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n°
Juin 2017
acides organiques
afyren passe à la vitesse supérieure
catalyse
Demeta prend ses marques
suède
Stora Enso
se diversifie dans les biomatériaux
Dossier
matériaux bioSourcéS
La fibre végétale gagne du terrain dans les composites
I N N O V A T I O N S
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S O L U T I O N S
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Éditorial
Biosourcé
Total cache bien son jeu
L
asse d’attendre que Total se décide à communiquer sur sa stratégie globale autour de la valorisation de la biomasse, je prends ma plume pour vous résumer les formidables projets dans lesquels notre champion français est impliqué. Et ce, après avoir tout simplement examiné son site Internet. Ne vous attendez pas à
découvrir un centre de recherche caché quelque part dans le monde. Total a fait le choix de l’« open
innovation ». Soit il signe des partenariats internationaux avec des laboratoires universitaires ou
privés. Soit il prend des participations dans des « start-up » innovantes. On retiendra cependant que la fermentation, la thermochimie et les micro-algues sont les trois voies de transformation de la biomasse qui ont été retenues. Dans la liste des opérations menées, il y en a qui sont très connues, comme ce partenariat noué en 2010 avec Amyris, spécialiste en biologie de synthèse. Schématiquement, l’originalité de cette société américaine vient de sa capacité à produire de l’huile à partir de sucre, en passant par sa molécule plateforme, le farnésène. Et puis, il y a eu cette prise de participation, en 2015, dans Renmatix, une société spécialisée dans la production de sucres cellulosiques à bas coût, qui a suscité, par la suite, l’intérêt de Bill Gates. On connaît également le projet de reconversion du site de La Mède en bioraffinerie ainsi que l’engagement de Total dans
Sylvie Latieule Rédactrice en chef
slatieule@infopro-digital.com Suivre@SylvieLatieule
« Pour finir de nous épater, il faudrait que Total trouve le moyen d’apporter un bon soutien financier à nos « start-up » françaises. »
la plateforme TWB à Toulouse, ou dans les projets Futurol et BioTfuel de production de biocarburants 2G. Tout récemment, on a appris que Total avait laissé de côté son projet Futerro dans le PLA pour miser sur la société Corbion avec laquelle il va construire une usine de PLA en Thaïlande. En revanche, aucune publicité n’a jamais été faite autour du rachat de 100 % du capital de la start-up Novogy en 2014. Cette dernière modifie des levures oléagineuses, productrices d’huiles, pour augmenter leur rendement et leur productivité, et les rendre ainsi économiquement attractives. Total est aussi un partenaire
stratégique du Joint BioEnergy Institute du professeur Jay Keasling. Peu visible sous nos latitudes, cet institut de biologie synthétique a été fondé par le DOE (Département de l’Énergie des États-Unis) dans le but d’accélérer les recherches visant à produire des carburants lignocellulose. L’intérêt de Total pour les micro-algues n’est guère plus connu. Pourtant, le groupe travaille depuis 2013 avec un laboratoire grenoblois de physiologie cellulaire et végétale appartenant au CEA. Partenariat qui vise à optimiser les micro-algues en vue d’accroître les rendements et de baisser les coûts de production de molécules pouvant complémenter le portefeuille de produits de Total. Sur le même sujet, aux Pays-Bas, le groupe mène le projet AlgaePARC avec l’université de Wageningue. Puis, en Chine, Total collabore avec le Qingdao Institute of Bioenergy and Bioprocess Technology dans le criblage d’enzymes pour la production de biocarburants et de produits chimiques. Pour finir de nous épater, il faudrait que Total trouve le moyen d’apporter un bon soutien financier à nos « start-up » françaises qui sont dans les « starting blocks » pour industrialiser. Une goutte d’eau par rapport aux montants investis pour tenir à flot des sites comme Lacq, La Mède ou Carling, mais dont le secteur du biosourcé aurait tant besoin pour décoller. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Sommaire
N°30 - Juin 2017
Ve Verte 06 Vitrine
14 Dossier
Matériaux biosourcés La fibre végétale
08 Repères polyMères biosourcés
Total et Corbion investissent dans le PLA
La fibre végétale tente une percée dans le renfort des composites. Ses atouts sont nombreux: l’allègement et la durabilité peuvent se combiner avec des propriétés d’absorption acoustique et des vibrations. Reste à faire le bon choix entre les diverses espèces.
© DR
© Wood Light
gagne du terrain dans les composites
suède acide butyrique/propanediol
Stora Enso se diversifie dans les biomatériaux
Metex relance son industrialisation
Bio-On partenaire d’un projet européen
ingrédients santé
Une huile algale riche en oméga-3
© Stora Enso
pha
plant based suMMit 2017
La chimie biosourcée a trouvé son cap
procédé innovant
PAT prend racine dans la « traite » des plantes
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FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
Demeta prend ses marques
39 Fournisseurs
Tournaire rend l’extraction de composés plus sûre et plus écologique
extraction
Deux nouvelles prises pour Novacap
catalyse
© Demeta
© Metabolic Explorer
18 Focus
acides organiques
Afyren passe à la vitesse supérieure pour l’industrialisation
40 Carnet /
Agenda
Nominations Formations/Manifestations
41 Index
Liste des sociétés
42 Tribune Biéconomie L’atout France ! Photo de couverture : Ariane BoixièreAsseray
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Quand un fût de champagne devient lunette
© Wood Light
■ Fabriquées par l’artisan Julien Douzal, les lunettes Wood Light sont conçues à base de bois recyclé issu d’anciens fûts de champagne. Une alternative écologique et locale aux montures classiques en acétate. Son atelier de fabrication est situé à SaintBabel, dans le Puy-de-Dôme (Auvergne). Personnalisables à volonté grâce à la gravure laser, ces lunettes sont également faciles à réparer en cas de casse.
Verte Ve
Vitrine plongée biosourcés pl é dans d l’l’univers i des d produits d i bi é : dde l’horlogerie l’h l i à l’agronomie en passant par l’optique, les applications sont innombrables !
Le bambou touche-à-tout
© CAV
■ Pour ceux qui n’aimeraient pas les gros chronos suisses qui pèsent lourd au poignet, voici une montre en bambou de la marque Woodi Watches. Bois ultra léger, durable et robuste, il a permis de concevoir cette montre au design épuré pour les amoureux de la nature. Même le bracelet est en bambou. Côté mécanisme, il faudra se contenter d’un mouvement à quartz japonais.
L’agrafe de vignes enfin biodégradable
© Woodi Watches
■ Amidograf est la toute première
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FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
agrafe de palissage 100 % biosourcée et biodégradable en conditions réelles (« in situ ») de la Compagnie Agrafes à Vigne. Cette agrafe se décompose dans le sol dans l’année et entre dans le cycle de l’humidification de la vigne. Amidograf 15 mm est préconisée dans les vignes étroites avec des contraintes faibles à
moyennes. Amidograf 20 mm est conçue pour les vignes larges avec des contraintes moyennes à importantes. Cette agrafe est l’un des premiers produits commercialisés issus du projet Matagraf (financé par la région Grand Est, en partenariat avec 4 autres organismes: l’INRA, le CNRS, FRD et Plastiques d’Argonne).
Un détergent spécial bébé
© Salveco
ménagers de nouvelle génération spécialement conçue par la société Salveco pour l’univers de bébé. La formule douce de Calinou ne contient pas d’allergènes, la composition est non agressive, composée à 100 % d’ingrédients d’origines végétale et minérale, qui se biodégradent totalement en substances naturellement présentes et entièrement assimilables par le corps humain (eau, CO2, acide lactique…). Le tout avec une absence absolue de symboles de risque. Sa composition: betterave, blé, maïs, palmiste et noix de coco.
Du papier qui ressemble au plastique
■ Paptic est un nouveau matériau
composite contenant 80 % de fibres de bois. Proposé par une start-up finlandaise du même nom, il est destiné à remplacer les sacs plastiques dans des applications d’emballage, avec l’avantage de présenter des propriétés voisines de celles des sacs en plastique. Ni tout à fait du papier ni tout-à-fait du plastique, c’est du Paptic.
Un carton hyper résistant
■ Ensocard Resilience par Stora Enso
est un nouveau matériau pour les applications d’emballage nécessitant une résistance à la déchirure élevée. Le produit est constitué d’un carton support renouvelable et d’une extrusion PET sur les deux faces qui le rend suffisamment fort pour résister à la déchirure. L’Ensocard Resilience peut remplacer le plastique dans les emballages de produits pharmaceutiques dotés d’une sécuritéenfants, par exemple.
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ZOOM
Une colonne aérienne plus verte
© Ariège Composites
© Stora Enso
■ Calinou est une gamme de nettoyants
■ Proposée par la société Ariège Composites, Rocalin révolutionne le domaine de la colonne aérienne pour la collecte de verre, de papier et d’emballages divers. Le concept est durable et novateur pour la gestion des déchets et de nos paysages. Par son design sobre, cette colonne devrait s’intégrer harmonieusement et naturellement dans tout type d’environnement, sachant qu’elle se décline en conteneur de 3 m3 et 4 m3 selon les applications. à 60 % biosourcée, la colonne Rocalin est notamment composée de lin, de liège et de résine biosourcée.
Pour se passer de couvercle…
Metsä Board a inventé un nouveau design de gobelets en carton, appelé Lidloc. La société dit qu’il est révolutionnaire? Dans tous les cas, cette création brevetée est basée sur une extension de la structure d’un gobelet standard qui se plie et se verrouille avec un couvercle intégré. Ce design supprime le besoin d’un couvercle plastique séparé et réinvente la façon dont les gobelets en carton sont produits, consommés et recyclés.
© Metsä Board
FormuleVerte F l V t - N°30 - Juin J i 2017 20
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Repères [entreprises] Acide butyrique/propAnediol La société de biotechnologie industrielle envisage de construire en propre une première unité de production de 24000 t/an de propanediol.
C’
est une annonce importante pour la société clermontoise Metabolic Explorer (Metex). Elle vient de révéler son intention de construire en propre une unité de production d’acide butyrique et de 1,3-propanediol (PDO) d’une capacité de 24000 t par an. Le projet sera mené en deux tranches: une première tranche de 6000 t par an (5 kt de PDO et 1 kt d’acide butyrique), représentant un montant d’investissement de 25 millions d’euros pour Metex, et une seconde tranche de 18000 t/an (15 kt de PDO et 3 kt d’acide butyrique). La construction reste encore soumise à la conclusion d’un accord avec un industriel de premier plan, mais la société assure que « des discussions sont en cours avec deux industriels en Europe pour accueillir l’unité de production sur des sites industriels en reconversion ». La pose de la première pierre devrait intervenir à compter de la fin du premier semestre 2018 (à +/- 3 mois près), pour un lancement de la commer-
cialisation prévu 24 mois après le début de la construction. Auparavant, la société aura sélectionné le maître d’œuvre et l’assistance à maîtrise d’ouvrage ainsi que ses partenaires financiers. Le procédé de production de propanediol par voie fermentaire de Metex est au point depuis longtemps. La société avait même prévu de l’industrialiser en Malaisie dès 2010. Mais le projet avait fini par échouer, conduisant par la suite la société à se restructurer puis à vendre sa technologie de méthionine biosourcée au groupe Evonik pour se remettre en selle. L’acide butyrique valorisé Le projet présenté aujourd’hui a ceci de nouveau qu’il met en scène l’acide butyrique, un acide organique dont Metex n’avait pas souligné le potentiel jusqu’à présent mais qui est un co-produit connu de la production de propanediol à partir de glycérine. Cette unité de production permettra de commercialiser
Cargill reprend les actifs de BioBased Technologies les élastomères, les mastics, les ■ La société agro-industrielle américaine Cargill a annoncé l’acquisition de la gamme Agrol de polyols issus de végétaux de son compatriote BioBased Technologies. La transaction permet à Cargill de s’ouvrir de secteurs d’applications, notamment dans
liants et les adhésifs. Dans son portefeuille, Cargill détenait déjà une gamme des polyols biosourcés BiOH, destinés aux applications d’ameublement et de sièges pour l’automobile.
Carbios se rapproche de Petcore Europe ■ La société Carbios, qui est spécialisée dans les bioprocédés enzy-
matiques appliqués aux polymères, a annoncé qu’elle rejoignait l’association représentant l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du polyéthylène téréphtalate (PET) en Europe, Petcore Europe. « Cette adhésion permettra à Carbios de poursuivre la promotion de son procédé de biorecyclage du PET aux côtés des principaux leaders impliqués dans cette industrie », a déclaré la société.
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FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
© Metabolic Explorer
Metex relance son industrialisation
installation pilote de Metabolic Explorer à SaintBeauzire.
directement l’acide butyrique en nutrition animale; la société vise à terme 20 % du marché de l’acide butyrique naturel dans cette application. Le PDO qui sera commercialisé via des accords de distribution vise le marché de la cosmétique (50 % du marché visé) et celui du textile dont le PTT (40 % du marché visé). Il se positionne comme le premier concurrent du 1,3-propanediol biosourcé de DuPont Tate & Lyle, produit à partir
de sucre de maïs aux ÉtatsUnis, avec l’avantage d’être non OGM. Parallèlement, Metex précise qu’il poursuit ses initiatives en matière de R&D. Le premier axe de ses recherches porte sur la diversification des matières premières de son nouveau procédé phare. Le second vise à développer et amener à maturité le procédé de fabrication monopropylène glycol (MPG) dans le cadre du projet européen ValChem. Le 3e axe porte sur l’élargissement de son portefeuille, encore confidentiel. ■
SyLviE LATiEuLE
VitAmine e
Amyrisvasous-traiterenChine
L’
Américain a élargi ses relations avec Phyto Tech Corp (société Blue California) en Californie. Amyris explique que les ventes de ses ingrédients No Compromise, huile de vitamine E à base de farnésène, ont plus que doublé en Chine et devraient continuer de croître dans les soins personnels et la nutrition. Pour soutenir cette croissance, Amyris a conclu un accord avec Blue California, pour confier à sa filiale Phyto Tech la fabrication de ses ingrédients
en Chine. Blue California et sa filiale disposent en effet d’une base de production en fermentation en Chine, avec des capacités disponibles pour la technologie d’Amyris. Par cet accord, Blue California devient aussi un sous-traitant privilégié pour Amyris en dehors de la Chine, sachant qu’Amyris fournit la technologie et son partenaire le capital et la capacité de fabrication. Amyris reste responsable de la distribution de ses produits à ses clients et partenaires. ■ S.L.
[entreprises]
Repères
lignine
Double investissement à Sarpsborg pour Borregaard sont destinées à réduire les coûts de l’énergie et à offrir des avantages substantiels pour l’environnement et la sécurité.La capacité de production de lignine sur le site de Sarpsborg est actuellement de 160000 tonnes de solides secs par an, avec une part croissante de produits de spécialité. Après la lignine, la cellulose Ce projet fait suite à l’annonce d’un investissement de 115 millions de couronnes norvégiennes (12 M€) visant à accroître la capacité de production de celluloses de spécialités Ice Bear, toujours à Sarpsborg. Cet investissement sera finalisé au deuxième semestre de 2018 et amènera la capacité d’Ice Bear à environ 60000 tonnes par an.
biocArburAnts
Enerkem prêt à démarrer son usine canadienne
E
nerkem a annoncé la validation de toutes les exigences établies par la société de financement Integrated Asset Management pour l’exploitation de son usine d’Edmonton (Alberta, Canada). « L’installation d’Enerkem Alberta Biofuels à Edmonton est entièrement opérationnelle, conformément à des critères de production très rigoureux. Cette validation par un tiers arrive à un moment opportun alors que nous sommes prêts à accroître notre présence en Amérique du Nord et en Europe », a affirmé Vincent Chornet, président d’Enerkem. Ce développement intervient, alors que le site avait été certifié International Sustainability and Carbon Certification
(ISCC) en 2016 pour la production de biométhanol à partir de matières résiduelles. une technologie de rupture Le procédé de gazéification développé par Enerkem permet de transformer des déchets non recyclables en gaz de synthèse pur (syngas), utilisé pour la production de biocarburants et de produits chimiques (oléfines, acide acrylique, n-propanol, etc.) avec un niveau de pureté atteignant 99,9 %. Outre son usine en Alberta, la société canadienne envisage d’implanter prochainement une usine à Rotterdam aux Pays-Bas, au travers du partenariat qu’elle forme avec AkzoNobel, Air Liquide, Van Gansewinkel et AVR. ■ D.O.
Le site de Sarpsborg de Borregaard.
Les produits Ice Bear entrent également dans le cadre d’un projet visant à amener une plus grande spécialisation des produits de Borregaard, en développant des « niches dans les niches », explique la société. Il s’agit de produits de classe mondiale dans des
segments de marché ayant des exigences de qualité parmi les plus strictes. La montée en puissance de la production d’Ice Bear sera basée sur la demande du marché. Pour Borregaard, le potentiel de marché en volume est estimé à environ 20000 à 30000 t/an d’ici à la fin de 2018. ■ S.L.
protéines
Calysta lève 40 M¤
C
alysta a réalisé un tour de table de 40 millions d’euros. Cette levée de fonds a été effectuée auprès du chimiste japonais Mitsui, et du producteur d’ingrédients alimentaires Cargill, et des fonds Temasek, Walden Riverwood Ventures, AquaSpark, Pangaea et Mers of Michigan. Cette somme va servir à développer la production de la protéine FeedKind, un ingrédient durable pour la nutrition des poissons, du bétail et des animaux de compagnie. La production de FeedKind s’appuie sur une technologie « Gas to Chemicals », via un procédé de fermentation de gaz en C1 (méthane principalement) utilisant des biocatalyseurs. Cette levée de fonds intervient suite à l’annonce récente de plusieurs projets par Calysta. En janvier 2016,
© Calysta
orregaard prévoit d’investir 500 millions de couronnes norvégiennes (52 M€) dans un programme visant à moderniser et à spécialiser ses installations de production de dérivés de lignine sur son site de Sarpsborg en Norvège. Les travaux seront achevés d’ici à la fin 2019. Dans le détail, le projet comprend une nouvelle capacité de séchage, des réservoirs pour le stockage de liquides et des améliorations d’infrastructures de logistique et de gestion de l’énergie. Les nouveaux réservoirs de stockage pour les liquides répondront notamment aux normes environnementales futures et élimineront le besoin de capacité de stockage externe, réduisant ainsi les coûts logistiques. Les nouvelles infrastructures énergétiques
© Borregaard
B
installations de Calysta.
la société californienne Calysta a décidé d’implanter un démonstrateur pour la production de FeedKing à Teeside au Royaume-Uni. Pour cela, L’entreprise a débloqué une enveloppe de plus de 30 millions de livres pour industrialiser son procédé et introduire son produit sur le marché. De plus, Calysta a annoncé, en novembre 2016, un projet d’investissement pour la construction d’une unité de fermentation de gaz à Memphis (Tennessee, ÉtatsUnis) pour la production de protéines FeedKind. ■ D.O. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Repères [entreprises] Micropep intègre le TWB
L
a start-up spécialisée dans les biostimulants et les herbicides naturels Micropep Technologies a annoncé son intégration au sein de Toulouse White Biotechnology (TWB). La société fondée en 2016 va pouvoir accéder ainsi de la plateforme technologique de TWB afin de mettre au point un procédé biologique de production industriel de micro-peptide qui soit à la fois écologique et compétitif. « Les molécules développées par MicroPep visent à stimuler certains gènes de façon rapide ou lente, sans pour autant les modifier, contrairement aux OGM. C’est donc l’action
extrAction
Deux nouvelles prises pour Novacap
A
lors qu’il est en cours d’acquisition de la société de chimie fine française PCAS, le groupe Novacap fait deux nouvelles prises. Le Lyonnais a annoncé l’acquisition d’ID bio, fabricant d’ingrédients botaniques, et de H2B, fabricant d’ingrédients pour le diagnostic « in vitro ». Deux opérations qui lui permettent de renforcer un peu plus son offre dans les secteurs des cosmétiques et de la santé, a indiqué Pierre Luzeau, président de Novacap. Le groupe fait ici l’acquisitions de deux sociétés (5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016) qui ne sont pas étrangères l’une de l’autre. Elles puisent en effet leur origine dans une seule et même entité, Biodev, créée en 1988 par Jean-Pierre Picot et rebaptisée ID bio en 1993. Depuis, la branche cosmétique, spécialisée en extraction, notamment enzymatique et en
10 FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
purification, s’est développée en conservant ce même nom. Son savoir-faire lui permet aujourd’hui de proposer des ingrédients végétaux à façon et sur catalogue: extraits botaniques, extraits titrés et ingrédients actifs. ID bio se caractérise aussi par son approvisionnement éthique des matières premières, sélectionnées de manière écoresponsable, afin de proposer des ingrédients différenciés à la traçabilité contrôlée. En parallèle, la fabrication de produits issus du fractionnement sanguin pour l’industrie du diagnostic « in vitro » a aussi fait son chemin pour prendre le nom de H2B en 2009. Elle a développé deux gammes de produits variées à partir de plasma bovin, et, depuis 2009, à partir de plasma humain. ID bio et H2B sont toutes deux installées sur le site de la technopole Ester à Limoges. ■ S.L.
originale qui est modifiée et non le gène lui-même, ce qui constitue une véritable révolution dans le monde de l’agriculture », explique Thomas Laurent, général et cofondateur de MicroPep. Les biostimulants et herbicides développés par la start-up constituent une véritable alternative aux engrais chimiques et aux pesticides traditionnellement utilisés en agriculture. Micropep n’est pas la première start-up à intégrer le TWB: en effet, EnobraQ (expert de la valorisation du CO2) et Pili (producteur de colorants biodégradables par voie fermentaire) y sont
© TWB/Baptiste Hamousin
son partenariat avec BioBee, société israélienne spécialisée dans la lutte contre les nuisibles. Cette extension du contrat à long terme signé entre les deux parties, en janvier 2016, aboutit au lancement en Israël, dès 2017, d’une solution de perturbation d’accouplement de ravageurs à base de phéromones: insectes, prédateurs, arachnides, etc. Les deux partenaires collaboraient depuis deux ans sur trois projets de R&D. Cette coopération prévoit que M2i se charge de développer et de produire les solutions de contrôle biologique, tandis que BioBee s’occupe de la commercialisation.
biocontrôle
Micropep profitera des équipements de TWB.
