denys Chabot
Lévesque, Anne-Michèle. Les enfants de Roches-Noires - Tome 2 Ceux de la terre Montréal : Hurtubise, 2011, 382 p.
Ceux de la terre, le plus récent roman d’Anne-Michèle Lévesque, mérite amplement le détour. Il s’agit du deuxième tome d’une trilogie intitulée Les Enfants de Roches-Noires, une vaste saga dont le premier volet, Ceux du fleuve, a atteint un tirage de plus de 3000 exemplaires. Le troisième tome, déjà écrit, aura pour titre Ceux de la forêt et devrait normalement sortir des presses au cours de l’automne prochain. Il n’est pas exclu qu’un quatrième volet puisse s’y ajouter : Ceux de la brume. Nous voilà donc en présence d’un projet littéraire sans exemple dans la littérature abitibienne, si l’on fait exception de la suite romanesque en six tomes de Bernard Clavel, Le Royaume du Nord, et de celle, inachevée, de Pierre Yergeau, qui devrait compter neuf titres. L’ampleur d’un tel projet d’écriture, les ressources qu’il mobilise et le souffle qu’il requiert de son auteure nous confirment dans l’idée qu’Anne-Michèle Lévesque est une écrivaine aguerrie, rompue au métier des lettres. Sa bibliographie compte près d’une trentaine de titres. Certains lui ont valu des honneurs, dont le prestigieux prix Arthur-Ellis pour le roman policier, Fleur invitait au troisième, décerné en 2002. Ce n’est pas rien. Soucieuse de legs, Anne-Michèle a également inspiré la création du Prix littéraire jeunesse Télé-Québec. Entrer dans les rangs L’action de Ceux de la terre se déroule dans le Bas-du-Fleuve, au terme de la Deuxième Guerre mondiale. Cette fois-ci, nous nous retrouvons non pas sur les eaux, mais dans les sept rangs qui s’enfoncent à l’intérieur des terres et dont les noms, énigmatiques et inquiétants (rang du Bossu, rang Croche, rang des Naufragés quand ce n’est pas le Rangfrette), ne peuvent qu’ajouter à l’action une couche de mystère. Ces données géographiques, qui déterminent l’action et le comportement des personnages, sont d’une importance capitale si l’on veut saisir la dynamique qui impose au roman sa logique et ses ressorts. Que l’on soit du fleuve ou de la terre marque des territoires et divise en clans, avec autant de tranchant que les familles siciliennes. On ne saurait résumer en quelques lignes un roman aussi foisonnant. Toute son intrigue gravite autour de la narratrice, Fabienne Rioux, un personnage attachant, aux amours contrariés mais aussi capable de surprenantes hardiesses. Née dans une famille fourmillante, dont chaque membre sera marqué d’un destin bien singulier, Fabienne rêvera d’une famille nombreuse, mais après avoir lorgné le bel et inaccessible Bernard Lepage, et suite à des unions consanguines avec son cousin Nador Lebel, le barbier du village, elle verra sa progéniture affligée de terribles déficiences. Héritage littéraire Cette œuvre a quelque chose de torrentiel, qui emporte tout. C’est tout l’art du grand roman classique hérité de Balzac et de Pagnol. L’action y est bondissante, les fils narratifs solidement liés, l’intrigue nouée de main de maître. Une fois surmonté le choc de sa langue vernaculaire, on ne peut que s’étonner de la vérité simple, exacte, soutenue, des caractères, des péripéties, des atmosphères. Et, il faut bien le dire, écrire dans un laps de temps relativement court trois romans de près de 400 pages, d’une telle qualité, demande une force de travail, une détermination et un don de soi qui ont de quoi laisser béat d’admiration.
Merci à la CRÉ, partenaire de L’Indice bohémien
photo : courtoisie de l’artiste
chronique littéraire
« Je ne suis pas triste ou amoureux de la même façon dans une forêt d’épinettes qu’au bord de la mer. Disons que la géographie extérieure et mes territoires intérieurs se renvoient la balle. »
Les continents du quotidien Le Rouynorandien Nicolas Lauzon lance le recueil Géographie de l’ordinaire > Evelyne Papillon
Fort de multiples aventures vécues en voyage et de différentes expériences de vie, Nicolas Lauzon nous offre son premier recueil de poésie, Géographie de l’ordinaire, une exploration des liens qui nous unissent au territoire et des profondeurs du quotidien. Planter des arbres en Colombie-Britannique et en Abitibi, enseigner l’anglais à BlancSablon et à Rouyn-Noranda, et travailler pour l’organisme Enfants d’ici ou d’ailleurs en Afrique : ce n’est là qu’un aperçu du bagage de Nicolas Lauzon. Ses carnets de voyage s’accumulent durant 10 ans, tant et si bien que sa douce lui lance un jour l’idée d’en faire un livre. À la recherche d’un second avis, Nicolas se tourne vers son ami Stéphane Dupuy, de la Librairie En marge, qui l’encourage à son tour à tenter l’aventure de la publication. Une autre amie, Hélène Bacquet, l’aide ensuite à structurer ses textes, desquels deux thèmes se démarquent particulièrement : le territoire et le quotidien. La poésie, déjà bien présente, n’a plus qu’à être épurée et remaniée. Puis le beau rêve se réalise : les Éditions du passage contactent le Rouynorandien pour publier son œuvre. Quand le pays colore les jours « Je voulais rassembler des poèmes qui témoignent de la beauté des petites choses, trouver de la poésie dans les creux de vague », explique Nicolas, lorsqu’interrogé sur son usage du thème du quotidien. « La routine du père de famille, du mari, ou de l’amoureux, avec toutes les beautés et tous les coups bas qu’elle implique, m’inspire beaucoup. » Sa poésie se veut donc accessible, touchant à des thèmes
universels et profondément humains. En parlant du territoire, il ajoute : « L’aspect nordique de ces lieux [Abitibi et Basse—Côte-Nord], l’immensité du décor et l’isolement qu’ils entraînent donnent une teinte ou une ambiance à l’ordinaire des jours. Le territoire réel, selon moi, influence beaucoup les états d’âme. Je ne suis pas triste ou amoureux de la même façon dans une forêt d’épinettes qu’au bord de la mer. Disons que la géographie extérieure et mes territoires intérieurs se renvoient la balle. » Et qu’en est-il de l’influence des rencontres sur sa plume ? « Le territoire n’est pas juste parcouru, il est aussi occupé, explique le poète. C’est pourquoi les gens qui l’habitent, comme le chasseur de phoque, le trappeur ou le maître de poste, occupent une place importante dans mon écriture. Certaines personnes, à mes yeux, sont des poèmes sur deux pattes. » Géographie de l’ordinaire sera lancé en avril à Montréal, en même temps que les recueils de deux autres poètes, Lili Côté et Linda Brousseau. Un second lancement est prévu quelque temps après, à RouynNoranda cette fois, à la Librairie En marge. editionsdupassage.com
Merci à Emploi Québec, partenaire de L’Indice bohémien L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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arts visuels photos : Arnold Zagéris
35e Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue
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Intégration des ar ts à l’architecture - Les « 1 % » *
L’art qui parle de Joanne Poitras > Ariane Ouellet
Originaire de St-Eugène-de-Guigues au Témiscamingue, Joanne Poitras est une artiste touche-à-tout ayant à son actif moult réalisations artistiques. Depuis 1997, elle réalise des projets d’intégration des arts à l’architecture en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais, avec au cœur de sa démarche un intérêt tout particulier pour sa relation avec le public. De l’estampe à l’installation en passant par la sculpture, Joanne Poitras travaille souvent dans ce qu’on appelle l’esthétique relationnelle. Par des échanges avec le public, elle cueille, collectionne et transforme des objets ou des gestes afin d’en faire des œuvres. « J’essaie de créer une conversation avec le public, qu’il se sente interpellé », confie l’artiste qui réside maintenant à Rouyn-Noranda.
« Dans l’art, il faut savoir s’imposer; si ton travail n’est pas vu, il n’existe pas » Figé dans le temps Toujours préoccupée par l’importance de l’instant présent, Joanne Poitras questionne les notions d’éphémère et de permanence, la relation avec l’autre, le temps, autant de sujets qui se retrouvent dans ses œuvres de 1 %. Au CHSLD d’Amos, elle explore la symbolique de la marguerite alors qu’à l’école St-Bernard d’Évain, elle imprime dans une pâte de marbre des objets significatifs apportés par des élèves et des professeurs.
du 26 au 29 mai 2011 4 $ par adulte, 2 $ par enfant de 6 à 12 ans, et gratuit pour les enfants de 5 ans et moins Jeudi : 9 h à 21 h (fermé de 12 h à 13 h et de 17 h à 19 h) Vendredi : 9 h à 21 h (fermé de 12 h à 13 h) Samedi : 10 h à 21 h • Dimanche : 10 h à 17 h
Merci nos partenaires témiscamien
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Illustration : Richard Petit / Montage graphique : I.D. Grafik
À l'arÉna FrÈre-Arthur-Bergeron de Ville-Marie
Sa plus récente réalisation est une œuvre intérieure/extérieure réalisée en 2010 pour l’école Golden Valley à Val-d’Or. Des élèves de l’école ont participé, lors d’une séance de prise de vue organisée par l’artiste, à illustrer l’amitié. Ces poses ont ensuite été transposées en silhouettes ornant un cercle et « font référence à l’idée de rassemblement et de bonne entente des communautés qui anime la vie de l’école », précise Mme Poitras. Une trace qui perdure Pour un artiste, obtenir un tel mandat,
c’est à la fois un défi et un cadeau. « Tous mes 1 % sont la suite de ce que je fais en atelier mais poussé plus loin », raconte l’artiste qui avoue changer souvent de médium et de matériaux tout en conservant une démarche très cohérente. Entre autres créations, on peut admirer les œuvres de Joanne Poitras au Centre de formation professionnelle Frère-Moffet à Ville-Marie, ainsi qu’à l’école primaire des Kékéko à Beaudry, sans compter les œuvres réalisées à l’extérieur de la région. À la lecture du parcours artistique de cette artiste prolifique, force est de constater qu’une carrière artistique se bâtit avec beaucoup de travail. « Dans l’art, il faut savoir s’imposer; si ton travail n’est pas vu, il n’existe pas. C’est très animal; il faut laisser sa trace », déclare Joanne Poitras en guise de conclusion. ccat.qc.ca/joannepoitras
Installation ornant l’entrée de l’école secondaire Golden Valley * Chaque construction ou rénovation d’immeuble gouvernemental ou institutionnel voit un pourcentage de son budget consacré à l’intégration de l’art à l’architecture.
