NOVEMBRE 2020 // L'INDICE BOHEMIEN // VOL.12 - No. 03

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - NOVEMBRE 2020 - VOL 12 - NO 03

GRATUIT

CAROL CASTRO

La résilience d’une terre en friche + spécial immigration

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SE RASSEMBLER POUR MIEUX S’INTÉGRER

11

AIMER ET FAIRE AIMER LE TÉMIS C AMINGUE

15

L’IMMIGRATION PORTÉE À L’ÉCRAN

18

L A CHICK LIT SELON MARIE-MILLIE DESSUREAULT

25

L’UNIVERS COLORÉ DE S ABRINA L AHAIE


L’indice bohémien est un indice

DISTRIBUTION

qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance

L’Indice bohémien poursuit sa distribution en respectant les mesures de

et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

santé et de sécurité. Pour devenir un lieu de distribution, contactez Valérie Martinez à direction@indicebohemien.org.

150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5

CHRONIQUES

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ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien

Voici nos collaborateurs bénévoles pour ce numéro :

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative de

MRC D’ABITIBI

solidarité du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en

Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau, Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne et Sylvie Tremblay.

L’anachronique

4

novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et

Environnement

24

indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et

Histoire 10

les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

MRC D’ABITIBI-OUEST

Ma région, j’en mange

15

Premières Nations

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

Région intelligente

14

Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda

VILLE DE ROUYN-NORANDA

Tête chercheuse

6

Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or

Gilles Beaulieu, Anne-Marie Lemieux, Valérie Martinez, Suzanne Ménard,

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

Annette St-Onge et Denis Trudel.

Colette Langlois, Raphaël Morand, Sophie Ouellet et Mario Tremblay.

Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda

SOMMAIRE

Lyne Garneau | Ville de Rouyn-Noranda

MRC DE TÉMISCAMINGUE

Joanie Harnois | MRC de Témiscamingue

Émilie B. Côté, Véronic Beaulé, Carole Marcoux et Lise Millette.

À la une

5

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

Arts visuels

25

Valérie Martinez

Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Caroline Leblanc, Renaud Martel,

Cinéma 6

direction@indicebohemien.org

Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber et Ginette Vézina.

Immigration

8 à 15

819 763-2677

Littérature

18 et 19

Médiation culturelle

28 et 29

CONCEPTION GRAPHIQUE RÉDACTION ET COMMUNICATIONS

Feu follet

Musique 24

Gabrielle Izaguirré-Falardeau, coordonnatrice

Photographie

redaction@indicebohemien.org

CORRECTION

819 277-8738

Geneviève Blais

23

Théâtre 7

Ariane Ouellet, éditorialiste Lise Millette, collaboratrice à la une

IMPRESSION Imprimeries Transcontinental

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES Fednel Alexandre, Jonathan Barrette, Bianca Bédard, Justin Benoit Bélanger,

TYPOGRAPHIE

Lydia Blouin, Joannie Cotten, Nancy Crépeau, Michel Desfossés,

Carouge et Migration par André SImard

Maurice Duclos, Louis-Éric Gagnon, Caroline Gélinas, Isabelle Gilbert, Benoit-Beaudry Gourd, Mélanie Hallé, Houria Hamzaoui, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Hélène Jager, Philippe Marquis, Béatriz Mediavilla, Lise Millette, Yves Moreau, Michèle Paquette et Dominic Ruel

COORDINATION RÉGIONALE Valérie Castonguay | MRC d’Abitibi Ana Nuñez Gonzalez | MRC d’Abitibi Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Alex Turpin-Kirouac | Ville de Rouyn-Noranda

EN COUVERTURE

Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue

Professeure en travail social à l’UQAT, Carol Castro, elle-même

Geneviève Béland | MRC de la Vallée-de-l’Or

immigrée au Canada en provenance du Chili en 2004, parle de l’immigration comme d’un long processus.

Certifié PEFC

Photo : Mélissa Roy

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

PEFC/01-31-106

2 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

www.pefc.org


– ÉDITORIAL –

S’OUVRIR LES YEUX ET LE CŒUR GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU, ÉDITORIALISTE INVITÉE

Je suis née à Montréal d’une mère québécoise et d’un père hondurien venu ici par amour pour elle, au milieu d’un hiver de sa mi-vingtaine, sans un mot de français en poche. Papa est sans doute ce qu’on appelle un exemple d’intégration. Ancré dans le territoire régional depuis près de vingt ans, il travaille dans son domaine, parle couramment français, a su s’entourer d’un réseau social diversifié sans jamais se sentir lésé par son accent ou la couleur de sa peau. Je crois qu’il s’est toujours senti accueilli avec respect et qu’il se positionne en fier représentant de son territoire d’adoption. Grandissant aux côtés de ce père au parcours plutôt enviable, voire romantique, j’ai longtemps cultivé l’image de ma province et de ma région comme de terres d’accueil rêvées, et de l’immigration comme une réalité aux défis certes bien réels, mais qui, au bout du compte, apportait surtout le bonheur d’une vie occidentale confortable.

programme, qui permet entre autres à des étudiants internationaux de recevoir rapidement un certificat de sélection du Québec (CSQ) pour obtenir la résidence permanente, avait été révisé par le MIFI pour ne devenir accessible que dans le cadre de programmes d’étude correspondant aux besoins de main-d’œuvre actuels. Denis Martel, recteur de l’UQAT, qui compte chaque année sur l’inscription de nombreux étudiants étrangers, s’était inquiété que plusieurs des programmes offerts par son université ne figurent pas sur cette liste, dont la pertinence a été décriée par les milieux concernés. Si, depuis, la réforme du PEQ a été révisée, poussant malgré tout un doctorant de l’UQAT à quitter le Québec, le fiasco de la première mouture et les impacts de la deuxième reflètent quand même un certain manque de considération pour les candidats au PEQ, mais aussi pour les réalités régionales. Au-delà de l’idéologie prônée, avec laquelle on peut, somme toute, être en accord ou non, plusieurs situations problématiques relevant du manque de rigueur ont été soulevées par le Vérificateur général (VG) auprès du MIFI. En effet, dans le rapport 2019-2020 du VG, il est indiqué, entre autres, que le MIFI a égaré des documents dûment expédiés par des candidats à l’immigration pour l’obtention du CSQ. Le Ministère a ainsi rejeté certains dossiers malgré l’existence d’une preuve de la réception des documents.

Ma perception a changé, évidemment, à mesure que m’ont été présentés des motifs d’immigration différents, le concept bien réel de racisme systémique ou encore, le sentiment vécu par plusieurs de n’être finalement chez soi nulle part. J’ai aussi compris que ma région n’était pas toujours aussi douce que je voulais le croire envers ses nouveaux habitants. En 2019, cinq diagnostics territoriaux en matière d’attraction et de rétention des personnes immigrantes ont été réalisés dans les MRC de l’Abitibi-Témiscamingue par des organismes mandatés par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Dans une synthèse des résultats de ces enquêtes publiée par l’Observatoire de l’AbitibiTémiscamingue, on apprend que malgré certaines qualités indéniables accordées par les immigrants à la région (qualité de vie, grands espaces, gentillesse des citoyens à leur égard, entre autres), de nombreuses difficultés sont aussi soulevées. On compte parmi celles-ci l’accès au logement limité par des coûts élevés et des réactions parfois discriminatoires, ou encore l’accès difficile au transport dans un milieu sans réseau efficient de transport en commun, et où le coût des déplacements interurbains demeure très élevé. Il est aussi question des télécommunications, dont le coût et la qualité, en milieu rural, sont inversement proportionnels. Pour les personnes immigrantes, l’accès aux télécommunications revêt une importance supplémentaire, celles-ci représentant « souvent le “pont” entre ici et leur famille, qu’elle soit dans les grands centres ou dans leur pays d’origine ». Alors qu’on apprenait récemment que la CAQ ne serait pas en mesure de tenir sa promesse de rendre accessible internet haute vitesse à l’ensemble des Québécois d’ici 2022, cet enjeu apparaît plus qu’actuel.

Tout cela est loin d’aller dans le sens d’une réelle volonté d’intégration et de reconnaissance de l’apport des populations immigrantes au développement de notre province. La CAQ a fait campagne en habillant sa politique migratoire du slogan « On en prend moins, mais on en prend soin ». Pourtant, les derniers mois ont révélé des inégalités criantes entre les strates sociales de notre société, les personnes au statut économique précaire étant davantage exposées au coronavirus et à ses conséquences. Surprise, les personnes immigrantes et racisées sont surreprésentées dans ces situations. Et au moment d’écrire ces lignes, M. Legault refuse encore de parler de racisme systémique. Dans un contexte où les politiques sur l’immigration semblent motivées par la satisfaction d’une idéologie néo-libérale bien enracinée et des visées électorales, plus que par un souci d’humanité et de bien-être pour les populations de toutes origines, il apparaît essentiel de se rappeler l’importance de l’ouverture à l’autre et la richesse de chaque culture. Il sera question dans ce journal d’initiatives novatrices, d’organismes dévoués, de personnes immigrantes impliquées dans leur milieu, de tous ces éléments qui nous donnent la conviction que l’AbitibiTémiscamingue et le Québec peuvent être des milieux d’accueil empreints de chaleur et de tolérance. Si nous avons raison d’être fiers de tous ces éléments, il ne faudra tout de même pas oublier, dans les prochaines années, le chemin à conserver et à parcourir encore, les yeux et le cœur grands ouverts.

Parlons-en de la CAQ qui, depuis son arrivée au gouvernement, a fait adopter nombre de lois teintées par un nationalisme identitaire sans concession et une politique migratoire à la clé selon les besoins économiques de la province. En Abitibi-Témiscamingue, le projet de réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a eu une résonnance particulière. Ce

Admission 1 MARS automne 2021 DATE LIMITE : ER

uqat.ca

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 3


– L’ANACHRONIQUE –

VIVEMENT LE COQUELICOT BLANC! PHILIPPE MARQUIS

Le feu pogne à l’horizon… Sur les feuilles des arbres lentement privés de lumière, la robe automnale de la forêt se marie à l’arc-en-ciel. Elle passe du vert au jaune, du orange au rouge et à toutes les teintes que son déclin passager permet d’admirer. Puis, le vent souffle les bougies estivales quand la pluie tombe en rafale. Maintenant novembre, nous migrons vers le froid au rythme des mélèzes qui virent au jaune puis perdent leurs épines.

La chose est claire : une seule guerre est déjà de trop et les civils font toujours partie des victimes. Des victimes sans défense et sans aucune autre faute que de s’être trouvé sous les bombes, les balles ou d’avoir marché sur une mine antipersonnel. Le groupe Jeune Coop Éveil JÉR-AYA du Témiscamingue s’est procuré les coquelicots blancs auprès de l’organisation montréalaise Échec à la guerre. Il a choisi d’y ajouter une pastille rouge pour intégrer les « victimes militaires » aux « victimes civiles » pour honorer la mémoire de tous ceux et celles qui meurent de la folie guerrière.

Novembre serait le mois des morts. C’est aussi, au Canada, l’occasion de souligner une tradition vieille d’un siècle. Elle nous propose de porter le coquelicot afin d’honorer la mémoire des soldats morts au service de la patrie. Les élus le portent, les anciens combattants aussi, de même que nombre de personnes fidèles au rituel. La petite fleur rouge, vue un peu partout, se veut un instrument de mémoire collective.

La somme approximative des dépenses militaires dans le monde en 2019 aurait été d’environ 1900 milliards de dollars… C’est un chiffre hallucinant. Imaginons le nombre de personnes mortes de faim, de maladies qui auraient pu être sauvées avec pareil montant. Imaginons tout le bien qui pourrait être fait en temps de paix. Imaginons-nous en train d’éteindre le feu…

Or, depuis quelques années, un autre coquelicot tente de prendre racine, Des personnes soucieuses du sort réservé aux civils pendant les guerres en proposent le port. De jeunes militants pacifistes, qui en font la promotion, m’ont appris que, dans une guerre, le nombre de civils tués allait du simple au double de celui des militaires. Ce qui est certain, c’est que dans chaque guerre, des civils meurent, sont blessés et des vies sont à jamais déchirées par la violence meurtrière. Or, nous faisons moins ou pas de cérémonie pour les civils. Leur souvenir n’est pas acquis pour la majorité d’entre nous, notre mémoire allant surtout aux soldats.

Vivement le coquelicot blanc! Pour se procurer des coquelicots blancs, on peut joindre le secrétaire du groupe Coop Éveil JÉR-AYA du Témiscamingue, M. Rénal Dufour, à l’église Saint-Joseph de Notre-Dame-du-Nord.