également hébergées depuis 2016. Fort de l’accompagnement de TWB, Micropep envisage une levée de fonds de 3 millions d’euros d’ici à 2018. Ces fonds serviront à recruter de nouveaux collaborateurs pour ses équipes de recherche, portant son effectif à 10 employés. ■ D.O.
lubrifiAnts
Chemtura s’intéresse à la technologie d’Elevance
E
levance Renewable Sciences, basé à Woodridge dans l’Illinois, a cédé à la société de chimie de spécialités Chemtura une licence de sa technologie Elevance Aria WTP. Elevance travaille sur la métathèse de dérivés d’huiles naturelles pour produire des produits chimiques de spécialités innovants et performants. Cette technologie catalytique de métathèse a même fait l’objet d’un prix Nobel en 2005 (Yves Chauvin, Richard Schrock, Robert Grubbs). Chemtura aura les droits mondiaux pour développer, fabriquer et commerciali-
© DR
M2i renforce sa collaboration avec l’israélien BioBee ■ Le groupe français a étendu
Elevance travaille l’huile de palme.
ser des produits utilisant la technologie Elevance Aria WTP dans des applications de lubrifiants haute performance. Elevance a conservé des droits en dehors des applications de lubrifiants. Au niveau du « manufacturing », Elevance est engagé dans une co-entreprise avec Wilmar à Gresik en Indonésie. Elle produit 180000 t par an de produits issus d’huile de palme, en particulier des molécules en C10+ alpha linéaires et des molécules bifonctionnelles de type ester méthylique de l’acide 9-décènoïque. De son côté, Chemtura est un développeur, fabricant et fournisseur de produits et additifs clés pour les formulateurs de lubrifiants à l’échelle mondiale. Il recherche de nouvelles technologies pour repousser les limites de ses lubrifiants, pour des applications dans le transport et dans l’industrie. ■ S.L.
[entreprises]
Repères
nutrition
Odontella invente le « saumon végétal marin »
ierre Calléja, fondateur de la société Fermentalg qu’il avait dû quitter définitivement fin 2016, est de retour. Ce « serial entrepreneur » vient en effet de co-créer Odontella, une société qui a l’ambition de proposer des gammes de produits alimentaires 100 % naturels à base de micro-algues marines. En particulier, des pavés de « saumon végétal marin » pouvant directement se substituer à la consommation du saumon en termes de goût, d’aspect, de texture, mais également de prix. « Ce produit breveté est un aliment 100 % naturel, de grande qualité nutritionnelle, riche
en omega-3, en protéines marines végétales et en nombreux composés marins bénéfiques à la santé », explique la société bordelaise sur son site. En outre, Odontella travaille dans le cadre de ses brevets et formulations au développement de boissons, de produits laitiers et de thon végétal marin, premiersnés d’une large gamme de produits naturels à base de micro-algues marines. La société prévoit de commercialiser ses premiers produits dès le début 2018. Aux côtés de Pierre Calléja, on retrouve trois autres experts des micro-algues, de la nutrition humaine et de la gestion
r&d
DSMouvreuncentreàDelft
D
SM a ouvert un nouveau centre de R&D spécialisé en biotechnologie sur son site de Delft aux Pays-Bas pour des applications alimentaires et nutritionnelles, dans le domaine des carburants, ainsi qu’en pharmacie et dans les matériaux biosourcés. L’achèvement de ce centre s’inscrit dans le cadre d’un programme d’investissement de 100 millions d’euros initié depuis 2013 par DSM pour accroître ses capacités de R&D aux Pays-Bas. Le centre, qui offre la plus large gamme de compétences en biotechnologie sous un seul
toit, accueille plus de 400 chercheurs de 27 nationalités. Cette ouverture permet en outre de consolider le développement du site, où DSM Food Specialties a son siège mondial, ainsi qu’un grand centre technique. DSM a également investi avec d’autres acteurs dans des installations pilotes et de démonstration. Cet outil fait partie d’un réseau européen de démonstrateurs (dont ARD en France). Et puis, le site reste un lieu important de production d’intermédiaires antibiotiques, de levures et d’arômes. ■ S.L.
Total fournit un combustible 100 % biomasse à Enertherm ■ Total Marketing France et Enertherm (groupe Idex) ont signé un
contrat de fourniture d’un combustible liquide 100 % biomasse pour l’alimentation du réseau de chaleur de Courbevoie dans le quartier de la Défense. Enertherm étudiait depuis plusieurs années des solutions adaptées à son objectif de verdissement de son réseau et en particulier de sa centrale de Courbevoie qui fournit chaleur et refroidissement à ses riverains. Dans ce contexte, Total lui a proposé en 2016 « Total Biotech Fuel », un combustible innovant intégralement issu de la biomasse, constitué d’extraits de résine de pin.
des affaires, à savoir Alain Guillou, PhD en nutrition, directeur scientifique, avec 25 ans d’expérience entrepreneuriale en R&D en France et au Canada, le professeur Claude Gudin, sommité mondiale des micro-algues avec une expérience de 40 ans et Soraya El Fathi qui cumule 20 ans d’expérience en management et administration des entreprises.
une longue liste de partenaires La société compte d’ores et déjà parmi ses partenaires le laboratoire AGIR, la plateforme IMPROVE, le centre de recherche CRBM, l’Institut
CBMN de l’université de Bordeaux, AQUITI, AQUINOV, la région Nouvelle-Aquitaine, Sam Merzeaud Conception et la Convention d’affaires BioMarine Pour ce qui est de ses perspectives, la société vise les 11,7 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un effectif de 55 personnes à l’horizon 2022, si l’on en croit les données publiées sur la plateforme de financement participatif Wiseed. à ce stade, Odontella cherche à lever 600 K€ destinés à lancer commercialement ses premières gammes et à structurer une équipe marketing et commerciale. ■ S.L.
bioplAstique
Sphere rachète AEF
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e groupe Sphere a conclu un protocole d’accord avec Bridgepoint en vue d’acquérir le groupe AEF qui a réalisé un chiffre d’affaires de 140 M€ en 2016. Ce protocole intervient, un an après la création de Végéos, une société commune entre Sphere et AEF, chargée de la promotion des gammes de sacs biodégradables et compostables fruits et légumes en France et à l’international. La réalisation de la cession reste soumise à l’approbation de l’Autorité de la concurrence. AEF est né en septembre 2013 par transfert des activités de distribution de produits d’emballages professionnels du groupe Artedist. Ce dernier avait été créé en 2010 d’un rapprochement d’Hyper Embal et Valeurdis puis des acquisitions de la société rémoise Alpem en novembre 2012 et de la société nantaise Publi Embal en septembre 2013. Le rapprochement entre les groupes Sphere et AEF a pour objectif de développer les
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Sacs végéos pour emballer les fruits et légumes.
interactions et les synergies déjà existantes entre les deux sociétés au travers de la société Végéos, tout en permettant une intégration verticale de Sphere de la production à la distribution Sphere (368 M€ de CA) est un groupe familial indépendant créé par John Persenda en 1976, possèdant une vingtaine de filiales dont 12 sites de production en Europe de l’Ouest. En 2005, le groupe avait opéré un virage stratégique en rachetant la société allemande Biotec et en remplaçant les matières fossiles par des matières végétales renouvelables. ■ S.L. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Repères [r&d] pHA Développer de nouveaux matériaux d’emballage alimentaire biosourcés et biodégradables, c’est l’objectif du programme BioBarr piloté depuis l’Italie.
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a société italienne de bioplastique spécialisée dans le PHA (polyhydroxyalcanoates), Bio-on, annonce sa participation dans un programme européen financé dans le cadre du programme Bio Based Industries Joint Undertaking, Horizon 2020. Le projet baptisé BioBarr (New biobased food packaging materials with enhanced barrier properties) recevra 3,78 millions d’euros à compter du 1er juin 2017 sur une durée de 4 ans.
Le projet est piloté par Tecnoalimenti et il réunit 7 partenaires publics et privés en provenance de 4 pays: Italie, Espagne, Danemark et Finlande. Les objectifs sont les suivants: développer de nouveaux matériaux d’emballage alimentaire biosourcés et biodégradables, améliorer et renforcer leurs propriétés barrière et valider leurs applications en conditions réelles dans l’industrie alimentaire. Ce projet mettra l’accent
VAlorisAtion du co2
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Bio-on partenaire d’un projet européen La technologie de Bio-On s’adapte à de nombreuses matières premières.
sur les PHA produits selon la technologie de Bio-on qui a la caractéristique de s’adapter à une large liste de
matières premières: betterave à sucre, canne à sucre, glycérol de biodiésel, pomme de terre, graisses animales, fruits, légumes, bois, déchets domestiques humides et déchets vinicoles. Rappelons qu’en 2015, le groupe sucrier français avait annoncé son intention d’industrialiser le procédé de production de PHA de Bio-on, dans le cadre d’un jointventure 50/50, sur l’un de ses quinze sites industriels. ■
SyLviE LATiEuLE
cHimie du VégétAl
FermentalgetSuezavancent Pivert obtient la délivrance surleurcollaboration de deux brevets américains
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a société de biotechnologie industrielle Fermentalg a fait un point sur ses avancées dans le cadre de son projet initié avec Suez sur le CO2. Cette coopération vise à utiliser les propriétés naturelles de photosynthèse des microalgues pour capter le CO2 de l’air. Fermentalg est ainsi parvenu à mettre au point une solution industrialisable de puits de carbone. Cette installation est capable de produire de l’oxygène et de la biomasse destinée à la production d’énergie verte sous
la forme de biogaz ou de biométhane. Le puits de carbone, dont le prototype avait été présenté à la COP21 en 2015, se présente sous la forme d’un grand réservoir rempli d’eau et de micro-algues. Après activation à la lumière, les micro-algues piègent le CO2 pour leur processus de photosynthèse. Selon Fermentalg, un seul puits de carbone détient une capacité épuratoire de 100 arbres, soit une économie d’une tonne de CO2 par an émis dans l’atmosphère. ■ D.O.
Le projet COLOR2B de Déinove dans sa 2e phase ■ La société de biotechnologie Deinove a franchi avec succès la
2e étape de son programme COLOR2B. En collaboration avec Avril (ex-Sofiproteol) depuis septembre 2014, ce projet vise à développer un procédé de production d’additifs naturels pour l’alimentation animale. Dans cette 2e phase, Deinove a validé l’efficacité et la biodisponibilité des composés produits à partir des 7 souches qu’il a sélectionnées lors de la 1re phase franchie en 2015, après un criblage de 6000 bactéries. Les équipes travaillent maintenant pour valider les conditions de production industrielle et de commercialisation de compléments alimentaires.
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a SAS Pivert annonce la délivrance de deux brevets aux États-Unis. Ces deux titres portent sur des technologies de valorisation du végétal pour des applications en cosmétique, dans les lubrifiants et les polymères biosourcés. Le brevet US9,550,715 concerne un procédé de synthèse d’acide
glycolique à partir de glycérol, tandis que celui enregistré sous la référence US9,556,402 porte sur un procédé catalytique d’hydroformylation de triglycérides. La SAS Pivert détient d’ores et déjà 6 brevets en France, dont cinq issus de travaux avec le CNRS dans le cadre du programme Genesys. ■ D.O.
nutrition AnimAle
Une délivrance de brevet en Chine pour Deinove
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einove annonce que son premier brevet couvrant l’utilisation des déinocoques pour la nutrition animale a été délivré en Chine. Deinove travaille depuis 2014 à développer des applications en nutrition animale, notamment via deux programmes en partenariat. L’objectif est de valoriser les capacités de certaines
souches de sa collection bactérienne pour produire des composés présentant des avantages nutritionnels ou organoleptiques. Ce brevet « Ingredients for animal feed compositions » protège les avancées dans ce domaine. Déposé dans plusieurs territoires, il a obtenu sa première délivrance en Chine sous le n°ZL 201280069505.2. ■ S.L.
[produits]
Repères
ingrédients sAnté Fermentalg atteint le stade commercial avec un ingrédient santé promis à de larges débouchés.
Une huile algale riche en oméga-3
© Fermentalg
ermentalg, a mis sur le marché l’huile algale DHA350, à l’occasion du salon Vitafoods Europe 2017. Issue de sa recherche, cette huile riche en omégas-3, qui dispose depuis janvier 2015 de l’agrément « Novel Food », est susceptible de présenter des bénéfices, notamment au niveau cérébral et cardiovasculaire. C’est d’ailleurs pour cela que les omégas-3 sont de plus en plus utilisés comme ingrédients santé dans l’agroalimentaire ainsi que dans l’alimentation animale, mais aussi directement comme complément alimen-
Des
F
Des micro-algues pour remplacer les poissons gras.
taire. Pour le moment, cette huile est produite dans les locaux d’un partenaire, la plateforme ARD implantée sur la bioraffinerie de Bazancourt-
biocontrôle
Pomacle. Fermentalg construit actuellement une usine à Libourne en Gironde. Historiquement, la principale source d’omégas-3 était la pêche de poissons gras tels que les anchois, les sardines et les morues. Aujourd’hui, dans un contexte d’enjeux climatiques mondiaux qui accentuent la pression environnementale sur les océans et la perspective de quotas de pêche de plus en plus stricts,
Fermentalg estime que le lancement du DHA350 offre une « alternative plus responsable pour la santé et la biodiversité de nos océans ». Le marché des omégas-3 (EPA, DHA…) est estimé à 1,4 Mrd $, selon les données de Fermentalg avec des débouchés en Asie-Pacifique, aux États-Unis, en Amérique Latine et en Europe. Le marché du DHA issu des micro-algues est estimé à environ 2500 t par an et profite depuis quelques années d’une dynamique positive portée par l’évolution des modes de consommation. ■
SyLviE LATiEuLE
fluide tHermique
Autorisation de mise sur le Du propanediol biosourcé marché pour Phéro Ball Pin pour la fermentation des vins e 28 avril 2017 a été publié l’arrêté officialisant l’autorisation de mise sur le marché pour 180 jours de ce produit de biocontrôle conçu par M2i et destiné à la lutte biologique contre le ravageur des pins. L’arrêté publié au Journal Officiel, souligne « les risques pour la santé publique, notamment les dermites urticantes provoquées par cette espèce», ainsi que « le manque de moyens efficaces disponibles pour faire face aujourd’hui à ce danger sanitaire ». M2i, spécialiste des phéromones pour la protection biologique des cultures a mis au point une méthode de confusion sexuelle par phéromone contre le papillon de la processionnaire du pin. Il s’agit, pendant la période de vol, de saturer l’air avec une grande quantité de phéromone sexuelle spécifique de l’insecte afin d’empêcher les mâles de détecter les femelles pour ainsi limiter les
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© M2i
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une application selon le principe du paintball.
accouplements et, par conséquent, empêcher la ponte et l’infestation de la pinède par les chenilles. Le principe actif phéromonal, micro-encapsulé selon une technologie brevetée, est formulé en gel, et inséré dans des billes de « paintball » biodégradables qui sont projetées sur les arbres et diffusent ainsi sur la parcelle à protéger pendant toute la saison de juin à septembre. Cette méthode a été développée en coopération avec l’INRA d’Avignon depuis 2014. Le produit est distribué par la société Nufarm. ■ S.L.
uPont Tate & Lyle Bio Products a récemment présenté une nouvelle application de son 1,3-propanediol Susterra à 100% biosourcé (PDO). En effet, ce composé a été utilisé comme fluide caloporteur, à la place du MPG (propylène glycol pétrosourcé), lors des phases de fermentation des vins effervescents de la société Rivarose installée à Salon de Provence. Nicolas Quiles, directeur technique et oenologue chez Rivarose, l’explique : « Nous utilisons la température pour réguler la fermentation et
faire baisser la pression du vin lors de l’embouteillage. Ainsi, quand le vin arrive dans la bouteille, il ne mousse pas. ». Le recours à ce nouveau fluide a été proposé par Smef Azur. Au final, DuPont assure que le passage du MPG au propanediol a permis de diminuer de 20 à 30% les pertes de charges et de réduire d’environ 20% la consommation énergétique de tous les équipements. L’unité de production a ainsi accueilli 5 cuves de fermentation supplémentaires, avec le même circuit de refroidissement. ■ S.L.
un outil pour surveiller la part du biosourcé et certifiées au début de la ■ Encore au stade pilote, le
premier outil à utiliser la certification électronique pour suivre le contenu biosourcé tout au long de la chaîne de valeur a été lancé par AkzoNobel, Advanced Biochemical Thailand (ABT) et EY. Il s’appuie sur des matières premières biosourcées connues
chaîne d’approvisionnement. Les entreprises peuvent ensuite les transférer via une plateforme en ligne, qui surveille automatiquement le contenu biosourcé de tous les produits fabriqués en aval. Epicerol sera le premier produit surveillé. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Dossier Alors que la fibre de verre domine le marché, la fibre végétale tente une percée dans le renfort des composites. Ses atouts sont nombreux: l’allègement et la durabilité peuvent se combiner avec des propriétés d’absorption acoustique et des vibrations. Reste à faire le bon choix entre les diverses espèces végétales qui renferment de la matière fibreuse.
Matériaux biosourcés
La fibre végétale gagne du terrain dans les composites
Q
uel est le point commun entre le bambou, le chanvre, le lin ou le miscanthus ? Ce sont toutes des plantes qui peuvent être valorisées sous forme de fibres. Ces fibres qui vont trouver des applications en tant que renforts dans des matériaux composites, une fois additionnées de résines polymères (thermodurs ou thermoplastiques), en complément des traditionnelles fibres de verre qui dominent le marché ou des fibres de carbone plus techniques. Et l’usage de ces fibres végétales se développe car elles peuvent apporter des propriétés tout à fait remarquables, en particulier de l’allègement (par rapport à la fibre de verre plus dense) et des propriétés d’amortissement des vibrations (par rapport à la fibre de carbone plus rigide) qui sont particulièrement appréciées dans le domaine des transports - ferroviaire, automobile et aéronautique – mais
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également dans le domaine des accessoires de sport et de loisir.
