AVRIL 2010 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 01 - NO. 07

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Avril 2010 - copie sept

gratuit ue le journal culturel de l’Abitibi-Témiscaming

e t t o M a ! L s n e a d 5 w 1 o s h s e s Le b r e è l é c

cahier spécial

réno-déco-écolo pages centrales exposition de Gaétane godbout à la salle augustin-Chénier

7 Bascule reprend la route

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des projets du conservatoire de musique

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D-Ric, le rappeur témiscamien

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ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien


calendrier culturel

avril 2010

gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

Pour que votre activité soit affichée dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même dans le calendrier du site Internet du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue au www.ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription de votre part. Merci de votre collaboration et de votre compréhension.

Cinéma Les dames en bleu Claude Demers 1er avril - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie)

Du visible à l’invisible Diane Auger Jusqu’au 9 mai 2010 Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

Festimo Comité organisateur du Festimo 10 avril Projection pour la famille à 14 h Cabaret-cinéma dès 18 h 30 Salle des Pionniers (La Motte)

Voir à travers Gaétane Godbout Du 9 avril au 16 mai 2010 Vernissage le dimanche 10 avril - 14 h Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

Danse Festimo Baila! Tanz! Danza...Danse! Groupe Momentum Danse 16 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

Exposition Love Plus Jasmin Guimont Fortin Jusqu’au 4 avril Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie) Expire Renée Béland Jusqu’au 4 avril 2010 Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie) Éclipse agricole Marie-Ève Martel Jusqu’au 4 avril 2010 Centre d’exposition d’Amos Emmène-moi Marie-Ève Pettigrew Jusqu’au 11 avril 2010 L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda) La faille Paul Brunet et Thierry Arcand-Bossé Jusqu’au 11 avril 2010 L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda) Si loin si proche, misère et grandeur de peuples méconnus Jusqu’au 18 avril 2010 Centre d’exposition de Val-d’Or Monde parallèle, l’architecture de la survie Boja Vasic Jusqu’au 18 avril 2010 Centre d’exposition de Val-d’Or L’Abyssinie d’aujourd’hui Émilie Laverdière Jusqu’au 18 avril 2010 Centre d’exposition de Val-d’Or Conversations des dîneurs Martine Savard Jusqu’au 30 avril 2010 Café bistro Chez Bob (Rouyn-Noranda) Les vols de la mort Alejandra Basanes Du 1er avril au 2 mai 2010 Maison de la culture Centre d’art Rotary de La Sarre La quête - histoire d’équilibre Karine Hébert Jusqu’au 9 mai 2010 Centre d’exposition de Rouyn-Noranda Verts ciels! Guy Lavigueur Jusqu’au 9 mai 2010 Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

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L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Mes bijoux de famille Marie-Pier Valiquette Du 9 avril au 16 mai 2010 Vernissage le dimanche 10 avril à 14 h Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie) Paysage en peinture Exposition des élèves de M. Claude Ferron Du 29 avril au 28 mai 2010 Vernissage le 29 avril MRC Vallée-de-l’Or

Humour Sylvain Larocque 29 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 29 avril 2010 20 h Théâtre de poche (La Sarre) Hypnose 101 Pierre-Olivier Cyr 28 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) 30 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 1-2 GO! Chantal Fleury 1er avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) Jean-Claude Gélinas Bistro La Maîtresse 16 avril - 22 h Bistro La Maîtresse (La Sarre) Gare au gros nounours Mario Jean 20 et 21 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) 22 avril - 20 h Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 23 avril - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie) 24 et 25 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

Improvisation La Soirée de l’improvisation à Rouyn-Noranda 8 avril - 20 h 15 avril - 20 h 23 avril - 20 h Petit Théâtre du Vieux Noranda

L’oralité de la poésie Journée mondiale du livre et du droit d’auteur 23 avril - 13 h 30 à 15 h 30 Salle du conseil de l’Hôtel de ville de La Sarre.

Fiestango Du 12 au 16 avril Agora des Arts (Rouyn-Noranda) 17 avril - 14 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Musique

Sékwé 17 avril - 20 h Agora des Arts (Rouyn-Noranda)

Gilles et Nicole en souper-spectacle 2-3-9-10-16-17 avril - 18 h Le Paradis de l’érable (Rouyn-Noranda) LUBIK en première partie de Xavier Caféine 3 avril - 21 h Bistro La Maîtresse (La Sarre) Xavier Cafeine 3 avril - 22 h Bistro La Maîtresse (La Sarre) Orchestre symphonique régional Abitibi-Témiscamingue 7 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 8 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 10 avril - 20 h Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 11 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) Suzie Arioli 8 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 10 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) Boom Desjardins 8 avril - 20 h Théâtre des Eskers (Amos) 15 avril - 20 h Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) 16 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) 17 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) Bernard Adamus 9 avril - 22 h Bistro La Maîtresse (La Sarre) Conservatoire de musique de Val-d’Or Concert des classes de saxophone et de violoncelle 9 avril - 19 h Salle Félix-Leclerc (Val-d’Or) Concert des classes de cuivres 10 avril - 11 h Salle Félix-Leclerc (Val-d’Or) Concert de la classe de flûte 10 avril 2010 - 14 h Salle Félix-Leclerc (Val-d’Or)

Littérature

Concert des grands ensembles du Conservatoire 18 avril - 14 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Heure du conte 10 avril - 15 h Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

Concert des classes de piano 23 avril 2010 - 19 h Salle 301, Conservatoire (Val-d’Or)

Lancement du livre L’habit ne fait pas le clown (roman jeunesse) Stéphane Laroche 7 avril - « 5 à 7 » Bibliothèque municipale de Val-d’Or

Série La Relève 24 avril - 14 h Local 5024, UQAT (Amos)

Alain Lefèvre 30 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) Show acoustique Folk-rock et attitude punk! 17 avril - 21 h Salle Éclosion Triolet (Rouyn-Noranda) Dode (en première partie, Les Brimbales) 17 avril Cabaret de la dernière chance (Rouyn-Noranda) Passage oublié - Saltarello 24 avril - 21 h Bistro La Maîtresse (La Sarre) Party de fin d’année hiver 2010 Crash ton rock & Les Anodins 30 avril Bistro de l’UQAT (Rouyn-Noranda)

Théâtre Faits pour s’aimer 6 avril - 19 h 30 Théâtre Télébec (Val-d’Or) 7 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) 8 avril - 20 h Salle de spectacles Desjardins (La Sarre) Night Lights 9 avril - 20 h Théâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) La chasse... mon oeil! Les Badins de La Corne 17 avril - 20 h Salle Héritage de La Motte Le Procès musical 9 avril - 17 h et 19 h 30 10 avril - 13 h et 15 h 30 Théâtre de poche (La Sarre) C’est un beau roman 9 avril - 17 h et 19 h 30 10 avril - 13 h et 15 h 30 Théâtre de poche (La Sarre)

Patrimoine et histoire Journée Info 1er avril - 13 h 30 à 15 h Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

Autres Spectacle du Jour de la Terre (Variété) 22 avril - 19 h Auditorium de l’École D’Iberville (Rouyn-Noranda)

15e Show de La Motte 24 avril - 20 h Salle Héritage (La Motte)


sommaire

éditorial en couverture : Le show de La Motte photo : ariane ouellet

nos deux solitudes main dans la main > Winä Jacob - redaction.indicebohemien@gmail.com

Exposition de Gaétane Godbout photo : courtoisie de l’artiste

se donnait la chance de mieux se regarder les uns les autres, peutêtre qu’on verrait qu’au fond, ce qui nous différencie est minime et que cette différence pourrait nous apporter beaucoup.

Bascule sur la route PHOTO : ariane ouellet Le conservatoire PHOTO : Paul Brindamour D-Ric PHOTO : courtoisie de l’artiste

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

RÉDACTION ET PRODUCTION Journalistes : Véronic Beaulé, Francesca Bénédict, Doris Blackburn, Martin Blais, Mélanie Boutin-Chartier, Denis Carrier, Chloé BP, Cindy Caouette, Philippe Gaudet, Staifany Gonthier, Karine Lacroix, Winä Jacob, Philippe Lebel, Valérie Lemay, Margot Lemire, Marie-Hélène Massy-Émond, Philippe Marquis, Paul-Antoine Martel, Christian Matte, Marie-Joe Morin, Karine Murphy, Mélanie Nadeau, Noyzemaker, Ariane Ouellet, Sophie Ouellet, Stéphane Racicot, Julie Thibeault. Réviseurs-correcteurs : Lucette Jacob, Paul-Antoine Martel et Karine Murphy, Micheline Plante. Rédactrice en chef Winä Jacob redaction.indicebohemien@gmail.com

Coordination et ventes publicitaires Maurice Duclos indicebohemien@gmail.com

Graphisme Mise en page et publicités : Le Canapé communication visuelle graphisme.indicebohemien@gmail.com

Marcher pour avancer dans la vie, marcher pour découvrir de nouveaux horizons, marcher pour prendre l’air, marcher pour se rendre au point B, marcher pour faire de l’exercice, marcher pour faire bouger les choses, et une fois par année, marcher pour éliminer le racisme. Depuis 10 ans, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or organise la Marche GabrielCommanda et invite la population à s’unir en marchant dans les rues de la ville, à brandir leurs pancartes et slogans pacifistes en marchant main dans la main.

Si on se donnait la chance de mieux se regarder les uns les autres, peut-être qu’on verrait qu’au fond, ce qui nous différencie est minime et que cette différence pourrait nous apporter beaucoup. La force d’une masse étant ce qu’elle est, c’est en s’unissant qu’il sera possible de venir à bout du racisme et de faire de nos deux peuples un seul groupe au sein duquel règne le respect et la compréhension de nos différences.

L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an. Il est distribué gratui­ tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi­Témiscamingue.

Mais ça, c’est seulement une journée par année. Qu’en est-il des 364 autres?

Fondée en novembre 2006

Voisinage absent En région, on se targue souvent de se connaître les uns les autres et d’être plus proche de son voisin que ne le sont les urbains des grands centres. Pourtant, il y a des voisins qu’on connaît moins bien que d’autres, et c’est trop souvent le cas dans les relations entre allochtones et autochtones. Après plus de 300 ans de cohabitation, on pourrait imaginer qu’on aurait eu le temps de faire plus ample connaissance.

Membres du conseil d’administration  : Chloé Beaulé-Poitras, Winä Jacob, Ariane Gendron, Renaud Martel, Martin Villemure, Jenny Corriveau, Julie Goulet, Sophie Ouellet 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda, Québec J9X 1C1 téléphone : 819 763-2677 télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien@gmail.com

Ce journal est imprimé sur un papier recyclé contenant 40 % de fibres postconsommation.

Et pourquoi donc n’avons-nous pas tous traversé la clôture pour

nous serrer la pince? Il y a probablement plusieurs réponses à cette question, mais les préjugés que nous entretenons les uns envers les autres y sont sûrement pour beaucoup. Il existe une multitude d’idées préconçues véhiculées autant chez les Algonquins que chez les non-autochtones qui font qu’on craint, méprise et parfois glorifie indûment l’autre. Certains de ces préjugés sont basés sur des réalités historiques, et sont profondément enracinés dans les croyances populaires, ce qui attise le ressentiment des « blancs » envers les Anishnabes et vice versa, car le racisme existe bel et bien dans les deux communautés. D’autres viennent d’une méconnaissance sociohistorique de l’autre et de ce qui l’a façonné ainsi. Si l’on connaissait mieux le passé de chacun et notre passé commun, il serait plus facile de tisser des liens et de comprendre les réalités et différences de chacun. C’est quand même incroyable que dans une région comme la nôtre, il n’existe pas de cours d’histoire régionale et d’histoire autochtone obligatoire pour tous! Comment pouvons-nous travailler de pair quand trop souvent l’autre nous est inconnu? Si les racines des préjugés sont par fois réelles, les fruits sont la plupart du temps imaginaires, ce qui fait que plusieurs de nos peurs, ressentiments et méfiances ne sont basés sur rien de concret, outre la crainte de l’inconnu. Lorsqu’on entretient un préjugé, on le gonfle, on le bonifie jusqu’à ce qu’il soit assez gros pour nous faire réellement peur, lui qui pourtant au départ n’était qu’une impression. C’est un peu comme les ombres chinoises, qui nous font voir un hamster en gros monstre poilu et féroce... pourtant, lorsqu’on se donne le temps de regarder les choses de plus près, on découvre une petite créature inoffensive. Si on

Un pas en avant Ceci étant dit, que pouvons-nous faire, maintenant, pour nous défaire de ces préjugés et pour nous rapprocher? Il est maintenant temps d’ouvrir la clôture pour aller voir l’autre et faire des choses ensemble, pas un à côté de l’autre, mais dans une volonté commune. Le Centre d’amitié autochtone fait de beaux efforts en ce sens depuis des années en organisant des activités, des événements et des occasions où autochtones et allochtones peuvent se rencontrer. Il est temps d’aller au-delà des idées qu’on se fait pour partir à la découverte de l’autre. Une découverte réelle, pas simplement une curiosité exotique, mais une volonté d’être ensemble et égaux. C’est quand même ironique que les Québécois soient reconnus pour être de bons et cordiaux touristes, qui apprennent à dire « Bonjour », « Merci », « Au revoir » et quelques autres mots dans la langue du pays par politesse envers la culture locale, et que nous connaissions si peu de mots algonquins. Nos villes commencent à peine à introduire cette langue sur ses oriflammes, menus de restaurant, affiches... Ce rapprochement entre les peuples se fera aussi quand nos autorités seront prêtes à créer des liens réels et complets de fraternité, de partage économique et d’échanges culturels entre nos deux nations. Les liens économiques sont établis depuis des siècles; il nous reste – à nous et à nos décideurs – à travailler sur le reste et à découvrir que nous pouvons être beaucoup plus l’un pour l’autre que des partenaires financiers. Comment pouvons-nous aspirer à vivre ensemble sans partage équitable des ressources? C’est un peu comme si on avait décidé d’agrandir notre terrain sans consulter notre voisin. L’espoir de la jeunesse Après tout ce temps de cohabitation sur un même territoire, on peut tout de même voir un changement s’opérer, surtout chez les plus jeunes, eux qui se côtoient régulièrement à la garderie et sur les bancs d’école et qui apprennent à se connaître avant même de savoir qu’ils sont différents.

Événements Le Show de La Motte........ 4 10 000e journée du Cabaret 27 Général.................................... 5 Musique ..... 5, 26, 28, 29, 30, 31 Histoire et patrimoine .............. 6 Arts visuels .............................. 7 Cinéma ............................... 8, 11 Littérature ................................ 9 Arts de la scène 21, 22, 23, 24, 25 Diffuseur ..... ............. 26, 27, 28

Chroniques Sociétés d’histoire et de généalogie .................. 6 Critique littéraire ................. 9 Une Abitibienne au village ... 10 La culture dans mes mots .. 11 Humeur ............................ 11 Chronique jeu ................... 12 Chronique culinaire ............ 27 Critique CD ................... 30, 31 Cahier spécial ......... 13 à 20 Ils se regardent avec d’autres yeux, ceux qui ne sont pas encore teintés... et il est primordial de préserver ce regard. La grande majorité des participants à la Marche GabrielCommanda étant en bas âge, ça augure bien pour les années qui viennent. Si les jeunes ont réussi à éduquer leurs parents en ce qui a trait au recyclage et à d’autres changements sociaux, souhaitons qu’ils y parviennent aussi pour ce qui est des relations interraciales en région. Et avec le temps mourront les préjugés des autres générations. Alors marchons, et tant et aussi longtemps que nous marcherons ensemble, nous pourrons croire que tout est possible. PRÉCISION Une petite erreur nous a empêché d’indiquer le nom des participantes à la murale valdorienne qui ornera, en compagnie de milliers d’autres oeuvres, l’une des pyramides d’Égypte dans le cadre du projet Le Marathon des Miles de l’Art. Ainsi, on pouvait voir, de gauche à droite, Suzanne Otis, Marie-Ève Lévesque, Céline Brochu, Élisabeth Di-Méglio, Micheline Plante, MarieAndrée Brisebois, Lee Lovsin et Jadwiga Dunin Borkowska. Édith Brisebois et Christine Perreault ont également participé au projet mais n’apparaissaient pas sur la photo.

