Extraits Le Mans Classic

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14 LE CIRCUIT THE CIRCUIT 16

CONSTRUIRE L’ÉMOTION SETTING THE SCENE

26 PLATEAU 1 GRID 1 30

BENTLEY

34

PEUGEOT DARL’MAT

42

ALFA ROMEO

46

LE COMMISSAIRE MARSHALS

102 PLATEAU 4

130 PLATEAU 5

108

134

GRID 4

FORD GT40

120

GRID 5

PORSCHE 917

144

UN CAMPING DANS LE TEMPS A CAMPINGSITE OVER TIME

HOWMET TX

124

LES BADAUDS / SPECTATORS

LA NUIT, PISTE NOIRE THE CHALLENGE OF THE NIGHT!

152


48 PLATEAU 2 GRID 2 52

72 PLATEAU 3 GRID 3 76

MERCEDES 300 SL

MASERATI

62

80

JAGUAR

68

AUX ÂMES BIEN NÉES STARS OF THE FUTURE!

LOTUS ELEVEN

90

ASTON MARTIN

94

RELIQUES ET EMBLÈMES RELICS AND EMBLEMS

98

CLUBS & CLUBMEN

100

DEMON DROME

154 PLATEAU 6

186 GROUP C

158

192

GRID 6

BMW 3.0 CSL

166

MATRA 670

174

FERRARI

178

COURONS SOUS LA PLUIE RACING IN THE RAIN

180

LES MÉCANOS / THE MECHANICS

REMERCIEMENTS ACKNOWLEDGEMENTS


t out

1

un Jour pour la C ourse RACING THROUGH THE DAY PLATEAU - GRID 1 : 1923 - 1939

Q - 26 - PLATEAU 1

uelle idée ! Une course destinée à améliorer “la race automobile”, qui puisse tester en vraie grandeur la qualité de fabrication des innombrables automobiles proposées à une clientèle en pleine expansion ; un double tour de cadran, quelle épreuve ! Il faut savoir que la France vient à peine de céder sa place de premier producteur automobile du monde, au profit des États-Unis. Elle est encore tout auréolée du rôle moteur (c’est le cas de le dire) qu’elle a tenu dans la transformation en une industrie solide de ce qui paraissait un amusement de jeunes gens épris d’innovation, presque un snobisme, peut-être une mode. Dans les années 1920, le doute n’est plus permis, l’automobile s’est imposée et il s’agit plutôt de choisir sa marque. Le Mans est particulièrement fondée à organiser cette croisade : Amédée et Léon Bollée, manceaux, étaient dès 1873 les premiers industriels à proposer un catalogue de voitures, qui étaient alors à vapeur. Et dès 1906, c’est au Mans que s’organisait le premier Grand Prix automobile de l’histoire. Habitabilité, commodité d’usage, solidité, tout entre en jeu pour ce critérium de la qualité que veulent être les 24 Heures. Mais allez donc raisonner les pilotes ! Pour surpasser les rivaux, il faut bien aller plus vite qu’eux, n’est-ce pas ?

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Très vite, les batailles d’hommes et de machines se font féroces et spectaculaires, les puissances grimpent, de vraies machines de course apparaissent et bientôt, grâce à ses organisateurs, mais aussi en dépit de leur volonté, le concours d’endurance est devenu une nouvelle discipline sportive !


RILEY BROOKLANDS - 1928

I

logue of steam-powered cars. In 1906, the first Grand Prix in the history of the motor car was held at Le Mans. Spaciousness, convenience, practicality, robustness were all taken into account to earn the label of quality conferred by the Le Mans 24 Hours. But convincing the drivers to pace themselves was a more difficult task as to beat one’s rivals one must go faster! Very quickly, the battles between men and machines became more and more ferocious and spectacular, power increased, and real racing cars appeared on the scene. Soon, thanks to the organisers and perhaps in spite of what they wanted, endurance became a new branch of motor sport.

GRID 1 - 27 -

t was a ground-breaking idea! An event whose aim was to improve the motor car by testing in racing conditions the manufacturing quality of a host of vehicles on sale to an expanding clientele: a 24-hour laboratory that provided a gruelling test. It came just at the moment when France had been overtaken by the United States as the leading motor car manufacturer in the world. The country was still basking in the leading role it had played in transforming what, at first, was viewed as the hobby of rich young men in love with innovation, a kind of snobbishness, a fad even, into a solid industry. In the 1920s, there was no longer any doubt; the motor car was here to stay and the main question was: which make to buy? Le Mans was the right place to organise this event. As early as 1873, Amédée and Léon Bollée, both from Le Mans, were the first to produce a cata-


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1.