Le lin, un précurseur dans les « tissus orientés » Les fibres de lin, dont le premier débouché reste l’industrie textile, ont été les premières à avoir été développées dans des grades techniques sous forme de non-tissés, de rubans, ou de « tissus orientés » grâce à leur capacité à se présenter sous forme de fibres longues. La coopérative Terre de Lin qui gère 14000 hectares de cultures en Normandie, sur un total de 80 000 hectares en France, est d’ailleurs entrée en production grâce au rachat en 2015 de la société Biorenforts et de son installation industrielle. « Dans notre unité, nous préparons du lin technique, sorti de la filière textile, sous forme de rubans que l’on assemble. Ceci nous permet de proposer des produits renfort unidirectionnels et multiaxiaux », explique Tristan Mathieu
qui gère la nouvelle entité TDL technique. Les applications avaient déjà démarré pour le renfort de skis de l’équipementier Salomon ou d’enceintes acoustiques de la marque Focal. « Le marché est enfin mûr », assure Tristan Mathieu. « Les indus-
tries qui veulent aller dans les fibres ont compris que ça fonctionnait bien. Il n’y a plus de frein au changement car il existe des « success story ». Par exemple, l’application chez Focal qui a fait ses preuves dans le temps ». Un point de vue partagé par Marc Audenaert, responsable partenariats R&D pour le domaine des polymères techniques chez Arkema : « On peut considérer que la plupart des verrous ont sauté. La mise à disposition d’un label qui qualifie l’approvisionnement est un point positif. On a senti, lors de la dernière édition du salon JEC Composites, un climat de confiance qui s’est établi avec les industriels en aval. Ils sont venus nombreux avec des projets très précis ». Au niveau du pôle de
[Matériaux biosourcés] Dossier Jeune société innoVAnte
OPéRATiOn DE ROuiSSAgE POuR LA PRODuCTiOn DE fiBRES DE Lin.
compétitivité IAR, Jean Bausset, en charge des projets Agromatériaux, perçoit également la filière comme structurée et dynamique. D’ailleurs, sur les quelques 370 adhérents que compte le pôle, une centaine relève de près ou de loin de la thématique des matériaux biosourcés. Cette diversification de Terre de Lin dans les rubans et multiaxiaux pour composites n’est pas sans rappeler la stratégie du groupe Dehondt qui a, dès 2002, créé une division composites pour se diversifier à partir d’un savoir-faire dans les équipements pour la récolte et la transformation du lin. L’entité se positionne aujourd’hui comme un fournisseur de renforts et semi-produits. « On pousse plus loin dans la valeur ajoutée », explique Édouard Philippe, responsable de la filiale Dehondt Composites. Sa société produit des rubans, mais aussi des tissus (100 % lins ou lin/fibre de verre), des préimprégnés (tissus de lin enduits de résine), des plaques (superposition de pré-imprégnés) et des panneaux sandwich. à cet effet, Dehondt a tout récemment fait l’acquisition d’une nouvelle ligne de production qu’il a installée sur son site Cauchois. L’objectif visé est la production de dizaines de milliers de mètres-carrés pour des applications dans l’automobile et l’aéronautique.
Tandis que les fibres de lin et de chanvre dominent le marché des composites biosourcés, Edouard Sherwood, président de Cobratex, voudrait imposer le bambou, une plante cultivée sur l’ensemble de la planète. Formule Verte: Pouvez-vous présenter la société Cobratex que vous dirigez? Edouard Sherwood: Cobratex a été créée en 2013 par 7 associés avec l’objectif de permettre aux bambous d’entrer sur le marché des composites en tant que renfort performant. Mais l’idée remonte à 2010 car cela nous a pris quelques années pour développer une technologie qui est aujourd’hui brevetée et qui permet d’extraire mécaniquement les fibres des tiges sans les abimer. Puis dans une deuxième étape les fibres sont soudées en entre elles pour fabriquer des rubans continus unidirectionnel qui pourront également faire l’objet d’un tissage pour proposer des renforts multiaxiaux.
Quel stade de développement avez-vous d’ores et déjà atteint? E.S.: Nous commercialisons déjà des tissus produits de façon artisanale pour pouvoir valider la technologie. Mais cette année, nous allons démarrer un premier pilote industriel qui fonctionnera en
Hormis les fibres longues, les fibres courtes de lin et les étoupes, matières premières moins onéreuses, offrent aussi des perspectives intéressantes dans le domaine des matériaux. C’est le savoir-faire de la société Écotechnilin, spécialiste des mats non-tissés (mélanges de fibres utilisés comme renforts) et des feutres préimprégnés de polypropylène préconisés pour le moulage par thermocompression. La société a d’ailleurs à son actif de nombreuses références dans l’automobile avec la fabrication de pièces
© Cobratex
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« Le bambou est une plante qui plaît au consommateur »
EDOuARD ShERWOOD DEvAnT unE MAChinE PRODuiSAnT DES RuBAnS DE BAMBOu.
continu. Il sera installé à Fenouillet dans la région toulousaine et emploiera 2 personnes que nous allons recruter cet été. Pour financer ces développements, nous déjà levé 640000 euros et nous envisageons de lever 3,3 millions d’euros supplémentaires car nous prévoyons d’être une société industrielle.
Justement quel est votre business model, la vente de procédés ou de produits? E.S.: Nous envisageons la construction d’une usine à Toulouse qui pourrait démarrer fin 2019, ce qui nous permettrait de commercialiser nos produits. Il y a un vrai marché pour la fibre de bambou dans le domaine du sport et loisirs car le bambou est une plante qui plait au consommateur. Mais nous avons également des projets en cours de discussion avec de partenaires dans le domaine de l’aéronautique. ■
automobiles comme des tablettes arrière, des pavillons, des panneaux de portes, des fonds de coffres, des passages de roues. Si le lin commence à trouver son rythme de croisière, le chanvre œuvre depuis 30 ans à se faire une place dans le domaine des matériaux par la valorisation de sa fibre courte. Le département de l’Aube, leader européen de la culture de chanvre, partage cette ambition au travers de sa coopérative La Chanvrière qui envisage de doubler sa production
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FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Dossier [Matériaux biosourcés] >
© Salomon
CES SkiS SALOMOn uTiLiSEnT un REnfORT DE Lin POuR ABSORBER LES viBRATiOnS.
PLuS DE PERfORMAnCE AvEC LES fiBRES LOnguES « Dans une fibre végétale, le paramètre morphologique longueur sur diamètre, autrement appelé facteur de forme, est une caractéristique essentielle conditionnant les propriétés mécaniques des matériaux finis », souligne Pierre Bono, directeur de la plateforme fRD. Dans les cas les plus usuels, il estime que le rapport longueur sur diamètre varie de 10 à 200. Dans cet intervalle, les propriétés mécaniques peuvent être - N°30 - Juin 2017 166FormuleVerte 1
accrues d’un facteur deux à trois. « La caractérisation des fractions végétales et des matériaux qui en découlent est un point essentiel, aussi bien dans un cadre de travaux recherche et développement que du suivi qualité des produits », ajoute Pierre Bono. fRD s’est ainsi doté d’un savoirfaire et des équipements nécessaires pour l’analyse des fibres, granulats, semiproduits et matériaux composites.
pour arriver à 10000 ha cultivés de chanvre. En 2008, en partenariat avec 10 autres actionnaires, la coopérative, pour renforcer ses actions en matière de R&D, a créé le centre technique FRD (Fibre Recherche et Développement), interface entre les producteurs de fibres et les industriels des matériaux souhaitant utiliser des fibres naturelles dans leurs produits. Pierre Bono, pilote de FRD depuis sa création, confirme l’attention toute particulière accordée à la fibre de chanvre dans sa structure. Pour autant, dans les réserves du centre technique, on retrouve tout type de biomasses disponibles en Europe: chanvre, lin, paille de colza, cannes de tournesol, miscanthus, sisal, bois… FRD est en mesure de fractionner, de traiter, de préparer et d’analyser toutes sortes de biomasses lignocellulosiques, dans l’objectif de mettre au point des grades répondant aux attentes des applications industrielles. Le centre dispose aussi de bonnes connaissances des marchés et de compétences dans la conduite de projets collaboratifs. Pierre Bono évoque, par exemple, la participation de FRD au projet Finather, mené sur le période 2010-2014, visant à développer des matériaux composites thermodurcissables innovants à faible impact environnemental pour les secteurs des transports automobile et ferroviaire. L’innovation consistait à substituer largement les composés d’origine pétrochimique ou organique par des composés biosourcés, renouvelables. Ainsi, pour les matériaux étudiés, les résines pétrochimiques classiques ont été substituées par des résines issues d’huile de lin et les fibres de verre, par des fibres de lin et de chanvre. Autre exemple avec Sinfoni, qui s’achèvera cette année. Il s’agit d’un programme des investissements d’avenir (PSPC) qui a bénéficié de 14,5 millions d’euros sur la période 2012-2017. Son objectif : la structuration de la filière fibres techniques végétales Lin et Chanvre à usage matériaux. Les retombées ont d’ores et déjà été nombreuses de la constitution d’une gamme collective de fibres et renforts, à la création d’un observatoire de suivi des marchés « Fibres végétales techniques maté-
riaux », en passant par la mise en place de fiches techniques couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. Le premier démonstrateur ferroviaire lin et chanvre a été présenté au JEC 2017, issu des travaux de Bombardier, Stratiforme industries, Eyraud Sa, ÉcoTechnilin, le CREPIM sous la coordination technique de FRD. Des résultats mécaniques et feu pertinents avec un allégement pouvant aller jusqu’à 20 %.
Le chanvre, adapté aux applications automobiles Néanmoins, la fibre de chanvre a déjà des applications à son actif. C’est, par exemple, la fibre végétale qui a été retenue par l’équipementier automobile Faurecia, pour proposer des pièces plus légères à ses clients de l’automobile. « Par définition, toutes les fibres nous intéressent », explique Laurence Dufrancatel, Innovation & Materials Global Domain Manager chez Faurecia. « Néanmoins, pour nos usages, le chanvre répond mieux à nos attentes que le lin. Il est moins cher, plus disponible et on peut plus facilement le planter. C’est le meilleurs compromis que l’on ait trouvé sur le marché ». Dès les années 90, la société a développé ses premiers composites renforcés de fibre végé-
Dossier
© Dehondt
LE gROuPE DEhOnDT PROPOSE DE S’ATTAquER Aux CARROSSERiES AuTOMOBiLES.
par Faurecia : « On peut déjà citer PSA, Renault, Alfa Romeo… et d’autres arriveront dans quelques mois ». L’usage de fibres de bambou est une option finalement moins mature que celle du lin et du chanvre. La société Cobratex, créée en 2010, à Toulouse, en a fait sa spécialité. Edouard Sherwood, président fondateur, explique que sa société a mis un point une technologie brevetée permettant d’extraire mécaniquement, sans les abîmer, les fibres de bambous contenues dans les tiges de la plante. Le plus du bambou ? C’est une plante quasi universelle, cultivée sur toute la planète, et
un ExEMPLE DE PièCE AuTOMOBiLE En COMPOSiTE ChAnvRE PROPOSé PAR fAuRECiA.
© Faurecia
tale pouvant être mis en forme par compression. Puis, dans les années 2010, elle s’est illustrée en lançant Nafilean, un matériau combinant des fibres de chanvre et une résine polypropylène, pouvant être mise en forme par injection. Ce matériau est d’ores et déjà utilisé pour des pièces intérieures d’automobiles aux formes complexes. Le Nafilean a été conçu, et il est aujourd’hui fabriqué, par Automotive Performance Materials (APM), un joint-venture entre Interval, grande coopérative agricole de Franche-Comté, et Faurecia. Puis, l’équipementier et APM ont eu l’idée d’aller plus loin en développant Nafilite. Il s’agit d’un même type de matériau mais additionné d’un agent d’expansion pour créer une mousse rigide lors de l’injection et diminuer encore la densité. Ce matériau qui vient tout juste d’être mis sur le marché doit trouver prochainement ses premières applications. Et si, pour l’heure, la fibre végétale se cache encore, elle pourrait gagner en visibilité comme dans la BMW 3i qui laisse apparaître la fibre végétale sur ses contre-portes. En tout cas, Laurence Dufrancatel assure que de plus en plus de constructeurs sont conquis par les pièces en composites renforcés fibre végétale proposées
notamment en France. Par ailleurs, il existe plus de 1200 espèces différentes, une opportunité supplémentaire pour Cobratex d’essayer de se distinguer du lin et du chanvre, qui occupent le terrain (voir encadré). Spécialiste des matériaux, Arkema partage la même ambition d’accompagner le développement de composites renforcés fibre végétale. Mais le groupe chimique aborde le sujet par le prisme de fournisseur de résines, avec l’ambition d’imposer l’usage de résines thermoplastiques recyclables, telles que ses résines acryliques Elium, plutôt que des thermodurs. Cette volonté est en ligne avec sa stratégie globale dans les composites. à ce titre, Arkema figure parmi les membres fondateurs de l’association Fimalin qui soutient depuis ses débuts, en 2009, la création d’une filière « lin technique » pour le développement de produits de haute performance. Cette association est à l’origine du projet Fiabilin, financé par le programme des investissements d’avenir. « Fiabilin a démarré en septembre 2012 et doit se terminer cette année », explique Marc Audenaert (Arkema). « C’est un projet très ambitieux qui a réuni 15 partenaires et avec de nombreux points à examiner. Les industriels de l’aval avaient des perspectives d’applications très précises dans le nautisme, l’aéronautique et le l’automobile. Mais des investigations exploratoires dans d’autres domaines ont aussi très bien marché ». Il évoque, par exemple, des débouchés dans le béton où les problèmes de fissurage que l’on résout par l’ajout de composites chargés de fibres de carbone pourraient être réglés par l’usage de composites chargés fibres végétales moins onéreux mais tout aussi efficaces pour l’application recherchée. Il ajoute que, dans ce consortium, le travail d’Arkema a consisté à adapter ses polymères pour qu’ils puissent être transformés dans des pièces composites, en particulier ses polyamides 11 biosourcés. « La fibre de lin qui a une densité plus faible que la fibre de verre est bien placée pour répondre à des besoins d’allègement liés à des enjeux sociétaux de baisse des émissions de carbone. Mais si la matrice peut être biosourcée, c’est la cerise sur le gâteau! ». ■ SyLviE LATiEuLE FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Focus [bois] suède
StoraEnsosediversifiedans Alors que la demande en papier ne cesse de régresser, le groupe papetier finno-suédois cherche à se diversifier autour de son cœur de métier qui consiste à traiter et valoriser du bois ou des biomasses de deuxième génération. Pour cela, il privilégie les applications à plus forte valeur ajoutée et cherche de nouveaux débouchés à des fractions mal valorisées, comme la lignine.
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asser de 70 % de chiffre d’affaires f réalisés dans le domaine du papier à tout juste 31 % en seulement dix ans, c’est la l performance f qu’a réussi à réaliser le groupe finno-suédois Stora Enso. Pour faire face à la baisse de la demande de papier, le groupe qui était essentiellement focalisé sur la production de pâte à papier pour cette application, principalement à partir de bois scandinave certifié, a dû revoir sa copie. Tout en restant un spécialiste du traitement du bois et de sa valorisation (33,1 million de m3 de bois ont été traités en 2016), le groupe s’est ainsi redéployé sur plusieurs autres applications. Il a renforcé ses activités dans le domaine du bois construction et du carton. Il s’est développé dans l’emballage en proposant de nouvelles solutions au marché, notamment avec le « boom » du commerce en ligne. Il a enfin créé, dès 2012, une nouvelle division baptisée Biomaterials (25 % du chiffre d’affaires
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en 2016), dont l’objectif est de développer de nouveaux produits chimiques ou matériaux renouvelables utilisant le bois comme matière première. Ces produits étant le résultat d’une meilleure valorisation des produits et co-produits fabriqués dans les immenses usines de production de pâte à papier.
Trois familles d’ingrédients dans le bois Le bois est un matériau qui contient trois grands types de produits: de la cellulose à raison de 35 à 45 %, de l’hémicellulose à raison de 25 à 35 % et de la lignine entre 20 et 30 %. Traditionnellement, les usines étaient configurées pour produire de la pâte à papier à partir de cellulose et d’hémicellulose, tandis que la lignine était brûlée pour apporter de l’énergie verte au procédé. Or Stora Enso réfléchit maintenant à de nouvelles valorisations de ces différents composés. La pâte présente des débouchés intéressants dans le textile
[bois ]
Focus
lesbiomatériaux inauguré en 2015 dans le but de développer de nouvelles applications. Si la compagnie peut difficilement s’exprimer sur toutes les options qu’elle envisage, tant pour des raisons de propriété intellectuelle que pour éviter de renseigner ses compétiteurs, elle dessine toutefois quelques grandes lignes.
© Stora Enso
Stora Enso utilise essentiellement des essences d’arbres nordiques.
pour la production de viscose, et mieux encore, dans les produits d’hygiène absorbants telles que les couches pour bébé ou les serviettes hygiéniques, lorsqu’elle est proposée dans une qualité dite « fluff ». Mais la cellulose est aussi une source potentielle de sucres en C6, qui peuvent ensuite être utilisés dans des procédés fermentaires pour la production de différents types de produits chimiques. Les hémicelluloses sont plutôt des précurseurs de sucres en C5. Tandis que la lignine est aujourd’hui considérée comme une source de molécules aromatiques biosourcées présentant un grand intérêt car difficile d’accès par voie fermentaire ou même catalytique (même si des exceptions existent). Parmi toutes les options possibles, Stora Enso mène d’importantes recherches, notamment en partenariat avec des milieux universitaires. à Stockholm, un centre de recherche et d’innovation a été
Ainsi en 2014, le rachat de la start-up américaine Virdia lui a permis de mettre la main sur un procédé de déconstruction de la biomasse qui permet notamment de valoriser les sucres en C5 contenus dans l’hémicellulose. La société possédait déjà un pilote et un centre de recherche basés à Danville en Virginie (États-Unis) qui sont toujours en activité. Mais le rachat par Stora Enso a permis de financer un démonstrateur, en construction à Raceland en Louisiane depuis 2014, et dont le démarrage est prévu cette année. Ce sucre en C5 ou xylose sera produit à raison de 7000 t/an à partir de bagasse de canne à sucre disponible localement. Il est pressenti pour produire du xylitol, une molécule recherchée pour son pouvoir sucrant et dont le marché est estimé par Stora Enso à 120000 t/an en croissance de 4 à 6 % par an. En fonction des résultats de ce démonstrateur, le groupe Stora Enso pourrait prendre la décision de construire une usine à l’échelle industrielle, s’appuyant sur le procédé qui a été développé.
© Stora Enso
L’étape décisive du rachat de virdia
Les digesteurs de l’usine de Skutskärs en Suède.
