Influx Automne 2019 - Médecine et Politique

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Est-ce que médecine rime avec politique? Par Chloé Bernier Qu’ont en commun Gaétan Barrette, Amir Khadir, Yves Bolduc et Hélène Daneault? Ce sont tous des médecins qui ont décidé de plonger dans l’inconnu et de s’engager dans notre politique québécoise. Pourtant, à première vue, la médecine et la politique sont deux disciplines assez éloignées l’une de l’autre. Alors, pourquoi voit-on de plus en plus de médecins se diriger vers l’Assemblée Nationale? Il faut s’entendre que c’est un sacrifice de mettre sa carrière sur la glace pour aller séduire les électeurs en ne sachant pas d’avance le résultat que ça peut donner. C’est un gros risque à prendre pour un médecin qui gagne un bon salaire et qui a une certaine reconnaissance de la part de la population, puisque la situation bascule complètement lors de l’entrée en politique. En effet, selon Yves Bolduc, ministre de la santé sous le gouvernement Charest, son salaire « a fondu de deux tiers »1. Aussi, la notoriété professionnelle acquise est souvent perdue à cause de controverses rapportées par les médias. Ce changement est souvent très abrupt, car la médecine est l’une des professions les plus respectées : les médecins passent donc de personnes admirées à des personnes peu dignes de confiance en un temps record. De plus, une fois la carrière politique finie, il est pratiquement impossible pour eux de reprendre leur travail. Alors, pourquoi prendre tous ces risques et sortir à ce point de sa zone de confort?

Source : ici.radio-Canada.ca

Selon moi, cela traduit un profond vouloir d’aider, car les médecins qui s’engagent en politique ne le font clairement pas pour l’argent. L’importante baisse du salaire explique probablement leur faible pourcentage à l’Assemblée Nationale. Par contre, ceux qui ont assez de courage pour le faire évoquent des raisons bien différentes. Pour M. Bolduc, c’était pour le souhait de faire « avancer le système de santé »1 qu’il s’est lancé en politique. Dans le cas de l’ancien porte-parole de Québec Solidaire, Amir Khadir, c’était pour «se diriger vers une société plus égalitaire »1. D’autres disent plutôt que c’est pour relever un défi personnel ou pour s’épanouir davantage. D’ailleurs, Camille Laurin, le père de la loi 101 au Québec, était psychiatre. Quoi qu’il en soit, l’implication des médecins en politique n’est pas quelque chose qui passe inaperçu. La profession juridique et le monde des affaires sont amplement représentés à l’Assemblée Nationale. Pourquoi ne serait-ce pas le cas des médecins aussi? Mais est-ce que les médecins ont toujours fait partie de la vie politique? Il est intéressant de savoir que depuis les premières élections ayant eu lieu au Québec en 1752, 152 médecins se sont impliqués dans le gouvernement québécois1. Depuis cette date, ceux-ci ont représenté 6,3% des élus, ce qui n’est quand même pas négligeable1. Parmi les différents postes offerts, c’est celui de ministre de la santé qui semble le plus attirant pour les membres du Collège des Médecins. En effet, durant les dix années qui ont précédé le gouvernement caquiste que nous connaissons actuellement, seulement des médecins ont occupé ce poste1. Est-ce qu’il s’agirait d’une nouvelle tendance? Être diplômé du Collège des Médecins confère toutefois certains avantages. Lors des décisions politiques importantes, ils ont l’avantage de pouvoir ranger leur profession et leur ordre professionnel de leur côté, ce qui augmente le poids de leur opinion


dans la balance décisionnelle. Ils ne peuvent pas faire avancer davantage le processus législatif, mais en raison de leur notoriété sociale, leur opinion a souvent un poids supérieur dans la décision finale. Il n’y aurait pas de profil typique pour entrer en politique, il faut surtout un vouloir d’aider alors que les compétences nécessaires s’acquièrent au fur et à mesure de la formation professionnelle. Bien sûr, un médecin doit être en mesure de convaincre, de développer des idées et des projets s’il veut être un bon politicien. Comme l’a si bien dit M. Khadir « celui qui excelle en médecine pour des raisons propres à ce métier, qui est habile en relation d’aide, mobilisateur autour d’objectifs communs, excellera en politique pour les mêmes raisons »1. Toutefois, certains déplorent qu’avoir un médecin comme ministre de la santé pose un certain conflit d’intérêts. Bien que celui-ci ait toutes les compétences nécessaires pour savoir comment orienter les décisions prises pour notre système public, est-ce qu’il agit en toute honnêteté lorsqu’il est question d’augmentation du salaire de sa profession? Les médias semblent dire que non et nous exposent souvent à des données comparatives entre le salaire des médecins spécialistes québécois et celui des Canadiens. C’est un sujet qui a fait beaucoup jaser, surtout lorsque le duo Gaétan Barrette-Philippe Couillard était en poste. Il est certain qu’en ayant un neurochirurgien comme premier ministre et un radiologiste comme ministre de la santé, leur opinion a un gros poids dans cet enjeu. C’est loin d’être un sujet qui fait l’unanimité; il divise beaucoup la population. D’ailleurs, le

gouvernement Legault veut rectifier l’entente du gouvernement libéral et diminuer le salaire des médecins spécialistes à 9% sous la moyenne canadienne afin d’augmenter la rémunération des autres professionnels de la santé2. C’est à réfléchir… L’implication des médecins en politique sera toujours un sujet chaud en raison de la vision sociétale de la profession. La politique a beaucoup évolué au fil des années et de plus en plus de jeunes s’engagent dans leur communauté et souhaitent des changements concrets. La marche pour le climat ayant eu lieu le 27 septembre dernier en est un très bon exemple. Les jeunes réclament aussi des changements en lien avec l’accessibilité aux soins de santé et les prochains ministres auront du pain sur la planche.

Marche pour le climat à la ville de Sherbrooke, 27 septembre. Source : ici.radio-Canada.ca

Rien n’oblige que le poste de ministre de la santé soit occupé par un médecin. Selon moi, une infirmière, un pharmacien ou tout autre professionnel qui a une bonne connaissance des déterminants sociaux de la santé pourraient faire un tout aussi bon travail.