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événement photo : Ariane ouellet

Du déficit à la postérité photo : courtoisie La pariole

Le Show de La Motte célèbre ses 15 ans

« Accueillir du monde chez soi, ça nous oblige aussi à nous dépasser. Nous, on a misé sur ce qu’on savait faire de plus beau. » - Margot lemire

Dylan Perron, 2009

fut le tour des enfants de prendre la scène d’assaut, pour ainsi prendre leur pouvoir et exprimer qui ils sont. « Quand on a un talent, il faut l’afficher, l’offrir, le développer; c’est notre mission », raconte Margot. > Ariane ouellet

C’est en cherchant une façon de combler le déficit engendré par les fêtes du 75e anniversaire du village qu’a germé l’idée d’organiser pour la première fois un événement qui est devenu un incontournable de la vie culturelle régionale. Le 24 avril prochain, à la Salle Héritage, le show de La Motte célèbrera son 15e anniversaire sous le thème « On lève de terre! » « Qu’est-ce qu’on sait faire, nous autres? », s’est demandé, il y a une quinzaine d’années, le comité organisateur de l’époque, composé de Margot Lemire, Paul Ouellet, Valérie Jacob et Jocelyne Wheelhouse. À La Motte, ça jouait de la musique et ça chantait depuis des générations. « Il y a toujours une histoire qui en précède une autre, rien ne commence jamais à partir de rien », explique Margot Lemire, toujours aux premières loges de l’organisation de cette grande fête communautaire.

plus connus comme Geneviève et Matthieu, Anodadjay et Antoine Bertrand, qui sont passés par là pour ajouter leur couleur et leur passion aux différents bouquets. « On demande aux artistes de révéler qui ils sont, de franchir leurs limites », confie Margot. Le plus beau dans tout ça, c’est que le public suit, plus ouvert et plus critique à la fois, mais capable de risquer, toujours curieux et toujours au rendez-vous d’année en année. Il faut dire que les spectateurs en ont pour leur argent : une riche variété de prestations allant de la poésie à la danse, du conte à la performance en passant par l’humour, le cirque et la chanson, le tout dans une ambiance des plus

Pierre Labrèche, animation du 14e show de La Motte, 2009

Une des idées derrière le Show de La Motte est la transmission du patrimoine vivant. Au cours des premières éditions, on a pu voir des grands-parents monter sur scène, ceux-là mêmes par qui la musique a été transmise aux générations suivantes. Après, ce

photo : courtoisie La pariole

Joyeuse corvée! C’est dans un esprit de corvée

de village que l’événement a pris forme. « Un village qui fête ensemble se reconnaît, ajoute l’organisatrice et poète. Ça permet de créer une ouverture dans la communauté. Accueillir du monde chez soi, ça nous oblige aussi à nous dépasser. Nous, on a misé sur ce qu’on savait faire de plus beau. »

Tricoté serré « Le show de La Motte, ce n’est pas un concours d’aptitudes, on invite du monde qu’on aime », explique Margot Lemire. C’est ainsi que des artistes comme Pierre Labrèche, Marie-Hélène Massy-Émond et Amélie Marcotte y ont foulé les planches pour la première fois, sans compter d’autres

comité organisateur du show de lamotte

performance d’Andréanne Boulanger, 2009 4

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chaleureuses, au cœur d’une église revampée par les bons soins de la communauté et de l’architecte Dominique Tonetti, soucieuse de préserver l’âme du lieu. Pour Margot Lemire, il n’y a pas de doute, le Show de La Motte est une formule gagnante pour le village et pour le monde rural : « Après 15 ans, on voit tout ce que ça a généré chez nous et autour. » Installation de jeunes familles et d’artistes, activités agricoles et touristiques nouvelles : le village est plus vivant que jamais. « Le show a fait qu’on a resserré le tissu social du village; notre réseau est beaucoup plus fort qu’avant, c’est quelque chose qu’on a réussi. » www.lapariole.com


général photo : christian matte

Colloque sur la place de la culture

Amos en mode réflexion > christian matte

Première ville de la région à se doter d’une politique culturelle, en 1995, Amos marque de façon claire l’importance qu’elle accorde à la préservation de sa façon unique de voir le monde et de l’habiter. Après avoir révisé cette politique 2008 et l’avoir accompagnée d’un plan d’action, voilà que la Commission des arts et de la culture convie ceux qui gravitent de près ou de loin autour de la culture à un colloque qui se tiendra le 15 mai prochain. Lors de cette journée, l’impact de la culture sur la qualité de vie et sur le développement économique sera abordé. « Nous aurons deux conférenciers, dont l’identité est à confirmer, annonce le directeur du Service des loisirs de la Ville d’Amos, Bernard Blais. Le premier sera d’une municipalité comparable à Amos et qui a une politique culturelle et un plan d’action, ce qui permettra d’avoir plusieurs exemples à suivre. Nous aurons aussi quelqu’un qui va donner

plus de détails sur les impacts économiques de la culture dans un milieu tel que le nôtre. »

la culture peut s’articuler autour du milieu social, économique et communautaire. »

Ratisser large, pour une vision commune Les participants seront aussi appelés à travailler en atelier. « Nous voulons que les gens se positionnent, affirme M. Blais, pour déterminer comment ils voient le domaine culturel présentement et dans le futur, bref, pour tenter d’imaginer comment

Afin que cette journée soit rassembleuse, vus les sujets qui seront abordés, il va sans dire que les responsables du colloque vont solliciter des gens de toute la MRC, des organismes de développement et du secteur privé. « C’est sûr qu’Amos sera davantage au centre des discussions, mais les villes environnantes

« les villes environnantes profitent tout autant de nos infrastructures et activités culturelles, alors il faut les inclure » profitent tout autant de nos infrastructures et activités culturelles, alors il faut les inclure, explique M. Blais. Pour avoir un débat populaire intéressant sur le sujet, il faut ratisser large. Nous allons aussi accorder de l’importance au

secteur privé, car il y a des diffuseurs culturels parmi eux et de grands amateurs de culture; ils ont leur mot à dire. » Le comité organisateur, est composé outre M. Blais, du président de la Commission des arts et de la culture d’Amos, Pierre Laliber té, ainsi que de Mario Brunet, Sylvie Tremblay, Linda Poulin, Jocelyn Lapierre et Mathieu Larochelle.

musique

Beaucoup de Val-d’Or sur Espace Émergence Volume 1 > karine murphy

Trois artistes valdoriens sont en vedette dans une compilation nommée Espace Émergence Volume 1, sortie le 5 mars dernier. MC LaSauce, MarcAntoine Larche et Michèle O figurent sur l’album double lancé par le site internet du même nom. Espace Émergence est un espace web qui a été conçu par la compagnie Disques RSB pour permettre aux artistes émergents et indépendants de se faire connaître et de rendre leurs produits disponibles au public. Si la plate-forme obtenue offre déjà une belle visibilité à un bon nombre d’artistes de la relève, la compilation Espace Émergence permet en plus à certains d’entre eux de bénéficier d’un outil promotionnel intéressant pour se faire entendre. Sur le total des 24 chansons figurant sur les deux disques de la compilation, on retrouve les pièces de trois artistes originaires de Val-d’Or : Assise dans ma tête (Michèle O), J’ai envie de to (Marc-Antoine Larche) et In tha bus (MC LaSauce). Il s’agit là d’une proportion qui en dit long sur le talent d’ici! « C’est touchant de faire partie des « élus » de cette compilation », témoigne Michèle O. Elle a

également un bon mot à l’endroit des instigateurs du projet et tous ceux qui y ont travaillé, soulignant qu’ils croient en eux, artistes émergents, les aiment et leur donnent une belle visibilité, « ce qui est toujours très apprécié ». Même son de cloche du côté de Marc-Antoine Larche : « Ce recueil de chansons circule un peu partout et fait connaître notre travail à un nouveau public. », déclare celui qui connaît unedébut 2010 très positif, avec notamment une participation au Festival Vue sur la relève et la finale du concours de chanson Ma Première Place-des-Arts à venir en mai. La compilation Espace Émergence est disponible gratuitement, pour un temps limité, à l’adresse suivante :

www.espace-emergence.com/ee-vol-1.html

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histoire et patrimoine

Chronique des sociétés d’histoire et de généalogie de l’A-T

Aux frontières de la clarté Il a fallu des années pour séparer clairement le Québec et l’Ontario par Denis Carrier, Société d’histoire et du patrimoine du Canton de Nédélec

Le document le plus ancien définissant sommairement la frontière entre le Québec et l’Ontario date de 1791. Un arrêté en Conseil de l’Angleterre du 24 août 1791 (article 2) fixa la frontière entre les deux Canada, au nord du lac Témiscamingue, comme suit : « […] à partir de la tête du lac par une ligne allant franc nord jusqu’à ce qu’elle atteigne la limite de la Hudson’s Bay » (Rapport Dorion, vol. 222.1, p. 18). Comme le disent si bien les auteurs du Rapport Dorion, « cette frontière entre les deux Canada n’était ni précise ni complète ». Elle comportait deux problèmes, l’un au sud et l’autre au nord. Le problème au sud provenait de la morphologie du lac, surtout à l’embouchure de la rivière Blanche. Il avait été facile pour les arpenteurs, en remontant la rivière des Outaouais et tout le long du lac, d’établir l’endroit le plus profond qui devenait la frontière. Mais il en allait tout autrement à la tête du lac. À sa partie nord, il est d’une largeur allant de huit à dix kilomètres, et son pourtour varie selon les caprices des saisons et de son niveau, voire de la direction et de l’intensité des vents. Comment alors établir un point de départ d’où se diriger ensuite franc nord?

Ensemble pour la culture Une nouvelle politique culturelle pour le Témis en 2011 > véronic beaulé, agente VVAP

En mars, la Commission culturelle témiscamienne jetait les bases d’un vaste chantier afin de réaliser l’actualisation de sa politique culturelle, en vigueur depuis 1995. La MRC, par le biais de la Commission culturelle, se devait de mettre à jour cette politique afin de se doter d’une vision d’ensemble du milieu culturel actuel, qui a vécu de nombreux changements significatifs depuis les quinze dernières années.

Quand on négocie la frontière Le problème septentrional de ce segment de frontière posait, lui, un problème en raison du flou du libellé de l’article 2 de l’arrêté en Conseil. Que voulait dire « jusqu’à la ligne limite de la Hudson’s Bay »? La « Hudson’s Bay » de l’article 2 pouvait être entendue de deux façons. On pouvait l’interpréter comme une référence au rivage de la baie d’Hudson, même s’il aurait alors fallu parler de « baie James », première entité marine rencontrée si on se dirige franc nord. On pouvait aussi interpréter cette expression comme étant la limite sud du territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui n’avait jamais été clairement délimité. On a donc tranché en considérant la

Parmi ces changements, on trouve des projets devenus maintenant des incontournables pour le Témiscamingue. Pensons à l’aménagement du Théâtre du Rift, à la création des Éditions Z’ailées qui publie des auteurs d’ici et d’ailleurs, ou encore à la naissance de l’Atelier Cent Pressions. De même, de nouveaux sites patrimoniaux ont été mis en valeur, tels que le Domaine Breen et le Musée de la Gare. Enfin, des ententes de développement culturel ont été conclues avec le ministère de la Culture et des Communications. Tous ces projets ont bénéficié de l’effer vescence du milieu culturel suscité par la mise en place de la première politique, en 1995.

limite nord de ce segment de frontière comme étant la ligne de partage des eaux entre le versant arctique et le versant atlantique, la fameuse « Abitibi » des Amérindiens. Le problème du point de départ au sud n’a pas été réglé aussi facilement. Les arpenteurs O’Henly et O’Dwyer, chargés de son tracé, ne purent arriver à une entente, l’arpenteur du Québec voulant prendre la rivière Blanche, et celui d’Ontario préférant évidemment la rivière des Quinze, chacun sachant sur quelle immense distance allait ensuite courir cette droite. Ce sont finalement les législateurs des deux provinces qui ont dû trancher. La décision rendue fut d’établir la frontière à mi-chemin entre la rivière Blanche et la rivière Des-Quinze. Mais voilà, alors que la rive ouest de la rivière des Quinze est assez abrupte pour être clairement définie, il en allait bien autrement pour la rivière Blanche. La rive fut finalement définie à partir d’un gros clou planté dans une souche (textuellement : « Nail in a stump »), détail historique que l’on peut voir sur une carte des Archives publiques du Canada datant de décembre 1875, et dont une copie se trouve à Ville-Marie.

Recenser, analyser, consulter, planifier… Actualiser une politique culturelle n’est pas simple, c’est un travail de longue haleine qui demande la collaboration de tout le milieu culturel. D’abord, un portrait de la situation actuelle sera réalisé dans le but d’émettre un diagnostic de ce milieu, en tenant compte des forces, des faiblesses et des besoins. Afin que la politique soit représentative des organismes et des artistes œuvrant dans les différents secteurs d’activité, des consultations auront lieu pour valider les constats établis.

Selon le plan de travail, la MRC devrait voir naître sa nouvelle politique culturelle dès 2011 et ainsi favoriser la mise en place de nouveaux projets répondant aux besoins identifiés par le milieu culturel.

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L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Carte 08-Y, 53-1-144 Archives Nationales, Rouyn photo : collection Denis Carrier

« Concrètement, une politique culturelle, c’est prendre la photo de la situation culturelle de notre MRC pour mieux l’analyser et ensuite ressortir des axes de développement et des actions qui viendront répondre aux besoins exprimés par les artistes et les organismes culturels du Témiscamingue. » explique Réal Couture, président de la Commission culturelle. Pour mener à bien cette démarche, un comité de travail a été formé, composé de Réal Couture, Fany Drolet, JeanJacques Lachapelle, Julie Gagnon et Lyna Pine, tous membres de la Commission culturelle. Alain Guimond, agent de développement à VilleMarie, complète ce comité en tant que représentant du milieu municipal. Ils auront la tâche de chapeauter la démarche d’actualisation de la politique en travaillant de concert avec l’agente de développement culturel de la MRC.

Photo de l’auteur et de la souche dans laquelle le clou servant de point de départ aurait été planté

Atlas du Canada. Département des Mines et Relevées Techniques, carte 109


arts visuels Critique de l’exposition de Gaétane Godbout

Voir à travers l’ordinaire photos : courtoisie de l’artiste

On sent l’artiste imprégnée par son territoire, les vastes ciels, les paysages ouverts, en pleine contemplation Après avoir travaillé longtemps à partir de pierres de fées ou d’objets troqués avec le public, Godbout délaisse l’esthétique relationnelle pour explorer maintenant un univers beaucoup plus intime, recherchant la simplicité et l’épuration, évoquant une certaine solitude sereine. On sent l’artiste imprégnée par son territoire, les vastes ciels, les paysages ouverts, en pleine contemplation.

> Ariane ouellet

La Salle Augustin-Chénier de Ville-Marie accueillera du 8 avril au 16 mai 2010 l’exposition Voir à travers de l’artiste Gaétane Godbout; une vingtaine d’œuvres de formats variés ayant comme thème « les déplacements ». Entre conscience et subconscience, l’œuvre qui surgit C’est en répétant le trajet allerretour entre Rouyn-Noranda et Val d’Or, chemin mille fois parcouru jusqu’à l’usure, que la préoccupation de l’artiste s’est lentement tournée vers cet état étrange qui nous habite lorsqu’on conduit une voiture à travers un paysage trop

connu. La répétition des mêmes états d’âme, des mêmes émotions, des mêmes souvenirs qui ressurgissent, entre la conscience et l’inconscience. On regarde sans voir, on entend sans écouter, on se trouve à la fois présent et absent, absorbé dans des pensées diverses. Ce qu’elle avait cru un jour du temps perdu s’est alors

transformé en atelier mouvant, lieu de création et d’inspiration, transformant le décor trop familier en tableaux d’une grande poésie. Le cadre de sa fenêtre d’auto est devenu un viseur par lequel EastMalartic ou le lave-auto sont devenus des œuvres d’art. Le travail plastique de Gaétane

Godbout en est principalement un de matière. On sent un plaisir évident à la superposition des couches, des textures, mêlant sur fond d’acrylique des jeux de cire d’abeille gravés, modulés, frottés, rehaussés de touches de peinture à l’huile. C’est une œuvre sensible et intuitive, à l’image de l’artiste, qui ne se laisse pas saisir au premier coup d’œil, un travail qui demande une certaine lenteur, voire le silence, pour que la poésie de chaque petit détail, de la pâleur à l’obscurité, se révèle dans sa profondeur.

Gaétane Godbout est enseignante en arts plastiques au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et présidente de l’Écart, lieu d’art actuel. Elle a participé à de nombreuses expositions solos et collectives, symposiums et résidences d’artistes en plus de réaliser six œuvres d’art publiques. Elle a été récipiendaire en 2008 du Prix « artiste régional » de la Biennale d’art miniature de Ville-Marie. salle.augustinchenier.net

Merci à tous nos collaborateurs.

Détail d’une œuvre de Gaétane Godbout

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cinéma vues sur le nord

Cultiver la liberté > Martin Blais

Nous nous sommes laissés le mois dernier sur la promesse de l’Abbé Proulx dans le film En pays neuf (1937), à savoir que le colon venu en Abitibi labourerait un enfer mais récolterait un paradis. Cette fois-ci, près de quarante ans après cette prophétie habilement bredouillée, on marche dans le sillage du pionnier du cinéma direct Pierre Perreault et de son ami Bernard Gosselin venus filmer le Cycle abitibien, qui comprend quatre films parus entre 1975 et 1980. Alors que les dires de l’Abbé Proulx laissaient entendre que les colons ne finiraient jamais d’accourir vers ce pays pittoresque et ne voudraient jamais le quitter, la première image du Cycle abitibien nous dit de ses mille mots tout le contraire : sur un dix-roues est chargée une maison qui quitte tranquillement le paysage rural, ne laissant rien derrière elle sauf un brouillard épais. Pierre Perreault dit du personnage principal du Cycle abitibien qu’il est « l’incarnation du goût du Royaume que j’ai toujours poursuivi dans tous mes films [...], le cultivateur le plus fantastique que tu puisses imaginer ». Hauris Lalancette, du haut de ses cinq pieds, fait porter sa voix à travers les champs de l’Abitibi-Est en un cri qui dénonce la misère que doivent se résoudre à manger les cultivateurs de la région, alors que leurs récoltes sont dévalorisées par le gouvernement, qu’on mange en Abitibi le bœuf de l’Ouest et les patates d’ailleurs et qu’on exporte les profits tirés des mines et des forêts à Toronto ou à New York. Le choix que donne le gouvernement aux cultivateurs à cette époque est en fait une impasse : l’exil ou le bien-être social? Dans Un royaume vous attend (1975), Hauris voit près de chez lui les terres qui furent défrichées par ses pairs être reboisées en épinette, et constate que l’avenir qu’on réserve à celui qui habite cette terre est celui d’un simple exécutant dépendant des intérêts privés. C’est loin de la liberté qui était supposée attendre ces hommes quand ils sont montés dans le Nord pour coloniser le « royaume ». Dans Gens d’Abitibi (1980), Hauris fait campagne comme candidat du Parti Québécois en 1973, alors que la bureaucratie de l’époque tente de regagner la confiance des Abitibiens désenchantés en leur faisant miroiter la possibilité de bâtir un autre royaume, plus au nord, à la Baie-James. C’est plutôt le doute et l’impression qu’on les méprise en les exploitant qui surgissent chez plusieurs, dont Hauris, qui s’écrie qu’on ne doit pas renvoyer des gens en exil, mais plutôt donner l’appui nécessaire et mérité à l’émancipation du cultivateur. Un bureaucrate venu représenter la Société de développement de la Baie-James essaie de charmer les Abitibiens qu’il veut envoyer là-bas en leur disant que « ceux qui ont humanisé le sol de l’Abitibi, qui ont été les héros des pages immortelles de l’abatis, nous montrent qu’ils sont toujours vivants et qu’ils font non seulement partie d’une race qui ne sait pas mourir, mais d’une race qui ayant fait vivre ce pays, l’ayant porté dans son cœur, ne veut pas le laisser mourir. » Ce à quoi Hauris n’a qu’à répondre : « mais on a mal dans l’corps, on a mal aux trippes, on a mal aux nerfs, on a mal partout! » Pour voir un des films du Cycle abitibien : www.onf.ca/film/royaume_vous_attend/

Merci à Emploi Québec, précieux partenaire depuis juin 2009 8

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Image tirée du film Un royaume vous attend, de Pierre Perreault et Bernard Gosselin. Le film fut produit par l’ONF. On y voit Hauris Lalancette.


littérature critique littéraire

trilogie d’André Pratte > Francesca bénédict

« Il est seul maintenant, et il le voit bien dans les yeux

Pratte, André. Croâ, Montréal : Michel Brûlé, 2008, 400 p.