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4 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN


– À LA UNE –

CAROL CASTRO : LA RÉSILIENCE D’UNE TERRE EN FRICHE LISE MILLETTE

Ce n’est qu’en 1898 que l’Abitibi-Témiscamingue a été rattachée au reste du Québec, apprend-on dans la thèse de Carol Castro intitulée La résilience chez les familles immigrantes en région éloignée, déposée en juillet dernier. « Cette thèse représente l’aboutissement de mon parcours à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Il s’agit également d’un des défis les plus importants que j’ai eus à surmonter dans ma vie de femme immigrante », écrit-elle en introduction de sa présentation. Partie de Talca, dans la région du Maule au Chili, c’est dans la ville de Québec qu’elle a établi son premier pied à terre, avant de migrer vers le nord, à Rouyn-Noranda. À son arrivée au Québec, son premier souvenir demeure aussi vif que frais… « Je suis arrivée en hiver, le 21 janvier 2004 avec -25 degrés! » mentionne-t-elle. « Quand tu choisis de venir t’installer au Canada, tu vis différentes émotions. C’est un deuil qu’on doit faire parce qu’on laisse tout derrière ». Carol Castro ne parle pas uniquement d’une expérience d’immigration, mais bien d’un processus. Un parcours qui s’étale sur le temps, le temps de prendre racine dans une nouvelle terre d’accueil. Historiquement, l’Abitibi-Témiscamingue a été le terroir des différentes vagues migratoires, mais très vite avec des enjeux bien précis, comme l’explique Carol Castro, qui est professeure en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. « Nous assistons principalement à une immigration qualifiante en Abitibi-Témiscamingue. On voit peu d’immigrants qui sont des réfugiés ou qui ont été parrainés dans la région. Ce sont surtout des gens qui arrivent ici en lien avec l’emploi », souligne Mme Castro.

COURTOISIE

Si ce portrait est vrai en 2020, il l’a aussi été dans les années 1925-1940, moment où 1500 migrants de l’Europe de l’Est sont venus s’établir dans la région pour travailler dans les mines, notamment. Le scénario s’est répété par la suite dans une deuxième vague d’immigration internationale. Des étrangers qui ont fui la guerre et qui sont venus combler une importante pénurie de main-d’œuvre. REBONDIR, S’OUVRIR, S’INTÉGRER Pour rédiger sa thèse sur la résilience des personnes immigrantes, Carol Castro s’est intéressée au cas type de

l’Abitibi-Témiscamingue. Afin de livrer un portrait juste, elle affirme avoir pris soin de se distancier quelque peu. « Je me devais d’être le plus neutre possible. J’ai rencontré en tout une quarantaine de personnes, issues de 28 familles et en provenance de 15 pays », soutient-elle. Même si son étude porte sur les entrevues réalisées auprès de toutes ces personnes immigrantes, Carol Castro reconnaît que certaines confidences et expériences ont eu une résonnance chez elle. « Entendre que quand on est immigrant, il faut toujours travailler un peu plus fort, donner plus que le 100 % et que c’est souvent nous qui devons nous ouvrir parce que l’aide n’arrive pas, c’est quelque chose que je reconnais », confie-t-elle. Le processus d’immigration est constitué aussi de différentes phases et la résilience s’installe tranquillement, en raison de multiples facteurs internes et externes. L’environnement, le milieu, la barrière de la langue, le réseau social que l’on doit reconstruire sont autant de variables déterminantes. « Les rapports familiaux, par exemple, sont très importants. On y puise une stabilité. C’est un moment où il faut être unis, avec les enfants, entre autres, lorsqu’il y en a, c’est aussi transmettre des valeurs pendant la période d’adaptation où l’on peut ressentir beaucoup d’isolement », illustre Carol Castro. Plus une cellule est soudée, plus elle sera résiliente dans son processus d’ancrage. ADOPTER L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE La thèse de Carol Castro pointe également vers une perception quelque peu négative de la région vue de l’extérieur. Les familles rencontrées ont traduit la région comme un lieu « très positif, facilitant l’intégration des familles et renforçant leur décision d’y rester ». Vivre l’expérience de la région a permis à ces personnes « d’atténuer les images négatives associées au contexte géographique de l’Abitibi-Témiscamingue », peut-on lire dans la conclusion. Quant à savoir ce qu’il serait possible de faire de plus ou de mieux pour améliorer la résilience des personnes immigrantes, Carol Castro dit constater, à la lumière de ses recherches, « le besoin de mettre en place un réseau de soutien externe pour amener les familles à consulter les ressources disponibles » et de faire en sorte de mieux coordonner les outils offerts par les milieux communautaires, municipaux et du réseau de la santé et des services sociaux. L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 5


– TÊTE CHERCHEUSE –

– CINÉMA –

ÉCOLE : L’INDISPENSABLE PRÉSENCE

QUAND L’AMOUR NE SUFFIT PAS :

DOMINIC RUEL

PASSION ET DÉVOUEMENT GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

Mais les plus anxieux de la contagion et aussi les pro-techno réclament ce téléenseignement. Pour tout le monde, du primaire à l’université. Nous sommes en 2020! Comme si c’était un argument solide. Bien sûr, nous en avons les capacités technologiques. Par contre, possibilité technique ne signifie pas efficacité pédagogique, surtout pour les plus jeunes élèves. Pensez-vous qu’apprendre à lire par Skype est faisable? L’enseignement à distance offre des avantages, mais qui concernent probablement plus les étudiants plus âgés ou les adultes en formation, qui ont une motivation plus grande : flexibilité des horaires, adaptation au rythme de chacun, etc. La bonne vieille classe offre beaucoup plus d’avantages. Elle permet un vécu, un ancrage spatial et sensoriel des apprentissages. La dynamique de groupe peut créer un fort sentiment d’appartenance. La collaboration avec les pairs permet de développer des habiletés sociales, etc. Surtout, mais surtout, c’est la présence de l’enseignant qui est essentielle. Enseigner est un acte physique : voix, intonation, mouvement, non-verbal. C’est un peu beaucoup du théâtre aussi, c’est ouvrir des parenthèses, c’est proposer une discussion, c’est répondre aux questions spontanées, c’est encourager, c’est féliciter et c’est réprimander. Bref, enseigner, c’est entrer en relation. Les études le prouvent : la qualité de la relation que l’enseignant entretient avec ses élèves fait une différence majeure sur leur persévérance et leur réussite scolaires. Cette qualité, elle s’établit face à face, sans logiciel, sans caméra, avec des stratégies comme le soutien, la chaleur, les attentes élevées, la proximité et certains comportements non verbaux. Dans les années 1950, à Boston, on rêvait de machines qui rivaliseraient d’intelligence avec les humains. On pensait y arriver en une trentaine d’années. Un philosophe du nom de Hubert L. Dreyfus est reconnu pour avoir, rapidement, soutenu que cet objectif était inatteignable. En 2008, il restait sceptique sur les promesses de l’enseignement à distance. Il disait cette superbe phrase : « Les zélateurs de l’enseignement à distance […] doivent comprendre que seuls des êtres humains incarnés, impliqués et sensibles peuvent devenir compétents et experts et que ceux-là seuls peuvent devenir des maîtres ». Repensons à nos années comme élèves, à ces profs qu’on a aimés, qui nous ont marqués, qui ont transmis une passion, qui ont donné le gout d’un choix de carrière, qui ont écouté et consolé. Rien de cela ne peut se faire à distance, devant un écran ou par courriel et fichier-joint.

SUIVEZ-NOUS!

facebook.com/indicebohemien 6 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

Le cinéma d’ici sera à l’honneur au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT), du 31 octobre au 5 novembre. Le public pourra entre autres découvrir Quand l’amour ne suffit pas, un court métrage documentaire de Jérémie Monderie-Larouche et Martin Morissette qui met de l’avant la Rouynorandienne Mélanie Tardif et son cheval Josh.

JÉRÉMIE MONDERIE-LAROUCHE

Comme prof au secondaire, j’ai vécu le printemps scolaire désastreux de l’école à distance. J’étais donc bien heureux de retrouver des élèves en chair et en os en septembre dernier. Mais la pandémie persiste et la menace d’une fermeture partielle ou complète des écoles plane encore au-dessus de nos têtes. C’est un scénario qu’il faut repousser le plus possible, voire ne jamais appliquer.

Mélanie a toujours été une amoureuse des animaux. Portée par cette passion, elle a fait des études universitaires en comportement animal, puis s’est spécialisée dans le comportement équin. Depuis déjà dix ans, elle et son conjoint ont un refuge accueillant des chats, des chiens et des chevaux avec un passé de négligence ou de cruauté. À force de s’intéresser aux animaux, Mélanie a été choquée de voir combien les gens pouvaient manquer de connaissances et de compréhension envers les comportements de ceux-ci. Surtout, elle s’indigne de constater que plusieurs propriétaires d’animaux les utilisent à des fins de profits et de valorisation personnelle. Son cheval Josh en est un exemple parfait. Entraîné très jeune pour la course et ayant un talent certain, Josh a été poussé à bout par ses maîtres. En l’adoptant, Mélanie a réalisé qu’il était bien mal en point. À force d’examens vétérinaires, elle a appris que malgré son jeune âge, « Josh était fini », et que cela avait un lien direct avec les courses. Pour sensibiliser la population à la cruauté animale et la confronter à des images réelles et marquantes, Mélanie s’est alliée à son ami Jérémie Monderie-Larouche pour mener l’histoire de Josh au cinéma. Ainsi, Quand l’amour ne suffit pas relate les dernières semaines de Josh jusqu’à son euthanasie. Jérémie dit avoir adopté une approche documentaire très classique. Lui qui se passionne pour la réalisation de portraits a voulu s’imprégner totalement de l’univers de Mélanie et lui laisser la parole. Bien que la situation actuelle rende l’avenir incertain, Mélanie souhaite éventuellement présenter son film dans d’autres festivals et au petit écran. Mais pour l’instant, elle et Jérémie sont fébriles de présenter leur travail en première mondiale au FCIAT, le 4 novembre prochain.


– THÉÂTRE –

IMAGE DES FEMMES : UNE PIÈCE À NOTRE IMAGE LYDIA BLOUIN

Pour sensibiliser la population aux stéréotypes sexuels entourant les femmes, le rapport au corps s’est imposé comme une évidence : « Le corps comme moyen d’expression, dans ce qu’il nous dit et ne nous dit pas, concordait parfaitement avec mon champ d’intérêt artistique et à ce que le Regroupement avait envie de développer. Comment les femmes parlent-elles de leur corps? Comment on vit notre corps au quotidien? » explique l’artiste. Le témoignage des femmes sera essentiel pour mettre en lumière la relation des femmes et de leur corps, par exemple en traitant du culte de la minceur. Malgré tout, ce projet s’adresse également aux hommes : « On ne voulait pas juste faire ressortir le point de vue des femmes. C’est intéressant de confronter les points de vue, de voir ce qui en émerge. » C’est d’ailleurs l’une des vocations du théâtre documentaire : obtenir des témoignages pour créer l’œuvre. En effet, il faut faire des recherches auprès de la population avant d’écrire le scénario. Dans ce cas-ci, le projet sera étalé sur deux ans et permettra d’interroger anonymement la population de l’Abitibi-Témiscamingue sur Internet et en présentiel si la situation sanitaire le permet. Grâce aux témoignages recueillis, des personnages seront créés, des situations pourront être reprises et le scénario pourra être écrit. « Ce qui est intéressant avec le théâtre documentaire, c’est qu’on ne peut pas prévoir ce que ça va donner. La forme va émerger de la parole des personnes qui vont témoigner », déclare l’instigatrice du projet. Elle précise que les témoignages dépendent beaucoup du niveau de proximité avec les gens et du contact que l’on établit avec eux. « On veut créer une atmosphère, où elles se sentent à l’aise de partager leur vécu », ajoute-t-elle. Le tout sera présenté sous forme de lecture publique en novembre 2021. Entre-temps, les personnes désirant témoigner, peu importe l’âge ou le sexe, peuvent visiter le site Web du projet Image des femmes ou participer à l’un des ateliers organisés conjointement entre le Regroupement et ses partenaires.

JEAN CARON

Le gouvernement du Québec a récemment octroyé des montants à 44 projets visant à valoriser l’égalité homme-femme. La pièce de théâtre documentaire Image des femmes, montée par le Regroupement de femmes de l’Abitibi-Témiscamingue (RFAT), en fait partie. Vent de fraîcheur pour l’organisme, il s’agit de sa première approche artistique. Pour chapeauter ce projet, le RFAT comptera sur l’agente communautaire Marie-Ève de Chavigny, qui sera l’auteure et la conceptrice, appuyée par le Théâtre du Tandem, qui travaillera avec elle lors d’une résidence à l’Agora des Arts en 2021.

