Regards 8

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No 8 Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Le magazine du Beau-Rivage Palace et de la banque Landolt & Cie SA

No 8 Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Developpement

A new adventure

CLÉ DE CARTIER Nouvelle Collection

Lausanne - 1, place de la Palud - +41 (0)21 312 68 86

Le magazine du Beau-Rivage Palace et de la banque Landolt & Cie SA

Rencontre

Axel Kahn

Gastronomie

Les nouvelles

stars


© Tdh/Ollivier Girard - Burkina Faso

Terre des hommes, c’est vous ! 86% Terre des hommes est la plus importante organisation suisse d’aide à l’enfance. Depuis 55 ans Terre des hommes s'engage dans les quatre coins du monde pour les enfants, pour qu’ils puissent grandir dans de meilleures conditions de vie et aient un meilleur avenir. Notre organisation est particulièrement active dans les domaines de la santé et de la protection de l’enfant. Nous sommes en contact direct avec des bailleurs divers, tels des fondations, cantons et villes, entreprises, mécènes, grands donateurs, family offices, fiduciaires, notaires et avocats. Que ce soit avec une contribution liée à un projet, un don libre à disposition ou anonyme, en mentionnant Terre des hommes dans un testament personnel, notre secteur Philanthropie est à votre écoute ou celle de votre clientèle pour un projet de soutien à l’aide à l’enfance.

des sommes récoltées sont directement affectées à nos programmes, donc aux enfants. Les frais administratifs sont limités au strict nécessaire.

2,1 mio.

de bénéficiaires en 2014.

36

pays d’intervention.

Pour recevoir de plus amples informations, veuillez contacter le responsable du secteur Philanthropie, Vincent Maunoury, T +41 58 611 07 86, vincent.maunoury@tdh.ch

Notre mission.

Nous améliorons concrètement et de façon durable la condition des enfants les plus vulnérables :

en leur apportant un soutien direct

en agissant avec eux et leurs familles pour que leurs droits soient respectés

en renforçant les communautés et les institutions pour leur permettre de répondre à leurs besoins

en soutenant ces activités par des actions de plaidoyer

« Un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable. » Article premier de la Convention relative aux droits de l’enfant

Siège | Hauptsitz | Sede | Headquarters Avenue de Montchoisi 15, CH-1006 Lausanne T +41 58 611 06 66, F +41 58 611 06 77 E-Mail : info@tdh.ch, CCP/PCK : 10-11504-8


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SOUS LE SIGNE DU LION BROCHE OR BLANC ET DIAMANTS

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ÉDITORIAL

DR

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Plus forts, ensemble Stronger together Au terme d’une année extrêmement riche et passionnante pour le Beau-Rivage Palace, je suis très heureux de vous annoncer un développement important. Depuis la fin de l’été, le Beau-Rivage Palace, l’hôtel Angleterre & Résidence ainsi que Le Palafitte à Neuchâtel sont rejoints au sein d’un même groupe par le Lausanne Palace & Spa et le Château d’Ouchy. Ensemble, les hôtels forment désormais un pôle hôtelier homogène et complémentaire.

As an extremely rich and exciting year draws to a close at the Beau-Rivage Palace, I am very pleased to inform you of an important development. Since the end of the summer, the Beau-Rivage Palace, the Hotel Angleterre & Résidence and the Palafitte in Neuchâtel have been joined in the same group by the Lausanne Palace & Spa and the Château d’Ouchy. Together, the hotels form a homogenous and complementary hotel group.

Avec ces acquisitions, le portefeuille hôtelier de la Fondation de Famille Sandoz représente près de 500 chambres sur Lausanne et Neuchâtel, réparties sur 6 hôtels et rassemblant quelque 700 collaborateurs. Grâce aux nombreuses synergies possibles entre les quatre établissements lausannois, l’objectif est de renforcer le positionnement de chacun d’eux tout en conservant leur identité propre, très marquée. Nous veillerons à respecter scrupuleusement l’ADN de chaque entité, particulièrement ceux des deux palaces, dont les caractères si différents et les âmes centenaires seront préservés.

With these acquisitions, the hotel portfolio of the Sandoz Family Foundation now boasts some 500 rooms in Lausanne and Neuchâtel spread across six sites and operated by a staff of some 700. Thanks to the numerous potential synergies between the four hotels in Lausanne, the aim is to strengthen the position of each establishment while ensuring they retain their own, very strong identity. We will ensure that the genetic make-up of each hotel is left entirely intact, in particular that of the two palaces whose very different characters and souls steeped in a hundred years of tradition will be meticulously protected.

Nos deux palaces ont une longue et belle histoire – cent ans pour le Lausanne Palace & Spa cette année et plus de cent cinquante ans pour le Beau-Rivage Palace –, ponctuée de faits marquants, historiques, etc. et nous sommes désormais ravis d’écrire une nouvelle page ensemble pour proposer à nos clients lausannois et du monde entier des prestations où l’excellence, l’expérience et l’émotion priment, à la fois dans l’animation du centre-ville et dans la douceur et le calme des bords du lac.

These two luxury hotels have a long and wonderful history – one hundred years this year for the Lausanne Palace & Spa and more than a hundred and fifty years for the Beau-Rivage Palace – punctuated by significant, historical events. We are now pleased to write a new page of this history together, offering our guests from Lausanne and around the world myriad services characterised by excellence, experience and emotion, be it in the bustling city centre or the peace and quiet of the lake shore.

François Dussart Directeur général, Beau-Rivage Palace SA

François Dussart Managing Director, Beau-Rivage Palace SA

R EGAR DS n°8   5


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Lausanne 1, Rue de Bourg | bucherer.com


Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

SOMMAIRE CONTENTS No 8 Automne-Hiver  Fall-Winter 2015 / 2016

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ÉDITORIAL Par François Dussart

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NEWS 18

DÉVELOPPEMENT Une nouvelle aventure A new adventure

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ÉCONOMIE Le cauchemar de Mario Draghi Mario Draghi’s nightmare 24

24

CULTURE Le bon, l’Art brut et le truand Outsider art 28

RENCONTRE Axel Kahn Le voyage intérieur An inner journey 32 COLLECTION DE L’ART BRUT, MYRIAM RAMEL, DR

SÉDUCTION Les nouvelles stars 38

INNOVATION Solar Decathlon La maison du futur sera-t-elle suisse? Will the house of the future be Swiss?   R EGAR DS n°8   7


Big Bang Unico. Mouvement manufacture UNICO. Chronographe roue à colonnes, 72 heures de réserve de marche. Boîtier en King Gold, un alliage d'or rouge exclusif réalisé par Hublot. Lunette en céramique noire. Bracelet interchangeable par un système d’attache unique.


Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

SOMMAIRE CONTENTS No 8 Automne-Hiver  Fall-Winter 2015 / 2016

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ENVIRONNEMENT Une collaboration durable A sustainable collaboration 44

RÉGION Gruyères, la crème de la crème Gruyères, the crème de la crème 48

WE LOVE

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Flavia Cocchi Le minimalisme rieur Cheerful minimalism 52

Impressum REGARDS no 8 Automne-hiver 2015/2016

Relecture Français: Adeline Vanoverbeke Inédit Publications SA Anglais: Colin R. Smith The Language Mechanic Production Inédit Publications SA Avenue de Rumine 37 Case postale 900 CH-1001 Lausanne T +41 21 695 95 95 www.inedit.ch

PIERRE VOGEL, DR

Publicité pub@inedit.ch Traduction Apostroph Group, Lausanne www.apostrophgroup.ch Impression PCL Presses Centrales SA Copyright by Inédit publications SA

Let go

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MODE

Editeur Beau-Rivage Palace SA, Lausanne et Landolt & Cie SA

Design et mise en page Clémence Anex Inédit Publications SA

Lâcher prise 54

Couverture Myriam Ramel

Responsable d’édition Leila Klouche Inédit Publications SA leila.klouche@inedit.ch

BIEN-ÊTRE

Parfums, qui êtes vous? Perfumes, who are you? Découvrez votre magazine sur iPad Read Regards magazine on your iPad

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SWISS LUXURY Précieux points de vue Valuable vantage points

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EVENT Le jardin des délices The garden of delights 64

AGENDA Get with the programme!   R EGAR DS n°8   9


NEWS

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

s e s s e t a Delic Les chefs ont réuni dans un joli coffret un assortiment de spécialités du Beau-Rivage Palace, accompagnées d’une bouteille de vin ou de champagne à choix. Le coffret comprend: une boîte de chocolat noir Beau-Rivage Palace, une confiture Anne-Sophie Pic, un foie gras maison de 300 g, un pot de miel des ruches du jardin, une bougie Cinq Mondes, ainsi qu’une bouteille de champagne Roederer Brut ou une bouteille de vin sélection Beau-Rivage Palace.

Canapés confortables, espace chaleureux et service attentionné: voici le cadre idéal pour un afternoon tea. Thés, infusions, chocolats chauds ou cafés sont agréablement accompagnés d’un assortiment de sandwiches et de scones maison. Une grande table garnie de douceurs vient compléter ce moment irrésistible. Comfortable sofas, a welcoming setting and attentive service: the ideal setting for afternoon tea. Teas, tisanes, hot chocolates and coffees are accompanied by a delicious selection of home-made sandwiches and scones. A large table spread with sweets rounds off this irresistible moment. Tous les week-ends de 14h à 18h. Prix: CHF 42.–, ou CHF 58.– avec quelques bulles de champagne Every weekend from 2 p.m. to 6 p.m. Price: CHF 42 or CHF 58 with a few champagne bubbles.

CHF 230.–
avec la bouteille de champagne , CHF 110.– avec la bouteille de vin. Tous les coffrets seront disponibles à la boutique dès le mois de décembre.

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Tea time

Our chefs have created an attractive basket comprising a range of specialities from the Beau-Rivage Palace accompanied by a bottle of wine or champagne – it’s up to you. The basket includes: a box of Beau-Rivage Palace dark chocolates, a jar of Anne-Sophie Pic jam, 300g of home-made foie gras, a jar of honey from the hotel’s own bee hives, a Cinq Mondes candle and a bottle of Champagne Roederer Brut or a bottle of wine from the Beau-Rivage Palace selection. CHF 230
with a bottle of champagne, CHF 110 with a bottle of wine. All baskets are available in the boutique from December.

Tour de force La montre Clé de Cartier Tourbillon Volant, dont la boîte est entièrement sertie de diamants, bat au rythme de l’une des plus fascinantes complications de haute horlogerie, le tourbillon volant. Elle est la preuve renouvelée qu’esthétique et savoir-faire horloger avancent, chez Cartier, avec un même degré d’exigence.

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The Clé de Cartier flying tourbillon watch, its case entirely set with diamonds, beats to the rhythm of one of the most fascinating complications in the world of high-end watchmaking: the flying tourbillon. It is yet more proof that at Cartier, aesthetics and watchmaking skill are progressing to the same high standards.

10  REGARDS n° 8

www.cartier.ch


NEWS

MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE FRIBOURG

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Tiny paradises Fascinantes petites crèches. Derrière les objets liturgiques et la belle histoire de la nativité racontée de mille façons, se cachent les autres histoires, artistiques et personnelles, de ceux qui les ont créées. Pour les célébrations de l’Avent, le Château de Gruyères dévoile une fabuleuse tradition des couvents fribourgeois entre le XVIIIe et le XXe siècle. Dans de simples coffrets de bois et de verre, les sœurs enfermaient des compositions minutieuses faites des matériaux les plus divers, créant ainsi de petits paradis intimes et émouvants.

Fascinating little crèches. Behind the liturgical objects and the beautiful story of the nativity told in a thousand different ways hide the other stories, both artistic and personal, of those who created them. For Advent, the Château de Gruyères is unveiling a magnificent tradition perpetuated by the convents around Fribourg between the 18th and 20th centuries. The sisters enclose their meticulous works, made from a wide range of materials, in simple wooden and glass cases, thus creating moving and intimate little corners of paradise. Château de Gruyères, from 18 November 2015 to 17 January 2016 www.chateau-gruyeres.ch

Château de Gruyères, du 18 novembre 2015 au 17 janvier 2016 www.chateau-gruyeres.ch

REGARDS n° 8 11


NEWS

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

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Pranzo della domenica

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En Italie, le repas du dimanche, c’est sacré. La famille, les amours ou le travail, le dimanche, il y a toujours quelque chose à célébrer autour d’une table. En Suisse, ce rendez-vous est naturellement pris très au sérieux à l’Accademia, dont le service dominical est réputé loin à la ronde. Et désormais, il y a encore mieux: le brunch à l’italienne en trois actes. Un buffet d’antipasti affolants, (salade de poulpe, légumes grillés, San Pietro tranché, fleurs de courgettes, mozzarella di buffala, parmesan et quelques variantes saisonnières), un plat principal comme celui de la mamma (osso buco, risotto, saltimbocca…) et un buffet de desserts irrésistible, malgré une satiété indubitable.

The watch from Ipanema Un fameux air de bossa-nova nous trotte dans la tête à la vue du Corcovado de Rio et du motif de la célèbre promenade d’Ipanema. Pas moins de 352 minuscules fragments de jade et d’agate composent le couvercle en or gris et les cadrans de cette pièce unique signée Romain Gauthier. Le dessin, réalisé par l’artiste brésilienne Kakau Höfke, est une ode à une ville de rêve, mais aussi à la beauté d’un mouvement de manufacture qui se laisse admirer d’une seule pression. A famous bossa-nova tune spins around in your head when you see the Corcovado in Rio and the pattern on the famous Ipanema boardwalk. The white gold lid and dials on this unique piece by Romain Gauthier contain no fewer than 352 minuscule fragments of jade and agate. The design, dreamt up by the Brazilian artist Kakau Höfke, is an ode to a city of dreams and to the beauty of a manufacture movement which is revealed at a single press.

In Italy, Sunday lunch is sacred. Family, love or work – on Sunday, there is always something to celebrate around the table. In Switzerland, this event is naturally taken very seriously at the Accademia, its Sunday service renowned far and wide. And it is now even better: an Italian brunch in three acts. A breathtaking buffet of antipasti (octopus salad, grilled vegetables, slices of San Pietro cured ham, courgette flowers, buffalo mozzarella, parmesan and a selection of seasonal products); a main dish like la mamma used to make (osso buco, risotto and saltimbocca among others); and a dessert buffet that is simply irresistible despite the fact that you’re undoubtedly stuffed.

Logical one Secret Kakau Höfke by Romain Gauthier www.romaingauthier.com

www.brp.ch

DR

Under the sign of Leo Décliné en bague ou en bracelet, ce Lion Arty de Chanel surgit d’un seul monolithe d’or. Symbole de Venise, la ville où Gabrielle Chanel venait puiser sa force et retrouver le souffle qui bouleversait sa vie, le lion révèle dans cette nouvelle collection une puissance graphique rugissante. Available as a ring or a bracelet, this Arty Lion from Chanel rises from a single gold monolith. The symbol of Venice, the city where Gabrielle Chanel would come to find a source of strength and draw the inspiration which transformed her life, the lion reveals roaring graphic power in this new collection. www.chanel.com

12  REGARDS n° 8


Working

Relax

Beautiful

www.bbclimited.ch GENEVA

Sporty


NEWS

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Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Cire helvète Trois jours de patience, de minutie manuelle. Fixer la mèche au fond du pot en verre, une première couche, laisser sécher, une seconde couche, couper la mèche, coller l’étiquette, emballer. Une bougie Mizensir ne se fabrique pas à la va-vite. A l’origine de cette flamme, deux passions: les odeurs et la générosité. Alberto Morillas, le parfumeur sévillan récompensé par le prix François Coty du meilleur parfumeur mondial en 2003, et son épouse Claudine commencent à créer des bougies parfumées dans le seul but de les offrir. Encouragés par leurs amis, sous le charme de leur projet, ils fondent en 1999 la société Mizensir. Aujourd’hui, Véronique, leur fille, les a rejoints dans leur loft-atelier. Une boutique à partir de 2013, une dizaine d’employés, 80 senteurs précieuses, des parfums d’ambiance, mais aussi, depuis, quelque neuf eaux de parfum de toilette, étayent la société familiale. La qualité des matières premières ne se discute pas, entre le palissandre des Indes et le vétiver de Java, leur best-seller absolu – «Sapin de Noël» n’est pas très exotique pour la Suisse. Parce que le luxe, c’est aussi la pérennité des traditions. Et chez les Morillas, on n’ergote pas avec les valeurs. Familiales et humaines. S. J.-F.

Three days of patience and of manual precision. Fastening the wick to the bottom of the glass pot, adding the first layer, leaving it to dry, adding a second layer, cutting the wick, sticking the label on, then packaging it. A Mizensir candle isn’t made in a hurry. At the root of this flame lie two passions: fragrances and generosity. Alberto Morillas, the perfumer from Seville who was awarded the François Coty Prize for the world’s best perfumer in 2003, and his wife Claudine began making scented candles with the sole aim of offering them as gifts. Encouraged by their friends who were captivated by their project, they founded the company Mizensir in 1999. Today, their daughter Véronique has joined them in their loft-cum-workshop. With a boutique that opened in 2013, ten employees, 80 precious scents, room fragrances and now nine eaux de parfum de toilette, the family firm is growing. The quality of the raw materials is not in doubt between Indian rosewood and Javanese vetiver, their absolute best-seller – “Christmas tree” is not very exotic in Switzerland. Because luxury also means perpetuating traditions. And in the Morillas household, there is no quibbling about values. Family and humanity. S. J.-F.

www.mizensir.ch

www.mizensir.ch

14  REGARDS n° 8


PRESTIGE HMS TEN RED GOLD

www.romaingauthier.com


NEWS

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Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Auriez-vous remarqué, au détour d’un couloir du Beau-Rivage Palace ou au hasard d’une rue lausannoise, ces pommes monumentales? Ce sont les créations Bull & Stein de l’artiste brésilienne Lisa Pappon. Elles sont belles, raffinées, séduisantes, mais leur esthétique cache leur essence caritative. En effet, ces fruits de céramique sauvent des vies. Leurs ventes en Suisse soutiennent la Fondation AClem de Rosario et Laura Boscacci, très engagés en Ouganda et au Myanmar. A titre d’exemple, une pomme en porcelaine de 30 cm de diamètre, à CHF 250.–, finance une année de vie de l’un des enfants de la fondation. Les 150 orphelins de «Little Angels», en Ouganda, et la soixantaine d’enfants vivant au Myitta Orphanage, au Myanmar, trouvent à se nourrir, à étudier et à se soigner grâce aux amateurs d’art qui verraient dans une pomme un lien d’humanité universel. www.atticaart.ch, www.aclem.ch

Have you by any chance noticed the huge apples as you wander along the corridors of the Beau-Rivage Palace or stroll through the streets of Lausanne? They are the Bull & Stein creations of the Brazilian artist Lisa Pappon. They are attractive, stylish and seductive but their appearance hides their charitable essence. These ceramic fruits actually save lives. Sales in Switzerland help support the Fondation AClem under the aegis of Rosario and Laura Boscacci who work tirelessly in both Uganda and Myanmar. A porcelain apple with a diameter of 30 cm costing CHF 250, for example, can finance the life of one of the Foundation’s children for an entire year. The 150 orphans at the “Little Angels” centre in Uganda and the sixty children living in the Myitta Orphanage in Myanmar can eat, study and enjoy suitable healthcare thanks to art-lovers who see an apple as a universal bond of humanity. www.atticaart.ch, www.aclem.ch

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La seule voiture de sport capable de se mesurer à une 911: la nouvelle 911.