Références LECAVALIER, Charles. « La CAQ veut fixer le salaire des médecins spécialistes à 9% sous la moyenne canadienne ». Le journal de Québec, [Site Web]. Adresse URL : https://www.journaldequebec.com/2019/10/02/la-caq-veut-baisserdavantage-le-salaire-des-medecins-specialistes (page consultée le 18 octobre 2019). SABOURIN, GUY. « Médecins et politique », SantéInc., [Site Web]. Adresse URL : https://www.journaldequebec.com/2019/10/02/la-caq-veut-baisser-davantage-le-salaire-des-medecinsspecialisteshttps://santeinc.com/2013/03/medecins-et-politique/https://ici.radiocanada.ca/nouvelle/1146753/revenu-moyen-nombre-medecins-specialistes-omnipraticiens-quebechttps://ici.radiocanada.ca/nouvelle/1320378/mobilisation-climat-planete-changements-climatiques-sherbrooke-marche (page consultée le 18 octobre 2019). Images


Nouveaux pouvoirs pour des professionnels du domaine de la santé : qu’est-ce que ça veut dire ? Par Laurence Fleury-Deland Les champs de compétences ou d’exercice, un concept peu abordé dans la formation médicale, constituent tout-de-même un sujet essentiel à saisir lors de la pratique de l’exercice médical, afin de travailler en équilibre avec les autres professionnels de la santé. Par définition, il s’agit du regroupement des compétences ou des gestes associées à un domaine ou une profession. La profession médicale est une profession à exercice exclusif dont plusieurs exercices sont connus de tous : établir le diagnostic du problème biologique ou psychologique du patient, établir le plan de traitement, etc. Le respect des champs d’exercice établis est important afin que les différentes professions n’empiètent pas les unes sur les autres. Toutefois, avec le temps, les besoins de la société changent et les champs d’exercices se modifient afin de pallier ces besoins grandissants. Quels sont les changements récents au code des professions et quels en sont les effets potentiels pour les médecins ? Une première modification au code des professions est le projet de loi 29 qui concerne les hygiénistes dentaires. Les effets de ce changement seront plutôt indirects pour le médecin, comme les activités de ce dernier sont distinctes de celles des hygiénistes dentaires. Les conséquences pourraient se faire plus sentir du côté des dentistes. L’Ordre des dentistes a cependant réagi de façon positive lors de l’annonce de la nouvelle, en soulignant que cela aurait des effets positifs au niveau de la prévention auprès de la clientèle plus vulnérable. En effet, les changements visent principalement les enfants d’âge scolaire et les aînés. Ils permettront aux hygiénistes de leur offrir, sans intermédiaire, des services de prévention et d’hygiène buccodentaire.

Source : Lelibrepenseur.org

Une autre rectification qui a entré en vigueur touche la loi 41 et implique les pharmaciens. Ces derniers pourront désormais vacciner les personnes de six ans et plus, ce qui a le potentiel d’augmenter l’étendue de la couverture des vaccins. Ils pourront aussi ajuster ou prolonger des ordonnances, ainsi que prescrire et interpréter des analyses de laboratoire. Les principaux effets de ce changement ne visent pas les autres professionnels de la santé, mais plutôt la population. Le but ultime est d’améliorer l’accessibilité et la continuité des soins pour la population. Malgré les nouvelles responsabilités accordées aux pharmaciens, le médecin demeure unique en son pouvoir de diagnostiquer les patients (si vous continuez à lire jusqu’au prochain paragraphe, vous réaliserez que je me contredis dans cet article). Les nouveaux pouvoirs des pharmaciens impliquent une communication plus étroite avec les médecins afin de bien faire le suivi des patients. Ça pourrait également diminuer le nombre de consultations pour des motifs « simples », tel qu’un suivi non problématique avec renouvellement de médicaments. Pour tout cas plus complexe ou avec des signaux d’alarmes, les pharmaciens doivent diriger le patient vers un médecin. Les patients avec des cas lourds ou des comorbidités seront donc toujours suivis de près par un médecin. Comme les changements effectués au niveau des hygiénistes dentaires, ces changements ont également été


accueillis de façon positive, considérant que les pharmaciens possèdent les connaissances nécessaires pour offrir ces services supplémentaires.

Nouveaux pouvoirs des pharmaciens : • Prescrire et administrer des vaccins • Prescrire des médicaments en vente libre pour qu’ils soient remboursés par la RAMQ • Ajuster ou prolonger une ordonnance • Cesser une thérapie médicamenteuse selon une ordonnance • Prescrire et interpréter des analyses de laboratoire

Plus récemment, une réforme des champs d’exercices qui a fait les manchettes est celui qui concerne les infirmières praticiennes spécialisées (IPS). Ces infirmières, qui sont environ 600 à l’heure actuelle au Québec, et dont le nombre augmentera significativement dans les prochaines années, sont titulaires d’un diplôme universitaire de deuxième cycle. Elles ont donc des connaissances et une expertise qui peuvent être mises au profit de la population québécoise. Au printemps, le Collège des médecins du Québec s’est affiché favorable à ce que les IPS aient plus de pouvoirs, dont ceux de diagnostiquer des maladies courantes ou chroniques (oui, oui; diagnostiquer, ce n’est donc plus un exercice exclusif aux médecins, mais on parle de certains problèmes de santé prédéterminés), déterminer des traitements médicaux et faire le suivi de certaines grossesses. Ces changements, qui ont encore pour but d’améliorer l’accès aux soins à la population, ont été accueillis de façon positive par le public. Pour les médecins, ça veut encore dire moins de consultations « simples », pour des maladies chroniques courantes qui sont bien contrôlées. Ça implique aussi moins de paperasse administrative à remplir, par exemple un certificat de retrait préventif pour un travailleur qui aurait été exposé à un contaminant. Les modifications au Code des professions devraient permettre de libérer

les médecins afin de leur permettre de voir les cas plus complexes avec des comorbidités. Selon la ministre de la santé, ces changements pourraient permettre de doubler le nombre de patients suivis par les médecins. Sinon, un enjeu économique qui est soulevé par cette modification est celui de la prime de 30 000 $, qui était offerte aux groupes de médecine de famille encadrant une IPS. À ce jour, il n’est pas encore certain de ce qu’il adviendra à cette prime, mais plusieurs pensent qu’elle ne s’appliquera plus. Malgré tout, la majorité des québécois pense que cette mesure permettra aux IPS d’exercer les activités au maximum de leurs compétences. Elle est donc vue d’un bon œil.

Nouveaux pouvoirs des infirmières praticiennes : • Diagnostiquer les maladies courantes • Diagnostiquer les maladies chroniques • Déterminer des traitements médicaux • Faire un suivi de certaines grossesses • Signer des documents administratifs • Débuter des traitements pour le diabète, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’asthme, les maladies obstructives chroniques et l’hypothyroïdie

Après avoir promis plus de responsabilités aux IPS, le gouvernement Legault considère d’offrir plus de pouvoirs à l’ensemble des infirmières bachelières de la province, qui représentent presque 44% de l’ensemble des infirmières. Dans la communauté médicale, l’engouement est moins présent pour cette annonce. On mentionne, entre autres, la formation insuffisante des infirmières bachelières et le fait que celles-ci sont déjà trop débordées pour qu’on leur attribuer des responsabilités supplémentaires. Est-ce qu’il y aura donc des changements d’exercices du côté des infirmières bachelières ? Et qu’est-ce que cela impliquerait pour les médecins ? Seul l’avenir et les besoins changeant de la population nous le dirons !