En mai 2016, un nouveau nom s’est ensuite ajouté à la liste des partenaires de Stora Enso avec Rennovia. Le groupe papetier a signé un accord de co-développement et de licence avec la société californienne spécialisée dans le criblage à haut débit de catalyseurs et qui avait au préalable mentionné deux partenaires, Johnson Matthey et ADM, dans l’acide adipique et l’acide glucarique, des intermédiaires de la chaîne Nylon. Autre exemple de travaux dans le domaine de la lignine. Stora Enso est en train d’investir 32 M€ dans son usine de Sunila en Finlande qui produit 370000 t par an de pâte, pour extraire 50000 t/an
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L’OuTiL inDuSTRiEL DE STORA EnSO BiOMATERiALS Stora Enso est une entreprise finno-suédoise qui a réalisé 9,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016 avec un effectif de 25000 personnes. L’entreprise possède de nombreuses installations dans le monde. Cinq d’entre elles sont rattachées à sa division Biomaterials qui cherche
à développer de nouveaux débouchés à plus forte valeur ajoutée. Deux usines sont installées en Finlande (Sunila et Enocell), la troisième est installée en Suède (Skutskär). Ces usines raffinent du bois des pays baltes, à savoir du pin, du sapin et du bouleau. Par ailleurs le groupe opère deux installations en
joint-venture en Uruguay (sur base eucalyptus) et au Brésil (sur bagasse de canne à sucre). D’ici à la fin de l’année, le démonstrateur de Raceland en Louisiane viendra s’ajouter à cet édifice industriel. L’industriel exploite également des plantations expérimentales d’eucalyptus au Laos. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
1991
Focus [bois]
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global Technology Scouting Director
formule verte: vous avez travaillé dans des petites sociétés innovantes, notamment Avantium et Photanol, avant de rejoindre le groupe Stora Enso. quelle est votre mission au sein de la division Biomaterials? Dirk den Ouden: Mon rôle est d’identifier des technologies externes qui pourraient supporter la stratégie de Stora Enso. Soit des projets existants, soit des projets complètement nouveaux. Pouvez-vous citer quelques exemples de technologies susceptibles de vous intéresser? D.d.O.: Par exemple, nous nous intéressons à des technologies d’extraction, du type de celle proposée par Virdia car il y a différentes voies possibles pour extraire les composants du bois. Plus en aval, nous nous intéressons aux technologies de fermentation
de lignine Kraft de bonne qualité, sèche à 95 %. Le groupe travaille actuellement sur des développements en vue d’utiliser cette lignine pour remplacer le phénol dans des applications adhésives dans l’industrie du bois (type contreplaqué et panneaux de particules). Une autre application est également envisagée dans la fabrication de fibres de carbone pour le domaine des composites. La lignine présente l’immense avantage d’être un polymère naturel. à ce titre, elle ne tombe sous le coup de Reach.
Skutskärs, visite d’une usine qui mise sur la pâte « fluff »
© Stora Enso
Enfin, dans son usine de Skutskärs, le groupe met le cap sur la pâte « fluff » à plus forte valeur ajoutée, à travers la reconversion d’une des trois lignes de production. D’une capacité de produc-
Les énormes rouleaux de pâte de cellulose avant la découpe et le conditionnement.
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qui permettent de transformer le sucre en produits chimiques. Nous regardons également des technologies autour des déchets et de leur valorisation. Comment identifiez-vous ces nouvelles technologies? D.d.O.: Nous travaillons en étroite collaboration avec des sociétés de capital risque. Nous participons à des conférences à travers le globe. Nous visitons des laboratoires et des sociétés. Nous dialoguons. Et puis, nous avons de nombreux programmes avec les milieux universitaires, notamment une collaboration stratégique avec les universités nordiques. Nous avons également des contacts locaux à proximité de nos sites, comme par exemple en Uruguay où nous opérons un « joint-venture ». Dans tous les cas, nous ne cherchons pas à jouer le rôle d’une société de capital risque ni à nous constituer un portefeuille de « start-up » dans lesquelles nous aurions pris des participations.
tion de pâte de cellulose de 540000 t/an, l’usine est installée depuis 1893 à une centaine de kilomètres au nord de Stockholm, près de la ville de Gävle. Dotée de trois lignes de production, cette usine produit actuellement trois catégories de pâtes pour trois marchés bien différents: de la pâte de cellulose pour des applications papetières, de la pâte exclusivement dérivée d’essences de bouleau pour des applications textiles et de la pâte « fluff » appréciée pour ses propriétés absorbantes. Néanmoins, pour répondre à la demande en forte croissance de pâte « fluff » , le groupe Stora Enso a annoncé un investissement de 26,5 M€ dans le but de convertir sa première ligne vers la production de « fluff » Ainsi d’une capacité actuelle de 240000 t/an, le site devrait passer prochainement à 400000 t/an de capacité de pâte « fluff » . Deux autres investissement sont en cours pour la réduction des émissions de soufre (15,8 M€) et la réduction de poussières. Dans cette usine, le procédé de production de pâte se décompose en 3 grandes étapes. Des troncs d’arbres acheminés par camion et par train sont d’abord débarrassés de leur écorce (valorisée énergétiquement) avant d’être découpés en chips. Ces chips sont ensuite mises en contact avec un mélange de produits chimiques (soude et sulfure de sodium) dans un digesteur où ils sont « cuits » sous pression et à haute température. L’objectif est alors de dissoudre la lignine pour récupérer les fibres de cellulose. à ce stade, on obtient donc une liqueur noire
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questions à
Dirk den Ouden,
Cellulose à différents degrés de pureté.
(lignine mêlée aux produits chimiques) et la pâte faciles à séparer. La pâte va alors subir un blanchiment à l’oxygène avant son séchage final en rouleau. De la liqueur noire, on extrait la lignine (pour le moment valorisée énergétiquement) et une liqueur blanche (mélange de NaOH et Na2S) réinjectée dans le procédé. Dans les années à venir, Stora Enso entend bien poursuivre sa diversification dans les produits renouvelables qui créent de la valeur tout en répondant pleinement aux enjeux du changement climatique. Une stratégie qui installe le groupe papetier parmi les acteurs clé de la bioéconomie. ■ à STOCkhOLM ET gävLE, SyLviE LATiEuLE
[bois]
Focus
compléments AlimentAires
NorskeSkogetHarmonicPharma valorisentdesrebutsdeproduction
P
roduire des compléments alimentaires à partir du bois de nos forêts, c’est la volonté de la filiale française du papeti norvégien é i Norske Skog et de la jeune tier entreprise innovante pharmaceutique Harmonic Pharma. Les deux partenaires travaillent en effet sur la valorisation d’une famille de molécules, appelées les lignanes. Ces dernières, qui correspondent chimiquement à des composés polyphénoliques, ont pour caractéristique de présenter des propriétés pharmacologiques intéressantes, de type antioxydantes et anti-inflammatoires. Dans cette association, le papetier apporte la matière première, c’est-à-dire une poudre de bois enrichie en molécules d’intérêt. Cette poudre est issue de refus de tri mécanique de la matière bois en amont du procédé de production de pâte à papier. Norske Skog Golbey a d’ailleurs déposé un brevet pour la production de cette poudre enrichie. Martine Bortolotti, responsable RSE chez Norske Skog Golbey, ajoute que ces fractions de bois étaient, jusqu’à présent, utilisées comme combustible. Avec la transformation de ce co-produit
en poudre enrichie, le papetier va donc pouvoir apporter de la valeur ajoutée à son procédé. Une étape ultérieure d’extraction des molécules d’intérêt de cette poudre de bois reste néanmoins à prévoir dans le cadre d’une application industrielle de ces composés. De son côté, Harmonic Pharma est un spinoff du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (LORIA) à Nancy, créé en 2009. Son cœur de métier est fondé sur la redécouverte pharmacologique, qui consiste à identifier de nouvelles applications pour des médicaments existants. Pour cela, elle a développé une plateforme technologique qui permet de comparer des molécules et de prédire leurs profils pharmacologiques sur la base de représentations sous la forme d’harmoniques sphériques (HS). Ces prédictions sont ensuite validées expérimentalement au niveau cellulaire par des tests « in vitro », puis consolidées par des tests chez l’animal. La société annonce qu’elle a d’ores et déjà intégré 15000 molécules et leurs empreintes HS dans sa base de données, associées à des données d’ordres biologique et médical.
à PROPOS DE nORSkE SkOg gOLBEy « D’ici à 2020, nous devrons générer 25 % de nos résultats en dehors de notre cœur de métier qui consiste à fabriquer du papier » explique Martine Bortolotti, responsable RSE pour Norske Skog Golbey. Le papetier étudie actuellement une vingtaine de projets, le plus souvent en partenariat, et à différents stades d’avancement. En
dehors de ce projet avec Harmonic Pharma, Norske Skog Golbey a récemment communiqué sur un partenariat avec Arbiom. Il ne s’agit pas d’utiliser des co-produits, mais de sourcer des feuillus, pour déconstruire ensuite le bois et produire des sucres lignocellulosiques et de la lignine selon le procédé d’Arbiom. Le démarrage de
la construction d’une unité de démonstration, sur le site de Norske Skog Golbey, est annoncé pour 2018. M. Bortolotti cite également unprojetdansl’énergieverte, avec une unité de méthanisation qui devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année, et un autre projet dans les matériaux de construction avec l’utilisation de ses cendres de combustion.
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Le groupe papetier norvégien s’est associé à une société innovante pour trouver une valorisation à des fractions de bois rejetées lors de tris mécaniques.
Le site de norske Skog à golbey.
C’est par comparaison qu’Harmonic Pharma a pu découvrir les effets pharmacologiques des extraits issus de la poudre de bois de Norske Skog Golbey. à ceci près que ces extraits sont pressentis pour des applications en nutrition et non en pharmacie. Harmonic Pharma a déposé de son côté deux brevets, l’un pour une solution de bien-être respiratoire et l’autre pour une formulation en application sublinguale.
Le projet Bois Santé pour origine L’origine de ce partenariat remonte à une participation dans un projet collaboratif, baptisé Le Bois Santé (LBS). D’une durée de 3 ans (de 2012 à 2015) et d’un montant de 3,2 millions d’euros, il avait bénéficié d’une subvention de 1,3 M€ apportée par le Fonds Unique Interministériel (FUI), le Conseil régional de Lorraine et le Conseil général des Vosges (CG88), avec le soutien du Fonds européen de développement régional (FEDER). Parmi les partenaires, on peut citer l’accompagnement du pôle de compétitivité Fibres-Energivie, la société de conseil PolyBridge, le CNRS, l’université de Lorraine (UL) et l’INRIA au travers de trois laboratoires: le LERMAB – Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Matériau Bois, le LRGP – Laboratoire Réactions et Génie des Procédés et le LORIA. Aujourd’hui, Norske Skog et Harmonic Pharma cherchent un partenaire, en particulier dans le domaine des compléments alimentaires, pour un développement industriel et une mise sur le marché de leur extrait naturel. ■ SyLviE LATiEuLE FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Focus [chiMie du végétal] plAnt bAsed summit 2017
Développer des produits plus performants, plus compétitifs, ayant fait la preuve de leur durabilité, encourager des approches plus collaboratives, c’est le consensus qui s’est dessiné lors de la dernière édition du Plant Based Summit pour conduire des solutions biosourcées au succès.
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tés supplémentaires à un marché. C’est le cas des skis en composites renforcés de fibre de lin qui sont plus souples que les skis contenant des fibres de carbone. C’est le cas du PEF (polyéthylène furanoate) qui présente des propriétés barrières aux gaz accrues par rapport au PET. C’est le cas des polyamides 11 à base d’huile de ricin qui résistent sous les capots des voitures dans des environnements corrosifs… Enfin, François Monnet a indiqué que le succès des produits biosourcés reposait à la fois sur la demande sociétale qui aspire à plus de « durabilité » et la capacité à répondre à ses attentes. D’où l’importance d’apporter de la confiance et de la transparence, preuves à l’appui, c’est-à-dire en produisant des analyses de cycle de vie et des labels fiables et reconnus.
Cette aspiration sociétale à un monde plus durable n’est plus à prouver. Reste toutefois à la mettre en phase avec les aspirations des entreprises qui restent encore centrées sur leurs résultats financiers, selon l’analyse de Rodney Irwin, directeur général Redefining Value & Education pour le World Business Council for Sustainable Development. Cependant, son organisation qui réunit 200 entreprises (dont Avril, AkzoNobel, BASF et Danone) de 67 pays représentant 19 millions de salariés agit justement pour accélérer la transition vers un monde plus durable.
L’impact des politiques publiques Une table ronde internationale, animée par Christophe Luguel, chargé des affaires internationales du pôle IAR, a permis de
LE PRix DE L’AgROBiOBASE DéCERné à éCOTEChniLin La société EcoTechnilin a été récompensée grâce à Biosorb. Il s’agit d’un système de filtre 100 % naturel composé de résidus d’écorces de pin et de lin, développé conjointement par écoTechnilin et la société Pe@rl. « Le tapis filtrant Biosorb repose sur les propriétés intrinsèques développées par les arbres au cours du temps afin de se protéger des agressions extérieures par l’intermédiaire de leurs écorces », a
© EcoTechnilin
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a conférence/exposition Plant Based Summit (PBS) qui s’est tenue, les 25 et 26 avril, à Lille a rencontré un grand succès. è Les organisateurs* ont fait état de la présence de quelque 600 participants, dont 130 intervenants internationaux et une quarantaine d’exposants. Au cœur des débats, les perspectives du secteur de la chimie du végétal qui a connu des vents contraires, ces dernières années, en particulier avec la baisse des prix du pétrole et la difficulté à proposer des solutions compétitives face aux solutions pétrosourcées installées depuis des décennies. Pour autant, les produits biosourcés ne cessent de progresser sur le marché dans des domaines aussi divers que la cosmétique, la détergence, l’automobile, la construction ou l’emballage. Ce que l’on peut retenir de cette édition 2017, c’est qu’après les tâtonnements de ces dernières années, le cap à suivre semble se préciser. C’est en tout cas l’analyse de François Monnet, président de l’ACDV (Association de la chimie du végétal), qui a, d’entrée de jeu, résumé les trois grands défis à relever pour arriver à imposer des solutions biosourcées. Il a cité en priorité la compétitivité. à de rares exceptions près, les produits biosourcés, identiques à des produits pétrosourcés (les « me too »), n’ont jamais réussi à s’imposer sur le marché, juste parce qu’ils étaient biosourcés. Ce fameux prix premium dont tout le monde rêvait n’est en fait jamais devenu réalité. La deuxième clé de succès, c’est la différenciation. L’expérience ne cesse de prouver qu’un produit renouvelable arrive à s’imposer, lorsqu’il apporte des proprié-
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Lachimiebiosourcée atrouvésoncap
Tapis filtrant Biosorb.
expliqué Karim Belhouli, p-dg d’écoTechnilin. « Totalement naturel et capable de concentrer plusieurs milliers de fois la pollution contenue dans
les eaux, Biosorb a la capacité de capter les métaux lourds et les éléments radioactifs présents dans les fluides ». Ce prix, accompagné d’un chèque de 5000 euros, représente aussi une reconnaissance de la communauté du « biosourcé ». En effet, Biosorb a été élu par les participants de PBS parmi une sélection de quatre autres produits.
[chiMie du végétal] Soirée de gala offerte par l’uiC au Palais des BeauxArts de Lille.
rappeler que les politiques publiques jouent aussi un grand rôle dans le développement des produits biosourcés, et plus généralement, de la bioéconomie qui englobe toutes les valorisations possibles de la biomasse dont les débouchés alimentaires. Stephanie Batchelor, director State & international policy de la Biotechnology Innovation Organization, a rappelé les grandes lignes de la politique publique des États-Unis. Elle a notamment évoqué le Farm Bill qui a structuré toute la politique en faveur des biocarburants, et donné naissance au programme BioPreferred qui a encouragé le recours à la chimie du végétal dans les achats publics. Mais l’on pouvait aussi percevoir dans ses propos une pointe d’inquiétude quant à l’expiration prochaine de ces programmes et à la nécessité de les reconduire. Waldemar Kutt de la DG Recherche à la Commission européenne a rappelé, pour sa part, les points forts de l’Europe en matière de R&D, alors qu’elle pèche, lorsqu’il s’agit de passer au stade industriel et de stimuler les marchés, malgré la mise en place du partenariat public privé BBI qui doit bénéficier d’une enveloppe de 3,7 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Un autre constat a été largement partagé pendant les deux jours: la nécessité de collaborer et de construire des chaînes de valeurs solides partant de la production de biomasse jusqu’à la vente de produits au consommateur. Cette stratégie du « faire ensemble » a été parfaitement illustrée par la présentation du Biospeed Consortium. Il s’agit d’une structure partenariale, créée en 2014, dont l’animation est assurée par le cabinet Deloitte. Elle réunit
six sociétés : Faurecia, Michelin, BIC, Lego, Danone et L’Oréal – avec l’objectif de leur faire partager des savoirs autour de polymères clés (PE, PP, PET, PEF, PLA, PBS, PA…), tant au niveau de l’approvisionnement en biomasse de deuxième génération, que dans des choix technologiques autour de la fabrication de ces polymères.
une industrie chimique qu’il reste à convaincre Les débats ont trouvé leur épilogue avec la « table ronde des présidents ». L’objectif était de recueillir les points de vues de cinq dirigeants issus d’horizons très divers sur l’environnement économique des produits biosourcés et leur adéquation avec la stratégie de leurs entreprises. Marcel Lubben, président de Reverdia, Johei Takimoto, Chief Operating Officer dans la division Polymers de Mitsubishi Chemical, et Christophe Aufrère, CTO de Faurecia, étaient là pour témoigner de l’existence de solutions commerciales biosourcées performantes dans leurs portefeuilles, en dépit de la difficulté à être compétitif avec un prix du pétrole avoisinant les 50 à 60 $ le baril. Puis, dans une assemblée acquise à la cause des produits biosourcés, Pascal Juéry, président de l’UIC et membre du comité exécutif de Solvay, est venu rappeler la philosophie générale de l’industrie chimique. Certes, ces produits peuvent représenter une option pour le futur. En attendant, il a insisté sur la nécessité d’avoir des stratégies autour du développement durable plus globales, partant du principe que seules des analyses de cycle de vie du berceau à la tombe pouvaient
Focus
garantir la supériorité d’une solution biosourcée par rapport à son équivalent sur base fossile. Il a également mis l’accent sur l’accès à la biomasse et sur la difficulté à organiser les chaînes logistiques pour des volumes très importants. Dans son domaine d’activité, la chimie fine, Frédéric Gauchet, président de Minafin, a estimé que la chimie du végétal ne pouvait présenter de l’intérêt que pour des solutions très innovantes. Il a également confirmé que si l’Europe pratique une R&D de grande qualité, elle est mal outillée pour les phases d’industrialisation. Ce qui explique pourquoi toutes les activités de son entreprise dans le domaine du biosourcé sont regroupées aux États-Unis. Néanmoins, sur ce sujet de l’industrialisation, la chimie du végétal rencontre les mêmes difficultés que l’ensemble de la chimie qui peine à se réindustrialiser dans un environnement de plus en plus hostile, tant au plan réglementaire qu’en matière de réputation. D’où la préoccupation de l’UIC de prioriser ses actions en direction de sa compétitivité et de son image. Le soutien des solutions biosourcées ne pouvant constituer qu’un tout petit volet de sa stratégie. Mais nul doute que cette retenue de l’industrie chimique ne freinera pas les ardeurs des professionnels du biosourcé présents dans la salle. Les leçons du passé ont été retenues, en particulier l’erreur d’avoir misé massivement sur les biocarburants de première génération et les grands intermédiaires chimiques. Tous ont foi dans les détenteurs de marques (« brand owners ») qui affichent de plus en plus explicitement leur préférence pour le biosourcé et seront en capacité de tirer les marchés. Le mot de la fin est enfin revenu à François Monnet (ACDV) qui a clôturé ces deux jours d’intenses débats, en rappelant que la chimie du végétal est une chimie innovante, donc nécessitant du temps pour convaincre. Elle ne peut se comprendre que dans le cadre du développement durable, démarche globale de progrès qui demandera à chacun d’être à la fois exigeant envers lui-même et à l’écoute des marchés comme de la société. Il a donné rendez-vous à tous pour une nouvelle édition du Plant Based Summit en 2019. à vos agendas! ■ à LiLLE, SyLviE LATiEuLE * les organisateurs de PBS : l’Association chimie du végétal (ACDV), le groupe de communication InfoPro digital, en partenariat avec le pôle de compétitivité IAR. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Focus [recherche] molécules biosourcées
Favoriserlesapproches multidisciplinaires
C
o-construire une approche o système de l’innovation ndustrielle. Telle est la philoin sophie qu’a défendu l’Institut Carnot bioénergies, biomolécules et biomatériaux du carbone renouvelable (3BCAR) au cours de son Forum Recherche Industrie annuel, le 7 mars dernier. Cet événement a réuni acteurs académiques, institutionnels et industriels autour des dernières avancées de projets et les brevets déposés dans le domaine des biomolécules biosourcées. Il s’agit de la première édition organisée par l’Institut depuis la mise en place de sa nouvelle configuration labellisée en juillet 2016, comme le précise Paul Colonna, directeur de 3BCAR: « Depuis l’été dernier, 3BCAR a légèrement changé de périmètre, étant en charge de l’ensemble de la chimie du carbone renouvelable. Nous avons sous notre coupe des équipes spécialisées dans des domaines allant des micro-algues, en passant les enzymes ou le génie de procédés et le transfert de technologie ». La journée organisée a permis d’évoquer des projets de R&D sur les biomolécules faisant appel à une approche multidisciplinaire, combinant biotechnologies (vertes, industrielles) et chimie. Parmi les recherches menées par l’Institut 3BCAR, les intervenants ont, entre autres, présenté le programme européen Zelcor, associant un consortium public-privé de 16 partenaires de 7 pays parmi lesquels l’Inra, l’Ineris, Tereos, Sabic, Avantium ou encore Ynsect. Il s’agit d’un projet visant à démontrer la faisabilité d’une transformation de coproduits de bioraffinerie en produits biosourcés à valeurs ajoutée. « Nous travaillons notamment sur des matières premières telles que des lignines (kraft et soda), des humines (N.D.L.R.: molécules s’apparentant à la lignine, formées
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suite à la conversion de sucres) mais aussi des résidus issus du prétraitement de la biomasse ou de la production d’éthanol », explique Pierre-Henri Ducrot, directeur de recherche à l’institut Jean-Pierre Bourgin, unité mixte de recherche Inra-AgroParisTech localisée à Versailles (Yvelines). L’approche de ce projet est notamment de mettre en place une plateforme transversale pour identifier les bioproduits d’intérêt commercial. En matière de R&D, cet outil améliorera la connaissance dans la valorisation des résidus en molécules à haute valeur ajoutée, via une approche mêlant catalyse (chimique et enzymatique) et conversion biologique par des consortia microbiens. Toujours dans le domaine de la bioraffinerie intégrée, le projet de R&D Ibra vise à valoriser les tourteaux de colza, issus de l’extraction oléique. Porté par le Laboratoire de biotechnologies de l’environnement (LBE) de Montpellier (Hérault), ce programme vise à identifier les voies possibles de valorisation à haute valeur ajoutée des constituants de ces composés. « Les tourteaux de colza sont parfois exploités pour leur fraction protéique. L’idée est d’étudier la valorisation des tourteaux déprotéinés. Deux voies sont envisagées:
LE RéSEAu 3BCAR En ChiffRES l l l l l l l
510 chercheurs et ingénieurs 12 centres de recherche 4 centres de transfert 1 démonstrateur pré-industriel 1 centre technique industriel 20 plateformes technologiques 4 axes de compétences: biomasse et biotechnologies vertes; biotechnologies blanches; transformation de la biomasse; analyse systémique et écoconception
© 3BCAR
L’Institut Carnot 3BCAR a organisé, au mois de mars, son forum annuel Recherche-industrie. L’occasion d’évoquer les dernières avancées sur les projets soutenus par l’institut sur les molécules biosourcées.