Centre Porsche Lausanne D-Auto Suisse SA Route de Bussigny 38 1023 Crissier 1 Tél. 021 349 99 11 Fax 021 349 99 19 info@porsche-lausanne.ch

Porsche 911 Carrera Cabriolet · Consommation de carburant (en l/100 km): cycle urbain 11,9–9,9 · cycle extra-urbain 6,5–6,2 · cycle mixte 8,5–7,5; émissions CO2: 195–172 g/km Porsche 911 Carrera S Cabriolet · Consommation de carburant (en l/100 km): cycle urbain 12,3–10,2 · cycle extra-urbain 6,7–6,5 · cycle mixte 8,8–7,8; émissions CO2: 202–178 g/km


DÉVELOPPEMENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Une nouvelle aventure C’est désormais opérationnel, le Lausanne Palace & Spa a rejoint le pôle hôtelier Beau-Rivage Palace SA. Un développement de taille qui implique de grands changements organisationnels, mais aussi humains. Rencontre avec les directeurs de deux maisons devenues complémentaires. — Texte Leila Klouche / Photos Hervé Annen

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DÉVELOPPEMENT

N

athalie Seiler-Hayez est la nouvelle directrice générale du Beau-Rivage Palace. Arrivée en septembre dernier de Londres, où elle dirigeait le Connaught, l’un des plus beaux hôtels de la ville, elle reprend les responsabilités de François Dussart, devenu directeur du pôle hôtelier de la Fondation de Famille Sandoz. Ce pôle, qui comptait trois enseignes (Beau-Rivage Palace, Angleterre & Résidence et l’hôtel Palafitte à Neuchâtel) s’agrandit en intégrant le Lausanne Palace & Spa et le Château d’Ouchy. Jean-Jacques Gauer, directeur du Lausanne Palace & Spa depuis vingt ans, intègre le nouveau pôle, tout en restant à la tête de son hôtel. Interview croisée, à la croisée des chemins. — REGARDS  Nouveaux venus, nouveaux départs, c’est une sacrée aventure qui commence! — Nathalie Seiler-Hayez  En effet, là, pour moi, tout est nouveau. Un nouveau pays – même si c’est le mien, je n’y ai jamais travaillé –, un nouvel hôtel et un nouvel environnement, avec les Alpes en toile de fond! — Jean-Jacques Gauer  L’aventure est toute différente en ce qui me concerne; je n’ai pas traversé la Manche! La nouveauté réside plutôt dans mon intégration au groupe. Comprendre comment ces beaux hôtels fonctionnent et faire le maximum pour que le Lausanne Palace & Spa y trouve sa place. C’est un contexte très intéressant, on apprend énormément à côtoyer ses pairs et à découvrir d’autres façons de faire.

— R  Nathalie, qu’est-ce qui vous a frappée en découvrant votre nouvel hôtel? — N. S.-H.  Il y a quelque chose de très particulier, dès que l’on en passe la porte. D’abord une forme d’élégance exempte d’arrogance, puis une douceur empreinte de chaleur. On ressent un esprit fort, celui de personnes qui travaillent ensemble depuis longtemps, qui se connaissent et sont solidaires. — R  Quelle différence découvrez-vous entre les deux palaces? — J.-J. G.  Ils ont des ADN très différents, bien qu’ils soient tout à fait complémentaires. Le Beau-Rivage Palace a toujours été le plus bel hôtel autour de ce lac, et le Lausanne Palace & Spa est plutôt un hôtel urbain très ancré dans la vie du centre-ville. — N. S.-H.  C’est cette différence qui va faire notre force. Il est essentiel de mentionner que la personnalité de chaque entité sera préservée. Il n’est pas question d’avoir deux hôtels similaires dans la même ville. — R  En quoi va consister la réunion des deux hôtels? — J.-J. G.  Principalement à partager des ressources. C’est un processus qui va prendre du temps. Nous allons d’abord nous découvrir

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mutuellement, puis envisager des synergies possibles, par exemple au niveau des achats, des ventes, de notre positionnement par rapport à l’hébergement, ou de la diversité de nos restaurants. — R  Quels sont, à votre avis, les points forts de chaque entité? — N. S.-H.  Le Lausanne Palace & Spa a une telle force d’intégration dans la vie locale, avec ses bars animés et son réseau si vivant, que le Beau-Rivage Palace ne peut que profiter de son énergie citadine. — J.-J. G.  Jusqu’ici, notre organisation était très familiale. Aujourd’hui, l’accès à des outils de gestion performants, bien intégrés au Beau-Rivage Palace, est un immense avantage. Cela va permettre au Lausanne Palace & Spa d’évoluer avec son temps. — R  L’un et l’autre êtes issus de deux générations différentes. Comment voyezvous chacun votre métier d’hôtelier? — J.-J. G.  Depuis mes études, les choses ont énormément changé. Mais le talent d’hôtelier réside dans l’anticipation des besoins d’une clientèle future. Par exemple, quand je suis arrivé au Lausanne Palace en 1996, j’ai commencé par faire un spa, car il n’y en avait pas à Lausanne. Désormais, quel hôtel n’a pas son spa? Pendant longtemps, la gastronomie ne faisait pas partie d’une offre hôtelière et, aujourd’hui, on a Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace, Edgard Bovier au Lausanne Palace & Spa, et tous les grands hôtels ont leur chef. — N. S.-H.  En effet, bien manger, bien boire, c’est devenu normal dans un cinq-étoiles. Aujourd’hui, notre clientèle recherche bien plus une expérience. Lorsque l’on voit les grandes marques du luxe qui offrent tout un univers à leurs clients au-delà de l’achat d’un produit, nous devons nous demander en tant qu’hôteliers ce que nous pouvons offrir d’immatériel. A nous de créer la magie. — R  Comment opérez-vous cette magie? — J.-J. G.  La vie moderne, en déshumanisant un grand nombre de services, check-in, retrait d’argent, réservations, etc., a fait des échanges humains quelque chose de précieux et de recherché. C’est ce que nous offrons et cherchons à entretenir dans nos hôtels. Avant, le directeur était seul, capitaine de navire, à représenter sa maison. Aujourd’hui, toutes les équipes peuvent jouer ce rôle afin d’offrir le meilleur à leurs clients. — N. S.-H.  Absolument. Ce sont des collaborateurs en contact avec les clients que dépend une expérience réussie. C’est pourquoi cet esprit d’appartenance et de cohésion entre les équipes est si important. Tout le navire doit partager les mêmes valeurs. — R  Comment envisagez-vous la suite? — N. S.-H.  Participer ensemble à la création d’un groupe, c’est très excitant.

— J.-J. G.  Il était une fois deux beaux hôtels voisins qui décidèrent d’unir leurs forces… Si dans quelques années, ce conte est beau, et si le compte est bon, on aura réussi, à notre façon, à contribuer à une belle histoire. 

A new adventure It is now operational: the Lausanne Palace & Spa has joined the Beau-Rivage Palace SA hotel complex. A key development involving major changes on an organisational and human level. A meeting with the managers of the two complementary establishments. — Text Leila Klouche / Photos Hervé Annen

N

athalie Seiler-Hayez is the new General Manager at the Beau-Rivage Palace. Having arrived in September from London where she managed The Connaught, one of the city’s most attractive hotels, she has taken over the responsibilities of François Dussart who has been appointed director of the Sandoz Family Foundation hotel complex. This complex, which already included three hotels (the Beau-Rivage Palace, the Angleterre & Résidence and the Hôtel Palafitte in Neuchâtel), has expanded to include the Lausanne Palace & Spa and the Château d’Ouchy. Jean-Jacques Gauer, Manager of the Lausanne Palace & Spa for the past twenty years, has joined the new group while remaining at the head of his hotel. A joint interview where paths meet.

— REGARDS  New arrivals, new departures, it is quite an adventure that has begun! — Nathalie Seiler-Hayez  Everything is new to me here. A new country – even though it’s my own, I have never worked here – and a new hotel with a new environment set against the backdrop of the Alps! — Jean-Jacques Gauer  The adventure is different for me: I haven’t had to cross the Channel! The novelty for me lies in joining the group, understanding how these stunning

R EGAR DS n°8   19


DEVELOPPEMENT

hotels operate, and making every effort to ensure that the Lausanne Palace & Spa can take its place alongside the others. — R  What differences have you discovered between the two luxury hotels? — J.-J. G.  They have a very different genetic make-up while remaining entirely complementary. The Beau-Rivage Palace has always been the most attractive hotel on the lake while the Lausanne Palace & Spa is more of an urban hotel firmly rooted in the life of the city centre. — N. S.-H.  It is this difference which will be our strength. It is important to note that the personality of each hotel will remain intact. The aim is not to have two similar hotels in the same city. — R  What is the aim of bringing the two hotels together? — J.-J. G.  The main aim is to share resources. It is a process which will take a great deal of time. We will first get to know each other before exploring the potential synergies, for example with regard to purchasing, sales, our positioning in terms of accommodation or the diversity of our restaurants. — R  In your opinion, what are the strengths of each hotel? — N. S.-H.  The Lausanne Palace & Spa 20  REGA R DS n ° 8

is such an important part of local life, with its lively bars and vibrant network, that the Beau-Rivage Palace cannot help but benefit from its urban energy. — J.-J. G.  Until now, our organisation was very much a family affair. Today, enjoying access to the efficient management tools of the Beau-Rivage Palace is a huge advantage. It will allow the Lausanne Palace & Spa to move with the times. — R  You are from two different generations. How do you see the profession of hotelier? — J.-J. G.  Since I completed my studies, things have changed considerably. Nevertheless, the talent of being a good hotelier lies in anticipating the needs of our future clientele. When I arrived at the Lausanne Palace & Spa in 1996, for example, I began by installing a spa, as this was entirely lacking in Lausanne at the time. Now, which hotel doesn’t have its own spa? For a long time, gourmet cuisine was not part of a hotel’s service and now we have AnneSophie Pic at the Beau-Rivage Palace, Edgard Bovier at the Lausanne Palace & Spa, and all the top hotels have their own renowned chef. — N. S.-H.  That’s very true. Good food and drink have become the norm in five-star hotels. Today, our clientele comes more in search of an experience. When you see that the major

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

luxury brands offer their customers an entire world above and beyond simply buying a product, we as hoteliers have to ask ourselves what immaterial elements we can offer. It is up to us to create a little magic. — R  How do you do that? — J.-J. G.  By dehumanising a whole host of services, modern life has made human interaction a precious and highly sought-after commodity. That is what we offer and endeavour to preserve in our hotels. In the past, the manager stood alone at the helm, the sole representative of his hotel. Now, all the teams can play this role to offer the guests the very best. — N. S.-H.  Absolutely. A successful hotel relies on the staff who are in contact with the guests. That is why this feeling of belonging and cohesion between the teams is so crucial. They all must share the same values. — R  How do you see the future? — N. S.-H.  Working together to create a group is very exciting. — J.-J. G.  Once upon a time there were two attractive hotels that decided to join forces… If this tale is still as captivating further down the road and if everything adds up, we will have helped, in our own way, to write a beautiful story. 


architecture & décoration d’intérieur Espace Création Rue des Usines 44 2000 Neuchâtel - Serrières T. +41 (0)32 721 12 00

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ÉCONOMIE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Le cauchemar de Mario Draghi Une rafale de statistiques et prévisions émanant du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE) nous confrontent à une incontournable réalité: l’économie ne reprend pas suffisamment vite. Pourtant, la croissance apparaît comme la seule issue d’un casse-tête bien européen. — Texte Prof. Dr Bruno Colmant, membre de l’Académie royale de Belgique

Pour comprendre ces mesures, il faut savoir que la monnaie est à la fois un stock et un flux. La BCE fournit un stock de monnaie, tandis que les banques commerciales créent un flux par la mécanique des dépôts et des crédits. Quand la vélocité de ce flux diminue, la BCE doit la compenser par la création d’un stock de monnaie additionnel. Les mesures prises par la BCE ont donc permis de fluidifier les circuits monétaires. Pourtant, elles restent temporairement sans effet sur la croissance, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, la création monétaire reste coagulée dans les bilans bancaires sans transmission suffisamment rapide à l’économie réelle. En effet, l’économie souffre d’une crise de la demande de crédits, que la consommation et l’investissement sont insuffisants à tracter. Ensuite, l’assouplissement quantitatif européen est, par nature, moins efficace que celui qui fut mis en œuvre par la Réserve fédérale américaine (Fed) car, aux Etats-Unis, le financement des autorités publiques et des entreprises s’effectue directement au travers des marchés financiers, sans passer par les bilans bancaires. La transmission d’un assouplissement à l’économie réelle y est donc plus rapide et efficace. Ceci laisse supposer que la BCE va devoir prolonger ou amplifier cette monumentale création monétaire. L’excédent de dettes publiques, elles-mêmes en croissance, sera partiellement transformé en offre de monnaie. La création monétaire sera donc alimentée par l’endettement public. Dans l’hypothèse probable où l’assouplissement monétaire est amplifié, le bilan de la BCE croîtra au rythme du refinancement des Etats eux-mêmes. Mais la véritable question est de savoir comment on s’extrait de cette création monétaire, impossible sans reprise d’une croissance vigoureuse. En d’autres termes, lorsque la BCE sera arrivée au terme de cet 22  REGA R DS n ° 8

assouplissement quantitatif, il est peu probable qu’elle demande le remboursement des obligations souveraines qu’elle aura accumulées. Ces obligations seront donc remplacées par d’autres titres qui seront émis à ce moment. Le pire serait que l’économie européenne ne reprenne pas et que les dettes publiques continuent inexorablement à s’élever en proportion du PIB. La BCE serait alors sollicitée de manière inéluctable pour refinancer des Etats, incapable d’en assurer le financement auprès des institutions financières locales ou étrangères. Ce serait évidemment un pas vers une étatisation insidieuse des banques commerciales, dont le contrôle prudentiel a d’ailleurs été transféré à la BCE. On remarque à cet égard que l’interdépendance de la gestion des Etats, des banques commerciales et de la BCE s’est accrue aujourd’hui dans des proportions qui auraient été impensables il y a quelques années. Du rôle de gardien de la monnaie, la BCE endosserait la responsabilité de la stabilité des dettes publiques, en absorbant, de manière résiduelle, les effets de la crise économique dans son bilan, au travers du refinancement des Etats. La BCE deviendrait même l’outil essentiel de sortie de la crise des dettes souveraines. Et c’est le cauchemar de Mario Draghi. 

DR

C

ertes, les taux de croissance sont positifs, mais médiocres. Et l’indice principal de la reprise économique, c’est-à-dire l’inflation, est revu à la baisse, malgré les gigantesques injections de liquidités opérées en Europe par la BCE. Tardivement, cette dernière s’est engagée dans des mesures monétaires non conventionnelles (dites d’assouplissement quantitatif ou «QE», selon son acronyme en anglais) qui consistent à acheter des obligations souveraines pour un montant global de 60 milliards d’euros jusqu’en septembre 2016. Normalement, les statuts de la BCE interdisent de financer directement les Etats, afin d’éviter d’en devenir leur comptoir d’escompte, mais, en réalité, les obligations souveraines concernées ne transitent que fugacement dans des bilans bancaires avant d’être achetées par la BCE. Parallèlement à cela, celle-ci impose un taux d’intérêt négatif sur les dépôts bancaires qui lui sont confiés, afin de décourager la thésaurisation.

Bruno Colmant Docteur en économie appliquée et membre de l’Académie royale de Belgique, il enseigne l’économie et la finance dans plusieurs universités belges et étrangères. Après une carrière essentiellement effectuée auprès d’ING et d’Euronext-New York Stock Exchange, il figure aujourd’hui parmi les administrateurs délégués et membres du comité de direction de la Banque Degroof Petercam, actionnaire de Landolt & Cie SA.

A doctor of applied economics and a member of the Royal Academy of Belgium, he lectures in economics and finance in several universities both in Belgium and abroad. Following a career spent for the most part with ING and Euronext-New York Stock Exchange, he is now one of the managing directors and a member of the executive committee of the bank Degroof Petercam, a shareholder of Landolt & Cie SA.


ECONOMY

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FRANK RUMPENHORST@KEYSTONE

Mario Draghi’s nightmare

Mario Draghi, président de la Banque centrale europénne (BCE). Mario Draghi, President of the European Central Bank (ECB).