1. 2. 3.

LAGONDA V12 LE MANS - 1939 SINGER Le Mans Speed Special - 1936 (N°20) & BENTLEY 4,5l Tourer - 1928 (N°51) BUGATTI 35 B - 1929


2.

3.

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Bentley 4,5l Tourer

BENTLEY

Les Britanniques ont inventé le tourisme, et aussi le mot sport. L’automobilisme devait forcément prendre outre-Manche une dimension particulière. Passant par la Sarthe en Bentley presque par hasard au moment du “Grand Prix d’Endurance”, les premières 24 Heures, deux gentlemen ont failli le remporter. Ce fut chose faite l’année suivante puis quatre autres fois. Rappelons que les Bentley Boys couraient pour le plaisir ; non seulement ils n’étaient pas payés mais certains d’entre eux allaient jusqu’à financer la firme qui leur procurait la victoire !

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Les Britanniques ont aussi inventé les notions de club et de fair-play…

It could be argued that the British invented touring and also the word ‘sport.’ The motor car occupied a very particular place across the channel. Travelling through the Sarthe almost by accident at the time of the Grand Prix d’Endurance, the first 24 Hours, two gentlemen entered their Bentley and almost won the race. They made no mis-

take the following year and W.O’s cars later racked up four more victories on the trot. It’s worth remembering that the Bentley Boys raced for pleasure. Not only were they not paid but some of them financed the company whose cars they drove to victory! The Brits also invented the notions of the club and fair play!


GRID 1 - 31 -


1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

MORGAN 4/4 - 1937 (N°16) & LAGONDA LG45 - 1937 (N°57) DELAHAYE 135 S - 1937 CHRYSLER 75 - 1929 SIMCA 8 Spéciale CAMERANO LE MANS - 1938 MG MIDGET PA - 1935 BMW 328 - 1938 MG MIDGET PA - 1935 DELAGE D6-70 SPECIAL - 1936 (N°34) & TALBOT 105 GO54 - 1931 (N°17)

1.

3.

4.

- 32 - PLATEAU 1

2.

5.


7. 6.

8.

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- 34 - PLATEAU 1


Peugeot 402 Darl’Mat

PARFUM DE FLAMME KEEPING THE FLAME ALIVE

Entre la Bretagne, pays d’origine d’Émile Darl’Mat, et Paris, où il a implanté sa “carrosserie”, on trouve Le Mans. Où ces Peugeot très spéciales ont connu une carrière tout feu tout flamme.

U

n parfum, tiens… Le monde de l’automobile est aussi profondément régi par notre imaginaire que celui des

parfums. Y règnent labels prestigieux, savoir-faire subtils, autour d’essences patiemment distillées. Un produit somme toute technique, mais à l’intention évanescente, insaisissable et à la fois bien perceptible : évoquer, illustrer, construire une atmosphère. Flatter les sens, flatter l’ego. Darl’Mat n’est pas un Christian Dior de l’automobile, ne bénéficie pas d’un très grand nom. Mais de celui d’un petit faiseur, un artisan qui œuvre dans une ombre relative, et que connaissent les connaisseurs ; ses voitures, ce sont des “spéciales…” Imaginez les élégantes du vieux Paris, qui s’habillent à façon et commandent leur parfum sur mesure… Comment pourraient-elles rouler “grande série” ? La première élégance, c’est la différence. La vraie Parisienne se doit, aussi, d’être un rien cosmopolite. Et le nom étrange de Darl’Mat, avec des parfums d’Arabie, cette apostrophe peut-être anglomane, compose un exotisme d’autant plus fort qu’il n’est pas bridé par une indication précise. Un parfum de mystère qui lui va comme un gant, ces longs gants de soie claire que l’on ôte en les faisant glisser ; toute une histoire. Émile Darl’Mat, renseignements pris, a simplement des origines bretonnes. Mais après tout, qui est obligé de se renseigner ?

Between Brittany, where Émile Darl’Mat had his roots (he was born in Villers-en-Prayères), and Paris in which he set up his coachwork firm lies, Le Mans where his very special Peugeots enjoyed a brilliant career. he world of the motor car is as deeply inspired by

imagination as the world of perfumes. Prestigious labels and subtle knowhow also reign there around patiently cultivated brands. The result is a product

GRID 1 - 35 -

T

that’s obviously a technical one but which smacks of impermanence, elusiveness and distinction while evoking, illustrating and creating an ambience. It can also flatter the senses and the ego. Imagine the elegant ladies of bygone Paris who dressed according to the whims of fashion and ordered their own specific perfumes. No way could they be seen in series production cars. Elegance is first of all the desire to be different, is it not?