Pratte, André. Okîskwow, Montréal : Michel Brûlé, 2009, 370 p.

Pratte, André. Tupilaq, Montréal : Michel Brûlé, 2010, 370 p.

derrière les fenêtres. » (p.356, Okîskwow) Si vous éprouvez un intérêt pour la culture autochtone et les relations entre les différents peuples, et qu’en plus, vous aimez bien vous détendre avec un roman policier entre les mains, alors permettezmoi de vous suggérer la trilogie de l’auteur abitibien André Pratte. Il semblerait que les forêts autour de McWatters soient particulièrement riches en inspiration. Vous ne retrouverez pas ici l’image habituelle de calme, tranquillité et sérénité associée à la vie dans le Nord, une vie simple rythmée par les saisons où l’on se réchauffe entre amis autour d’un bon feu. Que nenni. Monsieur Pratte situe ses personnages dans les forêts du Nord, à la Baie James, dans le grand Nord, à chaque fois dans une aire géographiquement restreinte où il semblerait que les crimes crapuleux pullulent parmi les arbres et les tempêtes de neige.

La lenteur de l’action reflète un pays pris dans la neige, qui tisse patiemment les fils de ses histoires, mais chaque histoire s’avère pleine de rebondissements et de détours. Quel que soit le tome que vous lisez (l’ordre importe peu), l’auteur vous amène à comprendre ce qui a poussé les méchants vers le chemin qu’ils ont pris, aussi bien les anciens enfants maltraités que les anciens combattants de Louis Riel, maltraités eux aussi. Mais, il s’agit toujours d’individus bagarreurs, des blancs qui règlent leurs comptes avec la société. Les Autochtones, qui vivent avec ces intrusions, se retrouvent pris dans les événements comme dans une toile d’araignée, spectateurs, victimes et parfois acteurs, tout comme les blancs auxquels ils se mêlent. Le personnage principal, lui, a quitté la police pour acheter

un comptoir de traite, mais il ne peut s’empêcher de revenir à ses anciennes fonctions et au passage, l’auteur brosse un tableau des relations entre les comptoirs indépendants, les postes de traite et la Hudson’s Bay Company. Ce policier, qui n’arrive pas vraiment à changer de métier, se fait souvent assommer alors qu’il cherche à arrêter les méchants. Il devient attachant par son humanité… Ces personnages surprenants donnent lieu à une étude des comportements humains qui révèle la finesse d’analyse psychologique de l’auteur.

traux. Le mélange de fiction et de réalité permet à certaines scènes d’horreur poussées à l’extrême de devenir humoristiques : « De la grosse marmite, sur le poêle à bois, dépassent un avant-bras et une main, qui semblent inviter à venir serrer la pince, à brasser l’abominable ragout. » (Okîskwow, p.275). Malgré une écriture un peu lourde, qui manque de poésie, qui ne

provoque pas l’imaginaire, il est difficile de lâcher les personnages même à la fin d’un chapitre… j’ai lu les trois livres en rafale ! L’auteur donne à voir que rien ni personne n’est jamais complètement bon ou complètement mauvais, et que la vie est faite de teintes de gris. Ceci dit, je ne regarderai plus de la même façon la forêt d’Aiguebelle, les monts Kékéko ou le pont sur la Kinojévis !

Les personnages traversent sans encombre d’un univers à l’autre, du monde des légendes au monde « réel », sur fond de mythes et de légendes autochtones, mais aussi de savoirs ances-

Entrevue avec l’auteur rouynorandien André Pratte

> philippe gaudet

Les citoyens de Rouyn-Noranda l’ignorent peut-être, mais l’écrivain André Pratte est un fier résident de leur ville. Non, l’éditorialiste en chef de La Presse n’est pas devenu auteur à fiction et il est encore moins déménagé en Abitibi. Nous parlons ici de l’auteur d’une trilogie sanglante et effrayante qui vient d’être complétée par la parution, le 24 février dernier, du roman policier Tupilaq. Ce dernier ouvrage vient s’ajouter aux 2 premiers tomes (Croâ et Okîskwow), parus respectivement en 2008 et 2009. Le sympathique écrivain, qui a longtemps fait carrière en enseignement, a accepté de nous parler de son oeuvre ainsi que de sa région d’origine. Né à Rouyn dans les années 1950, Pratte déménage en Outaouais à l’âge de 6 ans. C’est toutefois clair pour l’enfant et l’adolescent qu’il devient que son futur se déroulera dans sa région natale. « Je me souviens d’avoir souvent croisé à Hull un autobus qui affichait RouynNoranda comme destination, se rappelle l’auteur. Je me disais à chaque fois « Un jour, je serai sur cet autobus. » C’est finalement arrivé le 7 septembre 1990, et il

n’est jamais parti depuis. Inspirants espaces Lorsqu’il est question de l’inspiration que lui apporte l’Abitibi, Pratte se montre particulièrement loquace. « Pour moi, l’Abitibi sera toujours le pays des grands espaces, de la neige et du froid, des longues veillées auprès du feu, des rêveries au son du bois qui éclate dans le poêle de la cuisine, confie-t-il. Bien sûr, je suis un peu nostalgique, mais je recherche toujours ce sentiment de paix et cette chaleur humaine que l’on a malheureusement troqués pour une console vidéo ou un cinéma maison. Ce paradis, je le revis, dans mes romans. » Récipiendaire du prix Coup de

photo : Denyse Pelland

Écrire ici en s’inspirant d’ici

coeur du Festival du roman policier de Saint-Pacôme en 2008, Pratte apprécie grandement la reconnaissance du public. « Le fait que les gens apprécient mes romans est définitivement le carburant dont j’ai besoin pour continuer à faire le plus beau métier du monde », avoue-t-il. Et du carburant, l’écrivain en a eu besoin pour écrire son impressionnante trilogie. Lorsque questionné sur les sources de son inspiration, il répond en exposant ses passions : « L’idée me vient tout d’abord d’une fascination pour l’histoire, celle de nos ancêtres, celle des peuplades autochtones, des grands espaces du Nord évidemment, ainsi que celle de cette grande aventure humaine que fut la vie des trappeurs et coureurs des bois. » C’est littéralement au cœur de cette fascination qu’André Pratte nous invite à voyager avec sa trilogie. L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

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une Abitibienne au village

Un magasin général dans le cœur Par Marie-Hélène Massy-Émond

Le dépanneur est à vendre. Nous avons pensé l’acheter parce que nous avons peur. Peur de se retrouver comme à Saint-Mathieu : sans dépanneur. Vous en parlerez aux gens de Saint-Mathieu, comment c’est de vivre dans un village sans dépanneur. Capacité de rétention sous zéro. Quand tu ne peux plus acheter tes chips au village tu vas nécessairement en ville; une fois en ville tant qu’à y être tu vas patiner à l’aréna. D’abord tu y as passé la journée, parce qu’au moins 90% des gens des villages en périphérie travaillent à l’extérieur de leur lieu de résidence. Puis tu y passes la soirée et tu y retournes la fin de semaine, parce qu’il manque de crème. Alors tant pis pour la projection au sous-sol de l’église le samedi après-midi, on ira au cinéma en allant chercher le gasket pour la pompe. Village dortoir. Pas besoin d’être à Rosemère, la banlieue se propage vite comme la grippe. Nous avons pensé acheter le dépanneur parce que nous avons peur. Peur que la pinte de lait nous coûte 12 $ aller-retour. Peur de manquer de gaz en allant tinker. Nous avons pensé acheter le dépanneur pour la vitalité : nous savons tous ici que si le dépanneur ferme, le cœur du village s’éteint. Malgré le centre communautaire, malgré l’école, malgré la bibliothèque le mardi soir, malgré la gloriette dans le parc, malgré tout ce qu’on en dira; pas de magasin, pas de village. C’est là que ça se passe. C’est là qu’on se voit. Le matin pour le gaz, le midi pour la malle, le soir pour la bière. C’est là qu’on prend des nouvelles. C’est là qu’on va quand on est tanné de parler au mur. Le dépanneur sait tout. Tout de tous. Je ne devrais pas appeler ça le dépanneur, mais plutôt l’épicerie, parce que c’est son nom. On pourrait aussi le nommer magasin général. Parce qu’il y a de tout. De tout pour tous. Des clous à la livre, des coudes de tuyau de cuivre, des lavettes, des patates, des trombones, des permis de chasse, du fil à pêche, de la pâte à dent, de la poudre de bébé, de la bouffe à chien, des DVD, des petits chocolats fancy, des ensembles de couteaux, des toutous de Pâques... De tout et plus encore. Il nous dépanne bien, et souvent, le dépanneur. Trois cent soixante-cinq jours par année, 14-15 heures par jour, 105 heures par semaine. 105 heures par semaine. Vous êtes ouvert 105 heures par semaine? Oui. C’est difficile à vendre. Le commerce marche bien, de mieux en mieux même. L’achalandage est bon, le chiffre d’affaires augmente à chaque année, les réfrigérateurs sont neufs, la ligne de gaz est changée… Cent-cinq heures par semaine.

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L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Et puis qui prend épicerie prend pays. La maison et le terrain avec. Grand terrain, grands arbres, deux remises. Un grenier avec un monte charge comme dans l’ancien temps; l’endroit idéal pour des ateliers de création, des spectacles intimistes, des jam sessions. Une maison toute sur la petite planche, trois étages, six chambres, un petit bar dans la cave. De quoi rêver. De quoi faire un gîte, un restaurant, une résidence d’artistes, une auberge de jeunesse. Dans le magasin général; un coin café, une petite section de livres d’occasion, un dépôt de produits bio, puis à droite, à la place des DVD qu’on mettrait dans le fond, une section friperie avec une couturière qui fait des altérations sur place. L’été, un jour de marché pour les producteurs locaux, des tables à pique-nique, une belle affiche en bois où ce serait inscrit « Magasin Général du Village ».

Si personne ne peut l’acheter seul, il nous faudra l’acheter ensemble

C’est même pas le prix qui est trop élevé. C’est la mise de fonds qui scie les jambes : 20% du prix de vente. Plus un détail par-ci, une clause spéciale par là. Un organisme qui te prête pour le commerce, pas pour la maison. Une banque qui prête un maximum de tant pour le commerce de détail. Et patati et patata. Une belle balloune; un gros bateau. Puis penses-y : 105 heures par semaine. Trois cent soixantecinq jours par année. Si personne ne peut l’acheter seul, il nous faudra l’acheter ensemble. Se réunir un soir ce printemps, les propriétaires, les élus municipaux, l’agente de développement, les citoyens. S’entendre sur une marche à suivre, une piste, un consensus. Que les idées qui germent dans la tête de chacun soient mises en commun. Que ceux qui ont l’argent le disent et ceux qui ont le temps le prennent. Va falloir trouver une solution. Trouver une couple de milles, 365 jours, 105 heures. Parce que le dépanneur est à vendre. Depuis 4 ans.

photo : Marie-hélène Massy-Émond

Le dépanneur est à vendre. Depuis 4 ans. Il eut bien quelques acheteurs potentiels, mais rien de vraiment sérieux. Même nous, nous y avons pensé. Ce qui n’est pas sérieux du tout. Le dépanneur est à vendre. Les propriétaires en ont leur quota. L’âge de la retraite. Le goût de jouir enfin des efforts qu’ils ont mis depuis 10 ans dans cette entreprise. Avant? Ils avaient un autre dépanneur. En ville cette fois. Pourquoi ils sont venus ici? Parce que c’était la vision du monsieur. Il se voyait tenir un petit dépanneur, pas loin du lac. Les propriétaires précédents ont eu de la chance.

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la culture dans mes mots

humeur

S’il n’y avait pas d’arts et de culture, on serait collés devant les jeux vidéo. On deviendrait « gros » et la vie serait ennuyante

Au-delà du bruit des tiroirs-caisses Par Philippe Marquis

photo : julie thibeault

Culture n.f. Développement de certaines facultés de l’esprit par des exercices intellectuels appropriés. Ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement.1

Le théâtre, c’est mon domaine ! Par Julie Thibeault Nom : Ariel Tremblay Âge : 12 ans Lien particulier avec la culture : suit des cours de théâtre Qu’est-ce que c’est, pour toi, la culture? La culture inclut des traditions comme Halloween, Noël ou Pâques, et également des activités largement partagées par une majorité de personnes, comme le hockey, par exemple. Elle inclut aussi les arts comme la musique, les arts dramatiques, etc. À quoi sert la culture dans la société? Elle nous amuse tout en nous instruisant. Elle nous ouvre à d’autres cultures. Elle nous amène aussi à montrer qui l’on est : on ne fait pas de la musique si on n’aime pas cela. Au fond, l’école nous ouvre les portes de plusieurs arts, et ensuite on choisit ce qui nous ressemble. Et si la culture n’existait pas? S’il n’y avait pas d’arts et de culture, on serait collés devant les jeux vidéo. On deviendrait « gros » et la vie serait ennuyante. Il n’y aurait pas de théâtre, pas de lecture et on aurait moins de vocabulaire. Moi, les livres m’ont appris beaucoup de vocabulaire et je trouve que c’est important de pouvoir s’exprimer en utilisant une grande variété de mots. Qu’est-ce que tu ressens comme émotions quand tu es en contact avec la culture? Ça dépend. Moi, si je suis des cours de musique, par exemple, je m’ennuie. Par contre, au théâtre, je suis très excitée! Le théâtre me fait vivre plein d’émotions; c’est mon domaine! À ton avis, qu’est-ce que ça prend comme qualités pour être un bon artiste? Dans l’art dramatique, par exemple, il ne faut pas être stressé, il faut aimer être sur scène (mais ça s’apprend), aimer avoir un public. Mais en général, pour être un bon artiste, ça prend de la passion, et il faut vraiment aimer ce que l’on fait. Et il faut aussi avoir une pensée différente de celle des autres. Peux-tu nommer de grands artistes? Bryan Perro, Léonard de Vinci, Pablo Picasso. Ces deux peintres, c’est incroyable ce qu’ils ont fait. Ça m’impressionne vraiment! J’aime aussi beaucoup le conteur Fred Pellerin. Il se démarque, je trouve. Et toi, aimerais-tu être une artiste? Si oui, quel genre d’artiste? Oui, j’aimerais être une artiste comédienne au théâtre, au cinéma et pour la télévision. J’ai surtout envie de jouer dans des comédies. J’ai toujours adoré être sur scène, depuis aussi longtemps que je me souvienne. Je vise à être reconnue au Québec, oui, mais aussi à travers le monde, et je suis sûre que je peux y arriver!

J’essaie de réfléchir à ce que nous sommes... Nos proches ancêtres ont colonisé des terres algonquines il y a plus ou moins cent ans. Un peuple d’agriculteurs d’abord, puis de bûcherons et de mineurs qui n’ont jamais vraiment été maîtres de leur destinée. Et il n’y a pas eu de changement fondamental depuis la naissance de notre région ressource.2

dont les médias nous bombardent sont centrés sur l’unique vérité qu’est l’argent.

La propagande est efficace au point où une émission appelée Le banquier est vue par plus d’un million de personnes chaque semaine. C’est la course au profit. Tant pis pour les idiots et les moins chanceux, ils n’avaient qu’à La planète peut faire les bons placements. Tant pis bien mourir, les pour l’environnement et tant pis pour riches sauteront la vie car si ce n’est pas coté en bourdans une navette se, ce n’est pas important. La planète pour aller peut bien mourir, les riches sauteront magasiner sur dans une navette pour aller magasiner Mars... sur Mars...

Oui, d’accord, nous avons changé. Nous nous sommes modernisés. Notre peuple de pionniers est devenu consommateur. Alors on fait comme tout le monde et nos esprits macèrent dans un bouillon de signes de piastre. Nous zappons en moyenne une trentaine d’heures par semaine! Là-dessus, il y a plus de trois heures de publicités qui conditionnent tous nos choix. Nous consommons tellement que la gestion des déchets est un immense problème. Plusieurs d’entre nous dépensent plus qu’ils ne gagnent. On appelle ça s’endetter. Et c’est très stressant l’endettement. Mais même si on est pris à la gorge, mieux vaut se pendre avec une corde en or… achetée à crédit. Des expressions courantes traduisent l’influence de la pensée marchande sur nous : « investir dans ses relations », « acheter du temps », « hypothéquer son avenir »... Elles sont communes et illustrent la place que prend l’économie dans nos esprits. La quête du bonheur calculé en dollars garde nos têtes penchées sur un seul objectif : être riche. Les modèles, les publicités et les idées

J’essaie de réfléchir à ce que nous sommes mais le bruit des tiroirs-caisses, les prêches des missionnaires du « chacun pour soi », la vue des écrans de Loto-Québec dans les dépanneurs, tout ça me rentre dedans. C’est pour cette raison que ce qui s’inscrit hors de cette logique devient si précieux. Ce qui permet de revenir sur terre et de rencontrer des humains, pas des consommateurs : un festival, un orchestre, une troupe de théâtre, soutenus par des bénévoles passionnés. Des salles pleines et surexcitées à qui on donne un troisième rappel. Je rends hommage à tous les artistes de notre région pour qui le don de soi et le partage passent avant la création de la richesse; à ceux qui en arrachent, parce la culture, à moins d’être commerciale, ça ne rapporterait rien... Ceux qui sont l’écho de nos âmes. Toutes nos âmes qui ne sont pas à vendre. Bon printemps! 1

Dictionnaire Le petit Robert

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J’utilise cette expression pour faire plaisir aux technocrates d’ici ou d’ailleurs et m’ouvrir des portes si jamais je perdais mon emploi...

cinéma Première édition du Festival des Films de la Relève

Un festival montréalais à l’arôme d’épinette > IB

C’est le samedi 3 avril, à l’Espace Dell’Arte de Montréal, que se tiendra la première édition du Festival des Films de la Relève, qui vise à mettre en valeur les œuvres de jeunes cinéastes. L’Abitibi-Témiscamingue confirme sont statut de région de cinéma avec de fiers représentants un peu partout, de l’organisation à la programmation. C’est le samedi 3 avril, à l’Espace Dell’Arte de Montréal, que se tiendra la première édition du Festival des Films de la Relève, qui vise à mettre en valeur les œuvres de jeunes cinéastes. L’Abitibi-Témiscamingue confirme sont statut de région de cinéma avec de fiers représentants un peu partout, de l’organisation à la programmation. Le Festival des Films de la Relève est organisé par la coopérative de production cinématographi-

que Les Kréaturs, formée en grande partie de jeunes cinéastes originaires d’ici, parmi lesquels on trouve Marie-Josée Sévigny, Jonathan Levert et Jason Paré (co-fondateur des Racamés). La programmation officielle compte 18 films, dont 10 se font la lutte en compétition officielle. Parmi ceux-ci, on trouve Léo, du Rouynorandien Carol Courchesne, et Kitakinan – Notre territoire à tout le monde, du Valdorien Serge Bordeleau, deux films tournés ici en région. www.festivalreleve.com L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

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danse

rubrique ludique

Artiste du téléphone

Bruno Georget crée des jeux pour les iPhone et autres iPod Par Mélanie Boutin-Chartier

La danse dans tous ses états... … et de tous les états, avec le Groupe Momentum > IB

Le groupe Momentum Danse présente, le 16 avril à 20 h, au Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda, un spectacle de danse grand public. À cette occasion, la troupe propose aux amants de cet art corporel de voyager à travers un vaste éventail de styles de danse. La bande de Sylvie Richard, figure bien connue du monde de la danse en région, offrira donc des prestations en danse contemporaine, swing, cabaret, en danse d’un peu partout dans le monde… On nous annonce même que des artistes d’un peu partout en région fouleront les planches, une autre preuve que cette discipline connaît une vigueur encourageante depuis quelque temps. Ce spectacle amorce en quelque sorte la saison de la danse qu’est le printemps, avec les spectacles de fin d’année des différentes écoles spécialisées de la région. Pour connaître les dates de ces nombreux événements, consultez notre calendrier culturel, du prochain mois, ou encore le site Internet du Conseil de la Culture au www.ccat.qc.ca.