A raft of statistics and forecasts issued by the IMF and the European Central Bank (ECB) bring us face to face with an inescapable reality: the economy is not recovering quickly enough. Growth would nevertheless appear to be the only solution to a particularly European conundrum. — Text Prof. Dr. Bruno Colmant, member of the Royal Academy of Belgium

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hile growth rates are positive, they remain mediocre. Moreover, inflation, the main indicator of economic recovery, has been revised downwards despite the massive cash injections implemented in Europe by the ECB. The ECB only belatedly turned to unconventional monetary measures (referred to as quantitative easing, or QE), purchasing sovereign bonds worth some 60 billion euros in total through to September 2016. Normally, the ECB statutes prohibit it from financing member states directly in order to avoid becoming their discounting house, but in reality the sovereign bonds concerned appear only fleetingly on the banks’ balance sheets before being purchased by the ECB. At the same time, the ECB imposes a negative interest rate on bank deposits entrusted to it in order to discourage hoarding. To understand these measures, it is essential to see money as both a stock and a flow. The ECB provides a stock of money while commercial banks create a flow through the mechanism of deposits and loans. The ECB offsets a drop in the speed of this flow by increasing the money supply. The measures taken by the ECB have therefore enhanced market liquidity. For the present, however, they have had no effect on

growth for two reasons: First, monetary creation remains blocked in the banks’ balance sheets if it is not transmitted to the real economy quickly enough. The economy is suffering from a loan application crisis which cannot be overcome by consumption and investment alone. Second, European quantitative easing is, by its very nature, less effective than the easing measures adopted by the US Federal Reserve (or Fed), as public and corporate financing in the US is carried out directly through the financial markets without transiting via banks’ balance sheets. The easing is therefore transmitted more quickly and efficiently to the real economy in America. This would suggest that the ECB will have to extend or magnify this huge money creation operation. Excess public debt, which is itself increasing, will in part be transformed into money supply. Monetary creation will thus be fuelled by government debt. In the likely event that monetary easing is increased, the ECB’s balance sheet will grow in step with the refinancing of the states themselves. The real question, however, is to understand how to put an end to this need for monetary creation, a task which is impossible without the return of strong growth. In other words, once the ECB has completed this quantitative easing

process, it is highly unlikely that it will seek reimbursement of the sovereign bonds it will have amassed. These bonds will thus be replaced by other securities which will be issued at the relevant time. The worst-case scenario would be for the European economy not to recover while public debt inexorably continues to increase as a proportion of GDP. The ECB would then inevitably be called on to refinance the states, which are incapable of obtaining funding from local or foreign financial institutions. This would, of course, be a step towards the insidious nationalisation of commercial banks, the prudential supervision of which has, incidentally, been transferred to the ECB. With this in mind, we note that the interdependence of management of the states, the commercial banks and the ECB has now increased to an extent that would have been unthinkable only a few years ago. In addition to its role as keeper of the money, the ECB would assume responsibility for the stability of public debt by absorbing the residual effects of the economic crisis in its balance sheet through the refinancing of the states. The ECB would even become the essential tool for escaping the sovereign debt crisis. And that is Mario Draghi’s nightmare.    R EGAR DS n°8   23


CULTURE

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LE BON, L’ART BRUT ET PHOTO : CLAUDE BORNAND

LE TRUAND Quarante ans et toujours pas sage. C’est ce que va nous prouver la Collection de l’Art brut à Lausanne, à l’occasion d’une année festive célébrant le parcours d’un art de la marge toujours aussi fascinant et intriguant. — Texte Emilie Cailleux / Images Collection de l’Art brut

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CULTURE

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Page de gauche: Auguste Forestier, Sans titre, entre 1935 et 1949, sculpture de bois et matériaux divers PHOTO: MARIE HUMAIR

Ci-contre: Adolf Wölfli, Couronne d’épines de Rosalie en forme de cœur, 1922, crayon de couleur et mine de plomb sur papier Ci-dessous: Carlo, Sans titre, 1963, gouache sur papier

Aujourd’hui, ce sont près de 55 000 œuvres qui ont rejoint les 5000 pièces léguées par le plasticien français à la Ville de Lausanne. Longtemps unique au monde avant que des institutions cousines, comme le Musée international des arts modestes (en 2000) ou La Fabuloserie (en 1983), en France, n’ouvrent leurs portes, la Collection de l’Art brut constitue la référence en matière d’art marginal à l’international.

Pour marquer cette année particulière, le musée lausannois proposera tout au long de 2016 un vaste programme historique, thématique et monographique. Les festivités débuteront le 26 février, tout juste quarante ans après l’inauguration de la fondation, par une exposition intitulée Jean Dubuffet et l’Art brut: aux origines de la collection. On y découvrira près de 120 œuvres issues du noyau initial sélectionné lors de la toute première exposition publique montée par Jean Dubuffet, en 1949, à la Galerie René Drouin à Paris.

Une manière, pour Sarah Lombardi, directrice du musée, de confirmer le succès et le statut d’une institution qui rayonne largement au-delà de ses murs. Qui d’autre sera de la fête? Surprise, la Collection est une quadragénaire qui ne se laisse aucun répit!  * *24 Heures, 10.12.2013.

3 questions à SARAH LOMBARDI,

Le programme se poursuivra en juillet par un accrochage thématique, Les People dans l’Art brut, qui réunira les portraits de personnalités et vedettes représentées à travers le regard des auteurs d’Art brut. Elvis Presley, Charles et Camilla ou Gary Cooper seront de la fête. Et durant toute l’année, un cycle de rencontres donnera la parole à des artistes internationaux, plasticiens, designers de mode, musiciens ou écrivains, marqués par l’Art brut. Parmi eux, Isabelle Huppert, Christian Lacroix, Jarvis Cocker ou Yolande Moreau, qui a déclaré que la Collection était «un des lieux les plus magiques du monde»*.

directrice de la Collection de l’Art brut Pourquoi la Collection de l’Art brut s’est-elle installée à Lausanne plutôt qu’ailleurs?  On doit cette chance au désintérêt, au début des années 1970, des instances politiques françaises pour la collection de Dubuffet, et à l’intransigeance de ce dernier: il ne voulait offrir ses œuvres qu’à un musée public et exclusif. Dubuffet réclamait aussi que la collection soit inaliénable. Dans ces conditions, Michel Thévoz a proposé à Dubuffet de léguer ses quelque 5000 œuvres à la Ville de Lausanne. Un juste retour aux sources, étant donné qu’un de ses premiers voyages de prospection était en Suisse, en 1945. A l’heure où les arts plastiques veulent s’affranchir de tout conditionnement culturel, l’Art brut préserve-t-il encore son caractère marginal? Il reste beaucoup de personnes qui créent encore dans la marginalité, loin de toute préoccupation culturelle. La difficulté réside dans le fait de les découvrir. Nous devons aller à leur rencontre, car les auteurs d’Art brut créent pour eux-mêmes et ne travaillent pas dans le but d’être exposés.

PHOTO: ARNAUD CONNE

D

epuis quarante ans, la Collection de l’Art brut accueille le meilleur de cette production artistique dite singulière. Caricaturé art fou, méconnu des amateurs de beaux-arts, l’Art brut doit son nom à l’artiste français Jean Dubuffet (1901-1985), qui invente le terme pour rassembler des auteurs autodidactes marginalisés. Des personnes internées, emprisonnées, des excentriques ou des retraités dont les œuvres sont collectionnées par Dubuffet puis réunies dans une collection inaugurée en 1976 avenue des Bergières, à Lausanne.

Comment le marché de l’art se comporte-t-il vis-à-vis de l’Art brut? Aujourd’hui, l’Art brut a clairement été récupéré par le marché de l’art. Les œuvres se vendent parfois très chères. On a même prêté quelques œuvres à la Biennale de Venise en 2013. En tant qu’institution, notre mission implique de défendre l’Art brut dans ses spécificités. C’est comme les fruits: on peut aimer les fruits, mais une pomme n’est pas une poire. Pour nous, il est important de rappeler que l’Art brut a des spécificités.

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PHOTO : CLAUDE BORNAND

CULTURE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Henry Darger, 167 At Jennie Richee. Out in the open they view the clouds of a storm coming (A Jennie Rifchee. A découvert, ils voient les nuages annonçant une tempête), entre 1930 et 1972, décalque, aquarelle et collage sur papier.

OUTSIDER ART Three questions for SARAH LOMBARDI, Director of the Collection de l’Art Brut Why was the Collection de l’Art Brut established in Lausanne and not elsewhere? We owe our good fortune to the lack of interest of the French political institutions in the Dubuffet collection at the beginning of the 1970s and to the intransigence of Jean Dubuffet himself: he would only offer his works to a single, public museum. Dubuffet also wanted the collection to be inseparable. In light of this, Michel Thévoz asked Dubuffet to bequeath his 5,000 works to the City of Lausanne. It was something of a return to his roots as one of his first prospecting trips was to Switzerland in 1945. At a time when the plastic arts are aiming at freeing themselves of the shackles of all forms of cultural conditioning, does outsider art retain its marginal nature? There are still many people who are working in the margins, far removed from any cultural preoccupations. The difficulty lies in discovering them. We need to reach out to them as outsider artists create for themselves, not with a view to presenting an exhibition. What is the attitude of the art market towards outsider art? Today, outsider art has clearly been incorporated by the art market. Some works sell for very large sums of money. We even loaned certain works to the Venice Biennale in 2013. As an institution, our mission is to defend outsider art in all its particularities. It is similar to fruit: we might like fruit, but an apple is not a pear. What is important to us is to underline the fact that outsider art has its own particularities.

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Approaching forty but still the naughty child. That is what the Collection de l’Art Brut in Lausanne will demonstrate during its anniversary year celebrating the history of a marginal art which remains as fascinating and intriguing as ever. — Text Emilie Cailleux / Images Collection de l’Art brut

F

or forty years, the Collection de l’Art Brut has been home to the very best examples of this somewhat singular art form. Caricatured as crazy art, unknown to aficionados of the fine arts, outsider art owes its name to the French artist Jean Dubuffet (1901-1985). He invented the term to cover the works of marginalised, self-taught artists – people who were in psychiatric hospitals, in prison, eccentric or retired – whose works he collected and presented in a collection inaugurated in 1976 on the Avenue des Bergières in Lausanne. Today, the 5,000 pieces bequeathed by the French plastic artist to the City of Lausanne have been joined by almost 55,000 additional works. For a long time unique worldwide before sister institutions such as the Musée international des arts modestes (2000) and La Fabuloserie (1983) in France opened their doors, the Collection de l’Art Brut was the international reference in the field of marginal art. Throughout 2016, the museum in Lausanne will be organising an extensive historical, thematic and monographic programme to mark this special year. The festivities will begin on 26 February, almost exactly forty

years after the inauguration of the foundation, with an exhibition entitled Jean Dubuffet et l’Art brut: aux origines de la collection. It will include almost 120 pieces taken from the initial nucleus of works selected for the very first public exhibition organised by Dubuffet in 1949 at the René Drouin Gallery in Paris. The programme will continue in July with a thematic showing entitled Les People dans l’Art brut, bringing together portraits of stars and personalities as seen through the eyes of the proponents of outsider art. Elvis Presley, Charles and Camilla and Gary Cooper will be just some of those on show. Throughout the year, a series of meetings will offer international artists, plastic artists, fashion designers, musicians and writers who have been marked by outsider art the chance to voice their opinions. Speakers will include Isabelle Huppert, Christian Lacroix, Jarvis Cocker and Yolande Moreau who stated that the Collection was “one of the most magical places in the world”. For Sarah Lombardi, the museum’s director, it is a means of confirming the success and status of an institution with an impact stretching well beyond its walls. Who else will be on show? Surprise, the Collection is a forty-year-old that never rests on its laurels! 


CULTURE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

L’Art brut en trois auteurs majeurs Outsider art through three key artists Aloïse Corbaz (1886-1964) Aloïse, C’est Noël!, 1946, Crayon de couleur sur papier

Cette Lausannoise internée en 1918 a proposé un nouveau langage artistique pour explorer dans ses compositions les thèmes de la femme et de l’amour. Jean Dubuffet lui a rendu visite à l’asile de La Rosière, à Gimel, à plusieurs reprises. Il lui a même offert une paire de bottines rouges, teinte que l’on retrouve fréquemment dans son œuvre. Aloïse fait partie de la collection originelle de Jean Dubuffet. This native of Lausanne, committed to a psychiatric hospital in 1918, developed a new artistic language in her works to explore the themes of women and love. Jean Dubuffet visited her several times in the asylum of La Rosière in Gimel. He even offered her a pair of little red boots, a colour which frequently recurs in her works. Aloïse is part of Jean Dubuffet’ original collection.

Henry Darger (1892-1973) Mondialement reconnue, l’œuvre d’Henry Darger intègre le Moma en 2012 et le Musée d’art moderne de Paris en 2014. C’est dans une minuscule chambre de bonne, à Chicago, qu’il a conçu une véritable épopée graphique et littéraire baptisée Dans les royaumes de l’irréel: 15 000 pages d’un roman dactylographié et plusieurs centaines d’aquarelles, parfois longues de plus de 3 mètres. Enjoying worldwide recognition, the works of Henry Darger were exhibited in the MoMA in 2012 and the Musée d’art moderne in Paris in 2014. It was in a tiny attic room in Chicago that he dreamed up a genuine graphic and literary epic christened In the Realms of the Unreal, a 15,000-page typewritten novel accompanied by several hundred watercolours, some more than three metres long.

Adolf Wölfli (1864-1930) Wölfli, interné et déclaré schizophrène en 1895, est un auteur suisse historique de la Collection. Son travail, colossal, comporte autant d’images que d’écrits ou de partitions de musique. Il a cette particularité en commun avec de nombreux auteurs d’Art brut de ne pas distinguer de frontière entre les différents modes d’expression et de ne pas instaurer de hiérarchie entre eux.

PHOTO : PIERRE SAUTER

Committed to a psychiatric hospital and declared a schizophrenic in 1895, Wölfli is a historic Swiss artist of the Collection. His colossal work includes images, writings and musical notation. He shares a particularity with numerous proponents of outsider art of not distinguishing any boundary between the different forms of expression and not creating any hierarchy between them.

Toutes les soirées sont gratuites, mais les réservations sont obligatoires, sur le site de la Collection ou par téléphone. All the evening events are free of charge but reservations are mandatory and can be made by phone or via the Collection’s website. Collection de l’Art brut Avenue Bergières 11, Lausanne, +41 21 315 25 70, www.artbrut.ch

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RENCONTRE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Axel Kahn

Le voyage intérieur A l’occasion d’un petit déjeuner littéraire, Axel Kahn, le chercheur de renom et le marcheur au long cours, est venu présenter son dernier voyage à travers la France: 2057 kilomètres parcourus à pied dont il est revenu meurtri et ébloui. — Texte Leila Klouche / Photos Pierre Vogel

I

l a 70 ans, mais il en fait plutôt 55 de moins! Est-ce la retraite ou la marche, ou les deux, qui donnent au médecin généticien et ancien directeur de recherche cette énergie juvénile et ce regard que tout semble amuser? Pourtant, ce dernier voyage fut bien difficile. De la Pointe du Raz, à l’extrême nord-ouest de la France, jusqu’à Menton, à l’extrême sud-est, il parcourt, accompagné de sa fidèle Princesse Mascotte, une diagonale en dents de scie de plus de 44 000 mètres de dénivelé, sur des chemins souvent non balisés. Incertain de son arrivée jusqu’à la fin, il a marché vaillamment, jusqu’au bout de son pays et de lui-même.

suisses sont un très bel exemple de la force que donne cet attachement. Il donne l’évidence de l’intérêt d’une mobilisation collective au profit d’un territoire auquel on appartient et dont on est fier. — R  Vous parlez du territoire comme d’un être vivant dont le corps dépend du soin qu’on en prend. — A. K.  En effet, le corps et le territoire sont ambivalents. On est son corps, tout en lui étant extérieur, mais sans pouvoir en être séparé. Et le territoire est un peu de cet ordre-là. Ses habitants y sont attachés, et lui n’existe pas sans eux. Les Bretons sont la Bretagne, et la Bretagne sans les Bretons...