- 36 - PLATEAU 1

Juste de proportions, bien plus basse et étirée que la plupart de ses contemporaines, la 402 darl’mat attire l’œil et le mérite : aucune faute de goût dans sa ligne effilée.


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The 402 darl’mat had perfect proportions and was much lower than the majority of its contemporaries. There was no bad taste in its streamlined shape, which caught the eye and received richly-deserved praise.


Lorsque Darl’Mat s’installe à Paris en tant que garagiste, en 1921, ce pourrait être à Levallois comme tant de ses pairs. Il change son destin en choisissant la rue Malar, tout près du Quai d’Orsay. Et du Ministère des Affaires Étrangères, lieu chic, très mondain et secret, pivot et creuset de la diplomatie internationale du temps, dont la langue officielle est encore le français. Ce remuant personnage nourrit surtout l’envie d’offrir à sa clientèle parisienne une voiture élégante, un parfum frais de nouveauté et de liberté. Ce seront les cabriolets Eclipse, à toit rigide escamotable électriquement, que Peugeot inscrira à son propre catalogue. Et puis ses propres créations. La note de fond de ce parfum-là, c’est la vitesse. N’ayons pas peur des mots : cette 402 est son chef d’œuvre. Avant elle, ce sont des brouillons, l’affinage d’un certain style et d’une certaine intention. Après elle, c’est le déluge, la guerre qui, entre autres victimes, a sauvagement massacré le prestige automobile français. Quelques Darl’Mat naissent dans la paix en suspens de la Rive Gauche parisienne… L’élégance, c’est l’ineffable, l’inutile, la légèreté instaurée en genre de vie. Et le styliste, sans complexe, a habillé cette anatomie roturière d’une robe à fronces et à guipure, qui la transforme, qui la transcende. Ensuite, pour justifier ces falbalas, écarter tout reproche de frivolité, Darl’Mat inscrit ses 402 aux 24 Heures du Mans. Oui, la belle n’est pas de celles qui se pâment à l’idée de rouler trop vite, qui se préservent sous l’ombrelle pour ne pas gâter leur teint. C’est une sportive, comme les jeunes filles modernes, ces audacieuses garçonnes qui, pour plaire aux hommes, ou pour leur propre plaisir, osent les battre sur un court de tennis ou en concours hippique. En 1937, Darl’Mat engage lui-même trois de ses 302 spéciales dans la grande épreuve. Trois autos qui terminent, aux septième, huitième et dixième places, les deux premières roue dans roue, comme à la parade. Le sens de l’élégance, toujours. Fiabilité prouvée, mais victoire en classe deux-litres raflée par une Adler allemande, mieux profilée encore (et d’ailleurs fermée). Retour en 1938 avec des 402, et cette fois, si deux des trois autos connaissent vite des soucis, la survivante accroche une superbe cinquième place au général et la victoire de catégorie : les Adler sont toujours là, mais derrière. De la berline ordinaire, il reste les grandes lignes de la calandre bombée, le masque d’escrimeur, qui couvre les deux phares très centrés. Un ovale un peu elliptique, pointe en bas, une larme, une goutte étirée par la vitesse de pointe de l’auto. Demeure aussi la flamme 402, trois chiffres de haut en bas, bleu blanc rouge ; oui Madame, c’est ainsi que cela se porte. Et le 0 du sigle abrite toujours l’orifice propice au coup de manivelle, pour les matinées

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When Darl’Mat set up shop in Paris as a garage owner in 1921 he could have gone to Levallois like so many of his contemporaries. But he changed his destiny by choosing rue Marlar just beside the Quai d’Orsay and the Ministry of Foreign Affairs, a very chic, fashionable, secret place, the hub and melting pot of international diplomacy whose official language was still French. The flamboyant Breton was driven by the desire to offer his Parisian clientele an elegant car like a new brand of perfume that had a touch of liberty about it. It began with the Eclipse cabriolets (which Peugeot added to its catalogue), that had a retractable, electric hardtop. And then came his own creations. Speed was the underlying essence of this car. Let’s not mince words, the 402 was his masterpiece. Elegance is the ineffable, the superficial adopted as a style of life. And the stylist went the whole hog by dressing this common chassis with a complicated