d’une part, l’extraction des composés restants comme la cellulose, la lignine ou la pectine par deux procédés doux (extrusion réactive et explosion à la vapeur). D’autre part, le projet souhaite étudier la méthanisation des résidus non extractibles du tourteau », détaille Diana Garcia Bernet, ingénieure de recherche au LBE.
L’approche biomimétique en essor Cette journée a été également l’occasion de présenter des projets de R&D s’appuyant sur une approche biomimétique. C’est, par exemple, le cas d’Insyme, un programme ayant pour objectif d’exploiter les consortia microbiens d’insectes comme biocatalyseurs pour la conversion de biomasse lignocellulosique. « L’idée est d’évaluer la capacité enzymatique de ces consortia dans la conversion de paille de blé dans des bioréacteurs. Nous avons ciblé plusieurs types d’insectes xylophages et phytophages: termites, sauterelles, blattes, criquets, etc. », indique Jean-Jacques Godon, directeur de recherche au LBE. D’autres travaux de R&D avec une approche s’inspirant de la nature ont été évoqués, comme ceux du Laboratoire de chimie des polymères organiques (LCPO) de Bordeaux (Gironde) sur
[recherche]
la catalyse biomimétique de polymérisation. Ces recherches avaient pour but de développer de nouvelles voies de synthèse de polymères, comme le détaille Frédéric Peruch, directeur de recherche au LCPO: « Nous avons étudié les réactions enzymatiques mise en œuvre dans la synthèse de polymères, comme celle du caoutchouc naturel. Nos travaux ont permis des avancées dans la synthèse bio-inspirée de polyesters via catalyse inorganique, ou encore dans la synthèse de polyterpènes par polymérisation cationique ». Les projets de R&D exposés lors de cet événement organisé par 3BCAR ont souligné l’importance d’avoir une approche multidisciplinaire et collaborative dans la valorisation à valeur ajoutée de la biomasse. Pour ce faire, l’institut met à disposition une offre de compétences à destination de différents types d’entreprises : producteurs et utilisateurs de biomasse (lignocellosique, micro-algale), producteurs de bioénergie (biocarburants, biogaz, etc.), fabricants et utilisateurs de matériaux ou de produits biosourcés, etc. L’idée étant de soutenir l’innovation et l’émergence d’une bioéconomie durable. ■
Focus
Le forum Rechercheindustrie 3BCAR s’est tenu le 7 mars dernier à Paris.
DinhiLL On
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Focus [chiMie fine]
PATprendracinedans la«traite»desplantes La société implantée dans l’Est de la France compte sur sa technologie brevetée, basée sur l’extraction de composés issus des racines, pour développer des molécules à destination de l’agrochimie, des cosmétiques et de la pharmacie.
D
e l’extérieur, rien ne distingue les serres de Plant Advanced Technologies (PAT) d’autres serres de plantation. Sous ces abris protégeant du climat lorrain, se cache pourtant le cœur de la technologie de la jeune société implantée à Laronxe, près de Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Sur quatre hectares, une centaine d’espèces de plantes sont cultivées ici. « Nous sommes partis de l’idée que 50 % des espèces restent à découvrir, c’est un réservoir quasi-infini pour répérer de nouvelles molécules et les racines sont la partie de la plante la moins explorée », précise Jean-Paul Fèvre, p-dg de PAT. Dans cet environnement contrôlé que constitue la serre, « nous stimulons la plante pour qu’elle réagisse, se défende et produise ses substances de défense », souligne le dirigeant, avant d’ajouter : « nous sommes
ainsi capables d’augmenter considérablement la teneur en substances actives dans la plante, et par conséquent, dans les racines ». Des composés qui sont récoltés, l’entreprise parle de « traites », au moyen d’une technique de bain particulière. En quelques minutes, le plateau sur lequel les plantes poussent peut ainsi être déplacé, les centaines de racines des plantes suspendues dans le vide sont alors plongées dans un bain de solvant. L’opération d’extraction « ex-vivo » dure une trentaine de minutes. « Notre solvant est issu de la chimie verte et non toxique, il est adapté à chaque famille de molécules en fonction des espèces végétales », précise Frédéric Bourgaud, Directeur de la recherche chez PAT. L’extraction terminée, le plateau est relevé, les racines sont lavées et les plantes retournent à leur place en production. Une nouvelle récolte est possible, quelques
BASf PuLnOy, un SiTE ACTif DAnS LA ChiMiE Du végéTAL Le partenariat de PAT avec BASF s’appuie en grande partie sur le savoir-faire développé par le site de Pulnoy, situé à proximité de Nancy (Meurthe-etMoselle). BASF Beauty Care Solutions France développe et produits les ingrédients actifs cosmétiques de grands noms du secteur tels que L’Oréal, LVMH ou encore Clarins. Le site est expert dans les soins de la peau et des cheveux, pour lesquels il dispose de laboratoires de
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recherche, capable de tester les substances actives sur des échantillons de peau. L’usine fabrique ses composés à partir d’extraits de plantes, et plus précisément, des feuilles, écorces, farines ou tourteaux. De ces matières premières, les substances sont extraites, séparées puis concentrées, purifiées, stérilisées et filtrées avant d’être atomisées et conditionnées. BASF
annonce ainsi sortir 400 produits finis de son site lorrain, sous forme de liquides, de poudres et de cires, pour un volume de 1600 t de produits fabriqués par an. Des extraits végétaux qui se retrouveront au final à une teneur comprise entre 0,5 % et 3 % dans la composition finale du produit commercialisé. Le site BASF de Pulnoy emploie 120 personnes et exporte plus de 50 % de son chiffre d’affaires.
© PAT/Alex Marchi
procédé innoVAnt
semaines plus tard. Ainsi, selon les espèces, les plantes sont récoltées entre 3 et 6 fois dans la saison. Le solvant est ensuite récupéré et les molécules extraites vont suivre un procédé classique de purification, avec notamment une phase de concentration suivie d’une nanofiltration. Les molécules extraites par PAT se destinent principalement à trois marchés: l’agrochimie, la cosmétique et la pharmacie. Le recours à des substances naturellement présentes chez les plantes pour l’agriculture n’est pas une nouveauté, loin de là. « Certaines matières actives majeures telles que les strobilurines ou les pyréthrinoïdes ont d’abord été découvertes dans des extraits naturels comme les champignons ou les chrysanthèmes », rappelle François Houllier, ancien p-dg de l’INRA. L’utilisation de composés extraits des racines pourrait ainsi servir d’alternative aux pesticides traditionnels, de plus en plus sur la sellette. « Les pesticides de synthèse ont des inconvénients sur le plan environnemental et sur celui de la santé, qu’il faut réduire au maximum, c’est notamment l’enjeu en France du plan écophyto », souligne François Houiller. Face à ce marché porteur, la jeune PME a récemment conclu un partenariat avec le géant de l’agrochimie et de la cosmétique, BASF. Le groupe allemand dispose dans la région d’un site de R&D en cosmétique, BASF Beauty Care Solutions de Pulnoy (voir encadré). De l’autre côté de la frontière, à Limburgerhof, en Allemagne, BASF possède par ailleurs d’une plateforme de « screening » capable d’identifier les molécules antifongiques, pesticides et herbicides les plus efficaces. Ce partenariat permettra d’accélérer l’identification et la production de molécules actives dans ces domaines.
La pharmacie, un marché difficile à atteindre Enfin, la pharmacie est également visée par PAT, malgré un accès sur le marché exigeant en matière de ressources financières. « L’activité pharma représente environ 20 % de la recherche, c’est un marché qu’on espère atteindre, mais les coûts de développement sont, eux, extrêmement
importants… », souligne Frédéric Bourgaud. Des molécules sont cependant en cours de développement, notamment une substance anti-inflammatoire et un anti-Alzheimer dont le composé actif, produit chez PAT, a été ensuite modifié par hémi-synthèse afin d’améliorer sa pharmacocinétique. Autant de molécules pour lesquelles des dossiers d’études précliniques sont en cours de finalisation. à l’origine, le procédé de « sourcing » végétal breveté par PAT a été développé pendant des années. Son directeur de la R&D nous en esquisse la chronologie qui s’étale sur une vingtaine d’années: « Les premières expérimentations ont démarré en 1996, notre technologie est protégée par un brevet mondial déposé par l’université de Lorraine et l’INRA en 1999, avant la création de la société en 2005 », résume Frédéric Bourgaud.
Des plantes sélectionnées selon des savoir-faire ancestraux Face à ces techniques ultra-modernes de production, les plantes à exploiter sont sélectionnées selon des savoir-faire ancestraux. « Nous travaillons sur des remontées de terrain, par exemple sur des savoirs issus de la médecine chinoise
Focus
© PAT
[chiMie fine]
Les quatre hectares de serres de PAT, près de Lunéville, permettent la culture d’une centaine d’espèces végétales.
traditionnelle », souligne Frédéric Bourgaud. C’est pour mieux diversifier ses ressources et exploiter un riche écosystème que la société a récemment pris son envol et installé, à la fin de l’année 2015, une filiale appelée PAT Zerbaz, bien loin du grand Est, sur l’île de La Réunion. Un choix qui s’est imposé naturellement pour un territoire tropical dont la flore n’a cessé de s’enrichir au fil des siècles et des
migrations. « à La Réunion, chaque population qui s’est installée au cours des siècles est venue avec sa médecine et ses plantes traditionnelles, cela nous offre une diversité importante pour nos recherches », précise le directeur de la recherche de PAT. La jeune entreprise compte plus de 40 salariés dont la moitié dédiée à la recherche. ■ à LAROnxE, niCOLAS viuDEz
LA SEPARATION AU COEUR DE VOS PROCEDES DE CHIMIE VERTE • Séparation de milieux liquides, bi ou triphasiques • Etude de faisabilité à partir d’échantillons • Possibilités d’essais pilotes sur site avec machines industrielles Nombreuses options : capacité, matériaux, hydro-hermétique, classification Atex
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Focus [biotechnologie industrielle] bio-isobutène
GlobalBioenergiesofficialise sondémonstrateuràLeuna La société spécialisée dans la production d’hydrocarbures par fermentation a inauguré son unité de démonstration en Allemagne. L’occasion d’évoquer ses projets et partenariats industriels à venir.
Lors de l’événement, le constructeur automobile Audi et le fournisseur d’énergie Butagaz étaient présents pour témoigner de leurs partenariats respectifs avec la société française. Audi espère pouvoir proposer des véhicules fonctionnant avec des carburants plus écologiques. « Nous avons noué un partenariat avec Global Bioenergies pour mettre n démonstrateur au point un carburant e-gasosymbole de l’amitié line, s’appuyant sur l’iso-octane franco-allemande. produit à partir d’isobutène Ce sont les termes biosourcé », indique Hermann par lesquels Marc Delcourt, p-dg Pengg, directeur du départede Global Bioenergies, a dépeint ment Carburants renouvele démonstrateur de production lables chez Audi. De son côté, le d’isobutène inauguré le 11 mai groupe Butagaz collabore avec à Leuna (Allemagne). Achevée Global Bioenergies pour l’incoren novembre 2016, cette unité poration d’isobutène biosourcé dispose d’une capacité de producdans ses filières butane et tion de 100 tonnes par an d’isopropane. « Le partenariat va butène biosourcé de haute pureté notamment nous permettre (99,77 %). « Nous avions choisi de de fournir du bio-GPL pour les nous implanter à Leuna en raison de Le démonstrateur de global Bioenergies à Leuna en Allemagne. véhicules », précise Emmanuel la présence de l’Institut Fraunhofer, produire le composé à partir de saccharose Trivin, président de Butagaz. Le fournisqui est à la pointe de la recherche en microet de cellulose issue de bois. En matière seur d’énergie espère également utiliser biologie et en procédés de fermentation », d’équipements, La production s’effectue à les produits de Global Bioenergies pour le indique Marc Delcourt, p-dg de Global l’aide d’un fermenteur de 500 l relié à un gaz domestique. Bioenergies. réservoir de 5 m3, destiné à accueillir le Le démonstrateur de Leuna va permettre Le bioisobutène est produit via l’action de de recueillir des données nécessaires micro-organismes génétiquement modimélange de gaz (isobutène, oxygène, azote pour une montée à l’échelle industrielle. fiés et optimisés pour l’obtention d’isoet gaz carbonique) issu de la fermenta« L’unité de démonstration constitue la butène à partir de glucose d’amidon. à tion bactérienne. Cette phase gazeuse fait dernière étape avant la phase commerl’heure actuelle, la production d’un kiloensuite l’objet d’un procédé de purification ciale. Nous avons initié le projet d’une usine gramme d’isobutène nécessite 4 kg de (étapes d’absorption et de désorption) afin de production via une coentreprise 50/50 sucre. La société envisage déjà de travailler d’obtenir la fraction isolée de bio-isobuavec le sucrier Cristal Union. Prévu pour sur des souches bactériennes capables de tène. 2019, IBN-One s’appuiera sur l’utilisation de 8 à 10 fermenteurs similaires à ceux du OPTiSOChEM vEuT COnvERTiR LA PAiLLE En iSOBuTènE démonstrateur de Leuna pour sa producsa technologie pour la fertion », indique Marc Delcourt. Toujours au point une technologie Au cours de l’événement, mentation des hydrolysats en matière de perspectives, Global Bioepermettant de valoriser Global Bioenergies est en isobutène. En bout de nergies veut continuer à identifier les la paille en isobutène revenu sur le projet collachaîne, Ineos travaillera sur opportunités apportées par la production biosourcé. Dans le détail, boratif Optisochem, initié la conversion de l’isobutène à partir de ressources de première généOptisochem s’appuie en notamment avec Clariant en oligomères. L’ingénierie ration (céréales, betterave, canne à sucre). amont sur la technologie et Ineos dans le cadre de préliminaire d’une future La société entend également aller plus loin Sunliquid développée par la Bio-Based Industries usine sera réalisée par en étudiant les possibilités d’utiliser de la Clariant qui permet de Joint Undertaking (BBI-JU) TechnipFMC et IPSB biomasse de seconde génération (résidus transformer de la paille de l’Union européenne. (France). L’évaluation de la et coproduits) voire même des ressources en hydrolysats riches en Disposant d’un budget durabilité reviendra à l’Uniémergentes comme les gaz de synthèse glucose et xylose. Global total de 16,4 M€ sur 4 ans, versité de Linz (Autriche). (syngas) ou le CO2 ■ Bioenergies va apporter ce programme vise à mettre © Gunter Binsack
U
à LEunA (ALLEMAgnE), DinhiLL On
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[biotechnologie industrielle ]
Focus
Acides orgAniques Depuis le début de l’année, la start-up accélère ses développements industriels. Des avancées qui doivent aboutir à la mise sur le marché des produits à l’horizon 2019-2020.
Afyrenpasseàlavitessesupérieure pourl’industrialisation Cristal Union à Clermont-Ferrand (Puy-deDôme). D’un coût d’investissement « de l’ordre du million d’euros », cette installation détient une capacité de production de plusieurs centaines de kg d’acides par an, élaborés à partir de résidus provenant de Cristal Union. Pour la fermentation de ces coproduits, le pilote est composé d’une capacité fermentaire de l’ordre de 3 m3.
Deux opérations unitaires pour isoler les composés En ce qui concerne l’isolement des composés d’intérêt, l’installation s’appuie sur un module complet d’extraction et de purification des molécules qui mime le procédé industriel envisagé. « Le moût de fermentation chargé en acides subit deux opérations unitaires de purification, classiques à l’échelle industrielle, mais que nous avons adaptées à notre procédé afin de “dérisquer“ au maximum le « scale-up ». Ces étapes successives permettent la production de produits purs (> 99%) répondant aux spécifications des marchés visés », détaille Jérémy Pessiot. « Avec ce pilote, Afyren concrétise près de deux années de travail. Il s’agit d’une étape intermédiaire vers la construction d’une unité de dimension industrielle », renchérit Nicolas Sordet.
LES PRODuiTS D’AfyREn LABELLiSéS Depuis le 1er janvier 2017, les acides carboxyliques issus de la technologie d’Afyren disposent des agréments français Ecocert et allemand Cosmos (www.ecocert.fr et https://cosmos-standard. org). Ces certifications attestent du procédé de fabrication de produits respectueux de l’environ-
nement, non OGM, de la promotion d’ingrédients naturels et de l’intégration des préceptes de la chimie verte. « Nous sommes à notre connaissance la seule société au niveau mondial à être référencée par ces labels pour ces acides organiques et l’acétate d’éthyle », insiste Jérémy Pessiot, directeur général
d’Afyren. Avant d’ajouter: « Ces agréments permettent à Afyren de mieux répondre aux exigences des clients de la cosmétique, des arômes et parfums, de la détergence ou encore des peintures ». L’ensemble des produits développés par Afyren est référencé sur l’Agrobiobase (http://agrobiobase.com/fr).