— REGARDS  Pourquoi, selon vous, les gens ont-ils été si fascinés

par le rapport que vous faites de votre expédition? — Axel Kahn C’est la déambulation pédestre qui fascine et qui n’a plus cours depuis une centaine d’années. Aller à la rencontre des gens par la seule force de ses jambes, au rythme de son pas. L’interrogation était: qu’est-ce qu’un marcheur au long cours peut bien rapporter du pays? C’était déjà l’intérêt qu’avait suscité le livre de Jacques Lacarrière, Chemin faisant, qui m’avait fasciné dans les années 1970. — R  Vous avez fait des découvertes écologiques étonnantes. — A. K.  J’ai traversé deux départements, l’Ardèche et la Drôme, dont la résistance à la crise est l’écologie, au travers de l’agriculture biologique et de la défense de l’environnement. J’ai aussi constaté que la nature a bien plus repris ses droits qu’elle n’en a perdu ces cent dernières années. Il faut quasiment remonter au XVIe siècle pour rencontrer, en France, autant de forêt qu’il y en a aujourd’hui. Quand vous vous promenez comme je l’ai fait – de l’Indre à la Creuse, à la Corrèze, à l’Ardèche, à la Drôme –, vous êtes dans une nature très préservée. — R  Est-ce beau? — A. K.  C’est extraordinairement beau. J’ai même établi un hitparade de la beauté! J’ai ressenti des moments d’émotion incroyables, d’un niveau tel que j’ai été confronté à l’impression du sublime à plusieurs reprises. J’ai été en extase totale, au point que tout autre souci, toute autre inquiétude disparaît. — R  Pensez-vous comme Michel Houellebecq, dans La Carte et le Territoire, que le territoire pourrait être sauvé par une nouvelle bourgeoisie bobo-nostalgique? — A. K.  Non, son roman décrit une décadence irréversible, la réduction d’une France active et industrielle à un territoire de carte postale aux couleurs sépia. Le territoire dont j’essaie de vanter les vertus regarde l’avenir. Il n’est pas uniquement dans la déploration d’un passé glorieux, il se transforme également. J’essaie d’indiquer que ce territoire est une entité d’une extraordinaire importance. D’ailleurs, les cantons 28  REGA R DS n ° 8

— R  Avez-vous bien mangé durant votre périple? — A. K.  Oh oui, j’ai énormément mangé. En randonnée, j’ai besoin de manger autant que j’en suis capable. Je mange comme un chancre! Vous seriez surpris de ce que je peux avaler. C’était souvent très bon, car dans les chambres d’hôtes, la table est intéressante. Mais ce n’était pas toujours facile: en 2013, on m’a servi de l’aligot avec de la saucisse à tous les repas, depuis la Haute-Loire jusque dans le Rouergue. Je n’en pouvais plus! (Rires) — R  Avez-vous croisé beaucoup d’animaux? — A. K.  J’ai vu, bien sûr, beaucoup de chevreuils, des cerfs, des coqs de bruyère et toutes sortes de vaches. Je suis d’ailleurs un grand connaisseur des races de vaches de mon pays. Je peux vous parler de la blonde d’Aquitaine, de la limousine, de la bretonne pie noir, de la Holstein – mais c’est banal –, de l’Aubrac ou des vaches rouges aux cornes en forme de lyre que sont les belles Salers. — R  Ne vous êtes-vous jamais senti en danger durant votre randonnée? — A. K.  Souvent! Quand je marchais hors des chemins balisés, personne ne savait où j’étais. Il m’est arrivé de faire des chutes, heureusement sans casse, mais la plupart du temps, je n’avais pas de réseau et je ne sais pas comment j’aurais fait pour prévenir des secours. — R  Et vous n’avez jamais fait de mauvaises rencontres? — A. K.  Jamais! Ma fille en était très inquiète. Mais je peux vous garantir qu’il n’y a plus de «chauffeurs» depuis bien longtemps sur les sentiers de France. Vous savez, ces bandits de grand chemin qui vous chauffaient les pieds pour savoir où vous aviez caché vos cassettes de pièces d’or! Depuis soixante-cinq ans que je marche, je ne me suis jamais senti en insécurité en chemin. A part une fois, il y a des années: j’étais en couple, en train de faire ce qu’un jeune homme et une jeune femme font quand ils se croient seuls, et nous avons surpris, non loin, deux bergers avec des jumelles… Là, oui, on avait été imprudents! (Rires)


RENCONTRE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

R EGAR DS n°8   29


RENCONTRE

— R  Allez-vous continuer à marcher? — A. K.  Bien sûr, j’essaie toujours de marcher à chaque fois que je le peux. Prochainement, je vais faire une foire du livre dans les Hautes-Alpes et j’ai donc décidé de traverser tout le massif de l’Oisans, jusqu’au sud de Gap, pour y aller. J’aimerais aussi faire le Jura, que j’aime beaucoup. — R  Passerez-vous par la Suisse? — A. K.  J’ai beaucoup marché en Suisse! Figurez-vous que j’ai un fils qui vit à Vaux, au-dessus de Morges. Le paysage qu’on y voit à 500 mètres d’altitude, dominant le Léman et face au Mont-Blanc, est l’un des plus beaux du monde! — R  Et depuis votre chambre du Beau-Rivage Palace, la vue vous convient-elle? — A. K.  C’est pas mal non plus! (Rires) — R  Après une telle aventure, vous en appréciez le confort? — A. K.  Je suis à l’aise dans la plus simple des cabanes de montagne comme dans les grands hôtels. Une fois, en randonnée, j’ai dormi dans un gîte où ils avaient fait des chambres dans des boxes de chevaux. Ça sentait le cheval, mais c’était super! — R  A propos de cheval, qu’allez vous faire de votre mascotte? La vendriez-vous pour une bonne cause? — A. K.  Ah non, mon bâton de marcheur peut-être, mais ma mascotte, jamais! Elle est chez moi, elle ne me quittera pas.

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Axel Kahn

An inner journey On the occasion of a literary breakfast, Axel Kahn, the famous researcher and long-distance walker, presented his latest journey through France – 1,285 miles on foot from which he returned bruised and dazzled. — Text Leila Klouche / Photos Pierre Vogel

H

— R  Et aujourd’hui, redevenez-vous chercheur? — A. K.  Non, ça, c’est fini! Aujourd’hui, je suis écrivain – j’ai d’ailleurs commencé la rédaction d’un nouveau livre –, je suis conférencier, penseur, hédoniste… et marcheur. 

e is 70 years old but could be 55 years younger. Is it retirement or walking – or both – that has given this doctor, geneticist and former research director his youthful energy and a look that seems to find some amusement in everything? His latest journey nevertheless proved very difficult. Together with his faithful Princesse Mascotte, he followed a saw-tooth diagonal from the Pointe du Raz in the far north west of France to Menton in the very south east, covering a total change in altitude of more than 44,000 metres on often unmarked trails. Unsure that he would reach his destination until he actually arrived, he walked bravely to the very ends of his country and pushed himself to his limits. — REGARDS  Why, in your opinion,

Axel Kahn n’était pas seul sur la route, Princesse Mascotte (la peluche des Jeux équestres mondiaux 2014) l’accompagnait, bien accrochée à son sac, lui donnant courage et entrain. Axel Kahn wasn’t alone on the road; clinging to his backpack, Princesse Mascotte (the cuddly toy of the World Equestrian Games 2014) accompanied him along the way, giving him courage and putting a spring in his step.

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were people so interested in your report of your expedition? — Axel Kahn It is the wandering that people find fascinating as this approach has not held currency for a hundred years: meeting people at your own speed using only the strength of your own legs. The question was what can a long-distance walker find to report about the country? In the 1970s, I was fascinated by the interest generated by Jacques Lacarrière’s book, Chemin faisant. — R  You made some surprising ecological discoveries. — A. K.  I crossed two départements, the Ardèche and the Drôme, which have been able to resist the crisis through ecology, be it


INTERVIEW

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

organic agriculture or the protection of the environment. I also noted that nature has reasserted its rights much more than it has relinquished them over the past hundred years. You have to go as far back as the 16th century to see such a broad expanse of forest in France as there is at present. When you go walking as I have from the Indre to the Creuse, the Corrèze, the Ardèche and the Drôme, you are surrounded by pristine nature. — R  Is it beautiful? — A. K.  It’s extraordinarily beautiful. I even made my own hit-parade of beauty! I experienced moments of incredible emotion, on several occasions feeling as if I was contemplating the sublime. I was in total ecstasy, to such an extent that all my concerns simply disappeared. — R  Do you think, like Michel Houellebecq in La Carte et le Territoire, that the country could be saved by a new, nostalgic bourgeoisie? — A. K.  No, his novel describes a situation of irreversible decline in which an active and industrial France is reduced to a picturepostcard land seen in sepia. The country and virtues I am trying to extol is a forward-looking place. It is not simply mourning a glorious past, it is also changing. I am trying to show that this country is extremely important. The Swiss cantons offer a perfect example of the strength provided by this devotion, highlighting the benefits of collective mobilisation in support of a land to which we belong and of which we are proud. — R  You talk about the country as if it were a living person whose body relies on the care we provide. — A. K.  Yes, the body and the country are almost one and the same. We are our body, despite being outside it but without for all that being able to separate ourselves from it. And the country is very similar. Its inhabitants are attached to it and it can’t exist without them. The Bretons are Brittany and Brittany without the Bretons... — R  Did you eat well during your journey? — A. K.  Yes, I ate a great deal. When walking, I need to eat as much as possible. I eat like a horse! You would be surprised at what I can wolf down. It was often very good and it is interesting eating in guest houses. But it wasn’t always easy. In 2013, I was served aligot and sausage for every meal from the Haute-Loire to the Rouergue region. I couldn’t eat any more of the stuff! (laughter) — R  Did you encounter many animals? — A. K.  Naturally I saw a great many deer, stags, grouse and numerous breeds of cow. Incidentally, I am an expert when it comes to

the breeds of cow in my native country. I can talk to you about Blonde d’Aquitaine, Limousines, Bretonne Pie Noir, Aubracs, Holsteins – albeit a little ordinary – and those attractive red Salers with their lyre-shaped horns. — R  Did you ever feel in any danger during your walk? — A. K.  Often! When I left the signposted footpaths, no one knew where I was. I occasionally fell, fortunately without breaking anything, but most of the time there was no network coverage and I don’t know how I would have alerted the emergency services. — R  And you never met anyone it would have been better to avoid? — A. K.  Never! My daughter was very concerned about that. But I can assure you that there have not been any “chauffeurs” on the footpaths of France for many a long year. You know, those highwaymen who would burn your feet until you told them where you had hidden your gold coins! In the sixty-five years that I have been walking, I have never felt at risk. Except once, years ago: I was with my partner and we were doing what a young man and a young woman do when they think they are alone. Then we happened upon two shepherds not far away with binoculars… On that occasion we had been a little reckless! (laughter) — R  Do you intend to continue walking? — A. K.  Of course, I try to go walking whenever I get the chance. I will shortly be attending a book fair in the High Alps and I have decided to walk across the entire Oisans

massif to the south of Gap to get there. I would also like to walk through the Jura as it is a region I love. — R  Will you visit Switzerland? — A. K.  I have walked a great deal in Switzerland! I have a son who lives in Vaux, above Morges. At 500 metres above sea level, the surrounding countryside overlooking Lake Geneva and Mont Blanc is among the most beautiful anywhere in the world! — R  And are you happy with the view from your room at the Beau-Rivage Palace? — A. K.  It’s not too bad either! (laughter) — R  After such an adventure, do you appreciate the comfort of a hotel? — A. K.  I am just as at ease in the simplest mountain hut as I am in a luxury hotel. Once when I was walking, I stayed in a gîte where the rooms were in horses’ stalls. It smelled of horse but it was great! — R  Talking of horses, what are you going to do with your mascot? Would you sell it for a good cause? — A. K.  No. My walking stick maybe but not my mascot, never! She is at home and will never leave my side. — R  And are you planning on returning to research? — A. K.  No, that’s over now! These days I am a writer – incidentally I have begun writing a new book – as well as a conference speaker, a thinker, a hedonist… and a hiker.    R EGAR DS n°8   31


SÉDUCTION

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Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016


SEDUCTION

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Saisons végétales

Les nouvelles stars Naguère oubliés ou désignés comme simples accompagnements, les légumes étaient les faire-valoir colorés de produits plus nobles. Aujourd’hui, leurs noms sont les têtes d’affiche des menus gastronomiques et leurs saveurs extraordinairement variées sont les indispensables d’une nouvelle cuisine créative. Forgotten or relegated to simple accompaniments only a short time ago, vegetables were no more than a colourful addition to showcase more noble products. Today, their names are headliners on gourmet menus and their wide range of flavours are essential ingredients of new, creative cuisine. — Texte Leila Klouche / Photos Myriam Ramel

V

iandes et poissons ne sont plus les rois de l’assiette. Aujourd’hui, au menu des grandes tables, ces produits, toujours aussi délicieux – leur goût n’a pas changé! –, portent les saveurs saisonnières des légumes anoblis. En automne, le potiron est à l’honneur, accompagné de cèpes et d’un chutney de coings. En hiver, les légumes racines apportent leurs saveurs complexes, entre sucre et bois, et leur texture crémeuse ou croquante à choix. Et si, entre novembre et février, le soleil vous manquait, les légumes du Sud vous apporteraient quelques bouchées vitaminées dans des plats soudainement illuminés. Meat and fish are no longer the stars of the plate. Today, in the very best restaurants, these products which are as delicious as ever – after all, their taste hasn’t changed – incorporate the seasonal flavours of vegetables which have succeeded in climbing the social ladder. In autumn, it is the pumpkin which takes pride of place, accompanied by cep mushrooms and quince chutney. In winter, root vegetables contribute complex flavours blending sugar and wood and a creamy or crunchy texture. And if you feel that you’re missing the sun between November and February, Mediterranean vegetables immediately brighten up your dishes in only a few vitamin-filled mouthfuls.   R EGAR DS n°8   33


SÉDUCTION

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Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016


SEDUCTION

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

«Les légumes sont très importants dans la cuisine méditerranéenne»

Poissons de Méditerranée et calamars aux courgettes violon façon bouillabaisse Lotte, saint-pierre et rougets sont marinés au safran et pastis avant de cuire dans une soupe de poisson. Fenouils, céleri, poireaux et courgettes violon sont servis avec poissons et calamars, accompagnés d’un bol de soupe et d’une tartine de rouille. Mediterranean fish and squid with bouillabaisse-style violin courgettes Monkfish, John Dory and red mullet are marinated in saffron and pastis before being cooked in a fish soup. Fennel, celery, leeks and violin courgettes are served with fish and squid accompanied by a bowl of soup and rouille on toast.

La table d’Edgard «Moi, j’aime l’été!» Edgard Bovier, s’il n’est pas le seul à aimer le soleil, a le mérite de lui déclarer sa flamme toute l’année. Sa cuisine du Sud, chantante et colorée, s’adapte aux saisons, mais sans faire aucune concession à la lumière. En automne et en hiver, à sa table, des plats plus consistants, des cuissons à peine plus lentes que d’habitude, mais toujours quelques légumes de sa chère Méditerranée. «Courgettes, artichauts ou fenouils se trouvent toute l’année sur les marchés de Provence. Cuits en barigoule (juste revenus à l’huile d’olive), ils ensoleillent, en un tournemain, n’importe quelle assiette.»

“I love the summer!” While Edgard Bovier is not alone in enjoying the sun, he has the advantage of declaring his passion all year round. His southern cuisine, colourful and melodious, adapts to the seasons without making any concession in terms of light. In autumn and winter, he serves up heartier dishes cooked only slightly more slowly than usual but still accompanied by a selection of Mediterranean vegetables so close to his heart. “Courgettes, artichokes and fennel are available all year round on the markets in Provence. Cooked en barigoule (sautéed in olive oil), they immediately bring a ray of sunshine to any plate.”   REGARDS n° 8 35


SÉDUCTION

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«Les légumes, c’est le bonheur»

Feuilleté de courge et filet de chevreuil Cet automne, potirons et cèpes sont à l’honneur d’un plat de chasse, complété de petits légumes, poires à botzi, sauce au vin rouge et gelée d’airelles. Squash pastry served with a fillet of venison This autumn, pumpkins and cep mushrooms take pride of place in a game dish, accompanied by young vegetables, botzi pears, red wine sauce and cranberry jelly.

Café Beau-Rivage Olivier Gerber aime les couleurs de l’automne. «C’est la plus belle saison en cuisine. On y travaille des produits très intéressants, qui nous permettent une grande créativité. Les betteraves, les panais, les choux de Bruxelles s’accordent à merveille avec le gibier. Leurs saveurs du terroir, parfois sucrées, et leurs textures plus charnues composent des plats intenses faciles à équilibrer avec quelques fruits ou en jouant sur les cuissons.» Olivier Gerber loves the colours of autumn. “It’s the most attractive season in the kitchen. We work with very interesting products which offer a broad scope for creativity. Beetroot, parsnips and Brussels sprouts go hand in hand with game. Their earthy and sometimes sweet flavours together with their meatier textures create intense dishes which can easily be balanced with a few fruits or by adjusting the method of cooking.” 36  REGARDS n° 8


SEDUCTION

SÉDUCTION

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

«Les légumes sont devenus des stars»

Royale de potiron et marmelade de cèpes La consistance très lisse du potiron se prête bien en royale. Sa saveur douce est relevée par une émulsion au café, accompagnée d’une marmelade de cèpes et de quelques cèpes grillés. Pumpkin royale with cep marmalade The smooth consistency of pumpkin is perfect for a royale. The sweet flavour is spiced up with an emulsion of coffee accompanied by cep marmalade and a handful of grilled cep mushrooms.

Restaurant Château d’Ouchy «Aujourd’hui, les chefs sont jugés sur leurs légumes, avise Nicolas Raynal. Désormais, la dominante d’un plat peut être un légume, accompagné d’une viande.» Cette réalité contemporaine semble enthousiasmer le jeune chef, épris de légumes oubliés et de cuissons à l’ancienne. «Grâce à eux, on découvre de nouvelles façons de cuisiner, et aussi de nouvelles cultures, au travers de produits exotiques de plus en plus répandus sur nos marchés.» “Today, chefs are judged by their vegetables,” states Nicolas Raynal. “It is now possible for the vegetable to be the main element, accompanied by a piece of meat.” This modern-day reality seems to inspire the young chef who is smitten by vegetables previously consigned to history and the cooking methods of yesteryear. “They give us the opportunity to discover new methods of cooking and new cultures through exotic products which are becoming increasingly common on our market stalls.”    R EGAR REGARDS DS n°8 n° 8  37 37


INNOVATION

Solar Decathlon

LA MAISON DU FUTUR SERA-T-ELLE SUISSE?

ALEXANDRE GONZALEZ

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Le parcours de la Suisse dans la compétition d’habitat solaire Solar Decathlon se poursuit. Soutenue par la Chaire Landolt & Cie SA, l’équipe de l’EPFL figure parmi les candidats en lice pour l’édition 2017, avec un projet emblématique des enjeux écologiques de notre temps. — Texte William Türler

L’

EPFL a récemment déposé sa candidature et ambitionne de faire partie des 20 équipes sélectionnées pour le Solar Decathlon 2017. La liste définitive sera connue dès le mois de janvier de l’année prochaine. «Ce qui est intéressant dans cet événement, c’est qu’il touche à des domaines très variés, que ce soit en matière d’efficience énergétique, d’architecture, d’urbanisme, de mobilité, mais aussi de communication auprès du public et du jury», relève le coordinateur Jamie Russell.