L’artiste exprime son désaccord envers la surconsommation en requestionnant les objets laissés pour compte. Marais au crépuscule, d’Ida Rivard
Des Objets Humaniterres et des hommes > sophie Ouellet
L’artiste Ida Rivard présente, jusqu’au 10 avril prochain au Centre d’art Rotary de La Sarre l’exposition Objets Humaniterres. Celle-ci propose des œuvres à saveur écologique, entièrement composées de matériaux recyclés, un beau clin d’œil juste avant la Journée de la Terre. Les œuvres présentées sont très ludiques. Comme le sujet est lourd à la base, l’artiste voulait le montrer de façon amusante. « On n’a pas besoin de taper sur le clou », dit-elle. Les œuvres font sourire par leur titre et les matériaux utilisés, comme des fleurs fabriquées de papier bulle. De cette façon, Mme Rivard allume une petite brèche chez les gens. « Je n’avais pas pensé à ça », s’exclament plusieurs personnes en voyant des ronds de poêle devenir une araignée ou encore des pièces d’ordinateurs se transformer en végétation. De la tête à l’âme Psychoéducatrice de formation, Ida Rivard s’intéresse aux arts depuis toujours. Au départ musicienne, elle s’initie à la peinture dans les années 1990. Au fil du temps, elle s’est mise à intégrer un, puis deux morceaux provenant de rebuts. De façon graduelle, elle a abouti à des œuvres dont autant le canevas provient d’objets recyclés (portes d’armoires, morceaux de bois), que les matériaux qui les composent. L’artiste exprime ainsi son désaccord envers la surconsommation en requestionnant les objets laissés pour compte. Avec ses créations, elle leur donne une seconde vie. En mettant l’accent sur la diversité dans sa création artistique, l’artiste et la psychoéducatrice en elle s’entremêlent pour ne
faire qu’un. Cette diversité colore l’environnement social et permet de s’enrichir au contact de l’autre. En art, elle permet de sortir des conventions et de marier différents types de matériaux comme le tissu, le plastique et les pièces électroniques, tout en gardant un équilibre. « Une belle forêt est composée de plein d’essences d’arbres », affirme Ida Rivard.
Pas de deux (Végédroïdes VI) L’exposition offerte en région ne présentant pas toutes les œuvres de l’artiste, il est possible de poursuivre la découverte du travail d’Ida Rivard à même le son site Internet où on retrouve, entre autre, une immense sculpture représentant un être humain, composée de poupées, de Barbies et de rebuts divers. idarivard.com
Le peintre Claude Ferron lance son deuxième livre, Les quatre saisons
Riches nuances saisonnières > Paul-Antoine martel
L’artiste-peintre Claude Ferron trimballe son chevalet aux quatre coins de la région depuis plusieurs décennies, illustrant les paysages d’ici dans des toiles où on sent l’empreinte de la nature et où les saisons deviennent presque des personnages. C’est d’ailleurs cet éternel recommencement toujours changeant et tout en nuances qu’il explore dans son deuxième recueil d’œuvres, Les quatre saisons, qui sera lancé dans les principales villes de la région. Ce sont plus d’une centaine de paysages naturels, réalisés par l’artiste depuis 1970, qui composent l’essentiel de cet ouvrage, le second que Claude Ferron publie à compte d’auteur. Le premier, Luminescence régionale, paru en 2008, montrait quelques fleurons du patrimoine bâti de l’Abitibi-Témiscamingue tels que les perçoit le peintre, dans des compositions où l’environnement naturel occupe toujours une grande place, presque palpable.
« On n’est pas ar tiste pour copier ce qu’on voit, on l’est pour interpréter » Petit portrait d’un grand paysagiste Né à Rouyn-Noranda mais aujourd’hui résidant d’Amos, Claude Ferron a été frappé à l’adolescence par l’art du paysage, à la vue de peintres s’exécutant à l’extérieur, leur chevalet bien planté au cœur de la scène qu’ils souhaitaient croquer. Il s’applique depuis à transmettre sa vision de la nature et de ce que les humains y édifient. « On n’est pas artiste pour copier ce qu’on voit, on l’est pour interpréter », affirme celui qui transmet son savoir depuis 40 ans, mais de façon plus assidue depuis une douzaine d’années. Les Quatre saisons contient en majorité des paysages de l’Abitibi-Témiscamingue, qui n’a pourtant rien de Charlevoix ou de l’Estrie, véritables clichés de la peinture paysagiste au Québec. Pourtant, quand on l’interroge sur ce qui fait la richesse de notre nature, Claude Ferron s’anime, s’emporte presque : « La lumière ! Comme il y a peu d’humidité, la lumière est d’une clarté ! Puis les ciels… On a une perspective, une profondeur dans laquelle les couleurs disparaissent dans le lointain, où l’horizon s’estompe. Il n’y a pas de montagnes ici,
photo : Courtoisie de l’artiste
photos : Courtoisie de l’artiste
arts visuels
Les quatre saisons orne la page couverture du recueil du même titre mais il y a les marais, les arbres séchés, la rivière des Outaouais… À Montréal, le monde aime ça », confie celui dont une trentaine d’œuvres seront exposées à la M Galerie d’art, dans le Vieux-Montréal, du 12 au 18 avril. « J’ai fait ce livre pour que mes œuvres perdurent, avoue l’artiste. C’est un peu comme si j’écrivais mes mémoires : je me reconnais beaucoup dans ces tableaux. » Les œuvres sont accompagnées d’une courte mise en contexte, comme si l’artistes se dévoilait en une série de traits qui, mis ensemble et avec un peu de recul, offrent un certain portrait de la réalité… il l’image de la technique à la spatule de Claude Ferron. Pour l’horaire des lancements de l’ouvrage Les quatre saisons, consultez notre calendrier culturel. cableamos.com/claude.ferron/
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La Motte : Terre des artistes Un village de 400 citoyens aux allures de capitale culturelle
Marie-Hélène Massy-Emond
Studio le « calleur », La Motte
> Valérie Lemay
> Valérie Lemay
La croyance populaire veut que les artistes soient attirés par les centres urbains, considérés vivants, dynamiques et effervescents. Pourtant, la nature, les grands espaces et le calme semblent séduire un bon nombre d’artistes en Abitibi-Témiscamingue. Bref portrait de la culture en milieu rural. En Abitibi-Témiscamingue, c’est dans les MRC de Témiscamingue et de l’Abitibi-Ouest que l’on retrouve la plus grande concentration d’artistes et de lieux de diffusion en milieu rural. Pour l’ensemble de notre région, 36 % des artistes vivent en milieu rural. La ruralité n’a pas à rougir de son offre culturelle. Des artistes comme Louisa Nicol, Christiane Plante, Jacques Baril et Jocelyne Saucier ont fait le choix de s’installer dans une petite collectivité pour vivre leur art. De plus, Le Café des rumeurs à Gallichan, le Café El Koza à Macamic et Chez Eugène à Ville-Marie conjuguent gastronomie et arts en tous genres. Sans compter le Cercle des conteurs d’Abitibi-Témiscamingue, l’école Rosa-Bonheur et l’Atelier Cent Pressions, pour ne nommer que ceux-là, autant de groupes de créateurs qui trouvent dans la ruralité une source d’inspiration. Une culture qui nous rassemble La vie culturelle et artistique en milieu rural semble proposer une piste de solution à ce qu’on appelle depuis quelque temps
Ça vous arrive d’imaginer les 400 âmes de La Motte en train de jouer du tam tam ou de faire de la peinture en mangeant des légumes bio ? Cette image de terre d’accueil pour les artistes semble se propager, et ce, depuis plusieurs années. Est-ce un phénomène palpable et réel ?
l’occupation dynamique du territoire. Quand les arénas, les bibliothèques, les églises et les centres communautaires se transforment en lieux de diffusion des arts, c’est plus qu’une soirée de divertissement qu’on offre, c’est un lieu d’échange. C’est du moins ce que soutient Madeleine Perron, directrice générale du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue : « Un milieu rural animé et vivant permet également à une communauté de se déployer dans un espace stimulant. Les événements culturels représentent un lieu commun pour une population, et sont propices à des questionnements et à des initiatives de développement. » Les petites collectivités, de plus en plus vibrantes, se réinventent en lieux vivants afin d’offrir des espaces uniques de création pour les artistes. Les efforts consentis à déployer Internet dans les milieux ruraux permettent aux créateurs de vivre là où se trouve l’inspiration, et ce, même à 100 km de la ville la plus proche.
> Winä Jacob
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photo : courtoisie de l’artiste
Des œuvres de l’artiste abitibienne Martine Savard viennent d’être acquises par la Ville de Montréal suite à l’exposition Excès et Désinvolture, proposée dans le cadre d’AT@MTL à l’automne dernier. 65 petits tableaux de la série mosaïque Mattagami : toponymie algonquine de l’Abitibi-Témiscamingue se retrouveront, pour la prochaine année, sur les murs de l’hôtel de ville de la métropole québécoise. De plus, l’acrylique Bienvenue, Welcome sera présentée au service du capital humain de la ville.
Vue d’ensemble des œuvres de Martine Savard présentées à la Maison de la culture. Côte-des-Neiges de Montréal à l’automne dernier.