29 avril

journée internationale de la danse

Si on en croit la publicité, on trouve de tout dans le monde des applications pour les téléphones portables comme les iPhone. On pourrait ajouter « De tout… même un gars de Rouyn-Noranda! », en l’occurrence Bruno Georget, directeur artistique et concepteur de jeux pour la compagnie Thirty2m. « J’ai toujours été un gamer, j’ai toujours eu cette passion pour le jeu mais je ne croyais pas travailler [dans cette industrie] un jour », déclare Bruno Georget. Mathieu Burton, un ami d’enfance, a approché le Rouynorandien quand lui est venue l’idée de créer des jeux destinés aux propriétaires de iPhone. « C’est le fait d’être designer graphique qui m’a emmené où je suis, explique-t-il. Je suis aussi musicien depuis longtemps. Mathieu a tout de suite pensé à moi pour faire des jeux pour Apple. » Du vrai hockey! La compagnie a un premier jeu à son actif. Disponible depuis un an, Ice Stars a été téléchargé plus de 10 000 fois. « Ice Stars est le seul jeu de hockey sur le App Store, explique Bruno Georget. Il y a beaucoup de jeux de air-hockey (hockey sur coussin d’air) mais il n’y a pas de VRAI hockey. Ice Stars est un jeu de type arcade, du 3 contre 3, avec des mini-jeux et des trophées. Le jeu est très populaire et les fans de hockey l’apprécient beaucoup en cette saison! » confie celui qui a aussi créé toute l’ambiance sonore du jeu. Fondée en 2008, Thirty2m est en constante évolution. La compagnie essaie toujours d’innover en développant des jeux amusants, originaux et très différents les uns des autres. Thirty2m prévoit d’ailleurs sortir avant l’été un deuxième titre pour le App Store qui n’aura rien à voir avec notre sport national.

Tout nouveau tout chaud! Par Staifany Gonthier

Du 14 au 16 mars dernier, se tenait le salon bi-annuel (printemps et automne) de l’Association Québécoise de l’Industrie du Jouet (L’AQIJ) à Drummondville. Dans le cadre de ce regroupement privé à but non-lucratif d’agents manufacturiers et de distributeurs, ceux-ci en ont profité pour nous dévoiler les nouveautés 2010 dans le monde des jeux et des jouets. Race for The Galaxy : Les amateurs de ce jeu de cartes complexe à l’apprentissage mais intéressant pourront se procurer sous peu une toute nouvelle extension. Black Stories, Spécial cinéma! : Une 3e boîte est ajoutée à la populaire série. Des énigmes à résoudre à la « MINDTRAP ». Exemple : Un homme meurt après qu’une dame ait actionné un bouton. Mais quel bouton!? Posez toutes les questions que vous voulez pour résoudre l’énigme. La seule contrainte: on ne pourra vous répondre autre chose que oui ou non. Dominion : Après les 3 boîtes disponibles en boutique, 2 nouvelles boîtes seront bientôt distribuées par la compagnie québécoise Filosofia. De quoi rendre la re-jouabilité du jeu encore plus géniale qu’elle ne l’était déjà! Les Colons de Catane : Pour ceux et celles qui ne possèdent pas déjà ce jeu des plus populaires, sachez que vous pourrez désormais vous le procurer pour 10,00 $ de moins que la version précédente. L’éditeur a remplacé les pièces de bois par des pièces de plastique, ce qui a fait baisser le coût de production. De plus, des pièces entourant le plateau ont été ajoutées pour tenir ce dernier en place. Une poupée qu’on peut allaiter : Eh oui, vous avez bien lu! L’enfant enfile un tablier arborant deux petites fleurs en guise de mamelons, approche ladite poupée qui se met à téter. Trois ou quatre tapes dans le dos, elle fait son rot et roupille par la suite. Je me demande encore si ce produit est extraordinaire ou pas. Une chose est sûre, les discussions sont très partagées sur ce nouveau « jouet ». Est-ce que l’allaitement ne devrait pas être réser vé aux femmes d’âge adulte? Et si le petit frère voulait lui aussi allaiter?

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L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010


cahier spécial

réno-déco-écolo Pourquoi un cahier RÉNO-DÉCO-ÉCOLO dans un journal culturel ? Ce mois-ci, pour la première fois, vous trouvez dans les pages de votre Indice bohémien un cahier spécial qui ne porte pas sur la culture. Pourquoi avoir décidé d’en faire ainsi? Pourquoi s’attarder à la rénovation et la construction écologique? Les raisons sont nombreuses, mais c’est principalement parce que nous avons à cœur d’informer nos lecteurs sur différents sujets et surtout parce que nous considérons que nos lecteurs sont des gens ouverts et sensibles à la protection de l’environnement. Avec le retour des beaux jours, plusieurs se mettent à planifier les travaux qu’ils effectueront sur leur maison. Nous croyons que nombreux sont nos lecteurs qui sont propriétaires d’une maison, et qu’ils sont souvent plus soucieux que la moyenne en ce qui concerne les nouvelles tendances et les nouveaux produits plus écologiques. Enfin, nous savons que nos lecteurs sont aussi des gens curieux qui cherchent de l’information adaptée à notre réalité régionale, rapportée par des gens d’ici avec une expertise spécifique en écologie. Par ailleurs, nous avons la conviction que les gens d’ici font les choses d’une façon unique, avec une expertise propre à la région, ce qui représente une facette de notre culture, de notre façon de vivre ensemble. Bref, tout est en place pour que ce cahier spécial soit tout à fait chez lui dans les pages de L’Indice bohémien! Vous trouverez donc dans les pages qui suivent de l’information générale et spécialisée traitant de différents aspects de la rénovation, de la construction et de la décoration avec un regard écologique et une approche environnementale. Finalement, il importe de préciser qu’afin d’assurer la pérennité de notre mensuel culturel, il est primordial pour nous d’aller chercher d’autres lecteurs et d’autres annonceurs. Ainsi, d’autres cahiers spéciaux pourraient ainsi voir le jour, toujours sur des sujets qui, selon nous, rejoindront les préoccupations et les valeurs de nos lecteurs. Merci et bonne lecture!


cahier spécial

réno-déco-écolo Jounalistes : Suzie Ethier, Isabelle Jacob, Winä Jacob, Paul-Antoine Martel, Étienne Martin, Caroline Morneau, Sophie Richard-Ferderber Réviseurs-correcteurs : Paul-Antoine Martel, Karine Murphy Rédactrice en chef Winä Jacob redaction.indicebohemien@gmail.com Coordination et ventes publicitaires Maurice Duclos indicebohemien@gmail.com Graphisme Mise en page et publicités : Le Canapé communication visuelle graphisme.indicebohemien@gmail.com

Les techniques d’isolation aussi efficaces que « vertes » sont de plus en plus nombreuses

S’isoler dans la nature Sophie Richard-Ferderber, agente en communication, MRC de La Vallée-de-l’Or « Y pensait jamais que l’isolant l’isolerait autant », chantait Dolbie Stéréo dans la comédie musicale Pied de Poule. Afin de ne pas finir comme Pauvre Roland dans la chanson, voici une introduction aux nouvelles options écolos pour isoler la maison. Les isolants traditionnels se sont imposés par leur coût concurrentiel, une bonne efficacité et leur accessibilité. On découvre toutefois aujourd’hui certains de leurs inconvénients. La laine de fibre de verre, par exemple, peut irriter la peau, les yeux et les voies respiratoires lorsque manipulée sans protection. Celle-ci peut aussi contenir du formaldéhyde, un probable cancérigène. Quant aux panneaux de polystyrène ou aux mousses de polyuréthane, ils sont faits d’une ressource non renouvelable et peuvent libérer de puissants gaz à effet de serre.

chambre à air, ce qui confère des propriétés isolantes remarquables à un ballot complet. Bien construits, les bâtiments en paille offrent une excellente qualité d’isolation et d’insonorisation, en plus d’être très résistants à l’humidité et au feu.

Le petit cochon aurait aussi pu faire appel à ses collègues de la ferme : si la laine de mouton de notre chandail ou les plumes de notre couette nous gardent bien au chaud durant l’hiver, elles peuvent aussi emmitoufler notre maison. D’autres techniques utilisant le chanvre sont également Bien construits, les bâtiments en développement, ainsi en paille offrent une excellente que des isolants à partir qualité d’isolation et d’insode textiles recyclés, valonorisation, en plus d’être très risant le coton, le jean ou résistants à l’humidité et au feu des fibres synthétiques.

En réponse à ces problématiques, les isolants plus verts émergent comme des nouveautés, mais s’inspirent souvent du passé. Isoler sous un plancher avec des piles de vieux journaux était commun jadis. Cette méthode renaît aujourd’hui : des journaux destinés au recyclage sont déchiquetés et traités au sel de bore, un produit naturel, pour assurer une résistance aux insectes, à la moisissure et au feu. L’isolant ainsi créé, appelé cellulose, est exempt de dangers pour la santé ou l’environnement et est disponible en région. De la ferme à la maison La paille est une autre valeur sûre du bon vieux temps qui est accessible chez nous pour qui sait l’utiliser. Si le premier petit cochon avait eu le temps de structurer sa maison et de recouvrir ses murs de paille d’un bon crépi, le loup se serait rapidement essoufflé. Chaque brin de paille constitue une sorte de petite 14

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De nouveaux produits qui incluent un contenu recyclé sont aussi disponibles. Certaines laines ou mousses renferment un haut pourcentage de bouteilles de verre broyées ou de contenants de plastique recyclés, ce qui diminue l’empreinte écologique liée à l’utilisation de pétrole pour leur fabrication. À cet effet, une mousse isolante québécoise remplace une partie des produits dérivés du pétrole qu’elle contient normalement par de l’huile de soja. Parmi ces choix, aucun ne combine une parfaite efficacité et un impact environnemental nul. La clé est donc de bien évaluer nos besoins et nos possibilités, et de tenir compte de chaque étape du cycle de vie du produit, de sa fabrication à son élimination.


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réno-déco-écolo Réutiliser ne signifie pas nécessairement se contraindre à accepter la table en mélamine rose de notre tante pour faire taire notre conscience écolo

créativité ou, à défaut d’en avoir, de solliciter celle de son entourage. De plus en plus de designers récupèrent de vieux objets pour en faire des neufs, plus attrayants. L’inspiration peut provenir de magazines, d’Internet ou de votre tête; il ne manque ensuite que quelques talents de bricolage.

Si la motivation vous manque, faire appel à un professionnel pour métamorphoser un meuble s’avère souvent moins dispendieux que d’acheter du neuf. Vous obtenez en prime un objet unique et la satisfaction d’avoir posé un geste vert.

Déco verte et billets verts

En décoration, écologie rime avec économies Sophie Richard-Ferderber, agente en communication, MRC de La Vallée-de-l’Or Selon les magazines de décoration intérieure, les tendances changent à chaque saison, comme dans le domaine de la mode vestimentaire. Renouveler sans cesse le mobilier et la déco chez soi a pourtant un impact environnemental plus important que d’ajouter un morceau à sa garde-robe. Voici quelques trucs pour adopter une vision verte de la décoration. La première règle est la réduction : il importe de s’en tenir à l’essentiel et de rechercher une certaine pérennité. Des meubles classiques, en matériaux nobles, risquent moins de passer de mode et s’agenceront à presque tout nouveau décor. La qualité de fabrication s’avère aussi un critère. Cela peut se traduire par un coût d’achat plus élevé, mais la vie utile de l’objet s’en trouvera allongée, évitant ainsi des déchets. Équipé d’éléments de base durables, on peut rafraîchir une pièce en ne jouant que sur les couleurs et accessoires. Ces derniers peuvent d’ailleurs simplement être déplacés ou modifiés pour convenir. Mirages à 1$ Si les participants aux émissions de décoration se réjouissent de démontrer que leurs dépenses respectent le budget, nous aussi recherchons naturellement le sentiment de fierté suscité par le « méchant bon deal », trop souvent en ne considérant pas d’emblée le volet environnemental. Exemple de tentation déco : au magasin à 1$, un pot en verre, de petites pierres polies et des branches de bambou colorées créeront un centre de table tendance à 3$ et quelques sous. Une aubaine!

L’enthousiasme s’estompe en considérant que ces items ont parcouru des milliers de kilomètres, de la Chine jusqu’ici, générant des gaz à effet de serre, et qu’ils ont été emballés dans du plastique et du carton qui se retrouvent immédiatement aux rejets. Pourtant, un bord de lac près de chez nous aurait pu fournir les pierres polies; la forêt, les branches; un restant de peinture, la couleur; le bac de recyclage, le pot en verre. Bilan : zéro dollar et zéro impact, une réelle aubaine. Après la réduction vient la réutilisation. Votre MRC ou votre municipalité peuvent vous fournir une liste des organismes qui récupèrent et revendent des meubles et objets usagés près de chez vous. Les déchets des uns peuvent devenir les trésors des autres grâce à ces initiatives, et ce, à très bas prix. Internet est une autre porte d’accès à l’usagé : abitibi.kijiji.ca, webabitibi.com et les petites annonces de Cablevision sont des ressources Web populaires. Réutiliser ne signifie pas nécessairement se contraindre à accepter la table en mélamine rose de notre tante pour faire taire notre conscience écolo. C’est surtout d’utiliser sa L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

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cahier spécial

réno-déco-écolo Techniques d’hier à la mode d’aujourd’hui Deuxième et troisième transformations : ça existe, finalement

IB

Les fameuses deuxième et troisième transformations du bois sont comme la paix universelle : tout le monde les souhaite, mais personne ne sait vraiment comment en faire une réalité. Si on est à la recherche d’un exemple à ce sujet, c’est du côté de Rivière-Héva qu’il faut se tourner. En 1981, Joseph-France Lefebvre partait suivre, auprès de charpentiers américains, une formation pour apprendre à construire des maisons en charpentes de bois. Dès 1984, il fonde les Compagnons de charpente, qu’il opère en compagnie d’autres artisans aussi passionnés que lui par les techniques de construction traditionnelles adaptées à la réalité d’aujourd’hui. Au fil des ans, les Compagnons de charpente ont monté des structures de maisons un peu partout au Québec et particulièrement en Abitibi-Témiscamingue, mais ont aussi accompagné des gens dans leur propre projet de construction de maison de ce type, ont offert des ateliers en construction de maisons

à l’aide de ballot de paille ou en construction de foyers de masse, et ont même donné des conseils sur la gérance de projet et le financement. Joseph-France Lefebvre et Carole Fecteau, des Compagnons de charpente, ont d’ailleurs été nommés Personnalités de l’année par l’Association forestière de l’AbitibiTémiscamingue, lors du 66e colloque annuel de l’organisation, en novembre dernier. Pour ce qui est de la paix dans le monde, on est toujours à la recherche d’exemples aussi inspirants. compagonsdecharpente.com

Des produits d’ici pour prendre soin du bois IB Sans faire de bruit, la compagnie Artdec offre à travers le Québec des produits spécialisés pour l’entretien et la finition du bois, directement de son siège social situé à… Mont-Brun.

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Artdec (pour « Artisans décapeurs ») offre une gamme impressionnante de produits allant de la peinture à la teinture, en passant par les huiles, solvants et autres résines.

des témoignages d’utilisateurs, un forum de discussion, une grande quantité de liens vers des sites Internet spécialisés et, évidemment, une boutique virtuelle.