Créée en 2002 par le Département de l’énergie américain, la compétition visait à l’origine à lancer une réflexion autour de la construction durable grâce à des projets originaux. Ses ambitions ont aujourd’hui évolué: les chercheurs doivent désormais inclure dans leur projet des solutions permettant de mieux adapter l’habitat collectif aux attentes et aux nécessités des usagers du XXIe siècle. Comme le nom de la compétition l’indique, les réalisations sont évaluées en fonction de dix critères: architecture, ingénierie, efficience énergétique, bilan énergétique, confort, équipement, communication, projet urbain, mobilité, innovation et durabilité. Réalisé en collaboration avec d’autres hautes écoles helvétiques, notamment la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg et la Haute Ecole d’art et de design Genève, le projet de l’EPFL est développé en interaction étroite 38  REGA R DS n ° 8

avec le monde professionnel, à la fois dans les secteurs de l’industrie et de la construction. Soutenue financièrement par la Chaire Landolt & Cie SA, la proposition du consortium porte le nom provisoire de «Swiss Living Challenge» et constituera une première démonstration des travaux expérimentaux du Smart Living Lab de Fribourg, laboratoire spécialisé dans l’habitat intelligent. UN EFFORT COMMUN

Etudiante en master d’architecture à la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, Ilse Bahnsen participe depuis cette année aux aspects urbains, sociaux et architecturaux du projet. «Notre idée consiste à dessiner et construire un pavillon qui représentera les défis de la Suisse vers un avenir durable. Celui-ci dépend de différents aspects interconnectés, qu’il s’agisse de techniques de construction, de modes de vie domestiques, de cohésion sociale, de production d’énergie renouvelable, de gestion des déchets ou de planification urbaine. Notre pavillon sera un exemple de construction énergétiquement efficiente.» La construction du pavillon devrait débuter courant 2016. Il devra tenir sur une surface de 100 m2 et ne pas dépasser deux étages. «Malheureusement, les constructions durables sont aujourd’hui encore souvent vues comme inesthétiques et onéreuses par certains

architectes, souligne l’étudiante de 25 ans. Quant aux modes de vie communautaires et soutenables, ils sont considérés comme compliqués et inconfortables par de nombreux citoyens. Leur potentiel n’est pas encore exploité. Nous souhaitons faire évoluer les mentalités grâce aux différentes innovations en termes de produits, de matériaux de construction et de techniques, ainsi qu’au travers des propositions sur la vie communautaire émanant des travaux des différentes universités et étudiants impliqués dans le projet.» De son côté, Baptiste Gex, étudiant de 22 ans en master sciences et ingénierie de l’environnement à l’EPFL, a participé, à l’occasion d’un cours, au développement de projets de bâtiments munis d’une enveloppe 100% productrice accueillant des installations photovoltaïques et thermiques, mais aussi des jardins et des espaces communs de rencontres dans un contexte architectural cohérent. Il a récemment intégré le comité de coordination du projet. «Cette initiative n’est pas uniquement développée par un groupe défini d’étudiants, mais par plusieurs groupes de travail qui amènent tous leur pierre à l’édifice. Il s’agit d’un effort fourni par un grand nombre d’étudiants, qui ne participeront pas tous à la compétition en 2017, mais qui s’investissent pour une cause. C’est cela qui fait la beauté de ce projet.» 


INNOVATION

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Solar Decathlon

WILL THE HOUSE OF THE FUTURE BE SWISS? The Swiss participation in the Solar Decathlon solar housing competition continues. Supported by the Landolt & Cie SA Chair, the École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) team is one of the candidates competing in the 2017 edition with a project that is emblematic of the ecological challenges of the modern era. — Text William Türler

T

he EPFL recently submitted its application in the hope of being one of the 20 teams selected for the Solar Decathlon 2017. The final list will be announced in January 2016. “The interesting thing about this event is that it involves a wide range of different fields, be it in terms of energy efficiency, architecture, urban planning and mobility as well as communication to the public and the jury,” explains the coordinator Jamie Russell. Created in 2002 by the US Department of Energy, the competition was initially intended to stimulate reflection with regard to sustainable construction through original projects. The competition’s ambitions have evolved and researchers’ projects must now include solutions enabling collective housing to adapt more effectively to the needs and expectations of 21st-century users. As the competition’s name suggests, the solutions submitted are evaluated according to ten criteria: architecture, engineering, energy efficiency, energy balance, comfort, equipment, communication, urban project, mobility, innovation and sustainability. Designed in collaboration with other Swiss universities, in particular the School of Engineering and Architecture of Fribourg and Geneva University of Art and Design, the EPFL project has been developed in close interaction with both the industry and construction sectors. Benefiting from financial support provided by the Landolt & Cie SA Chair, the provisional name of the consortium’s project is the “Swiss Living Challenge” and will include an initial demonstration of the experimental works of the Smart Living Lab in Fribourg. A JOINT EFFORT

A master’s student in architecture at the School of Engineering and Architecture of Fribourg, Ilse Bahnsen began working on the urban, social and architectural aspects of the project this year. “Our idea involves designing and building a house which will represent the challenges facing Switzerland with a view to a sustainable future. This depends on a number of inter-related aspects, be they construction techniques, domestic lifestyles, social cohesion, the production of renewable energy, waste management or urban planning. Our house will be an example of energy-efficient construction and will incorporate the presentation of ideas for sustainable urban development.” Construction of the house is scheduled to start in 2016. It will have to be built on a plot of land covering 100 m2 and cannot exceed two storeys.

“Unfortunately, sustainable constructions are still often deemed unattractive and costly by certain architects,” stresses the 25-year-old student. “As for sustainable, community-oriented lifestyles, many citizens perceive them to be complicated and uncomfortable. Their potential has yet to be exploited. We want to change people’s mindsets by calling on the different innovations in terms of products, construction materials and techniques while submitting proposals relating to community life drawn from the works of the different universities and students involved in the project.” During one of his courses, Baptiste Gex, a 22-year-old masters student in environmental science and engineering at EPFL, participated in the development of building projects in which the entire shell produces energy, incorporating photovoltaic and thermal installations as well as gardens, greenhouses and shared meeting areas in a coherent architectural context. He recently joined the project coordination committee. “This initiative is not only developed by a specific group of students but by several workshops and work groups, all playing their own part. A large number of students are involved, not all of whom will participate in the competition in 2017 but who are nevertheless committed to a cause. That is the beauty of this project.” 

Un engagement durable La Chaire Stratégies innovatrices pour un futur durable résulte d’une convergence de valeurs entre l’EPFL et la Banque Landolt & Cie SA. «En tant que banquiers responsables, notre philosophie et la raison d’être de cette chaire sont de transmettre un patrimoine sain aux générations futures», explique Jean-Daniel Balet, membre de Direction de Landolt & Cie SA.

A sustainable commitment The Chair Landolt & Cie SA Innovative Strategies for a Sustainable Future came into being as the result of a convergence of values between the EPFL and the Swiss private bankers Landolt & Cie SA. “Our philosophy, and the guiding principle of this Chair, is to ensure that we pass on a healthy legacy to future generations,” explained Jean-Daniel Balet, a member of the managers of Landolt & Cie SA.

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ENVIRONNEMENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Une collaboration durable Entre 2008 et 2015, cinq professeurs de renommée internationale ont été invités par la banque Landolt & Cie SA à dispenser leur savoir le temps d’une année académique à l’EPFL. Au cœur de cette initiative, une collaboration inédite racontée par Jean-Denis Bourquin, coordinateur du projet. — Texte Loïc Delacour / Photos Pierre Vogel

C

omme souvent, l’histoire commence par une rencontre. Durant l’année 2007, Pierre Landolt, président du conseil d’administration de la banque privée Landolt & Cie SA, et Patrick Aebischer, président de l’EPFL, discutent de leur vision commune. Tous deux en sont convaincus: la construction d’un monde durable passe par la transmission du savoir et la formation des élites. Afin de mettre en pratique cette doctrine, ils décident de créer un partenariat privé-public d’un genre nouveau. La chaire Landolt & Cie SA «Stratégie innovatrices pour un futur durable» voit ainsi le jour au sein de l’ENAC, la faculté de l’environnement naturel, architectural et construit de l’EPFL. A travers elle, cinq professeurs seront accueillis sur le campus vaudois le temps d’une année académique chacun. Point commun des invités: le fait d’être un spécialiste mondial du développement durable. Se sont dès lors succédé dans les auditoires et laboratoires de la haute école les professeurs Amilcare Porporato, ingénieur hydraulique, Anne Nolin, experte en hydroclimatologie des montagnes, Megan Murray, professeure en épidémiologie, José L. Torero, spécialiste en sécurité incendie des environnements complexes, et Philip G. Jessop, chercheur en chimie verte. Durant leur séjour, ils ont non seulement poursuivi leurs recherches, mais également proposé des cours aux étudiants de l’EPFL, encadré des travaux de semestre ou des projets de master, participé à des conférences et organisé des activités interdisciplinaires pour le grand public.

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Jean-Denis Bourquin


ENVIRONNEMENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

2. DR

1. 2009. Anne Nolin, professeure associée au Département des géosciences de l’Oregon State University, Corvallis, est spécialiste en hydroclimatologie des montagnes.

1.

2. 2012. José Luis Torero, directeur du BRE Centre for Fire Safety Engineering à l’Université d’Edinburgh, est spécialiste du feu et de la sécurité des infrastructures exceptionnelles. 3. 2008. Amilcare Porporato, professeur en ingénierie civile et environnementale à l’Université de Duke en Caroline du Nord, est un spécialiste en écohydrologie.

4.

3.

DR

DR

4. 2014. Philip G. Jessop, professeur au Département de chimie de la Queen’s University, Ontario, est un spécialiste primé en chimie verte.

SOPHIE KELLENBERGER

«Une aventure à la fois scientifique et humaine»

UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE ET HUMAINE

Coordinateur de cette chaire, Jean-Denis Bourquin était au cœur d’une initiative passionnante. «C’est l’un des plus beaux projets que j’ai menés, glisse-t-il en préambule. L’un des plus gratifiants. Un investissement à long terme pour la transmission de valeurs avec une éthique forte. Une aventure à la fois scientifique et humaine.» Scientifique, bien sûr, car les professeurs invités ont débarqué en terre romande avec leurs propres recherches. José L. Torero a par exemple reçu son lot de récompenses et d’attention pour ses connaissances sur la durabilité des bâtiments, et plus précisément sur la résistance des tours face aux incendies. Il avait par ailleurs participé à l’expertise d’une catastrophe majeure de notre siècle: l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center à New York. La professeure Anne Nolin, associée au Département des géosciences de l’Oregon State University, a partagé son savoir concernant les effets des changements climatiques sur la neige avec

des stations de ski valaisannes directement concernées. L’approche globale d’Amilcare Porporato sur l’écosystème et les cycles de croissance des plantes a apporté un regard neuf sur les interactions environnementales.

le meilleur fromage de la région. Et des échanges stimulants, telles les conversations passionnées entre Amilcar Porporato et Pierre Landolt sur l’écohydrologie dans les régions semi-arides.

Les étudiants, microbiologistes et ingénieurs en environnement de l’EPFL ont quant à eux bénéficié des précieux enseignements de Megan Murray afin de mener une étude sur la transmission du choléra en Haïti au lendemain du tremblement de terre.

UN SPONSOR IMPLIQUÉ

Le Canadien Philip G. Jessop a lui profité de son séjour pour enchaîner les collaborations et développer ses recherches sur des produits chimiques et des méthodes de substitution propres d’un point de vue environnemental. La chaire a également été une aventure humaine, puisqu’un projet d’une telle envergure multiplie les occasions de rencontre et de partage en marge du sérieux de l’académie. Il y a des anecdotes qui font sourire, comme celle qui concerne Philip G. Jessop, devenu accro à la fondue suisse et recherchant

Quoi qu’il en soit, aux yeux de Jean-Denis Bourquin, la réussite de ce partenariat publicprivé fut totale grâce à des relations saines entre les différents acteurs du projet. «Les personnes concernées, autant du côté académique que des sponsors, étaient sur la même longueur d’onde. La banque Landolt & Cie SA s’est impliquée dans les différentes étapes, du choix des professeurs au suivi de leurs activités, ce qui a favorisé la confiance mutuelle essentielle à la liberté académique.» Aujourd’hui, l’aventure de la chaire change de forme: le prestataire financier privé et l’EPFL continuent leur collaboration au sein de l’ENAC à travers la candidature suisse au projet international multidisciplinaire du Solar Decathlon 2017.    R EGAR DS n°8   41


ENVIRONMENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

A sustainable collaboration Between 2008 and 2015, five internationally renowned professors were invited by bank Landolt & Cie SA to spend an academic year sharing their knowledge at the École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EFPL). At the heart of this initiative was an original collaboration as explained by Jean-Denis Bourquin, the project coordinator. — Text Loïc Delacour / Photos Pierre Vogel

A

s is often the case, the story started with a meeting. During the course of 2007, Pierre Landolt, President of the Board of Directors of the private bank Landolt & Cie SA, and Patrick Aebischer, President of the EPFL, discussed their common vision. Both men were convinced that building a sustainable world meant sharing knowledge and training elites. To implement this doctrine, they decided to create a new type of public-private partnership. The Landolt & Cie SA Chair “Innovations for a Sustainable Future” was Jean-Denis Bourquin

born within the ENAC, the School of Architecture, Civil and Environmental Engineering, at the EPFL. This Chair would enable five professors to spend one academic year each on the campus. The guests were all global specialists in sustainable development. Over the years, the auditoriums and laboratories of the school welcomed professors Amilcare Porporato, a hydraulic engineer; Anne Nolin, an expert in mountain hydro climatology; Megan Murray, a professor in epidemiology; José L. Torero, a fire prevention specialist in complex environments; and Philip G. Jessop, a researcher in green chemistry. During their stay, they not only continued their research but also gave lectures to the students of EPFL, supervised semester works and master projects, participated in conferences, and organised interdisciplinary activities for the general public. A SCIENTIFIC AND HUMAN ADVENTURE

The coordinator of the Chair, Jean-Denis Bourquin, was at the very heart of a fascinating initiative. “It is one of the most interesting projects I have led,” he says, “and one of the most gratifying. It was a long-term investment aimed at communicating values with a strong ethical dimension. An adventure on both a scientific and a human scale.” Scientific, of course, because the guest professors arrived in western Switzerland with their own research projects. José L. Torero, for example, has received his fair share of accolades and attention for his expertise in the field of building sustainability, and more precisely the resistance of tower buildings to fires. He was even involved in inspecting one of this century’s major catastrophes: the collapse of the twin towers of the World Trade Center in New York. Anne Nolin, Associate Professor in the Department of Geosciences at Oregon State University, shared her knowledge concerning the effects of climate change on snow with those ski resorts directly concerned in the canton of Valais. 42  REGA R DS n ° 8

The global approach adopted by Amilcare Porporato towards the ecosystem and the growth cycles of plants has provided new insights into environmental interactions. The students, microbiologists and environmental engineers at the EPFL took advantage of the valuable teachings of Megan Murray to conduct a study of cholera transmission in Haiti in the wake of the recent earthquake. The Canadian Philip G. Jessop used his stay to embark upon a series of collaborations while developing his research into chemical products and clean methods of substitution from an environmental standpoint. The Chair is also a human adventure, as a project on such a broad scale offers numerous opportunities to meet and share outside the more formal academic sphere. There are some rather amusing anecdotes, such as Philip G. Jessop becoming addicted to Swiss fondue and endeavouring to identify the very best cheese in the region. There were also some highly stimulating discussions, such as those between Amilcare Porporato and Pierre Landolt on the subject of ecohydrology in semi-arid regions. A HANDS-ON SPONSOR

Whatever the case, Jean-Denis Bourquin believes that this public-private partnership was a total success thanks to the healthy relationships between the different stakeholders in the project. “The people concerned, be they on the academic side or the sponsors, were all on the same wavelength. The bank Landolt & Cie SA was involved in the different stages of the project, from selecting the professors to monitoring their activities, thereby favouring the mutual trust that is essential to academic freedom.” Today, the Chair is venturing into something else: the private financial service provider and the EPFL will be pursuing their collaboration within the ENAC through the Swiss submission to the multidisciplinary, international Solar Decathlon 2017 project.


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RÉGION

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Gruyères, la crème de la crème Si son histoire est aussi mythique que ses traditions culinaires, la ville de Gruyères joue de ses clichés et reste ouvert sur le monde. Incursion à pas de loup sur les pavés glissants d’un bourg fascinant.

ÉDITIONS BERRA

— Texte Carole Kittner

Au fait, d’où vient le nom Gruyères? La légende veut que Gruérius, un capitaine vandale, aurait pris ses quartiers dans la région en 436 après avoir battu l’ennemi et vu une grue dans un ciel couleur sang. L’oiseau sur fond rouge est d’ailleurs toujours l’emblème de la commune. Selon les historiens, la vérité se situerait plutôt autour du terme Grand-gruyer, qui signifie gardeforestier en langue romane et dont le terme Gruyères est un dérivé. En effet, le Grand-gruyer était autrefois l’administrateur de la région.

