Le magazine indépendant des PME suisses Supplément / 23 mars 2016
RDV / pme 2016 «Je suis patron et je me sens seul»
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Premier RDV/pme 2016 La solitude du chef d’entreprise est une réalité taboue, souvent par crainte qu’elle soit assimilée à un aveu de faiblesse vis-à-vis d’une équipe de travail. Quelles sont les responsabilités qui isolent? Quel impact cette solitude a-t-elle sur les patrons? Et surtout, comment y remédier? Toutes ces questions trouvent leurs réponses lors de ce premier RDV/pme 2016 organisé par Orava SA, le mercredi 23 mars dès 17h30, à la Fondation Les Bois Chamblard à Buchillon.
Deux chefs d’entreprise parlent sans tabou de leur solitude
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François Burnand est coach de dirigeants chez Visconti Coaching et fondateur d’AlterNance, société de direction financière d’entreprises. Il est facilitateur de réussite auprès de ses clients. Les problématiques rencontrées par les chefs d’entreprise font son quotidien. Normand Lemire est le directeur pour la Suisse du Groupement des chefs d’entreprise du Québec. Ce réseau d’entraide unique, implanté en Suisse, fonctionne sous forme de clubs, soit huit dirigeants qui se réunissent une fois par mois pour échanger sur des thèmes précis, partager et s’entraider en toute confidentialité. Normand Lemire sera chargé du bon déroulement de notre atelier pratique.
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Eve-Marie Grivel Koehler est la fondatrice et directrice de l’Ecole Germaine de Staël, destinée aux enfants à haut potentiel. Alors qu’aucune école de ce type n’existait en Suisse, Eve-Marie s’est lancée en solo dans la réalisation de ce projet unique.
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Olivier Müller est un consultant spécialisé en haute horlogerie, créateur de deux marques, entre autres. Alors qu’une voie royale toute tracée s’offrait à lui au sein du Swatch Group, il a choisi de parcourir son chemin d’entrepreneur en solo, bon gré, mal gré.
VINCENT MICHOUD
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Analyses et pistes pour vaincre la solitude du boss seront données par deux coaches spécialistes de l’accompagnement de dirigeants
FOCUS PME
La fondation Les Bois Chamblard est un centre de séminaires flambant neuf, propriété de l’EPFL. Merci au Conseil de fondation de nous accueillir dans cet endroit splendide logé au cœur d’une clairière au bord du lac, à Buchillon.
RDV/pme | introduction
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Nathanaël Pittet, directeur et fondateur d’Orava SA.
«Un chef est un homme qui a besoin des autres» Un patron ne parle pas volontiers de son sentiment de solitude par crainte d’aveu de faiblesse. Pourtant, des solutions existent. TEXTE NATHANAËL PITTET
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are de Lausanne, il est 18h un vendredi soir. Le hall grouille de gens pressés qui circulent comme des fourmis, précis dans leur trajet, pressés par l’horaire. Et vous êtes là, fatigué par une semaine de travail prenante. La tête en vrac, arrêté, saoulé par le bruit, l’agitation, le monde. Et soudain, cette impression étrange que vous n’appartenez pas à la scène. Vous en êtes le spectateur. Perdu, seul, terriblement seul. Cette scène de vie quotidienne qui nous relie les uns aux autres illustre à merveille le sentiment plus d’une fois éprouvé par les chefs d’entreprise que je côtoie. Quoi? Les patrons se sentent seuls? Et alors, me direz-vous. Ils sont patrons, ils sont payés pour. Permettez-moi d’objecter. La solitude n’est un bien pour personne, chefs d’entreprise compris. Pour être précis, par solitude, je n’entends pas celle que l’on assimile à cette vague du «bien-être», prendre du temps pour soi ou revenir à l’es-
sentiel. Non, je veux parler ici de celle qui s’apparente à l’isolement, la solitude qui pèse lourd, qui devient tellement insupportable qu’elle finit par rendre malade, par consumer le chef d’entreprise. Littéralement,
celle qui provoque le «burn». D’où vient-elle? A quoi ressemble-t-elle? L’image du big boss Le rôle du patron s’est complexifié au cours des dernières décennies (le FOCUS PME
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se rencontrer pour échanger sur leurs problématiques se développent et les traditionnels repas d’affaires sont aussi l’occasion d’allier plaisir et partage. L’entourage est aussi très important car, comme on le dit souvent, derrière tout grand patron, il a un conjoint précieux.