Marie-Ève de Chavigny, autrice et conceptrice de la pièce

Faire de la télé, ça te tente? « Ça me tente parce que je peux mettre en lumière le parcours de gens d’ici! »

Martin Lavoie La voie du succès

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L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 7


SPÉCIAL IMMIGRATION

– IMMIGRATION –

SE RASSEMBLER POUR MIEUX S’INTÉGRER MICHÈLE PAQUETTE

8 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

CAMERVAL

Les deux associations attachent une attention toute particulière aux nouveaux arrivants. Elles font beaucoup pour attirer de nouveaux compatriotes à Val-d’Or et lorsqu’ils arrivent c’est le bouche-à-oreille qui les réfère à eux. Ainsi, Tano Hubert Konan, d’Asivat, raconte une anecdote : « Il s’agit d’un Ivoirien qui était en Côte d’Ivoire et qui voulait immigrer à Val-d’Or. Il a téléphoné à la Ville de Val-d’Or qui l’a mis en contact avec moi. Après des communications par cellulaire, nous lui avons trouvé un logement équipé d’un matelas pour passer sa première nuit. Lorsqu’il est arrivé, nous l’avons accompagné partout pendant une semaine dans ses premières courses (Services Canada pour son numéro d’assurance sociale, à l’hôpital pour sa carte d’assurance maladie, etc.). Finalement, il est resté dans sa maison un an et demi. » « L’Association constitue une ambiance familiale où chacun peut échanger sur ses expériences, qu’il soit frappé par le malheur ou bien qu’il soit dans la joie », confie Francis Talla, de Camerval. Les femmes d’Asivat, nous dit Tano, cuisinent à tour de rôle selon un programme bien établi lorsqu’une femme ou la femme d’un membre de l’association accouche.

YVES GRAFTEAUX

Spécial immigration

C’est pour combattre les affres du déracinement et favoriser l’intégration à leur nouvelle communauté de Val-d’Or ou d’ailleurs en Abitibi-Témiscamingue que des immigrants originaires d’un même pays ont fondé des associations pour se réunir et soutenir les nouveaux arrivants. Pour documenter cette réalité, L’Indice bohémien s’est intéressé de plus près à deux d’entre elles : l’Association des Valdoriens d’origine camerounaise (Camerval) qui, cela dit, réunit aussi des Camerounais d’autres municipalités de la région, dont Rouyn-Noranda, et l’Association des Ivoiriens de l’Abitibi-Témiscamingue (Asivat), qui réunit les Ivoiriens de toute la région. Ces deux associations fondées il y a environ quatre et deux ans, respectivement, répondent à un besoin d’échange, de créativité et de solidarité qui se manifeste par l’organisation d’activités sociales diverses et par la participation active au rayonnement de l’Abitibi-Témiscamingue. Camerval regroupe plus de 35 familles, tandis qu’Asivat compte environ 45 membres.

Pour se faire connaître, Camerval organise notamment une journée de la culture qui rejoint toute la population. Si tout va bien, Asivat compte en organiser une aussi. La Journée camerounaise comprend de la danse pour les enfants et les adultes, de la gastronomie traditionnelle, une exposition d’objets culturels du Cameroun et une présentation sur le Cameroun. L’Asivat, quant à elle, organise le Noël des enfants et la fête du Nouvel An. Ces associations expriment également ce qu’elles pensent de sujets aussi sensibles que le racisme. C’est ainsi que Tano a été interviewé par TVA et Radio-Canada lors des évènements liés à la mort de George Floyd. Louis Bonheur, de Camerval a pu être entendu à ICI RDI et Francis, sur les ondes de TVA.


SPÉCIAL IMMIGRATION

– IMMIGRATION –

LES MIGRATIONS… DES HISTOIRES HUMAINES MÉLANIE HALLÉ, AGENTE D’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ MONDIALE AU CENTRE DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE CORCOVADO

Déménager n’est pas facile et plus on doit aller loin, plus le défi augmente. Si c’est vrai pour les déménagements au Québec, les défis se multiplient quand on vient de l’étranger. Si certains migrent par choix, par exemple pour découvrir le monde ou pour étudier, ce n’est pas le lot de tous. Conflits armés, répression politique, persécutions liées à la religion ou à l’orientation sexuelle et catastrophes naturelles sont autant de causes qui forcent des millions de gens à migrer. Bon an, mal an, c’est de 1 à 3 % de la population mondiale qui est ainsi forcée à l’exil. En cas de conflit ou de catastrophe, ça prend de l’argent pour payer les visas, les passeurs, le transport, la nourriture et le logement sur la route. C’est pourquoi la majorité trouve refuge à l’intérieur même de leur pays. Ceux qui le quittent se relocalisent principalement dans les pays voisins, gardant espoir de retourner un jour chez eux. Lorsque c’est impossible, un nouveau pays d’accueil doit être trouvé. De là, entrer au Canada n’est pas facile, malgré la réputation d’accueil du pays. Choisir de migrer, même en temps de paix, n’est pas non plus de tout repos. Quitter famille et amis, vendre ce que l’on possède, négocier à distance un appartement demande confiance et courage. Anne-Sophie Delommez, immigrée il y a un peu plus d’un an pour le travail, en sait quelque chose. Pour le logement, « J’ai eu de la chance que ma propriétaire soit ouverte à ça, elle m’a fait confiance à distance, mais il y a beaucoup de réticence. Sans loyer, on n’a rien ». Ajoutons à cela des critères d’admissibilité toujours plus stricts, la lourdeur, la lenteur et le coût financier des démarches administratives pour obtenir les documents nécessaires et on comprend pourquoi ce n’est pas à la portée de tous.

LES MIGRATIONS EN BREF En 2019, 79,5 millions de personnes ont été déplacées de force à travers le monde. C’est 1 % de la population mondiale. Parmi elles, 45,7 millions se sont déplacées à l’intérieur de leur pays. 26 millions ont franchi une frontière internationale; 40 % sont des enfants. De ce nombre, le Canada en a accueilli 28 076. Si on considère l’ensemble des migrants : En 2019, 40 567 migrants se sont établis au Québec. L’Abitibi-Témiscamingue a accueilli 570 migrants entre 2011 et 2016.

Sources disponibles au indicebohemien.org

Arrivés dans le nouveau milieu de vie, une fois logés, meublés et pour les plus chanceux, installés avec un emploi et une garderie, les migrants sont confrontés à plusieurs chocs. Chocs culturels, tout d’abord, lorsque la langue, la religion, l’habillement, la nourriture, les lois et les codes de comportement sont différents. L’état de déstabilisation est exacerbé par l’absence de réseau et l’isolement. Le racisme, la fermeture de la société d’accueil et les préjugés sont d’autres d’obstacles freinant une intégration réussie. À ces facteurs s’ajoutent souvent la déception et la désillusion face au rêve qui leur a été présenté. Selon Mme Delommez, « C’est difficile de trouver de l’emploi, il y a une pénurie de maind’œuvre, c’est vrai, si on travaille dans les mines, si on travaille en agent administratif, ça c’est facile. Mais moi qui ai un métier spécifique en ressources humaines, ben, je me retrouve ici et il n’y a rien ». Cette réalité affecte plus d’un corps d’emploi, dont certains très spécialisés : « Il y en a qui étaient ingénieurs, puis comme la qualification d’ingénieur n’est pas la même qu’ici, ils deviennent techniciens ». La non-reconnaissance des compétences et des diplômes est un sujet récurrent dans l’actualité et amène son lot de frustrations et de choix difficiles. Si Mme Delommez a déniché un emploi à la mesure de ses qualifications après un an de recherche, ce n’est cependant pas le cas pour beaucoup de nouveaux arrivants. Pourtant, l’arrivée de migrants enrichit à plusieurs niveaux la société d’accueil. Mme Delommez, par son travail pour le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT), contribue à réduire la pénurie de personnel dans les hôpitaux de la région. C’est notre qualité de vie à tous qui en bénéficiera. S’intégrer et retrouver un équilibre demande du temps. C’est là que nous pouvons faire toute la différence. Il nous revient de trouver comment mieux accueillir et être solidaires de ces nouveaux Québécois qui partagent les mêmes rêves que nous : vivre en paix et en sécurité, et avoir un meilleur avenir pour eux et leurs enfants. L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 9


SPÉCIAL IMMIGRATION

– HISTOIRE –

L’IMMIGRATION À ROUYN-NORANDA BENOIT-BEAUDRY GOURD, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE ROUYN-NORANDA

À partir de 1925, un très grand nombre d’immigrants européens s’établissent dans les villes minières de l’Abitibi où ils font partie intégrante de la vie collective. Hors de Montréal, ces villes sont alors les seules au Québec à avoir bénéficié d’un apport significatif de l’immigration dans leur peuplement. C’est le cas à Rouyn-Noranda qui connaît deux vagues d’immigration assez distinctes : une première de 1925 à 1939 et une deuxième, de 1946 aux années 1960.

de leur appartenance ethnique. Les groupes les plus nombreux se dotent de salles communautaires qui servent aux activités sociales, culturelles et religieuses. En 1941, on recense 2 139 immigrants qui forment 16 % de la population de l’agglomération minière. L’IMMIGRATION DE L’APRÈS-GUERRE À partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Rouyn-Noranda connaît une autre grande vague d’immigration provenant directement d’Europe. On doit distinguer deux périodes dans cette immigration de l’après-guerre. La première s’étend de 1946 à 1952, alors que le courant migratoire est alimenté par des immigrants recrutés par les compagnies minières dans les camps de réfugiés en Europe. Les Polonais et les Ukrainiens sont alors de loin les plus nombreux parmi ces nouveaux arrivants. La deuxième période couvre les années 1953 à 1961, période durant laquelle le mouvement d’immigration concerne principalement des Allemands et des Italiens. Rouyn-Noranda va alors accueillir un bon nombre de techniciens et d’ouvriers provenant d’Allemagne. Les immigrants italiens arrivant à Rouyn-Noranda durant ces années profitent de leur côté du système de parrainage familial. Cette vague d’immigration vient donner une vigueur nouvelle à plusieurs communautés qui renouent avec leur langue, leur culture, leurs traditions nationales. En 1961, on recense à Rouyn-Noranda un nombre record de 3 167 immigrants, soit 10,6 % de la population. Les principaux groupes sont maintenant, dans l’ordre : les Polonais, les Italiens, les Allemands et les Ukrainiens.

La maison de chambres Ruokala à Rouyn, propriété de A. Niemen, immigrant finlandais. Milieu des années 1930. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Rouyn-Noranda.

LA GÉNÉRATION PIONNIÈRE Avec la ruée minière du début des années 1920, des milliers d’hommes, provenant principalement de localités minières du nord de l’Ontario, accourent vers la région de Rouyn. Les immigrants sont très nombreux parmi eux. En 1931, ils représentent près d’un tiers de la population de Rouyn-Noranda. On dénombre alors près d’une douzaine de groupes ethniques différents. Ces immigrants, qui travaillent en grande majorité dans les mines, vivent en marge de la société et des institutions tant francophones qu’anglophones, se regroupant en fonction

10 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

L’IMMIGRATION AUJOURD’HUI, UNE MOSAÏQUE CULTURELLE Les années 1960 marquent l’apogée des communautés culturelles à Rouyn-Noranda. On assiste par la suite à un déclin extrêmement rapide de la population immigrée qui est attribuable aux nombreuses fermetures de mines. La vie communautaire des différents groupes ethniques va peu à peu se désagréger, la plupart n’étant plus assez nombreux pour maintenir leurs structures associatives. Depuis, le faible courant d’immigration qui s’est maintenu en direction de la capitale régionale apparaît très diversifié. Des Français au début des années 1970, puis des Grecs, des Haïtiens, des Africains et, plus récemment, des Vietnamiens et des Maghrébins. La version intégrale de cette chronique est disponible au indicebohemien.org


SPÉCIAL IMMIGRATION

– IMMIGRATION –

– IMMIGRATION –

GUILLAUME GONZALEZ ET BÉRENGÈRE GRONDIN :

ANA NUÑEZ GONZALEZ :

AIMER ET FAIRE AIMER LE TÉMISCAMINGUE

HISTOIRE DE LIVRES

HÉLÈNE JAGER

ET DE RÉGION

YVES GRAFTEAUX

mois à Ville-Marie. Elle se sent à l’aise dans cette ambiance familiale où les gens se saluent dans la rue, comme dans son village natal. Elle est très attachée à la beauté des paysages du Témiscamingue, époustouflée par les trésors de cette nature si présente, et apprécie la proximité du majestueux lac Témiscamingue. Pour exprimer qu’elle se sent chez elle ici, l’agente de migration et de projet multiculturel reprend spontanément le slogan du territoire : « C’est là où je vis! »

Photos prises au dernier souper interculturel organisé par le Carrefour Jeunesse-Emploi du Témiscamingue.

Parmi ses projets, elle a élaboré une formation en accueil des personnes immigrantes en collaboration avec le Mouvement de la relève d’Amos-région et le Carrefour Jeunesse Emploi d’Abitibi-Ouest, un soutien aux organismes et bientôt aux entreprises. De nombreuses actions sont par ailleurs menées pour entrer en contact avec des nouveaux arrivants, les recruter, faciliter leur arrivée, parfois leur démarche à l’emploi, etc. Des événements plus ponctuels, comme les cinés-causeries qui ont eu lieu au Rift du 19 au 25 octobre à l’occasion de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, sont aussi mis en place.