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ébarquer à Gruyères à l’aube de l’hiver tient de l’expérience mystique. Alors que la colline embrumée et son château fortifié apparaissent au loin, le visiteur se sent comme transporté aux temps du roi Arthur. Situé dans le canton de Fribourg, à cinquante minutes de Lausanne, cette petite ville offre, le temps d’une journée, un dépaysement total. Une fois dépossédé de sa voiture en contrebas, on grimpe à pied vers les remparts. Le château médiéval fier et triomphant ouvre la voie. Ce sont en ses murs, âgés de plus de huit siècles, qu’histoire et légendes s’entremêlent, donnant vie à une cité aussi protégée qu’ouverte sur le monde. ANACHRONISMES ET TRADITIONS

Dans la grande cour du château, l’ambiance est au Moyen Age, mais sitôt la porte principale franchie, on découvre toutes sortes d’influences architecturales qui cohabitent. D’un côté, des balcons en pierre brute et en bois, de l’autre, des allées aux motifs Renaissance. La visite commentée du conservateur Filipe Dos Santos est éclairante. En 1849, c’est la famille Bovy qui, en rachetant le château, en fait un lieu de culture et crée une colonie d’artistes. Dans différentes pièces, on peut


RÉGION

LE CHALET

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Micro-lexique gruérien

PRODUITS DU TERROIR DU PAYS DE FRIBOURG

Gruyères se réfère à la cité médiévale. La Gruyère désigne la région, soit Bulle, Gruyères, Moléson et Charmey. Le Gruyère AOP est le fromage à pâte dure dont on raffole. La Bénichon est une fête traditionnelle fribourgeoise qui a donné son nom à sa moutarde, sorte de confiture que l’on consomme avec de la cuchaule (un pain brioché au safran). Le bredzon est le costume traditionnel masculin. Le dzaquillon, lui, se réfère à l’habit féminin autrefois destiné au travail dans les champs.

voir des paysages romantiques réalisés par des peintres tels que Camille Corot ou Barthélémy Menn, tous deux amis des châtelains. Le château de Gruyères perpétue aujourd’hui cette tradition en invitant des artistes contemporains à investir les lieux. Cet hiver, après les expositions de Noël, c’est Anne-Julie Raccoursier, photographe et vidéaste romande, qui prendra ses quartiers dans la salle voûtée et l’arsenal. DE L’ART SACRÉ BOUDDHIQUE À L’ART FANTASTIQUE

Emprunter la rue du Château qui mène à la ville, c’est aussi voyager dans le temps et dans l’espace. «Je reste toujours subjuguée par les différentes ambiances que Gruyères propose», confie Sylvie Gonin, la concierge du Beau-Rivage Palace, fine connaisseuse des lieux. «Passer de l’authentique paysage de carte postale à l’art tibétain, puis au monde disjoncté du génialissime dessinateur d’Alien est inouï dans un espace aussi confiné.» Lorsque le Genevois Alain Bordier a inauguré son Musée du Tibet en 2009 dans l’aumônerie et la chapelle SaintJoseph, il a voulu pérenniser cette ouverture sur le monde. Sous les voûtes et les vitraux, deux cultures si différentes sont en pleine conversation. A quelques pas de là, un autre univers attend le promeneur dans le château Saint-Germain. Là, les créatures de science-fiction de H. R. Giger vous transportent dans un cosmos fascinant. Giger, originaire

de Coire (Grisons), à l’autre bout de la Suisse, avait eu un coup de foudre pour la ville fribourgeoise alors qu’il y exposait au château. Il y a même ouvert un bar qui reproduit le squelette d’un gigantesque animal imaginaire, juste en face de son musée. FROMAGE ET CHOCOLAT

Après une matinée riche en culture, une halte plus traditionnelle s’impose à l’heure du déjeuner: direction Le Chalet. Au premier étage de ce charmant restaurant, l’ambiance est à l’alpage. Une succulente fondue accompagnée d’une assiette de viande séchée et d’un bon verre de vin blanc vous rappellent que vous êtes en Suisse de la meilleure façon qui soit. Pour le dessert, les meringues à la crème double de la région sont une spécialité dont on ne se lasse pas. Le ventre plein et la tête dans les nuages, on déambulera dans la rue du Bourg pour un peu de shopping. Les boutiques sont nombreuses et les idées cadeaux ne manquent pas. De l’artisanat aux produits du terroir, les découvertes sont originales et pleines de charme. Riche de ces nouveaux trésors, on peut prolonger la journée en altitude en rejoignant le Moléson à cinq minutes de là. De là-haut, un panorama fantastique s’offre sur le lac Léman, le Mont-Blanc et la région des Trois-Lacs. De quoi finir cette escapade gruérienne en beauté.    R EGAR DS n°8   45


REGION

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LE CHALET

Gruyères, the crème de la crème

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rriving at dawn in Gruyères in winter is an almost mythical experience. As the mist-shrouded hill with its fortified castle appears in the distance, visitors have the impression of being transported back to the time of King Arthur. Located in the canton of Fribourg about 50 minutes from Lausanne, this town offers a complete change of scenery for a day. Having left your car further down the hill, you continue upwards on foot towards the ramparts. Proud and triumphant, the medieval castle shows the way. It is within these walls, more than eight centuries old, that history meets legend, breathing life into a city that is as protected as it is open to the world.

If its history is as much the stuff of legend as its culinary traditions, the town of Gruyères plays on its clichés and remains open to the world. A foray on tiptoes across the slippery cobbles of a fascinating town. — Text Carole Kittner

following the Christmas exhibitions, the photographer and video-maker Anne-Julie Raccoursier, a native of western Switzerland, will take up residence in the vaulted hall and the armoury. FROM SACRED BUDDHIST ART TO FANTASTIC ART Following the street leading from the castle to the town offers a journey through time and space. “I never fail to be captivated by the different atmospheres that exist in Gruyères,” admits Sylvie Gonin, concierge of the Beau-Rivage Palace and an authority on the village. “Moving between the authentic picture-postcard countryside to Tibetan art, then to the way-out world of the brilliant illustrator of Alien, is quite extraordinary in such a confined space.”

ANACHRONISMS AND TRADITIONS

In the castle courtyard, the atmosphere is very much of the Middle Ages, but as soon as you pass through the main gate, you encounter a blend of myriad architectural influences. On one side there are rough stone balconies and on the other, Renaissance-style alleyways. The guided visit provided by the curator, Filipe Dos Santos, is illuminating. After purchasing the castle in 1849, the Bovy family transformed it into a cultural centre and created an artists’ colony. In different rooms, visitors can admire romantic landscapes by artists such as Camille Corot and Barthélémy Menn, both of whom were friends of the local lords. Today, Gruyères castle perpetuates this tradition by inviting contemporary artists to spend time on the premises. This winter, 46  REGA R DS n ° 8

When the Genevan Alain Bordier inaugurated his Tibet Museum in 2009 in the chaplaincy and chapel of Saint-Joseph, it was his intention to perpetuate this openness to the world. Under the vaulting and the stained glass, two different cultures stand shoulder to shoulder. Only a couple of steps further on, an entirely different world awaits visitors to Saint-Germain Castle. Here, H. R. Giger’s science-fiction creatures teleport you to a fascinating cosmos. A native of Coire (Grisons) on the other side of Switzerland, Giger fell in love with this town when exhibiting his works in the castle. He has even opened a bar here which reproduces the skeleton of a gigantic imaginary animal, just opposite his museum.

CHEESE AND CHOCOLATE

After an eminently cultural morning, lunchtime calls for a more traditional stop – so it’s off to Le Chalet. On the first floor of this charming restaurant, the atmosphere resembles an Alpine pasture. A delicious fondue served with a plate of dried meat and a pleasant glass of white wine is the best possible means of reminding you that you are in Switzerland. For dessert, the local double-cream meringues are a perennial favourite. With your stomach full and head in the clouds, you stroll down the town’s main street for a spot of shopping. There are plenty of boutiques and no shortage of ideas for gifts. From handicrafts to local products, there are numerous original and charming articles to discover. Having acquired these new treasures, it’s time to climb even higher to Le Moléson, only five minutes away. From there, you can enjoy stunning views over Lake Geneva, Mont Blanc and the Three Lakes region. What better way to finish this escapade around Gruyères? 

Micro-glossary of Gruyères Gruyères refers to the medieval city. Gruyère relates to the region, i.e., Bulle, Gruyères, Moléson and Charmey. Gruyère AOP is the hard cheese that is so delicious. Bénichon is a traditional festival in the canton of Fribourg which has given its name to its mustard, a kind of jam eaten with “cuchaule” (a brioche bread flavoured with saffron). The bredzon is the traditional costume for men. The dzaquillon is the item of women’s clothing which was formerly worn when working in the fields.


REGION

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So, where does the name Gruyères come from?

Le Moléson

Non seulement le panorama est incroyable, mais on peut également louer des skis et faire de la luge. Not only are the views absolutely stunning, but you can also hire skis or go sledging.

FRANCK AUBERSON

www.moleson.ch

EMOIPHOTOS.CH

According to legend, Gruérius, a Vandal captain, set up his headquarters in the region in 436 AD, having beaten his enemy and seen a crane flying in the blood-red sky. Incidentally, the bird on a red field is the town’s emblem to this day. According to historians, it is more likely that the name is derived from the term “Grand-gruyer” which means “forest ranger” in the Romanic language. In the past, the Grand-gruyer was indeed the administrator of the region.

ESCAPADE

CULTURE

DELICIOUS

Château de Gruyères

Chalet de Gruyères

Tibet Museum – Fondation Alain Bordier

Au cœur de la cité médiévale de Gruyères, le Tibet Museum vous invite à découvrir une collection d’art sacré bouddhique de qualité exceptionnelle. The Tibet Museum invites you to discover an exceptional collection of Buddhist art in the heart of medieval Gruyères. www.tibetmuseum.ch

Musée H. R. Giger

Se perdre dans les dédales du monde mystérieux de ses créatures biomécaniques. Le dernier étage dévoile la collection privée de H. R. Giger. Lose yourself in the intricacies of the mysterious world of H. R. Giger’s biomechanical creatures. The top floor houses his private collection. www.hrgigermuseum.com

La Maison du Gruyère

Tout apprendre sur le fameux fromage qui n’a pas de trous! Attention aux horaires de fabrication. Learn all there is to know about the famous cheese which has no holes! Please note the production times. www.lamaisondugruyere.ch

Maison Cailler (à Broc)

Charlie et la chocolaterie, vous connaissez? Visite guidée de 1h30 bien conçue, mais c’est la partie dégustation que l’on préfère! Le plus: les ateliers du chocolat, à réserver à l’avance. Are you familiar with Charlie and the Chocolate Factory? The guided visit lasting 1 hour 30 minutes is well organised, but everyone prefers the tasting part! Extra: chocolate workshops to be booked in advance. www.cailler.ch

CHRISTOF SONDEREGGER

www.chateau-gruyeres.ch

S’installer à l’étage, entouré de botte-culs (tabourets traditionnels) suspendus au plafond, et déguster une fondue moitié-moitié bien sûr! Take a seat upstairs surrounded by “botte-culs” (traditional stools) hanging from the ceiling, and enjoy a moitié-moitié fondue – what else? www.gruyereshotels.ch

H. R. Giger Bar

Dans ce lieu hallucinant, on sirote un café Alien installé sur les ossements d’une créature mutante fantastique. Observez les détails du sol gravé de hiéroglyphes. In this quite amazing place, you can sip an Alien coffee while sitting on the bones of a fantastic mutant creature. Look at the details on the ground engraved with hieroglyphics.

SHOPPING Fer de Lance

Le genevois Frédéric Schneider propose une collection étonnante de pierres et de bijoux en argent et en or réalisés au Tibet et au Népal. A native of Geneva, Frédéric Schneider boasts an astonishing collection of stones and silver or gold jewellery made in Tibet and Nepal.

Chocolaterie de Gruyères

On craque pour les meringues au chocolat, à tomber. Profitez des ateliers ludiques et instructifs. You simply can’t resist the delicious chocolate meringues. Take advantage of the fun and informative workshops.

www.ferdelance.ch

Simply pure

www.chocolaterie-gruyeres.ch

LA MAISON DU GRUYÈRE

Sa visite est un événement en soi. The visit is an event in itself.

On y fabrique des savons luxueux 100% naturels. La boutique sent divinement bon et on aime l’idée de s’acheter un pain de savon pour se laver les cheveux. Production of 100%-natural luxury soaps. The boutique smells divinely good and customers like the idea of buying a bar of soap to wash their hair. Rue de Bourg 35

Heimatwerk

Des poteries, des nappes brodées à Saint-Gall ou de jolis animaux en bois sont quelques exemples d’objets artisanaux suisses que la boutique vend avec fierté. Pottery, tablecloths embroidered in St. Gallen, and pretty wooden animals are just some of the Swiss handicraft articles proudly sold in this boutique. www.heimatwerk-gruyeres.ch

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WE LOVE

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Flavia Cocchi, le minimalisme rieur Prolifique et pétillante, la Lausannoise Flavia Cocchi est une incontournable représentante du graphisme suisse. Passionnée de typographie, elle a su imposer son style à la fois rigoureux et sensuel. Rencontre dans son atelier, en toute simplicité. — Texte Laetitia Wider / Photos Pierre Vogel

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lle porte en elle quelque chose d’assurément enfantin. Une forme d’espièglerie et de fraîcheur qu’il convient de ne pas confondre avec de la candeur. Flavia Cocchi n’a rien d’une ingénue, mais elle ne se prend pas au sérieux. «Déjà, j’ai un nom rigolo. Cocchi, ça sonne un peu comme cookie!» Sourire. Cet héritage tessinois tout en courbes, la graphiste lausannoise s’en est amusée jusque sur l’affiche de l’exposition que lui a consacrée le Musée des arts décoratifs de Lausanne (Mudac) en 2012 et, avant lui, la galerie Anatome à Paris. «J’ai joué à le déstructurer pour qu’on ne puisse pas le déchiffrer au premier coup d’œil.» On décèle une forme de pudeur, d’humilité pathologique chez Flavia, qui a vraisemblablement de la peine à parler de Cocchi. Elle balaye son parcours, qu’elle qualifierait volontiers d’accident. L’école des arts décoratifs à Genève? Un choix par élimination; elle n’était pas scolaire. Le graphisme? Elle se rêvait illustratrice, mais elle était «nulle en dessin».

pour travailler avec le fameux Werner Jeker. Le graphiste soleurois, aujourd’hui encore sa référence absolue, est d’abord réticent. «Je l’ai appelé toutes les semaines, se souvient Flavia. Je l’ai eu à l’usure!» Acceptée pour deux semaines, elle restera finalement quatre ans. C’est là qu’elle découvre la puissance de la typographie, une passion qui ne l’a plus quittée. «La force de la typo, c’est qu’elle peut parler aussi bien qu’un visuel, voire mieux», s’exclame l’enthousiaste. C’est au côté de Werner Jeker qu’elle se forge sa propre identité. Ce dernier la félicitera d’ailleurs des années plus tard. «Il m’a dit: «C’est bien que tu aies réussi à ne pas faire du Jeker.» Un compliment pour ce taiseux.» Au début des années 1990, la Lausannoise répond à l’appel du large. A Paris d’abord, pour l’agence de communication Anatome, où elle participe notamment à l’élaboration de la signalétique du Louvre. Puis en Italie, où elle travaille une année chez Benetton, sous la direction artistique du designer Massimo Vignelli, qu’elle admire. C’est ainsi, son cœur dicte ses décisions professionnelles. UNE BROUILLONNE AUX CONTOURS CARRÉS

UNE FEMME DE «CARACTÈRES»

«C’est une femme qui a énormément de sensibilité. Elle est dotée d’un goût rare et extrêmement prononcé pour la vie», confie Christine Ferrier, responsable de la communication de la Comédie de Genève. Les deux femmes devenues complices travaillent ensemble depuis 2011. Flavia s’est vu confier, sur concours, la nouvelle identité visuelle du théâtre genevois. «Ce qui nous a tout de suite séduits, c’est sa recherche permanente de simplicité, d’épure et d’espace, poursuit Christine Ferrier. Elle a un discours très clair, et d’une grande franchise.» Pourtant, Flavia Cocchi se dit volontiers brouillonne. Elle oublie parfois d’envoyer ses factures. Ses idées s’entrechoquent souvent dans le désordre. Et son chignon reste toujours flou. «Elle cache bien son jeu, s’amuse Pierre-Alain Simon, lithographe, avec lequel elle travaille depuis vingt ans. Quand on la voit, on pourrait croire que c’est une baba cool. Mais c’est une perfectionniste, exigeante avec elle-même et avec les autres. Pour elle, on doit se surpasser. Elle arrive souvent avec des projets qui semblent irréalistes mais, au final, on se rend compte qu’elle avait raison. Plus qu’une graphiste, c’est une artiste!»

Pourtant, c’est une jeune diplômée pugnace et déterminée qui, au milieu des années 1980, force presque la porte des Ateliers du Nord

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DE LA SOBRIÉTÉ AUX TRAINS À VAPEUR

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Rigueur formelle et sensibilité latine. Formal strictness combined with a certain Latin sensitivity.

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Dans son atelier, une ancienne imprimerie, des objets sans lien s’accumulent: des paquets de cigarettes étrangères, des rouleaux de scotch, un vase indien en plastique, une veille armoire à couture qu’elle ne sait comment remplir ou encore des tampons encreurs. Autant de sources d’inspiration qu’elle conserve comme des reliques. Elle collectionne aussi les papiers de boulangerie et d’emballage anciens. «J’ai un côté passéiste, j’aime l’utilitaire, affirme-t-elle. Pour moi, un objet doit servir à quelque chose.» Le travail de Flavia est pourtant extrêmement contemporain. Le secret de sa longévité résiderait,


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Pour la Comédie de Genève, alors en travaux pour huit ans, Flavia Cocchi choisit de mêler les genres. Une police classique Le Corbusier qu’elle mixe à un design inspiré par la signalétique d’un chantier. Elle procède par essais successifs pour arriver au résultat dépouillé de l’affiche finale. For La Comédie, Flavia Cocchi chose a blend of styles for the 8-year project. A classic Le Corbusier font that she incorporates into a design inspired by construction site signs. She tests successive versions before arriving at the stripped-down result of the final poster.

selon elle, dans la sobriété: «Une belle image doit frapper avec très peu d’éléments.» Alors, pour parvenir à ce dépouillement, elle tord ses idées, les complexifie et teste des dizaines de combinaisons, puis elle épure pour enfin arriver au résultat final. «Mes influences typographiques, cette rigueur formelle, viennent clairement de Suisse alémanique, mais j’y associe mon côté latin, la couleur, la finesse des matériaux, une certaine sensibilité aussi. Bref, je suis une minimaliste rieuse!» Et surprenante... Ainsi apprendra-t-on, au détour d’une digression, sa passion pour les trains à vapeur. Un temps, elle partait deux fois par an en Pologne, avec son frère, également graphiste, sur les voies de la dernière grande ligne de train à vapeur. Avec tendresse, elle dépeint ces cheminots d’un autre temps, avec lesquels elle a fini par tisser une amitié solide. La ligne a fermé définitivement l’an dernier. UNE CHOUETTE ÉQUIPE

Avant de se quitter, l’artiste insiste pour s’effacer à nouveau. «Sans mes trois assistants, je n’existe pas. Ils sont très talentueux.» On perçoit de l’affection pour ceux qu’elle nomme tendrement ses «petits», et qui semblent d’ailleurs bien le lui rendre. «Ici, on a une chouette manière de bosser et on a beaucoup de liberté», note Anaëlle Clot, illustratrice et graphiste. Ses jeunes collègues acquiescent. Flavia Cocchi est ainsi. Elle s’épanouit dans le registre intimiste et privilégie la qualité de la relation, avec ses employés comme avec ses clients. Le Beau-Rivage Palace est d’ailleurs l’un de ses rares clients commerciaux. En dix ans de collaboration, elle a su créer l’identité visuelle de l’hôtel en alliant finesse et sobriété. Un climat de confiance mutuelle s’est installé: le socle indispensable à l’éclosion de sa créativité. 

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Flavia Cocchi dans son atelier, une ancienne imprimerie qu’elle occupe depuis quinze ans. Flavia Cocchi in her workshop, a former print works which she has occupied for some fifteen years. Ci-contre, une photo prémonitoire prise par son père à Fano, en Italie. Opposite. A premonitory photo taken by her father in Fano, Italy.