Références Collège des médecins du Québec (25 novembre 2013), Loi 41 Guide d’exercice Les activités réservées aux pharmaciens [Site Web]. Adresse URL : http://www.cmq.org/publications-pdf/p-1-2013-11-25-fr-activites-reserveesaux-pharmaciens-loi-41.pdf (consulté le 11 octobre 2019) Collège des médecins du Québec (4 juillet 2017), La profession médicale [Site Web]. Adresse URL : http://www.cmq.org/page/fr/la-profession-medicale.aspx (consulté le 11 octobre 2019) Élisabeth Fleury (2019, juin), « Plus d’autonomie aux hygiénistes dentaires : les chirurgiens-dentistes s’opposent au projet de loi 29 », Le Soleil [Périodique], Le Soleil, https://www.lesoleil.com/actualite/plus-dautonomie-auxhygienistes-dentaires-les-chirurgiens-dentistes-sopposent-au-projet-de-loi-29-775e6819fbf7008900302435929db6bc (consulté le 11 octobre 2019) Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (2019), Profil des compétences [Site Web]. Adresse URL : https://www.oiiaq.org/profil-des-competences (consulté le 11 octobre 2019) Patrick Bellerose (2019, octobre), « Nouveaux pouvoirs des super infirmières : fin de la prime aux médecins ?», Le Journal de Québec [Périodique], Le Journal de Québec, https://www.journaldequebec.com/2019/10/09/les-nouveauxpouvoirs-des-super-infirmieres-devoiles (consulté le 11 octobre 2019) Tommy Chouinard (2019, mai), « Les super infirmières auront plus de pouvoirs», La Presse[Périodique], La Presse, https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201905/01/01-5224199-les-super-infirmieres-auront-plus-de-pouvoirs.php (consulté le 11 octobre 2019)


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2018-11-14 Épreuve #3 - FINALE 100!%

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Débat sur l’avortement c. société moderne : estce désuet? Par Alexandra Nica 1923. Il naît à Lódz, en Pologne, dans une famille d’origine juive.

1939. Sa ville natale est envahie. Son père, comme

des milliers d’autres victimes, décède aux mains de la Gestapo. Le reste de sa famille déménage de force dans le ghetto de Lódz. Sa sœur, par chance, s’échappe des mains des allemands. Du moins, c’est ce que l’on pense initialement : elle meurt peu de temps après dans une chambre à gaz. Sa mère subit un sort semblable, alors que son frère et lui sont miraculeusement épargnés.

communes. Ce geste a résonné à travers le Canada : d’innombrables femmes ont commencé à le contacter afin de bénéficier d’un avortement en toute sécurité. Tranquillement, il a ouvert plusieurs cliniques spécialisées en gynécologie à travers le pays.

1953. Il a survécu à la guerre. Il jette l’ancre au

Québec après avoir traversé plusieurs continents. Il décide de dévouer sa vie au bien-être de sa communauté et obtient finalement son diplôme en médecine de l’Université de Montréal. Tranquillement, il établit sa clinique de médecine familiale dans l’est de la ville. Jusqu’à maintenant, vous pensez lire un récit inspirant à propos d’un survivant d’Auschwitz. Oui, en partie, mais le docteur Henry Morgentaler était bien plus que ça. Je vous raconte aujourd’hui l’histoire de cet homme, que j’ai découvert un beau jour en faisant mon scrolling matinal sur Facebook, puisque c’est un pionnier au Canada en matière d’avortements. Pourquoi était-il aussi présent sur mon feed il y a quelques mois? Ça, je vous laisse deviner! Revenons à sa biographie…

1967. Certains se rappellent cette année pour l’Expo 67, d’autres parce que Charles de Gaulle a prononcé son fameux discours du haut du balcon de l’Hôtel de ville. C’est aussi la dernière fois que les Maple Leafs de Toronto ont gagné la Coupe Stanley. Pour Morgentaler, c’est le début de sa lutte pour le droit à l’avortement, qu’il a défendu à la Chambre des

Dr. Henry Morgentaler en 1988. Source: theglobeandmail.com

1973. Choc à la télévision : Morgentaler montre sa

technique en effectuant un avortement en direct. D’ailleurs, le médecin en est à son cinq millième avortement effectué avec succès. Par contre, du côté légal, les statistiques sont beaucoup moins impressionnantes : il est acquitté tant bien que mal d’accusations portées à son nom. Eh oui, faire avorter une femme était toujours passible d’une peine de prison à vie.

1988. C’est un annus mirabilis pour Henry

Morgentaler. La section 251 du Code criminel canadien est abolie dans une décision appelée la R. c. Morgentaler en son honneur. L’avortement devient officiellement décriminalisé.

2008. Vingt ans après avoir gagné son combat, Morgentaler reçoit l’Ordre du Canada pour avoir milité au nom de la liberté de millions de femmes.


Il estime avoir effectué plus de 100 000 avortements avec succès. De nos jours, plus de six ans après la mort du docteur, son nom est réapparu dans les nouvelles. Aux États-Unis, plusieurs états, dont l’Alabama, ont tout récemment mis en place ou renforcé des lois contre l’avortement. Ici, le droit à l’avortement a été un sujet débattu lors de la campagne électorale fédérale avec des partis pro-choix et pro-vie. C’est un sujet que je n’imaginais pas débattre au XXIe siècle, mais surtout un enjeu que je ne voyais plus apparaître en tête d’affiche des élections canadiennes de 2019. Comme plusieurs de mes conceptions de la vie, j’avais fabuleusement tort. En tant qu’étudiante en médecine, c’est une controverse qui me touche particulièrement, puisqu’on nous enseigne dès les premières semaines qu’il faudra toujours respecter les désirs de nos futurs patients afin d’assurer leurs santé et sécurité. Oui, on ne peut pas brimer la liberté individuelle des gynécologues ou médecins de famille en devenir qui seraient pro-vie; c’est sûr qu’il va toujours en avoir et il faut les respecter. Cependant, je suis outrée que certains politiciens suggèrent d’imposer des sanctions aux médecins qui décident d’offrir des services pour prévenir une grossesse ou y mettre fin en toute sécurité. Refuser à une femme ce droit, c’est même en quelque sorte aller contre le code déontologique! Je pourrais vous nommer différents arguments prochoix et pro-vie, dont, respectivement, le droit à

l’avortement pour les femmes victimes d’une agression sexuelle et l’idée que se faire avorter, c’est l’équivalent d’un meurtre. Cependant, je ne vais pas plus m’étendre à ce sujet, car toutes les raisons possibles et impossibles ont déjà été discutées en long et en large par les deux camps dans les médias. Et cette discussion? Elle a eu lieu au Canada dans les années 60 à 80 grâce au docteur Morgentaler, entre autres. Moi, je la croyais désuète, je pensais qu’on avait tranché! Je ne peux même pas m’imaginer ce que Henry Morgentaler pourrait penser à cette époque de régressions sur les plans social et environnemental. J’espère que nous pourrons clore une fois pour toutes ce débat pour pouvoir enfin avancer. Après tout, je me considère pro-choix, oui, mais surtout « anti-débat sur l’avortement », car je rêve de vivre dans un pays qui, en 2019, a une perspective réellement moderne au sujet des droits des femmes. Bref, j’espère aujourd’hui vous avoir fait découvrir un médecin, mais surtout un guerrier acharné. S’il y a une idée que je veux transmettre avec cet article, c’est qu’il faut exprimer et défendre nos convictions, car toute action militante pourrait mener au changement d’un projet de loi, à l’impossible. Les médecins en politique, c’est bientôt nous!