Guillaume, qui est agent d’attraction et de rétention, est arrivé en 2009 à Montréal et ne pensait pas s’installer durablement en arrivant il y a neuf ans. Il dit lui-même qu’il a eu la « piqûre du Témis ». C’est bien sa propre expérience qu’il utilise pour promouvoir le territoire lors des tournées de recrutement à l’extérieur de la région : les gens du Témiscamingue, leur esprit de communauté, la simplicité de la vie loin des embouteillages des grands centres et une nature incontestablement majestueuse. Il utilise aussi son expérience en tant qu’immigrant pour accompagner les nouveaux arrivants dans des aspects plus pratiques comme la gestion du pourboire, les différences du système bancaire ou encore l’utilisation d’un système de chauffage! Le système de chauffage est une nouveauté pour Bérengère qui n’en avait pas besoin de dans son logement à la Réunion. Arrivée à Rouyn-Noranda en 2017, elle s’est installée il y a deux

YVES GRAFTEAUX

Le mandat de Guillaume Gonzalez et Bérengère Grondin au Carrefour Jeunesse-Emploi du Témiscamingue est d’aider tous les nouveaux arrivants, dont 50 % sont immigrants. Pour la plupart, et tout comme Guillaume et Bérengère, qui sont originaires respectivement de la région bordelaise et de l’ile de la Réunion, ces nouveaux arrivants sont majoritairement passés par Montréal, Gatineau, ou Rouyn-Noranda et cherchent un meilleur cadre de vie ou une opportunité dans un secteur professionnel particulier.

Un des enjeux majeurs reste la déconstruction des mythes et préjugés que le reste du Québec a sur le Témiscamingue. Par exemple, une étudiante infirmière en recherche de stage, rencontrée lors d’un salon à Sherbrooke, trouvait le Témiscamingue « ben trop loin », mais prévoyait aller à SeptÎles, sur la Côte-Nord, qui est en fait plus éloignée! Et même en Abitibi, Bérengère se rappelle ses camarades étudiantes témiscamiennes qui étaient « traitées de fermières ». Souvent, les immigrants n’ont pas ces préjugés et sont plus volontaires pour s’installer au Témiscamingue et goûter à la qualité de vie qui y est offerte.

JONATHAN BARRETTE

Ana Nuñez Gonzalez est originaire de La Havane, à Cuba, et est arrivée au Québec à l’été 2007, d’abord à Témiscaming. Elle y a appris le français à l’école pour adultes et a par la suite fait un certificat en administration à l’UQAT, ce qui lui a permis de travailler comme directrice du Musée de la gare. Elle a ensuite dû déménager à Montréal, mais la vie dans la région lui manquait. Elle y a fait une maîtrise en sciences de l’information et a travaillé dans le réseau des bibliothèques de Montréal jusqu’au jour où elle a pu venir travailler comme responsable de la bibliothèque de la Ville d’Amos, en mai 2019. La bibliothèque d’Amos est un lieu de socialisation attirant et accueillant où les gens aiment se trouver, y compris les immigrants. En effet, lorsqu’ils arrivent ici, ils ont besoin d’activités leur permettant de connaître des Québécois qui vont leur montrer la voie vers l’intégration. La plupart sont étonnés de découvrir tous les services offerts par la bibliothèque. Ce ne sont pas que des prêts de livres, mais aussi des ressources électroniques et des activités, toutes gratuites. Mme Nuñez Gonzalez constate que découvrir les bibliothèques du Québec est un grand plaisir pour les nouveaux arrivants. En collaboration avec le Mouvement de la relève d’Amos-région, Mme Nuñez Gonzalez et son équipe ont organisé en 2020 une visite guidée de la bibliothèque pour les nouveaux arrivants, ainsi qu’une rencontre interculturelle avec la participation de la Société d’histoire d’Amos. Ana Nuñez Gonzalez souhaite répéter l’expérience en 2021, si les circonstances le permettent, et aimerait tenir ce genre d’activité plusieurs fois par année. Pour elle, la littérature cubaine se définit comme une référence dans la littérature latino-américaine. Cependant, depuis le triomphe de la Révolution de 1959 et dans les 30 dernières années, les difficultés pour les écrivains se sont multipliées. À cela s’ajoute le manque de ressources pour l’édition et la censure de la littérature contestataire. Les livres deviennent, en ce moment, une denrée rare. On pourrait même dire que la littérature cubaine est en train de s’écrire en dehors de Cuba. Il s’en trouve d’ailleurs à Amos et Mme Nuñez Gonzalez est la référence dans le domaine! Décidément, la bibliothèque municipale d’Amos est un lieu de rencontre littéraire… et humaine!

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 11


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12 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

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SPÉCIAL IMMIGRATION

– IMMIGRATION –

– IMMIGRATION –

PEUT-ON PARLER D’ISLAMOPHOBIE

VAL-D’OR EN LUTTE CONTRE LE

EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE?

RACISME ET LA DISCRIMINATION

HOURIA HAMZAOUI

JUSTIN BENOIT BÉLANGER

Houria Hamzaoui est originaire d’Algérie et établie à Rouyn-Noranda depuis neuf ans. Professeure en didactique des mathématiques à l’UQAT, grandement impliquée dans sa communauté, elle fait parfois part de ses réflexions sur les réalités et les défis posés par l’immigration. Elle s’intéresse ici à la question de l’islamophobie en général et dans le contexte régional.

À l’automne 2015, la tension entre Autochtones et allochtones était à son comble à Val-d’Or, à la suite d’un reportage de l’émission Enquête présentant des témoignages de femmes autochtones au sujet d’abus et d’intimidation de la part d’agents de la Sûreté du Québec. Face à la situation, la ville a choisi de poser plusieurs gestes visant à améliorer les relations entre les communautés. Ses deux premières actions ont été la Déclaration de Val-d’Or en décembre 2015, visant à « contrer la violence, le racisme et la discrimination [et à] favoriser les échanges culturels, sociaux et économiques », et la formation du comité de lutte au racisme et à la discrimination en janvier 2016.

Ce texte n’a pas la prétention d’apporter une réponse définitive à cette question. Le but est d’alimenter la réflexion par des éléments de mon vécu et de mes lectures. Dans mon parcours migratoire, j’ai pu constater comment une personne peut se retrouver dénudée de son humanité, de sa subjectivité et des différentes déclinaisons de son identité. J’ai pu voir comment l’humain peut être profondément bon et aussi cruellement méchant. Avant de tenter une définition du phénomène, il semble important de lever certaines ambiguïtés au sujet des personnes musulmanes. Celles-ci ne sont pas forcément arabes, immigrantes ou racisées. Les personnes qui se définissent comme musulmanes ne sont pas toutes pratiquantes et un nom arabe n’est pas un indice d’islamité. Le turban est un élément culturel dans certains pays musulmans. Même chose pour la forme et la couleur du foulard dit islamique qui est d’ordre esthétique, culturel et qui subit également les lois de la mode. Le terme « islamophobie » n’est pas récent, mais les tentatives de le disqualifier en font un mot indésirable dans la société québécoise. Il ne sert pas à limiter la liberté d’expression ou à prohiber la critique de l’islam. Il existerait des oppositions sémantique et pragmatique quant à son usage au Québec. Le discours d’une certaine classe médiatique et politique laisse entendre que le reconnaitre reviendrait à légitimer la présence de l’islam, religion « importée » avec l’immigration « massive » alors qu’un autre discours appelle à nommer un phénomène social qui prend de l’ampleur. L’islamophobie ne désigne pas une simple phobie humainement compréhensible et socialement acceptable. L’expérience de l’islamophobie est celle du rejet, de l’illégitimité et de la difficulté à accéder à l’indifférence publique. Le phénomène revêt un caractère genré vu qu’il est influencé par les rapports sociaux de sexe et que ses premières cibles sont les femmes musulmanes portant un foulard. L’islamophobie serait donc un processus social complexe qui essentialise des personnes sur la base de leur appartenance réelle ou supposée à l’islam, faisant d’elles la représentation par excellence de l’Autre absolu. L’islamophobie se manifeste à travers le discours haineux et les agressions verbales et physiques. En Abitibi-Témiscamingue, la plupart des actes islamophobes ne sont pas dénoncés par les victimes. L’illustration la plus frappante est celle des nombreux commentaires haineux en réaction à la modification dans le libellé d’un règlement de zonage de la Ville de Rouyn-Noranda pour y inclure le mot « mosquée ». Cela avait soulevé l’indignation des internautes alors que six musulmans venaient d’être abattus à Québec deux jours auparavant. Certaines peurs sont légitimes, mais d’autres ne sont que le reflet de problématiques beaucoup plus profondes comme celle de la place de la religion dans l’espace public, remise sur la table par la visibilité de l’immigration récente. Dans ce contexte, il importe de garder l’esprit ouvert, d’interroger son rapport à l’autre et de s’informer auprès de sources fiables.

La première mission du comité a été de brosser un portrait du racisme et de la discrimination à Val-d’Or. Outre certaines conclusions attendues concernant les relations autochtonesallochtones, on a recensé plusieurs situations de discrimination envers les nouveaux arrivants issus de l’immigration. « Les nouveaux arrivants issus de l’immigration, particulièrement africaine, sont en forte augmentation à Val-d’Or depuis 2010 », explique Paul-Antoine Martel, conseiller en relations avec les milieux et coordonnateur du comité. « Ça amène des défis auxquels on ne s’attendait pas nécessairement parce que si les racines de la discrimination sont les mêmes que pour les Autochtones, les solutions doivent être différentes. » Après avoir établi un premier plan d’action en 2018, Val-d’Or a adhéré formellement à la Coalition des municipalités inclusives, un réseau de 82 villes canadiennes ayant comme objectif la lutte à la discrimination. « On a réussi à aller chercher plus de 1400 appuis citoyens en 72h pour cette adhésion, c’était incroyable », se remémore Paul-Antoine Martel. De son côté, le comité a contribué, avec ses partenaires, à l’organisation de formations sur les réalités culturelles autochtones et sur la gestion de la diversité en entreprise, à des activités de médiation culturelle et à l’établissement du poste de police communautaire mixte autochtone. Poursuivant sur sa lancée, le comité mettra en place cet automne une procédure de signalement et d’accompagnement destinée aux victimes et aux témoins de racisme ou de discrimination. La procédure permettra de signaler ces situations par l’entremise d’un formulaire Web ou une ligne téléphonique. Les personnes qui le souhaitent pourront ensuite recevoir un service d’accompagnement de la part d’un réseau de partenaires de la Ville afin de corriger la situation. « On va beaucoup encourager les gens à utiliser les lignes de signalement, même anonymement, parce que ça va nous éclairer sur les sources de discrimination à Vald’Or et nous aider à planifier des mesures en conséquence », précise Paul-Antoine Martel. Il reste évidemment du chemin à faire à Val-d’Or comme ailleurs dans la région : les personnes immigrantes et autochtones sont surreprésentées dans les difficultés d’accès au logement ou à l’emploi et les nouveaux arrivants peinent souvent à se constituer un réseau dans la région. Qu’à cela ne tienne, Paul-Antoine Martel est optimiste. « C’est sûr que la situation n’est pas encore parfaite à Val-d’Or, mais on a l’avantage d’être déjà en action. Est-ce qu’on peut arriver à construire des communautés réellement inclusives dans la région? Personnellement, j’y crois », conclut-il.

Les sources consultées pour la rédaction de cet article sont disponibles dans sa version Web au indicebohemien.org L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 13


SPÉCIAL IMMIGRATION

– RÉGION INTELLIGENTE –

LA TRAVERSÉE VERS BYZANCE MICHEL DESFOSSÉS

Non, ce pays n’est pas fait pour le vieil homme

Mais ils sont jeunes, ils n’ont pas peur. Ils en ont vu d’autres.

Quel film! Le titre de cette œuvre cinématographique de 2007 des frères Cohen, plusieurs fois oscarisée, m’a toujours donné le frisson. J’ignore clairement pourquoi, mais j’y vois peut-être une ressemblance avec ces perceptions que certains Québécois du sud entretiennent avec les espaces plus grands qu’un humain. Serge Bouchard, l’anthropologue, dit aussi très bien ce malaise dans son essai L’homme descend de l’ours : « L’Abitibi c’est une leçon d’humilité. » Faire vieux os ici, quand on n’y est pas né, c’est possible? Il existe de ces arrivants qui, contre toute attente, ont su y être, y devenir et vieillir sur ces terres. Enfants terribles des années 1960, ils aspiraient à un monde différent libéré de la dictature sur les corps et les esprits.

Ils ont contribué à implanter la solidarité, à valoriser la concertation, ont balisé les sentiers les plus étroits et les rivières les plus tumultueuses, dirigé nos villes, raconté histoires et légendes, joué leur musique, photographié nos gestes et nos vies. Bien sûr, le temps fait son œuvre et certains ont quitté ce monde, mais ont réussi à faire de ce pays un endroit pour que le vieil homme puisse y vivre. Au fait, le titre du film des frères Cohen est extrait de la première strophe d’un poème de l’irlandais William Butler Yeates, « Sailing to Byzantium » [« La traversée vers Byzance »] :

Argentins victimes de leur opinion sous la junte militaire. Africains happés par les sanglantes guerres d’indépendance.

Ce pays-là n’est pas pour les vieillards. Les garçons Et les filles enlacés, les oiseaux dans les arbres – Ces générations de la mort – tout à leur chant, Les saumons bondissants, les mers combles de maquereaux, Tout ce qui marche, nage ou vole, au long de l’été célèbre Tout ce qui est engendré, naît et meurt. Ravis par cette musique sensuelle, tous négligent Les monuments de l’intellect qui ne vieillit pas.