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F L AV I A C O C C H I , CHEERFUL MINIMALISM Flavia Cocchi, the prolific and dazzling native of Lausanne, is a leading ambassador of Swiss graphic design. A typography enthusiast, she has successfully stamped the milieu with a style that is both meticulous and sensual. A meeting in her simple studio. — Text Laetitia Wider / Photos Pierre Vogel

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here is something assuredly child-like in her soul, a kind of playfulness and freshness which shouldn’t at all be confused with naivety. Flavia Cocchi is neither an ingénue nor takes herself seriously. “My name in itself is quite funny. Cocchi sounds a bit like cookie!” She smiles. The Lausanne-based graphic artist played with this sinuous Ticino heritage even on the poster for the exhibition dedicated to her work at the Musée des arts décoratifs in Lausanne (Mudac) in 2012 and the Galerie Anatome in Paris before it. “I played the destructuralist so that it’s not possible to decipher it at first glance.” You detect a kind of modesty, a pathological humility in Flavia, who apparently finds it difficult to talk about Cocchi. She brushes aside her choice of career which she willingly describes as an accident. The School of Decorative Arts in Geneva? Choice by elimination, she wasn’t very academic. Graphic design? She dreamed of being an illustrator but was “rubbish at drawing”.

down!” Accepted for two weeks, she ended up staying for four years. That was where she discovered the power of typography, a passion that has never left her. “The strength of typography is that it can talk as well as, if not better than, a visual,” exclaims the enthusiast. It was alongside Werner Jeker that she forged her own identity. Jeker would congratulate her years later. “He told me, ’it’s good that you have succeeded in not doing Jeker’. That’s a compliment from this man of few words.” At the start of the 1990s, Cocchi answered an urge to travel. She went first to Paris, where she worked for the Anatome communication agency, in particular developing the signage for the Louvre. Then she moved to Italy where she spent a year working at Benetton under the artistic direction of the designer Massimo Vignelli whom she admires. Her professional decisions are governed by her heart.

A WOMAN OF “CHARACTERS”

She is nevertheless a qualified woman, pugnacious and determined, who almost broke down the doors of the Ateliers du Nord in the mid-1980s to work with the famous Werner Jeker. The graphic artist from Solothurn, who is still her absolute reference point, was initially reticent. “I called him every week,” recalls Flavia, “and I eventually wore him

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DISORDERLY WITH DEFINITE OUTLINES

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“She is a woman who has great sensitivity. She has a rare and extremely pronounced taste for life,” confides Christine Ferrier, Head of Communication of la Comédie in Geneva. The two women have worked together since 2011 and are now firm friends. Following a competitive selection process, Flavia won the right to design the new visual identity of the theatre in Geneva. “What immediately

impressed us was her constant search for simplicity, purity and space,” continues Christine Ferrier. “She expresses herself very clearly and with great honesty.” Yet Flavia Cocchi happily admits to being disorderly. She sometimes forgets to pay her bills, her ideas often clash haphazardly, and her hair is vaguely tied into a bun. “There’s more to her than meets the eye,” smiles the lithographer Pierre-Alain Simon, with whom she has worked for twenty years. “When you see her, you’d be forgiven for thinking she plays it cool. But she’s a perfectionist, as demanding of herself as she is of others. She believes we owe it to ourselves to surpass ourselves. She often turns up with projects that seem unrealistic, but in the end you see that she was right. She’s more than a graphic designer; she’s an artist!” FROM SIMPLICITY TO STEAM TRAINS

In her workshop, an old printing works, unrelated objects seem to accumulate: foreign cigarette packets, rolls of Scotch tape, a plastic Indian vase, an old sewing cabinet she doesn’t know how to fill, and a series of ink pads. A whole host of sources of inspiration that she conserves as one might a set of relics. She also collects bakers’ papers and old packaging. “There is a side to me that is anchored in the past, I have a utilitarian approach,” she admits. “I believe an object should serve


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Le style de Flavia allie minimalisme et aplat de couleur. «Cette affiche sur le cinéma d’animation est l’une de mes plus abouties, ma préférée sans doute.» Flavia’s style combines minimalism and the application of flat colour. “This poster relating to animated film is one of my most accomplished, without a doubt my favourite.”

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a purpose.” Flavia’s work is nevertheless highly contemporary. She believes that the secret of her longevity lies in simplicity: “A beautiful image should be striking with very few elements.” So to achieve this process of stripping down, she twists her ideas, makes them more complex and tests dozens of different combinations before refining them to obtain the final result. “My typographical influences, the formal strictness, clearly come from German-speaking Switzerland, but I combine these with my Latin side, with colour, fine materials and a certain sensitivity. In short, I am a cheerful minimalist!” And a surprising one… During a change in tack in the conversation, we learn of her passion for steam trains. At one time in her life, she would go to Poland twice a year with her brother – also a graphic designer – on the last great steam train line. She paints a tender picture of the railwaymen from a bygone era with whom she gradually developed a strong friendship. The line closed for good last year.

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A droite: Dans son atelier, la graphiste accumule une multitude de petits objets sans lien. Ce sont ses sources d’inspiration. In her workshop, the graphic artist has accumulated myriad unrelated little objects. It is from these that she draws her inspiration.

way about her. “Here we have a cool way of working and we enjoy a great deal of freedom,” notes Anaëlle Clot, an illustrator and graphic designer. Her young colleagues agree. That is Flavia Cocchi’s way. She blossoms in intimacy and places an emphasis on the quality of her relationship with her customers. Incidentally, the Beau-Rivage Palace is one of her rare commercial customers. In ten years of collaboration, she has created the visual identity of the hotel, combining finesse and simplicity. A climate of mutual trust has developed – the foundation which allows her creativity to bloom.  BRP_FLYER MG_CAFE_FETEDESMERES_19x19_PRINT.indd 1

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A COOL TEAM

Before we leave her, the artist seizes a final chance to be self-effacing. “Without my three assistants, I’m no one. They are very talented.” We see her affection for her “little ones” as she RAPPORT ANNUEL 2008 lovingly calls them, who seem to feel the same

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BIEN-ÊTRE

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Le service hyper-personnalisé du Beau-Rivage Palace Lausanne, la douceur des soins du Spa Cinq Mondes, les cours de yoga et la proximité du lac Léman contribuent à créer un cadre propice à libérer toute tension mentale et physique. — Texte Emilie Veillon

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ans le contexte politique et économique actuel, il est de plus en plus difficile de lâcher prise. Il faut pour cela un ensemble d’éléments qui convergent vers une détente totale, tant physique que mentale», observe Stéphane Reumont, Spa Manager du Spa Cinq Mondes du Beau-Rivage Palace. Depuis quelques mois, il a lancé plusieurs actions visant à créer un fil conducteur anti-stress. «C’est à la fois très compliqué, les racines du mal étant profondes, et très simple, car les actions à mener sont intrinsèquement liées à nos valeurs de tradition, hospitalité et plaisir, qui n’ont pour but que d’aider notre clientèle à se sentir bien», poursuit celui qui vient d’être nommé Spa Manager de l’année par le magazine Bilanz.

LE DÉCOR

Les nouvelles chambres rénovées et décorées par l’architecte d’intérieur parisien Pierre-Yves Rochon incarnent cet élan de beauté et d’harmonie qui amorce un sentiment de paix 52  REGA R DS n ° 8

intérieure. Notamment grâce aux tons pastel, doux et apaisants qui se retrouvent sur les papiers peints floraux, les teintures murales posées sur molleton ou encore les têtes de lit réalisées sur mesure. Autre facteur de sérénité, les chambres sont toutes en contact avec la nature ou le lac. «Même quand on est assis dos au Léman, ce dernier est visible par effet miroir», assure Samantha Polgar, gouvernante générale au Beau-Rivage Palace. La présence d’un duvet garni de plumes d’oie plutôt qu’une literie classique participe aussi au sentiment de cocon parfumé dans lequel le temps peut ralentir. De plus, le degré élevé de personnalisation des chambres laisse le choix, sur demande, des oreillers, plus ou moins fermes, du style de matelas en fibres naturelles, et permet d’exprimer ses préférences en matière de fleurs, voire de note olfactive des bougies parfumées. «Pour éviter toute transition entre le connu et l’inconnu, nous pouvons recréer les repères de la maison, son ambiance familiale et rassurante. Dans ce sens, il y a toujours des solutions pour atteindre la paix de l’esprit», relève la gouvernante.

Au fur et à mesure des séjours, le paysage intérieur de la clientèle se révèle peu à peu. L’équipe recrée donc naturellement les touches personnalisées du tableau à chacune des venues. ESPRIT ZEN

Initiés cet été, des cours de yoga permettent de travailler la posture et la respiration et, ainsi, un recentrage profond pour une redécouverte de son corps. Conçus pour tous les niveaux, ils s’adressent à toute personne voulant s’incarner pleinement dans l’ici et maintenant, tout en relâchant les tensions du corps, le temps du séjour. En parallèle, des sessions de marche sportive au bord du lac invitent à la découverte de l’environnement direct unique de l’hôtel et de son air pur, par les nombreux itinéraires qui longent le bord du lac ou encore le magnifique parc du Musée olympique voisin. Les petits groupes, de six personnes maximum, sont guidés par un coach professionnel. MASSAGE ET SELFIES

Le lâcher-prise ne saurait être complet sans passer par le Spa Cinq Mondes. Piscines,


WELLNESS

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LET GO The ultra-personalised service at the Beau-Rivage Palace Lausanne, the gentle care provided in the Cinq Mondes Spa, the yoga lessons and the proximity of Lake Geneva help create an ideal setting for releasing all that pent-up mental and physical tension. — Text Emilie Veillon

ESTELLE VAREZZI_CC

“I jacuzzi, pluie tropicale, sauna, hammam et méridiennes isolées sont autant de prétextes pour multiplier les rituels de purification et de repos. Les soins d’exception prodigués par une équipe attentionnée dans des cabines boisées et tamisées prennent le relais. «Nos thérapeutes se mettent à l’écoute de chacun avec empathie pour définir le soin le mieux adapté aux besoins immédiats, que ce soit de la relaxation musculaire, un massage ayurvédique indien tonifiant, un recentrage énergétique, avec le massage taoïste revitalisant, ou la relaxation mentale, à travers un massage traditionnel relaxant», détaille Stéphane Reumont. Parmi les soins phares, le massage aux galets volcaniques, qui alterne les pierres chaudes et froides, vient à bout de toute pollution mentale ou physique. Au gré des mouvements de la masseuse, les sens perdent tout repère entre le doux, le fort, le chaud, le froid. Il s’ensuit un sentiment profond de chute bienheureuse, comme dans un sommeil réconfortant, dont l’intensité est telle qu’il faut plusieurs minutes pour émerger lorsque le carillon de la fin retentit. «La nouvelle tendance consiste à faire un selfie avant et après. Les résultats sont incroyables!» confirme, satisfait, le Spa Manager. 

n the current political and economic climate, it is increasingly difficult to let go. To be able to do this, a series of elements has to converge towards total relaxation, both physical and mental,” observes Stéphane Reumont, Spa Manager of the Cinq Mondes Spa at the Beau-Rivage Palace. Over the past few months, he has initiated several actions aimed at creating a guiding anti-stress thread. “It is both highly complicated, as the roots of evil run deep, and very simple, as the actions to be implemented are intrinsically linked to our values of tradition, hospitality and pleasure solely intended to help our guests enjoy a feeling of wellness,” continues the man who has just been named Spa Manager of the Year by Bilanz magazine.

therefore naturally recreates the personalised touches of the tableau each time a guest visits.

THE DÉCOR

MASSAGE AND SELFIES

The new rooms, renovated and decorated by the Parisian interior decorator Pierre-Yves Rochon, embody this beauty and harmony which trigger a feeling of inner peace. This is achieved in particular through the warm, soothing pastel shades of the floral wallpaper, the wall hangings attached to batting and the bed heads made to measure. The rooms, another factor of serenity, all commune with nature or the lake. “Even if you are sitting with your back to the lake, you can see its reflection,” explains Samantha Polgar, Head of Housekeeping at the Beau-Rivage Palace. The presence of a goose-feather duvet instead of traditional bedding also contributes to the feeling of being in a fragrant cocoon where time slows down. Furthermore, the highly personalised rooms offer guests the possibility of choosing either soft or firm pillows and the type of natural-fibre mattress while also allowing them to express their preferences with regard to flowers or even the fragrance of the scented candles. “To avoid any transition between the known and the unknown, we can recreate reference points from home with its reassuring family atmosphere. There is always a way to achieve peace of mind,” notes the Housekeeper. With every stay, the guest’s inner landscape gradually reveals itself. The team

The process of letting go would not be complete without a visit to the Cinq Mondes Spa. Its pools, Jacuzzi, tropical rain, sauna, Turkish bath and isolated recliners offer every reason to enjoy a series of purification and relaxation rituals. These delights are supplemented by the exceptional care provided by the very attentive spa team in the subdued lighting of the wooden cabins. “Our therapists listen to each guest with empathy in order to determine which care is best suited to their immediate needs, be it muscular relaxation, an invigorating Ayurvedic massage, an energetic refocussing with a revitalising Taoist massage or mental relaxation achieved by means of a traditional relaxing massage,” explains Stéphane Reumont. One of the leading care treatments is a massage using volcanic pebbles and alternating hot and cold stones, thereby eliminating any mental or physical pollution. As the masseuse moves her hands, the senses lose all notion of gentle, strong, hot and cold. This is followed by a profound and blessed feeling of falling into a comforting sleep so intense that it takes several minutes to emerge when the bell chimes for the end of the session. “The latest trend is to take a before-and-after selfie. The results are amazing!” confirms the satisfied Spa Manager. 

A ZEN SPIRIT

Inaugurated this summer, yoga lessons offer guests the chance to work on their posture and breathing in order to achieve a profound refocussing while rediscovering their body. Designed for all levels, these lessons are intended for anyone keen to embrace the here and now while releasing the tension from their physical self during their stay. In parallel to this, energetic walking sessions along one of the numerous circuits along the lake shore or through the magnificent park of the nearby Olympic Museum are a perfect opportunity to discover the unique environment and enjoy the pure air around the hotel. The small groups of no more than six people are accompanied by a professional coach.

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MODE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Marrakech Intense Aesop

Si vous étiez une émotion La sensualité fortuite – Si vous étiez une héroïne Margit dans le film La Femme du V e – Si vous étiez un endroit Une plage corse déserte – Si vous étiez un vêtement Un maillot de bain une-pièce Larcin d’Eres. If you were an emotion Fortuitous sensuality – If you were a heroine Margit in the film The Woman in the Fifth – If you were a place An empty Corsican beach – If you were an item of clothing A one-piece swimsuit Larcin by Eres. www.aesop.com

Calaluna

Collection Le Gemme, Bulgari Si vous étiez une émotion La passion – Si vous étiez une héroïne Cerseï Lannister dans la série Game of Thrones – Si vous étiez un endroit La tour de la cathédrale de Lausanne – Si vous étiez un vêtement Une robe blanche Laure de Sagazan. If you were an emotion Passion – If you were a heroine Cersei Lannister in the series Game of Thrones – If you were a placeThe tower of the cathedral of Notre Dame, Lausanne – If you were an item of clothing A white dress by Laure de Sagazan.

PARFUMS, QUI ÊTES-VOUS? Il y a des parfums que l’on porte pour soi. Ils réveillent des émotions enfouies et induisent un état d’esprit qui nous correspond. Sans parler, ils disent pourtant bien des choses. Autoanalyse proustienne de quelques jus fabuleux. — Texte Sarah Jollien-Fardel

Teint de Neige Lorenzo Villoresi

Si vous étiez une émotion La retenue – Si vous étiez une héroïne Mademoiselle Chambon dans le film du même nom – Si vous étiez un endroit La Cinémathèque suisse à Lausanne – Si vous étiez un objet Un poudrier ancien. If you were an emotion Restraint – If you were a heroine Mademoiselle Chambon in the film of the same name – If you were a place The Cinémathèque suisse in Lausanne – If you were an object An antique powder compact. www.lorenzovilloresi.it

Portrait of a lady

Editions de parfums Frédéric Malle Si vous étiez une émotion Le frisson amoureux – Si vous étiez une héroïne Bénédicte Ombredanne dans le livre L’Amour et les Forêts d’Eric Reinhardt – Si vous étiez un endroit Une maison vigneronne à Lavaux – Si vous étiez un vêtement Une blouse lavallière Alice + Olivia. If you were an emotion A lover’s thrill – If you were a heroine Bénédicte Ombredanne in the book L’Amour et les Forêts by Eric Reinhardt – If you were a place A vineyard house in Lavaux – If you were an item of clothing A pussybow blouse by Alice + Olivia. www.fredericmalle.com

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SAMUEL RUBIO / CINÉMATHÈQUE SUISSE, MOVIESTILLSDATABASE, FOTOLIA, DR

www.bulgari.com


VIVE ELLE LA NOUVELLE COLLECTION DE BIJOUX ORNÉS DE DIAMANTS CRÉÉE PAR L’ATELIER BUCHERER

Un design délicat dans l’esprit Art déco, hommage à la beauté et à l’éclat des Années folles.

HORLOGERIE BIJOUTERIE JOAILLERIE Lausanne 1, Rue de Bourg | bucherer.com


MODE

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Sunday Cologne BYREDO

Vetiver Véritas James Heeley

Si vous étiez une émotion La sincérité – Si vous étiez un héros Raymond Reddington dans la série The Blacklist – Si vous étiez un endroit Le Musée de l’Elysée, à Lausanne – Si vous étiez un vêtement Un costume classique de Dries Van Noten. If you were an emotion Sincerity – If you were a hero Raymond Reddington in the series The Blacklist – If you were a place The Musée de l’Elysée in Lausanne – If you were an item of clothing A classic suit by Dries Van Noten.