Les faits sur le docteur Morgentaler cités dans cet article sont bien réels, mais le reste est le fruit de mon opinion personnelle. Toute divergence de pensée est bien accueillie et respectée.

Références Katz, G. (2016). « About Henry Morgentaler », The Morgentaler Decision : A 25th Anniversary Celebration, [Site Web], Adresse URL: http://www.morgentaler25years.ca/about-henry-morgentaler/ (consulté le 19 octobre 2019) Martin, S. (2013). « Abortion rights crusader Henry Morgentaler, revered and hated, dead at 90 », The Globe and Mail, [Site Web]. Adresse URL : https://www.theglobeandmail.com/news/national/abortion-rights-crusader-henry-morgentalerrevered-and-hated-dead-at-90/article12221564/ (consulté le 19 octobre 2019)


Moments clés de l'identité politique de Médecins sans Frontières Par Daphnée Lopresti Reconnue à travers le monde comme un pilier de l'aide humanitaire en situation de crise, Médecins sans Frontières a maintes fois répété son intention de traiter équitablement ses patients, peu importe le côté du conflit où ils se trouvent. Cela ne signifie pas que l'organisation est apolitique, bien au contraire. Que ce soit en s'adressant directement aux Nations Unies ou en faisant vœux de protéger la population dans des conflits hautement médiatisés, la présence même de MSF peut être considérée comme politique puisque, de partout dans le monde, on la regarde et on la suit. 22 décembre 1971, une organisation regroupant 300 bénévoles, dont 13 médecins, voit le jour. C'est la naissance de Médecins sans Frontières. L'idée de traverser les frontières pour dispenser une aide médicale directement aux lieux d'une catastrophe peut nous sembler évidente aujourd'hui, mais elle était alors toute neuve. La première charte de MSF stipulait même que ses membres s'abstiendraient de « toute immixtion dans les affaires intérieures des États » et de toute prise de position publique à l'égard des événements ou des groupes ayant accepté son aide. Le médecin-colonel des sapeurs-pompiers et cofondateur de l'association, Gérard Pigeon, affirmait alors que les médecins mettraient en péril leurs droits d'entrée en terre étrangère s'ils venaient à jouer le rôle de témoin plutôt que celui de soignant : « Le médecin [...] ne va pas écrire un roman ou un article de journal, il vient soigner. Le secret médical existe, on doit le respecter. » Cette position sévère ne fut jamais suivie à la lettre et fut officiellement abolie en 1980. Elle fait encore aujourd'hui, l'objet de bien des débats.

Médecins fondateurs signant la charte de MSF à doctorswithoutborders.org

Paris. Source :

Mai 1979, La responsabilité ou non de témoigner n’était pas le seul enjeu polarisé au sein de la jeune organisation. À ce moment, les membres de MSF n'arrivaient pas à s'entendre sur le niveau d'organisation qu'ils devaient viser. Plusieurs membres, certains médecins fondateurs parmi eux, estimaient qu'une structure rigide nuirait à l'aspect militant et spontané de leurs actions. Ils misaient tout sur une opération de sauvetage nautique au Vietnam qui serait éventuellement refusée par MSF. D'autres croyaient qu'au contraire, une meilleure structure administrative leur permettrait de bâtir des opérations mieux équipées, quitte à ce qu'elles soient plus discrètes. Lors de l'assemblée annuelle de l'organisation, 80% des personnes présentes ont voté en faveur de la seconde option. Cela entraina le départ de quelques membres qui fonderaient Médecins du Monde, une association internationale ouvertement militante. Avril à Juillet 1994, témoins des violences génocidaires au Rwanda, MSF s'est opposé à l'indécision et à l'inaction de l'ONU, qui a nié la présence d'un génocide. L'organisation a fait alors le premier appel explicite aux armes de son histoire, en


utilisant notamment le slogan « On n’arrête pas un génocide avec des médecins ! » Elle incitait les pays membres de l'ONU de lancer une intervention armée internationale contre le régime politique extrémiste Hutu. Les implications idéologiques et éthiques de la dénonciation de l'inaction de l'ONU furent énormes et impliquèrent une démarche interne polarisée. MSF est allé même jusqu'à retirer ses équipes de la région entre 1994 et 1996 pour éviter d’être complice du génocide.

1999, Soucieuse d'avoir une structure d'appui pour les dilemmes éthiques centrales à ses actions quotidiennes, MSF s’est doté du Centre de Réflexion sur l'Action et les Savoirs Humanitaires (le CRASH). L'organisation avait le but de prendre du recul sur les actions internes et externes de MSF. Bien que le centre de recherche n'ait été fondé qu'en 1999, le processus de réflexion découlait de la création de la Fondation Libertés sans Frontières une quinzaine d'années plus tôt. Le conseil s'est appuyé sur l'expérience de ses membres a analysé, au cours des années, l'impact et la pertinence des prises de positions publiques de MSF.

Équipe de MSF au Rwanda, 1994. Source : msf.fr

Références Louarn, J.-J. (3 Avril 2011). Logo grotius. Médecins sans Frontières ou la politique assumée du "cavalier seul", [Site Web]. Adresse URL : https://grotius.fr/msf-medecins-sans-frontieres-ou-la-politique-assumee-du-cavalierseul/#.XayqAC0VSgx (consulté en Octobre 2019) Médecins sans frontières. La création de MSF, [Site Web], mis en ligne le 15 Oct 2017, consulté en Oct 2019. Adresse URL: https://www.medecinssansfrontieres.ca/la-création-de-msf (consulté en octobre 2019) Neuman, M. (Octobre 2014). Logo grotius. Le Crash-MSF, "une structure critique sur nos propres opérations"..., [Site Web]. Adresse URL: https://grotius.fr/crash-msf/#.Xa0Soy0VSgw (consulté en octobre 2019) Pécresse, J.-F. (20 Décembre 2001). Les Echos. MSF, une vie de révolte, [Site Web]. Adresse URL: https://www.lesechos.fr/2001/12/msf-une-vie-de-revoltes-1054744 (consulté en octobre 2019) Weissman, F. Crash. (17 Février 2012). Silence, on soigne... Un aperçu des prises de position publiques de MSF, de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme, [Site Web]. Adresse URL: https://www.msfcrash.org/fr/publications/agir-tout-prix-negociations-humanitaires-lexperience-de-msf/ii-histoire-longue (consulté en octobre 2019) Doctors without borders. Who we are : Founding, [Site Web]. Adresse URL: https://www.doctorswithoutborders.org/who-we-are/history/founding (consulté en octobre 2019) Médecins sans frontières (18 octobre 2018). 20 ans du génocide au Rwanda : « j’ai réalisé seulement 48h après mon retour en France », [En ligne]. Adresse URL: https://www.msf.fr/actualites/20-ans-du-genocide-au-rwanda-j-ai-realiseseulement-48h-apres-mon-retour-en-france (consulté en octobre 2019)