robe that transformed, and at the same time, transcended its humble origins. And to justify all these superfluous additions and fend off any accusations of frivolity Darl’Mat decided to enter his 302s for the 1937 Le Mans 24 Hours. His beautiful car had what it took to cope with speed and its destiny was not to be hidden under an awning to preserve its sheen. It was a true sports car, an accessory for those modern young girls, those daring tomboys who either to please men or for their own satisfaction, dared beat them on the tennis court or in equestrian events. In 1937, the three special 302s proved their reliability in the greatest endurance race in the world, but had victory snatched from them by a better-streamlined closed Adler. Darl’Mat did not give up and came back again in 1938 with his 402s, and although two of the three cars soon fell by the wayside, the survivor clinched a magnificent fifth place overall


froides, au mépris de ce qu’en diront les psychanalystes. Vient ensuite ce capot allongé, et les fuseaux qui carènent les belles roues ajourées. Avec le pare-brise résolument plat, cette ligne résume l’aérodynamisme ingénu des années 30, fait de lissages savants et de fautes directes. Les gouttes de chrome, comme des rivets de taille croissante, “signent” toutes les Darl’Mat d’un motif évoquant encore les avions de plaisance et leurs fuselages scandés de sorties d’échappement. Notez surtout le bord de fuite, qui rappelle une toile légèrement rétractée sur l’armature en bois d’un empennage.

combined with a category victory beating the Adlers!

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From the production car he kept the main lines of the rounded flowing grille and the wire netting like a fencer’s mask that covered the two centrally-mounted headlights. A slightly elliptical oval pointed downwards like a drop of water or a teardrop shaped by the speed of the car. He also retained the 402 pennant with the three figures from top to bottom in blue, white and red with the centre of the O housing the aperture for the starting handle to be used on cold mornings - one in the eye for the psychoanalysts! Then came

the elongated bonnet stretching away towards the rear and the spats that covered the beautiful perforated wheels. When the windscreen is lying flat these lines sum up the fledgling aerodynamics of the 1930s consisting of smooth shapes and obvious mistakes. The chrome teardrops like the rivets that increase in size were the Darl’Mat’s motifs and evoked pleasure aircraft and their fuselages with protruding exhausts. Above all look at the trailing edge which recalls a sheet slightly shrunken on the wooden frame of a tail fin.


Le Mans Classic Courir après la vitesse

Le Mans Classic, compétition de voitures historiques qui ont disputé les 24 Heures, est devenu depuis 2002 l’un des plus beaux spectacles au monde que peut donner le sport automobile. Des voitures de toutes époques s’y retrouvent pour en découdre et surtout pour restituer l’histoire de leurs joutes d’antan. Bentley des années 1920, Alfa Romeo et Bugatti des années 1930, Jaguar, Aston Martin, Maserati des années 1950, Ferrari, Ford, Cobra des années 1960, Matra, Porsche ou Ferrari, encore, des années 1970 font entendre leurs cris de guerre et donnent à voir leurs silhouettes. Le photographe Laurent Nivalle et son complice, le journaliste Robert Puyal, ont arpenté le circuit, les stands, les paddocks de cette immense kermesse de l’auto. Leur ouvrage n’est pas un compte-rendu de course, mais il s’efforce de capter l’atmosphère singulière de ces 24 Heures très spéciales où les dixièmes de seconde sont autant à l’ordre du jour que les décennies du XXe siècle.

Le Mans Classic is a 3-day meeting devoted to historic cars that have taken part in the Le Mans 24 Hours. Since 2002 it has become one of the greatest motor sporting spectacles in the world. Cars from every era flock to the French circuit to go head-to-head and above all to recreate the history of their battles in days gone by. The sounds of Bentleys from the 1920s, Alfa Romeos and Bugattis from the 1930s, Jaguars, Aston Martins and Maseratis from the 1950s, Ferraris, Fords and Cobras from the 1960s, Matras, Porsches and Ferraris from the 1970s resound through the pine trees in the Sarthe as spectators marvel at their mind-blowing shapes. Photographer Laurent Nivalle and his collaborator, journalist Robert Puyal, have visited the circuit, pits and paddocks of this huge festival celebrating the motor car. Their book is not a compilation of race reports. Its aim is to capture the very particular atmosphere of these 24 Hours in which tenths of a second are as important a part of the weekend’s programme as the decades of the XXth century.

Le Mans Classic

Chasing after speed

Le Mans Classic Courir après la vitesse Chasing after speed

Robert Puyal

Laurent Nivalle


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