Une visite sur le site Internet de l’entreprise permet de constater qu’il existe un vaste marché de la restauration – et de l’entretien – du bois, et que la compagnie se positionne d’avantageuse façon ici au Québec. En effet, on y trouve une description complète des produits,

Avec des produits comme ceux-là, qui permettent d’allonger la durée de vie des meubles en bois, voilà une raison supplémentaire de ne pas succomber à l’attrait économique de la mélamine… Artdec.ca

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réno-déco-écolo Rénover sans trop polluer

Pour une « coquille » saine et écolo Isabelle Jacob et Étienne Martin, Groupe Éco-citoyen de Rouyn-Noranda (GÉCO) De plus en plus, les maisons neuves sont fabriquées en respectant certains principes de construction écologiques, ou du moins éco-énergétiques. Les maisons plus âgées peuvent elles aussi atteindre certains standards de qualité du point de vue environnemental. Il s’agit simplement de bien choisir ses matériaux : ça tombe bien, le choix est de plus en plus varié en ce domaine. D’abord, sachez qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert en « maisons écolos » pour intégrer des pratiques de rénovation plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit simplement d’être vigilant en gardant à l’esprit quelques critères-clés dans le choix de ses matériaux. Ainsi, on recherchera idéalement des matériaux durables, renouvelables, peu ou non toxiques, recyclés, recyclables, revalorisables et surtout, bien de chez nous.

photos : isabelle jacob

Fenêtres : pour y voir clair La rénovation extérieure implique souvent de renouveler la fenestration. En plus de redonner un 2e souffle à notre demeure, les nouvelles fenêtres assureront une meilleure efficacité énergétique. Planifiez judicieusement l’emplacement de celles-ci; placées au sud, elles procurent une chaleur passive, facile à accumuler… et gratuite! Assurez-vous que le type de verre choisi laisse passer les rayons du soleil. Attention : placées à l’ouest, les fenêtres peuvent « surchauffer » la maison en période estivale. Parmi l’éventail de choix, les fenêtres de type hybride PVC/aluminium s’avèrent un bon compromis. L’extérieur est fait d’aluminium, donc très résistant aux intempéries et aux écarts de température. Outre son aspect durable, l’aluminium est un matériau qui est recyclable à l’infini, donc facile à réintroduire dans un nouveau cycle en fin de vie utile. L’intérieur est fait de PVC, ce qui représente un avantage pour l’isolation et l’entretien tout en étant moins dispendieux. Revêtement : s’habiller en vert Après les fenêtres, le choix du revêtement extérieur est tout aussi crucial. Cette étape ne doit pas être négligée puisque, en principe, nous choisissons aujourd’hui… pour les 50 prochaines années! Pour toutes nos propositions, le bois est à l’honneur! En partant du « plus durable/moins écolo » jusqu’à l’inverse, nous avons arrêté notre choix sur ces quatre produits : 1) le bois traité sous pression au Cuivre Alcalin Quaternaire (de la compagnie québécoise Goodfellow, garanti à vie, disponible dans les quincailleries); 2) le bois teint sous pression à l’aide d’une teinture à base d’eau (de la compagnie Maibec, garanti 50 ans, dans les quincailleries); 3) le bois de cèdre ou de mélèze (Goodfellow ou Maibec, dans les quincailleries ou dans les scieries régionales); 4) le bois non traité (Goodfellow garanti 55 ans, dans les quincailleries, ou encore dans les scieries régionales). Toiture : bruit de tôle ou silence de cèdre? Pour le toit, la tôle représente le choix le plus durable. Il est très esthétique… et mélodieux les jours de pluie! Par ailleurs, il sera prochainement possible de se procurer une nouvelle tuile fabriquée

à partir de pneus recyclés, laquelle offre l’apparence de l’ardoise. Bien qu’elle blanchisse légèrement avec le temps, sa durée de vie est de 50 ans. Durable, elle permet également d’encourager le recyclage. Enfin, il existe l’option des bardeaux de cèdre. En plus de leurs propriétés isolantes contre le froid et le bruit, ils sont durables et ne requièrent presque pas d’entretien puisqu’ils contiennent des agents de conservation naturels qui les protègent contre la moisissure (Maibec garanti 50 ans dans les quincailleries ou scieries régionales). Finition intérieure / Couvre plancher En ce qui concerne les couvre-planchers, il faudra d’abord opter pour des matériaux qui n’émettent pas de composés organiques volatiles (COV), tels que les formaldéhydes, puisqu’ils sont nocifs pour la santé. La céramique respecte ce critère, à condition d’utiliser des colles et des coulis sans additifs chimiques et sans odeur. Pour les bricoleurs, il est également possible de recycler de vieux tableaux d’école pour en faire des tuiles d’ardoise! Le bois est aussi un choix judicieux. Et idéalement, on choisira du bois d’ici! Si le chêne et l’érable sont des bois francs bien connus, le mélèze et le bouleau offrent également une bonne résistance. Par ailleurs, il est possible de se procurer des planchers de bois franc certifiés FSC (Forest Stewardship Council, qui souligne la bonne gestion forestière) ou encore fabriqués à partir de bois récupéré. Traitement du bois : des huiles essentielles Pour bien protéger les portes, les planchers et les boiseries, des finis à base d’huiles naturelles, telles que l’huile de lin, de ricin ou d’abrasin, sont à privilégier. La cire d’abeille est aussi une option. À titre d’exemple, l’huile d’abrasin diluée au solvant à l’orange (de la compagnie Artdec de Mont-Brun) ou au soya (Gamme Natura, disponible chez Home Hardware) offre une excellente protection tant pour l’intérieur que l’extérieur. Il est cependant conseillé de suivre à la lettre les instructions du fabriquant pour obtenir des résultats satisfaisants. Peinture : l’art des mélanges Enfin, la peinture recyclée Boomerang (concoctée au Québec) représente un choix intéressant pour les murs, les meubles et les objets divers, en plus d’être très économique. Par ailleurs, il existe plusieurs gammes de peinture à faible teneur ou sans COV disponibles dans les quincailleries. Ecospec de Moore, ecosource de Sico et Rona collection en sont des exemples. Enfin, pour les plus explorateurs, il est toujours possible de créer ses propres mélanges de peintures naturelles. Des recettes sont disponibles sur le site écohabitation.com.

Pour plus d’info : Guide des options écolos : www.cestamontreal.com/Guide-des-options-ecolos-APCHQ.pdf Écohabitation, la ressource en bâtiment écologique : www.ecohabitation.com/guide/index.php?path=decoration ArchiBio, architecture biologique : www.archibio.qc.ca/»http://www.archibio.qc.ca/ L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

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réno-déco-écolo Chauffer moins, chauffer mieux Parce qu’il y a une vie au-delà du mazout et des plinthes Caroline Morneau, Architecte Chauffer représente une partie importante du budget relié à l’utilisation de nos maisons. Les moyens de chauffage traditionnels que sont les poêles à bois ou au propane, les fournaises au gaz et les plinthes électriques sont bien connus, mais il existe d’autres sources d’énergie qui permettent de réchauffer nos maisons tout en étant plus écologiques. Même si ces nouvelles méthodes nécessitent parfois des systèmes d’appoint, elles permettent de faire des économies substantielles. Du centre de la terre La géothermie, comme son nom l’indique, utilise l’énergie emmagasinée dans la terre pour réchauffer les maisons. Un système géothermique peut réduire de 70% les coûts de chauffage, et s’utilise aussi en été pour la climatisation. L’investissement initial est important ; toutefois, Hydro-Québec et différents programmes gouvernementaux offrent des subventions intéressantes aux consommateurs. La durée de vie du système et sa rentabilité à long terme sont considérables, surtout que les coûts des ressources énergétiques risquent d’augmenter de façon importante au cours des prochaines années. Enfin, les systèmes de géothermie permettent également de préchauffer l’eau domestique, ce qui réduit aussi la facture d’électricité. Si tu aimes le soleil… Le chauffage solaire passif est l’utilisation de la chaleur émise par le soleil, principalement grâce à des fenêtres orientées vers le sud qui captent un maximum de rayons solaires. L’énergie doit être emmagasinée dans un matériau ayant une grande masse thermique*, comme le béton ou l’eau, pour éviter la surchauffe mais également afin de redistribuer, durant la nuit, l’énergie accumulée dans la journée. De manière moins directe, l’installation d’un chauffe-eau solaire sur la toiture permet de préchauffer l’eau pour les systèmes de chauffage à l’eau (à chaudière) ou pour l’eau domestique (douche, vaisselle, piscine, etc.), ce qui réduit ainsi l’utilisation du chauffe-eau électrique, l’appareil le plus énergivore de la maison. Les deux systèmes se marient bien avec un plancher radiant (chauffant).

Le chauffage solaire actif est la conversion de l’énergie solaire en électricité par des capteurs photovoltaïques (PV). Installés sur la toiture avec une orientation et une inclinaison particulière selon la position géographique de l’édifice, les PV peuvent fournir l’énergie que requiert le fonctionnement des plinthes électriques. Bien que le nombre d’heures d’ensoleillement soit important au Québec, l’investissement, l’efficacité des produits et le prix de l’énergie ne justifient pas encore l’utilisation d’un tel système pour une résidence unifamiliale. Foyer et foyers Pour ceux qui préfèrent la chaleur que procurent les bons vieux feux de foyer, un foyer de masse pourrait s’avérer une solution intéressante. Constitué de pierres réfractaires, il peut chauffer, de façon confortable et constante, une maison entière en utilisant très peu de bois, et la haute efficacité de sa chambre de combustion en fait le foyer rejetant le moins de polluants dans l’air. L’investissement minimal important (autour de 8 000$), ses dimensions et sa position centrale dans la maison sont toutefois des facteurs à considérer. Il existe d’autres moyens de chauffage qui sont difficilement envisageables à l’échelle résidentielle, tel l’éolien, la biomasse et les biogaz. Ils font toutefois partie de solutions pouvant s’appliquer à l’échelle de quartiers ou de villes, comme le font certaines communautés avec l’utilisation de la chaleur émise par le compostage pour chauffer des bâtiments (abris Comploo, Japon), ou de la chaleur produite par les déchets forestiers pour chauffer un village complet (Oujé-Bougoumou, Québec).

*Masse thermique : mesure de la capacité physique d’un matériau d’emmagasiner de la chaleur. Notes de bas de page :

Gagné, S. et A. Fauteux (2010) « Les promesses du chauffage solaire actif », La maison du 21e siècle. Hiver 2010, vol.17, 1, p.49-51 Pronovost, F. et L. Jodoin (2009) « Quoi de neuf en géothermie? », La maison du 21e siècle. Printemps 2009, vol.16, 2, p.59-62 Liébard, A. et A. De Herde (2005) Le traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques, Observ’ER : Paris, fiche 95 à 105. Gonthier L. (2010) « Confort toute saison», 150 plans. Printemps 2010, vol.33, 3, p.16-18

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réno-déco-écolo photo : Suzie Ethier

Construire une maison… et une vie La construction écologique en région : pas facile, mais tout à fait possible Suzie Ethier Il était une fois un jeune couple qui, n’en pouvant plus d’habiter à l’ombre des deux immenses cheminées, décida de partir à la recherche de la maison de leurs rêves. Le marché étant ce qu’il est en région, ils durent rapidement se rendre à l’évidence qu’il pourrait s’écouler une éternité avant qu’ils ne trouvent ce qu’ils cherchent. C’est pourquoi, dans un élan de naïveté, ils décidèrent de se construire une maison toute neuve. Ils parvinrent à mettre la main sur un magnifique terrain boisé qu’ils défrichèrent, mais seulement où c’était nécessaire, et s’attaquèrent aux plans de ce qui allait un jour abriter leur famille. Maintenant qu’ils avaient la possibilité de faire exactement ce qu’ils voulaient, plus question de se conformer aux standards du marché. Ils optèrent donc pour une demeure qui cadrait parfaitement avec leur fibre écolo : une maison tenons et mortaises isolée en paille et chauffée par un foyer de masse. Pourquoi pas? Après tout, qui de mieux placés que deux jeunes fringants (et probablement un peu inconscients aussi!) pour se lancer dans un tel projet. Ce couple c’est nous, et cette maison, nous l’habitons! Un p’tit peu de nous autres là-dedans On entend souvent dire qu’en région, tout est à faire, tout est à construire. Eh bien dans notre cas, on a carrément pris ces paroles au pied de la lettre! Et pour ceux qui croient qu’entreprendre une construction écologique en région éloignée complique nécessairement les choses, détrompez-vous. En fait, je dirais même qu’à certains égards, elle les facilite. Je pense entre autres au prix des terres qui sont, heureusement pour nous et contrairement à certaines régions du Québec, encore abordables. Pour ce qui est de l’approvisionnement en matériaux, ou plutôt en matières premières dans notre cas, il s’est fait somme toute assez simplement, et principalement en produits régionaux. Tout le bois de la charpente provient du Témiscamingue et a été transformé à La Motte avec l’aide d’un charpentier traditionnel; la paille provient d’un cultivateur de céréales de Notre-Dame-du-Nord ; l’argile (pour nos crépis et notre plancher) a été recueillie à Rouyn-Noranda ; les pierres de notre foyer viennent de Montbeillard ; et les huiles et pigments naturels sont fabriqués à Mont-Brun. On a même réussi à mettre la main sur des portes et fenêtres récupérées de gens de la place. Bref, quand on cherche, on trouve.

Il ne faut pas se surprendre en apprenant qu’à quelques heures de l’accouchement, je me trouvais dans les échafauds à tenter d’en faire le plus possible avant l’arrivée du bébé…

projet, nous n’étions qu’un couple, mais qu’entre-temps, deux enfants ont vu le jour, ce qui change drôlement la donne. Il ne faut donc pas se surprendre en apprenant qu’à quelques heures de l’accouchement, je me trouvais dans les échafauds à tenter d’en faire le plus possible avant l’arrivée du bébé… Et que ce dernier a été bercé tout au long de la grossesse au son des perceuses, mélangeurs et marteaux.

Le temps, le fameux temps, est donc une fois de plus la pierre angulaire de toute cette aventure. Malgré toute l’aide reçue, il se sera écoulé deux ans entre la corvée de charpente et l’emménagement officiel dans notre maison. Et pourtant, le terme «chantier» colle encore parfaitement à l’état actuel de la maison. C’est dire à quel point il s’agit d’un projet de longue haleine ou comme quelqu’un m’a déjà dit : d’un projet de vie!

En fait, je serais portée à dire qu’en entreprenant une construction de ce genre, ce n’est pas tellement le lieu qui joue un rôle majeur, mais bien les différents aspects humains qui s’y rattachent. Par moments, il devient presque gênant de recevoir autant d’aide sans jamais pouvoir en redonner autant. La charge de travail est si grande qu’il est parfois tentant de se décourager et de ne plus voir le bout. Les hauts et les bas se succèdent constamment. Il faut dire que de sacrifier la presque totalité de ses loisirs sur une aussi longue période n’est pas chose facile. Mais le plus ardu demeure probablement d’établir les priorités et un certain équilibre entre la maison… et le temps passé avec les gens qu’on aime! Parce qu’il faut aussi savoir qu’au début du L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

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cahier spécial

réno-déco-écolo Donner la note La certification LEED encourage la construction et la rénovation vertes Paul-Antoine Martel Au-delà de l’utilisation de matériaux dits « écologiques », les propriétaires d’immeubles de toutes tailles soucieux d’environnement peuvent obtenir, pour leur projet de rénovation ou de construction, la certification LEED. Rares sont les promoteurs prêts à investir pour l’obtenir, surtout ici en région, mais cette situation pourrait bientôt changer. Élaborée aux États-Unis en 2000, et appliquée au accompagner l’entrepreneur sur le chantier. Tous les Canada par le Conseil du bâtiment durable depuis éléments doivent être mesurés. » 2004, la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) est accordée à des bâtiments En général, les efforts déployés pour obtenir une cerrépondant à certains critères de conception et d’ef- tification LEED font grimper le coût d’un projet, mais il ficacité environnementale, dans le but d’assurer le faut voir les bénéfices qui s’y rattachent. « Il y a bien bien-être des occupants et la « performance » de l’im- sûr l’économie d’énergie, qui peut être substantielle, convient l’architecte Séguin-Carmeuble. rier, mais ces immeubles sont surles efforts déployés pour tout conçus pour le confort. Et puis L’évaluation des bâtiments se fait obtenir une certification LEED il ne faut pas sous-estimer le presselon un système de pointage font grimper le coût d’un tige qui vient avec la reconnaisdivisé en 6 catégories ou champs projet, mais il faut voir les sance. » Les frais supplémentaires d’application, tels que l’aménabénéfices qui s’y rattachent dépendront des aspects que l’on gement écologique des sites, la gestion efficace de l’eau ou l’énergie et l’atmos- souhaite mettre en valeur : ce qui touche les matières phère, entre autres. Un évaluateur indépendant juge résiduelles est généralement facile à accomplir, alors le projet et lui attribue un pointage selon ce qu’il pré- que le contrôle de la qualité de l’air demande plus sente comme caractéristiques écologiques (utilisation d’efforts. d’énergie renouvelable ou réduction de la consommation d’eau, par exemple); le nombre de points Marie-Déelle Séguin-Carrier confie qu’il fut envisagé de obtenus détermine le niveau de certification accordé viser l’obtention de la certification LEED pour la toute nouvelle école des Explorateurs, construite l’an dernier (bronze, argent, or ou platine). à Malartic. « Mais on était trop serrés dans le temps, et certains aspects auraient été trop longs à réaliser », Retard régional Le LEED n’est pas très en vogue en Abitibi-Témiscamin- explique-t-elle. Néanmoins, un système de chauffage gue. « Pour l’instant, il n’y a que les immeubles gérés géothermique a été installé, et une attention particupar la Société immobilière du Québec qui aspirent lière a été accordée à la fenestration. « Souvent, juste à devenir LEED, et c’est pour répondre à une direc- de se demander ce qui pourrait être fait pour viser tive gouvernementale, mais on sent qu’il y a de plus la certification permet d’intégrer certains critères aux en plus d’intérêt dans le privé pour la certification », projets. » Qui sait, peut-être qu’avec le nombre granexplique Marie-Déelle Séguin-Carrier, architecte chez dissant de professionnels aptes à concevoir des proTRAME, l’une des quelque dix professionnels accré- jets LEED – donc sensibles aux plus récentes avancées dités LEED en région. « C’est un processus d’une cer- en matière d’efficacité environnementale –, les bâtitaine lourdeur : il faut y penser dès la conception, puis ments d’ici verdiront un peu.