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Philippe Couillard : portrait d’un héros Par Foan Song Philippe Couillard est mon idole. Bon, maintenant que j’ai votre attention, ce n’est malheureusement pas de mon orientation politique qu’on va parler aujourd’hui (je tiens à ma future carrière), mais plutôt du parcours d’un homme qui a laissé sa trace sur le Québec, un homme qui a défendu le seul peuple francophone en Amérique du Nord pendant quatre années – la durée de son mandat en tant que premier ministre du Québec. Certains le considèrent comme un mauvais politicien et leader ; d’autres sont allés jusqu’à proliférer publiquement des menaces de mort envers sa personne. On a beau le critiquer, les faits demeurent irréfutables : Philippe Couillard est un homme qui a accompli des choses remarquables. Accepté en médecine à 17 ans, puis formé en tant que neurochirurgien, il est devenu par la suite le chef du département de chirurgie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), puis ministre de la santé, et, finalement chef du Parti libéral en 2013 avant d’occuper le poste du premier ministre du Québec. C’est également l’homme derrière l’une des plus belles victoires du Parti libéral – mais également l’architecte de sa plus grande défaite, quatre années plus tard. Il a réussi là où tous les autres chefs politiques ont échoué, en se faisant élire premier ministre à sa toute première expérience électorale à la tête de son parti – un exploit qui n’avait pas été reproduit depuis Bourassa en 1970. Puis, au terme de son premier et unique mandat, le Parti libéral encaissa un coup douloureux en se faisant écraser par sa plus grande opposition – la Coalition avenir Québec. Que s’est-il passé? Comment a-t-on pu en arriver là? Commençons par le commencement.

Philippe Couillard a grandi au sein d’une famille savante – père biologiste, mère géographe. Petit, il caressait l’idée d’être archéologue, mais cela fut (heureusement ou malheureusement) avorté par son père. Il fit alors ses études en accéléré au collège privé Stanislas, à Outremont, ce qui lui permetta d’entrer en médecine à l’Université de Montréal. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi la médecine, le politicien répond: « Il y a un côté romantique et la réputation d’être difficile d’accès ». À 22 ans, il devint médecin et put poursuivre sa formation en neurochirurgie pour obtenir son diplôme six ans plus tard. Malgré la médecine et son côté Cartésien, Dr Couillard ne renonce pas à ses intérêts artistiques – la littérature. Au collège, il a étudié les classiques de la littérature française, le grec ancien, et se permet encore aujourd’hui de plugger ci et là une citation de Kundera (un de ses auteurs préférés) ou de Victor Hugo. Dans le livre 33 histoires vraies racontées par des médecins (Furger, 2012), il y dédicace un chapitre sur ses propres idées. Philippe Couillard raconte notamment que deux activités humaines permettent de « transcender la brièveté de l’existence » et d’atteindre « la grande immortalité » (telle que décrite par Kundera) : il y a la création artistique, « qui permet de toucher le cœur et l’esprit, au-delà du temps » et l’action politique qui « malgré ses travers et ses coups de pied, demeure la meilleure façon d’arrêter de pleurnicher dans les gradins et de descendre faire un passage sur le terrain où une société essaie de devenir meilleure. De déposer sa petite brique dans une construction sans fin ». J’aime bien cette façon de voir les choses (c’est très poétique!) ; quoique pour ma part, j’aurais définitivement opté pour le premier choix.


homme-femme, la séparation entre l’État et la religion, tu l’apprécies quand tu reviens ici ».

Philippe Couillard, Philippe Furger et Michel Gervais (gauche à droite), auteurs du livre collectif 33 histoires vraies racontées par des médecins. Source : journaldemontréal.com

Cette dualité entre le rationnel et l’artistique le suivra subtilement pendant tout le reste de son parcours. Dans le début des années 2000, lorsqu’il était professeur de neurochirurgie à l’Université de Sherbrooke, Dr Couillard n’hésitait pas à comparer une opération à une œuvre d’art. « L’élégance du geste est importante pour arriver aux résultats », disait-il à ses résidents perplexes. Suite à son saut en politique, il ne renonça pas à ses passions de jeunesse : une oreille bien aiguisée saura déceler à travers ses discours un jeune esprit qui rongeait tous les livres qui lui tombaient sous la main – à 12 ans, pour Noël, il demandait à ses parents comme cadeau des livres sur l’Antiquité! Mais n’allons pas trop vite. Après avoir obtenu sa license de pratique en 1985, il a commencé à travailler à l’hôpital Saint-Luc de Montréal (maintenant défunt). Sept ans - et une femme et trois enfants - plus tard, en 1992, il quitterait le Québec pour l’Arabie Saoudite. Dr Couillard passerait les quatre prochaines années à mettre sur place un service de neurochirurgie à Dhahran, dans l’Est du pays. Parmi les motivations qui l’ont poussé à déménager si loin, on retrouve notamment le désir d’un nouveau défi et le regret de ne pas avoir poursuivi un fellowship dans une prestigieuse université américaine (contrairement à ses collègues résidents). Cette aventure l’a profondément marqué sur le plan des valeurs : « Vivre sans avoir la bonne couleur de peau, avec le regard des autres, ça te fait comprendre la réalité de l’immigration. L’égalité

Lorsque Myriam, la cadette de la famille (qui approchait l’âge de dix ans) commence à se présenter aux autres comme une Saoudienne, la famille décide de rentrer. « Mes enfants devaient grandir avec les valeurs du Québec, avec une identité claire », dit Philippe Couillard. De retour au Québec, les enfants se sont réintégrés sans souci et ont développé de carrières brillantes : Myriam est aujourd’hui avocate, et les deux autres enfants, Simon et Mathieu, sont respectivement devenus médecin pneumologue et officier dans les Forces canadiennes. Mais le retour au Québec, accompagné du retour à la réalité de la vie de citoyen (loin des chauffeurs et serviteurs du Moyen-Orient), ne fut pas facile. Après quelques mois, le mariage éclata. Dr Couillard se dirige alors vers Sherbrooke pour pratiquer et enseigner, tout en assumant le poste de chef du département de chirurgie du CHUS à partir de 2000 jusqu’à 2003. C’est ici que se termine le parcours médical de Philippe Couillard – en théorie, puisqu’un médecin perd sa license de pratique après trois ans d’inactivité. Cependant, malgré son saut en politique, son passé en tant que médecin ne le quittera jamais, et il n’est pas rare qu’il y fasse référence avec une certaine fierté (et ce, avec raison!). Dans son chapitre des 33 histoires vraies racontées par des médecins, il se remémore avec émotion comment le travail des infirmières lui a appris, quand il était jeune neurochirurgien, à célébrer la vie, pas seulement à défier la mort. Lors de son premier débat électoral, avant d’entrer en salle, il lance à son équipe : « Je vous avoue que j’ai un petit stress : c’est mon premier débat à vie! J’ai fait des opérations importantes où j’avais la vie du patient entre mes mains. J’ai vécu des situations où je devais affronter une famille qui venait de perdre un être cher sur la table d’opération. C’est très stressant. Pourtant, ce n’est pas le même stress qu’aujourd’hui. C’est une autre nervosité. »