Haïtiennes et Haïtiens harcelés par les macoutes de Baby Doc. Espagnols, hommes et femmes, désertant l’héritage fasciste de Franco. Étudiants de mai 68 en rupture avec une France où l’on étouffait. À l’instar des pionniers des plans de colonisation débarquant du train trente ans plus tôt, je les imagine au terminus d’autobus. Je les imagine prendre le dernier car, celui de minuit, vers cette région innommable dont ils ont écrit le nom sur un bout de papier. En ce début des années 1970, elles et ils auront une tâche d’enseignant dans une nouvelle polyvalente, un cégep qui reçoit ses premiers étudiants, une université naissante. Le retour de la chance ou l’angoisse d’un autre cul-de-sac?

ÉCRIS DANS L’IB!

Ils nous ont appris l’économie, la chimie, tenté de nous connecter à la spiritualité. Enjoint à maîtriser des langues autres que la seconde, à apprivoiser les sciences, à apprendre comment apprendre. En cinquante ans ils ont fait bien davantage que de meubler nos jeunes cerveaux, ils ont nourri cette terre de leur regard différent, élevé des piliers balisant ce qu’il est convenu d’appeler maintenant notre culture régionale.

Les monuments érigés par ces jeunes battants venus d’ailleurs il y a un demi-siècle ne vieilliront pas, je pense.

Tu te passionnes pour la culture de manière amateur ou professionnelle?

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14 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN


SPÉCIAL IMMIGRATION

– IMMIGRATION –

UN COURT MÉTRAGE POUR NOUS MENER À ACCUEILLIR, MAINTENANT PLUS QUE JAMAIS

– MA RÉGION, J’EN MANGE –

BEURRE À L’AIL RÉGIONAL

BÉATRIZ MEDIAVILLA

YVES MOREAU, HÔTEL LE FORESTEL (VAL-D’OR) INGRÉDIENTS 454 gr (1 lb) Beurre salé ramolli 50 g Gousse d’ail du Jardin de la Colonie (variété « Music ») hachée finement 50 g Échalote française hachée finement 30 ml (2 c. à s.) Jus de citron 30 ml (2 c. à s.) Vin blanc 30 ml (2 c. à s.) Persil frais frisé ou italien haché finement Au goût Poivre noir en grains frais moulu Image tirée du court métrage de Dominic Leclerc

Nous vivons dans un contexte mondial de tensions raciales excessivement vives. Entre autres choses, les morts tragiques d’Afro-Américains aux États-Unis et, plus près de nous, de celle de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, ont fait remonter à la surface cet enjeu si fragile et important qu’est la présence du racisme systémique dans notre société. On peut alors facilement comprendre l’importance pour La Mosaïque, organisme d’attraction, d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants à Rouyn-Noranda, la Ville de RouynNoranda et le ministère de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) de s’unir afin de mettre en place des moyens favorisant l’ouverture et l’accueil de la différence. La Mosaïque organise des activités d’accueil et d’intégration : souper de Noël, épluchettes de maïs, balades en forêt, etc. Dans le contexte de pandémie, elle a aussi dû se réinventer. La production d’un court métrage est devenue le format privilégié pour sensibiliser les gens à ce délicat sujet. De là est née l’idée de donner la parole aux personnes ayant vécu, à divers niveaux, du racisme systémique, sans pour autant nommer ces mots qui trop souvent ferment le dialogue en dérivant vers un débat sémantique. On parle de vocabulaire, habile béquille nous préservant de la culpabilité, mais qui occulte l’humain derrière le mot. Cette parole, le cinéaste Dominic Leclerc, artiste de l’année de la Ville de RouynNoranda, est allé la chercher et l’a mise en images. Il propose le portrait de « vrais Abitibiens d’origine immigrante ». Il a décidé d’aborder le sujet par son aspect fondamentalement et concrètement humain. Son pari : faire

MÉTHODE en sorte que le spectateur s’attache aux personnages et à ce lien commun qu’est notre région et l’amour que l’on partage pour elle. Cet attachement révèle notre humanité. Les personnages qu’il a choisis présentent notre région à leur façon, avec leur poésie. Des métaphores cinématographiques enseignent cette ouverture et cette humanité nécessaires pour casser notre peur de l’autre et de la différence et combattre le racisme. Ainsi, la forêt rappelle l’enracinement et la variété des espèces qui vivent en collectivité. Celui qui nous accueille sur le tarmac à l’aéroport est un immigrant. Le cinéaste a choisi ses personnages pour raconter aussi un territoire humain. Pour lui et pour La Mosaïque, le fil conducteur du projet est l’amour du territoire, ce territoire, point commun entre tous ceux qui le partagent : Autochtones, allochtones ou primoarrivants. De voir comment des immigrants aiment et soignent notre espace géographique et humain ne peut que faire naître une connivence entre tous.

Déposer tous les ingrédients dans un cul de poule et bien mélanger, ou simplement mettre tous les ingrédients dans un malaxeur de cuisine. Le beurre à l’ail est alors prêt à être utilisé. Réfrigérer par la suite. Le beurre à l’ail peut être conservé deux mois au frigo et se congèle également. ASTUCES ET CONSEILS Faire un boudin avec le beurre à l’ail sur une pellicule de plastique (papier Saran) et former un cylindre. Envelopper dans du papier d’aluminium, puis placer au frigo ou au congélateur. Plus l’ail est haché, plus le goût sera intense dans la recette.

Au moment d’écrire ces lignes, neuf personnes immigrantes avaient pris part au projet : jeunes, moins jeunes; travailleurs essentiels, communautaires, culturels; artistes, etc. Des gens d’un peu partout qui nous racontent des histoires tristes, mais aussi des histoires remplies de force, d’espoir et de beauté. Le film sera présenté au public au cours du mois de novembre 2020. Un visionnement nécessaire, plus que jamais. L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 15


La santé de tous est entre nos mains Application Alerte COVID L’application Alerte COVID est un outil complémentaire que vous pouvez utiliser afin de limiter la propagation du virus de la COVID-19. Elle permet de vous avertir si vous avez été en contact avec une personne qui a contracté la COVID-19. Vous recevrez une notification et des recommandations si vous avez été à moins de deux mètres, pendant plus de 15 minutes, de quelqu’un qui s’est déclaré infecté au cours des 14 derniers jours. L’application est gratuite, facilement accessible et sécuritaire en ce qui concerne la protection des données personnelles. L’application ne remplace pas les mesures sanitaires comme le lavage des mains, le respect de la distanciation ou le port du masque.

16 MCE_AppMobile_DPP_FR_Hebdos_10x10,375.indd NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN 1

Les trois choses qu’Alerte COVID fait : 1

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Vous envoyer une notification si vous avez été en contact avec quelqu’un qui a reçu un diagnostic positif de COVID-19. Vous diriger vers les informations pertinentes en lien avec ce que vous devez faire après avoir reçu la notification d’exposition.

Les deux choses qu’Alerte COVID ne fait pas : 1

Accéder à vos données personnelles et à des informations relatives à votre santé, les recueillir ou les archiver.

2

Utiliser le GPS de votre appareil et connaître votre emplacement ou toute autre coordonnée personnelle.

Si vous avez reçu un test positif, informer les autres utilisateurs qu’ils ont côtoyé une personne ayant signalé dans l’application un résultat positif au test de la COVID-19, de manière anonyme et sans partager de renseignements personnels.

L’utilisation d’Alerte COVID est entièrement volontaire. Vous décidez de la télécharger, de l’utiliser ou de la supprimer comme bon vous semble. Plus les gens seront nombreux à l’utiliser, plus l’application sera efficace pour freiner la transmission.

20-10-08 5:04 p.m.


Pour télécharger l’application : Québec.ca/AlerteCovid

Comment fonctionne-t-elle ? Alerte COVID s’exécute en arrièreplan, dans votre appareil, sans compromettre ni interrompre vos activités. L’application utilise la fonction Bluetooth intégrée à votre téléphone intelligent pour déterminer à quelle distance vous vous trouvez d’autres personnes qui utilisent aussi l’application. Elle échange des codes aléatoires avec d’autres utilisateurs de l’application situés à proximité, toutes les cinq minutes. Les codes aléatoires ne peuvent pas servir à vous identifier ni à déterminer où vous vous trouvez. Elle conserve les codes sur votre téléphone pendant 14 jours. Chaque jour, lorsque votre appareil se connecte à Internet, Alerte COVID fait une recherche de correspondance entre vos codes aléatoires et ceux d’autres personnes ayant indiqué dans l’application qu’elles avaient reçu un résultat positif. Même si l’application trouve des codes correspondants, il n’est pas possible de faire le lien avec les individus. Votre identité demeure confidentielle tout comme celle des autres personnes qui utilisent l’application. Si l’application trouve des codes correspondants, cela veut dire que, dans les deux dernières semaines, et ce, pendant plus de 15 minutes, vous avez été à moins de deux mètres d’un autre utilisateur de l’application

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qui a reçu, depuis, un résultat positif au test et qui a accepté de partager l’information avec les autres utilisateurs. Vous recevez donc une notification d’alerte :

• qui vous indique que vous avez

possiblement été en contact avec la COVID-19 ;

• qui vous informe des prochaines étapes à suivre.

Aucun renseignement personnel ni donnée de localisation ne sont partagés. Il est donc impossible de connaître le moment et l’endroit où vous avez été en contact avec la personne infectée.

Comment indiquer dans l’application que vous avez reçu un résultat positif à un test de dépistage ?

Si vous choisissez de communiquer votre résultat positif aux autres utilisateurs de l’application, Alerte COVID ne partagera aucun renseignement qui pourrait vous identifier. C’est à vous de décider si vous souhaitez partager ce diagnostic. Votre anonymat sera toujours préservé.

Votre vie privée est protégée Alerte COVID n’utilise pas le GPS de votre appareil et ne connaît ni votre nom, ni votre numéro de téléphone, ni vos coordonnées personnelles, ni aucun autre renseignement sur votre état de santé.

Utiliser l’application Alerte COVID, c’est se protéger tout en protégeant ses proches.

Si le résultat de votre test de dépistage est positif et que vous avez reçu un appel des autorités de santé publique, vous pouvez demander une clé à usage unique. Pour ce faire :

• Appelez au numéro de téléphone indiqué dans l’application dès que possible.

• Notez la clé qui vous sera donnée

après la vérification de votre identité et de votre résultat de test.

• Entrez la clé dans l’application à

Québec.ca/coronavirus 1 877 644-4545

l’intérieur d’un délai de 24 heures. Après ce délai, elle expirera.

20-10-08 5:04 p.m.

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 17


–   L I T T É R A T U R E   –

MARIE-MILLIE-DESSUREAULT : CHICK LIT ABITIBIENNE ISABELLE GILBERT

MICROBRASSERIE NOUVELLE BOUTIQUE 217 Route 101, Nédélec

En septembre 2020, Marie-Millie Dessureault a publié son quatrième livre intitulé Veuve de chasse : Laurence. Celui-ci est le deuxième tome d’une trilogie écrite avec deux autres autrices des Éditions de Mortagne, Geneviève Cloutier et Annie Lambert. Il y est bien sûr question du vécu des conjointes abandonnées à la suite du départ des chasseurs sachant chasser… Cette série de livres tombe en plein dans la saison de la chasse et dépeint les aventures de trois amies lors de cette période de « solitude » où elles doivent jongler avec la vie familiale et avec les cocktails lors d’un fameux party pour veuves de chasse!

Depuis la parution de son premier livre Maudits bas jaunes en 2015, la jeune femme de 34 ans, originaire de La Sarre, enchaîne les succès chick lit tout en poursuivant sa carrière d’enseignante au secondaire. Le premier livre de Marie-Millie Dessureault constituait une autofiction racontant sa propre expérience de vieille fille voyant sa petite sœur se marier avant elle. Dans ses autres parutions, elle se base sur ses propres expériences de vie, mais aussi sur les personnes qui l’entourent. Son travail d’enseignante lui a permis de dépeindre le monde de l’enseignement avec ses livres On flush… pis on recommence publiés en deux tomes en 2017 et 2018. Pourquoi embrasser le genre chick lit? Tout simplement parce que Marie-Millie Dessureault adore ce style d’écriture ancré dans l’action et dans les dialogues. Pas de descriptions superflues et ennuyantes dans ce genre littéraire! La jeune autrice démontre un beau sens de l’humour un brin sarcastique, qui nous arrache un sourire et même des éclats de rire d’une page à l’autre, notamment quand il est question d’un certain animal de compagnie… Dans ses livres, on reconnait la région de l’AbitibiTémiscamingue et le retour d’exil de ses protagonistes. Marie-Millie Dessureault a le désir de changer les perceptions des Québécois au sujet de sa région natale. Les gens des régions vivent les mêmes choses que tout le monde, mais avec une saveur différente, propre à chaque territoire. Son écriture est née d’un besoin de défoulement, devenu nécessaire au fil de ses années dans l’enseignement. Quoiqu’elle commence avec un plan, ce sont les personnages qui prennent le contrôle du récit et elle est souvent surprise de voir l’histoire sortir du cadre à la suite des choix que ces derniers effectuent! En bref, les lectrices de chick lit ne seront pas déçues du dernier livre de Marie-Millie Dessureault et les autres auront une belle porte d’entrée dans ce genre littéraire plein d’humour et de rebondissements. De beaux moments à passer avec des personnages hauts en couleur et des aventures loin d’être banales!