© Dinhill On
«
2017 constitue une période charnière pour la société ». Voici comment Nicolas Sordet, président d’Afyren, décrit l’année à venir. La start-up clermontoise est spécialisée dans la production d’acides carboxyliques par fermentation. Ayant produit ses premiers lots commerciaux en décembre 2016, Afyren a développé sa technologie Afynerie, capable de produire sept différents acides habituellement issus du pétrole à partir de biomasse non alimentaire: acétique, propionique, butyrique, isobutyrique, valérique, isovalérique et caproïque. La jeune société est également en mesure de fabriquer certains dérivés de ces acides, types esters, afin d’adresser des marchés plus ciblés comme la chimie fine, la cosmétique, l’agro-industrie ou encore la pharmacie. Ces derniers mois, l’entreprise est parvenue à plusieurs développements industriels, comme l’indique Jérémy Pessiot, directeur général et co-fondateur d’Afyren: « Nous nous sommes fixé pour ambition de lancer la construction d’une unité de production de dimension industrielle de 15000 t/an dès 2018-2019 ». En mars dernier, la start-up a inauguré le pilote de son procédé de bioraffinerie Afynerie sur la sucrerie de son partenaire
Le pilote de production d’Afyren installé chez Cristal union.
Au niveau de l’industrialisation de son procédé, Afyren ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a également fait la preuve de concept semi-industrielle de sa fermentation dans un bioréacteur d’un volume de 70 m3 sur le site de Cristal Union. « Il s’agit d’un « scale-up » de 70 par rapport à notre pilote de production. Il a permis de produire des centaines de kilogrammes d’acides à partir de plusieurs tonnes de coproduits sucriers avec les mêmes performances que le pilote », détaille Jérémy Pessiot. Avant de continuer: « Ce jalon d’envergure franchi va nous aider à fournir des lots aux clients intéressés qui les attendent actuellement ». En ce qui concerne les mois à venir, Afyren compte optimiser sa technologie en lui permettant de traiter une plus grande diversité de biomasse. « Nous étudions notamment la possibilité d’utiliser pour l’Afynerie des rebuts de cultures céréalières, des drèches de brasserie, ou encore d’autres produits agro-industriels », confie Jérémy Pessiot. Avant de conclure: « Au regard des récents développements, nous sommes tout à fait dans les délais que nous nous sommes fixés dans notre calendrier d’industrialisation ». ■ DinhiLL On FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Focus [Jeune société innovante]
Demetaprend sesmarques
© Demeta/Fred Pieau
cAtAlyse
La société Demeta S.A.S développe des technologies pour la production d’ingrédients chimiques. Ses plateformes s’appuient sur l’utilisation de catalyseurs de rupture pour l’obtention d’actifs à haute valeur ajoutée pour la chimie fine et les polymères de spécialités.
D
evenir un acteur incontournable de la catalyse : telle est l’ambition de la société Demeta S.A.S, spécialisée dans la é d l catalyse pour la production d’ingrédients chimiques. Officiellement créée en décembre 2016, cette entreprise basée à Rennes (Ille-et-Vilaine) est née du rapprochement de deux spécialistes de la catalyse (Stratoz et Omega Cat System) et d’une société spécialisée dans les solutions de bio-contrôle (Capnodis). « L’origine de cette fusion remonte à l’époque à laquelle Omega Cat System, leader de la catalyse par métathèse des oléfines, recherchait des investisseurs pour ses activités. Le fonds Truffle Capital détenait déjà Stratoz, une société spécialisée dans les éco-catalyseurs
LA SOCiéTé DEMETA En BREf l Création en 2011 (Stratoz), avec changement de nom Demeta en décembre 2016 l Siège localisé à Rennes (Ille-et-Vilaine) l Effectif actuel: 13 collaborateurs l Effectif à l’horizon 2018 : 25 employés l Activité: conception, production et commercialisation de technologies catalytiques (métathèse, éco-catalyse, etc.). Production et commercialisation de composés à haute valeur ajoutée l Marchés: Chimie fine (cosmétique, pharmacie, agrochimie), chimie de spécialités, polymères, bio-contrôle, arômes et parfums, etc. l Actionnariat: Truffle Capital, Fondateurs d’Omega Cat System, Fondateur de Capnodis
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issus de plantes hyper-accumulatrices de métaux. Devant la complémentarité des actifs des deux sociétés, Truffle a fait l’acquisition d’Omega Cat System, dans le but de créer Demeta et d’en faire un champion de la catalyse », raconte Patrick Piot, directeur général de Demeta (ancien vice-président Marketing et business development de la société BioAmber). Avant de poursuivre: « Omega Cat ayant un projet avancé dans le domaine du bio-contrôle (phéromones et médiateurs chimiques), Stratoz a simultanément fait l’acquisition de la société Capnodis, elle-même filiale de Truffle Capital ». En effet, une des applications de la métathèse des oléfines est le domaine des phéromones, grâce au rendement élevé de conversion (plus de 95 %) et sa sélectivité, afin de remplacer les pesticides dans la lutte contre les insectes ravageurs.
une stratégie basée sur l’innovation Pour développer son activité, la société conduit une stratégie basée sur deux axes. Le premier pilier consiste à développer des plateformes catalytiques pour la chimie fine. « Ces plateformes catalytiques permettent d’obtenir de nouvelles molécules à haute valeur ajoutée, ou des composés existants difficiles à isoler avec les technologies conventionnelles », explique Patrick Piot. « La mise au point des catalyseurs et des conditions réactionnelles adaptés au travers de prestation de service R&D précèdera la vente effective des catalyseurs ainsi développés », poursuit-il. Parmi les secteurs en question, nous retrouvons, en autres, les marchés de la pharmacie, de l’agrochimie, de l’oléochimie et de la cosmétique.
Les laboratoires de Demeta sont installés à Rennes. Pour son deuxième axe de développement, la société entend utiliser ses catalyseurs afin de produire et commercialiser des molécules à haute valeur ajoutée sur des applications stratégiques comme les polymères de spécialités, le bio-contrôle (phéromones), les arômes et parfums, etc. « En ce qui concerne la R&D, Demeta a encore des travaux à mener pour optimiser ses solutions existantes, et développer de nouveaux catalyseurs. Un autre aspect de notre recherche est d’identifier des molécules cibles et des applications à haute valeur ajoutée sur lesquelles nos plateformes catalytiques procureraient un avantage significatif », détaille Patrick Piot. Avant de continuer: « Par exemple, nous nous intéressons actuellement à la catalyse pour le traitement de la biomasse pour des applications en chimie du végétal ». Le développement durable est en effet inscrit dans la philosophie de Demeta: la société s’est fixé de suivre les 12 principes de la chimie verte, qui inclut notamment l’utilisation de matières premières biosourcées. « à ce propos, notre société est adhérente du pôle IAR et de Vegepolys. De plus, notre actionnaire majoritaire Truffle est fortement impliqué dans la chimie verte, étant déjà au capital de sociétés comme Deinove ou Carbios », ajoute Patrick Piot. En matière de développement commercial à moyen terme, Demeta entend étendre ses activités au niveau européen puis mondial. Pour ce faire, le groupe va s’appuyer en partie sur de la croissance organique, et s’est fixé comme objectif de porter son effectif actuel de 13 salariés à 25 d’ici à fin 2018. Le groupe envisage également la possibilité de croissance externe, comme l’indique Patrick Piot: « Demeta pourrait intégrer des sociétés pour développer des synergies, en particulier dans la chimie de spécialités, des polymères et de la chimie fine ». Sachant que les procédés industriels de synthèse chimique nécessitent de la catalyse dans la majorité des cas, Demeta peut demeurer optimiste pour le développement de ses activités dans les années à venir. ■ DinhiLL On
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Tél.
Focus [agro-industrie] protéines
L’entreprise agro-industrielle a dévoilé son pilote de production d’aliments à base de protéines végétales. Une réalisation qui témoigne de son innovation pour répondre à l’essor des besoins alimentaires dans les années à venir.
R
épondre aux besoins nutritionnels futurs de la population mondiale. C’est en ce sens que le groupe spécialisé dans la transformation de matières premières agricoles Tereos a inauguré le 28 février sur son site de Marckolsheim (Bas-Rhin) une unité pilote dédiée à la production d’aliments issus de protéines végétales. Officialisée en présence de l’ex-Secrétaire d’État chargé de l’Industrie Christophe Sirugue, cette installation qui est d’une capacité d’environ 1000 tonnes par an (soit 8 millions de portions par an) fabrique un « sauté végétal » à partir de 2/3 de protéines de blé et 1/3 de farine de pois chiche. La mise en œuvre de cette unité a déjà permis l’embauche de 5 personnes, et devrait conduire au recrutement de 9 salariés supplémentaires d’ici à la fin 2017. Elle va permettre de produire des premiers lots de « sauté végétal » pour des phases de tests, en vue d’une future commercialisation en restauration collective. « L’inauguration de ce pilote industriel est une étape importante dans les développements que Tereos mène depuis de nombreuses années dans le secteurs des protéines végétales. Cela
illustre la capacité du groupe à innover par le développement de nouveaux produits qui répondent aux évolutions des besoins alimentaires mondiaux », déclare Alexis Duval, président du directoire de Tereos.
un pionnier de la valorisation des protéines végétales En tant que groupe agro-industriel, Tereos a constamment cherché à valoriser au mieux les matières premières agricoles au travers de débouchés diversifiés depuis sa création. Depuis le milieu des années 1970, il a proposé des innovations de rupture pour extraire les protéines de blé. Ce qui a permis de valoriser ces composés, notamment en meunerie, en boulangerie et en biscuiterie. « Tereos dispose d’une compétence historique pour la valorisation des protéines de blé. Une expertise qui a notamment conduit au développement des protéines solubles en 2008 », explique Michel Flambeau, directeur R&D de Tereos sur le site de Marckolsheim. Avant d’ajouter: « Nous étions également impliqués dans la mise en place de la plateforme de recherche sur les protéines végétales Improve près d’Amiens ». Tereos se reven-
LE SiTE TEREOS DE MARCkOLShEiM L’usine alsacienne du groupe agro-industriel regroupe deux amidonneries (blé et maïs), ainsi qu’un centre de R&D. Employant au total 340 salariés, ce site est dédié à la transformation des produits céréaliers en glucoses (alimentaires ou
techniques), en maltodextrines, en dextroses pou encore en polyols. Dédié au développement clients et au suivi de l’évolution du marché, le centre de R&D s’appuie sur une équipe de 40 experts en formulation, nutrition, réglementation, propriété intellectuelle.
Ces compétences permettent ainsi à Tereos de tester et valider les innovations en fonction des secteurs applicatifs concernés: alimentation humaine, nutrition animale, pharmacie, cosmétique, chimie du végétal, papeterie, etc.
© Tereos
Tereosinventele«sautévégétal» enAlsace
Le pilote de production de « sauté végétal » de Tereos à Marckolsheim.
dique comme le deuxième producteur mondial de protéines végétales avec une capacité de production de 200000 t/an. En matière de R&D, le groupe agro-industriel s’est fixé quatre principaux objectifs dans le domaine. Tout d’abord, il souhaite améliorer la disponibilité des protéines de blé, en développant de nouvelles variétés de plantes, et en mettant au point des pratiques et technologies agronomiques et industrielles durables. Ensuite, il souhaite mieux exploiter les sources de protéines végétales, en travaillant sur une meilleure extraction de cette fraction dans les cultures céréalières et oléo-protéagineuses. Enfin, il mise également sur le développement de nouvelles formulations d’aliments répondant aux besoins nutritionnels spécifiques, par exemple des personnes âgées, et des procédés de production relatifs à ces produits.
Développer une filière française des protéines Concrétisation d’un projet connu sous le nom de code GenVie, lauréat du concours de l’innovation en 2016, l’unité pilote de Marckolsheim démontre l’engagement de Tereos dans la création d’une filière des protéines végétales en France. Le groupe est d’ailleurs à l’origine du consortium Protéines France qui regroupe différents industriels : Avril, Limagrain, Neovia, Roquette, Tereos, Terrena, Vivescia. Ce regroupement s’est récemment illustré par un accord d’engagement lors du salon SIAL en octobre 2016, visant à faire de la France l’un des leaders mondiaux des protéines végétales. ■ à MARCkOLShEiM, DinhiLL On
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[bois]
Focus
isolAtion
Golbey,unsitemodèlepourPavatex La filiale du groupe Soprema spécialisée dans les isolants en bois a ouvert les portes de son site lorrain de Golbey. L’opportunité de présenter son exemplarité en matière de technologie et d’écologie industrielle.
S’
mécanique) et de découpe permet enfin l’obtention du panneau à la dimension voulue », explique Jean-Michel Grosselin. « Les panneaux produits offrent une meilleure résistance mécanique et une conductivité thermique accrue pour des épaisseurs réduites. Ils trouvent ainsi des applications en isolation de façades, de toitures ou de planchers », développe Jean-Michel Grosselin. En plus d’être biosourcés, les panneaux en fibres de bois confèrent une haute performance environnementale, en procurant protection contre la chaleur estivale et le froid en hiver. Ces systèmes restent ouverts à la diffusion de vapeur d’eau, tout en restant étanches à l’air. Contrairement au procédé « voie humide » installé sur son usine de Cham en Suisse, cette technologie par voie sèche permet une production sans apport d’eau, et moins énergivore. En outre, elle se caractérise par un faible niveau de rejet de poussières (10 fois inférieur aux exigences réglementaires), ainsi que par la possibilité de réinjecter les rebuts et les écarts de production au sein du process. Ce qui rend les coûts de production avantageux vis-àvis d’un procédé par voie humide. Et pour aller toujours plus loin, Pavatex étudie actuellement un projet pour réinjecter et valoriser au sein du procédé les poussières de bois issues du filtrage électrostatique des fumées.
LA SOCiéTé PAvATEx En BREf l Création en 1932 l Dans le giron du groupe Soprema depuis 2016 l Chiffre d’affaires en 2016 de 78 millions d’euros l Effectif de 200 collaborateurs l Deux sites de production: - une usine localisée à Cham (Suisse) d’une capacité de production de 40000 t/an de panneaux rigides de bois (par procédé voie humide) - un site à Golbey (Vosges, France) d’une capacité de 50000 t/an de panneaux rigides (procédé voie sèche)
© Pavatex
de Norske Skog. « Pavatex mutualise les implanter sur un marché achats, en particulier l’approvisionnement à fort potentiel. Telle était de plaquettes, qui sont issues de déchets l’ambition du groupe de scierie et de rondins de bois écorcés Pavatex, producteur de dans un rayon de 150 kilomètres aux matériaux d’isolation en bois, lorsqu’il a alentours. Nous bénéficions également décidé de construire son usine de Golbey de la production des utilités de vapeur (Vosges). Dans le périmètre du groupe et d’électricité du papetier, ainsi que du Soprema (depuis 2016), l’entreprise a traitement des effluents procuré par la investi près de 60 millions d’euros pour station d’épuration du site. Enfin, notre se doter d’un outil industriel dernier cri usine profite d’autres services communs d’une capacité de production de 50000 t tels que le gardiennage et la sécurité par an de panneaux en fibres de bois. du site », détaille Bertrand ParmenOpérationnel depuis 2013, il se démarque tier, chargé de projet chez Pavatex. En sur différents aspects, comme le détaille outre, le site de production de Pavatex à Jean-Michel Grosselin, directeur général une logique d’écologie Golbey revendique recycler plus de 20 % de Pavatex France: « Cette usine s’appuie industrielle de l’énergie utilisée dans le cadre de ses sur un procédé innovant et performant activités. de production. Il constitue également une Certifié ISO 9001 et 14001, le site de PavaLe site de Golbey illustre donc tout le référence en matière d’écologie industrielle tex à Golbey se caractérise également par savoir-faire de Pavatex en matière de avec la synergie avec les activités voisines du le développement de synergies indusfabrication de panneaux de bois rigides papetier Norske Skog », (voir article p.21). trielles avec l’usine papetière voisine pour l’isolation. Mais le rachat du La ligne de production de Pavagroupe par Soprema devrait lui tex installée à Golbey s’appuie sur permettre de se renforcer sur les une technologie dite « par voie autres types d’isolants à base de sèche », permettant la producfibres de bois, comme l’explique tion de panneaux de bois d’une Jean-Michel Grosselin: « Jusqu’à épaisseur de 80 à 300 mm. « Ce présent, Pavatex sous-traitait la procédé automatisé et continu est fabrication de ses produits flexibles conçu pour défibrer les plaquettes comme la laine de bois en Allede bois avant de fluidiser les fibres magne. L’acquisition par Soprema obtenues dans un flux d’air. Après va nous permettre de nous déveséchage, les fibres de bois sont enrolopper sur la production en propre bées avec un liant organique (le de produits semi-rigides ». ■ PMDI), capable de se polymériser par ses propriétés de réticulation. Le site français de Pavatex à golbey produit 50000 tonnes par an à gOLBEy, Une étape de conformation (presse de panneaux rigides d’isolation. DinhiLL On FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Focus [région]
Les co-produits de la production du riz offrent des perspectives.
pôle de compétitiVité
© DR
Trimatecprivilégie lesprojetsàancrageterritorial Le pôle redéfinit ses priorités après une restructuration, en fin d’année 2016. Sa vocation d’accompagner le développement de procédés propres et sobres pour l’industrie reste entière sur des projets plus territoriaux.
C’
est avec une équipe e resserrée, mais motivée, r que q le pôle de compétitivité Trimatec a abordé t l’année 2017. Alors qu’il avait accompagné, dans le cadre des Investissements d’Avenir, de grands projets structurants, il a fait les frais d’une désaffectation des grands investisseurs; nombre d’acteurs qui travaillaient notamment sur la valorisation de la biomasse sous forme de biocarburants se sont désengagés. « Le pôle avait beaucoup grossi grâce à ce segment des biocarburants. Mais cet engouement a fondu et de nombreux projets se sont effondrés », justifie Hughes Blachère, président du pôle. Aussi tout en poursuivant sa vocation d’accompagner le développement de procédés propres et sobres pour l’industrie, Trimatec affiche aujourd’hui sa nouvelle feuille de route: « Développer des projets à ancrage territorial ». En effet, les territoires que couvre le pôle, à savoir Occitanie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, regorgent de biomasses qui n’ont pas toujours trouvé de voies de valorisation pertinentes. C’est notamment le cas de la balle de riz. Il s’agit d’un coproduit dérivé du décorticage du riz qui est déjà utilisé comme engrais ou comme combustible. Mais il peut faire mieux. « Nous avons organisé, le 30 mars, avec la communauté de communes du pays d’Arles une manifestation où nous avons examiné 6 projets autour de la valorisation de la balle de riz. Nous avons sélectionné deux d’entre eux, puis nous aiderons les porteurs à monter ces projets, soit à travers une labellisation du pôle, soit en leur donnant accès à des FUI ou d’autres sources de financement », explique Hughes Blachère.