L’aura unique autour de La Motte s’est déployée il y a plus de 40 ans selon Margot Lemire, poète, romancière, dramaturge et artisane du développement régional qui habite la municipalité depuis plusieurs lunes. « On voulait faire venir du monde ; on n’avait pas de plan de développement, on y allait au pif !, raconte celle qui vit une véritable histoire d’amour avec sa collectivité. Mais ce qu’on savait, c’est qu’on voulait créer du bonheur. Du monde heureux, ça crée et ça bâtit. » Elle ajoute qu’elle était persuadée qu’en créant un événement où tout le monde serait heureux en même temps, on pourrait faire résonner la bonne vibration au-delà des frontières du village. Cette résonance se poursuit : c’est celle de têtes d’affiche bien implantées dans le milieu et qui attirent les jeunes impliqués. Dans les années 1990, un groupe de gens ont fait la différence en mettant sur pied le Show de La Motte, misant sur le dynamisme et espérant que ça serve d’exemple et entraine d’autres jeunes à vouloir s’établir dans le mythique village. Le mythe du bon rural Est-ce que La Motte véhicule une image distordue de sa réalité ? Apparemment, il y aurait une version romancée du village : « On ne connait pas tout le monde, confesse l’auteure-compositrice-interprète Marie-Hélène Massy-Émond. Je ne connais pas mon voisin d’en face et je ne parle pas à la voisine d’à-côté. À La Motte comme ailleurs, les relations se créent avec le temps et surtout, avec le temps que ça prend. » Selon la talentueuse violoncelliste, « il y a une grande diversité au village : on n’est pas toujours en train de jouer du tam tam et de s’conter des poèmes ! »
Du Martine Savard sur les murs de Montréal
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photo : daniel Gingras
Culture rurale ou campagne artistique
photo : danny twist
général
La diversité se voit dans les activités offertes au village. La Motte est tout sauf une banlieue-dortoir où on vient se reposer après le travail. Loin d’Amos et de RouynNoranda, les résidants de cette communauté semblent se créer leur propre vie sans dépendre de l’offre culturelle des villes avoisinantes. Marie-Hélène avoue sans gêne qu’elle n’est pas ébahie par les activités culturelles d’Amos et que pour elle, il s’agit d’une motivation la poussant à se dépasser pour offrir à son village des activités : « Avouons-le, c’est n’est pas toujours tentant de sortir le soir et rouler plusieurs kilomètres pour participer à une activité… » Sans même qu’il ait été question des producteurs agricoles, des bâtisseurs de charpentes de bois et de tous les autres artisans, il est clair qu’une énergie innovatrice et solidaire permet ce foisonnement de créateurs. Une chose est certaine : s’il est difficile de cerner le phénomène La Motte, c’est avec joie qu’on reste dans le mystère, car la beauté de cette municipalité réside dans l’énigme. Et ça continue, puisque le Show de La Motte sera de retour le 30 avril prochain pour une 16e édition. Sous une thématique fort rassembleuse, Vivons Bon’ Yeu, Les Vieux Borlots, Dylan Perron, Les Frapabords, Gylles Légaré, Marta Saenz de la Calzada, Edith Fluet, Sébastien Vivand, LouisPhilippe Gingras, Pierre-Olivier Lamontagne, Lionel Laliberté et autres feront honneur à la réputation du village le plus artistique de la région ! lapariole.com
spécial e n v i r o n n e m e n t Chasser le naturel
La Terre, de chez nous Quelques occasions de souligner le Jour de la Terre en région
} Élise Arguin
} Paul-Antoine Martel
Mon père est né là où l’Estrie prend fin pour laisser place à la Beauce. Lui enlever ses montagnes, les digues de roches qui séparent les champs, les couleurs des érablières à la fin septembre et les sentiers qui traversent son village lui ferait probablement plus mal que si on l’amputait d’une jambe.
Parmi les quelque 500 millions de personnes réparties dans plus de 180 pays qui souligneront le Jour de la Terre, le 22 avril, se trouveront quelques gens de chez nous, alors que quelques activités de sensibilisation environnementale se dérouleront à Rouyn-Noranda et La Sarre.
Pour l’Arménien, le mont Ararat, bien qu’il soit désormais en territoire turc, symbolise sa patrie, sa fierté, son identité arménienne. Pas un seul Arménien n’est insensible à l’idée de revoir ses frontières englober cette majestueuse montagne volcanique aux sommets perpétuellement enneigés. L’attachement à la terre natale ou à son environnement immédiat est fort, quasi inaltérable. D’où qu’ils viennent, qui qu’ils soient, les humains sont depuis toujours influencés, modelés, façonnés par leur milieu physique. Une partie de soi est forgée à même là d’où l’on vient. Cette relation intime entre le milieu naturel et la personne qui y habite représente, pour plusieurs environnementalistes, la planche de salut de la planète. Protéger ce que l’on aime. Veiller sur ce que l’on admire. Apprécier ce que l’on a, comme ça, gratuitement autour de soi. Or la nature perd constamment du terrain. Le lien entre l’humain et son milieu naturel s’atténue. Manger les champignons qu’on a soi-même cueillis, faire griller un brochet fraîchement pêché, récolter trois chaudières de bleuets sans débourser le moindre centime, tout cela relève désormais de la science-fiction pour une grande majorité. Comment alors demeurer attaché à ce que l’on ne voit plus ? Comment être ému par la disparition de telle espèce de poisson quand la survie de notre famille n’en dépend pas? Pourquoi se faire du sang d’encre avec l’abattage massif d’arbres anciens quand de sa vie, on n’a jamais vu un seul pauvre arbre ancien ? Comment diable s’intéresser aux beautés de la nature au point de vouloir en protéger l’intégrité quand, dans plusieurs endroits, tout ce qu’il en reste repose sur les frêles épaules d’indésirables pigeons, de rivières brunâtres et de boisés jugés sans valeur ? Plus fort que toutes les technologies vertes réunies, plus béton que les meilleures campagnes de sensibilisation, l’attachement à ce que la nature est et offre (sans rien demander d’autre qu’on lui fiche la paix) donne la conviction qu’il faut prendre soin de ce joyau. Si la foi peut réellement déplacer les montagnes, déplaçons-nous donc d’abord avec respect vers elles, et vers ces forêts, ces ruisseaux, ces merveilles. Peut-être nous insuffleront-elles la foi suffisante pour qu’on redonne enfin à la nature les lettres de noblesse qui lui reviennent de droit.
Le GÉCO Le Groupe ÉCOcitoyen de Rouyn-Noranda présente son cinquième spectacle annuel du Jour de la Terre. Cet événement en voie de devenir une tradition met cette année en vedette le groupe Hombre dont fait partie le chanteur Tomas Jensen, bien connu pour ses textes engagés, ses prises de position et sa musique festive et dansante. Tout ça dans le but de financer les activités du GÉCO, qui joue un important rôle de sensibilisation en région, et qui propose des actions concrètes à poser pour améliorer nos comportements face à l’environnement. geco-rn.org
Le Centre d’exposition de Rouyn-Noranda Le Centre d’exposition (CERN) proposait, en mars dernier, aux classes de la Commission scolaire de Rouyn-Noranda de réaliser des murales à l’aide de matières récupérées, avec pour thème la protection de la diversité. Les groupes participants devaient soumettre une photo de leur projet; le 15 avril, ces photos seront dévoilées sur le site Internet du CERN et le public sera appelé à voter, jusqu’au 22 avril, pour son œuvre préférée. Les gagnants se mériteront la chance de verser un montant de 500$ à l’organisme à vocation écologique de son choix. cern.ca
Bibliothèque municipale Richelieu de La Sarre Du 15 au 22 avril, à la bibliothèque municipale de La Sarre, on propose aux usagers de réfléchir à cinq gestes qu’ils pourraient poser pour aider à protéger l’environnement. Les participants pourraient se mériter des livres traitant de questions environnementales. ville.lasarre.qc.ca D’autres événements sont organisés un peu partout en région dans la foulée du Jour de la terre, et ce tout au long du mois d’avril. Pour plus de détails, consultez le site Internet national de l’événement : www.jourdelaterre.org/main.cfm?p=04_100&l=fr
Cahier environnement - L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011 11
photo : courtoisie SEUAT
spécial e n v i r o n n e m e n t Les Écoles Vertes Brundtland
Leçons et devoirs du développement durable } Sophie Richard-Ferderber Souvent, c’est à l’école que les enfants fondent leurs premières réflexions à propos de notre impact sur la planète. Le mouvement Écoles vertes Brundtland (EVB) a été développé pour stimuler cette réflexion – et pour tenter de la transformer en action. En Abitibi-Témiscamingue, ce sont une quarantaine d’écoles qui vont au-delà du discours et qui font du développement durable une réalité vécue au quotidien. En 1983, l’Organisation des Nations Unies (ONU) lane la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Le rapport qui en découle porte le nom de sa
présidente, Mme Gro Harlem Brundtland. Lorsque le rapport Brundtland est publié en français, il inspire la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), devenue Centrale des syndicats du Québec (CSQ), à regrouper plusieurs intervenants pour développer des projets sur le développement durable en milieu scolaire. En 1992, la CEQ a l’idée de créer le statut EVB pour reconnaître et valoriser les réalisations des écoles. Déjà, en 1994, on compte environ 80 EVB au Québec. Cette année-là, l’école Notre-Dame-de-l’Assomption de Vassan (aujourd’hui Val-d’Or) est la toute première en région à obtenir ce statut. Aujourd’hui,
l’Abitibi-Témiscamingue compte 40 établissements d’éducation EVB. « Le concept EVB ne vise pas les coups d’éclats », explique Marc Nantel, président du Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’AbitibiTémiscamingue et membre actif du dossier EVB en région. « C’est une approche qui cherche à changer le monde petit geste par petit geste, milieu par milieu. » Changer le monde, un geste à la fois M. Nantel se rappelle un projet initié suite à la visite d’un porte-parole de l’organisme MIRA alors qu’il était enseignant à l’école La Taïga de Lebel-sur-Quévillon. « Un élève, touché par la cause, m’a approché pour savoir comment il pouvait apporter son aide. J’ai alors remarqué une goupille sur mon bureau », raconte M. Nantel. C’était le point de départ d’un projet de récupération de goupilles à l’école La Taïga. Depuis, c’est toute la communauté
Des élèves de l’école Sacré-Coeur récupèrent des goupilles pour Mira. quévillonnaise qui s’implique à amasser quelque quatre millions de goupilles pour ensuite remettre jusqu’à 1000 $ par année à MIRA. Être une école EVB ne se résume pas à recycler et à penser « vert » ; c’est contribuer à créer un monde écologique, pacifique, solidaire et démocratique, toutes des orientations du Rapport Brundtland. Aménagement de jardins dans la cour d’école par les élèves eux-mêmes, collectes de fonds ou de matériel pour des communautés dans le besoin, marche contre la violence : l’école s’engage à réaliser plusieurs activités qui mobiliseront les élèves vers ces quatre valeurs phares tout au long de l’année scolaire. Comme quatre millions de goupilles récupérées une à une, la vivacité des écoles EVB s’illustre par de bonnes petites idées qui font du chemin.