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18 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

instagram.com/indice_bohemien


– LITTÉRATURE –

TELOSPHOBIE : CHOISIR SA FIN

ACTUELLEMENT AU MA 6 NOV 2020 ― 10 JAN 2021

GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

On y suit par exemple un homme recevant une formation pour devenir « récupérateur », comme on appelle ceux qui recueillent les corps des gens ayant choisi de se donner la mort; un homme au service d’une puissante compagnie pharmaceutique, à la recherche de la substance létale parfaite; ou encore une chirurgienne récupérant les organes d’un homme s’étant donné la mort et préparant en parallèle son entrevue pour accéder au droit d’avoir un enfant. Bien que les personnages se croisent dans la dernière section du livre, lui donnant la forme d’un roman choral, les quatre parties se lisent comme des nouvelles, un genre littéraire que Claude aime particulièrement. Si elles se situent toutes dans un même univers, chacune présente tout de même des personnages, une histoire et une chute qui lui sont propres. Claude reconnaît que chaque histoire aurait pu devenir un roman complet et être développée plus en profondeur, mais il lui importait d’offrir un regard pluriel sur la réalité présentée et d’explorer plusieurs points de vue. Tout au long du roman, l’auteur propose un regard parfois cru et souvent ironique sur cet univers qu’il mène parfois à la limite de l’absurdité. Le sujet peut sembler lourd, mais il est traité avec un réel plaisir d’écrire et la volonté évidente de créer un univers réaliste, où les failles du système et les enjeux éthiques ne sont pas laissés ce côté.

Depuis quelques années, Claude Boulianne trace sa voie dans l’univers littéraire régional. Originaire de Baie-Comeau, le Rouynorandien d’adoption a notamment contribué au recueil Abitibi/Montréal et a cofondé pendant le confinement le défi littéraire « À 190 mots de distance », auquel ont participé des centaines de personnes. Depuis le 13 octobre, on peut se procurer en librairie son premier roman, Telosphobie, paru aux Éditions du Quartz. Roman d’anticipation, Telosphobie met en scène un Québec où l’aide médicale à mourir est accessible à tous les citoyens, peu importe leur état de santé. Dans les quatre parties composant l’œuvre, l’auteur explore divers aspects de cette réalité où la vie et la mort sont tout à fait manipulables.

En entrevue, Claude Boulianne confie qu’il cherche par l’écriture à explorer d’autres réalités. Il aime extrapoler, exagérer, se demander ce qui serait arrivé si tel ou tel événement s’était déroulé autrement. Si Telosphobie s’accorde parfaitement avec ce désir de s’éloigner du présent et du monde réel, Claude ne cache pas le fait qu’on y retrouve aussi beaucoup de lui et de son propre parcours. La « télosphobie », terme imaginé pour décrire la peur de la fin s’inspire de sa propre relation difficile avec la finalité des choses. Il raconte d’ailleurs une anecdote selon laquelle, enfant, il s’empressait d’éteindre le téléviseur avant la fin de l’émission qu’il regardait.

ABITIBI 360 — LA SUITE SERGE bordeleau Une production Nadagam films

18 SEP ― 29 NOV 2020

OURSE BLEUE — PICISKANÂW MASK ISKWEW Virginia pesemapeo bordeleau Rétrospective 40 ans de pratique artistique

Interrogé sur ses projets, Claude ne promet rien de précis, mais assure que sa tête bouillonne d’idées et que ses tiroirs ne manquent pas de textes à finaliser, laissant croire que ce roman est loin d’être sa dernière aventure littéraire.

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Musée d’art de Rouyn-Noranda 201, avenue Dallaire museema.org

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 19


! s t a é r u a l x u a s Félicitation Organisme ou évènement de la relève

Organisme ou évènement de la persévérance

• Parce que la mise sur pied de nouvelles collections offre l’opportunité à des autrices et auteurs de faire entendre leur parole dans des créneaux spécifiques; • Parce que l’ajout de ces nouveaux genres littéraires vient accroitre la visibilité de l’organisation et bonifier l’offre culturelle à Rouyn-Noranda; • Parce que ces collections permettent de développer une expertise à Rouyn-Noranda et immortaliser notamment les textes dramatiques; • Parce que la collection théâtre permet d’enrichir notre perception du monde à partir du regard d’autrices-auteurs de la région; • Parce que la collection « Forêt » permet de se familiariser avec l’univers et la démarche artistique par le biais de correspondance entre créatrices-créateurs; • Parce que choisir d’ajouter de nouvelles collections à son catalogue est un geste audacieux.

• Pour son souci d’offrir une programmation de qualité à ses différents publics; • Pour l’engagement et l’audace dont l’organisation a fait preuve en offrant à ses élèves de nouvelles façons de faire; • Pour ses initiatives visant l’expérimentation de la danse auprès du jeune public; • Pour son désir de se réinventer dans la pratique des arts de la scène en passant par les nouvelles technologies; • Pour son désir de faire habiter la scène de façon sécuritaire aux jeunes artistes inscrits à ses cours, et ce, malgré l’actuel contexte de pandémie; • Pour les liens créés avec des intervenants dans la communauté visant la bonification de l’expérience artistique pour ses élèves; • Pour les gestes posés et les liens créés rappelant l’importance que revêt le fait de vivre l’expérience artistique tant pour les élèves que pour les membres de l’organisation.

• Puisqu’il a été au cœur de trois longs métrages qui ont été diffusés cette année et qui ont tous reçu une mention dans un festival. Particulièrement pour son film les Chiens loups qui continue de faire le tour du globe; • Pour son regard sensible et intelligent qui nous invite à réfléchir à une société meilleure; • Pour son amour de l’Abitibi-Témiscamingue qui nous contamine à chacune de ses créations; • Pour son professionnalisme teinté de joie de vivre, de respect et d’empathie. Le coup de cœur des Prix de la culture de RouynNoranda 2020 dans cette catégorie fut décerné à Dominic Leclerc.

20 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

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• P c a • P c le c m • P c N • P p e e b

Le No àM

Nahalie Toulouse

Le coup de cœur des Prix de la culture de Rouyn-Noranda 2020 dans cette catégorie fut décerné à L’école du spectacle Danzhé.

Christian Leduc

Le coup de cœur des Prix de la culture de RouynNoranda 2020 dans cette catégorie fut décerné aux Éditions du Quartz.

Artiste


C’est dans le cadre du 5 à 7 des Journées de la culture que la Ville de Rouyn-Noranda remettait ses Prix de la culture 2020. Le jury était composé de mesdames Karine Hébert et Caroline Lemire et de monsieur Sébastien Tessier.

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Félicitations et merci aux lauréats pour leur contribution à la vitalité culturelle de notre communauté!

Contribution au rayonnement culturel • Pour avoir, pendant 7 ans, fait rayonner la culture dans tous les racoins de notre territoire avec ses reportages à TVC9; • Pour son omniprésence dans la sphère culturelle par laquelle elle nous a fait découvrir les acteurs principaux et secondaires de notre culture et nous a fait revivre leurs meilleurs moments; • Pour avoir marqué la dernière année avec la coréalisation d’une magnifique série intitulée Ninawit et qui met en valeur la culture Anicinabe; • Parce qu’après des centaines d’heures de prospection dans notre mine d’or culturelle, elle tire sa révérence pour relever d’autres défis et que nous tenons à la saluer et lui souhaiter bonne chance!

Déclencheur de passions Le Centre de services scolaire de Rouyn-Noranda a profité du 5 à 7 des Journées de la culture pour remettre, pour la 5e année consécutive, un prix culturel à son personnel.

Culture et ruralité • Pour son magnifique projet Ainés d’exception qui nous rend fiers de nos bâtisseurs et qui fut présenté dans la plupart des quartiers ruraux de Rouyn-Noranda; • Pour sa façon unique de « légendifier » les gens afin qu’ils deviennent des icônes de notre territoire; • Pour son souci d’inclusion auprès des citoyens de tous les milieux; • Pour son immense travail d’archivage et de transmission de notre patrimoine. Le coup de cœur des Prix de la culture de RouynNoranda 2020 dans cette catégorie fut décerné à Guillaume Beaulieu.

Le Centre de services scolaire de Rouyn-Noranda est heureux de décerner le prix culturel 2020 « Déclencheur de passions » à Madame Louise Cotnoir, agente de développement, répondante pour le dossier Culture Éducation au CSSRN.

Yves Grafteaux

Nahalie Toulouse

Christian Leduc

Le coup de cœur des Prix de la culture de RouynNoranda 2020 dans cette catégorie fut décerné à Marika Jacob.

• Pour son dynamisme et pour encourager avec cœur et passion la présence d’activités culturelles dans les différents établissements du CSSRN; • Pour son enthousiasme à développer et à entretenir des liens importants avec les partenaires culturels; • Pour l’énergie déployée afin de mettre en valeur les différentes activités offertes par les artistes, les écrivains et les organismes culturels de la région; • Pour son engagement à faire rayonner les projets artistiques et culturels réalisés dans les écoles; • Pour sa capacité de diriger de main de maître le comité culturel du CSSRN; • Pour féliciter sa créativité et son initiative pour le développement et la mise en place d’un site web culturel.

Dominic McGraw, Photo Michel Fortin

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L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 21


22 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN


– PHOTOGRAPHIE –

WILLIAM BRIÈRE DAIGLE : PHOTOGRAPHE AUTODIDACTE CAROLINE GÉLINAS

Lorsqu’un photographe capture une image, c’est sa vision d’un moment qu’il offre. Parfois, on y voit l’amour d’un territoire, la beauté du moment présent ou encore l’histoire d’un lieu. Chaque photo a son histoire. Dans le cadre du mois de la photographie à Val-d’Or, Caroline Gélinas présente l’histoire de photographes.

WILLIAM BRIÈRE-DAIGLE

William Brière Daigle, 18 ans, est originaire de Macamic et se passionne pour la photographie et la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Sa passion pour la photographie a commencé par un cadeau de son père : une caméra. À la base, celle-ci était destinée à produire des vidéos, mais en apprivoisant son appareil, William a découvert, à sa grande surprise, que sa caméra prenait de très belles photos. C’est ainsi qu’il a fait ses débuts en photographie. De fil en aiguille, il a développé une vraie passion qui ne cesse de croître et a, par le fait même, développé son sens artistique. UN AUTODIDACTE William a développé son talent de photographe par lui-même. Étant de la génération où tout le savoir est accessible sur le Web, il a su utiliser ces ressources à son avantage. C’est par des vidéos sur YouTube que William a appris les bases de la photographie et a découvert différents styles. En pratiquant sa passion, William a pu rencontrer d’autres photographes de la région pour échanger et apprendre des plus expérimentés. Il souhaite plus tard se perfectionner au Collège Marsan.

Il aime aussi particulièrement faire de la photo pour le sport de rue. Cela lui permet de combiner deux passions : la photographie et le BMX. Pour ce type de photo, il aime faire de la « séquence photo », ce qui permet de voir le sujet en mouvement, ajoutant un aspect intéressant à la photo. Le rêve de William est de vivre de sa passion en Abitibi-Témiscamingue. On le lui souhaite.

DE LA PHOTOGRAPHIE SPORTIVE À LA PHOTOGRAPHIE DE PAYSAGES William se spécialise dans la photo sportive, le portrait, et les photos de paysages. S’il avait à choisir un seul type de photographie, son choix s’arrêterait sur la photo de paysages, plus particulièrement les paysages nocturnes. L’astrophotographie est pour William une façon de relaxer. Il lui est déjà arrivé d’aller jusqu’à la Centrale Rapide-7 très tard dans la nuit pour profiter de la beauté nocturne de cet endroit.

Pour le mois de la photographie à Val-d’Or, l’exposition Les états liminaires, mettant en vedette les œuvres de Catherine Rondeau, Rosalie Gamache et Marilyne Bissonette sera proposée au centre d’exposition VOART de Val-d’Or et, tout au long de la 7e Rue, le photographe Nicolas St-Pierre affichera sa série de photos tirée du documentaire Par amour des grands animaux présenté dans La Presse en avril dernier. Un texte sur la photographe Catherine Rondeau est également disponible au indicebohemien.org.