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De l’avis d’Hughes Blachère, d’autres biomasses présentent de l’intérêt comme l’amande qui est cultivée en Occitanie et en PACA et dont on peut valoriser la coque, la peau ou les noyaux, ou la vigne bien que le sujet soit déjà largement travaillé dans le bordelais. « De façon générale, j’essaie d’identifier des déchets de l’agriculture ou de l’industrie agroalimentaire qui pourraient être valorisables », ajoute le président.
une biomasse algale à fort potentiel Et puis, le pôle va continuer à s’intéresser de près à la valorisation de la biomasse algale, en particulier en provenance des micro-algues. La Bretagne est certes très active sur le sujet, mais Hughes Blachère fait valoir que le climat dans le sud de la France est beaucoup mieux adapté à la culture des micro-algues qui requiert de la chaleur et de la lumière pour se développer. C’est ainsi que Trimatec participe, depuis la fin 2015, à la structuration d’une filière et à la création de l’association France Micro-algues aux côtés des pôles IAR, Mer Bretagne Atlantique et Mer Méditerranée. Cette initiative a été fondée par des entreprises de toute la France commercialisant des produits et services à base de micro-algues et qui souhaitent
LES ChiffRES CLéS DE TRiMATEC
l 173 adhérents l 65 % de PME l 24 000 emplois l 265 projets labellisés avec 199 M€ d’aide publique l 3 régions: Occitanie, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes
développer, valoriser et promouvoir les micro-algues dans les marchés de la nutrition, de la santé et des cosmétiques et qui ont souhaité s’associer aux quatre pôles de compétitivité. On retrouve dans la liste des fondateurs de sociétés comme Algosources, Alganelle, Microphyt, Roquette, Greensea ou encore Fermentalg. En parallèle, le pôle poursuit l’initiative SITech (pour Stimulation de l’innovation technologique) qui mobilisent des acteurs des écotechnologies propres et sobres pour la chimie fine et la filière du végétal et de la biomasse dans la région AuvergneRhône-Alpes. Point d’orgue de cette action menée sur deux ans, la tenue à Lyon d’un congrès “WAS 2017” ( Workshop on Alternative Solvents), les 28 et 29 septembre. Trimatec continue de miser sur des partenariats à l’international, notamment avec le Québec à travers l’organisation d’une mission annuelle pour mettre en relation des membres de Trimatec avec des PME canadiennes et de laboratoires de recherche locaux. Des rencontres centrées sur les domaines de l’extraction et de la filtration. Hugues Blachère annonce par ailleurs le démarrage d’un accord avec le Fraunhofer IWKS basé à Alzenau en Bavière et centré sur des problématiques de ressources et de recyclage. Enfin, le partenariat signé en 2015 avec l’Union des industries chimiques pour renforcer la filière industrielle de chimie verte sur les territoires couverts par Trimatec commence à porter ses fruits. Le 28 juin, dans les nouveaux locaux de l’école de chimie de Montpellier, sera inauguré le club Écochimie Sud qui rassemblera des industriels, des laboratoires et des universitaires engagés dans la chimie verte. En résumé, les actions futures de Trimatec s’inscrivent dans la continuité. Les marchés visés seront toujours la chimie verte, l’environnement, l’agroalimentaire, la santé/ bien-être/cosmétique, l’énergie. En soutien, l’utilisation des outils technologiques innovants de ses adhérents sera favorisée: technologies membranaires, éco-extraction par fluides supercritiques, ultrasons ou microondes, simulation, systèmes de cultures de micro-algues… ■ SyLviE LATiEuLE
[procédé]
Focus
électrocHimie L’Irstea a présenté les résultats du projet collaboratif de R&D Biorare initié en 2011. Il visait à mettre au point une technologie pour la valorisation de biodéchets en molécules plateformes pour des applications en chimie. © Irstea
Desbiodéchetsvalorisés parélectrosynthèsemicrobienne
D
évelopper les procédés de transformation de déchets t organiques en composés d’intérêt. Tel est l’un des objectifs bj tif que s’est fixés l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). L’institut a organisé, le 18 mai, la restitution finale des résultats du projet collaboratif de R&D Biorare mené en coopération avec l’Inra, le CNRS et le groupe Suez. Ce programme a été initié en 2011 dans le cadre de l’appel à projets Bioressources et Biotechnologies du programme des investissements d’avenir en 2010. Il a pour objectif de développer un concept technologique de rupture de production de molécules plateformes pour la chimie verte. Les chercheurs impliqués dans Biorare ont mis au point un pilote d’électrosynthèse microbienne, capable de convertir des biodéchets en molécules chimiques. « Issue de travaux de chercheurs américains de 2010, cette technologie a pour principe d’utiliser des cultures de micro-organismes électroactifs pour produire des composés d’intérêt », explique Théodore Bouchez, chercheur à l’Irstea et coordinateur du projet Biorare. Si le concept d’électrosynthèse microbienne a vu le jour outre-Atlantique, les partenaires du projet Biorare ont eu l’idée d’utiliser la méthode pour convertir des biodéchets alimentaires. Après plus de cinq années, les chercheurs sont parvenus à mettre au point un pilote de ce système bioélectrochimique à deux compartiments séparés par une membrane, similaire à une batterie. Ce système de maturité industrielle TRL4 comprend un premier compartiment alimenté en hydrolysat de biodéchets, qui contient une anode sur laquelle un mix de micro-organismes
de fermentation et d’autres électroactifs sont interfacés. L’autre compartiment du système se compose d’une biocathode sur laquelle des micro-organismes électrotrophes et autotrophes sont fixés et alimentés en CO2. En présence d’électrons, les organismes de la biocathode sont capables de produire des molécules d’intérêt telles que de l’acide acétique et de l’acide formique. « Nous travaillons également à identifier une souche bactérienne qui servirait à produire de l’acide succinique », indique Théodore Bouchez. Avant de poursuivre: « à plus long terme, il est également envisageable d’obtenir d’autres types d’acides carboxyliques, des acides gras des alcools et même des esters ». En outre, le fait que les bactéries soient électrotrophes permet de mieux
LE PROjET BiORARE En BREf
l Durée du projet: 2011-2017 l Initié dans le cadre de l’appel à projets Programme investissements d’avenir en 2010 l Financé par l’ANR à hauteur de 2,2 M€ l Partenaires: Irstea (sites d’Antony et de Rennes), Inra (LBE de Narbonne), CNRS (LGC de Toulouse), Suez (laboratoire Cirsee de Croissy) l Propriété intellectuelle: 3 brevets déposés l Rayonnement scientifique: 19 publications internationales, 31 présentations en colloque l Molécules d’intérêt obtenues: Acides carboxyliques (acétate, propinate, butyrate, formirate), acides gras à moyenne chaîne (caproate, capylate, etc.), alcools(éthanol, butanol) et esters.
contrôler leur activité métabolique via le dispositif électrique. « Le rendement de production de molécules d’intérêt par électrosynthèse microbienne est potentiellement très élevé, compris entre 90 à 100 % », affirme Théodore Bouchez. De plus, grâce à l’apport d’énergie chimique contenue et libérée par les déchets, le procédé permet de gagner un facteur minimum de 2,5 sur l’énergie consommée.
une intégration possible à la filière de la méthanisation Le concept technologique de Biorare pourrait très bien se fondre dans les installations existantes de méthanisation. En effet, ces unités approvisionnées en biodéchets sont en mesure d’obtenir de l’hydrolysat, et du CO2 (issu de la purification de biogaz). Selon un scénario imaginé par les équipes de recherche, une installation de méthanisation traitant 50000 tonnes de biodéchets pourrait permettre de produire 3900 t d’acide formique ou 1300 t d’acide acétique ou encore 1400 t d’acide succinique. Mais il reste encore du travail pour parvenir à une unité d’électrosynthèse microbienne de taille industrielle, comme le précise Théodore Bouchez : « Il faudrait 3 à 5 ans pour mettre au point un pilote semi-industriel en ayant ciblé une molécule et un marché. Et cinq années supplémentaires seraient nécessaires pour parvenir à un démonstrateur et une unité industrielle ». Sachant que la collecte séparée des biodéchets doit être généralisée d’ici à 2025, la valorisation est amenée à se développer dans les années à venir, que ce soit par compostage, par méthanisation ou par électrosynthèse microbienne. ■ DinhiLL On
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Focus [recherche] biologie VégétAle
Connu pour ses recherches dans le nucléaire, le centre de recherche du CEA à Cadarache est aussi un haut lieu de recherche en biologie végétale. L’enjeu est notamment de rendre les plantes plus robustes et plus productives pour multiplier les applications non alimentaires.
U
nité mixte de recherche scientifique entre le CEA, le CNRS et l’Université d’Aix Marseille, l’institut de biosciences et de biotechnologies d’Aix-Marseille (Biam) bi t h l s’intéresse principalement aux réponses du vivant aux contraintes environnementales et aux mécanismes de bioconversion de l’énergie lumineuse et de production de molécules à forte teneur énergétique. Pour cela, ses sujets d’études sont les bactéries, les micro-algues et les plantes. Et au travers notamment de ses deux grandes plateformes, Héliobiotec et Phytotec, il emploie environ 100 permanents et une cinquantaine de doctorants et post-doctorants experts dans de nombreuses disciplines: la physiologie, la génomique, la transcriptomique, la protéomique, la biochimie, la biologie structurale, la modélisation moléculaire et l’imagerie cellulaire. Pierre Chagvardieff, directeur de l’institut, explique que ce qui guide les travaux du Biam, ce sont avant tout quelques-uns des grands challenges sociétaux à relever, à
LE BiAM En BREf
Le Biam regroupe une centaine de collaborateurs permanents (soit près de 150 personnes au total) qui s’appuient notamment sur 2 plateformes technologiques (Héliobiotec et Phytotec) et une plateforme de microscopie. Il est situé dans les Bouches du Rhône, sur le centre CEA de Cadarache et le campus de Luminy de l’Université d’Aix-Marseille et constitue l’UMR 7265-BVME, CEACNRS-AMU.
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savoir la production d’énergie alternative, la sécurité alimentaire ou la préservation de la santé et de l’environnement. Ces challenges sociétaux ont ensuite été traduits en challenges scientifiques: rendre la photosynthèse plus robuste et efficace, exploiter le métabolisme carboné des micro-algues et des bactéries pour produire des molécules à plus haute valeur énergétique (amidons, lipides ou hydrogène), surmonter les limitations nutritionnelles de plantes et d’algues avec de nombreux travaux autour du phosphate et exploiter la diversité du vivant pour la chimie verte et la dépollution.
Domestiquer le vivant Au sein de la plateforme Heliobiotec, Gilles Peltier, explore la diversité naturelle et induite des micro-algues dans le but d’établir des liens entre des gènes et des fonctionnalités. Il s’intéresse en particulier à des espèces qui pourraient produire des molécules à fort contenu énergétique. « Nous menons des études génomiques de domestication incluant l’identification de gènes régulateurs qui permettent l’accumulation de réserves. Nous avons, par exemple, découvert une kinase qui permet très en amont de contrôler la production d’huiles ou d’amidon », confie Gilles Peltier. Plus récemment, le laboratoire a fait la découverte d’une nouvelle photoenzyme permettant de contrôler la production d’hydrocarbures par des micro-algues, en particulier d’alcanes. « Nous avons déjà déposé un brevet fondateur et nous travaillons à consolider la propriété intellectuelle », ajoute Gilles Peltier qui réfléchit déjà à l’opportunité de créer une start-up pour valoriser cette technologie à fort potentiel.
© G.Lesènèchal/CEA
LeCEAchercheàtirerle meilleurpartidesplantes
Culture en photobioréacteur pilote de la plate-forme biotechnologique héliobiotec.
Autre exemple de recherches avec Michel Havaux, qui a mis au point une technique d’imagerie permettant de visualiser la réponse d’une plante à un stress oxydant, ceci grâce à l’utilisation détournée d’une caméra de type CCD, empruntée au monde de l’astronomie. Les industries cosmétiques et nutraceutiques vantent activement les vertus antioxydantes de certaines de leurs plantes. Naturex, qui en fait un argument de vente pour ses extraits de romarin, a pu améliorer sa connaissance dans le cadre d’une thèse Cifre qu’il a financée au sein du laboratoire de Michel Havaux. Les recherches se sont appuyées sur l’usage de cette caméra pour visualiser « in planta » un phénomène d’oxydation avec une très grande sensibilité. Les travaux ont permis de caractériser les propriétés anti-oxydantes du romarin qui proviennent à la fois de l’acide carnosique et de sa forme oxydée, le carnosol. La société peut désormais s’appuyer sur cette teneur en acide pour sélectionner des variétés de romarin.
Préserver les ressources en eau Dans le laboratoire de Laurent Nussaume et Nathalie Leonhardt, dédié à la biologie du développement des plantes, on s’intéresse à un autre type de stress: le stress hydrique. Comme les hommes, les plantes font appel à un mécanisme de transpiration qui leur permet de résister à la chaleur par évaporation d’eau. Mais l’on comprend aisément que dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction de l’eau, la mise au point de plantes moins consommatrices d’eau représente un enjeu crucial. Des études ont d’abord été menées
[recherche] sur l’Arabidopsis, plante modèle pour détecter les gènes responsables de l’ouverture et de la fermeture des stomates par lesquels se font les échanges gazeux avec l’atmosphère. Différents types de mutants ont alors été créés. Les pertes d’eau de chacun ont ensuite été analysées par le biais d’une caméra infra-rouge permettant de détecter des baisses de températures avec une précision jusqu’à 0,05 °C. Des recherches sont désormais en cours avec le groupe Limagrain pour le transfert de gènes au maïs dans l’espoir de créer des espèces moins consommatrices d’eau. Pour ce qui est de la réalisation des mutants, le laboratoire a pu s’appuyer sur la plateforme Phytotec et ses quelque 400 m2 de serres où la croissance des plantes est strictement contrôlée. à noter également, la mise à disposition d’une chambre de culture de dernière génération, confinée, où chaque plante peut être individualisée du point de vue de son arrosage et de ses intrants. La chambre, inaugurée en 2016, est totalement automatisée et pilotable depuis un ordinateur. En sortie du campus de Cadarache, se trouve une nouvelle zone, baptisée Cité des Énergies, dont le bâtiment de préfiguration a ouvert officiellement ses portes mi-2013,
et dont la phase 2 va s’enclencher en 2018. C’est sur ce site qu’est déjà installée la plateforme de développement technologique micro-algues, dirigée par Jean-François Sassi. Au sein de CEA Tech, la direction chargée de la recherche technologique au CEA, cette entité qui emploie une dizaine de personnes dont 3 permanents du CEA a surtout vocation à faire du transfert de technologie et à aider des partenaires industriels à développer des procédés.
La culture de micro-algues au stade pilote Le laboratoire met notamment au point des procédés de culture de micro-algues en photobioréacteurs, grâce à ses installations de laboratoire et à sa halle pilote dotée d’un réacteur tubulaire de 1000 litres. Son savoir-faire s’étend aussi aux procédés de récolte et de séparation de molécules d’intérêt. « L’industrie actuelle utilise surtout des centrifugeuses très énergivores et qui ne sont viables qu’à petite échelle pour des produits à bonne valeur ajoutée. Pour la production d’intermédiaires chimiques ou de carburants, il faut faire appel à des technologies qui s’apparentent à celles utilisées dans le traitement de l’eau comme des systèmes de coagulation, floculation, sédi-
Focus
mentation, pressage… », explique J.F. Sassi. Autre exemple, le laboratoire abrite une ligne de production pilote co-développée avec la société Microphyt qui cherche à domestiquer de nouvelles espèces d’algues. Des collaborations sont également en cours avec des start-up régionales, dont Eranova qui s’intéresse à la production d’algues riches en amidon, avec pour objectif de fabriquer des bioplastiques pour le secteur de l’emballage. Si l’on interroge Pierre Chagvardieff sur le lien du Biam avec l’atome, il explique que c’est le fruit de l’histoire. Son service a été fondé dans les années soixante pour pratiquer la radioagronomie, c’est-à-dire l’utilisation de l’atome pour créer des mutants de plantes, stériliser des insectes ou détruire les bactéries. Reste essentiellement aujourd’hui l’utilisation d’éléments radioactifs pour comprendre le vivant et ses capacités de dépollution. Un projet vise à développer des techniques innovantes de dépollution des sols et des eaux. Suite à l’accident de Fukushima, elles sont actuellement en démonstration au Japon. Preuve que, même si le Biam continue de mener des recherches très fondamentales, l’application industrielle n’est jamais bien loin. ■ à CADARAChE, SyLviE LATiEuLE
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Focus [société innovante] biomAsse 2g
CIMVdémarreunpilotechezPivert enpréparationd’undémonstrateur La société CIMV réinstalle une unité pilote en vue de trouver un partenaire industriel pour la construction d’un démonstrateur. Des contacts ont d’ores et déjà été pris avec plusieurs acteurs intéressés par la chimie biosourcée.
© CIMV
Le nouveau pilote de CiMv abrité dans les locaux de Pivert.
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Des synergies avec Pivert
CIMV, qui loue des locaux à Pivert, compte profiter des synergies offertes par le Biogis Center, notamment en matière d’origine végétale. Mais la technologie est de développement de produits aval, comme des bioplastiques ou des résines aussi capable de produire des sucres en de collage, et en matière d’informations C5 tirés de l’hémicellulose (monomères, dimères de xylose et autres sucres en C5), sur les débouchés commerciaux possibles. ainsi que de la cellulose, source de glucose En retour, Pivert se dit « intéressé » (sucre C6). Et les applications qui pourpar le procédé de CIMV pour traiter les parties lignocellulosiques des plantes ront découler de tous ces produits sont oléagineuses, sachant que le particulièrement nombreuses. Par exemple, la Biolognine est procédé a déjà fait ses preuves pressentie pour des applicasur de nombreuses biomasses: tions dans les colles, résines pailles de céréales, bagasse de canne à sucre, la tige de et adhésifs, les élastomères et maïs ou des plantes à fibres, fibres de carbone ou encore les polyuréthanes et polyesters. La mais peut s’appliquer aussi silice peut trouver des débouau bois de feuillus. Cet intérêt chés dans les élastomères et de Pivert justifie le fait que la société CIMV se soit installée les pneus, les plastiques, les sur cette plateforme orientée cosmétiques et les additifs alimentaires. « CIMV a mis au « Oléagineux », après avoir Thiery point une technologie « douce » été hébergée dans un enviScholastique, pour extraire l’ensemble des ronnement orienté « Sucre », président à Bazancourt-Pomacle, qui composants de la partie non du directoire de pouvait sembler plus proche alimentaire de la plante et CiMv. contribue ainsi à la fabricade ses préoccupations. tion de produits biosourcés », explique la « Notre modèle est de bâtir un partenariat société dans son communiqué. avec un gros acteur industriel », ajoute Thiery Scholastique, président du directoire D’une capacité de 1 tonne/jour, cette de CIMV qui confirme être déjà en discusunité qui emploiera 2 à 3 personnes, a nécessité un investissement de l’ordre de sion avec plusieurs sociétés internationales 2,5 millions d’euros. Il s’agit d’une version pour la construction de son démonstrateur. améliorée, et plus productive, d’un pilote de Le groupe Adisseo avait, par exemple, été cité un temps comme partenaire potenplus faible capacité, qui avait été installé, il tiel. « Nous espérons réussir cette année y a quelques années, sur la plateforme de Bazancourt-Pomacle (Marne). La nouvelle ce partenariat. Ensuite, il faudra compter unité fonctionnera en continu et son objec3 à 5 ans pour la construction de l’unité », tif est notamment de délivrer des échanajoute le dirigeant. Point important: dans le cadre du projet européen 2GBiopic, cette tillons de produits, en vue de convaincre unité de démonstration pourra bénéfiun investisseur pour la construction d’un futur démonstrateur industriel de 10 t/j. cier d’une subvention conséquente de la L’ingénierie a déjà été réalisée au cours des part des institutions européennes dans deux années écoulées, grâce notamment le cadre du programme Horizon 2020. ■ au soutien d’une équipe de R&D d’une SyLviE LATiEuLE © CIMV
A
près deux années de p travail dans la plus grande t discrétion, la société CIMV d ((Compagnie industrielle de lla matière végétale) est de retour avec l’annonce du démarrage d’une nouvelle installation pilote sur le site de Pivert près de Compiègne, au niveau de sa plateforme technologique modulaire, Biogis Center. Il s’agit d’une unité de raffinage pour la valorisation complète de la partie non alimentaire de plantes. Elle se destine à la production de trois grands types de produits: du bioéthanol 2G (en passant par du sucre 2G), mais aussi une lignine peu dégradée, réputée pour sa qualité (Biolignine), ainsi que de la silice
quinzaine de personnes, basée dans les locaux de l’INP-Ensiacet à Toulouse. à noter que CIMV possède à ce jour un portefeuille de 11 familles de brevets à l’international depuis sa création en 1998.