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L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Le 2e FestiVert

Célébrons notre conscientisation Winä Jacob Depuis l’an dernier, la MRC de La Vallée-de-l’Or célèbre ses convictions environnementales en organisant un festival tout ce qu’il y a de plus vert. Pendant tout le mois d’avril, il sera possible d’assister à plusieurs conférences et ateliers portant sur des thématiques environnementales allant du compostage domestique à la consommation écoresponsable, en passant par la démystification des couches lavables, l’entreprenariat écologique, l’aménagement paysager et bien d’autres. Si le FestiVert se veut une initiative éducative visant à développer ou renforcer la conscience écologique des citoyens, c’est également un événement festif où il fait bon célébrer les gestes verts du quotidien. Voilà pourquoi on offre aussi des activités telles que le conte écolo, la présentation du documentaire Accros au plastique, une exposition appelée Déchets d’oeuvres et le spectacle de Hugo Fleury, ancien leader du groupe Polémil Bazar. www.mrcvo.qc.ca


arts de la scène photo : Troupe à coeur ouvert

Les chérubins du Nord Spectacle de l’École des ar ts de la scène, parrainée par la troupe À cœur ouver t

Daniel Morin, un professionnel d’ici qui voit grand

> sophie ouellet

S’assurer une relève de qualité est un gage de pérennité pour toute organisation culturelle, surtout dans de petits marchés. La troupe À cœur ouvert l’a bien compris : depuis 2008, elle est associée à une école de la scène, une collaboration toute naturelle qui élargira à coup sûr le bassin de comédiens en Abitibi-Ouest. Avril permet de découvrir ces nouveaux talents.

> Christian Matte

Bâtir un succès comme le Paradis du Nord, à La Sarre, demande beaucoup de temps et surtout, l’investissement de personnes passionnées qui croient en leur projet. Voici le portrait d’un artisan majeur dans la concrétisation de ce projet, Daniel Morin. Directeur général et metteur en scène de la Troupe À Cœur ouvert, l’artiste originaire de Normétal a connu le monde du théâtre à l’âge de 11 ans. « C’est à 14 ans que j’ai joué dans ma première pièce, Sonnez les matines, de Félix Leclerc, avec le Théâtre de la Slam, à Normétal », raconte M. Morin, qui est maintenant un artiste professionnel reconnu par l’Union des artistes.

En 1991, par l’entremise de la Troupe À Cœur ouvert, il signe sa première mise en scène avec la pièce Avec l’hiver qui s’en vient. « J’adore la mise en scène, ça permet d’aller plus loin, de décortiquer les personnages pour leur donner vie, de rendre le texte différemment de ce que l’auteur a pu penser au départ pour ajouter de la couleur aux personages et à la pièce. »

J’adore la mise en scène, ça permet d’aller plus loin, de décortiquer les personnages pour leur donner vie, de rendre le texte différemment de ce que l’auteur a pu penser au départ

Plus tard dans la décennie, en 1998, Daniel Morin relève un gros défi avec les bénévoles de la Troupe À Coeur ouvert : monter la pièce Demain matin, Montréal m’attend, de Michel Tremblay. « Ça a super bien fonctionné, nous avons même fait une tournée régionale l’année suivante. Nous avons été chercher davantage de notoriété et un plus large public. »

S’ouvrir le cœur C’est en 1990 qu’il fait ses débuts avec la Troupe À Cœur ouvert. « C’est là qu’on a fait notre premier théâtre d’été, se rappellet-il. Le bassin de comédiens disponibles était plus restreint, mais tous ceux qui jouaient étaient très allumés et ce, pour plusieurs représentations. En plus, il y avait un public fidèle qui nous suivait. Nous nous sommes aussi aperçus que grâce à un circuit de théâtres d’été, nous avions un public de partout en région qui assistait à nos représentations. »

Spectacle à grand déploiement C’est alors que commence le rêve de créer un spectacle historique de grande envergure, monté avec tout le potentiel artistique régional. En 2000, une subvention est accordée à la Troupe À Cœur ouvert pour réaliser une étude de marché qui fut concluante. Après 4 ans de travail acharné de plusieurs, Le Paradis du Nord voit le jour en 2004-2005. « Le plus grand défi fut que tout s’attache :

financement, création de tous les aspects du spectacle, faire la mise en scène, etc. Il y a de nombreux bénévoles qui ont grandement contribué à la réalisation de ce rêve », affirme M. Morin. À ce jour, le Paradis du Nord, (au cours de sa 6e édition), a attiré plus de 60 000 spectateurs, dont 44% viennent de l’extérieur de la région! Aujourd’hui, en plus du Paradis du Nord, Daniel Morin travaille sur un autre projet de la Troupe À Cœur ouvert, soit une École des arts et de la scène, qui anime le milieu (70 élèves à la session hiver 2010) avec des cours de danse, de théâtre et de comédie musicale. Un projet qui ne l’empêche pas de vouloir en développer d’autres, comme de nouvelles productions de théâtre ou, via l’École d’arts, un avec des enfants.

L’équipe de L’Indice bohémien souligne fièrement la contribution de la CRÉ.

Ainsi, la troupe de La Sarre délaisse les décors grandioses, les effets multimédias et la pyrotechnie du spectacle Le Paradis du Nord pour faire place à la toute dernière cuvée des élèves de l’École des arts de la scène. Cette nouvelle école, parrainée par la Troupe depuis 2008, présentera les 9 et 10 avril prochains les productions Le procès musical et C’est un beau roman. Sous forme de comédies musicales, ces deux pièces permettent aux jeunes de l’école de mettre à profit sur scène et devant public les notions acquises durant leurs formations en chant, danse et théâtre, le tout, dans un décor très minimaliste. Le procès musical réunit 17 jeunes de 11 ans et moins dans une production signée Claire Murphy, Daniel Morin (mise en scène), Pascal Ayotte (chorégraphies) et Karine Morasse (enseignement du chant). Dans cette pièce, des citoyens sont accusés de créer le désordre dans la ville en chantant et en jouant de la musique. S’ensuit alors un procès qui tranchera sur la question de l’expression artistique sur la place publique.

Neuf jeunes de 12 à 17 ans, supportés par la chorale de la Troupe À Cœur ouvert dirigée par Jocelyne Beaulieu, prennent part à cette pièce qui traite de la vie adolescente et de ses préoccupations : l’amour, l’école, la mort. Pourquoi se déplacer pour venir assister à l’une des représentations? « Pour encourager nos jeunes et voir la relève de demain », répond Daniel Morin. Tout ça dans des productions originales signées par des créateurs de chez-nous. Les représentations – au nombre de deux en soirée le 9 avril et de deux en après-midi le lendemain – auront lieu au théâtre de poche de La Sarre. On peut se procurer des billets aux bureaux de la Troupe À cœur ouvert.

La production C’est un beau roman (texte et mise en scène de Daniel Morin) s’inspire des chansons de l’auteur-compositeurinterprète français Michel Fugain.

L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

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arts de la scène Bascule reprend la route

> Margot lemire

Bascule, le personnage imaginé par la romancière Jocelyne Saucier, vivra sa seconde aventure, plus grand et plus fort, tant sur scène qu’en coulisses. Au passage, il invite quelques amis de l’extérieur, se dote d’un cahier pédagogique et s’offre plus d’une douzaine de représentations. Emmenez-en des grunambules!

Chapitre deuxième : le héros grandit… la production aussi

photo : Ariane Ouellet

Plus de 3000 jeunes spectateurs connaissent et aiment déjà Bascule, le héros de la route de l’Ouest. Ils attendent son retour pour ce 2e épisode. Cependant, nul besoin d’avoir vu le premier pour apprécier et comprendre le second, selon Ariane Ouellet, directrice générale du Petit théâtre du Vieux Noranda et directrice de production pour ce second volet.

Antoine Laprise lors des répétitions de mars 2010

Maintenant âgé de 12 ans, Bascule fera des rencontres importantes, très différentes. Il a grandi et tombe amoureux d’Églante, l’enfant-fleur. Il ne se comprend plus. Par amour pour la belle mystérieuse, Bascule part avec elle à la recherche de grunambules, la seule racine qui permette à son aimée de survivre et de s’épanouir. Qu’arrive-t-il à deux enfants dont les destinées n’ont rien en commun? Ensemble, ils affronteront les dangers qui surgiront au fil de leur quête. Ils croiseront Castaflan, cet homme au cœur si vaste, aux rêves si immenses, que rien n’arrive à

photo : cyclopes

Représentation de Bascule sur la route de l’Ouest à l’automne 2009

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L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

« C’est tellement beau, pas nunuche ni enfantin. On s’adresse à l’intelligence des enfants, à leur sensibilité particulière. » -Ariane ouellet satisfaire. Ces rencontres les changent tous. Que se passe-t-il quand on réunit, dans un même projet, des acteurs qu’on aime tels Alexandre Castonguay, Stéphanie Lavoie et Antoine Bertrand, avec Antoine Laprise, l’un des grands metteurs en scène jeunesse au Québec? Qu’on ajoute le violoncelle de Marie-Hélène Massy-Émond? Qu’on enrobe le tout d’une scénographie de Valéry Hamelin… sous l’œil attentif de la directrice artistique Lise Pichette? Ça flambe d’émotion et d’ardeur! Ariane Ouellet parle d’une équipe régionale professionnelle exceptionnelle, réseautée solidement. « J’admire le texte créé par Anne Théberge, dont le travail dépasse

la simple adaptation théâtrale. Elle est fidèle à l’œuvre admirable de Jocelyne Saucier. C’est le canevas premier où tout se joue. C’est le texte qui attire d’abord les comédiens et les comédiennes de renom. L’amitié et la complicité font le reste. » Pour enfants, mais pas enfantin Ariane Ouellet s’émerveille : « Le spectacle est remarquable! C’est tellement beau, pas nunuche ni enfantin. On s’adresse à l’intelligence des enfants, à leur sensibilité particulière. Pas question de donner des réponses, mais d’ouvrir des espaces de réflexion. » Ça grouille loin autour du Petit Théâtre car ce projet s’adresse d’abord aux écoles primaires. Un cahier pédagogique est conçu pour accompagner le cheminement des enfants. Il propose des activités à faire en classe avant et après le spectacle. On peut le trouver sur le site Internet, très complet, de la pièce. www.bascule.info


Secondaire en spectacle, ĂŠdition 2009-2010Â :

arts de la scène

photos : dany faucher

Katrina Steppan et AlisĂŠe LemireLemay dans la catĂŠgorie chant

ÂŤ Secondaire en spectacle nous apprend Ă avoir du ÂŤ fun Âť et Ă ĂŞtre Ă l’aise sur scène. Il n’y a pas de grosse compĂŠtition. Pour nous, c’est plus un trip de gang. Âť - AlisĂŠe Lemire-Lemay et Katrina Steppan

Des finales rĂŠgionales qui promettent Justin Despatie de la polyvalente La ForĂŞt > cindy caouette

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Ce sont les 8 et 9 avril prochains, au ThÊâtre TĂŠlĂŠbec de Val-d’Or, qu’auront lieu les reprĂŠsentations devant public des finales rĂŠgionales de Secondaire en spectacle.

Il est très important pour les URLS de s’impliquer dans le projet, car Secondaire en spectacle a un impact important sur les jeunes. La participation Ă un tel ĂŠvĂŠnement leur permet d’approfondir leur talent et de dĂŠvelopper ou d’amĂŠliorer la confiance en eux, car ils sont traitĂŠs comme des

volets du programme mise sur la conscientisation des jeunes Ă l’importance de demeurer Ă l’Êcole, Ă ne pas dĂŠcrocher. Pour AlisĂŠe Lemire-Lemay, Katrina Steppan et leur groupe qui a remportĂŠ la 1re place dans la catĂŠgorie interprète Ă la finale d’Amos, cet ĂŠvĂŠnement est une occasion de dĂŠbuter dans les arts de la scène tout en ayant du plaisir : ÂŤÂ Nous n’avons pas de mĂŠrite d’avoir remportĂŠ la 1re place. Secondaire en spectacle nous apprend Ă avoir du ÂŤÂ fun  et Ă ĂŞtre Ă l’aise sur scène. Il n’y a pas de grosse compĂŠtition. Pour nous, c’est plus un trip de gang. 

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MalgrĂŠ le fait que les ĂŠlèves participent Ă Secondaire en spectacle pour le plaisir, il n’en reste pas moins qu’ils doivent s’impliquer pour arriver Ă donner un bon spectacle. C’est environ 3 mois de prĂŠparation qu’ils doivent investir pour ĂŞtre prĂŞts Ă temps et prĂŠsenter un numĂŠro de qualitĂŠ, qui correspond aux critères demandĂŠs. Tous les finalistes qui monteront sur scène en avril auront la chance de montrer ce dont ils sont capables et de convaincre le jury pour une seconde fois. Ce sera un spectacle Ă ne pas manquer, car les jeunes donneront certainement tout ce qu’ils ont pour ĂŠblouir le public.

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polyvalente La Forêt d’Amos.

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Secondaire en spectacle a rÊussi à s’implanter dans la rÊgion il y a 8 ans de cela, avec l’appui de Loisir et Sport Abitibi-TÊmiscamingue. Selon Francis Murphy, coordon-

spectacle, les UnitĂŠs rĂŠgionales de loisir et de sport (URLS) sont prĂŠsentes pour appuyer les animateurs Ă la vie ĂŠtudiante des ĂŠcoles secondaires ou pour aider oĂš il n’y en a pas : ÂŤÂ Pour les petites ĂŠcoles qui commencent, il faut ĂŞtre prĂŠsents pour les aider, pour que les ĂŠtudiants aient une belle expĂŠrience, que ce soit valorisant pour les jeunes, mais aussi pour que chaque ĂŠcole ait la chance de prĂŠsenter un spectacle de qualitĂŠ. 

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C’est en mars dernier que se tenaient les 13 finales locales un peu partout en AbitibiTĂŠmiscamingue. Quelque 750 participants ont prĂŠsentĂŠ un numĂŠro lors de ces finales. Les finalistes locaux sont choisis parmi les catĂŠgories suivantes : danse et expression corporelle, interprĂŠtation et auteurcompositeur-interprète. Les finalistes auront la chance de per former lors de la finale rĂŠgionale et, par la mĂŞme occasion, de se tailler une place pour participer au PanquĂŠbĂŠcois 2010, qui aura lieu Ă Shawinigan en mai prochain.

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10-03-14 10:28


arts de la scène

La Cie de la 2e Scène est

Le Conservatoire souhaite ajouter une corde à son arc

photo : courtoisie compagnie de la 2e scène

L’Invité à l’Auberge Harricana

L’établissement valdorien évalue la possibilité d’offrir le DEC interprétation théâtrale > mélanie nadeau

Le Conservatoire de musique de Val-d’Or, un des sept établissements du genre au Québec, permet aux élèves d’apprendre à maîtriser leur instrument favori. Sous le même toit, on retrouve une cinquantaine d’étudiants du niveau primaire jusqu’au niveau universitaire, ce qui est unique en Amérique du Nord. Il s’agit aussi du seul établissement en Abitibi-Témiscamingue qui est autorisé par le gouvernement du Québec à offrir la formation menant au diplôme d’études collégial (DEC) en musique.

« l’étude nous a prouvé qu’il y a un réel besoin ressenti par les intervenants » Jean st-jules Mais voilà qu’un autre projet est sur la table. Monsieur Jean St-Jules, directeur du Conservatoire, rêve que son institution devienne le Conservatoire de musique et d’art dramatique de Val-d’Or, appellation réservée aux établissements de Montréal et de Québec. « Comme il n’est pas interdit de rêver, nous pouvons imaginer sa réalisation dans un horizon de cinq à dix ans ». Répondre aux besoins des gens d’ici Une étude de marché menée par des étudiants à la maîtrise en conception et gestion de projets de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue avait pour mandat de vérifier la recevabilité d’un tel projet

photo : paul brindamour

Si depuis 1964, le Conservatoire de musique de Val-d’Or offre une formation musicale de haut niveau aux gens de la région, nul établissement ne dispense de cours de théâtre de haut niveau. Cette situation pourrait changer à moyen terme : le centre de formation valdorien compte bien convaincre le ministère de l’Éducation – et les intervenants régionaux – de l’importance de développer l’offre de formation en art dramatique en Abitibi-Témiscamingue.

Janick Aubin-Martin et Caroline Lemieux, violonistes de l’envolée symphonique 2010 ainsi que sa faisabilité. « Bien que le but ultime soit la venue d’un programme collégial en art dramatique, je voulais aussi vérifier d’autres axes de développements possibles » souligne monsieur St-Jules. « Que ce soit l’intérêt pour la formation continue, la possibilité d’offrir des cours de perfectionnement aux enseignants en arts dramatique de la région ou encore la préparation aux auditions d’entrée dans les écoles de théâtre, l’étude nous a prouvé qu’il y a un réel besoin ressenti par les intervenants ». Une première expérience sera possiblement tentée pendant la prochaine année scolaire. En effet, l’espace d’une dizaine de fins de semaine, il pourrait être possible de s’inscrire à différentes formations offertes par des artistes réputés. Comme l’autorisation du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport viendra seulement si les conditions de réussite sont rassemblées, il reste maintenant à la clientèle à se manifester et au milieu culturel à démontrer qu’il appuie cette initiative.