À VOIR EN NOVEMBRE AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS… Une exposition itinérante du Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger

GRÂCE AU SOUTIEN FINANCIER DU CONSEIL DES ARTS DU CANADA ET DU CONSEIL DES ARTS ET DES LETTRES DU QUÉBEC

DÈS LE 13 NOVEMBRE :

INTERLOCUTION Annie Cantin

RENCONTRES Gaétane Godbout

INSTALLATION/VERRE

PEINTURE

NOUVEL HORAIRE - ENTRÉE LIBRE Mardi- Mercredi : 13 h à 17 h 30 Jeudi –Vendredi : 13 h à 17 h 30 - 18 h 30 à 20 h 30 Samedi : 10 h à 12 h - 13 h à 17 h Dimanche : 13 h à 17 h

DÉJOUER LES SENS- LA FONDERIE D’ART ACTUEL DANS TOUS SES ÉTATS

RENÉ RIOUX

DERNIÈRE CHANCE JUSQU’AU 8 NOVEMBRE :

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 23


– MUSIQUE –

– ENVIRONNEMENT –

UN NOUVEAU STUDIO D’ENREGISTREMENT AU TÉMISCAMINGUE

WÔ LES MOTEURS! BIANCA BÉDARD, DIRECTRICE ADJOINTE DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (CREAT) ET MAURICE DUCLOS, DIRECTEUR DU GROUPE ÉCOCITOYEN (GÉCO)

JOANNIE COTTEN

Les musiciens François Lefebvre et Cimon Murray fondent un studio d’enregistrement à Ville-Marie, au Témiscamingue. Cimon Murray est originaire de la région Lanaudière et habite au Témiscamingue depuis deux ans. Il a obtenu un DEC en chant jazz à Joliette et est présentement propriétaire du Cimonak et d’Académie Murray Musique, en plus de faire du coaching vocal. Il a un microalbum (EP) à son actif et un album solo à venir. François Lefebvre, quant à lui, est originaire de Ville-Marie et a étudié en musique ainsi qu’en enregistrement et sonorisation. Il est technicien de son au Cimonak et au Théâtre du Rift. Il joue de la musique depuis qu’il a 10 ans et fait partie de plusieurs groupes du Témiscamingue. Il a réalisé des albums solos sous le nom de Freink, enregistrés avec son studio maison portatif, mais il sentait que ça lui prenait un studio fixe pour enregistrer ses projets. Le studio, qui se nommera CM Productions, sera situé dans le sous-sol du Cimonak, resto-bar et spectacles dont Cimon est le propriétaire. Le studio comprendra deux pièces, une cabine isolée et une salle de contrôle, comme on peut s’attendre de n’importe quel studio, mais l’endroit sera très polyvalent. François et Cimon y enseigneront également la musique. Des photos de casting pourront faire partie des services offerts grâce au photographe Jean-François Girard, qui aura ses locaux à côté des leurs, facilitant le partenariat. De plus, François lui-même fera lui-même le mixage et le matriçage sur place! L’endroit offrira une expérience intégrale aux artistes d’ici et d’ailleurs qui pourront se produire sur la scène du Cimonak se trouvant juste en haut. Des chambres sont également disponibles sur place pour accueillir les artistes qui viennent y travailler. Cimon est fébrile face à l’ouverture, qui est prévue pour janvier prochain : « C’est une belle réalisation! Avec le Cimonak, notre nom commence à être connu et on a très hâte de produire des artistes d’ici et d’ailleurs. Nous sommes motivés, car la musique est une passion pour moi et François », affirme-t-il.

24 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

Depuis quelques semaines, les journées chaudes cèdent leur place à l’automne et aux températures plus froides. Avec ce changement de saison survient souvent le retour d’une bien mauvaise habitude : la marche au ralenti des véhicules à moteur.

d’émettre 250 kilogrammes de GES dans l’atmosphère, ce qui représente quelques centaines de dollars dépensés inutilement.

LA MARCHE AU RALENTI

La marche au ralenti… c’est bon pour le moteur.

La marche au ralenti des véhicules à moteur fait référence au fait que le moteur tourne inutilement lorsque le véhicule est immobilisé, soit pendant plus de 60 secondes. Cette pratique est souvent observée en période hivernale pour réchauffer le véhicule lors des courses rapides, en attendant un passager ou dans la file d’attente d’un service à l’auto.

C’est FAUX. L’utilisation excessive du moteur en immobilité peut au contraire endommager des composantes du moteur.

LES IMPACTS La marche au ralenti représente une menace pour la santé, comme pour l’environnement. Les émissions nocives provenant du moteur, telles que le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde de carbone (CO2) et les oxydes d’azote (NOx), peuvent causer de graves problèmes respiratoires, surtout chez les aînés et les enfants. Ce sont également des gaz à effet de serre (GES) qui contribuent directement aux changements climatiques et à la formation de smog. Aussi, les passagers sont soumis à davantage de polluants à l’intérieur du véhicule lors de la marche au ralenti qu’à l’extérieur. Un moteur qui tourne alors que le véhicule est immobilisé pollue deux fois plus que lorsqu’il roule à 50 km/h. De plus, la consommation d’essence liée à cette mauvaise habitude représente un gaspillage économique non négligeable. Dix minutes de marche au ralenti par jour correspondent à environ 110 litres d’essence consommée inutilement sur une année complète, en plus

DES MYTHES QUI PERDURENT… ENCORE À CE JOUR

Le moteur doit chauffer avant de partir. C’est FAUX. Même en saison hivernale, 30 secondes sont suffisantes, suivies des premiers kilomètres à une vitesse plus lente, pour réchauffer toutes les composantes du véhicule. Le démarrage et l’arrêt répété du moteur peuvent causer des dommages et augmenter la consommation d’essence du moteur. C’est FAUX. Les redémarrages fréquents ont peu d’impact sur le moteur. De plus, un moteur qui tourne au ralenti plus de 10 secondes consomme plus d’essence que le fait de couper le contact pour le redémarrer ensuite. Quelques villes au Québec ont légiféré sur la question pour contrer ce phénomène. Plutôt que d’attendre une réglementation, pourquoi ne pas changer cette mauvaise habitude dès maintenant? Si vous êtes témoin d’une marche au ralenti inutile, vous avez maintenant tous les arguments nécessaires pour encourager la personne à couper le moteur. Enfin, comme disait le grand-père de Maurice : « Ton moteur de machine qui tourne pour rien t’amènera jamais nulle part. »

Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !


–   A R T S V I S U E L S   –

FENÊTRE SUR L’ART : L’UNIVERS COLORÉ DE SABRINA LAHAIE GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

Sabrina Lahaie est originaire de Belcourt, dans la Vallée-de-l’Or, mais s’est établie à Amos en 2008. Celle qui peint depuis l’adolescence a perfectionné son art au fil des ans, majoritairement en autodidacte, en mettant toujours le plaisir et la passion au centre de sa démarche. Jusqu’au 1er décembre, elle présente l’exposition Fenêtre sur l’art au Vieux-Palais d’Amos. Fenêtre sur l’art comporte une série d’œuvres colorées montrant parfois des animaux et parfois des paysages, toujours dessinés dans un style naïf, voire enfantin. Pour Sabrina, il est plaisant de demeurer dans l’univers spontané de l’enfant, alors que son fils de dix ans, Louis, est pour elle une grande source d’inspiration. Elle tente d’ailleurs de l’encourager à développer sa fibre artistique et l’intérêt évident qu’il porte au travail du bois en lui offrant une place à ses côtés dans l’exposition. Les visiteurs pourront en effet admirer des sculptures en bois que Louis a lui-même réalisées.

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Sabrina voue une affection particulière au Vieux-Palais qu’elle considère comme un lieu essentiel au rayonnement artistique d’Amos, et se dit honorée d’habiller ses murs de sa touche de fantaisie.

SABRINA LAHAIE

Chaque toile de Sabrina est présentée derrière un cadre de fenêtre en bois. Interrogée sur cette partie de sa démarche, elle explique que le cadre a plusieurs fonctions. D’abord, l’intégration du bois dans ses œuvres est synonyme de son souci pour l’environnement. En effet, elle récupère des cadres de fenêtre ou des planchettes de bois dans des caisses de vin, voués à être jetés ou brûlés, pour leur donner plutôt une vocation artistique. L’utilisation des cadres de bois, souvent usés par la nature et le temps, lui permet aussi de mettre en contraste la rapidité, la pulsion parfois agressive qui est à l’origine d’une toile, et le lent travail de la nature sur divers matériaux. Finalement, le cadre de bois a aussi une fonction symbolique. En effet, pour Sabrina, les toiles sont une façon d’exprimer des émotions. C’est ainsi une partie d’elle-même qui se retrouve exposée. « Des fois, c’est peut-être un peu intimidant, alors de regarder ça à travers une fenêtre, c’est vrai que c’est une symbolique qui est très forte. C’est comme dire “Je vous en dévoile une partie, mais c’est une petite gêne qu’on se garde en même temps” », explique-t-elle.

Marie-Annick Viatour et Gaétan Berthiaume

SABRINA LAHAIE

Commissaire : Marie-France Bégis

Consultez régulièrement notre page Ville de La Sarre

195, rue Principale, La Sarre (Québec) J9Z 1Y3 819 333-2282

maison.de.la.culture.lasarre

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 25


26 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN


– PREMIÈRES NATIONS –

HONORER LA MÉMOIRE DES GÉNÉRATIONS QUI NOUS ONT PRÉCÉDÉS NANCY CRÉPEAU, ADMINISTRATRICE DE MINWASHIN

Plusieurs raisons peuvent nous porter à vouloir retrouver des photos de famille des générations précédentes. Pour ma part, je savais que des photos de la famille Wiscutie-Diamond existaient, mais elles sont plutôt rares. J’avais déjà vu des photocopies de mauvaise qualité, il y a plus de vingt ans, mais je ne m’étais jamais vraiment demandé où elles pouvaient se trouver.

au territoire et à ses ressources. Cette époque, marquée par la prolifération de la tuberculose, précède l’ouverture du pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery (1955) et la création de la réserve de Lac-Simon en 1962. Bref, ces précieuses sources d’information peuvent nous aider à réfléchir sur le passé et à comprendre qui nous sommes à travers ce que nos ancêtres ont vécu. Les écrits en particulier devraient être utilisés à des fins éducatives pour montrer, à l’état brut, une vision de l’époque qui n’était certainement pas neutre à l’égard des Autochtones. Ce nouveau regard sur le présent est un aspect essentiel de la vérité et de la réconciliation. Cette chronique est réalisée en collaboration avec Minwashin.

En mettant de l’ordre dans ma documentation personnelle durant le confinement de l’été dernier, je suis tombée sur la copie d’un manuscrit rédigé par Harold Pommerehnke intitulé Experiences and Observations Among the Lake Simon Algonquin and the Waswanipi Cree – Early 1950’s [Expériences et observations des Algonquins de Lac-Simon et des Cris de Waswanipi au début des années 1950]. Dans les premières pages, l’auteur mentionne avoir remis cet écrit aux archives du Musée de la civilisation de Hull afin de rendre accessible aux générations futures une partie de l’histoire canadienne. En le parcourant, j’ai remarqué plusieurs photos de membres de ma famille. Après quelques semaines, j’ai entamé des démarches auprès du musée dans l’espoir d’accéder à ces photos. Dans les jours suivant ma demande, on m’a transféré ces photos par voie électronique. En regardant ces images, j’ai ressenti une immense fierté et surtout, un sentiment de gratitude de pouvoir les partager avec les membres de ma famille. Pommerehnke, qui a vécu deux ans à Senneterre au début des années 1950, travaillait pour une compagnie de construction. Ses contacts fréquents avec les Anicinabek et les Cris lui ont permis d’en connaître un peu plus sur leur mode de vie. Bien que le point de vue transmis par l’auteur à travers ses observations puisse parfois sembler réducteur à l’égard des Premiers Peuples, particulièrement envers les femmes, son écrit demeure pertinent dans la mesure où il fournit des renseignements sur les familles qui vivaient sur leur territoire ancestral (et qui l’occupent toujours) ou qui étaient de passage à Senneterre. Déjà en 1952, les photos témoignent que les familles autochtones se trouvant dans les environs de Senneterre vivaient des changements majeurs dans leur mode de vie, notamment en raison de l’arrivée du chemin de fer, de la pêche commerciale intensive et de l’industrie forestière qui ont contribué à limiter, voire interdire, l’accès de ces familles

Christiana Diamond (à gauche), Barthelemy Wiscutie (au centre), avec leurs jeunes enfants, juillet 1952, sur l’île de la rivière Bell (Nottaway) à Senneterre. Source : Musée canadien de l’histoire

Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 27


– EN BREF –

– MÉDIATION CULTURELLE –

UN FESTIVAL TRAD

UNE NOUVELLE POLITIQUE CULTURELLE

ENTIÈREMENT

POUR AMOS ET LA MRC D’ABITIBI

NUMÉRIQUE

LOUIS-ÉRIC GAGNON

JUSTIN BENOIT BÉLANGER

Les 6 et 7 novembre prochains, le Festival de musique Trad Val-d’Or présentera une programmation entièrement numérique en direct sur Facebook. La programmation en ligne offrira une série de spectacles plus courts, mais hauts en couleur avec des artistes de partout dans la province. C’est le trio La Croisée D’Antan, sacré coup de cœur du public au Festival de la Chanson de Granby qui ouvrira les festivités le 6 novembre à 20 h, suivi de deux autres groupes, alors que le groupe local Les fous de Vassan clôturera la deuxième soirée, le lendemain, juste après le concert du duo Babineau/Chartrand. Outre les prestations musicales, le public aura droit à des ateliers virtuels pour parfaire sa formation en chant ou en violon, alors que les membres du groupe Galant tu perds ton temps et les violonistes André Brunet et Olivier Demers partageront leurs savoirs le samedi 7 novembre à 11 h, midi et 14 h 30, respectivement. Bon festival!