Quatre municipalités du secteur Est témiscamien mettent en valeur leurs sous-bois
Manger la forêt
} Émilise Lessard-Therrien Depuis le déclin de l’industrie du bois, la Corporation de développement de Gaboury située à Latulipe, spécialisée dans la plantation d’arbres et le débroussaillage, a décidé de diversifier ses activités en s’intéressant à la gastronomie forestière. Avec leurs sirops, gelées, tartinades, champignons et autres petites découvertes, les produits Vers Forêt offrent tout le charme et la saveur du territoire témiscamien. C’est la municipalité de Belleterre qui la première a commencé à repérer, identifier et cartographier les produits forestiers nonligneux, comestibles et susceptibles de plaire aux papilles gustatives du public. Le projet a été repris d’une main de fer en 2009 par la Corporation, avec comme coordonnateur Éric Cloutier, et est désormais doté d’un nom accrocheur : Vers Forêt. Le goût de l’entraide Selon Éric Cloutier, les guerres de clochers ne sont plus d’actualité. Au Témiscamingue, quand l’économie va mal, c’est tout le monde qui en souffre. Le projet Vers Forêt a donc préféré miser sur une collaboration entre quatre municipalités du secteur Est, soit Belleterre, Latulipe, Moffet et Fugèreville. « On est tous assis sur la même richesse et cette richesse, c’est la nature, alors pourquoi ne pas profiter de ce grand jardin ? » plaide M. Cloutier.
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Thé du Labrador Pour l’instant, le projet est en plein essor : les produits sont déjà distribués dans une douzaine de points de vente partout en Abitibi-Témiscamingue, et sont utilisés dans quelques restaurants et services de traiteur. De plus en plus de gens les découvrent, les consomment et les apprécient. Vert demain Les projets pour l’été 2011 sont nombreux. M. Cloutier, aussi responsable de la mise en marché, voudrait élargir le marché de l’entreprise vers l’Ontario, grossir la production et, à la manière des bleuetières, compter sur plus de cueilleurs pour la prochaine saison. « Déjà après les marchés de Noël, les boutons de marguerites et les cœurs de quenouilles étaient en rupture de stock ! » confie fièrement M. Cloutier. Enfin, le plus gros défi que l’équipe souhaite relever dans les prochaines années est de faire des trouvailles forestières transformées de Vers Forêt des produits que les consommateurs utiliseront quotidiennement dans leurs recettes, voire à tous les repas. Les explorateurs gustatifs peuvent déjà commencer à les intégrer à leur alimentation en parfumant crêpes et desserts d’un délicat sirop de sapin, ou en dégustant un rafraîchissant thé du labrador. versforet.com
spécial e n v i r o n n e m e n t 3 e édition du FestiVERT de la MRC de La Vallée-de-l’Or
Un environnement festif
des activités d’art sont prévues dans les écoles, et les bibliothèques offriront une Du 11 au 22 avril prochain se tiendra la heure du conte écologique. troisième édition du festival environnemental qu’organise la MRC de La Vallée- « Ce que nous souhaitons, c’est rejoindre de-l’Or (MRCVO), le FestiVERT. Ce festi- le plus de gens possible. Nous tenons à val, unique en région, tient à informer et à les informer et à leur présenter des façons sensibiliser les citoyens à la réduction des concrètes d’agir au quotidien », explique la déchets et autres questions écologiques, responsable. C’est ainsi qu’une conférence le tout de façon festive et ludique. s’adresse directement aux entrepreneurs de la région en étant présentée avec la Selon Sophie Richard-Ferderber, agente collaboration de la Chambre de commerce de communication à la MRCVO, « l’envi- de Val-d’Or. ronnement est un sujet souvent abordé sous l’angle de la culpabilité. Le FestiVERT Une programmation riche en verdure s’est donné comme objectif de le traiter de Comme le veut ce qui est en voie de devemanière originale et festive, en se concen- nir une tradition, la première semaine du trant sur les solutions. » À ce sujet, elle men- festival sera marquée par des formations tionne que le FestiVERT est destiné à tout le sur le compostage domestique qui se tienmonde : si les adultes seront plus attirés par dront à Val-d’Or, Malartic, Senneterre et les conférences, comme celle que donnera Louvicourt. Serge Mongeau, et la soirée documentaire, il n’en demeure pas moins que les jeunes y Côté artistique, c’est le retour de Christian trouveront leur compte également. En effet, Bourgault, qui animera des activités de
création à partir de matières récupérées au niveau scolaire ainsi qu’un atelier en direct du bazar de la polyvalente (16 avril) auquel tous les artistes peuvent s’inscrire. Cette activité sera suivie d’un vernissage le lundi 18 avril et d’une exposition. En soirée, dans le cadre du Ciné-Club, le documentaire Visionnaires planétaires sera projeté en présence de l’activiste écologique Mikaël Rioux, vedette du film. Benoît Lavigueur prononcera, le 20 avril, une conférence intitulée Mieux rénover et bâtir. À cette occasion, des façons simples, économiques et accessibles – même en région – pour bâtir de façon plus saine seront présentées et discutées. Mme Richard-Ferderber spécifie que c’est une conférence qui cherche à inspirer tant ceux qui ont un projet de construction que ceux qui en rêvent. Finalement, pour clôturer le FestiVERT, Nicolas Biron, originaire de Val-d’Or et
75 % des aires protégées se trouvent en zone boréale
concessions du secteur minier et une intervention du gouvernement, car un des gros problèmes qu’on a c’est qu’on est surclaimé. » Pour atteindre 12 % en région, le MDDEP projette d’agrandir les aires déjà en Des aires régionales place et, pour ce faire, il devra tout d’abord En Abitibi-Témiscamingue, c’est seulement négocier le territoire avec les minières et 6,8 % du territoire qui est protégé par le les prospecteurs. MDDEP. La région compte présentement neuf réserves de biodiversité (forêt Piché- Ces espaces protégés, en plus d’être des Lemoine, lacs Vaudrey et Joannès, lac des lieux accessibles pour les amateurs de Quinze, Marais du lac Parent...), une réserve plein air, serviront surtout à témoigner aquatique (Haute Harricana), huit réserves des services que nous rend la nature sans écologiques (Caribous-de-Jourdan, Chicobi, intervention humaine (assainissement de des Vieux-arbres...), une réserve écologique l’eau, contrôle des crues printanières, puriprojetée (ruisseau-Clinchamp), une réserve fication de l’air,...). « On ne fait pas juste naturelle en milieu privé (marais-Kergus) et protéger le territoire pour le fun de le protéun habitat floristique (Île-Brisseau). ger, on le fait surtout pour rendre service, ajoute le président de l’ABAT. Ce sont des La difficulté principale de la région réside espaces témoins qui, plus tard, vont nous dans la proportion du territoire sous jalon- en dire beaucoup sur l’évolution naturelle nement minier (claim). « Ici, il va falloir des des habitats et nous aideront dans notre
Protégés ou isolés ? } Annie Beaucage En 1999, le Québec se donnait comme objectif de protéger 8 % de son territoire. Le 16 décembre dernier, le ministère du Développement durable de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) annonçait que la cible était atteinte, et le gouvernement vise maintenant 12 % du territoire d’ici 2015. Selon les écologistes, il semble qu’on ne peut pour autant crier victoire, et qu’il reste du chemin à parcourir – et à protéger – avant que les gens d’ici aient un véritable accès à des secteurs où la biodiversité sera sauvegardée.
Le chiffre donne un peu le vertige : 136 063 km2, soit l’équivalent de la superficie de la Belgique, de la Suisse et du Sri Lanka… réunis. Voilà ce que représente : ce 8,16 % du territoire québécois protégé. Le MDDEP classe ces espaces en 23 catégories allant de l’écosystème forestier exceptionnel au parc national, en passant par les milieux marins protégés et les colonies d’oiseaux en falaise. Par contre, 75 % des aires protégées se trouvent en région boréale. « Au Nord, on dépasse le 12 % [du territoire], car c’est naturellement plus facile là-bas, ça ne dérange personne », explique le président de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT), Henri Jacob. « Il faut pourtant qu’il y ait des aires protégées proches de la population, car on doit sensibiliser les gens à l’importance de préserver les milieux naturels et c’est plus facile de le faire quand ils y ont accès. »
maintenant au service de l’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie, parlera d’environnement d’un point de vue planétaire. Ensuite, et pour marquer une fois de plus l’aspect ludique du festival, un match d’improvisation à saveur écolo saura faire rigoler et réfléchir les festivaliers. Ces deux activités, comme toutes les autres de la programmation, sont gratuites. mrcvo.qc.ca photo : courtoisie MRV VO
} Frédérique Cornellier
L’Activiste écologique Mikaël Roux participera au FestiVERT
gestion des ressources. » mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/ aires_protegees
Les unités de gestion des ressources naturelles et de la faune du Lac-Abitibi en Abitibi-Témiscamingue et de Mont-Plamondon dans le Nord-du-Québec sont ères d’annoncer qu’elles sont certiées de niveau 3 au programme ICI ON RECYCLE.
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photo : La turlute néoferme
spécial e n v i r o n n e m e n t Alliés d’une agriculture locale et paysanne } Isabelle Jacob Le dur métier de producteur maraîcher, c’est pour les vrais passionnés de la terre ! Bien que ce soit un privilège pour eux de contribuer à la richesse du terroir, d’influencer les traditions culinaires et les plaisirs gastronomiques, tout n’est pas idyllique : les difficultés sont nombreuses. Heureusement, certains cultivateurs peuvent compter sur un appui de taille pour surmonter les embûches : le soutien indéfectible de leurs consommateurs, qui sont de véritables partenaires de leur aventure agricole. L’aventure est empreinte d’incertitude et d’imprévus : risques de gel ou de sécheresse, envahissement d’insectes ravageurs ou autres visiteurs nocturnes, période d’ensoleillement insuffisante, etc. Sans oublier la paye (elle aussi incertaine)! « Quand on est jeune, on n’a pas l’argent pour se lancer dans une monoculture et répondre aux diktats des banques », explique Annie Boivin, de la Néoferme D’la Turlute à La Motte. Rares sont les jeunes qui se lancent dans cette aventure... Sauf s’ils s’allient à leur entourage et pratiquent une agriculture soutenue par la communauté (ASC).