Calen d r i e r Le 28 mai prochain, à 19 h 30, l’orchestre Réseau du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec s’arrêtera à Val-d’Or, à l’occasion de l’une des trois escales de sa tournée 2010. Rassemblant les meilleurs musiciens et comédiens de la relève au Québec, L’envolée symphonique 2010 permettra d’apprécier le talent de deux violonistes de la région. Étudiantes à la première année au baccalauréat, Janick Aubin-Martin de Val-d’Or et Caroline Lemieux d’Amos ont réussi les auditions afin d’être parmi les 98 musiciens sur scène. En plus de participer au camp préparatoire, elles auront donc la chance de se produire à l’église St-Jean-Baptiste de Montréal, au théâtre Télébec de Val-d’Or et au Palais Montcalm de Québec. Cette tournée panquébécoise constitue un outil à la fois pédagogique et promotionnel formidable, car elle est associée à l’apprentissage de la vie de musicien et d’acteur professionnel. www.conservatoire.gouv.qc.ca D’ici là, une flopée de concerts de fin d’année sont offerts aux mélomanes de la région : Concert des classes de saxophone et de violoncelle Vendredi 9 avril, 19 h Salle 301, Conservatoire Concert des classes de cuivre Samedi 10 avril, 11 h Salle 301, Conservatoire Concert de la classe de flûte Samedi 10 avril, 14 h

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Salle 301, Conservatoire Concert des grands ensembles du Conservatoire (Orchestre à cordes et orchestre d’harmonie) Dimanche 18 avril, 14 h Théâtre Télébec Concert des classes de piano Vendredi 23 avril, 19 h Salle 301, Conservatoire Série La relève (Caroline Lemieux, violon; Joffrey Ouellet, saxophone; Caroline RondeauGauthier, violoncelle)

L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Samedi 24 avril, 14 h Local 5024, UQAT, Amos Concert de la classe de violon Samedi 1er mai, 14 h Salle 301, Conservatoire Concert annuel (élèves et chorale) Dimanche 2 mai, 14 h Théâtre Télébec Palmarès Vendredi 14 mai, 19 h Théâtre Télébec

> doris blackburn

Pour une quatrième année consécutive, la troupe valdorienne La Cie de la 2e Scène s’installe à l’Auberge Harricana de Val-d’Or pour offrir une pièce où l’humour est loin d’être une insulte à l’intelligence! La compagnie, vieille de 33 ans, a essayé tous les styles théâtraux au fil des ans, du très sérieux au plus léger théâtre d’été. Mais depuis quelques années, l’équipe, avec Michel Pilon et Josée Audet en tête d’affiche, a délaissé l’humour plutôt élémentaire pour s’adonner à un style plus exigeant autant sur le jeu des comédiens que pour le public. Le tournant s’est amorcé en 2005 avec l’adaptation de 12 hommes en colère, devenu pour les besoins de la cause 12 jurés en colère : une dramatique qui donna un nouvel élan à la troupe valdorienne. Puis Michel Pilon fit la découverte de l’unique l’Auberge Harricana: elle allait devenir le décor naturel du classique d’Agatha Christie Les dix petits nègres, monté en 2007. Séduite autant par le décor rare que par la réceptivité du public, la troupe a alors décidé d’y installer ses pénates pour y présenter Un air de famille du duo Bacri-Jaoui (en 2008) et Un grand cri d’amour de Josiane Balasko (en 2009), avec le même succès. Cette année, la Cie de la 2e Scène tente une nouvelle fois l’expérience d’adapter un succès français avec L’Invité, un film de Laurent Bouhnik sorti en 2007 mettant en vedette Daniel Auteuil, Valérie Lemercier et Thierry Lhermitte.

« J’aime le défi que représente l’adaptation d’une pièce autant pour le texte que pour la mise en scène. C’est très exigeant, mais si je le fais c’est que je sais que ça peut donner une bonne pièce, à la fois drôle et intelligente. C’est toujours l’intrigue et les personnages qui me font décider de ce que je vais adapter », souligne Michel Pilon. Pour cette nouvelle production, ce dernier s’est entouré de sa complice de longue date, Josée Audet, ainsi que d’Isabelle St-Germain, qui en est à sa quatrième production en autant d’années avec la Cie de la 2e Scène. Puis, Carle Arseneault, aussi de Val-d’Or, montera à nouveau sur les planches avec la troupe, lui qui était de la distribution des Dix petits nègres et de 12 jurés en colère. La comédie L’Invité raconte la vie d’un homme de 52 ans sur le chômage depuis trois ans, mais dont une nouvelle opportunité de carrière s’offre à lui. Afin de s’allier les bonnes grâces de son nouvel employeur, il l’invite à dîner à la maison. Erreur! Sa femme, affolée de recevoir, s’empresse de demander conseil à leur voisin qui tentera de « relooker » ce couple plus qu’ordinaire. Bévues et imprévus assurés. À voir tous les vendredis et samedis soirs d’avril à compter du 2 avril.


arts de la scène

QUI PREND IMPRO PREND RÉGION photo : Andrée-Ève Veilleux

Une (autre) preuve que la culture est facteur de rétention

> Valérie Lemay

Qu’ont en commun Maude, Richard, Bruno, Marjorie et Émilie? Chacun a fait le choix de l’Abitibi-Témiscamingue il y a quelques années – à l’occasion d’un retour d’exil ou pour connaître un nouveau départ – et se sont enracinés ici un peu (beaucoup) grâce à l’improvisation. Cinq parcours, une constante : l’impro aide à rencontrer des gens, à créer des possibilités, à s’enraciner.

Marjorie Gobeil est arrivée en région avec un contrat de travail estival. En 2002, « aller à l’impro » comme elle le dit, c’était sa grosse sortie sociale : « Je ne connaissais personne, j’y étais comme spectatrice. Mais je me suis dit que j’étais sûrement capable de faire ça aussi. J’ai appelé au Petit Théâtre et j’ai joint leur équipe. » La voix de Marjorie s’enchante lorsqu’elle parle de Noranda : « J’aime le cabaret, le Petit Théâtre, le monde est sympathique, j’aimais vraiment ce coin. Je trippe aussi sur le lac au milieu de la ville! »

Nom : Bruno Turcotte Occupation : Artiste Origine : Saint-George de Beauce Ville d’adoption : Amos (La Libaba)

Nom : Émilie Villeneuve Occupation : Coordonnatrice à la formation Origine : Évain Ville d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

photo : Jenny coriveau

Quand Richard Vaillancourt est arrivé à Val-d’Or, il était loin de se douter que sa première journée en Abitibi-Témiscamingue se résumerait à prendre sa place aussi rapidement dans son nouveau milieu : « J’ai joué le premier soir que je suis arrivé. C’était gênant d’atterrir aussi vite dans la ligue, mais j’ai réalisé que cette opportunité allait me permettre d’accéder à un réseau de contacts incroyable. La preuve, c’est que cette même semaine, j’allais recevoir un appel pour devenir prof. »

Arrivée à reculons, Maude Letendre, anthropologue de formation, a tout de suite cherché à s’impliquer dans le milieu culturel. «J’ai été adoptée par la région et je ne suis plus jamais seule! » Elle qui n’a pas de famille ici considère que l’improvisation lui a permis d’accéder très rapidement à la culture et à un cercle amical. La région aura été une très belle surprise pour elle : « Même si certaines petites choses me manquent de Montréal, ce n’est jamais assez pour me redonner le goût de partir! » explique la témiscabitibienne d’adoption depuis quelques années déjà.

photo : Andrée-Ève Veilleux

photo : courtoisie de l’artiste

Nom : Richard Vaillancourt Occupation : conseiller en développement et responsable des communications Origine : Chicoutimi Ville d’adoption : Val-d’Or (LIV)

Nom : Marjorie Gobeil Occupation : Technicienne en laboratoire Origine : Alma Ville d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

photo : courtoisie de l’artiste

Nom : Maude Letendre Occupation : Fonctionnaire fédérale Origine : Montréal Ville d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

Bruno Turcotte et Véronique (sa conjointe) sont arrivés à Amos pour réaliser un contrat de 1000 $, alors qu’ils venaient de perdre beaucoup d’argent dans un projet théâtral dans les Laurentides : « On n’a jamais été payé! », se souvient Bruno avec amusement. Qui aurait pu croire que ce pépin dans leur parcours offrirait à Amos l’école d’Arts La Rallonge et Les Productions du Raccourci? Bruno constate que plusieurs étudiants de l’école d’arts semblent vouloir revenir ici pour contribuer à l’offre culturelle régionale, sans compter ce que l’improvisation apporte aux Amossois le mercredi soir : « On est tellement contents de casser la semaine en deux avec une assistance aussi stable d’année en année. »

Émilie Villeneuve, cette jeune femme impliquée originaire d’Évain, en a long à dire sur ce que l’improvisation lui a offert lorsqu’elle est revenue vivre ici : « Je n’oublierai jamais les quelque 200 personnes survoltées à l’impro! J’ai tout de suite compris que je n’étais pas dans la région que j’avais quittée quelques années auparavant. » Certes, le milieu culturel est effervescent et selon Émilie, repartir à Montréal n’est plus une option. « On a assisté à une ébullition culturelle au début des années 2000 qui n’est pas près de s’éteindre! » Celle-ci est nourrie par son réseau de contacts : « L’improvisation m’a permis de tisser des liens avec des gens extraordinaires que je n’aurais peutêtre pas côtoyés autrement. »

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musique

diffuseur

L’auditorium Renaud est mort, vive le Centre culturel et récréatif Le Tremplin!

Musique du chœur L’Orchestre et le Chœur symphoniques régionaux s’unissent pour une série de spectacles

> IB

> IB photo : Pierre Routhier

Le 25 mars dernier était inaugurée la nouvelle salle de spectacle de Malar tic.

Comme elle a dû détruire l’école Renaud pour un jour extirper l’or qui se trouvait en dessous, la compagnie minière Osisko a fait construire, à même l’école secondaire Le Tremplin, un tout nouveau centre culturel comprenant une salle de spectacle de 300 places. C’est le 25 mars qu’a été inaugurée cette nouvelle salle à configuration variable pouvant prendre la forme d’un cabaret ou d’une salle de spectacle classique grâce à ses sièges rétractables, construite au coût de 7 millions $. Sa proximité de l’école secondaire permettra son utilisation par la population étudiante, qui devait historiquement se contenter de la palestre pour la présentation de spectacles. Aussi, des locaux ont

Quelques années après leur dernière collaboration, l’Orchestre symphonique régional et le Chœur symphonique partagent de nouveau la scène pour une série de quatre spectacles d’une envergure rarement vue en région. En première partie, l’OSR présentera la Sérénade op. 7 pour instruments à vent de Richard Strauss ainsi que la Symphonie no. 85 « La Reine » de Joseph Haydn. Puis, en 2e partie, les quelque 90 choristes du Chœur rejoindront la quarantaine de musiciens de l’Orchestre pour interpréter un florilège d’œuvres allant d’une composition de Gustave Fauré aux Danses Polovstiennes de Borodine, en passant par la Suite folklorique d’André Jutras, un musicien et chef d’orchestre originaire d’Asbestos. Des représentations sont prévues du mercredi 7 au dimanche 11 avril avec relâche le vendredi, à Amos, RouynNoranda, La Sarre et Val-d’Or, dans l’ordre.

été aménagés pour certains organismes du milieu. Le producteur d’événements Christian Legault a été embauché à titre de diffuseur afin de préparer une saison de spectacles;

c’est Dévy Bédard, de la compagnie Visu-Art, qui agira à titre de directeur technique, poste qu’il a déjà occupé pour le Service culturel de la Ville de Val-d’Or.

osr.culture-at.org

23 avril journée mondiale du livre et du droit d’auteur

Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda www.ticketacces.net Théâtre Télébec de Val-d’Or www.theatretelebec.com Théâtre des Esker d’Amos 819 732-9233 Salle Desjardins de La Sarre www.ticketacces.net Centre civique de Matagami 819 739-2718 Théâtre du Rift de Ville-Marie www.ticketacces.net Service des Loisirs de Lebel-sur-Quévillon 819 755-4826 Salle Dottori de Témiscaming 819 627-3230 La Porte du nord de Chibougamau 418 748-7195 Spectour regroupe 9 diffuseurs de spectacles professionnels de l’Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec 26

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événement

ma région j’en mange !

Par Marie-Joe Morin, co-propriétaire et conceptrice culinaire de la sandwicherie à Val-d’Or

L’art culinaire étant en constante évolution, la cuisine et ses allures sont sans cesse redéfinies et certaines traditions se perdent dans le temps. La grande salle à manger est sans aucun doute en perte de popularité au détriment du petit bistrot qui se veut plus actuel dans le service et la gastronomie. Il en va de soi que celui-ci est plus branché et dynamique, mais certainement pas aussi intimiste et feutré que le grand restaurant aux allures classiques. La Cale du navire de Val-d’Or est un endroit bien connu; bien qu’elle soit rarement le premier choix des clients, il semblerait qu’elle sait garder le cap. C’est au fond d’une sombre cave que nous découvrons une petite salle à manger quelque peu défraîchie, aux nappes de couleur vieux rose, mais toutefois très chaleureuse. L’accueil du client est sans doute l’une de leurs plus grandes priorités; la ser veuse se fait un devoir de vous saluer et de prendre votre manteau. C’est une fois attablé, au travers des autres clients, que la musique style Rock détente vient quelque peu seconder, voire même renforcir, le style démodé du resto. L’ambiance feutrée et la discrétion du ser vice établissent un respect de votre intimité. Alors tel un classique, vous pouvez calmement prendre l’apéro de votre choix et croyez-moi, du choix, il y en a. Tout en discutant tranquillement, le temps se fige dans la discrétion. Amateur de fruits de mer? C’est pour vous! Un aquarium où vous pouvez choisir votre homard et un choix étoffé de cuisson, que demander de plus? Une paella, des cuisses de grenouilles, des crevettes papillons, l’assiette du pêcheur; vous êtes comblé. Vous préférez la viande? Encore là, vous ne vous tromperez pas : du filet mignon au steak flambé, à vous de choisir. La tradition de la salle à manger est omniprésente dans tout le menu et ainsi que dans les manières adoptées dans le ser vice.

Une dernière chance perpétuelle Salle mythique, le Cabaret traverse les époques en gardant toute sa vigueur > Karine Lacroix

Dans quelques jours, le Cabaret de la dernière chance célébrera sa 10 000e journée d’ouverture. Des milliers de souvenirs de spectacles, de nuits endiablées, de coups de cœur culturels, d’utopies partagées… Le Cab occupe une place à part en région : son histoire est riche et surprenante. Si ses murs pouvaient parler, on en aurait pour quelques jours à les écouter se raconter… Regard sur une vieille dame de la culture qui n’a pas pris une ride. Cette année seulement, le Cabaret a produit, avec la collaboration de ses employés, près d’une cinquantaine de spectacles, une soixantaine d’activités culturelles et une dizaine d’expositions d’artistes de la région, sans oublier l’apport de Productions Parallèle 48 dans plus d’une vingtaine de spectacles supplémentaires. Depuis longtemps, le Cabaret est un passage obligé pour les artistes de la relève. On n’a qu’à penser aux Richard Desjardins, Jim Corcoran et Michel Rivard, mais également Mara Tremblay, Pierre Lapointe et Yann Perreault, qui ont joué certaines de leurs premières notes dans cette salle légendaire.

photo : Marie-Joe morin

La sélection du capitaine Mon choix s’arrête donc à l’entrée de fondu parmesan, tandis que Watson opte pour les escargots et que Ouvrien choisit la salade César. Tel que la coutume le veut, la dame est ser vie d’abord et le ser vice se fait par la droite; les règles sont respectées. Les entrées n’ont rien de remarquable en présentation, elles sont toutefois très bonnes. Lors du repas principal, je reçois un homard Termidor qui à mon avis est trop gratiné ce qui camoufle la saveur délectable de sa chair. Watson a droit à une magnifique assiette du pêcheur qui est par faite : aucun poisson n’est pané et la cuisson est excellente. Ouvrien pour sa part se fait offrir un spectacle remarquable avec son steak au poivre flambé. À notre table est amené un chariot avec des brûleurs, la ser veuse telle une experte flambe la viande d’Ouvrien avant de la lui ser vir. Celle-ci est bien tendre, chaude et cuite juste à point. Vive le spectacle et les artifices des salles à manger traditionnelles, ils nous rappellent ce qu’est le véritable ser vice maniéré d’excellence. Puisque nous n’avons pas l’occasion tous les jours d’assister à une telle mise en scène, nous finalisons donc notre souper avec un excellent café flambé.

photo : karine lacroix

La Cale du Navire

Vous recherchez le calme, vous désirez prendre votre temps pour manger et vous sentir considéré? La Cale du navire est là pour vous. Toutefois, n’osez pas croire que ce sera une expérience haute en couleur pour la découverte gastronomique. Alors traditionalistes, conser vateurs ou encore douillets, allez-y, régalez-vous. La règle veut que ce qui est fait soit bien fait, à cette adresse, elle est appliquée.

La première et la dernière chance Établi dans un ancien magasin de bicyclettes, le Cabaret a eu plusieurs incarnations en 27 ans : salle de spectacles, lieu de projections, restaurant, bar... Le Cabaret de la dernière chance tire son nom du livre de Jack London, First and last chance saloon. L’histoire racontait qu’après avoir traversé le désert, on avait besoin d’une première place pour s’abreuver et d’un dernier endroit avant de prendre le chemin du retour. La région étant éloignée, l’histoire voulait que ce soit la dernière chance au Saloon. Grâce à la loi 101, le saloon devint le Cabaret : Le Cabaret de la dernière chance,

lieu pour s’abreuver l’esprit avant la traversée du Parc de la Vérendrye, rien de moins!

Établi dans un ancien magasin de bicyclettes, le Cabaret a eu plusieurs incarnations en 27 ans : salle de spectacles, lieu de projections, restaurant, bar... Dès sa fondation en décembre 1982, le Cabaret s’avère un creuset d’implication culturelle, l’une des valeurs fondamentales de l’organisation. D’ailleurs, quelques années plus tard, l’organisme Production Parallèle 48 voit le jour et favorise ainsi la présence sur scène d’artistes de la relève d’ici et du Québec. Grâce à cet organisme, il était alors possible de recevoir des subventions pour la production de spectacles, qui s’ajoutaient à ceux produits par le Cabaret de la dernière chance. Seulement cette année, c’est près de 150 activités qui ont été réalisées grâce aux deux organisations! En cet anniversaire, le Cabaret rappelle ce qu’il a été et ce qu’il est devenu au fil du temps avec toujours le même souci : le goût du risque et l’envie fondamentale de s’engager culturellement.