terme patron désigne dans cet article un rôle de directeur, d’entrepreneur ou de membre influent d’un conseil d’administration, indépendamment du genre de la ou du protagoniste). Certes, il croule sous les responsabilités. Mais, quand bien même, tous ne sombrent pas sous le poids de l’agenda et des budgets annuels. Il y a plus. Il faut se pencher sur l’image renvoyée par le chef d’entreprise. Cette solitude est directement liée à son rôle de «dernier recours» à la décision. Bien souvent, il paraît trop influent pour être interpellé ou trop tête brûlée dans les risques qu’il prend pour être compris. Pourtant, il aimerait que l’on sache qu’il n’est pas comme ça! Peut-être un peu, mais pas seulement. Certes, ces perceptions externes peuvent conduire un manager à se sentir seul et incompris, tout en ayant le sentiment de se sacrifier pour ses collaborateurs. Et puis, même s’il était populaire, il y aurait toujours les jaloux et les mécontents. Un paradoxe Dernièrement, un patron de PME m’expliquait que tout ce qu’il offre généreusement à ses collaborateurs paraît être un «dû», normal aux yeux de ceux qui l’entourent, parce qu’il est directeur, justement. De quoi l’ancrer un peu plus dans son impression d’isolement et son mutisme. Mais, comprenez-moi bien, la faute de cette mise à l’écart n’incombe pas FOCUS PME
aux autres; l’entrepreneur-créateur se positionne également très souvent comme le détenteur des bonnes idées, avec la conviction que l’entourage pourrait risquer de les dénaturer. De fait, il préfère avancer seul. Quel paradoxe! Solitaire, mais jamais seul Oui, le chef d’entreprise est une personnalité complexe, qui «s’est faite elle-même». Pourtant, Pablo Picasso disait que «rien ne peut être fait dans la solitude». Etonnant pour un artiste, non? Et effectivement, qui que nous soyons, nous ne sommes pas «tout» à nous seuls. Le reconnaître, c’est déjà une première étape pour sortir de la solitude. Certainement Picasso l’avait-il profondément vécu dans son entreprise, dans son art. Si nous ne sommes pas «complets» à nous-mêmes, il importe donc que l’équipe du patron – au sens large – s’agrandisse et qu’il puisse ouvrir la porte de son intimité à d’autres personnes, qui lui permettront de partager et de confronter ses idées, ses défis, ses joies, ses craintes et, pourquoi pas, ses pleurs. Plaisir et partage Aujourd’hui, nombreuses sont les solutions offertes pour sortir de cet isolement qui guette à la porte du bureau de la direction. Le coaching d’entrepreneurs se répand ainsi de plus en plus. Des clubs, des tables rondes d’entrepreneurs qui désirent
Un changement d’attitude C’est bel et bien au patron de prendre son destin en main et de faire le choix de sortir de cet isolement et de chercher la ou les solutions qui lui conviennent. C’est un choix de tous les jours et, de surcroît, un combat. Se soumettre au regard de l’autre, c’est faire preuve d’humilité. Certes, ce n’est pas toujours la qualité première du patron, mais il s’agit certainement d’une clé importante pour amorcer un changement d’attitude: «Un chef est un homme qui a besoin des autres», disait Paul Valéry. ●
Un facilitateur d’entreprise Orava SA est une PME de 17 personnes basée à Aubonne, qui incarne un nouveau métier, celui de facilitateur d’entreprises. Animée de valeurs comme l’intégrité, l’efficience et la bienveillance, elle offre aux PME l’occasion d’exercer le meilleur de leur talent, en les épaulant dans les moments clés (restructuration, croissance, crise), dans les domaines suivants: gestion comptable, direction financière, écoute-conseil et résolution de conflits, ressources humaines, secrétariat ou encore communication. Des conseils avisés sur le plan financier, stratégique et organisationnel.
Les RDV/ pme Trois fois par an, Orava SA organise les RDV/pme, des conférences gratuites, sur inscription, destinées aux entrepreneurs de l’Arc lémanique. La conférence du 23 mars, organisée en partenariat avec Focus PME, est consacrée à la solitudeduchefd’entreprise.Leprochainrendezvous aura lieu en juin et aura pour thème «Une entreprise de valeurs. Quelles valeurs animent vos entreprises?».
RDV/pme | témoignage
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Eve-Marie Grivel Koehler, fondatrice et directrice de l’Ecole Germaine de Staël à Aubonne. Créer son entreprise, c’est accepter le grand huit des émotions qui vont avec: se retrouver seul avec un projet à concrétiser. Eve-Marie Grivel Koehler est passée par là. En 2008, elle fondait, seule, un établissement privé, qui accueille aujourd’hui à plein temps des enfants surdoués, à Aubonne (VD).
«Seule, sans parachute, j’ai créé mon entreprise» «Pourtant mon aventure est extraordinaire: j’ai créé une école, mais pas une école ordinaire. Un lieu spécialement dédié aux enfants et aux adolescents à haut potentiel. Tout était à imaginer, à rêver. Comprendre
VINCENT MICHOUD
«Q
uand on est une femme d’une trentaine d’années et que l’on décide de se lancer dans la création d’une école, il faut s’attendre à devoir se retrousser les manches, s’armer de patience et aimer un minimum la solitude! Partir pour une telle aventure, aussi évident que cela pouvait paraître à mes yeux, revient à peu près à se mettre dans la peau d’un boxeur qui monte sur le ring: se retrouver seul pour affronter les coups, sans savoir quand s’arrêtera le match. Evidemment, je n’ai compris cela que bien plus tard, lorsque j’étais déjà en route et que je ne pouvais plus revenir en arrière. Si je ne gardais pas les yeux bien ouverts, fermement décidée à avancer, je risquais de m’écrouler face à tout ce qui tentait de m’atteindre. J’ai alors réalisé ce qu’était la solitude: être vraiment seule dans une démarche d’entreprise, sans parachute, sans filet. Entourée de gens certes adorables, mais qui, hormis leur amitié ou leur affection, ne pouvaient rien faire pour m’aider à sortir des embûches et à éviter les pièges et les mauvaises décisions.