Une solution humaine au péril industriel Dans un contexte où la production industrielle domine, il est difficile pour l’agriculture biologique de se tailler une place dans le marché de l’alimentation. Afin de pallier à cette situation, l’ASC devient une solution pratique et originale pour les producteurs bio et pour les consommateurs. Cette formule permet aux consommateurs de devenir partenaires d’une ferme locale en achetant à l’avance des paniers de légumes. Ces paniers, produits dans le respect de l’environnement, leur seront ensuite livrés hebdomadairement pendant la période des récoltes. De cette façon, producteurs et clients se trouvent à partager les risques et les bénéfices naturels qu’implique ce type d’agriculture. Dans une région au climat parfois rude, il s’agit d’une excellente façon d’assurer la subsistance de fermes biologiques à dimension humaine sur le territoire. En plus de garantir un approvisionnement en légumes sains et frais, l’ASC règle le problème de mise en marché du producteur (une grande partie de sa production étant achetée à l’avance), et lui assure un revenu
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Verdures offertes aux partenaires de la Néoferme D’la Turlute convenable dès le début de la saison. C’est une relation gagnant-gagnant ! « On fait de l’agriculture à échelle humaine, parce que c’est la seule manière pour nous de débuter sans tracteur et grosse machinerie, mais aussi parce que c’est ce qui répond le plus à nos valeurs », ajoute Annie Boivin. Cette formule encore marginale en AbitibiTémiscamingue - moins de cinq fermes offrent ce service –, gagne en popularité. Pour trouver les fermes qui offrent ce genre de partenariat, on peut s’informer auprès des marchés publics de la région (Val-d’Or, Amos, Rouyn-Noranda ou Ville-Marie). La période d’inscription s’effectue généralement de la fin de l’hiver jusqu’au printemps. Les paniers seront ensuite offerts sur une période de 10 à 12 semaines, à partir de la mi-juillet. Dès lors, c’est une véritable aventure gustative qui vous attend !
Un papier plus vert pour l’Indice bohémien } IB Soucieuse de réduire son impact sur l’environnement et en phase avec les préoccupations de son lectorat quant à la protection de la nature, l’équipe de l’Indice bohémien a fait le choix d’imprimer votre mensuel culturel sur du papier ÉCOPAQUE. La fabrication de ce papier utilisé en imprimerie commerciale nécessite une moins grande quantité de fibres de bois que le papier UFS de poids équivalent. L’ÉCOPAQUE présente une opacité et une blancheur équivalentes à un papier de poids supérieur, ce qui réduit la quantité de papier à utiliser ainsi que les émissions de gaz à effet de serre liées à son transport. Surtout, il ne contient aucun chlore, contient de la fibre récoltée dans des forêts certifiées en fonction de normes d’aménagement forestier durable, tout en étant entièrement recyclable. Si, suite à votre lecture, votre mensuel culturel prend aussi le chemin des bacs de recyclage (ou est utilisé à d’autre escient), ce dernier a encore moins d’impact sur l’environnement.
les livres de Charlotte
photo : Mylène Cossette
la culture dans mes mots
Geronimo Stilton à l’école du fromage Auteur : Geronimo Stilton Éditions Albin Michel jeunesse, 2009 > Charlotte Luneau, 9 ans
J’ai découvert Geronimo Stilton il y a quelques années avec le roman Le sourire de Mona Sourisa et depuis, je continue la lecture de cette série de livres passionnants! Geronimo Stilton à l’école du fromage est le quarante-sixième ouvrage de cette série. J’ai aimé ce roman parce c’est écrit de façon humoristique et que les aventures de Geronimo sont inspirées de la vraie vie !
La culture, pour devenir une meilleure personne... > Mylène Cossette Nom : Rose Paquin Âge : 12 ans Lien particulier avec la culture : Jeune fille très colorée, elle est constamment à la recherche de la différence, de ce qui sort de l’ordinaire. Elle fait de la radio étudiante et de la musique. Enfant d’artiste, elle aime la culture sous toutes ses formes, elle en mange ! Qu’est-ce que c’est, pour toi, la culture ? La culture, c’est entre autres un moyen de s’évader et de découvrir de nouvelles choses. La culture amène à la réflexion, à se développer et à devenir une meilleure personne. À quoi sert la culture dans la société ? La culture est une chose essentielle, même vitale. Sans elle, il n’y aurait pas beaucoup de divertissement. Il n’y aurait pas autant de choix de métiers. Et si la culture n’existait pas ? Je suis incapable d’imaginer un monde sans culture. Sans la musique, la vie serait une erreur. - Nietzsche Friedrich Wilhelm Qu’est-ce que tu ressens comme émotions quand tu es en contact avec la culture ? Rien ou tout. Parfois, je suis très touchée, parfois, pas du tout. En culture, il n’y a rien de mauvais. C’est une question de goût ou de perception.
Une classe et un lézard L’histoire se déroule dans la ville de Sourisia où Geronimo Stilton est rédacteur en chef de L’Écho des rongeurs. Dans ce livre, il est confronté à ses souvenirs scolaires lorsqu’il est invité à la journée des métiers, à l’école de son neveu Benjamin, pour présenter son travail de journaliste. Ses aventures débutent lorsque l’enseignante est forcée de quitter la classe et que Geronimo doit la remplacer ! Il fera face à un élève indiscipliné qui lui jouera un vilain tour et à la disparition de la mascotte de l’école, un gecko. Les obstacles seront nombreux avant que Geronimo arrive à résoudre cette mystérieuse disparition... Fidèle à son habitude, l’auteur met en valeur les mots importants avec des couleurs vives et des styles de caractères variés. La mise en page dynamique et les images colorées m’ont encouragée à poursuivre ma lecture de façon passionnée jusqu’à la fin et même à aller découvrir les autres livres de la collection. J’ai aimé les jeux de mots utilisés pour les noms des personnages parce qu’ils sont en lien avec leurs métiers. Par exemple, l’égyptologue s’appelle Hier O’Glyph et la cuisinière, Lulu Soufflé ! Des surplus gastronomiques Le livre contient des pages de renseignements divers qui m’ont permis d’apprendre tout en me divertissant! On nous propose d’essayer la recette du sandwich servi à la cafétéria de l’école ou encore de réaliser l’expérience du volcan que les élèves ont faite en classe ! Je n’ai pas goûté au sandwich, mais j’ai pu mieux m’imaginer le contexte de l’histoire, ce qui m’a grandement plu ! Bonne lecture ! france.geronimostilton.com Geronimo Stilton est le personnage principal d’une populaire série de livres pour la jeunesse.
À ton avis, qu’est-ce que ça prend comme qualités pour être un bon artiste ? Un artiste ou une œuvre ne peut pas plaire à tout le monde, alors ça prend du courage. Il faut savoir oser, innover et être créatif. Il faut être fonceur, tenace, optimiste et ambitieux. Il faut aussi être téméraire, débrouillard et vif d’esprit afin de trouver de nouvelles solutions quand on fait face à un problème. Peux-tu nommer de grands artistes ? Brigitte Toutant est pour moi une grande artiste. Elle travaille tellement bien, dans les moindres détails. Regarder une de ses œuvres, c’est comme regarder un film. On est absorbés par ses oeuvres qui nous transmettent de grandes émotions. Ma mère, Sylvie Richard. Je lui dois ma passion pour la culture et mon ouverture d’esprit. En la voyant dans son processus de création, j’en suis fière. Elle est vraie et sait transmettre son énergie au spectateur. Ce qu’on éprouve face à son travail est indescriptible. Quand on voit une de ses chorégraphies, on perçoit ce qu’elle ressentait quand elle l’a crée. Et toi, aimerais-tu être une artiste ? Si oui, quel genre d’artiste ? Je fais déjà de la musique (guitare, piano, chant) et j’écris. Je voudrais être musicienne et si je n’en fais pas mon métier, la musique devra prendre une très grande place dans ma vie. Je ne peux vivre sans la musique. J’aimerais aussi être graphiste. J’aime faire de la retouche de photos et des compositions visuelles. L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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Virginia Pésémapéo Bordeleau, Énergie totémique, 2004. Collection FMAC.
Un peu d’air frais pour le Fonds municipal d’art contemporain… Dès l’entrée, on ne voit qu’elle. Louis Dallaire, du réseau BIBLIO de l’AbitibiTémiscamignue–Nord-du-Québec, préserve précieusement en ses murs ce Cavalier seul, une œuvre de l’artiste Martine Savard, à qui on a indiscutablement réservé une place de choix dans l’édifice. Mais le Cavalier n’est pas si seul. Acquise par le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) en 2007, l’œuvre fait partie d’une collection qui est appelée à prendre de la vigueur et, fait appréciable, de la valeur.
« Ce fonds, soutient Gaétane Godbout, artiste et enseignante en arts visuels, atteste de la présence d’artistes professionnels dans notre milieu, reconnaît ouvertement la qualité de leur travail et l’inscrit dans une vitalité et une pérennité artistiques. C’est l’une des plus belles reconnaissances à laquelle un artiste peut aspirer », ajoute celle dont l’une des œuvres siège dans la salle du conseil, à la faveur d’une acquisition du FMAC, il y a quelques années. Prendre l’air… Principalement disposée dans les locaux de la municipalité, – hôtel de ville, bureaux de quartiers – les œuvres du FMAC pourraient bien bénéficier d’une plus grande visibilité. À l’exemple du réseau BIBLIO, la municipalité souhaite élargir la diffusion des œuvres à d’autres lieux publics. « Les œuvres, soutient Lise Paquet, coordonnatrice administrative des Services communautaires et de proximité à la Ville de RouynNoranda, pourraient bien être prêtées et installées, selon certains critères, dans les salles d’attente de notaires, d’avocats, de dentistes, de lieux d’accueil d’entreprises et d’organismes. Cela permettrait également aux citoyens de mieux apprécier cette collection », ajoute-t-elle.