Le reste de l’histoire, on le connaît un peu plus. Élu député pour le Parti libéral du Québec, puis ministre de la santé en 2003, on lui doit la restructuration du système de santé sous la forme de CSSS, réduisant de façon significative le nombre de postes de directeur général d’établissement de santé. Parmi ses autres actions marquantes durant ses deux mandats, on note également la construction de nouveaux hôpitaux universitaires à Montréal, la révision à la hausse de la loi sur le tabac, la réglementation sur la publicité des médicaments, la lutte contre les bactéries nosocomiales, le support aux familles des personnes handicapées, et c’est peu dire (la liste s’allonge). En 2008, pendant son deuxième mandat, Philippe Couillard démissionne pour quitter la vie politique. S’en suit une période de quatre années – les années sombres – où l’homme retourne en pratique privée, non pas en tant que neurochirurgien, mais plutôt en tant que conseiller pour des firmes privées et en tant que professeur de droit de la santé à l’Université Harvard campus Montréal (Université McGill, pardon). En 2012, toujours à la recherche de nouveaux défis, il décide de revenir en politique – et cette fois-ci, il ne vise rien de moins que la chefferie de son parti, qu’il obtient dès le premier tour du congrès du parti avec 58,5% des votes. S’en suit sa première campagne électorale en 2014 qui s’aboutit par une victoire éclatante : le Parti libéral est élu majoritaire avec 70 députés sur 125. Philippe Couillard réussit l’impossible : se faire élire premier ministre à sa première participation en tant que candidat aux élections. Quatre années plus tard, au terme de son premier mandat en tant que premier ministre, le Parti libéral connaît une terrible défaite aux élections de 2018 et est succédé par la CAQ et son chef, François Legault. N’étant pas un fin connaisseur de la politique, ni le bénéficiaire le plus direct de ses actions, je ne me prononcerai pas sur sa période de règne ni sur ce qui

a conduit aux événements de 2018. Une chose est sûre cependant, le Québec a réussi à avancer pendant cette période. À qui la faute maintenant, certains diront le premier ministre, d’autres le Parti libéral en entier… et si c’était celle de la population québécoise? Que doit faire un premier ministre qui représente son peuple, alors que celui-ci se dirige vers la dérive? Devrait-t-on chercher un réel fautif dans tout cela?

Philippe Couillard lors de sa campagne électorale en 2018, à l’Université de Montréal. Source : Montrealgazette.com

Aujourd’hui, Philippe Couillard a mis une croix sur la politique. Questionné à propos de ses futurs projets, il répond : « Chose certaine, il n’est plus question de revenir à la médecine. Pour les patients, ce ne serait peut-être pas une bonne idée de recommencer à faire de la chirurgie après avoir arrêté un bon 15 ans. » Il n’a pas tort ; en tant que médecin, si on décide de prendre une pause, la médecine ne s’arrête pas pour nous attendre. Pour reprendre le slogan de notre faculté, la médecine avance… et nous devons aussi. La morale de cette histoire? Ce que je retiens de tout ça, indépendamment du côté politique, c’est l’histoire d’un homme calme, parfois froid, mais méthodique, sincère, qui a su relever défi après défi. Et ça, ça mérite une certaine admiration à mes yeux.


Références Castonguay, Alec (2014). Philippe Couillard : La naissance d’un chef. Québec : Les Éditions Rogers ltée. 143 pages. Radio-Canada (3 Juin 2019), À la pêche avec Philippe Couillard : la vie après la politique [Site Web]. Adresse URL : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1173236/premier-ministre-defait-retour-carriere-campagne (consulté le 20 Octobre 2019) Wikipédia (24 Septembre 2019), Philippe Couillard [Site Web]. Adresse URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Couillard (consulté le 20 Octobre 2019)


La santé mondiale : un enjeu géopolitique? Entre déstabilisation politique et dynamiques de pouvoir… Par Mathilde Djénéba Billau suscité par The Institute of Medicine qui déclare que « les nations du monde — les États-Unis inclus — ont désormais trop en commun pour considérer la santé comme relevant strictement d’une question nationale[...] Un nouveau concept de “santé mondiale” (global health) est [alors] nécessaire pour s’occuper de problèmes de santé qui transcendent les frontières [...] et qui seraient mieux pris en charge [...] collectivement ». À la vue du terme géopolitique, que vous vient-il donc à l’esprit? Allez, réfléchissez-y bien... Peut-être dénotez-vous la présence du suffixe géo qui, je vous le concède, réfère à la géographie reliée au terme politique. Mais il y a plus... Trêve de réflexion ! Laissons les définitions parler d’elles même. Dans son essence, la géopolitique représente l’étude des relations internationales par la prise en compte des facteurs géographiques. C’est à la fois une question de politique interne (au sein d’un territoire défini) qu’externe (qui dépasse les frontières). Simplifions cela de manière supplémentaire : c’est l’étude des interactions d’un pays avec le reste du monde. Et les enjeux sont de toutes sortes ! Internationaux, nationaux, locaux… Économiques, sociaux, culturels… Parmi ceux-ci, la santé possède un droit du sol. Sa position en zone politique est justifiée : elle s’inscrit dans les instances politiques. Si ce n’est que par la santé publique, sujet d’ailleurs mitigé au Québec de par l’héritage de ses fameux ex-dirigeants. Puis, au-delà le Québec, elle dépasse les frontières, pour s’arrimer au centre d’un tout niveau discours ; celui de la santé mondiale. Cet intérêt à la mondialisation en santé, il commence en 1997,

Cependant, comme dans toute interaction, des liens de pouvoir se tissent. Ainsi, la santé est maintenant devenue un terrain sur lequel différents joueurs rivalisent. Alors que certains acteurs marquent constamment, plusieurs obtiennent des cartons rouges, des sanctions pour bris d’accord, tandis que d’autres, assis sur le banc, ont à peine leur mot à dire. Mais par-delà le jeu, elle s’agit en fait d’un « paramètre de pouvoir, d’influence, de sécurité, de paix, de commerce, voire un vecteur de positions géopolitiques ou même idéologiques, pour des États qui cherchent à gagner en importance politique à l’échelle mondiale.» En effet, ce n’est guère une coïncidence si depuis quelques années la notion de santé mondiale siège à des instances de sécurité nationale telles que le G8 ou encore à la CIA. Avec l’émergence de puissances militaires inégalées (comme les USA), les menaces ne sont plus aussi orthodoxes. Elles sont devenues asymétriques. En géopolitique, il n’est plus simplement question de guerres opposant les armées; elle doit considérer d’autres acteurs avec des pouvoirs grandissant tels que les compagnies multinationales, les groupes terroristes, les organisations internationales et nongouvernementales. Surtout, avec la facilité de mouvement de la globalisation, les problèmes ne se limitent guère aux