[procédés] Fournisseurs sépArAtion Le spécialiste français des équipements industriels commercialise des unités clésen-main d’extraction à l’eau subcritique. Cette technologie procure notamment l’avantage de se passer de l’usage de solvants organiques.
Tournaire rend l’extraction de composés végétaux plus sûre et plus écologique
«
vants dans le produit fini disparaissent. En outre, les coûts nécessaires pour le transport et le retraitement des effluents sont réduits voire supprimés. Enfin, la diffusivité accrue de l’eau à l’état subcritique aide à réduire le temps nécessaire pour l’opération d’extraction, comparé à un procédé classique.
Le pilote d’extraction à l’eau subcritique de Tournaire.
un accompagnement complet © Tournaire
Un esprit pionnier, à la recherche permanente de solutions innovantes intégrant les dernières techniques et process du marché ». Voici comment se décrit l’entreprise Tournaire, experte dans les technologies de valorisation des matières premières naturelles. Et c’est avec cette philosophie que la division Équipement du groupe propose aux industriels de la chimie des unités pilotes ou industrielles clés-en-main d’extraction à l’eau subcritique. Ce procédé s’appuie sur la modification de la structure chimique de l’eau à une température de 374°C et à une pression de 220 bars. Dans cet environnement, l’eau se caractérise par une réactivité et une diffusivité accrues, comparables à celles de solvants de polarité réduite. Elle peut ainsi se substituer à
des solvants organiques tels que le méthanol ou l’acétone pour des applications d’extraction sélective ou d’hydrolyse. Le procédé proposé par la société Tournaire apporte différents avantages, principalement offerts par l’absence de solvants organiques. Cela
permet à l’industriel de se passer de l’étape traditionnelle de désolvantisation de la matière première après extraction, aidant à réduire les consommations d’énergie. Les émanations de composés organiques volatils et les problèmes liés à la présence résiduelle de sol-
serVices
Celabor prend en charge l’extraction de produits naturels ■ Le centre belge de services
scientifiques et techniques Celabor a présenté, lors de la dernière édition de Plant Based Summit, son offre complète de prestations autour des techniques séparatives pour l’obtention de composés naturels : extraits bioactifs (antimicrobiens), molécules phénoliques, antioxydants, lipides, etc. Il s’appuie notamment sur une plateforme constituée de pilotes parmi lesquels des équipements d’extraction solide-liquide et liquide-liquide aux échelles laboratoire et pilote. En outre, Celabor se base sur une équipe pluridisciplinaire avec une expertise dans l’extraction par solvants, sous pression ou encore dans les technologies séparatives assistées par ultrasons ou micro-ondes. La société
belge dispose également d’un laboratoire permettant d’analyser les extraits. Elle propose ainsi des prestations de caractérisation chimique des substances, par chromatographie en phase liquide (HPLC-DAD, UPLC), par chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse (GC-MS, ICP-MS). à titre d’exemple, le laboratoire offre la possibilité d’évaluer le pouvoir antioxydant et anti-radicalaire d’un extrait.
Expert dans la stabilisation Enfin, Celabor bénéfice d’une expertise accrue dans le domaine du post-traitement et la stabilisation des extraits naturels : filtration membranaire, lyophilisation, encapsulation, atomisation, inclusion dans une
molécule-hôte, décontamination biologique, etc. Celabor fournit également une aide à la R&D, notamment à destination des PME. Il peut, par exemple, s’occuper des études de faisabilité ou encore du développement de procédés innovants. Preuve de son haut niveau d’expertise, Celabor participe à des programmes de recherche tels que Walextract (visant à valoriser des produits végétaux par extraction de composés à haute valeur ajoutée). Autre exemple de contribution de Celabor avec Wal-aid, un programme de R&D qui a pour objectif de valoriser les coproduits agroalimentaires par le biais d’une plateforme intégrant expertise économique, technologique et environnementale. D.O.
Tournaire détient une unité pilote de cette solution d’extraction à l’eau subcritique, ce qui lui donne la possibilité de mener des essais qualitatifs pour un client. Les industriels utilisateurs pourront également bénéficier d’une formation spécifique à l’exploitation de l’équipement. L’entreprise est également en mesure d’assurer la maintenance des équipements. ■ D.O.
bioréActeurs
Lebas industries présente un nouveau fermenteur ■ L’ensemblier industriel Lebas Industries a exposé son modèle de bioréacteur SK30 à l’occasion du dernier salon Plant Based Summit. Ces fermenteurs sont entièrement automatisés et stérilisables en place. Disponibles pour des capacités de 20 à 1000 litres, ils s’adaptent aussi bien à des procédés batch, fed-batch ou continus, en conditions aérobie ou anaérobie. L’unité de contrôle à écran tactile du SK30 est adaptée au pilotage d’un ou plusieurs fermenteurs en simultané. Lebas Industries propose son bioréacteur SK30 en version mobile, et pour des applications en R&D, en démonstration ou en production. D.O. FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Carnet /Agenda corbion
Tjerk de Ruiter
Président-directeur général
L’assemblée générale des actionnaires de Corbion, tenue le 15 mai 2017, a approuvé le renouvellement du mandat du p-dg, Tjerk de Ruiter. Ce dernier effectuera donc un second mandat pour une durée dedeuxans,demai2018àmai2020. Les actionnaires de Corbion ont également renouvelé le mandat de Mathieu Vrijsen en tant que président du conseil de surveillance, dontilestmembredepuis2013.Ilest actuellementprésidentdelasociété V&L consulting.
Virent
Stacey Orlandi
Présidente-directrice générale
© DR
L’expert de la production de produits chimiques de substitution et filiale de Tesoro annonce la nomination de Stacey Orlandi en tant que p-dg de la société. Elle
[Manifestations] 12-15 juin, STOCkhOLM,
SuèDE
EuBCE 2017 : 25e édition du salon européen de la biomasse www.eubce.com
14-15 juin, MuLhOuSE
Salon industrie du futur 2017 : rendez-vous annuel national sur les nouvelles solutions, innovations et formations industrielles www.industriesdufutur.eu
20-21 juin, nAnTES
5e édition des journées hydrogène dans les territoires www.afhypac.org
27-30 juin, REiMS
Plant Bioprotech : 1er symposium international sur les sciences et technologies de bioprotection des plantes www.univ-reims.fr/minisite_41
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remplacera Lee Edwards, qui prend sa retraite après 8 ans à ce poste. S. Orlandi apporte à Virent plus de 18 ansd’expérienceenénergieàl’international. Elle était jusqu’alors viceprésidente des technologies pour les nouvelles énergies chez Shell, et a précédemment exercé pendant sept ans chez British Petroleum, où elle a occupé divers postes à responsabilitécroissante.S.Orlandi est titulaire d’une licence en génie chimique obtenue à l’université d’État de Caroline du Nord.
deinoVe
Bernard Scorneaux
Chef de projet préclinique
La société de biotechnologie a annoncé l’arrivée de Bernard Scorneaux en qualité de chef de projet préclinique. Il est chargé notamment de préparer et piloter les études précliniques des antibiotiques développés par la filiale Deinobiotics. Titulaire d’un doctorat en biologie, pharmacocinétique et microbiologie de l’université catholique de Louvain (Belgique), B. Scorneaux dispose de 20 ans d’expérience dans la recherche en infectiologie, dont 15 ans aux États-Unis. Avant de rejoindre
28 juin, LiLLE
4e édition du séminaire annuel dédié à la R&D de l’ifMAS sur la chimie du végétal et les matériaux biosourcés www.ifmas.eu
28-30 juin, MARnE-LA-
vALLéE
jnC 2017 : 20e édition du congrès scientifique sur les matériaux composites organisée par l’AMAC https://jnc20.sciencesconf.org
29-30 juin, MADRiD,
ESPAgnE
5e édition du salon international de la bioénergie http://bioenergy.conferenceseries.com
2-5 juiLLet, PRAguE,
RéPuBLiquE TChèquE
WhTC 2017 : 7e édition de la
conférence internationale sur les technologies de l’hydrogène www.whtcprague2017.cz
Deinove, B.Scorneaux a occupé plusieurs fonctions de direction de programmes et d’équipes au sein des sociétés Eyevensys, Scynexis, EnantaetauSwissTropicalInstitute.
plAnt AdVAnced tecHnologies
Frédéric Bourgaud Directeur R&D
© Plant Advanced Technologies
[noMinations]
L’entreprise Plant Advanced Technologies (PAT) a renforcé et structuré son équipe de Direction avec l’intégration de Frédéric Bourgaud, fondateur de PAT, en tant que directeur de la R&D. En tant que fondateur et vice-président Recherche, Frédéric Bourgaud a toujours fait partie de l’entreprise et a participé à sa croissance. Son expertise en biotechnologies comme Professeur des universités à l’Université de Lorraine,etsonexpériencecomme Directeur de l’Unité de Recherche du Laboratoire Agronomie et Environnement de l’INRA, seront profitables au développement de la société.
6-7 juiLLet, BEAuvAiS
Les 24 heures de l’iAR : rendez-vous annuel des adhérents du pôle iAR www.iar-pole.com
6-7 juiLLet, quiMPER
Bio2actives 2017 : colloque sur la valorisation des biomasses et les concepts de bioraffinerie et de « zéro déchet » www.cbb-capbiotek.com
23-26 juiLLet, MOnTRéAL,
CAnADA
Bio 2017 : événement dédié à la bioéconomie et aux biotechnologies industrielles www.bio.org
22-25 août, SERTãOzinhO,
BRéSiL
fenasucro & Agrocana 2017 : 25e édition du salon international des filières du sucre et du bioéthanol www.fenasucro.com.br
19 sePtembre, PARiS
Conférence sur la normalisation des produits
[forMations] Atomer
contact@atomer.fr Tél : 01 39 84 15 87
21-23 juin, Paris
Les protéines : biochimie structures propriétés et applications
11-13 juiLLET, Paris
Comprendre la chimie de l’environnement – écochimie
18-19 SEPTEMBRE, Paris
Initiation au biomimétisme : comment s’inspirer du vivant pour un développement durable
cpe lyon formAtion continue Valérie Thoraval Contac@cpe-formation.fr Tél : 04 72 32 50 60
19-22 juin, Lyon
Extrapolation des procédés de cultures de cellules animales
26-28 juin, Lyon
Découverte des techniques de purification et de séparation
biosourcés organisée par le pôle iAR et l’ACDv www.iar-pole.com
26 sePtembre, PARiS
journée d’émergence de projets d’innovation en méthanisation organisée par le pôle iAR et l’Ademe www.iar-pole.com
26 sePtembre, ROuBAix
Club d’intérêt PiA Sinfoni sur les fibres végétales techniques, des solutions industrielles pour matériaux http://sinfoni.ensait.fr
26-28 sePtembre, REiMS
Protein Summit 2017 : 10e édition de l’événement européen sur la filière des protéines www.cvent.com
28 sePtembre, PESSAC
journée technique « Chimie du bois » - opportunités pour les filières alimentation, céramique et cosmétique www.aquitainechimie durable.com
[sociétés] Index
Liste des annonceurs AnnOnCEuRS Antony Parc II 10, place du Général de Gaulle BP 20156 - 92186 ANTONY Cedex Tél. : 01 77 92 92 92 Site internet : www.formule-verte.com Pour joindre vos correspondants, composez le 01 77 92, suivi des quatres chiffres indiqués après chaque nom. Pour leurs adresser un e-mail, taper l’initiale du prénom, le nom puis @infopro-digital.com (ex. : pdupont@ infopro-digital.com)
Président, directeur de la publication : Julien Elmaleh Directrice générale déléguée : Isabelle André Directeur du pôle magazines spécialistes : Pierre-Dominique Lucas Rédactrice en chef : Sylvie Latieule (95 87) Secrétaire de rédaction : Ariane Boixière-Asseray (95 85) Rédaction : Dinhill On (chef de rubrique, 95 80) ; Julien Cottineau (95 86) et Hélène Bour (95 83) (Chimie Pharma Hebdo), Nicolas Viudez (95 81) Directeur Studio Magazines : Thierry Michel (96 30) assisté de Frédéric Dirr (96 31) Premier rédacteur graphiste : Thierry Meunier (96 29) Publicité : Patricia Raphel (directrice commerciale Pôle Industrie Magazines Spécialistes - 96 58) , Eric Leuenberger (directeur - 96 37), Maxime Chouin (chef de publicité 96 59), assistés de Martine Fourment (assistante technique - 96 56) Représentants : – Rhône-Alpes : Directrice de clientèle Gratiane ,Picchetti Tel. : 04 69 10 00 25 Email:gratiane.picchetti@infopro-digital.com – Allemagne / Suisse / Autriche : Annika Gallistl, Tel. : +33 (1) 77 92 96 19 Email : agallistl@infopro-digital.com Marketing, diffusion, abonnements : Directeur : Guillaume de Corbière Directrice de la gestion des abonnements groupe : Nadia Clément Directrice de la diffusion et du marketing direct : LaurenceVassor-lvassor@infoprodigital.com Marketing : Jean Lochet
3C FRANCE
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ABONNEMENT CHIMIE PHARMA HEBDO 25
JOURNAL DE L’ENVIRONNEMENT
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ABONNEMENT FORMULE VERTE
PRESSE PRO
COSMETIC VALLEY
(9h à 12h - 14h à 17h / 16h vendredi)
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- Antony Parc II BP 20156 - 92186 Antony Cedex 1 an, france : 179 € ttc (dont TvA 2,10%) Etudiants, étranger : nous consulter
Dépôt légal : Juin 2017 CPPAP : 1221 T 91487 Achevé d’imprimer sur les presses de Corlet Imprimeur - ZI, route de Vire BP 86 - 14110 Condé-sur-Noireau ISSN 2117-4172 SAS au capital de 57 029 328 euros Principal actionnaire : Infopro Digital SAS Siret : 806 420 360 00117 - Code APE : 5814Z Origine du papier : Allemagne Pas de fibres recyclées Certification : PEFC Impact sur l’eau (P tot) : 0,001 kg/tonne
37
4e de couverture
CRODA FRANCE FLOTTWEG
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3e de couverture
2e de couverture
Entreprises citées dans ce numéro A ABT p 13 ACDV p 22 ADM p 19 AEF p 11 Afyren p 29 AkzoNobel p 13 Amyris p 8 APM p 17 Ariège Composites p 7 Arkema p 15, 17 Atomer p 40
B Bio-on p 12 BioBee p 10 Bombardier p 16 Borregaard p 9
c
Pour s’abonner :
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PAgE
Calysta p 9 Carbios p 8 Cargill p 8 Carnot3BCAR p 24 CEA p 36 Celabor p 39 Chemtura p 10 CIMV p 38 Cobratex p 15 Compagnie Agrafes à vigne p 6 Corbion p 40 CPE Lyon p 40 CREPIM p 16
D Deinove p 12, 40 Demeta p 30
DSM p 11 DuPont Tate &Lyle Bio Products p 13
E EcoTechnilin p 16 Elevance p 10 Enerkem p 9 Enerthem p 11 EY p 13 Eyraud Sa p 16
F-G Faurecia p 17 Fermentalg p 12, 13 Global Bioenergies p 28
h-I-J Harmonic Pharma p 21 Irstea p 35 Johnson Matthey p 19
k-L-M Lebas Industries p 39 M2i p 10, 13 Metex p 8 Metsä Board p 7 Micropep p 10 Minafin p 23
N-O Norske Skog p 21 Novacap p 10 Odontella p 11
P Paptic p 7 PAT p 26, 40 Pavatex p 33 Pivert p 12
S Salveco p 7 Smef Azur p 13 Solvay p 23 Soprema p 33 Sphere p 11 Stora Enso p 7, 18, 20 Stratiforme industries p 16 Suez p 12
t Tereos p 32 Terre de Lin p 14 Total p 11 Tournaire p 39 Trimatec p 34 TWB p 10
U-V UIC p 23 Virdia p 19 Virent p 40
W Wood Light p 6 Woodi Watches p 6
FormuleVerte - N°30 - Juin 2017
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Tribune
Bioéconomie
L’atout France!
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Claude Roy Président du Club des bioéconomistes @Bioeconomistes
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a Bioéconomie, c’est l’économie de la photosynthèse! Et c’est une réalité très ancienne. Souvenons-nous ainsi que pas une seule goutte de pétrole ne fut utilisée pour construire le château de Versailles! Grâce à la biomasse, à la terre, aux forêts et à leurs produits, c’est ainsi l’essentiel de la civilisation humaine qui fut fondé. Et c’est encore la biomasse qui fut, dans les mers et les lagunes, à l’origine du d charbon, h b du pétrole et du gaz aux ères géologiques… Les filières bioéconomiques permettent aujourd’hui de remplacer sobrement des ressources et des énergies épuisables d’origine fossile par les fruits renouvelables de l’agriculture, de la sylviculture et des sous-produits organiques, et ceci, grâce à de multiples innovations. La France compte parmi les pays leaders pour cette nouvelle « croissance verte ». Outre le secteur agroalimentaire (chiffre d’affaires de 170 Mrds €/an et 520000 emplois directs), et la filière forêtbois traditionnelle (chiffre d’affaires de 40 Mrds €/an et 250000 emplois directs), nos nouvelles valeurs de la bioéconomie française se sont ainsi développées rapidement dans nos territoires: néo-matériaux, chimie du végétal, biocarburants, bio-combustibles, bio-fertilisants… Elles pèsent déjà, en France, et après seulement 20 ans de développement, 14 Mrds € de chiffre d’affaires annuel et 100000 emplois directs… Un doublement de la contribution économique et innovante majeure du « biosourcé » est en outre visé dans les 15 ans à venir pour répondre aux enjeux du climat et de la transition énergétique, suite à la conférence COP21. Pour atteindre de tels objectifs, une nouvelle dynamique publique et professionnelle doit prendre le relais, en France, des politiques qui furent activement engagées dans notre pays dès les années 2000 (plan biocarburants, plan biocombustibles, plan chimie du végétal, plan bois construction-environnement…). Quatre priorités d’action politiques et stratégiques se dégagent alors: - la prise en compte des externalités socio-économiques de l’économie biosourcée (emploi, carbone, risques, devises…) dans les mécanismes d’arbitrage public; - l’utilisation d’allégations certifiées et de marquages « volontaires » afin de différencier et de promouvoir des bioproduits ou des bioénergies sur leurs différents marchés; - le développement de la recherche économique et de l’enseignement dans les grands domaines d’action de la bioéconomie; - l’éducation et la communication relatives à la bioéconomie, à ses fondements, à ses facteurs de développement et à ses externalités. Les feuilles de route pour progresser sont complexes car huit filières principales et interdépendantes structurent aujourd’hui l’économie biosourcée en France, (outre la production agroalimentaire…). Elles sont résumées ci-après: Les matériaux « traditionnels » (bois-matériau, pâtes et papiers, panneaux et bois reconstitués, textile, caoutchouc…); les « néo-biomatériaux » (bioplastiques, biocomposites fibreux…); les « biomolécules » de la chimie du végétal (cosmétiques, solvants, lubrifiants, tensioactifs, intermédiaires chimiques…); les « biocarburants » issus de la transformation thermochimique ou biotechnologique de la biomasse agricole (betteraves, céréales, oléagineux, canne à sucre); la chaleur d’origine biomasse, pour les besoins domestiques (bois bûche, plaquettes et pellets), tout comme pour les réseaux de chaleur urbains et l’industrie; l’électricité d’origine biomasse, sous-produit de la chaleur et de la vapeur ou du biogaz; le gaz de méthanisation (biogaz), issu de la fermentation de sous-produits et d’effluents organiques; les engrais et les amendements organiques enfin (biofertilisants), pour la bonification et la structuration des sols agricoles. Toute cette économie diversifiée, récente, renouvelable, sobre, innovante et créatrice d’emplois répond durablement à beaucoup de nos besoins de consommation, tout en contribuant aussi, efficacement, à amortir les défis énergétiques et climatiques: c’est un atout majeur pour la France!
« Huit filières principales et interdépendantes structurent aujourd’hui l’économie biosourcée en France. »
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