Exposition de Gilber t Lacasse
Canevas en plumes et en poils
> lise gagné
Vingt-trois œuvres signées par quelque dix-neuf artistes constituent le corpus actuel de ce fonds, mis sur pied en 2003 par la Ville de Rouyn-Noranda en étroite collaboration avec le Centre d’exposition de Rouyn-Noranda (CERN), à qui l’on a confié le volet technique et l’expertise fine reliés aux œuvres.
photos : courtoisie de l’artiste
Chantale Girard, Morceaux choisis/Femmes fatales; toutes blessent, la dernière tue, 2003-2005. Collection FMAC.
photos : courtoisie FMAC
arts visuels
D’ailleurs, tant par souci de transparence que pour résolument inscrire cette volonté d’élargissement de diffusion, toutes les propositions soumises au FMAC pour acquisition seront exposées cette année à la Fontaine des Arts, du 17 avril au 7 mai. Outre une nouvelle possibilité d’exposition pour les artistes, cette prestation offrira aux amateurs d’arts et aux collectionneurs une opportunité d’acquisition, puisque les œuvres non sélectionnées pour le fonds seront accessibles. « C’est presque un minimarché de l’art à Rouyn-Noranda, souligne la directrice du CERN, Chantal Polard. Tout le travail entourant la réception et la sélection est fait de façon très professionnelle, ce qui devrait rassurer tout acheteur potentiel. » Le FMAC Soulignons qu’un comité de sélection composé de deux représentants du milieu artistique professionnel, d’un élu et d’un employé municipal se réunit généralement une fois l’an pour évaluer les propositions d’œuvres soumises à son appréciation en vue d’une acquisition par le FMAC. Jusqu’à maintenant, un peu plus de 20 000 $ ont été destinés aux acquisitions par le biais d’entente, triennales (renouvelables) de développement culturel entre la Ville de Rouyn-Noranda et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. www.ville.rouyn-noranda.qc.ca/ culture.asp?mode=menu
> sophie ouellet
Les murs de la salle du conseil de l’hôtel de ville de La Sarre prendront vie du 20 avril au 20 mai prochain avec les toiles de l’artiste peintre Gilbert Lacasse. Le peintre y présentera ses dernières créations dans le cadre de Aquasage 3. Cette exposition présentée par le Centre d’art Rotary propose près d’une trentaine d’aquarelles de l’artiste. Depuis une trentaine d’années, M. Lacasse travaille à améliorer sa technique en perfectionnant son médium privilégié, l’aquarelle. L’artiste affectionne ce médium qui lui permet de donner les ambiances et la transparence qu’il recherche. Passionné par la nature, il se laisse inspirer par les beautés abitibiennes, autant florales que fauniques, et essaye de les reproduire le plus fidèlement possible. Si la nature est une grande source d’inspiration pour ce dernier, les oiseaux demeurent toutefois un de ses sujets de prédilection. Celui qui tire ses influences des grands peintres et aquarellistes, tels Robert Bateman, les sœurs Benoît, Jean-Paul Ladouceur, Tougas et Norbert Lemire, s’est tout abord initié à cet art en côtoyant Louisa Nicol et Josée Perreault. Pourtant, l’origine de son talent semble être bien ancrée dans son ADN : « Je tiens ça de ma famille, tout le monde faisait de la peinture », explique celui qui possède un héritage tout en couleurs. L’artiste originaire de Villebois, après avoir longtemps tenu commerce en Abitibi-Ouest, partage son temps entre une résidence à La Sarre et une seconde à Val-David. En plus de présenter ses œuvres en région, Gilbert Lacasse a récemment exposé à la galerie Arslonga de Louisa Nicol, à Montréal. Le vernissage d’Aquasage 3 aura lieu le 20 avril sous forme de 5 à 7, en présence de l’artiste.
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photos : Courtoisie des artistes
arts visuels
Scruter les corps
Exposition conjointe de Marcel Caron et Louis Brien > Margot Lemire
Depuis le 25 mars et jusqu’au 8 mai, le Centre d’exposition d’Amos présente Grandeur Nature, un duo d’expositions rassemblant deux artistes associés à l’atelier des Mille feuilles, Louis Brien et Marcel Caron. Margot Lemire a rencontré les deux créateurs qui offrent ici des œuvres présentées en février dernier à L’Écart, à Rouyn-Noranda. À 70 ans, en pleine maîtrise de son art, Louis Brien vibre haute tendresse en nous présentant des gravures de baignades ins-
Détail de l’installation La Baignade de Louis Brien
pirées de ses après-midis à faire des longueurs de piscine avec des aînés. Il dit : « Je donne à voir des humains vieillissants, sans fard, avec leurs cicatrices, leurs bobos, leurs corps bourrés d’histoires. » Pour eux, comme pour lui, la baignade n’est pas un loisir : c’est la survie. Louis veut contrer les effets morbides de la dystrophie musculaire, une maladie dégénérative dont il est atteint. Dans l’eau turquoise, d’autres corps, des regards complices, des non-dits plus éloquents que la parole. Autour de la piscine, d’autres regards, des sourires, des bras tendus. Ils observent. Ils sont observés. Si les corps se dégradent, les yeux traduisent la compassion, la force de l’âme jouissant du privilège d’être là. Encore. Comme une ode à la vie. Louis Brien compte plus de 50 exposi-
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tions en solo dans sa carrière mais celleci concrétise l’un de ses espoirs secrets : il rêvait depuis toujours de présenter des personnages grandeur nature. Cet exploit devient possible grâce à un nouveau matériau : le géofilm. Un cadeau pour lui… et pour nous. Autoportraits fictifs Enfin, après dix ans de silence, Marcel Caron reprend le fusain, le papier, le noir sur blanc pour nous parler du corps : « la seule preuve de notre existence », confie-t-il en entrevue. La fascination pour les corps lui vient de son enfance : il dessinait déjà les personnages de G.I. Joe, pour s’amuser. Maintenant, il pousse un dessin puissant, en continu, comme on joue au ping-pong. Les lignes s’estompent, prennent du volume, deviennent sculptures. Des corps sans tête : pour colmater l’individualité. Dans les
Oeuvre de Marcel Caron corps : l’existence matérielle, la mort toujours présente, les arcs de jouissance, la souffrance, les désirs, la mémoire visible, les absences. Le corps parle à notre insu. Marcel Caron raconte : « J’ai abordé cette série de faux autoportraits comme un homme vide, en ne sachant pas s’il y avait encore des traces de moi dans le corps que je suis devenu. » Il y trouve un nœud de paroles. Aussi, laisse-t-il des empreintes de doigts partout sur le papier, comme un animal laisserait des pistes dans la neige fraîche. Des pistes à observer pour qui veut tout voir, tout entendre.
photos : Courtoisie de l’artiste
général
Deux maquillages de la Valdorienne Laurie Deraps (elle-même modèle sur la photo de gauche)
Dans l’ombre (à paupière) des stars La Valdorienne Laurie Deraps gagne sa vie en maquillant les plus grands > Stéphanie Poitras
C’est comme si déjà dans le ventre de sa mère, Laurie Deraps avait été initiée aux pinceaux et à la couleur. D’une maman peintre, le gène artistique s’est visiblement transmis vers la fille, qui a adopté le maquillage. Portrait d’une Valdorienne qui a pour mission d’embellir les visages de Claude Legault, Macha Limonchik, Xavier Caféïne et autres Sébastien Diaz. Laurie Deraps est tombée dans les pastilles de fard multicolore un peu par hasard. Elle quitte Val-d’Or pour étudier le graphisme dans la jungle montréalaise, et, pour payer ses études, elle déniche un contrat de maquilleuse chez M.A.C., une chaîne de comptoirs situés dans plusieurs grands magasins. Sans même s’en rendre compte, son entourage se forme rapidement d’artistes maquilleurs, de photographes et de gens qui gravitent dans ce domaine. À la fin de sa technique, toujours avec l’idée de faire du graphisme son métier principal, elle tente de dénicher du travail dans ce domaine. Du coup, elle a beaucoup de temps de libre. « Tout le monde savait que j’étais disponible, alors les contrats de maquillage se sont mis à se booker rapidement, et à un moment c’était devenu un travail à temps plein », explique la jeune artiste. À la fine pointe (du pinceau) À la même vitesse que celle où son calendrier se colore d’engagements, on retrouve sa touche sur les couvertures de plusieurs journaux et magazines de prestige lus par-
tout en province et au pays. Laurie a une feuille de route impressionnante pour son jeune âge : contrats pour le journal Voir, campagne publicitaire pour ARTV, photos du catalogue en ligne des magasins Simons, reportage dans Châtelaine, contrats pour le Festival Mode et Design de Montréal… Ses contrats les plus trippants ? « Ceux pour l’A.B.A. en maquillage de scène [NDLR : l’Allied Beauty Association, dont le congrès annuel de coiffure et de maquillage présente les nouvelles tendances], mais surtout ma journée de tournage pour le clip Fruit défendu de Brigitte Boisjoli. Quelle équipe incroyable ! » La tête pleine de projets, elle voit grand. Quel est son but ultime ? « London, Baby ! Je rêve de travailler à temps plein à Londres », confie-t-elle à propos de la capitale du Royaume-Uni, berceau des nouvelles tendances, où elle se retrouvera non pas pour faire du cinéma, comme le chantait Renée Martel, mais bien pour y répandre ses couleurs.
Ce journal est imprimé sur du papier écologique
SVP recyclez-le !
lauriederaps.com
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photo : Courtoisie de l’agora des arts
théâtre
Deux artisans de la pièce Ubu sur la table
L’ancienne église devenue centre de diffusion accentue son action auprès du jeune public
Laissez venir à l’Agora les petits enfants > Daniel Richer
Le public ne se bouscule pas aux guichets des salles qui présentent du théâtre. Qu’à cela ne tienne, l’Agora des arts a en quelque sorte décidé de prendre le problème à bras le corps et d’amorcer un patient travail de développement de clientèle en s’adressant au jeune public. La plus récente initiative de l’institution de la rue Murdoch : la présentation, ce mois-ci, d’Ubu sur la table, une adaptation du classique absurde d’Alfred Jarry proposée par le théâtre La Pire espèce. Le projet est ambitieux : il s’agit de permettre à près d’un millier d’élèves de l’école La Source d’aller voir cette pièce de théâtre d’objets mettant entre autres en vedette une armée de pains baguettes, un marteau et un batteur à œufs, dans un spectacle déjà joué plus de 700 fois en Amérique et en Europe. L’Agora a réussi un tour de force en allant chercher plusieurs partenaires du milieu dans le projet appelé « Un dollar pour un ado », ce qui a permis de réduire le prix du billet à 5 $ par élève. Une demande a également été déposée à la CRÉ pour permettre de poursuivre ce projet sur 3 années supplémentaires. Un premier pas vers le théâtre… Fondée en 2004, l’Agora des arts s’est donné comme objectif de devenir un centre de production des arts pour les créateurs régionaux. Mais le créneau du jeune public est rapidement apparu comme un secteur où il y avait un manque. « Si les parents sont sensibilisés au théâtre, les enfants auront plus de chances d’y être également sensibilisés », de dire Jean-Guy Côté, directeur de l’Agora. Selon lui, 65 % de la population adulte ne va pas dans les salles de spectacle, et les enfants y sont encore moins présents.