frontières. On note comme exemples ici les changements climatiques ou encore la propagation des maladies par les mouvements de population facilités. Conséquemment, au 21e siècle, la maladie est devenue plus qu’un frein au développement : c’est devenu « un agent non traditionnel de menace ». Une réflexion s’impose. En voici les points importants : 1. C’est la misère qui nous gouverne. 2. La diplomatie est une médecine préventive. Si vous n’en dégagez aucune explication à première vue, poursuivez votre lecture. Les lignes suivantes sauront y remédier. Un des principaux litiges en santé mondiale et en politique est la vulnérabilité. En santé, cette vulnérabilité provient d’un système qui peine à répondre aux besoins de sa population. En politique globale, elle se veut d’un état dont le pouvoir est en danger, l’influence en baisse ou encore la légitimité remise en question. Or cette vulnérabilité, quoique munie de différentes définitions, peut être la cause d’une déstabilisation autant sur la scène interne que sur la scène internationale. En effet, la médiatisation a toujours tendance à dépeindre les pays dont les populations peinent à obtenir des soins de base, tels des pays faillis (de la notion en anglais de failed state). Leur soft power, leur capacité d’influencer pour obtenir le résultat voulu, défini par Joseph Nye, professeur

américain en relations internationales, est donc diminué, de même que leur légitimité. À titre d’appui, notons, l’Afghanistan dont la misère des habitants perturbe la crédibilité des dirigeants et renforce l’appui aux talibans. Et comment aborder la question d’instabilité politique sans mention de l’économie. En effet, contraints d’accepter l’aide internationale, les pays affaiblis par des crises de santé publique deviennent souvent victimes d’ingérence ou encore de néocolonisation. C’est d’ailleurs le cas de la Guinée, qui suite à la crise d’Ebola se voit aux prises avec des dettes de plusieurs millions de dollars envers la France. Et pour la France, bonne illustration du cas contraire, cette réponse rapide à une crise avec des politiques efficaces représente une excellente manière de s’illustrer comme leader en santé mondiale et par ailleurs d’asseoir son pouvoir. Suite à ces explications, des conclusions se dessinent. La vulnérabilité représente la brèche qui, additionnée des conditions nécessaires, peut donner lieu à un véritable incendie : un coup d’État, une révolution, sans jamais en être la cause isolée. Et alors c’est bel et bien la misère qui nous commande. Et si les rôles étaient inversés. Cette fois, la mesure dans laquelle l’instabilité politique peut être source de mauvais soins de santé apparaît évidente. Alors la diplomatie devient la première forme de médecine préventive.

Références Institute of Medicine, America’s Vital Interest in Global Health : Protecting our people, enhancing our economy, and advancing our international interests, Washington, D.C., Institute of Medicine, 1997, 72 p. Kerouedan, D. (2013). Diplomatie de la santé mondiale. Santé Publique, vol. 25(3), 253-253. doi: 10.3917/spub.253.0253. Kerouedan, D. et Fabius, Laurent (24 janvier 2014). « Politique étrangère et diplomatie de la santé mondiale », La lettre du Collège de France [En ligne], 37 | Décembre 2013. Adresse URL : http://journals.openedition.org/lettrecdf/1512 ; DOI : 10.4000/lettre-cdf.1512 (consulté le 22 octobre 2019) Nye, J. (1990). Soft Power. Foreign Policy, (80), 153-171. doi: 10.2307/1148580


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MC

122936 (06/2019)


Quand nos patients deviennent militants politiques…. Par Imane Injar En ce contexte d’élection, la question sur l’élargissement de la loi à propos de l’Aide médicale à mourir est souvent posée. En écoutant les réponses de différents candidats, je me suis questionnée sur le cadre légal actuel et pourquoi est-ce qu’il y a un besoin de le réformer. Et c’est en me renseignant sur le dossier que me vint l’idée de cet article. J’ai été inspirée par les militants pour le débat : Mme Nicole Gladu, M. Jean Truchon et leur avocat Maître JeanPierre Ménard.

Me Ménard et Nicole Gladu dans les couloirs du palais de justice de Montréal. Source : La Presse

Nous faisons souvent l’éloge de médecin ayant réussi à faire évoluer la loi, mais je voulais cette fois mettre en phase l’engagement politique de nos patients et le questionnement éthique que cela suscite en nous. En premier lieu, expliquons les conditions permettant le recours à l’aide médicale à mourir pour mieux comprendre pourquoi elles posent un problème dans le cas de patients comme Mme Gladu et M. Truchon. L’aide médicale à mourir (AMM)est régie par la Loi concernant les soins de fin de vie, qui la définit comme « l’administration de médicaments par un médecin à une personne en fin de vie, à sa demande, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès. » Les conditions posées par la Loi sont

restrictives et doivent toutes être respectées autant par le patient que par le médecin pour autoriser l’intervention. Il faut : •

être majeur et assuré

être « apte à consentir aux soins, c’est-à-dire être en mesure de comprendre la situation et les renseignements transmis par les professionnels de la santé ainsi que de prendre des décisions »

être en fin de vie

être atteint d’une maladie grave et incurable

présenter un déclin avancé et irréversible de ses capacités

vivre des « souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions jugées tolérables »

Au premier abord Mme Gladu et M. Truchon semblent répondre à ces critères puisqu’ils souffrent respectivement du syndrome post-poliomyélite et de paralysie cérébrale. Ils répondent ainsi au critère de maladie incurable ainsi qu’au déclin irréversible et avancé des capacités. En effet, M. Truchon n’avait que 3 membres fonctionnels à la naissance et vient de perdre l’usage du dernier. Mme Gladu, quant à elle, se déplace en fauteuil roulant depuis ses 4 ans, a perdu son autonomie et se décrit comme « prisonnière de son corps »3 et « usée à la corde ». On comprend bien que ces deux patients vivent des souffrances physiques et psychiques constantes qui ne leur sont plus tolérables. Alors quelle condition manque-t-il pour pouvoir approuver leur demande ? Le problème est dû à une opposition entre la loi québécoise et le code criminel canadien. En effet, selon la loi québécoise, le fait d’être « en fin de vie » suffit à être admissible à l’AMM, tandis qu’au fédéral, la mort naturelle doit être raisonnablement prévisible.


Or, selon l’avocat Jean-Pierre Ménard, le refus de la demande de ses clients ne respecte pas l'arrêt Carter de la Cour suprême du Canada rendu en 2015. En effet, celui-ci stipule qu’il est inconstitutionnel d'avoir une prohibition totale de l'aide médicale à mourir et ne mentionne pas les exigences de « fin de vie » ni de « mort naturelle raisonnablement prévisible ». Selon lui, ces exigences créent de l’ambiguïté et devrait donc être rendue invalide. Pour défendre la loi, le Procureur général du Canada explique que cette restriction est le seul moyen de maintenir l’équilibre entre les droits de tous en prévenant une augmentation des taux de suicides. En effet, l’annulation de ce critère pourrait envoyer un message aux personnes vulnérables que

la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Cet argument ne convainc pas Mme Gladu, car il protège le public au détriment de ceux qui sont dans sa situation. « La liberté pour moi, ça veut dire de pouvoir choisir. Mais je n'ai pas beaucoup de choix : on me refuse l'aide médicale à mourir. Ou bien je me passe de ça, ou bien je me suicide, ou bien j'attends. (…) Ça n'est pas un choix » déclare-telle aux journalistes. En septembre, enfin, la juge Christine Baudouin a tranché en faveur de Mme Gladu et de M.Truchon. Ils auront accès à l’aide médicale à mourir et de même que tout patient dont la mort n’est pas prévisible à court terme.