au plus profond ce que signifie le haut potentiel, se demander comment rendre l’école pleinement adaptée à la pensée de ces jeunes, à leur fonctionnement intellectuel et émotionnel et, chaque jour, rendre cela réel, adéquat et constructif. La fondation de l’entreprise «école» est hautement stimulante, passionnante même, au quotidien. Mais la passion, aussi forte et intacte soit-elle depuis les débuts de l’école en 2008, n’enlève rien au fait que je dois continuer de prouver à mes partenaires que mon entreprise est crédible, qu’elle vise l’excellence. Donner confiance, garantir, rassurer. C’est lourd, quand on est seul. Et peut-être plus encore quand on est une femme dans un milieu où, aux mêmes postes à responsabilité, les hommes sont ultra-majoritaires. Il s’agit de faire sa place et de rester soi-même. Aujourd’hui, cette aventure est loin d’être terminée; avec 70 élèves et 25 collaborateurs, j’avance, je trébuche, je reste debout, contre vents et marées, le plus souvent seule. Mais j’apprends.» ● FOCUS PME
RDV/pme | conseils
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Super-patrons: trois idées pour se sentir moins seul
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n grand pouvoir implique de grandes responsabilités et la solitude qui l’accompagne. Les super-héros créés par Marvel ressemblent étrangement à l’image que l’on se fait d’un patron: une personne responsable, qui semble porter le poids de son monde entrepreneurial sur ses épaules. Etre seul est-il la fatalité de ces Superman et Wonder Woman des temps modernes? Heureusement, non. Voici quelques idées pour agir, inspirées de la conférence RDV/pme «Je suis patron et je me sens seul», organisée par Orava SA, le 23 mars à Buchillon.
1. Stop! On s’introspecte Identifier le problème, c’est déjà le résoudre de moitié. La solitude – l’isolement – du chef d’entreprise affecte différents domaines de son existence: équilibre personnel entre vie professionnelle et vie privée, santé physique et santé mentale, gestion de son entreprise et prise de décision ou relations avec l’entourage professionnel. Pour comprendre, il est nécessaire et même salutaire de se poser devant une feuille blanche: «Quand me suis-je senti seul pour la première fois? Quels sont les éléments déclencheurs qui me donnent le sentiment d’être isolé?»
2. Vers qui me tourner? Sortir de l’isolement commence par aller à la rencontre de l’autre, FOCUS PME
mais pas n’importe qui. Un patron, qui la plupart du temps s’est construit seul, redoute toujours l’aveu de faiblesse, de peur de perdre son aura, son autorité ou même sa crédibilité face à son équipe. D’où la nécessité de faire appel à quelqu’un de neutre et compétent qui lui offrira «grande oreille et bons conseils». C’est ce que propose notamment Orava SA, PME dont la vocation est d’être une «facilitatrice d’entreprises», proche du tissu économique local, qui propose une analyse de la situation et un accompagnement sur mesure. Ou encore ViscontiCoaching, société internationale active en Suisse, spécialisée dans l’accompagnement et le conseil avisé de dirigeants. Contacts: www.orava.ch ou www.visconti-coaching.com (pour la Romandie: françois.burnand@ visconti-coaching.com)
3. Oser rencontrer, s’exprimer Parce qu’on ne peut pas se confier à n’importe qui lorsqu’on est entrepreneur, il est essentiel de rencontrer des gens de confiance, qui «peuvent comprendre». Raison pour laquelle le Groupement des chefs d’entreprise du Québec, implanté en Suisse depuis 2008 et ouvert à tous, a mis sur pied des clubs destinés aux dirigeants. Il s’agit d’un réseau d’entraide unique, qui s’occupe d’abord du chef propriétaire d’entreprise pour lui permettre de progresser personnellement et de mieux réussir son entreprise. Un club,
c’est huit dirigeants qui se réunissent une fois par mois pour échanger sur des thèmes précis, partager et s’entraider en toute confidentialité. ● Contacts: www.groupement.ca (pour les clubs suisses romands: normand.lemire@groupement.org)
Impressum SUPPLÉMENT / 23 MARS 2016 TIRAGE: 100 EXEMPLAIRES ÉDITEUR
W. Gassmann AG Längfeldweg 135 Case postale 1344 2501 Bienne Tél. 032 344 81 11 RESPONSABLE ÉDITORIALE
Elodie Maître-Arnaud RÉDACTEUR EN CHEF
Vincent Michoud vincent.michoud@inedit.ch ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO
Nathanaël Pittet, Sophie Gertsch, Eve-Marie Grivel Koehler RELECTURE
Adeline Vanoverbeke GRAPHISME
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Vincent Michoud ABONNEMENT
E-mail: abo@focuspme.ch Prix au numéro: 6 fr. 80 Abonnement annuel: 60 fr. IMPRESSION
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