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La programmation de l’Agora actuelle offre une série de 12 spectacles, dont 5 visent le public jeunesse et ce, pendant les heures de cours. On souhaite ainsi offrir, sur une base régulière, une variété de spectacles de qualité artistique reconnue et adaptée aux jeunes, peu importe leur statut social. En 2005-2006, 35 % des adolescents du Québec avaient vu une pièce de théâtre professionnel, contre seulement 1 % en Abitibi-Témiscamingue. Depuis la première programmation jeunesse de l’Agora des arts, qui ciblait les 4 à 7 ans, la participation est passée de 270 élèves en 2008 à 1050 en 2010. Ces jeunes provenaient de 12 écoles et 5 garderies. L’auditoire des 8 à 12 ans est demeuré stable, variant entre 450 et 600 spectateurs pendant cette période. Cette année, les élèves du primaire auront vu la pièce La migration des oiseaux invisibles de la compagnie montréalaise Mathieu, François et les autres. L’an prochain, l’Agora prévoit offrir un spectacle pour les 2 à 5 ans, et déjà la réponse du milieu semble prometteuse. agoradesarts.com
ma région, j’en mange !
Osso bucco au fenouil et à l’érable > Louis-Joseph Beauchamp
6 morceaux
jarret de bœuf, Bœuf naturel du Lac-Témiscamingue
Farine, sel et poivre en quantité suffisante
1 bulbe
fenouil, tranché
½ tasse
sirop d’érable, Érablière Yan Gaudet
1 tasse
vin blanc de Duhamel, Domaine des Ducs
1 1
orange, zeste et jus citron, zeste
1½ tasse
bouillon de poulet
12
tomates de Guyenne, mondées et épépinées, Serres coopératives de Guyenne
2 feuilles
laurier
Huile d’olive en quantité suffisante
1 à 2 c. à thé paprika fumé piquant Préchauffer le four à 350oF. Saler, poivrer et fariner les morceaux de bœuf. Dans une cocotte, chauffer l’huile à feu moyen-vif et faire revenir la viande environ 2 minutes de chaque côté. Réserver. Faire revenir le fenouil dans un peu d’huile d’olive, puis laisser caraméliser à l’érable environ 5 minutes. Réserver. Déglacer avec le vin blanc et le jus de l’orange, remettre la viande et ajouter tous les ingrédients sauf le fenouil. Cuire à couvert 1 heure. Brasser délicatement, ajouter le fenouil et remettre au four 45 minutes ou jusqu’à ce que la viande se détache facilement de l’os. Garnir de gremolata et servir avec une purée de pommes de terre au safran et au chocolat blanc.
Gremolata Persil italien Zeste de citron et d’orange Poivre du moulin
photo : Vicky Gagné
photo : Louis-Joseph Beauchamp
Aux Becs sucrés : gâteries d’ailleurs, délices d’ici
> Marie-Joe Morin
Le fruit d’une rencontre gourmande entre le raffinement de la France et les fleurons d’une région en pleine reconnaissance d’elle-même donne tranquillement vie à un nectar délectable. Comme un secret bien gardé, la pâtisserierestaurant Les becs sucrés est un trésor qui ne demande qu’à être découvert. En effet, le 1170, rue de l’Escale à Val-d’Or est maintenant le lieu de rendezvous entre les gourmands amateurs de pâtisseries françaises et leur pêché mignon. Cette nouvelle richesse valdorienne est un pur filon d’extase. Dès l’aurore, Régis Hamelin, un jeune pâtissier originaire de la région française d’Alsace, s’affaire à ses fours. Il prépare de manière traditionnelle de véritables croissants français qui rappellent ce si beau voyage que vous avez fait, il y a de ça déjà quelques années. Il offre également quelques variétés de pains toujours frais du matin. Vous pouvez déjeuner sur place, prendre un café et savourer l’instant tout en regardant l’homme et sa passion saisir le jour. Des confitures maison et diverses gelées sont à votre disposition, tant pour être consommées sur place que rapportées à la maison et être servies avec un fromage de chez nous. Au dîner, il est possible de manger une variété de sandwiches et de salades, de la quiche ou de la tarte à l’oignon. Tous les plats chauds de la carte du midi se retrouvent aussi en surgelé, alors si vous aimez profondément un des délices de M. Hamelin, vous pouvez le rapporter à la maison et ainsi partager votre trésor. Véritable caverne d’Ali Baba, Les becs sucrés contient mille et une merveilles de la région. L’endroit fait la promotion des produits du terroir en distribuant une large variété des saveurs régionales. Alors ne cherchez plus aux quatre vents le sirop du Verger des tourterelles ou encore les produits du Plaisir de l’érable, c’est au comptoir des Becs sucrés que vous pouvez les retrouver. La région est désormais à la portée de votre assiette. Vous êtes friand de pâtisserie française ? Cet endroit est le rêve devenu réalité ! Vous êtes plutôt à la course pour votre souper : les Becs sucrés sont là pour vous aider ! Vous êtes à la recherche d’un produit régional : c’est sûrement l’endroit où chercher ! Et si vous êtes à l’affût de nouvelles saveurs, Régis Hamelin est l’homme de la situation. Allez-y et laissez-vous charmer par l’exquisité des saveurs.
Cette chronique est rendue possible avec l’aimable participation de Marie-Joe Morin LA SANDWICHERIE : 595, 3e Avenue à Val-d’Or • 819 824-5537
Purée de pommes de terre au safran et au chocolat blanc 1½ kg (3,3 lb)
pommes de terre, Ferme Lunick
50 g (1/3 tasse) 2 c. à soupe 5 à 7 pistils
chocolat blanc crème 35 % à cuisson safran
Sel, poivre et piment de Cayenne au goût
Éplucher et cuire les pommes de terre à la vapeur. Au bain-marie, faire fondre le chocolat avec la crème et parfumer au safran. Mettre les pommes de terre en purée et ajouter le mélange de chocolat. Servir immédiatement.
Cette chronique est rendue possible avec l’aimable participation de Louis-Joseph Beauchamp LA JOYEUSE BOUFFE : lajoyeusebouffe@hotmail.com • 819 723-2408 poste 119 L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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photos : courtoisie GAÏART
général
chronique des sociétés d’histoire et de généalogie de l’A-T
Les fréquentations et la demande en mariage > Christiane pichette, Société d’histoire de La Sarre
Dans le cadre des activités entourant son 10e anniversaire, la Société d’histoire et du patrimoine de la régioin de La Sarre présentera cet été l’exposition Mariages d’hier à aujourd’hui. Le texte qui suit est un extrait de ce que les visiteurs pourront lire en parcourant les documents et artéfacts mis en valeur à cette occasion.
Pour tout l’art du monde > Catherine Marcil
Elle est enseignante de yoga et de dessin intuitif; il gagne sa vie en donnant des cours de cirque. Ensemble, ils n’ont qu’un objectif : un partage culturel sans aucun goût pour le profit. Car Valérie Côté et Bruce Bigot aiment faire les choses différemment, et leur projet culturel Gaïart en est la preuve : il s’agit d’une école donnant différents types de cours, « où vous le voulez bien au Témiscamingue ». Quand il arrive au Québec, Bruce Bigot n’a qu’une idée en tête : changer d’air. Élevé en Allemagne puis installé dans le Sud de la France, il avait l’impression que Nicolas Sarkozy, qui venait d’être élu, n’allait pas octroyer beaucoup d’argent pour les arts. « Je me disais que le Québec était une grande province où les gens avaient l’air fort accueillants, qu’ils avaient l’air de vouloir faire des contes, la fête et du partage. » Bruce n’avait pas tort : après 3 mois à Montréal, il rencontre Valérie Côté, celle avec qui il décide de partager sa vie amoureuse, et six mois plus tard, ils se marient. « Lors du mariage, nous étions habillés en clown et les invités qui n’étaient pas déguisés en clown devaient payer 200 $ d’amende. » Cette belle initiative laissant place à la fête et au partage culturel laisse présager le meilleur pour leur projet culturel. Native de Ville-Marie, Valérie Côté fait ses débuts dans un bar culturel de Montréal où elle et Bruce se retrouvaient souvent, L’Escalier. L’endroit honorait ce qui deviendrait le fondement de Gaïart, en tenant des rencontres sur la poésie et sur la musique. « Avec Gaïart, on tient à perpétuer cet enseignement-là, transmettre aux gens des connaissances culturelles et artistiques. »
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Explorateurs artistiques Le couple propose donc une panoplie de cours pour les gens de tous âges ou presque : de la danse contemporaine, de la musique, des contes, du cinéma 3D... Déjà, une session de cours de théâtre a été complétée à l’automne dernier. « Nous avons dû arrêter car nous sommes en train d’écrire une pièce qui doit être jouée début juillet, À l’ombre d’un vagabond, explique Bruce Bigot. On y fait la connaissance d’un homme avec un vécu incroyable mais que personne ne veut voir. L’histoire rappelle qu’un enfant se trouve en chacun de nous. » Gaïart, c’est aussi un projet musical, appelé Maké, avec Bruce à la guitare et aux voix et Benoit Racine – que le couple a rencontré à son arrivée au Témiscamingue, l’an passé – aux percussions. « Ce sont des chansons à texte genre reggae, blues et plusieurs autres styles », explique Bruce. Le groupe, qui a joué à l’Agora des Arts pour célébrer le premier anniversaire de l’Indice bohémien en septembre dernier, ira se produire en mai en Europe. Un album est également dans les plans de ces artistes multidisciplinaires.