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diffuseur

musique

L’aurore de Radio Boréale photos : courtoisie de l’artiste

La station communautaire d’Amos fait sa niche dans le paysage médiatique régional > christian matte

Après sept ans de travail, Radio Boréale a pris sa place sur les ondes le 22 février dernier, à 6 h du matin, à la position 105,3 de la bande MF (95,1 sur le câble). Ce fut une grande journée, entre autres pour le président, Donald Perron, et pour l’armée de bénévoles ayant travaillé à cette réussite. « C’est quelque chose, après toutes ces années, c’était très émotif, confie M. Perron. Le résultat est vraiment extraordi-

naire : c’est gros, très gros! Nous sommes un média important pour ici et pour le développement de la MRC, une opportunité incroyable pour les gens. » La programmation vise à satisfaire tous les goûts musicaux, en plus de présenter un bulletin de nouvelles à mi-chemin de chaque heure. L’équipe prenant place derrière le micro comprend Catherine Boulerice (journaliste et animatrice), Bob Blais (animateur) et Alexandre Rouleau (animateur). L’essayer c’est l’adopter Après un mois d’opération, les commentaires du milieu sont élogieux. « Les gens adorent la qualité du son et la couverture [des sujets d’ici], rapporte M. Perron. Radio Boréale couvre un vaste territoire grâce à notre émetteur de 32 000 watts. On peut nous entendre partout en région en auto, jusqu’à Lebel-sur-Quévillon et dans une partie de la réserve faunique La Vérendrye. » « De plus, poursuit-il, le country, en vedette le soir et le weekend, est notre locomotive pour fidéliser l’auditoire; c’est très populaire. Tellement que par fois, l’animateur Bob Blais ne peut faire jouer toutes les demandes spéciales! »

Donald Perron 28

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photo : christian matte

Maintenant que Radio Boréale est démarrée, les responsables de la station vont travailler à développer certains projets. « Nous sommes à consolider notre place. Nous aurons des chroniques sur divers sujets qui vont s’ajouter à celles qui ont déjà commencé, comme celle sur l’environnement. Il y a aussi des projets d’émissions sur la table à dessin », conclut M. Perron.

D- RIC

Beat de vie 100% témiscamien > chloé BP

Le rappeur témiscamien D-Ric vient de sortir son album Beat de vie. Avec ce deuxième disque entièrement autoproduit —avec l’aide de Pascal Bellehumeur pour le mastering—, le jeune homme de 21 ans démontre bien qu’il est possible d’arriver au bout de ses ambitions. D-Ric s’est lancé dans l’écriture il y a 8 ans. À cette époque, l’écriture lui est apparue comme une nécessité pour extérioriser ce qui se passait en-dedans de lui. Puis, au fil des années, son engouement pour la musique l’a amené à arranger ses textes sur certains beats. À 18 ans, il sort un premier démo bidouillé avec des trames reprises. « En faisant ce premier mixtape, j’ai constaté que ça serait facile de faire mes propres beats, alors j’ai commencé à m’équiper et je me suis monté un studio », explique-t-il. Depuis, il arrange lui-même sa musique à partir d’échantillonnages préenregistrés. En 2008, il sort un premier album autoproduit. Cet album, distribué dans son entourage, est diffusé à la radio de CKVM, faisant connaître son potentiel à tout le Témiscamingue.

Nouvelle vie, nouvel album Déménagé à Sherbrooke pendant 3 ans, D-Ric est revenu dans son coin de pays il y a un an, mais son « retour au bercail un peu forcé » ne diminue en rien son désir de créer. C’est en février dernier qu’il a sorti son deuxième album. Toujours empreints d’une dose de réflexion, les textes de D-Ric ont une touche bien personnelle. « Je m’inspire de ma vie et j’essaie d’adapter mes textes pour que d’autres personnes se reconnaissent dedans. ». Au fil des expérimentations sonores, D-Ric découvre des nouvelles possibilités. Si ses textes ont pris une certaine maturité, les mélodies ont également évolué. Pour ajouter de la saveur à son nouvel album, D-Ric flirte avec différents genres. Ainsi, il donne une touche plus reggae à la chanson Summertime — un hit estival à

découvrir— alors que La Samba est une chanson des années 70, reprise pour ajouter de la couleur à la musique. Ces métissages apportent une bonne dose d’énergie positive à ce nouvel opus, positivisme qui se retrouve autant dans la musique que dans les textes. « J’essaie toujours de trouver le positif des choses même quand ça va mal, même les textes down ont une petite lueur. » Beat de vie est disponible dans quelques commerces du Témiscamingue, dont l’Intro Musique, L’Apicius et La Source Bergeron Électronique. Il est également possible de le commander via son site web. www.d-ric.com

musique Saltarello en mélodies et en images à Montréal

De la musique du monde qui voyage > IB

Le groupe lasarrois Saltarello se paye un spectacle dans un des temples montréalais de la musique du monde, soit le bar Les Bobards, qui a pignon sur rue sur le boulevard Saint-Laurent. Le groupe présentera son spectacle Passage oublié, inspiré de l’album du même nom paru à l’automne 2008. Ce troisième disque a été composé à la suite d’un séjour de Saltarello au Maroc. Cette prestation montréalaise coïncide avec le vernissage de l’exposition de peinture Sagesse et lumière de Luc Lafrenière, cofondateur de Saltarello avec Julie Pomerleau, également à l’affiche aux Bobards. Le tout se déroule le 1er avril, à 17 h. Le groupe sera également en spectacle au bistro La Maîtresse le 24 mars à 21 h.


musique Le Rouynorandien d’origine Félix B. Desfossés et sa conjointe lancent les disques Pluton, voués à la réédition d’albums méconnus

Archéologie musicale > Paul-Antoine Martel

Les nouvelles technologies facilitent la production et la diffusion de musique, ce qui peut infliger un léger vertige à quiconque souhaite se tenir vraiment au courant de ce qui se trame en la matière. Imaginez quand on ajoute à cette masse sans cesse renouvelée de notes toutes celles qui ont été gravées sur disque jadis : on se dit qu’on n’aura jamais assez d’une vie pour tout connaître et apprécier. Heureusement, il existe des guides : Félix B. Desfossés et ses disques Pluton sont du lot. photos : Dsiques Pluton

Depuis la fin des années 90, certaines compagnies québécoises se sont donné pour mission de numériser la musique de l’ère des disques en vinyle afin de la protéger et de la faire connaître. C’est ce que souhaitent faire le Rouynorandien d’origine Félix B. Desfossés et sa conjointe et associée Mélodie Rheault. « Certains créneaux n’étaient pas couverts dans le domaine de la réédition, explique Félix B. Desfossés, comme le R&B, le soul, le funk, ou encore le rock de garage. ». Premier sauvetage : trois chansons d’un certain Donald Seward, Rouynorandien qui fut claviériste pour César et les Romains, mais qui fut surtout un grand amateur de soul et autres musiques d’inspiration afro-américaine, vendues sous forme de 45 tours et de

fichiers MP3. « C’est pour nous une excellente carte de visite : de la musique de grande qualité qui est un peu passée sous le radar », analyse celui qui se fait également appeler DJ Pâté. Nouvelles idées pour vieille musique À l’entendre raconter comment il a obtenu les droits sur les chansons de Donald Seward – à la suite d’un article du fanzine du Festival de musique émergente, d’un avis de recherche et d’une longue conversation autour d’un café – on comprend rapidement que Félix B. Desfossés est un passionné de musique, et que sa passion est contagieuse. « Dès mon arrivée à l’école La Source, j’ai commencé à faire de la radio étudiante, beaucoup parce que j’avais besoin de partager ma

passion pour la musique », relatet-il, lui qui est également membre du groupe Les Prostiputes. Cette enthousiaste pulsion se matérialise également sous la forme d’une émission de radio (Vente de garage) disponible sur Internet en baladodiffusion, et d’un blogue qui s’avère une mine d’informations sur des musiques peu connues des années 50 à 70. Au-delà des rééditions de disques, Félix B. Desfossés souhaite aussi avec les disques Pluton agir comme consultant musical, et contribuer à brasser les idées préconçues sur la musique québécoise des années 60 et 70. Il participera d’ailleurs à la mise sur pied du musée du Rock ‘n’ roll, qui documentera la naissance, au Québec, de ce phénomène social qui perdure, en une exposition

on comprend rapidement que Félix B. Desfossés est un passionné de musique, et que sa passion est contagieuse qu’on pourrait voir en région.

éventuellement

Artéfacts régionaux « L’Abitibi est très présente dans ma collection de disques, confie-til. En fait, j’essaie de rassembler tout ce qui s’est enregistré en région. » L’histoire musicale du Nord-Ouest québécois le fascine,

et il veut répandre ce qu’il sait. « Il y a deux types de collectionneurs : ceux qui sont avares de leurs découvertes, et ceux qui veulent partager leurs découvertes avec le plus grand nombre. » Souhaitons que cet ultime représentant de la deuxième catégorie puisse un jour nous présenter son histoire du rock régional, que les gens d’ici prennent enfin conscience de la richesse de notre patrimoine musical. lesdisquespluton.com ventedegaragepodcast. blogspot.com

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musique

Indépendant (2010)

poste d’écoute Réal V. Benoit – À ceux qui m’aiment

it de pr odu - n o u s

chez

> Péhahéme

Je l’avoue, À ceux qui m’aiment est le premier album de Réal V. Benoit que j’ai eu l’occasion d’écouter au complet… et c’est un peu déroutant comme expérience. On se demande par fois si ce n’est pas Normand L’Amour, le prolifique et étrange auteur-compositeurinterprète, qui a pris le contrôle de notre système de son. Puis en écoutant attentivement, on comprend qu’il y du travail derrière ces chansons simples et honnêtes, et un talent certain. Certes, la voix du Mineur chantant n’est pas celle de Sylvain Cossette (ce qui finalement, est une qualité), et l’instrumentation sonne un peu artificielle par fois; en revanche, Réal V. Benoit assume ce qu’il chante – il dit d’ailleurs, sur la chanson titre, il ne me déplaît pas de déplaire – et les arrangements de Claude R. Knight sont remplis de trouvailles et de surprises, allant de chœurs judicieux à des sax bien graves et gras. Les textes sont par fois maladroits (comme dans Pauvres pauvres : « Pourtant les pauvres eux aussi sauraient bien conduire de grosses voitures/Ainsi qu’facilement profiter de bon temps s’ils vivaient entourés de luxure ») mais ils sont aussi francs et directs, et font montre d’une belle conscience sociale tout en abordant des thèmes typiques de chez nous. Bref, j’aime Réal V. Benoit. Enfin, je crois. 3.5/5

Merci à tous nos collaborateurs 30

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Cusson Mervil Montcalm – Café élektric

> philippe lebel Café des oiseaux, premier album d’un jeune Franco-Ontarien bourré de talent, a été enregistré en quatre jours avec très peu de retouches au mixage. On y découvre Louis-Philippe Robillard, plutôt difficile à cerner tellement ses influences sont multiples. On peut y reconnaître tour à tour quelques façons propres aux Vincent Vallières, Dédé For tin, Martin Léon, Marc Dér y, voire même Urbain Desbois. L’orchestration est très bonne et la réalisation l’est tout autant. Les textes sont véhiculés par des airs folk-rock, pop, jazz, tantôt festifs, tantôt mélancoliques. Les textes sont très intéressants, des écrits matures qui se tiennent, originaux, souvent engagés avec une pointe d’humour. Bref, l’œuvre est tout sauf linéaire. Par contre, l’album manque de corps, le tronc est un peu frêle. Les chansons, prises une à une, sont toutes bonnes, mais quand on écoute l’ensemble, ça ne lève pas. Il n’y a pas de fil conducteur. Un peu plus de temps en studio aurait peut-être permis d’offrir un produit plus mature, mais bon ; l’album est tout de même plutôt bon et j’imagine que le prochain le sera encore davantage. 3,4/5

> philippe lebel Michel Cusson a marqué et continue de marquer le paysage musical québécois depuis plusieurs années, en particulier au petit et au grand écran. Il a signé d’innombrables bandes originales de films, séries télés, spectacles à grand déploiement... et il est en demande partout dans le monde pour ses talents de compositeur. Voulant sortir un peu de son studio pour fouler la scène, il a décidé de monter un projet de rock franco en collaboration avec son acolyte Kim Gabour y (aka Akido). Après avoir concocté la musique et les lignes mélodiques, il a fait appel à Térez Montcalm et Luck Mer vil pour leurs mots et leurs voix. Le résultat est plutôt surprenant. Il y a une réelle complicité entre les trois. Montcalm et Mer vil ont su adapter leurs voix intenses pour les fondre au rock planant de Cusson. L’empreinte cinématographique de ce dernier est palpable sur l’album, qui est fortement teinté des sonorités du rock britannique, avec une touche de musique du monde. La guitare y est omniprésente. Café élektric est un opus au par fum de nouveauté, plutôt intense et éclectique, qui nous permet de découvrir une autre facette de l’immense talent de Michel Cusson. 3,9/5

Gigi French – Canelle > Chloé BP Après avoir mené de front la formation Hot Springs – malheureusement dissoute depuis plus d’un an – Giselle Webber se lance dans la chanson française avec Gigi French. Celle qui a également fait ses preuves dans le rap avec Giselle Numba One revient cette fois-ci avec un orchestre jazz à géométrie variable. Près d’une quinzaine de musiciens participe de près ou de loin au projet, notamment des membres de Clues, Islands, Random Recipe et United Steelworkers of Montréal. L’appel de la nature à permis à Giselle de se retirer dans le bois des Laurentides où elle s’est remise à la composition. En trois jours seulement, elle a pondu ce nouveau projet. L’album a été enregistré dans un esprit d’improvisation musicale, sans trop de répétition, laissant place à l’erreur et tous les charmes qui en découlent. Il faut dire que la voix rauque mais délicate de Giselle Webber se prête à bien des sauces. Même si son accent anglo-québécois rend difficile la compréhension de certaines paroles, il se dégage de l’ensemble une fraîcheur digne d’une journée de printemps. Aux sonorités jazz de la contrebasse et des cuivres se mêle habilement une pop rétro qui nous emporte à l’époque d’Aznavour et des bistros français. Hautbois, vibraphone et scie musicale ajoutent une touche excentrique à l’opus duquel on peut aussi déceler une couleur juive et gitane. Un amalgame de folie et de douceur qui réjouit et réconforte. L’album Cannelle est disponible gratuitement ou moyennant une contribution volontaire sur gigifrench.com. 3/5

> noyzemaker Pour ce 11e album, qui propose un concept étrange semblant s’inspirer de l’ultime mission d’un pilote d’hélicoptère qui finira par trouver la mor t, Download offre une sorte de synthèse de ses 15 premières années d’existence. S’y combinent un peu de l’agressivité post-industrielle de l’ère Furnace / The Eyes Of Stanley Pain, des nappes atmosphériques introspectives de l’époque III, des sublimes arrangements de Effector et la dynamique de FiXeR. Le problème, c’est que cela finit par sentir le réchauffé. Si l’on retrouve quelques moments mémorables tels que l’étonnante envolée lyrique de Lift, le délire électro-psychédélique de Pilots Requiem ou les r ythmiques maniaques de Decadance, l’ensemble demeure un peu décevant. Surtout pour une formation qui a su forger à ses débuts un genre tout à fait nouveau qui mélangeait industriel, noise, techno et dark ambient et qui, par la suite, est longtemps demeurée à l’avant-garde de l’électronique. Après 15 ans, cEvin Key (Skinny Puppy, PlatEAU, etc.) et Philth Western (PlatEAU, Beehatch) semblent maintenant un peu essoufflés. L’absence du génie presque démentiel de Dwayne Goettel (Skinny Puppy, aDuck), mort d’une surdose d’héroïne peu de temps après avoir complété Furnace et Stanley Pain, se fait plus que jamais sentir. Saluons cependant la sublime et atmosphérique Beati, qui vient clore l’album avec le retour de Mark Spybey (Dead Voices On Air), qui avait quitté les rangs de Download après la parution de Stanley Pain. 3/5

Ov Hell – The Under world Regime Indépendant (2009)

> Stéphane racicot Si plusieurs appréhendaient l’effet du départ du rappeur Timo sur le son de Radio Radio, leurs craintes seront démenties à l’écoute de Belmundo Regal, le deuxième album de la formation. Composé au chalet de la grand-mère d’Alexandre à la baie Ste-Marie, le disque empreint d’une rafraîchissante épopée fut enregistré à Montréal où le trio vit présentement. Un mot résume bien le dernier effort de Radio Radio : incertitude. Tout est pratiquement matière à interprétation. Pour Radio Radio, le test du deuxième album était de taille: prouver que la magie de son premier compact pouvait opérer à nouveau sans bénéficier de l’effet de surprise lié à ses textes en chiac, un croisement fort charmant de l’anglais et du français. L’album est mystérieux. Plus d’une écoute est indispensable pour en comprendre assurément le sens, mais il suffit d’une écoute de Belmundo Regal pour découvrir que le trio a relevé le défi. Une fois de plus, sa fougue et son sens de la mélodie collent par faitement à ses r ythmes électroclub champ gauche. Les textes sont très éclatés, ce qui pourrait décourager certains non-initiés. Chaque chanson se prêtant à des dizaines de significations, Belmundo Regal ne sera jamais totalement désuet, même dans dix ans. Belmundo Regal propose une belle évolution musicale. La cacophonie de Cliché Hot s’est adoucie pour laisser place à plus de douceur et d’élégance. « Cliché Hot c’était le party. Belmundo Regal est moins agressif, c’est toujours un party mais, plus vacancier ». Finalement, notons la participation d’une belle voix d’ici, la Rouynnorandienne Whitney Lafleur, sur la pièce Kenny G Non-Stop. 4,5/5

Indépendant (2010)

Bonsound Records (2010)

Radio Radio – Belmundo regal

Download – HElicopTEr Sub-Conscious Communications (2009)

Louis-Philippe Robillard – Café des oiseaux Go musique (2009)

Les productions l’Archipel (2010)

poste d’écoute

> Stéphane racicot Ov Hell est la fusion divinisée par le sang et les flammes de Shagrath (Dimmu Borgir, Chrome Division) et de King (God Seed, Gorgoroth, I, Sahg etc.). Mais c’est aussi l’histoire d’un des plus énormes gâchis du black métal de la dernière décennie. Ni plus ni moins. The Under world Regime a tout pour satisfaire : une pochette bien affreuse sur laquelle les deux principaux protagonistes s’exhibent, dans le but de gonfler les ventes, mais musicalement, ce disque fait mal, mais alors vraiment très mal. La structure des morceaux, le style personnel : tout y est. Les gars sont des pros, on ne va pas leur retirer cela. Mais le manque d’inspiration se ressent énormément dans cette galette. Il suffit d’écouter le grand nombre de bruitages, d’intros et d’interludes toutes plus clichés les unes que les autres (pleurs de bébé, cris de femme, feu qui crépite…). Amateurs de black métal malsain, passez votre chemin. Pourquoi avoir formé un nouveau groupe si c’est pour nous rabrouer la même sauce qui périme en deux jours? King Ov Hell et son ami Shagrath nous offrent un projet qui s’avère plus commercial que black métal. Attendons la suite afin de pouvoir se prononcer de manière plus précise. 1/5

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