Depuis l’adoption d’une première politique culturelle en 1995, le développement culturel de la Ville d’Amos et de la MRC d’Abitibi s’est structuré et le milieu culturel a fait du chemin. Au début des années 2000, plusieurs institutions, encore fortes aujourd’hui, ont été créées. Le Prix reconnaissance Thérèse-Pagé - remis cette année à Sylvie Tremblay pour son implication remarquable dans le milieu culturel amossois - a été instauré, l’improvisation et le théâtre prennent de nouvelles racines, l’art et la culture sont valorisés dans le domaine de l’éducation. Dans la dernière décennie, les acteurs du milieu culturel ont entre autres mis l’accent sur la valorisation de la culture autochtone et l’art public a pris plus d’espace.

mettre en œuvre pour 2021, dont l’élaboration d’un agenda territorial culturel. Elle apporte aussi un soutien spontané aux organismes culturels, par exemple en répondant à leurs questions lors d’appels de projets. La ressource est appréciée du milieu et facilite la tâche des différents acteurs.

C’est le constat qu’on peut lire dans la nouvelle politique culturelle territoriale adoptée récemment par la Ville d’Amos et la MRC d’Abitibi. Cette politique exprime la culture comme reflet de l’identité et veut reconnaître son importance socioéconomique. Elle vise aussi la mise en commun des ressources et des énergies du milieu dans un objectif de croissance. C’est ce qui a mené à la création d’un poste d’agente de développement en loisir et culture.

Mario Brunet, conseiller à la Ville d’Amos responsable des dossiers de l’art, de la culture et du patrimoine, abonde dans le même sens : « On a des infrastructures de qualité à Amos dont les gens de la MRC se servent actuellement. Il est question du partage de ressources, d’informations et d’équipements et il faut trouver une façon de les mettre à la disposition de tout le monde. »

En poste depuis quelques mois, Valérie Castonguay remplit un mandat relativement large. Elle planche sur l’échéancier d’un plan d’action comprenant une vingtaine d’éléments à

Le travail de Mme Castonguay permet aussi de faire des ponts : « En travaillant avec les différents agents de développement locaux, on communique davantage sur leurs initiatives. Une initiative dans une municipalité peut être intéressante dans une autre. C’est un partage de connaissance que mon rôle permet. C’est d’unir les gens dans leurs projets et dans leurs initiatives. »

Il y a espoir que cette mise en commun permette de mieux couvrir le territoire et d’offrir un meilleur accès à la culture.

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28 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN


– M É D I A T I O N C U L T U R E L L E   –

RÉSEAU BIBLIO : UN DERNIER BILAN AVANT LA RETRAITE FEDNEL ALEXANDRE

En août dernier, le Réseau BIBLIO de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec a annoncé le départ à la retraite de deux membres de son personnel pour le 1er janvier 2021 : Chantal Baril et Louis Dallaire. Elle est agente de développement depuis 31 ans, il est directeur général depuis plus de 14 ans. Je suis allé les rencontrer pour discuter de l’état de santé du Réseau, de leurs souvenirs, de leurs projets, bref, pour faire un bilan avant leur départ. Chantal n’étant pas disponible lors de ma visite, je me suis entretenu avec le directeur, qui a cependant parlé de sa collègue avec un respect et une admiration indéniables. Louis Dallaire m’a accueilli avec la bonhommie que je lui ai toujours connue. Il m’a fait visiter les bureaux et les installations, et m’a présenté les employées présentes ce jour-là. Ensuite, il m’a parlé du Réseau avec passion, m’a raconté des anecdotes. Mais j’ai surtout relevé une constance, un dénominateur commun dans tout ce qu’il m’a dit : son attachement aux communautés et aux gens. À son arrivée à la direction, le Réseau comprenait 59 bibliothèques. Il en compte aujourd’hui 71 avec des services offerts dans trois langues. Ce travail colossal aura été possible grâce à la mutualisation d’expertises, de ressources autour d’une vision. En effet, le futur ex-directeur considère les bibliothèques comme un outil de développement pour la région. Dans cette perspective, il a toujours voulu en implanter dans les communautés, peu importe la taille de leur population. Pour lui, une bibliothèque n’est pas seulement un lieu où on va chercher des livres : c’est avant tout un milieu de vie, un lieu d’échanges et de rencontres. La question de l’accessibilité aux services du Réseau demeure pour lui un enjeu majeur. Le développement du Réseau dans le Nord-du-Québec témoigne de ce souci de faire des bibliothèques un outil contribuant à assurer la vitalité des petites communautés. Mme Baril partage également cette vision. Selon M. Dallaire, celle dont il considère le travail comme un poste clé a mis chaque bibliothèque sur un pied d’égalité, peu importe sa taille. Au fil des ans, elle a appris à connaître les membres

de chaque comité et elle est présente au quotidien pour accompagner, écouter et répondre aux besoins des divers responsables des bibliothèques, en plus de garder toujours en tête leur développement à long terme. Pour rendre attrayantes les bibliothèques du Réseau, Louis Dallaire mise sur des projets porteurs, qui galvanisent les gens. Selon lui, dans le contexte d’une aussi grande diversité d’offres de produits de consommation culturelle, les bibliothèques doivent trouver des façons innovantes pour valoriser le livre. Avec sa collègue Chantal, il a créé nombre d’initiatives permettant au Réseau de s’ancrer durablement dans les mœurs des usagers : « On avait inventé ensemble des dépliants pour faire la promotion, du vidéo […], des projets comme déposer des raquettes dans les bibliothèques pour amener les gens, pour emprunter autre chose que juste des livres. On a développé des collections, des trucs d’animations, etc. On pensait que l’animation du livre, de la lecture, était importante. » Le livre devient ainsi un objet placé dans un milieu écologique en interaction avec d’autres. Louis Dallaire pense que les bibliothèques doivent évoluer avec la société. En cela, il les inscrit dans un écosystème où existe une interdépendance entre les différents éléments. C’est ce qui explique les liens établis et développés avec les artistes et les travailleurs culturels en général, par exemple. En guise de bilan, Louis Dallaire laisse un organisme en pleine santé. Il est convaincu que le Réseau va continuer à prendre de l’essor en se professionnalisant continuellement et en restant humain. D’ailleurs, même si le Réseau est confronté au défi de devoir toujours justifier sa pertinence auprès des subventionnaires, il n’en demeure pas moins vrai que la solidité et l’expertise de son équipe constituent un garant de sa longévité. Le futur ex-directeur est confiant en l’avenir du Réseau, dont la direction passera sous la houlette de Cloé Gingras en janvier prochain.

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 29


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30 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

Photo : Adobe Stock

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CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

HUMOUR

Cent ans de musique – Ensemble Allegro 14 nov., Théâtre Télébec (VD)

Site de rencontre avec l’art Jusqu’au 21 février 2022, MA Musée d’art

Simon Gouache/François Boulianne 17 et 18 nov., Théâtre du cuivre (RN) 19 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 20 et 21 nov., Théâtre Télébec (VD)

Ceci est une espèce aimée – Saratoga 24 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 25 nov., Salle de spectacles Desjardins (LS) 26 nov., Théâtre Télébec (VD) 27 nov., Le Rift (Ville-Marie) 28 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Diffusion/Suffusion – Dominic Lafontaine Give Me a Fucking Break – Guillaume B.B. Jusqu’au 1er nov., Écart (RN)

Jean-François Mercier 20 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 21 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Brel et Barabara, héros fragiles 24 nov., Théâtre du cuivre (RN) 25 nov., Théâtre des Eskers (Amos)

Femmes du monde Jusqu’au 30 nov., Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

Détour - Guillaume Pineault 30 et 31 oct., Théâtre Télébec (VD)

CINÉMA

Il y avait l’odeur des arbres Julie Roch Cuerrier Jusqu’au 1er nov., Centre d’exposition d’Amos

Jerr Alain 14 nov., Brasserie La Brute du Coin (LS)

CONTE

39e Festival international du cinéma en Abitibi-Témiscamingue 31 oct. au 5 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Comme une bouteille à la mer Guillaume Beaulieu 12 nov., Théâtre des Eskers (Amos)

Petit pays - Éric Barbier 15 et 16 nov., Théâtre du cuivre (RN)

THÉÂTRE

Femmes d’Argentine – Juan Solanas 22 et 23 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Ici – Théâtre PAF 10 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 11 nov., Théâtre Télébec (VD) 12 nov., Salle de spectacles Desjardins (LS) 13 nov., Théâtre du cuivre (RN) 14 nov., Le Rift (Ville-Marie)

Nos mères – César Diaz 29 et 20 nov., Théâtre du cuivre (RN)

DANSE

Six ° - Flip Fabrique 9 nov., Théâtre Télébec (VD) 10 nov., Théâtre du cuivre (RN) 11 nov., Théâtre des Eskers (Amos)

La question des fleurs 26 nov., Théâtre des Eskers (Amos) 27 nov., Théâtre du cuivre (RN) 28 nov., Théâtre Télébec (VD)

Hôtel Transylvanie – Représentation spéciale pour l’Halloween 31 oct., Cinéma Amos

Inde du sud 11 nov., Cinéma Amos

MUSIQUE Spécial Country – Atchoum 13 nov., Théâtre Télébec (VD) 14 nov., Salle de spectacles Desjardins (LS) 15 nov., Théâtre des Eskers (Amos Chouïa – Les Grands Hurleurs 14 nov., Théâtre du cuivre (RN)

Cinéma ONF – Au rythme du Labrador 19 nov., Bibliothèque municipale d’Amos EXPOSITION Quand Boucar Diouf s’intègre au bois… Vernissage avec les artistes 5 nov., Ville de La Sarre

Distance Between Us 9 oct. au 16 déc., Écart (RN)

J’ai la tête pleine de trous… - Diane Dubeau Jusqu’au 1er nov., Centre d’exposition d’Amos Déjouer les sens – La fonderie d’art actuel dans tous ses états - Centre d’art Jacqueset-Michel-Auger sous le commissariat d’Émilie Granjon Jusqu’au 8 nov., Centre d’exposition d’Amos

JEUNE PUBLIC Cours de dessin pour enfants Gabrielle Leduc-Leboeuf 6 à 8 ans : Du 14 sept. au 21 déc. 9 à 12 ans : Du 15 sept. au 22 déc. MA Musée d’art (RN) L’heure du conte Un samedi sur deux, du 31 oct. au 28 nov., Bibliothèque municipale d’Amos L’heure biblio-jeux 0-3 ans : 20 sept. au 13 déc. 3-6 ans : 27 sept. au 6 déc. Bibliothèque municipale d’Amos Story Time Hosted by Richard Humphrey 25 oct. au 6 nov. Bibliothèque municipale de Val-d’Or Tout petit conte 8 nov., au 13 déc. Bibliothèque municipale de Val-d’Or Heure du conte 3 à 6 ans 1er nov. au 6 déc. Bibliothèque municipale de Val-d’Or

Interlocution – Annie Cantin Rencontres – Gaétanne Godbout 13 nov., au 3 janv. 2021, Centre d’exposition d’Amos

DIVERS

Panique générale! – Hugo Gaudet-Dion A Map Showing the Course of the Truelove River – Gabrielle Desrosiers Les couleurs de l’espoir – Maria Tremblay Jusqu’au 15 nov., Centre d’exposition du Rift (Ville-Marie)

Ozobot Jusqu’au 7 nov., Bibliothèque municipale d’Amos

Hybride – Karine Berthiaume 20 nov. au 17 janv., 2021 Centre d’exposition du Rift (Ville-Marie) Le monde des poupées de porcelaine 25 sept. au 18 déc., Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

Lancement – Le cœur en bataille 20 nov., Bibliothèque municipale d’Amos

Macarons narratifs 4-7 ans 21 nov., Bibliothèque municipale d’Amos Les mercredis Tricot-thé 16 sept. au 16 déc., Bibliothèque municipale d’Amos Génies sages et moins sages 13 nov. Au 18 déc., Bibliothèque municipale d’Amos

Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans la prochaine édition de L’Indice bohémien, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 18 novembre 2020, à partir du site Web du CCAT au ccat.qc.ca/soumettre-evenement.php. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.

L’INDICE BOHÉMIEN NOVEMBRE 2020 31


Pourquoi doit-on respecter une distance de 2 mètres?

2m Garder une distance de 2 m nous protège des gouttelettes contaminées émises lorsqu’une personne infectée parle, tousse ou éternue.

Bien se protéger, c’est aussi bien protéger les autres.

Toussez dans votre coude

Lavez vos mains

Gardez vos distances

Toussez Lavez Gardez Portez Toussez Portezdans dans Lavez Gardezvos vos Portez votre coude distances un votre masque coude vos vosmains mains distances un unmasque masque Québec.ca/coronavirus

(si à moins de 2 mètres)

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32 NOVEMBRE 2020 L’INDICE BOHÉMIEN

20-10-09 3:08 p.m.


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