Les fréquentations vont bon train. Si bien qu’un soir, Eugène, qui semble très nerveux, vient faire la grande demande. Comme il n’est pas coutume de fréquenter sa promise le mercredi, les parents de Marie-Ange se doutent bien de quelque chose. L’émotion est à son comble. Marie-Ange est inquiète, a envie de pleurer. La réponse est positive à la condition qu’on ne donne pas de misère à la future mariée. La fiancée du jour s’empresse donc de commander tout son trousseau chez Eaton. Les bans sont publiés trois semaines d’affilée. Plus tard, réjouissances dans le rang. Pour la cérémonie nuptiale, la belle Marie-Ange porte une robe en satin rose agrémentée de fleurs au collet et un chapeau blanc entouré de feuillage vert. Les souliers sont blancs, avec des talons de deux pouces de haut. Eugène, en habit marine et chapeau gris, a fière allure lui aussi. Après la messe du mariage qui débute à dix heures, la noce se continue chez le père de la mariée pour se terminer chez le père d’Eugène. Tous sont de la fête : parents, amis, voisins. Pour l’occasion, on retrouve messieurs Onil Auger et Évariste Chevalier aux violons, Lionel Auger à la musique à bouche et Omer Baribeau qui promène ses doigts sur son accordéon. « L’orchestre » fait danser la compagnie sur des sets carrés endiablés, le tout arrosé d’un bon verre de vin fait maison. Ce soir là, Marie-Ange Boucher devient officiellement madame Eugène Auger.
photo : courtoisie shLs
L’école Gaïart illumine les cœurs du Témiscamingue
Par un bel après-midi de 1937, Cupidon lance ses flèches. En effet, Marie-Ange Boucher voit passer Eugène Auger avec ses frères. C’est le coup de foudre. Elle rencontre son futur mari pour la deuxième fois chez elle. Elle ne peut recevoir seule car dans le temps, il fallait un chaperon. Dans ce cas-ci, son frère Paul a la tâche ingrate de surveiller les deux tourtereaux.
poste d’écoute
> DJ Plancton À la première écoute, il y a l’inévitable comparaison avec Animal Collective. L’usage de motifs électro planants, la r ythmique atypique et l’omniprésence de lourdes réverbérations laissent croire à une bête copie du groupe culte de Baltimore. Le quatuor originaire de l’Alberta (maintenant relocalisé à Montréal) mérite cependant mieux qu’une simple comparaison. Original dans ses compositions, créatif dans ses recherches de sonorités qui frisent l’onirisme, audacieux dans ses mélodies vocales, Braids offre, avec Native Speaker, un album d’une richesse rare ! La réalisation, toute en détails, crée une atmosphère à la fois dense et introspective, tout en laissant rejaillir une gaieté enfantine et une naïveté qui ne laisse aucun doute : Braids est un groupe intelligent qui ne prend pas ses auditeurs pour des imbéciles. Et si vous souhaitez absolument faire le jeu des comparaisons, revisitez les répertoires de Cocteau Twins et My Bloody Valentine. Non pas pour la musique, mais bien pour la belle intention. 4/5
Armistice – Armistice Dare to Care Records (2011)
Flemish Eye Records (2011)
Braids – Native Speaker
> Jenny Corriveau C’est en fouinant en ligne, dans les nouveautés du iTunes store, que j’ai découvert Armistice. Ce groupe est formé du duo Béatrice Martin (Cœur de pirate) et Jay Malinowski (Bedouin Soundclash). De l’union de ces deux univers contrastants, l’un franco-folk et l’autre « urban-reggae », est né un premier opus au style très estival à l’esprit mariachi qui fait un peu penser aux Gipsy Kings. Je pourrais facilement imaginer la chanson City Lights Cr y dans un film de Tarantino! Le mini-album anglo de cinq pièces, à l’ambiance tantôt doo-wop, tantôt aux mélodies semblant tirées des western-spaghetti et aux arrangements « jazzy », est aussi planant que rafraîchissant. Si vous avez envie de quelques nouveaux morceaux d’ici, qui sonnent comme s’ils étaient d’ailleurs, c’est l’album qu’il vous faut! Si en plus vous conduisez un cabriolet et qu’une trame sonore manque pour vos virées d’été qui approchent à grands pas, vous n’avez aucun autre choix que de vous procurer ce disque ! Ce serait comme conduire une Challenger sans musique de poursuite… Un vrai péché ! 4/5
Vega musique (2011)
> Noyzemaker Ce coffret de cinq disques couvre 11 ans de parcours musical du célèbre duo électronique de Manchester à travers une multitude de EPs (mini-albums). On y retrouve pas moins de 47 morceaux, qui vont de Cavity Job et Accelera 1 & 2, les deux premières pièces à saveur plus rave réalisées par Autechre avant qu’ils signent avec Warp Records et qui n’avaient jamais été publiées autrement qu’en vinyle, jusqu’aux trois compositions arides de Gantz Graf. En prime ont été inclus les trois seuls vidéoclips produits dans l’histoire du duo. Par contre, bien qu’on y retrouve la version Basscadoublemx de Basscadet, un mix qui n’existait que sur un vinyle maintenant rarissime, les trois intéressants remix bricolés par Beaumont Hannant et Seefeel, dont l’aussi rare 12/4cadetmx, ont été omis. Sans doute pour ne laisser place qu’aux morceaux à saveur purement Autechre. Les échantillonnages introductifs plutôt rigolos de Cavity Job et Accelera 1 & 2 ont également été gommés. Le design tristement monochrome du coffret est aussi à déplorer. Aussi bien télécharger les pièces directement sur Bleep.com. Cette compilation, qui offre néanmoins un excellent rapport quantité-prix, réjouira les amateurs qui ont découvert Autechre tardivement. Plusieurs EPs sont en effet désormais introuvables, sinon à des prix exorbitants. Les fans de la première heure, par contre, n’y verront aucun intérêt. 2,5/5
Jorane – Une sorcière comme les autres > Evelyne Papillon Passionnée et sensible, Jorane chantait d’abord dans une langue inventée, avant d’employer le français et l’anglais pour ses compositions. Elle a aussi contribué à des trames sonores de films dont Un dimanche à Kigali et fait maintenant une carrière internationale. Cet album, une coréalisation d’Éloi Painchaud, d’Alex McMahon et de Jorane, rend hommage à des chansons de qualité, reprises avec créativité. Le titre est le nom d’une chanson, mais aussi le thème de l’album : la femme sous toutes ses formes, ordinaire et extraordinaire. Anne Sylvestre, Richard Desjardins et Leonard Cohen figurent parmi les auteurs interprétés. Par le violoncelle, sa marque de commerce, Jorane nous livre des mélodies classiques, ser vies aussi par le piano, la harpe et le glockenspiel. L’instrumentation s’efface afin que les riches paroles soient au premier plan. C’est à la fois l’intérêt et le défaut de cette œuvre : on découvre ou redécouvre avec joie des textes poétiques forts, mais on s’ennuie des envolées instrumentales dont on sait la musicienne capable. Le baiser (Indochine) et Pendant que les champs brûlent (Niagara) sont les pièces les plus enjouées de cet album au r ythme lent. Marilyn et John (Vanessa Paradis) est très élégante, Une sorcière comme les autres (Anne Sylvestre) frappe fort et Départ (Gilles Vigneault) est la pièce la plus proche du style auquel elle nous a habitués. L’expérimentation faisant partie intégrante de sa démarche, il est clair que Jorane a plus d’un tour dans sa marmite. 3/5
Galaxie – Tigre et diesel C4 (2011)
> Olivier Naud Je ne m’attendais pas à être surpris par le huitième album de ce groupe mythique et je ne le suis pas non plus. Au niveau de la texture sonore, on est en continuité avec leur précédent disque In Rainbows et Eraser, l’album solo de Tom York. Ça sent aussi Flying Lotus avec qui ce dernier a travaillé récemment. Au niveau de la construction d’album en tant que telle, celle-ci est presque inchangée depuis Amnesiac, c’est-àdire quelques chansons électro abstraites, un peu de guitares « Greenwoodiennes » pannées distinctement du reste, des r ythmes semi-organiques, une petite toune acoustique par-ci, un bon groove de basse, quelques instruments plus classiques par-là et le tout sur fond de voix et « synthés » planants. Bien sûr, c’est bon, plusieurs diront brillant, mais on les voit un peu trop venir dans leur originalité. Mais là, c’est le vieux fan des débuts qui avait été surpris par l’authenticité et l’unicité de O.K Computer et Kid A qui écrit. Bien sûr, il y a quelques petits bijoux sur The King Of Limbs et leur son est impeccable. Peut-être se foutent-ils désormais du concept d’album comme un tout, chaque chanson se vendant séparément sur iTunes ? Dans ce cas, essayez Bloom ou Codex. 3,2/5
Autechre – EPs 1991-2002 Wrap Records (2011)
Maple Music Recordings (2011)
Radiohead – The King Of Limbs
> Paul-Antoine Martel Parce qu’un groupe américain inconnu ici portait déjà ce nom, Olivier Langevin (génial accompagnateur de Fred Fortin, Mara Tremblay et Vincent Vallières, entre autres) a dû rebaptiser son projet à lui. C’est ainsi que Galaxie 500 est devenu Galaxie, ce qui est une bonne chose, à mon avis. Car si à ses débuts le groupe évoquait un puissant bolide dont Langevin faisait vrombir le moteur le pied au plancher, le plus récent album, Tigre et diesel, a davantage les attributs de l’objet céleste : on y trouve une constellation de collaborateurs-étoiles (dont François Lafontaine de Karkwa et le claviériste Daniel Thouin), quelques sons de synthèse vaguement spatiaux, quelques ovnis et beaucoup plus de soleil que dans l’album précédent. Par contre, ce qui faisait le charme et l’efficacité du groupe y est toujours, 500 ou pas : des lignes mélodiques efficaces nappées de distorsion, un son lourd et des chansons qui donnent envie de marquer le r ythme en hochant la tête. 4/5 L’INDICE BOHÉMIEN - avril 2011
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