Références Ménard Martin Avocats (septembre 2019). Actualités, [Site Web]. Adresse URL : http://www.menardmartinavocats.com/actualites Gouvernement du Québec (8 mars 2019). Aide médicale à mourir, [Site Web], Adresse URL : https://www.quebec.ca/sante/systeme-et-services-de-sante/soins-de-fin-de-vie/aide-medicale-a-mourir/ MARIN, Stéphanie (7 Janvier 2019). Deux Québécois contestent la loi sur l'aide médicale à mourir, La Presse [Site Web], URL : https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201901/07/01-5210167-deux-quebecois-contestent-la-loi-surlaide-medicale-a-mourir.php


La santé : un système public ou privé ? Par Sophie Couture La santé est un sujet au cœur de nombreux débats médiatisés. La société exprime son mécontentement envers le temps d’attente interminable à l’urgence, envers le manque d’accessibilité pour des médecins de famille ou encore envers le salaire élevé des médecins. Certains iront même jusqu’à affirmer qu’un système de santé public ne leur est pas utile étant donné qu’ils n’éprouvent aucun problème de santé; donc, une partie de leur salaire est gaspillé dans un système de santé imparfait. Le système de santé public du Québec est-il vraiment la source de ces imperfections ? Est-ce que nos voisins du sud possèdent un système plus efficace ? Nous vivons dans une société en quête de perfection, et ce, alors qu’un système de santé parfait est éphémère. L’objectif devrait donc être d’implanter un système qui présente le moins d’imperfections possible. Pour ce faire, il est primordial d’être conscient des avantages et des lacunes qu’apportent les systèmes privé et public. LE SYSTÈME PUBLIC D’abord, il présente de nombreux avantages. Un des plus grands points forts est sans doute la nondiscrimination du système de santé. En effet, les soins essentiels sont offerts à tous les citoyens, et ce peu importe leurs moyens financiers, ce qui permet à tous d’obtenir des soins de santé optimaux, alors que dans un système privé, les soins peuvent atteindre un coût exorbitant. De plus, un système gratuit permet d’implanter des programmes de prévention. Ce qui permet de dépister et donc de diagnostiquer et traiter des problèmes de santé à un état moins avancé et plus facile à traiter, ce qui entraine des coûts plus faibles pour la société. Par exemple, le retrait d'une tumeur localisée est moins coûteux que des traitements répétés de chimiothérapie.

Ensuite, il est important de comprendre qu’un système de santé « gratuit » occasionne certains désavantages. Effectivement, la gratuité implique,

en raison d’un accès universel, un engorgement des services offerts conduisant à de longues listes d’attente en raison d’une demande qui excède l’accessibilité aux ressources. Par exemple, si la population devait payer pour voir un médecin à l’urgence, il y aurait probablement moins de consultation pour une simple IVRS. De plus, en raison du budget limité dédié aux soins de santé et du programme « Choisir avec soins », il n’est pas rare qu’un test moins spécifique et sensible soit effectué au détriment du « Gold standard » en raison du coût élevé de l’examen.

Une salle d’attente à l’urgence pleine à Montréal. Source : Lapresse.ca

LE SYSTÈME PRIVÉ Il est important de mentionner que le privé prend une place plus importante qu’il n’y apparait à première vue, étant donné que seuls les CLSC et les hôpitaux sont entièrement publics. La plupart du temps, le terme « public » réfère aux services payés par l’état plutôt qu’au type de fournisseur de soins de santé. Que ce soit un cabinet privé subventionné en partie ou un CLSC, le patient ne verra point la différence si la couverture est effectuée par le système de santé. Cependant, la controverse est présente lorsque des services sont offerts dans le privé en n’étant pas couverts par le système d’assurance public, comme dans le cadre d’une clinique privée non subventionnée.


D’une part, le privé peut être une option tentante. En effet, consulter pour un problème de santé dans le réseau privé permet d’avoir plus facilement accès aux tests et aux traitements, et ce, en raison d’une absence de restrictions liées au budget gouvernemental. Cependant, cette accessibilité demeure strictement réservée à ceux qui font partie des mieux nantis, alors que la majorité de la population n’a pas les moyens de se procurer cette rapidité d’accès. De plus, les soins offerts peuvent être de meilleures qualités, car les cliniques doivent se faire concurrence pour attirer les clients, et ce, en étant constamment obligées d’améliorer leur efficacité. D’autre part, l’instauration d’un système privé apporte certains problèmes. Bien qu’au premier abord, le système de santé public du Québec semble plus complexe et donc plus coûteux qu’un système privé, cette affirmation est fausse. En effet, les ÉtatsUnis investissent un pourcentage plus important de leur budget dans le système de santé, et ce, sans obtenir une efficacité supérieure. Par exemple, les États-Unis ont été classés au 33e rang mondial pour la performance en 2014 versus le Québec qui a obtenu le 13e rang. En outre, le coût des soins de santé est souvent largement supérieur à ce que peut se payer 99.9% de la population et c’est pourquoi l’instauration d’un système strictement privé prédisposerait à d’importantes inégalités sociales. De plus, un tel système peut augmenter l’utilisation de tests non nécessaires conduisant au diagnostic de problèmes de santé qui n’auraient eu aucun impact clinique, mais dont la découverte augmente les assurances et cause un stress considérable. En surcroit, il peut être difficile de faire de la prévention

efficace, si celle-ci n’est pas offerte gratuitement à la population. Pourquoi une personne de la classe moyenne sans antécédents et asymptomatique irait consulter pour dépister un problème indolent s’il doit débourser de l’argent ? Aussi, il est possible que la soif de profit finisse par primer l’intérêt du patient, entrainant la prescription d’examens inutiles.

Au Québec, la possession de la carte d’assurance maladie permet d’avoir accès aux soins couverts gratuitement. Source : lactualité.com

CONCLUSION Quoi qu’il en soit, les systèmes privé et public présentent chacun leurs points forts. Il est cependant important de considérer la collectivité lors de l’élaboration d’un système de santé, et ce, en sachant que la majorité des habitants du Québec appartiennent à la classe moyenne et que la population est vieillissante et donc prédisposée à être victime de plus de problèmes de santé. Peut-être que le véritable problème réside davantage dans le manque de main-d’œuvre dans le réseau de la santé. En effet, même le meilleur système de santé ne peut pas fonctionner convenablement sans suffisamment de professionnels pour le manœuvrer, et ce, particulièrement avec un système de santé qui promeut une prise en charge centrée sur le patient.


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