Si vous étiez une émotion Le lâcher-prise – Si vous étiez un héros Doc Sportello dans le film Inherent Vice – Si vous étiez un endroit Le Habana Bar à Lausanne – Si vous étiez un objet Une moto Café racer imaginée par Blitz Motorcycles. If you were an emotion Abandon – If you were a hero Doc Sportello in the film Inherent Vice – If you were a place The Habana Bar in Lausanne – If you were an object A Café racer motorbike dreamt up by Blitz Motorcycles. www.byredo.com

www.jamesheeley.com

There are perfumes we wear for ourselves. They reawaken emotions buried deep within us and foster a state of mind that echoes our inner self. Without breathing a word, they nevertheless say a great deal. A Proustian self-analysis of a selection of some magnificent essences. — Text Sarah Jollien-Fardel

Cuir Ottoman Parfum d’Empire

Si vous étiez une émotion La mélancolie – Si vous étiez un héros Brandon Sullivan dans le film Shame – Si vous étiez un endroit La ville de Matera, en Basilicate – Si vous étiez un objet Une montre Kalpa XL de Parmigiani Fleurier. If you were an emotion Melancholy – If you were a hero Brandon Sullivan in the film Shame – If you were a place The city of Matera in Italy’s Basilicata region – If you were an object A Kalpa XL watch by Parmigiani Fleurier. www.parfumdempire.com

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Black Dianthus Il Profvmo

Si vous étiez une émotion La détermination – Si vous étiez un héros Le marshal Rooster Cogburn dans True Grit – Si vous étiez un endroit L’hôtel Riffelalp à Zermatt – Si vous étiez un objet Des gants en cuir de la maison Causse. If you were an emotion Determination – If you were a hero Marshal Rooster Cogburn in True Grit – If you were a place The Hotel Riffelalp in Zermatt – If you were an item of clothing Leather gloves by Causse. www.ilprofvmo.com

MOVIESTILLSDATABASE, FOTOLIA, DR

PERFUMES, WHO ARE YOU?


1, R U E D E B O U R G – 1 0 0 3 L A U S A N N E – B U C H E R E R . C O M


SWISS LUXURY

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Précieux points de vue Spectaculaire, la vue sur le lac et les montagnes depuis Lausanne a le pouvoir de vous emmener au septième ciel en un seul coup d’œil. Mais on n’atteint pas l’extase sans effort. Alors, par ciel bleu ou temps de pluie, partez à la découverte du trésor des Lausannois. The spectacular view over the lake and the mountains from Lausanne has the power to take you to seventh heaven in the blink of an eye. But this emotional high is not achieved without a little effort. So under blue skies or in the rain, set out in search of the local treasure. — Texte Leila Klouche / Illustrations Clémence Anex

G

ratuite, elle appartient à tout le monde. Et pourtant, les Lausannois sont prêts à payer très cher pour en avoir un tout petit morceau depuis chez eux. Nombreux sont ceux qui ne quitteraient pour rien au monde leur 30 m2 dont le balcon, accroché à la ville, surplombe 180° d’un spectacle fascinant à toute heure, chaque jour et à chaque saison. La lumière et la couleur du lac, rose, argent, noir, bleu lagune, vert océan, changent, ainsi que la découpe des montagnes qui, tels les personnages d’un théâtre, sont parfois riantes, parfois hurlantes. Aimer Lausanne, c’est aimer ce qu’elle a de plus précieux: sa vue. It is free and belongs to everyone. Yet the inhabitants of Lausanne are willing to pay a great deal to enjoy just a little of it from their own home. Very few of them would be prepared to abandon their 30 m2 apartment for anything in the world, with a balcony overlooking a fascinating sight at any time of day and in any season. The light and colour of the lake – pink, silver, black, Caribbean blue and ocean green – change along with the outlines of the mountains rather like characters in a play, sometimes laughing, sometimes screaming. Loving Lausanne means loving its most valuable asset: its view.

Rendez-vous Bien connu des amoureux et des adolescents, sous ses airs d’aristocrate, ce jardin offrant une vue sublime est à la fois un vrai parc de quartier et un lieu connu du monde de l’art. Rattaché au beau Musée de l’Elysée, il invite à des retrouvailles pour s’embrasser et s’instruire… Pourquoi pas?

Rendez-vous

A familiar haunt for lovers and teenagers, this garden with its aristocratic air boasting sublime views is both a real neighbourhood park and a place known to the world of art. Adjacent to the attractive Musée de l’Elysée, it is the perfect place to meet for a lover’s kiss and a little culture to boot… And why not? Parc de l’Elysée, avenue de l’Elysée 18

Jardin secret Cet endroit est confidentiel. A l’écart de la verticale nord-sud, seuls quelques riverains connaissent cette placette entourée de vignes et de pierres sèches. C’est une bulle hors de la ville. La vue sur le lac se découpe dans la verdure. Il faut s’y asseoir et lire du Ramuz.

Secret garden

This place is confidential. Away from the north-south vertical, only a few residents are familiar with this little square surrounded by vines and dry stones. It is a little bubble outside the city walls. The view over the lake is surrounded by greenery. Take a seat and read some Ramuz. Parc Languedoc, chemin du Languedoc

Virtuel Le Beau-Rivage Palace n’est pas un point de vue, il est dans la vue. Le lac et les montagnes sont un décor à l’extravagance peu helvétique. On les voit, comme un tableau de Vallotton, depuis sa chambre. Sur la terrasse du Lobby Lounge, le cirque alpin se reflète dans votre thé. Et lorsque l’on se balade sur les quais, un vol de cygnes nous rappelle ce qu’est le bonheur, tout simplement.

Virtual

The Beau-Rivage Palace is not a viewing point; it is part of the view. The lake and the mountains provide an extravagant setting in a country not renowned for its extravagance. You can see them from your room like a painting by Vallotton. On the terrace of the Lobby Lounge, the reflection of the Alpine cirque shimmers in your tea. And when you stroll along the shore, a flock of swans reminds us quite simply what happiness really is. Beau-Rivage Palace, place du Port 17

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SWISS LUXURY

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Anne, ma sœur Anne Au milieu de la forêt de Sauvabelin se trouve une tour en bois dont les 302 marches vous mèneront assez haut pour voir les Alpes, le Jura et le Plateau (où, comme dans le conte de Perrault, le soleil poudroie et l’herbe verdoie). 360° d’une vaste vue pleine de surprises qui, tantôt bucolique, tantôt urbaine, vous révélera la ville sous un autre jour.

O Anne, my sister Anne

In the middle of the Sauvabelin Forest stands a wooden tower with 302 steps taking visitors high enough to see the Alps, the Jura and the Plateau (where, like in Perrault’s fairy tale, the sun makes dust and the grass is green). A sweeping 360° view full of surprises which, now pastoral and now urban, shows the city in a different light. Tour de Sauvabelin, forêt de Sauvabelin

Voyage en 1240 Entrer dans la cathédrale de Lausanne est une expérience mystique en soi, mais grimper la centaine de marches qui vous conduit à la tour du beffroi est une sorte de voyage dans le temps. C’est peut-être la fameuse mollasse qui force ainsi l’esprit médiéval de cette ascension (tout de même sportive). Depuis là-haut, la ville apparaît si belle et si douce que la vie elle-même semble moins grave après tout.

A journey back to the year 1240

Entering Lausanne cathedral is a mystical experience in itself but climbing the hundred steps to the bell tower is a kind of journey through time. It is perhaps the famous molasse that conjures up the medieval spirit of the climb (which is also somewhat energetic). From the top, the city looks so attractive and so gentle that life itself doesn’t seem quite so serious after all. Cathédrale de Lausanne, place de la Cathédrale

Mindfullness Si vous souhaitez méditer une question difficile ou donner un cadre à une émotion naissante, montez au parc de l’Hermitage. Là-haut, les arbres centenaires, le musée et la campagne composent un promontoire luxueux sur une vue des plus apaisantes, cadrée sur la cathédrale, la vieille ville et les montagnes.

Mindfulness

If you want to ponder a difficult question or frame a burgeoning emotion, head for the Hermitage Park. Up there, the hundred-yearold trees, the museum and the countryside form a luxurious promontory offering one of the most soothing vistas of the cathedral, the old town and the mountains. Fondation de l’Hermitage, route du Signal 2

Lac Méditerranée Après tant de montées et de descentes, un peu de repos s’impose. Depuis la Table d’Edgard, au Lausanne Palace & Spa, la baie vitrée offre un point de vue sur l’ouest et le bout du lac. La lumière y est chaude et le lac, vu dans sa diagonale, rappelle la mer. La cuisine du soleil d’Edgard Bovier renforce encore cette impression maritime, à faire chanter les cigales.

Mediterranean lake

After so much climbing up and down, a little rest is in order. From la Table d’Edgard at the Lausanne Palace & Spa, the bay window offers a view westwards towards the end of the lake. The light is warm and the diagonal view over the lake is reminiscent of the sea. The sun-drenched cuisine of Edgard Bovier enhances this maritime feeling even further, giving the cicadas reason to sing. Palace de Lausanne, Rue du Grand-Chêne 7

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EVENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

n i d r a j e L s e c i l é d des Comme chaque année en septembre, le Beau-Rivage Palace invitait ses partenaires institutionnels à fêter la rentrée. Cette année, féeries et gourmandises étaient au programme d’une après-midi familiale et joyeuse dans les jardins. Every September, the Beau-Rivage Palace invites its institutional partners to celebrate the end of the summer holidays. This year’s programme involved an afternoon of merriment with families enjoying enchanting delicacies in the gardens. Texte Leila Klouche / Photos Pierre Vogel et Anthony Demierre

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EVENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Nathalie Seiler-Hayez et François Dussart, Beau-Rivage Palace SA.

La présentatrice télé Mélanie Freymond était accompagnée de son fils Maxence: «Une petite bulle de joie hors du temps.» The TV presenter Mélanie Freymond was present with her son Maxence: “A timeless little bubble of joy.”

Bébert a eu bien du mal à faire faire à Lolo tous les tours exigés, pour le plus grand bonheur des petits. Bébert had great difficulty in performing all the magic tricks with Lolo, much to the amusement of all the children.

Sarah Noël, Philip Morris International.

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Isabelle Gilliard-Dubois, Responsable Marketing et Communication Clinique Hirslanden.

Valérie De Corte (à droite), Ecole Hôtelière de Lausanne, avec sa sœur et son neveu.


EVENT

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Les animations étaient organisées par l’agence World Events Consulting. The festivities were organised by the agency World Events Consulting.

Myriame Dubi, Aleydis.

A

Annie Cui, Swiss Cellnova, et Regina Lai, Beau-Rivage Palace.

peine accueillis par des êtres sylvestres aux allures fantastiques, les convives, coiffés de leur panama, découvraient un monde merveilleux. Les jardins du BeauRivage Palace, avec leurs pins et leur vue sur le lac et les Alpes, prêtaient leur décor somptueux à toutes sortes d’animations aussi attrayantes pour les enfants que pour leurs parents. Photo Booth, atelier d’imprimerie, spectacle de magie, dégustations de vins et de macarons ou atelier de modélisme ont rythmé une après-midi conviviale et joyeuse. Les plus téméraires ont même pu survoler la situation depuis la tyrolienne installée dans les arbres. After being welcomed by fantastical botanical beings, the panama-toting guests discovered an amazing world. With their pine trees and views over the lake and the Alps, the gardens of the Beau-Rivage Palace provided a stunning setting for all types of events enjoyed by children and parents alike. A photo booth, printing workshop, magic show, modelling workshop and wine and macaroon tastings set the tone for a convivial and merry afternoon.The most daring guests could even enjoy a bird’s-eye view of the event from a zip-wire in the trees.

Pierre Keller, Président de l’Office des vins vaudois.

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AGENDA

Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

GET WITH THE

PROGRAMME! Freitag ad absurdum

Mudac Connaissez-vous la célèbre marque suisse de sacs recyclés Freitag? Que la réponse soit oui ou non, cette exposition saura vous intéresser. Les frères Freitag partent à la rencontre des utilisateurs de leurs sacs. Associés aux artistes jumeaux Frank & Patrik Riklin, ils abordent des thèmes fondamentaux tels que l’exploitation des ressources, l’interaction sociale et une manière de penser et d’agir fondée sur les cycles. Do you know Freitag, the famous Swiss brand of recycled bags? Whether your answer is yes or no, you are sure to find this exhibition interesting. The Freitag brothers take to the streets to meet the users of their bags. Working in conjunction with the twin artists Frank & Patrik Riklin, they explore fundamental themes such as the use of resources, social interaction and a manner of thinking and acting based on cycles.

Citizen Jobs

Théâtre de Vidy Lausanne Jean-François Peyret tire un portrait scénique du fondateur d’Apple, Steve Jobs, l’ex-hippie devenu capitaine d’industrie révolutionnaire. Portée par le formidable comédien Jos Houben, Citizen Jobs est une réflexion théâtrale sur l’ingéniosité humaine. Jean-François Peyret draws a scenic portrait of the founder of Apple, Steve Jobs, the former hippie turned revolutionary captain of industry. Performed by the wonderful actor Jos Houben, Citizen Jobs is a theatrical reflection on human ingenuity. 19.01.2016 – 29.01.2016 www.vidy.ch

Swiss Press Photo 15

Château de Prangins L’exposition présente les meilleures photos de presse suisses de l’année 2014, dont le reportage d’Yvain Genevay,

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photographe Swiss Press de l’année, relatant l’histoire d’une famille de réfugiés syriens. The exhibition presents the best Swiss press photos of 2014. In particular, the exhibition includes the report by Yvain Genevay, Swiss Press Photographer of the Year, telling the story of a family of Syrian refugees. 06.11.2015 – 31.01.2016 www.chateaudeprangins.ch

Mélancolie des pierres

Fondation Pierre Arnaud Venue d’Allemagne et d’Angleterre, la vague romantique qui déferle sur l’Europe dans les dernières décennies du XVIIIe siècle s’accompagne d’une conscience aiguë de la destinée humaine et de la condition éphémère de toute chose, y compris la nature. Cette exposition rassemble des œuvres d’artistes romantiques européens tels qu’Alexandre Calame, Gustave Doré, Francisco Goya, Victor Hugo, John Ruskin... Born in Germany and England, the romantic wave that engulfed Europe in the final decades of the 18th century was accompanied by a heightened awareness of human destiny and the ephemeral condition of everything, even nature. The exhibition brings together numerous works by European romantics including

Alexandre Calame, Gustave Doré, Francisco Goya, Victor Hugo, John Ruskin and many more.

le plus grand ensemble d’œuvres de Paul Signac (1863-1935) conservé en mains privées. Près de 140 peintures, aquarelles et dessins constituent une initiation aux harmonies chromatiques du maître néoimpressionniste et une belle invitation au voyage. Brought together by a dedicated family of enthusiasts, this fantastic collection represents the largest body of works by Paul Signac (1863-1935) in private hands. Almost 140 paintings, watercolours and drawings provide an initiation into the master neo-impressionist’s chromatic harmonies and invite the visitor to take a special journey.

19.12.2015 – 17.04.2016 www.fondationpierrearnaud.ch

L’anonymat d’aujourd’hui

Musée de l’Elysée L’exposition explore les différentes formes d’anonymat que la ville impose aux citadins. Par différentes approches, les photographes révèlent les ambiguïtés de la vie urbaine. Simultanément, Point of View mettra en avant les reportages du photographe suisse Werner Bischof (1916-1954). The exhibition explores the different forms of anonymity that the city imposes on its dwellers. Using different approaches, the photographers reveal the ambiguities of urban life. At the same time, Point of View will shed light on the reports of the Swiss photographer Werner Bischof (1916-1954).

29.01.2016 – 22.05.2016 www.fondation-hermitage.ch

27.01.2016 – 01.05.2016 www.elysee.ch

Signac, une vie au fil de l’eau

Fondation de l’Hermitage Réunie par une famille de passionnés, cette fantastique collection représente

DR

SU SHENG, LILI WEI

PAOLO PELLEGRIN

10.10.2015 – 28.02.2016 www.mudac.ch


© Tdh/Ollivier Girard - Burkina Faso

Terre des hommes, c’est vous ! 86% Terre des hommes est la plus importante organisation suisse d’aide à l’enfance. Depuis 55 ans Terre des hommes s'engage dans les quatre coins du monde pour les enfants, pour qu’ils puissent grandir dans de meilleures conditions de vie et aient un meilleur avenir. Notre organisation est particulièrement active dans les domaines de la santé et de la protection de l’enfant. Nous sommes en contact direct avec des bailleurs divers, tels des fondations, cantons et villes, entreprises, mécènes, grands donateurs, family offices, fiduciaires, notaires et avocats. Que ce soit avec une contribution liée à un projet, un don libre à disposition ou anonyme, en mentionnant Terre des hommes dans un testament personnel, notre secteur Philanthropie est à votre écoute ou celle de votre clientèle pour un projet de soutien à l’aide à l’enfance.

des sommes récoltées sont directement affectées à nos programmes, donc aux enfants. Les frais administratifs sont limités au strict nécessaire.

2,1 mio.

de bénéficiaires en 2014.

36

pays d’intervention.

Pour recevoir de plus amples informations, veuillez contacter le responsable du secteur Philanthropie, Vincent Maunoury, T +41 58 611 07 86, vincent.maunoury@tdh.ch

Notre mission.

Nous améliorons concrètement et de façon durable la condition des enfants les plus vulnérables :

en leur apportant un soutien direct

en agissant avec eux et leurs familles pour que leurs droits soient respectés

en renforçant les communautés et les institutions pour leur permettre de répondre à leurs besoins

en soutenant ces activités par des actions de plaidoyer

« Un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable. » Article premier de la Convention relative aux droits de l’enfant

Siège | Hauptsitz | Sede | Headquarters Avenue de Montchoisi 15, CH-1006 Lausanne T +41 58 611 06 66, F +41 58 611 06 77 E-Mail : info@tdh.ch, CCP/PCK : 10-11504-8


No 8 Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Le magazine du Beau-Rivage Palace et de la banque Landolt & Cie SA

No 8 Automne Hiver – Fall Winter 2015 / 2016

Developpement

A new adventure

CLÉ DE CARTIER Nouvelle Collection

Lausanne - 1, place de la Palud - +41 (0)21 312 68 86

Le magazine du Beau-Rivage Palace et de la banque Landolt & Cie SA

Rencontre

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Gastronomie

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